La dépression est très fréquente chez la personne âgée,€¦ · Agitation ou ralentissement...

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• La dépression est très fréquente chez la personne âgée, mais négligée, méconnue ou mal traitée – 15% à 30% des sujets âgés ont des symptômes dépressifs significatifs – En institution, la dépression toucherait 40% des résidents – 10% à 15% des résidents présenteraient un épisode dépressif majeur

dans la 1ère année suivant l’admission • Non traitée, la dépression a des conséquences graves

– Elle diminue la durée de vie – Elle augmente le risque de suicide – Elle augmente le risque somatique et le recours aux soins

(dénutrition, aggravation des comorbidités, etc.) – Elle aggrave le pronostic fonctionnel et la perte d’autonomie – Elle augmente le risque d’institutionnalisation

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Introduction

• La crise du vieillissement doit être d’emblée distinguée de la dépression et de la crise suicidaire – Elle est une étape fréquente avec l’avancée en âge, à l’approche de

la mort • Elle permet à la personne une représentation psychique de sa propre fin

de vie • Elle peut entraîner une régression transitoire qui n’est pas pathologique

et doit être respectée, sans médicalisation abusive • La personne doit alors être entendue, écoutée, accompagnée

– La crise du vieillissement se traduit par l’expression d’un mal-être, vis-à-vis duquel il s’agit de rester vigilant afin de repérer précocement l’émergence d’une décompensation dépressive ou d’une crise suicidaire

• Oser parler de la mort avec la personne permet de rechercher d’éventuelles idées suicidaires

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La crise du vieillissement

• La dépression La dépression est un trouble pathologique de l’humeur qui se manifeste d’abord par une humeur triste durable et/ou une perte de l’élan, de l’intérêt et du plaisir pour la plupart des activités (symptômes de premier rang) D’autres symptômes cognitifs, affectifs, comportementaux et physiques peuvent compléter le tableau clinique (symptômes de second rang)

4 * Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders

Définitions du DSM-IV-TR *(1)

• Symptômes de 1er rang – Humeur dépressive, présente pratiquement toute la journée,

presque tous les jours, signalée par le sujet (par exemple, se sent triste ou vide) ou observée par les autres (par exemple, pleurs)

– Perte d’intérêt ou de plaisir, pour toutes ou presque toutes les activités, pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres)

• Symptômes de 2d rang – Augmentation ou diminution significative de l’appétit ou du

poids, en l’absence de régime – Insomnie ou hypersomnie – Agitation ou ralentissement psychomoteur – Fatigue ou perte d’énergie – Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou

inappropriée (voire délirante) – Diminution de l’aptitude à penser ou se concentrer, ou indécision – Pensées de mort ou idées suicidaires récurrentes

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Définitions du DSM-IV-TR (2)

• Syndrome dépressif majeur ou caractérisé Présence pendant un minimum de 2 semaines d'au moins 5 symptômes, dont au moins un de 1er rang (humeur dépressive et/ou perte d'intérêt ou de plaisir), presque toute la journée et tous les jours durant cette période

• Syndrome dépressif mineur Présence pendant un minimum de 2 semaines de 2 à 4 symptômes de la dépression dont au moins 1 symptôme de 1er rang (2/3 des cas de dépression chez la personne âgée)

• Dysthymie Présence de 2 des symptômes de la dépression majeure dont au moins un de 1er rang, pendant au moins 2 ans. Elle touche plus souvent les sujets très âgés, de sexe masculin, et est davantage associée à des symptômes anxieux

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Définitions du DSM-IV-TR (3)

• La dépression de la personne âgée répond aux mêmes critères que ceux de l’adulte plus jeune. Néanmoins, elle peut prendre des formes atypiques, avec des symptômes moins spécifiques au premier plan Expression moindre de la tristesse Plaintes somatiques au premier plan (dépression masquée) Présence d’une plainte subjective de mémoire, voire de troubles

cognitifs avérés (dépression à début tardif) Présence d’idées délirantes (dépression délirante) Anxiété et/ou troubles du caractère marqués (dépression hostile,

dépression anxieuse) Association à une apathie

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Particularités cliniques chez la personne âgée

