La Firme Dans La Théorie Des Conventions
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Université Mohammed Premier
Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales
Oujda
Master : Economie et Management des Organisations Matière : Théorie de la Firme
Réalisé par :
Nasma DOUAY
Khalid KORRIE
Mohamed LATRACHE
Kholoud MERGOUM
Encadré par :
Mme. MAJIDI
Année Universitaire : 2013-2014
La firme dans la théorie des conventions 2013-2014
2
En préambule à ce thème de recherche nous remercions
ALLAH le tout puissant et miséricordieux, qui nous a donné la
force et la patience d’accomplir ce modeste travail.
Nous tenons à saisir cette occasion et adresser nos sincères
remerciements et nos profondes reconnaissances à Madame
Fatima Zahra MAJIDI, notre encadrant du thème de recherche,
pour ses précieux conseils et son orientation ficelée tout au long
de notre recherche.
Nous tenons à adresser nos profonds remerciements à nos
très chers parents, à nos professeurs du Master Economie et
Management des Organisations, et à tous ceux qui ont contribué de
près ou de loin à la réalisation de ce travail.
Nasma DOUAY
Khalid KORRIE
Mohamed LATRACHE
Kholoud MERGOUM
La firme dans la théorie des conventions 2013-2014
3
Sommaire
Introduction ....................................................................................................................... 4
I- La théorie des conventions ............................................................................................ 5
1. Fondement ................................................................................................................ 5
2. Hypothèses ................................................................................................................ 5
3. L’utilité de la théorie des conventions ...................................................................... 6
II- L’approche conventionnaliste..................................................................................... 7
1. Qu’est ce que la convention ? ................................................................................... 7
2. Les conditions d’existence d’une convention ........................................................... 9
3. La coexistence et évolution des conventions .......................................................... 10
III- La firme et la convention .......................................................................................... 12
1. La firme dans l’économie des conventions ............................................................ 12
2. La relation emploi et convention ............................................................................ 13
3. L’approche conventionnaliste et la gestion de l’entreprise .................................... 16
Conclusion ........................................................................................................................ 17
Bibliographie .................................................................................................................... 18
La firme dans la théorie des conventions 2013-2014
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Introduction
La convention qui est un terme nouveau mis en point par les économistes, est jugée
être nécessaire pour arriver à une situation d’équilibre et éviter toute situation de désordre.
La théorie des conventions qui n’est apparue qu’à la fin des années quatre-vingt,
constitue un courant de recherche assez récent, se situant aux frontières de l’économie, de
la sociologie et de la gestion.
En fait, les discussions sur ce concept ont débuté en France avec l’apparition de
l’ouvrage de Boltanski et Thévenot en 1987. Même s’il est apparu en réalité avec Keynes
1936 pour expliquer la prise de décision sur le marché financier.
La théorie des conventions cherche donc, à comprendre comment les individus
confrontés à des situations marquées par l’incertitude décident du comportement qu’ils
vont adopter, et comment de leurs décisions se dégage un ajustement rationnel des
comportements d’une manière à assurer la coordination entre ces individus.
Objectif: de comprendre comment la théorie de convention permet de sortir de
l’incertitude et d’assurer la coordination entre individus dans la firme ?
La firme dans la théorie des conventions 2013-2014
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I- La théorie des conventions
1. Fondement
La théorie des conventions est une théorie des organisations et des institutions qui
s’est développée au cours de ces 20 années dernières, et qui s’intéresse aux
comportements adoptés par les individus lorsqu’ils se trouvent confrontés aux situations
complexes dans un environnement incertain.
Elle s’oppose au courant néoclassique qui fait appel aux calculs rationnels, en fait
elle apparait dans les situations où ces calculs ne permettent pas de prendre une décision
ou faire face à un problème (situation de crise).
Ainsi, la théorie des conventions s’appuie sur des repères:
Explicites: traduites par les énoncés qui sont produits dans l’organisation et qui
constituent des repères auxquels se référent les individus pour décider de leurs
comportements.
Implicites: qui sont le temps, l’espace, les objets et les personnes (comportements
d’autres personnes).
En bref, « la théorie des conventions essaye d’expliquer le processus par lequel les
décisions sont prises dans des situations complexes à partir de la compréhension des
comportements individuels qui s’ajustent entre eux dans un cadre de coopération et de
coordination. »
2. Hypothèses
Le point de départ de la théorie des conventions consiste à comprendre comment
les individus parviennent à mettre en place des règles de coopération et de comportements
dans des situations d’incertitude avec pour hypothèse centrale que les individus ont une
rationalité limitée.
