La « macro-région » baltique, « laboratoire » d’une nouvelle coopération transfrontalière...

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1 Institution : Escach Nicolas Agrégé de Géographie Allocataire-Moniteur ENS UMR 5600-Géophile ENS de Lyon Colloque BRIT XI « Frontières Mobiles »/« Mobile Borders » September 6-9 2011 Texte de l’intervention : La « macro-région » baltique, « laboratoire » d’une nouvelle coopération transfrontalière européenne ? (The Baltic macro-regional strategy: the laboratory of a new transborder regional integration process in European Union ») Date et heure : -Session 33, Vendredi 9 Septembre 2011-

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Institution :

Escach Nicolas

Agrégé de Géographie

Allocataire-Moniteur ENS

UMR 5600-Géophile

ENS de Lyon

Colloque BRIT XI

« Frontières Mobiles »/« Mobile Borders »

September 6-9 2011

Texte de l’intervention :

La « macro-région » baltique, « laboratoire » d’une nouvelle coopération transfrontalière européenne ?

(The ”Baltic macro-regional strategy” : the laboratory of a new transborder regional integration

process in European Union »)

Date et heure :

-Session 33, Vendredi 9 Septembre 2011-

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Introduction

« La région baltique présente l’ensemble des traits caractéristiques d’un processus de régionalisation,

si bien qu’elle pourrait servir de « livre de recette » pour d’autres espaces européens ou mondiaux, où

l’action politique dirigée vers l’échelle étatique ou nationale a fait son temps. En ce sens, il est facile

d’appréhender la Baltique et l’ancienneté de sa politique régionale comme un laboratoire à ciel

ouvert de la gouvernance transnationale » (Christiensen, 1997 : 287-288).

L’image conduite au cliché d’une région baltique unifiée et offrant un modèle transposable à

l’ensemble de l’Europe occulte trois questions centrales. Quels sont les vecteurs d’unité dans un

espace qui, historiquement, s’est plutôt fait connaître par ses nombreux conflits ? Quels sont les

limites de « l’essence/existence baltique » ? Quels sont les éléments qui érigent la coopération baltique

en modèle et sont-ils transposables?

La notion de « région » est aussi délicate à appréhender à l’échelle européenne qu’à l’échelle

subrégionale. Floue pour certains géographes comme R. Brunet qui n’hésite pas à affirmer « que la

région n’est pas un concept opératoire en géographie », elle exprime pour N. Girard « l’exigence

constante de l’homogénéité du contenu qu’elle désigne » (Girard, 2004 : 107). Les régions, véritables

organismes vivants influencés par leurs sociétés ou l’environnement extérieur doivent pour subsister

être parfois « redélimitées ». Cet acte a nécessairement des conséquences sur les rapports de force

entre acteurs. La notion d’autorité est essentielle eu égard à l’étymologie du terme « regere » (diriger

en latin).

Quiconque est confronté à la notion de région l’est à la question de la limite, qui pour M. Lussault

contribue à « la constitution des espaces qu’elle borde » (Lussault, 2003). Quelles sont donc les

limites géographiques de la région baltique que beaucoup de termes contemporains, cherchent à

décrire (« Nouvelle méditerranée », « Mare balticum », « Nouvelle Hanse ») ? Est-il possible de

différencier des espaces « baltiques », d’espaces « en dehors de toute balticité »?

Le mot « baltique », désignant une autre réalité que l’espace maritime est une invention récente du

XXe siècle, démocratisée dans les années 1980-1990. Selon l’approche généalogique de la

construction régionale (I.Neumann, O.Waever, P.Joenniemi), les régions sont construites par un

discours politique performatif suffisamment puissant pour transformer l’essence du projet politique

teinté parfois de sources mythiques en existence bien réelle. « Pour cela, les politiciens dessinent des

cartes mentales en incluant et excluant certains espaces et en donnant des noms à ces constructions »

(Neumann 1992 : 69-71). Si la « vision » d’une baltique unie existe dès le début du XXe siècle, cette

idée n’a alors aucune chance de se concrétiser. Jusqu'à la fin de la Guerre froide, aucun acteur

politique n'aurait pu trouver un quelconque intérêt à une large coopération de la baltique toute entière.

Pourtant, avant la décennie 1990, des projets existent en baltique. Les coopérations scandinavistes,

nordiques, balto-scandiennes côtoyaient le bloc soviétique. Ces projets politiques doivent s’adapter, à

la chute du rideau de fer, sans disparaître, au triomphe du projet « baltique ». Après 1990, de nouveaux

projets continuent à apparaître (coopération de Barents et Euroarctique de Barents, coopération

nordico-baltique NB8), chacun ayant sa vision de la coopération en baltique faute de s’entendre sur

une coopération de la baltique. Chaque projet offre alors une vision différente des limites externes de

la Baltique. Une telle analyse de la construction régionale pose deux questions essentielles. Quel degré

de lien avec des données de terrains (identitaires, historiques, géopolitiques) ces projets régionaux ont-

ils ? Quelle compétition entre des projets en baltique de nature différente, le soi-disant modèle baltique

uni cache-t-il ? Dès 1995-1996, l’européanisation de l’espace baltique ajoute un nouveau projet au

« mille-feuille institutionnel » : le « dimensionnalisme », repris rapidement par l’UE…

En effet, la naissance de la coopération en baltique est jalonnée de deux grandes phases

structurantes : la phase du « Nordisme » (milieu du XXe siècle- fin de la guerre froide) marquée par la

supériorité du Norden et celle du « Baltisme » (de 1980/1990 à 1992) caractérisée par une dimension

européenne, une appréhension de la multiplicité, la construction d’une identité et une thématique de la

sécurité dominante. La multiplicité s’inscrit dans « un débat déconstructionniste à propos de la région

baltique suggérant qu’il n’y a pas seulement une région délimitée et définie de manière unanime par

les différentes parties prenantes » (Joenniemi, Wæver, 1992 : 35). La potentielle multiplicité du

« baltisme » est contestable. Il est également possible de le considérer comme un « projet parmi

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d’autres » dont l’apogée serait la création du CBSS et non comme un projet englobant. Les deux

périodes résumées sous le terme « d’ascension » (The rise) constituent la première phase originelle de

ce que F. Tassinari nomme la « coopération régionale » (Tassinari, 2004). La deuxième phase (1992-

2004), « la mise en réseau » (The framing) s’accompagne d’une forte européanisation avec une intense

maturation et densification. La troisième phase dite « post-2004 » est peu décrite et reste sujette à de

multiples prospectives (prédominance de thématiques « soft », gouvernance bottom up et top down,

division internationale des tâches…). Elle pourrait être celle de la « coordination» (functionnal phase)

avec l’établissement d’une nouvelle stratégie en mer Baltique.

