La Grenouille - CEP

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La Grenouille ou l'etre de l'étang. Le journal du cercle des étudiants en philosophie, septembre 2013. 1

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La Grenouilleou l'etre de l'étang.

Le journal du cercle des étudiants en philosophie, septembre 2013.

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SommaireMots de présentation :

Edito...................................................5

Mot du Praesidium...................................7

Mot du comité de baptême.........................9

Mot des délégués culture..........................15

Mot des délégués bar...............................19

Mot des déléguées anciens........................22

Mot des délégués photos...........................23

Présentations des comitards......................24

Articles :

Cachez cet homosexuel (et son t-shirt) que je ne saurais voir !.........................................28

CAN, quèsaco ?......................................33

La place de l'homme dans la connaissance.....36

Enfin !................................................65

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Divers :

Questionnaire de Proust de M. Maesschalck....67

Critique de Dancer In The Dark...................70

Recette de carbonnades...........................73

Humour :

Je ne suis pas homophobe MAIS...................79

Entendu en guindaille..............................83

Blague sur Socrate..................................85

Le mot du bûcheron................................87

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EditoOowOyodihoy !

Nous nous présentons, poil au petit chaton :

Votre comité Grenouille, poil aux ...

Avec un immense plaisir, poil au fakir,

Nous vous offrons ce journal, poil au chacal !

Vous y trouverez de nombreux articles, poil au tricycle

Allant de la philo, poil au dodo,

Aux photos de grosses, poil à la bosse

En passant par des présentations de fou, poil au Pikachu !

Nous espérons qu'il vous plaira, poil au caca.

Dans tous les cas, tournez la page, poil au vieux sage...

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L'EDITO PAS POUR RIREOn vous a bien eus ! Malheureusement, les délégués Grenouille n'ayant aucun humour, ils refusent de donner à l'edito qui précède la place qu'il mérite...

Nous sommes donc très heureux de vous présenter la Grenouille nouvelle édition, tout beau, tout chaud et tout juste sortie du four ! (« Ach ach ach », comme dirait Christophe).

Le cercle a sélectionné la crème de la crème, les plus beaux, les meilleurs, bref la dream team de sa fine équipe pour le meilleur journal du monde visible aussi bien qu'invisible : Jafar le cougar, Alexis l'étourdi et Florence pas de chance.

Pour finir, nous nous adressons aux petits nouveaux qui débarquent à l'UCL... Certains d'entre vous auront remarqué que ce jour est très particulier. Non pas car vous êtes à l'université, non pas car c'est la rentrée, mais bien car vous découvrez à présent le CEP !!!

Le comité JAF

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Mot du GromitéAh que coucou!

En ce début d'année académique, vous voici face à un monde nouveau, riche en découvertes et en opportunités. En effet, vous avez maintenant l'occasion de prendre votre envol et de vous confronter à de nouvelles façons de penser et de vivre. A Louvain-la-Neuve, il existe moultes possibilités de se remettre en question ou d'apprendre de nouvelles choses. Votre parcours académique est un de ces moyens, mais pas le seul. A côté de celui-ci, vous trouverez des projections de films, des débats, des événements folkloriques, des journées de sensibilisation, des soirées à thèmes... bref, il y en a pour tous les goûts! Et tout cela organisé par des étudiants et pour les étudiants, au sein des différents cercles, régionales, kots-à-projets et autres movements étudiants.

Pour toi, le Cercle des Etudiants en Philosophie est là! L'idée c'est quoi? Un endroit où les étudiants peuvent se retrouver dans une ambiance conviviale, diversifiée et décontractée où chacun a sa place. Le CEP, c'est des étudiants de philo et d'autres horizons qui aiment se retrouver autour d'une même passion, Bernard Henri Lévy! Mais non on rigole (lol), la philosophie bien sur :) Que ce soit à notre salle, le

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Post', ou lors d'autres activités, on adore faire des rencontres, se poser dans des canapés et écouter de la bonne musique à tout moment de la journée. Le CEP, c'est aussi 23 comitards qui organisent des conférences, des activités culturelles, des soirées, des projections de films, des moments de rencontre plus décontractés avec les professeurs, et bien plus encore!

Et surtout, ses portes te sont ouvertes dès ce mardi avec un barbecue au Post', place des sciences, où tu seras toujours le bienvenu pour venir vivre cette expérience de toi-même.

Kiss kiss, love, flex, dialectique, avec plein d'authenticité, lolilol,

Votre haut comité préféré

Quentin, Jean, et Olivier.

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Mot du comité de baptemeSalut les jeunes !

Le moment tant attendu de la rentrée universitaire est enfin arrivé. L’école secondaire, ce vaste camp de concentration qui vous assommait de cours souvent ennuyeux et vous infligeait la compagnie de camarades parfois atteints d’une regrettable débilité pré/post-pubère ; tout cela, c’est fini, la libération s’est accomplie, et on est même en droit d’espérer que toutes les femmes en ressortiront le crâne chevelu. Mais trêve de métaphores douteuses. L’université est-elle à ce point formidable que nous soyons autorisés à déprécier l’école qui a vu votre voix muer et votre acné pousser, et ce en usant d’un procédé rhétorique d’aussi mauvais goût ? Eh bien, nous serions tentés de vous dire oui, mais restons modérés. La qualité de votre vie universitaire, au fond, et c’est sans doute ça qui la rend aussi attrayante, ne dépend que de vous. Il deviendra vite loin, le temps où la sonnerie commandait à un troupeau d’élèves de se masser rapidement dans les rangs. Maintenant, c’est à vous qu’il revient de décider comment employer votre temps. Et qu’on se le dise : ce temps dont vous disposez à votre guise, il serait

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bien dommage de le consacrer uniquement aux études, même si elles doivent bien sûr rester prioritaires. Les cercles, ces associations d’étudiants en quête de divertissement et de rencontres, sont là pour compléter votre emploi du temps, histoire de ne pas vous trouver dépourvus lorsque le soir sera venu !

Chaque cercle propose ainsi aux jeunes arrivants – et même aux vieux arrivistes – de passer en début d’année leur baptême afin d’être amenés, lors d’une série d’épreuves, à rencontrer d’autres étudiants et à tisser avec eux des liens de solidarité, de fraternité voire d’amitié. Le baptême a au fond pour but premier d’aider à s’intégrer au

folklore estudiantin et de participer à la vie palpitante des cercles. Notre cercle, le CEP, propose bien sûr lui aussi son baptême. Cependant, si vous avez déjà une image de ce à quoi ressemble un baptême estudiantin, il vaudrait mieux en faire fi pour comprendre en quoi consiste le nôtre. Ce dernier est en effet pour le moins différent des autres baptêmes dits « traditionnels » puisqu’il ne comporte aucune épreuve véritablement physique, ne vous commandera pas de vous agenouiller devant nous (le fameux « gueule en terre, bleu ! »), ne vous fera ingérer aucune substance mystérieuse, en somme il ne s’attaquera nullement à votre intégrité corporelle. Sans déprécier la valeur du type

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traditionnel de baptême, nous proposons un baptême « alternatif » qui consiste en une initiation faite par et pour les étudiants à l’exercice de la réflexion philosophique. Que vous soyez d’ardents penseurs épris de spéculation et désireux de mettre à l’épreuve et en question vos convictions, ou que vous ayez simplement envie de vous dégourdir l’esprit après qu’il ait passé ses vacances bien au chaud dans la caverne (cherchez l’allusion !), le baptême que nous proposons est fait pour vous ! Des activités destinées à éveiller (ou, pour les pantouflards de la caverne, à réveiller) votre quête spirituelle latente vous permettront de découvrir l’aventure fascinante de la philosophie, et par là même – on l’espère ! – de mieux vous découvrir. Aux brimades affectionnées par le baptême traditionnel, nous préférons la force des arguments ; aux rudoiements et injures en guise de bizutage, nous substituons les vertigineuses interrogations débusquant l’orgueil là où il se terre… Nos activités vous donneront ainsi l’occasion de vous fixer les idées après les avoir remises en question, de vous affirmer lors de débats, d’exprimer votre point de vue et d’acquérir, sous l’œil bienveillant des Anciens, une assurance qui pourra vous être bien utile – notamment pour les examens oraux ! Tout cela dans un cadre convivial éloigné des contraintes académiques. Sans occulter les difficultés et l’exigence de ce parcours spirituel - sans quoi il ne mériterait pas son nom de « baptême » - ne perdez jamais de vue que, comme pour tous les cercles, ces

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épreuves destinées à vous faire renaître dans le royaume, non de Dieu, mais du folklore louvaniste, seront avant tout l’occasion d’apprendre à connaître des gens de votre auditoire et d’ailleurs. Le baptême du CEP n’est en effet pas ouvert qu’aux étudiants en philo, loin de là ! Il arrive même que la plupart des catéchumènes (nom de nos « bleus ») proviennent d’une autre fac. Cette diversité d’orientations est d’ailleurs essentielle à nos yeux pour préserver une ouverture d’esprit et la rencontre entre les différentes disciplines. N’est-ce pas là, après tout, l’un des intérêts majeurs de l’université ?

Au-delà de l’échauffement neuronal et du bouleversement intellectuel qu’il promet, il ne faudrait pas oublier une autre fonction essentielle du baptême : en plus d’être le portail vers un monde plein de

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mystères - où sont passées certaines de nos fins de soirée ??! -, il est la porte d’entrée qui vous permet de vous investir dans le cercle de VOS études et d’en faire, par après, VOTRE lieu de vie et de fête. Un cercle n’est rien sans des membres motivés pour y consacrer un peu de leur énergie, de leur temps et de leur bonne humeur !