• Cause et/ou conséquence ? – Les maladies chroniques, notamment douloureuses et/ou

invalidantes, sont des facteurs de risque de dépression – 60% des personnes âgées dépressives expriment des plaintes

somatiques, avant même la tristesse

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UN PIÈGE À ÉVITER Attribuer à une symptomatologie dépressive des signes physiques sans avoir vérifié au préalable l’absence de pathologie somatique sous-jacente dont l’humeur dépressive serait la conséquence directe

Particularités cliniques chez la personne âgée Dépression et plaintes somatiques (1)

• Un piège diagnostique : la dépression masquée – Des symptômes physiques au premier plan

• Ils exposent la personne à un risque d’escalade thérapeutique • Des symptômes psychiques de dépression doivent être

systématiquement recherchés devant des plaintes somatiques multiples – Les plaintes somatiques les plus fréquentes

• La fatigue • Les douleurs, récurrentes et résistantes aux traitements habituels, de

localisation et d’intensité variables, sans rythme précis • Les troubles du sommeil (hypersomnie ou insomnie) • Des symptômes divers (troubles de la mémoire, plaintes cardiaques

et/ou respiratoires, constipation, perte d’appétit- amaigrissement, prurit généralisé, etc.)

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Particularités cliniques chez la personne âgée Dépression et plaintes somatiques (2)

• Une forte intrication chez la personne âgée : cause et/ou conséquence ? – Les symptômes dépressifs sont-ils réactionnels aux troubles

cognitifs ? – Sont-ils une forme d’expression des dysfonctionnements cérébraux

en lien avec la démence ? – Les troubles cognitifs sont-ils une forme d’expression d’une

dépression, sans lien avec un processus démentiel ?

En pratique, observer chez une personne âgée un syndrome dépressif doit faire rechercher des troubles cognitifs et inversement

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Particularités cliniques chez la personne âgée Dépression et troubles cognitifs (1)

• Une forme clinique : la dépression à début tardif (1) – Dépression survenant au-delà de 60 ans chez une personne n’ayant

aucun antécédent de dépression • La forme de dépression la plus fréquente chez la personne âgée • Fréquence des troubles cognitifs associés

– Facteur de risque d’évolution vers une maladie d’Alzheimer ou apparentée

– Moindre efficacité des traitements médicamenteux, évolution chronique plus fréquente, risque de rechute augmenté

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Particularités cliniques chez la personne âgée Dépression et troubles cognitifs (2)

• Une forme clinique : la dépression à début tardif (2) – La dépression vasculaire est une forme de dépression à début tardif

associée aux pathologies et aux facteurs de risque vasculaires • La lutte contre les facteurs de risque vasculaire permet une prévention • L’imagerie cérébrale montre des lésions de type vasculaire

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PIÈGES À ÉVITER • Penser que les troubles cognitifs « protègent » de la dépression • Attribuer d’emblée les changements d’humeur, de comportement

ou l’aggravation de troubles cognitifs à une démence sans rechercher d’autres signes de dépression

Particularités cliniques chez la personne âgée Dépression et troubles cognitifs (3)

• La dépression avec apathie (1) L’apathie est un déficit de la motivation, caractérisé par un

émoussement affectif, une perte d’initiative et une perte d’intérêt

• La dépression et l’apathie sont 2 syndromes distincts mais qui ont des symptômes communs ou proches et qui sont associées dans 50% des cas

• L’apathie peut être prise à tort pour un ralentissement ou de la dépression

• Il est important de les distinguer car leurs prises en charge respectives sont différentes

• L’apathie est observée de façon isolée, ou au cours d’une affection cérébrale (maladie d’Alzheimer, pathologies vasculaires, maladie de Parkinson, dégénérescence lobaire fronto-temporale, etc.), ou encore dans la dépression vasculaire

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Particularités cliniques chez la personne âgée Autres formes de dépression (1)

• La dépression avec apathie (2) Comme pour beaucoup de syndromes dits "silencieux", non-

perturbateurs, l’apathie n'est souvent pas repérée, et négligée • Les personnes apathiques ne se plaignant pas spontanément de leurs

symptômes, c'est souvent l'entourage qui remarque et signale leur manque d’implication dans de nombreuses activités quotidiennes, ou une indifférence à ce qui les entoure

