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La gestion des risques des produits financiers islamiques : essai de modélisation Abdelilah EL ATTAR Enseignant chercheur Laboratoire « Economie et Management des Organisations » Faculté des Sciences Juridiques Économiques et Sociales Université Mohamed Premier Oujda, Maroc [email protected] Mohammed Amine ATMANI Doctorant, Certifié : CIFE (CertifiedIslamic Finance Executive) Laboratoire « Economie et Management des Organisations » Faculté des Sciences Juridiques Économiques et Sociales Université Mohamed Premier Oujda, Maroc [email protected]

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La gestion des risques des produits financiers islamiques : essai de

modélisation

Abdelilah EL ATTAR Enseignant chercheur

Laboratoire « Economie et Management des Organisations » Faculté des Sciences Juridiques Économiques et Sociales

Université Mohamed Premier Oujda, Maroc [email protected]

Mohammed Amine ATMANI Doctorant, Certifié : CIFE (CertifiedIslamic Finance Executive) Laboratoire « Economie et Management des Organisations »

Faculté des Sciences Juridiques Économiques et Sociales Université Mohamed Premier Oujda, Maroc

[email protected]

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Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro 4, Vol 2: September 2015

Résumé

L’avenir de l’industrie de la finance islamique dépend dans une large mesure de la manière dont ses institutions vont gérer les différents risques liés aux diverses opérations qu’elles vont mener. Le rôle d’intermédiaire financier que partagent les banques classiques et les banques islamiques fait en sorte que ces deux types de banques partagent les mêmes types de risques, à savoir les risques marchés, risques crédits et risques opérationnels. Toutefois la nature de la relation qui existe entre profit et risques, et donc le poids que devrait accorder les banques à chaque risque dans leurs processus prudentiels, ne devrait pas être le même dans les deux approches.

A travers cette recherche, notre objectif est de répondre aux questions suivantes : pourrait-on modéliser les risques financiers des produits spécifiques à la finance islamique ? Si oui, quel modèle pourrait-on proposer? Et est-ce que la vision des accords de Bâle aux risques financiers reste valable pour le cas de banques islamiques?

Mots clés

Produits Financiers islamique, Régression linéaire, Accords de Bâle, accords de Bâle, AAOIFI, Risque crédit, Risque opérationnel, Risque marché.

Classification JEL : C51, C52, G21, O19

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Introduction

La relation qui existe entre le rendement et le risque a largement été étudiée par plusieurs chercheurs, dans l’objectif de comprendre les mécanismes qui déterminent l’influence de la prise de risque sur le niveau de profit. Cette relation est la base pour définir les risques auxquels les banques doivent accorder une priorité absolue afin d’assurer leur solvabilité, mais également un niveau optimum de profit.

Un des éléments les plus importants pour le développement de l’industrie financière islamique, est la disposition d’un cadre réglementaire, permettant de fournir et normaliser les outils de supervision bancaire, notamment en matière de gestion des risques les plus significatifs.

Vu que l’industrie de la finance islamique est encore jeune, celle-ci ne dispose toujours pas d’un cadre qui lui est spécifique, assurant par la même occasion une prise en charge totale des spécificités de cette finance éthique. Ceci a mené les banques islamiques à considérer les solutions existantes, en essayant notamment d’adapter et mettre en place le cadre fourni par les accords de Bâle.

Ce cadre étant spécifique aux banques classiques, considère le risque crédit comme étant le risque le plus important pour les instituts financiers. Aussi, il fournit à un certain niveau aux banques islamiques, des approches pouvant être appliquées afin de mieux gérer leurs risques. Mais son application reste toutefois délicate dans le cadre de l’industrie participative. C’est la raison qui poussé un nombre d’organisme internationaux à se pencher sur cette problématique et de fournir des efforts d’adaptation, et même d’émettre leurs propres standards, se basant sur les préconisations de Bâle.

Ces éléments nous poussent à poser un certain nombre de questions, parmi lesquelles :

Est-ce que l’application des préconisations des accords de Bâle en termes de gestion de risques aura l’impact souhaité sur la solvabilité bancaire ?

Qu’elles sont les spécificités des risques financiers issus des produits participatifs qu’il faut inclure dans toute tentative de personnalisation des accords de Bâle pour le cas des banques islamiques ?

C’est sur ces éléments que nous essayerons de nous pencher dans cette étude. Et pour ce faire, nous allons essayer de comprendre l’effet de chaque type de risque sur les différents produits financiers islamiques. Nous allons, ainsi, procéder par une modélisation statistique, qui va nous permettre d’apprécier la relation entre risque et profit. Pour ceci nous commencerons d’abord par introduire la gestion des risques. Nous présenterons ensuite l’échantillon et les différentes variables, que nous utiliserons pour la modélisation. Par la suite nous allons passer en revue les différents modèles expliquant les profits des produits financiers islamiques, par les variables risques et nous interpréterons les résultats de chaque modèle.

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1. La gestion des risques, au centre de l’activité bancaire : 1.1 L’enjeu de la gestion des risques dans l'industrie financière

Durant le siècle dernier, le management de risque a connu un développement sans précédent. Beaucoup de chercheurs se sont penchés sur la problématique du risque, afin d’essayer d’en comprendre le comportement, les sources et l’impact. Ces travaux ont permis de mettre en évidence la corrélation entre le rendement et le risque, qu’on peut schématiser par le fait qu’une prise de risque plus importante, augmente également le niveau de rentabilité espéré1. Les principaux travaux de modélisation, ont utilisé cette corrélation, afin de fournir des modèles permettant de sélectionner les meilleurs rendements par rapport à des niveaux définis de risques. Ces modèles ont été utilisés surtout dans la finance de marché, ou la partie de la finance qui s’intéresse au fonctionnement des marchés financiers, comme la bourse, afin de sélectionner les portefeuilles permettant d’avoir le meilleur rendement. Parmi ces théories, on peut citer :

L’approche de Markowitz (1959) : une approche basée sur la combinaison optimale des gains par rapport aux risques, pour la sélection d’un portefeuille.

Taux de Rendement ajusté au risque (RAROC) : Le RAROC exprime le taux de rendement des fonds propres économiques. C'est le ratio entre la marge nette prévisionnelle après déduction des pertes moyennes anticipées et les fonds propres nécessaires pour couvrir un pourcentage des pertes exceptionnelles.

