La Cour des comptes doute des économies...

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mercredi 18 juin 2014 - N 5482 www.latribune.fr France Métropolitaine CAC 40 : 4536,07 pts +0,58% FTSE (6 767 / +0,18%) 1 = 1,3540$ (-0,26%) BRENT (113,3$ / +0,49%) OR (1 270,2$ / -0,14%) La Cour des comptes doute des économies budgétaires La Cour des comptes doute des économies budgétaires Le déficit public pourrait atteindre 4% du PIB -voire un peu plus- en 2014, estiment les magistrats. Au delà, pour les années suivantes, ils soulignent l'absence de documentation d'une grande part des 50 milliards d'euros d'économies annoncées. IMMOBILIER AÉRONAUTIQUE BANQUE DE DÉTAIL Les 150.000 logements sociaux promis ne seront pas livrés Faut-il un Airbus A330 Neo pour rivaliser avec le Boeing 787 ? Les "pure players" bancaires ne séduisent pas encore les Français Selon le leader du logement social français, 3F, l'objectif fixé par le gouvernement ne sera pas tenable, au moins pour 2014. Airbus étudie une modernisation de l'A330 pour 2018. L'essentiel de l'amélioration de performances proviendrait de nouveaux moteurs. Seulement 4% des personnes interrogées par Panorabanques.com ont choisi de devenir clientes d'une banque 100% en ligne.

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mercredi 18 juin 2014 - N 5482 www.latribune.fr France Métropolitaine

CAC 40 : 4536,07 pts +0,58%

FTSE (6 767 / +0,18%)

1 = 1,3540$ (-0,26%)

BRENT (113,3$ / +0,49%)

OR (1 270,2$ / -0,14%)

La Cour des comptes doutedes économies budgétairesLa Cour des comptes doutedes économies budgétaires

Le déficit public pourraitatteindre 4% du PIB -voire unpeu plus- en 2014, estimentles magistrats. Au delà, pourles années suivantes, ilssoulignent l'absence dedocumentation d'une grandepart des 50 milliards d'eurosd'économies annoncées.

IMMOBILIER AÉRONAUTIQUE BANQUE DE DÉTAIL

Les 150.000 logementssociaux promis neseront pas livrés

Faut-il un Airbus A330Neo pour rivaliser avec leBoeing 787 ?

Les "pure players"bancaires ne séduisentpas encore les Français

Selon le leader du logement socialfrançais, 3F, l'objectif fixé par legouvernement ne sera pas tenable, aumoins pour 2014.

Airbus étudie une modernisation del'A330 pour 2018. L'essentiel del'amélioration de performancesproviendrait de nouveaux moteurs.

Seulement 4% des personnesinterrogées par Panorabanques.com ontchoisi de devenir clientes d'une banque100% en ligne.

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Sommaire 18/06/2014

Edition du 18/06/2014 page 2/94

ÉCONOMIE

La Cour des comptes s'inquiète de la réalité deséconomies budgétaires

Le déficit public pourrait atteindre 4% du PIB -voire un peu plus-en 2014, estiment les magistrats. Au delà, pour les annéessuivantes, ils soulignent l’absence de documentation d’unegrande part des 50 milliards d’euros d’économies annoncées

Les baisses d'impôts n'atteindront que 14 milliards, et non les 35affichés

"Le coût des réformes ne devrait pas être pris en compte dans lesdéficits" (Sigmar Gabriel

Finalement... toutes les prestations sociales ne seront pas gelées

Nouvelle carte de la pauvreté : le revenu des habitants pour uniquecritère

Les députés PS veulent le dégel des pensions d'invalidité et desaides au logement

Le Medef sonne le tocsin sur la situation des entreprises

Financement des entreprises : Bercy décrète la mobilisationgénérale

"Non, l'employeur ne peut pas modifier votre contrat de travailunilatéralement"

Europe : pourquoi Angela Merkel n'acceptera pas de modifier lecalcul des déficits

Etats-Unis: "les cicatrices de la récession sont encore visibles"(Lagarde)

Le cas argentin, un coup de grisou pour les faillites d'État

ENTREPRISE

Airbus et Safran lancent une OPA sur les activitésspatiales de l'Etat

Safran et Airbus Group veulent mettre la main sur l’autorité dedesign des lanceurs logée au Centre national d’études spatiales(CNES) et sur Arianespace. L’Etat resterait le maître d’oeuvre dela stratégie spatiale.

Alstom: "les offres doivent être améliorées" (Elysée)

Faut-il un Airbus A330 Neo face au Boeing 787 ?

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Sommaire 18/06/2014

Edition du 18/06/2014 page 3/94

La Compagnie croit au low-cost en classe affaires face à Air France(DreamJet)

La grève à la SNCF reconduite mercredi : les cheminots nedésarment pas

Grève de la SNCF : les industriels de la chimie s'inquiètent

Tout petit profit pour l'usine tchèque des mini-Peugeot 108 etCitroën C1.

General Motors a déjà rappelé 20 millions de véhicules en 2014

Gaz: l'UFC Que Choisir passe à l'action et saisit l'Autorité de laconcurrence contre GDF Suez

Le géant pétrolier britannique BP signe un contrat de 20 milliards dedollars avec la Chine

Apple fait la paix avec les consommateurs sur le prix des livresélectroniques

Après Facebook, Axa signe un accord mondial avec LinkedIn

L'hôtel Marriott des Champs-Elysées passe à son tour sous pavillonchinois

Un supermarché sans emballage contre le gaspillage et les déchets

BANQUE & FINANCE

Les "pure players" de la banque en ligne ? LesFrançais ne leur disent pas (encore) "oui"

Seulement 4% des personnes interrogées parPanorabanques.com ont choisi de devenir clientes d’une banque100% en ligne. Les Français veulent pouvoir rencontrer unconseiller, en cas de problème.

Les 150.000 logements sociaux promis ne seront pas livrés en 2014

Immobilier : où se trouvent les ménages les plus endettés en Europe?

OPINIONS

Ouvrons l'assurance maladie à la concurrence

L’assurance santé en France est trop complexe et coûteuse. Ilfaut instaurer la concurrence, ce qui n’interdit pas un cadredestiné à maintenir l’universalité de la couverture santé. ParAurélien Véron, Président du...

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Edition du 18/06/2014 page 5/94

Agé de 25 ans, l'antivirus n'est plus l'unique rempart face auxcyberattaques

PME françaises: de l'intérêt de concourir pour les aides européennesà la recherche

Accès à la propriété: l'urgence d'un prêt aidé intelligent

Face à l'explosion du nombre d'adresses IP, un nouveau protocoleInternet

Attention aux faux espoirs nés des décisions de la BCE

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6 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Le déficit public pourrait atteindre 4% du PIB -voireun peu plus- en 2014, estiment les magistrats. Au delà, pour les annéessuivantes, ils soulignent l’absence de documentation d’une grande part des 50milliards d’euros d’économies annoncées

Ivan Best

La Cour des comptes s'inquiète de la réalitédes économies budgétaires

Et dire que François Hollande avait fait campagne, en 2012, sur la réduction du déficit public à 3%du PIB en 2013... Selon le rapport de la cour des comptes sur "la situation et les perspectives desfinances publiques", publié ce mardi matin, le déficit pourrait encore atteindre 4% du PIB en 2014.Ce dérapage par rapport à la prévision de Bercy (3,8% du PIB) tiendrait avant tout à la faiblessedes recettes.

La Cour souligne l'incertitude sur la prévision de croissance (+1% pour le PIB cette année) dont onsait qu'elle sera difficile à atteindre, après la stagnation du premier trimestre. Il pourrait en résulterdes recettes inférieures aux prévisions. En outre, relèvent les magistrats, le gouvernement apeut-être surestimé l'élasticité de certains prélèvements obligatoires par rapport à la croissance: il atendance à prévoir, pour une hypothèse donnée de hausse du PIB, une progression spontanée desrentrées fiscales supérieure à la réalité. Cet aléa jouerait sur deux à trois milliards de recettes enmoins, par rapport aux prévisions.

Au total, le déficit de l'ensemble des administrations pourrait donc déraper de 4 milliards (0,2 pointde PIB), par rapport à la prévision du gouvernement, et atteindre 4% du PIB, si la croissance est

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7 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

conforme aux prévisions. Il pourrait même dépasser les 4% du PIB si l'activité n'augmente pascomme prévu.

En tout état de cause, la dette publique dépassera 2.000 milliards d'euros fin 2014, estiment lesmagistrats.

 Sur 50 milliards d'euros d'économies annoncées, 30 milliards peu documentées etincertaines

Comment atteindre, dans ces conditions, le fameux plafond des 3% dès 2015? La question se posed'autant plus que la Cour semble douter de la réalité des économies envisagées sur les dépenses,les fameux 50 milliards d'euros annoncés sur la période 2015-2017.

Sur des 50 milliards, souligne la cour,

Une partie de ces économies est déjà acquise (réforme de 2013 des régimes de retraitecomplémentaires, gel du point d'indice de la fonction publique notamment) et d'autres se situent dans laprolongation d'efforts déjà réalisés (par exemple pour ramener la croissance de l'ONDAM à 2,4 %,moyenne des quatre dernières années).

Mais surtout,

Les économies supplémentaires, qui représentent environ 30 milliards, sont encore peu documentées etcertaines sont incertaines car elles devront être réalisées par des administrations publiques dont l'Étatne maîtrise pas les dépenses : les régimes complémentaires d'assurance vieillesse, l'Unédic et, surtout,les collectivités territoriales à hauteur de 11 milliards. Le programme de stabilité suppose ainsi quechaque baisse de 1 euro des dotations de l'État entraînera immédiatement une économie de 1 euro surles dépenses des collectivités locales. Or ces dernières peuvent compenser en partie la baisse de leursdotations par une hausse des taux des impôts locaux ou un accroissement de leur endettement

 Rien ne les oblige, en effet, à baisser leurs dépenses.

Au total, alors que la probabilité s'amenuise de voir les déficits publics réduits à 3% du PIB en2015, compte tenu d'une croissance toujours très faiblarde voire proche de zéro, ainsi que lesoulignaient dès le mois d'avril les experts de Xerfi ,  le programme de stabilité, qui prévoit deramener le déficit à 1,3% du PIB en 2017, à l'aide d'une croissance atteignant 2,25% en 2016 et2017, apparaît déjà caduc, alors qu'il a été transmis à Bruxelles fin avril...

 Les objectifs de déficit ne sont donc pas atteints, et ce alors même que les baisses d'impôts et deprélèvements obligatoires apparaissent nettement moins élevés que ne l'affiche le

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9 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Le gouvernement met souvent en avant le chiffre 35milliards d’euros de baisse d’impôts, sur la période 2015-2017, dans le cadre dupacte de responsabilité. En fait, compte tenu de hausses par ailleurs, l’allègementne sera que de 14 milliards, calcule la Cour des comptes

Ivan Best

Les baisses d'impôts n'atteindront que 14milliards, et non les 35 affichés

35 milliards d'euros: tel est le montant des allègements de prélèvements obligatoires à venir,constamment mis en avant par le gouvernement. C'est ce que prévoit le pacte de responsabilité surles années 2015 à 2017.

En fait, le véritable chiffre est beaucoup moins élevé, souligne la Cour des comptes, dans sonrapport sur la situation des finances publiques publié ce mardi. Car, en face des allègements decharge et de la montée en puissance du CICE, une série de hausses d'impôts est programmée. 

Comme le relèvent les magistrats, 

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10 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

Le pacte de responsabilité et de solidarité prévoit 10,5 milliards d'euros pour les allègements decotisations des employeurs et des indépendants, 6 milliards pour la suppression de la contributionsociale de solidarité des sociétés (C3S), 5 milliards pour la non reconduction de la contributionexceptionnelle d'impôt sur les grandes sociétés et la baisse du taux normal de l'impôt sur les sociétés,2,5 milliards pour les allègements de cotisations salariales sur les bas salaires, 2,5 milliards pour desmesures à déterminer en faveur des ménages modestes. Il se traduit donc par une baisse de 26 Md€des prélèvements obligatoires de 2014 à 2017 à laquelle s'ajoute l'impact de la montée en charge duCICE sur cette période (9 milliards).

Le total atteint bien 35 milliards, pour les futures baisses d'impôts et de charges. Mais, en face,dans la colonne "hausses", on trouve un total de 21 milliards.

Cinq milliards d'impôts en plus, dus mécaniquement à la baisse des charges

Il y a d'abord un effet mécanique de la baisse de charges: moins de charges sociales, pour uneentreprise, c'est plus de bénéfice, et donc plus d'impôt sur les bénéfices. De même, les particuliersqui verront leur salaire net augmenter à la suite d'un allègement de charges devront payer plusd'impôt sur le revenu. La Cour des compte estime le total de ces hausses mécaniques à 5 milliards:

 le produit des impôts sur les bénéfices des sociétés et sur le revenu des ménages augmenterait de 5milliards en raison de l'effet de la baisse des charges fiscales et sociales des entreprises et de la haussedes salaires nets des ménages induites par les mesures du pacte de responsabilité et de solidarité.

 

16 milliards d'euros de hausses diverses

Et on compte 16 autres milliards de mesures diverses 

D'autre part, des mesures de hausse des prélèvements obligatoires déjà prises, ou anticipées dans leprogramme de stabilité, contribueraient à accroître les recettes publiques de 16 milliards sur la période,les principales étant : la hausse des taux de la contribution climat-énergie (2 milliards) et de lacontribution au service public de l'électricité (3 milliards) ; le remplacement de la taxe sur les poids lourdspar un autre impôt (1 milliard) ; la hausse des taux des impôts locaux (4 milliards), dont le rendementdemeure hypothétique ; la hausse des cotisations d'assurance retraite de base et complémentaires (2milliards ; diverses mesures relatives à l'impôt sur les sociétés (1 milliard).

Les baisses seraient de 6 milliards en 2015, puis 5 milliards et de 3 en 2016 et 2017, le bilan desprélèvements obligatoires étant globalement stable en 2014. Une équation logique compte tenu del'engagement du gouvernement à réduire le déficit public: baisser fortement les impôts tout en

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diminuant le déficit, et ce avec une croissance modérée (le gouvernement table sur 1,7% dehausse du PIB en 2015, ce qui n'est même pas acquis), voilà qui aurait relevé de la quadrature ducercle.

Même avec une enveloppe limitée 14 milliards d'euros sur trois ans pour les allègements deprélèvements obligatoires, il n'est pas dit que le déficit sera franchement diminué.

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12 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

LA CITATION > Le ministre allemand de l’Économie veut donner de le marge surleurs déficits aux pays de la zone euro qui s’engagent à réaliser des réformesstructurelles.

latribune.fr

"Le coût des réformes ne devrait pas être prisen compte dans les déficits" (Sigmar Gabriel

Vrai changement ou simple effet d'annonce ? Les coûts des réformes structurelles menées par lesÉtats membres de l'Union européenne ne devraient pas être pris en compte dans le calcul dudéficit public, a déclaré lundi le ministre allemand de l'Économie, Sigmar Gabriel. Reste à voir sicette idée sera suivie par la chancelière Angela Merkel.

"Pour surmonter les déficits, il faut de la croissance"

Cette proposition, a-t-il déclaré à Toulouse après une rencontre avec son homologue françaisArnaud Montebourg, sera débattue lors de la définition de la politique de la nouvelle Commissioneuropéenne qui entrera en fonction le 1er novembre.

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"Personne ne peut accepter les déficits qu'on a aujourd'hui, mais pour surmonter les déficits, il faut de lacroissance, il faut de l'emploi", a dit Sigmar Gabriel à des journalistes en marge d'une visite de l'usineAirbus de Toulouse.

"En fait, une des solutions pour avoir plus de croissance pourrait être la suivante : les coûts qui sontoccasionnés par toutes les mesures de politique de réforme (...) ne devraient pas être pris en comptedans les critères de déficit", a ajouté le ministre social-démocrate dans une déclaration en allemandtraduite en français par un interprète.

"C'est comme un marché à conclure, ceux qui sont décidés à réaliser des réformes, il faut leur donnerun peu plus de temps pour les réaliser et ensuite correspondre aux critères de déficit", a-t-il poursuivi.

"Les deux choses doivent être obligatoires : d'une part les réformes à réaliser, de l'autre la chance deréaliser ces réformes. Cela va faire l'objet des discussions, des débats que nous allons mener dans lecadre de la réorganisation de la politique de la nouvelle Commission européenne."

Un nouveau répit pour la France ?

Cette proposition a été bien accueillie par une source gouvernementale française, Paris étant à lapeine pour tenir son engagement de réduction du déficit public à 3% du produit intérieur brut en2015, après 3,8% prévu fin 2014.

La France a déjà obtenu un délai de deux ans pour repasser sous la barre des 3% et lesinstitutions internationales estiment qu'elle aura du mal à y parvenir.

Le gouvernement français a annoncé un programme d'économies de 50 milliards d'euros sur lapériode 2014-2017, en partie pour atteindre son objectif en matière de déficits, mais est confronté àune croissance plate au premier trimestre.

Le pacte de responsabilité, qui cumule baisses de charges et d'impôts pour les entreprises, estconsidéré comme une réforme structurelle par les autorités européennes et a été salué parl'Allemagne.

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14 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

POLITIQUE SOCIALE > Les députés socialistes se sont entendus pour déposerdes amendements demandant au gouvernement de ne pas geler jusqu’al’automne 2015, les indemnités invalidité, accidents du travail et les allocationslogement. Ils devraient être entendus par le gouvernement

latribune.fr

Finalement... toutes les prestations socialesne seront pas gelées

Opération déminage en route pour que la majorité ne se divise pas? L'ensemble des députéssocialistes se sont mis d'accord ce mardi 17 juin sur de prochains amendements aux textesbudgétaires portant sur un dégel des pensions d'invalidité et des allocations logement.

