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Gériatrie et Principales déficiences
Dr Toussaint G. KPADONOU
Pr de Médecine Physique-Réadaptation
UAC/FSS / Bénin
Formation OADCPH, Lomé les 18,19,20
Objectifs
1/ Expliquer les concepts de vieillissement pathologique, de
polypathologie et de vulnérabilité en gériatrie,
2/ Décrire les particularités sémiologiques, physiques et
psychiques de la personne âgée malade.
3/Indiquer les principales pathologies menaçant la personne âgée
4/Définir le raisonnement thérapeutique en gériatrie et citer les
principales règles générales de prescription chez le sujet âgé.
1.Personne âgée malade
1.1. Limite très étroite entre vieillissement physiologique et
pathologique
Hétérogénéité du vieillissement
Chaque personne âgée «vieillit» à son rythme
En général, diminution des capacités fonctionnelles et de la RÉSERVE
FONCTIONNELLE
Cette baisse de réserve représente toute la VULNÉRABILITÉ des sujets âgés
Tant qu'aucune maladie n'est surajoutée, pas d'insuffisance au sens strict
1.Personne âgée malade
1.1.Limite très étroite entre vieillissement physiologique et pathologique
Maladies chroniques
Augmentation de leur fréquence avec l'âge
Souvent associées les unes aux autres, d'où le concept de POLYPATHOLOGIE
lorsqu'elles surviennent, le VIEILLISSEMENT devient PATHOLOGIQUE
Affections aiguës
Sont responsables des insuffisances et accélèrent le déclin du patient âge
Se greffent à un état de base soit physiologique, soit déjà rendu pathologique par une ou plusieurs maladies chroniques
Phénomènes de DÉCOMPENSATIONS D'ORGANES EN CASCADES
1.Personne âgée malade
1.2.Particularités cliniques du sujet âgé malade
Sémiologie :
souvent FRUSTE : peu ou pas de douleur
fièvre modérée, voire hypothermie
simple défense et rarement contracture
confusion au premier plan, masquant les autres signes...
polypathologie compliquant l'interprétation des symptômes (intriqués)
signes généraux parfois ASPÉCIFIQUES
signes biologiques parfois absents, modérés ou retardés
1.Personne âgée malade
1.2.Particularités cliniques du sujet âgée malade
Examen physique
À adapter aux éventuels déficits neurosensoriels et aux diminutions de temps
de réaction de certains patients.
Dimension psychologique
la mort proche en toile de fond... : parfois angoissante ou source de
dépression
conséquences parfois redoutables sur le plan psychologique d'une affection
apparemment banale, avec régression psychomotrice, dépendance ou même
grabatisation
1.Personne âgée malade
1.3. Une démarche diagnostique et thérapeutique sans cesse
remise en question
Ne pas sous-traiter les patients âgés peu fragiles ou peu vulnérables : pour
ceux-là, les raisonnements des patients jeunes restent valables.
Rester extrêmement rigoureux dans la démarche diagnostique et thérapeutique
pour ne pas négliger les différentes pathologies intriquées du patient.
Chez des patients plus fragiles, discuter l'intérêt de certaines investigations ne
débouchant pas sur une proposition thérapeutique nouvelle.
Avoir toujours le souci d'une démarche de PRÉVENTION primaire ou secondaire.
1.3.Une démarche diagnostique et thérapeutique sans cesse remise en question
Prescrire les molécules nécessaires, en respectant leurs précautions d'emploi et les associations médicamenteuses, et bannir tout traitement superflu.
Ne pécher ni par excès (SUR-TRAITEMENT ou overuse) ni par défaut (SOUS-TRAITEMENT ou underuse).
Rester toujours GLOBAL ET MULTIDISCIPLINAIRE :
Evaluation sociale et de l'entourage
Introduction de rééducateurs
Evaluation nutritionnelle
Evaluation psychologique...
1.Personne âgée malade
Fonction
Moyens: Techniques par contraintes
induites
2. Principales pathologies gériatriques
2.1. Déficit neurosensoriel
2.2.Troubles confusionnels de la personne âgée
2.3. Syndrome dépressif
2.4.Syndrome démentiel
2.5.Troubles de la marche et de l’équilibre et chutes
2.6. Autonomie et dépendance
2.7. Syndrome d’immobilité
2.8. Syndrome de régression psychomotrice
2.1. Déficit neurosensoriel
Altération de vision: divers types de perturbations
Altération de l’ouie : presbyacousie, surdité
Altération du goût: Hypo agueusie, agueusie….
Altération de l’odorat: baisse de la capacité de discrimination
2.2.Syndrome confusionnel chez le sujet âgé
Définition
État confusionnel = delirium : état de faillite temporaire et réversible du fonctionnement cérébral. Il s'agit d'un syndrome aspécifique de l'âge, mais dont la fréquence augmente avec l'âge.