La Valeur à Risque VaR (Value At Risk): est une notion permettant de définir le montant maximum de pertes, qui ne devrait être dépassé qu'avec une probabilité donnée sur un horizon temporel donné.

Dans les banques et autres instituts de financements, la gestion des risques ne se résume pas à la suppression simple et nette de l’ensemble des risques auxquels les instituts financiers doivent faire face. En effet, celles-ci doivent déterminer un niveau de risque qu’ils jugent tolérables, en cherchant par la suite à maximiser leur profits tout en faisant attention à ne pas dépasser ce niveau en terme d’exposition. Pour ceci, il est nécessaire d’identifier et d’évaluer ces risques, afin d’en atténuer l’impact. Dans ce sens, la définition de la cartographie des risques financiers joue un rôle central dans cette activité. Et c’est le défi relevé par les banques islamiques, qui, de part de leurs particularités issues de leur philosophie et des soubassements théoriques de l’activité financière islamique,

1Martin Lettau, Sydney C. Ludvigson , Measuring and Modeling Variation in the Risk-Return Trade-

off, Handbook of Financial Econometrics, Vol 1: Tools and Techniques, Elsevier, 2009

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doivent faire face à des risques qui diffèrent d’une manière considérable de ceux de leurs consœurs classiques.

1.2 Gestion des risques dans les banques islamiques, entre ressemblance et spécificité par rapport aux banques classiques :

La gestion des risques dans les banques islamiques a la même importance que pour sa consœur classique. En effet, et dans les deux cas, le management de risque se trouve au cœur de l’activité bancaire.

Toutefois, il existe des différences émanant de la spécificité des modes opératoires, entre les mécanismes de fonctionnements des différents produits de financement. Dans les points qui suivent, nous listons les principaux risques partagés avec les banques classiques, et ceux qui font la spécificité des banques islamiques.

1.2.1 Risques communs avec les banques conventionnelles :

Risques crédit:Le risque crédit dans les banques participatives est identique à celui des banques conventionnelles, de fait que dans les deux cas, celui-ci émane de la nature de l’activité bancaire.

Risque Marché :Dans les banques islamiques, et vu l’illicéité d’une grande partie des instruments financiers utilisés par les banques conventionnelles, les risques marché, tels que pratiqués par les banques conventionnelles, émanent de deux sources principales: d’un côté, la variation des taux de changes des devises, ainsi que les prix des actifs financiers et les biens détenus par les banques, et d’un autre côté, la variation des prix de la marchandise financée

Risque Opérationnel :Dans les banques islamiques, Les risques opérationnels sont encore plus amplifiés que dans les banques conventionnelles, de fait que les banques islamiques supportent les mêmes types de risques opérationnels des banques conventionnelles, relatifs aux facteurs humains, procédures, technologies … . Toutefois, le jeune âge du secteur financier islamique, le manque d’expérience, ainsi d’outils informatiques, sont des facteurs pénalisant, qui augmentent considérablement les risques opérationnels des banques islamiques. Aussi, l’impact des risques liés à la Shariaa, en comparaison à celui de non-respect des procédures dans le cas de banques classiques, est beaucoup plus important, qui peut mener les déposant à retirer en masse leurs dépôts.

Risque de liquiditéLes banques islamiques en ayant les mêmes sources du risque de liquidité que les banques classiques, doivent faire face à un défi

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supplémentaire celui de l’illicéité d’une grande partie des actifs financiers disponibles jugés liquides.

1.2.2 Risques spécifiques aux banques islamiques :

Risques liés au stock:Ce risque émane de la spécificité du mode de financement des banques islamiques, mode qui repose sur des opérations d’achat/vente sous forme d’une Murabaha, ou de location sous forme d’une Ijara, afin de pouvoir réaliser des gains, alors que tout surplus ou gain issus d’une opération de prêts classiques, est considéré comme du Riba. Ce qui implique la constitution d’un stock de biens pour les banques, qui va servir par la suite aux opérations de Murabaha pour la vente, ou d’Ijara pour la location. La constitution de ce stock sera bien évidement accompagnée d’un risque de gestion, un risque de perte des produits stockés, un risque de livraison pour les clients, ou même un risque de non-conformité par rapport aux besoins exprimés initialement par le client.

Risque d’abandon des opérations de financements :Le risque d’abandon des opérations de financements est un autre exemple des spécificités du mode de financement des banques participatives, notamment via les produits Murabaha et Ijara. En effet, les banques, et afin de réduire les autres risques, notamment liés au stock, privilégient l’achat du bien objet de financement, sur demande du client. Cependant, si le client décide d’abandonner l’opération après que le bien soit acheté par la banque, cette dernière devra trouver un autre acheteur pour le bien, au risque de le vendre à un prix moindre que son coût.

Risque commercial déplacé : Ce risque est également nommé risque fiduciaire. Pour lui donner une définition, HABIB AHMED et TARIQULLAH KHAN2 ont emprunté celle de l’Organisation de Comptabilité et d’Audit pour les Institutions Financières Islamiques (OCAIFI, AAOIFI) : « Ce risque est lié au taux de rendement faible qui peut être interprété par les déposants/investisseurs comme étant un manquement au contrat d’investissement ou comme signe d’une mauvaise gestion des fonds par la banque »

Risque de taux de référence: Le modèle de fonctionnement des banques islamiques repose sur un modèle commercial d’achat vente, notamment pour les opérations telles que la Murabaha et l’Ijara. Et si les profits doivent être déterminés à l’avance, et ne peuvent être modifiés après contractualisation avec le client, les institutions financières participatives utilisent un taux de référence (taux de benchmark) pour déterminer ce niveau de profit. L’utilisation de ce taux de référence a été autorisée par les juristes musulmans, comme utilisation

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Banque Islamique de Développement, La gestion des risques, analyse de certains aspects liés à l’industrie de la finance islamique, Document occasionnel N 5, page 60

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ponctuelle servant à définir la marge avant la signature du contrat. Ceci dit, Les banques islamiques doivent donc faire face au risque émanant de la variation du taux de référence.

Le risque d’investissement : Les banques islamiques, offrent un financement sous les principes du partage de profit et des risques avec ses déposants. A ce titre, Le risque d’investissement dans les banques islamiques découle des choix de placement de la banque, puisqu’en investissant en capital, la banque encourt le risque d’une perte de ses apports, perte qu’elle partage, avec ses déposants.