La nouvelle stratégie macro-régionale (Juin 2009) aurait pu être une phase de consolidation/mise

en cohérence des différents projets existants en baltique. Dès son lancement, la Commission

européenne évoque les trois non : pas de nouvelle législation, institution et budget. Mais loin

d’intégrer la notion de multiplicité, la stratégie en mer baltique propose un nouveau projet doté d’un

nouveau discours : le premier projet européen pour la mer baltique (le dimensionnalisme n’était pas

une invention européenne mais avait été repris par l’UE). La notion de « macro-région » est un pur

« marketing bruxellois » côtoyant les innovations qui émaillent la politique régionale. Le produit

s’inscrit, semble-t-il, en rupture avec les phases précédentes comme la question des limites orientales

de la Baltique le démontre.

En établissant une « macro-région », les acteurs européens ont bien posé la question de la cohésion

interne mais ont laissé en plan celle des limites externes. En se référant au concept de ‘région’, la

stratégie européenne en mer baltique a pris un chemin régressif visant à définir ce qui serait

« baltique » et ce qui ne le serait pas. La Russie, pays au cœur des échanges fonctionnels et à l’origine

de nombreux projets de coopération n’est pas intégrée. Qu’elle soit un autre repoussant ou un nouvel

eldorado, elle est souvent le prétexte à plus d’unité au sein des pays baltiques avant d’être congédiée

au rang « d’acteur secondaire ». Ce type de découpage est difficilement tenable. La Baltique est

l’archétype d’une zone de confins, marquée par la continuité et la présence de gradients, les

dynamiques de glacis et « d’entre deux », à l’opposé de l’idée de limite qui suggère plutôt dans le sens

commun la rupture… La difficulté à penser en Baltique « la complexité » chère à E. Morin pourrait

être à l’origine d’une crise du projet macro-régional...

Partie I : Le mythe de l’espace baltique : des « traits de visagéité » multiples ? (Deleuze,

1980)

A) Une baltique pour des identités baltiques…

La Baltique comme unité historique, sociale, politique, institutionnelle est de construction récente

et relève du mythe comme Ole Wæver le démontre dès 1991 : « La région baltique existe-t-elle ? Pas

pour l’instant, mais ce sera bientôt le cas » (Wæver, 1992b : 102). L’émergence de la Baltique a

longtemps été impossible pour trois raisons principales.

Avant 1990, l’unité de la Baltique est impossible pour des raisons politiques. Seule la période

d’Entre-Deux Guerres et les courtes indépendances baltes, acquises à l’effondrement de l’empire

Russe en 1920, ainsi que celle de la Finlande en 1917, offrent la possibilité de quelques projets

d’envergure. Dès 1928, le suédois S. De Geer introduit le concept de « Baltoscandia » sur la base de la

notion de « Fennoscandia » née lors du processus de construction de l’autonomisation de la nation

finnoise vis-à-vis de la Russie (Mioso, 2003). Il élargit la Fennoscandie à l’Estonie et la Lettonie. Le

géographe estonien E. Kant reprend l’idée d’une Baltoscandie tout comme le scientifique lituanien K.

Pakstas qui propose la création d’une « Confédération Baltoscandienne ». Celle-ci serait le résultat

d’une « union balto-scandinave » associant la Suède, le Danemark, la Norvège, la Finlande, l’Estonie,

la Lettonie et la Lituanie. Dix ans plus tard, en 1937, une première conférence d’historiens sur le

thème d’une éventuelle unité baltique est organisée à Riga. En Pologne, les chercheurs de l’institut

baltique de Toruń/Gdynia (revue Baltic Countries) travaillent dans la même direction. Ils définissent

une région baltique qui inclurait les États baltes, la Pologne, les trois États scandinaves (Finlande,

Suède et Danemark) mais ni la Norvège, la Russie, et l’Allemagne jugées moins centrées sur la

Baltique dans leurs intérêts commerciaux et géopolitiques. Au-delà de ces rêves, les réalisations sont

peu conséquentes et l’Entente Baltique (regroupant la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie,

éventuellement la Finlande) promue dans les années 30 par Charles Robert Pusta censée associer une

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union douanière, une unification des législations fiscales, une régulation des transports et une

coordination des politiques militaires ne voit pas le jour. La Seconde Guerre Mondiale marque une

interruption brutale de ces « rêveurs de baltique ». La mer divise alors à nouveau les pays annexés à la

république soviétique socialiste de Russie (Estonie, Lettonie, Lituanie), les pays du bloc soviétique

(Pologne, RDA), les pays dits de la « troisième voie » (Suède, Finlande), les pays rattachés au « bloc

OTAN » (Danemark, Norvège). La coopération démocratique devient exclusivement l’apanage du

« Norden ».

Au-delà de la situation géopolitique, l’homogénéité culturelle et historique de la Baltique est une

image qui est longtemps apparue improbable. Historiquement, la Baltique de la Hanse (Allemagne,

Pologne, Pays baltes) a affronté celle de l’Union de Kalmar (Danemark, Norvège, Suède). Les conflits

entre le Danemark et la ligue hanséatique se multiplièrent d’ailleurs au cours des siècles suivants. Les

différences culturelles, linguistiques (entre indoeuropéens, slaves, finno-ougriens) sont encore

aujourd’hui notoires tout comme la diversité des religions (luthériens, catholiques, orthodoxes). De

nombreux chercheurs se sont essayés à des découpages culturels de l’espace baltique. K. Zweigert et

H. Kötz distinguent plusieurs « familles européennes » dès 1984 : « l’Europe scandinave » (Finlande,

Suède, Norvège, Danemark), « l’Europe germanique » et « l’Europe de l’Est » (Russie, Pays baltes).

La représentation de la Baltique dans les atlas géographiques au cours du XXe siècle est également un

excellent indicateur. Jamais jusqu’à la décennie 2000, l’espace n’est représenté en tant que tel. Vidal

de la Blache dans sa Géographie Universelle consacre un tome aux États de la Baltique (c'est-à-dire

aux États baltes) et à la Russie avec un chapitre dédié aux « confins baltes », un tome à l’Europe

centrale associant l’Allemagne et la Pologne et un tome aux États scandinaves et régions polaires

boréales. Ce dernier ensemble est caractérisé par une identité homogène dérivant directement des

conditions de vie. La Finlande « contrée qui pour avoir subi profondément l’influence scandinave n’en

a pas moins conservé et renforce tous les jours son caractère ethnique distinct » en est exclue. La

Géographie Universelle de R. Brunet de 1992 reprend huit décennies plus tard un découpage proche.