Terminons brièvement – on a déjà été bien long – par présenter le comité qui aura le plaisir de vous guider dans ce parcours qu’on espère unique dans votre vie. Notre comité de baptême est composé de 4 personnes, un président et 3 vice-présidents. Commençons par ces derniers : Célie, benjamine de la bande, est en 2ème année de philosophie ; discrète, elle n’aime pas Descartes mais adore Pascal (on ne lui en voudra pas, après tout le cœur a ses raisons que la raison ignore…). Laurent, un an plus âgé puisqu’il entre en 3ème année de philosophie, s’adonne dans ses temps libres au déchiffrage de textes d’obscurs idéalistes allemands et se plaît à réciter leur prêchi-prêcha à qui veut l’entendre. Florence, doyenne du trio vice présidentiel, entre en 2ème master de physique (eh oui, ça en impose !) et sort d’un semestre erasmus au Danemark (de mieux en mieux !). Terminons par le président : Alexis, détenteur d’un bachelier en anthropologie, mais n’étudiant selon ses dires que « des trucs » à présent. Voilà qui est symptomatique de l’esprit philosophique : après avoir fait le tour de la

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question, on découvre qu’on a encore tout à apprendre. Prenons de la graine de sa sagesse…

En bref, le comité de baptême vous dit à très bientôt !

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Mot culture pour la Grenouille.Salutations lecteurs du dit batracien !

Pour commencer, qu’est-ce que le poste de culture englobe ? Hé bien cette année, ce poste en inclut plusieurs. En effet, nous sommes à la fois délégués culture mais également délégués ciné-club ou encore délégués « Mardi de la Cithare ». Mais qu’est-ce que cela implique ? Un boulot monstre pour vous satisfaire !Plus sérieusement, les délégués culture sont chargés d’amener un peu de … culture (ça vous étonne, hein ?) dans un monde qui en a besoin (ouais parce que parler en mode « Wesh, bien ou bien ? », c’est pas notre truc …). Nous sommes donc chargés de vous cultiver tout en y incluant les soirées typiques du CEP : les soirées lounge du mardi. Nous vous proposerons donc des soirées à thèmes, ou encore des activités en après-midis, telles que la soirée pirate-zombie d’Halloween !Nous nous chargeons également de votre culture cinématographique en vous proposant une palette de films composée par nos soins regroupés sous un même thème. S’y accompagne généralement une soirée à thème qui vous permettra de boire une bonne bière ou un bon cocktail mijoté pour l’occasion.Passons à l’explication de l’énigmatique « Mardi de la Cithare ». Le principe de ces mardis est la culture

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philosophique tout en étant accessible. En effet, nous vous proposerons des conférences sur le thème de l’art, de la musique, de la médecine, ou tout autre domaine se rapprochant de près ou de loin à la philosophie, toujours en y abordant une dimension philosophique. Ces conférences seront animées généralement par un invité du corps enseignant, mais peuvent également être animées par un étudiant passionné, qui vous exposera, pendant approximativement une heure, sa propre réflexion philosophique sur le thème choisi. Mais comme tout le monde n’est pas fait de la même manière, il vous est possible de débattre pendant plus ou moins trente minutes sur le sujet abordé par l’intervenant. Chaque conférence est également suivie d’une soirée où vous êtes tous chaleureusement invités à nous rejoindre !

Tout ça c’est bien mais qui sont les énergumènes qui rédigent ces lignes ? Nous sommes quatre filles et un garçon (le pauvre) à occuper le poste de délégués culture. Notre particularité ? Aucun d’entre nous n’est calotté (mais la majorité y travaille) !

Nous nous prénommons donc respectivement Anne-Catherine, Boris, Sarah-Christelle, Justine et Célie. Anne-Catherine, ou Anne-Ca pour les intimes (ou les pressés), est donc passée de la photo à la culture. Cette demoiselle fait des études de sociologie et fait également de la musique. Elle est la troisième de sa

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famille à avoir rejoint le CEP et ouais, on s’en vante !Boris, seul homme de l’histoire, amènera sa touche de virilité à la culture. Il fut un temps où il étudia la philosophie mais ce temps est maintenant révolu et Boris est entré dans le monde du travail. Anciennement délégué sport, il se rangea et prit place auprès de quatre jeunes filles, dont une apparemment ayant une faible attirance pour le sport : un pied en a souffert mais rassurez-vous, il est toujours vivant ! Cette jeune fille d’une force herculéenne c’est Sarah-Christelle. Déjà déléguée culture l’année passée, elle revient (et on l’espère en forme) pour vous proposer du contenu inédit (on y est aussi pour quelque chose, rassurez-vous) ! Elle étudie en ARKE, tout comme Justine et, contrairement aux trois autres personnes susmentionnées, cette jeune fille est tout fraîchement baptisée de l’année passée. Malheureusement, celle-ci est atteinte de quelque chose de terrible : la bière lui est défendue (ouais, parce que les allergies c’est violent quand ça veut et mieux vaut pas leur donner satisfaction …) ! Mais rassurez-vous (je sais, vous ne faites que ça), elle vous accompagnera à la Desperados qui est également en vente au bar CEP !Et enfin, Célie (moi-même) est également baptisée depuis l’année passée, aux côtés de Justine. Elle étudie en philosophie et apprécie le CEP autant qu’elle apprécie la bière (c’est-à-dire beaucoup) et ne croyez pas que sa petite taille l’empêche de commander une bière au bar CEP (elle fût d’ailleurs élue « robuste

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malgré sa taille », de quoi vous en boucher un coin) car rien ne peut se trouver entre Célie et sa bière !

Et voilà, c’est ça la culture au CEP ! Et pour plus d’informations sur toutes nos soirées, conférences ou encore activités, cherchez les affiches, flyers, events facebook ou rejoignez-nous au Post’ pour obtenir plus d’informations, on ne mord pas (mais ne nous menacez pas avec du sport au risque de perdre un pied, ou pire : votre bras servant à boire une bonne boisson houblonnée !).

Au plaisir de vous rencontrer bientôt,

Les délégués cul – ture (jeu-de-mots-pourris.com).

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Le mot du bar...A toi, dame ou couillu, petit ou gros, prol ou bourge, salut ! Moi, c'est le bar. Pas un bar commun (Dicentrarchus labrax) ni un bar tacheté (Dicentrarchus punctatus). Le bar.

Celui qui mouille ton gosier assoiffé du liquide rendu possible par le meilleur ami de l'homme, la levure, et sans lequel l'apport de notre petit pays à l'Univers se résumerait aux speculoos, aux frites et à Annie Cordy.

Celui sans lequel tu passerais tes soirées le regard hébété, vide, cherchant dans les tréfonds de ton âme inexistante une quelconque raison de ne pas lâcher prise et de rentrer chez toi regarder Patrick Sébastien ou pire, un talk-show avec BHL.

Celui pour lequel tu es prêt à faire la bise à ta grand-tante dont la barbe s'emmêle à la tienne, pour qu'elle te donne une dringuelle avec laquelle assouvir tes besoin lubrificateurs, tout cela parce que l'opiniâtreté des branleurs à main invisible1 fait que tes parents au chômage ont réduit ton argent de poche.

Celui qui...

1 Comprenne qui pourra...

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Bon merde, je ne vais pas te faire une anaphore. Passons aux choses sérieuses !

Comme à mon habitude, je t'accueillerai tous les mardi après les actis de baptème ou après nos Mardi de la Cithare (voir l'article consacré). Et tu peux le croire, je me mets la pression2 pour que tous tes désirs bibitifs soient satisfaits !

Le grand changement de cette année, c'est bien sûr la nouvelle pils : la Bavik, qui remplace la Jupiler. Je n'en dis pas plus et te laisse la découvrir (on ne va pas bander pour une pils non plus), mais être indépendants d'InBev fait plaisir n'est-il pas ! La sélection de spéciales a également été revue, c'est pas encore la Quinzaine mais on y travaille.

Une mauvaise nouvelle (pour changer un peu!): la bière à un Euro... Il faut bien payer les mètres cube de bonne eau potable nécessaires au nettoyage des tant attendus (hem hem) gobelets réutilisables. Mais console-toi, nos célèbres comptes de 7 bières pour 6€ ne bougent pas d'un poil, fut-il à Bruno3 4!

2 Haha ! Quelle pression ? 1 bar ! Re-haha...

3 Pour autant qu'il en ait ! Perso je cherche toujours avec ardeur...

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Last but not least, je te présente mes 5 avatars de cette année : François, Noémie, Boris, Amélie et pour finir le grand manitou Nestor. Pour plus d'information voir leurs présentations respectives.

Sur ce je te laisse, au plaisir d'en boire une petite avec toi !

Le bar

4 Certains hérétiques prétendent que les comptes étaient différents par le passé. Le premier qui me sort ça gagne un voyage aller simple pour la Syrie ou la Corée du Nord, au choix.

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Le mot des déléguées anciens !Bonjour à tous!

Cette année, les mamys du CEP se sont mises au service de leurs ancêtres. Notre rôle est d'être le relais entre les differentes générations ayant foulé le sol louvaniste et pris part au merveilleux folklore du CEP. Si pour une raison quelconque vous devez contacter les ancêtres, n'hésitez pas à venir nous trouver.

Vos dévouées déléguées anciens, Sophie et Marie-Laure

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Le mot des délégués photosLes délégués photos :

Noémie et Thibaut

Où que tu sois, quoi que tu fasses, nous serons toujours là, appareil dans une main, une bière dans l’autre, pour immortaliser les moments les plus épiques des soirées du CEP.

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Petites présentations des membres du comité : première partie !!!

(voir Grenouille suivante pour la suite.. .)Hep tout le monde !

Moi c’est Célie et je suis en deuxième année de bachelier en philosophie ! Je suis arrivée l’année passée à Louvain, sortant tout droit de rhéto, et j’ai également été baptisée il y a bientôt un an

au CEP. J’occupe le poste de vice-présidente de baptême ainsi que celui de déléguée culture dans le présent comité. Je suis du genre à

être distraite pour un rien, à être curieuse de tout ou encore à aimer la philosophie et la musique !