Le risque de concentration :Le risque de concentration dans le cas des banques islamiques est spécifique dans la mesure où, pour l’instant, les emplois bancaires destinés à gérer les liquidités sont peu variés, aussi, les grandes entreprises admises pour le placement des investissements sont peu nombreuses à satisfaire les critères islamiques et, au passif, le nombre de contreparties institutionnelles est peu élevé. Ces éléments laissent les banques islamiques dépendantes à de faibles emplois de leurs ressources.

Afin de garantir la stabilité du système bancaire, qui s’inscrit dans le cœur de l’activité économique contemporaine, des organismes internationaux ont été créés avec comme principal rôle, d’instaurer des règles et des recommandations dans le domaine de la supervision bancaire, en définissant notamment les principaux risques financiers et les mécanismes pour s’en prémunir. L’organisme le plus connu dans le monde de la finance est le celui du comité de Bâle.

1.3 Les accords de Bâle, principal acteur de supervision bancaire

Hébergé par la Banque des règlements internationaux à Bâle, le comité de Bâle a déjà trois standards définissant les règles prudentielles qui doivent être respectées par les différents organismes financiers. Le premier a été publié en 1988 sous le nom de Bâle I, la deuxième version intitulée Bâle II en 2004, et plus récemment la dernière version, Bâle III, en 2010. Ces standards sont devenus la base pour les règlementations bancaires des différents pays.

La première version de Bâle a souligné l’importance pour la banque d’avoir des fonds propres suffisants pour faire face aux risques crédits auxquels elle est exposée. Pour y arriver, Bâle I subdivise le capital de la banque en trois composantes (le noyau dur Tier 1, les fonds propres complémentaires Tier 2 et les fonds propres sur-complémentaires Tier 3), pour instaurer un ratio minimum pour les fonds propres, appelé ratio de Cook

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Équation 1: Défintion du Ratio de Cook

Avec un minimum de 4 % sur le TIER 1.

Dans Bâle II, le comité a revu l’architecture globale des recommandations, pour les organiser en 3 grands piliers :

• Exigences en fonds propres

• procédure de surveillance de la gestion des fonds propres

• Discipline de marché.

Le ratio de Cook a cédé la place au ratio de Mc Donough, qui prend en considération en plus du risque crédit, les risques marchés et les risques opérationnels. Le dénominateur est désigné comme l’Actif Pondéré des Risques (APR ou RWA pour Risk-WeightedAssets). Dans la seconde version de Bâle, le seuil minimum du ratio fonds pondérés par rapport à l’APR n’a pas subi de changement.

Équation2: Définition du ratio Mc Donough

En soulignant l’insuffisance du cadre réglementaire qui a été mis en place par le comité de Bâle II, La crise de 2007 a mis en exergue un ensemble de pratiques bancaires très risquées. Ceci a amené le comité Bâle III à mettre à jour les règles prudentielles de Bâle II, pour les fortifier encore plus, en tirant des leçons des faiblesses qui ont été observées lors de la crise de 2007.

Les principales nouveautés de la troisième version des accords de Bâle ont été:

• En renforçant des fonds propres

• En améliorant la qualité des fonds via la redéfinition des composantes Tier 1 et Tier 2 et la suppression de T3.

• En relevant les seuils des ratios et en introduisant de nouveaux permettant d'améliorer la solvabilité des institutions financières.

• En introduisant des réserves supplémentaires, à construire par les banques durant les périodes propices pour faire face aux périodes de crises.

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Aussi, Selon les règles prudentielles de Bâle, les exigences minimums en termes de fonds propres doivent couvrir 75% des risques crédits, 20% des risques opérationnels, et 5% des risques marchés. Ceci a pour hypothèse que l’activité bancaire est surtout une activité d’octroi de crédit (location de monnaie), ce qui justifie le poids accordé au risque crédit

Il faut toutefois rappeler que les préconisations de Bâle visent la cartographie des risques des banques classiques, sachant que les mécanismes de financement adoptés par les banques islamiques sont bien différents de celles des banques classiques.

Face à l’insuffisance de la réglementation et des organismes offrant un cadre adapté au cas des banques islamiques, celles-ci disposent de deux options :

• Prendre le risque d’utiliser les cadres et les préconisations définis par les quelques organismes s’intéressant à la problématique de la supervision bancaire dans le cas de la finance islamique, malgré le fait que celles-ci restent toujours à compléter et à parfaire.

• Ou utiliser tout simplement les préconisations de Bâle.

Ce qu’on se propose dans la suite, et d’effectuer une modélisation pour expliquer les profits des principaux produits bancaires islamiques, moyennant les trois types de risques considérés par Bâle, et vérifier si les poids de ces risques sont les mêmes dans les deux secteurs financiers, classique et islamique. Ceci nous permettra de conclure si l’emploi des préconisations de Bâle sera bénéfique au cas des banques islamiques, ou si celles-ci risquent de les pénaliser.

2. Modélisation du couple profit/risque des produits financiers islamiques.

Dans la suite de cet article, notre objectif sera de modéliser la relation qui existe entre les profits des principaux produits financiers islamiques, et les principaux risques financiers définis par les accords de Bâle. Dans ce sens, nous allons construire un échantillon sur la base de banques islamiques, qui utilisent en même temps les accords de Bâle pour évaluer leurs risques financiers.

2.1 Méthodologie de collecte des données:

Pour remédier aux difficultés importantes en termes de disponibilité des données sur les banques islamiques, nous allons construire une base de données selon les informations disponibles, notamment dans les rapports financiers annuels. Ces derniers n’étant pas standards à toutes les banques, et ne contenant pas tous les mêmes informations qui peuvent nous servir dans les travaux de modélisation, il faudrait être prudent dans le choix des données, et sur la période, de telle manière à couvrir le maximum possible de banques islamiques.

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C’est dans ce sens, que nous avons préféré mettre en place une démarche qui nous permettra cette fois, d’atténuer cette difficulté, notamment via les étapes suivantes :

Etapes pour la construction de l'échantillon

• Définitions des données préliminaires du modèle :

Dans cette étape, on définira une liste des variables exhaustives dont on aura besoin pour la modélisation.

• Liste globale des banques islamiques:

L’objectif de cette étape est de désigner toutes les banques islamiques qu’on va inclure dans la population totale à échantillonner. Cette étape est très importante, afin d’avoir une population homogène.