La théorie des conventions apporte éclairage sur :
L’incertitude de l’environnement
Selon KNIGHT(1921): il existe des cas où on ne peut pas appréhender le futur par
un calcul rationnel de probabilisation, ce qui correspond à une situation d’incertitude.
La firme dans la théorie des conventions 2013-2014
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Dans une situation d’incertitude l’individu a une information imparfaite et
insuffisante ce qui l’empêche de décider. Alors, il ne peut pas agir d’une manière
efficace parce qu’il n’a pas su interpréter les informations ou parce qu’il a développé
un comportement opportuniste.
Alors, il faut définir des normes qui permettent à ces individus d’agir en toute
situation (notamment en situation de crise) d’où vient la nécessité d’une convention.
La rationalité mimétique
Dans sa version la plus simple, le mimétisme est l’attitude qui, pour un individu
particulier, consiste à imiter le comportement d’un autre individu, à le copier, à faire tout
comme lui.
Selon les conventionnalistes l’imitation est la solution pour pouvoir décider dans
une situation incertaine. Il permet d’expliquer comment les décisions se prennent en
observant ce qui se pratique autour de nous, et donc il définit un certain nombre de
normes à suivre pour échapper à l’incertitude.
Pour GOMMEZ (1996) : « les conventions désignent les comportements normés par
les choix d’autres individus supposés agir de façon identique »
Question: pourquoi l’individu imite le comportement des autres?
Réponse des conventionnalistes: C’est pour sortir de l’incertitude.
Exemple:
Un nouveau salarié dans une entreprise ne connait pas le niveau de qualification
demandé = incertitude.
Pour sortir de cette situation, il va donc observer et essayer d’imiter le groupe avec
qui il travaille (mimétisme).
3. L’utilité de la théorie des conventions
Les approches de la théorie des conventions proviennent de chercheurs issus de
différents horizons (économie, sociologie et gestion).
Mais il parait que les entreprises sont concernées en premier lieu, du fait que la
convention permet d’assurer une réflexion organisationnelle.
D’autre part, la théorie des conventions répond à la problématique de la coordination
dans l’entreprise productive, qui fait la préoccupation des gestionnaires.
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II- L’approche conventionnaliste
1. Qu’est ce que la convention ?
H. de Montherlant a mentionné une citation qui peut simplifier l’idée de la
convention : « Ce n’est pas la règle qui nous garde, c’est nous qui gardons la règle ».
Selon le grand Larousse, 1995 la convention peut être définie comme étant tous ce
qui est admis d’un commun accord tacite ou explicite, ou encore la règle de conduite
adoptée à l’intérieur d’un groupe. Comme elle est une Procédure de résolution collective
de problèmes caractérisés par l’incertitude.
D’un point de vue des auteurs économiques chacun a sa propre définition en matière
de la convention parmi lesquels on distingue :
C. RAMAUX : « une convention est un cadre d’interprétation et de référence
collective que l’on accepte comme un cadre commun, dans la mesure ou il est perçu
comme allant de soi et, pour aller de soi, il n’est pas le produit direct d’une volonté d’une
(ou de plusieurs) personnes engagées dans l’action ».
Plusieurs éléments retiennent l’attention dans cette définition. Le dispositif cognitif
collectif est ici, éclairé : cadre d’interprétation et de référence. Ce cadre est accepté,
l’acteur y adhère, il n’est pas contraint, mais il y adhère parce qu’allant de soi. La
convention alors n’est pas le produit direct de l’action des uns ou des autres, cela ne veut
pas dire pour autant que l’action des uns ou des autres, n y puisse pas indirectement
concourir.
P.Y GOMEZ : « Une convention est un référentiel commun sans autre raison d’être
que celle-ci, elle est adoptée comme référentiel Il y a donc co-construction des normes et
des comportements ».
Synthétiquement, on définira ici autour de la convention comme référentiel
commun, co-construction de normes et de comportements ou bien évidement la
convention selon lui est considéré comme étant renouvelable.
D .LEWIS : « Une convention est une régularité dans le comportement des nombres
d’une population, placés dans une situation récurrente, si les cinq conditions suivantes
remplies » :
Chacun se conforme à la convention
Chacun anticipe que tout le monde s’y conforme
Chacun préfère une conformité générale.
