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1 LA DECOLONISATION ET LA NAISSANCE DU TIERS MONDE 04 août 2014 Chap. 9 LA CREATION DE L’ETAT D’ISRAEL ET LES PROBLEMES DU PROCHE- ORIENT - Définir et délimiter le Proche-Orient - Expliquer le choix de la Palestine pour la création de l’Etat juif - Présenter les facteurs de l’immigration juive - Décrire le processus qui a présidé à la naissance de l’Etat d’Israël - Relever les conséquences de l’avènement de l’Etat d’Israël INTRODUCTION Pour certains, le Proche-Orient est une région d'Asie et d'Afrique comprenant les pays du sud-est du bassin Levantin (mer Méditerranée ) qui est une partie du Moyen-Orient . Pour d'autres, il s'agit de la traduction française de l'anglais américain « Middle East » et les deux termes sont synonymes. Bien qu'il n'y ait pas de définition unanimement acceptée, on peut considérer que le Proche-Orient regroupe les États de l'Irak , à l'est, à la Turquie , la Palestine et l'Égypte à l'ouest. En clair, la région est constituée de : Égypte , Irak , Palestine , Israël , Jordanie , Liban , Syrie . On y adjoint parfois par extension les pays méditerranéens, asiatiques et turcs : Azerbaïdjan , Chypre , Turquie . On voit bien que cette partie du monde est majoritairement occupée par des pays arabes qui n’ont de cesse de se dresser contre le seul Etat juif de la région, Israël, dont l’histoire

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LA DECOLONISATION ET LA NAISSANCE DU TIERS MONDE 04 août 2014

Chap. 9

LA CREATION DE L’ETAT D’ISRAEL ET LES PROBLEMES DU PROCHE-ORIENT

- Définir et délimiter le Proche-Orient

- Expliquer le choix de la Palestine pour la création de l’Etat juif

- Présenter les facteurs de l’immigration juive

- Décrire le processus qui a présidé à la naissance de l’Etat d’Israël

- Relever les conséquences de l’avènement de l’Etat d’Israël

INTRODUCTION

Pour certains, le Proche-Orient est une région d'Asie et d'Afrique comprenant les pays du sud-est du bassin Levantin (mer Méditerranée) qui est une partie du Moyen-Orient. Pour d'autres, il s'agit de la traduction française de l'anglais américain « Middle East » et les deux termes sont synonymes. Bien qu'il n'y ait pas de définition unanimement acceptée, on peut considérer que le Proche-Orient regroupe les États de l'Irak, à l'est, à la Turquie, la Palestine et l'Égypte à l'ouest. En clair, la région est constituée de : Égypte, Irak, Palestine, Israël, Jordanie , Liban, Syrie . On y adjoint parfois par extension les pays méditerranéens, asiatiques et turcs : Azerbaïdjan, Chypre, Turquie.

On voit bien que cette partie du monde est majoritairement occupée par des pays arabes qui n’ont de cesse de se dresser contre le seul Etat juif de la région, Israël, dont l’histoire moderne débute en 1948, mais dont les racines remonteraient au territoire historique appelé Palestine.

I- LES RAISONS DU CHOIX PORTE SUR LA PALESTINE POUR LA CREATION DE L’ETAT D’ISAREL

Le choix porté par les Juifs1 pour la création de leur Etat au XXe siècle n’est pas hasardeux. Il découle des origines palestiniennes des Juifs.

Historiquement, la Palestine est une région située sur la côte est de la Méditerranée, en Asie Mineure2, et aujourd’hui divisée entre l’actuel État d’Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza.1 Descendant du peuple hébreu de l'Antiquité2 Ou Anatolie : région d’Asie correspondant à la majeure partie asiatique de la Turquie. Péninsule du Proche-Orient, l’Anatolie est bordée par la mer Méditerranée (au sud), la mer Noire (au nord), la mer Égée (à l’ouest), l’Euphrate et la chaîne du Taurus (à l’est).

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Cette région porte d’abord le nom de Canaan et donc ses premiers habitants connus sont les Cananéens3. Au cours du IIIe millénaire av. J.-C., ils se sédentarisent et fondent des villes, parmi lesquelles Jéricho (Cisjordanie). Terrain de bataille des grandes puissances environnantes, elle est dominée par les empires voisins, notamment par l’Égypte, au III e

millénaire av. J.-C. Avec l’affaiblissement du pouvoir égyptien au XIVe siècle av. J.-C. apparaissent de nouveaux envahisseurs : les Hébreux4, groupe de tribus sémites de Mésopotamie5, et les Philistins (qui donnent leur nom au pays), peuple égéen de type indo-européen.

Les Fils d’Israël, une des tribus hébraïques, se sédentarisent dans les contrées montagneuses, mais ne parviennent pas à conquérir tout le pays. Outre leurs guerres contre les Cananéens, les Israélites doivent se battre contre les Philistins et les Moabites. La bataille contre les Philistins est âpre. Ceux-ci établissent un État indépendant sur la côte est de la Palestine et contrôlent un certain nombre de villes dans le Nord et dans l’Est. Supérieurs dans l’organisation militaire et équipés d’armes en fer, ils battent sévèrement les Israélites vers 1050 av. J.-C. La menace des Philistins force les Israélites à s’unir et à établir une monarchie : le royaume d’Israël6. David, roi d’Israël, bat les Philistins après 1000 av. J.-C. et ils sont peu à peu assimilés par les Cananéens.

3 L'auteur de la Genèse fait remonter les Cananéens à la descendance de Canaan « fils de Cham ». Hormis cette référence à la table des peuples (Genèse, X, 15-19), les Cananéens sont d'origines diverses et organisés en clan jusqu'à ce qu'ils disparaissent complètement à la fin du deuxième millénaire av. J.-C.4 Les Hébreux se sont probablement installés dans cette région avant que Moïse ne libère son peuple de l’esclavage et ne le conduise hors d’Égypte (v. 1270 av. J.-C.).5 Région historique située entre le Tigre et l’Euphrate, et correspondant à l’Irak et à la Syrie orientale actuels ; la Mésopotamie (en grec, « le pays entre les deux fleuves ») est l’un des berceaux de la civilisation urbaine.6 Ancien État hébreu qui, à son apogée, englobait le territoire actuel d'Israël ainsi qu'une partie de la Jordanie et de la Syrie. Il fut fondé sous le règne de Saül, au XIe siècle av. J.-C., et atteignit son apogée sous ses successeurs David et Salomon.

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L’unité d’Israël et la faiblesse des empires adjacents permettent à David d’établir un immense État indépendant, dont la capitale était Jérusalem. Sous le règne de Salomon, fils et successeur de David, Israël jouit de la paix et de la prospérité, mais à sa mort, en 931 av. J.-C., le royaume est divisé en deux, Israël dans le Nord7 et la Judée dans le Sud8. Lorsque les empires voisins reprennent leur expansion, les Israélites divisés ne parviennent plus à défendre leur indépendance. Israël tombe aux mains des Assyriens en 722-721 av. J.-C. La Judée est conquise en 586 av. J.-C. par les Babyloniens9, qui détruisent Jérusalem et exilent la plupart des Hébreux qui y vivent.