Signes cliniques
INSTALLATION RAPIDE (brutale ou subaiguë)
Troubles de la VIGILANCE : Apathie,Hypersomnie,coma…
FLUCTUATIONS (alternance de phases stuporeuses, d'agitation psychomotrice ou de phases de lucidité)
INVERSION du cycle NYCTHÉMÉRAL
Troubles de l'humeur : ANXIÉTÉ, PERPLEXITÉ troubles du LANGAGE, fuite des idées hallucinations fréquentes (en particulier visuelles)
2.3.Syndrome dépressif du sujet âgé
2.3.1. Diagnostic et spécificités du sujet âgé
Mêmes critères diagnostiques que chez l'adulte jeune (DSM IV), pour mémoire :
Critères spécifiques : humeur dépressive, perte d'intérêt ou de plaisir pour les
activités, sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée,
idées suicidaires récurrentes
Critères non spécifiques : troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie),
agitation ou ralentissement psychomoteur, troubles de l'appétit (augmenté ou
diminué avec perte ou gain de poids), difficulté de concentration, fatigue ou perte
d'énergie
Pour affirmer le diagnostic de dépression, la présence d'au moins cinq critères est
nécessaire dont au moins deux dans les critères spécifiques
2.3.Syndrome dépressif du sujet âgé
2.3.2. Spécificités du sujet âgé :
troubles de l'humeur proprement dits rarement au premier plan
SOMATISATION fréquente, retardant très souvent le diagnostic et la prise en
charge adaptée
idées délirantes ou hallucinations souvent associées, mais pas nécessairement
envahissantes
formes MÉLANCOLIQUES plus fréquentes chez le patient âgé
passage à l'acte SUICIDAIRE fréquent chez le sujet âgé, parfois lié à un raptus
anxieux ou à l'intrication de la dépression avec un vécu délirant. La conduite
suicidaire peut se traduire par un repli sur soi complet du patient
2.4.Syndrome démentiel
Les syndromes démentiels sont des maladies graves, évolutives, engageant
le pronostic vital.
Il importe de comprendre les retentissements somatique, fonctionnel et
psychique de la maladie, tous responsables de la perte d'autonomie.
À la phase précoce, diagnostic différentiel avec un syndrome dépressif.
La prise en charge doit être la plus précoce possible, pluridisciplinaire et
globale, sans oublier le rôle et soutien des proches.
2.4.Syndrome démentiel
Cliniquement
Début insidieux, progressif, CHRONIQUE.
Association des signes cliniques suivants :
Troubles de la MÉMOIRE
Au moins une atteinte COGNITIVE : aphasie, apraxie , agnosie
Altération des fonctions exécutives (capacité à planifier, hiérarchiser, organiser les tâches)
DÉSORIENTATION temporospatiale : fréquente mais non nécessaire pour affirmer le diagnostic
Atteintes à l'origine d'un déclin significatif par rapport à l'état antérieur (par altération du fonctionnement social ou professionnel).
Éliminer une cause neurologique, infectieuse, métabolique ou psychiatrique.
Troubles du COMPORTEMENT de type agitation ou agressivité très fréquents mais non nécessaires pour affirmer le diagnostic
2.4.Syndrome démentiel
Formes cliniques
Maladie d'Alzheimer
60 % des causes de démence en Europe
étiologie dégénérative se traduisant par une diminution de neuromédiateurs
comme l'acétylcholine dans le cortex
Evolution lentement progressive, profil d’atteinte corticale aux tests
psychométriques
Démences vasculaires ( suite à un AVC ou traumatisme crânien avec lésions
intracérébrales)
Démences frontotemporales (10% des démences, proche d’Azheimer
Démences sous corticales( (démence à corps de Lewy, au cours de Parkinson)
2.5.Troubles de la marche et de l’équilibre et
chutes
Pronostics vital et fonctionnel engagés, tant par les conséquences traumatiques et
physiques immédiates, que par les conséquences psychomotrices de la chute.
Comprendre le mécanisme étiologique de la chute pour mettre en place une
prévention secondaire (facteurs intrinsèques ou extrinsèques décompensant un état de fragilité sous-jacente
Dépister les facteurs favorisants et les facteurs précipitants.
Traiter en urgence les conséquences immédiates
Ne pas oublier les conséquences secondaires (décompensations d’organes en cascades).
Prise en charge globale et pluridisciplinaire pour éviter la récidive.
Dépister et prendre en charge les conséquences psychomotrices (régression psychomotrice ou syndrome post-chute).
2.5.Troubles de la marche et de l’équilibre et chutes
Evaluation des troubles par :
Test de TINETTI
Le test ou score de Tinetti est un moyen simple, reproductible,
Permet d’évaluer le risque de chute chez le sujet âgé.
La durée de passation est d’environ 5 minutes.
Get up and go test
Equilibre assis droit sur une chaise à dossier Transfert assis-debout
Equilibre debout Marche 3 m
Demi tour Tour de chaise
Transfer debout- assis
Durée d’exécution> 30 s avec statut de dépendance
Durée d’exécution < 20 s associé à un statut de d’indépendance
2.5.Troubles de la marche et de l’équilibre et chutes
Prise en charge thérapeutique IL S'AGIT D'UNE PRISE EN CHARGE GLOBALE ET MULTID1SCIPLINAIRE.
