La gestion des finances familiales - RBC

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VOL. 43, NO 5 SIÈGE SOCIAL: MONTRÉAL, MAI 1962 Lagestion des finances familiales IL Y A DES HEUREUX MORTELS pour qui les soucis financiers ne semblent pasexister, mais le commun deshommes ne connaît quetrop bien, hélas! la gêne etles tiraillements que causent les problèmes d’argent. Celui qui néglige d’organiser l’emploi de ses revenus, avec soin et intelligence, peut s’attendre aux difiïcultés, aux déceptions et aux pires ennuis. Demandez au conseiller familial quelest le pro- blème qu’on lui soumet le plus souvent, et vous pouvez êtresûr quel’argent se classera bon deuxième. où l’argent n’est pas cause de querelles, il est cause d’inquiétude. Dansun cas comme dansl’autre, les tracas d’argent nuisent au succès du chef de famille etsuscitent des conflits domestiques. On ne saurait trop s’appliquer à éviter pareilles situations. Heureusement, il existe desmoyens aussi faciles quepeu coûteux d’y parer. Un budget familial, si simple soit-il, nous aidera à gérer notre argent de façon qu’il serve exactement à ce quenous voulons. Le revenu n’est pasl’élément le plus important de la bonne administration financière. Ce qui compte, c’est ceque l’on fait avec l’argent dont ondispose. Lorsque vousdites en parlant d’une de vos con- naissances: "Je ne sais pas comment il se tire si bien d’affaire avec son petit salaire", c’est à son art degérer lesfinances familiales quevous rendez hommage. Vous reconnaissez en même temps l’existence d’une solida- rité tout à fait particulière: la collaboration detous les membres de la famille à la sageordonnance des dépenses de la maisonnée. Quand le budget devient uneaffaire de famille, il cesse d’être une fastidieuse tenue delivres. Ilse trans- forme alors en moyen de concentrer la capacité de penser de toussur la recherche des choses que la famille et son chef tiennent le plus à se procurer. Certains considèrent lesquestions d’argent comme descontingences matérielles indignes de leur niveau culturel. Mais pour se cultiver, il faut manger trois fois par jour, se vêtir, avoir uneplace où reposer sa tête. La bonne gestion desfinances familiales fait partie delaculture. En matière d’argent, les attitudes sont naturellement assez diverses. Les uns sontéconomes par nature, tandis quelesautres sont enclins à la prodigalité. Il y a ceux qui ne peuvent résister aux "aubaines", et ceuxquiexigent de la "qualité". Et il est normal qu’il ensoit ainsi. Le budget doit précisément permettre de canaliser ces tendances différentes au profit du bien général de tous lesmembres de la famille. Il doit tenir compte non seulement desaspirations du père et desdésirs desécurité de lamère, mais aussi des rêves des enfants. Il y a beaucoup moinsde problèmes pour tout le monde lorsque chacun connaît à la fois les limites et les possibilités du revenu familial. Le niveaude vie Le niveau de vie adopté par votre famille esten somme un moyen terme entre ce qu’il fautdépenser pour répondre à des besoins immédiats et souvent passagers et ce qu’il faut réserver pour assurer votre bien-être futur. Sans doute y a-t-il des nécessités ~ satisfaire, mais encore importe-t-il de faire bienattention au mot "nécessité". Lesprétendues "nécessités" finiront par absorber tousnos revenus si nousn’avons pas le courage d’ymettre un frein. Il est très facile dese laisser imposer unniveau de vie qui ne nous convient pas.En voulant surpasser nosvoisins, nous risquons de nous trouver entraînés dans les réceptions, les danses, les fêtes etles réjouis- sances detoutes sortes. Chaque famille doit établir elle-même quel sera son niveau fondamental d’existence. On peutse fonder pour cela sur la définition des termes: "les nécessités sont deschoses et desactivités qui sont essentielles pour vivre; les articles deluxe sont tout ce qui n’est pas indispensable pourvivre". La famille adaptera ensuite ces définitions à ses besoins età ses exigences. La raison pour laquelle tant de projets de compta- bilité domestique aboutissent à un échec est quele plan du budget n’est pasen rapport avec lesbesoins de la famille. Ce quiimporte par-dessus tout, avant de commencer à faire un budget, c’est de déterminer quels sont ces besoins.