Les outils diagnostiques de référence de l’apathie sont : • L’Inventaire apathie (IA) • Le NPI-ES, item apathie, en cas de troubles cognitifs (Inventaire

neuropsychiatrique, version équipe soignante)

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Particularités cliniques chez la personne âgée Autres formes de dépression (2)

• La dépression avec apathie (3)

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ÉLÉMENTS CLÉS POUR DIFFÉRENCIER APATHIE ET DÉPRESSION Signes spécifiques Signes communs

Dépression

Tristesse Perte d'espoir Culpabilité Idées suicidaires Troubles du sommeil Anorexie

Perte d'intérêt Manque d'élan Ralentissement Fatigue Non conscience du trouble (+/-)

Apathie

Démotivation Absence d'initiative Absence de persévérance Émoussement affectif Retrait social

Particularités cliniques chez la personne âgée Autres formes de dépression (3)

• La dépression délirante Un délire de survenue récente doit faire rechercher les autres

signes de dépression Grande variabilité des idées délirantes, dont les plus fréquentes

sont les idées d’incurabilité ou les idées de ruine

• La dépression hostile Apparition d’une irritabilité ou d’une agressivité inhabituelle,

d’une opposition Un changement marqué et récent du comportement doit faire

rechercher d’autres signes de dépression

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Particularités cliniques chez la personne âgée Autres formes de dépression (4)

• La dépression avec anxiété Les antécédents de troubles anxieux ou survenant avec l’âge

(anxiété généralisée, troubles phobiques, stress post-traumatique, etc.) favorisent la survenue d’états dépressifs

La personne verbalise généralement son anxiété L’anxiété peut prendre 2 formes : avec inhibition de l’action ou, au

contraire, une agitation anxieuse

• La dépression mélancolique : une urgence Symptomatologie sévère avec prostration et mutisme ou au

contraire, agitation et importants troubles du caractère Risque suicidaire très élevé, imposant le plus souvent une

hospitalisation en urgence

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Particularités cliniques chez la personne âgée Autres formes de dépression (5)

• Le risque de dépression chez la personne âgée doit être une préoccupation constante du soignant, notamment dans certaines situations à risque (1) Contexte personnel

• Les maladies chroniques douloureuses et/ou invalidantes, nécessitant une prise en charge astreignante ou lourde, ou faisant redouter une aggravation

• Certains traitements médicamenteux ou le fait d’être polymédicamentée

• La perte d’autonomie physique ou psychique • Les antécédents d’épisodes dépressifs personnels ou familiaux • La présence de troubles cognitifs • La fonction d’aidant auprès d’une personne dépendante • Un alcoolisme ou une addiction à une drogue, un psychotrope, etc.

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Repérage de la dépression (1)

• Le risque de dépression chez la personne âgée doit être une préoccupation constante du soignant, notamment dans certaines situations à risque (2) Contexte environnemental

• L’entrée en institution et la 1ère année suivant l’admission (10% à 15% des résidents)

• Solitude et isolement social • Survenue d’événements potentiellement traumatiques : deuils,

pertes affectives, conflit familial, rupture de liens familiaux, entrée en institution, vente du domicile antérieur, mise sous protection juridique, annonce d'une maladie grave, hospitalisation, perte brutale d'autonomie, etc.

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Vérifier que l’humeur dépressive n’est pas la conséquence d’un trouble somatique ou d’une cause environnementale

Repérage de la dépression (2)

• Les signes d’alerte (1) Les signes d’alerte sont des signes d’apparition récente, qui marquent un changement par rapport à l’état habituel de la personne

Les signes physiques peuvent être au 1er plan (dépression masquée) • La fatigue, le ralentissement moteur • Les douleurs, récurrentes et résistantes aux traitements habituels, de

localisation et d’intensité variables, sans rythme précis • Les troubles du sommeil (hypersomnie ou insomnie) • Des symptômes divers (plaintes cardiaques et/ou respiratoires,

constipation, troubles de l’appétit, amaigrissement, prurit généralisé, etc.)

