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1 La Comptabilité Écosystémique du Capital Naturel : introduction et mise en œuvre Didier BABIN et Jean-Louis WEBER pour – sous licence L’ambition de ce livret est de présenter la Comptabilité Écosystémique du Capital Naturel* 1 . C’est un document de vulgarisation, il doit permettre de comprendre pourquoi il est stratégique de s’engager dans une telle approche et comment le faire sur de bonnes bases 2 . Introduction à la Comptabilité Écosystémique du Capital Naturel La CECN : première définition et grands principes La Comptabilité Ecosystémique du Capital Naturel (CECN) est une méthode d’intégration et de synthèse comptable, multicritère et géo-localisée, de données biophysiques et socioéconomiques sur le potentiel et la durabilité de tous les systèmes socio-écologiques* d’un pays. La CECN propose d’intégrer la dégradation* physique et les coûts cachés d’utilisation de la Nature dans les comptes nationaux et à terme dans les indicateurs macroéconomiques. Il s’agit donc d’enregistrer et de suivre les écosystèmes de manière comptable en terme de flux* et de stocks* physiques et d’évaluer les amortissements* qui devraient être consentis pour conserver ce capital naturel pour le bénéfice des générations actuelles et futures. Les aspects clés des comptes écosystémiques du capital naturel sont la comparaison entre deux dates des stocks biophysiques dûment géo-référencés du capital naturel de la totalité des écosystèmes, la description de leur évolution résultant des flux de renouvèlement naturel et d’utilisation des ressources, un diagnostic de l’état des écosystèmes tout à la fois quantitatif et qualitatif. C’est une approche des services écosystémiques* qui part des actifs* écosystémiques qui les génèrent, avant d’en évaluer les utilisations. La capacité durable des écosystèmes d’un pays à fournir des services s’évalue en combinant les mesures de leur productivité, de l’intensité d’utilisation de leurs services et et de leur résilience* ou état de santé*. Mesurer la dégradation du capital écosystémique (ou son amélioration) Déterminer s’il y a dégradation de l’écosystème suppose une comparaison avec un état de référence. Plusieurs solutions sont possibles. La première et la plus simple consiste à se donner une date de référence récente pour juger la situation. Les objectifs du climat sont définis par rapport à la situation de 1990 avec une tolérance de +2°C voir +1,5°C. Pour la biodiversité et l’écosystème en général, on ne saurait fixer une telle tolérance, mais la même date peut être retenue ou une date plus récente (selon les données disponibles). Cela revient à dire que dans un contexte où l’humanité exploite la planète jusqu’à ses limites extrêmes, aucune nouvelle dégradation nette (de restauration…) n’est désormais acceptable. C’est la position actuelle de la Convention sur la lutte contre la désertification. C’est la position de départ de la CECN. Elle correspond au principe comptable de l’amortissement et implique pour maintenir le capital en l’état un réinvestissement. D’autres horizons sont envisageables ; ils résultent de demandes sociales explicites. Par exemple, la Directive cadre sur l’eau de l’Union européenne a posé le principe de la restauration de la bonne qualité environnementale des bassins versants. On pourrait citer de multiples exemples d’objectifs-cibles de ce type établis pour des raisons de santé publique (qualité de l’eau et de l’air), de maintien de fonctions environnementales vitales (protection des sols) ou de qualité de vie (espaces verts urbain…). Ils peuvent être pris en compte dans le bilan écologique de la CECN. La CECN s’en tient donc à la prudence comptable et à deux critères socialement validables : pas de dégradation nette annuelle et intégration des objectifs de restauration socialement approuvés. Comptabilité des écosystèmes et comptabilité des services écosystémiques Les services écosystémiques sont au cœur de la CECN. Toutefois, celle-ci ne procède pas de leur agrégation parce que l’inventaire exhaustif d’une telle approche est techniquement infaisable. De plus, les services 1 Les mots suivis d’une * lorsqu’ils apparaissent pour la première fois dans ce document sont définis dans un glossaire final. 2 Sauf mentions spécifiques les illustrations de ce document sont l’œuvre de Jean-Louis Weber sous licence Creative Commons.

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LaComptabilitéÉcosystémiqueduCapitalNaturel:introductionetmiseenœuvre

DidierBABINetJean-LouisWEBERpour –souslicence L’ambitiondecelivretestdeprésenterlaComptabilitéÉcosystémiqueduCapitalNaturel*1.C’estun

documentdevulgarisation,ildoitpermettredecomprendrepourquoiileststratégiquedes’engagerdansunetelleapprocheetcommentlefairesurdebonnesbases2.

IntroductionàlaComptabilitéÉcosystémiqueduCapitalNaturel• LaCECN:premièredéfinitionetgrandsprincipesLa Comptabilité Ecosystémique du Capital Naturel (CECN) est une méthode d’intégration et de

synthèse comptable,multicritère et géo-localisée, de données biophysiques et socioéconomiques sur lepotentieletladurabilitédetouslessystèmessocio-écologiques*d’unpays.LaCECNproposed’intégrerladégradation*physiqueetlescoûtscachésd’utilisationdelaNaturedanslescomptesnationauxetàtermedanslesindicateursmacroéconomiques.Ils’agitdoncd’enregistreretdesuivrelesécosystèmesdemanièrecomptableentermedeflux*etdestocks*physiquesetd’évaluerlesamortissements*quidevraientêtreconsentispourconservercecapitalnaturelpourlebénéficedesgénérationsactuellesetfutures.

Lesaspectsclésdescomptesécosystémiquesducapitalnaturelsontlacomparaisonentredeuxdatesdes stocks biophysiques dûment géo-référencés du capital naturel de la totalité des écosystèmes, ladescriptiondeleurévolutionrésultantdesfluxderenouvèlementnatureletd’utilisationdesressources,undiagnosticdel’étatdesécosystèmestoutàlafoisquantitatifetqualitatif.C’estuneapprochedesservicesécosystémiques*quipartdesactifs*écosystémiquesquilesgénèrent,avantd’enévaluerlesutilisations.Lacapacitédurabledesécosystèmesd’unpaysàfournirdesservicess’évalueencombinantlesmesuresdeleurproductivité,del’intensitéd’utilisationdeleursservicesetetdeleurrésilience*ouétatdesanté*.Mesurerladégradationducapitalécosystémique(ousonamélioration)

Déterminers’ilyadégradationdel’écosystèmesupposeunecomparaisonavecunétatderéférence.Plusieurssolutionssontpossibles.Lapremièreetlaplussimpleconsisteàsedonnerunedatederéférencerécentepourjugerlasituation.Lesobjectifsduclimatsontdéfinisparrapportàlasituationde1990avecunetolérancede+2°Cvoir+1,5°C.Pourlabiodiversitéetl’écosystèmeengénéral,onnesauraitfixerunetelle tolérance, mais la même date peut être retenue ou une date plus récente (selon les donnéesdisponibles).Celarevientàdirequedansuncontexteoùl’humanitéexploitelaplanètejusqu’àseslimitesextrêmes, aucune nouvelle dégradation nette (de restauration…) n’est désormais acceptable. C’est lapositionactuelledelaConventionsurlaluttecontreladésertification.C’estlapositiondedépartdelaCECN.Ellecorrespondauprincipecomptabledel’amortissementetimpliquepourmaintenirlecapitalenl’étatunréinvestissement.D’autreshorizonssontenvisageables; ilsrésultentdedemandessocialesexplicites.Parexemple,laDirectivecadresurl’eaudel’Unioneuropéenneaposéleprincipedelarestaurationdelabonnequalitéenvironnementaledesbassinsversants.Onpourraitciterdemultiplesexemplesd’objectifs-ciblesdece typeétablispourdesraisonsdesantépublique (qualitéde l’eauetde l’air),demaintiende fonctionsenvironnementalesvitales(protectiondessols)oudequalitédevie(espacesvertsurbain…).IlspeuventêtreprisencomptedanslebilanécologiquedelaCECN.LaCECNs’entientdoncàlaprudencecomptableetàdeux critères socialement validables : pas de dégradation nette annuelle et intégration des objectifs derestaurationsocialementapprouvés.ComptabilitédesécosystèmesetcomptabilitédesservicesécosystémiquesLesservicesécosystémiquessontaucœurdelaCECN.Toutefois,celle-cineprocèdepasdeleuragrégationparce que l’inventaire exhaustif d’une telle approche est techniquement infaisable. De plus, les services

1Lesmotssuivisd’une*lorsqu’ilsapparaissentpourlapremièrefoisdanscedocumentsontdéfinisdansunglossairefinal.2Saufmentionsspécifiqueslesillustrationsdecedocumentsontl’œuvredeJean-LouisWebersouslicenceCreativeCommons.

