LA FEUILLE DE BOUCHER

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Nicolas Boulard « La Dynamique des isoplèthes » Exposition du 4 mars au 14 mai 2017 LA FEUILLE DE BOUCHER

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Nicolas Boulard

« La Dynamique des isoplèthes » Exposition du 4 mars

au 14 mai 2017

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Alexander von Humboldt (1769-1859)

Figure importante de l’histoire des sciences, le naturaliste et voyageur allemand Alexander von Humboldt a jeté les bases de la géographie en tant que science à part entière. Il a par ailleurs fortement contribué au développement de la climatologie, de l’océanographie, de la biogéographie, de la géologie ou encore de la volcanologie. De ses différents voyages en Amérique du Sud, au Mexique, au États-Unis et en Sibérie, il a rapporté de nombreuses descriptions de minéraux, de végétaux et d’animaux ainsi qu’une moisson de données géographiques et climatiques qui prennent souvent la forme de schémas et diagrammes.

Sérendipité

La sérendipité consiste à faire une découverte inattendue ou accidentelle, résultant d’une attitude d’esprit qui combine ouverture à l’expérience, curiosité et sagacité. Ainsi, partant d’un point de départ précis ou d’un prétexte – qu’il soit littéraire, musical ou patrimonial – les expositions du Centre d’art contemporain La Halle des bouchers se répondent les unes aux autres tout en ouvrant de nouvelles perspectives et champs de recherche.

Elisée Reclus (1830-1905)

Elisée Reclus est un géographe libertaire, précurseur de la géographie sociale, de la géopolitique, de la géohistoire et de l’écologie.Citoyen du monde avant l’heure, il est considéré comme l’un des géographes les plus importants de son temps. Ses carnets de voyages sont remplis de ses observations sur le fonctionnement des sociétés qu’il découvre et sur les paysages qu’il traverse. Dans sa Correspondance (octobre 1870 - juillet 1889), il écrit : « Voir la Terre, c’est pour moi l’étudier ; la seule étude véritablement sérieuse que je fasse est celle de la géographie et je crois qu’il vaut beaucoup mieux étudier la nature chez elle que de se l’imaginer au fond de son cabinet... pour connaître il faut voir. »

Isoplèthe (voir page 11)

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Depuis trois ans, le Centre d’art contemporain La Halle des bouchers mène une programmation artistique axée autour de la question de la sérendipité, qui permet de mettre en perspective des domaines aussi variés que la musique, le cinéma ou les sciences à travers le filtre de l’art contemporain.

S’il est essentiellement connu pour son travail artistique autour du vin et du fromage, Nicolas Boulard (né en 1976, vit et travaille à Clamart) aime avant tout jouer de déplacements conceptuels. À travers les produits mythiques de la gastronomie qu’il n’a eu cesse de revisiter et bouleverser, c’est principalement l’idée de territoire et de ses limites qui sous-tend une œuvre protéiforme embrassant aussi bien la sculpture, le texte, la vidéo que l’installation.

À la fois immatérielles et tangibles, précises et infinies, hypersensibles et anti-monumentales, les œuvres de Nicolas Boulard témoignent d’une lucidité certaine sur des systèmes de pensée. L’artiste prend ainsi un malin plaisir à jouer avec les normes et les règles de production territoriales, la géographie, les distances, les déplacements... Si, en cartographie, les isoplèthes sont les lignes dessinées sur les cartes reliant différents points situés à une même altitude, Nicolas Boulard tire ici des lignes géographiques imaginaires et fabuleuses, nous enjoignant de réinterpréter les traditions et conventions du passé, tout en questionnant la territorialité de l’art.