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Repérage de la dépression (3)

• Les signes d’alerte (2) Signes psychiques (humeur et comportement)

• Un sentiment de tristesse, de vide • Une démotivation • Des changements de caractère • Des troubles du comportement • Une anxiété inhabituelle • Des idées délirantes • Des idées de mort, voire des idées suicidaires

Signes cognitifs • Des difficultés à se concentrer, à maintenir son attention • Des troubles de la mémoire

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Le repérage par l’équipe soignante de signes d’alerte de dépression, de détresse doit faire l’objet de transmissions écrites

Repérage de la dépression (4)

• En cas de suspicion de troubles cognitifs, évaluer par le MMSE (Mini mental state examination)

• En l’absence de détérioration cognitive ou en cas de détérioration légère (MMSE > 20) – La Mini GDS (geriatric depression scale) : outil de repérage en 4

questions, 1ère étape de la démarche diagnostique – La GDS : échelle d’auto-évaluation de référence (15 ou 30 items) – L’Inventaire Apathie : évaluation de l’apathie (versions soignant,

patient, accompagnant)

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L’utilisation des outils d’évaluation permet d’objectiver les troubles, donne aux professionnels l’occasion de partager leur vécu des troubles et valorise la parole des soignants

Outils de repérage et d’aide au diagnostic (1)

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• La Mini GDS (Geriatric Depression Scale)

Outils de repérage et d’aide au diagnostic (2)

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L’Inventaire apathie permet une évaluation parallèle de l’apathie qui peut être confondue avec la dépression. Trois types d’évaluation sont possibles, auprès du soignant, auprès du patient par un auto-questionnaire, auprès de l’accompagnant.

Outils de repérage et d’aide au diagnostic (3)

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• En présence de détérioration cognitive modérée à sévère avec difficultés de communication (MMSE ≤ 20) – L’échelle de dépression de Cornell pour la démence est un outil

d’aide au diagnostic de dépression chez les personnes atteintes de démence.

• La cotation des 19 items est réalisée par un médecin. • Le score total fournit une indication et ne permet pas de poser à lui

seul le diagnostic de dépression – L’Inventaire neuropsychiatrique, version destinée aux équipes

soignantes (NPI-ES). La dépression et l’apathie sont deux des 12 symptômes neuropsychiatriques explorés par le NPI.

Il est nécessaire de repérer le plus précocement possible les signes de dépression chez une personne âgée car la dépression l’expose à des risques somatiques (dénutrition, aggravation de comorbidités, etc.), fonctionnels (perte d’autonomie) et suicidaires très élevés

Outils de repérage et d’aide au diagnostic (4)

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L’échelle de

dépression de Cornell

Outils de repérage et d’aide au diagnostic (5)

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• NPI-ES (Item Dépression)

Outils de repérage et d’aide au diagnostic (6)

• Les points clés – Confirmer le diagnostic d’un état dépressif – Rechercher si les symptômes dépressifs sont secondaires à une

autre pathologie ou l’expression d’une autre pathologie – Évaluer la gravité de la dépression (risque suicidaire)

• Les étapes – Évaluation globale : aucun outil de repérage ne se suffit à lui-

même, le diagnostic est clinique avant tout – Évaluation du risque suicidaire

• La dépression est associée à un risque important de suicide, y compris en EHPAD et le suicidant âgé est souvent très déterminé (30% de décès après passage à l’acte chez les personnes de plus de 65 ans)

• L'évaluation du risque suicidaire doit donc être systématique en cas de dépression, car il n’est pas lié à la sévérité de la dépression

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Démarche diagnostique (1)

• Évaluation globale (1) – Entretien avec la personne, voire ses proches, afin de rechercher :

• Les autres symptômes dépressifs (critères du DSM-IV-TR) • Des antécédents personnels ou familiaux de dépression • Le mode de début des symptômes et leur évolution • Des facteurs de risque de dépression, personnels ou

environnementaux, un facteur déclenchant ou précipitant • Une consommation d’alcool ou d’une drogue, d’un psychotrope, etc. • Les traitements en cours et d’éventuels changements récents dans les

traitements – Évaluation psychologique et cognitive

• Recherche d’un déficit cognitif (au minimum par le MMSE) • Recherche éventuelle d’une apathie (Inventaire apathie, NPI-ES) • Recherche de symptômes psychotiques (délire, hallucinations), d’une

irritabilité, d’une agressivité

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Démarche diagnostique (2)