• Echantillon des banques islamiques :

Une fois la population globale des banques islamiques définie, on passera par la suite à la sélection d’un échantillon sur lequel on effectuera les travaux de modélisation. L’objectif premier sera de maximiser l’actif bancaire total de la population qu’on va couvrir.

• Recherche et traitement des rapports annuels financiers publiés:

Une fois l’échantillon définit, il nous reste le traitement des rapports financiers et des autres sources de données disponibles, afin de collecter les observations nécessaires pour la modélisation. Cette étape nous permettra également d’affiner la liste des variables qu’on a définie au départ par rapport aux contraintes de disponibilité.

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2.2 Les Banques islamiques considérées dans la population à étudier par la modélisation :

Afin de s’assurer que la population que nous allons considérer dans notre étude est homogène, nous commencerons d’abords par en définir la liste des banques à inclure dans l’échantillon, en s’appuyant sur l’actif bancaire.

Une première analyse de la composition des banques islamiques de la Base de données d’information financière Bank scope par pays, nous montre une très forte présence des banques de l’Iran avec un total actif dépassant les 351 milliards de dollars, suivi des banques de la Malaisie, avec plus de 89 Milliards de dollars d’actifs.

En considérant les parts des actifs, l’Iran s’accapare 41% du total des actifs bancaires islamiques, alors que la Malaisie arrive en seconde position avec 11%, ce qui constitue plus que la moitié pour ces deux pays. Dans le reste du classement, on trouve des pays comme les Emirats Arabes Unies, le Bahreïn, L’Arabie Saoudite, ainsi que le Kuwait.

Figure 1: Répartition des actifs bancaires islamiques par Pays

Source : réalisé par les auteurs

2.2.1 Spécificités des banques islamiques de la Malaisie:

Les banques de la Malaisie et malgré le fait qu’elles disposent d’une part importante des actifs financiers islamiques, constituent une exception qui risque de biaiser les résultats de notre étude : celles-ci commercialisent deux produits

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qui ne fait pas l’unanimité entre les juristes musulmans, qui sont de Bai Al Inah et le Tawarruq.

Ces produit, malgré le fait que leurs commercialisation se fait sous des règles strictes, sont parfois considérés comme une opération qui vise à détourner la prohibition du Riba via un mécanisme d’achat et de vente. Selon l’AAOIFI, référentiel qu’on a considéré comme base pour les banques de notre échantillon, Bai Al Inah est strictement prohibé, alors que Bai Tawarruq est toléré sous certaine condition, et avec un mode opératoire strict.3.

Dans les banques malaisiennes, l’utilisation de ces deux produits est très courante. Par exemple, dans le rapport financier de BANK Islam de l’année 2012, et sur près de 20 Milliards de RM d’encours de financement au 31/12/2012, plus de 9 Milliards de RM ont été accordés sous forme de Tawarruq (7,5) ou bai al Inah4 (1,7).

Pour la constitution de notre échantillon, et pour éviter de biaiser les résultats, il a été décidé d’écarter les banques Malaisiennes de la population totale de notre étude.

2.2.2 Spécificités des banques islamiques de l'Iran

L’Iran est un pays leader en termes de finance islamique. Depuis 1983, celui-ci a décidé de convertir tout son système financier au régime de la finance islamique5, se basant sur des opérations sans Riba, permettant ainsi de conserver au mieux la valeur de l’argent. Ceci dit, l’Iran est un pays Shiite, et donc se base sur les principes shiite pour définir les règles et les principes fondateurs en finance islamique, contrairement aux autres pays leader en finance participative qui sont majoritairement des pays sunnite. Toutefois il existe certaines différences entre les deux systèmes financiers, que FarhadNili a résumées en 14 points, desquels on cite les trois points les plus importants pour notre étude:6

• l'achat de la dette, pratique interdite dans les autres pays islamiques, à l'exception de la Malaisie, est autorisé dans le système de bancaire sans Riba en Iran. Cette pratique est tolérée et utilisée par les banques de l’Iran et figure même dans les quelques rapports financiers qu’on a pu recenser, sous le nom d’escompte bancaire7.

3 AAOIFI; 2010 ; Shari’a Standards, Bahrein, page 412 4 Bank, Rapport financier de 2012, page 40, 5Nili, F. (2014) Iran: Islamic Banking and Finance, in The Islamic Finance Handbook: Islam A

Practitioner's Guide to the Global Markets (eds S. Thiagaraja, A. Morgan, A. Tebbutt and G. Chan),John Wiley & Sons Singapore Pte. Ltd., Solaris South Tower, Singapore.doi: 10.1002/9781118936863.ch11

6Ibid

7 Bank Saderat Iran, Rapport financier 2010/2011 , page 71,

http://www.bsi.ir/en/Financial%20Report/Annual%20Report%202010-2011/BSI-2010-2011.pdf ,

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• Le système de banque sans Riba iranien est autorisé à imposer une pénalité intégrée aux revenus de la banque sur le retard des remboursements d'un prêt. La plupart des banques islamiques dans les pays sunnite ne reçoivent pas de telles pénalités, ou dans le cas contraire, doivent les affecter à des activités de bienfaisance, séparées des comptes opérationnels bancaires.

• Les normes définies par l'Organisation de Comptabilité et d'Audit des Institutions Financières Islamiques (OCAIFI, AAOIFI en anglais) ne sont pas couramment pratiquées dans le système bancaire iranien; seules les normes de Bâle sont constatées.

Une autre difficulté s’ajoute à la liste des différences, par rapport aux banques de l’Iran est la non disponibilité des données. Par exemple, le dernier rapport disponible sur le site de Ban Melli Iran, consulté8 le 23/12/2014, fait référence au rapport de l’année 2008/2009, alors que celui de Banque Saderat Iran consulté le même jour fait référence à des rapports de 2010/20119.

Vu l’ensemble de ces contraintes, on s’est vu obligé d’exclure les banques iraniennes du périmètre de notre étude, même si cette décision est synonyme de l’exclusion de 41% de l’actif bancaire islamique. Ceci dit, on croit, et vu les spécificités du système bancaire financier de l’Iran, que qu’une étude à part de ce système serait plus appropriée que de le mélanger avec les composantes du système financier islamique des autres pays sunnite.

2.2.3 Population globale et banques islamiques considérées dans l’échantillon final

Afin d’avoir un échantillon représentatif, on est parti sur la base d’une sélection de banques qui nous permettra de couvrir une partie importante des actifs bancaires islamiques.