Un tome entier est consacré à « l’Europe du Nord ». Les chapitres invitent à découvrir successivement

« l’espace du Norden » (Suède, Norvège, Finlande, Danemark et Arctique), l’espace de « l’Europe

médiane » et l’espace allemand. Le choix du terme « Norden » est largement justifié par l’auteur :

« Le Norden, c’est un sentiment d’appartenance à un territoire commun, la perception d’une identité

spécifique face au reste de l’Europe et du Monde. Le Norden associe les États les plus septentrionaux

de la planète. Pour un habitant du Norden, le continent européen est loin psychologiquement et

physiquement ». (Brunet, 1992 : 140). L’atlas précise que les cinq États du Norden sont soudés par

leur forte cohésion culturelle, sociale et politique, leur proximité géographique et leur isolement relatif

au nord de l’Europe. Ils ont en commun un modèle original de société, fondé sur un niveau de vie

élevé et une redistribution attentive de la richesse. R. Brunet a rassemblé dans un autre tome

« l’Europe orientale, la Russie et l’Asie centrale » qui se distinguent par une slavité dominante et une

forme d’intermédiarité (V. Rey). Ils ne suivent pas la logique du « passeur et du pont » mais bien celle

« du flux et du reflux », connaissant un vécu cyclique et une temporalité discontinue, en somme un

« complexe géographique » (C. Miłosz). Ces divers exemples d’époques variées tendent à isoler

plusieurs ensembles : l’ensemble du Norden, la Pologne (et) l’espace germanique, les confins de la

Russie (Lituanie, Lettonie, Estonie).

Une troisième explication à l’émergence tardive d’une baltique unie est le caractère polysémique

du terme « baltique ». Historiquement « la Baltique » symbolise en anglais les petits États de la

Baltique (y compris la Suède et le Danemark). En allemand, à la fin du XIXe siècle et au début du

XXe siècle, « la Baltique » désigne les espaces habités par les Germano-Baltes en Estonie et Lettonie

(Provinces d’Estonie, de Livonie et de Courlande). Aujourd’hui, en anglais, le mot « baltique » a

conservé deux sens : il désigne la totalité de la région baltique tout comme les trois États baltes

(Lettonie, Lituanie, Estonie).

B) Appréhender une « région baltique » : une mythologie des années 80-90 ?

Dès les années 1980, des chercheurs perçoivent la possibilité de coopérations à grande ampleur au

sein des espaces riverains (Lehti ; Smith, 2003). M. Männikkö (Turku) et K. Zernack (Berlin)

exhument le terme « région baltique » (Baltic Sea Area). Trop connoté et détourné par les Nazis, K.

Zernack veut le remplacer par l’expression « Europe du nord-est » (Nordosteuropa) qu’il définit

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comme le résultat d’une unité constante de l’époque viking jusqu’à la fin de l’impérialisme suédois. Il

étend ensuite progressivement cette unité historique jusqu’à l’Entre-deux guerres. S’inspirant de P.

Johansen et faisant de l’« Europe du nord-est », l’une des quatre parties de l’Europe de l’est à côté de

l’Europe du sud-est, de l’Europe médiane et de l’espace russo-slave, K. Zernack inclut bien la Russie

dans son livre de 1977. L’approche de l’unité baltique est donc ici historiographique et mémorielle.

Avec M. Klinge et D. Kirby, le terme « monde baltique » est réutilisé pour parler de l’ensemble

régional (Klinge, 1994 ; Kirby, 1990/1995). Pour M. Klinge, « Il faut se rappeler que la Russie dans

sa partie nord-ouest fut une partie du peuple baltique et une puissance baltique ». (Klinge, 1994).

Pour D. Kirby, un pays est davantage « baltique » si son activité est largement orientée vers la mer

baltique. La mer a un rôle central dans la définition de « l’identité baltique ».

Cette même période est caractérisée par l’émergence du projet politique baltique. Il vient

concurrencer les projets nordiques et scandinavistes qui avaient marqué le XXe siècle. La baltique

« scandinaviste » a sombré dans l’échec de trois projets ambitieux qui associaient le Danemark, la

Norvège et la Suède mais excluaient la Finlande : l’Union scandinave de défense (1948), l’union

douanière scandinave (1947-1959) et le marché commun nordique Nordek (1970). La coopération

nordique a connu une postérité plus grande. Dès 1907, apparait une « Union interparlementaire

nordique ». Lors de la 28e conférence de cette union, en 1951, le premier ministre danois, H. Hedtoft

propose la création d’un « conseil nordique ». D’autres institutions nordiques apparaissent entre 1946

et 1990 comme la Banque d’investissement nordique (1975, Helsinki). La coopération nordique s’est

largement construite sur des dynamiques externes. Alors que la pensée dominante était celle de la

bipolarité, le modèle nordique s’évertue pendant ces années à tracer une troisième voie pétrie de

démocratie, de paix et de bien-être social. La conscience d’être un modèle unique s’est souvent

accompagnée d’un sentiment de supériorité et d’un euroscepticisme flagrant. Le label de

« l’exceptionnalisme » (O.Wæver) a régulièrement été brandi par les pays nordiques. Pour V.

Simoulin, « Les pays nordiques se sont signalés au cours de l’histoire par leurs réticences voire leur

hostilité à l’égard de la construction européenne. Dès 1948, au Congrès européen de La Haye, ils se

sont clairement rangés aux côtés de la Grande-Bretagne. » (Simoulin, 2000 : 3).

Parallèlement, des projets de grande ampleur en baltique émergent. Dès 1978, d’anciennes villes

hanséatiques se réunissent autour du réseau « Hanse des Temps Nouveaux ». En 1987, M. Gorbatchev

propose lors d’un discours à Mourmansk que les pays nordiques établissent une coopération avec les

républiques du nord-ouest de l’Union Soviétique mais les pays du Norden ne répondent pas à cette

offre qui marquerait leur sortie de la « balance nordique ». L’espace nordico-baltique fera l’objet de

projets ultérieurs comme celui d’une « Ceinture nordico-baltique » (Nordic-Baltic-Belt), projet

soutenu par A. Fjodorov, Ministre russe des Affaires étrangères, au début des années 1990. Elle devait

inclure les pays nordiques, les pays baltiques et quatre entités politiques russes : Mourmansk, Saint-

Pétersbourg, la Carélie et Kaliningrad. Dans ce projet, la Russie se présentait comme la seule grande

puissance régionale et cherchait clairement à occuper une position de leader dans la région.

L’association nordico-baltique se concrétisera sans la Russie avec le développement en 1992 des

coopérations dites « NB » telles que NB6 (Danemark, Finlande, Suède, Lettonie, Lituanie, Estonie) et

NB8 (+Islande et Norvège) puis NB+1 (+USA).

L’aboutissement du projet baltique est à chercher dans l’émergence d’un Conseil des États de la

mer baltique (CBSS), né de la pensée de B. Engholm, président du land Schleswig-Holstein et de son

réseau social-démocrate. Il est créé officiellement en 1992 par H-D. Genscher (Allemagne) et U.