• Évaluation globale (2) – Examen clinique complet

• Pathologies somatiques, en particulier douloureuses • Difficultés d’alimentation et statut nutritionnel • Déficits sensoriels, notamment ouïe et vision • Niveau d’autonomie physique et dans les activités de la vie

quotidienne (échelle ADL – activities of daily living ; échelle IADL – instrumental activities of daily living)

– Examens paracliniques (selon la clinique) • NFS, bilan de coagulation, ionogramme sanguin et fonction rénale,

enzymes hépatiques, glycémie, fonction thyroïdienne, et en fonction de la clinique : calcémie, B12, folates, si anomalie de la NFS

• Autres examens : ECG, EEG, imagerie (notamment cérébrale), etc..

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Démarche diagnostique (3)

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Maladies et médicaments exposant à un risque de dépression

Maladies neurologiques

• Accident vasculaire cérébral (fin de phase aigüe, rééducation)

• Maladie d’Alzheimer et autres démences

• Maladie de Parkinson • Hydrocéphalie chronique

Maladies cardio-

vasculaires

• Infarctus du myocarde • Insuffisance cardiaque et/ou

respiratoire

Maladies endocriniennes

• Diabète • Hypo ou hyperthyroïdie • Hyperparathyroïdie

• Hypercorticisme • Déficit androgénique chez l’homme

Maladies diverses

• Cancers • Douleur chronique (rhumatismale

ou autre) • Déficit sensoriel (vue, ouïe)

• Apnée du sommeil • Carences en vitamines (B1, B6, B12,

etc.)

Médicaments • Corticoïdes • Clonidine • Béta-bloquants

• L-dopa • Amantadine • Neuroleptiques

Démarche diagnostique (4)

• Évaluation du risque suicidaire (1) – Rechercher des signes de gravité de la dépression

• Des signes d’une dépression mélancolique • Des signes psychologiques

– Intensité de la tristesse – Désespoir, dévalorisation : « Je ne vaux plus rien » – Sentiment d’incurabilité, d’impuissance : « Je n’y arriverai pas, je ne

guérirai pas » – Sentiment de punition méritée – Expression d’idées suicidaires

• Des signes physiques – Sévérité de l’anorexie, de la dénutrition, de la déshydratation

• Des signes fonctionnels – Sévérité du repli sur soi – Comportements liés à la fin de vie – Une amélioration inexpliquée et soudaine de l'humeur

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Démarche diagnostique (5)

• Évaluation du risque suicidaire (2) – Rechercher systématiquement des idées suicidaires en cas de

dépression • Si la personne exprime spontanément des idées suicidaires, ne jamais

les banaliser • Si la personne n’exprime pas spontanément d’idées suicidaires, les

rechercher activement, oser poser la question, oser parler de la mort

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DES PIÈGES À ÉVITER • Penser que parler du suicide à quelqu’un peut l’inciter à le faire • Penser que les personnes qui veulent se suicider ne donnent pas d’indication

à leur entourage sur leur intention avant de le faire • Penser que les personnes qui expriment un désir de se suicider ne le font

que pour attirer l’attention. Huit personnes sur 10 en parlent avant de passer à l'acte !

Démarche diagnostique (6)

• Évaluation du risque suicidaire (3) – Rechercher si la personne a envisagé un scénario suicidaire, à

quelle échéance, et si les moyens envisagés sont à sa portée (dangerosité suicidaire)

• En EHPAD, les moyens les plus utilisés sont la pendaison et le saut d’un lieu élevé

– Évaluer la progression des idées de mort

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Démarche diagnostique (7)

• Évaluation du risque suicidaire (4) – Le repérage de signes d’alerte suicidaire doit déclencher la mise

en œuvre d’un protocole d’évaluation du risque et une prise en charge psychologique par le médecin traitant et/ou le psychologue de l’établissement et/ou un psychiatre

– Toute tentative de suicide est une urgence justifiant une hospitalisation

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Démarche diagnostique (8)

• Trois objectifs Amélioration des symptômes Restauration fonctionnelle Prévention des rechutes et des récidives

• Trois volets complémentaires (intégration des ressources sanitaires et médico-sociales de proximité) – Les traitements médicamenteux – La prise en charge non pharmacologique – Le suivi