Les Hébreux exilés sont autorisés à garder leur identité nationale et religieuse10. Mais ils n’oublient pas la terre d’Israël. Lorsque Cyrus le Grand, roi de Perse11, conquiert Babylone en 539 av. J.-C., il autorise les Hébreux à revenir en Judée, devenue l’un des districts de la Palestine. Sous la domination perse, les Hébreux obtiennent une grande autonomie. Ils rebâtissent les murs de Jérusalem et codifient la loi mosaïque, la Torah12, qui devient un code d’observations de la vie sociale et religieuse. Monothéistes, les Hébreux croient qu’ils sont liés par alliance à un dieu universel, Jéhova. Cette conception monothéiste se diffuse largement dans d’autres religions.

La domination perse en Palestine laisse la place aux Grecs, lorsqu’Alexandre le Grand de Macédoine conquiert la région en 333 av. J.-C. Les successeurs d’Alexandre, les Ptolémées d’Égypte et les Séleucides13 de Syrie, continuent à contrôler le pays. Les Séleucides tentent d’imposer la culture et la religion hellénistiques à la population. Toutefois, au IIe siècle av. J.-C., les Hébreux se révoltent sous les Maccabées14. 7 Le nom d'Israël fut conservé par le royaume du Nord, qui prit pour capitale Samarie, près de l'actuelle Nābulus. Il fut détruit par les Assyriens en 722 av. J.-C.8 Le royaume du Sud, appelé royaume de Juda, se maintint jusqu'au VIe siècle av. J.-C., époque à laquelle il fut conquis par la Babylonie.9 ville antique de Mésopotamie située sur l’Euphrate, à environ 90 km au sud de l’actuelle Bagdad (Irak), capitale de la Babylonie aux IIe et Ier millénaires av. J.-C.10 Quelques-uns de leurs meilleurs ouvrages théologiques et quelques livres du Vieux Testament sont rédigés pendant cet exil.11 Ancien État du Proche-Orient, situé entre la mer Caspienne et le golfe Persique, et correspondant aujourd’hui à l’Iran. Dans le monde occidental, le terme de « Perse » — qui tire son nom d’une région du sud de l’Iran appelée Perside ou Parsa — a progressivement désigné tout le plateau iranien. Pour leur part, les habitants de la région nomment depuis longtemps leur pays Iran (« pays des Aryens ») ; ce n’est cependant qu’en 1935 que l’appellation d’Iran a été adoptée et obtenue officiellement.12 (De l'hébreu « loi »), dans le judaïsme, ensemble des cinq livres du Pentateuque (la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome). La Torah se présente sous la forme d'un rouleau en parchemin et est lue à la synagogue. Elle est la base de la religion et de la loi juives.13 Dynastie de rois macédoniens qui régnèrent au Moyen-Orient du IVe au Ier siècle av. J.-C. Établi lorsque l'empire d'Alexandre le Grand fut divisé entre ses successeurs, le royaume séleucide s'étendait au départ vers l'est, de l'Asie Mineure à ce qui est aujourd'hui le PakistanLe royaume séleucide avait deux capitales : Antioche en Syrie (auj. Antakya, en Turquie) et Séleucie du Tigre en Mésopotamie. Les Séleucides étaient grecs par la langue et la culture, et ils encouragèrent les colons grecs à s'établir dans leurs possessions. Cependant, dans leur gouvernement autocratique, ils suivirent l'exemple de leurs prédécesseurs syriens, mésopotamiens et perses. Ils furent fréquemment impliqués dans des guerres contre la dynastie ptolémaïque, qui s'était établie en Égypte. 14 Famille de patriotes et de dirigeants juifs influente aux IIe et Ier siècles av. J.-C., et appelée de manière plus appropriée Hasmonéens, de Hashmon ou Hasmon, le nom de leur ancêtre. Le surnom de Maccabée (du latin, probablement dérivé de l'araméen, maqqābâ, « le marteleur »), d'où dérive le nom générique, était celui du membre le plus influent de la famille, Judas (voir ci-dessous) ; il fut par la suite étendu à tous les membres de la

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Ils fondent un État indépendant (141-63 av. J.-C.), jusqu’à la conquête de la Palestine par Pompée15 le Grand, qui en fait une province romaine gouvernée par des rois hébreux. C’est sous le règne du roi Hérode le Grand (37-4 av. J.-C.) que naît Jésus. Deux nouvelles révoltes des Hébreux sont étouffées, de 66 à 73 et de 132 à 135 apr. J.-C. À la suite de la deuxième révolte, de nombreux Hébreux sont exécutés ou vendus comme esclaves, et les Hébreux se voient interdire le retour à Jérusalem. La Judée est rebaptisée Syrie-Palestine.

L’empereur romain Constantin Ier s’intéresse tout particulièrement à la Palestine. Celui-ci légalise le christianisme en 313 apr. J.-C. par les édits de Milan. Sa mère, Hélène, visite Jérusalem ; la Palestine, Terre sainte, devient le centre du pèlerinage chrétien. Toutefois, les dominations romaine, puis byzantine, sont brièvement interrompues par l’occupation perse (614-629). La domination byzantine s’achève lorsque les armées arabes envahirent le pays et prennent Jérusalem en 638 apr. J.-C.

La conquête arabe marque le début de treize siècles de présence musulmane. La Palestine reçoit alors le nom de Filastin. La Palestine est aussi une terre sainte pour l’islam, car le prophète Mahomet a désigné Jérusalem comme le premier qibla (la direction vers laquelle se prosternent les musulmans pour la prière). Dans la tradition musulmane, Mahomet se serait élevé dans le ciel depuis l’emplacement du temple de Salomon, où sera, par la suite, construit le dôme du Rocher. Jérusalem devient la troisième ville sainte de l’islam. Les musulmans n’imposent pas leur religion aux Palestiniens, et il se passa plus d’un siècle avant qu’une majorité ne se convertisse à l’islam. Les chrétiens et les juifs restants sont considérés comme les « Peuples du Livre ». Ils obtiennent l’autonomie de leurs communautés, ainsi que la sécurité et la liberté religieuse. Une telle tolérance est rare dans l’histoire des religions.

Les Turcs ottomans d’Asie Mineure vainquent les Mamelouks16 en 1517 et, malgré quelques périodes d’interruption, ils dominent la Palestine jusqu’à l’hiver 1917-1918. Le pays est divisé en plusieurs districts (sanjaks), dont Jérusalem. L’administration de ce district est, en grande partie, placée entre les mains de Palestiniens arabisés, descendant des Cananéens et des colonisateurs successifs. Toutefois, les communautés chrétiennes et juives reçoivent une grande autonomie.

Au XIXe siècle, les puissances européennes, à la recherche de matières premières et de marchés, mais aussi dans un souci stratégique, s’installent au Moyen-Orient. Dans les années 1880, des colons allemands et des immigrants hébreux apportent les machines modernes et les capitaux nécessaires au développement du pays. Cette action marque les prémices17 de la création de l’Etat d’Israël.

II- FACTEURS ET PRINCIPALES ETAPES DE CREATION DE L’ETAT D’ISTRAEL

famille. Les Maccabées menèrent le peuple juif dans sa lutte pour la liberté contre le royaume de Syrie. Leurs exploits et les légendes qui les entourent sont racontés dans les Livres des Maccabées de l'Ancien Testament.15 (106-48 av. J.-C.), général et homme politique romain. 16 (En arabe, mamluk, « esclave blanc »), dynastie issue d’une milice composée d’esclaves, essentiellement turcs et circassiens, qui régna sur l’Égypte de 1250 à 1517, après la chute des Ayyubides.17 Signes avant-coureurs ou premières manifestations (de quelque chose) (soutenu) Synonyme: annonce Synonyme: débuts Synonyme: commencement Synonyme: amorce Exemple : des troubles qui sont les prémices d'un conflit

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1- La naissance du Sionisme 18 en 1897

Le sionisme est le mouvement politique œuvrant à la création d'un État en Palestine réunissant tous les Juifs de la Diaspora. Il plonge ses racines dans la tradition religieuse, fondée à l'époque de l'exode des Juifs vers Babylone, d’après laquelle les prophètes maintenaient alors vivace la croyance en un Dieu qui permettrait tôt ou tard au peuple juif de rentrer en Palestine, ou Eretz Israël (la terre d'Israël). Ainsi, au cours de l'histoire, les Juifs n'ont-ils jamais cessé d'immigrer individuellement en Palestine pour rejoindre les communautés qui s'y trouvaient déjà.