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écosystémiques se mesurent en termes physiques avec une variété de métriques qui compromet lestentativesd’addition.Laréponseàceproblème,proposéeparcertainséconomistesetenvisagéesdansleSCEE,estdeconvertir lesservicesécosystémiquesenmonnaieetd’agréger leurvaleur*netteactualisée.L’approchedelaCECNestdifférentepourplusieursraisons.L’uneestquelavalorisation*séparéedesdiversservicesconduitàdesproblèmesdedoublescomptes.Depluslesétudessérieusesdevalorisationdeservicesécosystémiques3sontréaliséesdanslecadred’étudesdecasindividuelles,sansperspectivedegénéralisationoud’agrégationgénérale.LaCECNpartdelafournituredesservicesparlesécosystèmes,leuraccessibilitéet en analyse ensuite l’utilisation. Cette approche est systématique et fournit une base d’informationcohérentesurlaquelledesétudesoumodélisationspeuventsegrefferpourmesurer,dansleurcontexte,desservices particuliers, leur valeur monétaire ou leur évolution future. Les services écosystémiques sonthabituellement regroupés en services d’approvisionnement*, services de régulation * et services socio-culturels*.Lesservicesd’approvisionnementsontenregistrésenCECNcommedesfluxdanslescomptesdubiocarbone(produitsdesrécoltesdeproduitsagricolesetdeboisetproduitsdelapêche)etdanslecomptedel’eau(prélèvementspourlesdiversusages,eaudepluie).LesservicesderégulationdirectementmesurésparlaCECNsontlaséquestrationducarbone(quiestéquivalenteausoldenetducarboneécosystémique)et la capacité d’absorption de la pollution par les rivières (dite « eau grise »). D’autres servicesécosystémiquesfontl’objetdemesuresindirectes,soitdeleurmontant,soitdeleurvariation.C’estlecasparexempledesservicesdeprotectioncontrelesinondationsdontlavariationestestiméeparbassinversanten fonctionde lapopulationexposéeetde lacouverturevégétaledubassin versantamont. Les servicessocioculturelssontévaluésplusglobalementselonleuraccessibilitéparlapopulation.LeCECNcomprenddecefaitunedimensionsociale,enliaisonavecleconceptdesystèmessocio-écologiquessurlesquelselleestfondée.Uneréponseméthodologiqueauxdemandespolitiquesetcitoyennes

Iln’existepasàl’heureactuelledestandardpourlacomptabilitédesécosystèmes.LaCECNestuneapprocherécente,maisbaséesurdesexpériencesdelonguedatedécritesci-dessousetquiontconduitàétablir un cadre expérimental de comptes d’écosystèmes dans le contexte du Système de ComptabilitéÉconomiqueEnvironnementale (SCEE)desNationsUnies en2012i.LaCECNutilise lesdonnéesexistantespermettantdequantifieretqualifierlesécosystèmes,aveclesoucidepouvoircomparerdessituationsetrendre compte d’évolutions. Le système d’information qu’elle met en place renseigne sur l’utilisationsoutenableounondes écosystèmeset de leurs ressourcesnaturelles renouvelables.C’est unepremièreréponse méthodologique aux demandes politiques et citoyennes répétées d’avoir un instrument dediagnosticsurl’évolutionducapitalnatureld’unpays,indispensablepourmesurerlasoutenabilitéaucoursdutempsdelaperformanceéconomique,pouridentifierlespotentielsetlesimpacts,etpouréclairerlesstratégiesetprogrammesauprofitdesdécideurspublicsetprivés.Outrelesuividespolitiquesnationales,samiseenplacepermetderapporterdemanièrepréciseetcohérentesurlamiseenœuvredenombreusesobligationsliéesàdesengagementsenvironnementauxinternationauxayanttraitauxécosystèmesetauxterritoires.

• LaCECN:pourrépondreàquelsbesoins?ü PourmettreenœuvreleSystèmedeComptabilitéÉconomiqueetEnvironnementale

desNationsUniesDepuisleSommetdelaTerredeRioen1992,lesaccordsinternationauxontidentifiél’intégrationdes

ressources naturelles dans la comptabilité nationale commeun élément potentiellement transformateurpourlesprocessusdedécision.Suiteauxdemandesdel’Agenda21,lesNationsUniesontproposéen1993un système comptable prenant conjointement en compte les dimensions économiques etenvironnementales: leSystèmedeComptabilitéÉconomiqueetEnvironnementale(SCEE)ii.LeSCEEaétéréviséen2003et2012.LaCommissiondeStatistiquesdel’ONUaalorsdécidéd’adoptercommestandardstatistique international une première série de tableaux sur l’utilisation économique des ressourcesnaturelles tout en recommandant de poursuivre l’expérimentation de comptes écosystémiques pourlesquelslademandes’estaccrueavecletemps.LaCECNs’inscritdanscetteperspectiveavecpourobjectif

3VoirparexemplelesétudesréaliséesdansprogrammeWAVESdelaBanqueMondialeetlesprogrammesTEEBetVANTAGEdeONU-Environnement (PNUE). Les évaluations globales de la valeur totale ou inclusive du capital des nations produites par cesorganisationssontenfaitdéconnectéesenpratiquedesétudesdecasréaliséesparailleurs.

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de démarrer concrètement ce type de démarche dans un cadre comptable cohérent et sur des basesévolutives.

ü Pourprendreen«compte»lesécosystèmescommeuncapitalnaturelnationalLesécosystèmessontàlabasedetrèsnombreusesactivitéséconomiquesetdubien-êtredessociétés

humainesiiiiv.Lestravauxscientifiquesalertentlacommunautéinternationaledepuisplusieursdécenniessurl’état de dégradation très préoccupant des écosystèmesv et la perte de services écosystémiques quipourraient entraîner rapidement une modification des conditions de vie de l’humanité sur Terrevi. Lesressourcesextraitesdesécosystèmessontimplicitementinclusesdanslamesuredesrésultatséconomiquesetcependantleurépuisementetladégradationdel’étatdesantédesécosystèmesquilesgénèrentnesontprisencomptenidanslarichessedesNations,nidansleséchangeséconomiquesinternationaux.Cecipousseàdévelopperdenouveauxsystèmesdemesureduprogrèsetdeladurabilitédudéveloppementvii.Ainsi,dès2010, réaffirmant la valeur essentielle des ressources tirées de la biodiversité et des écosystèmes, lesministresafricainsde l’environnementetde laplanificationéconomique,sesontengagésàœuvrer“à lamiseenplacedessystèmesdecomptabilitédel’environnement(…)etdelesprendreencomptepleinementdanslaplanificationdudéveloppementetdanslesindicateurséconomiques”viii4.

ü Pourdisposerd’uneplateformecoopérativemulti-acteursetmulti-sourcesdedonnéesinternationalesetdestatistiquesnationales

A l’heure où de nombreuses et multiples données sont accessibles à différentes échelles il estindispensable d’établir un cadre de coopération pérenne et organisée les partenaires concernés par lacomptabilitéécosystémique.LaCECNproposelesbasesméthodologiquesettechniquespourl’intégrationlogique des données disponibles provenant de bases de données internationales, de statistiques oudispositifsnationauxde suivi, deprogrammesde rechercheoudemanièreplusponctuelle collectéesauniveaulocal.Lecadrecomptableetlareprésentationcartographiquepermettentdeprésenterl’évolutionglobale des écosystèmes d’un pays ou d’une région à partir d’une méthode transparente, évolutive etcomparativedans le tempset l’espace. L’organisationdes comptespermetdes analyses aux échelles deterritoirevoulues(écosystème,bassinversant,région,district,commune,zonesouterritoiresspécifiques,…) et sur des thèmes variés (surconsommation relative d’eau et dégradation de la ressource,appauvrissement en carbone biologique (biocarbone*) et sécurité alimentaire, fragmentation d’habitatsnaturelsetpertederésilienceetdecapacitéd’adaptationdesinfrastructuresécologiques*auchangementclimatique,etaussisuccèsdanslarestaurationd’écosystèmes,…).LaCECNnecherchepasàtoutquantifier,c’estune représentationde la réalitéayantpourbutde renseigner laprisededécision.Sonarchitecturebaséesurunsystèmed’informationgéographiquepermettoutefoisdedévelopper,à l’intérieurducadresimplifiémaiscohérent,desanalysesspécifiquesselonlesbesoinsd’actionlocalisée,etcompte-tenudeladisponibilitédesdonnéesetdesconnaissancesscientifiques.

ü Pourfaciliterlamiseenœuvre,lesuivietlereportagedesengagementsinternationauxLastratégiebiodiversité2010-2020

En2010àNagoya,193Étatssesontaccordéslorsdela10èmeConférencedesPartiesàlaConventionsurlaDiversitéBiologiquesurunplandécennalet20objectifsdit«objectifsbiodiversitéd’Aïchi»pour«vivreenharmonieaveclaNature»d’ici2050.Pourcontrerlescausessous-jacentesdel’appauvrissementdelabiodiversité, le plan propose en premier lieu d’intégrer « la diversité biologique dans l’ensemble dugouvernementetdelasociété».Cepremierbutstratégiques’appuiesurquatreaspects:unesensibilisationaccrue, l’intégration des valeurs de la biodiversité, des incitations réformées, la production et laconsommation soutenables. L’Objectif biodiversité d’Aichi n°2 propose d’incorporer les valeurs de labiodiversitédanslesstratégiesetplansderéductiondelapauvretéetdedéveloppement,enrévélantmieuxsesvaleursnotammentàtraverslessystèmescomptables5.L'intégrationetlaréflexionsurlacontributiondelabiodiversitéetlesservicesécosystémiquessontunélémentimportantpourqueleursdiversesvaleurset leur utilisation durable soient reconnues et reflétées dans la prise de décision. De même, lacomptabilisationdelabiodiversitédanslaprisededécisionestnécessairepourlimiterleseffetsnégatifsnon4 En2012, lorsduSommetpour ladurabilitéenAfrique,dixpaysafricainsontadopté ladéclarationdeGaboronequipromeutconcrètementlacomptabilitéducapitalnatureletinvitentlesautrespaysàlamettreenœuvre.5«Objectif2:D’icià2020auplustard,lesvaleursdeladiversitébiologiqueontétéintégréesdanslesstratégiesetlesprocessusdeplanificationnationauxetlocauxdedéveloppementetderéductiondelapauvreté,etincorporésdanslescomptesnationaux,selonquedebesoin,etdanslessystèmesdenotification.»