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La prise en charge est globale, pluridisciplinaire et coordonnée impliquant le médecin traitant, le médecin coordonnateur

et l’ensemble de l’équipe, en lien avec les proches

Prise en soins (1)

• Un recours à un avis spécialisé est envisagé en cas de gravité de l’état et/ou d’inefficacité du traitement – En cas de doute diagnostique – En cas de signe de gravité de la dépression – En cas de complexité du traitement (comorbidités) – En cas d’échec du traitement de 1ère intention

• Une hospitalisation est envisagée lorsque le pronostic vital ou fonctionnel est engagé et en cas de refus de soins d’une dépression sévère ou de verbalisation d’idées suicidaires

• Les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer et ayant des troubles dépressifs modérés (score supérieur à 3 au NPI-ES) sont éligibles à un PASA (Pôle d’activités et de soins adaptés)

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Prise en soins (2)

• Indications du traitement médicamenteux – Dépression mineure persistant plus de 4 semaines, après un

suivi rapproché – Tout état dépressif caractérisé

• Critères prioritaires de choix du traitement antidépresseur – Profil pharmacologique chez la personne âgée (comorbidités,

autres traitements, etc.) – Réponse antérieure à un traitement anti-dépresseur – Tolérance et effets indésirables prévisibles – Compliance prévisible (troubles cognitifs, etc.) – Risque suicidaire et dangerosité potentielle d’une intoxication

médicamenteuse

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Prise en soins Traitements médicamenteux (1)

• Les différentes classes d’antidépresseurs – Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS)

sont les produits de 1ère intention • Attention aux interactions médicamenteuses • Attention aux effets secondaires (hyponatrémie, hémorragie

digestive haute en cas d’association avec les AINS, symptômes extrapyramidaux, apathie, chutes)

– Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa) • Utilisation chez la personne âgée moins documentée • Effet souvent plus stimulant en particulier en cas d’apathie

Les antidépresseurs tricycliques (imipraminiques) • Initiation par un spécialiste (souvent réservés aux dépressions

résistantes à 1 ou 2 traitements de 1ère intention) • Effets indésirables parfois sévères: anticholinergiques, risque

cardio-vasculaire, toxicité en cas de surdosage 39

Prise en soins Traitements médicamenteux (2)

• Durée et suivi du traitement antidépresseur – Posologie progressive jusqu’à la dose préconisée dans l’AMM

du produit – Ne juger l’efficacité qu’après 6 à 12 semaines de traitement – Après rémission de la symptomatologie, le traitement à dose

efficace sera poursuivi pendant au moins 6 mois en cas de 1er épisode, et un an en cas d’antécédents dépressifs (prévention des rechutes)

– Adaptation de la prescription, en lien avec un spécialiste, en cas d’efficacité insuffisante

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En cas de maladie d’Alzheimer, il est conseillé : - de prescrire un antidépresseur sans effet anticholinergique - d’éviter les co-prescriptions, notamment à visée sédative ou

anticholinergique

Prise en soins Traitements médicamenteux (3)

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• Les autres traitements psychotropes – Ils ne sont pas systématiquement indiqués – La prescription d’un anxiolytique est possible et de courte

durée en cas d’anxiété intense ou de troubles du sommeil – La prescription de neuroleptiques est exceptionnelle et

doit être réservée au spécialiste

Prise en soins Traitements médicamenteux (4)

• Elle est systématique, dès le diagnostic de dépression établi • Elle est élaborée dans le cadre d’une alliance thérapeutique,

dans un climat d’empathie, avec la personne et ses proches • Elle propose divers types d’interventions

– Mise en place d’un support psycho-social – Soutien psychologique et comportements adaptés au quotidien – Psychothérapies structurées – En cas de résistance et/ou de sévérité extrême:

électroconvulsivothérapie ou sismothérapie (en milieu hospitalier)

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Prise en soins Prise en charge non pharmacologique (1)

• Mise en place d’un support psycho-social après évaluation globale de la situation de la personne – Évaluation de l’état de santé, de l’autonomie, de la situation financière

et sociale, du soutien possible de la part de l’entourage, de la nécessité éventuelle d’une mesure de protection juridique, etc.

