LA DEMOCRATIE CHEZ NIETZSCHE

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MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE UNIVERSITE DE TOLIARA ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE PHILOSOPHIE TOLIARA _______________________ LA DEMOCRATIE CHEZ NIETZSCHE Mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’Ecole Normale Supérieure (CAPEN) Présenté par RETOVA Edmond Rostant Sous la direction de : Monsieur SAMBO Clément Professeur à l’Ecole Normale Supérieur de TOLIARA 20 Novembre 2008 Année universitaire 2007-2008

Transcript of LA DEMOCRATIE CHEZ NIETZSCHE

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE

UNIVERSITE DE TOLIARA

ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE PHILOSOPHIE TOLIARA

_______________________

LA DEMOCRATIE CHEZ NIETZSCHE

Mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du

Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’Ecole Normale Supérieure (CAPEN)

Présenté par RETOVA Edmond Rostant

Sous la direction de : Monsieur SAMBO Clément

Professeur à l’Ecole Normale Supérieur de TOLIARA

20 Novembre 2008

Année universitaire 2007-2008

LA DEMOCRATIE CHEZ NIETZSCHE

- 1 -

REMERCIEMENTS

Nous tenons à adresser nos vifs remerciements à l’endroit de ceux qui, de

loin ou de près, ont contribué à la réalisation du présent mémoire intitulé LA

DEMOCRATIE CHEZ NIETZSCHE.

Nous adressons nos remerciements les plus sincères à la Direction de

l’Ecole Normale Supérieure de Philosophie de Toliara pour nous avoir donné la

chance de suivre notre formation,

Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à tous les encadreurs,

car ils ont tous contribué à mener à terme notre formation.

Enfin, nos remerciements s’adressent particulièrement à notre encadreur,

Monsieur le Professeur SAMBO Clément, qui a sacrifié son temps pour nous

assister et nous guider tout au long du travail. C’est surtout grâce à ces précieux

conseils que cet écrit de recherche a pu être réalisé.

- 2 -

INTRODUCTION

Dans l’histoire, nous avons constaté que le monde a évolué sans cesse.

Tout naît, tout passe, tout mûrit et tout dégénère. Ainsi, tout ce qui naît est soumis

à la corruption. Donc rien n’est stable sur terre. Pour cela, on pourrait affirmer que

le devenir est un (fait) phénomène inévitable du monde sensible. Mais cela se fait

dans le temps qui est la loi du changement. De même au niveau du régime

politique, il y a une logique interne qui gouverne sa marche. On passe de l’un à

l’autre selon cette logique. De plus, par le fait de l’analyse de l’histoire, on a

remarqué que l’organisation politique de la société a commencé par une

conscience commune ou croyance commune qui est acceptée et respectée par

tous les membres. Mais petit à petit, le titulaire du pouvoir sacré fait un abus. Il

étend et délimite la frontière de son pouvoir.

Or, « l’homme est un loup pour l’homme » comme l’a écrit Hobbes ; Les

hommes s’entretuèrent. Par conséquent, le fort d’aujourd’hui, peut-être, n’est plus

le fort plus tard. Cela pour confirmer que l’homme n’admet plus de rester

longtemps à l’état de souffrance et de domination. Cela est la raison d’être de la

guerre qui s’installait partout avant l’époque féodale. A cet effet, les vainqueurs

sont devenu titulaires du pouvoir et propriétaires de la richesse, et les vaincus sont

soumis à l’asservissement. C’est l’Etat d’esclavage. Les temps passent, le monde

est peuplé, le vœu de la liberté se fond petit à petit à l’intérieur des souffrants, le

monde ne supporte plus la tyrannie et le souhait de l’égalité pousse dans la

conscience de chacun. Cela déclenche le mouvement populaire. Ainsi, à la suite

du succès de ce mouvement, le pouvoir de la majorité arrive. Ce régime est

appelé « démocratie ».

Tout cela est matérialisé par les régimes politiques de l’Athènes antique.

Cécrops était son premier roi mythique du VIIIe siècle avant Jésus Christ. Cela se

termine à la fin de ce siècle et est remplacé par l’aristocratie et l’oligarchie, au

début du VIIe siècle (662-561 av. J.C). A cette époque les eupatrides (membres

des classes nobles) sont propriétaires de la terre et demandent aux paysans les

cinq sixièmes de la récolte. Mais à cause du mauvais temps, les paysans ne

peuvent plus payer leurs dettes. Finalement ils deviennent esclaves. Jusqu’ici,

- 3 -

l’Etat d’esclavage a commencé par le roi Pisistrate en 561 av. J.C. Ce dirigeant

était tyrannique. Mais ce régime est abrogé en 511-510 avant Jésus Christ et le

dernier tyran Hippias est exilé, parce que la guerre populaire s’organise et

s’éparpille dans toute la ville.

Par conséquent les réformes de Clisthène ont commencé en 507 av-J.C. Il

est parmi les eupatrides, mais il a donné le pouvoir au peuple. Pour cette raison, il

est considéré comme « père de la démocratie. »

Actuellement l’idée de la démocratie s’éparpille partout. Elle atteint le

sommet de sa puissance. Tous se réclament de démocrates. Mais la

manifestation de ce régime est tout à fait différente. Pour cette raison, beaucoup

de philosophes s’intéressent à l’analyse de cette tendance politique.

En effet, ce terme devient populaire. Son fonctionnement est presque

observé au sein de la société humaine, de l’organisme public ou privé, de

l’association, de ‘l’entreprise, de la famille etc.

A cet effet, tant qu’elle est pouvoir de la majorité, il est indiscutable que la

démocratie soit le plus proche du vœu de la classe défavorisée : les ouvrières, la

masse paysanne, les opprimés, les esclaves… Sa mission est de faire sortir le

petit dans son statut social et de faire régner l’égalité de tous. Pour cela,

Nietzsche la déteste car elle favorise l’arrivée des médiocres au pouvoir. De plus

ce philosophe pense que ce régime adopte la coalition des intérêts bas et favorise

l’universalisation de la pensée comme l’a fait le christianisme.

Donc, il nous semble nécessaire d’analyser ce problème en centrant notre

étude sur l’approche historique de la démocratie, sur l’approche comparative entre

des grands penseurs politiques et sur l’analyse profonde des ouvrages de

Nietzsche, et en particulier, Ainsi parlait Zarathoustra.

Pour cela, nous avons donc intitulé notre étude : LA DEMOCRATIE CHEZ

NIETZSCHE.

- 4 -

Friedrich Wilhem NITZSCHE est né le 13 Octobre 1884, près de Leipzig.

Son père, pasteur, mourut quand il avait 5ans seulement.

Cette situation l’a obligé à vivre avec sa mère, sa sœur Elisabeth et ses

deux tantes. Il a fait des études de philologie classique à Bonn, puis à Leipzig.

Après il est nommé, sans thèse, professeur à l’université de Bâle où il enseigne de

1869 à 1879. Mais à cause de sa santé fragile il est mort en 1900.

Sa philosophie gravite autour de l’unique ambition : soutenir la cause de la

vie sous toutes ses formes, contre « tout ce qui veut mourir à nous », tout ce qui a

pour but de tuer le vouloir, de diminuer nos énergies créatrices. Il refuse tout

système et tout dogme. Il soutient jusqu’au bout la liberté totale de l’esprit. Par

conséquent il a critiqué les valeurs traditionnelles, la valeur religieuse, la valeur

politique et notamment la démocratie qu’il considère comme pouvoir du pauvre et

cela fait manifester les caractères féminines de l’homme.

D’où, il apparaît intéressant de bien analyser le terme démocratie en

général et puis la démocratie, selon Nietzsche en posant des questions :

Qu’est ce que la démocratie ? Comment se manifeste-t-elle dans l’histoire ?

Semble-t-elle propice à la vie humaine ? Pourquoi existe-elle de divergence

d’idées sur sa pratique ? Pourquoi Nietzsche apporte sa critique radicale ? Quel

régime et quel type de société est-t-il convenable ? La démocratie semble-t-elle

viable à Madagascar ? Comment pourrons nous la pérenniser ?

D’après ce que nous avons constaté jusqu’ici, la démocratie fait participer la

majorité à la prise de décision aux affaires de l’Etat et la liberté et l’égalité sont le

noyau de la démocratie. Pour cela nous allons prendre comme hypothèse :

La démocratie est un pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Mais elle succède toujours à la tyrannie et à la dictature par le fait du mouvement

populaire revendiquant la liberté et la souveraineté.

Elle est propice, s’il y a le critère international qui détermine la vraie

démocratie. Cela devrait être jugé sans partialité.

- 5 -

Aux yeux de Nietzsche la démocratie est un pouvoir de la majorité que

constituent essentiellement les opprimés, les races d’esclaves. De plus elle

favorise l’arrivée des médiocres, des débiles au pouvoir. Elle est le pouvoir du

pauvre et accorde les caractères féminins de l’homme. Ainsi elle semble mépriser

la vie et la valeur aristocratique qui permet à l’homme de vivre avec soi-même.

Enfin, la démocratie semble être souhaitée à Madagascar, mais cela nous

oblige à appliquer quelques améliorations sur le plan pratique et sur le plan de la

mentalité.

Le présent écrit de recherche traitera donc dans sa première partie

l’historique de la démocratie. Nous présenterons ensuite, la conception du peuple

et le projet de société chez Nietzsche. La troisième partie se rapportera à l’étude

comparative de la démocratie et aux suggestions en prenant le cas de

Madagascar.

- 6 -

PREMIERE PARTIE :

HISTORIQUE DE LA DEMOCRATIE

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I.1 DEFINITIONS

Il est difficile de préciser la définition exacte de la démocratie. Cela entraîne

la polysémie de ce terme car il n’existe pas de critère officiel, internationalement

reconnu, pour indiquer ce qu’est une démocratie ou ce qu’elle n’est pas. En effet

chacun se considère comme démocrate. Exemple, avant 1989 les pays du bloc de

l’Est se disaient démocrates populaires ; la Chine se dit démocratique ; les

régimes européens qui pratiquaient la colonisation, se considéraient comme des

démocrates ; de même que les Etats-Unis qui pratiquaient l’esclavage, puis la

ségrégation1. De plus ce terme devient une langue courante. Tout le monde en

parle : le cancre, le fou et le savant.

Ainsi, pour faire converger vers un point les visions, il est nécessaire

d’analyser le sens de ce mot par son origine et son évolution dans le temps et

dans l’éspace.

I.1.1 Sens étymologique

Par l’analyse, la conception actuelle de la démocratie prend ses racines

principales dans les réformes engagées autour de la cité d’Athènes, dans la Grèce

antique, aux environs du VIe siècle avant Jésus-Christ. Pour cela, il est intéressant

de rappeler ici le sens de la démocratie selon les Grecs à cette époque.

Le terme démocratie vient de deux mots grecs à savoir : « dêmos » qui

signifie « peuple » et « kratos »2 qui veut dire « pouvoir » ou « autorité ». Ainsi, la

démocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est contrôlé par le

peuple, sans qu’il y ait distinction due à la naissance, à la richesse et à la

compétence. Elle est principe de souveraineté dans la mesure où le peuple

participe activement, et elle est principe de l’égalité car la distinction est effacée.

Ici, le peuple est à la fois sujet et objet du pouvoir, émetteur et destinataire,

acteur et spectateur.

1 Démocratie-wikipedia du 31/08/2008 à 22:03 wikipedia.org/wike/pens%c3%A9e-

d%c3%A9mocratie 2 Frolov, Dictionnaire philosophique, art. « Démocratie ».

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Cela veut dire qu’il établit la loi, et puis lui obéit comme l’avait formulée

Périclès : « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »3. D’où le

peuple joue un double rôle à savoir gouvernant et gouverné.

Mais le problème se situe dans la pratique. Son contenu a beaucoup évolué

au cour de l’histoire et même aujourd’hui, le sens de la démocratie varie suivant le

pays et le but visé dans le monde.

I.1.2 Evolution du sens de la démocratie

Les démocraties sont le fruit d’une évolution ancienne. Elles sont étalées

entre le XVIIe et le XIXe siècle. Cette période est marquée par les révolutions

anglaise, américaine et française. Encore, cette démocratie est inachevée au

début du XXe siècle qui est le temps de la démocratie libérale.

Dès son évolution, son sens gravite autour des notions de nombre et de

liberté. Elle se définit aussi comme un corpus de principes philosophiques et

politiques suivant lequel un groupe social donné organise son fonctionnement par

des règles élaborées, décidées, mises en application et surveillées par l’ensemble

des membres de ce groupe. Son slogan est l’égalité de tous. Ainsi elle est

contraire au pouvoir qui est détenu par un seul homme ou par un petit groupe. Elle

s’oppose aussi au système de pouvoir héréditaire ou celui reçu par la force, car

elle s’accorde avec l’alternance et l’élection en acceptant la loi de la majorité.

Comme disait Frolov :

Elle est une forme de pouvoir caractérisée par la proclamation

officielle du principe de la subordination de la minorité à la

majorité, ainsi que par la connaissance de la liberté et de

l’égalité des citoyens.4

Pour cela « la tolérance » est un caractère essentiel pour faire régner la

démocratie. La raison en est simple : le système démocratique, en général, ne 3 Histoire de la démocratie directe, du 09/09/2008 à 08 :10,

http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%A9mocratie. 4 Frolov, op. cit. p. 335.

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regarde pas la nature de l’idée mais rend compte de la force de la majorité. Ainsi

Platon la déteste car elle favorise le cancre pour arriver au pouvoir. A cet effet le

dirigeant fait ce qu’il veut car il n’entend que le bruit du peuple. Or la majorité des

voix du peuple n’est pas réalisable, car cela dépend en grande partie de la

possibilité financière et matérielle de l’Etat. Dans cet Etat, le sentiment précède la

raison.

Ainsi, le peuple prend part aux affaires publiques et il est responsable de la

bonne marche ou non de l’administration comme le disait Périclès :

Notre régime politique […] a pour nom démocratique parce que,

dans l’administration, les choses dépendent non pas du petit

nombre mais de la majorité.5

Cela signifie que l’administration vise à satisfaire tous. Cela nous permet

d’affirmer que la démocratie est un régime, où le peuple est souverain, guidé par

des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même ou par ses représentants.

Pour étendre l’idée de la démocratie, en considérant la mondialisation, elle

est une idée universelle reconnue, et un objectif basé sur des valeurs communes

à tous les hommes, indépendamment des différences culturelles, politiques,

sociales et économiques. Cela peut engendrer la convention, la charte

internationale et l’instauration des droits de l’homme. Ces textes sont établis pour

faire régner la liberté, l’égalité, la transparence et la responsabilité, en respectant

la pluralité des opinions et en cherchant l’intérêt commun.

Par l’analyse de la réalité, le sens de la démocratie ne reste plus un simple

régime mais elle est devenue un système politique, c’est-à-dire une organisation

sociale où le peuple ou un organe élu par lui, détient la souveraineté.

Actuellement le mot démocratie désigne quotidiennement tout pays qui est

reconnu comme appliquant des principes démocratiques dans son fonction-

nement. Exemple les occidentaux comme les Etats-Unis, la France, etc. Elle peut 5 Histoire de la démocratie directe, du 09/09/2008 à 08 :10,

http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%A9mocratie.

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qualifier aussi le fonctionnement de tout corps ou organisation sociale tels que : la

société humaine, l’organisme public ou privé, l’association, l’entreprise, la famille,

etc. Mais la notion de nombre doit être mise en jeu. Son but est de viser l’intérêt

de tous et non pas celui du particulier. Ainsi le gouvernement œuvre dans le sens

de l’intérêt général car le dirigeant est issu du peuple même.

De plus, comme Rosa Luxemburg, par exemple, il considère la démocratie

comme une lutte pour le socialisme. Cette tendance est commencée par le

mouvement populaire qui regroupe la majorité. Ainsi, on ne pourra pas oublier le

socialisme qui est le parti du grand nombre comme l’affirme Rosa :

Renoncer à la lutte pour le socialisme, c’est renoncer en même

temps au mouvement ouvrier et à la démocratie elle-même.6

Jusqu’ici, la démocratie est considérée comme une chose réalisable. Or en

réalité, elle est une ligne d’horizon politique, un idéal vers lequel tendent des

méthodes de gouvernement. Un type de gouvernement supposerait une

information totale et transparente, un niveau d’éducation et/où instruction

homogène dans la population citoyenne. Ainsi, elle est considérée comme un

système politique idéal et parfait. Donc elle a besoin d’hommes parfaits. D’où

aucun système politique n’est complètement démocratique. Tout va vers elle mais

elle n’existe pas vraiment. Pour cette raison Rousseau a dit : « la démocratie

réclame un peuple de dieux ! »7. Cette affirmation nous présente que la

démocratie pure est non réalisable car l’homme n’est jamais parfait. D’où la

démocratie n’est pas nécessairement absolue.

Nous avons observé que l’évolution historique de toute démocratie dépend

directement de la succession des formations économiques et sociales, du

caractère et de l’intensité de la lutte de classes. D’où elle est réservée aux

représentants de la classe dominante. Mais elle peut être directe ou

représentative.

6 « Tourpilles », le recueil de citations, http://www.toupie.org/Citatios/Démocratie.htm 7 Dictionnaire des citations politiques, du 28/04/2008 à 11 :32

http://www.citationspolitiques.com/thème.php3?id-mot=5

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I.2 DIFFERENTS TYPES DE DEMOCRATIE

I.2.1 La démocratie directe

La démocratie directe est un régime dans lequel les citoyens exercent

directement leur pouvoir. Ils s’assemblent et établissent des lois. Ainsi ce régime

serait nettement plus représentatif de l’ensemble des citoyens, par le fait du

suffrage universel. Les gouvernés pèsent directement sur le choix du

gouvernement.

Prenons par exemple le système où l’élection du chef de l’exécutif se fait au

suffrage universel. Cette démocratie est dite aussi participative, car les citoyens

sont associés aux décisions prises par les représentants, de leur élaboration à

leur application. Pour illustrer ce régime, on va prendre des exemples réels dans

l’histoire de la démocratie.

En 507 avant Jésus-Christ, Athènes pratiquait cette démocratie. Clisthène

est considéré comme le père de la démocratie, car il donnait le pouvoir au peuple,

met au pouvoir les démocrates et faisait des réformes très importantes : égalité de

tous les citoyens, pouvoir souverain donné au peuple réuni en Assemblée sur

l’agora qui est un centre de la vie politique. Pour pratiquer cet idéal politique,

Athènes instaurait deux types d’organisations différentes telles que l’organe

préparatoire qui fonctionne pour recueillir les propositions de lois présentées par

les citoyens, puis préparer les projets de lois. Cet organe est comparable à un

sénat et il est appelé « La Boulé ». L’Assemblée des citoyens qui est nommé

« Ecclésia ». Les membres sont tous les citoyens athéniens qui avaient le droit de

prendre la parole et de voter à l’assemblée, où était votée la loi de la cité. Mais il y

avait exclusivités car les femmes, les esclaves et les métèques n’avaient pas le

droit d’y participer.

Malgré l’existence de quelques handicaps, à cette époque, l’égalité était la

règle entre les familles et les clans. Les terres étaient gérées collectivement. Les

pauvres bénéficiaient de l’indemnité journalière ou le sens, qui leur permet

- 12 -

d’assurer leur fonction civique. Dans l’administration athénienne, les juges et les

magistrats sont élus en exerçant leurs fonctions pendant un an.8

Ce processus de vie politique athénienne nous permet d’affirmer que la cité

d’Athènes au VIe siècle avant Jésus-Christ est le témoin historique de la pratique

de la démocratie directe. Athènes est considérée comme mère de la démocratie

directe. Ce type de démocratie était observé après dans certaines villes, à savoir :

- La commune de Paris en 1871 ;

- Les soviets de Russie en 1905 et de 1917 à 1921 ;

- Les conseils ouvriers en Allemagne et en Italie 1918-1920 ;

Etc.

Dans l’histoire de la philosophie, Jean Jacques Rousseau est considérée

comme un philosophe favorable à la démocratie directe. Historiquement, nous

avons constaté que divers moyens sont utilisés pour la pratique de cette

démocratie comme l’initiative populaire, la pétition, le rappel, le référendum, le

plébiscite, les assemblées locales et les assemblées générales et le tirage au sort

des représentants.

L’initiative populaire est une procédure de faire participer le peuple. Elle

permet aux citoyens de proposer des lois qui sont ensuite votées par l’assemblée

des électeurs. Ce mécanisme est développé en Suisse, en Californie. Mais en

suisse, les autorités fédérales peuvent, en outre, proposer un contreprojet et les

électeurs peuvent choisir de voter pour l’un ou l’autre des projets ou « contre » les

deux projets.

La pétition est une manière de responsabiliser le peuple, car ce mécanisme

est utilisé pour s’opposer à une loi ou proposer un amendement de la constitution.

Donc elle est un écrit établi par une ou plusieurs personnes et adressé à une

autorité pour exprimer une opinion, une plainte ou présenter une requête. 8 Démocratie-wikipedia du 31/08/2008 à 22:03 wikipedia.org/wike/pens%c3%A9e-

d%c3%A9mocratie

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Le rappel (ou recall) est une réclamation référendaire pour interrompre le

mandat d’un élu ou d’un fonctionnaire. Cette procédure est pratiquée dans

certains Etats Américains. Exemple le rappel du gouverneur de Californie GRAY

Davis9 en 2003.

La collecte de signature qui est une procédure utilisée pour déclencher le

mécanisme de référendum ou pour faire montrer aux autorités le souhait de la

majorité. Elle est utilisée très souvent par les partis politiques, les groupes de

pression, etc.

Le référendum et le plébiscite qui, en général, sont utilisés pour instaurer ou

réviser une constitution. Ils sont très développés en Europe de l’Ouest au cours de

la seconde moitié du XXe siècle ;

L’assemblée locale et générale sont des manières de consulter le peuple

dans le but de débattre et de prendre des décisions au niveau national. Exemple

la préparation de la constitution de Madagascar en 1992. Cette préparation a

consisté par les assises populaires régionales et nationale.

On a vu que la démocratie directe est marquée par la participation effective

du peuple à la prise de décision, à la vie politique d’un Etat ou de la cité. Il nous

reste à savoir la démocratie représentative.

I.2.2 La démocratie représentative

Le slogan politique la plus répandu, c’est le peuple souverain. Or, en réalité,

il est incapable de se gouverner. Cela signifie que le peuple est un individu avant

d’être citoyen. Il est un individu dans le sens où il ne pense qu’à vivre. Toute sa

réaction dépend généralement de la commande de son corps. En effet, il est un

homme du cœur et non pas de la raison. Sa décision est toujours en relation

étroite avec la satisfaction de ses appétits, de son désir, de son rêve… Ainsi, son

projet de société est « fictif », c’est-à-dire non faisable, tandis que le citoyen est

une forme idéalisée de l’individu qui se caractérise par sa maturité politique, son

9 Histoire de la démocratie directe, http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%A9mocratie_directe,

1er septembre 2008.

- 14 -

absence de préjugés de classe. Il est dénué de l’égoïsme et capable de faire un

choix politique, en fonction de l’intérêt général. Par sa maturité, le citoyen ne vise

que l’efficacité et l’objectivité de la décision prise. Pour cette raison, certains Etats

procèdent à l’instauration du corps des élus qui sont capables de discuter et

d’établir les lois. Ce système est la source de la démocratie représentative, qui est

définie comme un régime politique dans lequel la volonté des citoyens s’exprime

par la médiation de représentants élus. Selon le mode de recrutement, ils sont dits

représentants de la nation, de la région ou du district. Leur fonction est de réaliser

la volonté générale du peuple, d’établir et de voter la loi et de contrôler éventuel-

lement le gouvernement. Exemple le cas de l’Assemblée Nationale à Madagascar.

Malgré l’importance de leur attribution, les élus sont indépendants de leurs

électeurs. Ils sont irrévocables. Néanmoins, leur mandat est limité.

Dans ce régime, le vote est primordial car, il est considéré comme un mode

de désignation et d’investiture dans la fonction. La légitimité ou la légalité est

reconnue par l’élection. Ainsi, l’électorat est une fonction exercée au nom de la

nation.

Comme chez Platon, ce régime est un élément du sensible, donc il est

victime de la corruption. Ce changement de nom dépend des moyens de

conviction utilisés. Par exemple, il est nommé démocratie du public dès que les

médias sont considérés comme moyen d’information. Il est démocratie continue

quand les moyens utilisés sont dominés par les sondages, les médias modernes

et l’instance de contrôle de la constitutionnalité des lois.

La démocratie représentative est basée sur l’existence des intermédiaires

élus par le suffrage universel. Cela est matérialisé par la Révolution Française et

la constitution américaine de 1787. Elles sont principalement basées sur la

représentation et l’élection. En réalité, les élus n’exercent plus vraiment la

souveraineté du peuple. Donc il est nécessaire d’instaurer le régime mixte.

I.2.3 La démocratie semi directe

Elle est un système politique qui tient compte de la pratique des deux

formes de la démocratie expliquées ci-dessus. Les citoyens élisent des

- 15 -

représentants qui se chargent de l’établissement des lois. Mais ils peuvent être

aussi appelés à voter des lois par référendum. Ils ont le droit d’accepter ou de

refuser, cette proposition de lois mises en question. Exemple la constitution

française du 04 octobre 1958, article 3. Cet article nous présente l’existence de

représentants élus et l’intervention directe du peuple. Il est écrit :

La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par

ses représentants ou par voie du référendum10.

Mais il y a deux formes de référendum suivant l’origine, à savoir : le

référendum à l’initiative du pouvoir public et celui à l’initiative populaire, Cela peut

être illustré par des exemples concrets qui sont écrits dans l’histoire de la

démocratie. En suisse, on parle de référendum d’initiative populaire. Il est réalisé

presque mensuellement.

En France, dès la révision de la constitution du 28 mars 2003, l’initiative

populaire est supprimée et remplacée par la pétition, et puis le vote de cette

réforme locale au travers du référendum local. Elle figure dans cette Constitution,

article 72, alinéa 1 :

Il n’est donc pas exclu « que la pétition ait pour objet de

demander l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée

délibérante de la question de l’organisation d’une consultation

des électeurs » sur un sujet précis relevant de la compétence

d’une collectivité territoriale.11

Cela signifie que le système dit démocratique a besoin de l’existence des

intermédiaires qui sont capables de discuter et d’établir des lois. Le cas échéant, il

faut consulter l’avis du peuple car ses représentants ne sont jamais titulaires de la

souveraineté populaire.

10 Histoire de la démocratie directe, http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%A9mocratie_directe,

1er septembre 2008. 11 Ibidem.

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I.3 APPLICATION DE LA DEMOCRATIE

I.3.1 La démocratie militaire

Ce terme est utilisé par un anthropologue américain, appelé Lewis Henry

Morgan, pour qualifier une forme d’organisation militaire de la société. Cette

organisation militaire de la société est composée de régime de la communauté

primitive et de la formation de l’Etat. Elle existe, chez les Grecs aux XII-IV siècle

avant Jésus-Christ.

Comme son nom l’indique, ce régime a suivi la loi militaire. Là, les chefs,

les généraux sont les personnages qualifies, dominants, respectables et

autoritaires. Les peuples sont considérés comme les subordonnés, obéissant et

un moyen de production. Enfin les personnages mythiques sont considérés

comme la tête de cette société. Ce système politique est marqué par les règles de

jeu suivantes :

- d’abord, il y a la règle de commandement d’une manière descendante.

Les autorités donnent des ordres aux subordonnés qui leur obéissent ;

- ensuite, le respect est une attitude primordiale pour faire régner le pouvoir

autoritaire dans ce régime. Ce respect suit une démarche ascendante car le

peuple dit toujours « oui mon général » ou « oui mon chef » ;

- enfin, les guerres sont les moyens qui existent en permanence pour

défendre et stabiliser le pouvoir. Donc dès lors, elles sont devenues un métier

permanent qui procure le butin et les esclaves.

Tant que ce régime est détenu par le fort, il est devenu héréditaire comme

écrit Frolov :

La démocratie militaire est caractérisée par la centralisation

accrue du pouvoir entre les mains des chefs, des généraux et

des prêtres et elle devient progressivement une institution

- 17 -

héréditaire.12

Mais ce régime autoritaire débute par la croyance à une force invisible et

mythiquement acceptée par le peuple. Exemple : Dieu et dieux et les autres forces

mythiques. Mais les dirigeants profitent de cela pour dominer leur peuple. Par

conséquent leur pouvoir devient autoritaire et héréditaire comme l’affirmait Frolov :

De telle sorte des institutions de la société primitive, d’abord

instrument de la volonté populaire, deviennent des organi-

sations autonomes de domination et d’oppression envers leur

propre peuple13

Cette idée est matérialisée par un texte qui résume une histoire des

régimes politiques d’Athènes antique.

La royauté héréditaire commence avec Cecrops, premier roi mythiques d’Athènes, au corps de serpent, né de la terre. C’est sous Son régime qu’est lieu, dit la légende, la dispute d’Athéna pour savoir qui donnerait son nom a la ville.

Un autre roi légendaire d’Athènes fut thésée. On lui attribue le Synoecisme, (c’est-a-dire l’amalgame) des bourgades de l’Attique en un seul Etat, avec Athènes comme Capitale. A l’époque mycénienne, un palais fut construit sur l’Acropole, fortifié par un mur au XIIIe siècle av. J.C14

D’après ce texte, le pouvoir du roi débute par la volonté populaire. Car il

vient de la croyance, aux personnages mythiquement forts. Cette croyance

commence, fortifie et stabilise ce pouvoir. Mais par la suite, le dirigeant profite de

cet attachement du peuple à créer ou recréer son pouvoir autoritaire. Ce dernier a

engendré un régime héréditaire. Dès lors, on peut dire que la démocratie est

militaire car- ce régime débute par la volonté de la masse, mais elle devient un

régime militaire parce que le peuple n’exerce que la fonction d’obéissance. Ainsi,

les dirigeants deviennent propriétaires de la richesse et le peuple est considéré 12 Frolov, loc. Cit., p.336. 13 Frolov, ibidem 14 Naissance de la démocratie – Historique, http : // françoisib-chez-alice-

fr/agora/ag1.stor.htm

- 18 -

comme exploitant et moyen de production. Cela nous autorise à traiter ensuite de

la démocratie bourgeoise.

I.3.2 Démocratie bourgeoise et Démocratie socialiste

I.3.2.1 La démocratie bourgeoise

Pour mieux cerner ce régime, nous allons essayer de comprendre le sens

du mot : « bourgeois ».Ce mot est défini comme une personne appartenant a la

bourgeoisie. Les bourgeois n’exercent pas un travail manuel, ils sont les titulaires

de toute la richesse et leurs revenus sont relativement élevés et réguliers.

Selon le marxisme, la bourgeoisie est une classe sociale détentrice des

moyens de production et d’échanges dans le régime capitaliste. Elle est l’opposée

du prolétariat.

Ici, on parle de démocratie bourgeoise car cette classe est dominante et

pratique la dictature. Ce régime est comparable au régime féodal car les masses

paysannes sont comparables aussi aux esclaves. Ainsi ce régime accorde

l’exploitation de l’homme. Mais pour cacher sa dictature, le bourgeois utilise la

démocratie comme moyen de domination politique. Comme tout système

démocratique, ce régime a sa constitution. Il accorde le pouvoir représentatif

comme le parlement et les autres institutions représentatifs. Enfin, il réclame et

reconnaît officiellement la liberté politique et le mode de scrutin du suffrage

universel comme droit des masses. Mais en réalité, toute l’administration de la

société bourgeoise n’accepte pas l’activité politique des masses, et fait écarter les

travailleurs de la vie politique. Donc la possibilité politique du peuple est paralysée

par l’appareil bureautique de la république bourgeoise. Le droit politique réclamé

n’est pas protégé et garanti. De plus les institutions représentatives ne sont autres

que les représentants de la classe dominante. De là, les masses travailleuses

n’ont pas la possibilité de jouir leur droit politique. La mise au profit de l’institution

démocratique est limitée.

Ce genre de régime a existé en Russie avant la révolution socialiste

d’octobre 1917. Exemple le « Tsarisme » qui est empêché en 1917 par le

- 19 -

mouvement populaire dirigé par Lénine. Par conséquent, les partis bourgeois

adoptèrent « silence » comme stratégie politique, comme l’écrivait Tchernenko :

Les partis bourgeois et les petits Bourgeois ne furent pas

«dispersés». Comme l’affirment certains historiens occidentaux.

Ils quittèrent l’arène politique après avoir pris pour la contre

révolution.15

De même, en Amérique, pendant la colonisation, le capital est monopolisé

par les colons et les classes bourgeoises. Les ouvriers, les cultivateurs, les

esclaves et les boutiquiers sont considérés comme des moyens de production et

comme des bulletins de vote pour des élections, ou de simples soldats pour les

guerres. Or Walt Whitman, qui est une poète américaine, remarque que ces

petites gens constituent une grande force pour la liberté. Il chantait :

Ce peuple composé de gens si modestes et si ordinaire, a-t-il pu

s’affirmer comme l’une des forces principales de la

démocratie.16

A cet effet, les petites gens s’organisent pour revendiquer leurs droits

contre la pression bourgeoise. Exemple, à la fin du mois de mars 1835, les

dockers faisaient la grève en réclamant la journée de dix heures avec une coupure

de deux heures pour le repas. Cette grève se développait et s’éparpillait partout.

Cela s’est terminé par une victoire.

D’où, par le vouloir d’avoir la liberté, de divers droits, les petites gens se

révoltent dans le but de supprimer toutes sortes d’exploitation pratiquées par la

bourgeoisie.

15 K. Tchernenko, La démocratie soviétique, p. 36 16 Edwin. D – HOFFMAN,.Les voies de la liberté, p. 09

- 20 -

I.3.2.2 La démocratie Socialiste

Historiquement, faire face aux exploitations bourgeoises, les masses

populaires s’organisent pour lutter contre ce régime. Ce mouvement est considéré

comme une porte ouverte qui favorise la majorité à tenir le pouvoir.

Par son évolution, le pouvoir populaire peut se transformer en socialisme

qui a pour but de faire intégrer toutes les masses populaires dans le corps de

travailleurs.

Cette idée a pour objectif la nationalisation de l’économie pour satisfaire le

besoin public. Cela signifie que toute la richesse du pays est tenue par le peuple

qui est devenu titulaire de cette richesse. Il s’organise en coopérative pour gérer

collectivement cette richesse. TCHRNENKO rapporte cela en disant : « les

travailleurs sont devenus les maîtres collectifs des richesses du pays, c’est- à- dire

la propriété privée a été remplacée par la propriété socialiste. »17 Cette affirmation

est confirmée par la gestion ou l’organisation économique de l’URSS. Cette

organisation donne priorité à la gestion des richesses par la coopérative.

Exemple : le KOLKHOZE qui est une coopérative agricole de production ; mais qui

reste cependant sous le contrôle de l’Etat, qui planifier et distribue les produits et

prévoie les besoins futurs du pays, comme l’écrit TCHERNENKO :

C’est l’Etat qui s’occupe de la gestion planifiée de la production

socialiste, recense et contrôle la mesure du travail et la mesure

de la consommation. 18

De plus, la démocratie socialiste considère les masses populaires comme

pilier en animant cette démocratie. Car elles forment la majorité de la population.