Le budget rectificatif de la Sécurité sociale pour 2014 (PLFSSR), présenté demain mercredi enConseil des ministres, puis le budget de la Sécu pour 2015, devaient entériner le gel de certainesprestations sociales jusqu'à l'automne 2015. Mesure annoncée en avril par le Premier ministreManuel Valls

Les indemnités invalidité et accidents du travail pas concernées par le gel

"Nous avons acté (...) le fait que nous déposerions un amendement demandant le dégel desindemnités sur l'invalidité, les accidents du travail et les maladies professionnelles", a déclaré leprésident du groupe PS, Bruno Le Roux, lors d'une conférence de presse.

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15 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

Il a été "également décidé de déposer un amendement et de continuer la discussion avec legouvernement - puisque là nous n'avons pas trouvé un terrain d'accord - sur le dégel des aides aulogement au 1er octobre 2014", a-t-il ajouté.

Lors de leur réunion mardi matin en présence du Premier ministre Manuel Valls, les députés PS sesont accordés sur ces amendements qui seront portés par leur groupe dans les débats.

"Ce sont des avancées importantes", a salué auprès de l'AFP l'élu des Hauts-de-Seine Jean-MarcGermain, un des "frondeurs" socialistes qui se trouve être également porte-parole du groupe PSpour les projets de budget de la Sécu.

En raison d'une faille décelée par le Conseil d'État et révélée lundi, le gouvernement ne pouvaitintégrer dès le PLFSSR 2014 le gel des pensions invalidité/accidents du travail (économies de 200millions d'euros en année pleine). Mais il voulait l'intégrer dans le PLFSS pour 2015, qui doit êtreprésenté à la rentrée.

Pas de gel des allocations logement le 1er octobre?

Le gel des aides au logement (130 millions d'euros), qui auraient dû être revalorisées le 1eroctobre, doit viser des personnes entrées dans l'impôt sur le revenu en 2012 et 2013 ou qui yseraient rentrés cette année en raison de la politique fiscale du gouvernement, et non parce queleurs revenus ont augmenté.

Des députés PS travaillaient depuis quelques temps avec le gouvernement pour étudiernotamment des " aménagements sur l'entrée dans la taxe d'habitation ", comme l'avait indiquémi-mai le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert.

Mardi matin, le groupe PS a "validé" le principe de la revalorisation des retraites de base inférieuresà 1.200 euros, un geste annoncé fin avril par Manuel Valls, alors que les pensions supérieures neseront pas revalorisées au 1er octobre (300 millions d'euros d'économies).

"Pour les retraites complémentaires, il y a un accord entre les partenaires sociaux gérant l'Agirc etl'Arcco et il n'appartient pas au Parlement de revenir dessus", contrairement aux souhaits decertains, a précisé Bruno Le Roux. De fait, Manuel Valls avait très explicitement souhaité que lespartenaires sociaux, gestionnaires de l'Agirc et de l'Arc, "gèlent" à leur tour la revalorisation desretraites complémentaires, lors de la négociation qu'ils doivent entamer début 2015. 

Les députés PS ont, pour le reste,validé les grandes lignes du projet de loi de finances rectificative(PLFR) et du PLFSSR. "Nous avons acté les baisses ciblées d'impôt sur le revenu annoncées parle gouvernement et nous avons affiché la nécessité d'une stabilité sur les autres impôts, sur la TVAet aussi sur la CSG", a indiqué leur chef de file.

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16 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

La question d'une CSG progressive, portée par les frondeurs, "n'est pas en lui-même un mauvaisdébat, il a été en son temps placé par le président de la République comme un objectif, mais cen'est pas dans un collectif budgétaire que l'on place ce débat", a-t-il jugé.

Entre autres amendements à venir, Bruno Le Roux a évoqué des mesures contre la fraude à laTVA et contre l'optimisation fiscale. Sur le volet aides aux entreprises, " nous avons ajouté lacontinuité de l'évaluation à chaque fois qu'il y a la baisse d'un impôt accordé aux entreprises".

Reste que s'il se confirme en séance publique à l'Assemblée que le gouvernement renonce au gelde certaines prestations sociales, il faudra trouver ailleurs des mesures d'économies équivalentes.Ou d'autres recettes...

 

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17 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

CARTE DE LA PAUVRETÉ > Le gouvernement a présenté mardi la nouvelle cartede la pauvreté. Un seul critère a été retenu pour déterminer si une communebénéficiera ou non des aides de l’Etat : le revenu des habitants.

latribune.fr

Nouvelle carte de la pauvreté : le revenu deshabitants pour unique critère

La nouvelle carte de la pauvreté a été publiée mardi par le gouvernement. Elle simplifie le zonagedes communes les plus pauvres. C'est en effet sur le critère unique du revenu des habitants queles concentrations urbaines les plus faibles seront identifiées.

Il y a un an et demi le gouvernement avait décidé de "remettre à plat" les critères de sélection descommunes éligibles à des aides spécifiques de l'Etat. C'est en février qu'il a inscrit dans la loi lecritère unique du revenu des habitants. Cette réforme répond à une politique de la ville souventjugée complexe par la Cour des comptes, par les acteurs locaux ainsi que les habitantseux-mêmes.

1300 quartiers sont ainsi concernés par la nouvelle réforme en métropole. 100 bénéficieront pour lapremière fois de la politique de la ville. Les territoires concernés se situent aussi bien en périphériedes grandes agglomérations qu'en zone rurale. Dans cette liste, présentée par la ministre de laVille Najat Vallaud-Belkacem, ont été retenues les zones où plus de la moitié de la population vitavec moins de 11.250 euros par an, soit 60% du revenu médian national (avec une pondérationselon le niveau de vie dans l'agglomération).

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18 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

Faire des territoires les plus faibles des territoires commes les autres

Des territoires, précédemment bénéficiaires de la politique de la ville, sont sortis de la carte. Oncompte 300 communes sorties du dispositif, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques (Biarritz,Hendaye), et en Seine-Maritime (Le Grand-Quevilly, Yvetot).

Là est bien le but de l'opération : "tous les quartiers ont vocation à sortir à terme de ces dispositifsd'exception", souligne le communiqué du ministère des droits des femmes, de la ville, de lajeunesse et des sports. Le dispositif de la politique de la ville sert de transition et permet auxterritoires les plus faibles de devenir, grâce aux aides, des territoires comme les autres.

Près de 20 milliards d'euros investis dans les dix années à venir

Certains maires déplorent de ne plus entrer dans les critères de sélection. Comme Hervé Mariton,maire UMP de la ville de Crest dans la Drôme, qui "regrette que cela signifie un retrait del'engagement de l'Etat" mais "comprend" le fait de "concentrer les aides de l'Etat sur les quartiersles plus en difficulté." 

Les zones les plus faibles ne sont par ailleurs pas uniformément réparties sur le territoire. En effetle Pas-de-Calais compte toujours 49 communes sur les 700 les plus pauvres et l'Ile-de-France plusde 150.

Près de 20 milliards d'euros investis dans les dix années à venir

Les fonds du ministère de la Ville, un peu plus de 300 millions d'euros, ne représentent pas dessommes importantes (de l'ordre de 31 euros par habitant en Seine-Saint-Denis) mais figurer sur laliste permet aussi de demander à entrer dans le programme de rénovation urbaine, doté, lui, demoyens très importants.

L'emploi des jeunes devrait être au cœur des projets, avec un soutien particulier à la créationd'entreprise. 400 millions d'euros seront mobilisés pour le développement économique de cesquartiers, à travers notamment des investissements dans les zones d'activité et le renforcementdes fonds propres des entreprises. La rénovation urbaine figure aussi parmi les priorités. Un thèmequi fera l'objet d'un programme de 5 milliards d'euros de subventions à l'automne. En bénéficieront200 quartiers sélectionnés pour présenter les dysfonctionnements urbains les plus lourds.

Au total près de 20 milliards d'euros seront investis sur la période 2014-2024.

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19 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

BUDGET DE LA SÉCU > Les députés socialistes sont tombés d’accord mardi surdes amendements à apporter aux textes budgétaires concernant la Sécuritésociale. Parmi eux, le dégel des pensions d’invalidité et des allocations logement.

latribune.fr

Les députés PS veulent le dégel des pensionsd'invalidité et des aides au logement

Des changements in-extremis. Les députés PS se sont mis d'accord pour demander desmodifications à apporter au budget rectificatif de la Sécurité sociale pour 2014 (PLFSSR), présentémercredi en Conseil des ministres. Ceux de 2014 comme de 2015 doivent en effet entériner le gelde certaines prestations sociales.

" Nous avons acté (...) le fait que nous déposerions un amendement demandant le dégel desindemnités sur l'invalidité et les accidents du travail et les maladies professionnelles", a déclaré leprésident du groupe PS, Bruno Le Roux, lors d'une conférence de presse.

S'entendre avec le gouvernement

Il a été " également décidé de déposer un amendement et de continuer la discussion avec legouvernement - puisque là nous n'avons pas trouvé un terrain d'accord - sur le dégel des aides aulogement au 1er octobre 2014", a-t-il ajouté.

Lors de leur réunion mardi matin en présence du Premier ministre Manuel Valls, les députés PS se

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sont accordés sur ces amendements qui seront portés par leur groupe dans les débats.

"Ce sont des avancées importantes", a salué auprès de l'AFP, l'élu des Hauts-de-Seine Jean-MarcGermain, un des "frondeurs" contestant la ligne économique du gouvernement, égalementporte-parole du groupe PS pour les projets de budgets de la Sécu.

Un retard dans les modifications

En raison d'une faille décelée par le Conseil d'Etat et révélée lundi, le gouvernement ne pouvaitintégrer dès le PLFSSR le gel des pensions invalidité/accidents du travail. Mais il voulait l'intégrerdans le PLFSS pour 2015, qui doit être présenté à la rentrée.

Le gel des aides au logement, qui auraient dû être revalorisées le 1er octobre 2014, figure enrevanche dans le budget rectificatif.

Des députés PS travaillaient depuis quelques temps avec le gouvernement pour étudiernotamment des " aménagements sur l'entrée dans la taxe d'habitation ", comme l'avait indiquémi-mai le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert.

Mardi matin, le groupe PS a "validé" le principe de la revalorisation des retraites de base inférieuresà 1.200 euros, un geste annoncé fin avril par M. Valls, alors que les pensions supérieures ne serontpas revalorisées au 1er octobre (300 millions d'euros d'économies).

"Pour les retraites complémentaires, il y a un accord entre les partenaires sociaux gérant l'Agirc etl'Arcco et il n'appartient pas au Parlement de revenir dessus ", contrairement aux souhaits decertains, a précisé M. Le Roux.

Les députés PS ont pour le reste validé les grandes lignes du projet de loi de finances rectificative(PLFR) et du PLFSSR.

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POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Le Medef a publié son deuxième "carnet de santé"sur l’Etat de la France... Pas bon. Le taux de marge des entreprises s’estfortement dégradé depuis 2007.

Jean-Christophe Chanut

Le Medef sonne le tocsin sur la situation desentreprises

Le Medef s'y était engagé: publier tous les deux ou trois mois un "carnet de santé" de la France.L'organisation a publié ce 17 juin une nouvelle livrée de ce carnet de santé. Et, le moins que l'onpuisse dire, c'est que le patient ne se porte pas très bien.  

S"appuyant sur des données officielles de l'Insee et de la Dares (service statistiques du ministèredu Travail), le Medef constate que "notre économie est toujours en panne et la productionindustrielle stagne sur un niveau inférieur de plus de 15% à celui de 2007"

523.000 emplois salariés perdus depuis 2007

Même constat sur le front de l'emploi. L'organisation patronale remarque - ce qui est vrai - que la:

 "dégradation est très marquée puisque depuis le 4ème trimestre 2007, plus de 523.000 emplois salariésont été perdus. Plus inquiétant, sur les 6 dernières années, le chômage de 2 ans et plus a augmenté de600.000 personnes et culmine à 1,1 million de personnes". 

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L'organisation patronale a l'honnêteté de publier des données remontant à 2007, soit l'annéed'avant crise qui coincide avec l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Onvoit donc bien que la dégradation de l'emploi n'a pas commencé en mai 2012 avec l'arrivée deFrançois Hollande et d'une nouvelle majorité. 

4 points de taux de marge perdus depuis 2007

La même analyse prévaut si l'on se concentre sur la compétitivité des entreprises. Depuis 2007, lesrémunérations salariales et les prélèvements obligatoires ont augmenté plus vite que la valeurajoutée, au prix d'une contraction sensible des marges et des profits avant distribution. La situationa continué de se dégrader en 2013. Ainsi, depuis 2007, les entreprises ont perdu près de 4 pointsde taux de marge, avec 29,7% de la valeur ajoutée, niveau le plus bas depuis 1985.

Limiter davantage les dépenses publiques

Le Medef compte arriver à la conférence sociale des 7 et 8 juillet avec ce carnet de santé   "pourpartager avec les organisations syndicales un constat objectif de la situation". Certes, mais si lesorganisations patronales et syndicales seront sans doute d'accord sur le diagnostic, il en ira toutautre s'agissant du remède.

Le Medef veut aussi profiter de ce carnet de santé dégradé pour interpeller le gouvernement etl'enjoindre d'aller a-delà de ce qui est prévu en matière de limitation des dépenses publiques (54milliards d'euros entre 2014 et 2017, soit plus de 2,5 points de PIB tout de même)

Il suggère également de se fixer un objectif de garder les dépenses publiques à leur niveau de2014 sur 4 ans, soit 1.200 milliards d'euros. Un objectif finalement pas si éloigné de celui dugouvernement. 

En attendant, le président du Medef, Pierre Gattaz voit dans le pacte de responsabilité un "débutde révolution culturelle . Pour autant, il juge "fondamental" que les "deux trajectoires" de baisse ducoût du travail et de baisse de la fiscalité "soient intégrées dans la loi dans les deux prochainessemaines", qualifiant ces deux éléments "d'épouvantails" de la France.

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PLACE DE PARIS > Michel Sapin, le ministre des Finances, a lancé lundi le"Comité Place de Paris 2020." L’objectif : s’assurer que les institutionsfinancières pourront répondre aux nouveaux besoins des entreprises, appelées àse financer davantage sur les marchés au cours des prochaines années.

Christine Lejoux

Financement des entreprises : Bercy décrètela mobilisation générale

Les temps changent, les besoins de financement des entreprises aussi. Jusqu'à présent, enFrance, les sociétés se finançaient à hauteur de 70% en moyenne via des crédits bancaires, et àconcurrence de 30% sur les marchés financiers. Mais, en raison, notamment, de la nouvelleréglementation dite de Bâle III, relative au renforcement des fonds propres des banques, cesdernières auront les coudées moins franches pour distribuer des crédits, au cours des prochainesannées.

 Résultat, les entreprises devront se financer davantage au moyen des marchés financiers,lesquels représenteront " une part très majoritaire de leur financement à la fin de la décennie2010/2020" , a prévenu Gérard Mestrallet, patron de GDF Suez et président de Paris Europlace -l'association chargée de promouvoir la place financière de Paris -, le 16 juin, à l'occasion dulancement du "Comité Place de Paris 2020" par Michel Sapin, le ministre des Finances.

 Des besoins de financement estimés à 100 milliards d'euros par an

Composé de représentants du Trésor, des régulateurs bancaire et financier - la Banque de France

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et l'Autorité des marchés financiers (AMF) -, de la Caisse des dépôts, des collectivités territoriales,comme Jean-Paul Huchon, le président du conseil régional d'Ile-de-France, de banques,d'assureurs, de sociétés de gestion, d'entreprises telles que Total, Pernod-Ricard et GDF Suez etde Gérard Mestrallet, ce comité doit " fédérer tous les acteurs de la place de Paris autour d'unestratégie d'ensemble", indique le ministère des Finances. 

 Car "il faut une place financière de Paris forte pour assurer le financement de l'économie, desentreprises" , a expliqué Michel Sapin. Surtout que les besoins de financement des sociétésfrançaises ne représenteront pas moins de 100 milliards d'euros par an, d'ici à 2020, selon lescalculs de Paris Europlace.

 Relancer une titrisation "dans un cadre clair et sûr"

 Ce "Comité Place de Paris 2020" aura donc pour première mission de réfléchir à la meilleure façonde répondre à ces besoins, et en particulier à ceux des PME et des ETI (entreprises de tailleintermédiaire), qui devraient passer de 10 milliards d'euros aujourd'hui à 20 milliards en 2020,d'après Gérard Mestrallet. Parmi les pistes à explorer, selon Michel Sapin, figure la titrisation, cettetechnique de financement qui consiste, pour les banques, à céder une partie de leurs portefeuillesde crédits à des investisseurs afin d'alléger leurs bilans et d'être ainsi en mesure de prêterdavantage.

 Certes, la titrisation est tenue pour responsable de la crise des "subprimes" (crédits hypothécairesaméricains risqués), mais le ministre des Finances a bien pris soin d'évoquer "la mise en place d'uncadre de titrisation clair, simple et sûr, dans lequel les banques garderaient une partie des risquesdans leurs bilans."

 Deux nouveaux produits d'assurance-vie cet été

 Lui aussi partisan de " la relance d'une titrisation maîtrisée et transparente" , Gérard Mestrallet aégalement cité comme pistes l'essor du crowdfunding (financement participatif) et de la finance diteresponsable, illustrée par la multiplication des émissions d'obligations "vertes" (green bonds).

 Deuzio, le "Comité Place de Paris 2020" planchera sur le moyen de mieux orienter l'épargne desFrançais vers le financement de l'économie réelle. Michel Sapin a ainsi rappelé la prochaine miseen place, cet été, des nouveaux contrats d'assurance-vie, dénommés Eurocroissance et VieGénération, qui permettront aux assureurs d'investir davantage l'épargne des ménages dans desPME et des ETI.

 La taxe sur les transactions financières dans le collimateur des banques

 Enfin, le comité réfléchira à la construction d'une place financière "attractive et dynamique." Là,

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Michel Sapin n'a pas évoqué de pistes, mais les acteurs de la place de Paris ont leur idée, qui n'estpas neuve pour la bonne raison qu'elle n'a jamais réellement été suivie d'effets : alléger, stabiliserl'environnement réglementaire et fiscal. La Fédération bancaire française (FBF) estime notamment"qu'il faut lever l'hypothèque du projet de taxe sur les transactions financières" qui serait mis enplace par dix Etats membres de l'Union européenne, dont la France.