En tous les cas, j’espère vous croiser bientôt autour

d’un verre au bar du CEP ! :)

Amicalement et philosophiquement vôtre,

Célie.

Coucou ! C'est moi, je m'appelle Nestor... Après 6 mois chez les Vikings je suis de retour, et cette année j'aurai la lourde responsabilité de m'assurer que tu aies de quoi remplir ton gosier

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lors de nos fantastiques soirées ! Je m'occuperai aussi des états des lieux du Post', mais ça c'est franchement moins intéressant. Ah oui, si tu as un chapeau en véritable poil synthétique imitation mouton noir mort-né ou si tu comptes acquérir le droit d'en porter un, tu me verras sûrement roupiller sur la table juste devant le grand drapeau... Et si tu veux tout savoir, je viens des Monts Brumeux de l'Est d'où descendent des hordes barbares au long nez, j'entre en dernière année de physique et je n'aime pas le maïs.

Salut, moi c'est Amélie, cette année je rentre en troisième année de logopédie et je serai déléguée bar. :)

J'aurai également la chance (ou pas :P) de faire mon baptême au CEP! Sinon

dans la vie j'aime bien lire, la musique, les fluffys

(d'ailleurs il faudra faire un jour un article sur les

fluffy :D)... et plein d'autres trucs mais bon ce n'est pas

très intéressant. :P

Salut ! Moi c'est Florence et j'aime le thé, la magie, écrire mes rêves et boire des soupes (entre autres choses). Je vais entamer ma dernière année de physique, mais je suis un peu déçue car jusqu'à présent, aucun de mes cours ne m'a donné de pistes pour créer une machine à voyager dans le temps, ce qui est ma grande ambition... Mais bon, en attendant,

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vous pourrez me trouver au coin du bar du cep tous les mardis :)

Je m'appelle Alexis, j'étudie des trucs vagues et j'aime le thé (mais pas que ça). Je suis souvent barbu. Je kotte au CEP au

fond, à droite puis à gauche.

Bonjour à vous, lecteurs de la grenouille ! Déléguée culture cette année, je me prénomme Anne-Catherine , ou plus généralement Anne-Ca. Vous pourrez également me voir traîner

du côté des Kap étant donné que je suis à l’Orchestrakot pour la deuxième année consécutive! Sinon le reste du temps, je flâne

généralement aux alentours des Leclercq ( et non, toujours pas une étudiante en philosophie) car j’étudie la plus belle discipline de

l’univers ou du cosmos j’hésite à chaque fois : la sociologie.

A plus, au Post’ !

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Plop tout le monde !!!

Ici Amaury, votre dévoué rédac'chef; c'est avec un immense plaisir, qu'accompagné de mon équipe de choc, j'écrirai des phrases, avec non pas une, ni deux, mais bien de nombreuses virgules afin que la grenouille devienne si pas votre bible, au moins votre magazine de chevet, et sinon bah, celui des toilettes ! Bref, lisez le, ça va roxxxxer du poney les cocos !!!

PS: vous pouvez aussi m'appeler Jafar si ça vous dit

Sophie, mamy à tendance cleptomane qui affonne plus ou moins comme une gazelle.

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Cachez cet homosexuel (et son t-shirt) que je ne saurais voir !

Jean Leclercq – Professeur de philosophie (UCL)

J’écris ces quelques lignes dans des circonstances très précises, en regardant, avec une puissante mélancolie et une peine qui ne passera jamais, la photographie d’Ihsane Jarfi, disparu le 22 avril 2012 et retrouvé mort assassiné le 1er mai, et en écoutant résonner en moi, comme un continuel avertissement, la voix de son père Hassan interviewé dans l’émission Questions à la une de ce mercredi 23 janvier sur l’homophobie en Belgique : « Une société silencieuse aura permis de faire cela. » Ce père me bouleverse, il reconnaît explicitement que relativement à l’homosexualité un « discours ne fonctionne plus » et qu’il faut désormais faire le « constat d’un échec ». Il a raison. Et au regard de ce qui s’est dit à Anvers ce week-end, la prudence et la plus haute vigilance restent de mise.

Mais n’allons pas si loin, car dans cette même émission de la RTBF du 23 janvier, le professeur Michel Ghins, président de l’association « Action pour la famille », faisait part, sur la question du mariage des personnes de même sexe et sur leurs formes

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spécifiques de parentalité, de son souhait de voir changer en Belgique une « situation sociale et culturelle », pour aller vers ce qu’il dit être une « marche en avant » et revenir à des « choses bonnes pour la société ». Pour lui, la contestation actuelle en France contre le projet du gouvernement Hollande est chose très utile voire prophétique. Or le professeur, opposé à nos acquis légaux et chantre du « bel amour » obligatoirement entre un homme et une femme, est aussi celui qui, le 13 janvier et cette fois dans ce journal, a dit avec une extrême brutalité « qu’il est important de dire aux jeunes que s’ils ne peuvent pas faire autrement qu’être homosexuels, ils doivent assumer les conséquences et les difficultés associées à ce type de vie ». Pour lui dès lors, le vrai combat est le refus de la « promotion de l’homosexualité », puisque devant ces « difficultés » il ne faut pas « présenter les relations homosexuelles sur le même pied que les relations entre deux personnes de sexe différent ». On pourrait estimer ce discours absurde et totalement dépassé, mais il n’en demeure pas moins qu’il est encore et toujours bien là et qu’il percole dans toutes les sphères sociales et éducatives, en étant toujours potentiellement capable de nourrir si pas justifier le pire.

Car je tiens ce discours très illustratif sur le fond : il dit clairement un puissant mal- être et mal-vivre devant ce que l’homosexualité – qui est un fait –

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donne à vivre et à penser, sur le plan de la vie en démocratie dont je crois qu’une de ses valeurs majeures est sa capacité inclusive et le refus des exclusions. Or c’est ici qu’Anvers n’est plus très loin ! Ce n’est pas le lieu pour évoquer la question de l’application de la posture de neutralité dans les sphères constitutives que sont l’affectivité, les religions/croyances et les convictions politiques. Je l’ai fait ailleurs, dans l’ouvrage collectif « Neutre et engagé », récemment primé par le Prix de l’enseignement du Parlement de la FWB. Mon hypothèse est plus fondamentale : le rapport politique et social positif à ce que l’homosexualité donne à voir, penser et vivre est un critère de pertinence pour jauger et estimer une action publique et sociale, quelle qu’elle soit. A cet égard, Bart vient de se dévoiler, et bien plus qu’on ne l’imagine. Car il ne fait pas dans la dentelle. Bon, il confond sans doute bien des choses : les mots (« obediëntie »), la question du symbolique et de ses effets, celle des apparences et de la façon dont on peut en jouer, celle des codes vestimentaires et de leur rapport à des significations ou des appartenances (réelles ou pas) ; en gros, il ne joue pas très subtilement sur les différences entre le faire, le voir, le croire et le dire. Mais par contre la question qu’il touche et la façon dont il la pense politiquement et sociétalement est pour le moins inquiétante, surtout dans la multiplicité des conséquences où mène une telle détermination. Bien sûr, on sait depuis le 25

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décembre que des mots et des rappels historiques sont devenus royalement explosifs. N’allons pas dans ce sens, mais reconnaissons que cette déclaration est grave de conséquences parce qu’elle relance une vision discriminatoire et qu’elle reprend en quelque sorte l’argument de fond et de refus d’égalité évoqué plus haut par le professeur. Les femmes et les hommes sont donc différenciés et bien sûr discriminés quant à leurs sexualités, et en fonction de leur orientation ils auront droit ou pas à la vie publique et à ses modalités de reconnaissance. Or cet argument s’est fortement déployé en France, dans les discours de la droite (extrême ou pas) et des religions, pour refuser la loi sur le mariage de personnes de même sexe. Qu’ils vivent, disent-ils, leur réalité, mais pas en public et pas dans les cadres de la loi universelle, qui devient, comme par magie, une loi naturelle, traditionnelle, quasi éternelle, avec des mots qui en raison de leur soi-disant signification symbolique sont pour certains, mais pas pour tous.

A Anvers, haut lieu de la mode, Bart n’a-t-il toutefois pas franchi une ligne supplémentaire : il s’occupe désormais de la garde-robe de certains ? Que faire ? Savoir qu’il ne faut pas uniquement juger et choisir un homme politique en fonction de ses visions institutionnelles, économiques, administratives, etc., mais qu’il faut aussi le faire quant à sa vision et sa compréhension des fondamentaux de l’existence

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humaine et de ce qui la constitue en propre. L’homosexualité – dont on a bien compris qu’elle donne infiniment plus à penser qu’à voir – est ici un critère essentiel et déterminant, parce qu’elle est un fait et pas un « accident », qu’on pourrait réduire en raison d’une compréhension quantitative ou représentative. Il ne faut donc pas en faire une affaire de « guichet » ou de « loket », comme dit Bart. Bref, quand on doit penser et évaluer sa destinée au regard de la chose politique et de ses pouvoirs de pacification, mieux vaut savoir ce qu’on l’on trouvera dans le ventre de ceux qui en ont la mandature.

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CAN, quèsaco ?

AGL, régionales, cercles et KAP, un point commun ? L’animation. En 2009, ces quatre grands collectifs du campus se confédèrent pour donner naissance à la plateforme tournante de l’animation : le Conseil de l’Animation, alias le CAN.

Qui se cache derrière ces initiales ? 37 étudiants de l’UCL, à commencer par le président politiquement asexué du CAN (cette année, Antoine Saint-Amand), suivi par les délégations des 4 collectifs de l’animation néolouvaniste. Chaque délégation compte 9 membres : le président du collectif, accompagné de 8 autres membres du mouvement.