Il existe au moins une autre régularité alternative
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Ces quatre premières conditions sont «Common Knowledge ». Chacun les connait
et pense que les autres les connaissent. 1
FAVERAU : « La convention se définit alors comme un dispositif cognitif collectif
qui permet à l’acteur confronté à une situation ou ni le calcul rationnel ni l’établissement
d’un contrat précis et exhaustif ne déterminent l’action de pourtant opter pour un
comportement adéquat. »
Les différents types de conventions
Par leur importance, les conventions sont devenues très diverses elles existent au
sein de la société, des organisations. Pour mieux illustrer divisons-les en quatre types :
Convention nationale :
Ce sont des dispositions cognitives qui s’étendent sur l’ensemble d’une localité
géographique, régionale ou nationale. Ces conventions s’appliquent généralement à
différents secteurs d’activités économiques : textile, agriculture, industrie légère ou
lourde, le secteur pharmaceutique,….elles sont ici strictement liées à l’emploi du travail.
Elles peuvent également aussi être des jours choisis ou des dates historiques dans le but
d’une fête nationale, (exemple : date de l’indépendance marocaine).
Conventions internationales :
Ces conventions sont plutôt établies entre deux ou plusieurs pays voire même tous
les pays du monde.
Conventions organisationnelles :
Ce sont des conventions intra ou inter organisationnel. Exemple : Convention
collective de travail, convention de qualité….
Convention sociale :
Ce sont les conventions qui régissent la vie en société.
1 Emile-Michel Hernandez, L'ENTREPRENEURIAT: Approche théorique, p.212
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2. Les conditions d’existence d’une convention
Après avoir définir le concept de convention, maintenant on est en train de présenter
les différentes conditions à partir des quelles la convention existe, on peut citer à cet
égard :
L’incertitude :
Même si on considère que les points de départ de l’analyse économique sont les
choix d’individus autonomes, ainsi que le principe fondamental de l’individualisme
méthodologique, la théorie des conventions s’intéresse aux situations d’incertitude
radicale et les calculs individuels ne sont donc pas en mesure de résoudre ces situations.
Le mimétisme rationnel :
Il s’agit là en fait d’une rationalité particulière, qu’il qualifie de « mimétique ».
Puisque on se trouve dans une situation d’incertitude, le choix rationnel de l’individu
consiste non pas à décider selon des critères correspondant à son propre gout, mais à
découvrir comment les autres vont vraisemblablement décider. Il y a donc une recherche
de la référence normative de comportement, sur laquelle chacun va baser son propre
comportement, débouchant sur une auto-réalisation de l’état du monde anticipé par les
acteurs.
Le renouvellement de la convention :
Une convention est une régularité, qui s’impose de manière récurrente et
systématique pour régler un problème d’incertitude donné. Ce n’est donc pas une solution
ponctuelle, ne s’appliquant qu’à un événement unique et qui ne sera plus utilisée par les
acteurs une fois passée la situation d’incertitude.
La conviction des individus :
Cette propriété est intimement reliée au mimétisme rationnel. « La convention
cristallise les comportements d’imitation de façon telle que chaque individu croit en
l’existence de la convention comme règle « normale », en dehors de sa propre adhésion ».
En d’autres termes, « la convention donne du sens aux calculs individuels qui s’y
inscrivent ».
Le choix entre conventions :
L’individu a le choix d’adopter ou non la convention, qui ne s’imposera à lui qu’en
raison des performances (supposées, espérées, attendues) de la convention.
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3. La coexistence et évolution des conventions
La coexistence de différentes conventions
Il est rare qu’une seule convention constitutive préside à l’institution d’une
entreprise concrète. Comme cela se constate empiriquement, la pluralité des conventions
traverse souvent chaque entreprise ce qui fait la complexité de son fonctionnement.
Une question demeure toutefois : Comment se règle cette coexistence à partir du
moment où les conventions sont incommensurables ?
Il est fait appel à l’idée que chacun ne pousse pas jusque bout la logique de son
propre argumentaire en acceptant des compromis. Il existe précisément plusieurs manières
selon lesquelles plusieurs conventions coexistent.2
Les modes de coexistence, ce que Boltanski et Thévenot appellent, sont :
La clarification :
Les auteurs désignent ici la manière dont un individu peut, à partir d’un principe
donné, relire, réinterpréter une situation marquée par un autre principe.