 "Etendu aux produits dérivés, il générerait une délocalisation massive des transactions, en totalecontradiction avec le (souhait de) développement de la place de Paris", argumente la FBF. Resteque la fiscalité n'est pas une thématique simple pour un ministre des Finances qui doit faireéconomiser 50 milliards d'euros à la France d'ici à 2017.

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INTERVIEW > Votre employeur ne peut pas modifier votre contrat comme bon luisemble. C’est pourtant ce que laissait penser un arrêt de la Cour de cassation lasemaine dernière. Explications.

Romain Renier

"Non, l'employeur ne peut pas modifier votrecontrat de travail unilatéralement"

"Votre patron va pouvoir modifier votre contrat de travail". C'est sous ce titre digne de provoquerune vive polémique que la presse a évoqué un récent arrêt de la Cour de cassation . Dans cedernier, la Cour refusait de prononcer un licenciement et les indemnités qui vont avec en faveurd'un salarié, alors que son employeur avait baissé sa rémunération.

Il faut dire que pour le profane, l'argumentaire de la Cour de cassation manquait de clarté. Mais laréalité est parfois loin des apparences, et dans les faits, les juges ont plutôt ouvert la voie aumaintien de la relation de travail tant que celle-ci peut raisonnablement continuer. Explications deJean-François Cesaro, professeur et chercheur en droit social et droit du travail à l'Université deParis II - Panthéon Assas..

Pouvez-vous nous expliquer la décision prise par les juges de la Cour de cassation le 12juin dernier ?

Il s'agit du cas d'un VRP auquel l'employeur a imposé une baisse de son taux de commission.Dans les faits, il perdait sur cinq années l'équivalent de 80 euros par mois. Au bout de six ou sept

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années, il a saisi le juge pour résilier le contrat parce que l'employeur en a changé unilatéralementles termes. La Cour de cassation a finalement rejeté son action car au vu de la faiblesse dumontant, le manquement de l'employeur n'était pas suffisamment grave pour mettre fin au contrat.

Il n'y a donc pas de révolution dans l'air ?

Non pas du tout. Plutôt une évolution. Avant, la Cour de cassation considérait que le plus petitmanquement suffisait à rompre le contrat. Désormais, un petit manquement ne justifie pas larupture de la relation contractuelle. Mais cela ne signifie pas que l'employeur peut modifier lecontrat de son propre chef parce qu'il s'agirait de petites modifications. Ce serait aberrant !

Dans le cas étudié par les juges, l'employeur n'a pas respecté le contrat, et l'employé peut toujoursintenter une action pour obtenir les sommes qui n'ont pas été payées.

Pourquoi une telle évolution ?

Elle s'inscrit dans un mouvement plus global qui vise au maximum à maintenir la relation de travailtant que les manquements du salarié ou de l'employeur sont raisonnablement supportables.

Elle a suivi ce principe récemment pour la prise d'acte. La prise d'acte signifie qu'un salarié décidede rompre de lui même le contrat qui le lie à l'employeur parce qu'il en a assez des manquementsrépétés de son patron. Désormais, l'employé doit prendre acte dans un temps très court aprèslesdits manquements. S'il attend plus longtemps, il doit demander au juge la rupture du contrat,mais il ne peut plus le faire de sa propre initiative.

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POLITIQUE EUROPÉENNE > Le vice-chancelier allemand (SPD) Sigmar Gabriel adéfendu l’idée d’un changement de calcul des déficits publics en Europe. Uneproposition qui devrait rester lettre morte.

Romaric Godin

Europe : pourquoi Angela Merkel n'accepterapas de modifier le calcul des déficits

Pour certains, c'était le message que toute l'Europe attendait. Le vice-chancelier allemand, ministrede l'Economie, Sigmar Gabriel s'est ouvertement, lundi, déclaré favorable à un changement demode de calcul des déficits publics dans le cadre du pacte de stabilité, en excluant « le coût desréformes structurelles » afin d'accorder plus de temps aux pays qui, précisément, mettent enœuvre ces réformes. Le numéro deux du gouvernement allemand vient donc à l'aide de la Franceet promeut des règles qui permettraient à l'Europe d'échapper au phénomène de japonisation danslaquelle elle s'enfonce inexorablement. Mais il faut se garder de tirer trop hâtivement desconclusions et y voir une inflexion à venir de la politique allemande.

Les Sociaux-démocrates très discrets jusqu'ici sur l'Europe

Jusqu'ici, les Sociaux-démocrates allemands s'étaient montrés particulièrement discrets sur lapolitique européenne de l'Allemagne. Depuis la constitution du nouveau gouvernement de « grandecoalition », ils s'étaient concentrés principalement sur les questions de politique intérieure,particulièrement sur le salaire minimum. Dans le « contrat de coalition » signé avec la CDU et laCSU, la SPD avait, du reste, abandonné ouvertement la plupart de ses positions européennesdéfendues durant la campagne électorale. C'était le prix des concessions obtenus par ailleurs.

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Pourquoi alors cette proposition qui, comme le rappelle l 'éditorial passablement agacé de la Frankfurter Allgemeine Zeitung de ce mardi, « ruinerait ce que la chancelière avait péniblementbâti durant la crise de la zone euro, autrement dit un durcissement du pacte de stabilité » ?

Une SPD qui se sent plus fort

La réponse est encore sans doute à chercher dans la politique intérieure allemande. La SPD aplutôt le vent en poupe ces temps-ci, même si c'est une brise modérée. Certes, les sondagesfédéraux sont peu favorables (23 % des intentions de vote pour le dernier d'entre eux), maisplusieurs faits sont plus positifs. Le résultat de la SPD aux européennes (27,5 %), sans doute dopépar la présence de Martin Schulz comme candidat à la présidence de la commission et parl'abstention, a été ressenti comme une victoire , car même s'il est loin des scores historiques duparti, c'est une progression par rapport aux dernières européennes (où les 20 % obtenusreprésentaient un niveau historiquement faible) et par rapport aux élections fédérales de septembre(25 %). Surtout, les Sociaux-démocrates ont transformé l'essai ce dimanche en remportantquelques succès notables lors des élections municipales en Rhénanie du Nord Westphalie. Lamairie de Düsseldorf, notamment, un bastion CDU, est tombée dans leur escarcelle. La SPD sesent donc en position de force.

L'abandon partiel et progressif du « schrödérisme »

Sigmar Gabriel considère que ce qui permet à la SPD de progresser, c'est précisément l'abandonprogressif du « schrödérisme. » Sous son impulsion, le parti a clairement rompu avec certaines« réformes » de l'ancien chancelier. Le salaire minimum est une réponse à la précarisation et à lamodération salariale introduite par l'agenda 2010. De même, la SPD a défendu une réforme dusystème des retraites qui permet à certains salariés de toucher leur pension dès 63 ans, ce qui estun accroc direct dans la réforme de 2007 mise en place par la SPD et qui repoussait l'âge dedépart à la retraite jusqu'à 67 ans à partir de 2030. Et tout ceci n'a pas nuit, loin de là, aux scoresde la SPD : c'est un élément important pour Sigmar Gabriel qui a toujours défendu cette politiquede distanciation vis-à-vis de Gerhard Schröder, mais qui devait compter avec des résistancesinternes. Mais le vice-chancelier sait que les mauvais scores de la SPD depuis 2002 s'expliquentd'abord par un rejet par une partie de sa base des réformes de l'ancien chancelier.

Le « nein » de la chancelière

On comprend alors mieux la volonté de Sigmar Gabriel de pousser davantage son avantage enlançant ce débat sur les déficits. Mais la SPD peut-elle pour autant infléchir la politique européennedu gouvernement allemand ? Pour le moment, Angela Merkel et son très orthodoxe ministre fédéraldes Finances Wolfgang Schäuble ont toujours rejeté toute modification des règles de calcul dudéficit. Il est peu probable qu'ils évoluent sur ce point.

La pression d'AfD

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Car la chancelière est soumise à la pression importante qu'exerce le parti eurosceptique Alternativefür Deutschland sur la CDU. Avec ses 7 % aux européennes, ce parti est devenu l'obsession del'aile droite du parti d'Angela Merkel.   La très influente députée CDU Erika Steinbach s'estprononcée pour une coopération avec AfD et un responsable local du Brandebourg a annoncéavoir passé un accord avec les Eurosceptiques. L'idée qui se cache derrière cette coopération estsimple : la disparition du parti libéral FDP de la scène politique allemande condamne la CDU àgouverner avec la SPD ou les Verts, autrement dit avec la gauche. Il faut donc trouver un nouvelallié à droite. Et AfD est la seule possibilité.

Angela Merkel ne peut assouplir sa position européenne

Angela Merkel ne veut évidemment pas de cette alliance qui devrait l'amener à compromettre toutesa politique européenne fondée sur la sauvegarde de la zone euro. Elle doit donc apaiser cettegrogne et briser toute tentative de débat sur ce point au sein de la CDU. Pour cette raison, il ne luiest pas possible de donner l'impression de baisser la garde sur la question des déficits en zoneeuro. Accepter la proposition de Sigmar Gabriel reviendrait à créer un appel d'air en faveur d'AfDnon seulement au sein des cadres de la CDU, mais aussi au sein d'une certaine partie del'électorat CDU. L'éditorial assez violent de la FAZ de ce lundi accusant la SPD de ne connaîtreque «  les dettes comme moyen de créer la croissance  » montre que l'heure n'est pas encore àl'apaisement sur ce front outre-Rhin.

 Or, AfD, malgré ses difficultés internes, dispose désormais, grâce à son alliance au niveaueuropéen avec les Tories, d'une image beaucoup moins sulfureuse. Il n'est plus possible de jeterl'anathème sur ce parti en le qualifiant « d'extrême-droite. » Il devient donc une option pourl'électorat conservateur allemand. Et dans les sondages, il est désormais donné au-delà des 5 %dans les sondages sur une future élection fédérale. Le dernier, réalisé le 11 juin par l'institut Forsa,lui attribue même 8 % des intentions de vote, ce qui poserait un vrai problème à la CDU.

La polémique autour de la question du droit de vote de la Bundesbank au sein du conseil desgouverneurs de la BCE qui enflamme la presse allemande montre combien la question européenneest encore sensible outre-Rhin. Angela Merkel, qui ne veut pas ouvrir la boîte de Pandore d'unerenégociation du statut de la BCE, ne peut encore se permettre de jeter de l'huile sur le feu enacceptant un assouplissement des règles de déficit en Europe, alors même qu'elle a fondé tout sondiscours depuis 2011 sur leur renforcement comme garantie de la « stabilité » de l'euro et de« l'argent des contribuables allemands. » Elle aurait alors bien du mal à justifier sa position devantson électorat conservateur.

Wolfgang Schäuble, plus puissant que Sigmar Gabriel

Aussi ne doit-on pas oublier que face à Sigmar Gabriel se trouve Wolfgang Schäuble qui, lui, necesse de pester contre la politique de la BCE et réclame même une rapide remontée de ses taux.

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32 ÉconomieLA TRIBUNE 18/06/2014

Or, ce dernier est le vrai numéro deux du gouvernement. Dans la constitution fédérale, le ministredes Finances dispose d'une puissance inédite ailleurs : lui seul peut ainsi autoriser des dépensesexceptionnelles, même contre l'accord du chancelier (article 108). Plus concrètement, c'est lui quidirige l'essentiel de la politique européenne par sa participation à l'Eurogroupe. Sans l'accord deWolfgang Schäuble, le plus fidèle soutien à la politique européenne d'Angela Merkel, la propositionde Sigmar Gabriel restera lettre morte. Or, on voit mal Wolfgang Schäuble, qui est obsédé par laquestion de « l'aléa moral » autrement dit de cette idée selon laquelle tout adoucissement desrègles provoque des excès chez les « mauvais élèves », accepter l'idée de son collègue.

Faire sentir la pression de la SPD à Angela Merkel

Sigmar Gabriel joue donc son jeu politique. Sa position n'est pas aisée. En charge d'un dossierbrûlant et difficile (la transition énergétique), il sait aussi que la SPD n'est pas en position de forceau sein du gouvernement et n'est que le partenaire « junior » d'Angela Merkel. Il doit donc utilisertous les moyens possibles pour maintenir la pression sur la chancelière et lui montrer que, lui aussi,dispose d'un « pouvoir de nuisance. » Mais son influence sur la politique européenne demeure trèslimitée. Angela Merkel ne peut se permettre politiquement de donner à la SPD trop de gages sur cedossier. François Hollande ne doit donc pas trop compter sur un assouplissement des règles dedéficits.

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LA PHRASE DU JOUR > Le FMI a sabré sa prévision de croissance auxEtats-Unis pour 2014 en notant les faiblesses du marché du travail et en appelantla Banque centrale à différer la remontée de ses taux directeurs.

latribune.fr

Etats-Unis: "les cicatrices de la récessionsont encore visibles" (Lagarde)

" Les cicatrices de la récession sont encore visibles ". Voici ce qu'a déclaré lundi la directricegénérale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse àWashington.

Et pour cause. Dans son rapport annuel sur le pays, le Fonds se montre frileux quant auxperspectives économiques du pays. Il prend acte de l'actuel " rebond significatif " de la premièreéconomie mondiale, mais il juge qu'il ne suffira pas à compenser la " perte d'élan " du premiertrimestre où l'activité s'est contractée pour la première fois depuis trois ans, freinée par l'hiverrigoureux.

Baisse des prévisions de croissance

En conséquence, le produit intérieur brut américain ne devrait progresser que de 2% cette année -contre 2,8% prévus en avril - marquant une quasi-stagnation par rapport aux 1,9% enregistrés en2013, estime le FMI qui maintient en revanche sa prévision pour 2015 (3%).

Plus préoccupant, le Fonds a également abaissé ses prévisions de croissance sur le plus long

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terme à 2%, en nette baisse par rapport aux 3% observés en moyenne entre 1948 et 2007.

Aussi, face à ce potentiel de croissance déclinant, le Fonds appelle-t-il les Etats-Unis à investirmassivement (infrastructures, éducation...), mais surtout à remédier aux faiblesses de son marchédu travail, dont l'amélioration progressive ne serait qu'un trompe-l'oeil.

50 millions d'Américains touchés par la pauvreté

"La création d'emplois a été dynamique mais l'état du marché du travail est plus dégradé que ceque suggèrent les chiffres du chômage" qui déclinent lentement (6,3% en mai) depuis leur pic de larécession, assure le rapport, qui pointe notamment le nombre élevé de chômeurs de longue durée.

Selon le FMI, un retour à un marché de l'emploi "robuste" est pourtant requis pour permettre aupays de lutter contre la pauvreté qui touche, selon l'institution, près de 50 millions d'Américains.

Augmenter le salaire minimum

Certes, " une seule mesure ne permettra pas de s'attaquer à toutes ces questions ", a admisChristine Lagarde. Mais un premier pas pourrait être accompli en augmentant le salaire minimumfédéral, bloqué à son niveau actuel depuis cinq ans, plaide le FMI en relevant qu'il est " l'un desplus bas" au sein du monde industrialisé, relativement au salaire médian.

Ce faisant, l'institution prend parti dans un débat lancinant aux Etats-Unis: l'administration Obamaveut porter le salaire minimum fédéral de 7,25 à 10,10 dollars de l'heure mais se heurte àl'opposition farouche de l'opposition républicaine et des milieux d'affaires.

Aux législateurs de décider du montant

Le FMI prend toutefois soin de ne pas recommander un montant précis. "Est-ce que c'est 10,10dollars? C'est clairement aux législateurs de décider", a éludé Christine Lagarde, ajoutant que toutehausse serait "utile" d'un point de vue économique.

Se penchant sur la politique monétaire, le FMI assure que la Banque centrale américaine (Fed), quise réunit mardi et mercredi à Washington pour fixer son cap, doit faire face à de "nombreuses zones d'incertitude" liées notamment à l'état réel du marché du travail.

Le moment est crucial pour la Fed: son programme de rachats d'actifs est en voie d'extinction etdevrait s'achever à la fin de l'année, ouvrant la voie à une remontée des taux directeurs qui sontmaintenus proches de zéro depuis fin 2008 pour soutenir l'activité.

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DETTE D'ÉTAT > La Cour suprême des États-Unis a donné gain de cause auxdeux fonds qui avaient refusé de se plier au défaut partiel de l’Argentine en 2001.Elle a ainsi donné une prime aux créanciers face aux États en difficulté.

latribune.fr

Le cas argentin, un coup de grisou pour lesfaillites d'État

L'Argentine va devoir payer. Au terme d'une longue guerilla judiciaire, la Cour suprême desÉtats-Unis a décidé lundi que l'Argentine devrait rembourser les quelque 1,3 milliard de dollars dedette dues à des fonds vautours qui avaient refusé de se plier au défaut partiel du pays en 2001.

Tous les États en difficulté concernés

Première conséquence directe, la Bourse de Buenos Aires a décroché de 10% suite à l'annoncelundi. Mais il est une conséquence plus insidieuse qui n'a pas manqué d'être commentéeimmédiatement après que la décision soit rendue : désormais, les États acculés à la faillite risquentd'avoir le plus grand mal à obtenir un répit de leurs créanciers et à les convaincre de renégocier.

"Ce cas va bien au delà de l'Argentine parce qu'il compromet les possibilités pour d'autres pays derestructurer leur dette et qu'il renforce le sentiment que les créanciers récalcitrants peuvent obtenir gainde cause", a notamment expliqué Paulo Nogueira Batista, qui représente le Brésil au sein du Fondsmonétaire international (FMI).