Pourquoi le CAN ? Pour donner plus de légitimité, de représentativité et de visibilité aux décisions concernant l’animation à LLN, dorénavant prises par les collectifs réunis, mais avant tout pour favoriser une concertation entre ces derniers acteurs de l’activité étudiante. Les décisions que prend le CAN résultent de débats alimentés par les travaux préparatoires de ses

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Groupes de Travail. L’an passé il y a avait 5 GT : gobelets réutilisables (statu quo), Troisième salle (fin de l’épisode avec la naissance du Post’), géolocalisation des baptêmes (relégation au seul secteur de l’UCL ?), communication (website du CAN, vidéo sur les coulisses de l’animation) et pré-soirée (apéros de quartier, activités concrètes en petite casa et dans les cercles).

Quand le Conseil se réunit-il ? 6 fois par an, les 37 membres du CAN se rencontrent pour débattre de toutes les questions relatives à l’animation qui sont soulevées par les membres du CAN et par n’importe quel étudiant/habitant intéressé par l’animation. Les GT se réunissent suivant les nécessités de la situation de leurs objets.

Comment le CAN prend-il ses décisions ? Suivant un mode de vote sociocratique : la décision est adoptée si aucun membre de l’assemblée ne soulève d’objection importante et raisonnable. Si quelqu’un s’oppose à ce que la décision soit prise, il se réunira avec le GT responsable de l’objet du vote pour rediscuter les modalités de la décision afin qu’une nouvelle proposition soit faite, ainsi jusqu’à ce que la proposition remporte le consentement de tous.

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Yes, we CAN !? Oui, le CAN peut faire évoluer l’animation sous de nombreux aspects, mais pas sans vous ! Mettre en œuvre les volontés des étudiants néo louvanistes dans le domaine de l’animation, tel est l’objectif du CAN. Pour donner plus d’effectivité à cette assemblée, soumettez-lui vos suggestions et remarques relatives à l’animation à l’adresse suivante : bureauanimation @aglouvain.be .

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La place de l ’ homme dans la connaissance

Mathieu Guillermin

Centre de Philosophie du Droit, Université Catholique de Louvain.

Peut-il exister un champ de questionnement susceptible d’être partagé notamment par un(e) physicien(e), un(e) philosophe des sciences, un(e) économiste ou un(e) juriste ? Il pourrait sembler, en première analyse, que les domaines scientifiques auxquels ces chercheurs(-ses) appartiennent ne présentent que peu de terrains communs d’investigation, que leurs collaborations ne puissent que se limiter à l’anticipation des conditions météos des jours à venir, au pronostic des résultats du prochain événement sportif ou encore au commentaire éclairé des dernières performances scéniques de tel ou tel personnage publique. Je suis pourtant convaincu de l’existence de thématiques suffisamment transversales pour capter l’attention de personnes d’orientations si variées. Je me propose d’exposer, dans les lignes qui suivent, une telle thématique formant le noyau d’un projet de collaboration développé depuis quelques mois

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au sein du Centre de Philosophie du Droit de l’Université Catholique de Louvain.

1) Aperçu général de la thématique

L’initiative vise en effet à rassembler des chercheurs(-ses) d’origines (disciplinaires) diverses autour d’une réflexion commune sur le rôle de la personne qui produit, pense ou utilise une construction théorique ou un discours scientifique. Afin d’initier une telle collaboration, il n’est ni souhaitable ni possible de fournir une description trop formelle et précise de cette thématique sous peine d’inhiber les futures synergies potentielles. Il me faut néanmoins fournir quelques lignes directrices afin de ne pas proposer une idée quasiment vide de sens. Je pense ainsi devoir donner quelques illustrations qui je l’espère généreront des résonnances sans pour autant verrouiller les grandes lignes de la réflexion. Je souhaite donc détailler quelques aspects de la thématique que je tente d’approfondir à travers mon travail de recherche à l’université ou dans le cadre de mon questionnement personnel. Une question qui m’apparaît centrale porte sur la possibilité de produire une construction conceptuelle dont il serait possible d’ignorer ou de négliger les conditions de production – utilisation (en particulier, donc, le rôle du producteur – utilisateur). Est-il possible de préciser si cette abstraction impose

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des contraintes spécifiques sur la forme du discours théorique, sur les règles de sa mise en œuvre ou encore sur son domaine de légitime application ? Un tel processus d’abstraction est-il systématiquement désirable ? Universellement possible ? Quelles sont ses méthodes de validation ?

Ainsi abstraitement formulée, cette interrogation peut sembler obscure. Il s’avère pourtant que cette opération d’abstraction du rôle de la personne produisant ou utilisant un discours théorique est très répandue. Déjà, les fondateurs de la science classique comme Descartes ou Locke rejettent la validité scientifique d’un discours décrivant simplement les sensations qui ne sont que des affections de la subjectivité et sont susceptibles de nous tromper quant à la nature de la réalité. Nous pouvons accéder via les sensations à des qualités dont certaines comme les odeurs ou les couleurs (qualités secondes) sont associées à la pensée ou à la perception humaine. Cet élément humain nous éloigne de la connaissance correcte du monde. Il faut donc purifier le discours scientifique et ne s’appuyer que sur les qualités dites premières (comme l’extension, la forme, le mouvement ou la quantité) qui seules sont aptes à fonder une représentation objective de la réalité (Nadeau 2006, p. 819). Dans le même ordre d’idée, le courant positiviste initié par Auguste Comte (Cours de philosophie positive, de 1830 à 1842) peut être considéré comme

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l’un des points d’appui de la tendance extrême à l’objectivation traversant la pensée occidentale encore aujourd’hui. En effet, tout en ne prônant pas une doctrine empiriste, Comte défend l’idée selon laquelle il ne peut y avoir de connaissance rationnelle que des phénomènes, d’abord mathématiques (arithmétiques ou géométriques par exemple), eux-mêmes requis pour la connaissance des phénomènes physiques, puis biologiques, jusqu’aux phénomènes sociaux. Chaque ordre de phénomènes est de plus en plus complexe et son étude demande une science des phénomènes qui les ‘précèdent’ (sans pour autant y être réductible) (Lecourt, 2006). Ce qui s’amorce avec Compte est une distinction, voire une dichotomie entre les faits ou les phénomènes (seuls objets légitimes de la connaissance scientifique) et les entités abstraites ou surnaturelles (qui ne doivent en aucun cas être mobilisées dans un discours scientifique, surtout pas en tant que cause ou explication des phénomènes). Comte entend, par la restriction du champ de la connaissance aux phénomènes et par l’enchainement des ordres jusqu’au plus complexe formé par les phénomènes sociaux, réconcilier la philosophie naturelle et la philosophie morale avec la promesse de l’élaboration d’une politique et d’une religion positives. Le déploiement de la pensée positive dans le cadre d’une doctrine empiriste est communément associé à Mach qui construit une théorie de la mécanique entièrement bâtie à partir des faits observables (Lecourt, 2006 ;

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Nadeau, 2006). Les faits sont ainsi mis à distance et isolés de toutes perturbations venant des conditions particulières associées des personnes construisant ou utilisant le discours. Cette progression illustre l’exigence d’objectivité imposée aux théories des sciences naturelles comme la physique. Afin d’être en mesure de fournir une description de la nature telle qu’elle est, le discours scientifique doit s’appuyer seulement sur l’observation et devenir indépendant de toutes conditions particulières associées à la personne construisant la théorie. Mais, dans la ligne initiée par Comte, ce mouvement de purification du discours scientifique de ses scories métaphysiques (incluant toute référence à la personne particulière qui le construit ou l’utilise) ne se limite pas aux seules sciences naturelles.

La conception de Mach est souvent considérée comme l’origine du courant des empiristes (ou positivistes) logiques rassemblés au sein du Cercle de Vienne. Les membres du Cercle de Vienne tels que Carnap ou Neurath consacrent l’idée que le langage scientifique rationnel doit être bâti à partir d’observables. Pour être pourvu de sens, un énoncé doit être vérifiable (principe de vérification) et doit donc être réductible à des énoncés de base (ou atomiques) seulement basés sur l’observation (Castle et Jones-Imhotep, 1983 ; Lecourt 2006). Admettre au sein du discours des énoncés ne respectant pas cette règle

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conduit à formuler des ‘pseudo-problèmes’ qui ne font que freiner le progrès de la connaissance. Cette foi en la possibilité d’unifier tout discours rationnel au sein d’un seul langage observationnel reflète la thèse du physicalisme, doctrine chère aux positivistes logiques « selon laquelle la langue de toutes les sciences particulières, qu’il s’agisse des sciences humaines et sociales ou encore des sciences de la nature, est réductible en droit à la langue de la physique, et en particulier, à des énoncés protocolaires concernant les objets physiques, leurs propriétés ainsi que leurs mouvements dans l’espace-temps » (Nadeau, 2006, p. 822). De ce point de vue, la méthode positive devient le seul arbitre légitime quant aux questions concernant la rationalité et la vérité d’un discours (Castle et Jones-Imhotep, 1983). Le Cercle de Vienne aspire à formater sur ce même modèle les sciences de l’esprit germaniques (Geisteswissenshaft) et s’oppose vigoureusement à la tradition « introspective » en psychologie, lui préférant le behaviorisme qui déploie la conception physicaliste. De la même manière, la conception du Cercle de Vienne influence les sciences sociales, comme par exemple aux Etats-Unis, où « l’empirisme logique rencontre (…) les « sciences sociales » en train de se constituer comme techniques sociales d’adaptation. Les philosophes vont trouver en cette rencontre leur vocation professionnelle : fournir le cadre du langage commun qui permettra à ces techniques de bénéficier d’un transfert d’autorité

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scientifique en provenance des sciences de la nature » (Lecourt, 2006, pp. 874-875).