Ellemann-Jensen (Danemark). Le conseil accueille l’ensemble des États de la Baltique se situant

véritablement dans une logique d’inclusion et d’impulsion d’une coopération baltique à construire. La

Russie est donc pour la première fois membre actif comme la Commission européenne et la Norvège

et l’Islande, éléments du « paquet nordique ». Les pays nordiques peuvent mettre en avant leurs

pratiques anciennes de la paix et leur expertise en « soft security ». Le conseil doit dépasser la rigidité

de l’UE et de l’OTAN en incarnant une structure capable d’affronter les répercussions imprévisibles

de l’effondrement de l’URSS. Il est censé jouer un rôle clé dans la construction d’une Europe

démocratique, stable et prospère. Pourtant les questions de sécurité « dure » sont d’emblée bannies de

l’agenda, au profit de sujets consensuels tels que l’environnement, l’économie ou la culture (Marin,

2009). La Russie avait de nombreux intérêts à la création de ce conseil en réaffirmant les obligations

du CSCE, en militant pour le respect des droits des minorités ethniques notamment les Russes de

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Lettonie/Estonie, en affirmant l’inviolabilité des frontières et en apparaissant comme un partenaire

économique plausible.

Malgré leur intégration au sein du CBSS, les pays nordiques poursuivent leurs initiatives puisqu’en

1993, la région euro-arctique de Barents est créée à Kirkenes en Norvège, associant le Danemark, la

Finlande, l’Islande, la Norvège, la Russie, la Suède, la Commission européenne et de nombreux

observateurs étrangers. S. Jervell, diplomate norvégien à la base du projet le décrit ainsi en 1996 : « Il

est possible de tracer des cercles sur une carte et de définir ces cercles comme une nouvelle région.

Nous avons inventé une région de toute pièce et à notre grande surprise, elle est devenue réalité »

(Jervell, 1996). Aux côtés de la mémoire de la ligue hanséatique (projet baltique) ou du romantisme

nordique (projet du Norden), la région de Barents fait nettement référence au commerce Pomor qui

s’établit entre la Russie, la Norvège et la Finlande de la fin du XVIIIe au XIXe siècle.

C) Un gradient de « balticité » : l’acquis du « dimensionnalisme » ?

« La région nordique, la région baltique, la région de Barents, la région Arctique sont des

exemples de projets de construction régionale qui ont émaillé avec succès le discours politique nord

européen. En 1997, un projet de construction encore plus extensif et vigoureux émergea, la dimension

septentrionale, qui pourrait bien mettre en danger la domination de la région baltique dans le futur

discours politique » (Must, 2001).

Le 15 Septembre 1997, P. Lipponen, premier ministre finnois, lors d’une conférence consacrée à la

région de Barents à Rovaniemi propose d’établir « une Dimension septentrionale pour l’Union

Européenne ». La Dimension Septentrionale constitue le projet le plus étendu en terme spatial. La

région s’étend « de l’Islande jusqu’au nord-est de la Russie et de l’océan polaire jusqu’aux côtes sud

de la Baltique ». Le Conseil Euro-arctique de Barents, le Conseil des États de la Baltique, le Conseil

Nordique des Ministres et le Conseil Arctique sont membres. La Biélorussie a la possibilité d’envoyer

des experts. La Grande Bretagne, les USA et le Canada sont observateurs. L’implémentation doit être

assurée par des projets menés par un ensemble d’acteurs régionaux, locaux et territoriaux. Il n’existe

donc pas de limites fixes à l’espace de la Dimension, suivant les préceptes du « néo-régionalisme ». La

Russie s’approprie globalement rapidement l’outil « septentrional ». Il apparait multidimensionnel,

offre à la Russie une place de grande puissance du Nord, cadre avec l’imaginaire russe des espaces

ouverts (l’image du territoire borné n’étant pas un concept répandu en Russie) et avec le mythe

nostalgique de la « Russie alternative » (mémoire des anciennes Républiques de Pskov et Novgorod).

Il sonne enfin comme un éloignement à l’Europe plutôt que comme un rapprochement avec celle-ci

(Joenniemi, Sergounin, 2000).

Dès son lancement, la Dimension Septentrionale est pourtant présentée comme construite sur une

définition des intérêts de l’Union européenne dans la région. L’entrée en 1995 de la Suède et de la

Finlande dans l’UE et le lancement d’une première politique européenne en Baltique en 1996,

« l’Initiative baltique » (Baltic Sea Region initiative), confirment cette orientation. Pourtant, la

Dimension de 1997 est bien une initiative baltique finnoise qui correspond à ses intérêts : La Finlande

cherche à devenir le centre économique et stratégique de la région et à stabiliser un espace sujet à des

dangers notamment liés à la proximité du voisin russe. La perception de la Dimension comme un

projet collectif évite à la Russie de l’aborder comme une tentative d’impérialisme du vieil ennemi

finnois.

Dès 1998, les textes européens se réapproprient l’initiative et la restreignent considérablement. Le

plan d’action voté en conseil de Feira en Juin 2000 est très régressif. Il précise que le CBSS, le BEAC

et le Conseil Arctique « pourraient assumer un rôle significatif en consultation avec le conseil de l’UE

pour identifier des intérêts communs au sein de la région baltique » ce qui diminue le rôle des organes

régionaux. La Dimension ne doit pas devenir une « nouvelle initiative régionale » : elle devient un

prétexte à la définition des relations entre l’UE et la Russie. Pour A. Marin, le texte vise « surtout à

défendre les priorités de l’UE, en particulier en terme de sécurité « dure » (sécurité nucléaire, lutte

contre le crime organisé et règlement du dilemme de l’enclave de Kaliningrad au sein de la future UE

élargie). On est donc loin de la vision initiale du gouvernement finlandais… » (Marin, 2009). Les

thématiques choisies au sein du plan d’action de 2000 concernent principalement les défis

environnementaux et sécuritaires que doit relever la Russie, l’approvisionnement et le transport de

l’énergie vers l’UE. La Russie est à la fois un danger potentiel et un territoire débordant de ressources

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à exploiter. Face aux critiques, un second plan d’action (2004-2006), élaboré en 2003 à Bruxelles,

suggère un retour aux origines. Il élargit notamment les secteurs de coopération à la justice et

l’économie et plutôt que de « sécuriser » la Russie l’engage dans la coopération. En 2006, la politique

est renouvelée en établissant un lien étroit entre la Dimension et les espaces communs UE- Russie,

brouillant ainsi les pistes.

Des années 1980 à 1995-1996, les projets de coopération se sont multipliés tant à l’échelle étatique

que locale. Quelques ramifications sont déjà visibles à cette époque (Le CBSS comprend un ‘paquet

nordique’). Puis, l’européanisation et le dimensionnalisme ont proposé une forme de parapluie pour un

ensemble de coopérations existantes avec une extension maximale en terme géographique, en utilisant

l’appellation « North » et non « Baltique ». Cette extension géographique passe néanmoins par une

réorientation des thématiques : plus les États sont nombreux, plus les thèmes doivent être consensuels.