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>> Lire aussi Dette : l'histoire d'une morale ou la moralité d'une histoire

Les créanciers incités à se montrer récalcitrants

De fait, la quasi-totalité des créanciers de l'Argentine avait accepté une décote de 70% au coursdes deux opérations de restructuration visant à éviter une banqueroute générale. Seuls deux fondsrécalcitrants avaient refusé de s'exécuter. Maintenant qu'ils ont obtenu gain de cause, cela vainciter les créanciers d'un pays asphyxié financièrement à refuser tout compromis dans l'espoird'obtenir le remboursement intégral de leur dû, majoré des intérêts.

"Même les créanciers prêts à accepter une restructuration pourraient hésiter en raison du risque que lepays ne puisse pas honorer ses engagements" du fait d'un possible blocage de l'ensemble du processuspar d'autres fonds vautours", s'inquiète Odette Lienau, spécialiste des restructurations de dette publiqueà l'université américaine de Cornell.

Opérations cruciale pour les pays en difficulté

Ces opérations sont pourtant cruciales pour les pays en difficulté. Au printemps 2012, la Grèceavait ainsi obtenu un effacement de dette de plus de 100 milliards d'euros, le plus important del'histoire, afin d'obtenir une petite bouffée d'oxygène.

>> Lire aussi "Les dirigeants européens ont en tête un nouveau "haircut" pour la Grèce"

"Si le fait de traiter avec un État en défaut de paiement est une source de tracas pour le marché,beaucoup d'investisseurs s'en passeront ou réclameront d'être davantage payés en retour" au risque degrever les finances des États, note Anna Gelpern, professeur de droit à l'université de Georgetown.

Mobilisation internationale contre cette décision

Les États n'ont, de leur côté, guère d'alternative. Si la restructuration leur est impossible, ils nepourront rembourser leurs créanciers qu'au prix de politiques d'austérité augmentant leurs recettesou coupant dans leurs dépenses, redoute Odette Lieneau.

L'impact potentiellement dévastateur du cas argentin n'a d'ailleurs pas échappé aux grandsargentiers du globe. Les États-Unis, la France, le Brésil, le Mexique ou le Prix Nobel d'économieJoseph Stiglitz sont intervenus en faveur de l'Argentine, en usant notamment de la procédured'"Amicus Curiae" permettant de tenter d'influencer la Cour suprême américaine.

"Il ne faudrait pas donner de prime aux créanciers procéduriers", avaient ainsi estimé les autorités

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françaises.

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Le FMI avait un temps voulu peser de son poids dans la balance en conseillant la Cour suprêmemais il avait renoncé, en juillet 2013, face aux réticences américaines. Dans un rapport remisquelques mois plus tôt, le Fonds n'avait toutefois pas fait mystère de ses inquiétudes suscitées parle cas argentin.

Nécessité d'un mécanisme international des faillites d'État

"Le litige actuel avec l'Argentine pourrait avoir des implications profondes sur de futures restructurationsde dette en donnant plus de pouvoirs aux créanciers récalcitrants", avait-il noté.

Selon les experts, l'épisode argentin met à nouveau en lumière la nécessité pour la communautéinternationale de se doter d'un mécanisme moins dépendant des aléas judiciaires. La dernièreproposition en date avait été portée en 2003 par le FMI mais avait été rejetée sous la pression desÉtats-Unis et des grands pays émergents.

>> Lire aussi "En pratique, un monde sans dette serait un désastre" (David Graeber)

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ESPACE > Safran et Airbus Group veulent mettre la main sur l’autorité de designdes lanceurs logée au Centre national d’études spatiales (CNES) et surArianespace. L’Etat resterait le maître d’oeuvre de la stratégie spatiale.

Michel Cabirol

Airbus et Safran lancent une OPA sur lesactivités spatiales de l'Etat

C'était dans l'air depuis un bon petit moment, notamment dans les esprits des deux industrielsAirbus Group et Safran, partenaires de longue date dans tous les programmes de lanceurseuropéens et de missiles balistiques. Derrière la coentreprise (joint-venture) entre Safran et AirbusGroup dans le domaine des lanceurs spatiaux, se cache en fait le vrai objectif de cette opération :mettre enfin la main sur l'autorité de design des lanceurs aujourd'hui, un bijou de technologies logéau Centre national d'études spatiales (CNES) ainsi que sur Arianespace (détenu à 34,6 % par leCNES), responsable des approvisionnements et de l'assemblage final des lanceurs en Guyane etde l'ensemble des opérations de lancements. Ce qui était une incongruité depuis trop longtempsaux yeux des deux industriels dans l'organisation de la filière spatiale.

Arianespace et le CNES vendus ?

Le seul à jouer cartes sur table, c'est le PDG de Safran, Jean-Paul Herteman. "Dans notre idée, lanouvelle entité a vocation aussi à intégrer l'opérateur de lancement Arianespace et lescompétences de la direction des lanceurs du CNES" , a-t-il déclaré en présence du PDGd'Arianespace Stéphane Israël et du directeur du CNES Jean-Yves Le Gall, en sortant d'uneréunion à l'Élisée. C'est ce que disait déjà dans une interview accordé à La Tribune, Stéphane

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40 EntrepriseLA TRIBUNE 18/06/2014

Israël : "L'industrie souhaite récupérer l'autorité de design, les institutions étant davantage dans unrôle d'autorité de certification".

Pourquoi ? Pour récupérer notamment les budgets de développement de l'État français sans qu'ilsne passent entre les mains du CNES, accusé d'avoir "trop de gras" par les industriels et qui serabientôt réduit au rôle d'une direction générale de l'armement (DGA). Cette opération en deux tempsa la bénédiction du président de la République, qui a reçu les impétrants tôt lundi matin et a salué "l'ambition commune affichée par les groupes Airbus et Safran dans le domaine du spatial" , une

"étape majeure vers la consolidation de la filière spatiale européenne, génératrice d'emploi,porteuse d'avenir, et élément de souveraineté".

C'est ce confirme la secrétaire d'Etat chargée du dossier spatial, Geneviève Fioraso. "Les industriels seront responsables de toute la chaîne de valeur, de la conception jusqu'aulancement et la commercialisation , a-t-elle expliqué, l'Etat restant maître de la stratégie" . C'est àeux de trouver la forme juridique adéquate, avec le CNES et Arianespace , a-t-elle précisé. "Le calendrier est serré, on a jusqu'à la fin de l'année pour arriver à ça" . La seule question qui sepose : l'Etat va-t-il maintenant brader ses bijoux ?

SpaceX, un modèle subventionné par la NASA...

Pour forcer la main à l'Etat et ouvrir son coffre-fort, il fallait donc une action des deux industriels, quine pouvait que contraindre les pouvoirs publics à bouger, et un chiffon rouge. En regroupant leursforces dans les lanceurs spatiaux, les deux industriels ont trouvé le moyen de faire bouger l'Etat,qui va très certainement abandonner son leadership dans la conception des lanceurs spatiaux. Lechiffon rouge, c'est bien sûr SpaceX, diabolisé pour le danger que l'américain représente maissurtout envié par les industriels pour son modèle intégré. Sauf que ce modèle ne tient que par lesaides massives de la NASA au lanceur Falcon.

Mais les industriels ne veulent retenir que les succès de ce modèle bancal bâti dans l'un des paysles plus protectionnistes au monde, les Etats-Unis. Dans une interview accordée le 9 juin à l'AFP,Tom Enders, qui s'est beaucoup investi dans la réussite de cette opération entre Safran et AirbusGroup, n'avait pas caché son admiration devant "la vitesse de décision et d'exécution, la capacitéde prendre des risques" d'entrepreneurs comme le fondateur de SpaceX, Paypal et Tesla Motors,le milliardaire Elon Musk.

Des synergies ?

Airbus Group et Safran resserrent leurs liens pour proposer une nouvelle famille de lanceurscompétitifs, polyvalents et performants, afin de répondre aux besoins commerciaux etinstitutionnels du marché, expliquent Safran et Airbus Group. "Notre objectif principal restel'amélioration de la compétitivité de notre activité lanceurs , a expliqué Tom Enders cité dans le

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communiqué commun d'Airbus Group et de Safran. Le programme Ariane est un immense succèsdepuis trente ans, mais pour qu'il demeure viable et compétitif, nous devons mettre en place unestructure industrielle nettement plus efficace. C'est ce que les clients attendent de notre part. Notreaccord avec Safran est le point de départ d'une aventure passionnante qui verra naître une filièreeuropéenne de lanceurs plus intégrée, plus performante et donc plus rentable". A suivre...

Dans un premier temps, Airbus Group, qui n'a pas hésité récemment à tailler dans ses effectifsdans les activités espace, et Safran devraient créer une joint-venture de programmes, regroupantleurs contrats de programmes civils et leurs principales participations dans le domaine des lanceurscommerciaux. A terme, des actifs industriels seraient apportés afin de créer une entreprise à partentière, leader mondial, et détenue conjointement. La création et le début des opérations de lajoint-venture sont prévus avant la fin de l'année 2014.

Les deux groupes n'ont jusqu'ici guère évoqué les synergies. Mais elles devraient se jouer à lamarge même si ce n'est neutre. Grâce à une entité intégrée, les deux partenaires géreront "plus efficacement les interfaces, ce qui fera gagner du temps et in fine de l'argent", explique unbon connaisseur des dossiers spatiaux. Et puis les deux partenaires devront définir la façon dont ilstravaillent en commun, notamment l'organisation industrielle. Ils devront organiser enfin lagouvernance.

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LA CITATION > Lors d’une réunion organisée mardi matin à l’Elysée, Siemens etMitsubishi ont présenté à François Hollande et aux ministres concernés leurprojet d’alliance avec Alstom dans l’énergie, concurrent de l’offre ferme de rachatdéposée par GE et qui s’inscrit dans une logique de partenariat défendue parl’Etat français.

latribune.fr

Alstom: "les offres doivent être améliorées"(Elysée)

Peut mieux faire. Tel est, en substance, la réponse de la présidence française aux offres dereprises d'Alstom présentées par l'américain General Electric (GE) et le tandem germano-nipponSiemens-Mitsubishi Heavy Industries.

Lors d'une réunion organisée mardi matin à l'Elysée, Siemens et Mitsubishi ont présenté à FrançoisHollande et aux ministres concernés leur projet d'alliance avec Alstom dans l'énergie, concurrentde l'offre ferme de rachat déposée par GE et qui s'inscrit dans une logique de partenariat défenduepar l'Etat français.

Des offres à revoir

Pour rappel, les groupes allemand et japonais proposent sept milliards d'euros en numéraire pourreprendre certains actifs d'Alstom, mais aussi la création de coentreprises garantissant le maintiend'une importante présence du français dans l'énergie.

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De son côté, GE propose de racheter la totalité de la branche énergie d'Alstom pour 16,9 milliardsde dollars (12,5 milliards d'euros au change actuel) dans le cadre d'une offre ferme sur laquelle legroupe français doit se prononcer d'ici au 23 juin.

Mais du côté de l'Elysée, on explique à l'AFP que les négociations sont loin d'être concluantes:

"Les discussions vont encore continuer cette semaine entre l'Etat et les différentes entreprises. Lesoffres doivent être améliorées. Tant qu'il sera possible, nous souhaitons qu'elles le soient". "GE doitrevenir vers nous au cours des prochains jours"

"Aucune raison d'améliorer l'offre" selon Siemens

Les deux intéressés n'ont pas mis de temps à réagir. Siemens et son partenaire japonais MitsubishiHeavy Industries ne voient actuellement aucune raison d'améliorer leur offre sur le groupe françaisAlstom, a déclaré mardi le président du directoire du groupe allemand, Joe Kaeser.

"Pourquoi une offre qui est déjà supérieure devrait-elle être améliorée ? Il n'y a aucune raison pourle moment de discuter de cela", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Paris avec Mitsubishi.

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AÉRONAUTIQUE > Décryptage. Airbus étudie une modernisation de l’A330 pour2018. L’essentiel de l’amélioration de performances proviendrait de nouveauxmoteurs.

Fabrice Gliszczynski

Faut-il un Airbus A330 Neo face au Boeing787 ?

Faut-il un Airbus A330 Neo (new engines options) ? Faut-il dupliquer sur ce biréacteur long-courrierde 220 à 300 sièges (voire plus chez certains opérateurs), mis en service en 1994 une recettesimilaire à celle qui fonctionne à merveille sur le moyen-courrier avec l'A320 Neo ? Le dossier seratranché « d'ici à la fin de l'année » assure Airbus, peut être dès le salon aéronautique deFarnborough en juillet selon plusieurs observateurs. Si Airbus appuie sur le bouton, l'avion pourraitêtre mis en service en 2018.

Plus complexe que l'A320 Neo?

Il est peut être plus complexe que celui de l'A320 Neo qui, lancé commercialement fin 2010, doitdébuter ses essais en vol en septembre pour une mise en service en 2015. Car, contrairement àl'A320 Neo qui permet de mieux préparer la succession de l'A320 à l'horizon 2030 tout enmaintenant à distance les industriels chinois et russes qui rêvent de briser le duopole Airbus Boeingsur le marché des avions de plus de 150 sièges, la problématique de l'A330 est différente.

L'avenir incertain de l'A350-800 

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Elle consiste améliorer un appareil au moment même où celui qui est censé le remplacer (enpartie) l'A350, va entrer prochainement en service d'ici à la fin de l'année. Présenté comme cela, lerisque de cannibalisation est fort. Sauf que la version de l'A350 en cours de certification n'est pascelle dont la capacité serait proche de celle de l'A330-300. Il s'agit de l'A350-900, plus gros quel'A330-300 (314 sièges en tric-classes). Et que l'A350-800 (270 sièges) appelé sur le papier àoccuper le créneau de l'A330-300 reste incertain en raison de son faible niveau de commandes(34). Initialement, sa mise en service est prévue mi-2016. Mais bon nombre d'observateurs etd'experts parient sur son abandon ou sa suspension pour mieux se concentrer sur l'A350-1000(365 sièges), prévu en 2017 et qui a la lourde charge de détrôner le B777 sur le marché des350-400 sièges.

Boeing bien armé sur ce segment de marché

Si Airbus laissait tomber l'A350-800 sans lancer d'A330 Neo, il laisserait le créneau du 220-300sièges long-courrier à Boeing et son Boeing 787, un avion de nouvelle génération, dont lesversions 8 et 9 (ce dernier a été certifié hier) proposent 242 et 280 sièges en version tri-classespour un rayon d'action de 14.500 km.

Airbus ne peut donc laisser un tel trou dans sa gamme. Et est obligé de moderniser l'A330.D'autant plus qu'il y a une demande sur ce marché du 200-300 sièges. Les compagnies aériennesont besoin de telles capacités pour défricher des nouvelles lignes long-courriers, ajouter desfréquences sur des routes existantes, ou bien s'adapter la saisonnalité d'une ligne. Le gros de lademande concerne un avion disposant d'un rayon d'action allant de 4 à 6.000 miles nautiques(7.400 à 11.100 kilomètres). Une sorte d'avion « super régional » capable, notamment de faire dutransatlantique, de relier la côte ouest des Etats-Unis à Hawaï…, mais aussi de relier l'Europe à ungrand nombre de villes asiatiques, africaines, des Caraïbes, d'Amérique latine… , un besoincouvert par le 787, dont le rayon d'action apparaît même surdimensionné par rapport à la longueurde ces étapes.

 Rayon d'action

«Avec des nouveaux moteurs, l'A330 peut atteindre la même consommation de carburant que leB787-9. L'A330 n'a pas de problème de montée en cadence de la production, est très fiable, et restemoins cher. Pourquoi une compagnie achèterait un produit plus cher ? » expliquait en fin de semainedernière Fabrice Brégier, le président exécutif d'Airbus, filiale d'Airbus Group (ex-EADS), « Pour le rayond'action ? Seuls 20% des compagnies veulent un rayon d'action supérieur à celui de l'A330» ? a-t-ilajouté.

Reste à définir les améliorations à apporter à l'A330. Comme le dit Fabrice Brégier, "cela ne selimite pas à mettre de nouveaux moteurs, c'est un peu plus compliqué que cela". "Nous regardonstous les paramètres, mais nous ne nous précipitons pas".

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L'équation est en effet complexe: doter l'A330 de nouveaux moteur plus efficaces et plus grosnécessite de renforcer et d'améliorer la voilure. Un gain de poids qui peut être en partie compenséepar un allègement de la masse de l'avion. « Ayant la même ossature que le quadrimoteur A340,l'A330 « trimbale de la masse inutile qui peut être retirée », explique un expert. Autre question :faut-il ou pas modifier les systèmes en alignant ces derniers sur ceux de l'A350?.

 

« La conception du fuselage de l'A330 remonte à 30-40 ans, celle des systèmes à 30 ans, celle desmoteurs à 25 ans : l'A330 doit être modernisé », explique un expert.

Pour autant, même si, selon des analystes, Airbus table sur un budget de 1,5 milliard de dollarspour l'A330 Neo, il n'entend pas tout révolutionner. Le principal contributeur de gain restera lesmoteurs.

Un marché de plus de 1000 avions en 20 ans?

"Peut-être vaut-il mieux attendre que la technologie en termes de moteurs permette d'apporter tousles avantages et ne pas perdre avec certains aspects ce que vous gagnez avec les moteurs", a ditKiran Rao, responsable de la stratégie et du marketing d'Airbus.

 Plusieurs clients poussent Airbus à franchir le pas.

"Je pense qu'il y a un très gros potentiel de marché. Entre 1.100 et 1.200 appareils sur 20 ans", aindiqué début juin à La Tribune Steve Udvar-Hazy, le PDG d'ALC, Air Lease Corporation. JohnLeahy, le directeur commercial d'Airbus, a quant à lui déclaré que le projet à l'étude visait à avoir« le même nombre de sièges, les mêmes coûts opérationnel que le Boeing 787-9, pour un rayond'action inférieur ». Côté prix, Steve Udvar-Hazy évoque « un prix similaire » à l'A330 actuel. Leprix catalogue de l'A330-200 s'élève à 216 millions de dollars, celui de l'A330-300 à 239,4 millionsde dollars.