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intentionnels. L'intégrationdesvaleursde labiodiversitédans lesprocessusdeplanificationnationaleetlocale,àtraversl'aménagementduterritoirenotamment,peutaideràinternaliserlescoûtsetlesbénéficesde la conservation et de l'utilisation durable de la biodiversité. L’Objectif 2 propose donc logiquementd’incorporerd’ici 2020 les valeursde labiodiversitédans les comptesnationaux.Parler icidevaleursauplurielc’estreconnaîtrequelabiodiversitéadesvaleursmultiplesdontcertainespeuventêtrequantifiéesen termes monétaires et d’autres non. Une approche multidisciplinaire est nécessaire pour évaluer lesdifférentesvaleursde labiodiversité. Incorporer labiodiversitédans lacomptabiliténationalepermetdesuivrelesfluxetstocksbiophysiquesderessourcesetainsidemieuxcomprendrelesavantagesquidécoulentdelabiodiversitéoud’enévaluerladépréciation*. L’agenda2030etsesObjectifsdeDéveloppementDurable

Pour affronter la transformation globale de la société et relever les défis mondiaux liés auxchangements climatiques, à la préservation des ressources naturelles, à la solidarité territoriale etintergénérationnelle, l’AssembléeGénéraledesNationsUniesenseptembre2015aadoptéunenouvellefeuillederouteuniverselleettransversalesur5enjeux:l’humanité,laplanète,laprospérité,lapaixetlespartenariats.ParmisesObjectifsdeDéveloppementDurable(ODD),consacrésdansl’agenda2030,l’Objectif2d’Aichiestreprispresqueàlalettredansl’ODD15.96quitraitedelaprotectiondesécosystèmesetdelabiodiversité.Pouratteindresesobjectifs,leprogrammedesODDpromeutledéveloppementd’initiativesetdecapacitéspourmesurerlesprogrèsaccomplisentermesdedéveloppementdurableaudelàdesdispositifsstatistiques actuels. Ainsi l’ODD 17.19 incite à l’établissement d’indicateurs de progrès en matière dedéveloppementdurablecomplétantleProduitIntérieurBrutetaurenforcementdescapacitésstatistiquesdespaysendéveloppement7.Versunesynergiedesindicateursdedéveloppementetécosystémiquesglobaux

Cettequestionde lamesuredudéveloppement, etplus spécifiquementdu capital natureldans lecadred’undéveloppementdurable,mobilisedepuisledébutdesannées2000lacommunautédesdécideursà différents niveauxix. La conclusion de l’étude exploratoire sur l’apport concret de la ComptabilitéÉconomiqueetEnvironnementaleenvued’unsystèmed’informationintégrépourlestroisConventionsdeRio en met en avant trois domaines où l’expérience acquise est dores et déjà suffisante : les comptesd’émissiondeCO2, les dépenses deprotectionde l’environnement, et les comptes de la couverture desterres*x.Au-delà,ledéveloppementdelacomptabilitéécosystémiqueestunélémentdéterminant.LaCECNprendenconsidérationlescomptesdubiocarbonesurlabasedesrecommandationsduGrouped’expertsintergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Elle intègre des variables sur le stockage ou ledéstockagedecarbonedans lessolset lavégétationà lacomptabilitéduchangementdecouverturedesterres.LaCECNseradoncutileauxÉtatsdansleurseffortspourlesuividelaConventiondesNationsUniessurlaLutteContrelaDésertification(CNULCD)surlaNeutralitédelaDégradationdesTerres8etl'AccorddeParisde2015surleclimat(CCNUCC).LaCECNpermetd’établiretderenseignerunensembled’indicateursdesuivietd’impactdeprojetsetplanssurdesthématiquesliésauxécosystèmes,notammentlespertesougains de capabilité écosystémique* face aux changements globaux à différentes échelles du local àl’international.

ü Poursuivreetévaluerlesimpactsdepolitiquespubliquesetaccompagnerlesprocessusdedécision

Lamise enplaced’uneCECNà l’échelle d’unpays constitueun véritable état des lieux global desécosystèmesàpartirdesdonnéesdisponiblesàdifférentsniveaux.Ellepeutdoncaussi serviràsuivreetévaluerdifférentstypesdeprojetsetdécisionsquiontpotentiellementouréellementdesimpactssurlesécosystèmes.Celapeuts’avérerparticulièrementopportundanslecasdeprojetsd’aménagementdegrandterritoire, de l’accumulation de plusieurs projets de taille réduite, d’infrastructures linéaires, de projetsfocaliséssurunecomposantedel’écosystèmeaudétrimentdesautres,etc.Cesanalysespeuventutiliserles

6«ODD15.9 :D’icià2020, intégrer laprotectiondesécosystèmesetde labiodiversitédans laplanificationnationale,dans lesmécanismesdedéveloppement,danslesstratégiesderéductiondelapauvretéetdanslacomptabilité.»7 « ODD 17.19 : D’ici à 2030, tirer parti des initiatives existantes pour établir des indicateurs de progrès en matière dedéveloppementdurablequiviendraientcompléterleproduitintérieurbrut,etappuyerlerenforcementdescapacitésstatistiquesdespaysendéveloppement.»8«ODD15.3:D’icià2030,luttercontreladésertification,restaurerlesterresetsolsdégradés,notammentlesterrestouchéesparladésertification,lasécheresseetlesinondations,ets’efforcerdeparveniràunmondesansdégradationdesterres.»

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résultatsoudonnéesdelaCECNàdifférenteséchellesd’espacepourévaluerdesimpactsprévisiblesavantouobservésaprèsprojets,directementouenalimentantendonnéescohérentesetvalidéesdesmodèlesexplicatifsouprospectifs.Lescomptesactuels(situationprésenteetsérieschronologiquesdesévolutionspassées)d'unezonedeprojetpermettentdeprocéderàdessimulationsdel’impactdesactionshumaines(créationdezonesdeprotection,plantations,constructiond'infrastructures,...)surl'environnementetleursconséquences sur l'économie du projet (pertes de services, coûts de restauration* ou de compensationécologique,…).Lechampsd’utilisationdesdonnéesainsiorganiséesesttrèslargeetdemandecertainementencoreàêtredéfinietexplorépouréclairerlesdécisionspubliquesetprivées.

• Émergenceetévolutionduconceptetdesméthodes

ü HistoriquedesconceptsetdesapprochesLapréoccupationconcernantlesressourcesnaturellescommeunerichessedelaNationremonteau

XVIIIèmesiècledansdescontextesliésàlaterreetauxactivitésagricoles.Plustarddeséconomistesxiontprêtéattentionàlagestiondesterres,desressourcesdusous-soletauxforêtsenprenantenconsidérationleseffets de leur épuisement ou le coût social des externalités* négatives dues à la dégradation del’environnement.IlfautcependantattendrelespremièresréflexionssurleslimitesdelacroissanceduClubdeRomeet lepremier«Sommetde laTerre»àStockholmen1972 (ConférencedesNationsUnies surl’Environnement Humain) pour voir se développer une réflexion moderne en termes de comptabilitéenvironnementale.Lespremiersvéritablestravauxdecomptabilitééconomiqueenvironnementaledatentdesannées1970–1980.Unepremièreapprochepartdelaconsommationderessourcesetdesrejetsderésidus.Ellelesrelieauxtableauxcomptablesutilisésdanslamodélisationmacroéconomique.Lesréussiteslesplusclairesdanscedomainesontlescomptesderessourcesnaturellesnorvégiensde1976,lesmatricesNAMEA(NationalAccountsMatrixeswithEnvironmentalAccounts)hollandaisesdudébutdesannées1990etlescomptesdel’eauaustralienstoujourspubliés.Danscestroiscas,lescomptesontétéutilisésdansdesprocessusdedécisionofficiels.C’estlecasaussidescomptesdesfluxdematière9dontl’applicationlesplusconnues au niveau statistique sont d’une part les évaluations macroéconomique du découplage entreconsommationderessourceetcroissanceduPIBpubliéespar l’OCDEetparEurostat,etd’autre part lesbudgetsdegazàeffetdeserrequisontunsous-ensembledutotaldesfluxdematièredont lecalculeststandardiséparlaCCNUCC.C’estlàlepremierexempledecomptabilitéenvironnementaleefficaceàl’échelleglobale. Elle présente en particulier l’originalité de faire le lien entre les émissions et l’état du systèmeatmosphère-climat.

9 Ilexisteaussidesapplicationsconcrètesdanslecasdesétudesdefilièresetd’analysedecycledeviedesproduitsréalisésparcertainesgrandesentreprises.

ComptesÉcosystémiques

duCapitalNaturel

Politiquesnationales:Efficacitédesressources

(Domestiquesetincorporées)Dettesetcréditsécologique

TaxesDevt.Durable

Politiquessectorielles:PlanificationterritorialeGestiondesressources

Secteurs(Agric.Transp.,Energ.)ConservationdelaNature

Politiques régionales :PlanificationterritorialeGestiondesressources

DettesetcréditsécologiqueDevt.Durable

Politiques locales :Planificationterritoriale/urbaine

GestiondesressourcesConservationdelaNatureDettesetcréditsécologique

Devt.Durable

Projets :Études d’impact

Responsabilité écologique(coûts complets,bénéfices)

Entreprises:Efficacitédesressources

(entreprises,cycledevieproduits)Anticipationdesrisques,Notation

DettesetcréditsécologiqueCertification,Labels

Conventionsinternationales :

Changement Climatique,Désertification,Biodiversité,

Objectifs deDéveloppement

Durable

Perspectivesd’utilisation d’une CECN:dulocalauglobal

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ü AuxsourcesdelaCECN:uncadrecomptablebasésurl’analysedusystèmeLaCECNs’estinspiréenotammentdestravauxcanadienssurle«systèmepression-réponse»xii,etde

ceuxsurlescomptesdupatrimoinenaturelenFrancexiiietenEspagne.Ilsontétéréalisésdanslecontextede technologiede l’informationdesannées198010 ,difficilepourmettreenplace lesvéritablescomptesd’écosystèmesdontilsontcependantposélesbases.Le«systèmepression-réponse»associeladescriptiondes systèmes écologiques et leur réponse à différents stress dus à la surexploitation des ressources, lacontaminationparlapollutionoulesperturbationsparl'urbanisationdesterresagricoles.Lacomptabilitédu patrimoine naturel accorde une attention particulière à la cartographie des ressources et desécosystèmes. En France, cela conduira à la définition d'un programme ambitieux de cartographie de lacouverturedeterres(CORINELandCover)créantunrépertoiredetous lesécosystèmesterrestresxivet ledéveloppementd’uncadredecomptesducapitalécosystèmeà l’échelleeuropéennexv.Cetteapprocheaouvertlavoieaudéveloppementdel’évaluationdelasanté–résiliencedesécosystèmesquiestreprisedansla comptabilité écosystémique. Dans un contexte différent, les comptes du patrimoine naturel ont étédéveloppésenEspagne,enseconcentrantsurlamesureintégréedeladisponibilitéetl'utilisationdel'eauentermesquantitatifsetqualitatifs.