L’exemple que nous venons de donner, qu’on a qualifié de « suspicion » en se
référant à Gomez, illustre aussi la figure de la « clarification » puisque les bailleurs de
fond « relisent », « réinterprètent » à partir d’un principe nouveau une situation qui était
auparavant interprétée à partir d’un autre principe. Resterait à identifier les deux principes
concernés, ceci demanderait de pousser davantage l’analyse, ce que nous ne pouvons pas
faire ici.
La critique :
Les auteurs désignent la manière dont, à partir d’un principe donné, on est souvent
amené à qualifier négativement des aspects d’une situation renvoyant à un autre principe.
Elle prend souvent la forme d’énoncés comportant des « sens seconds » négatifs, ce que
les linguistes appellent des « connotations » négatives.
Le compromis :
Il s’agit de tenter d’associer des composantes renvoyant initialement à des principes
différents, et de rendre cette association légitime et durable.
2 Mohammed Bensaïd, Economie des organisations: tendances actuelles, p.79
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L’évolution de la convention
On peut imaginer différentes étapes dans cette évolution :
Dans un premier temps, on trouve une convention qui régit seule le fonctionnement
d’une organisation (elle peut se référer à un seul principe, mais plus fréquemment,
elle en intègre plusieurs ; autrement dit, elle prend la forme d’un compromis).
Dans un second temps apparaît une nouvelle convention qui introduit de la suspicion
dans la convention originelle.
Dans un troisième temps, la convention réagit, soit (première éventualité) en «
résistant » à la suspicion (le cas du rejet du modèle informatique… et de son
concepteur évoqué plus haut illustre bien ce point), soit (deuxième éventualité) en
«composant» avec la nouvelle convention et en élaborant un nouveau compromis ;
dans des cas limités (troisième éventualité), la convention originelle peut aussi
disparaître et laisser entièrement la place à la convention nouvelle.
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III- La firme et la convention
1. La firme dans l’économie des conventions
En s'appuyant sur le modèle des économies de la grandeur, l’économie des
conventions repère plusieurs logiques à l'œuvre au sein de la société. La notion de
convention occupe une place centrale dans cette perspective, puisque c'est par
l'élaboration de convention que les individus parviennent à se coordonner. Les économies
de la grandeur analysent les organisations en termes de conventions et d'accords.
L'économie des conventions, qui sert de base au modèle des économies de la
grandeur, part de l'idée que pour qu'il y ait échange, coordination, coopération entre des
agents, il faut qu'il y ait des conventions entre les personnes concernées, c'est-à-dire un
système d'attentes réciproques entre les personnes sur leurs comportements. Ces
conventions peuvent être écrites ou non. Dès lors, les acteurs sont insérés dans des
situations à la fois conflictuelles et coopératives, et on doit dépasser le clivage entre
économie et sociologie.3
Le modèle des économies de la grandeur éclaire la problématique de la coordination
en entreprise.
Parmi les logiques majeures à l'œuvre dans la société, l'économie des conventions
souligne notamment l'importance des logiques marchandes et industrielles. Ces deux
logiques prennent notamment forme au travers de deux grands types d'entreprise :
L'entreprise marchande : s'appuie sur la logique marchande qui fait du prix le
critère de jugement de la qualité ;
L'entreprise fordiste : matérialise les principes de la logique industrielle.
L'entreprise fordiste est fondée sur la standardisation des produits et sur une
organisation scientifique de la production.
La logique domestique : est un autre ordre essentiel engendrant une forme spécifique
d'organisation. Ainsi, l'entreprise « domestique » s'appuie sur la production d'un
produit de qualité traditionnelle, s'adressant à une clientèle spécialisée et réalisée à
partir d'un travail artisanal.
La convention de réseau : C'est sur cette logique notamment que le toyotisme et
l'organisation productive qui va avec s'est appuyée. Ces principaux principes sont les
suivants (François Eymard-Duvernay, 2005) : diversification des produits, gestion en
juste à temps, polyvalence, nouvelle forme de coordination entre entreprise (le
réseau).
3 Ali MADI, Analyse des filières de production agricole: Fondements théoriques et démarches méthodologiques,
2009, p.73
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Selon l'économie des conventions, la forme organisationnelle adoptée est fonction
d'un arbitrage portant sur les différentes conceptions du bien commun, c'est-à-dire des
valeurs à partir desquels l'entreprise souhaite être jugée.
À l'inverse, la forme organisationnelle adoptée par des approches contractualistes
répond à un souci d'efficacité économique (par exemple, minimiser les coûts de
transaction), cette efficacité étant évaluée à partir d'un référent unique (la logique
marchande).