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47 EntrepriseLA TRIBUNE 18/06/2014

AÉRIEN > La Compagnie, marque commerciale de DreamJet, débutera ses volsParis-New York le 11 juillet prochain avec un avion composé d’une seule classeaffaires. Les prix seront jusqu’à 67% moins chers que ceux des concurrents.

Fabrice Gliszczynski

La Compagnie croit au low-cost en classeaffaires face à Air France (DreamJet)

 "The Rocket is in the launchpad". C'est en citant célèbre tweet de Xaviel Niel peu avant lelancement de Free sur le marché de la téléphonie mobile en janvier 2012 que l'homme d'affaires etpolitique français Charles Beigbeder a donné ce lundi le coup d'envoi de La Compagnie, unnouveau transporteur aérien français 100% classe affaires à prix cassés. Il en est à la fois l'un desactionnaires et le co-président du conseil de surveillance avec Michel Scheler, ancien directeur dela DGAC.

Service quotidien en octobre

Marque commerciale de la société Dreamjet, La Compagnie n'assurera qu'une seule ligne :Paris-New York à raison de 4 vols par semaine dans un premier temps avant de passer à unservice quotidien en octobre. L'activité débutera le 11 juillet avec un décollage de l'aéroport RoissyCDG1 à 17h50 pour une arrivée le même jour à Newark à 20h30 (heure locale). Le retour est prévuà 21h45 pour une arrivée le lendemain à Paris à 11h15. La Compagnie débutera avec un seulavion. Un deuxième est attendu en fin d'année.

74 sièges seulement

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48 EntrepriseLA TRIBUNE 18/06/2014

La Compagnie a porté son choix sur le Boeing B757. Il sera équipé d'une seule cabine composéede 74 sièges de classe affaires, une configuration très éloignée de la capacité maximale de cetavion (220 sièges), mais proche de celle de L'Avion (90 sièges), qui, il y a sept ans, faisait aussi dulow-cost 100% Business sur Orly-Newark en B757 avant d'être vendue à British Airways en 2008,18 mois après son lancement.

Air France monte en gamme sur Paris-New York

La différence du nombre de sièges entre l'Avion et La Compagnie provient de la différence deproduits entre les deux compagnies. L'Avion était équipé de fauteuils de classe affaires datant de ladeuxième moitié des années 90 tandis que La Compagnie dispose de sièges transformables en litplat mais pas horizontaux. Un peu comme le sont aujourd'hui ceux d'Air France, qui va lesremplacer par des « full flat bed » sur 44 Boeing 777. Le premier avion d'Air France équipé de cesnouveaux produits sera d'ailleurs mis en ligne sur Paris-New-York dans les prochains jours. Le fullflat bed est aujourd'hui la référence pour les compagnies haut de gamme.

« Nous ne voulons avoir la meilleure classe affaires du monde, répond Frantz Yvelin, mais le meilleurrapport qualité/prix ».

Selon lui, les tarifs (hors promotion de lancement à 1776 euros TTC l'aller-retour pour deuxpersonnes) vont osciller entre «1.300 euros TTC l'aller-retour par personne et 4.328 euros». « Nosprix seront jusqu'à 67% moins chers que ceux de nos concurrents », a-t-il ajouté avec montrant uncomparatif de prix.

Rentabilité espérée d'ici 12 à 18 mois

La Compagnie compte atteindre la rentabilité rapidement. « D'ici 12 à 18 mois», explique FrantzYvelin. Le transporteur a levé 30 millions d'euros auprès d'hommes d'affaires comme CharlesBeigbeder, Michel Cicurel, l'ancien patron de la Compagnie financière Edmond de Rothschild, PaulMizrahi….

"Nous ne sommes pas là pour faire un coup, nous sommes dans une logique à long terme", jure CharlesBeigbeder. « Nous allons atteindre rapidement une certaine rentabilité et c'est sur cette rentabilité et surles dividendes que les actionnaires trouveront leurs satisfaction financière ».

Pas sûr en effet qu'ils puissent refaire le coup de L'Avion vendue pour 68 millions d'euros à BritishAirways.

Forte concurrence

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Air France, qui avait pris la menace de L'Avion au sérieux à l'époque, semble beaucoup plussereine aujourd'hui. Alexandre de Juniac, son PDG, ne croît pas à la pérennité de La Compagnie.La tâche sera en effet compliquée.

Quand L'Avion a été conçu en 2005-2006 l'environnement était complètement différent. Lacoopération entre Air France-KLM et Delta n'était pas aussi puissante, celle entre British Airways etAmerican n'existait pas sur le transatlantique, un concurrent comme Openskies (la filiale de BA quia racheté l'Avion pour faire disparaître la marque et revenir à une configuration classique) non plus,et les compagnies américaines dans leur ensemble étaient au plus mal quand elle sont aujourd'huisolides sur la plan financier.

En outre, l'A380, toujours très attractif auprès des clients, n'existait pas sur Paris-New-York. A celas'ajoute la force des programmes de fidélité des mastodontes du secteur, celui d'Air France-KLMen particulier. En revanche, il y a une évolution qui est favorable à La Compagnie : la réduction desbudgets voyages des entreprises et l'amplification de la chasse aux coûts.  

 

 

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GRÈVE SNCF > Au 7e jour de la contestation, les syndicats CGT et Sud-Railappellent les cheminots à "faire grandir le rapport de force" alors que les députésentament ce mardi l’examen de la réforme ferroviaire à l’origine du conflit. LaCGT cheminot a d’ores et déjà annoncé ce midi que la grève était reconduitemercredi.

latribune.fr

La grève à la SNCF reconduite mercredi : lescheminots ne désarment pas

Le climat se tend. La CGT vient d'annoncer que la grève allait se poursuivre mercredi contre laréforme ferroviaire arrivée ce matin à l'Assemblée nationale. En gare Montparnasse, des cheminotsbloquent même des voies.

Le taux de grévistes s'est maintenu mardi matin à 14,1% pour l'ensemble du personnel, selon ladirection de la SNCF, qui prévoit cependant une "nette amélioration" du trafic mercredi.

Un nombre de gréviste qui se maintient

Les grévistes ne faiblissent pas. Bien au contraire: malgré une érosion continue du taux departicipation au conflit (de 14,2% lundi contre 27,64% le premier jour), les syndicats CGT etSUD-Rail refusent de désarmer au septième jour de la grève des cheminots alors que lesparlementaires doivent se pencher dans l'après-midi sur le texte de loi qui vise à stabiliser la dettede 44 milliards d'euros du secteur ferroviaire et à préparer son ouverture totale à la concurrence, à

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l'origine du conflit.

Pour ce faire, le projet de loi prévoit de regrouper dans une holding publique la SNCF et Réseauferré de France (RFF), qui gère le réseau. Près de 400 amendements ont été déposés, émanant detous les groupes.

"Faire grandir le rapport de force"

Mais ce projet n'est pas du goût des syndicats contestataires, qui ont appelé lundi soir lescheminots à "faire grandir le rapport de force" après avoir été reçus par la direction de la SNCF. Ilsl'accusent d'avoir " joué la provocation en radicalisant " son attitude envers les grévistes quiprotestent contre la réforme et d'avoir jugé " les revendications des cheminots hors-sujet" . Lesquestions abordées avec la direction portaient sur les salaires, l'emploi, les conditions de travail etnon pas sur la réforme, mais pour la CGT-cheminots et SUD-Rail "tout est lié".

Le débat à l'Assemblée, prévu pour durer jusqu'à jeudi, doit débuter par un discours de FrédéricCuvillier et sera suivi par deux motions de procédure contre le projet qui n'ont aucune chance d'êtreadoptées. Après la discussion générale, d'environ deux heures et demie, l'examen du texte devraitdébuter dans la soirée article par article, amendements par amendements.

Une organisation complexe

Ce texte prévoit une organisation complexe avec à sa tête un établissement public à caractèreindustriel (Epic) nommé SNCF. Cet Epic de tête, dit encore Epic "mère", chapeautera deux Epic"filles": "SNCF Mobilités", soit l'actuelle SNCF, qui exploitera les trains et "SNCF Réseau", l'actuelRéseau ferré de France (RFF) qui gère l'infrastructure avec SNCF Infra.

Selon le rapporteur du projet de loi à l'Assemblée, le député PS de Gironde, Gilles Savary, lesamendements portent notamment sur la garantie d'institutions représentatives du personnelcommunes aux trois Epic, avec en particulier un Comité central d'entreprise commun. Ilsconfirmeront aussi les missions de l'Epic de tête qui aura en charge la gestion du personnel.

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GRÈVE SNCF > Les reports continus de la grève de la SNCF mettraient à mall’industrie chimique. Une situation critique qui pourrait avoir des répercussionsdramatiques sur le secteur.

latribune.fr

Grève de la SNCF : les industriels de la chimies'inquiètent

La grève, amorcée le 11 juin, se poursuit encore aujourd'hui. Malgré un taux de participation desgrévistes en baisse (14.8% lundi selon la SNCF contre 27.64% le premier jour), le trafic reste trèsperturbé. Une situation que redoutent notamment les industriels de la chimie puisque selon l'Uniondes industriels chimiques (UIC), cela entraîne de "graves conséquences" sur leur activité etengendre "une situation très critique pour plusieurs entreprises du secteur"

"Le transport et la logistique représentent environ 10% du chiffre d'affaires du secteur" , expliquel'organisation professionnelle de la chimie. Ainsi "les surcoûts pour les entreprises de la chimie sontd'ores et déjà estimés à plusieurs millions d'euros." Et de renchérir : "Certaines unités deproduction risquent de s'arrêter si elles ne sont pas livrées par voie ferroviaire au plus vite."

"Des conséquences irrémédiables sur notre économie"

L'Union des industriels chimiques explique que "certains sites industriels ne peuvent recevoir leursmatières premières ou expédier leurs produits finis que par voie ferrée" , ajoutant que "tout reportmodal sur la route ne peut donc être envisagé" . "Les limites de stockage des produits sur site

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industriel ne permettent pas aux entreprises de faire face à une situation qui perdure" , poursuitl'UIC, précisant que "les ruptures de stocks peuvent rapidement se traduire par des arrêts deproduction (...) qui risquent d'entraîner des mesures de chômage partiel".

L'Union des Industries Chimiques (UIC) demande que "des solutions soient trouvées rapidementafin d'éviter des conséquences irrémédiables sur notre économie."   Avant de préciser que "lasituation critique dans laquelle nous sommes entraînera des problèmes d'approvisionnement surtoutes les filières industrielles."

>> Lire : 7e jour de grève à la SNCF : les cheminots refusent de désarmer

 

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AUTOMOBILE > L’usine tchèque commune PSA-Toyota annonce un petitbénéfice avant impôts 10 millions d’euros au titre de l’an dernier, en baisse de13%. La production baisse rgulièrement depuis 2009. L’arrivée des nouvellesPeugeot 108 et Citroën C1 II devrait regonfler les volumes du site.

Alain-Gabriel Verdevoye

Tout petit profit pour l'usine tchèque desmini-Peugeot 108 et Citroën C1.

L'usine tchèque commune PSA-Toyota a annoncé ce mardi un petit bénéfice avant impôts de 278millions de couronnes (10 millions d'euros) l'an dernier,  en baisse de 13%.  Le chiffre d'affaires del'usine, située à Kolin (60 kilomètres à l'est de Prague) a également reculé de 13%à 29,8 milliardsde couronnes (1,1 milliard d'euros). Mais 2014 et 2015 devraient faire mieux, alors que, leweek-end dernier, Citroën et Peugeot lançaient leurs nouvelles "minis" C1 II et 108 co-produites surle site avec la Toyota Aygo II.

580 millions d'investissements

Le groupe attribue le recul de l'an dernier à une baisse des ventes générée par des modèlesanciens, les ex-C1 et 107 de 2005, ainsi qu'à des investissements massifs pour le lancement d'unenouvelle génération  de petites citadines. " Nos investissements ont dépassé 16 milliards decouronnes (580 millions d'euros) en 2013, chiffre le plus élevé depuis le démarrage du site en 2005", selon le vice-président de TPCA, société à 50-50 franco-nippone, Patrice Le Guyader. 

L'an dernier, l'usine n'a produit que 185.127 véhicules, en recul de 14%, pour des capacités de plus

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de 300.000. La production de Kolin est en baisse constante depuis le  record de 2009 (332.489unités).  En 2015, le site espère parvenir à produire quelque 200.000 véhicules pour le groupe PSAet 100.000 pour Toyota.

Petits prix pour les citadines

La Citroën C1 II démarre à 9.950 euros en version de base Start trois portes. Les prix grimpentjusqu'à 15.400. Ces mini-citadines reprennent la plate-forme ainsi que le petit moteur tricylindre 1,0de 68 chevaux de Toyota. "Toyota a fait 70% du boulot et PSA 30%", reconnaissait Pascal Béziat,Directeur du projet pour les deux modèles du groupe PSA, rencontré dernièrement.

PSA s'est "chargé des achats, de modules comme le chauffage-climatisation, des sièges". Et, "c'est le style PSA qui a gagné la compétition interne avec Toyota pour la définition générale (ndlr :le design des pièces communes)". PSA apporte une deuxième motorisation à essence, un 1,2 de82 chevaux produit en France. Toyota ne l'utilisera sur sa nouvelle Aygo II que sur quelquesmarchés européens.

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LA GAFFE > General Motors va rappeler 3,36 millions de véhiculessupplémentaires pour un défaut lié au démarreur qui empoisonne déjà sa viedepuis plusieurs mois, portant à plus de 20 millions le nombre de voituresrappelées depuis le début de l’année.

latribune.fr

General Motors a déjà rappelé 20 millions devéhicules en 2014

Le constructeur automobile General Motors (GM) est en train de battre un triste record. Enannonçant le rappel de 3,36 millions de véhicules lundi, l'américain passe ainsi la barre des 20millions de véhicules rappelés depuis le début de l'année. Dont 17,56 millions sur le seul territoireaméricain.

Politique de "risque zéro"

Ce qui équivaut à plus de la moitié des 31 millions de véhicules, déjà un record, rappelés parl'ensemble des constructeurs aux États-Unis en 2004, alors qu'on est au milieu de l'année. Cette année-là, le premier constructeur américain avait fait revenir à lui seul environ 11 millions devéhicules auprès de ses concessionnaires.

Pas de quoi jeter d'emblée la pierre au constructeur américain, cependant. Car si ces rappels semultiplient, c'est parce que la directrice générale du groupe, Mary Barra, a mis en place unepolitique de "risque zéro", si bien qu'à la moindre alerte, les véhicules sont immédiatement

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rappelés, selon la communication officielle du groupe.

Un problème qui dure

Mais cette annonce tombe tout de même mal. Le groupe automobile est en effet depuis plusieursmois sur le grill pour avoir tardé à rappeler 2,6 millions de Chevrolet Cobalt, Saturn Ion et Sky,Pontiac 5 et Solstice, produites entre 2003 et 2011, et rappelées en février, dix ans après ladécouverte du problème. Ce dysfonctionnement est associé à au moins 13 morts et à 54 accidents,selon le dernier décompte de GM.

Cette fois-ci encore le défaut porte, comme dans l'affaire des rappels tardifs, sur la clef de contactqui active le commutateur d'allumage. Celle-ci peut glisser accidentellement de la position "marche"à "arrêt", ce qui peut avoir des conséquences sur la direction assistée et dans certains casconduire les airbags à ne pas se déployer, selon GM.

>> Lire aussi Rappels massifs : Mary Barra, la patronne de GM, savait-elle ?

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CONCURRENCE > L’association de protection des consommateurs a saisi mardil’Autorité de la concurrence pour qu’elle condamne les pratiques"anti-concurrentielles" de GDF Suez.

latribune.fr

Gaz: l'UFC Que Choisir passe à l'action etsaisit l'Autorité de la concurrence contre GDFSuez

L'UFC Que Choisir passe à l'action. En effet, après le succès de son opération "gaz moins cherensemble " lancée le 25 novembre 2013, qui a notamment permis à quelques consommateursd'obtenir un allègement de leur facture de 15% - l'association de protection des droits desconsommateurs a annoncé ce mardi dans un communiqué la saisine de l'Autorité de laconcurrence "pour qu'elle condamne les pratiques anti-concurrentielles de GDF-Suez".

L'association dénonce en outre l'utilisation par l'opérateur historique de ses fichiers clients, pour "leur vendre de l'électricité sur le marché concurrentiel". Ce qui, à ses yeux, "constitue unavantage injustifié par rapport aux autres acteurs du marché".

Le consommateur est libre sans le savoir

D'autant plus que l'association estime que GDF profite de la méconnaissance des clients, qui, biensouvent, sont persuadés qu'ils ne peuvent résilier leur contrat pendant un ou deux ans alors que "de par la loi, le consommateur est libre de résilier à tout moment son contrat et de changer de

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fournisseur". Ce qui permettrait "de faire jouer librement la concurrence par les prix".

Aussi l'UFC:

"ordonne la cessation dans les plus brefs délais de l'utilisation du fichier TRV (tarif réglementé de vente)aux fins de démarchage ainsi que la présentation incomplète et donc trompeuse de la duréed'engagement dans ses offres à destination des consommateurs"

>> Gaz: 13,7 millions d'euros gagnés grâce à l'offre de l'UFC Que Choisir

 

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LE DEAL > Le géant britannique s’allie avec la compagnie pétrolière chinoiseCNOOC pour un contrat de fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) à long terme.

latribune.fr

Le géant pétrolier britannique BP signe uncontrat de 20 milliards de dollars avec laChine

BP va pouvoir sabrer le champagne. Et pour cause: le géant pétrolier britannique doit signer cemardi un contrat de fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) à long terme avec la compagniepétrolière chinoise CNOOC, dans le cadre d'une visite à Londres du Premier ministre chinois LiKeqiang, a annoncé le directeur général de BP, Bod Dudley.