ü Miseàl’agendapolitiqueauSommetdelaTerredeRioLespremièresrecommandationsinternationalesenlienaveclacomptabilitéécosystémiqueducapital

natureldatentduSommetdelaTerredeJaneirodontl’Agenda21recommanded’établirdessystèmespourlacomptabilitéintégréeéconomiqueetenvironnementaleafind’intégrerenvironnementetdéveloppementdans lesprocessusdedécision11.L’agenda21 le justifiepar lanécessité«d'unemeilleuremesuredurôlecrucial de l'environnement en tant que source de capital naturel et comme puits pour les sous-produitsgénéréslorsdelaproductiondecapitauxartificielsetd'autresactivitéshumaines.Commeledéveloppementdurableenglobelesdimensionssociales,économiquesetenvironnementales,ilestégalementimportantquelesprocédurescomptablesnationalesneselimitentpasàlamesuredelaproductiondebiensetdeservicesrémunérésconventionnellement».Unprogrammedetravailetdecoopérationinternationalseraconfiéàl’issuedelaconférencedeRioen1992àlaDivisiondeStatistiqueetauDépartementduDéveloppementÉconomiqueetSocialduSecrétariatdesNationsUnies.

ü ÉvolutionsrécentesetexpérimentationpourdémarrerdescomptesenvraiegrandeurEn2012,laCommissiondestatistiquedesNationsUniesadécidédecompléterle«Cadrecentral»du

Système de Comptabilité Économique et Environnementalexvi (SCEE-CC) par un deuxième volume sur la«comptabilitéexpérimentaledesécosystèmes»xvii(SCCE-CEE),avecl’idéedetestsnationauxetd’initiativesrégionales12. En 2014, le Secrétariat de la CDB a édité unmanuelxviii pour aider les pays à démarrer descomptesdesécosystèmes.Cette«TroussedeDémarrageRapide»(CECN–TDR)s’inscritdanslacontinuitédes travaux de la Commission de statistiques des Nations Unies, du cadre central sur le Système deComptabilité Économiques et Environnementale (SCEE) et de ses directives sur la ComptabilitéExpérimentaledesÉcosystèmes(SCEE-CEE).La«troussededémarragerapide»delaCECNdonnelaprioritéàl’ensembledesécosystèmescontinentauxetcôtiers,naturelsouartificialisésàdiversdegrés.Soncadrepeut toutefois être étendu aux écosystèmes océans et atmosphère-climat13. Elle fournit les basesméthodologiquesdedémarragepourlamiseenœuvred’unecomptabilitébiophysiquegéo-référencéesurunmodèled’écosystèmesimplifié:comptedelacouverturedesterres,comptesdubiocarbone14,del’eauet de des fonctions et services de l’infrastructure écologique, indices de santé de l’écosystème ; le toutsynthétisédansunindicecompositedela«CapabilitéÉcosystémiqueTotale»comptabiliséeenUnitédeCapabilité de l’Écosystème ou « ECU » dans son acronyme anglais pour Ecosystem Capability Unit15. La

10 Télédétection et système d’information géographique encore peu développés, données satellitaires, matériel et logiciel detraitementdesinformationstrèsonéreux,peudepersonnelsformés,etc.11Agenda21chapitre8.12D’autreseffortscomplémentairesontété lancésà l'échelle internationalecomme l'initiativede l'évaluationde la richessedesservicesécosystémiquesdelaBanqueMondiale(WAVES)en2010.13Suivantl’approchedéfinieparlaméthodologiepubliéeparl’Agenceeuropéennepourl’Environnementen2011(EEA,2011)xx.14Onnoteradanscecasquelapartie«carbone»decesdernierscomptesestenpartietraitéeparleslignesdirectricesetlesmodèlesduGIECetquelaCECNenregistreleurséchangesaveclesécosystèmescontinentauxdemanièrecohérenteaveccelleduGIEC15LetermeECUfaitbienentenduréférenceàl’anciennemonnaiepoursymboliserlefaitquecettemesurebiophysiqueconstitueune véritable valeur pour la société et l’économie, une sorte d’analogie avec unemonnaie virtuelle. Pour cette raison utiliserapréférentiellementdanslasuitedecetextel’acronymeECU.

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divisionstatistiquedesNationsUniesareconnurécemmentquel’approchedelaCECNestparticulièrementadaptéepoursoutenirlacompilationdescomptesécosystémiquesduSCEE,notammentenraisondebesoinsen données relativement réduitsxix par comparaison à d’autres approches. La comptabilité en termesphysiquespeutêtrecomplétéeparuneévaluationentermesmonétairesdesvaleursetdescoûts,laplupartdu temps non payés, de l’amortissement du capital naturel. C’est un second volet de la comptabilitéécosystémiquequin’estpastraitédanslemanuelpubliéparlaCDBquiseveutune«troussededémarragerapide».Dorénavantlespremierscomptesexpérimentauxsontréalisablesavecleslogiciels,souventlibreset gratuits, et avec la disponibilité accrue des statistiques et des données, notamment, satellitaires etenvironnementales,commecelaaétémiseenœuvreàtravers laCECNexpérimentale2000-2010del’îleMauriceen2013xx.

MettreenplaceuneCECN• UnenécessairecoopérationsoutenueetorganiséeentreservicesadministratifsLaCECNproposedemettreenplaceunvéritablesystèmedecomptabilitéducapitalnatureld’unpays

comme il existe une comptabilité nationale pourmesurer l’activité économique. Il est donc essentiel deconsidérerqu’unecomptabilitéécosystémiquedeviendraunsystèmed’informationpérenneetreconnuparlesautoritésnationales.Untelsystèmed’informationaunintérêtpotentielquivabienau-delàdespolitiquesd’environnement et de gestion des ressources naturelles. Il est également utile aux politiquesd’aménagementdu territoire,dudéveloppementagricoleet rural, voirededéveloppementurbain. Il estdoncindispensablequesamiseenplacesefasseaveclesoutienpolitiquedesautoritésdel’État.Ilestaussiessentielque lesapprochessoientadaptéesauxconditionsparticulièresetspécifiquesd’unpays,dans lerespect du cadre comptable général. Les compétences nationales doivent être développées etaccompagnées pour réaliser à terme une CECN demanière autonome et indépendante qui puisse êtreappropriéeparlesplushautesautoritésnationalesdansleursstratégiesetleurspolitiques.

Lepointcrucialdudéveloppementd’uneCECNest, sansdoute lagouvernanced’un réelprojetdecoopérationentreservicesadministratifsd’unÉtat.LesdonnéesetlesinformationssontàlabasedelaCECNet sans partage de celles-ci, rien n’est envisageable. Malheureusement elles sont encore trop souventconsidéréescommela«propriété»decertainsservicesoud’institutsvoiremêmed’individus;ellessontencoreunenjeudepouvoiretlaculturedeleurpartageetdelamiseencommunnesontpastoujoursfaciles.Heureusement,lesmentalitésetlespratiquesévoluentpetitàpetitsousl’impulsiondeprojetsmobilisateursoùchacunvoitsonintérêt.Parfoislamodificationdesrèglementationsimposemêmelamiseàdispositiondedonnéesaupublicetauxautresservicesofficiels.Pourqu’uneCECNvoitlejouretsepérenniseleprojetdoitêtrepartagéetchacunedes institutionsouservicesdoiventytrouver leurspropres intérêts,commefournisseursdedonnées,commeutilisateursdedonnéesouleplussouventlesdeuxàlafois.

• Lesétapesàsuivreü 1èreétape:Créerl’infrastructuredesdonnéesnécessairesàlacomptabilité

Cettepremièreétapepermetderecueillirdesensemblesdedonnéesderéférencegéographiquesetdecréer labasededonnéesdesunitéscomptablesécosystémiques.Lesélémentsessentielsdeszonagesgéographiquessontassezclassiques: frontièresphysiques(côte,bassinsversantsetsous-bassins,zonageclimatique, altitude,…) ; frontièresadministratives (municipalités,districts, régions, zonesprotégées,…);réseaudetransports,rivières,aquifères,zonagesmaritimesetzonedepêches,etc.Ils’agitderecueillircesdonnées auprès des organismes compétents pour obtenir les couches géographiques de base qui vontstructurer les comptes biophysiques. Un travail essentiel de vérification et de cohérence en termes deprojectionetdegéométriedoit êtreéventuellementaccompli. Ces informations sontensuite à assimilerselondesgrillesgéographiquesstandard(parexempleparhectareouparkm2)avecunmêmeréférentielgéographiquepourproduireunjeudedonnéesfondésurlesnormesgéographiquesofficiellesdupays.

Commetoutecomptabilité,ilestessentielensuitedebienidentifierlesunitésstatistiquesdebasequivontêtrerenseignéesetpourlesquellesdesdonnéesvontêtresrecherchéesetorganiséesetpourlesquellesilfaitsensd’analyserlesdifférentsfluxetstocks.PourlaCECNcesunitésdebasesontdesUnitésPaysagèresSocio-écologiques(UPSE)etleurséquivalentspourlesrivièresetleszonescôtièresmarines.Ladéfinitionetlacartographiedecesunitéspeuventrésulterd’analysesplusoumoinscomplexes.Dansuneperspectivededémarragerapide,lemanueldelaCECNproposeuneméthodologiededéfinitionpardéfautdesUPSE.Ces

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unitéssontgéo-localiséesettraitéesavecdesSystèmesd’InformationsGéographiques(SIG)etdesbasesdedonnées relationnelles dotées de la capacité de traiter d’objets géographiques16. Les unités statistiquesécosystémiquesnesejuxtaposentpassimplementdansl’espacemaiss’emboitentàl’imagedessystèmeseux-mêmes.Ainsi,lesUPSEsontdéfiniesàpartirdesunitésdecouverturedesterresécosystémiques(UCTE)etdeslimitesdessous-bassinsversantsdanslesquelless’inscritladéfinitiondesunitéshydrologiques.