En plus, la grille conventionnaliste débouche également sur des analyses relevant
davantage de la sociologie des organisations : à chaque convention/logique (marchande,
domestique, industrielle et de réseau), correspond en effet une convention de travail à
partir de laquelle les travailleurs se coordonnent.
2. La relation emploi et convention
Quand on parle d’emploi, on se réfère directement à Jean Rivero «le salarié met à la
disposition de l’employeur sa force de travail mais non sa personne »
Actuellement le contrat à durée indéterminée (CDI) destiné à fidéliser l’ouvrier s’est
généralisé. Ce contrat incomplet a introduit des doubles incertitudes :
L’un du côté de l’employé qui hésite sur le degré de son implication dans la
réalisation du projet collectif dans la mesure où sa rétribution n’est pas certaine.
De l’autre côté de l’employeur, doutera de l’opportunité des rétributions accordées
dans la mesure où l’observation de l’implication de l’employé est souvent malaisée.
Les conventionnalistes traitent cette question en introduisant une réponse beaucoup
plus radicale :
Pour R Salais « Si le travail ne peut être l’objet d’un marché l’alternative
stratégique qui se dégage est de considérer que les activités de travail soient supportées
par un ensemble de conventions »
Exemples : les conventions de productivités et les conventions de chômage. Tout ceci
dans le but de préciser que la convention permet de résoudre l’incertitude relative à
l’implication et à la rétribution.
Quant à Gomez il considère la firme comme une convention d’effort qui s’exprime
par les coutumes, les habitudes et les procédures stables.
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L’action des acteurs dans l’entreprise relèverait donc de l’adhésion à un référentiel
commun accepté et construit : la convention de travail. Illustrons ce cas de convention en
prenant pour exemple la convention collective.
Qu'est-ce qu'une convention collective ?
La convention collective comprend un texte de base et des avenants, accords ou
annexes, résultant de modifications périodiques sur des points particuliers. Elle complète
et améliore les dispositions du Code du travail, c'est-à-dire qu'elle institue des dispositions
non prévues par le Code du travail comme les salaires minimaux ou un régime de
prévoyance.
La convention collective adapte également des dispositions générales du Code du
travail aux situations particulières d'un secteur d'activité ou d'une entreprise.
Elle peut s'appliquer : Aux salariés de toutes les branches professionnelles ou
seulement à ceux d'un secteur d'activité : « Les télécommunications, commerce, Edition,
Journaliste, Assurance, la profession de café, hôtel, restaurant..etc. »
La convention collective s'applique, quel que soit l'effectif :
Dans les entreprises où l'employeur est adhérent à une organisation patronale
signataire.
Dans les entreprises où l'employeur décide de l'appliquer volontairement.
Dans toutes les autres entreprises, lorsque la convention collective a été "étendue"
arrêté du ministre du Travail et de l’emploi.
Que comporte la Convention Collective ?
Les juristes spécialisés en Droit Social ont étudié la Convention Collective afin de la
rendre plus simple et accessible :
Période d’essai (durée, préavis), Démission, Maladie, accident, maternité, Congés
payés, Retraite
Heures supplémentaires / jours fériés (ouvrables)
Licenciement (motifs, préavis, indemnités)
Durée du travail, temps partiel, travail de nuit, …
Primes diverses : ancienneté, transport
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L'objet d'une convention collective
Elle porte sur tous les sujets qui intéressent la vie professionnelle des salariés.
Exemple :
Fixe les salaires minimaux.
Octroi une prime de fin d'année.
Limite les sanctions disciplinaires.
Détermine un régime de prévoyance.
De quoi se compose-t-elle ?
Une convention collective comprend :
Un texte de base
Des avenants
Des accords ou annexes
Quel est son intérêt ?
La convention collective : Complète, améliore et adapte les dispositions du Code du
travail aux situations particulières d'un secteur d'activité ou d'une entreprise.
De quelle convention collective dépend une entreprise ?
La convention collective est déterminée par l'activité économique principale réelle
de l'entreprise. Toute société nouvellement créée se voit attribuer par la direction de
statistique un numéro de code, qui caractérise son activité principale. C'est le code qui
donne une indication sur l'application éventuelle d'une convention collective, car il
existe des tables de correspondance entre les nomenclatures d'activités et les conventions
collectives.
Le code doit être inscrit sur les documents officiels de l'entreprise et le bulletin de paie.
Que faire si elle n'est pas appliquée ?