Comme résultat, des décisions prises sur les composantes de la population totale des banques participatives qu’on considérera pour l’élaboration de notre modèle, notamment le fait d’écarter les banques issues de l’Iran et de la Malaisie, la population des banques qu’on va considérer comptera 393 Milliards de dollars en actif bancaire.

Par la suite, et pour affiner notre sélection, une analyse Pareto nous sera d’une grande utilité. En effet, cette analyse nous permet de déduire que sur environs 98 instituts financiers islamiques, 4 banques participent à hauteur de 50% de l’actif total.

8 Banque Melli Iran, Liste des rapports financier, http://bmi.ir/En/FinanceReportList.aspx?smnuid=10030, consulté le 2014-12-23 9 Banque Saderat Iran, Liste des rapports financiers, http://www.bsi.ir/en/Pages/About_BSI/financial-reports.aspx , consulté le 2014-12-23

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Figure 2: Diagramme de Pareto des actifs bancaires islamiques

Source : réalisé par les auteurs Il serait opportun de construire un échantillon sur la base des banques à

fort actifs bancaires, et de suivre l’évolution des variables observées pour ses banques. C’est dans ce sens que l’échantillon final qu’on a considéré, englobe 7 banques avec les actifs les plus importants. Ceci nous permet de couvrir environ 59% de l’actif total de la population étudiée.

Le tableau ci-dessous recense les banques ainsi que le nombre d’années considérées pour la collecte des observations.

Tableau 1: Liste des banques retenues dans l'échantillon final

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2.3 Les variables sélectionnées pour la modélisation

Pour répondre aux questions soulevées par la problématique, on a recensé plus d’une dizaine de variables qu’on pourrait utiliser dans nos travaux de modélisation. Ces variables peuvent être réparties comme suit :

• Variables de résultat /profit • Variable des Risques bancaires • Autres types de variables :

2.3.1 Variables de profit

Ces variables regroupent le profit des banques des différents produits financiers islamiques, comme La Murabaha, la Mousharaka, La Moudarabah, La Ijarah, Le Salam, et l’Istisnaa. Cette information n’est pas toujours disponible dans les rapports financiers des banques islamiques, du fait que dans quelques rapports, les profits sont cités d’une manière consolidée, ne précisant pas la part de chaque produit dans le profit global.

2.3.2 Variables de risques:

Ces variables regroupent tous les indicateurs des risques auxquels sont confrontées les banques. Afin de disposer des mêmes indicateurs de l’évaluation des risques par les différentes banques islamiques, On a choisi de considérer les normes de Bâle II. Ainsi, les variables qu’on utilisera afin d’apprécier le niveau des risques auxquelles les banques seront confrontées sont : Actifs pondérés des risques crédits, actifs pondérés des risques marchés, actifs pondérés des risques opérationnels et leurs somme : actifs pondérés des risques.

2.3.3 Autres variables utilisées :

Parmi les autres variables qu’on utilisera dans nos travaux de modélisation, on cite :

• Variables des Indicateurs financiers :Le ratio d'endettement sur capitaux propres/Debt to Equity : identifie les banques qui sont fortement endettées et donc affrontent un risque plus élevés pour les investisseurs.

• Variables relatives aux encours de financement : Regroupent l’encours des différents types de financements accordés par les banques à leurs clients. Dans ce groupe, on trouve les encours de financement en termes de Murabaha, Musharaka, Mudaraba, Ijara, Istisnaa, Salam, et les autres types de financement.

Une fois on a établi ces éléments, on peut maintenant s’attaquer à la modélisation, afin d’expliciter la relation entre les profits par produits financiers islamiques, et les différents risques financiers.

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3. Résultats de la Modélisation du couple profits/risques par produits financiers participatifs

A ce niveau, et pour les besoins de la modélisation, la répartition des variables collectées est comme suit :

Variables expliquées : Profits par produits financiers participatifs

Variables explicatives : risques crédits, risques opérationnels, risques marchés, l’endettement de la banque, et l’Actif pondéré des risques. Dans chaque modèle nous allons présenter la sortie Minitab (outil de

modélisation statistique que nous avons utilisé), le R2 ajusté pour apprécier le niveau de pertinence du modèle, ainsi que l’équation obtenue afin de l’interpréter.

3.1 Modèle du ProfitMurabaha en fonction des risques:

La sortie Minitab de ce premier modèle est la suivante :

Figure 3: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Murabaha

Analyse de régression : Incomemurabaha en fonction de operationalrisk

L'équation de régression est

Incomemurabaha et assimilé = 51901 + 0.481 operationalrisk

Facteur

d'inflation de

la variance

Prédicteur CoeffCoefErT T P (FIV)

Constante 51901 55405 0.94 0.357

operational risk 0.48094 0.02349 20.47 0.000 1.000

S = 205634 R carré = 93.7 % R carré (ajust) = 93.5 %

Analyse de variance

Somme des

Source DL carrés CM F P

Régression 1 1.77238E+13 1.77238E+13 419.15 0.000

Erreur résiduelle 28 1.18399E+12 42285438098

Total 29 1.89077E+13

Le R2 ajusté de ce modèle est de l’ordre de 93.5%, qui est un niveau élevé.

L’équation de ce modèle est comme suit : Profit Murabaha = 51901 + 0.481 Risques opérationnels Selon ce modèle, le profit Murabaha varie dans le même sens que les

risques opérationnels. Chose qu’on peut expliquer par le fait que le mode

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opératoire du produit Murabaha est un mode opératoire très risqué, pouvant mener soit à une non-conformité du produit aux prescriptions de la ShariaaIslamique ou à des cas de fraudes suite aux contrats agences entre la banque et son clients. Ceci dit, plus les banques utilisent le produit murabaha, plus l’actif pondéré des risques opérationnels est important.