Les unités statistiques par défaut de la CECN peuvent être définies et cartographiées comme unecombinaisondutypedecouverturedeterresdominants(TCTD),del’altitude(ALT)etdel’identifiantd’unbassinetsous-bassinsversant(BAS_ID).Chaqueunitéseverraainsiattribueruncodeunique17.Onétablitl’échellegéographiquedebasedescomptes,pour la spatialisationet l’assimilationdesdonnées, selon lasurfacetotaleàinventorier,leniveaudeprécisionrecherchéetlafinessedel’analyse.Atitred’exemple,uneCECNàl’échelledelaplanèteoudecontinentsentiersseraitétablieparmaillesde1kmdecôté,avecdesdonnéesd'entréedelacouverturedesterresà300malorsqu’unÉtatcommeMauriceaététraitéàl’échelledel’hectare(grillede100mdecôté)avecdescomptesdelacouverturedesterresà10m.Danslecadred’uneCECNàl’échellenationaleilpeutêtreutile,pourdesraisonsdecompatibilitédesbasesdedonnéesetdesSIG,detravaillersurlesmêmesréférentielsgéographiquesquelesinstitutsstatistiquesetgéographiquesnationaux.

ü 2èmeétape:recueillirlesensemblesdedonnéesdebasePour chacune de ces unités statistiques de base, on va ensuite déterminer entre deux dates les

changementsde la couverturedes terresetaborder l’écosystèmedemanière simplifiéeàpartirde troiscomposantes:l’eau,lebiocarboneetl’infrastructureécosystémique.Cescomposantesserontrenseignéesàpartirdesmeilleuresdonnéesdisponibles.Lecadrederéférencegéographiqueorganisé,ils’agitensuitederecueillirlesdonnéesdebase,demonitorageetlesstatistiquesnécessairesàlaCECN.Laprioritéestfaiteauxsourcesdedonnéesofficielles:météorologiques,hydrologiques,pédologiques;statistiquesforestières,agricoles,halieutiques;utilisationetqualitésdel’eau,indicateursdebiodiversitésdesespèces,…Celapeutdonner lieu à des collaborations et échanges entre services administratifs, avec des organismes derecherchesouprofessionnels.

Siriendemieuxn’existeauplannational,onaurarecoursauxbasesdedonnéesinternationalesdontla qualité et l’accessibilité progressent très rapidement (données de niveau 1 par défaut, assimilablesgénéralementdansunegrilleaukm2).Ondonneratoutefoislapréférencequandc’estpossibleauxdonnéesetstatistiquesnationalessouventplusrichesetmieuxvalidées(donnéesàcouvertureexhaustivedeniveau2).Pourdesapplications localesonaura recoursauxdonnées finesd’observationdes conditions réelles,surveillance insitu,etc.Enfonctiondesbesoinsenprécision,etsurtoutdesdisponibilitésetqualitésdesdonnées,lesniveauxd’informationsontajustables.Ilspeuventaussiinteragir,leséchelleslargesfournissantles cadrages et tendances généraux, les données locales des vérifications et quand elles sont assez

16LesUnitésPaysagèresSocio-Ecologiques(UPSE)peuventêtrecrééesdemanièrevariéeycomprisdansunemêmebasededonnées,maisilestplussimple,dansunpremiertemps,d’utiliserunemêmeunitéstatistiquedebase.17L’ensembledescartesprésentéesdanscedocumentsontdescartesissuesdestraitementd’unebasededonnéesétabliespourdesbesoinsdidactiquesd’unpaysvirtueldénommé«Kangaré»(voir:www.ecosystemaccounting.net)

Unités demesure communeetunités statistiques delaComptabilité Ecosystémique

• Unitésstatistiquescorrespondantauxdimensionsetcaractéristiquesdesécosystèmes

Biomasse/carbonedel’écosystème Ressourceseneau

InfrastructureEcosystémique,Biodiversitéetinfrastructures

terrestres,fluvialesetmarines

Unités decouverturedesterres

écosystémiques(UCTE)

Unités Paysagères Socio-Écologiques (UPSE)&

Unités deSystème Rivières (USR)

Sous/bassinsversants

Rivières

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abondantes,deséchantillonspourenrichirlesbasesnationales.Lesdonnéespourrontaussis’amélioreraufilsdutemps,notammentavecl’abondancedesimagessatellitehauterésolutionspatialeettemporelledetypeSentinel.Lesunitésstatistiquespourrontaussiêtreaffinéesenfonctiondesbesoinsdegestiondessous-bassinsversants,delagestionintégréedeszonescôtières,oudusuividespolitiquesdeconservationdelanature.

Unaspect essentiel concerne lamise à jour annuelledes comptes. La comptabilitéutiliséepar les

décideurspolitiquesetéconomiquescomparedessituationsàdeuxdates,respectivementdated’ouvertureet date de clôture des comptes. Idéalement, les comptes devraient être produits annuellement pourcorrespondre à l’agenda des prises de décision. Toutefois, dans un premier temps, des comptescorrespondants à des dates plus éloignées comme 2005-2015 sont utiles pour voir les grands traits del’évolutionducapitalnaturelsurunepériodesignificative.Ilestensuitepossibled’interpolerdescomptesannuelsentrecesdates.Danslemêmeesprit,silamiseàjournepeutêtreentreprisesurunebaseannuelle,ellepeutsefairesurunebasetriennaleouquinquennale,avecmodélisationdesrésultatsintermédiaires.Des résultats provisoires sur l’année t-1 pourront être produites par combinaison de données rapides(fourniesparlessatellites)etdemodèlesprospectifs.Lesméthodesdecalcul,leshypothèses,lesvaleurspardéfaut, les estimations doivent être bien expliquées et documentées pour être comprises, discutées etacceptables par les utilisateurs et les producteurs de l’information. Mais la comptabilité reste unesimplification. Laméthodecomptablene créepasdedonnéesparelle-même :elle retraitedesdonnéescollectéespard’autres.Elleconstituenéanmoinsunoutildecontrôledesdonnéestrèsefficace,basésurlesrecoupements.C’estcequisignifie«comptabilitéenpartiedouble»oùchaquefluxestenregistrédansdeuxcomptesdifférentsdontlestotauxdoivents’équilibrerourévélerun«soldesignificatif»telqueprofitouperte,valeurajoutée,valeurnettedupatrimoine,etc.

ü 3èmeétape:produirelescomptesdebaseL’étape suivante va permettre d’élaborer des comptes à partir des données de bases recueillies à

l’étape 2, de données supplémentaires pour des éléments spécifiques et de données estimées parmodélisationdedonnéesphysiques,etenfind’estimerlesdonnéesmanquantes.Lesdifférentscomptesvontpermettredemesurerlacapacitéécosystémiquetotaleetd’estimerladégradationoul’améliorationdelasituationentredeuxdates,parexempleàdixansd’intervalles.Lescomptesduchangementdanslacouverturedesterres

LescartesdelacouverturedesterresjouentunrôleparticulierdanslaCECN.Ellesfournissentuneinformation précieuse pour produire les comptes de changements et structurent l’ensemble des autres

Modèled’assimilationetd’intégrationdesdonnéesdelaCECN

Imagesatellitaires

Pointscritiques,

évènements

Données demonitoring,échantillons

Statistiquessocio-économiques par

régions

Classification,agrégation

&cartographie

Extrapolation

Superposition,intégration

DonnéesAssimilationdes

données(p.ex.Grillesde1haou 1km2)

Intégration etanalysestatistiques&reportingàdifférentes échelles

Donnéesindividuellesgéo-

référencées

Extraction,ID,agrégation

Désagrégation&cartographie

Contrôle qualité,analyse &traitment

desdonnéesè è è

p.ex.parunitésadministratives,parunitésde

gestionp.ex.parunités

écosystémiques,parbassinsversant,parpérimètresderisques,

parzones…

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comptes.LaméthodologieproposéedanslaCECNs’inspiredeCORINELandCover(CLC),lacartographiedelacouvertureterrestreutiliséeparlespaysdel'Unioneuropéenneetlesautrespaysmembresdel’AgenceEuropéennepourl’Environnement,soitautotal39paysen201218.LaméthodologieCorineLandCoveraététransposéehorsducadreeuropéenenAfriqueetenAmériqueduSudauprixdemodificationsmarginalesdelanomenclature.

LesdeuxcaractéristiquesprincipalesdeCLCsontd’unepart lacartographied’objets (ouunités)et

d’autrepartuneapprochedeschangementsquinereposepassurladifférenceentredeuxcartesmaissurl’identificationdirectedeschangements19 relatifsàunesituationdedépart. Sur labasedeCLC, l'AgenceEuropéennepourl'Environnementpubliedepuis2006descomptesdelacouverturedesterresdel’Europexxi.La CECN propose une version agrégée en 15 classes de couverture des terres utilisable à des fins decomparaisons internationales et suggère une méthode pour subdiviser ces classes selon les spécificitésgéographiquesetbesoinsnationaux.DescartesseloncettenomenclatureagrégéepeuventégalementêtredérivéedesinventairesproduitsparlaFAOdansdenombreuxpays20.Lescomptesdesterrespermettentdansunpremiertempsd’établirlamatricedeschangementsentredeuxdatesentermedegainsetdepertesensurfacepourtouslesécosystèmesd’unterritoireycomprispourlesécosystèmesurbainsetcôtiers.Lepremier résultat concret est donc une statistique quantifiée et cartographiée des changements dansl’occupation des sols. Cela permet donc dès ce niveau de renseigner des indicateurs de déforestation,d’urbanisationoud’artificialisationdesterres,depertedeterresagricoles,d’extensiondel’irrigation,etc.Lamatrice des changements doit être interprétée pour mettre en évidence les processus à l’œuvre quicorrespondentpourunelargepartàdesmodificationsdel’utilisationdesterres.Cetteméthodeestutiliséepourlescomptesproduitsparl’AgenceEuropéennepourl’Environnement(AEE)etparl’InstitutBrésiliende

18LespremièrescartesCORINELand-Coverserapportentàl’année1990etlaprochainemiseàjourporterasur2018.19L’identificationdirectedeschangementspermetd’éviterlebiaisbienconnudessoustractionsentredeuxcartesquiestlacréationfacticedefauxchangementsenraisondesimperfectionseterreursdesdeuxcartes20LerapporttechniqueCECN-TDRcontientdestableauxdepassageentrenomenclaturesetunedocumentationselonlesprincipesdeLandCoverClassificationSystem(FAO)delanomenclatureen15classesetdessubdivisionspossiblesselondesbesoinsnationaux.