L’exemple de ce mouvement d’unification partant des sciences naturelles et s’étendant aux sciences humaines et sociales permet de mettre en évidence un aspect particulièrement important de la thématique que nous nous proposons d’explorer. En effet, il ne s’agit pas seulement de discuter du fait qu’un discours théorique fasse référence à l’homme (même si cela peut s’avérer parfois quelque peu problématique comme, notamment, dans le cadre de la physique). Les sciences sociales et humaines intègrent l’homme en tant qu’objet étudié et décrit sans pour autant renoncer à toute exigence d’objectivité. Il est par exemple demandé à une réflexion éthique de fournir des indications et des prescriptions qui ne sont pas déformées par les intérêts particuliers de son auteur. De semblables contraintes semblent aussi peser sur la mise en œuvre de la médecine (dont les prescriptions ne peuvent reposer sur les croyances d’un médecin en particulier) ou encore de l’histoire (qui vise à fournir une représentation des événements passés la plus fidèle possible). Donc, le fait qu’un discours intègre une référence à l’homme ni ne le condamne directement à être expulsé du domaine de la rationalité tel que défini par les positivistes, ni n’en fait un exemple de théorie n’ayant pas subi l’abstraction du rôle de la personne qui la construit ou

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l’utilise. Une illustration pourrait s’avérer fructueuse à ce stade. L’économie est un exemple intéressant. Le discours de l’économie ne peut bien évidemment pas évacuer toute mention de l’homme, en particulier car elle doit pouvoir faire référence aux individus comme à des consommateurs. Néanmoins, le courant de l’économie dite ‘néoclassique’ mobilise une modélisation de l’acteur économique individuel basée sur l’hypothèse que les préférences de ce dernier peuvent être considérées comme pré-données et fixes, et être neutralement dévoilées par les différents marchés ou par d’autres outils d’objectivation lorsque les marchés font défaut (Munda et al., 1994 ; Sagoff, 1998 ; Spash, 2012). Cette hypothèse est particulièrement représentative de la possibilité d’intégrer l’homme comme objet de discours scientifique tout en maintenant l’opération d’abstraction du rôle de la personne construisant ou utilisant le discours. Par contraste, c’est ce dernier rôle que nous nous proposons d’étudier et non l’homme en tant qu’objet étudié. Des conceptions alternatives de l’économie (souvent dans le domaine des sciences du développement durable, comme par exemple l’économie écologique (Daly et Farley, 2011)) promeuvent une approche différente de la prise en compte de l’individu en tant qu’acteur économique. Il est par exemple proposé de traiter les préférences non comme pré-données et fixes, mais comme toujours en construction en fonction des situations concrètes

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rencontrés par les individus (incluant par exemple un contexte socio-économique donné, la situation vécues lors d’un sondage ou d’un questionnaire) (Niemeyer, 2005 ; Daly et Farley, 2011, pp. 241-243). Ceci limite considérablement la possibilité de produire un discours neutre révélant les préférences des différents acteurs. Au contraire, il a été montré que les préférences étaient particulièrement sensibles aux particularités de l’outil employé pour les mettre en évidence (Kahneman et Knetsch, 1992 ; Jorgensen, 2001 ; Spash, 2012). Encore plus radicalement, certains chercheurs défendent l’idée que les préférences ne peuvent être établies que dans un processus participatif commun impliquant les chercheurs et les acteurs concernés (Sagoff, 1998 ; Farber et al., 2002 ; Getzner et al., 2005).

2) Exemple d’une analyse plus approfondie dans le cadre de la physique

Le paragraphe précédent peut sembler quelque peu imprécis, naïf et sans point focal clair. Cela est dans une certaine mesure volontaire car son but n’est en aucun cas d’assener des vérités mais bien plutôt de tenter de faire sentir le type de collaboration qui me semble envisageable ainsi que de suggérer des pistes de réflexions que je trouve personnellement fascinantes sans avoir les compétences pour les emprunter seul.

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Afin de proposer une illustration plus rigoureuse, je vais maintenant exposer le détail d’une problématique à laquelle mon travail de recherche m’a confronté. Elle porte sur la question de l’objectivité en physique. Comme je l’ai brièvement exposé plus haut, il est attendu d’une théorie physique qu’elle soit objective, c’est-à-dire qu’elle fournisse une description de la réalité physique sans accorder de statut privilégié au fait qu’une personne est en train de connaitre la réalité par le biais de cette théorie. La théorie doit se comporter comme un outil conceptuel neutre et fournir une description de la réalité telle qu’elle est, indépendamment de toute référence à la présence ou non d’une personne tentant de connaitre cette réalité. On doit donc pouvoir abstraire une telle référence. Une des méthodes de validation des théories physiques – et donc implicitement de cette opération d’abstraction – est basée sur la confrontation des prédictions quantitatives permises par le discours théorique à l’expérience empirique. L’opération d’abstraction en question ici est souvent considérée comme une exigence fondamentale propre à la définition de ce que doit être une bonne théorie de la réalité physique. Pourtant, la possibilité de satisfaire une telle exigence devient problématique dans le domaine de la physique quantique. En particulier, la controverse de la première moitié du 20ème siècle, opposant Einstein, Podolski et Rosen (EPR) à Bohr (Einstein et al., 1935 ; Bohr, 1935 ; Laloë, 2001, Section 3), témoigne des tensions que

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cette théorie physique génère à propos de la problématique de l’objectivité.

2.1) L’histoire

En effet, Bohr, s’en tenant à la lettre du formalisme quantique, soutient que les propriétés physiques (ou observables) ne possèdent une signification (c’est-à-dire, ne désigne un élément de réalité) qu’en référence à un processus de mesure effectif (Bohr, 1935). En particulier, des propriétés correspondant à des observables incompatibles (ou non commutatives comme la vitesse et la position) ne peuvent être déterminées au cours d’une procédure expérimentale unique et ne sont donc pas pourvues de sens simultanément. Du point de vue de Bohr, on ne peut donc pas supposer que la physique quantique décrive la réalité physique telle qu’elle est. Son discours n’indique l’existence d’entités réelles qu’en faisant référence aux dispositifs expérimentaux effectivement déployés. La physique quantique n’est donc pas destinée à décrire un quelconque monde microscopique indépendant de la présence effective des structures d’observation expérimentale.

En opposition à la position de Bohr, EPR défendent une conception de la réalité conforme à la tradition de recherche en physique (Einstein et al., 1935). L’existence ou la réalité des propriétés physique

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d’un système ne peut en aucun cas dépendre de notre activité expérimentale. Tout au plus peut-on avoir une perturbation de certaines propriétés physiques par le processus de mesure d’autres grandeurs. EPR expliquent l’impossibilité de mesurer simultanément deux grandeurs incompatibles comme la vitesse et la position d’une particule par l’occurrence de ce type de perturbation. Déterminer la position impose de « toucher » la particule ce qui perturbe sa vitesse. Inversement, déterminer la vitesse nécessite l’observation d’un mouvement de la particule, interdisant de définir précisément sa position. Néanmoins, à chaque instant et donc avant toute mesure, la particule possède une position et une vitesse précises. Ne faisant pas droit à cette existence indépendante des propriétés des systèmes physiques, la théorie quantique ne peut, dans la conception d’EPR, être complète. Elle ne décrit les propriétés des systèmes physiques qu’en intégrant une référence à des situations expérimentales particulières et fournit donc une représentation seulement partielle de la réalité qui doit être complémentée par l’addition de variables – dites ‘cachées’ ou ‘supplémentaires’ – désignant l’information expérimentalement manquante.

Afin d’étayer leur position, EPR proposent une expérience de pensée mettant en jeu une paire de particules corrélées (c’est-à-dire de particules dont les propriétés sont en corrélation, si la première particule

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à une vitesse v, la seconde a nécessairement une vitesse –v ; de même pour la position). La physique quantique décrit ce type de paires comme un système unifié, recourant à un unique objet mathématique, et ce, quelle que soit la distance séparant les deux particules. Dans la perspective de Bohr, les particules n’ont une vitesse ou une position définie que lorsqu’une mesure de l’une de ces grandeurs est effectivement réalisée. Donc lorsqu’une mesure de la position de la première particule est faite, les positions des deux particules existent et présentent la corrélation. On peut faire de même pour la vitesse. Mais on ne peut faire les deux en même temps. A ce stade, EPR remarquent que la conception de Bohr conduit à rendre les éléments de réalité associés à la deuxième particule instantanément dépendants de ce que l’expérimentateur choisit de mesurer sur la première particule.

Analysée historiquement, il est largement admis que cette controverse entre Bohr et EPR porte sur la nature de la réalité physique. Bohr défend une conception instrumentaliste au sein de laquelle ne peuvent être qualifiées de réel que les entités associées à un dispositif expérimental effectif. EPR opposent à cette vision une conception résolument traditionnelle qui affirme que la réalité d’une entité donnée ne peut dépendre des observations que peut en faire un expérimentateur. Ceci admis, ils montrent à

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l’aide de leur expérience de pensée que la physique quantique (non complémentée par des variables cachées) indique l’existence d’influences instantanées à distance (caractéristique désignée sous le terme de « non-localité »). Pour EPR, aucune définition raisonnable de la réalité ne peut autoriser cela5. L’expérience de pensée est donc suffisante à leurs yeux pour établir l’incomplétude de la physique quantique et le besoin de recourir à des variables cachées ou supplémentaires. Pourtant, au cours de la seconde moitié du 20ème siècle, un intense travail d’investigation empirique est mené afin d’arbitrer la controverse entre EPR et Bohr. En effet, Bell propose en 1964 des inégalités mathématiques qui portent son nom (Bell, 2004 [1964]) et qui permettent de concevoir un test expérimental de la conception d’EPR. Ce test permet de décider si la réalité physique peut ou non être décrite par une théorie ne faisant référence qu’à des particules possédant des propriétés indépendamment de toute intervention expérimentale et ne s’influençant pas instantanément à distance. La sanction expérimentale est sans appel : les inégalités de Bell sont violées, et ce de manière exactement conforme aux prédictions de la mécanique quantique (Clauser et al., 1978 ; Aspect et al., 1982). Il semble donc que Bohr

5 « No reasonable definition of reality could be expected to permit this » (Einstein et al., 1935, p. 780).