Par conséquent, elles s’organisent pour s’unir dans un parti politique par lequel

elles peuvent donner leurs opinions, leur part à la gestion de l’Etat, leur

représentant. C’est la raison pour laquelle, l’Etat Soviétique valorise les ouvriers et

17 K. TCHERNENKO, op. cit, p.7 18 TCHERNENKO, idem

- 21 -

le parti comme ressource de la démocratie. Tchernenko l’a bien dit en ces termes

:

La classe ouvrière, son avant-garde politique et le parti sont

devenus les promoteurs de cette démocratie.19

Ainsi le champ d’application du parti s’élargit et son pouvoir s’intensifie.

Ce parti à une place importante dans la mise en marche de la société socialiste

comme l’a dit Tchernenko :

Le parti communiste de l’union soviétique est la force qui dirige

et oriente la société soviétique. C’est l’élément central de son

système politique et de toutes les organisations d’Etats et

sociales.20

Par conséquent le peuple s’attache et s’intéresse beaucoup au parti

politique qui intervient beaucoup dans la vie courante du peuple. Exemple les

problèmes de l’emploi et tous les problèmes sociaux que le parti s’efforce de

résoudre pour satisfaire le prolétariat. Cela est affirmé par Tchernenko quand il

dit: «Le parti communiste de l’union soviétique existe pour le peuple et au service

du peuple. »21 Même le gouvernement Russe et les Etats fédéraux ne s’exerce

que sous l’approbation et l consentement de ce parti :

« Les directives adoptées par les congrès du PCUS sont a la base des documents élaborés par le gouvernement de l’URSS et ceux des républiques fédéraux.22

En outre, la démocratie socialiste favorise aussi l’existence de libre choix

par l’élection par suffrage universel en faisant le scrutin par le vote secret. Donc

les élus sont vraiment les représentants du peuple. Voilà pourquoi, l’État

soviétique donne un pouvoir considérable aux Soviets qui sont les députés des

19 TCHERNENKO, idem 20 K. TCHERNENKO, ibid, p.90 21 K. TCHERNENKO, ibidem 22 K. TCHERNENKO, ibid, p.32

- 22 -

travailleurs. Ils sont élus par le peuple, ils sont au service du peuple comme disait

Lénine:

Le soviet est un pouvoir ouvert à tous, faisant tout sous les

yeux des masses, accessible a la masse, issu directement de la

masse, sans intermédiaire, des masses populaires et de leur

volonté 23

Le soviet est l’organe le plus proche de la masse paysanne car il existe

dans tout le territoire du pays. Exemple le soviet suprême, le soviet du district, le

soviet de la ville et le soviet du village. Ainsi, il est un pouvoir décentralisé en

URSS. Par sa structure, il tient une place très importante, car il connaît la vraie

réalité économique, sociale et politique du pays. Donc ce n’est pas étonnant si

l’Etat Soviétique l’a choisi comme pouvoir suprême dans le pays : « on voit donc

que les soviets sont les maîtres absolus sur leurs territoires. »24

Par ces constats, on peut tirer que le droit au travail est la base de la

démocratie socialiste car ce droit est le fondement d’autres droits et de toutes les

libertés. Sans lui, les manifestations des autres sont impossibles. L’idée de la

démocratie devient « fictive ».

En effet, ce droit est le support de l’instauration de la démocratie. Voilà

pourquoi les autorités Russes insistent sur le fait que le droit au travail est

incontournable pour fonder la démocratie. En effet, selon Tchernenko :

L’État soviétique a voulu garantir une liberté véritable aux

travailleurs. Il a proclamé le droit au travail, garantit d’autant

plus solidement que le nouveau régime devenait plus solide.

Car, sans ce droit, tous les autres droits et libertés sont

illusoires. 25

23 K. TCHERNENKO, ibid, p.47 24 K. TCHERNENKO, ibid, p.63 25 K. TCHERNENKO, ibid, p.66

- 23 -

Donc, la démocratie socialiste est considérée comme l’apogée de tout

système politique démocratique. Elle est sincère et fiable pour la majorité du

peuple. Car elle permet à la masse de participer à la gestion des affaires de l’État,

par la médiation de ses représentants. Donc, il y a la dépendance mutuelle entre

les soviets et le peuple. Car le peuple a le droit d’expulser et de contrôler l’activité

des élus :

La masse doit avoir le droit de distinguer les dirigeants

responsables. La masse doit avoir le droit de les remplacer, de

connaître et de vérifier les moindres éléments de leur activité.26

Outre que le pouvoir électoral, les travailleurs et la masse paysanne

peuvent entrer dans l’organe de contrôle en URSS, mais ils sont recrutés

bénévolement. « Les travailleurs travaillent bénévolement dans le système de

control populaire »27. Ainsi, « plus de 360 000 personnes travaillent en qualité

d’inspecteurs et de chef de service bénévole des comités »28. D’où les bases de la

démocratie socialiste sont le droit au travail, la gestion commune de la richesse du

pays, la participation ou la domination de l’Etat, dans l’administration des affaires

de l’Etat, et la valorisation des ouvriers et du parti politique, dans l’établissement

de décision prise. L’idée de l’individualisme est supprimée, comme la suppression

de toute forme d’exploitation faite par les bourgeois. Ainsi, les Bourgois sont

obligés de changer la forme de leur régime en créant la démocratie libérale, qui a

pour but de critiquer et de détruire la démocratie socialiste

I.3.3 Démocratie libérale et Démocratie populaire

I.3.3.1 La démocratie libérale

Nous avons vu que la démocratie est un fait historique, et non pas un

modèle de pouvoir. Elle a évolué selon le temps, l’espace et la circonstance. Par

l’évolution sans cesse du mouvement populaire, les riches ont changé la manière

26 K. TCHERNENKO, ibid, p.53 27 K. TCHERNENKO, ibid, p.80 28 K. TCHERNENKO, ibidem

- 24 -

d’exercer leur pouvoir. Ils ont pratiqué la démocratie libérale pour pouvoir élargir et

développer leur pouvoir tant national que mondial. Ce système est observé aux

Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés. Mais les Etats- unis sont considérées

comme la source de ce régime, car ce système politique figure dans leur

constitution de 1788. Donc, les autres pays sont considérés comme imitateurs du

modèle américain.

La raison en est simple : face à la domination anglaise et à l’exploitation

faite par les bourgeois et les riches, les masses populaires américaines se

révoltaient contre les oppressions, comme le disait Hoffman : « On voit le peuple

s’organiser en mouvement. »29

Cela nous montre que dès la colonisation, les Américains sont privés du

système démocratique. Cela les poussaient à revendiquer leurs avantages par le

biais du mouvement populaire : « Mais un homme dépourvu de ses avantages

ressent le besoin de les acquérir et de lutter pour les obtenir »30

Ainsi, par le fait du mouvement populaire, la démocratie libérale, en

Amérique, est née, mais elle est toujours encadrée par les riches car ce régime

donne priorité à la liberté individuelle en développant l’économie de marché. Tout

le monde s’est senti libre, mais les pauvres sont toujours victimes. On peut dire

que la démocratie libérale n’est autre que la démocratie bourgeoise, mais c’est sa

mise en pratique qui a changé. Pour cela, la distinction entre les couches sociales

a toujours persisté : « L’Amérique n’a jamais offert la liberté totale et une complète

égalité de chances à tous ses citoyens, mais elle est quand même une

démocratie. »31. En effet, la démocratie libérale est définit comme un système

politique qui fonde sa légitimité sur la défense des libertés individuelles. Ce régime

est dit démocratique, car il prend comme base les principes naturels de la liberté

et de l’égalité. Il prononce la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il est

libéral car il adopte le libéralisme économique, et vivre à la mondialisation de

29 EDWIN D. HOFFMAN, op. cit., p.11 30 EDWIN D. HOFFMAN, ibid, p.10 31 EDWIN D. HOFFMAN, ibid, p.13

- 25 -

l’économie. Par sa nature, la démocratie libérale est un régime qui a besoin de

l’esprit entrepreneurial, compétitif et individualiste. L’idée de collectivité est moins

préconisé, car chacun se hâte de produire suivant l’économie de marché, et le

marché est déterminé par la loi de l’offre et de la demande. Cela oblige l’individu à

produire quantitativement et qualitativement.

Outre l’organisation interne de l’économie qui autorise les riches à dominer

les pauvres, les pays occidentaux ont créé les institutions financières d’envergure

internationale, à savoir, la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, etc.

Ces institutions leurs permettent de contrôler et de régler le circuit monétaire et

financier dans le monde. Par conséquent ces institutions sont devenus une force

qui dirige et oriente la vie économique du monde. Cela favorise les pays, qui ont

les quottes part très élevés à avoir la force de domination dans le monde.

Ainsi la démocratie libérale accorde la privatisation et favorise aux pays

développés la domination de pays endettés. Elle a pour base l’économie de

marché sous la surveillance des pays dits puissants.

I.3.3.2 La démocratie populaire

En général, la démocratie populaire a été utilisée par le parti communiste

pour qualifier les nouveaux régimes apparus après la seconde guerre mondiale.

Elle est un terme de propagande par les régimes : « à l’idéal communiste ». Leur

but est de distinguer la démocratie libérale de la démocratie populaire qui est

plutôt désigné sous le terme de « républiques bourgeoises » des pays capitalistes.

Cette démarche est pratiquée par les pays d’Europe centrale, comme le

République Démocratique d’Allemagne (RDA), la Hongrie, la Pologne, la

Roumanie, etc.

Actuellement elle est devenue un système politique qui est pratiqué par les

pays d’Asie à savoir la Chine, la Coré du Nord, Cuba, etc. Ces pays se disent

démocraties populaires.

De plus, ces régimes ont débutés par des mouvements populaires et

démocratiques pour renverser les régimes féodaux ou régimes bourgeois. Ces

- 26 -

régimes préconisent la direction de l’Etat par le prolétariat, son avant-garde et le

parti communiste. Ces autorités pratiquent la dictature pour supprimer le pouvoir

bourgeois et pour instaurer le nouveau régime en mettant en place la vraie

souveraineté populaire. Ainsi, la dictature est un moyen pour faire plier les riches

et pour mettre en place le pouvoir des pauvres comme le disait Lénine :

La dictature du prolétariat est un élargissement considérable de

la démocratie, devenu pour la première fois démocratie pour les

pauvres, démocratie pour le peuple et non pour les riches. 32

En effet, la démocratie populaire est définie comme un régime qui est le

fruit de la révolution populaire et démocratique. D’où, elle est un système politique

du prolétariat par la révolution populaire et démocratique, pour affaiblir les forces

des impérialistes ou des bourgeois, et pour édifier progressivement le socialisme.

Par conséquent, ce régime adopte une reforme au niveau de la gestion des

affaires de l’Etat. Cette réforme a pour objet d’arrêter les survivances féodales et

de renforcer l’union des prolétaires avec les paysans comme l’encourageait

Lénine en disant : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »33 Pour cela, on

peut avancer que la forme de la démocratie populaire est déterminée par une

large base de classe populaire et démocratique, à savoir le prolétariat, la

paysannerie et certaines couches de la bourgeoisie. Cette société est caractérisée

par l’existence du parti communiste, et d’autres partis démocratiques préconisant

le socialisme et le rôle dirigeant de la clase ouvrière. Le front populaire est un type

d’organisation qui singularise cette démocratie en groupant les partis politiques et

l’organisation de masse. Enfin, la restriction des droits politiques et l’existence de

laps de temps très long pour la destruction de l’ancien appareil d’Etat sont les

autres caractéristiques de la démocratie populaire.

La démocratie populaire est un outil puissant pour l’édification du

socialisme et pour la suppression du pouvoir féodal ou bourgeois.

32 L’Etat et la révolution, http://fr.wikipedia, 17/10/2007 à 16 :40, 1917 33 Lénine, Notes critiques sur la question nationale. p.1

- 27 -

I.3.4 La démocratie Nationale

L’expérience historique a démontré que les pays, qui viennent de se libérer

du joug du colonialisme ne se sont pas sentis totalement libres et indépendants.

Les dirigeants nationaux sont sous le contrôle et le commandement des

impérialistes étrangers. Ils sont de simples exécutants. Ainsi on a appelé cette

situation la néocolonisation. Cela peut engendrer un mouvement populaire

national pour revendiquer l’indépendance politique et économique du pays.

Exemple le mouvement populaire de 1972 à Madagascar qui a eu pour but de

renverser le néo colonialisme Français. L’idée de la malgachisation est apparue.

C'est-à-dire, une recherche d’une identité nationale.

Mais l’aboutissement victorieux de ce mouvement et la prise en main de ce

pouvoir par le Front national est l’origine de la démocratie Nationale. Ainsi la

démocratie nationale est un régime issu d’un mouvement de libération nationale.

Elle est caractérisée par la revendication des droits et libertés pour participer à

l’élaboration de la politique de l’Etat et les reformes sociales révolutionnaires. Tout

cela nous permet d’affirmer qu’un tel mouvement a pour objet la revendication de

l’indépendance politique et économique du pays et de supprimer toutes sortes de

manifestation de la colonisation. Pour concrétiser ses buts, ce pouvoir a besoin de

grouper toutes les forces patriotiques et progressistes pour l’édification de

l’indépendance nationale. Cela peut créer un esprit révolutionnaire anti-

impérialiste, anti-féodal par la démocratie. Donc on dit que ce régime est

caractérisé par la participation active de la classe ouvrière qui est la plus

souffrante dans le régime féodal, bourgeois ou colonial. Mais ce système politique

est différent du régime socialiste. Elle est une forme de politique de transition du

pays, affranchi du joug colonial, au Socialisme. D’où il y a ressemblance avec le

socialisme, surtout à propos de la déclaration des droits politiques et

économiques. Cette ressemblance consiste aussi dans l’hostilité au système de

développement capitaliste et favorise à la classe ouvrière et à la paysannerie la

jouissance de leurs avantages, de leurs droits et de leurs libertés.

Jusqu'ici, on a démontré l’existence de diverses démocraties, mais sa

nature est déterminée par la classe dominante et la forme de décision prise par

- 28 -

les dirigeants. Cela nous poussera à voir ensuite les traits généraux du pouvoir dit

démocratique.

I.4 FONDEMENT ET RESULTATS DE L’EXERCICE DE LA

DEMOCRATIE

I.4.1 Fondement

I.4.1.1 Règle de la majorité

Nous avons vu que la démocratie est un gouvernement de tous, c’est-à-dire

de l’ensemble du peuple. A cet effet, elle est considérée comme un pouvoir

détenu par la majorité. Donc la majorité est l’idée centrale de la démocratie. Sans

elle, la démocratie deviendra monarchie ou oligarchie parce que la minorité est

titulaire du pouvoir. Raison pour laquelle on peut affirmer que la règle de la

majorité est le fondement de la démocratie. Démocratie sans la majorité est une

pseudo démocratie.

En effet, la règle de la majorité est devenue un terme clef dans ce régime.

Voilà pourquoi Périclès a écrit :

Notre régime politique […] a pour nom démocratique parce que,

dans l’administration, les choses dépendent non pas du petit

nombre mais de la majorité. 34

Ce terme est incontournable car la pratique de la démocratie en dépend.

Exemple le mode d’élection par la majorité, la prise de décision. Cela nous montre

que pour les dirigeants, la décision prise est issue de la majorité. Par conséquent,

la minorité doit subir le choix de la majorité. Pour cela, la tolérance est nécessaire

pour faire régner l’idée démocratique.

De plus, le comportement des dirigeants est encadré par l’idée de nombre

car sa réaction, sa décision visent toujours l’intérêt général de l’individu ou de

l’Etat. D’où on dit que la règle de la majorité est un noyau de la démocratie, autour

34 Périclès, Loc. cit., du 09/09/08 à 08 :10

- 29 -

duquel gravitent les autres éléments constitutifs de ce système politique. Cette

règle favorise aussi l’alternance démocratique au sein de la gestion de l’Etat. Face

à la défaite électorale, la minorité, par l’idée de tolérance et le respect de la règle

de la majorité prend position pour se situer à la place de l’opposant qui pourrait

devenir majoritaire à la prochaine élection. Donc l’existence de l’opposant justifie

le respect de la règle de la majorité, sinon le désordre peut venir. Mais quelque

fois le système démocratique adopte le consensus comme méthode de travail

pour faire participer la minorité à la gestion des affaires de l’Etat et à la prise de

décision. La prise de décision est difficile face à l’absence de la majorité absolue.

Exemple, la difficulté sentie par le parlement libanais à désigner son Président,

années 2007-2008. Cette difficulté a abouti au consensus pour désigner ce

Président. Cela oblige le pays dit démocratique à appliquer le système de scrutin

uninominal à deux tours pour éviter l’existence de deux majorités à nombre égal.

Cette règle de la majorité est observée dans la société malagasy, surtout

dans la société traditionnelle. Les plus âgés, les plus influents sont les

personnages considérables dans la prise de décision. La particularité de cette

décision est qu’elle est issue de la synthèse de diverses idées apparues dans la

l’assemblée. Raison pour laquelle, beaucoup d’expression et de proverbes

malagasy valorisent la règle de la majorité, à savoir :

« Ceux qui sont unis sont des pierres, ceux qui sont désunis

sont des sables » ;

« Passer au gué ensemble, on n’est pas dévoré par le

crocodile. » ;

« Une bande de pintades ne peut pas être dispersée par un

chien » ;

« Plus on est de nombre, plus l’idée va loin » ;

- 30 -

« Un seul doigt ne peut pas attraper un pou ».35

I.4.1.2 La Constitution et la juridiction associées.

Selon le dictionnaire :

« La Constitution est un ensemble des lois fondamentales qui

établissent la forme d’un gouvernement. Ces lois règlent les

rapports entre gouvernants et gouvernés et déterminent

l’organisation des pouvoirs publics.36

Par cette définition elle est une loi, mais une loi suprême et fondamentale.

Elle est suprême parce que tous les autres textes tant législatifs que

réglementaires dépendent d’elle. Ils doivent se conformer à cette loi de base pour

être appliqués. Pour cette raison, ces textes sont appelés textes d’application.

Cela veut dire qu’ils concrétisent et exécutent en détail tout ce qui est mentionné

dans la Constitution. Donc la Constitution, hiérarchiquement, se situe au dessus

de toutes les lois qui sont en vigueurs dans un Etat. Par conséquent chaque pays

a sa Constitution et elle peut changer quant il y a une réforme considérable dans

un pays. Mais quand elle s’effectue en partie, le nom de la république ne change

pas. Si le changement se fait en entier, son appellation est changée aussi.

Exemple à Madagascar, les trois républiques qui se sont succédés ont eu

chacune leur Constitution qui porte la date de sa promulgation : 29 Avril 1959, 30

décembre 1975 et 18 septembre 1992. La troisième république a déjà eu trois

principales modifications qui ont été apportées par voie référendaire en 1995, en

1998 et 2007. Cela nous renseigne sur la supériorité de la constitution car sa

retouche engendre des réformes et demande l’avis de tous les citoyens.

De plus, elle est fondamentale car elle détermine le fondement objectif et

l’organisation complète de l’Etat, sans entrer dans les détails de sa structure et de

35 Textes originaux respectivement : « izay mitambatra vato, izay misaraka

fasika. » ; « mitabe tsy lanin’ny mamba », « akanga maro tsy vakin’amboa » ; « hevitry ny maro mahataka-davitra », « tondro tokana tsy mahazo hao ».

36 Larousse encyclopédique illustré, art. « Constitution ».

- 31 -

son fonctionnement. Elle assure une forme de liberté par des lois jugulant tout

danger de despotisme. Ainsi, elle détermine l’exercice de chaque pouvoir, le

devoir des citoyens et limite aussi le domaine de compétence de chacun. Tout

cela nous permettra d’affirmer que la Constitution est une sorte de miroir par

lequel on peut connaître rapidement le type de régime pratiqué par un Etat. Mais

notre problème consiste à savoir pourquoi nous disons que la constitution est un

fondement de la démocratie.

Elle est considérée comme fondement de la démocratie, si elle contient et

garantie toutes ou la plupart des règles déterminant ce régime.

D’abord, pour être en vigueur, le projet de constitution doit être soumis à

l’approbation du peuple par voie référendaire. C’est pour cela qu’on peut dire que

tout citoyen est responsable de la pratique de cette loi. De plus par l’analyse de

l’histoire dans le monde, l’initiative populaire, la pétition ou le sondage d’opinion

sont la source de la révision de la Constitution. Ce cas est fréquent en Suisses.

Ainsi la Constitution reflète l’idée de la majorité en général. Cela est confirmé par

le peuple Américain quant ils ont dit :

« Nous, le peuple des Etats-Unis […] nous décrétons et nous

établissons cette Constitution pour les Etats-Unis d’Amérique.37

Cette affirmation est dans la Constitution de Philadelphie en 1787.

Autre exemple, la Constitution de Madagascar de 1992 est issue des

assises populaires aussi bien régionales que nationale. Tout nous permet aussi

d’affirmer que la Constitution est un ouvrage du peuple. D’où ce n’est pas

étonnant qu’elle contienne toute sorte liberté et divers droits du peuple pour

montrer sa souveraineté est sa prise en main du pouvoir. Par sa confection, sa

nature et son contenu la constitution est un fondement de la démocratie. Mais cela

a besoin de juridiction associée pour contrôler, garder et garantir les clauses

figurants dans cette loi.

37 CAVAFY CORTAZAR, Encyclopédia universalis, Vol. IV, art. « Constitution ».

- 32 -

Comme Madagascar par exemple, la Haute Cour Constitutionnelle (H.C.C)

est le premier responsable pour garder, défendre et faire respecter la Constitution.

Cet organe peut être appelé gardien de la Constitution. Cette institution statue sur

la conformité des traités, des lois, des ordonnances, des conventions… à la

Constitution. Elle règle les conflits de compétence entre deux ou plusieurs

institutions de l’Etats et, surtout, elle statue sur les contentieux des opérations de

référendum et des diverses élections, sauf l’élection communale qui est réglée par

le tribunal administratif.

Ainsi, cette juridiction associée est un fondement de la démocratie car elle

est capable de juger le respect de l’inconstitutionnalité. D’où elle est le gardien de

l’idée démocratique mentionnée dans la Constitution. Sans elle, l’anarchie peut

arriver et la démocratie sera menacée.

I.4.1.3 Séparation des pouvoirs

On dit qu’un régime est : « despotique » quand le gouvernement est détenu

par un seul homme. Il est appelé aussi autorité tyrannique. Pour cela, le peuple ne

fait qu’exécuter et obéir aux ordres donnés par l’autorité. Cela éloigne l’idée

démocratique

Ainsi, pour être démocratique, l’Etat doit pratiquer le système de :

« séparation des pouvoirs ». Cela veut dire que le pouvoir est distribué à tout le

monde et cela favorisera la participation de la majorité à la gestion des affaires de

l’Etat. Donc l’idée démocratique s’y trouve.

Historiquement, on a rencontré le plus souvent trois pouvoirs tel que : le

pouvoir législatif qui établit et vote les lois, le pouvoir exécutif qui exécute les lois,

et le pouvoir judiciaire qui veille au respect et à la surveillance des lois. Chaque

pouvoir pratique sa fonction librement et indépendamment, mais leur rapport de se

contrôler existe. Voila pourquoi Montesquieu a soutenu que : « le pouvoir arrête le

pouvoir »38. Cela veut dire que chaque pouvoir a son domaine de travail et son

38 Montesquieu, Démocratie est-elle le moins mauvais des régimes,

http://www.philocours.com/cours/cours-démocratiec2-html

- 33 -

domaine de compétence. Le non respect de l’attribution de chaque pouvoir inscrit

dans la Constitution est la signification de l’inconstitutionnalité. Cela peut

provoquer l’instabilité politique au sein d’un Etat. Chaque pouvoir peut appliquer

son droit d’empêcher cette crise. Comme Madagascar, le président de la

république a le droit, si nécessaire, de destituer le parlement ; le parlement a le

pouvoir de contrôler et d’empêcher l’exécutif au cas échéant. Exemple le cas du

Président ZAFY Albert qui est victime de l’empêchement du parlement ; et le

pouvoir judiciaire a le droit de juger les deux pouvoirs en appliquant la loi

conforme à la faute en question.

Ainsi, la séparation des pouvoirs est un fondement de la démocratie dans le

sens où : d’abord elle favorise la distribution des tâches, pour la majorité. Elle

empêche la pratique de l’abus de pouvoir et la monopolisation de pouvoir, et elle

assure et garantit l’équilibre de pouvoir entre les trois institutions qui peuvent se

contrôler. Ensuite cette distinction de pouvoirs permet de limiter, pour le bien

public, le pouvoir et la puissance de chaque institution. Cela évite tout arbitraire.

Enfin elle évite l’anarchie, la monarchie et la dictature. Mais elle accorde la

pluralité d’idées, la diversification d’idées, la conviction et surtout la participation

de la masse populaire à une certaine décision. Exemple le référendum, l’assise

populaire, le sondage d’opinion… D’où la séparation des pouvoirs est

incontournable pour faire régner l’idée démocratique et pour supprimer l’idée de

monopole. Mais cela exige l’indépendance de la justice pour statuer sur tout dégât

ou conflit politique éventuel.

I.4.1.4 Indépendance de la justice

La justice peut être définie comme un principe moral, mais ce qui nous

intéresse, ici, c’est la justice en tant qu’institution exerçant un pouvoir

juridictionnel. Exemple la justice civile.

La justice est un service public d’Etat et présente l’originalité d’obéir au

principe de la dualité de juridiction, lequel conduit à distinguer les tribunaux

judiciaires et les tribunaux administratifs.

- 34 -

Mais le problème se pose sur la politisation du service public. Cela veut dire

que l’administration publique s’exerce au profit des dirigeants ou des partis

politiques et surtout pour l’intérêt des politiciens au pouvoir. Donc tout service

public devient un moyen pour défendre le pouvoir et pour élargir le domaine

d’influence du parti. Cette maladie affecte aussi la justice. Ainsi, la décision prise

par les juges visent toujours les avantages du pouvoir et du parti et non pas

l’intérêt du peuple. Cela peut arriver car la justice n’a pas son indépendance et les

juges obéissent à l’ordre venant des dirigeants. D’où, dans ce cas, l’injustice

domine et la décision prise est loin de la réalité. Pour cela, cette indépendance est

nécessaire pour que tout le monde soit au-dessous de la loi, et que la Constitution

et les lois soient les seules forces qui commandent et influencent la décision prise

par les magistrats. On devrait dire en effet que les juges sont les vrais gardiens de

la Constitution et des lois. Leur décision est le fruit de leur réflexion, de leur

analyse et de leur façon d’interpréter la loi. Pour cela, on devrait envisager l’Etat

de droit, car la loi est la source directe de la règle de droit. Cet Etat est nécessaire

pour instaurer le système politique démocratique car tout le monde, même les

autorités, est jugeables et pénalisable.

En effet, la thèse de Montesquieu est bien à sa place quand il écrivait : « le

pouvoir arrête le pouvoir » ; cela veut dire que le pouvoir judiciaire, si nécessaire,

peut juger les autres pouvoirs. Cela figure dans la Constitution Malagasy article

114 :

Le Président des Assemblées parlementaires, le Premier

ministre, les autres membres du gouvernement et le Président

de la Haute Cour Constitutionnelle sont pénalement

responsable, devant la Haute Cour de Justice des actes

accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes

ou délits au moment où ils ont été commis.39

Par l’importance de la fonction de la justice, on devrait leur donner de

l’indépendance pour qu’ils puissent travailler aisément et librement. Mais cela est

39 Projet de révision de la Constitution de 1998, p.22 Article 114

- 35 -

assuré et garanti par la Constitution. Exemple de l’assurance, les juges sont

indépendants et inaffectables comme l’article 99 de la Constitution de 1998 de

Madagascar où on lit :

Dans leurs activités juridictionnelles, les magistrats du siège,

les juges et les assesseurs sont indépendants et ne sont

soumis qu’à la constitution et à la loi.40

Les magistrats du siège sont inamovibles, ils occupent les

postes dont ils sont titulaires en raison de leur grade, ils ne

peuvent recevoir de leur consentement, aucune affectation

nouvelle sauf nécessité de service dûment constatée par le

conseil supérieur de la Magistrature41.

Tout cela est écrit dans la Constitution pour sécuriser les magistrats dans

l’exercice de leur fonction.

Ainsi, l’indépendance de la justice est un fondement de la démocratie parce

que chaque institution du pouvoir est consciente qu’elle est au service du pouvoir,

mais non pas titulaire de ce pouvoir. Cet état de conscience lui permet d’exercer

sa fonction avec précaution pour ne pas être appelée devant la barre. Cette

indépendance de la justice est bien remarquée dans les pays comme la France,

les Etats-Unis. Dans ces pays, plusieurs autorités sont appelées pour être jugés

comme Jaque Chirac, Bill Clinton.

Cette indépendance a engendré l’Etat de droit car tout le monde est

protégé par la loi. Donc chacun agit consciemment car les noms de la corruption

et de l’abus sont absents. D’où le peuple se sent comme titulaire du pouvoir.

40 ibid, p.09, Article 99 41 ibid, p.10, article 100

- 36 -

I.4.2 Résultats de l’exercice de la démocratie

I.4.2.1 La liberté et le pluralisme des valeurs

Pour mieux cerner ce titre, nous allons procéder à la définition du

mot « liberté ». Elle vient du latin « libertas » qui signifie condition de l’homme

libre. Son opposé est l’esclave qui est soumis au service de l’autre. Ainsi son

apparition est conditionnée par l’absence de contrainte, de servitude et toute sorte

d’oppression. L’homme libre agit selon sa connaissance, son jugement, sa

possibilité. Cela veut dire qu’il est un homme responsable face à ces actes. D’où

la liberté est considérée comme la possibilité pour chacun de faire tout ce qu’il

veut mais sans blesser les autres. Car la liberté, qui porte atteinte à autrui

deviendra une force d’oppression pour celui qui la subit. Pour cela, on a établit la

loi pour encadrer le champ de liberté. Mais il nous reste à savoir que la liberté est

considérée comme le résultat de l’exercice de la démocratie.

Nous avons vu que la démocratie n’est pas un modèle de régime à suivre.

Elle est un fait historique. Cela veut dire qu’elle est le fruit du mouvement

populaire révolutionnaire ou de certaines revendications des droits. Exemple les

pays colonisés ont réclamé leur indépendance, les esclaves se révoltaient pour

être libres, la masse paysanne se révoltait aussi pour devenir propriétaire de la

terre cultivée, etc. Tout cela est dit pour justifier que la liberté est une condition

naturelle de l’homme. Son absence peut engendrer le mouvement populaire pour

la rechercher. Donc la liberté est née de la pratique du mouvement démocratique.

Car dans les pays démocratiques, les règles de dialogue, de table ronde, de

convention, sont plus utilisées que les armes destructives. D’où la maturité de la

démocratie se voit par la dominance ou la prédominance de la manifestation de la

liberté.

Par conséquent, pour être jugé démocratique, chaque pays s’efforce de

pratiquer la liberté. Exemple la liberté d’opinion, de presse, de culte etc. Cela est

matérialisé par la diversification des Média, la pratique de la pétition en France, le

rappel en Amérique, le référendum d’initiative populaire en Suisse etc. Face aux

différentes pratiques, Hoffman a dit :

- 37 -

L’Amérique n’a jamais offert la liberté totale et une complète

égalité de chance à tous ses citoyens, mais elle est quand

même une démocratie.42

Par la suite la liberté devient un mot clef de la démocratie. Malgré l’absence

de sa pratique, elle figure quand même dans la constitution, comme il est rapporté

en URSS par Tchernenko :

Le citoyen soviétique peut exprimer son opinion et son point de

vue partout, et, bien sûr, en premier lieu, dans l’entreprise où il

travaille43.

Autres exemples dans la Constitution de 1998 de Madagascar Article 10 :

Les libertés d’opinion et d’expression, de communication, de

presse, d’association, de réunion, de circulation, de conscience,

et de religion sont garanties à tous et ne peuvent être limités

que par le respect des libertés et droits d’autrui et par l’impératif

de sauvegarder l’ordre public.44

La règle de liberté est devenue une référence dans le monde. Pour cette

raison, elle est considérée comme droit commun et sa violation peut engendrer la

punition pénale comme la rapporte aussi Tchernenko : « Toute limitation de la

liberté de la religion en URSS est un crime de droit commun. »45

En outre, Hoffman affirme que la démocratie signifie liberté politique et

liberté de religion. Cela veut dire que le système politique démocratique favorise

l’existence de pluralisme de valeurs et notamment l’abondance des partis

politiques et des tendances religieuses avec leurs ramifications. Exemple le

christianisme se ramifie et s’éparpille dans le monde. De même les partis

42 EDWIN D. HOFFMAN, Loc. Cit p.13 43 K. Tchernenko, Loc. Cit, p.71 44 Projet de Constitution de Madagascar 1998, p.3, Article 10 45 K. Tchernenko, op.cit., p.73

- 38 -

politiques, dans les pays qui se disent démocratique fleurissent. Exemple à

Madagascar, qui proclame fréquemment la démocratie, les partis politiques se

multiplient sans cesse. Tout cela, en général, symbolise la démocratie qui se

manifeste par la liberté et le pluralisme des valeurs. Cela veut dire que la

démocratie donne naissance à la liberté qui favorise la multiplication des partis et

des tendances religieuses avec leurs subdivisions. D’où la liberté et le pluralisme

des valeurs apparaissent dans le système démocratique parce que ce régime

favorise la dominance du grand nombre. Voila pourquoi la démocratie est définie

comme pouvoir de la majorité

I.4.2.2 La consultation régulière du peuple

Elle est définie comme une action en vue de prendre l’avis du peuple d’une

manière périodique sur la situation qui touche la vie du peuple comme les

réformes qui ont besoin de changement ou de révision de la Constitution, par

exemple. Elle est un principe qui caractérise toute démocratie car ce mécanisme

favorise la participation de la masse à la prise de décision d’un Etat par le biais de

l’élection ou des échanges. Donc par ce système le peuple se sent comme

responsable et titulaire de la souveraineté car les autorités n’exécutent que sous

son approbation. Ici on parle de la démocratie participative

Divers moyens sont utilisés pour consulter le peuple mais, ici, nous allons

traiter, ceux qui sont plus utilisés comme le référendum, l’élection, l’assemblée et

le sondage d’opinion.

Le référendum est une procédure qui permet à tous les citoyens d’un pays

de manifester par un vote l’approbation ou le rejet d’une mesure proposée par le

pouvoir public. En général, la Constitution impose le recours au référendum pour

certaines décisions. Il peut venir d’initiative populaire comme en Suisse, en

Californie ou des autorités publiques, à savoir le gouvernement ou le parlement. Il

est caractérisé par l’établissement d’une ou deux question(s) très précise (s)

demandant la réponse du peuple soit oui, soit non. Donc il est un moyen de faire

participer le peuple aux réformes ou au changement envisagé dans un pays. Il est

la manifestation de la démocratie car, d’abord, seul le système démocratique

- 39 -

considère l’idée du peuple. Ensuite, la présence du référendum d’initiative

populaire nous renseigne déjà sur l’existence de la liberté politique et celle de la

parole. Tout cela est le trait fondamental de la démocratie. Enfin, quel que soit le

résultat référendaire obtenu, tout le monde doit l’accepter. Cela est la règle de la

majorité. Ainsi le référendum est un symbole marquant la maturité du régime

démocratique.