Mais, le sionisme, mouvement politique, a pris naissance au XIXe siècle à travers la doctrine de Theodor Herzl, qui publia en 1896 l'État des Juifs. En effet, dès la seconde moitié du XIXe siècle apparurent en Allemagne et en Autriche-Hongrie des partis antisémites19. En Russie, où l'émancipation restait superficielle, l'assassinat du tsar Alexandre II en 1881 aviva les sentiments nationalistes et déclencha une série d'émeutes antijuives. Ces pogroms20 constituèrent pour les Juifs de Russie un tournant aussi décisif que l'avait été la Révolution française pour les Juifs de France et d'Europe de l'Ouest. Pour échapper aux persécutions, un grand nombre de Juifs russes immigrèrent aux États-Unis. Convaincus que, tant qu'ils vivraient dans la Diaspora, ils seraient des boucs émissaires, que leur seul salut consistait dans une patrie qui leur appartînt en propre, un petit nombre de Juifs se rendit en Palestine, alors sous domination turque. En dépit de l'aide financière21 du philanthrope juif français Edmond de Rothschild, cette première immigration juive demeura insignifiante.

En 1896, Theodor Herzl, journaliste juif autrichien, publia un ouvrage intitulé Der Judenstaat. Versuch einer modernen Lösung der Judenfrage (l'État des Juifs. Une tentative de solution moderne à la question juive), dans lequel il analysait les causes de l'antisémitisme, en proposant d'y remédier par la création d'un État juif. Mais, s'il obtint des audiences auprès de l'empereur allemand Guillaume II et du sultan Abdülhamid II de Turquie, il ne parvint pas à les gagner à sa cause.

En 1897, il réunit le premier congrès sioniste à Bâle. Près de deux cents délégués formulèrent le programme de Bâle, lequel devait constituer l'assise théorique du mouvement sioniste. Était fixé comme objectif au sionisme la création « pour le peuple juif d'un foyer garanti par le droit public en Palestine ». Le congrès constitua également l'Organisation sioniste mondiale (OSM), lui conférant le droit de créer des sections dans tous les pays ayant une population juive substantielle.

N'ayant pas réussi à obtenir une charte du sultan, Herzl réorienta ses démarches diplomatiques vers la Grande-Bretagne, qui offrait d'étudier les possibilités d'une colonisation juive dans l'est 18 Le nom du mouvement vient de celui de la montagne de Sion, sur laquelle se trouvait le Temple de Jérusalem.19 Qui fait preuve d'hostilité violente et de discrimination à l'égard des Juifs et du judaïsme20 1. insurrection meurtrière menée à l'encontre d'une minorité ethnique ou religieuse Exemple : il s'est exilé à la suite de pogromes qui avaient eu lieu dans son pays 2. histoire insurrection meurtrière organisée, menée à l'encontre des communautés juives, soutenue par le gouvernement Exemple : un ghetto qui a subi de nombreux pogromes21 Aussi, des philanthropes juifs (entre autres, Sir Isaac Montefiore, dont on peut voir encore le moulin qu'il fit construire, près de Jérusalem) achetèrent au Sultan Turc de l'époque des terres, souvent incultes, sources de maladies (marais) pour ébaucher le futur territoire juif.

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de l'Afrique. Le plan « Ouganda » provoqua une quasi-scission du mouvement sioniste. Les sionistes russes accusèrent Herzl de trahir le programme sioniste. Il mourut peu après sa réconciliation avec ses détracteurs. Lorsque le VIIe congrès rejeta la solution est-africaine, en 1905, Israel Zangwill constitua l'Organisation territoriale juive, chargée de prospecter en tous lieux, afin de trouver un territoire qui pût convenir à la colonisation juive. Mais l'organisation de Zangwill ne fit guère d'adeptes et fut dissoute après sa mort. Cependant, le mouvement sioniste -au départ minoritaire parmi les communautés juives- va peu à peu acheter des terres sur place. Ce fut le cas de David Grün, un jeune Polonais qui débarque en 1906 à Jaffa. Collaborateur du premier périodique hébreu de Palestine, Ahdût (L'Unité), il signera son premier article Ben Gourion (« le Fils du lion »).

À la veille de la Première Guerre mondiale, la Palestine compte 690 000 habitants, dont 57 000 juifs. L’immigration juive, l’achat et les revendications des terres alertent certains dirigeants palestiniens qui, dès lors, s’opposent de manière intransigeante au sionisme.

Le mouvement sioniste était pluriel22.

2- L’effondrement de l’Empire Ottoman et la déclaration Balfour de1917

Depuis longtemps, la possession des territoires européens de l'Empire ottoman était au cœur des préoccupations des puissances européennes. La Première Guerre mondiale a fourni à celles-ci une énième occasion. A l’occasion de cette guerre, Enver Pacha avait en effet engagé la Turquie aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Dans un échange de correspondance (1915-1916) avec Hussein Ibn Ali, cheikh de La Mecque, les Britanniques avaient promis23 aux Arabes l’indépendance après la guerre. Malgré leur défaite en 1915 dans les Dardanelles, les Alliés reprennent l’offensive avec l’aide des Arabes24. Les Britanniques écrasent les Turcs et les contraignent les Turcs à signer l’armistice de Mudros, le 31 octobre 1918. Cependant, la Grande-Bretagne fit d’autres promesses qui étaient en contradiction avec ses précédents engagements. Ainsi, passa-t-elle des accords secrets avec la France et la Russie (accords de Sykes-Picot (1916)) qui l’obligeaient à partager et à contrôler avec ses Alliés les provinces arabes de l’Empire ottoman. C’est ainsi que sera signé le Traité de Sèvres le 10 août 1920. D’après celui-ci, l’empire ottoman perdait toutes ses possessions en Europe, à l'exception de la région d'Istanbul ainsi que toutes ses provinces du Proche-Orient : la

22 Le sionisme engendra une profusion d'idées et d'idéologies différentes. Les sionistes culturels souhaitaient ainsi que la Palestine fût le centre de la renaissance spirituelle et culturelle du peuple juif. Une autre tendance s'était formée autour de A.D. Gordon lequel, ayant écrit la Religion du travail, mettait en pratique cette idée tolstoïenne fondée sur l'importance du travail de la terre. Les sionistes socialistes, quant à eux, cherchaient à apporter une vulgate marxiste au sionisme : il fallait aux Juifs un territoire leur appartenant en propre afin d'y établir une société normalement stratifiée, dans laquelle ils pourraient engager le processus de lutte des classes menant à la révolution. Les expériences sociales de coopératives agricoles aboutirent à une création sioniste unique, le kibboutz (terme hébreu signifiant « collectivité »), qui formait le pivot politique, culturel et militaire des Yishuv (terme hébreu signifiant « colonie », ou communauté juive en Palestine) avant la création de l'État d'Israël et durant les années qui suivirent. Enfin, les sionistes religieux considéraient comme relevant de leur devoir le fait d'orienter le renouveau national juif sur une voie plus traditionnelle. Cependant, ils devaient être bientôt accusés de compromettre leur foi par la quête du pouvoir politique.23 Cet accord, prévoyant la création d’un grand État arabe,24 Les Britanniques (au premier rang desquels le colonel Thomas Edward Lawrence, Lawrence d’Arabie) soutiennent la révolte arabe contre la domination ottomane. Elle éclate en 1916, conduite par le chérif hachémite de La Mecque, Hussein ibn Ali.