Pour son exposition au Centre d’art contemporain La Halle des bouchers, Nicolas Boulard s’est donc inspiré du Rhône, fleuve dont il a suivi le cours – de sa source (le glacier Rhonegletscher en Suisse) à son embouchure méditerranéenne (le delta de Camargue) – prélevant ici et là des échantillons d’eau, de terre et de pierre qui lui ont servi de matière première pour proposer un ensemble de sculptures inspirées de courbes et diagrammes scientifiques anciens, notamment les schémas du géographe et explorateur allemand Alexander von Humboldt, ainsi que des écrits des géographes Élisée Reclus ou Claude Raffestin pour qui l’expérience de la connaissance ne peut se faire sans vécu géographique. Parallèlement, Nicolas Boulard a compilé ses impressions buissonnières, tel un carnet de voyage dressant aussi le portrait du fleuve, dans un ouvrage publié à l’occasion et qui fait écho à la déclivité de son parcours, rappelant par-là même le titre de cette exposition – « La Dynamique des isoplèthes ».

À Vienne, Nicolas Boulard a notamment visité le Musée archéologique Saint-Pierre et son accumulation de statues, scultpures, chapiteaux, amphores et stèles diverses. De cette forte concentration de minéralité découle une réflexion de l’artiste sur le passage du végétal au minéral et inversement, tout comme une mise en scène axée sur la partie centrale de l’exposition.

Avec le soutien de Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette.

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Nicolas Boulard

Antipodes2016Plâtre, dimensions variablesCourtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, Paris Production Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

Rhône2017Livre, 19 x 10 cm, tirage à 600 exemplairesCourtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, Paris Production Centre d’art contemporain La Halle des bouchers et Galerie Eva Meyer, avec le soutien de Lafayette Anticipations

Entre scultpure et bas-relief, l’une des premières œuvres du parcours de l’expo-sition consiste en un moulage des pieds de l’artiste. Cette œuvre manifeste établit les bases et révèle le mode opératoire qu’a suivi Nicolas Boulard : le déplace-ment physique au sein d’un territoire. Le titre de cette pièce renvoie à l’étymologie même du mot antipode qui vient du grec antipoûs, -podos — « qui a les pieds op-posés aux nôtres ». En présentant l’image de ses pieds à la verticale, Nicolas Bou-lard inverse la notion de force de gravité et met en avant la marche comme force motrice idéale pour faire l’expérience de la traversée d’un paysage. En véritable figure de l’artiste marcheur, il fait notamment ici référence à Hamish Fulton et bouscule la manière contemplative et convenue que l’on peut avoir d’un paysage en insufflant une grande part de subjectivité.

À l’été 2016, en vue de préparer cette ex-position, Nicolas Boulard a descendu les 812 km du Rhône, de sa source alpine à son embouchure méditerranéenne. Au cours de ce périple au long cours, l’ar-tiste a compilé par écrit ses impressions et ses réfléxions, tel un travelogue prenant la forme d’une prose poétique. Puisant son inspiration dans L’Ascension du Mont Ventoux de Pétrarque mais aussi dans les écrits du géographe Élisée Reclus, Nico-las Boulard décrit de façon très subjective sa descente d’un point montagneux élevé vers le niveau zéro de la mer et les chan-gements de paysage induits par cette déclivité, intimement liés aux variations d’altitude.

Travelogue

Travelogue est un anglicisme dont l’étymologie se compose du mot anglais travel qui se traduit par « voyage » et du suffixe -logue, « qui a rapport avec un type de discours ».Il s’agit d’une œuvre décrivant un voyage, sous forme littéraire ou cinématographique. Dans la littérature française, ce nom commun a notamment été employé par Marguerite Yourcenar, en 1983, dans son volume d’essais Le Temps, ce grand sculpteur, « Approches du Tantrisme ».

Hamish Fulton(né en 1946, vit et travaille à Canterbury)

De l’Europe à l’Amérique en passant par l’Asie, depuis les années 1970, Hamish Fulton a réalisé plusieurs centaines de marches qu’il appelle des artistic walks, restituant à travers ses photographies et sculptures cette expérience intime du corps évoluant dans le paysage. Ses expositions retranscrivent de manière fragmentaire l’expérience de la marche. En indiquant le lieu et la date, la durée ou la longueur de la marche, ainsi que des données topographiques, climatiques ou naturelles, Hamish Fulton désigne des éléments absents de l’image, comme l’orientation du vent, la température, etc. Il offre ainsi au spectateur la possibilité d’une reconstruction mentale de la marche.