– Il s’agit de cibler les facteurs de risque de dépression, de rechute et de récidive sur lesquels il est possible d’intervenir

• Réhabilitation psycho-sociale pour favoriser la restauration d’une estime de soi – Stimulation de la mémoire – Réapprentissage de certains savoir-faire – Exercice physique et/ou approche rééducative

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Prise en charge non pharmacologique (2) Prise en charge psycho-sociale

• Le soutien psychologique est précoce et systématique • Il constitue la base de l’alliance thérapeutique

– La personne est informée sur la maladie dépressive, le traitement, le suivi

– La personne est motivée à la prise régulière du traitement – La famille, l’entourage sont associés à la prise en charge avec

l’accord du patient • L’ensemble de l’équipe est impliquée au quotidien

– Le soutien psychologique est à la portée de tous les soignants – Les professionnels sont sensibilisés aux comportements adaptés

en cas de dépression (fiches Stim-EHPAD)

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Une écoute bienveillante est à la portée de tous les soignants. Mais pour que cette écoute acquiert un caractère plus spécifiquement thérapeutique, il est important que le professionnel soit formé. Lorsqu’un psychologue intervient dans la structure, il peut proposer des entretiens réguliers de soutien psychologique

Prise en charge non pharmacologique (3) Soutien psychologique (1)

• Comportements à privilégier au quotidien – Reconnaître l’existence de la tristesse de la personne – Adopter une attitude bienveillante – Privilégier l’autonomie dans les actes de la vie quotidienne – Valoriser la participation aux actes de la vie quotidienne, aux

ateliers, activités • Connaître la personnalité antérieure de la personne (histoire, intérêts

présents et passés) • Tenir compte de ses centres d’intérêt et de son humeur dans la prise

en charge et lors de la présentation des activités de la journée – Mettre en avant les aspects positifs d’une situation

• Ne pas entretenir ses idées noires et ruminations • Discuter avec la personne des visites qu’elle a reçues

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Prise en charge non pharmacologique (4) Soutien psychologique (2)

• Comportements à éviter au quotidien – Ne jamais forcer la personne à accomplir un geste ou à participer

à une activité • Ne pas solliciter de façon incessante • Ne pas aller trop vite, ni faire ou proposer plusieurs choses à la fois

– Ne pas faire la morale à la personne, ne pas lui faire de remarques humiliantes ni du chantage

• Pas d’abus de pouvoir, de réprimande, de ton autoritaire • Pas d’infantilisation

– Ne pas laisser la personne seule dans sa chambre, dans l’obscurité • Ne pas laisser la personne s’ennuyer

– Ne pas tout faire à sa place – Ne pas tenir des discussions anxiogènes – Ne pas parler de façon monocorde

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Prise en charge non pharmacologique (5) Soutien psychologique (3)

• L’âge n’est pas une contre-indication aux psychothérapies ! • Leur mise en œuvre nécessite un thérapeute formé à ces

techniques et à la prise en soins des personnes âgées • Divers types de psychothérapies peuvent être proposés

– La thérapie de soutien • Pas de remise en cause du fonctionnement psychique de la personne

mais offre d’un soutien, d’une écoute – Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

• Basées sur la compréhension des relations entre les situations décrites par le patient, les émotions, les cognitions et les comportements qui en découlent

– Les techniques de psychothérapie centrées sur le corps • Réinvestissement du corps comme objet de plaisir, de relation

– Les psychothérapies d’inspiration analytique – Les thérapies familiales

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Prise en charge non pharmacologique (6) Psychothérapies

• Une évaluation au minimum hebdomadaire de l’efficacité de la prise en charge est prévue au début

• Des réévaluations de suivi sont planifiées

• Le patient et l’entourage ont été informés des modalités de suivi et ont été motivés pour ce suivi

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Prise en soins Suivi

• En EHPAD, trois cibles de prévention de la dépression sont envisageables – Favoriser le bien-être des résidents (bientraitance, estime de soi,

autonomie) – Aider les personnels à mieux appréhender les questions liées à

la fin de vie, la mort – Organiser pour mieux accompagner

• Une ressource nécessaire : les recommandations de l’ANESM* sur la qualité de vie en EHPAD Volet 1- De l’accueil de la personne à son accompagnement Volet 2 - Organisation du cadre de vie et de la vie quotidienne Volet 3 - La vie sociale des résidents Volet 4 - L’accompagnement personnalisé de la santé du résident