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Mésopotamie et la Palestine25 (confiées sous forme de mandats au Royaume-Uni), la Syrie (qui devient mandat français), l'Arabie, l'Arménie et le Kurdistan26.

Cependant à Londres, Chaïm Weizmann, un jeune chimiste qui deviendra le premier président de la république d'Israël, avait aidé l'effort de guerre allié en mettant au point un procédé pour produire de l'acétone - indispensable à la fabrication des explosifs - à partir du maïs. Pour le récompenser, le Premier ministre Lloyd George décide de faire un geste en faveur du sionisme.

Ce sera la fameuse « Déclaration Balfour27 ». Sir Arthur J. Balfour, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, affirme le 2 novembre 1917 que « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un Foyer national juif ». C'est la première reconnaissance officielle 'du sionisme. Elle sera approuvée par les principales puissances alliées et par la Société des Nations28 l'ancêtre de l'O.N.U. - à la conférence de San Remo, en 1922. En effet, au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Société des Nations confie à la Grande-Bretagne un mandat sur la Palestine, précisant que les Britanniques aideront les Juifs à « reconstituer leur foyer national dans ce pays ».

Ainsi, et conformément à la déclaration Balfour de 1917, les Juifs commencèrent à immigrer en plus grand nombre en Palestine, surtout dans les années 1930 à cause de la politique antisémite d'Hitler.

3- La mise en place du «   foyer national   » juif et les réactions palestiniennes

Cette déclaration sera très mal accueillie par les pays arabes et les Palestiniens rejettent le droit des Britanniques de promettre leur terre à une troisième partie, craignant d’être dépossédés par les sionistes. Des agressions antisionistes ont lieu, à Jérusalem (1920) et à Jaffa (1921). Une déclaration anglaise de 1922 rejette les revendications sionistes sur l’ensemble de la Palestine et limite l’immigration juive, mais réaffirme le soutien à la création d’un foyer national juif. Pourtant, les implantations juives, sur des terres rachetées à bas prix par le Fonds national juif, continuent de se développer. Bénéficiant de l’aide matérielle de la Diaspora et d’une bonne formation, les colons juifs sont soudés par leur volonté de faire fructifier la Terre promise des Hébreux. Pendant la période mandataire la population juive

25 La Société des Nations (SDN) place alors la Palestine (Jordanie et Israël actuels), la Syrie du Sud (Transjordanie) et l’Irak sous mandat britannique, tandis que la France obtient le contrôle du Liban et de la Syrie.26 Par ailleurs, Le territoire turc lui-même est amputé de la région de Smyrne (aujourd'hui Izmir), attribuée à la Grèce. D'autre part, le régime des capitulations, dénoncé par le sultan en 1914, est rétabli et renforcé et les détroits sont démilitarisés et confiés à une commission alliée. La Turquie doit livrer sa flotte et limiter son armée à 50 000 hommes. Accepté par le sultan Mehmet VI, le traité rencontre une opposition vigoureuse du dirigeant nationaliste Mustafa Kemal qui, après sa victoire contre les Grecs (août 1922), obtient sa révision par le traité de Lausanne (juillet 1923).27 Le 2 novembre 1917 le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Arthur J. Balfour, écrit à Lord Lionel de Rothschild la déclaration suivante : « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et fera tous ses efforts pour faciliter ces objectifs étant, bien entendu , que rien ne viendra porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non-juives existants en Palestine, ou aux droits et à la situation politique dont les Juifs jouissent dans les autres pays ».28 Cette promesse est, par la suite, ajoutée dans le mandat conféré à la Grande-Bretagne par la Société des Nations en 1922.

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s'est organisée en Yichouv en Palestine. La fracture avec les Arabes palestiniens s’agrandit au fur et à mesure qu’augmente le niveau de vie des colons et que s’accroît leur nombre.

En 1927 est créée l’Agence juive chargée de l’émigration des Juifs en Palestine. En avril 1928, une loi organique est proclamée, octroyant à la Transjordanie, sa propre Constitution. Ce fait marque la création de la Transjordanie29. À partir de 1929, la violence entre les deux peuples prend un tour systématique, après que des incidents eurent éclaté à Jérusalem et à Hébron.

Après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler, en 1933, l’immigration des Juifs européens, fuyant les persécutions nazies, s’accélère. La communauté juive est décuplée dans les années trente. En 1933, en 193630 et en 193731, la Palestine est mise à feu et à sang. Un chef arabe se distingue : Mohammad Saïd Ha Amin efflusseini, le Grand Mufti de Jérusalem, qui prêche, peut-être avec l'appui de services secrets allemands, le djihad -- la guerre sainte --- contre les Hébreux. Ces derniers organisent leur milice d’autodéfense, la Haganah32. Jusqu’en 1939, aux attentats arabes contre les colonies juives répondent les attentats perpétrés contre la population arabe par l’Irgoun33, organisation clandestine sioniste extrémiste.

4- Le livre blanc de 1939 et la limitation de l’immigration juive en Palestine

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique modifia sa politique palestinienne afin de tenter d'apaiser le monde arabe. Le Livre blanc de mai 1939 mettait fin à l'engagement britannique en faveur du sionisme et prévoyait la création d'un État palestinien dans les dix ans. La majorité arabe en Palestine se voyait garantie par une clause limitant l'immigration juive à 75 000 personnes au cours des cinq années à venir puis soumettait l'immigration juive ultérieure à l'approbation arabe.

Le Livre blanc de 1939, rompant l'alliance anglo-sioniste traditionnelle, provoqua de violentes protestations dans les Yishuv. En mai 1942, les leaders sionistes, réunis à l'hôtel Biltmore de New York, exigèrent un Commonwealth juif démocratique, à savoir un État, dans tout l'ouest de la Palestine, en tant que partie constituante du nouvel ordre mondial d'après-guerre. Ce « programme Biltmore » inaugura la réorientation radicale de la politique sioniste.

En 1944, l'Irgun Zvai Leumi (Organisation militaire nationale), force de guérilla sioniste dirigée par le futur Premier ministre Menahem Begin, lança une révolte armée contre le

29 Il faut rappeler que l’accord de 1916 prévoyait la création d’un grand État arabe,30 En 1936, un congrès national réunit plus de 150 délégués palestiniens. Leurs revendications portent sur l’arrêt de l’immigration juive mais aussi sur l’accès à l’indépendance. C’est aussi le début d’une révolte générale des Arabes contre les Juifs.31 En 1937, la commission royale préconise le partage de la Palestine en un Etat juif qui comprendrait 33% du territoire et un Etat arabe. Mais les Palestiniens rejettent le plan.32 Milice d’autodéfense constituée en Israël pendant le mandat britannique. La Haganah se constitue en 1920 en Palestine sous la forme d’une milice clandestine chargée de la défense des intérêts juifs. Tolérée par la puissance mandataire, la Haganah fait preuve de son efficacité en défendant les intérêts des Kibboutzim lors des révoltes arabes des années vingt et trente. Organisée en milice d’autodéfense puis réorganisée, en 1937, par le capitaine anglais Wingate, ardent sioniste, cette « armée » illustre la montée du sionisme en mouvement politique armé.33 Toutefois, ce mouvement se détourne de la voie initiée par son fondateur — cette scission amène les partisans de la ligne de Jabotinsky à fonder un mouvement plus radical, l’Irgoun — et se cantonne dans une attitude militairement défensive en obéissant aux autorités juives, s’opposant au terrorisme.