On doit souligner à ce niveau qu’on peut également envisager un autre modèle sur la base de l’actif pondéré des risques crédits. La sortie Minitab pour un tel modèle est comme suit :

Figure 4: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Murabaha modèle 2

Analyse de régression : Incomemurabaha en fonction de creditrisk

L'équation de régression est

Incomemurabaha et assimilé = - 150094 + 0.0595 creditrisk

Facteur

d'inflation de

la variance

Prédicteur CoeffCoefErT T P (FIV)

Constante -150094 147874 -1.02 0.319

creditrisk 0.059538 0.007134 8.35 0.000 1.000

S = 440010 R carré = 71.3 % R carré (ajust) = 70.3 %

SomCar-ErrPrév = 6.120084E+12 R carré (prév) = 67.63 %

Analyse de variance

Somme des

Source DL carrés CM F P

Régression 1 1.34867E+13 1.34867E+13 69.66 0.000

Erreur résiduelle 28 5.42106E+12 1.93609E+11

Total 29 1.89077E+13

On constate que le R2 ajusté est très significatif dépassant 70%. La formule du modèle est comme suit :

Profit Murabaha = - 150 094 + 0.0595 Risque crédit La relation entre le risque crédit et le profit issu des contrats Murabaha est également positive, ce qui nous laisse conclure que le profit de la Murabaha vari dans le même sens que la prise de risque crédit par les banques. Aussi, en expliquant cette fois les profits issus des contrats Murabaha par la seule variable relative à l’actif pondéré des risques marchés on obtient la sortie suivante:

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Figure 5 :Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Murabaha modèle 3

Analyse de régression : Incomemurabaha en fonction de marketrisk

L'équation de régression est

Incomemurabaha et assimilé = 380831 + 0.501 marketrisk

Facteur

d'inflation de

la variance

Prédicteur CoeffCoefErT T P (FIV)

Constante 380831 195774 1.95 0.062

marketrisk 0.5011 0.1482 3.38 0.002 1.000

S = 692512 R carré = 29.0 % R carré (ajust) = 26.4 %

SomCar-ErrPrév = 1.531600E+13 R carré (prév) = 19.00 %

Analyse de variance

Somme des

Source DL carrés CM F P

Régression 1 5.47972E+12 5.47972E+12 11.43 0.002

Erreur résiduelle 28 1.34280E+13 4.79572E+11

Total 29 1.89077E+13

On constate que ce modèle est significatif, avec un R2 de l’ordre de 29%. L’équation de ce modèle est comme suit :

Profit Murabaha = 380831 + 0.501 Risque marché Ceci nous amène à conclure que les risques marchés également ont un

impact positif sur le profit issu des contrats Murabaha.

3.2 Modèle du profit Ijarah en fonction des risques

Le résultat de la modélisation des profits issus des contrats Ijara sont comme suit :

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Figure 5: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Ijara

Analyse de régression : incomeijara en fonction de creditrisk; operational ;

L'équation de régression est

incomeijarah = 129484 + 0,0124 creditrisk - 0,102 operationalrisk

- 0,0556 marketrisk

Facteur

d'inflation de

la variance

Prédicteur CoeffCoefErT T P (FIV)

Constante 129484 36534 3,54 0,002

credit risk 0,012433 0,003474 3,58 0,001 4,992

operational risk -0,10155 0,02513 -4,04 0,000 5,261

market risk -0,05560 0,02351 -2,37 0,026 1,311

S = 95913,5 R carré = 53,5 % R carré (ajust) = 48,1 %

SomCar-ErrPrév = 314808060409 R carré (prév) = 38,78 %

Analyse de variance

Somme des

Source DL carrés CM F P

Régression 3 2,75028E+11 91675947574 9,97 0,000

Erreur résiduelle 26 2,39185E+11 9199408747

Total 29 5,14212E+11

On constate que le R2 ajusté du modèle est de l’ordre de 48% qui est une

valeur significative. L’équation finale du modèle est comme suit : Profit Ijara = 129484 - 0.0556 Risque Marché + 0.0124 Risque Crédit - 0.102

Risque Opérationnel L’interprétation de cette équation nous permet de conclure que :

Les risques marchés ont un impact négatif sur le profit Ijara, ceci est dû au fait que ce sont des risques externes, qui peuvent impacter le prix des biens financiers et donc impactent le profit de l’opération de financement.

Les risques crédits ont un impact positif: plus l’actif pondéré des risques crédits est important, plus le profit de l’Ijara est important.

Finalement, on constate que le risque opérationnel a un impact négatif. Ce qui nous laisse penser que les banques ont besoin de provisionner moins de risques opérationnels afin d’augmenter le profit Ijara. Ceci peut être issu du fait que l’opération Ijara est une opération qui

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est maitrisée par les banques, comportant peu de risques opérationnels que ceux découlant des autres contrats financier islamiques.

3.3 Modèle du profit Moudarabah en fonction des risques:

Le modèle expliquant les profits issus des contrats de type Moudaraba moyennant les risques crédits, opérationnels et marchés est comme suit :

Figure 6: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Mudaraba

Analyse de régression : incomemudar en fonction de operational ; creditrisk

L'équation de régression est

incomemudaraba = 25716 - 0,0202 operationalrisk + 0,00202 creditrisk

Facteur

d'inflation de

la variance

Prédicteur CoeffCoefErT T P (FIV)

Constante 25716 8272 3,11 0,004

operational risk -0,020232 0,005910 -3,42 0,002 4,991

credit risk 0,0020224 0,0008387 2,41 0,023 4,991

S = 23158,2 R carré = 33,9 % R carré (ajust) = 29,0 %

SomCar-ErrPrév = 17014054468 R carré (prév) = 22,29 %

Analyse de variance

Somme des

Source DL carrés CM F P

Régression 2 7415156503 3707578252 6,91 0,004

Erreur résiduelle 27 14480190522 536303353

Total 29 21895347025

On constate un R2 ajusté de l’ordre de 29%, ce qui reste moyennement

significatif. L’équation du modèle s’écrit comme suit : Profit Mudaraba = 25716 + 0.00202 Risque crédit - 0.0202 Risque

opérationnel On retrouve également à ce niveau que le profit Mudaraba a le même sens

de variation que le risque crédit, et le sens contraire de la variation des risques opérationnels. On peut expliquer ceci par le fait que la Mudaraba contient un risque de contrepartie, et donc une prise de risque par la banque en finançant des clients moyennant ce contrat, ce qui devrai agir vers la hausse sur les actifs pondérés des risques crédits, tout en réalisant plus de profit.

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D’un autre côté, le coefficient négatif du risque opérationnel, peut s’expliquer par l’une des deux possibilités :

Les contrats de type Mudaraba ne sont pas encore maitrisés, nécessitant une grande expertise, mais également une parfaite connaissance du contexte économique et opérationnel du client financé par ce type de contrat. D’autant plus que même moyennant les fonds de partage de profit et de risque, les risques opérationnels doivent être supportés par la banques et non pas par les clients.