Couverturedesterres2005

CouverturedesterresetchangementsLégende

Pertesdecouverturedesterres2005

Gainsdecouverturedesterres2015

Couverturedesterres2015

Lacarte2015s’obtientàpartirdelacarte2005ensubstituantauxpertes(consommation)decouverturedesterres2005lesgains(formation)constatésen2015.

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Géographie et de Statistique (IBGE). Elle est reprise et détaillée dans le manuel publié par la CDB etmentionnéeàcôtéduSCEECadrecentraletduSCEEComptabilitéexpérimentaledesécosystèmescommeuntroisièmeensembledematériauxsurlequels’appuyerpourproduiredescomptes.

LaTroussededémarragerapidedelaCECNproposeuneclassificationdesfluxenuntrèspetitnombrede classes au niveau supérieur (7), soit le minimum utile aux comparaisons internationales et auxConventions sur le climat, sur la désertification et sur la biodiversité ou aux ODD qui se réfèrent auxchangementsdelacouverturedesterrespourplusieursdeleursindicateurs.Dessuggestionssontensuitefaitessurlamanièredesubdivisercetteclassificationdesfluxentenantcomptesdesréalitésdupays21.

Surlabasedescomptesdel’occupationdesterres,lesautrescomptespeuventêtreorganisésdemanièrecohérente:comptesdel’eau,ducarboneetdel’infrastructureécosystémiques22.

21Parailleurs,lamatricedeschangementspeutêtredegrandedimension.DanslecasdescomptesdelacouverturedesterresduBurkinaFaso,les42classesdelanomenclatureconduisentà42x42changementsélémentairespossibles,soit1764possibilités.Afinderendre lescomptesplus intelligibles,ceschangementsélémentairesontétéregroupésen9grands fluxdechangement,eux-mêmessubdivisésselonlescaractéristiquesdupaysen53classes.22Ladescriptiondesdifférentscomptesdonnéeicireprendenpartieletextedelatroussededémarragerapide(WeberJ.-L.,2014).Onpourrautilementsiréférerpourplusdedétail

↓Gains2015↓

MATRICEDESCHANGEMENTSDELACOUVERTUREDESTERRES

K11Zonesu

rbaines

K12Ro

utesetautres

infra

structuresdetra

nsport

K21Grandeagricu

lture

herbacéepluvia

leK22Grandeagricu

lture

herbacéeirriguée

K30Plantatio

nsagrico

les

cultu

resp

ermanentes

K40Associa

tionset

mosaiquesagrico

les

K50Prairiese

therbages

naturels

K61Forêt,couvertforestier

K62Mangroves

K70Couvertarbustif,

brousse,landes

K100Terresn

ues,sableet

roche

K120Zoneshum

ides

ouvertes

K130Massesd

'eau

intérieures

K140Massesd

'eaucô

tières

etzo

nesintertid

ales

K00Pasd

echangement

observé

K11 K12 K21 K22 K30 K40 K50 K61 K62 K70 K100 K120 K130 K140 K00 TOTAL2005K11Zonesurbaines 3 2882 2885K12Routesetautresinfrastructuresdetransport 9 1 171 181K21Grandeagricultureherbacéepluviale 113 22 2738 56 2 21201 24133K22Grandeagricultureherbacéeirriguée 35 625 659K30Plantationsagricolesculturespermanentes 47 1 0 1219 1267K40Associationsetmosaiquesagricoles 107 17 2729 16 194 327 200 1672 5262K50Prairiesetherbagesnaturels 163 15 4 91 9 8917 9200K61Forêt,couvertforestier 9 15 7 1 67 24 15912 16036K62Mangroves 92 0 0 113 205K70Couvertarbustif,brousse,landes 1647 15 1 4 0 3913 5580K100Terresnues,sableetroche 0 333 333K120Zoneshumidesouvertes 1 0 17 754 772K130Massesd'eauintérieures 4 1672 1676K140Massesd'eaucôtièresetzonesintertidales 0 178 178K00Pasdechangementobservé 2882 171 21201 625 1219 1672 8917 15912 113 3913 333 754 1672 178 59563

TOTAL2015 5105 259 23944 3471 1219 1729 8917 16119 113 4312 534 754 1713 178 68368

↓Pe

rtes2005↓

Unité:hectare

K11Zonesu

rbaines

K12Ro

uteseta

utres

infra

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transport

K21Grandeagricu

lture

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leK22Grandeagricu

lture

herbacéeirrig

uée

K30Plantatio

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les

cultu

resp

ermanentes

K40Associa

tionset

mosaiquesagrico

les

K50Prairiese

therbages

naturels

K61Forêt,couvertforestier

K62Mangroves

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brou

sse,landes

K100Terresn

ues,sableet

roche

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ouvertes

K130M

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intérieures

K140M

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'eaucô

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etzo

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ales

COMPTEDELACOUVERTUREDESTERRES

K11 K12 K21 K22 K30 K40 K50 K61 K62 K70 K100 K120 K130 K140 TOTALA-Stockdecouverturedesterres2005 2885 181 24133 659 1267 5262 9200 16036 205 5580 333 772 1676 178 68367.9CONSOMMATIONDECOUVERTUREDESTERRESC_lf1Artificialisation 135 34.88 48 125 178 49 92 1662 17 2339C_lf2Extensiondel'agriculture 1 96 8 0 1 1.07 107C_lf3Conversionsinternesetrotations 3 9 2794 2745 5551C_lf4Gestionetaltérationdesespacesforestiers 67 67C_lf5Restaurationetcréationd'habitats 194 9 4 0 207C_lf6Changementsdusàdescausesnaturellesetmultiples 2 527 0 4.4 534C_lf7Autreschangementsdesterresn.c.a.etréévaluation

B-TOTALConsommationdecouverturedesterres 3 10 2931 35 48 3591 283 124 92 1667 0 18 4 8805FORMATIONDECOUVERTUREDESTERRESF_lf1Artificialisation 2213 85 41 2339F_lf2Extensiondel'agriculture 13.5 92 1 107F_lf3Conversionsinternesetrotations 9 3 2729 2754 56 5552F_lf4Gestionetaltérationdesespacesforestiers 67 67F_lf5Restaurationetcréationd'habitats 207 207F_lf6Changementsdusàdescausesnaturellesetmultiples 4.4 0 5F_lf7Autreschangementsdesterresn.c.a.etréévaluation 327 201.65 529

C-TOTALFormationdecouverturedesterres 2223 88 2743 2846 57 207 399 202 41 8805D-Aucunchangementobservédecouverturedesterres 2882 171 21201 625 1219 1672 8917 15912 113 3913 333 754 1672 178 59563

E-Stockdecouverturedesterres2015(=A-B+C) 5105 259 23944 3471 1219 1729 8917 16119 113 4312 534 754 1713 178 68367.9

COMPTEDELACOUVERTUREDESTERRES

Unité:hectare

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Lescomptesdel’eauécosystémiqueLes comptes de l’eau sont sans doute ceux qui sont les plus courants à travers le monde. Les

expériencesacquisesontpermislaréalisationd’unpremiermanuelthématiquedanslecadredelamiseenœuvreduSCEE,focalisésurl’utilisationdesressourceseneauparlessecteurséconomiquesxxii.Lescomptesdel’eauécosystémiqueconsidèrentlesystèmehydrologiquecommeunecomposantedel’écosystèmeausenslarge,ycomprisdanssadimensionhumaineettraitentdesproblèmesdequalitéautantquedequantité.LaCECNs’alignesurleSCEE-Eaupourlesusagesetconstitueuneextensiondesonchampd’application.Lesécosystèmeshydrologiquessontdécritsdansleurrelationaveclesécosystèmesterrestresens’appuyantsurlaspatialisationdesressourceseneau,surlamesuredeleurbonétatdesantéoudeleurdégradationparlespollutions, lesprélèvementsou lesobstacles artificiels à l’écoulementde l’eau. Les comptesde l’eauécosystémiquecalculentl’excédentnetd’eauaccessibledel’écosystème,c’estàdirelaquantitéd’eaudequalitéacceptablequiestutilisabledemanièredurable.Outrelespressionsdirectessurlesécosystèmes,généréesparlesprélèvementsd’eauau-delàduniveaurenouvelable,d’autresvariablessontutiliséespourdéterminerlasantéécologiquedessystèmeshydrologiques.

Structuredescomptesdel’eauécosystémiquedelaCECN-TDR(2014)