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gouvernement britannique en Palestine. Afin de faire pression, des attentats terroristes furent ainsi dirigés contre les fonctionnaires et les troupes britanniques, d'une part, contre les Arabes palestiniens, d'autre part. En 1946 avec l’attentat contre l’Etat-major Britannique logé dans l’hôtel King David, attentat très sanglant et qui montre que la violence aveugle n’a pas l’apanage d’un camp. Churchill va donc en appeler à l’ONU34.

Près de 6 millions de Juifs trouvent la mort dans les camps d’extermination nazis (voir Holocauste). Pourtant, les restrictions à l’immigration sont maintenues par les autorités britanniques, qui, après 1945, semblent se rapprocher des pays arabes. En 1947, l’affaire de l’Exodus35 porte à son paroxysme le conflit, désormais ouvert, entre Juifs et Britanniques. Ce bateau transportant des Juifs vers la Palestine est repoussé devant les côtes palestiniennes par la marine britannique. La tension devenant de plus en plus vive, la Grande-Bretagne décide de se retirer de la région et confie la question du devenir de la Palestine à l’Organisation des Nations unies (ONU).

4- Le plan onusien de partage de la Palestine de 1947

Les travaux commencent le 26 mai 1947. Le 31 août, un rapport de 54 volumes est déposé à l’Assemblée Générale. Il dit, en gros, les choses suivantes :

Les juifs fondent leurs droits au retour sur les liens historiques du peuple juif avec la Terre Sainte (cela avait déjà été confirmé par la déclaration Balfour). Ils estiment aussi que la mise en valeur du pays par les juifs déjà implantés en Palestine leur donne un droit. Enfin, la création d’un Etat permettrait de régler le problème des 250 000 juifs européens survivants des camps de la mort.

Du côté arabe, on argue du caractère inaliénable de la conquête musulmane de 637. Ils estiment que le mandat britannique de 1920 fut illégal. Enfin, ils penchent sur la création d’une Palestine indépendante qui tiendrait compte de la minorité juive.

Le 29 novembre 1947, La résolution 181 est alors votée : Elle consiste à octroyer aux Juifs 56% du territoire entre le Jourdain et la Méditerranée. Elle créait également un Etat Palestinien. Jérusalem devient une zone internationale placée sous le contrôle des Nations Unies. Il y eut 33 voix pour, 13 contre et 10 abstentions.Mais cette résolution ne va pas se faire sans heurts. L’épisode de l’Exodus, bateau rempli de réfugiés, juifs refoulé de Palestine par les Anglais en est un bon exemple.

Le lendemain du vote, la guerre civile éclate entre les communautés juive et arabe palestiniennes. Le 30 novembre 1947, la guerre voit s'affronter les communautés juive et arabe. En janvier, des volontaires arabes entrent en Palestine pour seconder les arabes

34 En effet, 2e guerre mondiale s’est achevée, il y a deux ans. Le monde entier a découvert l’horreur du système concentrationnaire nazi. Les 6 millions de juifs exterminés hantent la conscience de l’Europe. La toute nouvelle Organisation des Nations Unies doit alors prendre le problème à bras le corps. L'Holocauste finit par convaincre les Occidentaux de la nécessité d'un État juif.35 Le drame des réfugiés juifs de l'Exodus refoulé de Palestine par les Anglais - au nom des dispositions du Livre blanc - et finissant sa course pitoyable à Hambourg, où les Juifs furent débarqués et regroupés dans un ancien... camp de concentration, a soulevé une indignation internationale.

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palestiniens. En avril, les forces juives passent à l'offensive. Les forces et la société palestiniennes s'effondrent. Au moment où la date butoir d’application de la résolution onusienne approcha, les Britanniques procédèrent à un repli systématique de leurs troupes en Palestine, laissant la région dans un véritable chaos. Sans attendre l’entrée en vigueur de la partition, les dirigeants juifs prirent, pour leur part, la décision de déclarer l’indépendance d’Israël le 14 mai 1948.

5- La déclaration d’indépendance d’Israël le 15 mai 1948

L’État d’Israël est proclamé unilatéralement le 14 mai 1948, en tant « qu'État juif dans le pays d'Israël », dans les frontières définies par l’ONU au moment même où la Grande-Bretagne remet officiellement ses pouvoirs à l’ONU. À Tel-Aviv, c’est David Ben Gourion qui va lire la déclaration d’indépendance du nouvel état. Le lendemain, les Britanniques quittent le pays, laissant aux Israéliens le contrôle de leur base militaire. La Transjordanie, où vont vivre les Palestiniens, reste sous le commandement du général anglais Glubb Pacha, qui est à la tête de la Légion arabe de Transjordanie. Les Nations Unies acceptent l’indépendance qui est aussi reconnue par l’union soviétique et les Etats Unis. Le lendemain marque le début du conflit israélo-arabe.

III- LE CONFLIT ISRAELO-ARABE

Le conflit israélo-arabe est le nom donné aux relations tendues entre l'État d'Israël et les États arabes environnants, depuis la création d'Israël le 14 mai 1948. Au cœur de ce conflit plusieurs problématiques : l'instabilité de la région (due à la non-reconnaissance de l'État d'Israël par l'ensemble du monde arabe), le contrôle par Israël des lieux saints de Jérusalem (ville sacrée des trois monothéismes) et le contrôle par Israël du bassin du lac de Tibériade (importante ressource d'eau potable). Toutes ces problématiques expliquent les sept conflits armés : la guerre de 1948, la guerre de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre d'usure en 1967, la guerre du Kippour en 1973, la première guerre du Liban en 1982, et la seconde guerre du Liban en 2006.

A- Les guerres israélo-arabes

1- La Guerre israélo-arabe de 1948

Le 15 mai 1948 : les populations arabes en Palestine refusent la décision unilatérale d’Israël, d'où la création d'un gouvernement de toute la Palestine sous la direction du mufti. Ce gouvernement fait appel aux États arabes car il n'a pas de structures ni d'armée. Six nations arabes (Égypte, Syrie, Transjordanie, Liban, Irak et Arabie Saoudite) s’allièrent et envoyèrent leurs soldats écraser cet État naissant dans ce qui fut appelé ultérieurement la Guerre israélo-arabe de 1948. Il s’agit des forces armées de la Ligue arabe. En théorie alliés, ces Etats arabes ambitionnent des objectifs différents et combattront leur adversaire de manière désorganisée et désunie. Ainsi, L'Égypte cherche à s'assurer le contrôle des territoires proches de ses frontières, surtout des territoires côtiers. La Transjordanie veut s'emparer de la Cisjordanie voire de Jérusalem. Dès le premier conflit, la population palestinienne est réduite à une simple force d'appoint, prisonnière des Arabes. En dépit de ses nets désavantages militaires, tant en hommes qu’en matériel, les forces israéliennes de défense parvinrent non seulement à

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survivre, mais aussi d’étendre le contrôle juif sur une plus large part de la Palestine. En ce sens, les Israéliens furent aidés par deux trêves concoctées par l’ONU qui accordèrent à chaque camp un temps de répit et pour se réarmer. Finalement, le 7 janvier 1949, Américains et Anglais imposent un cessez-le-feu. Le 24 février 1949, l’Egypte et Israël signent un accord d’armistice à Rhodes. Le tout se conclut le 20 juillet lorsque la Syrie accepta à son tour de cesser les hostilités. La guerre a fait 6000 morts militaires et civils parmi les Israéliens, 2000 morts dans les armées arabes et un nombre inconnu de morts parmi les civils arabes1.