49 *Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux

Prévention (1)

• Favoriser le bien-être des résidents – Préparer les personnes à leur entrée en EHPAD (bientraitance,

estime de soi, autonomie) • S'assurer du consentement de la personne • Proposer un accueil progressif (visites préalables, participation au

déjeuner, activités, accueil de jour, accueil temporaire, etc.) • Repérer précocement les facteurs de risque de dépression, voire les

signes naissants ou déjà installés

– Valoriser les capacités : un objectif du projet de vie individualisé • Aider la personne dans sa confrontation avec la perte d’autonomie • Valoriser ce dont elle est capable et favoriser une bonne image

d’elle-même

– Garantir une prise en charge de qualité des pathologies chroniques et soulager la douleur

• Les maladies chroniques et la douleur sont des facteurs de risque de dépression 50

Prévention (2)

• Aider les personnels à mieux appréhender les questions liées à la fin de vie, la mort Certaines personnes expriment leur besoin de parler de leur mort prochaine, de partager leur approche spirituelle, voire religieuse. Les professionnels doivent pouvoir les entendre, les écouter, et les aider ou leur proposer une aide. – Sensibiliser, former les personnels au repérage des signes de

dépression et au risque suicidaire chez la personne âgée – Prévoir un espace et des temps d'échange sur la vieillesse, la fin

de vie, la mort, le suicide, la spiritualité – Prévoir des temps de réflexion pluridisciplinaire en cas de

situation difficile

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Prévention (3)

• Organiser pour mieux accompagner : des points clés (1) Il s’agit d’optimiser la qualité de vie des résidents en questionnant régulièrement l’organisation de l’établissement, dont les dysfonctionnements sont des sources de mal-être et donc des facteurs de risque de dépression

– Favoriser le soin relationnel • Former les professionnels au soin relationnel, à la bientraitance

(diverses techniques de soins sont possibles) • Accorder au soignant le temps d’entrer en relation avec l’autre, au

quotidien • Offrir une relative souplesse dans l’organisation afin de s’adapter au

mieux au rythme de chacun

– Proposer un environnement à la fois étayant et convivial • Il tend à allier certaines incapacités • Il offre des lieux partagés et des lieux privatifs où chacun peut se

sentir chez soi • Il est ouvert sur l’extérieur (jardin, terrasse, etc.)

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Prévention (4)

• Organiser pour mieux accompagner : des points clés (2) – Proposer des animations et des projets d’ouverture sur

l’extérieur • Animations variées et adaptées • Participation encouragée mais jamais contrainte • Ouverture sur la vie de la cité (activités intergénérationnelles,

activités culturelles, etc.)

– Soutenir le maintien des liens familiaux • Soutien socio-psychologique, participation des proches à la vie dans

l’institution

– Faire du repas un moment de plaisir • Horaire adaptable, durée suffisante des repas, respect des goûts des

personnes, aides humaines et/ou matérielles, participation des résidents à la préparation du couvert, convivialité, etc.

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Prévention (5)

• Organiser pour mieux accompagner : des points clés (3) – Considérer la toilette comme un moment privilégié de la relation

entre la personne et le soignant • Comment respecter au mieux la pudeur, l’intimité de la personne ? • Un rythme quotidien est-il vraiment nécessaire ? • À quel moment de la journée la personne préfère-t-elle faire sa

toilette ? • Est-il nécessaire de la réveiller pour la toilette si elle dort ? • Comment préfère-t-elle faire sa toilette ? • Une toilette complète est-elle nécessaire chaque jour ? etc.

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Prévention (6)

• La dépression et ses conséquences graves chez les personnes âgées sont l’affaire de tous, à tous les niveaux de la prise en charge, tant dans le repérage précoce des signes, que dans la prise en soins et la prévention

• Si les médicaments sont indiqués, ils ne résument pas la prise en charge. Ce sont l’attention bienveillante et le soutien quotidien, sous toutes ses formes, apportés à ces personnes par un personnel formé qui font le socle de leur efficacité

• L’organisation au sein de l’établissement cible le bien-être de tous, résidents et professionnels

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Conclusion