Traitement des CONSÉQUENCES IMMÉDIATES
Évaluation GLOBALE MÉDICO-SOCIALE :
autonomie : mise en place d'aides (assistant social)
adaptation du logement (ergothérapeute ++) télé-alarme
Traitement des FACTEURS DE RISQUE : PRÉVENTION SECONDAIRE.
Traitement des FACTEURS PRÉCIPITANTS INTRINSÈQUES ET EXTRINSÈQUES.
Traitement FONCTIONNEL (kinésithérapeute)
Verticalisation précoce dans un climat de confiance et de bienveillance
RÉÉDUCATION précoce
Aides techniques
2.5.Troubles de la marche et de l’équilibre et chutes
chaussures à semelles larges avec talons discrètement surélevés
canne anglaise, canne tripode ou déambulateur
enseigner au patient comment se RELEVER DU SOL pour limiter les
conséquences d'une récidive de chute :
regrouper les genoux sous l'abdomen pour relever le tronc, au besoin après
mouvements de reptation afin de s'approcher
s'accrocher à un point d'appui stable
Évaluation du RISQUE DE RÉCIDIVE.
PSYCHOTHÉRAPIE DE SOUTIEN +++ : faire narrer cette aventure par le patient
de nombreuses fois (psychologue et/ou psychomotricien
2.6.Autonomie et dépendance chez le sujet âgé
Évaluation de la dépendance physique et psychocognitive
Orientation du patient vers le domicile ou une institution.
Recours aux aides matérielles et financières.
Évaluation du niveau d'autonomie et de dépendance
Dans toute évaluation d'un patient âgé, il est fondamental de tenir
compte de son degré d'autonomie ou au contraire de dépendance.
Le mode d'évaluation le plus objectif et le plus reproductible est le
recours à des échelles, dont certaines sont à connaître : GRILLE
AGGIR ET ÉCHELLES DE KATZ ET LAWTON.
2.6.Autonomie et dépendance chez le sujet âgé
Grille AGGIR (autonomie gérontologique - groupes iso-ressources) :
définit six groupes dits «GlR : groupes iso-ressources», auxquels les patients ainsi
évalués peuvent être rattachés. Le groupe 6 correspond à un niveau d'autonomie
parfait et les groupes 5, 4, 3, 2 et 1 à des patients de plus en plus dépendants,
jusqu' à un état grabataire
échelle française de référence pour l'attribution de toute allocation ou pour la
constitution de tout dossier d'aide matérielle, humaine ou d'entrée en institution
permet aux autorités de tutelle d'allouer les budgets de chaque établissement
d'hébergement, en fonction de la charge en soins qui en découle
chacun des items suivants est coté par A, B ou C selon que le patient réalise l'acte
concerné «spontanément, totalement, correctement et habituellement» (A), de
manière « ni spontanée, ni totale, ni correcte, ni habituelle» (C) ou entre les
deux
2.6.Autonomie et dépendance chez le sujet âgé
Items
cohérence
orientation
toilette (haut et bas)
habillage (haut, moyen et bas)
alimentation (se servir et manger)
élimination (urinaire et fécale)
transferts
2.7.Syndrome d’immobilité
L’immobilité survient très fréquemment à la réduction
d’activité (subie ou réduite)
Une fois la cause d’immobilité établie et éventuellement
traitée , la démarche la plus importance est de:
Rechercher les conséquence de cette réduction d’activité
Les prendre en charge avec la mise en place d’un traitement
curatif et surtout préventif primaire et secondaire
2.7.Syndrome d’immobilité
Causes d’immobilité
Causes somatiques nécessitant impérativement l’alitement: (Fract du
bassin , du col fémoral, thrombose veineuse profonde, troubles de la
vigilance ( coma), hémiplégie , décompensation de cardiopathie…)
Cause iatrogènes (Perfusions, contentions)
A domicile ; ( maintien au lit pour anxiété des aidants ou manque d’aide)
2.7.Syndrome d’immobilité
Conséquences: Complications de décubitus ( cutanées, cardiovasculaires,
respiratoires, digestives , urinaires, musculosquelettiques, nerveuses,
infectieuses, désadaptation physique cardiovasculaire et psychomotrice)
Mesures préventives: Prévention primaire= lutte contre l’immobilisation,
prévention thromboembolique et hémodynamique, apports hydro
électrolytiques, lutte contre la constipation et la rétention urinaire, lutte
contre les escarres, lutte contre les attitudes vicieuses
Conclusion
Le troisième âge est un âge difficile car il marque le déclin des acquis de
l’homme
L’homme se sent dépouillé de tous ces atouts , impuissant à réagir
Le besoin d’accompagnement est très profond et insatiable et permanent
L’isolement est un grand mal qui peut emporter à tout moment toute personne
abandonné
Sachant accompagner, communiquer avec les personnes de 3è âge pour leur
donner l’envie de vivre, de continuer à vivre