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VOL. 43, NO 5 SIÈGE SOCIAL: MONTRÉAL, MAI 1962

La gestion des finances familiales

IL Y A DES HEUREUX MORTELS pour qui les soucisfinanciers ne semblent pas exister, mais le commundes hommes ne connaît que trop bien, hélas! la gêneet les tiraillements que causent les problèmes d’argent.Celui qui néglige d’organiser l’emploi de ses revenus,avec soin et intelligence, peut s’attendre aux difiïcultés,aux déceptions et aux pires ennuis.

Demandez au conseiller familial quel est le pro-blème qu’on lui soumet le plus souvent, et vous pouvezêtre sûr que l’argent se classera bon deuxième. Làoù l’argent n’est pas cause de querelles, il est caused’inquiétude. Dans un cas comme dans l’autre, lestracas d’argent nuisent au succès du chef de familleet suscitent des conflits domestiques.

On ne saurait trop s’appliquer à éviter pareillessituations. Heureusement, il existe des moyens aussifaciles que peu coûteux d’y parer. Un budget familial,si simple soit-il, nous aidera à gérer notre argent defaçon qu’il serve exactement à ce que nous voulons.

Le revenu n’est pas l’élément le plus important dela bonne administration financière. Ce qui compte,c’est ce que l’on fait avec l’argent dont on dispose.

Lorsque vous dites en parlant d’une de vos con-naissances: "Je ne sais pas comment il se tire si biend’affaire avec son petit salaire", c’est à son art de gérerles finances familiales que vous rendez hommage. Vousreconnaissez en même temps l’existence d’une solida-rité tout à fait particulière: la collaboration de tousles membres de la famille à la sage ordonnance desdépenses de la maisonnée.

Quand le budget devient une affaire de famille, ilcesse d’être une fastidieuse tenue de livres. Il se trans-forme alors en moyen de concentrer la capacité depenser de tous sur la recherche des choses que lafamille et son chef tiennent le plus à se procurer.

Certains considèrent les questions d’argent commedes contingences matérielles indignes de leur niveauculturel. Mais pour se cultiver, il faut manger troisfois par jour, se vêtir, avoir une place où reposer satête. La bonne gestion des finances familiales faitpartie de la culture.

En matière d’argent, les attitudes sont naturellementassez diverses. Les uns sont économes par nature,tandis que les autres sont enclins à la prodigalité.Il y a ceux qui ne peuvent résister aux "aubaines", etceux qui exigent de la "qualité". Et il est normalqu’il en soit ainsi.

Le budget doit précisément permettre de canaliserces tendances différentes au profit du bien général detous les membres de la famille. Il doit tenir comptenon seulement des aspirations du père et des désirsde sécurité de la mère, mais aussi des rêves des enfants.Il y a beaucoup moins de problèmes pour tout lemonde lorsque chacun connaît à la fois les limites etles possibilités du revenu familial.

Le niveau de vie

Le niveau de vie adopté par votre famille est ensomme un moyen terme entre ce qu’il faut dépenserpour répondre à des besoins immédiats et souventpassagers et ce qu’il faut réserver pour assurer votrebien-être futur.

Sans doute y a-t-il des nécessités ~ satisfaire, maisencore importe-t-il de faire bien attention au mot"nécessité". Les prétendues "nécessités" finiront parabsorber tous nos revenus si nous n’avons pas lecourage d’y mettre un frein.

Il est très facile de se laisser imposer un niveau devie qui ne nous convient pas. En voulant surpassernos voisins, nous risquons de nous trouver entraînésdans les réceptions, les danses, les fêtes et les réjouis-sances de toutes sortes.

Chaque famille doit établir elle-même quel sera sonniveau fondamental d’existence. On peut se fonderpour cela sur la définition des termes: "les nécessitéssont des choses et des activités qui sont essentiellespour vivre; les articles de luxe sont tout ce qui n’estpas indispensable pour vivre". La famille adapteraensuite ces définitions à ses besoins et à ses exigences.

La raison pour laquelle tant de projets de compta-bilité domestique aboutissent à un échec est que leplan du budget n’est pas en rapport avec les besoinsde la famille. Ce qui importe par-dessus tout, avantde commencer à faire un budget, c’est de déterminerquels sont ces besoins.