L’augmentation de l’actif pondéré des risques opérationnels d’une banque pourrait être un indicateur des préférences en termes de financement de celles-ci. En effet, l’augmentation des risques opérationnels pourrait être synonyme d’une augmentation des encours de financement via Murabaha, et moins de financement via Moudarabah, et donc moins de profit de Moudaraba.

3.4 Modèle du profit Mousharaka en fonction des risques:

Le seul modèle significatif qu’on a pu trouver pour l’explication des profits issus des contrats Musharaka par rapport aux différents risques bancaires est comme suit:

Figure 7: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Musharaka

Analyse de régression : incomemusharakah en fonction de debt to equity

L'équation de régression est

incomemusharakah = - 80581 + 17100 debt to equity

Facteur

d'inflation de

la variance

Prédicteur CoeffCoefErT T P (FIV)

Constante -80581 31780 -2.54 0.017

debt to equity 17100 4862 3.52 0.002 1.000

S = 43476.7 R carré = 30.6 % R carré (ajust) = 28.2 %

SomCar-ErrPrév = 61501200183 R carré (prév) = 19.41 %

Analyse de variance

Somme des

Source DL carrés CM F P

Régression 1 23386137770 23386137770 12.37 0.002

Erreur résiduelle 28 52926189326 1890221047

Total 29 76312327096

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En effet, dans notre modèle on n’a pu retenir que la variable de type Debt to Equity, ou endettement de la banque, alors qu’on a dû supprimer les autres variables du modèle pour cause de valeurs de p supérieurs au seuil de 5%. En plus, la valeur de F (test de Fisher ou test de significativité globale) nous indique la possibilité d’accepter l’hypothèse que tous les facteurs sont nuls, et donc notre modèle est non significatif. Aussi le R2 ajusté de ce modèle est modéré, avec un niveau de 28%.

Ceci est peut-être dû au fait que l’utilisation de ce contrat pour le financement des clients n’est pas très répandus, et dans notre échantillon, il n’est utilisé que par trois des sept banques.

Aussi l’équation du modèle s’écrit comme suit : Profit Musharaka = - 80581 + 17100 Debt to Equity Ainsi, on peut expliquer le résultat de cette modélisation par le fait que les

financements de type Musharaka se basent surtout sur les fonds empruntés par la banque, notamment à travers sa clientèle. Ainsi, si une banque dispose d’une base de dépôt clients importante, surtout dans les Comptes d’Investissements Participatifs, qu’elle pourrait employer dans le financement de ces contrats, le niveau des profits réalisés sera plus important.

3.5 Modèles du profit Istisnaa et Salam en fonction des risques :

3.6 Profit Istisnaa en fonction des risques:

Le modèle expliquant les profits issus des contrats Istisnaa par rapport aux risques crédits, risque marché et risque opérationnel est comme suit :

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Figure 8: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Salam

Analyse de régression : incomeistis en fonction de creditrisk; operational

L'équation de régression est

incomeistisnaa = 22640 + 0,00341 creditrisk - 0,0261 operationalrisk

Facteur

d'inflation de

la variance

Prédicteur CoeffCoefErT T P (FIV)

Constante 22640 13463 1,68 0,104

credit risk 0,003411 0,001365 2,50 0,019 4,991

operational risk -0,026066 0,009619 -2,71 0,012 4,991

S = 37692,8 R carré = 21,4 % R carré (ajust) = 15,6 %

SomCar-ErrPrév = 45803121643 R carré (prév) = 6,20 %

Analyse de variance

Somme des

Source DL carrés CM F P

Régression 2 10473057643 5236528821 3,69 0,038

Erreur résiduelle 27 38360103676 1420744581

Total 29 48833161319

Le R2 ajusté obtenu est faible, avec un niveau de 15%, tout comme le niveau

de F pour le test de significativité globale du modèle, mais qui reste toutefois assez élevé pour rejeter l’hypothèse que tous les paramètres du modèle sont nuls.

L’équation obtenue est comme suit : Profit Istisnaa = 22640 + 0.00341 Risque Crédit - 0.0261 Risque

Opérationnel Ce résultat nous permet de conclure que le risque opérationnel a un impact

négatif sur le profit Istisnaa, alors que l’impact du risque crédit est positif. En effet, le contrat de financement sur la base de l’Istisnaa n’est pas aussi exigeant en terme de risque opérationnel que le produit Murabaha, et donc les banques commercialisant les contrats de type Istisnaa réalisent évidemment plus de profit Istisnaa, et disposent de moins d’actifs pondérés de risques opérationnels.

3.7 Profit Salam en fonction des risques:

La modélisation des profits issus des contrats de type Salam, en se basant sur les risques crédits, opérationnels, marchés ainsi que le ratio d’endettement, ne nous a permis d’avoir aucun modèle significatif. Ceci est dû à plusieurs

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facteurs, parmi lesquels la faible utilisation de ce type de contrat par les banques, en plus du faible emploi des fonds dans ce contrat par les banques qui l’utilisent.

3.8 Synthèse globale et interprétation des résultats:

On pourrait résumer les relations qu’on a pu dégager entre, d’un côté, les profits issus des financements via les différents contrats financiers islamiques et d’un autre côté, les différents actifs pondérés des risques, ainsi que le ratio d’endettement, dans le tableau suivant:

Tableau 2: Tableau Récapitulatif des relations issues des modèles définis

Risque crédit Risque Marché Risque Opérationnel Ratio endettement

Murabaha + + + NS

Ijara + - - NS

Mudaraba + - - +

Istisnaa + NS - NS

Musharaka NS NS NS +

Salam NS NS NS NS

Source : réalisé par les auteurs Avec le signe « + » qui indique un même sens de variation, « -

» une variation inverse et « NS », une relation non significative selon les modèles dégagés.

Ainsi, le premier constat est que tous les types de risque influencent les profits des contrats Murabaha, alors que le ratio d’endettement est non significatif. Ceci démontre que le produit Murabaha est un produit risqué pour les banques, et que le niveau d’engagement des banques en financement de ce produit intervient dans le calcul des différents actifs pondérés.