Autre consultation du peuple, c’est l’élection qui est définie comme un choix

qu’on exprime par l’intermédiaire d’un vote. Elle suit le principe de « un homme,

une voix ». Cela veut dire qu’un individu n’a le droit que de voter une fois pour une

élection. Donc l’idée de faire remplacer les autres absents est interdite et

considérée comme un délit. Cette procédure favorise l’alternance démocratique et

la règle de la majorité et permet au peuple de désigner ses représentants.

Par conséquent elle est la manifestation de la puissance du peuple car par

ce mécanisme il peut désigner ses représentants et remplacer ceux qui ne sont

pas compétents ou ceux qui n’ont pas exécuté leur promesse lors de la campagne

électorale.

D’où elle est le résultat de l’exercice de la démocratie car, par l’élection, on

peut juger la nature du régime existant dans un pays. Cela veut dire que le régime

démocratique est toujours marqué par l’élection libre, acceptée par tous et bien

préparée.

De plus, l’assemblée est une manière de consulter le peuple. Elle consiste

à regrouper le peuple pour discuter, échanger et de faire sortir les idées

essentielles ou consensuelles. Exemple la Constitution de 1992 de Madagascar :

les concertations se déroulaient en deux étapes. La premières, c’est la

concertation régionale et la deuxième est la concertation nationale. Elle est

considérée comme le résultat de l’exercice de la démocratie parce que chaque

couche sociale existante est représentée dans les concertations régionales.

Exemple les groupes du secteur agricole, du secteur commercial, de la société

civile, des fonctionnaires de l’Etat etc. Ainsi la décision prise est issue du peuple et

vise l’intérêt général.

- 40 -

Enfin, le sondage d’opinion est un moyen utilisé pour consulter rapidement

l’avis du peuple. Son but est de connaître, à un moment donné la manière dont se

répartissent les opinions individuelles. Cette procédure permet aux pouvoirs

publics d’orienter leur régime. Cela veut dire qu’ils suivent inconsciemment les

opinions de la majorité. Les comportements des autorités sont adaptés aux

opinions dominantes.

Ainsi le sondage d’opinion est définit comme le résultat de l’exercice de la

démocratie parce que la manière de diriger un Etat reflète l’idée de la majorité. Ici

le peuple est passif, mais quand même il est une procédure démocratique.

I.4.2.3 Droit et Sécurité sociale du peuple

Le mot droit peut avoir plusieurs sens, mais tout cela converge vers l’idée

de « directe » ou « juste ». Pour cela on dit : une ligne droite, Un homme droit…

Ici notre travail porte notamment sur ce qui est conforme à la loi et ce qui est

permis, c’est-à-dire ce qui ne viole pas le texte en vigueur dans un pays et

n’apporte pas atteinte aux droits des autres. Cette idée est confirmée dans le

projet de Constitution de Madagascar 1998 article12 :

Tout individu a le droit de circuler et de s’établir librement sur

tout le territoire de la République dans le respect des droits

d’autrui et des prescriptions de la loi.46

Ainsi la pratique d’un droit est légale quand il figure dans la Constitution ou

dans les autres textes qui régissent le fonctionnement d’un Etat. Ce droit se dit

permis car il concerne la puissance de l’homme pour exister et pour agir.

Exemple : un instinct de conservation. Mais ce droit naturel est toujours lié à

l’appétit et au désir de l’homme. A cela s’ajoutent d’autres facteurs qui ont

considérés comme un moyen facilitant le développement de l’individu et la relation

sociale. Exemple le droit au travail, le droit à l’éducation, le droit des femmes …

Cela signifie que toutes sortes d’oppression, de discrimination, d’inégalité, etc,

sont exclues. Ainsi, le terme droit est basé sur le droit naturel qui permet à 46 Projet de Constitution de Madagascar de 1998, p.3, Article 12

- 41 -

Spinoza d’écrire : « Tout ce qui détermine un homme à agir doit être rapporté à la

puissance naturelle. »47 Ainsi son absence peut impliquer l’inactivité de l’homme. Il

est réclamable pour que l’homme suive son développement naturel.

Bref, le droit est un résultat de l’exercice de la démocratie car il prend

compte comme base de la puissance naturelle, de la liberté, de la possibilité de

faire et on peut le réclamer s’il est absent. Tout nous permet de mesurer la

pratique ou la non pratique du système démocratique.

Mais la réalisation de ces droits peut procurer la sécurité sociale. Ainsi la

manifestation de l’insécurité sociale nous renseigne déjà sur l’absence de droit

dans un pays. Exemple le droit au travail assure la sécurité sociale. Donc son

absence peut entraîner différentes manifestations de l’insécurité à savoir les

formes de repli dans l’indifférence, la soumission, les formes de fuite de réalité

sociale etc. Voilà pourquoi Tchernenko prend comme base le droit de la sécurité

au travail, en rapportant la constatation d’un psychologue américain :

Les gens ayant perdu leur travail le cache souvent longtemps à

leur entourage. Ils ne vont pas toucher l’allocation de chômage

pace qu’ils trouvent cela humiliant.48.

Ce même psychologue disait aussi : « rester un ans sans travail équivaut

pour l’homme à réduire sa vie de cinq ans. »49

Tout cela est dit pour nous montrer que le droit et la sécurité sociale sont

inséparables. Leurs présences déterminent la maturité de la pratique de la

démocratie. D’où ce régime a la tendance de faire régner la voix du peuple en

tenant compte de l’accomplissement des droits fondamentaux du peuple.

47 RENE DE LACHARRIERE, étude sur la théorie démocratique, p.17 48 K. Tcherneko, op- cit, p.67 49 K. Tcherneko, ibidem

- 42 -

I.4.3 Pratique de la démocratie

I.4.3.1 Le débat

Le débat est un terme marquant la pluralité, la diversification et la

différentiation. Il est symbole de la pluralité dans le sens où un seul homme ne

peut pas débattre. Il caractérise l’idée de diversification dans la mesure où les

participants viennent de diverses origines : divers groupes ou couches sociales,

différentes associations, divers partis politiques etc. Il marquant la différenciation

car face à un problème à résoudre les participants apportent leurs opinions très

variées et quelquefois opposées. A cet effet, on devrait définir que le débat est un

examen d’un problème entraînant une discussion animée. Il peut être dirigé par

des personnes de même avis ou d’avis différents. Son but est d’unifier la

diversification. Cela traduit le sens du débat qui est de parvenir à un point

commun de tous les participants et au moins à une idée de consensus. Tout cela

oblige chacun à avoir le comportement d’ouverture et celui de tolérance. Donc on

peut nommer que la démocratie est un système qui demande à chacun d’être

ouvert et de confronter ses arguments avec ceux de ses opposants pour conclure

une solution

Ainsi, dans l’échange libre d’idées entre personnes, le savoir exprimer, le

savoir écouter et le savoir réconcilier ou consolider les idées sont les conditions

nécessaires pour faire réussir le débat.

D’abord, le savoir exprimer est nécessaire parce qu’il est un outil très

efficace pour transmettre un message. Pour cela, ce message doit être claire,

court et direct accompagné d’un exemple concret, si nécessaire. Par conséquent

l’idée floue et celle qui apporte plusieurs sens ne sont pas utiles. A cet effet le

savoir écouter est nécessaire pour centrer l’attention sur l’exposé.

Ensuite, le savoir écouter est un critère de base du débat car la

compréhension demande la concentration de l’assistance et l’existence de

l’atmosphère calme. Ainsi saisir le message, pour respecter l’autre et pour tenir

compte de la liberté de chacun de prendre la parole, le savoir écouter est une

condition pour faire régner cela, même si on n’est pas d’accord avec l’idée donnée

- 43 -

par l’autre. Voilà pourquoi Voltaire affirmait que : « Je ne suis pas d’accord avec

ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. »50 Pour cela,

la maîtrise de soi est nécessaire pour faire dominer le débat démocratique.

Enfin, le débat doit aboutir à la consolidation des diverses idées évoquées

dans la réunion. Cette phase est nécessaire pour faire sortir la décision commune

et acceptée par tout le monde. Mais cela exige l’habileté de l’animateur d’unifier la

multiplicité et la diversité. Cela signifie que le savoir réconcilier tout ce qui est

contraire en trouvant l’idée neutre ou en accordant la règle de la majorité.

En effet le débat est un moyen pour consulter l’avis du peuple. Cette

procédure est utilisée dans l’assemblée, dans le parlement. Il est aussi un outil

pour faire participer la majorité à la prise de décision. D’où le débat est une

manifestation du système démocratique, car les autres régimes n’accordent que

l’imposition ou l’ordre à exécuter comme disait Michel Colucci: « la dictature c’est

« ferme ta gueule » la démocratie c’est « cause » toujours »51

I.4.3.2 L’institution

L’institution peut être définie comme un établissement privé, exemple :

institution Pierre- Barré ; comme un ensemble des règles établies en vue de la

satisfaction d’intérêts collectifs, comme un ensemble des formes ou des structures

politiques établies par la loi ou la coutume et relevant du droit public : institution

démocratique. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’institution en tant qu’elle est

organisme qui manifeste la pratique de la démocratie. On prend comme exemple

d’institution : l’Etat, le parlement, l’ONU etc.

Ici, on parle de l’institution qui garde, maintient, exécute, modèle de la

pratique de la démocratie. Ce passage concerne la séparation des pouvoirs : le

pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.

50 http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%democratie du 09/09/08 à 08 :10 51 Michel Colucci, « Tourpilles », le recueil de citations,

http://www.toupie.org/citations/démocratie.htm

- 44 -

Il touche aussi à la structure sociale ou publique qui permet à tous les

citoyens de débattre sur l’affaire de l’Etat. Exemple, au niveau Fokontany « le

Fivoriambem-pokonolona », au niveau communal, les conseils communaux ou

municipaux, etc. Dans l’institution, les citoyens peuvent donner leur avis, leurs

positions et ils ont le droit de refuser les idées qui semblent inacceptables par les

participants. Mais cette intervention du peuple peut être directe ou indirecte. Elle

est directe quand le peuple assiste et participe au débat dans cette institution.

Exemple, le Fivoriambem-pokonolona est une manifestation de la participation du

peuple.

De même dans la Grèce antique, tous les citoyens étaient membres de

l’Ecclésia et avaient le droit de participer à la prise de décision sur la gestion de

l’affaire de l’Etat. Elle est indirecte, si le débat se fait par les représentants du

peuple, mais la décision prise est dite au nom du peuple. Exemple l’établissement

de la loi communale, régionale et la loi nationale que les élus établissent. Ce

système est appelé démocratie représentative. Il est le plus répandu actuellement

car pour être efficace et rentable, le débat doit se faire par les participants aux

nombres bien limité. De plus ce régime favorise la participation de chaque

Fokontany, de chaque commune, de chaque District et de chaque région. Cela est

matérialisé par les membres constituants les conseils communaux, les conseils

régionaux, l’Assemblée Nationale et le Sénat.

Ainsi, outre les organes qui font preuve de la participation du peuple à la

prise de décision, un Etat démocratique a besoin aussi de l’institution exécutive

pour matérialiser la décision prise. Cette application est surveillée par l’institution

judiciaire. Donc une démocratie doit s’illustrer par un Etat qui possède un

parlement effectif, un gouvernement qui applique les décisions avec mesure et la

justice qui veille à l’application de cette mesure. Cela est résumé par la formule de

Périclès : « Le pouvoir arrête le pouvoir ».

D’où les institutions sont les manifestations de la pratique de la démocratie.

Car elles sont le moyen de faire exister et pratiquer la séparation des pouvoirs.

- 45 -

I.4.3.3 La Justice

La justice, ici, est définie comme un principe moral qui exige le respect du

droit et de l’équité. Pour cela consiste à être juste et à être conscient de

l’existence d’autrui qui a ses droits à respecter aussi. Donc la justice est une sorte

de caractère de l’homme qui est impartial et libéré de l’inclination sentimentale.

Cela signifie que son esprit est condamné à trouver la vérité. Ainsi il adopte

toujours comme démarche la réflexion, la recherche de preuve, la vérification etc.

En effet, la justice est un élément essentiel pour la relance de la démocratie

car la manifestation de la justice détermine la maturité de l’esprit démocratique,

c’est-à-dire la plupart de citoyens agissent d’une manière démocratique. Pour

cette raison, Pierre Mendès a écrit : « La démocratie est d’abord un état

d’esprit. »52. Cela signifie que sa pratique exige la maîtrise de soi, la conscience

de vivre avec autrui et d’avoir le sens de discussion. Ainsi la flexibilité,

l’adaptation, la patience et la tolérance sont des comportements exigés par la

pratique de la démocratie, car cela peut favoriser l’existence d’idées différentes et

presque opposées dans le débat. Ses caractères peuvent aussi calmer un climat

chaleureux lors de la réunion démocratique. Tout cela nous montre l’importance

du savoir écouter, et du savoir récapituler pour faire marcher le débat et pour

aboutir à une idée acceptée part toute l’assistance.

Ainsi, la justice caractérise, la démocratie car elle exige l’impartialité qui est

un comportement essentiel pour faire face à la multitude, à la diversité et qui est

aussi primordial pour chercher la vérité parce que les idées d’élimination, de

censure, de domination sont plus ou moins réduites dans l’exécution du débat.

D’où la justice favorise la participation effective de la population et aussi

déclenche la volonté du peuple de prendre part à la gestion des affaires de l’Etat.

Car il est sécurisé et couvert par la justice.

Pour récapituler cette partie, nous avons vu que la démocratie n’est pas un

régime modèle à imiter, mais un fait historique. Elle est le résultat d’une longue

52 ibidem

- 46 -

histoire. Face à la dictature, à la monopolisation du pouvoir, la majorité se révolte

et créera le pouvoir du peuple.

Ainsi la démocratie est un régime politique qui favorise la gestion des

affaires de l’Etat par le grand nombre. Pour cela elle est opposée à la dictature, à

la monopolisation, à la spécialisation, à la connaissance, car elle condamne la

discrimination.

- 47 -

DEUXIEME PARTIE :

CONCEPTION DU PEUPLE CHEZ NIETZSCHE

- 48 -

II.1 LES GRANDS HOMMES ET LE PEUPLE

Nietzsche est un philosophe symbolique. Il a utilisé la nature comme un

moyen de comparer et d’expliquer ses idées. Il a utilisé beaucoup de termes

concernant le peuple pour lui montrer sa haine face à la majorité et à la faiblesse

de l’homme. Ainsi, il désignait les masses par des mots tels que le troupeau, la

foule, la populace, le petit, le minable, gouttes de pluie, herbes folles, des

mouches venimeuses, vermine, malice, etc.

Ces qualifications consistent à détester le conformisme, le parasitisme,

l’hypocrisie, l’action d’affaiblir et le vœu de l’égalité. Tout cela est contraire à

l’esprit de Nietzche qui imagine, l’homme indépendant et individualiste.

Cela nous montre déjà qu’il est allergique à l’idée de la majorité. La majorité

adopte la ressemblance et le bien commun. Cela, pour lui, détruit et cache la vraie

nature de l’homme. La masse amollit la volonté de puissance car le faible, par son

instinct de s’unir, peut briser le fort. Leur souhait est de sucer le sang de l’homme

fort : « Le sang est à ses yeux la meilleure des raisons »53. Par conséquent

Nietzche appelle la majorité comme une chose inférieure ; un insecte nuisible,

mais destructif. Ainsi il choisissait d’être solitaire pour écarter le bruit du petit et

son vœu d’écrouler l’édifice de l’homme supérieur.

Pour Nietzsche, la place publique est animée par le bruit des grands

hommes et le troupeau. Tous les deux constituent le peuple qui caractérise le

pouvoir de la majorité.

Les grands hommes sont considérés comme des hommes d’exception, des

hommes politiques. Ainsi, par le rêve du troupeau, ils sont le type idéal. Ils sont

capables de résoudre les problèmes de la majorité. Donc ils feront des miracles

en sortant les souffrants de l’abîme de la pauvreté. Le troupeau est le type ou la

catégorie souffrante, opprimée. Son vœu est d’être libre en quelque sorte. Or aux

yeux de Nietzsche, tout cela est un symptôme de faiblesse, un rêve à détruire car

cela implique la dépendance, l’aliénation et l’asservissement.

53 : F-NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustrap I, p.133

- 49 -

II.1.1 Les grands Hommes

Pour Nietzsche, la place publique prend sa signification par la présence des

grands hommes et de la foule. Elle est un lieu, où se rencontre le peuple pour

discuter ou critiquer le pouvoir en exercice.

Là le peuple saisit l’occasion de revendiquer ses intérêts et de préparer les

stratégies pour renverser la puissance en action. Donc elle est un endroit dans

lequel les grands hommes se montrent comme sauveurs plus proches de la

majorité. Pour cette raison Nietzsche considère cette place comme un lieu

favorisant l’exposition de valeur : « J’ai trouvé cette table nouvelle exposée jusque

sur la place publique »54. Donc les grands hommes sont comparés aux comédiens

qui sont capables d’attirer le cœur du peuple en prononçant ces valeurs : « Mais

elle (la foule) est sensible aux metteurs en scène et aux acteurs des grandes

causes »55. Ainsi, la place publique ressemble à la place du spectacle : les grands

hommes jouent le rôle du comédien et la foule tient la fonction de spectateur. Mais

notre travail, ici, est de connaître le statut social et l’esprit de base des grands

hommes.

II.1.1.1 Le Statut social des grands hommes

Il y a deux sources de provenance de ces grands hommes à savoir :

D’abord, Nietzsche voit que les grands hommes sont issus de la famille

moins considérée dans la société. Ils sont défavorisés tant économiquement que

politiquement. Par leur origine, ils sont descendus de familles depossédées, c'est-

à-dire esclaves. Pour cela Nietzsche a écrit : « les fils d’esclave et surtout la

populace métissée »56 Ainsi ils sont la race souffrante, opprimée et tenue dans la

pauvreté.

54 : F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.123 55 : F. NIETZSCHE, Op. cit. p. 46 56 : F. NIETZSCHE, ibid. p. 289

- 50 -

Ils peuvent être les éléments de la puissance, mais ils vont à la place

publique en vue d’être à la tête de la place publique. Cela confirme l’idée de V.H.

Morris Jones qui écrit : « Rien de nouveau sous le soleil »57.

Tout cela nous permet d’affirmer que l’esprit des grands hommes est basé

sur le vœu de la liberté et l’amour du pouvoir. Dans le sens de liberté, leur rêve est

de sortir de leur état social. Cela les pousse à unir les forces pour constituer une

puissance en place et de prendre le pouvoir :

Les hommes efféminés, les fils d’esclaves et surtout la

populace métissée, tout cela veut à présent prendre en main le

destin humain.58

Mais la fonction de consolider la force et d’unifier la multiplicité exige un

homme convaincant et attirant, c'est-à-dire populiste. Cela nous permet de tirer

ensuite leur spécificité.

Ainsi, ils sont habiles à déclencher l’enthousiasme du peuple par le biais

d’un discours bien agencé, bien orné et quelquefois mensonger pour intégrer

l’attente publique. Cela suscite le cri du troupeau suivi d’un applaudissement :

« Dès qu’un grand homme pousse un cri, un petit homme arrive aussitôt, et il tire

la langue de convoitise. C’est ce qu’il appelle sa pitié »59. Cela est confirmé par le

passage suivant : « la foule se glorifie de ses grands hommes »60. Leur propos

consiste à critiquer le pouvoir, à montrer que les dirigeants sont la source de la

souffrance et de la pauvreté du peuple. Par conséquent ils l’invitent à se rendre à

la place publique dans le but de renverser les dirigeants incompétents. Cela nous

permet d’affirmer que les grands hommes sont capables de stimuler et d’animer le

peuple. Cela est vérifié par l’ambiance chaleureuse de cette place que Nietzsche

considère comme vacarme en écrivant : « où commence la place publique,

commence aussi le vacarme des grands homme ». Ce propos est comparable à 57 : RENE DE LACHARRIERE, Etude sur la théorie Démocratique, p. 50 58 : F. NIETZSCHE Op. cit p.46 59 : F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.151 60 : F. NIETZSCHE op.cit 133

- 51 -

un tapage car son contenu, vu par Nietzsche, est une sorte de flatterie, renferme

des mensonges, de l’hypocrisie. Il est irréalisable mais il est prononcé pour attirer

le peuple et pour faire monter progressivement la « tension » de la masse contre

la puissance au pouvoir : « Je te vois abasourdi par le vacarme des grands

hommes »61. De plus, les grands hommes n’acceptent pas l’existence de l’homme

supérieure. Ils pensent que les hommes sont nés pour être égaux. Dieu seul est le

puissant indiscutable : « nous sommes égaux devant Dieu »62.

Leur esprit les pousse à pratiquer la tyrannie, le régime totalitaire quand ils

arrivent au sommet de la puissance. Leur action primaire est de faire étourdir le

puissant : « il faut que les plus forts soient attachés le plus solidement, il faut qu’ils

soient surveillés et mis en chaîne : ainsi le veut l’instinct du troupeau. »63. Ce

comportement a pour objet d’homogénéiser la couche Sociale. Cela signifie que

supprimer la race supérieure et de faire monter celle inférieure. Cette idée pousse

Nietzsche à attaquer le communisme qui a pour but la disparition d’un chef : « Pas

de berger et un seul troupeau »64. Cela signifie que le pouvoir de la majorité fait

souffrir la puissance en déclin jusqu’à ce qu’elle se replie et accepte cette égalité.

Exemple : la nationalisation de l’économie est une sorte de repli car la richesse

privée est prise par l’Etat. Dans ce sens elle est devenue « bien commun » Cela

détermine pour Nietzsche l’ennemi méprisable, c'est-à-dire adversaire préétabli.

Pour cela il a conseillé en disant : « N’ayez que des ennemis haïssables, et non

ennemis méprisables »65

Pour lui, il ya deux types d’ennemis : l’ennemis haïssable qui est adversaire

produit par son action ou son comportement et celui méprisable qui est un

adversaire systématique. Ce dernier est une marque de « ressentiment » car les

grands hommes n’oublient pas leur situation sociale d’origine. Ce souvenir

61 : F. NIETZSCHE lbidem 62 : F. NIETZSCHE lbidem 63 : Nietzsche. Volonté de puissance, aphorisme 437 64 : F. NIETZSCHE, op ; cit p.46 65 : F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, P.131

- 52 -

engendre l’esprit de vengeance. D’où ils veulent le sang de la classe en déclin et

surtout la suppression des classes.

II.1.1.2 L’infériorité des grands hommes

Pour Nietzsche, l’infériorité des grands hommes est vue à travers leur

origine, leur superflu, leur faiblesse et leur caractère qui ressemble à celui de la

femme.

Par leur origine, les grands hommes ont besoin de liberté et de l’instinct du

bonheur. Mais ils ne réalisent cela qu’en demandant la consolidation des forces.

Donc on pourrait dire que les grands hommes vivent aux dépens d’autrui car la

réalisation de leur vœu dépend en grande partie de l’acceptation des autres forces

(la foule). Tout cela pousse Nietzsche à dévaloriser les grands hommes. Cela est

matérialisé par l’appellation ensemble des grands hommes et la masse à savoir :

la populace, la foule, le minable, le petit, les insectes nuisibles, l’herbe folle, etc. Ils

sont considérés comme la masse car tous les deux sont issus de la place

publique.

Les grands hommes ne croient pas à l’existence de l’homme supérieur

parce que l’homme est toujours l’homme devant Dieu. Leur esprit d’égalité

implique Nietzsche à considérer leur souhait comme une rêverie et une chose

impossible : « Devant Dieu ! Mais ce Dieu est mort. Mais nous refusons d’être

égaux devant la populace »66. Pour lui l’homme est né pour être différent des

autres. Il est différent sur divers points : son besoin, sa force, son vœu, son aspect

physique, son esprit, etc. Raison pour laquelle il renonce au bien commun en

écrivant : « ce qui est bon pour moi n’est plus bon sur les lèvres du voisin »67.

Donc le vœu de chacun varie selon l’espace et le temps, suivant l’individu et

d’après la circonstance. Ainsi le souhait d’être égal est une imagination fictive.

Cela est un signe de la bassesse car les grands hommes ne peuvent pas faire

réaliser individuellement leur vœu. Cela est le type d’homme de « réaction » car ils

66 F. NIETZSCHE, Ibid p 289 67 F. NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal, p.93

- 53 -

appellent toujours la majorité pour faire quelque chose. Cela nous amènera

ensuite à traiter de leur faiblesse.

De plus Nietzsche voit que les grands hommes sont des individus faibles.

Leur faiblesse se manifeste par la prise de décision, par le comportement et

surtout par l’état d’esprit. D’abord ils veulent du pouvoir, mais ils n’ont pas de

possibilité de prendre seuls ce pouvoir. Par conséquent la masse est considérée

comme un moyen par lequel ils réalisent leur vœu. Donc il y a l’exploitation de

l’homme par l’homme. La populace est comparée à l’escalier par lequel ils

montent jusqu’au levier du pouvoir : « Ils grimpent les uns sur les autres »68. Cela

nous renseigne que les grands hommes sont des êtres dépendants car ils vivent

aux dépens de la foule.

Ils n’arrivent pas à résoudre seuls leur problème. Or, pour Nietzsche,

l’homme fort est capable de résoudre soi-même son problème. Il n’appelle jamais

les autres, mais, il utilise sa conscience comme un outil de prise de décision :

« l’homme souverain l’appelle sa conscience. »69

Pour cela, il est autonome et indépendant. Ensuite, pour attirer le cœur de

la masse, les grands hommes n’hésitent plus à prononcer du mensonge, du leurre

etc. Les mots qui sortent de leur bouche sont « les bons » « la justice », « la

vérité », « la sagesse ». Or tout cela est une chose irréalisable et une sorte de

flatterie, de démagogie et de fiction. Tout cela amène Nietzsche à les considérer

comme un homme faible parce que « le bon » et « la sagesse » prononcés dans

la place publique sont une manifestation de préjugé. Ils sont déterminés

préalablement. Donc ils n’ont pas de liaison étroite avec l’action : c’est grâce à

cette origine que de prime abord le mot « bon » ne s’attache point nécessairement

aux actions « non égoïstes ». Ici, le bon est un mot à priori. Ce mot guide le

comportement de chacun. Cela prouve la non liberté du chacun et surtout la

conscience libre. D’où la déclaration du bon est un symbole de la faiblesse car « le

68 F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p. 131 69 F. NIETZSCHE, La généalogie de la morale, p.80

- 54 -

bon, qui n’est autre que lui-même »70, c'est-à-dire la race supérieure et régnante

est par lui-même considérée comme bon et ses actions déterminent le mot

« bon ». Il est déterminé a posteriori. Cela, pour Nietzsche, est une marque de

l’élévation d’âme car l’homme devrait être jugé par son travail pendant un laps de

temps. Donc, le travail, l’action, ici, prennent leur signification et non pas la

moralité de mœurs qui fixe la ligne de conduite. Cette morale est une façon

d’élever et de discipliner. Elle est aussi une condition préalable et elle a besoin de

l’appréciation d’autrui. En effet, on a un homme déterminé et uniforme. Ainsi, la

morale est un outil d’amollissement et d’affaiblissement de l’homme. Cela est

contraire à la volonté de puissance et à la nature de l’homme comme la

méchanceté. Cette dernière est capable de développer l’esprit. Or pour les grands

hommes, le bon détermine la bonté de l’homme qui n’est autre que l’homme

dégradé pour Nietzsche : « rendre meilleur signifie « domestiquer », « raffiner »,

« amollir », « efféminer »71.

Ainsi, l’invention de valeur est une manifestation de la faiblesse, car elle

permet de dominer, d’affaiblir l’espèce humaine. De plus, la morale tant qu’elle est

préétablie est un accomplissement de désir et elle renonce à l’idée de réflexion.

La raison n’accepte pas la morale. Cela peut engendrer la non considération des

inventeurs de valeur :

Les morales elles aussi sont une séméiologie des passions.

Toute morale est contraire au laisser-aller, c’est une tyrannie qui

s’exerce sur la nature et aussi sur la raison. 72

De plus les grands hommes aiment organiser la guerre, mais ils ne

supportent pas sa conséquence : « La place et la foule ressemblaient à la mer,

quand la tempête s’élève. Tous s’enfuirent en tous sens, pêle-mêle »73. Donc, les

70 F. Nietzsche, ibid, p.50 71 F. Nietzsche, ibid, p.216 72 F. Nietzsche, Par delà le bien et le mal , p.181 73 F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p.71

- 55 -

grands hommes tant qu’ils sont éléments de la place publique sont fragiles, faciles

à disperser etc.

En outre, ils détestent toute action qui demande des énergies : énergie de

penser, énergie de surmonter. A cet effet ils évitent la venue et l’existence d’un

risque. Ils renoncent la souffrance. Ainsi leurs actions primaires sont de supprimer

le malheur. Cela est une faiblesse pour Nietzsche car la route vers le surhumain

est plein de dangers et « car chez l’homme le mal est encore la meilleure

énergie »74. Il ajoute que « Dans toute volonté de connaître, il y a au moins une

goutte de cruauté »75. Ainsi l’idée de danger est inévitable et incontournable. Or,

dans la place publique, les grands hommes ne prononcent que le côté positif de la

vie :

Ce qu’ils cherchent de toutes leurs forces à réaliser, c’est le

bonheur du troupeau, le vert pâturage, la sécurité, l’absence du

danger, le bien-être, la facilité de la vie pour tous76.

Cet esprit ne permet pas aux grands hommes de se soucier de trouver la

solution pour surmonter ce danger. Or pour Nietzsche, le malheur est une

occasion profitable pour l’homme de développer sa force et surtout l’énergie de se

défendre et de se dominer :

Cette tension de l’âme dans le malheur, qui donne l’énergie, son

sursaut devant les grands naufrages, son inventivité, son

courage à supporter le malheur, à l’endurer, à l’interpréter et à

l’utiliser. 77

Pour cela, le malheur est une sorte de stimulus de l’esprit à augmenter sa

force de créativité, d’invention, d’endurance, de recherche etc. D’où le danger

caractérise la conscience de soi de l’homme. 74 F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.289 75 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le mal, p.283 76 F. Nietzsche, Ibid., p.101 77 F. Nietzsche, Ibid., p.273

- 56 -

Ensuite, si on parle de la place publique on n’oublie jamais l’idée de la

majorité. Tout cela donne la signification de la divergence d’opinions et

l’abondance de parole. Donc cette multiplicité peut induire à la fausseté car le

troupeau pour Nietzsche ne pense pas. Il a besoin d’un guide. Or dans le pouvoir

de la majorité, la décision prise est dite démocratique. Tout cela fait perdre la

réalité. Raison pour laquelle Nietzsche a écrit : « Toute opinion est une cachette,

toute parole peut être un masque. »78 Cette affirmation est pertinente car le vœu

dans la place publique est encadré par la recherche du bonheur et le partage des

places et tous veulent accéder au trône comme si le bonheur était sur le trône.

Cela pour lui est une folie car souvent le trône se trouve dans le boue et la boue

sur le trône. Cela signifie que la recherche du bonheur exige la force, la dureté, la

conscience. Pour cette raison Nietzsche l’a dit : « Qu’importe le bonheur ! (…), il y

a longtemps que je ne suis plus à l’affût de mon œuvre »79, c'est-à-dire l’œuvre

procure le bonheur qui commande l’action de l’homme. Mais le bonheur de

Nietzsche c’est la route vers la puissance, vers l’action, vers l’activité le plus large

et non pas la satisfaction des passions qui dominent dans l’esprit du faible : « la

mémoire d’esclave est soumise aux passions et aux désirs »80.

Ainsi Nietzsche considère la place publique comme un lieu constituant de

l’homme faible. Là se trouvent les petits, les minables, les parasites. D’où il devrait

être éliminé car ils sont la charge de la société.

Enfin, Nietzsche considère les grands hommes comme des hommes

efféminés dans le sens où leur caractère ressemble à celui de la femme. La

femme est un être sentimental. Elle s’incline vers la pitié. De plus elle est

comparée avec le « bien », c'est-à-dire un être possédé : « La femme veut être

prise, acceptée comme une pure propriété »81. La caresse est une chose

importante pour elle. Ainsi elle en est capable, mais aussi elle est facile à

caresser. Pour cela Nietzsche renonce le mariage car celui-ci empêche l’esprit

78 F. Nietzsche, ibid, p.399 79 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.185 80 F. Nietzsche, La généalogie de la morale, p.88-89 81 F. Nietzsche, Le gai savoir, p.331

- 57 -

d’être libre et est un obstacle fatal sur la route vers l’optimum. Cet obstacle est le

plus grave quand la femme a un enfant. L’homme est obligé de s’occuper de

l’affaire de la maison. Cela est contraire à l’idée de liberté. Tout cela pousse

Nietzsche à emprunter le concept des philosophes : « comme jadis Bouddha,

quand on lui annonça la naissance d’un fils : « Râhoula m’est né, une entrave est

forgée pour moi. »82 Ici Rahoula est considéré comme un petit démon. Pour

Nietzsche, par suite du mariage et de la naissance de l’enfant, l’affaire de l’homme

est bornée à la vie à la maison. Or l’esprit libre pour lui est presque synonyme de

l’abandon de la maison. Voilà pourquoi il préfère être célibataire et il tire

spécialement le cas de Socrate en écrivant : « Socrate, seule exception, le

malicieux Socrate s’est, semble-t-il, marié par ironie »83. De même pour les grands

hommes : la flatterie, les mensonges, la démagogie et la ruse oratoire sont des

sortes de caresse. Tout cela a pour objet d’attirer le cœur de la masse dans la

place publique : « si j’ai parlé du miel, et de l’offrande du miel, c’était une ruse

oratoire et en vérité une utile folie »84. Ainsi ils sont capables de flatter la masse,

mais ils ont peur de perdre leur place et leur honneur, de ne pas être acceptés par

le peuple, c'est-à-dire leur populisme. Par conséquent ils sont contents, très

sensibles et fiers d’entendre le cri, l’applaudissement et autre glorification venant

de la masse. C’est surtout quand ils sont nommés « présidents ». Tout cela fait

monter leur tension de critiquer le pouvoir et de donner les promesses. Donc ils

sont des hommes endettés : satisfaire le peuple, quand ils arriveront au sommet

de la puissance. Pour cela Nietzsche les identifient aux femmes, c'est-à-dire

hommes possédés car ils aiment servir et non pas être servis. Ici ils ressemblent à

l’esclave et surtout sur le plan de l’esprit qui émet la pitié et cela leur procure plus

de fierté et d’honneur : « le sentiment est le plus agréable à ceux qui sont peu fiers

et qui n’ont pas de chances de faire de grandes conquêtes »85. Par leur esprit, ils

aiment la charge car ils ne pensent qu’à partager leur expérience. Exemple : un

homme porte le nom de président de diverses responsabilités de plusieurs

associations. 82 F. Nietzsche, Op.cit., p.159 83 F. Nietzsche, Ibidem. 84 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.187 85 F. Nietzsche, Ibidem.