L’économie et l’environnement ont assez vite remplacé la sécurité, les questions militaires et l’énergie.

La multiplicité des thèmes et des acteurs ainsi que l’apparition d’une coopération ‘soft’ ont permis

d’obtenir des consensus entre les États mais n’ont pas toujours été suivies de réelles pratiques

spatiales. Le réalisme et pragmatisme nordique du milieu du XXe siècle a laissé place au discours flou

sur la « Dimension Septentrionale ».

Partie II : La macro-régionalisation baltique et son « challenge externe »

La stratégie européenne en mer baltique, adoptée en 2009 par la Commission, associe une

stratégie à un nouvel espace de sens, la « macro-région baltique », au cœur d’une gouvernance

européenne de plus en plus multi-niveau. L’idée de « communauté d’intérêt » est essentielle. Il s’agit

même d’une condition sine qua non : la macro-région regroupe des régions administratives ayant en

commun suffisamment de problématiques pour justifier l’adoption d’une stratégie conjointe.

Cette vision de la fonctionnalité explique certainement l’absence de limites géographiques et

contrairement au cas de la macro-région Danube, abondamment cartographiée, la macro-région

baltique ne donne pas lieu à l’établissement de cartes. Le texte de la stratégie européenne en mer

baltique précise que la macro-région concerne les pourtours de la mer baltique mais que sa portée

varie selon les sujets. Sur le plan économique, elle s’adresse à l’ensemble des pays de la région. Pour

la qualité de l’eau, elle concerne l’ensemble du bassin hydrologique… Chaque thème définit ainsi un

« espace des problèmes » et donc un « espace des réponses » (Dubois, 2009 ; Salines, 2009 ;

Bengtsson, 2009).

Les termes pour désigner les limites externes de la macro-région sont très flous. Au sein du texte de

2009, elle englobe les huit États membres qui bordent la mer Baltique (Allemagne, Danemark, Suède,

Finlande, États baltes, Pologne). Une « coopération étroite » est recherchée avec la Russie face aux

défis qui se posent dans la région. Une « coopération constructive » est aussi nécessaire avec la

Norvège et la Biélorussie. L’espace de Barents et l’Ukraine sont également cités. Une hiérarchie est

clairement établie entre les différents pays adjacents. Cette position de l’Union européenne est une

véritable régression par rapport aux premiers projets de 2006-2007 et vis-à-vis du

« Dimensionnalisme » de 1997. Dans l’histoire de la coopération en Baltique, le projet macro-régional

est le premier à présenter une Baltique associant l’Allemagne, la Pologne, les pays baltes et les

nordiques sans attribuer un statut d’alter ego à la Russie.

Pourtant, la stratégie devait être au départ un outil d’implémentation de la Dimension

Septentrionale. Le texte originel du Baltic Europe Intergroup (2005) précise que la stratégie baltique

est une partie de la Dimension Septentrionale. Elle doit réactiver le concept et les activités de la

Dimension tout en reflétant les changements constatés depuis l’élargissement de l’UE. C. Beazley,

principal rédacteur du texte, propose donc une large coopération même si la Norvège et l’Islande ne

sont pas présentes. La Russie, citée 71 fois dans un texte de 22 pages, est le partenaire majeur devant

la Biélorussie et l’Ukraine (citées 6 fois chacune). Les régions de Saint-Pétersbourg et de Kaliningrad

sont qualifiées de « territoire-pilote ». Même si les thématiques choisies reprennent souvent des sujets

qui par le passé ont pu créer des différends (la sécurité, l’environnement, la criminalité) et bien que la

Russie soit présentée comme une source majeure de la plupart des problèmes, le projet de coopération

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tient compte des réformes de la Dimension Septentrionale. Un « espace économique commun » est

proposé en utilisant le potentiel intégrateur de l’oblast de Kaliningrad. Cet espace commun, conforme

aux aspirations des libéraux-institutionnalistes et globalistes russes, particulièrement ambitieux, serait

une étape vers une aire de libre mouvement du travail, du capital, des biens et des services. Le texte du

Parlement européen (2006), porté par A. Stubb, bien que moins ambitieux, évoque quant à lui une

stratégie baltique qui doit renforcer le pilier interne de la Dimension Septentrionale alors que le

deuxième plan d’action (2004-2006) arrive à son terme. La Biélorussie n’est pas citée. La Russie n’est

plus la seule responsable des problèmes de pollution mais est présentée comme « co-responsable ». Ce

texte est sans doute le plus conforme à l’esprit de la Dimension Septentrionale à ses origines. La

résolution du conseil européen de 2007 s’écarte déjà de cette ligne de conduite en découplant les

actions politiques « internes à la Baltique » et les actions politiques en direction de « l’extérieur de la

Baltique » et en appelant à une utilisation de la « Dimension Septentrionale » seulement pour les

actions dirigées vers « l’extérieur à la Baltique ». Le texte final de la Commission (2009) établit lui-

aussi une distinction entre la stratégie elle-même qui ne concerne que les affaires internes à l’UE et les

affaires externes qui peuvent être réglées par la « Dimension Septentrionale ». De plus, la Dimension

Septentrionale ne devient plus le seul cadre de référence : « Quelques-unes des actions proposées

poursuivront une coopération constructive avec les pays tiers intéressés de la région. Des structures

existantes et couronnées de succès, notamment mais non exclusivement la Dimension Septentrionale

permettront à l’UE de poursuivre une coopération avec ces pays » (EU, 2009). La Norvège et

l’Islande figurent parmi ces pays tiers tout comme la Biélorussie et l’Ukraine. Le Parlement avait donc

envisagé une politique de développement plus ambitieuse que les propositions de la Commission. Dès

2009, celle-ci est confrontée à ce qu’on pourrait appeler un « challenge externe » (Bengtsson, 2009).

Comment peut-on expliquer qu’une dynamisation de la Dimension Septentrionale se transforme en

l’espace de trois ans en un nouveau projet baltique intra-européen ?