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Quel genre de budget ?

Personne ne peut organiser votre budget à votreplace, et encore moins voir à ce que vous y restiezfidèle. Il n’existe pas de budget-type, capable derépondre exactement à la situation de chaque famille,car il n’y a pas deux familles qui ont exactement lesmêmes besoins et les mêmes obligations.

Prenons comme exemple deux familles voisinesayant de jeunes enfants. Le chef de l’une travaillepour une entreprise qui a un régime de retraite, uneassurance collective et des programmes de soinsmédicaux, tandis que le chef de l’autre famille doitlui-même prévoir sa retraite, contracter une assuranceet se constituer une réserve pour les frais médicaux.

Les deux familles doivent tenir compte du fait queles dépenses changent à mesure que les enfants gran-dissent. Les statistiques révèlent que la moyenne desunités de consommation d’une famille moyenne passed’une unité environ lorsque le chef de famille a de 22à 24 ans, à un maximum de 3.75 unités lorsqu’ilatteint la quarantaine, puis qu’elle s’abaisse à deuxunités lorsqu’il arrive à soixante ans. L’"unité deconsommation" se compose des dépenses concernantla nourriture, l’habillement, le logement, les soinsmédicaux, les loisirs, etc.

Tous ceux qui décident d’établir un budget vou-draient savoir quelle proportion des revenus leurfamille devrait consacrer à chacun de ces éléments?Or, personne ne peut répondre à cette question sansêtre bien au courant des habitudes, des désirs et desaspirations de la famille en cause, mais le tableau depourcentages ci-après, extrait de sources très diverses,pourra servir de point de départ:

Pourcentage des revenus

Nourriture 25 30 30Logement 20 20 22Frais d’entretien 10 15 15Habillement 15 11 13Culture 20 14 10Epargne 10 10 10

La forme de votre budget n’importe guère; ce quicompte ce sont les dispositions d’esprit que vousapportez à le faire. Votre budget doit vous tracer unplan d’action pour l’avenir. Trois qualités fondamen-tales lui sont essentielles: il doit être simple et précis;il doit être préparé avec intelligence et bonne foi; ildoit rallier la confiance et l’appui de toute la famille.

Le genre de budget le plus simple, qui convient auxfamilles à revenus modiques, est la méthode des enve-loppes. Chacune des enveloppes porte une mentionparticulière: "loyer", "nourriture", "vêtement", élec-tricité", "gaz", etc. A chaque paye, le chef de familleencaisse son chèque et en répartit le montant entre lesenveloppes afin de faire face aux échéances qui seprésenteront en attendant le prochain jour de paie.S’il reste de petits montants dans les enveloppes aprèsavoir payé les comptes, ceux-ci sont placés dans une

enveloppe réservée aux "épargnes", puis déposés à labanque.

Ne vous permettez jamais de perdre vos ressourcesde vue. Les revenus inattendus ne doivent pas entreren ligne de compte dans votre budget. Si rien ne vientvous priver des suppléments, vous disposerez peut-être d’une somme intéressante pour pourvoir à vosobjectifs secondaires, ou encore tout juste de quoivous réjouir du fait que vous avez évité de vous trouveren mauvaise posture financière en ne vendant pas lapeau de l’ours avant de l’avoir tué.

Par où commencer

Il faut, pour commencer, jeter quelques chiffres surle papier. Certaines dépenses viennent tout de suiteà l’idée et sont faciles à évaluer d’une façon assezprécise: logement, nourriture, assurances, coiffeur,transport, etc. Le calcul du coût de l’habillementdemande un peu plus de temps, parce qu’il s’agit dansbien des cas de petits montants, qui passent plus oumoins inaperçus.

Dans la tenue de votre budget, il importe d’avoirassez de rubriques pour vous faire une idée exacte dece qui advient de vos revenus, sans toutefois vousperdre dans des détails inutiles.

Pendant la période d’organisation de votre budget,il sera nécessaire de compter toutes vos dépenses.Il n’y a pas moyen d’y échapper, même si c’est fasti-dieux. Si vous ne disposez pas d’un compte renduobjectif de vos dépenses au cours d’une période carac-téristique, vous n’arriverez jamais à mettre de l’ordredans vos finances. Vous vous casserez la tête à chercheroù passe votre argent. Il vous sera impossible d’éla-borer des plans.