- 58 -

Cet homme là, aux yeux de Nietzsche, ressemble au chameau qui est

satisfait quand il porte le fardeau :

« Il charge sur ses épaules trop de lourdes paroles, de lourdes valeurs qui

lui sont étrangères »86. Ainsi les grands hommes sont surchargés.

Cela peut être la source de mensonge car la pitié enseigne à mentir et

alourdit l’atmosphère dans l’âme libre : « Or la pitié, c’est le plus profond

abime »87. D’où la pitié est une manifestation de caractère féminisme car elle est

question du cœur et non pas de la raison ou de la conscience.

Bref, Nietzsche nie la place publique dans le sens ou les petits veulent

commander les forts et ils inventent et enseignent la morale comme moyen de

domination et un outil d’affaiblissement. Il récapitule tout cela en écrivant : « la

sagesse fatigue, rien ne vaut un effort – tu ne convoiteras »88 et il ajoute : « J’ai

trouvé cette table nouvelle exposée jusque sur la place publique »89

II.1.1.3 Ce que sont les grands hommes

Leur caractère bruyant n’est pas une chose nouvelle ou étonnante, car cela

est le point caractéristique de la place publique. Pour l’homme faible, l’homme de

réaction, le bavardage est un outil plus important de montrer sa valeur, sa lutte de

condition et de faire écraser le fort. Le bruit est un meilleur moyen pour eux parce

qu’ils sont incapables d’utiliser leur force, c'est-à-dire ils ne sont pas homme

d’action. Mais le tapage pour Nietzsche étourdit le fort : « Je te vois abasourdi par

le vacarme des grands hommes. »90 Notre travail ici est de savoir le contenu et le

but de ce vacarme.

Que ce soit la nature et la manifestation du bavardage dans la place

publique, son but est d’avoir la puissance car « l’union fait la force » et de prendre

86 F. Nietzsche, ibid, p.97 87 F. Nietzsche, Ibid, p.21 88 F. Nietzsche, Ibid, p.123 89 F. Nietzsche, ibidem 90 F. Nietzsche, Ibid, p.133

- 59 -

le pouvoir. Mais, cela a besoin de l’accord du peuple et de l’adhésion populaire.

Tout cela pousse les grands hommes à critiquer vivement le pouvoir en exercice

comme incompétent, corrompu et source de la souffrance publique.

Ils décrivent aussi le profil d’action qu’ils sont capables d’exécuter. Exemple

faire sortir la masse de son statut de pauvreté, et prétend avoir la qualité

d’honnêteté, de pureté. Ils sont débordés à tous les moments, à tous les jours et

nuits, de la maison à la rue. Mais tout cela, aux yeux de Nietzsche, est une ruse

oratoire car il est une sorte de rêverie, l’irréalisable, c'est-à-dire une promesse

fictive. Par conséquent il considère les grands hommes comme un prophète du

grand midi en écrivant : « Et celui qui proclame que le moi est saint et sacré, et

que bienheureux est l’égoïsme, celui qui est le prophète du grand midi. »91 Ils sont

prophètes du grand midi car ils prétendent tout connaître. Or en réalité, ils sont

dépourvus de cette compétence. Ainsi ils ressemblent au comédien qui est

capable de tromper les autres et capable de se tuer. Le comédien a l’esprit

d’imagination, mais il est dépourvu de conscience : « Le comédien a l’esprit, mais

un esprit dénué de conscience. »92 Par son habileté d’imiter, d’animer, de vivre

dans la situation, il est capable de convaincre la masse. Mais cela est apparence

par le biais d’un masque, d’un habillement ou de mimique. Tout cela est réuni

dans les caractères des grands hommes qui sont capables de convaincre et de

faire croire la masse : « il croit toujours à ce qui lui permet d’amener les autres à

croire, à croire en lui. »93 Mais leur habileté reste théorique et n’est pas pratique.

Cette attitude est plus proche de l’adage Malagasy : « mpitaribato vilam-

bava ». Cela signifie que leur parole et leur comportement n’ont pas de liaison et

de suite logique avec l’action. Le plus grave, ils changent toujours suivant la

situation et la circonstance. Donc ils sont comparés avec le caméléon qui change

(sa teinte) selon le milieu où il vit. Ici les grands hommes sont des êtres

métamorphiques car ils sont à l’affût des bonheurs de l’intérêt : le vœu du pouvoir

et le partage des places : « Cette formule des cœurs amollis et des vouloirs

91 F. Nietzsche, Ibid, p.93 92 F. Nietzsche, Ibid., p.133 93 F. Nietzsche, Ibid, I, p.133

- 60 -

partagés »94. Cette nature métamorphique est qualifiée comme celle du politicien

qui est un homme de tolérance, de négociation et de consensus. Or pour

Nietzsche, cela est une sorte de recherche de chaise politique et même il la

qualifie comme « le savoir nager » c'est-à-dire un homme d’hypocrisie. Voilà

pourquoi Nietzsche déteste la valeur politique car le politicien n’est pas sûr de lui-

même, le danger pour lui c’est la perte de la place politique. Cela le conduit à

servir l’autrui comme instrument, pratiquer du leurre pour tromper les autres. Il

change toujours son comportement. Ainsi, il est considéré comme un homme

« d’adaptation ». Cela détermine son caractère changeant :

Demain il aura une croyance nouvelle, et après demain une plus

nouvelle encore. Il a une perception rapide, comme la foule, et

des intuitions changeantes.95

Ce changement est déterminé par l’écoute de l’attente du peuple et de la

rumeur installée dans la place publique. Voilà pourquoi la place publique est

structurée : exemple le comité qui se charge du contrôle de la « tension » du

peuple. Cela est dénommé agent responsable de la communication, de la

sécurité…. Ainsi, les grands hommes sont qualifiés d’hommes du présent,

hommes de l’heur car ils ne pensent que le présent.

Enfin, par l’analyse du parcours suivi par le progrès de l’esprit de l’homme,

Nietzsche catégorise en trois stades le développement de l’espèce humaine à

savoir la bête, l’homme et le surhumain. Ainsi avant d’analyser profondément un à

un ces stades on va les schématiser.

94 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.137 95 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.133

- 61 -

Processus du développement de l’homme

Ainsi, l’homme est considéré comme un « pont » qui relie la bête et le

surhumain. Donc il est le point de perdition et de transition. Mais il est difficile à

suivre car cela demande l’équilibre, la confiance en soi, la dureté de l’esprit, sinon

le marcheur risque de tomber dans l’abîme :

L’homme est une corde tendu entre la bête et le surhumain, une

corde au-dessus d’un abîme. Danger de franchir l’abîme, danger

de suivre cette route, danger de regarder en arrière, danger

d’être saisie d’effroi et de s’arrêter court ! 96

Donc l’homme est un point qui sépare la bête et le surhumain, et il est aussi

un parcours qui mène à la voie de dépassement pour l’espèce humaine dure et à

l’abîme pour celui qui est faible. Pour cela, l’espèce humaine se situe au point qui

sépare la bête et l’homme. Cela nous permet de la définir comme l’ensemble de

tous les individus qui ne sont ni bêtes ni surhumains, mais ils commencent à

réfléchir, à choisir leur chemin. On appelle surhumain, celui qui est capable de

traverser cette transition. Il est un homme de dépassement car il peut surmonter,

sursauter toutes les entraves existantes. Il est aussi qualifié fort, dur, lointain, et

homme de raison. Par contre, si l’individu est envieux de surmonter ces obstacles,

96 F. Nietzsche, Ibid, p.63

- 62 -

mais qu’il ne soit pas décidé, il sera tombé dans l’abîme. Cela qualifie « la

perdition ». Enfin, l’individu qui a peur de l’abîme et continue sa marche vers

l’arrière est appelé « bête ». Ce dernier ressemble aux grands hommes qui

n’aiment pas rencontrer les dangers. Raison pour laquelle ils les évitent. Leur état

d’esprit qui déteste le mal et qui est attaché au « bien ». Cela pousse Nietzsche à

les considérer comme l’homme inférieur qui est incapable d’utiliser sa force et son

énergie.

II.1.2 La masse

II.1.2.1 Attitude de la masse

Conséquence de la flatterie, de la ruse oratoire dans la place publique, la

masse se sent convaincue de la vérité du propos et du discours des grands

hommes. Cela fait monter sa « tension ». Elle est nerveuse en détestant les

pouvoirs car elle croit que ceux-ci sont la source de souffrance du peuple. En

effet, elle répond à l’invitation des grands hommes en organisant le mouvement

populaire dans la place publique. Elle décide de s’unir, de consolider ses forces

avec les maîtres de l’heure en vue de renverser la puissance au pouvoir et de

revendiquer ses intérêts. Mais le plus souvent, cette manifestation est suivie des

bruits différents, incohérents ; des rumeurs. Tout cela peut avoir besoin de

destinataire ou non. Mais la satisfaction de la masse est de faire sortir son vœu :

Là-bas au contraire, tout discours est vain, [….] tout parle et

rien n’écouter, [….] chez eux tous parlent et aucun ne sait

comprendre. […..] Tout parle, tout s’effrite en parole [….] chez

eux tout parle, tout se trahit. […]97

Tout cela prouve les vacarmes de la masse dans la place publique. De

plus, pour animer ce mouvement, les grands hommes utilisent la chanson, la

poésie, la musique dans le but de faire exister l’ambiance et de faire monter à

chaleur la populace. Raison pour laquelle Nietzsche confirme que la place

publique est un lieu qui favorise les tapages, qui caractérisent l’homme de

97 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.79

- 63 -

réaction, c'est-à-dire l’homme faible : « où commence la place publique,

commence aussi le bourdonnement des mouches. »98 Les mouches, ici, c’est la

foule qui a ses intérêts variants et différents et incohérents. Tout cela forme le

tapage que Nietzsche considère comme caractère de la place publique.

Ainsi, cet auteur considère la masse comme la mouche qui ne fait que

sucer l’homme : « Ce qu’elle veut, c’est être trop près possible de ta peau et de

ton sang »99, et faire souffrir nos oreilles par son bourdonnement. Pour cela,

Nietzsche accentue le tapage comme caractéristique principale de la masse et

surtout celle de la place publique. A cet effet les petits font les bruits en vue de

faire souffrir le fort qui est un homme individualiste et autonome. Pour cela

Nietzsche déteste la place publique et choisit la solitude pour trouver le calme.

Cela nous fait savoir que le surhomme de Nietzsche est un individu isolé pour

échapper au bourdonnement de la mouche dans cette place, car la masse a pour

objet de torturer l’homme supérieur : « Ils viennent bourdonner autour de toi. »100

Mais elle est fragile comme les mouches, et est facile à disperser en s’enfuyant

dans la direction différente. Ainsi Nietzsche la compare avec la mer qui s’effrite

quand la tempête arrive.

Dans la place publique, Nietzsche distingue l’existence de deux caractères

de la masse, à savoir la nature sentimentale et celle rancunière : « Fuis leur

vengeance invisible : ils n’ont à ton égard qu’un sentiment, la rancune »101. Elle

est sentimentale dans la mesure où elle fait parler son cœur, et non pas sa raison

et sa conscience. Son comportement se base sur son besoin, son désir, sa

passion : « Ils se sont gâtés l’estomac. Leur esprit n’est qu’un estomac

malade »102. Mais, sous le fait de sa paresse, elle n’arrive pas à résoudre le

problème de la vie. Par conséquent elle projette sa responsabilité aux autres. Elle

demande toujours l’aide de l’Etat pour faire satisfaire ses besoins biologiques car

98 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.133 99 F. Nietzsche, Ibid., I, p.135 100 F. Nietzsche, Ibidem 101 F. Nietzsche, Ibidem 102 F. Nietzsche, Ibid., II, p.123

- 64 -

elle croit que l’Etat est la source de sa pauvreté et peut leur sortir dans l’abîme de

cette pauvreté. Ainsi, son état d’esprit est la source même de son caractère

dépendante. Voilà pourquoi Nietzsche les considère comme l’homme inférieur car

il est né pour servir : « surtout la gent féminine, née pour servir »103. C'est-à-dire,

cet homme n’a pas la maîtrise de soi et la volonté de vivre personnellement. Cet

esprit pour Nietzsche est une sorte de « naïveté » car le rêve de la masse

dépasse beaucoup de sa disponibilité : elle rêve d’être riche, d’être puissante etc.

Or elle ne pense pas à surmonter les entraves. Elle croit que même s’il est en état

de sommeil, la richesse peut arriver facilement car cela dépend en grande partie

de la compétence de ceux qui sont au pouvoir. Donc la populace se montre

disposée à aimer les dirigeants pour être aidée : « D’autres fois, ils font l’aimable

avec toi, mais telle a toujours été la malice des lâches. Or les lâches sont

malins ». Cela est justifié par les caractères de la masse qui nie progressivement

le pouvoir quand ses intérêts ne sont pas réunis. Elle pense que l’Etat est la cause

principale de sa souffrance. En effet la populace s’organise en unissant ses forces

dans le but de renverser la puissance en exercice. Son rêve est de démolir le

palais du dirigeant :

Ils sont innombrables, ces petits, ces minables, et l’on a déjà vu

de fiers l’édifice réduit en ruine par l’action des gouttes des

pluies et des herbes folles.104

Donc Nietzsche ici considère la populace comme une force négligeable,

mais elle peut renverser le pouvoir. Mais quand elle arrive au sommet de la

puissance, elle ne fait que faire souffrir l’autre puissance en déclin. Cela détermine

l’esprit de vengeance. Donc la masse est un individu rancunier car elle veut faire

mourir les dirigeants comme disait Nietzsche : « Ils veulent de ton sang à toute

innocence. »105

103 F. Nietzsche, La volonté de puissance Aphorisme 457. 104 F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p.135 105

F. Nietzsche, Ibidem.

- 65 -

Bref, la populace est dite sentimentale car elle ne pense qu’à satisfaire ses

besoins physiques. Au cas de carence, elle manifeste ses caractères tapageux en

irritants les pouvoirs.

II-1-2-2 Le désir de l’égalité

« Nous sommes égaux » a écrit Nietzsche en rapportant le vœu de la

populace. Pour elle, il n’y a pas d’hommes supérieurs. Tous sont créés par Dieu

pour être hommes. Donc tout homme est égal devant Dieu. Cette idée est

confirmée par Nietzsche quand il écrit : « la foule croit à l’égalité. » A cet effet, tout

le monde rêve d’être chef et court pour arriver au bout de ce but.

Cet esprit est commun à tous : les ignorants, les analphabètes, les illettrés.

Pour cela on pourrait affirmer que les instincts de la majorité permettent aux

cancres d’arriver au pouvoir. Ce pouvoir est le plus proche de l’idée de la

démocratie. Mais, par l’effet de la croyance de l’égalité, tout le monde veut

accéder au pouvoir et en prendre le levier : « Tous veulent la même chose, tous

seront égaux ». Donc le problème se manifeste quand on procède au partage des

places.

Cette distribution est difficile à gérer, parce que, le nombre est limité. Tout

cela détermine le sens de l’opposant, le conflit politique peut aboutir aux conflits

sociaux. Cela amène Nietzsche à écrire : « Ils s’entre dévorent et n’arrivent pas à

digérer. » Ainsi, le sens de solidarité dans la place publique se réduit à

l’exploitation de l’homme par l’homme. Chacun pense à l’idée d’exploitation, à

l’idée de se servir des autres d’escaliers. Or cet esprit se fait réciproquement.

Aucun n’accepte d’être escalier.

Par conséquent, ce pouvoir est fragile et le sens de progrès tend vers

l’arrière comme l’affirmait cet auteur : « Ils grimpent les uns sur les autres et se

font crouler mutuellement dans la fange et dans l’abîme ». D’où l’esprit de l’égalité,

pour Nietzsche, est un symbole de la naïveté car l’homme supérieur n’accepte pas

d’être égal à la populace, car l’un a la volonté de commander et d’être puissant.

Les autres a la volonté de servir et d’obéir. Bref, le désir de l’égalité est la source

des pouvoir de la majorité et le frein pour le développement car le cancre peut

- 66 -

arriver au pouvoir. Nietzsche nie ce désir en écrivant : « Mais nous refusons d’être

égaux devant la populace »106

II.2. L’ETAT

II.2.1 Définitions

Au sens politique, le terme Etat est moins entendu dans l’Antiquité. On a

parlé du mot « cité » qui signifie « polis » pour les Grecs et « civilitas » pour le

Latin. Exemple la cité d’Athènes qui est une unité politique constituée par une ville

et ses environs. Donc elle est un mode de vie ou d’existence communautaire107.

Ainsi, le mot « Etat » est apparu au XVIe siècle, c'est-à-dire au temps de

Gui Chardin et Machiavel. A cette époque, il est défini comme une « physionomie

historique » du politique. Cela est repris par I. Frund qui définit l’Etat comme :

« une manifestation historique de l’essence du politique. »108. Ainsi il est une

question de rapport entre les gouvernants et les gouvernés c'est-à-dire l’autorité à

l’obéissance ; le rapport privé de chef à sujet. La notion de l’Etat implique l’idée

d’un pouvoir qui transcende les volontés particulières de ceux qui commandent.

Actuellement l’Etat est défini comme un titulaire abstrait et permanant du

pouvoir dont les gouvernants ne sont que des agents d’exercices essentiellement

passagers. Il est constitué par le territoire, la population et le pouvoir souverain. Il

est chargé principalement de la fonction législative, de la fonction exécutive et de

la fonction juridictionnelle. Par conséquent il est titulaire du pouvoir de légiférer,

d’administrer et de punir. Raison pour laquelle Max Weber a écrit : « l’Etat a pour

caractéristique principale de revendiquer « le monopole » de la violence

légitime »109. Cela est vrai car l’Etat est le maître de la force armée et des forces

de police. Cette prérogative n’est qu’un élément dans un tout. Ainsi, weber a

affirmé que :

106

F. Nietzsche, Ibid, II, p.131. 107 : Encyclopédie philosophique universelle p.861 108 : ibid p.262 109 : Ibid, p.83

- 67 -

L’Etat est une entreprise politique de caractère institutionnel

lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec

succès, dans l’application des règlements, le monopole de la

contrainte physique légitime »110.

Cet abus d’accumulation des forces amène la majorité à considérer que

« l’Etat, ce sont les dirigeants. »

Pour lui, l’Etat est une image (idole) inventée par les superflus pour réaliser

leur rêve : rêve d’être libres et de prendre le pouvoir. Le but est de faire valoriser

leur statut d’origine : les opprimés, la populace et l’esclave. Mais s’ils arrivent au

soumet de la puissance, ils établissent un texte de contrat en vue de protéger leur

vœu : « telle est bien l’origine de « l’Etat » sur terre : Je pense qu’on fait justice de

cette rêverie qui fait monter cette origine à un « contrat »111. Ici les superflus ne

sont autres que la populace, mais dans certains pays elle est composée du peuple

et du troupeau. Ces deux constituent l’idée des « Etats » : « Dans certains lieux du

monde, il existe encore des peuples et des troupeaux, mais chez eux il n’y a que

des Etats »112.

Pour cela, l’Etat a besoin de personnes physiques qui veillent et appliquent

le contrat. Mais elles considèrent le pouvoir comme chose destinée, c'est-à-dire

don venant de la force extra-terrestre : « Je suis le doigt souverain de Dieu »113.

Cela, pour Nietzsche, est une sorte de mensonge pour faire tromper les superflus

et une manière de contrainte en vue de replier les forts : « Rien n’est plus grand

que moi sur terre »114. Par conséquent les petits s’agenouillent devant eux et les

grandes âmes se replient. Donc Nietzsche considère l’Etat comme lieu de

perdition car par l’appât de mensonge de l’Etat tout le monde est piégé et les

faibles dominent et arrivent au sommet de la puissance :

110 Ibid, p.865 111 Nietzsche, La généalogie de la morale, p.123 112 F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p.127 113 F. NIETZSCHE, ibid, p.129 114

F. NIETZSCHE, ibidem

- 68 -

L’Etat, c’est le lieu où tous sont intoxiqués, bons et méchants ;

où tous se perdent, bons et méchants, où le lent suicide de tous

s’appelle « la vie »115.

Or la vie pour Nietzsche est une source de contentement et de tristesse car

c’est le corps humain qui commande :

La vie est une source de joie, mais pour l’homme qui laisse

parler en lui un estomac malade, père de toute affliction toutes

les sources semblent empoisonnées. 116

En somme, pour Nietzsche, l’Etat marque le succès du vœu des superflus à

prendre en main le destin humain. La foi, la croyance commune sont des outils

pour faire tuer la nature de l’homme ; la flatterie est un moyen de faire tromper,

perdre le peuple et les mensonges sont des moyens pratiqués pour intoxiquer les

vivants.

Donc la foi et la croyance équivalente à l’épée, la flatterie est utilisée

comme un matériel de repassage et les mensonges comparés aux appâts de

piégeage. L’Etat est à la fois bon et méchant car il est capable de projeter la pitié

et d’installer la peine capitale ou autres punitions. D’où, par ses caractères

méchants et malicieux Nietzsche appelle l’Etat comme un monstre froid.

II.2.2 La spécificité de l’Etat

Ici, le signe et la marque se ressemblent, mais ils se distinguent l’un de

l’autre aux yeux de Nietzsche. Le signe désigne les moyens utilisés et la marque

représente les caractères et la fonction de l’Etat.

II.2.2.1 Le signe de l’Etat

En général, l’Etat, c’est le peuple, mais en réalité et dans la fonction, l’Etat

ce sont les dirigeants. Donc le peuple ordinaire est dévêtu du sens de l’Etat. La

115 : F. NIETZSCHE, ibidem 116 : F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.123

- 69 -

majorité ne fait que subir la conséquence de l’autorité de l’Etat. Or l’Etat ne se

soucie que de la stabilisation de son autorité. Par conséquent, il se met à la place

de l’Etat pour faire trembler, pour faire craindre le peuple et pour utiliser sa

puissance. Or pour Nietzsche l’Etat est dénué de la puissance. Il utilise tout

simplement la foi comme un outil de destruction et d’amollissement ; et les héros

comme moyen de défense. Pour cela il est à la fois superflu et menteur. De plus, il

se situe au niveau du peuple dans le but de tromper, de trahir et d’attirer le cœur

du peuple. Tout cela pour Nietzsche est une sorte de flatterie, de ruse oratoire et

d’imagination fictive. Donc, Nietzsche les considère comme mensonges car l’Etat

ne pense qu’à stabiliser son pouvoir et non pas à chercher le bonheur de la

masse. Cette idée est justifiée dans le passage de Nietzsche : « Moi l’Etat, Je suis

le peuple »117 et à cela est ajouté une sorte de flatterie « ils ont suspendus au

dessus de leurs têtes un glaive et cent appétits »118.

Ainsi, l’idée de l’Etat manifeste la méchanceté des dirigeants, leur capacité

d’appliquer la loi par le biais de punition, de châtiment et de récompense. Le sens

du peuple détermine l’existence de la pitié. Par conséquent, outre leur esprit

destructif, l’Etat se montre malgré tout créateur du bien pour le peuple : « ils ont

ainsi servi la vie »119 Or la vie non seulement engendre la joie mais aussi fonde la

tristesse car la vie est une source de joie, mais pour l’homme qui laisse parler en

lui un estomac malade, père de toute affliction, toutes les sources semblent

empoisonnées. Donc la vie est une source d’aliénation et de servitude car

l’homme ne pense qu’à satisfaire sont corps. Cette faiblesse est une occasion

profitable pour l’Etat de faire pencher le peuple et de faire remonter sa valeur en

lui apportant une aide si la masse l’accepte : « l’Etat vous donnera tout, à

condition que vous l’adoriez »120. En effet tout le monde l’applaudit et se met à son

service. Tout est piégé aux yeux de Nietzsche et le vœu des superflus est réalisé.

Ici, l’idée de Protagoras est justifiée que l’homme « c’est l’art de mesurer»121, 117 : F. NIETZSCHE, op.cit, p.127 118 : F. NIETZSCHE, ibidem 119 : F. NIETZSCHE, ibidem 120 : F. NIETZSCHE, ibid, p.129 121 : Platon, Protagoras, p.80

- 70 -

mais l’homme est remplacé par l’Etat. Pour cela on pourrait comparer l’Etat aux

Sophistes car tous les deux sont capables d’éclairer, d’éclaircir tout ce qui est

sombre et ils sont habiles à attirer et à convaincre le peuple, c'est-à-dire rendre

vrai le faux et vice versa : « l’Etat sait mentir dans toutes les langues du bien et du

mal »122. Nietzsche voit que tout ce qui sort de la bouche de l’Etat est une sorte de

trahison et de tromperie : « Dans tout ce qu’il dit, il ment »123 : Tout cela pousse

Nietzsche à confirmer que les mensonges sont le signe de l’Etat. Cet auteur rêve

de briser l’idée de l’Etat dans le but d’instaurer l’autorité du plus fort : « où finit

l’Etat, où commence l’homme qui n’est pas superflue »124.

II.2.2.2 Les marques de l’Etat

Nietzsche a mis en lumière l’existence de deux choses qui marquent un

Etat, à savoir la manifestation de mourir et les prédicateurs de mort.

L’Etat est un symptôme de volonté de mourir dans le sens où il déteste la

volonté de puissance, c'est-à-dire le libre développement de l’homme par lui-

même. Il n’accepte que l’homme déterminé, discipliné, renforcé et amolli. Ainsi

l’éducation est un moyen efficace pour réaliser cela : « l’Etat et la société comme

substructures : point de vue économique l’éducation est considérée comme une

discipline »125. Par l’éducation, l’homme, au lieu d’être bête féroce, deviendra

conformiste, obéissant, domestiqué, faible…:

« Tout espèce renforcée s’est trouvée sur le même niveau que l’espèce

inférieure. »126 Il y a la disparition de caractère naturel de l’homme : la

méchanceté est éclipsée et cachée sous la nature donnée par l’éducation. Ainsi,

l’Etat est dit symptôme de volonté de mourir car par l’action voulue la vraie nature

de l’homme s’anéantira : bête de proie. De plus dans l’Etat, les faibles

monopolisent la force tant morale que physique. Cela est contraire à la loi

122 : F. NIETZSCHE, op-cit, p.127-129 123 : F. NIETZSCHE, ibidem 124 : F. NIETZSCHE, ibid, p.131 125 : F. NIETZSCHE, Volonté de Puissance, Aphorisme, 389p? 126 : F. NIETZSCHE, ibid, Aphorisme 387

- 71 -

naturelle car elle accorde la domination du plus fort. Or, l’Etat prononce la vie,

aime la vie, mais il nie le mal et accepte le bien. Donc il éclipse l’idée de la vie

comme une volonté de puissance car autour d’elle gravitent le bien et le mal.

L’homme ne fait que dépasser ce mal, non pas éviter sa venue. Pour cela l’Etat

est une volonté de mourir car par l’action volontaire, il élimine le sens du mal qui

est un moyen fortifiant l’énergie humaine. Tout cela pousse Nietzsche à

conseiller : « laisse le monde aller comme il va. N’y touche pas même du bout du

doigt »127.

Enfin, Nietzsche considère l’Etat comme un lieu qui invite les prédicateurs

de mort, parce qu’il est encerclé par l’homme d’honneur. Cet honneur est reçu par

la morale. Par conséquent, cet homme est considéré comme moraliste. Il expose

la morale et oblige la majorité à respecter et à suivre les règles préétablies au

profit de l’Etat.

Ainsi l’exposition des tables de valeurs pour Nietzsche est une manière

qu’on adopte pour suivre la voie vers le rien ou le nihilisme et aussi une chose qui

oblige l’homme à accepter l’existence de la vérité a priori. L’idée de règles signifie

l’acceptation du préjugée. Pour cela, les superflus, par la morale, dominent les

forts qui sont capables de se dominer et ils ne veulent pas dominer les autres.

Ainsi l’Etat invite les prédicateurs de mort car ses membres célèbrent une

chose qui n’existe pas et inventent la valeur pour tuer la nature de l’homme.

Exemple les croyants ne sont pas sûrs d’être sauvés malgré tout ils croient à

l’existence de l’enfer et du paradis, c'est-à-dire la vie extra-terrestre. Cela, aux

yeux de Nietzsche, est une sorte de renoncement à l’existence qui est la réalité de

la vie. De plus le sens du bon et du bien est une sorte de domestication de

l’homme qui est naturellement une bête de proie. Donc l’Etat fait mourir la réalité

et invente tout ce qui n’existe pas. Donc cet auteur accuse que les moralistes sont

menteurs : « Tout ce qui est droit est menteur, […], toute vérité est courbe, le

temps lui-même est un cercle »128. Donc on ne peut pas imposer la morale car elle

127 : F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.121 128 : F. NIETZSCHE, ibid, p.23

- 72 -

est relative et elle est une tyrannie qui s’exerce sur la « nature » et aussi sur la

raison. Laisse l’homme à sa nature car « la méchanceté, pour Nietzsche,

développe l’esprit ».

De plus, si on analyse l’ouvrage de Nietzsche, on constate que l’Etat et la

place publique se ressemblent et l’homme d’Etat n’est autre que le grand homme.

Donc l’Etat est l’aboutissement avec succès de la place publique. La fierté de

l’homme d’Etat et du grand homme est d’être encerclé par la populace et

d’entendre les bruits des petits suivis d’applaudissement. Cela fait chauffer la

tension des grands hommes en émettant leur pitié, en donnant la leçon de morale

que le peuple doit accepter et suivre. Cette morale consiste en plusieurs

règlements. Leur mission est de faire succès à cette morale pour empêcher la

vraie nature de l’homme car cela peut engendrer l’idée de rébellion qui est

l’ennemi des superflus. Donc le succès de la morale commune facilite l’exécution

de leur avantage : « On fait triompher la morale commune, parce que, par elle, on

réalise un avantage »129. Si la morale est acceptée par le peuple, tout le monde

est au service de l’Etat. Donc l’Etat ne sent plus la dureté de son existence car

son autorité est stable : « la morale est une manière dont il se décharge du poids

de leur existence »130. Il est à l’aise car la violation de ces règles peut engendrer,

soit l’appréciation négative, soit l’appréciation négative, soit la punition. Tout cela

implique la contrainte qui oblige le peuple à éclipser son caractère méchant. Donc

la morale est bien protégée par la crainte : « la crainte est la mère de la

morale. »131 En outre, la morale est source de valeur car celui qui respecte les

règles de la société est jugé comme sage, bon, honnête, etc : « la morale est

source de valeur. » Pour cela, on pourrait affirmer que la morale est une vérité a

priori. Ainsi Nietzsche la classe comme préjugé. D’où, son exposition est une sorte

de prédication de mort car cela oblige l’homme à faire des choses qu’il ne veut

pas, et à servir l’autre. La morale est source de servitude.

129 : F. NIETZSCHE, la volonté de puissance, aphorisme 205 130 : F. NIETZSCHE, ibid, aphorisme 212 131 : F. NIETZSCHE, Par delà le Bien et le mal, p.207

- 73 -

En somme l’Etat ne supporte pas la vraie nature de l’homme. Cela lui

permet d’inventer la chose qui rend féminine l’espèce humaine. Sa mission est de

monter sa puissance en éliminant la manifestation de toute sorte d’agression. Tout

cela conduit l’homme à se situer à l’état d’aliénation, de servitude et de

dépendance. D’où Nietzsche le considère comme volonté de mourir et un lieu

favorisant la proclamation ou exposé de mort. Il faut briser et installer le pouvoir du

plus fort qui ne veut pas dominer les autres, et qui a pour ambition de se dominer.

II.2.3 Fondation et support de l’Etat

Auparavant, on a vu que l’Etat est une idole créée par les superflus. Mais

par leur faiblesse, ils aiment être entourés par les héros et l’homme d’honneur en

vue d’avoir la puissance. S’ils sont en état de stabilité et de confiance entre eux et

si leur entourage est bien installé, ils déclarent que leur pouvoir est une destinée.

Ils sont vainqueurs de Dieu. Par conséquent ils se montrent puissant et géants et

sous la protection de Dieu : « Rien n’est plus grand que moi sur terre, Je suis le

doigt souverain de Dieu »132. Cela est une sorte de bavardage pour Nietzsche

pour faire trembler et craindre le peuple car eux-mêmes ne sont pas sûrs de leur

parole en adoptant la croyance en plusieurs dieux : « A fond, il ne croit qu’aux

dieux qui mènent grand bruit dans le monde »133.

De plus, l’Etat peut être amorcé par la croyance commune. Exemple le

respect du hazomanga, le Fitapoha, etc. Mais par le vouloir de dominer et le vœu

de faire hériter le pouvoir, les dirigeants abusent de leur autorité en faisant

craindre au peuple la force extraordinaire. Cela fonde leur puissance en limitant la

frontière de la domination. Tout cela pousse Nietzsche à déclarer que Dieu et la

croyance commune sont le fondement de l’Etat : « Ceux qui ont […] et déployé au-

dessus de leurs têtes une foi et un amour »134. Athènes est sortie de la croyance

commune, l’Etat chrétien au Moyen-Age est issu de la glorification de Dieu.

132 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathostra, I, p.129 133 F. NIETZSCHE Ibid, p 133 134 F. NIETZSCHE, Ibid, p 127

- 74 -

Ainsi la foi et la croyance engendrent la crainte qui implique le respect. Ce

respect se transforme en affection qui est la cause de toute sorte d’aliénation, de

servitude et de dépendance. Ces faiblesses sont une chose profitable pour les

influants pour installer leur autorité sévère et héritable. Donc la foi et la croyance

permettent aux faibles d’arriver au pouvoir car ils sont incapables d’utiliser leur

énergie. Leur chance est de rendre l’homme faible par l’invention de la morale

dans le but de dominer et de prendre le pouvoir qui est le sens même d’un Etat.

D’où la croyance commune est la fondation de l’Etat et une sorte d’arme pour

protéger et survivre l’idée de l’Etat.

En général, l’Etat utilise la force, la croyance commune, la flatterie et les

traités pour manifester et fortifier sont existence. Cela nous permet de trouver

d’autres facteurs qui fortifient l’Etat.

D’abord, Nietzsche considère la culture comme un support de l’Etat. Mais

elle est autre que l’ensemble de structures sociales, l’ensemble des

connaissances acquises et des manifestations artistiques, religieuses et

intellectuelles qui spécifient un groupe ou une société. Ce philosophe estime les

vertus comme une culture supérieure. Cela détermine l’existence de lois morales

à suivre et à respecter.