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Sisyphe2017Sphères en mortier et galets, Ø 40 cm, (2x) Ø 30 cm, (3x) 25 cm Courtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, ParisProduction Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

La surface de ces sphères a été réalisée à l’aide de pierres et de galets récupérés à Vienne et à Ampuis. Nicolas Boulard a ainsi tenté de domestiquer ces éléments minéraux érodés par le temps en des formes géométriques simples qui peuvent rappeler le rocher porté par Sisyphe dans la mythologie grecque. En prenant cette métaphore de Sisyphe, Nicolas Boulard matérialise en quelque sorte l’expression « déplacer des montagnes », vaine tenta-tive de lutter contre les éléments naturels.L’érosion naturelle — justement — de l’envi-ronnement minéral du Rhône sans cesse creusé par le fleuve afin de s’y frayer un passage est également à l’œuvre avec cet ensemble. Charriés par le débit de l’eau, les galets recouvrant ces sphères évoquent ainsi l’érosion fluviale.

Sisyphe

Fondateur mythique de Corinthe, Sisyphe (en grec ancien Σίσυφος / Sísuphos) est surtout connu pour avoir déjoué Thanatos. En effet, Sisyphe révéla au dieu-fleuve Asopos où se trouvait sa fille Égine, enlevée par Zeus. Asopos fit fuir Zeus, mais ce dernier ressentit de la rancune pour Sisyphe ; il lui envoya Thanatos pour le punir mais celui-ci échoua. Pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné à pousser éternellement en haut d’une colline un énorme rocher qui dévalait à nouveau la pente dès qu'il avait réussi à le hisser au sommet (Homère, Odyssée, chant XI).

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Lac Léman2016Eau du lac Léman encadrée, 103 x 123 cmCourtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, Paris Production Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

D’un minimalisme assumé, ce cadre à moitié rempli contient un échantillon d’eau prélevé par Nicolas Boulard dans le lac Léman. Le niveau de l’eau crée comme une ligne d’horizon qui vient scinder en deux un aplat blanc. Véritable portrait de cette vaste étendue d’eau par temps clair et calme, cette œuvre renvoie à l’horizon-talité du Léman, en contraste avec le relief montagneux et accidenté qui l’entoure. Le temps de l’exposition, l’eau contenue dans ce cadre évoluera, telle une « œuvre at-mosphérique » : de la condensation pour-ra apparaître, tout comme des éléments micro-organiques se développeront dans la partie submergée du cadre.

Incorporé dans le passe-partout, le car-tel, avec sa typographie classique renvoie à une forme de classification ou de no-menclature muséale, telle qu’on la re-trouve dans les musées anciens d’histoire naturelle.

Le Léman

D’une superficie de 581 km2, le Léman est le plus grand lac alpin. D’origine glaciaire, cette étendue d’eau se trouve à cheval sur les frontières française et suisse. Le lac est traversé d’est en ouest par le Rhône qui en constitue le principal affluent. Appelé par tautologie « lac Léman » ou « lacde Genève » en raison de la renommée internationale de Genève dès le XVIe siècle, « Léman » est par convention le nom utilisé depuis la fin du XIXe siècle ; « l’usage tend à s’établir en géographie, et cela avec raison, de préférer, partout où il en existe, le nom personnel d’un lac au nom de la ville située sur ses bords. Un lac est un individu géographique en lui-même et par lui-même », François-Alphonse Forel (1841-1912).

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Nuancier du Rhône (eau)2017Ensemble de 19 tubes en verre, eau du Rhône, dimensions variablesCourtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, Paris Production Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

Cette installation disposée à même le sol permet au visiteur de suivre la déclivité du fleuve, de sa source en haute altitude au niveau zéro de la mer.Contenue dans des tubes en verre de taille décroissante, l’eau du Rhône devient ici la matière première d’une œuvre dont les formes rappellent les préceptes de l’art minimal, et plus précisément les formes développées par Dan Flavin pour ses pièces lumineuses.