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et sa conception ‘instrumentale’ de la réalité sortent vainqueurs de la controverse.

2.2 La discussion contemporaine

L’idée selon laquelle la violation des inégalités de Bell impose de repenser la notion de réalité est largement répandue. Il est souvent proposé que les inégalités de Bell sont basées sur le ‘réalisme local’ (d’Espagnat, 1979 ; Zeilinger, 2005 ; Aspect, 2007) qui reflète la conception de la réalité admise par EPR : 1) réalisme car les systèmes possèdent des propriétés comme la vitesse et la position, et ce indépendamment de toute expérience à propos de ces propriétés ; et 2) local car interdisant toute influence instantanée à distance (plus précisément interdisant la propagation des influences à une vitesse plus grande que celle de la lumière dans le vide). Le raisonnement menant au rejet de la conception traditionnelle du réalisme est alors le suivant : les inégalités de Bell sont basées sur les hypothèses de réalisme et de localité. Les inégalités de Bell sont violées par l’expérience. La localité est une hypothèse très solide en physique, elle est à la base de la théorie de la relativité, une théorie extrêmement bien vérifiée. L’hypothèse du réalisme doit donc être rejetée.

Néanmoins, des travaux récents et de plus en plus nombreux suggèrent que le sens à accorder à la

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violation des inégalités de Bell pourrait bien se révéler nettement plus subtil qu’un simple triomphe de la vision quantique de la réalité par rapport à la conception classique défendue par EPR. D’intenses débats sont aujourd’hui en cours à propos des prémisses mises en jeu dans la dérivation des inégalités de Bell et de leur signification philosophique. Tandis qu’une hypothèse de localité (ou plus précisément de causalité locale) est directement explicitée dans les travaux de Bell (Bell, 2004 [1981]), il semble plus problématique de mettre en évidence une hypothèse correspondant au réalisme (Norsen, 2007). Ainsi, de nombreux auteurs affirment que la mécanique quantique est bien incomplète et qu’elle doit être complémentée par des variables cachées non-locales (Albert, 2009 ; Norsen, 2009 ; Maudlin, 2010). Dans cette perspective, l’existence d’influences se propageant à des vitesses superluminiques doit être prise au sérieux. Cette approche est défendue et développée notamment par les tenants de la théorie de de Broglie-Bohm (Bohm et Hiley, 1993). Cette position ne fait pourtant pas consensus, en particulier au sein de la communauté des physiciens, certains se montrant très réticents à admettre des éléments non compatibles avec la théorie de la relativité (d’Espagnat, 2002, section 9-3 ; Ghirardi, 2010 ; Schlosshauer et al., 2013). Du point de vue d’une large fraction des physiciens, la théorie quantique viole effectivement les inégalités de Bell et leur hypothèse de causalité locale

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sans pour autant contredire la relativité (d’Espagnat, 2002 ; Zeilinger, 2005 ; Blaylock, 2010). Cet apparent paradoxe peut par exemple être résolu en affirmant que la théorie quantique n’est rien d’autre qu’un outil prédisant les résultats des mesures effectives futures à partir des informations possédés par les expérimentateurs et obtenues par des expériences passées (Fuchs et Peres, 2000 ; d’Espagnat, 2002, pp. 116-117). Cette position instrumentale considère les questions à propos d’une réalité sous-jacente comme appartenant au domaine de la métaphysique. Bien que cette conception dite « épistémique » (Marchildon, 2009) puisse apparaître insuffisante du point de vue philosophique, elle satisfait de nombreux physiciens. Néanmoins, d’autres développements ont été proposés. Il a par exemple été montré que la violation des inégalités de Bell pouvait être reproduite en maintenant l’hypothèse de causalité locale mais en utilisant une conception non traditionnelle des probabilités6 (Gell-Mann et Hartle, 2012) ou encore en limitant le caractère contrefactuel de l’attribution des propriétés aux systèmes quantiques7 (Blaylock, 2010). Le débat philosophique concernant le sens qui doit être accordé à la violation des inégalités de Bell est donc toujours vivace.

6 Conception Bayésienne, les probabilités sont conçues comme des instructions pour faire des paris.

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2.3 Et donc ? L’homme dans tout cela ?

Mon travail de recherche m’a donné l’occasion d’aborder ce débat sous un angle légèrement différent, approche qui s’est révélée pertinente par rapport à la thématique globale proposée au début de cet article (concernant le rôle de la personne qui construit ou utilise la théorie pour décrire ou connaitre la réalité). Plutôt que de tenter de déterminer quelle doit être LA signification correcte de la violation des inégalités de Bell, je me suis proposé d’étudier plusieurs approches contemporaines de la physique quantique et de les caractériser en fonction de deux aspects principaux : 1) quelle est la prémisse de la dérivation des inégalités de Bell que chacune choisit de rejeter ; et 2) quelle est la conception des auteurs quant à ce que doit être une théorie scientifique pour être satisfaisante, et ce en particulier en lien avec les thématiques du réalisme et de la localité. Traditionnellement, il est attendu d’une théorie physique qu’elle soit cohérente logiquement (cohérence interne) et qu’elle produise des prédictions conformes aux données expérimentales (adéquation

7 L’attribution de propriétés à un système quantique n’est pas stable sous les opérations contrefactuelles habituelles. Les propriétés des systèmes deviennent contextuelles et appartiennent à un cadre précis. Il n’est pas toujours possible d’utiliser tous les cadres dans le même discours (il est par exemple interdit d’utiliser le cadre associé à la propriété ‘vitesse’ dans le même discours que le cadre associé à la propriété ‘position’). Il s’agit ici avant tout d’une contrainte logique sur l’usage du langage, et pas nécessairement d’une prise de position quant à la nature de la réalité.

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empirique). En plus de ces aspects indispensables, il est aussi souhaitable d’avoir un discours théorique le plus simple possible, le plus unificateur possible ou encore le plus fécond possible (c’est-à-dire qu’il permette de faire des prédictions correctes de phénomènes non encore observés). Ces différents éléments sont souvent nommés ‘valeurs épistémiques’ ou ‘vertus épistémiques’ (McMullin, 1982; Kuhn, 1977, chapitre 13). Il est par ailleurs désirable que ce discours soit compatible avec les autres théories scientifiques existantes et bien établies. Cette caractéristique peut être désignée sous le nom de ‘cohérence externe’. Appliquée au domaine de la physique et à la controverse EPR, la cohérence externe porterait donc sur la compatibilité entre la théorie quantique et la théorie de la relativité. En outre, il est souvent admis qu’un discours théorique doit fournir une description objective de la réalité. Ce dernier point peut être formulé plus précisément en réclamant que le discours n’accorde pas de statut privilégié à des éléments associés à la personne qui utilise la théorie pour prédire les observations futures ou pour connaitre et parler de la réalité. Il est possible de désigner cette dernière propriété d’un discours théorique par le terme ‘référence ontologique’. Notre analyse de différentes approches de la physique quantique a permis de suggérer l’idée que la violation des inégalités de Bell correspond à une contrainte imposée sur l’ensemble des exigences que l’on peut raisonnablement faire

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porter sur une théorie physique dans le contexte des systèmes quantiques (Guillermin et Dedeurwaerdere, 2013). En effet, toutes les approches étudiées se sont révélées incapables de satisfaire à la fois la contrainte de référence ontologique et celle de cohérence externe (compatibilité avec la relativité).

Il me semble que cette conclusion illustre bien la pertinence, par rapport à la physique quantique et à la philosophie des sciences, de la thématique proposée en préambule. En effet, notre récente étude montre que l’exigence de produire un discours théorique ne faisant aucunement référence à des personnes qui utilisent ces théories n’est pas aisée à satisfaire. De nombreux auteurs considèrent que cette exigence entraine un coût trop important et construisent des approches intégrant une telle référence, sous une forme ou sous une autre. L’approfondissement de la façon dont ces approches sont développées et de l’impact épistémologique d’une telle ouverture sont centrales pour mon travail de recherche. Je suis en particulier fasciné par la question suivante : existe-t-il des notions robustes d’objectivité, de vérité et de réalité qui puissent être cohérentes avec l’abandon de la référence ontologique ?

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3) Conclusion

Suite à de passionnants échanges avec plusieurs personnes d’horizons variés (et pas seulement issues du monde académique), je me suis rendu compte que cette problématique de la place de la personne qui construit ou manipule des édifices théoriques est susceptible de constituer une thématique transversale à de nombreuses disciplines. De façon intuitive, cette ligne d’investigation me semble particulièrement pertinente par rapport aux problèmes rencontrés par nos sociétés actuelles. La question de la place à accorder à la personne et à son for intérieur dans l’activité de connaissance et d’utilisation des savoirs pourrait se révéler cruciale. Il pourrait être très fécond de se demander dans quelle mesure nous pouvons et devons produire des descriptions déshumanisées de la réalité qui nous entoure ou encore des discours par rapport auxquels les locuteurs peuvent être totalement désengagés. La volonté positiviste de transférer la puissance objectivante des méthodes des sciences naturelles vers les sciences humaines et sociales peut être questionnée. « La vie des êtres humains en société suppose qu’ils se réfèrent à des règles, des normes et des valeurs dont la « prise » sur les individus ne saurait être identifiée au simple constat d’une vérité de fait. Une science des comportements, fondée sur l’observation, ne peut rendre compte de l’éthique (le partage du juste et de l’injuste) à laquelle ils se

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réfèrent. Sur la question de l’éthique, le positivisme logique reste court, malgré les tentatives d’élaborer une logique déontique » (Lecourt, 2006, pp. 874-875). Plus radicalement même, la physique – prise comme point de départ pour ce programme positiviste et comme l’illustration triomphante de la validité et de la désirabilité de la construction de tels discours ‘objectifs’ sur la réalité – semble associée à de nombreuses subtilités et pistes de questionnement. Aujourd’hui nous pouvons peut-être trouver autour de nous des motifs pour approfondir ces questions : suis-je en mesure de produire un discours objectif concernant telle ou telle problématique ? Suis-je prêt à en payer le coût ? Suis-je prêt à mettre en question la théorie de la relativité, pourrait s’interroger le physicien. Est-il désirable de produire un discours qui ne fait aucune référence à ses conditions de production ou d’utilisation ?