0.0 100.0 200.0 300.0

K140Eauxcôtièresetzonesintertidales

K130Massesd'eauintérieures

K120Zoneshumidesouvertes

K100Terresnues,sableetroche

K70Couvertarbustif,brousse,landes

K62Mangroves

K61Forêt,couvertforestier

K50Prairiesetherbagesnaturels

K40Associationsetmosaiquesagricoles

K30PlantationsagricolesculturespermanentesK22Grandeagricultureherbacéeirriguée

K21Grandeagricultureherbacéepluviale

K12Routes,infrastructuresdetransport

K11Zonesurbaines0.0 20.0 40.0 60.0

K140Eauxcôtièresetzonesintertidales

K130Massesd'eauintérieures

K120Zoneshumidesouvertes

K100Terresnues,sableetroche

K70Couvertarbustif,brousse,landes

K62Mangroves

K61Forêt,couvertforestier

K50Prairiesetherbagesnaturels

K40Associationsetmosaiquesagricoles

K30PlantationsagricolesculturespermanentesK22Grandeagricultureherbacéeirriguée

K21Grandeagricultureherbacéepluviale

K12Routes,infrastructuresdetransport

K11Zonesurbaines-4000 -2000 0 2000 4000

K140Eauxcôtièresetzonesintertidales

K130Massesd'eauintérieures

K120Zoneshumidesouvertes

K100Terresnues,sableetroche

K70Couvertarbustif,brousse,landes

K62Mangroves

K61Forêt,couvertforestier

K50Prairiesetherbagesnaturels

K40Associationsetmosaiquesagricoles

K30PlantationsagricolesculturespermanentesK22Grandeagricultureherbacéeirriguée

K21Grandeagricultureherbacéepluviale

K12Routes,infrastructuresdetransport

K11Zonesurbaines

Formationnetteenha Impactsdel'artificialisation% Tauxdeconversiontotale%

EXEMPLESD'INDICATEURSQUIPEUVENTETREDERIVESDESCOMPTESDECOUVERTUREDESTERRES

K11Zonesu

rbaines

K12Ro

utes,infrastructures

detransport

K21Grandeagricu

lture

herbacéepluvia

leK22Grandeagricu

lture

herbacéeirriguée

K30Plantatio

nsagrico

les

cultu

resp

ermanentes

K40Associa

tionset

mosaiquesagrico

les

K50Prairiese

therbages

naturels

K61Forêt,couvertforestier

K62Mangroves

K70Couvertarbustif,

brousse,landes

K100Terresn

ues,sableet

roche

K120Zoneshum

ides

ouvertes

K130Massesd

'eau

intérieures

K140Eauxc

ôtièrese

tzonesintertid

ales

Total

Formationnettedecouverturedesterresenha(=C-B) 2220 78 -189 2812 -48 -3534 -283 83 -92 -1268 202 -18 37 0Impactsdel'artificialisationen%de2005(=C_lf1/A) 0.6 5.3 3.7 2.4 1.9 0.3 44.6 29.8 2.2 3.4Tauxdeconversiontotaleen%de2015((B+C)/E) 43.6 37.5 23.7 83.0 3.9 211.0 3.2 2.1 80.9 47.9 37.7 2.4 2.7 25.8

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Les comptes des flux d'eau suivent la séquence précipitation, évapotranspiration, infiltration etruissèlementquiformentl’écoulementdesrivièresetdesnappesd’eau.Lestransfertsd'eauentrelesbassinshydrographiquessontenregistrés.Letotaldesprécipitationsefficacesdisponiblespouralimenterlesmassesd'eaucorrespondauxprécipitationsmoinsl’évapotranspirationréelle.Letotaldesprécipitationsefficacesdisponibles est ensuite analysépourprendreen compte l'eauqui n’est pas accessible23 pourdifférentesraisons telles que les crues, le rejet d’eaux usées et les dilutions nécessaires pour maintenir la qualitéenvironnementale des masses d'eau, l’évapotranspiration supplémentaire induite par l’irrigation etl'évaporationprovoquéeparlestoursoulesréservoirsderefroidissementpourdesbesoinsindustrielsoudecentralesélectriques,ainsiquelescontraintesimposéesparlesconventionsinternationalesdepartagedeseaux24.Lescomptesdelaressourceeneausontventilésparclassesd’unitéscomptablesécosystémiquesoùlesstockssontreventiléspartyped’actifsd’eauausensduSCEE-Eau(lacsetréservoirs;rivièresetautrescoursd’eau;neigeetglaciers;eauxsouterraines;soletvégétation).Lesbilansquantitatifsélémentairessont établis par sous-bassins versants définis en tenant compte des caractéristiques paysagères et de ladisponibilitédesdonnéessurledébitdesrivières.Cessous-bassinssontenchainésselonlesprincipesusuelsenhydrologieet leurcodificationarborescentepermetdemettreenrelationbassinsamontetavalpourl’ensemble du bassin versant. A l’intérieur de chaque sous-bassins, les comptes de qualité de l’eau sontétablisdemanièrestatistiqueparpetitesunitéshydrologiquesetparclassedetaillederivière,cequipermetleraccordaveclecomptedel’infrastructureécosystémique.

L’intensitésoutenablede l’utilisationdesressourceseneauécosystémiquesestdéfiniepar leratioExcédent Net d’Eau Accessible dans l’Écosystème / Utilisation Totale de l’Eau de l’Écosystème. S’il estinférieur à 1 cela signifie que l’utilisation de l’eau entraine une dégradation des écosystèmes. L’indicecompositeduchangementdel’étatdesantédel’eauécosystémiquereposesurundiagnosticbasésurdiverssymptômes éventuels de stress et de dégradation prenant en compte les changements de qualitébiochimiqueoudesantébiotique,d’excèsdenutriments,d’eutrophisation,etc.Lesproblèmesdesantéliésà la qualité de l’eau font partie du diagnostic. La valeur unitaire écosystémique interne de l’eau estl’associationdel’indicedesoutenabilitédel’utilisationetdel’indicecompositeduchangementd’état.Cerésultatreposesurdesmesuresspécifiquesàl’eauetàcestadenetientpascomptedeseffetsexternessurlebiocarboneoul’infrastructureécosystémique.Lescomptesdubiocarboneoucarboneécosystémique

Lacomptabilitéducarbonen’estpasnouvelle.Lesinventairesd’émissionsdegazàeffetdeserreetlesbudgetscarbonemisenplaceparlespaysetlesentreprisesdanslecadredelaCCNUCCsontdescomptesd’équivalent carbone.Une grande partie des informations recueillies selon les lignes directrices duGIECcontribue aux comptes du biocarbone de la CECN. Le compte du carbone écosystémique enregistre enpremier lieu les stocks de carbone des différents écosystèmes, de la végétation et du sol. Il enregistreégalementlabiomassesecondaireanimaleàcommencerparlesstocksdepoissonetlesanimauxd’élevage.Lecomptedécritensuitelacapacitédurabledechaqueécosystèmeàproduiredelabiomasseàpartirdelaproductionprimaireassuréeparlaphotosynthèsedelavégétationnaturelleetcultivéeetlafaçondontelleestutiliséeparlesrécoltes(produitsagricolesetforestiers,…),stériliséepardesinfrastructuresartificiellesou détruite (érosion des sols, feux, ...). Il enregistre le carbone absorbé par l’atmosphère et lesocéans indépendamment de son origine biologique ou fossile car son absorption en fait un élément del’écosystème ;parcontre lesstocksdecarbone fossilene fontpaspartieducapitalécosystémiquequ’ilsn’intègrentqu’aumomentoùilssontextraitsetbrûlés(ourejetésdansl’écosystèmesousformededéchets,plastiquesnotamment).LacomptabilitédecesstocksestreprisedansleSCEE-EnergiequiestunebrancheduSCEE-CadreCentral.LesvariablesclésducadredéfiniparleGIECsontdoncprésentesdanslaCECNetpeuventêtreutiliséesdèslorsqu’ellessontdutroisièmeniveau(Tier3)quiestceluidumonitoragespatialisé.Onnoteraqu’entermesCECN,laséquestrationdecarboneestunsoldecomptableappelé«accumulationnettedecarboneécosystémique».DanslaCECN,lecalculducarboneaccessibletientcomptedesbesoinsdesécosystèmesetdeleurspropriétés.Ainsi,lecarbonedusoloulecarboned’uneforêtprotégéenesontpasaccessibles,demêmequelapartiedesstocksdepoissonquidoitêtreconservéepourleurreproduction.Également,lesrejetsdecarboneaprèsusagesontselonlescasaccessibles(paillelaisséedansleschamps,

23inexploitableselonlaterminologiedelaFAO.24LaCECNs’appuieaussisurlesdéfinitionsetapprochesproposéessurcettecomposanteparlabasededonnéesdelaFAOetparleWaterFootprint.

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résidus de l’exploitation forestière laissés sur place, fumier des animaux d’élevage) ou non accessibles(carboneorganiquedesrejetsurbainsdanslesrivièresetlamer,carboneorganiquedessédimentscharriéspar les rivières à cause de l’érosion des sols). Ces flux sont dûment enregistrés dans les comptes dubiocarbonepourentenircomptelorsducalculdelaressourceaccessible.Lessourcesdedonnéesincluentlesinformationsdisponiblesauniveauinternational,notammentpourlaProductionPrimaireNette(NPP)etlesdonnéesdisponiblesàlaFAOetbiensûrlesstatistiquesnationalesdeproductionagricoleouforestière,lescartographiesetbasesdedonnéespédologiquesetautresdonnées.CesdonnéessontrassembléesdanslaCECNparUnitésdeCouverturedesTerresÉcosystémiques(UCTE)quis’articulentbienàlaclassificationdel’utilisationdesterresutiliséeparleGIEC.

StructuredescomptesducarboneécosystémiquedelaCECN-TDR(2014)

La structuration des comptes du carbone dans la CECN part d’un bilan de base du carbone

écosystémique (apport total et accumulation nette), traite de la ressource accessible (excédent net decarbone),puisdel’utilisationtotaledebiocarboneetdegéo-carboneetseconclutparletableaudesindicesd’intensité d’utilisation et d’état de santé de l’écosystème au regard de la biomasse. Comme pour lacomposanteeau,unindiced’intensitésoutenabledel’utilisationdubiocarboneestcalculé:quotientdesressourcesaccessiblessurletotaldel’utilisationdubiocarbone.Lequotientdoitêtreégalousupérieurà1pour révéler un partage équilibré entre l’utilisation anthropique du biocarbone et les besoins desécosystèmes ; dans le cas inverse, la ressource écosystémique s’épuise. Les comptes du biocarbonefournissent les bases pour plusieurs indicateurs standards relatifs aux réservoirs de carbone : stocks decarbonedesforêtsetdessols,séquestration,combustiondebiomasseetpertedueauxchangementsdecouverturedesterres,decontenuencarbonedesrécoltesforestièresetagricoles,….Danssaformeactuellequicombinecouverturedesterres,NPPetcarbonedusol,l’indicateurdeNeutralitédanslaDégradationdesTerres(acronymeanglaisLDNpourLandDegradationNeutrality)retenuparlaCNULCDetl’ODD15.3peutêtrecalculédirectementàpartirdesdonnéesdescomptesdesterresetdubiocarbonedelaCECN.Lescomptesdel’infrastructureécologique