Suivant un protocole inspiré d’une suite mathématique, Nicolas Boulard a calculé la taille de chaque tube en fonction du lieu où l’eau a été prélevée. Le premier tube correspond à une altitude de 2300 m, soit le bas du glacier du Rhône, à Glestch, là où le fleuve prend sa source. En sui-vant ce diagramme, le regard nous porte jusqu’à un tube placé au-dessous de ce qui pourrait être une ligne d’horizon, à savoir de l’eau capturée dans la Méditerra-née où se jette le fleuve.

Dan Flavin (1933-1996)

Artiste minimaliste américain, Dan Flavin réalise en 1961 une série de peintures, dont le pourtour s’orne d’ampoules électriques, qu’il appelle « icônes ». En 1963, il accomplit le geste qui va changer le cours de son travail : il accroche en diagonale sur le mur de son atelier un seul et unique tube fluorescent, qu’il dédie à Brancusi et titre Diagonal of May 25, 1963. Il vient ainsi de trouver son vocabulaire et, avec lui, sa place dans l’histoire de l’art. Pour l’ensemble de son œuvre à venir, le tube luminescent va devenir l’élément de base de compositions de plus ou moins grandes dimensions, plus ou moins complexes formellement et chromatiquement.

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Atlas2017Sphères en plâtre et polystyrène recouvertes depigments naturels, (10x) Ø 50 cmCourtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, Paris Production Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

Prenant la forme d’une pyramide de base triangulaire, dix sphères à la texture granuleuse rappellent tout autant la façon d’entreposer des boulets de canon qu’un diagramme scientifique. À l’instar de Nicolas Boulard qui tire des lignes imaginaires sur des cartes en condensant des territoires, le boulet de canon dessine une trajectoire directe, via un déplacement mécanique répondant à des forces motrices élémentaires. En outre, cet agencement logique et mini-mal renvoie à des systèmes scientifiques de classification que Nicolas Boulard a décliné à plusieurs reprises dans sa pratique artistique.

Chacune de ces sphères est recouverte de pigments naturels réalisés à partir d’éléments minéraux (de l’ocre) et végétaux (des sarments de vigne brûlés). Cette œuvre est un nuancier en volume allant crescendo de teintes claires vers des coloris beaucoup plus sombres.

La forme même de la sphère évoque cer-taines représentations du mythe grec du titan Atlas supportant sur ses épaules la voûte céleste — tout comme l’atlas géo-graphique condense et aplanit le monde.

Noir de vigne

Le noir de vigne est un pigment végétal issu de la calcination de sarments de vigne en milieu clos. Sa couleur noire légèrement bleutée est cité dès le XVe siècle par le peintre toscan Cennino Cennini (v. 1370 – v. 1440) dans son traité de l’art de la Renaissance, Il Libro dell’arte [Le Livre de l'art] dont le manuscrit est daté de 1437 (Bibliothèque Laurentienne de Florence).

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Nuancier du Rhône (terre)2016Pigment de terre sur bois, (20x) 27 x 19 cmCourtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, Paris Production Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

Durant son périple le long du Rhône, Nicolas Boulard a prélevé des échantillons de terre à différentes étapes : tout d’abord en Suisse (Gletsch, Geschinen, Sion, Château de Soie, Lavey, Port Valais, Vevey, Russin), puis en France (Vienne, Saint-Romain-en-Gal, Saint-Cyr, Ampuis, Tupin-et-Semons, Condrieu, Tain l’Hermitage, Saint-Péray, Cornas, Port Saint-Louis du Rhône).

Suite à cette extraction minérale, il a ap-pliqué sur des supports en bois ces diffé-rentes terres auxquelles il a adjoint un liant acrylique neutre, les transformant ainsi en pigment pictural. S’ils peuvent rappeler les préceptes de la peinture monochrome, ces tableaux évoquent également la série de nuanciers réalisés par Gerhard Richter.

Créant une ligne d’horizon jouant avec les deux niveaux de l’espace d’exposition, cet ensemble de monochromes dresse un portrait nuancé du Rhône au gré des dif-férents coloris, tout comme il horizontalise la déclivité de son parcours.