Sur 20 ans

Il s'agit d'un contrat sur 20 ans, et d'une valeur totale de 20 milliards de dollars (soit environ 14,75milliards d'euros), a précisé Bob Dudley à des journalistes, en marge du Congrès pétrolier mondialqui se déroule jusqu'à jeudi à Moscou.

"Un bon prix"

Ce contrat représente " un bon prix pour nous, et un bon prix pour eux ", a assuré le directeurgénéral, ajoutant que "c'est un bon accord et un bon lien commercial entre le Royaume-Uni entre la

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Chine".

Selon la presse britannique, le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell devrait également signer uncontrat avec CNOOC lors de la visite de Li Keqiang, qui débute ce mardi un déplacement de troisjours au Royaume-Uni.

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CONTENTIEUX > La marque à la pomme serait parvenue à régler un contentieuxsur les prix des livres électroniques par un accord à l’amiable avec desconsommateurs aux Etats-Unis.

latribune.fr

Apple fait la paix avec les consommateurs surle prix des livres électroniques

Ils l'accusaient d'entente illégale sur les prix des livres électroniques. Des consommateurs quipoursuivaient Apple en justice aux Etats-Unis sont finalement parvenus à un accord à l'amiableavec l'entreprise.

Une action judiciaire collective des consommateurs

La firme de Cupertino (Californie) a trouvé avec les consommateurs et certains Etats desEtats-Unis une entente de principe qui doit encore être approuvée par le tribunal de district de NewYork, selon des documents judiciaires consultés par l'AFP.

"Les parties ont informé le tribunal qu'elles avaient trouvé un accord de principe mettant fin auxdifférentes plaintes regroupées dans une action en nom collectif (class-action)", écrit un tribunal dusud de Manhattan à New-York.

Les termes de ce compromis, portant sur les dommages et intérêts devant être versés par Apple,n'ont pas été révélés. Les parties ont 30 jours pour le présenter à la Cour qui doit le valider.

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Des prix gonflés au détriment des consommateurs

Les plaignants réclamaient 840 millions de dollars de dommages à Apple, accusant le géantinformatique américain d'avoir gonflé ses prix au détriment des consommateurs à hauteur de 280millions de dollars, et réclamant en compensation trois fois ce montant.

L'accord est relatif à un jugement en appel de 2013 de la juge américaine Denise Cote estimantque la firme à la pomme et cinq grands éditeurs américains s'étaient entendus pour gonfler les prixdes livres électroniques. Apple assure ne jamais avoir contourné les lois anti-trust.

Éliminer la concurrence dans la vente de livres électroniques

Les plaignants, selon la juge Cote, avaient démontré que les éditeurs Hachette, Macmillan,Penguin, HarperCollins et Simon & Schuster, s'étaient entendus les uns avec les autres pouréliminer la concurrence dans la vente de livres électroniques au détail, en augmentant le prix desebooks.

Elle avait ajouté qu'Apple avait orchestré cette entente, alors que le géant s'apprêtait à lancer soniPad au printemps 2010. Les cinq éditeurs concernés avaient déjà trouvé un accord avec lesplaignants, seul Apple traînait encore des pieds.

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ASSURANCE > L’assureur veut utiliser Linkedin à la fois pour augmenter saclientèle et accroitre son vivier de recrutement. Aux Etats-Unis, les trois quartsdes agents utilisent déjà les réseaux sociaux pour vendre de l’assurance

latribune.fr

Après Facebook, Axa signe un accordmondial avec LinkedIn

Axa et LinkedIn ont annoncé ce mardi la signature d'un accord mondial de partenariat. L'assureurrémunérera le réseau social -pour un montant qui n'a pas été dévoilé- en échange d'un accèspremium de tous ses collaborateurs et agents à LinkedIn.

Aux Etats-Unis, 3.000 agents de l'assureur -soit les trois quarts d'entre eux- utilisent déjà le réseausocial depuis peu, ainsi que Facebook, pour vendre des contrats. Axa a pu établir un bilan sur les600 premiers agents ayant eu recours à ce nouveau type de vente, depuis plus d'un an: lesdonnées sont plus qu'intéressantes, puisqu'ils affichent une croissance à deux chiffres de leursventes, grâce à ce nouveau type de canal.

Comme l'explique Frédéric Tardy, directeur marketing et distribution d'Axa, "LinkedIn permet deconnaître, entre autres, un changement de job d'une personne présente sur le réseau. Cechangement est  souvent synonyme de hausse de salaire, et peut donc être une occasion pour unagent d'assurance de proposer, par exemple, de produits d'épargne".Ainsi, dans la Silicon Valley,"deux tiers de l'activité des agents passe par les réseaux sociaux".

A charge pour l'agent de calibrer son message, qui est toujours personnalisé (pas question de

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65 EntrepriseLA TRIBUNE 18/06/2014

spam). Des formations sont d'ailleurs prévues à cet effet. Il s'agit d'adapter la communication,d'expliquer qu'on ne rédige pas un message sur LinkedIn comme un mail.

En France, 55 agents ont déjà commencé une telle formation, avec des collaborateurs de LinkedIn.Pour la plupart des salariés d'Axa, elle aura lieu toutefois en ligne.

Recruter des "talents"

Les collaborateurs d'Axa auront recours aussi à LinkedIn pour un tout autre usage: le recrutementde collaborateurs, notamment dans le domaine de la high tech et du "digital". "Beaucoup sont trèssollicités et ne répondent même pas aux chasseurs de têtes" estime Frédéric Tardy. "En étantvisibles sur LinkedIn, en sachant envoyer le bon message au bon moment, il est possible de sedonner une chance supplémentaire de recruter des talents".

 

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66 EntrepriseLA TRIBUNE 18/06/2014

ACQUISITION > Le fonds d’investissement hongkongais Kai Yuan Holdings aannoncé mardi le rachat de l’hôtel pour 344,5 millions d’euros au groupeimmobilier français MCE PropCo.

latribune.fr

L'hôtel Marriott des Champs-Elysées passe àson tour sous pavillon chinois

L'hôtel Marriott vient donc ajouter son nom à la liste de ceux déjà passés sous pavillon chinois... Le fonds d'investissement hongkongais Kai Yuan Holdings, spécialisé dans l'énergie et l'acier, a eneffet annoncé mardi le rachat de l'établissement 5 étoiles situé au 70-72 de la célèbre avenueparisienne des Champs-Elysées, pour 344,5 millions d'euros au groupe immobilier français MCEPropCo, avec le projet d'en faire une référence dans le haut de gamme pour les touristes chinois.

Kai Yuan va recourir à l'emprunt pour financer l'acquisition devant être finalisée au plus tard le 5septembre, qui comprend les murs et l'exploitation de l'hôtel. Un actionnaire lui accorderanotamment un prêt de 280 millions de dollars (206 millions d'euros).

Améliorer le taux d'occupation de l'hôtel

A deux pas de l'Arc de Triomphe et des boutiques de luxe et de grand luxe qu'affectionnent lesChinois fortunés, l'hôtel installé dans un immeuble de 1914 - il compte 167 chambres, 25 suites etprès de 600 mètres carrés d'espace de réunion répartis sur 7 étages - accueille actuellement uneclientèle venue surtout d'Amérique du Nord, du Proche-Orient et d'Europe.

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67 EntrepriseLA TRIBUNE 18/06/2014

" Le groupe considère que davantage d'effort doit être porté sur le marché chinois " pouraméliorer si possible le taux d'occupation de 88% enregistré ces trois dernières années, a préciséKai Yuan dans un communiqué boursier.

Un chiffre d'affaires en hausse de 15% pour Kai Yuan

Cotée à Hong Kong, Kai Yuan Holdings employait un peu plus de 200 personnes fin 2013. L'andernier, le groupe a dégagé un chiffre d'affaires de 757,5 millions de dollars de Hong Kong (72millions d'euros) contre 659 millions en 2012 (+15%) et réduit sa perte nette à 104,9 millions contreplus de 1 milliard de dollars HK l'année précédente.

Dans son rapport financier 2013, Kai Yuan indiquait vouloir se diversifier à Hong Kong dans lefinancement d'entreprises, l'hôtellerie et "continuer à explorer les opportunités" dans des secteursvariés "y compris, mais sans s'y limiter, en Asie et en Europe ". A Hong Kong, il possède l'hôtelButterfly in Waterfront (anciennement Hotel de Edge), un établissement de 90 chambres.

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68 EntrepriseLA TRIBUNE 18/06/2014

L'IDÉE DU JOUR > Vendre au poids et sans emballage, c’est l’idée de quatreBerlinoises qui veulent monter un supermarché écologique et anti-gaspillageoutre-Rhin.

latribune.fr

Un supermarché sans emballage contre legaspillage et les déchets

" La nature a déjà emballé (les fruits et les légumes). A quoi bon un emballage plastiquesupplémentaire ?" s'interroge Milena Glimbovski, co-créatrice d'Original Unverpackt. Ce projet desupermarché sans emballage à Berlin devrait ravir les adeptes du "precycling", qui consiste à nepas produire de déchets, plutôt qu'à les recycler.

Selon le site Biolaune, l'idée est simple: vendre les aliments au poids, en libre service, et nonemballés aux clients qui doivent venir les chercher avec leurs propres récipients. Pour ceux quin'en disposent pas, Original Unverpackt mettrait à disposition des contenants réutilisables.

Une réponse au gaspillage

Pour les trois jeunes Berlinoises à l'origine du projet, l'idée est d'encourager une sorte d'écologiepréventive. L'objectif est double. D'une part, réduire la quantité de déchets liés aux emballages,voire les supprimer totalement. Et d'autre part, lutter contre le gaspillage alimentaire. Les produitsétant vendus au poids ou à la pièce, suivant leur nature, les consommateurs ne prendraient que laquantité souhaitée.

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69 EntrepriseLA TRIBUNE 18/06/2014

Un effet, loin d'être anodin, lorsque l'on sait, comme le relève Biolaune, que près de 50% de laproduction alimentaire mondiale est gaspillée, selon les chiffres de l'Organisation des Nations uniespour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

>> Lire 750 milliards de dollars : le coût annuel du gaspillage alimentaire

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70 Banque & FinanceLA TRIBUNE 18/06/2014

BANQUE DE DÉTAIL > Seulement 4% des personnes interrogées parPanorabanques.com ont choisi de devenir clientes d’une banque 100% en ligne.Les Français veulent pouvoir rencontrer un conseiller, en cas de problème.

Christine Lejoux

Les "pure players" de la banque en ligne ?Les Français ne leur disent pas (encore) "oui"

D'accord, les agences bancaires font de moins en moins recette. Plus d'un quart (27%,exactement) des Français déclarent aujourd'hui ne plus y mettre les pieds, contre 24% en 2013,d'après une étude publiée le 16 juin par le site de comparaison d'offres bancairesPanorabanques.com, qui a réalisé une enquête quantitative auprès de 31.945 personnes âgées de18 à 50 ans, complétée par un sondage qualitatif auprès de 817 Français.

 C'est la fameuse révolution du numérique, du digital qui pousse les Français à snober leur agencebancaire . Pourquoi se déplacer quand il est si simple de gérer ses comptes via Internet, et plusparticulièrement au moyen du sacro-saint smartphone, devenu une quasi-extension du bras duFrançais lambda ? D'autant plus qu'à l'heure d'Internet, la plupart des quelque 38.000 agences del'Hexagone continuent de baisser leur rideau à 18 heures au plus tard, des horaires peu pratiquespour les personnes qui travaillent.

 Pouvoir rencontrer un conseiller en cas de problème

Pour autant, " les Français hésitent encore à sauter le pas vers une banque 100% en ligne (…).

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Cette dernière n'a pas encore fait le plein de clients", affirme l'étude de Panorabanques.com. Loinde là, même, puisque 4% seulement des personnes interrogées ont succombé à la tentation dedevenir clientes d'un "pure player" de la banque sur Internet, tel que Boursorama Banque, Fortuneoou bien encore ING Direct. Une hésitation qui résulte notamment du souhait des clients de pouvoirparler les yeux dans les yeux à un conseiller bancaire, en cas de problème.

Et pourtant, les Français sont loin de tresser des lauriers au personnel des agences , plus de lamoitié (52,5%) des sondés ne jugeant pas utile de disposer d'un conseiller dédié. D'abord parceque celui-ci change tous les trois ans environ, dans le cadre des programmes de mobilitéprofessionnelle des banques. Ensuite, parce que les clients éprouvent une certaine méfiance àl'égard de leur conseiller , qu'ils suspectent "d'essayer de (leur) vendre des produits pas toujoursadaptés", selon Panorabanques.com.

 Des marques qui n'inspirent pas encore confiance

Si la plupart des Français demeurent réticents à devenir clients de banques 100% en ligne, c'estégalement parce qu'ils "n'ont pas encore confiance dans les pure players" de ce secteur, poursuitle site de comparaison d'offres bancaires. Il faut dire qu'exister depuis 1864, comme la Sociétégénérale qui fête cette année ses 150 ans, cela pose une banque.

Enfin, les banques traditionnelles ont su développer des services bancaires sur Internet "très proches" de ceux proposés par les "pure players" de la banque en ligne, expliquePanorabanques.com. Aussi leurs clients s'en trouvent-ils satisfaits et ne voient donc pas pourquoiils opteraient pour une banque purement virtuelle, laquelle ne leur offrirait pas en plus cettepossibilité à laquelle ils tiennent de rencontrer des conseillers "pour de vrai."

 Des tarifs 2 à 4,5 fois moins élevés au sein des banques en ligne

Mais la donne pourrait changer d'ici quelques années. Notamment en raison des tarifs desbanques "tout Internet", 2 à 4,5 fois moins élevés que ceux des établissements bancairestraditionnels, en moyenne, d'après Panorabanques.com. A cet égard, l'exemple du commerce enligne est peut-être édifiant. Il y a quelques années encore, nombre de Français rechignaient àacheter sur Internet, par peur de voir leurs données bancaires piratées.

Aujourd'hui, le e-commerce rencontre un véritable succès dans l'Hexagone. Question de temps,d'apprentissage… De fait, pas moins d'un Français sur cinq envisage d'ouvrir un compte chez un"pure player" de la banque en ligne, dans les prochaines années, selon l'enquête dePanorabanques.com.

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IMMOBILIER > Les changements de municipalités ainsi que les difficultésrencontrées par la promotion privée contraignent les bailleurs sociaux quirisquent de ne pas atteindre les objectifs fixés en 2014.

Mathias Thépot

Les 150.000 logements sociaux promis neseront pas livrés en 2014

Malgré tous les efforts du gouvernement pour que soient construits 150.000 logements sociaux paran, soit 30% des nouveaux logements, il semble que, au moins pour 2014, cet objectif ne soit pastenable… si l'on en croit le leader du logement social français, 3F.

Son directeur général, Yves Laffoucrière, craint de ne pas pouvoir atteindre l'objectif que s'est fixé3F de lancer la production de 7.900 logements en 2014. "3F ne tiendra pas ses objectifs de misesen chantier pour cette année car en Île-de-France, la production de 1.500 de nos logements estbloquée", déplore-t-il.

Les bailleurs dépendant des promoteurs privés

Il évoque pour justifier les blocages en cours deux raisons -qui sont d'ailleurs valables pour lesautres bailleurs sociaux- : la première tient aux obstacles que rencontrent les promoteurs privés. Ils

éprouvent en effet les pires difficultés à commercialiser des logements en Vefa (vente en l'étatfutur d'achèvement) à des prix en adéquation avec une demande affaiblie par la crise. Constatantun niveau trop faible de commercialisation, les banques n'accordent pas leur financement aux

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73 Banque & FinanceLA TRIBUNE 18/06/2014

promoteurs, ce qui obère le lancement d'opérations ainsi que de la partie des projets consacréeaux logements sociaux.

Les nouveaux maries stoppent des opérations de construction...

La seconde raison évoquée par Yves Laffoucrière est encore plus conjoncturelle. Elle est relativeaux changements de majorité dans les villes après les élections municipales de mars 2014. "Certains maires élus ont fait campagne contre des projets de construction… ", constateYves Laffoucrière. Résultat, plusieurs projets sont retardées, voire "définitivement perdus", regrettele directeur général de 3F.

... mais encouragent davantage les ventes aux locataires

En revanche, le basculement de certaines municipalités de gauche à droite a eu un effet plusbénéfique pour les affaires des bailleurs sociaux. En effet, il serait plus concevableidéologiquement pour les mairies de droite d'encourager la vente aux locataires de logementsHLM.

Yves Laffoucrière l'a remarqué avec deux mairies - Colombes et Clamart- qui ont basculé à droiteaux dernières élections municipales et qui donnent désormais davantage de marges de manœuvreau bailleur pour vendre à des locataires. Cette technique a permis à 3F de dégager plus de 100millions d'euros de chiffre d'affaires en 2013. Et lui permet d'accroître sa capacitéd'autofinancement en période de raréfaction des subventions de l'Etat.

150.000 logements sociaux pour 2015?

De quoi -peut-être- atteindre l'objectif de 150.000 logements mis en chantier en 2015. D'autant quede nombreuses mesures de soutien à l'immobilier social ont été récemment mises en place. Quece soit la loi de mobilisation du foncier public - entrée en vigueur en janvier 2013 - qui permet auxbailleurs sociaux de bénéficier de terrains publics à prix réduit ; les allègements de TVA avec lepassage au taux réduit de 5,5% au 1er janvier 2014 pour la construction neuve et les travaux derénovation ; mais aussi le relèvement du plafond du livret A en deux temps entre octobre 2012 etjanvier 2013, qui a participé à accroître le volume de fonds disponible pour le financement deslogements conventionnés.

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74 Banque & FinanceLA TRIBUNE 18/06/2014

CRISE DU LOGEMENT > Les pays du nord de l’Europe s’endettent nettement pluspour l’immobilier que les pays du sud.

latribune.fr

Immobilier : où se trouvent les ménages lesplus endettés en Europe ?

Un peu plus de 40.000 euros, c'est l'encours de crédits immobiliers par ménage propriétaire enUnion européenne. Les prêts à l'habitat représentent 85% de l'endettement global des ménageseuropéens. Il n'y a en fait que deux pays du Vieux continent où le poids du crédit à laconsommation est plus important que le crédit immobilier : la Hongrie et la Roumanie.