Donc le sens de la culture ici se situe au niveau de la morale qui est une

vérité a priori et au profit de l’Etat : « la vertu, c’est l’obéissance envers certains

« préjugés » nécessaires, au bénéfice de la conservation de la société »135. Or cet

auteur considère la morale comme une force de contrainte car elle impose ses

règles : « la morale est une longue contrainte »136. A cet effet, la volonté de

puissance la personnalité disparaît car ces vertus n’ont pas besoin de l’effort. Pour

cela elles ressemblent à l’obstacle : « chez les bons et les justes réside le pire

danger pour tout l’avenir humain »137. Donc la morale n’accepte que l’homme

obéissant, déterminé, renforcé, domestiqué etc. tout cela permet à l’Etat d’étendre

sa puissance car aucun ne bouge et il fait ce qu’il veut. Sa puissance se manifeste

135 F. Nietzsche, la volonté de puissance, aphorisme29 136 F. Nietzsche, Par delà le bien et le mal, p.188 137

F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.137

- 75 -

par sa monopolisation du pouvoir exécutif, du pouvoir législatif et du pouvoir

judiciaire. Donc il est compétent pour créer les lois et punir celui qui est coupable,

c'est-à-dire qui a enfreint la loi. Tout cela nous permet d’affirmer que la culture et

les lois sont utilisées comme moyen de renforcement de l’Etat car le peuple a peur

d’être puni et il suit bêtement les règles préétablies au profit de l’Etat.

D’où, face à l’homme ramolli, l’Etat se situe au sommet de la puissance.

Ensuite, l’Etat ne veut plus utiliser ses forces physiques car il est incapable

de le faire : homme faible, superflu et de caractère féminin. Par conséquent il a

besoin des forts, des spécialistes, des experts qui apportent leur aide dans la

fortification de la survivance de l’Etat. Donc il est comme le « noyau » autour

duquel gravitent les puissants et les grands hommes qui ne pensent qu’à réaliser

leur vœu aux dépend d’autrui : « elle (idole) voudrait s’entourer de héros et

d’hommes d’honneur »138. Ainsi, les puissants sont piégés par l’appât de

mensonge de l’Etat. Les héros sont nécessaires pour assurer et garantir la

défense contre l’agressivité et la perturbation. Ils se chargent de la sécurité

publique, c'est-à-dire la stabilité de l’Etat. L’homme d’honneur se constitue le

conseiller de l’homme d’Etat, assure l’exécution des ordres, l’établissement des

lois, l’application de la punition, l’invention de bien matériel pour faire endormir la

populace et la création de la morale pour affaiblir les forts. Tout cela nous amène

à définir l’homme d’honneur comme le grand homme et maître de l’heure. Notre

conception est vérifié car il aime se servir des autres et est fier d’être placé au

trône. Par conséquent, l’homme d’honneur est facile à piéger par l’intervention de

partage de place qui est comme une chaise d’honneur. Pour cela il est un être

changeant car il se tait s’il est au service de l’Etat et il bavarde quand il n’a pas ou

perd sa place.

Bref, l’Etat tient sa puissance par le biais de protection des héros et

l’accumulation des œuvres des hommes d’honneurs : [« ils s’emparent les œuvres

138 F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p.129

- 76 -

des inventeurs et des trésors des sages »]139. D’où l’Etat est un parasite car sa

puissance est fondée sur la force d’autrui.

Enfin, l’Etat pratique la flatterie et les mensonges pour tromper et trahir la

populace. Cela est appelé signe de l’Etat qui a double fonction : d’abord, pour

amollir le caractère de l’homme et ensuite, pour attirer le cœur de la masse. Pour

Nietzsche, l’état primitif de l’homme est un état épouvantable, l’homme est une

bête féroce. Par conséquent, l’Etat adopte la domestication voulue et forcée à

l’égard de l’homme. Cela détermine la civilisation car il y a l’imposition pour faire

« mourir » la méchanceté de l’homme : « Notre civilisation est un triomphe inouïe

sur cette nature de bête féroce »140. Ainsi la pratique de la civilisation est une sorte

de génocide dans le sens où l’homme renforcé laisse sa nature et suit la direction

voulu par l’Etat qui est la pratique du bien : « l’homme renforcé s’interprète dans le

sens de bien »141.

Enfin, pour attirer le cœur de la masse, l’Etat utilise les mensonges et la

flatterie comme les outils efficaces. Il paraît aimer la populace en émettant la pitié.

Il se prétend créateur du bien pour le peuple. Il se manifeste comme

serviteur de la vie en apportant une aide, à condition que le peuple le glorifie. Par

conséquent, le peuple projette sa responsabilité à l’Etat. Son existence est

soumise à l’aliénation, à la dépendance et à l’asservissement. Pour cela l’Etat est

au stade de son apogée car tout le monde est à son service et donne son

existence aux mains de l’Etat.

Tout cela pousse Nietzsche à déclarer que les mensonges et les flatteries

sont des outils de renforcement de la puissance de l’Etat car tous croient que

l’Etat est source de la richesse et cause de la souffrance humaine.

139 F.Nietzsche, ibidem 140 F.Nietzsche, la volonté de puissance, aphorisme 30 141 F.Nietzsche, ibid, aphorisme 32

- 77 -

II.3. PROJET DE SOCIETE CHEZ NIETZSCHE

II.3.1 La politique

Nous avons vu que Nietzsche envisage la suppression de la notion de

l’Etat. Pour lui la foule, c’est le troupeau qui ne pense pas. Donc elle a besoin d’un

guide. Ce guide est le berger qui accompagne toujours le chien. Ce chien est

capable de gouverner le troupeau. Pour cela, on pourrait comparer l’Etat au

berger, l’homme d’honneur au chien. De plus Nietzsche pense que la valeur

politique, c’est l’amour du pouvoir par certains individus. Donc elle est un signe de

faiblesse dans le sens où la perte de place est une misère douloureuse pour les

élus politiques. Cela les conduits à répondre toujours « oui » dans le but de

l’obéissance. Ce comportement est le plus proche de l’esclave qui aime servir.

Leur fierté est de servir, et non pas d’être servi. Ainsi cet auteur brise la valeur

politique.

Mais, malgré son renoncement à cette morale, dans l’histoire de l’humanité,

il voit l’existence de trois siècles de la politique : l’aristocratisme, le féminisme et

l’animalisme.

II.3.1.1 L’Aristocratisme

C’est le commencement de la politique. Il est défini comme gouvernement

du meilleur qui n’est autres que le plus fort car il a toujours raison et il est toujours

sage. Pour cela on pourrait affirmer que le guerrier a détenu le pouvoir :

La caste aristocratique a toujours été à l’origine la caste

barbare. Sa domination est fondée d’abord sur sa force

physique et non sur sa force psychique.142

Ainsi, l’aristocratisme est plus proche de l’Etat de nature de l’homme qui est

une bête féroce. L’homme de proie est toujours en possession d’énergies et

d’appétits de puissance. C’ est la genèse de la politique car il détermine la nature

142 F. NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal, 258, p. 351.

- 78 -

originelle de l’homme : l’anarchisme. La force règne dans l’état de nature, c'est-à-

dire la loi du plus fort.

En effet, parmi les autres penseurs, Nietzsche considère Descartes comme

témoignage de la souveraineté dans la volonté et le règne de la raison :

Il faudrait faire une exception pour Descartes, père du

rationalisme et par conséquent grand père de la révolution qui

ne reconnaissait l’autorité qu’à la seule raison.143

Sa volonté consiste à oublier le passé, à écarter le peuple et à faire l’effort

par soi-même. Comme disait Hegel :

Descartes est le héros de la philosophie moderne, c’es parce

que, en faisant table rase du passé et en rompant avec la

tradition, il s’est trouvé dans une solitude totale et a eu cette

extraordinaire ambition de tout entreprendre par lui-même144.

Malgré l’effort fait par Descartes, Nietzsche le voit faible car il utilise la

raison comme instrument : « mais la raison n’est qu’un instrument et Descartes

était superflu »145. Cette faiblesse consiste à adopter le préjugé, à faire dominer la

croyance et à universaliser la réalité de la pensée. Exemple sa formule célèbre

« Je pense, donc il y a quelque chose qui pense »146. Ici, la pensée est vrai a

priori. Cela est un postulat logico-métaphysique. Il est postulat car la pensée est

proclamée comme vraie réalité. Il est métaphysique car la pensée n’est pas

touchée, mais elle est considérée comme une réalité apparente. Donc cette

formule est une sorte de croyance car elle est une simple tautologie, c'est-à-dire

une vraie générale. Ainsi cette formule est une démocratisation de la « pensée »

car il détermine l’existence de celui qui pense.

143 F. NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal, 191, p. 191. 144 Noella LAFFITE, Jacqueline BARAQUIN, Dictionnaire des philosophes, art.

« Descartes ». 145 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.191 146 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 260

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De plus, Nietzsche désigne le XVIIe siècle comme l’aristocratisme car il

manifeste la force de la volonté et les passions violentes. Il est marqué par le fait

de détester la fonction du cœur qui émet le sentiment, et par la haine de tout ce

qui est absurde et naturel. Donc il est fier de tout ce qui est animal : « il tient au

fond beaucoup de la bête féroce. »147, et de tout ce qui révèle la libre conscience

de l’homme et de tout ce qui distingue l’individu de l’autre : « Le style du XVIIe

siècle est propre, exact et libre »148. Cela est fortifié par le passage suivant « la

haine du burlesque, du manque de dignité, le défaut du sens de la nature

appartient au XVIIe siècle »149.

Tout cela nous permet d’avancer que Descartes et le XVIIe siècle ont fait

manifester l’aristocratisme en puissance car l’idée de dignité en soi, la

méchanceté manquent en eux.

A cet effet, Nietzsche modifie la conception ancienne de l’aristocratisme.

Son vœu est de former un ordre d’hommes supérieurs, d’hommes d’action et

d’esprits libres. Cet homme ne sera pas attaché au préjugé moral religieux ou

intellectuel. Ici, cet auteur songe à créer un type d’homme à la fois penseur et

homme d’action. Il est solitaire et n’accepte pas l’idée de populisme car cela est la

cause de la projection de la pitié. Donc, l’aristocratisme vise à développer la

dureté de l’homme, à le rendre dur et à le faire rester dur. D’où les durs seront les

maîtres de l’humanité régénérés.

Ainsi, l’aristocratisme est un gouvernement qui favorise le développement

de l’homme par lui-même et il incite l’individu à accroître son talent par son propre

effort : « La société est la substructure et la charpente qui permet à un élite de

s’élever à un état supérieur. »150 Cela nous permet d’avancer que cette société

forge l’élévation du type humain car l’homme est avide de dépassement continuel,

la maîtrise de soi pousse à l’intérieur de l’homme. Donc l’homme est maître de lui-

même. Cela, pour Nietzsche, détermine la « supra-morale » car le comportement 147 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 26. 148 Ibid., Aphorisme 13 149 Ibid., Aphorisme 27 150 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.351

- 80 -

de l’homme est le résultat de sa conscience libre. Cette morale favorise le

développement de l’homme en dignité car elle renferme la plénitude, la puissance

qui veut instaurer le bien-être d’un haut trésor interne de l’homme. Donc

l’aristocrate détermine lui-même ses valeurs, sans chercher l’approbation de

l’autres : « Il juge « ce qui m’est nuisible est nuisible en soi » »151 . Pour cela, la

morale aristocratique est une morale individuelle « C‘est moi la morale, il n’y a pas

de morale en dehors de moi. »152

De plus, la « supra-morale » est caractérisée par les aptitudes ci-après.

D’abord la passion de distance : ce comportement permet au fort de

maintenir les inférieurs au-dessous de lui et à distance. Cela se fait pour mettre à

distance l’esprit de tolérance. Donc l’aristocrate est intolérable, sévère en soi et

maître de soi. Il se parle et se tait si nécessaire. Il aime exercer sur soi la rigueur

et la dureté, mais il respecte le plus puissant que lui. Sa particularité est de venir

en aide aux malheureux, non plus par la pitié, mais pousse par la profusion de

force qu’il sent en lui. En outre, la solitude est considérée comme position de

réflexion en vue de produire des états plus élevés, rares, lointains, amples et

compréhensifs. D’où la notion de distance fait distinguer l’homme supérieur tant

physique que morale.

Ensuite, la société aristocratique accorde l’existence de « l’exploitation » qui

est inhérente à la nature de la vie. Elle est une conséquence de la volonté de

puissance, c'est-à-dire le vouloir dominer. Donc son abolition est une sorte de

renoncement à la vie. Une société dépouillée d’exploitation est une sorte de

rêverie. Pour cela, l’exploitation pour Nietzsche n’est pas symptôme de la société

corrompue, imparfaite ou primitive. Pour cette raison Nietzsche affirme que

l’apparition du maître, des esclaves et de la femme est une condition d’existence.

Donc le vouloir de l’égalité est une sorte de renoncement de son existence et une

sorte de supprimer la manifestation de la volonté de puissance et le vouloir de la

passion de commander.

151 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.357 152 F.Nietzsche, Ibid. Aphorisme 202, p. 211.

- 81 -

Après, Nietzsche pense que l’égoïsme particularise l’âme aristocratique car

il est fondé non seulement sur la loi primordiale des choses, mais aussi sur le

critère essentiel pour le vouloir de croître, de s’étendre, d’accaparer et de

conquérir la prépondérance. Pour cela Nietzsche a écrit : « L’égoïsme est partie

intégrante de l’âme aristocratique »153

Enfin l’aristocratisme est marqué par la prise de responsabilité. Il ne pense

jamais à partager avec l’autre sa propre responsabilité, et il ne songe jamais être

au service de tous. Cela nous permettra de dire que le vouloir de dominer n’est

pas une ambition de dominer le monde, mais le vouloir de se dominer ou de se

commander.

En somme, l’aristocratisme n’est pas jugé en fonction de la royauté ou de la

communauté, mais à partir de son sens et de sa justification. Ainsi, l’aristocrate

n’est semblable qu’à lui-même. Il est affranchi des mœurs, il est autonome et

supramoral. De plus il possède en lui-même la conscience fière et vibrante. Son

sentiment ne se fonde jamais sur la pitié, mais sur la perfection. Bref, l’aristocrate

est un homme d’action et il a de l’âme supérieure qui cherche le trésor et cette

âme est la vraie gardienne de ce trésor.

II.3.1.2 Le féminisme

Nietzsche place le féminisme au deuxième siècle. Cette tendance favorise

la domination de la tête par le cœur. L’acte réflexif est moins valorisé que la

projection du sentiment. Cela ressemble au caractère de la femme et du faible. La

femme est sentimentale et elle s’incline vers la pitié. Or pour Nietzsche cette pitié

n’à pour fonction que de satisfaire la joie : « On vante la pitié comme la vertu des

filles de joie. »154 Donc cette tendance favorise la joie du faible qui est écrasée par

le fort, c'est-à-dire le désire de l’égalité.

A cet effet Nietzsche désigne le XVIIe siècle comme époque où domine le

règne du sentiment. Ce siècle est marqué par l’enthousiasme, la spiritualisation,

153 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.373 154 F. Nietzsche, Humain trop humain, p.55

- 82 -

mais cela est caractérisé par la prédominance des aspirations et du cœur. Il fait

manifester la puissance intellectuelle, la sérénité, l’humanité et la sociabilité. Mais

il est faux devant lui-même, très canaille au fond. Cette époque essaie d’oublier la

nature de l’homme : « bête féroce » et fait adapter l’homme à son utopie :

« l’homme idéal ». Pour cette raison Nietzsche présente Rousseau comme

témoignage de la souveraineté de sens et mensonges, car il laisse parler son

cœur en imaginant l’état parfait de la nature.

Ainsi, Rousseau accuse la société comme un agent destructeur parce

qu’elle est la source de l’état misérable de l’homme « La nature a fait que l’homme

soit heureux et bon, mais que la société le déprave et le rend misérable »155. Donc

la nature pour lui est un état idéal, mais par l’intervention de la communauté,

l’homme dévient corrompu et méchant. Par conséquent il accepte que le plus fort

domine dans l’état de nature. Mais le problème se pose dans le sens où tout le

monde ne se sent pas en sécurité car il est menacé par le plus fort. De plus, peut

être par la menace de la maladie ou d’autres facteurs, le fort ne se sent plus en

sécurité car il sera faible plus tard le fort n’est jamais fort pour rester fort. Tout cela

est la raison d’être d’un pacte qui assure et garantit la sécurité de tous. Dans l’état

social, tous les individus vont abandonner leur liberté individuelle. On va remettre

cela entre les mains de la communauté qui va garantir à son tour la liberté de

chacun. Cela pose tout le monde au même pied d’égalité. Donc ce n’est pas

étonnant que Nietzsche place Rousseau au stade de la femme car son vœu

ressemble à celui du troupeau et des esclaves, c'est-à-dire l’homme de pitié. Il

fonde la règle sur le sentiment en prononçant que l’homme se perfectionne à

condition qu’il soit proche de la nature. Cela est une sorte de démocratisation de

l’état idéal de la nature.

De plus, Nietzsche considère Rousseau comme moraliste car il a oublié

l’état que « l’homme est une bête de proie. »156 Par conséquent il combattait avec

celui qui manifeste la volonté de puissance, la volonté et le pourvoir de dominer.

Son esprit ne fait que d’amollir le fort car il fait reculer le fort au stade du faible.

155 J.J. ROUSSEAU, Du contrat social, p. 42 156 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 28.

- 83 -

Cela est l’idée de l’Etat social qui garantit l’égalité de tous. Enfin Rousseau est

considéré comme l’homme du ressentiment et l’homme rancunier dans le sens où

il cherche la cause de son état misérable. Cela est la source de l’esprit de

vengeance car il n’oublie jamais le passé. Or pour Nietzsche, l’état primitif de la

nature est épouvantable car l’homme est une bête féroce. Ainsi, Nietzsche réitère

que l’amollissement et le moralisme sont la source des malédictions de l’homme

et non pas la corruption.

Bref, Nietzsche emboîte tout le régime, tout esprit qui se manifeste par la

domination du sentiment dans le tiroir du féminisme. Rousseau et le XVIIIe siècles

sont les marquants de ce régime.

II.3.1.3 L’animalisme

L’animalisme se trouve au troisième siècle de la politique. Ce régime est

dominé par les appétits qui interviennent dans tous les sens, y compris la

richesse.

Le XVIIIe siècle est une période qui est bien marquée par la manifestation

de ce régime. Ce siècle est plus animal, plus terre à terre, plus laid, plus réaliste et

plus populacière. Pour cela, il est plus honnête et plus soumis à la réalité. Mais il

est plus faible de volonté et obscurément exigeant. Il est fataliste en cherchant

instinctivement des théories qui justifieraient sa soumission à l’empire des faits.

Pour cette raison, Nietzsche indique ce siècle comme marquant le succès du

déterminisme car il considère les faits humains comme l’ordre par lequel on ne

doit faire que souffrir.

De plus, Nietzsche se base sur Schopenhauer, témoignage de la

souveraineté des instincts animaux plus véridique, mais plus sombre. Pour

Schopenhauer, notre existence est en cachette. Pour cela, nous ne connaissons

pas et ne maîtrisons jamais le monde car « connaître c’est pour dominer ». Or

l’homme n’a jamais dominé ce monde. En effet l’homme jusqu’ici ne fait que subir

ce monde. Tout cela nous permet d’affirmer que l’existence du monde ne dépend

pas de nous, mais nous créons le monde pour faciliter notre existence. Donc il est

une représentation de l’homme :

- 84 -

Le monde comme chose en soi est une grande volonté qui ne

sait pas ce qu’elle veut parce qu’elle ne sait pas mais veut

simplement, précisément parce qu’elle est une volonté et rien

d’autre157.

A cet effet, la souffrance est le noyau de notre existence : « Le fond de

toute vie est souffrance parce qu’elle est désir et que le désir est manque. »158

Donc on ne peut pas lutter contre cette souffrance car « le fondement de toute vie

est souffrance. »159 Elle est partie de la nature et se situe dans l’ordre du monde.

Cette passivité de l’homme face au destin humain pousse Schopenhauer à penser

pour satisfaire intégralement son corps qui apparaît alors comme le « phénomène

de la volonté ». Donc on va faire tout ce qu’il va vouloir. Le corps est le sujet de

tout acte humain, donc lui donne tout ce qu’il veut et ne sacrifie plus. Ce vouloir de

satisfaire notre corps détermine les instincts animaux car son exécution n’est pas

logique. Il se manifeste dans tous les sens y compris la sexualité :

Quant à la volonté comme détermination rationnelle, elle n’est

que le degré supérieur d’une volonté qui est l’essence de tous

les corps vivants dans l’échelle des formes animales et qui

trouve son expression la plus objective dans la sexualité.160

Ensuite, ce comportement est plus véridique car cela suit la loi biologique.

Enfin, il est obscur dans le sens où le vouloir vivre est une puissance aveugle,

sans origine, sans but et sans signification, il est fondamentalement absurde.

Ainsi, aux yeux de Nietzsche, cela est plus honnête, meilleur, plus soumis

dans la réalité, plus vraie, mais dépourvu de la volonté et surtout de la puissance

de surmonter tous obstacles. Tout cela pousse Nietzsche à qualifier cet esprit de

règne des appétits et des instincts animaux car l’homme réalise son existence

157 Noëlla. BARAQUIN, Jacqueline LAFFITE, Dictionnaire des philosophes, art.

« Schopenhauer » 158 Ibidem. 159 Ibidem. 160 Ibidem.

- 85 -

comme les animaux : pas logique et loin du juste milieu. Elle est sombre car la

philosophie de Schopenhauer est basée sur la souffrance qui est inhérente à la

vie.

Pour terminer ce passage concernant la politique, l’idée de Nietzsche est à

distance du féminisme et de l’animalisme. A cet effet il est plus proche de

l’aristocratisme en modifiant la conception ancienne de cette tendance. Son choix

est justifié par sa philosophie qui élimine les faibles. Ainsi, il pense que

l’aristocratisme est un régime qui favorise l’existence de l’homme penseur et de

l’homme d’action. Il est aussi pouvoir du plus fort. Cela détermine la nature même

de l’homme : bête de proie. Enfin, il fait manifester l’élévation du type humain,

c'est-à-dire le progrès de l’homme en dignité. L’homme est fier de lui-même,

autonome, responsable en appelant sa conscience et avide de dépassement.

D’où il est pouvoir de l’homme supérieur.

II.3.2 Le surhomme

Pour Nietzsche, il y a trois catégories d’homme, à savoir :

- La foule, la populace ou le troupeau qui est la classe du plus bas degré et

qui projette son existence sur les autres. Donc, il est un homme dépendant.

- Les grands hommes, ce sont des individus sortant de la foule et qui la

dominent. Par conséquent ils ont besoin du soutient de la populace. Ainsi, ils sont

des hommes faibles car ils ne sont pas maîtres d’eux-mêmes.

- En troisième lieu, c’est le surhumain, surhomme ou homme supérieur.

Cette dénomination change suivant le traducteur de l’ouvrage de Nietzsche. Cet

homme est capable de se dominer et maître de lui-même. Donc il n’a pas besoin

de l’aide des autres pour réaliser son existence.

Ainsi, le surhumain qualifie celui qui n’a pas besoin du support de l’autre qui

est considéré comme obstacle et charge de l’homme fort. Pour cela, le surhumain

ne se soucie plus d’avoir pitié des autres. Donc l’homme fort est individualiste et

solitaire. A cet effet, Nietzsche considère le mariage comme pire danger pour le

- 86 -

surhumain car cela est la source de l’amollissement par le biais de la caresse et

de la pitié. Cet auteur pense que l’homme est un enfant devant sa femme. Or

l’enfant a besoin de jouets et le meilleur jouet pour l’homme, c’est la femme. Donc

le surhumain devrait être célibataire pour agir librement. En outre, le surhomme

affirme la vie, c'est-à-dire aime la vie qui constitue non seulement tout ce qui

semble lui convenir, mais aussi la souffrance et la peine. Donc l’acceptation de

l’apparition du bien et du mal caractérise le surhomme car cela constitue le lot de

l’existence humaine. Mais le mal est le plus glorifié car il déclenche l’esprit

créateur et favorise le développement de l’énergie. Enfin le surhumain n’a pas

besoin de l’approbation de l’autre. Par conséquent il se détache de tout ce qui est

préjugé, métaphysique, croyance, idéologie, etc. Tout cela est récapitulé par le

passage ci-après :

Le surhomme est alors cet homme supérieur dont le vouloir

affranchi de tout ressentiment, de toute culpabilité, de toute

négation, assume pleinement le sens de la vie sous toutes sur

formes et la justice même dans ce qu’elle a de plus ambigu et

de plus effrayant. Dur envers les autres et envers lui-même,

libre d’esprit et du cœur, il affronte alors la vérité avec lucidité.

Son bonheur est de vaincre lui-même. Seule une culture noble,

liée à une morale aristocratique, est susceptible d’éduquer

l’homme à la surhumanité et de lui enseigner l’art de surmonter

lui-même.161

Ainsi le surhumain est un individu plein de vie, vaillant, actif, puissant, libre,

sans scrupule et rare. Pour cela, on devrait affirmer qu’il est un homme imaginaire

car rare est le cas où l’on trouve l’individu qui sursaute l’homme : l’homme est un

« pont » qui relie la bête et le surhumain, et est parsemé de nombreux risques.

Pour cela, il est perspectif d’avenir et Zarathoustra appelle tout le monde à le

suivre :

J’ai pris le meilleur de mes appâts pour pêcher aujourd’hui les

161 Noëlla. BARAQUIN, Jacqueline LAFFITE, Dictionnaire des philosophes, art.

« Nietzsche »

- 87 -

plus étranges poissons humains. L’appât que je lance à tous les

vents, c’est mon bonheur.162

D’où le surhumain est l’aboutissement du vouloir surmonter les dangers

humains.

II.3.2.1 La volonté de puissance

Nous avons vu que Nietzsche imagine l’existence de l’homme fort, dur,

autonome, libre, maître de lui-même, etc.

Dans le sens de la dureté, il prime la méchanceté de l’homme car cela

prouve la possession de la force et de l’énergie qui autorise l’homme à se

défendre, à se dominer et à dominer les autres : « Or l’homme est la bête la plus

courageuse c’est pour cette raison qu’il a vaincu toutes les bêtes. »163 Mais sa

puissance a pour but d’être libre et d’être prêt si quelqu’un veut envahir son

chemin, c'est-à-dire qu’il a le droit de se défendre et de dominer. Ainsi la dureté

est une condition essentielle pour le surhumain : « le métal le plus noble est aussi

le plus dur »164 et Nietzsche ajoute que « c’est la dureté nécessaire à tout

grimpeur de montagne »165. La dureté ici constitue la puissance physique et

l’élévation morale qui est marquée par le vouloir dépasser en appelant la

conscience de soi.

Ainsi, la volonté de puissance produit la dureté qui est symbolisée par le

dépassement réalisé. Pour cela Nietzsche met en relief l’existence de deux pôles

dans le vouloir vivre : la volonté de vie et la volonté du néant. Ce dernier

caractérise le troupeau qui se plie à la dictature d’un Dieu et prône une morale de

la faiblesse et du sentiment. En général, le vouloir vivre se limite à la lutte pour la

conservation de soi-même. Mais si on suit la direction ascendante de la vie, il peut

s’intensifier jusqu’à devenir volonté de vie. Donc la volonté de puissance est

162 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.187 163 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.21 164 F. Nietzsche, Ibid., p.143 165 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, « Le voyageur ».

- 88 -

définie comme un acte de dépassement de soi, de devenir en tant qu’invention,

négation de soi, acte de surmonter de soi-même :

J’ai demandé, mon chemin, j’y ai toujours repeigné. Je préfère

interroger les chemins eux-mêmes et les essayer.166

Pour cela, l’homme fort doute de la puissance qui est capable de traverser

les risques de la vie : « Le secret de la plus grande puissance de l’existence

consiste à l’homme de surmonter soi-même. »167

Donc l’existence des risques peut agrandir la force humaine qui permet à

l’homme de surmonter soi-même : « l’homme n’existe que pour être dépassé »168.

Cela nous montre que notre existence est entourée des obstacles qui envahissent

le chemin menant vers le surhumain. Pour cette raison Nietzsche a affirmé que :

« la vie elle-même est une volonté de puissance »169 car elle est le vouloir

surmonter l’homme qui est une corde tendue entre la bête et le surhumain. A cet

effet, le désir, la force et l’énergie déterminent la volonté de puissance car ils

stimulent l’esprit de dépassement et poussent l’homme à pénétrer tout ce qui

semble gêner son chemin : « mais c’est le fait que la volonté se rendre maîtresse

de ce qui se trouve sur son chemin. »170

Voilà pourquoi on affirme que « le vouloir » est le mot clef de la volonté de

puissance car il est considéré comme une arme tranchante qui est efficace pour

tuer les adversaires : « le courage est le plus habile des tueurs, le courage tue

jusqu’à la pitié. Or la pitié, c’est le plus profond abîme. »171 De plus, le vouloir est

la source de toute invention : « vouloir c’est créer » D’où la volonté de puissance

distingue l’homme fort de l’homme faible car elle est la seule condition que

166 F. Nietzsche, Ibid., p.101 167 Noëlla. BARAQUIN, Jacqueline LAFFITE, Dictionnaire des philosophes, art.

« Nietzsche » 168 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.57 169 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.34 170 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 309. 171 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.21

- 89 -

l’homme doit remplir pour pouvoir suivre la voie vers le surhumain en dépassant

tous les risques par le biais de la force de lui-même.

II.3.2.2 Le cercle de la vie

Nietzsche a écrit beaucoup de passages contenant le mot « éternel retour »

dans ses ouvrages. Pour cela on peut avancer que ce terme constitue le thème

fondamental de sa philosophie. Pour lui l’éternel retour est une condition

essentielle pour l’énergie car il favorise sa résistance et sa constance. Pour

Nietzsche, la force ne se réalise que dans l’espace sphérique. Cette forme est la

cause du mouvement éternel. De plus la force se développe dans le temps :

De même dans un espace sphérique, la forme de l’espace doit

être la cause du mouvement éternel.172

Donc notre existence est soumise à la condition du devenir et de l’éternel

retour. Ainsi la pensée d’équilibre, d’immobilité et la stabilité sont impossibles car

elles sont contraires à la loi de la force qui est en mouvement perpétuel et suit le

chemin de l’éternel retour : « la « force » d’une part, « l’immobilité » et la

« stabilité » d’autre part, sont des choses qui s’excluent. La mesure de la force est

fixe, son essence est fluide. »173 Donc l’idée de stabilité est une rêverie car

l’homme veut accroitre sans cesse sa force. D’où l’équilibre peut être réalisé dans

un espace indéterminé, c'est-à-dire en dehors de l’espace sphérique qui accorde

le devenir et l’eternel retour : « Un état d’équilibre ne peut pas être réalisé, donc il

n’est pas possible. Mais il devrait pouvoir se réaliser dans un espace

indéterminé. »174 Pour cela, Nietzsche a affirmé : « laisse le monde aller comme il

va, n’y touche pas même du bout du doigt. »175 Car cela est la loi de l’existence :

le devenir. Pour cela le fait d’imaginer l’égalité, la stabilité est une manière

d’ignorer la nature de l’homme et de domestiquer et chosifier la bête féroce.

172 F. Nietzsche, La volonté de puissance, aphorisme 382. 173 F. Nietzsche, Ibidem. 174 F. Nietzsche, Ibidem. 175 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra II, p.121

- 90 -

En effet, l’éternel retour est marqué par la loi de contradiction. Ce paradoxe

favorise la puissance et la dureté de l’homme car il est toujours prêt à y assister :

« l’individu est devenu fort sous des conditions opposées »176 Donc l’éternel retour

est conditionné par le retour sans cesse du bien et du mal qui permet à l’homme

de se situer à un état d’incertitude. Sa position procure la création continuelle de la

chose. Cela peut aboutir à la volonté de puissance qui forge l’homme d’action,

c'est-à-dire l’homme à l’affût de son œuvre. A cet effet, on a besoin de la bête du

troupeau pour sauver l’homme de la puissance, des préjugés, de la morale, de la

croyance etc, qui symbolise l’homme faible. Pour cela l’éternel retour est un

moyen de supporter car on est indépendant vis-à-vis de la morale, on est avide de

recherche pour lutter contre la douleur. Cette souffrance est considérée comme un

instrument, comme génératrice de la joie car, si l’homme arrive à l’état de

domination, il se sent à l’aise et maître de tous.

Ainsi l’éternel retour est défini comme la venue du même sur la vie

humaine. Il est paradoxal et il revient sur soi d’une façon cyclique. Voilà pourquoi

Nietzsche a écrit : « Tout passe et tout revient, éternellement tourne la roue de

l’être. »177 Donc ce cycle n’est pas volonté de l’homme, mais il détermine la loi de

l’existence. Ainsi, on n’a pas le droit de le détester ou de l’éviter. L’homme ne fait

que d’être dépassé et de surmonter ses entraves. Pour cette raison, Zarathoustra

se montre comme partisan de la souffrance car cela fait apparaître la supériorité

de l’homme : « Moi, Zarathoustra, l’avocat de la vie, l’avocat de la douleur, l’avocat

du cycle éternel. »178

Bref l’éternel retour pour Nietzsche, c’est le retour du même sur l’existence.

Cela favorise l’existence d’esprit créateur et l’acte d’invention. De plus, il permet à

l’homme d’oublier le passé et d’assister à l’avenir car le même passe sans cesse.

L’oublie est nécessaire pour faire table rase de notre conscience qui est disponible

à la nouveauté. Cet oubli nous libère de la malédiction de notre asservissement au

passé. L’éternel retour fait distinguer l’homme fort qui peut construire l’édifice du

176 F. Nietzsche, La volonté de puissance, aphorisme 396. 177 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra II, p.151 178 F. Nietzsche, Ibid., p.145

- 91 -

surhumain par l’intervention de sa pensée et de sa conscience. Tout cela est

récapitulé par W.H. Morris Jones quand en citant la Bible, il écrit : « Rien de

nouveau sous le soleil »179.

II.3.2.3 La morale du Maître

En général, il y a des morales d’esclaves et des morales de maître.

La morale d’esclave est une morale d’utilité. Elle accorde l’antithèse fausse

du « bons » et du « mal ». On nomme mal, tout ce qui est méchant et dangereux.

Cette morale est marquée par le vœu de la liberté, de l’instinct du bonheur. Dans

cette morale, le respect et le dévouement sont le plus appréciés. Donc elle glorifie

les qualités qui servent à alléger aux souffrants le fardeau de l’existence. Par

conséquent, les choses satisfaisantes pour les esclaves, c’est la pitié, la main

complaisante et toujours ouverte, la bonté du cœur, la patience, l’assiduité,

l’humilité, l’affabilité.

Toutes ces qualité constituent celles d’utilité et sont presque les seuls

moyens de supporter le poids de l’existence.

La morale du maître consiste à fixer les normes. Mais il se distingue de

l’esclave par la manifestation des états d’âmes altiers qui déterminent la

hiérarchie. Ainsi le « bon » détermine l’existence de l’honnêteté et la valeur

appréciable. Tout ce qui ne semble pas au goût du maître est considéré comme

mauvais et méprisable. Cette morale est préétablie, en conséquence elle a besoin

de l’approbation. Pour cela ce maître est dit « maître esclave » car la réalisation

de son existence dépend en grande partie d’autrui. Pour cette raison, Nietzsche

met en lumière la supériorité du maître responsable qui est maître de lui-même.