Tout d’abord, beaucoup de pays n’avaient pas intérêt à voir la stratégie baltique adopter un large

plan externe. L’Allemagne et la Finlande préfèrent entretenir des relations bilatérales avec la Russie

sur une base sectorielle. L’Allemagne par exemple a l’habitude d’une coopération associant de

« grandes puissances ». La coopération germano-russe s’inscrit dans ce cadre : l’Allemagne est un

marché clé pour l’exportation de l’énergie russe. Le gazoduc North Stream et les participations de

Gerhard Schröder sont un exemple frappant de la « méthode allemande ». La Russie elle-même

préfère également signer des accords bilatéraux comme pour l’énergie où elle multiplie les contrats

bilatéraux à long terme. Le système fonctionne même si les entreprises d’exportations russes restent

souvent contrôlées par l’État ou partiellement privatisées ce qui ne correspond pas aux normes ouest-

européennes. La Russie, s’affirmant comme une grande puissance, a une vision globale de l’espace

mondial. Ses intérêts se portent vers l’UE tout comme vers les USA, la Chine ou l’Inde. Dans ce

cadre, la Baltique a une importance mineure pour l’État mais pas pour les régions de l’ouest du pays

comme Saint-Pétersbourg ou Kaliningrad. La participation de la Russie à la stratégie dépend donc

largement du niveau d’autonomie des régions de l’ouest du pays et de l’affaiblissement des thèses

radicales réalistes selon lesquelles une coopération européenne serait synonyme de désintégration du

pays (Joenniemi, Sergounin, 2000). Une deuxième explication réside dans la difficulté à élaborer une

position commune sur les aspects externes. Les avis divergent tant sur la teneur que sur le cadre des

relations à entretenir avec l’extérieur. Des événements récents comme la crise géorgienne d’Août 2008

ont pu attiser les tensions et les craintes. Même au sein de l’espace balte, des divergences existent.

L’Estonie ne cite pas une seule fois la dimension externe dans son papier de position et ignore la

Russie qu’elle perçoit comme une menace eu égard aux conflits postsoviétiques dans cette zone

(situation des Russes dans les pays baltes, question des frontières…). En revanche, la Lituanie met en

avant les avantages d’une coopération active avec la Russie et la Biélorussie en suivant l’axe des

« Varègues aux Grecs ». Le groupe de Visegrad est également mentionné. La Lituanie appartient en

effet à l’espace centre européen d’influence germano-polonaise et non à l’espace nordique et sa

religion dominante est le catholicisme (Paulauskas, 2006). En 2008, la Pologne et la Suède proposent

une coopération avec la Biélorussie et l’Ukraine au sein d’une « Dimension Orientale de l’UE». Il est

d’ailleurs question de « voisinage oriental » dans le texte de la stratégie. La « Dimension Orientale »

de l’UE inclut l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, l’Arménie et dans une certaine

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9

mesure la Biélorussie. Enfin, un troisième argument à l’absence d’une réelle dimension externe est

l’existence de structures parallèles comme par exemple pour la Russie, le programme d’actions

annuelles dans le cadre de l’IEVP (Instrument européen de Voisinage et de Partenariat), les

programmes de coopération en matière de sûreté nucléaire et bien sûr le « Partenariat stratégique »

appelé aussi « les quatre espaces communs avec la Russie ». Depuis 2010, l’absence de projets précis

dans la zone externe soulève de nombreuses critiques. Pour y répondre, la Commission européenne a

rédigé un plan d’Action qui précise les partenaires importants : l’Islande, la Norvège, la Biélorussie et

la Russie. La Norvège et l’Islande sont traitées sur un pied d’égalité avec les autres pays. La

formulation sous-entend que la Russie est un cas à part. La Commission a lancé récemment un appel à

projets (pour le 10 mars 2011), ciblé sur le renforcement de la Dimension Septentrionale et destiné aux

acteurs subrégionaux et locaux non étatiques. Le texte écrit pour les acteurs russes précise que la

Dimension Septentrionale met la Russie à égalité avec les autres membres : La stratégie ne dicte pas à

la Russie ce qu’elle doit faire mais indique les domaines dans lesquels la coopération est souhaitable.

La Russie est donc l’acteur externe central de la stratégie baltique. La figure du Russe est

essentielle dans la coopération baltique. Elle constitue l’altérité contre qui on se construit, mais que

l’on doit garder à distance. La pollution et la sécurité, notamment du fait de la présence russe, ont été

des éléments centraux dans l’appel à une stratégie baltique des parlementaires européens. Mais la

Russie n’est-elle qu’un prétexte ? La Commission, face à la délicate question russe, avait finalement

abouti à un consensus sans cet acteur majeur, s’attelant à nouveau par la suite à intégrer la dimension

externe. Peut-on y voir une tactique de la Commission qui cherchait avant tout un accord de tous les

acteurs concernés ?

Partie III : Quelle pratique transfrontalière avec les espaces « externes » pour la

stratégie baltique ?

A) L’échelle subrégionale : l’échelle privilégiée du challenge externe ?

La stratégie baltique marque le retour de l’État dans les processus baltiques. Chacun des quatre

piliers est en effet divisé en priorités dont la coordination est assurée par les États membres de l’UE,

avec une forte implication du Danemark, de la Finlande et de la Suède. En revanche, les différentes

priorités doivent être implémentées par des projets pilotes dont le suivi est assuré par des acteurs

régionaux, locaux (ville, région, université) ou par des réseaux transnationaux. A ce niveau, la

coopération avec les États non membres est possible comme le montre la contribution de l’Union des

Cités de la Baltique précisant que l’UBC possède une expérience et des instruments adaptés à

l’intégration des villes appartenant à des pays non membres de l’UE. Les villes peuvent par exemple

offrir leur expérience et des modèles de coordination transfrontalière.

B) Quelle participation des acteurs russes aux projets macro-régionaux ?

La Russie est impliquée dans très peu de projets de la stratégie. Sur 93 projets pilotes s’insérant au

sein des 15 priorités de la stratégie, la Russie est susceptible de s’intégrer dans 25 seulement. Or sur

ces 25 projets, seuls trois impliquent directement des acteurs subrégionaux. Le sous-projet « BEAST »

(Projet-pilote 3.1) visant à améliorer les systèmes électroniques de détection de produits chimiques

polluants dans la mer baltique compte parmi ses membres actifs le centre de recherche scientifique sur

la sécurité écologique russe et l’institut zoologique de l’Académie russe des Sciences. La région nord-

ouest et l’oblast de Kaliningrad participent quant à elles au sous-projet « Baltic Transport Outlook

2030 » (Projet-pilote 11.1) sur l’harmonisation des infrastructures de transport. La plupart des projets

pilotes n’ont pas été créés ad hoc. Ils offrent la possibilité in fine d’implémenter des stratégies ou des

plans d’action qui avaient été mis en place bien avant la ratification de la macro-région baltique par la

Commission. Ainsi, d’anciens projets ou traités d’HELCOM (Baltic Sea Action Plan), de la

Dimension Septentrionale, de Baltic 21 et du CBSS ont été intégrés à la stratégie afin de leur donner

une seconde vie. En tant que membre d’HELCOM et de la Dimension Septentrionale, la Russie est

donc associée indirectement à divers projets. Le plan d’action de la stratégie baltique permet

également de relancer des accords passés entre l’UE et la Russie comme l’Initiative UE- Russie sur

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10

l’efficacité énergétique (Projet-pilote 5.2). La stratégie étant souvent implémentée par des projets du

Programme européen pour la région baltique (2007-2013), la Russie endosse régulièrement le statut de

« partenaire associé ». Le caractère externe de la coopération avec la Russie est souligné par le régime

d’association ou par un rôle d’observateur ; L’Université Emmanuel Kant de Kaliningrad et la ville de

Petrozavodsk sont associées au projet du Programme pour la région baltique 2007-2013 « Ecorégion »

(Programme Baltic 21) visant à établir d’ici à 2012 la première écorégion mondiale ; la chambre de

commerce de Saint-Pétersbourg et de Kaliningrad ainsi que de l’oblast de Leningrad sont membres

associés du projet « BSR-QUICK » pour la formation continue des PDG et cadres des PME/PMI au

sein des espaces riverains de la mer baltique.