Le Royaume-Uni et l'Allemagne concentrent 40% des encours en Europe

L'endettement immobilier est plus fort dans les pays de l'Europe du Nord, qui "représente 62 % desencours de crédits immobiliers et 41 % de la population européenne", indique une étude du CréditFoncier. L'encours moyen par ménage propriétaire y est égal à 61 484 euros.

Ainsi le Danemark, (avec un encours de crédits immobiliers par ménage propriétaire de 185.000euros), le Luxembourg (149.500), la Suède (81.500), les Pays-Bas (77 .000), l'Irlande (69.500) et leRoyaume-Uni (68.500) sont les six pays européens où l'endettement immobilier par ménagepropriétaire est le plus important. Deux de ces pays, le Royaume-Uni et l'Allemagne, concentrentmême près de 40 % des encours de crédits immobiliers d'Europe alors qu'ils représentent 29 % dela population européenne.

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75 Banque & FinanceLA TRIBUNE 18/06/2014

La France, huitème pays européen le plus endetté

A l'inverse, en Europe du Sud, (Chypre, Espagne, France, Grèce, Italie, Malte et Portugal) "les ménages sont, en moyenne, moins endettés. Ses pays membres représentent 35 % desencours de crédits immobiliers et 38 % de la population européenne ", note le Crédit Foncier. "L'encours moyen par ménage propriétaire y est égal à 37.775 euros", ajoute-t-il. Et si l'on prendplus spécifiquement le cas de la France, on constate qu'elle se situe dans une positionintermédiaire, au huitième rang, avec un encours par ménage propriétaire français de 49608.euros.

"Le crédit immobilier représente en France 86 % de l'endettement total ; cette part tend à augmenter :elle était de 79 % il y a 10 ans et augmente régulièrement depuis lors", note le Crédit Foncier.

Preuve notamment de l'appétence des Français pour l'accession à la propriété.

Les pays de l'Est ne représentent que 3% des encours de crédits immobiliers

La troisième catégorie de pays européens étudiés par l'étude, ceux de l'est, est pour sa partfaiblement endettée en immobilier. Ces pays représentent seulement 3 % des encours de crédits àl'habitat pour 21 % de la population européenne. L'encours moyen par ménage propriétaire y étantégal à … 5 393 euros.

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76 OpinionsLA TRIBUNE 18/06/2014

OPINIONS > L’assurance santé en France est trop complexe et coûteuse. Il fautinstaurer la concurrence, ce qui n’interdit pas un cadre destiné à maintenirl’universalité de la couverture santé. Par Aurélien Véron, Président du PartiLibéral Démocrate.

Aurélien Véron

Ouvrons l'assurance maladie à laconcurrence

L'annonce d'un déficit supérieur aux prévisions, à 9,9 milliards, est devenue un rite annuel pour lasécurité sociale. Année après année, la dette sociale grossit pour atteindre près de 200 milliardsd'euros à ce jour. Coupes, rabotages, chasse à la fraude, rien n'y fait. L'assurance maladie reste untrou sans fond qu'aucun gouvernement ne parvient à boucher. Notre système santé est l'un desplus coûteux dans les comparaisons internationales (au moins 7,2 milliards d'euros par an de plusque l'Allemagne, selon une analyse comparative de l'Institut Thomas Moore).

Les Français en ont pourtant de moins en moins pour leur argent. Les charges sociales de labranche maladie pèsent lourd, les remboursements sont de plus en plus faibles et le personnelmédical et paramédical reste mal rémunéré. L'enjeu n'est pas simplement comptable.

 

L'assurance maladie n'apporte pas de plus-value au secteur de la santé

Organisme actuellement sans tête, la compétence de l'assurance maladie se réduit à encaisser lescotisations et à payer les producteurs de soin sans apporter la moindre plus-value au secteur de lasanté. Cet aspect inquiétant du monopole semi-nationalisé explique pour bonne part le déclin denotre système de soins. Le gouvernement se charge de négocier seul les conditions tarifaires avecles médecins, les établissements publics et privés et les groupes pharmaceutiques dans un espritde planification d'un autre âge.

Or, la santé n'a pas de prix, mais elle a un coût. Le secteur de la santé est une industrie qui pèse12% du PIB et emploie 2,5 millions de personnes. Il est impensable qu'un pan aussi vaste de notreéconomie obéisse aux seules logiques clientélistes d'un ministre, de quelques conseillers et desreprésentants des corporations médicales et paramédicales.

 

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77 OpinionsLA TRIBUNE 18/06/2014

La sécurité sociale ne se réformera pas d'elle-même

Les différents modèles de santé qui nous entourent en Europe montrent qu'un bon système desanté repose sur une bonne architecture assurantielle. Construire et faire évoluer l'architecture d'unsystème de santé complexe constitue précisément la mission des mutuelles et assurances desanté. Or, la sécu ne se réformera pas d'elle-même. C'est pourquoi nous devons l'ouvrir à laconcurrence.

Comme dans l'aviation ou la téléphonie mobile, c'est la fin du monopole qui permet à une vieillestructure bureaucratique de se moderniser. L'émulation d'un secteur libre favorise l'innovation etune amélioration, au meilleur prix, des services au consommateur. Instaurer la concurrencen'interdit pas de fixer un cadre qui maintienne l'universalité actuelle de la couverture santé pour lessoins lourds, les urgences et la maternité.

 

Des partenariats assureurs/acteurs de la santé seraient plus rationnels

Nous devons distinguer l'assurance de la solidarité. Interdisons aux assureurs de sélectionner leursassurés en fonction de leur état de santé ou de leurs antécédents. La seconde existe déjà, c'est laCMU financée par l'impôt.

Avec la concurrence d'assureurs de santé dignes de ce nom, disposant de managers qualifiés etd'outils modernes de pilotage de l'offre de soin, les acteurs de la santé se retrouveraientpartenaires des assureurs par des accords bien plus rationnels que l'arbitraire d'Etat : passage duremboursement à l'acte à la capitation, système d'urgences bien plus agile et économe, meilleurearticulation entre cliniques privées et hôpitaux publics, entre structures plus légères et médecineambulatoire, suivi renforcé des médecins, de leur formation tout au long de leur carrière et de leursprotocoles de soin, tarifications bien plus fines, etc.

 

31% des Français prêts à opter pour une assurance privée

Les Français sont de plus en plus nombreux à souhaiter une telle réforme. Pendant de nombreusesannées, les 170.000 frontaliers avec la Suisse ont eu la possibilité de quitter la sécu pour choisirune assurance privée. Neuf sur dix ont fait ce choix tant la différence de prix était grande. L'annéedernière, Marisol Touraine a supprimé arbitrairement ce régime au 1er juin 2014, suscitant denombreuses manifestations et pétitions. Preuve supplémentaire de l'évolution des mentalités, unsondage de l'Ifop pour L'Opinion début avril indique que 31% des Français seraient prêts à opter

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78 OpinionsLA TRIBUNE 18/06/2014

pour une assurance privée. La santé des Français mérite l'ouverture de ce débat.

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79 OpinionsLA TRIBUNE 18/06/2014

OPINIONS > L’antivirus était focalisé sur l’éminination des virus lors de sacréation. Aujourd’hui, les nouveaux modèles de sécurité informatique détectentles menaces inconnues. Par Corto Gueguen, Ingénieur Sécurité Réseaux deNomios.

Corto Gueguen

Agé de 25 ans, l'antivirus n'est plus l'uniquerempart face aux cyberattaques

« L'antivirus est mort » vient de déclarer Symantec. Un pavé dans la mare pour les éditeursd'antivirus mais aussi l'occasion de revenir sur cette technologie qui est vielle de 25 ans, de sepencher sur les faiblesses du modèle antivirus actuel et s'intéresser aux technologies récentes quipeuvent chambouler totalement ce modèle.

La création des premiers virus informatiques remonte presque à la même période que les premiersordinateurs. On a d'ailleurs récemment "fêté" la création du premier virus, né en 1971, qui avaitpour objectif d'afficher un message sur le poste : rien de plus. Depuis, l'informatique a pris uneplace de plus en plus importante dans la vie quotidienne. De jouets pour geeks, les ordinateurssont devenus des outils de travail prenant une place de plus en plus centrale. Par contre, lasécurité informatique est restée au stade du jouet pour geek : à noter l'installation d'IPS qui resteencore marginale. Le pourcentage des sociétés mettant à jour ces IPS est encore plus faible.

 

Avant, un programme malveillant était forcément supprimé

Lorsque les virus ont commencé à devenir plus présents (avec "I Love You" dans les années 90),la nécessité d'avoir une protection s'est faite ressentir chez les particuliers et les professionnels.Ainsi, les antivirus ont commencé à devenir de plus en plus présents.

Le constat de l'époque était simple : un programme est malveillant, il faut le supprimer. Leproblème est de savoir quel programme est considéré comme malveillant ou non. Il y a 25 ans, lasolution la plus rapide, simple et efficace a été de créer une liste des programmes malveillants.Chacun possédant une signature unique, il suffisait de mettre celle-ci dans la base de l'anti viruspour qu'il le considère comme un virus. Les hackers étaient ainsi bloqués.

Cependant, les pirates informatiques ont plus d'un tour dans leurs sacs. La signature est bloquée ?

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80 OpinionsLA TRIBUNE 18/06/2014

Il suffit de la modifier à la volée, l'antivirus ne pourra plus arrêter le virus. Les anti virus ont ensuitemis en place de l'heuristique "permettant" d'analyser ce que le virus faisait. Résultat ? Aucun, lesvirus passent toujours car les hackers ont déjoué les systèmes heuristiques, en modifiant lecomportement de l'exécutable ou de l'OS.

 

La passivité de la sécurité des protections et antivirus

L'histoire du chat et de la souris se répète ainsi depuis des années entre les créateurs de virus etles logiciels de protection. Les éditeurs antivirus ne sont pas les seuls acteurs de la sécurité d'unOS : Windows (et les autres) est depuis Vista, de plus en plus présent dans la protection de sonsystème d'exploitation. Firewall intégré, Windows Essentials, ASLR et autres mécanismes deprotection (mis en place pour éviter les attaques trop simples) ont permis de bloquer les piratesquelques temps, mais des parades ont rapidement été trouvées. A chaque défense mise en place,une attaque permet de la supprimer. En somme, on peut résumer en disant que la sécurité estpassive, elle ne fait qu'attendre une attaque pour la contrer, lorsque c'est possible.

Aujourd'hui, à l'heure du tout connecté, il est important d'avoir une sécurité antivirale, ce qui n'est lecas nul part. En effet, le modèle de base de données de signatures montre - et ce depuis plusieursannées - son incapacité à bloquer les virus poly et métamorphes qui permettent de déjouerfacilement les systèmes de signatures. Sans aller aussi loin, des systèmes de chiffrementd'exécutables, qui combattent les antivirus, sont disponibles pour quelques dollars sur le marchénoir.

 

La mise à jour des antivirus, un problème pour les entreprises

L'heuristique n'est pas non plus une protection à toute épreuve. Pour se cacher, un virus va utiliserun système de « hook », c'est-à-dire en modifiant le comportement des fonctions systèmes. Lesantimalwares vérifient ainsi que ce comportement n'est pas modifié de manière illégitime, maissouffrent des mêmes faiblesses : il est donc facile de changer le comportement de la protection.

Un autre problème inhérent aux bases de signature se situe au niveau des mises à jour. Pour êtreefficace, un antivirus doit continuellement renouveler sa base virale, se pose un problème majeurpour les entreprises : mettre à jour automatiquement avec des risques de faux positifs, ou installerles mises à jour manuellement, avec les erreurs humaines que cela peut induire ?

Enfin, l'intégration d'un antivirus dans un environnement d'entreprise est long et coûteux : la miseen place d'agents peut poser des problèmes de versions d'OS, d'installation, etc. Le modèle actuel

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81 OpinionsLA TRIBUNE 18/06/2014

ne répond donc plus au besoin de protection demandé par tous. Il est important de trouver unealternative efficace.

 

Un nouveau modèle de sécurité plus actif que passif

En quelques années, un nouveau modèle de sécurité a fait surface, plus ou moins depuisl'apparition des Advanced Persitent Threat, ces attaques ciblées pour attaquer le plus précisémentpossible.

Les virus ont un point commun : ils ont pour vocation d'affecter le système cible. Pour se mettre enplace, ils doivent passer par l'utilisation de fonctions peu communes et de comportements connus(lancement au démarrage, modifications de la base de registres, etc.). En poussant leraisonnement plus loin, si on voit un programme utiliser une de ces fonctions ou un de cescomportements, on peut dire qu'il y a une probabilité que ce programme soit un virus. Et si cemême programme utilise ces fonctions deux, trois, quatre... fois ? On peut affirmer avec beaucoupde certitude que ce programme est un virus.

C'est le principe même de ce nouveau modèle de sécurité, qui va fonctionner de manière active :dès qu'un exécutable arrive sur le réseau, l'équipement anti-APT va créer à la volée et lancer unemachine virtuelle dans laquelle sera exécuté le programme. Des mécanismes de logs permettrontde savoir exactement ce qui est fait au sein de la machine virtuelle, puis une fois terminé,l'équipement va conclure sur la dangerosité ou non de l'exécutable, en fonction des actions qu'il afait. Ainsi, contrairement à un antivirus classique, on ne se base plus sur une liste de signatures,mais sur des actions effectuées, qui permet d'être universel.

 

Les antivirus classiques restent indispensables

Ce nouveau modèle ne permet évidemment pas de s'affranchir des antivirus classiques, mais aplusieurs avantages dont le principal est la détection de menaces inconnues, ce qui est enentreprise une avancée majeure.

Les différents essais pour contrer les menaces sont toujours voués à l'échec. Cependant, lesmécanismes anti APT sont des solutions ayant le potentiel de changer la donne, grâce à unesécurité active et permettant une détection beaucoup plus poussée que des anti virus classiques.Alors, les anti APT : la nouvelle défense contre les forces du mal ?

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82 OpinionsLA TRIBUNE 18/06/2014

OPINIONS > Certes, obtenir une aide à la recherche de la part de Bruxelles esttrès aléatoire. Mais, dès lors qu’elle est obtenue, elle a tout d’un véritable label.par Stéphane Schmoll, Directeur général de Deveryware

Stéphane Schmoll

PME françaises: de l'intérêt de concourir pourles aides européennes à la recherche

Les ingénieurs français sont réputés dans le monde entier pour leurs compétences en sciencesfondamentales, en logiciel et en construction de systèmes complexes. Nous sommes capables deconstruire les meilleurs avions, les meilleurs trains, les meilleurs radars, les meilleurs satellites, lesmeilleures centrales nucléaires et même les meilleurs jeux, mais pour ce qui est de les imposer àl'étranger, les français sont parfois moins efficaces.

Pas de vitrine nationale crédible

Une des raisons réside dans notre incapacité à disposer d'abord d'une vitrine nationale crédible,malgré les annonces médiatiques gouvernementales. Lorsqu'il s'agit de solutions innovantes dontles principaux clients pourraient être des administrations ou sociétés nationales, celles-ci fontpreuve d'une relative frilosité. Leurs critères sont le plus souvent centrés sur leurs besoins propreset leurs budgets, sans prendre en compte le besoin de mettre en avant la technologie française,contrairement à ce que font certains pays européens comme l'Allemagne. Chez nous, pasgrand-chose qui soit centré sur l'innovation, la standardisation, la création de valeur d'emplois, etl'exportation, hormis pour ce qui reste de quelques grands programmes de défense, en attendant ledécollage effectif des chantiers de la nouvelle France industrielle.

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83 OpinionsLA TRIBUNE 18/06/2014

 D'ambitieux programmes européens de recherche

Pour l'instant, les guichets de financement de la recherche et du développement permettent biende viser de simples démonstrateurs, mais dès qu'il s'agit de construire une vitrine opérationnellecrédible, les donneurs d'ordre s'abritent derrière le danger de prendre des risques, des spécificitésnormatives françaises héritées du protectionnisme et leur interprétation du code des marchéspublics. Autant de freins à l'innovation. La Commission européenne, somme de tous les Etats del'Union, a fixé les priorités collectives de nos nations et lancé d'ambitieux programmes cadre derecherche & développement (PCRD) dans un grand nombre de domaines concernant toutes lesentreprises, à commencer par les PME.

Entre frilosité nationale et résultats aléatoires au niveau européen

 Les programmes tels que le 7e PCRD et désormais Horizon 2020 sont-ils donc plus intéressantsque les guichets de financements français ?

Certes, il est notoire que les processus de montage et de dépôt d'un projet européen avec despartenaires d'autres pays est plus complexe, plus long, et plus exigeant et le restera malgré lessimplifications introduites par Horizon 2020. Mais la popularisation de ces financements et lanécessité ont encouragé un nombre croissant d'entreprises et de centres de recherche à s'yadresser. En  contrepartie logique, c'est devenu de ce fait un véritable concours auquel moins de10% des projets sont retenus. C'est donc beaucoup de travail pour un résultat très incertain, si cen'est aléatoire.

Entre la frilosité nationale et l'aléatoire européen, quelle voie les PME françaises doivent-elles doncprivilégier ?

Ouvrir des horizons

 Puisque la rentabilité du temps et des efforts passés sur la participation au montage d'un projeteuropéen est loin d'être établie, notamment pour les PME dont le temps est la ressource la plusprécieuse, il faut y voir d'autres avantages.

Tout d'abord, cela ouvre des horizons en permettant de voir ce qui se passe à ailleurs et de mieuxse positionner en proposant sa propre valeur ajoutée à une grande variété d'experts. La veille, lepositionnement et l'influence sont d'ailleurs des piliers d'une bonne démarche d'intelligenceéconomique.

Sur l'agora européenne, on trouve à la fois de précieux partenaires complémentaires, intérêt par

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essence des projets coopératifs, mais aussi des besoins et des marchés soit comparables aumarché national mais parfois plus avancés, soit des besoins différents mais tout aussi intéressants.