Beaucoup de gens éprouvent une grande surpriseaprès avoir noté les dix, les vingt-cinq et les cinquantecents qu’ils consacrent au cafés, aux boissons gazeuses,aux revues, au cinéma, et même les sous qu’ils dépen-sent pour se peser. Ils constatent à quel point ces"petites" dépenses fortuites grèvent leurs revenus.Cela ne veut pas dire que l’on ne doit pas s’acheterde café, de boissons gazeuses ou de revues, mais qu’ilfaut savoir où va l’argent.

Fiez-vous aux chiffres. Regardez la situation bienen face. Il s’agit pour vous d’avoir les choses bien enmain et de faire servir votre argent de la façon la plusprofitable.

Un an d’avance

Votre budget n’est pas quelque chose de mécanique.Vous ne pouvez pas le mettre en marche et ne plusvous en occuper. Aussi est-il très important de tenirune comptabilité périodique, hebdomadaire ou men-suelle, selon la fréquence de votre salaire. Si vous neparvenez pas à tenir les petites sommes constammenten laisse, vous ne pourrez jamais maîtriser les grosses.

Un budget établi pour un an d’avance vous per-mettra d’être toujours au courant de la situation du

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moment et vous épargnera la peine d’avoir à luttercontre des difficultés imprévues. Il vous empêcheraaussi de pécher par excès d’optimisme dans les moisd’abondance.

D’ailleurs le climat changeant de notre pays n’est-ilpas là pour nous convaincre de l’avantage d’unbudget à long terme? Les dépenses nécessaires auchauffage se limitent à six mois par année, et, s’il fauttout prendre sur les revenus de cette période pour lespayer, il ne restera pas grand-chose pour faire faceaux autres besoins de la vie et aux dépenses supplé-mentaires des vacances ou du temps des fêtes, parexemple. Il suffit de répartir le coût du combustiblesur une période d’un an et de mettre tant par mois decôté pour rétablir l’équilibre.

Seul un budget de douze mois permet de savoirexactement à quoi s’en tenir. En adoptant cetteméthode, vous serez toujours en mesure de contrôlerles chiffres d’aujourd’hui et ce qu’il y a lieu d’espérerdans un an. Vous pourrez réduire vos prévisions troplibérales et augmenter celles qui sont trop basses. Laperspective de ce que vous serez à même de faire uneautre année vous servira non seulement de guide, maisaussi d’encouragement.

Si vous constatez que les dépenses sont plusvariables que vous ne le pensiez, ouvrez l’oeil, étudiezbien la situation et faites des changements. Dès quevous vous attaquez à la question tabou de savoir oùpasse votre argent, vous commencez déjà à prendrele dessus.

Avant d’atteindre ce stade, même les personnes quibénéficient d’un assez bon revenu n’ont pas toute lasatisfaction qu’ils devraient en tirer.

Peut-être sera-t-on tenté ici de dire qu’il entre unpeu d’avarice dans tout cela. Mais le budget biencompris n’a rien à voir avec les économies de boutsde chandelle. Il permet au contraire de passer sansencombre entre le gouffre du gaspillage et l’écueil dela pingrerie. L’un conduit aux chagrins et à la ruine;l’autre étouffe la joie de vivre.

Savoir dépenserAvant de dépenser de l’argent pour acheter quelque

chose, examinez ce que vous avez déjà. Savoir recon-naître nettement ce que l’on possède est un art quis’acquiert. Il est bon de se poser les questions suivan-tes: Avons-nous vraiment besoin de cela? Nosmoyens nous permettent-ils de l’acheter? Le prixest-il avantageux? Y a-t-il autre chose que nousferions mieux d’acheter ?

Le budget tient compte non seulement des recetteset des dépenses, mais aussi du bon ou du mauvaisemploi des fournitures et des accessoires du ménage.La suppression des pertes est une chose essentiellementprofitable. Si la négligence ou l’incompétence causentdu gaspillage, il importe de colmater les fuites.