Les partenaires russes sont souvent des acteurs étatiques ce qui dénote une centralisation actuelle

du pouvoir russe. Les structures intergouvernementales comme HELCOM ou le CBSS sont

privilégiées. Les villes, régions et acteurs privés sont relativement peu présents. Les experts et acteurs

scientifiques sont en revanche très sollicités comme le montre une étude des Stakeholders présents au

1er forum annuel de Tallinn en 2010. Sur 541 acteurs baltiques présents, seuls 9 étaient russes avec un

équilibre entre la géographie et les niveaux de compétence : deux membres du ministère russe de la

santé et des affaires sociales, deux membres du gouvernement de Kaliningrad, un membre du

Partenariat pour l’Environnement dans le cadre de la Dimension Septentrionale, deux membres de

l’Institut de recherche fédérale sur la santé, un membre du centre de recherche de Carélie de

l’Académie des Sciences de Russie, un membre du centre du Conseil Nordique des Ministres à

Kaliningrad.

En terme géographique, la région de Kaliningrad est largement privilégiée. Cette présence

souligne également le point de vue nettement européen adopté par la macro-région baltique car

Kaliningrad est une enclave/exclave à laquelle l’UE doit nécessairement se confronter,

particulièrement depuis 2004. Kaliningrad est abondamment citée dans le texte de la stratégie. Les

autres espaces de coopération correspondent grossièrement à une partie de l’okroug fédéral du nord-

ouest. La description de l’aire de coopération du programme Baltique 2007-2013 est assez explicite :

Saint-Pétersbourg, l’Oblast de Leningrad, la république de Carélie, les oblast de Kaliningrad, de

Mourmansk, de Novgorod et de Pskov. Une coopération dans le cadre de la région Barents est

envisagée avec les oblast d’Arkhangelsk, de la république des Komis, et avec l’okroug autonome des

Nenets.

Les thèmes qui impliquent des acteurs russes sont restés identiques : la sécurité maritime (en

premier lieu), l’environnement, la santé publique, et la sécurité aux frontières. Il est intéressant de se

demander si ces thématiques correspondent à des faits réels ou à une « psychose russe ».

Le domaine de l’environnement est à ce titre instructif. Les cartes éditées par HELCOM ne

montrent pas de relation géographique entre les zones de pollution et les côtes russes. Tout dépend en

réalité des critères utilisés. L’analyse chimique des zones côtières incrimine plutôt le Danemark et

l’Allemagne. La prise en compte de l’ensemble de la Baltique met en évidence une pollution extrême

au centre de la mer notamment pour l’écosystème marin (autour de Gotland, Suède) et le long des

côtes danoises et allemandes. Les hotspots de pollution identifiés par HELCOM présentent des

différences : pollution agricole au sud de la Suède et au Danemark, pollution industrielle et rejet des

eaux usées des villes en Russie et dans les pays ex-soviétiques. De même les accidents, les naufrages

et la pollution pétrolière et chimique dans la mer baltique sont observables dans les deux espaces au

plus fort trafic maritime : le golfe de Finlande & les détroits danois. Dans les années 1990, la région de

Saint-Pétersbourg représentait 20% de la pollution en mer baltique mais des améliorations ont permis

de renverser la tendance. La Russie ne constitue que 11% de l’apport de Nitrates en 2010 contre 25%

pour la Pologne (Bafoil, Michal, 2011b). Concernant la sécurité transfrontalière et le crime organisé, la

plupart des projets annoncés sont coordonnés par deux organismes européens : Europol et Frontex,

excluant d’emblée la Russie. La Finlande et la Lituanie, au cœur d’un des hubs de criminalité

européenne identifié par Europol (le pôle nord-est), sont les acteurs majeurs de la priorité 15 qui

concerne la sécurité transfrontalière. Selon des sources Eurostat, la Lituanie est le 8e pays de l’UE en

nombre d’homicides en 2008, la Finlande le 14e. Par rapport au nombre d’habitants, la Lituanie se

classe 1er pays de l’UE (avec 304 homicides pour 3 millions d’habitants), suivi de l’Estonie 2

e, de la

Lettonie 3e, et de la Finlande 4

e. La Finlande se classe également 10

e pays de l’UE en nombre de

crimes et délits violents toujours en 2008 derrière la Pologne et au 5e rang en nombre de crimes et

délits violents pour 100 000 habitants. Les villes sont les premières touchées par la criminalité comme

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par exemple Vilnius en Lituanie. La psychose est donc forte autour du mythe de la frontière comme

l’explique S. Golunov : « Selon les sources officielles, les taux de criminalité dans les régions

frontalières avec la Russie ne sont pas du tout plus élevés que dans les autres régions en bordure de

l’UE… Finalement, les criminels ne constituent qu’une faible part (moins d’1%) des transfrontaliers »

(Golunov, 2008 : 2). Cette « mafia russe » qui occupe les capitales et les très grandes villes comme

Vilnius constitue l’essentiel des groupes organisés. Dans les petites villes ou les autres régions des

pays baltes, des petits groupes, constitués d’Estoniens, de Lituaniens, d’Ukrainiens se spécialisent sur

un trafic particulier. Pourtant, une enquête de 2007 de Gallup montre que 58% des Polonais et 62%

des Finnois ont une image négative des Russes.

Il est étonnant de constater l’absence d’acteurs russes sur le thème de l’économie, de l’innovation

et de l’énergie. La Russie est absente de la Priorité 7 visant à exploiter le potentiel de la région dans le

domaine de la recherche et de l’innovation, de projets comme BSR STARS ou JOSEFIN sur la mise

en réseau des PME/PMI baltiques et de la Priorité 10 sur l’énergie. En revanche, les acteurs

norvégiens sont présents dans le projet « Bioenergy Promotion » alors que le Plan d'interconnexion

assure l’arrimage des pays baltes à l’approvisionnement énergétique européen. Assisterait-on au sein

de la région baltique à une diversification des sources énergétiques ? La stratégie promeut à la fois

l’apparition d’énergies propres et une prise de distance vis-à-vis de l’approvisionnement russe. Le

thème du transport maritime et de la sécurité maritime est en revanche essentiel pour une Russie qui a

construit depuis 2000 de nombreux ports ex-nihilo dans le golfe de Finlande qu’elle compte bien

développer (Bafoil, Michal, 2011b).