 Une formidable référence

Il faut également souligner que les projets proposés à l'Europe passent dans un cribleimpressionnant et efficace de par la quantité et la qualité des experts désignés à ce niveau pourexaminer les projets sous plusieurs facettes non seulement scientifiques et techniques, mais aussiéthiques, juridiques, sociétales, et économiques. Enfin, une gouvernance extrêmement pointuepermet de limiter au maximum les suspicions de favoritisme des décideurs ultimes face auxtentatives d'influences industrielles.

Être retenu dans un projet européen, c'est donc pour une PME une formidable référence de qualité,un véritable label ! Bien entendu, le financement acquis, dont le taux est d'ailleurs plus favorable auniveau européen que dans le système français, est tout aussi précieux pour mener à terme leprojet.

 La confirmation du bien fondé d'une stratégie

  Les difficultés et mérites de ce parcours européen sont notoires, même en France. Fortheureusement, les décideurs nationaux, conscients des mérites de l'intelligence collective, sontvolontiers convaincus de la valeur du label de financement européen. Les utilisateurs privés oupublics savent que les projets financés sont souvent excellents, répondent à de vrais besoins(surtout ceux de H2020), et que la masse critique de pays concernés constitue un facteur favorableà l'émergence d'éventuelles normes européennes.

Les actionnaires et les financiers des PME y voient la confirmation du bien-fondé d'une stratégie etd'une excellence technique, les encourageant donc à maintenir ou amplifier leurs soutiens.

L'administration aime les solutions cautionnées par l'Europe

Quant à l'administration française, pragmatique face à la diversité et aux réalités budgétaires, elleopte volontiers pour des solutions cautionnées par les démarches européennes. C'est aussi unmoyen intelligent d'offrir à des PME l'occasion d'utiliser une reconnaissance européenne pour faireleurs preuves dans leur propre pays aux côtés de grands groupes et des pouvoirs publics, et c'estaussi un bon exemple des vertus d'une démarche de filière, qui pratique la présélection descompétences et le fléchage des subventions sans pour autant déroger aux règles des marchéspublics.

Bien inspirée, la France est précisément en train de mettre en place une filière industrielle desécurité. C'est d'autant plus nécessaire que la décentralisation avait fait reculer la mutualisation des

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besoins et des solutions. On a donc désormais tout ce qu'il faut pour fabriquer de l'excellence auniveau français tout en cultivant les synergies européennes, dans le respect de l'intérêt général.

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OPINIONS > L’accès à la proprité d’un logement doit passer par des prêtsintelligents et des choix de plans énergétiques judicieux. Par Philippe Taboret,Directeur Général Adjoint de Cafpi.

Philippe Taboret

Accès à la propriété: l'urgence d'un prêt aidéintelligent

Deux constats s'imposent : le marché de la primo-accession dans l'ancien souffre comme jamais,et l'heure n'est pas au soutien aveugle par les aides publiques. Sur le premier sujet, la situation estinquiétante : si le marché de la revente dans son ensemble est en repli de 15% par rapport à unebonne année -sur douze mois glissants -, le segment des ménages réalisant leur premièreacquisition est nettement plus affecté. Il est en retrait de l'ordre de 25% pour la France entière, etau-delà sur les marchés tendus, tel celui de la capitale, où l'effondrement atteint 40%. Le secondconstat, l'évidence que les finances publiques ne permettent pas une allocation massive au profitdu logement, dicte la modération dans les propositions: tous les acteurs l'ont intégré.

 

L'ascencion sociale par l'accession à la propriété est en panne

Il n'en reste pas moins vrai que l'idéal de l'ascension sociale par l'accession à la propriété est enpanne, et que cela explique largement le malaise qui prend notre pays. L'Etat ne peut laisser segripper l'un des principaux ressorts républicains de la progression des ménages. Le ralentissementdes transactions, particulièrement dû à l'essoufflement de la primo-accession, entraîne aussi sonlot deconséquen ces économiques terribles : la filière du bâtiment, portée par l'entretien et larénovation, aura licencié 25 000 personnes en 2013 et annonce des chiffres plus lourds encorecette année.

La mortalité des agences immobilières n'a jamais été aussi forte, précédée aussi de licenciementsde négociateurs en nombre impressionnant, sans parler des difficultés financières des agentscommerciaux de l'immobilier, mal connues des statistiques, non moins douloureuses.

 

Réduire la facture énergétique des accédant

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Que peut faire l'Etat dans ce contexte d'urgence, avec des moyens à l'étiage ? Le critèred'efficacité doit primer, sur tous les tableaux. Au profit des accédants d'abord : l'accession dansl'ancien fait courir le risque d'engager les jeunes propriétaires dans un parcours difficile si lemontant des charges énergétiques vient à exploser, rendant le remboursement du logementdouloureux, jusqu'à le compromettre. En tout cas, réduire la facture énergétique des accédantsrevient à leur redonner du pouvoir d'achat et à les rendre aptes à faire fonctionner l'économie par laconsommation.

Dans le même temps, les banques ont durci leur examen des dossiers de prêt, plus vigilants quantà l'apport personnel. Faciliter l'accès des jeunes ménages à la propriété en rééquilibrant leuréquation personnelle, et les préserver contre l'achat de biens énergivores -qui seront vitedisqualifiés par le marché- est possible : un prêt à taux zéro (PTZ) associé à l'obligation de travauxde rénovation énergétique est souhaitable.

 

Un prêt ajustable selon le prix du logement et des travaux

Les modalités sont ajustables : le prêt peut être consenti sous conditions de travaux réalisés etattestés dans une période donnée, par exemple trois ans. Il pourrait également prendredirectement en compte le prix du logement augmenté du montant des travaux, dont la réalisationdevrait être immédiatement consécutive à l'achat. Dans les deux cas, les travaux devraient êtreeffectués par des professionnels aux compétences attestées. La première formule présenteraitl'avantage, grâce au différé, de préserver la solvabilité instantanée des accédants, tout en lesconduisant à un comportement d'optimisation technique du logement.

S'agissant du réalisme économique de la mesure, quelle que soit la formule retenue, le PTZécoconditionné résoudra la quadrature du cercle : distribuer une aide publique avec la certitudequ'elle sera suivie d'une commande de travaux par des entreprises en bâtiment, créant ainsi del'emploi, et que les accédants acquerront un bien vertueux au plan énergétique. En outre, lesrentrées fiscales viendraient amortir sans délai l'effort budgétaire de la collectivité, qui s'étalerait surplusieurs années. Les droits de mutation, perçus par les départements, les communes et l'Etat, laTVA sur travaux due au fur et à mesure de leur engagement, la TVA associée aux dépensescorollaires des achats de meubles ou d'électroménager constitueraient des retours avantageuxpour les pouvoirs publics.

On le voit, l'idée est aussi rationnelle qu'opportune. Il appartient au gouvernement et au parlementde prendre conscience sans attendre que la primo-accession mérite une considération publiqueprioritaire, et qu'il est temps de l'orienter vers le développement durable. Quant à la réussite de latransition énergétique, Madame Pinel s'est très récemment exprimée devant le Conseil National del'Habitat sur sa volonté la plus ferme, et cette proposition est conforme à son projet politique.L'enjeu est immobilier, certes, il est surtout démocratique : la propriété est une aspiration forte des

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Français et des parcours d'accession réussis conditionnent la stabilité et la sérénité du pays.

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OPINIONS > Les protocoles Internet permettent de gérer les adresses IP ,indispensables pour se connecter à Internet. L’explosion du nombre de cesadresses pousse l’IPv4 vers la sortie et voit l’avènement d’un protocole plusperformant : l’IPv6. Par Tom Coffeen, Chief IPv6 Evangelist au sein d’Infoblox,société spécialisée dans les réseaux.

Tom Coffeen

Face à l'explosion du nombre d'adresses IP,un nouveau protocole Internet

Avant de rentrer dans les détails d'une implémentation réussie de l'IPv6, il est préférable decommencer par une définition de ce concept. L'IPv6 (Internet Protocol version 6) est un protocolestandardisé par l'IETF (Internet Engineering Task Form), afin de pallier les manques de l'IPv4, etnotamment le manque d'adresses IP. Sachant qu' aucun appareil ne peut être connecté àInternet sans adresse IP, il n'est pas difficile d'imaginer les conséquences d'une pénurie à l'aubede l'explosion de l'Internet des objets…

L'apparition de l'IPv6 s'est faite en deux temps. Le premier, sur le court terme, est une adoption ensupplément de l'IPv4, où les protocoles v4 et v6 sont implémentés simultanément : on parle alorsde « dual-stack ». Sur le long terme, cela mènera à une transition totale, l'IPv4 étant mis horsservice.

 

Le protocle IPv6 épuisé en Europe, en Asie et en Amérique du Nord

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L'épuisement de l'IPv4 a été au centre de nombreux débats depuis déjà 1988 - l'IPv6 a été certifiéen 1998. Ce protocole est déjà épuisé en Europe depuis Septembre 2012, en Asie depuis 2011 eten Amérique du Nord très récemment. La situation de l'Asie peut s'expliquer par le degré très faiblede pénétration d'Internet, ce qui a causé une explosion de l'IPv6 dans cette région. Le prochainépuisement est prévu en Amérique du Sud en 2014, l'Afrique devant suivre aux alentours de 2020.

La transition vers le protocole IPv6 a été - et est toujours - nécessaire, spécialement dans le casd'entreprises utilisant l'IPv4 et recevant des requêtes via le protocole IPv6, pouvant générer desproblèmes de performance au niveau de la traduction. Cela peut également dégrader l'expérienceWeb de l'utilisateur. Alors que l'IPv4 a atteint ses limites, les réserves en adresses IP sontfortement améliorées grâce à l'IPv6 : il est dit que ce protocole peut fournir plus d'adresses IP qu'iln'y a d'étoiles dans l'univers - le volume d'adresses étant d'environ 3 trillions de trillions de trillionsd'adresses… »

 

Une phase de transition nécessaire entre les deux protocoles

La transition entre les deux protocoles peut s'avérer être assez complexe. Qui plus est unetranslation d'IPv4 vers IPv6 est nécessaire dans les environnements où IPv6 n'est pas nativementsupporté, et cette translation peut être ralentie ou même devenir un échec pour plusieurs raisons.

C'est pourquoi l'adoption passe généralement par le dual-stack, avec une configuration comprenantla v4 ainsi que la v6 afin de pallier le manque d'adresses v4. La mise à disposition d'IPv6 "as aservice" est également une alternative envisageable qui est déjà offerte par certains fournisseursde services. Ces deux solutions aident les réseaux d'entreprise à planifier leurs efforts vers l'IPv6plus efficacement. Ainsi, le premier pas vers l'implémentation de l'IPv6 est l'obtention des mêmesservices via ce protocole.

 

La répercussion des nouvelles technologies sur les adresses IP

Ces dernières années, le marché informatique a dû faire face à une explosion de technologies detoutes sortes, ayant pour but d'aider autant les entreprises que le grand public, mais ayant desrépercussions sur le réseau et la gestion d'adresses IP. Voyons ce qui a le plus joué dans labalance :

● Internet des objets

D'après une récente étude d'EMC, spécialiste mondial des données, et IDC, cabinet d'analystes, le

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nombre d'objets effectivement connectés atteindra 32 milliards d'ici 2020. Aujourd'hui, on compteenviron 200 milliards d'objets pouvant potentiellement être connectés. Cependant, le protocole IPv4ne peut supporter qu'environ 4,3 milliards d'adresses IP.

● Big Data

Avec une augmentation des appareils connectés, vient également une augmentation du nombre dedonnées générées - on parle alors de Big Data. IPv6 est une technologie fondamentale pouvantmener à plus de flexibilité et plus d'efficacité en termes de technologie opérationnelle.

● BYOD

Le BYOD constitue l'un des principaux défis des réseaux d'entreprises, permettant aux employésd'apporter leurs appareils personnels au travail. En effet, cela implique que les servicesinformatiques doivent être plus attentifs pour ce qui est de la sécurité et la visibilité sur l'usage quiest fait du réseau d'entreprise par des appareils personnels externes.

● Secteurs verticaux

L'e-commerce est le secteur vertical ayant le plus de raisons de passer à l'IPv6, particulièrementpour ce qui est de la forte demande des clients en ligne - entre autres critères. Si la transition n'estpas faite, il y a un risque pour les e-marchands de perdre leur compétitivité. La situation est assezparadoxale lorsque l'on sait que la majorité des acteurs du e-commerce ne sont pas encore passésà l'IPv6 - bien qu'il y ait un nombre croissants d'internautes se connectant via l'IPv6.

Toutes ces tendances doivent être prises en compte lorsque l'on regarde la meilleure façond'utiliser l'IPv6 et de réduire l'usage de l'IPv4 sans entraver le réseau de l'entreprise.

 

Le protocole IPv6 changera peu les infrastructures informatiques

Les entreprises doivent sécuriser leur réseau. L'IPv6 n'est pas sujet à des menaces propres, dansla mesure où les attaques potentielles que peut subir ce protocole sont également des menacespour l'IPv4. Ainsi, il n'y a pas besoin de créer un tout nouveau protocole ou une nouvelleinfrastructure. La sécurité et la confidentialité des données est au cœur des préoccupations desentreprises, tout particulièrement au vu des dernières polémiques, mais ces mêmes entreprisesdoivent savoir que leurs infrastructures resteront essentiellement les mêmes en passant à l'IPv6,avec la même protection et les mêmes risques.

Les questions autour de la nouvelle gouvernance d'Internet restent sans réponse, et le nouveaumodèle peut prendre du temps avant d'être entièrement défini et implémenté. Cependant,l'entreprise doit toujours conserver à l'esprit la surveillance du réseau, ce qui lui permettrait d'avoir

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plus de visibilité et ainsi faire les décisions les plus appropriés. Comprendre son réseau est lepremier pas vers son optimisation.

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OPINIONS > Les décisions prises par la BCE sont sans précédent. Mais dans lecontexte actuel de la zone euro, elles risquent de ressembler à un coup d’épéedans l’eau

Olivier Passet, Xerfi

Attention aux faux espoirs nés des décisionsde la BCE

La BCE a pris les mesures que les marchés attendaient. Mais nos attentes autour de la politiquemonétaire ne sont-elles pas disproportionnées ? La BCE peut-elle à elle seule contrecarrer l'impactdélétère de la rigueur budgétaire et salariale en Europe ? N'y a-t-il pas, au fond, une forme deméthode Coué dans cette attente ? Ce ne serait pas la première fois que l'Europe en désarroi seréconforte en surévaluant les superpouvoirs présumés d'un super-Mario.

Car, attendre tout des banques centrales, c'est croire au fond que l'on peut guérir le mal par le mal.Quel était le coeur de la crise ? Une hyper-liquidité dans un monde qui comprime le revenu desclasses moyennes, favorise la rentabilité du capital et la dépense à crédit ; Une hyper-liquidité dansun monde d'inflation zéro, où l'abondance monétaire crée de formidables opportunités de levier surles placements spéculatifs. Cette désinflation dans le monde des biens, combinée à l'inflation surles marchés de capitaux a créé un cocktail explosif. Étonnant, alors, de croire que ce qui sauvera lemonde est précisément ce qui a entrainé sa perte en 2007.

Or c'est précisément le crédo auquel se raccroche aujourd'hui l'Europe. Ses institutions préconisentla rigueur au niveau des salaires et des dépenses publiques. Sa croissance est exsangue, sareprise est à la peine et son investissement au point mort. Et elle attend aujourd'hui tout son salutde la BCE. Une folle attente en fait : la BCE, dans un grand marché sans salaire et sansconsommation privée ou publique, en injectant de la liquidité bancaire, serait en capacité de sauverla croissance européenne.

Ne nous leurrons pas, c'est une illusion

Non que l'inflexion politique de la BCE ne soit pas positive. Sa nouvelle posture peut trèslégèrement faire glisser la valeur de l'euro. Sans aucune certitude néanmoins. Car les marchésaiment les paradoxes. Les perspectives de plus-values sur les actifs européens vont booster lademande d'euro, en même temps que son offre est accrue.

Alors certes toutes les mesures techniques qui accompagnent la baisse des taux de refinancementont pour objectif louable de faire en sorte que la liquidité bancaire, aujourd'hui inactive, soit injectéedans l'économie réelle via le crédit. C'est le cas des taux négatifs pratiqués sur les dépôts des

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banques auprès de la BCE, qui les incite à ne pas s'endormir sur leurs liquidités. C'est le cas aussides facilités de refinancement à long terme d'une partie des prêts bancaires destinés auxentreprises. C'est le cas enfin de la nouvelle ouverture de la BCE concernant la possibilité qu'ellepuisse acheter demain des titres adossés à des actifs d'entreprise.

Mais que signifie de relancer au forceps le crédit dans un environnement sans salaire et sans projetcollectif autre que celui d'économiser ? Cela ressemble fort à ce vieil adage : « on peut conduire lecheval à l'abreuvoir, mais non le forcer à boire ». La BCE remplit bien l'abreuvoir. Avec sesnouvelles mesures, elle vient d'armer les banquiers d'une louche pour porter la liquidité à la bouchedes entreprises. Mais ces entreprises restent sans perspective de croissance et sans projet dedéveloppement.

Les faits sont têtus

Pour la croissance, il faut des salaires, de l'emploi et des dépenses. La BCE ne peut pas tout. Ellepeut atténuer les choses, mais elle ne peut pas inverser le cours des choses. Et dans une Europesans dynamique réelle, la liquidité trouvera comme elle la fait avant crise le chemin des actifs.

En conclusion, ce n'est pas Draghi qui peut réinventer la martingale fordiste de la croissance. Maisbien les États et les entreprises, à travers leur politique salariale. Un point de croissancesupplémentaire des salaires allemands auraient bien plus d'effet sur la croissance et l'inflationeuropéenne que tout l'attirail technique d'un Draghi, même bienveillant.