Donc il détermine lui-même ses valeurs car son goût est propre à lui-même, et il

est capable de penser et de juger son acte. Tout cela nous présente l’apparition

de la libre conscience, parce que, chacun n’a pas besoin de l’approbation en

manifestant ses comportements. Il est responsable de son acte. Donc il écarte

l’idée de la pitié. Cela nous permet d’affirmer que cette morale est intolérante.

179 Ecclesiaste I, 9.

- 92 -

Mais le fort peut venir en aide aux malheureux par l’intervention de sa force dont il

se sent en possession. Ainsi cette morale est dite aristocratique car elle adopte les

termes, au lieu de « bon » et « mauvais », « noble » et « ignoble ». Il est sévère

en soi car il déteste la valeur commune. Donc sa morale est individualiste, c'est-à-

dire il peut s’approuver lui-même. D’où l’âme aristocratique a le respect de soi.

II.3.3 La société

D’après notre écrit, Nietzsche accorde l’existence de l’esclave, l’exploitation

et l’égoïsme. Tout cela prouve la puissance physique et la manifestation de la

nature de l’homme : bête féroce. Pour cette raison, il les considère comme les

résultats de la volonté de puissance. Ainsi, cela est la loi de l’existence car chacun

a le droit de se défendre, de dominer et de se dominer. Par conséquent le plus fort

domine les faibles.

Mais, Nietzsche réitère qu’autre la puissance physique, l’homme fort devrait

douter de la volonté de faire et de l’esprit libre. Cet état permet à l’homme

d’appeler sa conscience avant de décider. Donc l’homme dur est autonome,

maître de lui-même et n’a pas besoin de l’aide d’autrui en réalisant son existence.

Il est responsable de lui-même car il est capable de répondre de soi et de

répondre avec orgueil. Donc il a la capacité de s’approuver par lui-même.

Ainsi, la société de Nietzsche tend vers l’individualisme et une société sans

classe. La raison en est simple : l’homme dur est maître de lui-même. Il n’a pas

besoin de serviteur car chacun se sert et est maître de lui-même. Il considère les

autres comme la charge de la société. Pour cela, cette société a pour fonction

d’inciter l’homme à s’accroitre et à se développer. D’où ce projet veut construire

l’édifice du surhumain qui est solitaire, indépendant, individualiste, responsable de

lui-même, maître de lui-même et homme à la fois penseur et acteur.

- 93 -

TROISIEME PARTIE :

REFLEXIONS ET ETUDES COMPARATIVES DE

DEMOCRATIE

- 94 -

III.1 CRITIQUE DE LA DEMOCRATIE

III.1.1 Points positifs de la démocratie

III.1.1.1 Rôle régulateur

Nous avons vu que la démocratie se définit comme un pouvoir de la

majorité. Dans l’administration, les choses dépendent du grand nombre et non pas

du petit nombre. Pour cela, le peuple se dit titulaire de la souveraineté et bien

servi dans ce système. Donc l’idée de monopolisation et d’orgueil sont moins

visibles quand la démocratie ressemble à la république. D’où le gouvernement doit

être pour le peuple et donc œuvrer dans le sens de l’intérêt général.

De plus, si on parle de la majorité, on dira aussi la différence. Cette

divergence se manifeste tant au point de vue idée qu’au point de vue niveau

social, et économique et niveau d’instruction. Mais cela, pour le peuple,

n’empêche pas de vivre aisément au sein de la différence et de la multitude. Ce

système est viable car là le peuple se considère. Il y a l’idée de respect mutuel

comme l’a écrit Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais

je me battrai pour que vous puissiez le dire »180. Donc il y a la prédominance de

l’idée de patience, de consensus, du respect de l’expression de l’autre opinion, la

tolérance dans le système démocratique. Ces attitudes pourraient se manifester

quand l’homme est conscient de son imperfection, c'est-à-dire « l’erreur est

humaine ». Cette conscience lui permettra de se pardonner comme l’a écrit

LINNA :

La démocratie (par opposition à l’homme totalitaire) serait

conscient de ses imperfections et tolérerait par conséquent

mieux les imperfections d’autrui. Il faut pourtant remarquer qu’il

exige souvent que son voisin boite du même pied que lui.181

180 Voltaire, La démocratie athénienne , http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mocratie du

09/09/08 à 08 :10 181 Vaïno LINNA, Dictionnaires des citations politiques, du 28/04/08,

http://www.citationspolitiques.com/thème.php3?.id-mot=5

- 95 -

Donc cela nous oblige à maîtriser notre appétit, notre désir profond, notre

passion exagérée et à freiner l’égoïsme. Raison pour laquelle ARISTOTE

confirmait l’importance du « Juste milieu », la modération du désir par le biais de

la réflexion rationnelle. Ici, il propose le milieu dans le but de réconcilier les deux

extrêmes qui sont contradictoires. Ainsi « le juste milieu » équivaut à l’idée de

consensus en démocratie. La maîtrise de soi nous permet d’écarter la domination

de notre corps qui est la source de l’égoïsme, de la servitude et de l’aliénation.

D’où l’idée de consensus atténue l’existence de conflits politiques très aigus et la

présence des partis opposants très extrémistes. Bref, le système démocratique,

s’il marche, allège les remous politiques qui peuvent engendrer le conflit social.

En outre, la pratique de l’élection est une manifestation de la souveraineté

des citoyens. Par leur conscience, ils pourraient choisir leurs représentants et

arrêter ceux-ci quand ils ne satisfont plus le peuple. Donc le peuple délègue son

pouvoir aux élus qui reçoivent leur légitimité par le consentement des citoyens.

Cela est réitéré par Jospin lorsqu’il dit :

Le peuple est au principe de la démocratie. Il est le fondement

de la légitimité politique, il se fait entendre à l’occasion des

élections intermédiaires et tranche souverainement au terme

des mandats nationaux.182

Ainsi le peuple est le vrai responsable en désignant les responsables

politiques de l’Etat. Cela oblige, pour les élus, de cacher son animalité et de

mettre en lumière son humanité. D’où la présence de l’élection qui régularise les

élus à faire le bien.

De plus, malgré la présence de divers malaises constatés à la pratique de

la démocratie, elle conserve le droit de l’homme comme les libertés

fondamentales, surtout : liberté de conscience, liberté d’expression, liberté de

réunion et d’association, liberté de la presse, absence d’arrestations arbitraires,

etc. Cette conservation touche aussi le droit au logement, le droit à l’éducation,

182 Lionel JOSPIN, ibid

- 96 -

etc. quand la démocratie prend son nom comme démocratie sociale ou

économique.

Ici, la démocratie a un rôle régulateur car le peuple, par la carence de ses

droits, pourrait revendiquer par le biais de la table ronde pour discuter ensemble

peuple – dirigeant les solutions envisageables. En cas plus extrême le peuple

devrait réclamer ses droits dans les mass média et pourquoi pas dans la rue. Voilà

pourquoi Edouard HERRIOT a écrit : « On ne stabilise une démocratie que par le

mouvement. »183 Or, ce mouvement est un symptôme tant de la crise sociale que

de l’instabilité politique de l’Etat.

Cela oblige le gouvernement à faire un effort pour satisfaire le peuple, mais

tout cela dépend en grande partie de la disponibilité de l’État. D’où, pour être

populaire il faut écouter la voix du peuple et l’exécuter au maximum, si elle est

faisable et possible.

Enfin, quand le système adopte le principe « le pouvoir arrête le pouvoir »,

cela obligera chaque institution à respecter et à appliquer le texte en vigueur en

visant l’intérêt général de tout le peuple. Prenons comme exemple le pouvoir du

Président de destituer le parlement et le pouvoir du parlement de procéder à

l’empêchement, la motion de censure et le contrôle de la fonction du

gouvernement.

Tout cela atténue l’abus, la mauvaise intention éventuelle au sein de la

gestion de l’affaire de l’Etat et surtout l’état de conscience qui règne dans ce

système. Pour cela, le compromis, l’amitié, la même appartenance, etc. sont

moins visibles. Tout ceci confirme la fonction régulatrice de la démocratie. Il nous

reste à analyser les après autres avantages reçus de sa pratique.

III.1.1.2 L’alternance et le droit des opposants

L’alternance et les opposants sont deux choses inséparables ; car

l’alternance détermine le moment où l’opposition devient majoritaire et détient le

pouvoir. Cela signifie que la défaite de la majorité sortant aux élections marque 183 Edouard HERRIOT.ibid

- 97 -

l’accession au pouvoir des opposants. Donc l’alternance qui se fait en dehors de

l’élection n’est pas démocratique, car la minorité se vêtit comme titulaire de la

souveraineté. Voilà pourquoi Georges Bernard SHAW a parlé de la minorité

corrompue en écrivant : « A la nomination d’une petite minorité corrompue, la

démocratie substitue l’élection par une masse incompétente »184.

Ainsi, l’idée d’alternance oblige la majorité, qui détient le pouvoir à

respecter la minorité.

Cette considération consiste à éviter la vengeance politique car, un jour

viendra où la minorité pourrait devenir majorité. Donc il faut se respecter pour

écarter le remous politique comme l’a écrit V.GISCARD : « l’alternance est le

mode de régulation politique des démocraties paisibles »185. Ainsi le droit des

opposants est reconnu, soit du point de vue idée, soit du point de vue hiérarchique

et rang protocolaire. Raison pour laquelle clément Richard ATTLEE a écrit :

La démocratie n’est pas simplement la loi de la majorité, c’est la

loi de la majorité respectant comme il convient le droit des

minorités186.

Bref, l’alternance engendre le respect du droit des opposants et déteste

aussi l’idée de monopolisation et l’idée de pouvoir à vie ou la vengeance politique.

III.1.1.3 La démocratie : outil pour responsabiliser

le peuple.

Si nous revenons à l’histoire, la démocratie athénienne est considérée

comme mère de la démocratie. Elle fait participer fortement le peuple citoyen à la

gestion de l’affaire de l’Etat.

Mais la notion de citoyen est restreinte car les esclaves, les femmes et les

métèques ne sont pas intégrés dans cette communauté. Donc il y a les non-dits.

184 Georges Bernard SHAW, ibid 185 V. GISCARD D’ESTAING, ibid 186 C.R. ATTELEE, ibid

- 98 -

Malgré la présence d’exclusion, on a constaté que tous les citoyens ont le droit

d’être membres de l’assemblée, là où ils pourraient discuter, délibérer et voter la

loi. De plus, avec un mandat bien déterminé (un an), les juges et les magistrats

sont élus par le peuple. Donc il y a la participation effective et la démocratie se dit

comme une affaire du peuple qui détient la pleine souveraineté. L’Etat est

considéré comme exécutant et organisateur pour mettre en marche la démocratie.

De plus, si on considère l’élection, le référendum, le rappel, la pétition et

l’assemblée comme des instruments de la démocratie. Tout cela met en lumière la

vraie souveraineté du peuple. L’élection consiste à faire participer tous les

citoyens au choix de leurs représentants. De plus le référendum existe dans de

nombreux pays. Dans le cas général, la constitution impose le recours au

référendum pour certaines décisions. Donc le peuple a le droit d’accepter ou de

réfuter la loi proposée par le gouvernement ou une assemblée élue. En outre, la

pétition en Suisse et en Californie, permet au peuple de proposer des lois qui sont

ensuite votées par l’ensemble des électeurs. Cela ressemble à la pratique du

rappel ou recall dans certains Etats américains. Ce rappel donne un pouvoir à un

certain nombre de citoyens de proclamer un référendum dans le but d’arrêter le

mandant d’un élu ou d’un fonctionnaire. Exemple l’affaire de Gray Davis en 2003 :

il est le gouverneur de Californie et est victime de ce rappel187. Enfin, l’assemblée

tant régionale que Nationale permet aussi au peuple de débattre et de prendre

des décisions.

III.1.2 Envers de la démocratie

III.1.2.1 Le vice interne de la démocratie

Nous avons déjà vu que la liberté et l’égalité sont les éléments

caractéristiques de la démocratie. Or les deux positions sont antagonistes et

affrontées. Ce combat est plus entendu dès le XXe Siècle. La version socialiste se

dit : « la liberté entraîne les inégalités)) et celle libérale se prononce : « vouloir

corriger les inégalités fait recourir à la contrainte, qui annule les libertés. »188 Ainsi 187 Wikipédia, l’encyclopédie libre, op. cit. 188 Jean Rémi BESIAS,op. cit.

- 99 -

les théoriciens libéraux en particulier Friedrich HAYEK, exprime que: « l’égalité est

une ineptie, l’inégalité est naturelle et positive »189. Par contre la gauche socialiste

condamne la démocratie «bourgeoise » qui pratique la liberté la plus radiale. De

même pour la pratique de l’élection par choix. Dans ce cas il y a l’idée

d’échantillonnage et de censure. Donc elle est réservée aux classes favorables,

notamment : du point de vue intellectuel, considération sociale et potentialité

économique. A cet effet, elle ressemble à l’aristocratique car il y a l’idée du

meilleur. Par conséquent l’idée d’égalité de chance en matière d’élection reste

utopique et donc impossible. Voilà pourquoi Montesquieu déclare que :

Le Suffrage par le sort est la nature de la démocratie. Le

Suffrage par le choix est celle de l’aristocratie. Le sort est une

façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen

une espérance raisonnable de servir sa partie.190

D’où l’élection par choix annule l’égalité de chance d’être haut responsable.

Ainsi, la démocratie porte en elle-même le germe de sa propre destruction.

Cela se dit car l’égalité déteste la liberté et l’élection par choix qui favorisent

l’inégalité. Mais la démocratie s’accorde avec la contradiction interne de ses

éléments pour qu’elle soit viable et durable. Cela pousse Jean ROSTAND à

affirmer que : « la faiblesse des démocraties, c’est qu’il leur faille, trop souvent, se

nier pour survivre »191. Tous cela détermine le vice interne de la démocratie car

elle s’auto corrompt.

De plus, dans certain cas, la pratique de la démocratie se sent faible car sa

faisabilité est limitée, c'est-à-dire sa réalisation n’est pas effective et générale.

D’abord la démocratie exige l’état parfait de l’homme, et notamment : l’amour, la

maîtrise de soi, la patience, l’impartialité, le respect mutuel, l’amitié, la capacité

d’analyse et la non sensibilité à l’agression extérieure et la propagation rapide des

rumeurs. Raison pour laquelle Pierre MENDES –France à écrit : « l’amour de la

189 Friedrich HAYEK, op. cit. 190 C. Montesquien, op.cit du 28/04/08/ à 11h30 191 Jean ROSTAND, ibid

- 100 -

démocratie est d’abord un état d’esprit »192. Cela nous présente que les

mauvaises habitudes, la domination de notre corps, l’égoïsme etc, doivent être

tolérés. Mais la pratique de ces qualités idéales n’est pas facile. Cela a besoin

d’un homme parfait qui n’est jamais trouvé. Voilà pourquoi J.J Rousseau a affirmé

que :

La démocratie réclame un peuple de dieux ! ou s’il y avait un

peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un

gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes193.

Cela nous prouve que la pratique de la démocratie pure est impossible car

c’est difficile pour la multitude de homogénéiser leur vision, uniformiser leur besoin

ou leur intérêt. Tout cela détermine la limite de la démocratie car on n’est jamais

arrivé au bout de la démocratie. Mais on va vers elle. D’où on est toujours en

route.

En outre, l’homme est un être insatisfait. Cela est confirmé par la multiplicité

de ses besoins. Or en démocratie le peuple projette sa responsabilité à l’État qui

est considéré comme fournisseur de la vie. Cette pensée sera fictive car cela

dépend en grande partie de la disponibilité de l’Etat. En effet, en cas de défaut, la

guerre s’organise par ci par là. Le mouvement populaire menace l’ordre public.

L’utilisation des forces armées arrive inévitablement pour faire revenir l’ordre

public.

Raison pour laquelle Alexis SAINT-JOHN PERSE a écrit : « la démocratie,

plus qu’aucun autre régime, exige l’exercice de l’autorité. »194. Donc la relation

entre peuple et dirigeant est très tendue. Cela peut engendrer la rupture. D’où

l’insécurité s’installe massivement. Cela est illustré par une portion de texte tirée

dans le Polybe, histoire, VI, 44. :

192 P. MENDES-France, ibid 193 J.J. ROUSSEAU, op. cit. 194 Saint-John PERSE, op. cit.

- 101 -

Le peuple athénien a toujours ressemblé à un navire : tant que

ceux qui sont à bord redoutent la tempête qui menace, ils sont

tous d’accord pour obéir au pilote et remplir leurs devoirs ; mais

quand ils n’ont plus peur, ils se mettent à mépriser ceux qui les

commandent et à se disputer avec eux, car leurs avis diffèrent :

les uns veulent poursuivre le voyage, les autres contraindre le

pilote à toucher terre ; les uns déploient les voiles, les autres

ordonnent de les ramener. Leurs disputes offrent un spectacle

honteux à ceux qui les regardent de l’extérieur et mettent en

danger leur propre sécurité.195

Ce paragraphe donne un exemple de la nature même de la démocratie. Là

où règne la différence, le vouloir domine. Tout cela menace la sécurité et l’ordre

public.

En outre, la pratique de la démocratie directe, et surtout : le débat réel entre

chaque citoyen et la mobilisation fréquente d’une importante population face à un

certain problème qui semble insoluble, sont réservés à un Etat à faible population.

Donc cela semble impossible dans un Etat à trop grade taille. Quand même, le

modèle de la démocratie directe se veut universellement.

Enfin, théoriquement, le peuple est souverain. Cela peut se manifester en

matière d’élection. Mais dans la gestion de l’affaire de l’Etat, c’est le premier

responsable qui gouverne. En effet, sa politique vise son intérêt dans le but de

stabiliser son pouvoir. Donc l’intérêt commun de la communauté est négligé. Ainsi,

dans la pratique, le peuple devrait être dévêtu de sa souveraineté et le dirigeant

agit selon ce qu’il veut. Raison pour laquelle un auteur inconnu a écrit :

Périclès avait acquis une autorité qui lui permettrait de contenir

le peuple tout en respectant sa liberté.196

195 Wipidédia, l’encyclopédie libre

http://www.googles.fr/search?hl=fr8q=naissance+de+la+d%c3A9mocratie8btnG=recherche+google-m

196 Ibid.

- 102 -

Théoriquement, le peuple était souverain, mais en fait l’Etat est gouverné

par le premier citoyen de la cité. De même pour la démocratie représentative, le

plus souvent les personnes élues ont une tendance à ne pas être représentatives

des corps électoral. Cela est constaté tant au niveau des revenus, qu’au niveau de

l’instruction et du point de vue classe sociale. Dans ce cas, ils se disent au nom du

peuple, mais leurs comportements sont loin de cela. D’où ils seraient « pseudo

peuple » et le peuple est titulaire de la « souveraineté factice. »

Ainsi, tout cela nous montre les limites de la pratique de la démocratie et le

sommet où le peuple pourrait appliquer sa souveraineté.

III.1.2.2 Handicaps de la démocratie

D’abord, à défaut de critère officiel internationalement reconnu pour évaluer

l’existence ou non de la démocratie, chaque pays se dit démocrate. Or, de

nombreuses « démocraties » se sont accommodées de l’esclavage, du cens, de la

colonisation, de la ségrégation et de l’apartheid. Cela est justifié par la pluralité de

dénominations de la démocratie et le plus souvent les unes nient les autres pour

défendre leur intérêt et leur politique voulue pour dominer. Ainsi le terme

démocratie contient toujours la souffrance causée par l’accomplissement de

l’avantage particulier.

Ensuite, les méfaits de la démocratie continuent au niveau du choix de

statut du citoyen. Ce statut accorde des conditions contraires aux principes

fondateurs de la démocratie. Par exemple, dans l’histoire, la démocratie antique

d’Athènes, la notion de citoyenneté est limitée en excluant les femmes, les

esclaves et les métèques. De même aujourd’hui, il y a les non-dits car l’âge

minimum reste sous le silence. Or, dans le pays endetté, la plupart de la

population active et décidaire appartient à cet âge. Ils sont père et mère de famille,

et surtout les jeunes de quinze à dix sept ans. Mais ils ne peuvent pas participer à

l’élection. Ainsi la démocratie par l’intervention de l’élection, établit une

discrimination. A cela s’ajoute la ségrégation établie au sein de la démocratie par

des critères de naissance, de nationalité, d’origine, de fortune, de capacité

présumée, de sexe, de race, etc. Cela est concrétisé par la floraison de la

- 103 -

naissance de l’association fondée sur ces critères. Donc la démocratie adopte la

discrimination, l’exclusion, la ségrégation. Cela détermine la faiblesse de la

démocratie car, si la lutte d’intérêts aboutit au sommet, ces associations entrent

en conflit et s’entretuent. L’atmosphère de la société est sombre, voilà pourquoi

H.F. Emile a dit :

D’ailleurs l’âge de la majorité baissera, la barrière du sexe

tombera, et la démocratie arrivera absurde en remettant la

décision des plus grandes choses aux plus incapables197.

Après, dans la société qui se tend à l’individualisme n’a pas forcément à

penser à l’intérêt général. Donc, il y aurait, peut être, la domination des riches et la

soumission des classes défavorisées.

En outre, si on analyse la démocratie au- delà de la frontière, l’idée de

mondialisation et de libéralisme économique sont le plus rependus. Ils sont

devenus critère internationalement reconnus pour évaluer la pratique ou non de la

démocratie. Leur carence peut entraîner la sanction de la part des organismes

internationaux, et notamment la banque mondiale, le fond monétaire international,

etc. Les organismes imposent sans discussion les marchés financiers. Ils

n’entendent pas négocier, mais expliquer. Donc, les critères fondateurs de la

démocratie sont menacés par le verdict du nouveau Léviathan. Voilà pourquoi la

démocratie est considérée comme propagande de la mondialisation et du

libéralisme : « la rhétorique démocratique est parfois employé comme fer de lance

ou Cheval de Troie de la mondialisation »198.

De plus, la démocratie emporte toujours le risque de la dictature aveugle et

oppression de la majorité. Cela est matérialisé par la présence de menace de

grève, l’exile politique, l’arrestation massive, le changement sans cesse de statut

politique, etc. ce risque peut être, sur certains sujets, un ensemble de volonté, de

motivations et des opinions particulièrement hétéroclite et mouvant. A cela est

197 H.F. EMILE, op. cit, du 28/04/08 à 11h32, document internet 198 Wikipedia, op. cit.

- 104 -

ajoutée l’exclusion volontaire de toute idée de suppression d’un parti minoritaire

faite par la majorité. Voilà pourquoi Georges Clemenceau déteste la démocratie

en prononçant : « la démocratie c’est le pouvoir donné aux poux de manger le

lion »199. De même à la prise de décision la démocratie adopte la loi de la majorité,

or une décision démocratique n’est pas forcément une bonne idée pour l’avenir de

la société. Cela, en conséquence, néglige l’élite qui est capable d’amener son idée

en bonne et due forme. Cela est confirmé par le passage ci- après : « le principe

démocratique a contribué à l’affaissement de la civilisation en empêchant le

développement de l’élite »200. Ainsi, la démocratie nie l’élite pour satisfaire le

grand nombre qui se base sur le présent en dominant leur cœur. Un strict respect

des règles démocratiques peut amener à la victoire aux élections et pouvoir de

partis non démocratiques. Exemple la victoire du Front Islamique du Salut (F.I.S)

en Algérie 1991 ou menace des partis Islamiste en Turquie.

En enfin, la démocratie ressemblerait à une démagogie, à un leurre et à

une flatterie car les conditions concrètes d’un système totalement démocratique

ne peuvent jamais être réunies. Elle utilise et accorde la promesse fictive, un rêve

irréalisable. Par ses caractères, elle favorise au beau rhéteur ou le plus

manipulateur d’emporter l’adhésion populaire car il ose prononcer les mensonges

pour attirer l’attention du peuple. Par conséquent le peuple est trompé par la

flatterie comme l’a écrit Henri Frederik EMIL :

Toute fiction s’expie, et la démocratie repose sur cette fiction

légale que la majorité à non seulement la force mais la raison,

qu’elle possède la sagesse en même temps que le droit. Fiction

dangereuse parce qu’elle est flatteuse. Les masses seront

toujours au-dessous de la moyenne. D’ailleurs l’âge de la

majorité baissera, la barrière de sexe tombera, et la démocratie

arrivera à l’absurde en mettant la décision des plus grands aux

199 http://www.lescitations.net/citation/sujets/D%A9mocratie 200 Dictionnaire des citations politiques, op.cit.

- 105 -

plus capables.201

III.1.2.3 Démocratie : Naissance de la tyrannie et la décadence

Pour mieux cerner ce passage on va procéder à la conception de l’État des

meilleurs de Platon. Dans sa philosophie, il trace le modèle de la cité juste. Pour

cela il cherche à déterminer la qualité pour être roi et la nature de la constitution

parfaite dans le but d’assurer l’harmonisation et la justice dans la cité.

Pour lui, si la cité est parfaite, elle renferme les quatre vertus cardinales, à

savoir la sagesse, le courage, la tempérance et la justice. Ces vertus sont établies

en fonction de la manifestation de l’âme qui est ici définie comme un principe de

penser de l’homme, et permet la connaissance. Ce penseur distingue la présence

de trois parties de l’âme, et cela détermine l’existence de trois ordres dans l’État.

Tels que :

- l’ordre dominant qui correspond à la partie intelligible de l’âme ou raison.

Cela montre la vertu supérieure de l’Etat comme la sagesse. Elle réside dans les

classes des chefs car seuls les sages qui sont aptes à chercher la juste manière

dont tous les citoyens doivent conduire leur vie. Donc Platon a suggéré « les

philosophes-rois » car la sagesse détermine la qualité supérieure des

philosophes. De plus ils se distinguent par des dons particuliers qui ont été

perfectionnés par une formation dans tous les domaines. Ainsi, le philosophe

devrait être placé en tête de l’Etat ;

- l’ordre du gardien : il garde le dogme de la cité et veille à la défense de

l’Etat de l’intérieur comme de l’extérieur. Cet ordre correspond à la partie sensible

de l’âme, c’est-à-dire le courage ;

- l’ordre des producteurs, et notamment les artisans, les commerçants et les

paysans. Ils doivent assurer l’approvisionnement de la communauté. Cet ordre

correspond à la vertu nommée tempérance qui est commune à tous. Elles

établissent entre elles un parfait accord, basé sur la prépondérance des éléments

201 Ibidem.

- 106 -

supérieurs et la soumission volontaire des éléments inférieurs. Ces trois vertus

sont complétées par la quatrième qui est nommée « la justice ». Elle est à l’origine

de tout progrès moral qui engendre l’ordre et la force.

Tout cela nous montre que la cité juste accorde la non séparation du

pouvoir et la sagesse qui sont réunis en une seule main. La justice est dite quand

chaque classe reste à sa place et remplit uniquement la fonction qui convient à sa

nature.

De plus, Platon prolonge sa politique à la critique des diverses formes de

Constitution. Donc il met en lumière l’existence des cinq Constitutions possibles,

mais une seulement parmi elle est considérée comme une Constitution parfaite

qui est appelée parfois aristocratie. Elle est meilleure dans le sens où tout est

commun et les gouvernants sont philosophes. Les quatre autres sont imparfaites.

Elles sont classées par ordre décroissant : d’abord la timocratie qui est fondée sur

l’honneur ; ensuite l’oligarchie, là dominent les appétits des richesses ; après la

démocratie qui favorise l’égalité des riches et des pauvres ; et enfin et au dernier

rang la tyrannie qui est fondée sur le désir est la négation même de la politique car

la loi est absente, c’est-à-dire un Etat autoritaire.

Ainsi l’Etat meilleur est la cité juste qui adopte la Constitution parfaite et

accepte « les philosophes-rois » Tout cela nous permet d’analyser ensuite son

point de vue sur la démocratie.

- Platon compare la démocratie à une sorte de « bazar des Constitutions »

où l’amateur n’a que l’embarras de choix. De plus elle ressemble à des vêtements

bigarrés qui font la joie des femmes et des enfants, mais les hommes de goût les

trouvent ridicules.

- Il considère aussi la démocratie comme la victoire des pauvres sur les

riches, une marque de partage de place. Tout cela est fortifié par l’absence de

profil à la désignation du responsable de l’État car la démocratie s’accorde avec le

principe du tirage au sort et le pouvoir de la masse populaire. A cet effet tout le

monde a une chance d’être roi, même le cancre, l’analphabète. Cela emporterait

des risques. Car la démocratie permettrait au cancre d’arriver au pouvoir. Or selon

- 107 -

Planton la gestion de la cité exige la connaissance en rapportant l’idée de

Socrate : « Nul n’est méchant volontairement »

Tout cela est concrétisé par un extrait de texte tiré de La République, VII,

557b 558b :

Eh bien ! À mon avis, la démocratie apparaît lorsque les

pauvres, ayant emporté la victoire sur les riches, massacrent les

uns, bannissent les autres, et partagent également avec ceux

qui restent le gouvernement et le plus souvent ces charges sont

tirées au sort. […] Maintenant, voyons de quelle manière ces

gens-là s’administrent, et ce que peut être une telle constitution.

Aussi bien est-il que l’individu qui lui ressemble nous

découvrira les traits de l’homme démocratique. En premier lieu,

n’est-il pas vrai qu’ils sont libres, que la cité déborde de liberté

et de franc-parler, et […] Comme un vêtement bigarré qui offre

toute la variété des couleurs, offrant toute la variété des

caractères, il pourra paraître d’une beauté achevée. Peut être

beaucoup de gens, pareils aux enfants et aux femmes qui

admirent les bigarrures, décideront-ils qu’il est le plus beau.

C’est là qu’il est commode de chercher une Constitution, parce

que on les y trouve toutes, grâce à la licence qui y règne ; et il

semble que celui qui veut fonder une cité, ce que nous faisions

tout à l’heure, soit de se rendre dans un Etat démocratique,

comme dans un bazar de Constitutions, pour choisir celle qu’il

préfère, et d’après ce modèle, réaliser ensuite son projet.202

De plus, il pense que la démocratie favorise la naissance de la Tyrannie,

car la non maîtrise de la liberté extrême dans la société démocratique peut aboutir

à l’anarchisme qui est sa conséquence inéluctable. En effet, à défaut de la loi,

chacun fait ce qu’il veut personne ne détient l’autorité et nul n’obéit. Les vertus

202 La démocratie est-elle le moins mauvais des régimes,

http://www.philocours.com/cours/cours-démocratiec2.html

- 108 -

d’ordre et de discipline, se perdent alors, et sont remplacées par le désordre et

l’indiscipline. Quel que fois cette société est dominée par la loi du plus fort. Ainsi

face à l’intérêt différent et antagoniste, l’homme s’entretue. L’insécurité s’installe

en permanence car le plus fort d’aujourd’hui sera plus tard le pus faible. Mais pour

faire régner la paix et mettre en lumière l’équilibre l’Etat doit prôner explicitement

le recours à la violence et à des actions anti-démocratique, c'est-à-dire à l’autorité.

Voilà pourquoi Platon a affirmé que :

Selon toute vraisemblance, aucun autre régime ne peut donner

naissance à la tyrannie que la démocratie, de la liberté extrême

naît la servitude la plus complète et la plus terrible. 203

Tout cela lui permet de dire que la démocratie est incapable de faire régner

la justice dans la cité car l’harmonie fait défaut à cause du gouvernement de la

classe populaire. Donc la vertu d’ordre et de discipline se perd.

Enfin, Platon a soutenu la corruption comme une loi qui règle le monde

sensible : « Tout ce qui naît est soumis à la corruption », c'est-à-dire à la force du

temps, tout change et rien ne demeure. De même pour le système politique, il y a

la succession de régime. L’idée de la Constitution parfaite se dégrade et puis

finalement s’anéanti. La démocratie pour Platon se situe à la fin du parcours. Elle

est donc passage à la dégradation de la politique elle-même car elle favorise la

naissance de la tyrannie.

III.1.3 La démocratie, vue par Nietzsche

III.1.3.1 La démocratie comme pouvoir des superflus

Dans l’histoire, nous avons constaté que la naissance du pouvoir de la

majorité est toujours précédée de mouvement populaire et révolutionnaire. Cela

consiste à faire la lutte des classes, la lutte des conditions ou la revendication de

divers droits manquants. Ainsi, le mouvement démocratique se fait dans le but de

faire régner le vœu des petit et de renverser le pouvoir de la minorité favorisée.

203 Ibidem.

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Pour cela Lénine a déclaré que : « Notre morale est entièrement subordonnée à la

lutte de classe du prolétariat »204. Cela nous montre qu’il y a un conflit entre la

couche sociale inférieure (majoritaire) et la classe supérieure qui a détenu le

pouvoir.

Ainsi, pour Nietzsche, le mouvement est une marque de l’infériorité car les

minables entrent en lutte pour faire souffrir les dirigeants et pour sortir leur statut.

Ils rapportent souvent la victoire car par leur union, ils deviendront une puissance

et leur fierté est de faire déraper le dirigeant. Nietzsche l’a dit : « ils sont

innombrables, ces petits, ces minables, et l’on a déjà vu de fiers édifices réduits

en ruines par l’action des gouttes de pluie et des herbes folles »205. Donc pour se

libérer du jour de souffrance, la masse devrait entrer en combat avec la classe

dominante. Raison pour laquelle Nietzsche appelle la masse : la populace, la

foule, le troupeau, l’esclave etc. C’est sûr que leurs chefs sont issus de ces

classes. A cet effet Nietzsche considère qu’ils sont issus de la caste défavorisée :

« Les hommes efféminés, les fils d’esclaves et surtout la populace métissée, tout

cela veut à présent prendre en main le destin humain »206. Mais pour arriver à la

puissance, cette lutte devrait passée par quatre étapes :

D’abord ils se libèrent en brisant leur chaîne. Cela est commencé par

l’imagination car c’est difficile pour eux de quitter leur pauvreté et leur état

d’esclave. Ils doivent faire un effort pour les quitter. Ainsi ils se reconnaissent.

Cela les amène à l’union. Dès qu’ils se réunissent, ils deviendront une force et une

puissance. Par conséquent l’esclave libéré a besoin de mutation, c'est-à-dire son

esprit est changé : « ils se libèrent, ils se dégagent, en imagination d’abord, ils se

reconnaissent, les uns les autres, ils s’imposent »207.

Ensuite, ils entrent en lutte en voulant être reconnus. Cette lutte consiste à

réclamer les droits égaux et la justice. Cela signifie qu’ils revendiquent la même

204 Paul FOULQUIE, Dictionnaire de la langue philosophique, art. « Morale ». 205 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra I, p. 135 206 Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.289 207 F. NIETZSCHE, La volonté de puissance, Aphorisme 153.

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jouissance des droits à tous : « Tous sont égaux devant Dieu »208 La justice pour

eux c’est que les riches doivent distribuer leur richesse aux pauvres car cela

favorise l’égalité de tous : « ils entrent en lutte, ils veulent être reconnus, droits

égaux, « justice ». »209.