La Palestine est alors divisée en trois :

– la bande de Gaza administrée par l'Égypte qui contrôle le gouvernement de toute la Palestine ;

– Israël ;

– la Cisjordanie et Jérusalem-Est sont annexées en 1950 par le roi de Jordanie, suite à un vote de notables palestiniens.

En gagnant la guerre de 1948, Israël conquiert 26 % de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage et prend le contrôle de 81 % de la Palestine de 1947. La guerre s'accompagne de bouleversements démographiques. Entre novembre 1947 et juillet 1949, environ 720 000 Arabes de Palestine36 fuient ou sont expulsés des territoires qui formeront Israël. 65 % de ces réfugiés vont dans des camps de Cisjordanie et de Gaza, et les autres partent en Syrie, au Liban et en Transjordanie et qui vont demeurer pour la plupart dans des camps, privés de toute nationalité.

Cette guerre marque le début d'une très importante immigration de Juifs en provenance des pays arabes et d'Europe, avec la mise en œuvre d'une série d'opérations programmées comme au Yémen (opération Tapis Volant) ou en Irak (opération Ezra et Néhémie) qui vont déplacer 600 000 Juifs pour Israël.

Les pays arabes, humiliés par leur défaite, ne reconnaissent pas le droit à l’existence du nouvel État. La libération de la Palestine devient un élément de mobilisation des foules, un mythe se fonde autour de la destruction d'Israël.

36 Notez que la Ligue Arabe elle- leur demanda de quitter Israël, estimant qu’une fois l’ennemi refoulé à la mer, ils pourraient revenir vivre sur leurs terres. Cet échec est appelé Nakba, la catastrophe.

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Israël au lendemain de la guerre de 1948-1949© Microsoft Corporation. Tous droits réservés.Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Le jeune Etat ne réussit pas à s'insérer dans la région et peu à peu, en dépit de l’action diplomatique des pays arabes, en particulier au sein des Nations unies, les réfugiés palestiniens développent de multiples organisations terroristes dirigées contre Israël et ses intérêts. Les accrochages et les actes de sabotage à l'intérieur d'Israël se comptent par milliers et plus de 400 Israéliens sont tués de 1951 à 1956. Ce harcèlement permanent, la montée en puissance de Gamal Abdel Nasser, ses préparatifs militaires et le blocus du détroit de Tiran qu'il instaure, débouchent sur la campagne du Sinaï et la crise de Suez

2- La deuxième guerre israélo-arabe   : 1956

Ces nouveaux chefs qui prirent le pouvoir dans les nations arabes se trouvèrent du coup rejetés par les puissances de l’Ouest et courtisés par l’Union soviétique, dans le contexte de la Guerre froide grandissante entre les blocs idéologiques. Alors que l’Union soviétique fournissait une aide militaire aux nations arabes, celles-ci en retour fournirent des appuis de toutes sortes à la résistance palestinienne et encouragèrent par le fait même un nationalisme panarabe en pleine croissance. Dans cette optique, en 1956, Nasser provoqua une confrontation directe avec la France et la Grande-Bretagne en s’emparant du stratégique canal de Suez et coupant du même coup l’accès d’Israël à la Mer Rouge.

De fait, jusqu’en 1956, la Grande-Bretagne était le principal actionnaire de la Compagnie du canal de Suez ; elle y exerçait un contrôle absolu, la défense du canal étant assurée par des troupes britanniques. Aussi, lorsque Nasser obtient, en juin, l’évacuation de ces troupes, puis annonce, un mois plus tard, la nationalisation du canal (afin de collecter des fonds pour la construction du grand barrage d’Assouan), le cabinet britannique réagit vivement : le Premier ministre, Anthony Eden, craint que le ravitaillement de son pays en pétrole provenant du golfe Arabo-Persique ne soit menacé — tout comme le commerce britannique avec l’Extrême-Orient, qui transite par le canal. Les chefs d’état-major reçoivent donc l’ordre de préparer une expédition militaire en Égypte, dans le but de renverser Nasser. La France, dirigée alors par un gouvernement de centre-gauche avec à sa tête Guy Mollet, irritée par le soutien de

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l’Égypte au Front de libération nationale (FLN) algérien, accepte de se joindre à la Grande-Bretagne, car elle souhaite elle aussi renverser Nasser.

Eden cherche un soutien américain, mais le président des États-Unis, Dwight Eisenhower, refuse de se joindre à l’action franco-britannique et met à profit le délai nécessaire à la préparation de l’opération militaire pour tenter de convaincre les protagonistes de parvenir à un règlement pacifique du conflit, mais en vain.

Déterminés à agir contre l’Égypte, les Britanniques et les Français s’entendent avec Israël, qui a alors des conflits frontaliers avec l’Égypte ; une réunion secrète des ministres des trois pays se déroule à Sèvres, les 22 et 23 octobre 1956, pour établir précisément le déroulement de l’action militaire contre Nasser. Israël doit lancer une attaque contre l’Égypte ; la France et le Royaume-Uni doivent ensuite riposter, prétextant que cette attaque menace la zone du canal.

Tout se passe comme prévu : le 29 octobre 1956, l’armée israélienne attaque les positions égyptiennes dans la péninsule du Sinaï. Israël triomphe rapidement et s’empare de la bande de Gaza et de la péninsule du Sinaï en quelques jours. Le lendemain, la Grande-Bretagne et la France lancent un ultimatum aux dirigeants israélien et égyptien, leur demandant de cesser le feu et de se retirer à 16 km du canal dans les douze heures, afin de permettre l’occupation de la zone par les forces franco-britanniques. Les Égyptiens ayant rejeté cet ultimatum, l’aviation britannique bombarde les aérodromes égyptiens et les troupes franco-britanniques font débarquer parachutistes et forces amphibies sur Port-Saïd et Port-Fouad, qui sont rapidement occupés, une fois les Israéliens parvenus sur les bords du canal.

L’opinion internationale est très choquée, et l’URSS menace d’intervenir aux côtés de l’Égypte. Eisenhower, particulièrement indigné, propose une résolution votée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies ; cette résolution exige un cessez-le-feu et le retrait immédiat des troupes étrangères d’Égypte, supervisé par une force d’urgence des Nations unies.

La Grande-Bretagne subit alors une crise financière sévère, aggravée par une pénurie de pétrole (l’Égypte ayant bloqué le canal pendant les combats) ; les États-Unis refusent de lui apporter un soutien (financier ou pétrolier) tant que ses troupes n’auront pas quitté l’Égypte. Redoutant la banqueroute, les Britanniques (avec l’accord peu enthousiaste des Français) acceptent un cessez-le-feu le 6 novembre, Israël ayant arrêté les combats la veille. Les forces anglo-françaises se retirent d’Égypte au début du mois de décembre, mais Israël n’évacue Gaza qu’au début de 1957, après avoir obtenu la levée du blocus sur le détroit de Tiran.