C) L’exemple d’Helsinki : une insertion dans les dynamiques transfrontalières ?

Helsinki est un excellent exemple de coopération transfrontalière associée à une intense activité au

sein de la stratégie. Avant le lancement de la stratégie macro-régionale, la ville a une longue tradition

de coopération avec ses voisins russes notamment Saint-Pétersbourg. La coopération est née autour

des problématiques environnementales dès 1985 (premier accord entre le gouvernement finnois et le

gouvernement russe). La Compagnie Helsinki Water et la compagnie de Saint-Pétersbourg Vodokanal

passent un accord de coopération dès 1995. Des plans d’actions couvrant les périodes 1996-1998,

1999-2003, 2004-2007 offrent des possibilités d’implémentation jusqu’au programme « PURE ». En

2005, Helsinki aide à la construction d’une station d’épuration à Saint-Pétersbourg dans le cadre de la

Dimension Septentrionale. L’eau et le traitement des eaux usées, ainsi que la gestion des stations

d’épuration, le traitement des sols contaminés ont été les éléments pragmatiques qui ont renforcé la

coopération finno-russe. Parallèlement, des accords de coopération (six au total jusqu’à 2011) sont

signés pour définir les thématiques entre Helsinki et Saint-Pétersbourg (Cooperation Agreement). En

2008, une représentation commune des villes d’Helsinki, Tampere et Kotka s’ouvre à Saint-

Pétersbourg : le « Helsinki Centre ». Saint-Pétersbourg représente un pôle important pour les

investissements finnois. La période 2007-2013 est essentielle pour la coopération entre Helsinki et la

mer baltique. La région d’Helsinki publie un plan de coopération d’Helsinki en baltique en

hiérarchisant les espaces de coopération : elle est prioritaire avec la Russie et Saint-Pétersbourg, alors

que des liens sont juste souhaités avec l’Estonie et Tallinn... Les thèmes de coopération privilégiés

avec la Russie sont l’innovation, les technologies, la culture industrielle, les échanges universitaires, le

changement climatique, la prévention des risques de pollution pétrolière, la gouvernance électronique.

L’institut baltique de Finlande est au cœur de l’implémentation de nombreux projets s’inscrivant dans

cette stratégie. Le projet « SPb InnoReg » vise à une meilleure compétitivité et à un développement

économique durable de la ville de Saint-Pétersbourg. Depuis le 12 décembre 2010, la ville d’Helsinki

et de Saint-Pétersbourg se sont rapprochées grâce au TGV Allegro (futur TGV Helsinki-Moscou)

reliant quatre fois par jour les deux villes en 3h30 à une vitesse de 220 km/heure. Ce TGV s’inscrit

dans une réflexion globale, entamée en 2002 par le réseau « Baltmet » dont Helsinki et Saint-

Pétersbourg font partie. A Helsinki, le maire, Jussi Pajunen a déclaré en 2011 : « Il y a vingt ans à

peine, le centre de gravité de la Baltique était encore à Stockholm mais depuis, son développement

s’est décalé vers l’Est ».

La région d’Helsinki et les acteurs de la ville cherchent à faire du golfe de Finlande un hub

logistique majeur en Baltique. L’intégration logistique est en effet pour Helsinki essentielle avec la

promotion de l’identité baltique, la coopération transfrontalière et l’intégration spatiale (transport). Les

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statistiques évoquent une dynamique propre au golfe de Finlande. Les Russes sont les premiers

touristes à visiter Helsinki, les Estoniens les 10e en 2010. En 2009, les Estoniens et les Russes sont les

deux premiers groupes d’étrangers vivant à Helsinki. Hormis le finnois, le russe et l’estonien sont les

deux langues les plus parlées en 2010. 31% de ceux qui ont acquis la nationalité finnoise en 2009

étaient Russes. Les relations commerciales avec la Russie sont également importantes comme en

témoignent les chiffres du port d’Helsinki. Le trafic cargo avec l’Estonie est le deuxième trafic du port

et celui avec la Russie le 9e. 71% du trafic ferries s’effectue vers Tallinn alors que Saint-Pétersbourg

est la 4e destination ferries en 2010 après Stockholm et Travemünde.

Helsinki est très intégrée au sein de la stratégie baltique. La ville est leader de plusieurs projets dont

le pilote « Baltmet Promo » visant à créer une identité baltique. La ville a accueilli de nombreuses

réunions d’acteurs baltiques comme en 2008 autour de la sécurité et de la sûreté. Elle est membre de

projets pilotes comme « Cleanship », « Agora 2.0 » ou « Bioenergy Promotion ». Le 10 Février 2010,

la ville d’Helsinki a accueilli un « Sommet d’Action sur la Baltique » invitant près de 400

Stakeholders et recueillant 137 propositions, en présence du premier ministre russe, Vladimir Poutine.

Le sommet a été organisé par le Groupe d’action en mer baltique en collaboration avec les autorités

finnoises dans le but d’accélérer la réflexion sur les priorités en mer baltique. La stratégie baltique, si

elle énonce un grand nombre de priorités et d’actions ne les hiérarchise pas véritablement (Bafoil,

Michal, 2011). Le groupe d’action a déjà mené de nombreux projets dont le projet Balthazar (2009-

2010) visant à réduire les pollutions d’origine agricole à Saint-Pétersbourg, dans les oblast de

Leningrad et de Kaliningrad afin de limiter l’eutrophisation de la baltique. Ce sommet constitue une

forme de contre-stratégie, un appel à une accélération des actions environnementales en Baltique

notamment au sein de la stratégie macro régionale.

Conclusion

L’espace baltique a été défini tardivement du fait de son histoire, de sa situation géopolitique, mais

aussi des différences culturelles et linguistiques. Il possède des limites floues, se déformant en

fonction des différents projets de coopération et des thématiques privilégiées. Le projet européen,

quant à lui, est nécessairement ambigu, déchiré entre une nécessaire cohésion interne de l’Europe

septentrionale et l’ouverture incertaine à la coopération extérieure. L’Union européenne semble avoir

du mal à intégrer la Russie à son projet pour la Baltique. Le pays est, selon les cas, repoussoir ou

partenaire. Les difficultés du modèle sont autant d’obstacles pour faire de la Baltique un exemple, une

référence pour les autres espaces européens comme l’envisageaient la Commission européenne et

Thomas Christiensen. La phase d’implémentation de la stratégie censée laisser davantage de place aux

acteurs subrégionaux et aux réseaux transnationaux pourrait être décisive dans la prise en compte par

l’UE des « multiples voi(es)x baltiques ».

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Annexe 1 : Carte de localisation

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