De façon synergique, les sciences du développement durables semblent profondément sensibles à ce type d’interrogation. La mise en évidence des hypothèses et croyances d’arrière-plan des scientifiques et autres personnes impliquées dans le processus de recherche se révèle de plus en plus nécessaire (Popa et al., 2013). Le rejet des solutions universelles se fait de plus en plus présent, des approches toujours plus contextualisées étant requises (Oström, 2007). De façon plus générale et encore plus

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intuitive, notre croyance aveugle en la méthode de l’objectivation pour nous révéler ce qu’est le réel ne devient-elle pas néfaste dans certains contextes ? N’est-elle pas impliquée dans notre capacité (toujours croissante ?) à contempler sans réaction des situations horribles que les média audiovisuels nous présentent régulièrement ? La radicalisation des grands débats de société, mettant en évidence une incapacité surprenante à s’écouter et à essayer de se comprendre ne s’enracine-t-elle pas, au moins pour une part, dans notre croyance en l’existence d’une vérité unique, d’un discours vrai et objectif sur le réel que chacun pense alors fermement posséder ?

L’idée générale selon laquelle, pour faire de la bonne science et atteindre le réel, on doit nécessairement se focaliser sur les faits et évacuer les autres éléments comme non rationnels mérite d’être retravaillée. Est-il envisageable de se démarquer de cette tendance forte, dans l’activité de connaissance, à l’objectivation et à l’abstraction du sujet humain, sans pour autant lui dénier toute vertu ou tomber dans une sorte de relativisme rejetant les notions de vérité et de validité ? Tant l’absolutisation d’une méthode d’accès à la vérité que la négation de toute forme de vérité se révèlent des positions très instables et autoréfutantes (Putnam, 1981, chapitre 5). La place et le rôle de la personne dans cette problématique apparaissent considérablement subtils. Parler de l’homme et même

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de sa subjectivité peut être fait sans quitter le terrain positiviste, en les objectivant, en les réduisant à leurs manifestations observationnelles. De façon réciproque, il n’est peut-être pas complètement insensé d’imaginer qu’un rôle plus direct puisse être accordé à la personne en tant que productrice – utilisatrice d’un discours sans pour autant perdre toute prétention à la vérité. Beaucoup de travail reste à faire afin d’explorer des voies alternatives, de repenser les notions de validité, d’objectivité et de vérité des connaissances dans un cadre plus ouvert susceptible de faire droit au rôle de la personne qui construit, utilise ou vit cette connaissance.

J’ai tout à fait conscience que les idées que je propose ici demeurent imprécises et naïves, que les problématiques de l’objectivité et du rôle de l’homme face à son savoir sont des thématiques extrêmement vastes et complexes. Ces thématiques ont été continuellement repensées au cours de l’histoire de la philosophie (Platon, Descartes, Kant, et tant d’autres …) et sont actuellement explorées par de nombreuses disciplines. Mes seuls objectifs ici sont 1) de partager de façon très simple ce qui pourrait devenir le cœur d’une investigation commune dédiée à l’étude d’éléments essentiels à l’intersection de différentes approches ; et 2) de montrer de façon accessible mais tout de même un peu plus précise comment ce noyau s’exprime dans mon domaine de recherche. J’espère

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avoir atteint ces objectifs et donné envie à certain(e)s lecteurs-lectrices d’échanger plus avant autour de cette thématique commune.

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Enfin !Mardi 5 février 2013, j’ai enfin compris du début à la fin une conférence donnée lors d’un mardi de la cithare du CEP.

Certes, je ne suis pas venu très fréquemment et l’on peut même compter mes présences sur les doigts d’une seule main. Il est vrai aussi que je ne suis pas en philosophie, que la plupart des conférences proposées abordent des thèmes sinon philosophiques, au moins anthropologiques, et que je n’ai pas toujours les prérequis suffisants pour comprendre tout ce que le conférencier dit.

Néanmoins la conférence de ce mardi-là m’a prouvé que, premièrement, je n’étais pas une cause perdue (ce qui est de moindre importance) et que, deuxièmement, les conférences des mardis de la cithare pouvaient, en plus d’être intéressantes (ce qui est souvent le cas, même si les titres sont parfois rébarbatifs), être compréhensibles par une très large part des étudiants (ce qui est de plus grande importance).

En effet, cela réaffirme la volonté de créer un moment de plaisir et d’échange de la part du responsable du mardi de la cithare et plus largement du CEP. Ce genre d’initiative profite à tout le monde : d’un côté cela

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offre la possibilité à davantage d’étudiants, ou autre quidam, de participer à cet évènement, d’un autre côté cela redore le blason du CEP et surtout de son activité phare : le mardi de la cithare.

Voilà de quoi enlever de toutes les bouches l’excuse facile du « de toute façon je ne comprendrai rien » et de convaincre les plus récalcitrants à participer aux mardis de la cithare sans plus aucune retenue !

Thibaut DUCARME

P.S. : cet article n’a pas été écrit sous la contrainte.

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Questionnaire de Proust de M. Maesschalck :

Quelle est votre plus grande qualité ? Généreux

Votre plus grand défaut ? Intransigeant

Votre roman préféré ? Le totem des Baranda, de Melchior Mbonimpa

Votre film préféré ? Haïtian Corner de Raoul Peck

Le philosophe que vous préférez ? Schelling

Celui que vous mésestimez ? Aucun en particulier

La branche de la philosophie que vous préférez? La philosophie première

Votre bête noire en philosophie ? L’argumentation en mode philosophie analytique

Votre artiste préféré ? Michel Lebb

Le premier métier que vous avez voulu exercer ? Médecin

L'œuvre philosophique qui vous a marqué ? Chemins qui ne mènent nulle part de Heidegger

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Le personnage historique que vous auriez aimé rencontrer ? Toussaint Louverture

Le péché capital qui vous correspond ? Gourmandise

La qualité que vous estimez nécessaire chez un philosophe ? Ironie à l’égard de soi

Votre plat préféré ? Lambi créole

Une boisson de prédilection pour l'apéro ? Cuba libre

Quelle qualité aimeriez-vous avoir en tant qu'homme ? Justice

En tant que philosophe ? Optimisme

Si vous aviez une citation préférée (ou une devise) ? « Oportet transire » (repris de Maître Eckhart)

Si vous deviez être réincarné... ? Une fourmi

Votre mot préféré ? « Action ! »

Votre gros mot préféré ? Bordel

Un loisir ? Le basket

Une erreur de jeunesse ? Avoir arrêté le sport trop tôt

Un vœu à réaliser ? Écrire un roman

Une drogue ? Le café

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Préférez-vous :

Parménide ou Héraclite ? Héraclite

Platon ou Aristote ? Aristote

Augustin ou Thomas ? Augustin

Kant ou Hegel ? Hegel

Leuven ou Louvain-La-Neuve ? Louvain-La-Neuve

Le capitalisme ou le communisme ? Autre chose

Et pour finir, à votre avis :

L'œuf ou la poule ? L'œuf

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Dancer In The Dark, la comédie musicale dramatique de Lars Von

Trier : critiquePar Florence

Ce sixième film du réalisateur danois Lars Von Trier fait partie d'une trilogie qu'on appelle généralement « Les coeurs d'or », avec Les Idiots et Breaking The Waves. Dans ces trois films, les héros ou héroïnes sont fondamentalement gentils et ont des valeurs qu'ils respecteront quelque soient les circonstances, mais la vie leur impose des épreuves très difficiles, et la chance est rarement de leur côté.

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Dans Dancer In The Dark, on découvre le désespoir d'une mère célibataire en passe de devenir aveugle, qui est prête à tout pour éviter à son fils, Gene, cette maladie héréditaire. Interprétée par la chanteuse islandaise Björk, cette immigrée tchécoslovaque, du nom de Selma, s'évade de sa triste vie de travail grâce à sa passion : les comédies musicales... Dans sa tête, les battements, frottements et grincements de l'usine métallurgique se tranforment en une musique rythmée sur laquelle elle s'imagine danser, transportée dans le monde merveilleux des comédies musicales. Mais par malheur, elle confie ses secrets à l'homme qui l'héberge, lequel la trahit en volant tout son argent. Dès lors, Selma se retrouve emportée par un tourbillon d'événements horribles. Finalement, sa décision de payer à tout prix l'opération dont son fils a besoin pour conserver la vue la mènera à la mort...

Ce film terriblement sombre est illuminé par la musique de Björk, qui incarne à merveille l'héroïne de l'histoire. Les affreux coups du sort qui s'abattent sur Selma semblent plus supportables dès qu'elle commence à danser et chanter, car dans les comédies musicales, tout finit toujours par s'arranger... On perçoit également dans ce film une critique du système judiciaire américain, où une innocente naïve peut se retrouver condamnée si aisément.

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J'ai donc beaucoup apprécié ce film touchant, mais il me semble nécessaire d'aimer la musique de Björk pour ressentir la force et l'espoir qui se dégagent des scènes chantées. On peut aussi reprocher à Dancer in the dark son côté parfois trop mélodramatique, mais c'est une caractéristique de Lars Von trier que de jouer sur les excès... Dans tous les cas, c'est un film marquant qui vaut la peine d'être vu, quoiqu'il risque de vous plomber le moral !

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Recette de CarbonnadesPar Nestor

L'automne est arrivé, le temps nous le montre bien... C'est pourquoi, après la soupe à la bière, je te propose un autre plat qui, bien que plus classique, est tout aussi adapté au rude climat nordique: les carbonnades (flamandes!).