3- Troisième conflit armé israélo-arabe   : 1967

Au cours de la décennie suivante, l’Union soviétique encouragea et appuya les développements militaires dans les nations arabes qui entouraient Israël. L’armée israélienne fit de même, notamment en mettant l’accent sur le développement d’une puissante force blindée et d’une aviation à toute épreuve. L’armée et le gouvernement israéliens interprétaient la montée en puissance des pays arabes comme une menace sérieuse, d’autant que les services de renseignements attestaient tous d’une autre imminente offensive contre l’État hébreu. Et les faits semblaient leur donner raison.

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Guerre des Six-Jours© Microsoft Corporation. Tous droits réservés.Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

L'Égypte obtient en mai 1967 du Secrétaire général de l'ONU U Thant le retrait des troupes de l'ONU du Sinaï et de Charm el-Cheikh où elles garantissaient l'accès au golfe d'Aqaba puis le 15 mai, les forces égyptiennes pénètrent dans le Sinaï et, le 20 mai, le colonel Nasser en vient à décréter la fermeture du détroit de Tiran qui ouvre sur le golfe d'Aqaba — un passage clef du transport maritime — privant les Israéliens de tout approvisionnement en pétrole. L'alliance de l'Égypte avec la Syrie est complétée par des traités avec la Jordanie (30 mai) et l'Irak (4 juin). La propagande arabe, promettant de « jeter les Juifs à la mer » contribue à l'angoisse des Israéliens et des Juifs de la diaspora, mais aussi au complet support de la diaspora à Israël.

En conséquence, Israël mobilisa discrètement les unités de réserve de son armée puis, le 5 juin 1967, lança une attaque préventive contre l’aviation égyptienne, menée par les généraux Moshe Dayan, ministre de la Défense et Yitzhak Rabin, chef d'état-major, et appelle la Transjordanie à rester neutre. La Jordanie refuse et attaque Israël avec l'artillerie lourde sur Jérusalem-ouest et la région de Tel Aviv. Les aviations égyptiennes, jordaniennes et syriennes sont détruites en une journée.

Ayant la maîtrise des airs, Israël, sous l'impulsion du ministre de la Défense, le général Moshe Dayan, lance alors une offensive générale. Les blindés israéliens, commandés par le général Yitzhak Rabin, s'emparent dès le 6 de la bande de Gaza. Le lendemain, le 7 juin, les Israéliens ne sont plus qu'à quarante kilomètres du canal de Suez. Simultanément, ils combattent les Jordaniens dans la vieille ville de Jérusalem et prennent le contrôle de la partie arabe, ainsi que de Jéricho en Cisjordanie, amenant la Jordanie à cesser les combats. La rive orientale du canal de Suez est atteinte le 8 par Tsahal (l'armée israélienne), qui lève ainsi le blocus d'Aqaba. Le 9, le Sinaï est aux mains de Tsahal qui marche sur la Syrie.

Le 10 juin, lorsque les affrontements cessent, Israël contrôle toute la péninsule du Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, la partie est de Jérusalem et le site stratégique des hauteurs du Golan en Syrie.

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Malgré ses succès, Israël se retrouva vite condamné par la communauté internationale après sa Guerre des Six Jours, parce que ses offensives apparaissaient aux yeux de plusieurs comme de purs actes d’agression, surtout lorsque l’on considère l’ampleur des gains territoriaux à la fin de ces brèves hostilités.

Les pertes humaines sont lourdes pour les pays arabes : 20 000 morts pour l'Égypte, 6 000 pour la Jordanie et 500 pour la Syrie, contre 800 Israéliens.

Israël a gagné des territoires dont la superficie est quatre fois supérieure à la sienne en 1949, avec une population arabe de 1,5 million d'habitants. Mais ces « territoires occupés » n’allaient pas tarder à devenir un des principaux sujets de tension avec ses voisins arabes.>En effet, La majorité des Israéliens approuve l’annexion de Jérusalem-Est et son unification avec les secteurs juifs de la ville, décidées par le gouvernement quelques jours après la fin de la guerre de 1967. En 1980, la Knesset adopte une loi proclamant Jérusalem l’« éternelle capitale unifiée d’Israël ». En réaction à l’expansion israélienne, des commandos de l’OLP lancent des attaques terroristes sur des écoles, des marchés, des arrêts de bus et des aéroports israéliens. Aux jeux Olympiques d’été de Munich, en 1972, des terroristes palestiniens assassinent onze athlètes israéliens.

4- 1973   : la guerre du Kippour

Le 6 octobre 1973, jour du congé férié du Yom Kippour37, l’Égypte et la Syrie déclenchent une guerre contre Israël pour récupérer les territoires perdus en 1967 : l'Égypte attaque par le Sinaï, la Syrie par le plateau du Golan (le plateau du Golan contrôle le lac de Tibériade et toutes les ressources en eau du Nord d'Israël). Ces offensives prirent les forces israéliennes par surprise, leur infligeant de lourdes pertes lors des premières journées d’engagement. Conséquemment, les forces arabes connurent certains succès, reprenant entre autres une large partie du Sinaï au sud et du plateau du Golan au nord.

Les États-Unis et l’Union soviétique répondirent à la crise en ravitaillant leurs alliés respectifs par la voie des airs. Les choses commencèrent à tourner à la faveur des Israéliens le 10 octobre. L'armée égyptienne en progressant rapidement dans le Sinaï se retrouve coupée de son ravitaillement, Israël profite de ce répit pour reprendre l'initiative grâce au général Sharon qui fait couper les arrières de l'armée égyptienne en envoyant ses hommes de l'autre côté du canal.

les Américains déployèrent trois groupes de porte-avions et mirent en état d’alerte maximale leur Strategic Air Command. Quant aux Soviétiques, ceux-ci menacèrent d’envoyer des troupes dans la région et placer leurs forces aériennes en état d’alerte. Dans le but d’éviter que ce nouveau conflit israélo-arabe ne dégénère en confrontation nucléaire entre les superpuissances, les diplomates s’activèrent frénétiquement afin de trouver une issue politique qui sache ramener la paix.

Leurs efforts prirent de plus en plus d’importance le 21 octobre, lorsque les troupes israéliennes traversèrent le canal de Suez et parvinrent à encercler la 3e Armée égyptienne. Devant la situation, l’Union soviétique réitéra sa menace d’envoyer des troupes pour secourir cette armée égyptienne, ce qui n’aida en rien les diplomates dans leurs tentatives de localiser

37 Fête juive dite du Grand Pardon. Yom Kippour, en hébreu, Yom hakippurim, signifie « jour du Grand Pardon ».

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le conflit et ramener la paix. L'ONU adopte le 22 octobre 1973 la Résolution 338 (1973), qui réaffirme la validité de la résolution 242 (1967), adoptée pendant la guerre des Six Jours et appelle toutes les parties en conflit (l'Égypte, la Syrie, Israël, la Jordanie) à un cessez-le-feu immédiat et à des négociations en vue « d'instaurer une paix juste et durable au Moyen-Orient ».

Les combats cessent le 25 octobre et le cessez-le-feu israélo-égyptien est signé le 28 octobre au « kilomètre 101 » (c'est-à-dire à 101 kilomètres du Caire) par les généraux israélien Aharon Yariv et égyptien Abdel Ghani el-Gamasy. Sur le front syrien, les combats s'interrompent quand les Israéliens sont à une quarantaine de kilomètres de Damas17.

Les Arabes gagnent le soutien de l’Union soviétique et des démocraties populaires qui rompent leurs relations diplomatiques avec Israël. Les pays arabes producteurs de pétrole arrêtent leurs exportations vers les États-Unis et certains pays européens pour protester contre l’aide apportée à Israël, contribuant ainsi au déclenchement d’une crise économique en Occident.