Gerhard Richter(né en 1932, vit et travaille à Cologne)

Depuis les années 1960, l’artiste allemand Gerhard Richter poursuit un travail pictural qui remet sans cesse en jeu la peinture traditionnelle, notamment à travers ses liens avec la photographie.Il produit son premier nuancier en 1966, 10 Farben (135) [10 couleurs] précédant ainsi les « échantillons de couleurs » (début des année 1970) où la couleur est traitée en modules autonomes, structurant le tableau en une vaste « grille figée ». Gerhard Richter met au point « un système qui, partant des trois couleurs élémentaires et du gris, [lui permet], par passages réguliers et successifs, d’obtenir des teintes et nuances de plus en plus subtiles ». Le choix du facteur multiplicateur 4 est « en relation avec les dimensions du tableau, la taille des champs et leur nombre ».

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Nicolas Boulard

La Synthèse du rhône (terre)2017Terre, lampe de serre, plastique, 16 x Ø 95 cmCourtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, Paris Production Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

La Synthèse du Rhône (eau)2017Eau du Rhône, verre, 100 x Ø 10 cm Courtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, ParisProduction Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

Les Synthèses du Rhône consistent en deux condensés de différents échantillons de terre et d’eau que Nicolas Boulard a prélevés le long du Rhône. En rétrécissant le gigantisme de ce territoire à une échelle miniature, il applique stricto sensu un rai-sonnement logique initialement appliqué dans les sciences. Puisés à des distances variées, ces ensembles disparates sont rassemblés dans un même contenant

À l’image d’un jardin botanique, cette pe-tite parcelle de terre fonctionne comme un parterre semblant domestiqué, qui re-grouperait tout l’écosystème végétal lié au fleuve. Évoluant le temps de l’exposition, des graines et des pousses qui se trou-vaient inopinément dans la terre quand elle a été prélevée, vont pousser grâce à un éclairage de serre favorisant leur croissance et leur floraison. Version contemporaine et réduite du diorama, cette œuvre synthétise la flore rhoda-nienne des Alpes à la Méditerranée, rap-pelant également que le Rhône est un fleuve fort de contrastes, dont le cours et les berges sont à la fois sauvages et domestiqués, parfois en proie à une forte urbanisation — si ce n’est industrialisation.

Prenant la forme d’un long tube en verre qui n’est pas sans rappeler les tubes à essai utilisés dans les laboratoires, la synthèse liquide du Rhône contient quant à elle différents petits volumes d’eau du fleuve. Entre fluidité et solidité, cette colonne translucide donne l’impression que l’eau du Rhône s’est figée.

Diorama

Du grec « dia » [à travers], et « orama » [vue], le diorama est un mode de reconstitution d’une scène historique, naturaliste ou géologique en volume — au moins pour le sujet principal qui à l’origine est disposé devant une fresque peinte – présenté derrière une vitre.Modèle d’exposition, le diorama apparait à la fin du XIXe siècle dans les pays scandinaves (Suède, Pays-Bas) puis aux États-Unis dans les musées d’histoire naturelle afin d’attirer l’attention des visiteurs en créant l’illusion d’une scène réelle vue par une fenêtre.

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Nicolas Boulard(né en 1976, vit et travaille à Clamart)

Les isoplèthes20176 sculptures en carton, terre, liant acrylique neutre(6x) Ø 75 cm, hauteurs variablesCourtoisie de l’artiste et Galerie Eva Meyer, Paris Production Centre d’art contemporain La Halle des bouchers

Sous le titre générique Les isoplèthes, chacune de ces sculptures coniques reprend la forme d’une courbe exponentielle mathématique, telle une tentative d’atteinte de point zéro. Ces formes ascentionnelles — improbables dans la nature — ont chacune une base d’un diamètre identique et évoquent les représentations condensées que le géographe Alexander von Humboldt a réalisées au début du XIXe siècle : en comprimant l’altitude des montagnes et autres hauts sommets, le père fondateur de la géographie moderne a élaboré des diagrammes et coupes géologiques oscil-lant constamment entre objectivité scienti-fique et extravagance fabuleuse.

Ici, Nicolas Boulard choisit de matériali-ser en trois dimensions ces diagrammes sous une forme sculpturale. Toutes pré-sentées sur le même plan, ces sculptures élancées à la texture granuleuse (de la terre provenant d’Ampuis) révèlent à la fois la forte déclivité inhérente au cours du Rhône (des 2 209 mètres d’altitude à sa source au niveau zéro de la mer) et la verticalité de l’espace d’exposition.