La cuisine n’est pas la source de tous les maux, maisil y a avantage à commencer par là à faire son enquête,

parce que c’est plus facile. On peut éviter le gaspillageen achetant d’une façon intelligente, ce qui veut direni trop, ni trop peu et au moment voulu; en veillantà utiliser ce qu’on achète; en faisant la cuisine demanière à profiter de toute la valeur nutritive desaliments; en s’efforçant d’apprêter des mets quiplairont à toute la famille.

Le soin des vêtements en prolonge la durée. Le faitd’avoir une armoire et des tiroirs assez grands pourpendre ou plier ses vêtements sans les chiffonner a unegrande influence sur leur apparence. Et ceci a unimportant effet psychologique, car l’enfant commel’adulte qui met des habits propres et frais est moinsporté à penser qu’ils sont vieux que s’ils sont froissés.

Essayez de vous faire vous-même certaines choses.En plus de vous fabriquer un meuble et d’épargner del’argent, vous éprouverez, ce qui importe davantage,un sentiment de plénitude, d’accomplissement, de joiecréatrice.

Organisez vos dépenses. Les banquiers, qui voientles programmes financiers de milliers de personnes,savent avec certitude que ceux qui ont un plan dedépenses vivent bien et heureux. Il y a une différenceentre le revenu et le revenu réel. Le premier est lemontant que vous recevez pour vos marchandises ouvos services; l’autre est ce que vous obtenez quandvous dépensez cet argent. En avoir pour son argent,c’est tirer le maximum de bonnes choses du trésorde la vie.

Pour bien acheterCe qui fait la différence entre acheter au petit

bonheur ou par impulsion et acheter avec clairvoyanceet réflexion l’article qui convient, c’est l’informationappuyée sur l’expérience.

L’art de bien acheter commence avant d’entrer aumagasin. En effet, la grande cause des mauvaisachats, c’est le manque de réflexion préalable et laconfusion qui s’ensuit.

Mais il ne suffit pas de dresser une liste d’achatsavant de partir de la maison. Ce n’est là qu’un com-mencement. Il faut surtout examiner d’un oeil sévèreet impartial deux questions capitales: "Cet articlem’est-il nécessaire et est-il avantageux au prix queje le paye?"

Attachez-vous aux faits. Si une marchandise portel’inscription "deuxième qualité", trouvez quel défautelle présente. Si vous voyez le mot "garantie", recher-chez par qui cette garantie est donnée et quelle enest la durée.

L’économe avisé consulte les étiquettes, favorise lesmagasins dignes de confiance, recherche d’abord laqualité, pose beaucoup de questions, lit et conserveles notices d’emploi et la garantie, et n’achète, lesjours de solde, que si l’article représente vraiment uneaubaine pour lui dans les circonstances.

Sachez tirer parti de la publicité. Elle renfermesouvent des données fort utiles. Les fabricants et les

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établissements sérieux donnent des indications pré-cises sur leurs prix et leurs produits. Avant d’achetersur la foi d’une annonce, demandez-vous ce qu’il y ad’objectif et de vrai dans ce que dit l’annonceur.

Procurez-vous des renseignements désintéressés surce que vous achetez. Il existe de nombreuses revuesspécialement destinées à éclairer le consommateur.

Ne vous laissez pas tromper par une conceptionplus ou moins nébuleuse de la "qualité". La qualitésuppose une bonne matière première, une bonneexécution et une bonne présentation, le tout adaptéau but que se propose l’acheteur. Lorsque votrefamille a précisé d’avance les qualités qu’elle recher-che, l’achat se fait calmement, sans hâte et sans risqued’erreur.

L’indépendance financière

L’indépendance financière n’est pas une situationde rêve, où l’on pourrait dépenser tout l’argent qu’onvoudrait. En réalité, une famille est financièrementindépendante: (1) si elle a un revenu suffisant pour procurer les nécessités de l’existence et le luxe corres-pondant au pouvoir de gagner de son chef; (2) si ellepossède et applique un programme d’épargne pourl’achat de choses qu’elle désire; (3) si elle possède applique un programme de mise de côté pour parerà l’imprévu; (4) si elle possède et applique un pro-gramme d’accumulation en vue de la retraite. Il està noter qu’il ne suffit pas d’avoir des plans; il faut lesmettre en pratique.

Epargner ne consiste pas à mettre en réserve ce quireste après avoir fait toutes les dépenses possibles. Levrai plaisir de l’épargne, c’est le fait d’avoir un objec-tif, un désir futur à satisfaire, un rempart contre lesdifficultés.