Pour les produits Ijara et Mudaraba, le risque crédit garde son impact positif, alors que les risques marchés et les risques opérationnels ont un impact négatif à ce niveau. Parmi les pistes qu’on a considéré pour expliquer ce fait, est que la Ijarah et la Moudaraba nécessite moins de risque opérationnels et de risque marché que la Murabaha, et que si l’actif pondéré des risques opérationnels ou risque marché augmente, ceci indique une orientation vers les contrats de type Murabaha, au détriment des Moudaraba et Ijarah. Pour vérifier ce dernier point, on a effectué une matrice de corrélation pour déterminer la nature de la relation qui existe entre les encours de financements. Le résultat est schématisé ci-dessous.

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Figure 9: Analyse de corrélation des encours de financement des principaux produits financiers islamiques

Cette matrice nous permet d’apprécier les coefficients de corrélation

négatifs et significatifs (en comparant la statistique p par rapport à 5%), qui lient l’encours de Murabaha et L’encours Ijara et l’encours Mudaraba. Ceci nous démontre que dans l’échantillon, 48% de la diminution de l’encours Ijara et 60% de la diminution de l’encours Mudaraba s’explique par l’augmentation de l’encours de Murabaha.

Aussi, le ratio d’endettement est un facteur déterminant dans les profits spécialement issus des contrats Mudaraba et Musharaka, qui utilisent surtout les dépôts des clients dans les comptes d’Investissements Participatifs afin de financer les clients via ces deux contrats.

On constate également que les risques marchés n’interviennent pas dans l’explication des profits issus des contrats Musharaka et Istisnaa, et interviennent que faiblement (dans un modèle avec un R2 de 15%) dans l’explication des profits de la Mudaraba. Ceci est dû au fait que ces types de contrats se basent surtout sur le financement de projet, loin d’avoir une forme de transactions commerciales comme l’Ijarah ou la Murabaha.

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Conclusion

De l’ensemble de ces résultats, nous constatons que la nature de la relation entre le profit et risque du contrat financier diffère considérablement selon le type de ce dernier. Ce qui impacte considérablement la cartographie des risques auxquels les banques islamiques seront confrontées.

En effet, pour les banques islamiques, deux modes de financements sont possibles : Le premier se base sur des opérations commerciales comme Murabaha ou Ijarah, alors que le deuxième mode se base sur le principe du partage de profit et des risques du fait qu’il s’agit de financement d’investissements comme Musharakah, et Mudarabah … . Les résultats de la modélisation effectuée nous permettent de conclure que, d’un côté, pour les produits se basant sur une opération commerciale, les risques crédits et les risques opérationnels sont les risques les plus significatifs, avec une sensibilité plus importante pour les risques opérationnels, notamment pour le produit Murabaha. D’un autre côté, et pour les produits de financement d’investissement se basant sur le principe de Partage des Profits et des Pertes, nous constatons que les profits sont plus sensibles aux risques crédits, aux risques opérationnels, mais aussi à l’endettement de la banque.

Ceci étant dit, actuellement la plupart des banques islamiques, utilisent les préconisations de Bâle comme référence pour la gestion des risques, et surtout la définition du niveau de solvabilité. Chose qui peut être suffisante pour le moment, mais pour laquelle nous recommandons la revue en faveur d’un choix plus approprié, et peut être même plus personnalisé, par rapport aux orientations des banques, et leurs stratégies en terme de financement. En effet, et des différents modèles que nous avons établis, le poids de chaque risque, diffère d’un produit islamique à l’autre, et c’est pour cette raison que le choix d’une banque en termes d’orientation de financement, pourrait avoir un impact important sur sa cartographie des risques, et surtout sur l’importance que celle-ci devrait accorder à chaque risque pour définir les différentes provisions. Nous recommandons également d’accorder au risque opérationnel un poids plus important, et de faire la distinction entre les banques islamiques qui choisissent des financements sur la base d’opérations commerciales de celles qui choisissent les produits de partage des profits et des pertes, dans la définition du cadre de solvabilité bancaire. Pour la première partie, nous croyons que l’accent doit être mis sur les risques opérationnels, les risques crédit, et les risques marchés, alors que pour la deuxième partie, il faut se concentrer encore plus sur l’endettement de la banque.

Les travaux à faire à ce niveau sont encore importants, et doivent surtout se focaliser sur la mise en place d’un cadre qui prend en considération chaque produit pour garantir la solvabilité. Nous croyons toutefois, que ces efforts vont permettre à cette finance d’exister dans son propre cadre, en imposant ces

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propres règles, et fournir ainsi une véritable alternative sans devoir suivre les mêmes règles de la finance classique, et qui ne lui seront que défavorables.

La disposition d’un tel cadre permettra également aux banque de pouvoir s’orienter sur d’autres produits plus risqués et surtout plus différents en terme de gestion de risques par rapport aux produits classiques. Ceci étant, le produit Murabaha reste le produit le plus utilisé par les banques, mais il est également le produit qui ressemble le plus à une opération de prêt classique. D’autres produits mettant plus en valeur l’aspect participatif, comme la Mousharaka, ou la Moudarabah par exemple, ne sont financés que d’une manière faible. Ceci vient surtout du fait que la gestion des risques pour ces contrats spécifiques est un élément qui impose des défis importants aux banques, vu qu’il englobe des risques spécifiques, non couverts par les accords de Bâle et autres préconisations orientées aux banques classiques.

Ceci nous mène à la conclusion générale que la gestion des risques dans les banques islamiques doit prendre de la distance par rapport à ce qui est effectué dans le cas des banques classiques, pour se focaliser sur la promesse que cette jeune finance apporte: un retour aux origines de la finance pour supporter l’économie réelle, et assurer une répartition juste de l’effort de chaque agent économique.

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Référence Internet

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Liste des figures

Figure 1 : Répartition de l'actif bancaire par pays en millier de dollars Figure 2: Répartition des actifs bancaires islamiques par Pays Figure 3: Diagramme de Pareto des actifs bancaires islamiques Figure 4: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Murabaha Figure 5: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Murabaha modèle2 Figure 6: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Murabaha modèle3 Figure 7: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Ijara Figure 8: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Mudaraba Figure 10: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Musharaka Figure 11: Sortie de Minitab de l'analyse de régression du Profit Salam Figure 12: Analyse de corrélation des encours de financement des principaux produits financiers islamiques

Liste des tableaux

Tableau 1: Liste des banques retenues dans l'échantillon final Tableau 2: Tableau Récapitulatif des relations issues des modèles définis