Sachez que tout salarié peut demander son application à son employeur, soit
directement, soit par l'intermédiaire des délégués du personnel. L'employeur sera tenu de
l'appliquer si son entreprise relève de celle-ci. En cas de refus de sa part, il est possible de
saisir l'inspecteur du travail chargé de son application.
En cas de litige concernant son application ou une autre convention collective, le
conseil des prud'hommes est compétent.
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3. L’approche conventionnaliste et la gestion de l’entreprise
La théorie des conventions paraît être principalement une théorie de la coordination.
Développée par les économistes, elle s’applique tout particulièrement à l’organisation
productive. L’entreprise n’est plus considérée comme un lieu de production à la manière
des néo-classiques, et pas non plus comme une collection d’acteurs, mais comme un lieu
caractérisé essentiellement de lieu de convention.
En retenant une approche socio-économique, les concepts développés par les auteurs
de la théorie, considèrent l’entreprise comme un lieu de manifestation des actions
collectives des acteurs d’une part, et de prise en compte des objectifs de maximisation des
profits d’autre part. IL paraît important de concilie ces deux approches, ce qui renforce la
performance et l’efficacité de l’entreprise.
La théorie des conventions donne aux praticiens de la gestion un outil théorique
permettant de comprendre comment les acteurs co-construisent des normes, les adoptent,
suivent une rationalité mimétique en se conformant à ces propos conventions.
Ainsi, il coexiste dans l’entreprise deux systèmes de normes :
Celles imposées par la direction.
Celles construites par les acteurs.
Il appartient donc aux gestionnaire d’intégrer cet état de fait, et de gérer en ayant à
l’esprit cette double dimension.
Toute fois un arbitrage doit être fait entre les bonnes normes qui forment le socle
organisationnel, et les meilleures normes construites par les acteurs.
Ces normes sont couramment admises et acceptées permettent aussi d’accroître la
maîtrise de certains coûts de fonctionnement dans la mesure où la réduction ou la
suppression de certaines transactions et de certaines procédures en tâches administratives
et en coût de transaction ; d’où l’application de la théorie en comptabilité contrôle.
Elle trouvera assise des applications pratiques dans d’autres disciplines de gestion où
la prise en compte des comportements collectifs est un élément déterminant, notamment
dans les relations client/fournisseurs, et en gestion de production.
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Conclusion
La théorie des conventions constitue alors un moyen d’ajustement des
comportements intersubjectifs tout en assurant la coordination des agents basée sur des
dispositifs cognitifs collectifs.
Ainsi elle permet de comprendre comment se constitue une logique collective et
comment les comportements des membres d’une population peuvent faire preuve d’une
certaine régularité dans une situation récurrente.
La théorie conventionnaliste dans sa généralité s’oppose au courant néoclassique, en
critiquant l’insuffisance de son réalisme notamment en ce qui concerne la primauté des
échanges, alors qu’elle témoigne de certaines limites :
La première vient du fait que les conventions, tout comme les institutions ne sont
donc pas que des contraintes extérieures. Elles sont "l'objet d'attentes et de tentative de
construction de la part des agents économiques" (Salais et Storper, 1993: 18). C’est-à-dire
que leur création est intentionnelle.
Et la deuxième est que les institutions ne sont pas principalement des modes de
coordination visant à surmonter l'incertitude. Elles expriment des conflits qui débouchent
certes sur des compromis, mais qui relèvent d'une dynamique sociale beaucoup plus
fondamentale que ne le laisse entrevoir l'analyse en terme d'ordre de justification.
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Bibliographie
Ouvrage :
Emile-Michel Hernandez, L'ENTREPRENEURIAT: Approche théorique,
p.212
Mohammed Bensaïd, Economie des organisations: tendances actuelles, p.79
Conventions et management, Marc Amblard, Edition De Boeck université,
Bruxelles 2003.
Gouvernement d'entreprise: enjeux managériaux, comptables et financiers,
Marc-Hubert Depret, De Boeck Supérieur, 2005.
Laurent Thévenot et Luc Boltanski,"De la justification : les économies de la
grandeur", 1991
Ali MADI, Analyse des filières de production agricole: Fondements
théoriques et démarches méthodologiques, 2009, p.73
Conventions et institutions: essai de théorie sociale, Editions L'Harmattan,
2006
Denise Van Dam, Jean Nize, Wallonie, Flandre: des regards croisés, p.76
Webographie :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-
3229_1996_num_75_1_1609