Pour ce qui est des dettes, méditez ceci: le crédit estune bonne chose si l’on sait s’en servir d’une façonintelligente, mais rien n’est plus désastreux pour latranquilité que de vouloir se dispenser de tenir unbudget en empruntant. Dans la pratique, on fera biende recourir au crédit lorsque cela permet d’acheterdes objets qui se payent eux-mêmes avec le temps.

Quelle que soit la mesure dans laquelle vous décidiezd’utiliser le crédit, vous devez protéger l’équilibre devotre budget en organisant avec soin toute l’opération.Les versements, qui ne peuvent souffrir de retard,doivent occuper la première place parmi vos exigibi-lités. L’acheteur dont le crédit est bon possède unbien précieux. Votre réputation sous ce rapportdépasse le plan économique et tend à se confondreavec votre réputation tout court. D’où l’importancede ne jamais prendre d’engagements au-dessus de sesmoyens et de les remplir avec fidélité et diligence.

Une affaire de familleMême s’il y avait cinquante plate-formes spatiales

qui gravitaient autour de notre planète, l’histoire del’homme reposerait encore sur la cellule fondamentale

Envoi autorisè par deuxième classeMinistère des Postes, Ottawa.

que constituent le père, la mère et les enfants réunisen un foyer. La vie familiale est à la base de tout cequi concerne l’être humain. La famille demeure dansson essence ce qu’elle était à l’âge d’or: un petit Etatunique en son genre, gouverné par les lois tempéréesde la raison, de la bienveillance et de l’amour.

La vie de la famille dépend dans une large mesurede la sage administration des revénus, et c’est préci-sément pour cette raison que cette administrationdoit être le fruit d’un effort commun. Le budgetfamilial n’exige pas de grandes connaissances encomptabilité, mais tout simplement les anciennes ettoujours actuelles vertus de collaboration, de loyautéet de dévouement.

La tension et les désagréments empoisonnent lesfamilles où il faut systématiquement quémander lamoindre pièce de monnaie. Les enfants n’ont pas lapossibilité de collaborer avec leurs parents à la solutiond’un problème qui intéresse tout le monde; on ne leurapprend pas le sens des responsabilités; leur ignorancede la situation les poussent à l’aigreur et au ressen-timent.

La plupart des adolescents sont assez évolués pourparticiper à l’élaboration des plans familiaux, et lesenfants qui ont l’avantage de le faire sont beaucoupmoins exposés à devenir des adultes insipides et àmentalité infantile. Ils apprennent ainsi les principesdémocratiques que suppose l’établissement d’unbudget susceptible d’assurer à tous les membres de lafamille une juste part des revenus. Ils voient commentl’égoïsme peut ruiner un foyer, tandis que le dévoue-ment engendre te bonheur et la joie de vivre.

Il y aura certes des divergences d’opinion au sujet’ ty"

de tel ou tel poste du budget, mais il s a~ira le plussouvent de discordances qu’il est possible de réglerpar la méthode des concessions amicales et mutuelles.

Il n’y a de raison -- hors la perversité de la naturehumaine -- pour que le budget devienne un trouble-fête ou une source de désaccord familial. Au contraire,l’élaboration concertée d’un programme financier apour effet de rapprocher les membres de la famille, dedissiper les jalousies et les malentendus, de fairedisparaître les tensions et les rancunes. De fait, beau-coup de familles en sont venues à préférer l’étudepériodique du budget, le soir à la maison, aux spec-tacles de la télévision. C’est une occupation concrète,essentielle, qui intéresse chacun des membres de lafamille et qui tend à un but que tout le monde désire.

Le budget familial vous sortira de l’ornière de labanalité et du train-train ordinaire en vous offrant denouveaux horizons à explorer et à conquérir. Vousaurez l’occasion, en y travaillant, de faire des décou-vertes aussi précieuses qu’intéressantes tout en assu-rant votre sécurité. Et vous vous apercevrez bientôtque c’est un moyen beaucoup plus efficace et plusprofitable d’exprimer votre personnalité que tous lesvains efforts que vous pourriez faire pour tenterd’imiter vos voisins.

IMPRIMÊ AU CANADApar la Banque Royale du Canada