De plus, ils réclament la liberté, mais les dirigeant sont toujours venus de la

classe dominante qui déteste et critique le pouvoir pour mener la masse. Donc on

peut affirmer que l’innovation consiste à changer la manière du pouvoir et non pas

la nature de l’homme dirigeant : « ils exigent les privilèges (ils entraînent les

représentants de la puissance de leur côté) »210.

Enfin, ils pratiquent la dictature. C’est un pouvoir monopolisé par les

pauvres : « ils veulent le pouvoir à eux seuls, et ils l’ont»211.

Ainsi, la démocratie est un pouvoir des superflus car on devrait prendre le

pouvoir par la ruse, le leurre…

D’abord les pauvres sont considérés comme moyens pour renverser le

pouvoir en exercice car les représentants de la puissance qui sont allés à leur côté

prendront le pouvoir. Donc, pour Nietzsche, les pauvres sont toujours perdants.

Ensuite, elle est pouvoir de la majorité. Or pour Nietzsche, le peuple ne

pense que de prendre le pouvoir. Pour lui le pouvoir est le meilleur. Un peuple

disait : « Je veux régner sur les nations »212. Par conséquent tout le monde veut la

même chose et cela l’amène à la perte : « tous veulent accéder au trône, c’est leur

folie, comme si le bonheur étant sur le trône »213. De plus la démocratie permet la

vie de dépendance. Donc il y a la vie parasitaire. Cela alourdit la vie : « ils

208 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p 285. 209 F. NIETZSCHE, La volonté de puissance, Aphorisme 153. 210 Ibidem 211 Ibidem 212 Ibidem 213 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.131

- 111 -

grimpent les uns sur les autres et se font crouler mutuellement dans la fange et

dans l’abîme »214.

Tout cela détermine les caractères des superflus qui bénéficient de la

faveur de la démocratie. Ainsi par sa naïveté, il peut trouver son intérêt n’importe

où comme disant Nietzsche : « ils fouillent jusqu’aux ordures pour en retirer le plus

sordide profit »215.

III.1.3.2 La démocratie comme forme tapageuse et mensongère

Nietzsche a choisi la solitude comme une attitude de l’homme fort. Ce

comportement lui permet de quitter la masse qui forme la place publique. Il choisit

le calme car il ne veut pas attraper les petits comme Nietzsche l’a dit : « Ne lève

plus la main sur eux. Ils sont innombrables, ton destin n’est pas de devenir

chasse-mouches »216. Son esprit n’est pas un choix du hasard et gratuit, mais il

fait ce choix pour quitter la place publique. La raison en est simple : dans la place

publique, là où se trouvent les divers de tous les caractères. Donc Nietzsche les

appelle comédiens, les opprimés, les esclaves etc. Là-bas chacun met son

sentiment, chacun critique le pouvoir, chacun parle de ce qu’il veut. Pour cela la

place publique ressemble à la foire :

Là-bas, au contraire, chacun parle et aucun n’est écouté. […..].

Chez eux tous parlent et aucun ne sait comprendre. Tout tombe

dans l’eau mais rien ne s’enfonce dans les puits profond. Chez

eux tout parle, tout s’effrite en parle.217

Tout cela nous montre que ces paroles forment des braillards car le sens

du savoir s’écouter manque. Donc là-bas le désordre, l’indiscipline, la parole sans

issue dominent. De plus, la musique donne une vie à la place publique. Ainsi,

cette place est très débordée de bruit. Cela assourdit les oreilles.

214 F. NIETZSCHE, ibidem 215

F. NIETZSCHE, ibid, II, p.133 216 F. NIETZSCHE, ibid, I, p.135 217 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p. 79.

- 112 -

Tout cela pousse Nietzsche à considérer que la démocratie est une forme

tapageuse. Il considère la masse comme la mouche et le grand homme comme le

comédien qui pousse le cri de la mouche : « et où commence la place publique

commence aussi le vacarme des grands comédiens et les bourdonnements des

mouches venimeuses. »218

De plus, la démocratie prendra sa forme mensongère dans le sens où elle

favorise l’existence de promesses fictives, de flatterie, d’hypocrisie, du leurre, etc,

en prononçant le bon, la sagesse, le miel et l’offrande du miel. Mais tout cela

ressemble à la ruse oratoire car leur matérialisation n’est jamais réunie. En outre,

seule la démocratie adopte la pitié, mais une pitié du faible et non pas du fort. Car

Nietzsche considère la populace comme titulaire de l’esprit de vengeance. Elle est

rancunière. Il l’a dit : « Fuis leur vengeance invisible ! Ils n’ont à ton regard qu’un

sentiment, la rancune. »219. Donc pour avoir la puissance, ce régime fait souffrir le

fort pour faire dominer le vœu du troupeau : « il faut que les plus fortes soient

attachés le plus solidement, il faut qu’ils soient surveillés et mis en chaîne : ainsi le

veut est l’instinct du troupeau »220. Pour cela Nietzsche a confirmé que la pitié

enseigne à mentir, alourdit l’âme libre, car il ne pourrait plus savoir quelle dose

d’esprit il pouvait supporter et quelle dose ce système ne tolérait plus.

Donc la pitié est le plus profond abîme. En outre, les termes : vérité, bon,

juste et sagesse sont beaucoup entendus dans la place publique. Or le bon pour

Nietzsche est une source de paresse, une entrave pour l’esprit de créateur. Le

bon falsifie et étourdit tout. Donc il emporterait un risque pour l’avenir de l’homme :

Les bons vous ont indiqué de faux rivages et de fausses

sécurités, vous êtes nés, vous avez été enveloppés dans les

mensonges de bons. Tout a été falsifié et distordu par les

bons. 221

218 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p. 133. 219 Ibid. p. 135. 220 F. NIETZSCHE, La volonté de puissance, Aphorisme 395. 221 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p. 141

- 113 -

Ainsi il est le pire du danger comme il l’a dit. « Malheur à ceux qui

cherchent encore ! »222. De même pour le terme « juste » et « vérité ». Leur

réclamation consiste à prononcer des mensonges car celui qui se dit juste est

menteur. La vérité est difficile à trouver « toute vérité est courbe, le temps lui-

même est un cercle. »223 Or la place publique ne pense qu’à son estomac en

adorant la vie qui bloque « l’état de raison » de l’homme. Elle ne fournit que la

satisfaction de l’homme : « leur esprit n’est qu’un estomac malade. [….]. Car en

vérité mes frères l’esprit n’est en effet qu’un estomac. »224. Nietzsche ajoute

aussi : « La vie est une source de joie, mais pour l’homme qui laisse parler en lui

un estomac malade, père de toute affliction, toutes les sources semblent

emprisonnées. »225. Tout cela justifie que tout le discours dans la place publique

ressemble à la démagogie car sa réalisation est impossible : « Si j’ai parlé de miel

et de l’offrande du miel, c’était une ruse oratoire et en réalité une utile folie. »226

Donc tout cela est une manifestation de la flatterie qui est marquée par la parole

nette et franche en vue d’attirer l’attention du peuple.

Ainsi, Nietzsche déteste la démocratie car elle accorde le discours superflu

de la place publique.

III.1.3.3 La démocratie comme danger pour

le surhumain.

Ici, « la volonté de puissance » est une notion fondamentale de la

philosophie de Nietzsche, pour désigner l’adhésion à la vie et, par suite, la

tendance vitale à se renforcer toujours davantage. Elle est toujours animée par la

« passion de commander »227. Elle est conçue comme volonté de se faire obéir et

s’exerce d’abord sur soi-même. Cela est la nature de l’homme fort.

222 Ibid. p. 137. 223 Ibid. p. 23. 224 Ibid. p. 111. 225 Ibid. p. 187. 226 Ibidem 227 Clément Elisabeth, Chantal de moigre, Laurence Haussen, Love, Pierre Kah, La

philosophie de A à Z, p.471

- 114 -

Ainsi, Nietzsche considère que le vouloir de la puissance est naturel car

cela détermine la loi de l’accroissement. Exemple le nouveau né fait agiter ses

membres pour fortifier ses muscles. De même l’égoïsme agressif et l’égoïsme

défensif sont la fatalité de la vie même car cela règle la loi de la nature. Le premier

est nécessaire pour dominer les autres et le second pour se défendre. Donc ils ne

sont pas des actes volontaires de l’homme mais une loi qui régit la vie des êtres

vivants. Pour cela Nietzsche suit l’idée de Hobbes : « Que l’homme soit un loup

pour l’homme »228 Donc l’idée de la méchanceté, de la férocité, de l’agressivité,

etc. est naturelle pour l’homme. Donc on devrait les supporter.

Or pour Rousseau, l’être de nature n’est pas sécurisé, car le plus fort, ne

sera plus fort plus tard. Par conséquent Rousseau fait appel à l’instauration d’« un

pacte social » qui encadre la vie en société. Le pacte pour Nietzsche fait

dissoudre le droit naturel, et notamment : le droit d’attaquer et le droit de se

défendre. Tous les deux pour lui déterminent le droit individuel qui n’a pas besoin

de convention :

On parle du droit de l’individu à se défendre, dans le même sens

on pourrait parler aussi de son droit d’attaquer : car les deux

choses – la seconde plus que la première – sont les nécessités

pour tout ce qui est vivant.229

Par conséquent l’existence de pacte est contre nature. Car il est une

manifestation de la convention. Il est un droit fondé sur le traité. Donc Nietzsche le

considère comme une défense sociale pour sanctionner le fort :

Le droit de punir (ou la défense sociale) n’a en somme revêtu le

nom de « droit » que par abus : on acquiert un droit par un

traité.230

228 JJ ROUSSEAU, Du contrat social, p. 69 229 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 334. 230 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 334.

- 115 -

Ainsi, le pacte est considéré comme un abus qui dégénère l’idée de

défense de soi. D’où l’esprit de la guerre et de la conquête est en décadence. La

pratique du droit de convention est une marque de l’Etat démocratique pour

réconcilier la différentiation.

De plus, Nietzsche considère la démocratie comme un danger pour le

surhumain car elle favorise l’esprit de parasite. Le peuple choisit la vie facile sans

risque. A cet effet il aime pratiquer la ruse et le leurre : « Ce sont des bêtes de

proie ; dans leur travail il y a du rapt, dans leur métier il y a de la ruse »231.

Ensuite, la démocratie favorise le vœu du minable à sucer le sang du grand : « Je

vivais ainsi parmi eux criblé de piqûres de mouches venimeuses, creusé comme

la pierre par d’innombrables gouttelettes de méchanceté de sa propre

petitesse »232.

Ainsi, Nietzsche choit la solitude volontaire pour écarter le vœu du petit.

III.2 SUPPORT DE LA DEMOCRATIE

III.2.1 La puissance économique

Ici, notre analyse se base sur la visée de la réalité et de l’actualité tant

nationale qu’internationale.

Nous avons déjà vu que la pauvreté et l’insécurité sont la source de

l’inquiétude du peuple. Elles sont parmi les critères qui engendrent le dégoût du

peuple vis-à-vis de la politique, la non confiance du peuple à l’autorité au pouvoir.

A cet effet le pouvoir n’a plus la légitimation ou la considération de la part du

peuple. Car il est considéré comme incrédible. Cela peut engendrer le mouvement

populaire. D’où l’État se trouve dans l’instabilité. Mais, à défaut de la disponibilité

économique, l’Etat n’arrive pas à résoudre ce problème. Par conséquent l’Etat

deviendra autoritaire pour faire revenir la paix et l’ordre public. Le droit de grève

est menacé. Toutes sortes de libertés sont menacées aussi. Donc la démocratie

231 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra II, p.133 232 F. Nietzsche, ibid, p.81

- 116 -

se sent en difficulté. Exemple, Face à la cherté de la vie, le mouvement populaire

s’installe en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest. De même, le problème

électoral est plus constaté dans les pays pauvres. Ainsi la démocratie se sent

fragile dans les pays qui ont des problèmes financiers. Car le droit social,

économique et la sécurité du peuple ne sont pas garantis

De plus, dans l’histoire, on a constaté que l’essor démocratique des

Dominions à la fin du XIXe Siècle coïncide avec leur essor économique. Cela nous

montre aussi l’importance de la croissance économique sur le développement du

système démocratique.

En outre, la chute des pays de l’Est en Europe est marquée par leur

faiblesse économique. Cela est suivi de la crise politique. Exemple l’éclatement de

l’URSS, la crise politique en Yougoslavie etc.

Enfin, la célébrité de la démocratie libérale, la puissance de la Banque

mondiale etc. sont des symptômes de la puissance économique.

Ainsi, la puissance économique entraîne la légitimation du régime politique

qui sert de cadre. Cela favorise la hausse du pouvoir d’achat du peuple, s’il est

bien redistribué. Le niveau de vie du peuple monte. Donc le problème du chômage

est moins visible et la sécurité sociale du peuple est garantie. D’où l’Etat a trouvé

la stabilité.

Bref, la puissance économique fortifie l’essor de la démocratie. Dans le cas

contraire, elle est fragile car la sécurisation du peuple n’est pas assurée.

III.2.2 La maturité politique

Ici, on parle de la maturité quand le taux d’analphabètes est moins

considéré dans un pays. Cela permet au peuple de faire la lecture, de suivre

l’actualité aussi bien nationale qu’internationale, de participer au débat organisé

au niveau de la majorité. Cela signifie que le peuple a la capacité de suivre, de

discuter la situation existante.

- 117 -

Ensuite, la maturité politique se dit quand le peuple arrive à faire le choix

libre, à faire dominer sa voix de conscience en matière d’élection. Donc son esprit

est capable d’analyser et non pas être influencé par l’appartenance politique ou

clanique, c’est-à-dire le peuple est conscient de l’importance de l’intérêt commun.

Tout cela atténue la propagation rapide des rumeurs, la force du leurre de

la part du politicien, l’existence de diverses formes de flatterie lors de la campagne

électorale. Ainsi, on trouve des citoyens responsables et les conflits sociaux

provoqués par l’acte politique sont réduits. Ainsi la démocratie s’instaure car ces

membres sont conscients de ce qu’ils doivent faire et de ce qu’ils ne doivent pas

manifester. Et leur critique devrait être constructive et non pas une sorte de piège

ou critique destructive. Cela favorisera l’existence de l’alternance démocratique

car le peuple arrive à l’état d’analyse en distinguant l’utile et l’inutile. D’où il est

difficile à tromper.

III.2.3 L’Etat de droit

Pour mieux étudier ce passage, on va procéder à la définition. Ici, l’Etat est

considéré comme une institution qui détient le pouvoir sur la population et son (ou

ses) territoire(s). Ni la langue ni la religion n’interviennent dans cette définition.

Donc l’Etat est dit de droit quand les pouvoirs publics sont effectivement soumis

au respect de l’égalité par voie de contrôle juridictionnel.

Ainsi, l’Etat de droit consiste à respecter les textes en vigueur qui sont

appliqués sans exception ou sans distinction. Par conséquent tous les coupables

sont punis, même les autorités de l’Etat. Pour cela on peut affirmer que « tous

sont au-dessous de la loi ». L’Etat de droit déteste la partialité. IL favorise

l’autorégulation au niveau du comportement. Il freine l’abus, l’action néfaste de

l’homme etc. Car tout le monde peut être conduit auprès du tribunal quand il est

considéré coupable.

En effet la démocratie marche car les citoyens se sentent sécurisés en

exécutant leur métier et leur devoir. Cela détermine la bonne conscience, en

conséquence on pourrait définir la démocratie comme « état de conscience » car

- 118 -

chacun agit selon sa conscience en respectant le droit commun. Comme l’a dit

MENDÈS-France : L’amour de la démocratie est d’abord un état d’esprit.

D’où l’Etat de droit engendre la justice qui forge le bon esprit du peuple.

Mais tout cela exige l’indépendance de la justice.

En somme, l’Etat de droit est support de la démocratie parce qu’il met le

peuple en sécurité et sur le même pied d’égalité devant la loi.

III.3. ENTRAVES ET AMELIORATION DE LA DEMOCRATIE

Actuellement on a vu que la mondialisation, le libéralisme et la démocratie

sont les courants d’idées les plus rependus dans le monde. Ils deviennent des

critères et des forces favorisant le contrôle de la relation mondiale. Quelquefois

ces courants sont comme une force d’oppression car les occidentaux pressent le

monde à pratiquer leur culture. Donc la démocratie occidentale est imposée et elle

devient un but à atteindre pour les pays pauvres. Par conséquent, la non pratique

de cette façon de vivre peut entraîner l’application de sanction économique ou

l’embargo. Tout cela est sous la supervision des organisations internationales etc.

Mais les pays dominants sont au-dessus de ces organisations. Ces critères sont

des modèles à suivre et contrôlables en observant et en visant le choix politique

d’un pays, le déroulement de l’élection, le choix politique de l’économie,

l’existence ou non de diverses libertés, le respect des droits de l’homme, etc. Mais

le problème est la présence de partialité car cela dépend en grande partie de leur

intérêt. Donc la punition est moins considérée dans les pays occidentaux et les

pays proaméricains que dans les pays orientaux et dans ceux endettés.

En effet, l’imitation, l’imposition de cette culture se rencontrent plus en

Afrique. Mais elles se sentent dans la pratique, et posent des problèmes parce

qu’elles ne se conforment pas à la culture et à l’esprit africain. La raison en est

simple : outre l’attachement profond au pouvoir, on observe aussi en Afrique la

présence de diverses manifestations de culture, sa manière de gérer son pays.

Tout cela est plus près du comportement originel ou naturel. Donc il est qualifié de

traditionnel. Exemple comme forme naturelle, l’agressivité, la méchanceté. Raison

- 119 -

pour laquelle Nietzsche a dit : « l’homme est une bête de proie »233. Par sa nature,

il a pris le pouvoir par la force. Cela peut engendrer le pouvoir héréditaire et le

népotisme de l’administration. Grâce à la démocratie, les faibles peuvent arriver

au pouvoir, mais ils ont tendance à rester à vie à leur place. Donc cet attachement

est la cause première de tout vice de forme constaté lors de l’exécution de

l’élection : usage de faux, contrainte, abus, etc. Tout cela provoque les remous

politiques qui débouchent sur les conflits sociaux. Exemple les élections à

Madagascar de 1991 et 2002. Cela a engendré des mouvements populaires à ces

périodes. De même pour le cas de l’élection au Kenya, Décembre 2007. Cette

élection est la plus meurtrière. La guerre ethnique qui se déroulait au Rwanda et

en Côte d’Ivoire a été le résultat du disfonctionnement de leur élection.

Cela nous montre que les entraves de la pratique de la démocratie se

manifestent, en général, lors de l’exécution de l’élection. Ainsi, pour concrétiser

cette situation, il importe d’analyser en particulier le cas de l’élection malagasy.

Cette réflexion est pertinente car nous voulons pratiquer ce système. Cela est

justifié par le mouvement populaire 1991 et 2002 en luttant contre l’usage de faux

dans l’élection et en instaurant le régime populaire. Par conséquent, le Président

de la troisième République a essayé de faire parler la masse paysanne en

prononçant son problème et son vouloir de diriger notre pays. De même au

premier mandat du Président Marc Ravalomanana, Tsimbazaza est appelé

« Palais de la démocratie ». Dès la troisième partie de cette République, la

direction chargée du développement de la démocratie est créée auprès du

Ministère de l’Intérieur. Tout ceci est dit pour montrer que Madagascar est en

route vers la voie de la démocratie. Cela nous permettra après de détecter tous

les obstacles en vue d’améliorer notre système démocratique. D’où la nécessité

d’analyser la situation électorale malagasy.

233 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme, 28.

- 120 -

III.3.1 La limite de la loi de la majorité

III.3.1.1 Aléas observé lors de l’élection

Dans cette sous partie, nous allons inventorier toutes les difficultés qui

peuvent exister avant, pendant et après l’élection. Dans le cas général, l’élection

est l’outil le plus rapide et le plus efficace pour évaluer la pratique ou non de la

démocratie. Par elle on peut juger sa manifestation : la liberté, la loi de la majorité,

le pluralisme des valeurs, la transparence, l’impartialité, la neutralité de

l’administration, etc. Mais comment se passe-t-elle dans notre pays ?

On sait que l’élection débute par la préparation. Cela consiste à établir le

texte qui déclare son officialité. Ce texte, outre la préparation périodique et

habituelle, permet aux responsables de confectionner et de réviser la liste

électorale. Elle consiste aussi à collecter tout le matériel nécessaire. Une chose à

féliciter est que la majorité des responsables exécutent leur fonction à bon cœur :

recensement, inscription sur la liste électorale. Mais le manque de confiance et de

popularité, le désir et l’attachement profond au pouvoir, quelques dirigeants

politiques les pressent à effectuer des actes malhonnêtes. Ce comportement

engendre le dysfonctionnement de l’élection dans certaines régions, villages et

surtout dans les zones enclavées ou suburbaines comme le District de Toliara II

par exemple. Cela se manifeste notamment lors de l’élection dite « locale », à

savoir la députation, la communale. Car le « pour » et le « contre » sont bien

distingués pendant la campagne électorale. Pour avoir la majorité, les

responsables de la liste électorale peut être sous la pression du politicien,

suppriment l’inscription des noms de la personne dite « opposant » dans la liste

électorale. Quant à l’informatisation de la liste électorale, comment ces

responsables procèdent-ils ?

Lors de suivi et enquête effectués, voici quelques exemples des malaises

constatés, vu et entendus : en plus des électeurs fantômes, apparemment

quelques chefs Fokontany se montrent sévères et stricts dans l’établissement de

la liste électorale. Pour les résidents, pas de problème mais pour les nouveaux

venus, ils exigent des électeurs la lettre de transfert pour être inscrits sur cette

- 121 -

liste. Cela est à féliciter mais la partialité domine, c'est-à-dire les opposants sont

souvent victimes de cette situation. Ainsi, la censure existe déjà dès l’élaboration

de la liste électorale. Le droit de vote est violé.

A partir d’un entretien et propos inopinés et familiaux, on nous a informé de

la manifestation des cas ci-après : si les contre sont inscrits, dès la révision de la

liste électorale, le Chef Fokontany a mis une croix en rouge dans la marge de

l’observation. Ce signe signifie que ces personnes doivent être ôtées de la liste,

sans expliquer le motif de suppression. La liste brouillon est envoyée au

responsable hiérarchique de recensement, mais cet enlèvement s’effectue au

niveau de la région qui est responsable de l’informatisation de la liste électorale. A

cet effet certains ne figurent pas dans cette liste. Ainsi, leur devoir de citoyenneté

est menacé.

Enfin, malgré l’existence de textes qui déterminent l’accès libre au contrôle

de la liste électorale et donnent un ordre au Chef Fokontany d’afficher cette liste

provisoire, cela pose problème dans quelques Fokontany. Elle semble être

confidentielle. Mais chacun peut amener la liste ou une série de noms au chef

Fokontany. Ces noms ne sont pas forcements inscrits dans la liste. Donc il y a

manque de sûreté et chaque responsable consulté jette cet usage de faux à un

autre responsable.

Ainsi, tout cela fausse l’idée de la démocratie car l’administration électorale

n’est pas fiable, l’acte électoral n’est pas fiable, et l’acte électoral paraît comme

une faveur et non pas un droit ou une obligation. Cette situation est contraire au

texte en vigueur. Donc l’idée de l’Etat de droit qui est le support de la démocratie

est menacé. Cette violence peut engendrer des remous politiques qui sont la

source des conflits sociaux. Exemple : l’existence de quelques perturbations au

moment de l’élection. Cela menace le bon déroulement, si les forces interviennent.

Autre constatation, cet empêchement peut se remontrer jusque dans la

préparation des dossiers de candidature. Exemple, si le certificat de résidence est

considéré comme une pièce à fournir et obligatoire, sa délivrance pose aussi

problème dans quelques Fokontany. Le chef Fokontany fait cela volontairement

- 122 -

en quittant sa « maison-bureau » du matin au soir. Et si par hasard on le retrouve

quelque part, il donne un faux rendez-vous. Cette malfaisance est confirmée car

nous sommes parmi les victimes et ce comportement, observable dans quelques

Fokontany. Donc nous croyons que ce cas est généralisé. Ce cas est rapporté au

niveau des autorités hiérarchiques locales en vue de trouver la solution, mais cela

reste insoluble. De plus, au manque de confiance au verdict prononcé par l’organe

compétent, les victimes restent tranquilles. Donc, l’idée de compétition

démocratique est menacée ici.

De même pendant la période de propagande, certains dirigeants politiques

et autorités lancent diverses contraintes, différentes menaces et font peur aux

citoyens. Les fonctionnaires de l’Etat sont les cibles parmi tant d’autres. La

menace de l’affectation et l’espérance de la place politique sont les moyens

utilisés. Par conséquent, la plupart des fonctionnaires se montrent partisans,

sympathisants en adhérant au parti des autorités au pouvoir. C’est pour cela que

nous pouvons avancer que le choix politique et le choix des élus sont détournés.

D’où l’idée de liberté qui est l’élément essentiel de la démocratie, est violée. Cette

inexistence de la liberté de choix est perpétuée au détriment des citoyens

pauvres. Cette exploitation se manifeste au moment de propagande en distribuant

de l’argent. Ainsi, le choix dévient marchandise. L’échange se fait entre les

citoyens et les candidats. D’où la richesse est un critère utilisé pour être candidat.

La liberté de conscience est « malade ».

Ce mauvais comportement persiste encore au moment de l’élection, car

quelques chefs Fokontany, avec certains membres de bureau de vote, pratiquent

l’usage de faux. Cela se manifeste comme un flagrant délit. Mais ils ne s’en

soucient jamais parce qu’ils sont garantis par certaines autorités. Ils ne

s’inquiètent pas d’une éventuelle poursuite judiciaire. Outre l’élection préétablie,

les électeurs fantômes sont remplaçables dans quelques Fokontany. Par

conséquent le taux de participation est très élevé à la campagne qu’en ville. De

plus, après le comptage, le responsable établit un procès-verbal provisoire et

celui-ci est finalisé à la maison pour être définitif. Donc la fiabilité du résultat est

douteuse. Exemple le cas de Saint Augustin lors de l’élection communale de

- 123 -

Décembre 2007. Cette affaire fut portée devant le tribunal compétent et a été jugé

le 18 Avril 2008.

Ici, la collection de ces carences est faite non pour une critique destructive

mais pour une critique constructive. Elle est constructive car ces maladies sont

remédiables quand leurs sources sont bien connues. En plus, nous croyons que la

plupart de ces mauvais actes semblent obscurs pour les autorités centrales. Donc

notre travail a pour but d’informer les autorités et pour conscientiser tous les

citoyens de ne pas accepter cette mauvaise foi.

Ainsi, la mise à nu de ces handicaps nous permet de trouver la solution en

vue de développer et pérenniser notre démocratie. L’existence de ces malaises

nous informe que la démocratie malagasy n’est pas encore mûre. Elle est encore

fragile.

Il est évident que, par l’analyse des situations présentes, il y a deux cas qui

provoquent ces malaises. D’abord la politisation de l’administration et en

particulier celle de l’élection. Exemple la désignation purement politique se fait au

niveau des responsables électoraux : chef de district, chef Fonkontany, membre

de bureau de vote etc. Ces gens deviennent membres automatiques du parti au

pouvoir. Par conséquent la tendance politique se manifeste inévitablement pour

protéger leur honneur et leur place. Donc pour être responsable il faut suivre et

exécuter l’ordre venant du parti. Cela fausse l’idée de la démocratie car le choix

libre et la liberté de conscience ne sont pas réunis. Cela nous oblige à changer

l’esprit de l’élection à Madagascar, c'est-à-dire la neutralité de l’administration

électorale. Enfin, la pauvreté est la source secondaire de la défaillance de la mise

en marche du système démocratique. La raison en est simple, ici, faire de la

politique signifie prendre le pouvoir en vue d’améliorer d’abord sa vie familiale.

Cela est appelé par certains politiciens : « politique du ventre », mais elle

commence par soi-même. Cela veut dire que la politique est un moyen pour

s’enrichir. Cet esprit engendre facilement des comportements variés : l’instabilité

politique, l’égoïsme, le népotisme, etc. Par conséquent il y a dysfonctionnement

de l’administration de l’Etat en général, à savoir le déséquilibre du pouvoir, la

- 124 -

présence de la majorité à géométrie variable au sein du parlement, la

multiplication rapide et inopinée des opposants.

Tout cela est observé pendant la troisième république et surtout pendant sa

première partie. A cette époque, on a constaté l’existence de la « cause côtière »,

la minorité a écrasé la majorité qui désignait le Premier Ministre, le statut politique

change sans cesse etc. Or en réalité, cela provient de l’idée de partage de place

et de perde de place. D’où la démocratie malagasy était malade à cette période.

Mais, cela est à la fois un handicap et un commencement pour la démocratie.

Pour cela, on peut dire que nous sommes en route vers la voie de la démocratie.

Cette démocratie est marquée par la maturité de l’esprit, c'est-à-dire de l’esprit du

citoyen capable d’analyser la situation présente. Cela lui permet la vision vraie et

loin de la corruption. Voilà pourquoi Pierre Mendès-France l’a dit : « la démocratie

est un état d’esprit »234. Ici on parle de la dureté, de la patience, de la maturité et

surtout de l’état de réflexion avant de décider. Cela concerne la masse, le

journaliste, le politicien et les responsables de l’Etat.

Cela veut dire que si l’esprit patriotique et la maîtrise de soi montent et

dominent et que les diverses inclinations, l’égoïsme et la domination corporelle

soient presque tolérés, la démocratie est mûre et ferme.

III.3.1.2 L’abstentionnisme

On parle d’abstentionnisme quand il y a passivité des citoyens à participer à

l’élection. Donc il est défini comme l’attitude de la personne qui ne participe pas à

un vote. Cette attitude, en général, est un signe de désintéressement.

En réalité, elle est un symbole et une manifestation de désaffection des

citoyens vis-à-vis de la politique, la monté de l’individualisme et le repli sur la

sphère privée. Elle peut être aussi une méprise de la nature de la démocratie

comme l’affirmait Pierre Rosanvallon : « faire de l’abstention le signe le plus sûr de

234 Document internet, citations : démocratie

http://www.toupie.org/citations/démocratie.htm

- 125 -

la crise du politique est réducteur »235. Tout cela nous permet de dire que

l’abstentionniste est une « maladie de la démocratie ».

Peut-être elle est une marque de désintérêt pour la politique de son pays,

mais aussi une protestation contre les moyens d’expression ou de choix offerts à

l’élection. Cela est le plus proche du bulletin blanc et celui du nul.

Or, en matière d’élection, dans le cas le plu fréquent, l’abstentionnisme, le

bulletin blanc et le nul ne comptent pas dans la pratique de la loi de la majorité.

Mais ce qui est important et considérable, c’est le suffrage exprimé. Il détermine

l’existence ou non de la majorité, même si le taux de participation est très faible, la

loi du grand nombre est relative et limitée. Cela fausse la démocratie car la plupart

des gens qui ne participent pas à l’élection sont négligés. Pour cela, l’abstention

au scrutin n’est pas une solution pour manifester la protestation.

III.3.1.3 Conflit entre la légitimité et la légalité

En général, ces deux mots se fondent sur la présence de la loi. Mais il y a

quelques nuances qui les différencient. La légitimité détermine la qualité de ce qui

est fondé en droit, en justice et en raison.

Pour cela, on parle souvent de la légitime défense, gouvernement

insurrectionnel. Tout cela se dit légitime car sa manifestation est fondée sur la

raison : raison de se protéger et idée de renverser le pouvoir en exercice. Ici, on

parle aussi de la légitimité si le cas est reconnu et accepté par le peuple. Exemple,

après le comptage des bulletins de vote, les élus sont connus en faisant le pré-

arrosage et sont félicités. Tandis que la légalité désigne le caractère de ce qui est

conforme à la loi et défini par elle. Exemple le verdict du tribunal, jugement

juridictionnel, etc. Si on parle de l’élection, la légalité est le résultat prononcé par le

tribunal compétent. Mais notre problème consiste à savoir comment se manifeste

ce conflit ?

235 Document internet, la démocratie est-elle le moins mauvais des régimes,

http://www.philocours.com/cours/cours-démocratiec2.html

- 126 -

A Madagascar, il y a deux façons de prononcer les résultats de l’élection.

Le Ministre de l’intérieur donne des résultats provisoires et les tribunaux

compétents déclarent ceux définitifs. Ici la légitimité demeure au niveau du

Ministère car cela est conforme au choix du peuple, à la connaissance de la

masse, c'est-à-dire la logique des choses. Mais ce résultat légitime est apporté au

niveau du tribunal pour être examiné. Les juges exercent leur pouvoir déterminé

par la loi en consultant toutes les pièces nécessaires. En effet ce résultat peut être

retenu ou changé, mais cela est le résultat définitif. Ainsi, il est légal car il est

exécuté et prononcé selon la loi écrite.

Ainsi, le conflit a lieu quand le résultat change après l’examen fait par le

tribunal. Le résultat final peut être contesté par la masse qui se met en colère car

elle pense que le choix du peuple est détourné. Prenons comme exemple le cas

de la commune d’Anakao, lors de l’élection communale de Décembre 2004 : Le

troisième rang est devenu le premier et maire titulaire après le résultat officiel. Ce

renversement de résultat est dû à la suppression des voix dans le bureau de vote

du Fonkotany d’Anakao ambany qui occupe les deux tiers des électeurs. Cela a

engendré la manifestation et la colère de la masse mais face à la force inégale,

elles sont avortées. Donc la légitimité est victime de la légalité et cela pose

problème à la démocratie car la majorité peut devenir minorité. De cela, nous

pouvons tirer que le peuple est sanctionné à son choix et à son goût. Or en réalité,

la faute vient en général des responsables du bureau de vote et des agents

recenseurs. Ceux-ci sont désignés et formés par l’Etat et quelquefois ils ont

tendance à faire vaincre le candidat du parti au pouvoir. En conséquence, les

requêtes ou les plaintes des autres candidats ne sont pas signées par ces

responsables. Donc elles sont superflues devant le tribunal car par l’absence de

ces paraphes, elles n’ont pas leur valeur judiciaire. Mais dans le cas contraire,

même mal fondé, le parti au pouvoir établit une requête en bonne et due forme.

Voilà le conflit entre la légitimité et la légalité. Cela peut impliquer des

remous politiques aboutissant au conflit social. Ce cas nous montre que l’idée de

la majorité est faussée par l’abus profond de la loi et des fonctionnaires de l’Etat.

Notre démocratie est malade et elle a besoin de remède.

- 127 -

Une autre forme de conflit est constatée au niveau de la désignation du

chef Fonkotany actuel. Le texte détermine l’exécution de l’élection, mais les deux

titulaires sont tirés au sein des cinq premiers élus. Ce mode de désignation

permet aux autorités comme les maires, les chefs de District d’abuser de leur

pouvoir. En effet, le peuple fait un vote en choisissant librement son candidat

préféré. Mais le rang de son choix n’est pas respecté car le cinquième peut être

désigné par le chef de District qui subit la pression du parti politique. Donc, rares

sont les cas où on trouve des opposants occupant la fonction de chefs

Fonkotany. Cela peut monter aussi la tension du peuple et peut engendrer le

clivage social. Le texte est confectionné en visant l’intérêt du légal. On devrait

proposer la précision au niveau du texte établi pour respecter la loi de la majorité

et pour éviter la division des citoyens en matière d’élection.