La guerre du Yom Kippour convainc Israël d’être plus flexible dans ses négociations avec les États arabes. À titre d’exemple, une initiative américaine amena la signature des accords de Camp David en 1978 dans lesquels Israël rendit la péninsule du Sinaï à l’Égypte38 en retour de la reconnaissance égyptienne du droit d’exister de la nation juive. Le retrait de la menace égyptienne mit effectivement fin aux guerres israélo-arabes à grande échelle, mais le conflit dans la région perdure. Rappelons l’invasion par Israël du Liban en 1982, dans le but d’éliminer les bases de l’OLP en ce pays. Les troupes syriennes, qui occupaient la moitié nord du Liban, opposèrent une résistance à l’invasion, mais elles furent défaites. En conséquence, Israël maintint une force militaire d’occupation au Liban, tout en supportant des groupes paramilitaires chrétiens jusqu’en 2000.

5- Guerre au Liban   : 1982

Le 6 juin 1982, Israël déclenche « l'opération Paix en Galilée » et envahit le Liban jusqu'à Beyrouth pour, officiellement, repousser les forces de l'OLP à plus de 40 km de la frontière israélienne. Les Israéliens rencontrent l'opposition de l'OLP et de l'armée syrienne qui signe un cessez-le-feu le 11 juin26. Finalement, à la suite du siège de Beyrouth, les troupes de l'OLP sont évacuées du Liban et leur commandement s'établit en Tunisie 27 . Après l'élection à la présidence de la république libanaise, le 23 août 1982, de Bashir Gemayel, partisan de la paix avec Israël puis son assassinat le 14 septembre 1982 par un membre du Parti social nationaliste syrien, les phalangistes chrétiens massacrent des centaines de civils palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila dans une zone du Liban contrôlée par l'armée israélienne. Il y aurait eu 900 réfugiés palestiniens tués (3 500 selon le journaliste israélien Amnon Kapeliouk). Le bilan final des opérations est très lourd avec, au 14 octobre 1982, près de 18 000 morts syro-libano-palestiniens et 657 morts israéliens selon An Nahar 28 .

Si l'invasion du Liban permit le retrait des Palestiniens du Sud-Liban et l'affaiblissement temporaire de l'armée syrienne, cette dernière put après le retrait israélien de 1983 prendre le contrôle de la plus grande partie du Liban et ce jusqu'à l'évacuation du Liban par l'armée syrienne en 2005, à la suite de l'attentat contre Rafic Hariri.

6- Guerre de Gaza (2008-2009)38 Conformément au traité, Israël se retire du Sinaï en avril 1982.

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À partir du 27 décembre, l'aviation israélienne bombarde les infrastructures du Hamas à Gaza : c'est le début de l'opération Plomb durci. Le 3 janvier 2009, les Israéliens envoient des troupes dans la bande de Gaza. L'opération fait selon les sources palestiniennes plus de 1 300 morts à Gaza et 13 du côté israélien selon les sources israéliennes.

Le 18 janvier, Israël proclame le cessez-le-feu. Le même jour, le Hamas annonce une trêve et donne 7 jours à l'armée israélienne pour quitter Gaza, ce qui est fait dès le 21 janvier. Toutefois, pendant les semaines qui suivent, les Palestiniens de Gaza continuent d'envoyer quelques roquettes plusieurs fois par semaine sur Israël dont l'aviation réplique en bombardant les tunnels palestiniens de contrebande avec l'Égypte.

7- L'opération Pilier de défense

L'opération Pilier de défense débute après de multiples tirs de roquettes de la Bande de Gaza vers Israël, durant toute l'année 2012 qui s'intensifient en octobre et en novembre. Elle dure du 14 au 21 novembre 2012 et fait plus de 160 morts parmi les Palestiniens et 6 parmi les Israéliens. Les Israéliens ont particulièrement visé les chefs des organisations militaires du Hamas et de celles qui opéraient de la bande de Gaza. Les conditions du cessez-le-feu signé avec l'entremise de l'Égypte imposent un arrêt des tirs de roquettes et un allègement des conditions du blocus de Gaza, conditions qui semblent respectées dans les jours qui suivent le conflit. La presse retient comme faits marquants de cette opération le déploiement couronné de succès du dôme de fer qui a intercepté la grande majorité des roquettes tirées vers des zones habitées d'Israël89 et le tir par le Hamas de missiles Fajr 5 vers Tel-Aviv et Jérusalem90

B- La problématique de l’eau

Dans cette partie du globe, l’eau a toujours été appréhendée comme une ressource rare et sacrée. Si l’eau, contrairement à l’idée reçue, ne manque pas, il faut préciser que celle-ci est très concentrée dans l’espace et que les lieux arides et désertiques sont très nombreux. Les sociétés humaines ont donc très tôt aménagé leur milieu naturel pour optimiser leurs ressources hydriques. L’eau est donc un enjeu de pouvoir, car enjeu de développement économique et social. La pression sur les ressources hydriques au Proche-Orient entraîne donc des conflits à petite échelle, entre les Etats, et à grande échelle, entre les acteurs locaux.

L’eau fait partie intégrante du conflit israélo-palestinien, même si l’on ne peut réduire celui-ci à une « guerre de l’eau ». Dès 1919, le président de l’Organisation sioniste mondiale, Chaïm Weizmann déclarait : « tout l’avenir économique de la Palestine dépend de son approvisionnement en eau ». En 1959, Israël débute la construction d’un aqueduc pour détourner les eaux du lac de Tibériade. La guerre de 1967 éclate dans un contexte de tensions hydriques : le Liban, la Syrie et la Jordanie amorçaient des travaux de détournement du Jourdain.La Guerre des Six Jours de 1967 constitue un tournant majeur concernant la problématique de l’eau. Israël occupe désormais l’essentiel de la vallée du Jourdain, la Cisjordanie et ses nappes phréatiques, et les plateaux du Golan riches en eau. Aujourd’hui, les nappes de Cisjordanie fournissent 25 à 30% de l’eau consommée par Israël, et le Golan 15%.La Jordanie se trouve privée d’une vaste part des eaux du Jourdain, et est donc obligée de mettre en place une politique de restriction de la consommation en eau. La situation est encore plus critique pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Dans cette dernière région, leur accès à l’eau est fortement contrôlé par Israël (autorisation spéciale pour creuser des puits ; 6% de leurs terres agricoles irriguées contre 47% pour les terres israéliennes).

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LA DECOLONISATION ET LA NAISSANCE DU TIERS MONDE 04 août 2014

CONCLUSION

La création de l’Etat d’Israël est intervenue au moment où nombre de pays arabes étaient à la quête de leur indépendance, à l’instar de l’Algérie.

SOURCES   :

- Hervé Amiot, « L’eau au Moyen-Orient » in http://www.lesclesdumoyenorient.com/L-eau-au-Moyen-Orient.html

- « La (re)naissance d'Israël en 1948 » in http://histoiretpolemiques.blogspot.com/2006/12/la-renaissance-disrael-en-1948.html

- « Conflit israélo-arabe » in http://fr.wikipedia.org/wiki/Conflit_isra%C3%A9lo-arabe

- “Les guerres israélo-arabes (1948-1973)” in http://carlpepin.com/2010/12/10/les-guerres-israelo-arabes-1948-1973/

- « Histoire d'Israël » in http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d%27Isra%C3%ABl