Isoplèthe

L’isoplèthe, du grec « iso » [égal] et « plèthe » [quantité, nombre] est une ligne joignant des points d’égale valeur sur une carte. Elle sépare des zones de faibles valeurs et des zones de valeurs plus élevées, provenant du relevé d’un phénomène qui se produit dans un espace géographique. Il peut s’agir de données physiques (l’altitude d’une montagne et ses lignes de niveaux) mais aussi d’observations temporelles imaginées à partir d’une information au caractère beaucoup plus subjectif. Utilisée dans des domaines variés (isobare, isotherme…), l’isoplèthe est donc un outil spatial qui a la capacité de représenter des données qui évoluent dans le temps et dans l’espace et qui interagissent entre elles.Les premières Isoplèthes se sont développées dans le contexte maritime vers la fin du XVIIIe siècle, lorsque les cartographes ont commencé à superposer des tracés terrestres avec des isoplèthes. Edmond Halley (1656-1742) est considéré comme l’auteur de la première carte « scientifique » incluant des isoplèthes et Alexander Von Humbolt comme l’inventeur des « isothermes » en 1817.

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Maire de ViennePrésident de ViennAgglo : Thierry Kovacs

Adjoint au maire, Vice-président du Département de l’Isère : Patrick Curtaud

Directeur du centre d’art contemporain : Marc Bembekoff

Assistante / Responsable des publics : Delphine Rioult

Médiatrices : M’barka Amor, Iris Eschenbrenner

Accueil des publics : Françoise Requero, Julien Ravion

Régisseur : Maxime Lamarche

Graphistes : Marie Febvrel / Bizzarri & Rodriguez

Peintre en lettres : Alaric Garnier

Association des Amis du Centre d’art

Présidente : Michèle DesestretVice-Président : Bernard ColletTrésorier : Franck DevigneSecrétaires : Bernard Chapotat, Patrick Curtaud

Site Internet : www.cac-lahalledesbouchers.frwww.culture.vienne.fr

Facebook : www.facebook.com/CAC.LaHalledesbouchers

Instagram : http://instagram.com/cac_lahalledesbouchers

Remerciements

Nicolas Boulard

Galerie Eva Meyer (Eva Meyer-Zerbib, Sophie Delhasse)

Galerie Laurence Bernard (Laurence Bernard, Cécile Togni)

Lafayette Anticipations (François Quintin, Laurence Perrillat, Marie-Aurore de Boisdeffre)

Librairie Lucioles

Secrets de Vienne (Olivier Sanejouand)

Vignoble Hervé Avallet

Les services de la Ville de Vienne :

Direction générale des services (Alain Vaudaine, Sylvie Arnaud, Catherine Bernard)

Direction de la culture (Laurent Vaté, Marie-Béatrice Pottier, Lucia Allamanche, Marilyn Jullien)

Finances (Yann Le Yondre, Mercedes Sendras, Paule Cesbron, Hélène Perrillat, Olivier Moissonnier, Carole Porretti)

Communication (Christian Marrone, Alexandre Bassette, Marie Febvrel, Sophie Mugnier)

Commande publique (Guillaume Perrin, Vanessa Chabert)

Foncier (Béatrice Cornet, Cécile Rignon)

Animation du Patrimoine (Estelle Jeunet, Thérèse Rodriguez)

Ressources humaines (Julien Durand)

Propreté (Laurent Bonneville, Lydie Belilty, Fatma Bouffalous)

Protocole (André B. Prutau, Olivier Cabane, Thomas Masson)

Stationnement (Joël Garboud, Thierry Degardin)

Menuiserie (Patrick Perier)

Espaces verts (Guillaume Bouvier)

Reprographie (Eric Gasrel, Danielle Repussard)

Cette feuille de boucher est éditée à l’occasion de l’exposition« Nicolas Boulard - La Dynamique des isoplèthes »

présentée au Centre d’art contemporain La Halle des bouchers de Viennedu 4 mars au 14 mai 2017