Enfin, la destitution qui est le pouvoir donner au président par la constitution

est une forme de conflit. Il est vrai que ce cas est légal car il est déterminé par le

texte. Mais le parlement est élu par le peuple et le Président aussi est élu par lui.

Peut être la façon d’élire est différente. L’un est élu par suffrage universel dans sa

circonscription, l’autre est choisi par suffrage universel au niveau national. Mais

tous les deux parlent au nom du peuple. Donc on devrait porter le conflit au niveau

des citoyens par voie référendaire car la Constitution nous montre dans son

préambule que « le peuple Souverain », c'est-à-dire il est le juge final pour régler

cette affaire. Cela est conforme à la règle démocratique.

Ainsi, tout cela peut être la source de la frustration, du désintéressement

croissant des électeurs vis-à-vis du système politique et de la révolte du parti

extrémiste. D’où l’abstentionnisme qui arrive inévitablement.

III.3.1.4 Le niveau de conscience politique

Le plus fréquemment, tout le monde ressemble au politicien. Il pense qu’il

est capable de faire de la politique. A cet effet, tous les citoyens font la politique

politicienne. Cela signifie que tout le peuple est membre d’un parti quelconque et il

se montre fervent au sein du parti. Donc l’acte politique devient une affaire de tout

le monde, à savoir l’intellect, l’ouvrier, le paysan et même l’illettré et l’analphabète.

- 128 -

Mais à l’intérieur de cela, il y a le « calcul intéressé » ; cela veut dire que tous

pensent que faire de la politique, c’est une fonction en vue d’améliorer la condition

de vie et de faciliter la recherche de travail. Tout cela est bien remarqué dans les

pays socialistes. Exemple en URSS le parti communiste garantit la sécurité

sociale du peuple. Par conséquent tout le monde est membre de ce parti. Cela

peut engendrer la bassesse de l’esprit car on n’est pas responsable de

l’amélioration de sa vie. On attend la manne du ciel. Donc on reste les bras

croises pour attendre l’aide de l’Etat. Cette attitude favorisera la corruption en

matière électorale. Cela marque un manque de conscience politique.

De même pour le grand politicien, son intention est de convaincre le peuple.

Ce comportement pousse à trouver tous les moyens pour convaincre la masse.

Même le mensonge est prononçable pour lui. Voilà pourquoi, la démagogie est le

terme le plus entendu dans l’acte politique car il fait une promesse qui est

irréalisable. Donc son rêve est fictif. Raison pour laquelle la majorité du peuple

considère que la politique est un leurre. Cette mauvaise foi est provoquée par la

passion profonde de la chaise. La conscience de soi est cachée et le mensonge

est un moyen pour attirer l’attention du peuple. Donc il y a exploitation de l’homme

par l’homme comme disait Nietzsche « L’un grimpe sur l’autre »236. Pour cela,

l’acte politique n’est pas fiable car son sens de la manière de conduire un pays est

détourné.

De plus, si les termes « pour » et « contre » sont plus accentués dans une

société quelconque et surtout dans le milieu social, le conflit politique arrive

facilement. Ce conflit est le plus dangereux car la relation est plus tendue et

coupée. Même pour des gens de la même famille, même père. Donc le

« fihavanana » et le lien de parenté sont détruits par la politique. Exemple le plus

concret le mouvement populaire de 1991 à Tuléar, l’Equipe « KOTAVO » combat

la force vive « Herivelona Rasalama » en utilisant des outils comme la lance de

pierre, le coupe- coupe, la hache, le bâton etc. Or, les deux équipes ont une

relation étroite et il y a aussi des enfants de même père qui se combattent. Ce

236 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra I, p.131

- 129 -

comportement est en réalité poussé par l’influence de l’argent, lutte pour la chaise.

Cela nous permet de dire que le niveau de conscience politique manque encore.

En plus, dans certaines régions, l’analyse du profil est moins considérée

que l’influence de l’argent distribué et du tribut d’appartenance. Cela favorisera la

corruption électorale et le tribalisme. Cette situation permettra aux illettrés ou aux

analphabètes d’arriver au pouvoir. Exemple quelques responsables de la mairie et

certains députés de la troisième république, première partie, sont illettrés et

analphabètes. Cela nous pousse à poser la question suivante: Comment sont-ils

examinés et établis les textes ? Cela est caractérisé par le vouloir être dans la

place politique. Ainsi le niveau de conscience politique n’est pas encore justifié.

Enfin, le comportement de certains politiciens est dicté par le « partage de

gâteau », c'est-à-dire l’attachement profond aux intérêts personnels. Sa carence

peut impliquer la naissance des opposants. Donc on parle ici de l’opposition

systématique, perturbant et piégeant toujours les dirigeants en exercice. Une

chose souhaitable et à féliciter pour les opposants, c’est la mise en lumière de la

souffrance et de la pauvreté de la masse, car cela leur permettra de critiquer les

dirigeants et de stimuler le peuple en vue de renverser ces autorités. Donc l’esprit

patriotique est absent. Par conséquent, par la présence de cette situation,

l’économie de ce pays est fragile et se recule car l’alternance démocratique est

moins constatée. Cela bloque aussi la bonne marche de la continuité de l’Etat, et

le nouveau dirigeant commence toujours par installer sa base. Or cela est moins

visible dans l’Etat développé. Le niveau de la conscience politique marche au ras

du sol.

III.3.2 La concrétisation et la fiabilité de l’acte politique

Il est évident que le désintéressement, la désaffection politique du peuple

sont constatés à travers l’élection, à savoir sa passivité pour participer à un vote,

l’existence de taux de participation très faible. Cela traduit sa protestation, son

dégoût vis- à- vis de la politique de son pays, la manière de manifester la

démocratie. De plus, le dégoût politique vient aussi, outre sa pauvreté, son

insécurité, du fait que le peuple est victime de l’infidélité du politicien, l’abstraction

- 130 -

de l’acte politique. Or, faire croire c’est l’affaire de la religion et non pas celle de la

politique qui à pour fonction de résoudre le problème quotidien du peuple.

Quelques exemples de malaises politiques : déclaration de fausse promesse,

imagination de programme fictif, la pratique de tromperie, leurre politique. Tout

cela pousse le peuple à considérer la politique comme pure démagogie, un moyen

de trouver une place politique. Cette vision négative est confirmée par quelques

manifestations des mauvais comportements des autorités telles que : la

contrainte, l’utilisation de la force quand le peuple revendique son intérêt, la

politisation de l’administration, la présence du népotisme dans le partage de

l’intérêt, la tendance de l’esprit à rester à vie au pouvoir et ceci est la cause

première de l’usage de faux en matière d’élection, le détournement du choix du

peuple, la distribution massive de l’argent.

En effet, le cas de l’abstentionnisme peut arriver facilement. Cela détermine

la protestation des citoyens vis-à-vis des problèmes suscités. Donc nous devons

changer la pratique de la politique, si nous voulons faire participer le peuple à

l’acte politique. Il est sûr que c’est difficile de faire supprimer cette habitude mais

quand même il faut mener le peuple vers la bonne voie de l’acte politique. Il faut

changer petit à petit l’état d’esprit du peuple, c'est-à-dire lui insuffler l’esprit

patriotique. Mais cela exige le comportement modèle pour les politiciens et les

autorités en exercice.

D’abord, il faut sécuriser le peuple : Sécurité sociale, économique etc. C’est

une condition suffisante pour faire revenir la confiance du peuple pour qu’il

considère les autorités comme vraies responsables, comme compétentes, etc.

Ensuite, au niveau de l’Etat, on devrait adopter la dépolitisation de

l’administration. Cela consiste à distinguer l’affaire technique et celle politique.

Laisser l’affaire politique au politicien et la bonne marche de la gestion de l’Etat au

technicien et au fonctionnaire de l’Etat. Tout cela condamne la pratique du double

casquette : à être à la fois responsable politique et titulaire de l’affaire de l’Etat.

Mais, cela exige une volonté politique de l’Etat, la bonne conscience des

dirigeants, l’indépendance judiciaire et surtout l’instauration de la haute cour de

justice indépendante et l’existence du comité électoral privé et autonome pour

- 131 -

éviter tout vice de forme en matière d’’élection. L’engagement de l’Etat à prendre

en main toute la dépense électorale est souhaité : impression et transport des

bulletins.

De plus, dès la campagne électorale, le politicien devrait proposer un projet

de société réalisable en se basant sur la réalité et les partenariats déjà

disponibles. Ce programme doit partir de données précises en connaissant la

cible, les ressources financières, les agents de développement possible etc. Donc

tout le monde doit être convaincu de sa fiabilité, de sa faisabilité même. Le cas

contraire on devrait connaître ce qui peut arriver éventuellement en raison des

diverses entraves imprévues.

Enfin, pour considérer une véritable démocratie, on pourrait s’accorder sur

la pratique de la politique qui respecte l’égalité réelle et concrète tous les citoyens

devant le choix de la société. Le pouvoir devrait adopter la politique qui garantit,

d’une manière effective, les libertés fondamentales, notamment : la liberté de

conscience, la liberté d’expression, la liberté de réunion et l’absence d’arrestations

arbitraires, etc.

III.3.2.1 Le Comité Electoral indépendant

Le problème ici, c’est l’utilisation à tort et à travers de l’élection. Celle-ci est

constatée lorsque la politique entre beaucoup dans l’administration de l’Etat. Tout

cela peut engendrer l’abus profond pratiqué par le politicien : désignation des

hauts fonctionnaires, des responsables régionaux, etc. Ainsi, il est titulaire de la

force de pression, de celle de la contrainte. De même en matière d’élection, la

désignation des responsables est passée sous approbation, sous supervision du

parti politique et notamment de celui qui est au pouvoir. Exemple : le chef de

District, Le chef Fonkotany, les membres du Bureau de vote, etc.

Par conséquent, on a des responsables factices, des responsables

obéissants et non pas des techniciens. De ce fait, ils sont aliénés et asservis par

l’autorité politique et non pas au service du peuple.

- 132 -

Ainsi, on a besoin de comité électoral privé et indépendant. Il est

souhaitable qu’il soit représenté à tous les niveaux : national, régional, communal

et au sein du Fokontany. Sa fonction ne concerne que la matière électorale

comme la préparation, l’exécution et la proclamation des résultats de l’élection.

Ses membres devraient avoir un statut particulier. Celui-ci concerne leurs

avantages, leur mobilisation, leur désignation, leur autonomie financière, leur

sécurité. Il doit être autonome au niveau budgétaire, et doit assurer la charge de

toutes les dépenses électorales. Tout cela nous pousse à conseiller qu’on devrait

alléger le problème financier du candidat en compétions: cet organe prend en

charge l’impression et garantit le transport des bulletins de vote et adopte le

bulletin unique pour éviter le gaspillage et le problème du nombre et de la couleur

utilisée pour le bulletin. De plus il est responsable du partage de l’accès à la

communication publique, de l’affichage et l’établissement de la liste électorale, de

la distribution des Badges qui permettent aux candidats et leurs mandataires de

suivre et de contrôler le déroulement de l’élection. Enfin, il est souhaitable aussi

que le parti politique soit financé et que cet organe doive ressortir du pouvoir

compétent. Mais cela exige le regroupement des partis politiques, à savoir la

droite, la gauche et le centriste. Avant d’entrer en fonction, ses membres doivent

prêter serment.

Mais cette institution devrait être poursuivie judiciairement en cas de

manifestation d’abus. Cela détermine aussi l’existence de l’Etat de droit qui est

sous la surveillance du pouvoir judiciaire. Donc la justice ne se charge que du

conflit électoral et non de la proclamation des résultats officiels. Peut être, le

tribunal électoral examine en détail les dossiers s’il y a conflit, mais cela consiste à

juger le coupable.

III.3.2.2 L’éducation de la masse

Ce passage consiste à prioriser l’éducation de la masse en matière

d’alphabétisation et de conscientisation. Cela lui est nécessaire pour avoir la

capacité d’analyse et suivre l’actualité politique. A cet effet, on devrait souhaiter

l’instauration et la séparation du ministère charge de cette fonction. Son but est

d’homogénéiser le niveau intellectuel de tous les citoyens et de changer la

- 133 -

mentalité habituelle en général. Pour cela, on supprime progressivement

l’égoïsme et on inculque petit à petit l’esprit patriotique. Pour cela on pourrait

envisager deux types d’éduction et de conscientisation, à savoir au niveau de la

masse et au niveau du responsable politique ou dirigeant de l’Etat. Ainsi la

communication, la mise en place de l’Etat de droit et l’instauration d’un organe

chargé de l’élection tient une place importante dans cette éducation. Au sein du

peuple, on devrait faire monter à un certain niveau la connaissance intellectuelle,

c’est à dire la capacité de lire, d’écrire et le sens d’analyse de la situation. Ces

capacités lui permettent de faire l’autodidactisme tant général que technique. On

doit lui montrer que le commencement de la compréhension de l’affaire politique

commence par là. En sachant comment conduire sa vie, il saura aussi mieux

diriger les autres. En effet il devrait écarter la politique politicienne, mais il est

appelé pour accomplir sa fonction de citoyen : voter, discuter si nécessaire et

payer son engagement financier envers l’Etat. Mais son choix se fait par

l’intervention de sa raison pour qu’il puisse manifester sa liberté de choisir. De

plus, on doit lui montrer aussi l’importance de l’effort de travailler pour

l’amélioration de la vie et de la nation et la valeur de la lecture des journaux afin

de suivre l’actualité politique et le progrès technique actuel. Cela lui permet d’avoir

une vision vraie et de se libérer du joug du leurre politique. En outre, faire

connaître au peuple que la relation sociale a plus de valeur que la relation

politique. Cette relation assure et garantit le fihavanana. Donc il faut les distinguer.

Par conséquent le conflit social créé par l’affaire politique est une grande erreur et

une manifestation de la naïveté de l’esprit. Pour cela on doit faire des débats

politiques afin de connaître la situation, mais il n’est pas une fonction. Cette

discussion a pour objet aussi de faire l’analyse. Raison pour laquelle nous

suggérons l’existence de responsable pour cette fonction ou la responsabilisation

d’un comité électoral indépendant qui s’occupera de l’éduction politique. Donc on

a besoin de recruter un nouveau personnel et non pas le fonctionnaire en

exercice. On souhaitera la structure du CNE présentée au niveau National

descendre jusqu’au Fokontany. Ses représentants assurent et garantissent le

débat politique au sein des Fokontany. Cela favorisera la « démocratie directe » et

facilitera l’information sur la réforme envisagée par le pouvoir central. Exemple

l’explication d’un projet de Constitution. Pour cela la masse est comme

- 134 -

responsable de son choix car elle connaît en détail le contenu du texte à voter ou

le profil souhaité du candidat proposé. Pour cela, c’est sûr que le peuple va

exécuter l’élection par la présence de la voix de sa conscience et l’intervention de

sa raison et non plus sous l’influence de l’argent, de la contrainte et de toute forme

de caresse. Cela est sûr, car le peuple a une capacité d’analyse, connaît sa

responsabilité sur l’avenir de son pays. Ainsi, sa souveraineté se manifeste

vraiment et la vraie démocratie domine car les élus sont considérés comme les

vrais représentants du peuple.

Au niveau des responsables politiques, ils doivent changer leur façon de

faire la politique. Ils devraient être les modèles au sein de la société : du point de

vue de la parole et du comportement. De plus on suggère de ne pas faire de

promesses irréalisables qui déçoivent le peuple. Pour cela le parti politique ne

fonctionne que lors de la désignation et de la propagande pour l’élection. Après il

exerce la fonction d’une organisation non gouvernementale qui participe à

l’amélioration de la vie sociale du peuple. Il peut critiquer tout ce qui ne marche

pas, mais cette critique doit être constructive et non destructive. Donc la

systématisation de l’opposition, le changement sans cesse de statut politique et le

leurre politique peuvent s’effacer. Ainsi le « pour » et le « contre » ne pensent qu’à

l’intérêt supérieur du peuple et de la nation et cela nous montre l’existence de la

maturité politique.

Mais tout cela exige la bonne volonté politique adoptée par l’Etat. Cette

volonté consiste à mettre en œuvre la politique de la bonne gouvernance, la

transparence, l’impartialité au niveau de l’administration, la neutralité vis-à-vis de

l’affaire politique. A cet effet c’est l’intérêt commun qui commande l’administration

et non pas la passion individuelle. Pour cela on devrait suggérer que les

opposants détiennent une place considérable dans la gestion de l’affaire de l’Etat

et ils ont une considération protocolaire comme les autres institutions.

Enfin, pour éviter la démocratie sauvage, il faudrait exiger certaines critères

comme l’exactitude des informations déclarées, l’exigence de certain niveau

intellectuel pour être candidat à l’élection afin d’éviter le dysfonctionnement de

l’administration au niveau du pouvoir décentralisé.

- 135 -

CONCLUSION

Les principaux problèmes qui se posent à la pratique de la démocratie sont

liés à l’absence de vrais critères internationaux, officiellement reconnus, et la non

existence de l’organisme qui se charge de la mise en marche, sans partialité de ce

régime. A cet effet, chaque pays se dit démocrate et les critères d’évaluation de ce

régime se multiplient dans le temps et dans l’espace. Tout cela engendre de

nombreuses dénominations de la démocratie dans le monde et la polysémie de ce

terme.

On constate que la démocratie n’est pas un modèle de pouvoir à suivre,

mais un fait historique. Sa manifestation est discontinue et son apparition est

marquée souvent par la lutte d’intérêt opposant les bourgeois et les prolétaires.

Ainsi, le mouvement populaire et révolutionnaire est le commencement du pouvoir

de la majorité. Cela permet à la classe en déclin de changer la forme de son

régime. A cet effet, le nom de la démocratie a changé sans cesse. Donc les

critères de base de ce régime dépendent en grande partie du but visé chaque

classe. Pour tout cela, il semble obscur de donner une définition unique et précise

au terme « démocratie ».

Malgré sa polysémie, la démocratie est définie comme pouvoir de la

majorité. Ses critères de base sont la règle de la majorité, la liberté et l’égalité des

droits. Tout cela est renforcé par le texte fondamental qui détermine le mode de

fonctionnement, le mode de désignation des autorités de l’état et la mise en

marche de ce régime.

Mais l’idée directrice de la démocratie c’est l’idée de nombre. Cela

détermine ses types. Elle est directe, si le peuple est lui –même l’agent

d’exécution. Par contre, elle est considérée indirecte quand le rôle du peuple se

borne à élire les représentants. Elle est semi –directe si on adopte les deux types

à la fois.

On a observé que ce régime semble propice à la vie humaine, mais la

divergence d’idée consiste à douter de la faisabilité ou non du gouvernement de la

- 136 -

majorité. Donc, elle est nécessaire, car elle déteste la monopolisation du pouvoir

et de toute sorte de pouvoir à vie et héréditaire. Par conséquent, elle favorise

l’alternance et la participation de tout le monde par le biais de l’élection et du

débat organisé quand il y a des réformes importantes sur la gestion des affaires

de l’Etat. Mais elle présente quelques points négatifs autres que les malaises

rencontrées lors de l’élection, elle contient des éléments qui s’excluent

mutuellement afin qu’elle soit suivie, à savoir l’égalité et la liberté. De plus, l’idée

de la majorité n’est pas forcément la bonne. Par conséquent, Platon semble

détester la démocratie, car la foule est incapable de gouverner et de se gouverner.

Ce penseur a suggéré que le bon gouvernement est celui du « roi –philosophe »

qui, seul, a accès à la vérité.

Tout cela est réitéré par Nietzsche quand il affirme que la démocratie est

marquée par le succès du vœu du troupeau. Ce régime est l’aboutissement de la

lutte des conditions et des classes, car sa manifestation est symbolisée par

l’apparition des droits égaux. Donc il y a la disparition et la dégénérescence des

espèces fortes et solitaires. Les faibles détiennent le pouvoir, et le pouvoir fait

avoir beaucoup d’argent. Ainsi, la démocratie favorise les faibles, les superflus à

arriver au pouvoir. Par conséquent, elle est pouvoir du médiocre et du débile, car

elle renonce à la valeur aristocratique et vise à l’existence de coalition d’intérêts

bas et projette la pitié.

A cet effet, Nietzsche convient d’instaurer l’aristocratisme nouveau. Ce

régime, pour lui, mène l’homme à suivre la voie vers le surhumain, car il accorde

la dureté, la volonté, la puissance, la conscience de soi, l’action, la résistance face

aux dangers et la pensée de surmonter toutes les entraves. Ainsi, ce régime forge

le type de l’élévation d’homme qui est à la fois homme d’action et penseur. Par

conséquent, cet homme est autonome, maître de lui-même. Il est capable de

dominer et de se dominer. D’où, la société nietzschéenne tend vers

l’individualisme et une société sans classe. La solitude est une attitude utile pour

écarter la pitié dans la place publique.

Pour fusionner l’éparpillement d’idée sur la pratique de la démocratie, il

serait souhaitable d’améliorer ce régime. La chose publique est le peuple. La

- 137 -

fonction de l’Etat dépend en grande partie de l’attente de la majorité. La masse fait

manifester sa souveraineté à partir de l’élection. Mais elle est moins intéressante à

la prise de décision, parce que cela exige certaine capacité intellectuelle et

pratique.

Ainsi, il serait intéressant d’exiger certain niveau pour être candidat à

l’élection. Cela est utile dans le but d’éviter le dysfonctionnement dans la gestion

des affaires de l’Etat.

Ce type de démocratie est nécessaire dans les pays sous développés et en

particulier à Madagascar, pour faire distinguer la compétence de chacun en

matière politique, pour faire régner l’idée d’alternance démocratique et pour

inculquer l’idée que l’Etat fonctionne au profit de la majorité.

A cet effet, on souhaiterait l’existence de l’élection fiable et acceptée par

tout le monde. De même, la société, là où règne la sécurité sociale, le niveau

intellectuel plus ou moins homogène, la maturité politique et l’état de droit.

En effet, il faudrait instaurer la responsabilité chargée de l’élection

indépendante. Son statut est comme toutes les institutions et il serait structuré de

la capitale aux Fokontany. Cette institution devrait être bien protégée par la loi.

Mais elle est jugeable quand elle présente des mauvaises fois. Ses fonctions sont

de préparer, d’exécuter et de proclamer les résultats de l’élection. Elle est aussi

responsable de la dépense électorale, comme l’impression des bulletins de vote,

les urnes et tout matériel de vote, et le transport de ces matériels. Pour cela, cette

institution est autonome, tant morale que matériel et financier.

De plus, cette institution serait responsable de l’éducation de masse en

matière de « civisme », de comportement, face à l’élection et elle est chargée de

l’explication en détail du texte en vigueur ou le projet de constitution qui trouvera

l’approbation du peuple.

Tout cela nous permet d’avancer que la juridiction reste à juger seulement

le conflit électoral, et l’Etat se situe à la situation de supervision. Tout candidat à

- 138 -

l’élection devrait être dévêtu de l’exercice du pouvoir de l’Etat pour donner la

même chance à eux.

Il faudrait surtout, dans la commune rurale, mettre à niveau la population

par le projet d’alphabétisation, car plus le niveau de la population est élevé, plus

elle peut analyser la situation présente. Elle est capable de distinguer l’utile et

l’inutile, le faisable et le non faisable, la priorité et le nécessaire, etc.

Montrons au peuple que sa compétence se borne à désigner et à renverser

ses représentants. Il peut revendiquer ses intérêts. Donc, il faudrait, après

l’élection, laisser la politique pour les politiciens et le peuple continuer son affaire

quotidien. Donc le conflit politique ne doit pas perturber relation sociale. De même

pour les opposants, on devrait souhaiter l’existence des critiques, car cela est

constructif. Enfin, les dirigeants sentiraient que leur fonction est passagère. Par

conséquent, il devrait avoir l’esprit patriotique, en mettant en premier lieu l’intérêt

commun. Si tout cela est réuni, sans doute que la maturité politique est le support

de la mise en marche de ce régime.

Tout cela est renforcé par l’instauration de l’état de droit pour atténuer la

mauvaise volonté de chacun.

Pour terminer notre travail, nous réitérons que la démocratie est nécessaire

quand tout le monde arrive à un certain état d’esprit : capable d’analyser la

situation. Mais elle doit être appuyée par la sécurité sociale pour faire taire la

masse. D’où, il faudrait déraciner la pauvreté qui est la cause principale de

l’insécurité publique.

Enfin, ces solutions proposées ne sont pas exhaustives, mais elles sont

avancées à titre de suggestions, car notre recherche ne prétend pas avoir épuisé

toutes les questions. Afin que notre démocratie soit viable, stable, unifiable et

adaptée à notre pays, la recherche et l’étude sur ce sujet doivent toujours être

mises à jour, en fonction des tous les contextes, du temps et de l’espaces.

- 139 -

BIBLIOGRAPHIE

I-LIVRES DE L’AUTEUR TRAITE

NIETZSCHE Friedrich Wilhelm, Ainsi Parlait Zarathoustra, Aubilier-Flammarion, 1969, livre I, 374 p.

NIETZSCHE F.W., Ainsi Parlait Zarathoustra, Aubilier-Flammarion, 1969, livre II, 318 p.

NIETZSCHE F.W., Humain Trop humain, Gallimard, 1969, 416 p.

NIETZSCHE F.W., Le gai savoir, Gallimard, 1950, 383 p.

NIETZSCHE F.W., La généalogie de la morale, Gallimard, 1964, 250 p.

NIETZSCHE F.W., Par delà le bien et le mal, Aubelier Montaigne, 1978, 418 p.

NIETZSCHE F.W., La volonté de puissance, version électronique, 483 Aphorismes

II-AUTRES OUVRAGES

8-HOFFMAN Edwin B-, Les voies de la liberté, FRANCE –EMPIRE, 1966, 206 p.

9-LENINE, Notes, critiques sur la question Nationale, Progrès Moscou, 1981, 72p.

10-PLATON, Protagoras, LES BELLES LETTRES, 1984, Tome III, 361 p.

11-RENE DE LACHARRIERE, Etude sur la théorie démocratique, PAYOT, Paris, 1963, 218 p.

12-ROUSSEAU Jean Jacques, Du contrat social, Hachette littérature, 1972, 448 p.

13-TCHERNENKO K., La démocratie soviétique, Agence de presse Novosti, Moscou, 1977, 96 p.

III-TEXTE

14-Constitution de Madagascar, 1998, 32 p.

IV-DICTIONNAIRES

15-BARAQUIN N.-LAFFITE J, Dictionnaire des philosophes, Armand Colin, Paris, 2002, 342 p.

- 140 -

16-FOULQUIE Paul, Dictionnaire de la langue philosophique, PRESSES Universitaires de France, Paris, 1962,778 p.

17-FROLOV I., Dictionnaire philosophique, Progrès Moscou, 1985, 568 p.

V-ENCYCLOPEDIES

18-CAVAFY Cortázar, Ecyclopédia Universalis, France, S.A., Paris, 1968, volume 4, 1074 p.

19-Larousse encyclopédique illustré, LAROUSSE-Bordas, 1997, volume I, 890 p.

20-La grande Encyclopédie philosophique Universelle en couleur, ERASME, Paris, 1970, 3672 pages

VI-DOCUMENT INTERNET

21-Document Internet, Naissance de la démocratie-Historique, http : francoib-

chez-alice-fr/agora/ag1.Stor.htm

22-Document Internet, Naissance de la démocratie Wikipédia, encyclopédie libre,

http ://www.google.fr/Search ?

hl : fr8q= naissance+de+la+d%c3%A9 mocratie 8btnG=recherche+google+8.n

23-Document Internet, Démocratie athénienne, http : //fr.

Wikipédia.org/wiki/D%C3% A9 mocratie, 09/08/08. A 08 :10

24-Document Internet, Démocratie- wikipédia, http://www.org/wike/Pens%C3%A9

mocratie, 31/08/08 à 22 :03

25-Document Internet, Histoire de la démocratie directe, http :

//fr.wikipédia.org/wiki/D%C3A9 mocratie, 09/09/08 à 08 :10

26-Document Internet, Tourpilles, le recueil de citations, http : //www tourpie.

Org/citations/Démocratie-htm

27-Document Internet, Dictionnaires des citations politiques, http://www.citations

politiques.com/thème.php3 ?id-mot=5, 28/04/07 à 11 :32

28-Document Internet, L’Etat et la Révolution, http://fr.wikipédia, 17/10/07 à 16 :40

29-Document Internet, La démocratie est-elle le moins mauvais de régime,

http://www.philocours.com/cours/cours-démocratieC2.html

- 141 -

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ............................................................................... - 1 -

INTRODUCTION ................................................................................... - 2 -

PREMIERE PARTIE : HISTORIQUE DE LA DEMOCRATIE ........................... - 6 -

I.1 DEFINITIONS ................................................................................... - 7 -

I.1.1 Sens étymologique ............................................................. - 7 -

I.1.2 Evolution du sens de la démocratie .................................... - 8 -

I.2 DIFFERENTS TYPES DE DEMOCRATIE ..................................... - 11 -

I.2.1 La démocratie directe ....................................................... - 11 -

I.2.2 La démocratie représentative ............................................ - 13 -

I.2.3 La démocratie semi directe ............................................... - 14 -

I.3 APPLICATION DE LA DEMOCRATIE ............................................ - 16 -

I.3.1 La démocratie militaire ...................................................... - 16 -

I.3.2 Démocratie bourgeoise et Démocratie socialiste .............. - 18 -

I.3.2.1 La démocratie bourgeoise ..................................... - 18 -

I.3.2.2 La démocratie Socialiste........................................ - 20 -

I.3.3 Démocratie libérale et Démocratie populaire .................... - 23 -

I.3.3.1 La démocratie libérale ........................................... - 23 -

I.3.3.2 La démocratie populaire ........................................ - 25 -

I.3.4 La démocratie Nationale ................................................... - 27 -

I.4 FONDEMENT ET RESULTATS DE L’EXERCICE DE LA

DEMOCRATIE .................................................................................... - 28 -

I.4.1 Fondement ........................................................................ - 28 -

I.4.1.1 Règle de la majorité ............................................... - 28 -

I.4.1.2 La Constitution et la juridiction associées. ............. - 30 -

I.4.1.3 Séparation des pouvoirs ........................................ - 32 -

I.4.1.4 Indépendance de la justice .................................... - 33 -

I.4.2 Résultats de l’exercice de la démocratie ........................... - 36 -

- 142 -

I.4.2.1 La liberté et le pluralisme des valeurs ................... - 36 -

I.4.2.2 La consultation régulière du peuple ....................... - 38 -

I.4.2.3 Droit et Sécurité sociale du peuple ........................ - 40 -

I.4.3 Pratique de la démocratie ................................................. - 42 -

I.4.3.1 Le débat................................................................. - 42 -

I.4.3.2 L’institution ............................................................. - 43 -

I.4.3.3 La Justice .............................................................. - 45 -

DEUXIEME PARTIE : CONCEPTION DU PEUPLE CHEZ NIETZSCHE ........ - 47 -

II.1 LES GRANDS HOMMES ET LE PEUPLE .................................... - 48 -

II.1.1 Les grands Hommes ........................................................ - 49 -

II.1.1.1 Le Statut social des grands hommes .................... - 49 -

II.1.1.2 L’infériorité des grands hommes ........................... - 52 -

II.1.1.3 Ce que sont les grands hommes .......................... - 58 -

II.1.2 La masse ......................................................................... - 62 -

II.1.2.1 Attitude de la masse ............................................. - 62 -

II-1-2-2 Le désir de l’égalité ...................................................... - 65 -

II.2. L’ETAT ......................................................................................... - 66 -

II.2.1 Définitions ........................................................................ - 66 -

II.2.2 La spécificité de l’Etat ...................................................... - 68 -

II.2.2.1 Le signe de l’Etat .................................................. - 68 -

II.2.2.2 Les marques de l’Etat ........................................... - 70 -

II.2.3 Fondation et support de l’Etat .......................................... - 73 -

II.3. PROJET DE SOCIETE CHEZ NIETZSCHE ................................. - 77 -

II.3.1 La politique ....................................................................... - 77 -

II.3.1.1 L’Aristocratisme .................................................... - 77 -

II.3.1.2 Le féminisme ........................................................ - 81 -

II.3.1.3 L’animalisme ......................................................... - 83 -

II.3.2 Le surhomme ................................................................... - 85 -

II.3.2.1 La volonté de puissance ....................................... - 87 -

II.3.2.2 Le cercle de la vie ................................................. - 89 -

- 143 -

II.3.2.3 La morale du Maître ............................................. - 91 -

II.3.3 La société ......................................................................... - 92 -

TROISIEME PARTIE : REFLEXIONS ET ETUDES COMPARATIVES DE

DEMOCRATIE ................................................................................................. - 93 -

III.1 CRITIQUE DE LA DEMOCRATIE ................................................ - 94 -

III.1.1 Points positifs de la démocratie ...................................... - 94 -

III.1.1.1 Rôle régulateur .................................................... - 94 -

III.1.1.2 L’alternance et le droit des opposants ................. - 96 -

III.1.1.3 La démocratie : outil pour responsabiliser ........... - 97 -

le peuple. .......................................................................... - 97 -

III.1.2 Envers de la démocratie ................................................. - 98 -

III.1.2.1 Le vice interne de la démocratie .......................... - 98 -

III.1.2.2 Handicaps de la démocratie .............................. - 102 -

III.1.2.3 Démocratie : Naissance de la tyrannie et la

décadence ......................................................... - 105 -

III.1.3 La démocratie, vue par Nietzsche ................................. - 108 -

III.1.3.1 La démocratie comme pouvoir des superflus .... - 108 -

III.1.3.2 La démocratie comme forme tapageuse et

mensongère ....................................................... - 111 -

III.1.3.3 La démocratie comme danger pour ................... - 113 -

le surhumain. .................................................................. - 113 -

III.2 SUPPORT DE LA DEMOCRATIE .............................................. - 115 -

III.2.1 La puissance économique ............................................ - 115 -

III.2.2 La maturité politique ...................................................... - 116 -

III.2.3 L’Etat de droit ................................................................ - 117 -

III.3. ENTRAVES ET AMELIORATION DE LA DEMOCRATIE ......... - 118 -

III.3.1 La limite de la loi de la majorité ..................................... - 120 -

III.3.1.1 Aléas observé lors de l’élection ......................... - 120 -

III.3.1.2 L’abstentionnisme .............................................. - 124 -

III.3.1.3 Conflit entre la légitimité et la légalité ................ - 125 -

III.3.1.4 Le niveau de conscience politique ..................... - 127 -

III.3.2 La concrétisation et la fiabilité de l’acte politique .......... - 129 -

- 144 -

III.3.2.1 Le Comité Electoral indépendant ....................... - 131 -

III.3.2.2 L’éducation de la masse .................................... - 132 -

CONCLUSION .................................................................................. - 135 -

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................... - 139 -