Quelle est l'histoire de ce mets enchanteresque? Tu as sans doute entendu parler du héros Sigurd, dont les hauts faits sont contés dans la Nibelungenlied germanique (où il apparaît sous le nom de Siegfried) ou, plus au nord, dans les Eddas et dans la Völsunga Saga (où Sigurðr est un descendant de Völsung, lui-même arrière-petit-fils d'Odin).

Ce Sigurd a une histoire compliquée, mais ce qui nous intéresse est qu'il s'est rendu coupable du meurtre du dragon Fáfnir (prononcer "Fa-oufnir"). Dans la Saga, il creuse une fosse dans laquelle il pourra se cacher et tuer Fáfnir en lui transperçant le coeur par dessous. Odin, déguisé sous les traits d'un vieillard, lui conseille

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Odin le vagabond... Qui a dit Gandalf?

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de creuser plusieurs fosses afin de recueillir le sang du dragon.

Mortellement blessé par la lame de Sigurd, le dragon lui demande qui il est, voulant connaître le nom de son meurtrier, et lui révèle que son or est maudit et provoquera la perte de celui qui s'en emparera. Mais Sigurd fait fi de ces présages. Il mange le coeur du dragon, boit son sang et emporte tout son or sur son cheval Grani.

Quel rapport avec les carbonnades me diras-tu? Sigurd avait voyagé durant maintes semaines jusqu'au repaire du dragon et avait grand faim. Voulant reprendre des forces avant de s'attaquer à la bête, il tua un auroch sauvage, le trempa dans ce qu'il lui restait de bière et le plaça dans un chaudron dans lequel il ajouta du pain d'épices, des carottes et des champigons. Il

déposa alors le chaudron devant l'antre de Fáfnir, là où celui-ci s'exerçait à brûler des oiseaux (d'où le mythe des "oiseaux fâchés"). Un corbeau se posa alors sur le chaudron et le dragon envoya une gerbe de flammes dans sa direction, carbonisant le contenu du chaudron.

Lorsque les hordes de moines envahirent la Scandinavie et violèrent la culture locale avec leurs propres mythes

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afin de faciliter les conversions, la légende de Sigurd fut traduite en latin. Les contacts entre les importants ports médiévaux de Ribe au Danemark et de Bruges en Flandres, où des marins pleins morts racontèrent des histoires de leur pays natal, firent que le mot "carbonare" (carboniser) donna finalement notre mot "carbonnades".

Après ce passage trop sérieux, voici une recette possible. Je dis 'une' car les carbonnades s'associent à merveille à la philosophie culinaire du "on mélange tout et on laisse cuire", ou "bon+bon=bon"...

Il te faudra, pour 4 personnes:

• 1,2 kg de boeuf (en un seul morceau)

• 5 carottes

• 150g de champignons

• 0,5l de bière (brune!, plus c'est lourd mieux c'est)

• 3 oignons de bonne taille

• 2 gousses d'ail

• du sucre brun (pas de la cassonade!)

• des speculoos

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• du pain d'épices

• sel, poivre, thym, lauriers

• du beurre

• de la farine blanche

Tu peux faire comme Sigurd si tu trouves un dragon, sinon fais comme moi:

• émince les ognons, l'ail

• coupe les carottes et les champignons en rondelles

• coupe le boeuf en cubes (pas trop petits, disons 27 cm3); tu peux en profiter pour retirer les nerfs (et le gras si t'es un migeolle)

• fais revenir le boeuf avec le beurre dans une grande casserole (ou, mieux, une cocotte en fonte), et remue jusqu'à ce que toutes les faces des cubes soient brunies

• retire la viande de la cocotte, rajoutes-y du beurre (y a que ça de bon!) et fais revenir les ognons et l'ail

• lorsque ceux-ci sont dorés, ajoute une cuillère à soupe de farine et deux cuillères à soupe de

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sucre brun et remue jusqu'à ce que les ognons soient bien caramélisés

• ajoute la viande et les légumes, mélange bien le tout

• ajoute de la bière de manière à tout recouvrir (si il n'y a pas assez de bière, mets en plus; si il y en a trop c'est nickel)

• remélange bien tout, épice à ton goût (juste un pincée de sel!)

• ajoute encore une cuillère à soupe de sucre brun, deux cuillères de farine

• réduis 2 speculoos et 1 tranche de pain d'épices en miettes (mouahaha!), ajoute-les et remue bien

• laisse mijoter à feu doux pendant 1h30; si il faut, ajoute de la bière ou de l'eau si toute la viande n'est plus recouverte; si la sauce est trop liquide, ajoute de la farine; remue régulièrement

S'accompagne très bien de pommes de terre ou de purée et de chicons braisés.

Avant de manger, n'oublie pas de faire un sacrifice au grand Odin, qui a rendu cette recette possible! Le

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mieux est d'égorger une chèvre pendant que des vierges dansent nues autour d'un feu...

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Je ne suis pas homophobe MAIS…Par Bruno

Logique !

Si même les animaux ne font pas ça…

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Après la mode des Pokémons, celle de sucer de bites !

Alors, mode ou maladie ?

En voilà une âme charitable !

Jean est gay ?!

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Si c’est pour la société…

… ou pour la survie de l’espèce, alors ça ne compte pas !

La ‘sodomy’, oui. Mais entre un papa et une maman !

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Parce que n’oublions pas que deux hommes ou deux femmes ensembles, c’est très inesthétique.

Je ne suis pas homophobe mais…

… qu’on brûle tous ces pédés, ils le méritent bien !

Source : http://jenesuispashomophobemais.tumblr.com/

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Entendu en guindaille :Par Sophie

- Bruno (soirée psycho) : « Il y a trois pédés derrière ce bar » (il y a Lorenzo, Quentin et lui)

- Alexis : « Jean, même sobre, tu es bourré »

- Boris : « Tu t’appelles comment ? Ben oui, c’est une technique comme une autre »

- Nestor (au souper GCL) : « Je suis un funambule… Sur un banc »

- Bruno : « Alexis, il me fait rire. Si c’était un homme, je l’épouserais »

- Fougère de la MAF : « Je refuse de lécher sur une table, je refuse mais j’ai envie… »

- Jean (à propos du souper GCL) : « Pourquoi toujours des raclettes ? Ça me met dans un de ces états »

- Marie-Laure, en s’adressant à Quentin : « Et toi, tu serais quel genre de fille ? Une petite salope hein ! »

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- Olivier : « Arrête de tirer dessus, elle est hyper longue »

- Bruno à Marie-Laure, en mode gratuit : « C’est toi la pute »

- Chris : « Je fume pas en allemand »

- Petit maître (en corona psycho, alors que les impétrants distribuent leur guindaille) : « On ne lit pas la guindaille en schmet »

- Florence (à propos d’Alexis) : « Il n’aime pas laver les cheveux des gens, il trouve que ça fait peur »

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La blague de SocrateProposée par Amaury

Une règle de vie simple à appliquer...

Comme vous le savez tous, mes chers amis, Socrate était un philosophe grec réputé pour sa sagesse.Un jour qu'il se promenait sur l'agora, il fut abordé par un quidam qui l'interpella ainsi :- " Socrate ! Tu sais ce que je viens juste d'apprendre à propos d'un de tes élèves ?"- " Attention" lui dit Socrate, "avant de dire quoi que ce soit, il faut que tu passes un certain test. Je l'appelle le test du triple filtre..."- " Triple filtre ?"- " Oui. Avant que tu ne me parles d'un de mes élèves, ce serait bien que tu filtres ce que tu vas dire ... Le premier filtre est le filtre VERITE. Es-tu absolument certain que ce que tu vas me dire est vrai ?"- " Euh ... C'est à dire ... Non. Je l'ai juste entendu dire ..."- " Bien, tu n'es donc pas certain que ce que tu vas dire est la vérité. Le second filtre est la BONTE. Ce que tu as à me dire est-il bon pour mon élève ?"- " Ben ... pas exactement ..."- " Donc, tu veux me dire quelque chose de désagréable pour mon élève sans être sûr que ce soit vrai. Essayons

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le troisième filtre, si tu veux bien. Il s'agit du filtre de l'UTILITE. Ce que tu veux me dire est-il utile pour moi ?"- " C'est difficile à dire, plutôt non, en réalité ..."- " Tu m'accorderas donc que tu souhaites me confier quelque chose de désagréable sur mon élève, qui ne me sera d'aucune utilité et dont tu n'es pas sûr. Ne crois-tu pas qu'il vaut mieux, dans ce cas, te taire ?"- " Si, Socrate, je vois bien que tu as raison. Je me tairai donc."

C'est par ce genre de raisonnement que Socrate est passé à la postérité comme un grand sage.

C'est aussi du fait de ce genre d'attitude qu'il n'a jamais su que Platon baisait sa femme ...

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Le mot du bûcheronPar Alexis

Désormais, pour chaque édition de la Grenouille, notre bûcheron préféré vous concoctera un petit article personnel... Cette fois-ci, il s'agit d'une chanson des Monty Pythons appelée « I'm a Lumberjack » et qui le décrit très bien !

I'm a lumberjack and I'm okayI sleep all night and I work all day He's a lumberjack and he's okay

He sleeps all night and he works all day

/ G - CE7 Am7 / D D7 GC G / :

I cut down trees, I eat my lunchI go to the lavat'ry

On Wednesdays I go shoppingAnd have buttered scones for tea

He cuts down trees... He's a lumberjack...

/ G - C Am7 / D D7 G - / G - C A7 / D7 - GC G /

I cut down trees, I skip and jumpI like to press wild flow'rs

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I put on women's clothingAnd hang around in bars He cuts down trees... He's a lumberjack...

I cut down trees, I wear high heelsSuspendies and a braI wish I'd been a girlieJust like my dear papa

He cuts down trees... He's a lumberjack...

WAHH! And I thought you were so RUGGED!

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Si vous souhaitez nous poser une question, nous envoyer un article ou

que sais-je, une seule adresse : [email protected] !

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