Les comptes de l'infrastructure écologique ou « comptes de l’infrastructure écosystémique et desservices fonctionnels qui en dépendent »mesurent la capacité durable des écosystèmes à produire desservicesquinesontpasdirectementmesurablesentantqueressourcesmatérielles(ressourcesnaturellesrenouvelables),commelesontlabiomasseetl’eau.Cesservicesincorporelscorrespondentauxservicesderégulationetauxservicesécosystémiquesculturelsdelaclassificationinternationalecommunedesservicesécosystémiques(CICES)xxiii.L’approcheactuelleproposéeparlaCECNprendenconsidérationlepotentieldusystèmelui-même,sonétendueetsonétat(productivité,intégrité*,résilience,etc.).EllepartducomptedelacouverturedesterresquiestdéclinéparUnitéPaysagèreSocio-Écologique(UPSE).Lecompteadjointauxterresunecomptabilitéspécifiquedesrivièresquinesebasepassurdessurfacesmaissurdessegmentsderivièreconnectésselonlesprincipesdel’hydrologie.Elleyadjointégalementuncomptedeszonescôtières

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marines dont l’étendue est fonction de la partie cartographiable de la couverture des fondsmarins. Enpratique, ce sont les zonesprochesdescôtescouvertesd’herbesmarinesetd’alguesetd’autresmilieuxvivants comme les récifs coralliens, qui abritent une richebiodiversité et sontdes airesde reproductionimportantes. La mesure des services fonctionnels incorporels se fait de façon indirecte, en partant duprincipequelafourniturepotentielledeservicesest liéeaubonétatdel’écosystème, ladégradationdesécosystèmes pouvant en effet entraîner la perte de ces services. Le potentiel de l’infrastructureécosystémiqueà fournirdes services fonctionnelsestmesurécommeunecombinaisonde zonesdont lasurface est enregistrée dans le compte des terres et de caractéristiques de l’état ou de la santé del’écosystème.Deuxtypesd’indicateurssontprisencompte.Lepremierconcernel’intégritébiophysiquedel’écosystème, cartographiable et mesurable de manière continue. Des indicateurs comme le potentielécosystémiquenetdespaysages(PEP)oudesrivières(PER)ontétédéveloppés25pourprendreencompteconjointementledegréde«naturalité»tellequ’onpeutladéduiredansunpremiertempsducomptedecouverturedesterres(indicedefonddupaysagevert).Cepremierindiceestcomplétéetnuancépard’autresindicateursquivontpréciserlahautevaleurpatrimonialeounaturelleduterritoire(oudelarivière)déduitdesonstatutdeprotection,sadégradationparlesbarrièrescréésparlafragmentationartificielle(routesetvoiesferrées,barrages…)quiréduitlaconnectivitédeshabitats,etinversementlesélémentsdecomplexité(écotones,micro-fragmentationdes terres agricolespardeshaies,…)qui fournissenthabitatsnaturels etniches.Unesecondesériedecomptesserapporteàd’autressymptômesrévélateursdel’étatdesantéetinclutdesmesuresdevariationdelabiodiversitédesespèces,desdonnéesd’épizootiesoud’éco-toxicologie,etc.Cesinformationssonttraitéesdansuncadredediagnosticquiestouvertàlavariétédesapproches.Ilestimportantdecomprendrequelebutducompten’estpasdemesurerlabiodiversitémaisd’utiliserlesmeilleures mesures de la biodiversité qui intègrent véritablement espèces et espaces afin d’affiner lediagnosticd’étatdesantédesécosystèmes.Lesdonnéesdetype« ecologicalnichemodelling», l’indiceNaturenorvégien26etd’autresapprochesavancéessontutilisables.IlestprobablequelestravauxencourscommelesVariablesdeBiodiversitéEssentielles27 vontfaciliter latâcheàl’avenir.Acourtterme, l’appuid’expertsconnaissantleterrainestdeloinpréférableàl’utilisationdestatistiquessimplistes,ausensparfoisincertain. Les éléments quantifiés du diagnostic devront dans tous les cas être soumis au jugement desexpertsdudomaine.

Structuredescomptesdel’infrastructureécosystémiquedelaCECN-TDR(2014)

25Notammentàl’échelleeuropéenneparl’AgenceEuropéennedel’Environnement26CesméthodessontdécritesdansWeber,2014.27Cf.http://geobon.org/essential-biodiversity-variables/what-are-ebvs/

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L’accèspotentielàcesservicesdépendàlafoisdel’offreetdelademande,c’estàdiredelaproximitéd’usagers. Le tableau de l’accès global aux services fonctionnels écosystémiques fournit une séried’indicateursétablisdehautenbasdontlebutestdefournirdesinformationsgénéralesainsiquedespointsd’ancragepourlesévaluationsdeservicesparticuliers.CesindicateurscombinentdonnéesspatialiséesdepopulationetPotentielTotaldel’InfrastructureÉcosystémique(PTIE).Unepremièreséried’indicateursestproposéeavecleurformule:accèslocaldelapopulationauPTIE(aménités,cadredevie),accèslocaldelapopulation aux services de l'agro-écosystème (agriculture de proximité), accès local au PTIE pour laconservationdelaNature(suividel’étatdeszonesprotégées),accèsauxservicesderégulationdel'eaudanslebassinversant,accès régionalauPTIEpar le tourisme,accèsglobalaux servicesdeconservationde lanature (contribution aux grands réseaux de protection). Des comptes dits « fonctionnels » permettrontensuitedepasserd’uneévaluationde l’accèspotentielsà la comptabilitéde l’utilisationeffectivedecesservices,aumoinspourlesplusimportantsd’entreeux,etd’enapprécierlasoutenabilitégrâceaucontextefourniparlaCECN.Cescomptessontuncadresouplesusceptibled’accueilliretdemettreenperspectivelaplupartdes travauxd’évaluationphysiqueetmonétairesetdemodélisationdesservicesécosystémiquesentreprisparexempledanslecadredeWAVES28,TEEB29,VANTAGE30,BIOFIN31ouMAES32.Pourobtenirunevisionsynthétiqueetcomposite:laCapabilitéÉcosystémiqueTotale

Lecadreintégrédecomptabilitépermetlecalculpourchacunedestroiscomposantesdel’écosystème(eau,biocarbone, infrastructuresécosystémiques)d’un indicedesoutenabilitéde l’usageetun indicedesantéourésilienceétabliparuneapprochemulticritère.LeurcombinaisonpermetdecalculerlaCapabilitéÉcosystémiqueTotale(CET).Lacapabilitéécosystémiqueducapitalécosystémiquesecalculepourchaqueunitéstatistique(l’unitépaysagèresocio-écologiqueUPSEousonéquivalentpour lesrivièreset leszonescôtièresmarines)àpartirdesindicesd’intensitéd’utilisationetdesantéécosystémiquedechacunedestroiscomposantes(eau,biocarbone,infrastructureécologique)pourlesquellesunindicedevaleurécosystémiqueinterneestcalculé.Ensituationstablecetindiceestégalà1(ouà100,commedansl’illustrationci-dessous).

Desvaleursinférieuressignalentunedégradation,desvaleurssupérieuresuneamélioration.Lacombinaisonde ces trois indices de valeur interne constitue la valeur écologiqueunitaire de l’unité comptable. Cettevaleurécologiqueunitairejoueunrôlesimilaireàunprixenéconomie33.Lanouvelleunitédecompteest

28Cf.:https://www.wavespartnership.org29Cf.:http://www.teebweb.org30ValuationandAccountingofNaturalCapitalforGreenEconomy31Cf.:http://biodiversityfinance.net32MappingandAssessmentofEcosystemServices33ouplusexactementàlavaleurunitaireenmonnaiecalculéeparleproducteuravantlamised’unproduitsurlemarché.

95 100

107 103

98 100

100 94

94 103

97 93

IndexofAccessibleCarbon/Biomass

IndexofAccessibleWater

IndexofAccessibleLandscape/BiodiversityServices

SUM/3

SUM

SUM

TECchan

ge

IndicesValeurInterneCarbone

IndicesValeurInterneEau

IndicesValeur Interne

InfrasrtuctureEcologique

95.7 101.0

101.3 96.7

SUM

SUM/3

751 433

920 615

Quantité accessibled’uneRessource

[parex.lecarbone,entonnes]

X =

CalculdelaValeurÉcologique&delaCapabilitéEcosystémiqueTotale

Valeurécologiqueunitaire en

ECU

Région/Bassinversant

Comptesdes

3Qu

antités

L’exemple sebasesur lecarbone.Onpeut aussichoisir comme quantitéderéférence l’eau ou

l’infrastructureécologique

Ecosystème

71846 43733

93227 59450

SUM

Valeurs enECU[Carbone]parcellulesde1km2

268255

CapabilitéÉcosystémiqueTotale (CET)

SUM

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l’UnitédeCapabilitéÉcosystémique(UCEouECUenacronymeanglais).LavaleurunitairemesuréeenECUdoitensuiteêtremultipliéepardesquantitésquisontcellesdesressourcesaccessiblesdel’UPSE.ChaqueunitéécosystémiquevaainsiavoirunevaleurécologiqueenECUpourchacunedesestroiscomposantes.Lorsque l’on additionne ECU-carbone, ECU-eau et ECU-Infrastructure verte, on obtient sa CapabilitéÉcosystémiqueTotale(CET)enECU.Lacomparaisondecescomptesàdifférentesdates(icientreladatetet t+1 année) permet ainsi de suivre l'évolution de la valeur écologique totale de cette zone et dediagnostiquers’ilyastabilité,améliorationoudégradation.

LesCETdesdifférentsécosystèmessontcommensurablesetpeuvents’additionnerparpays,région,

bassin versant, zone côtière, zone protégée, etc. La valeur écologique en ECU résume les fonctionsessentiellesdel’écosystèmedansuneapprocheassezsimilaireàcelledel’unitééquivalentCO2pourleGIEC.Cetteagrégationparl’intermédiaired’unindicecompositesefaitsansrecoursàlamonnaiecontrairementà l’approche du SCEE–CEE où l’agrégation des résultats comptables requiert la valorisation* monétairepréalabledes servicesécosystémiquesxxiv. La capabilitépeutêtre représentée sous formecartographiquecomme dans le cas de l’île Maurice où l’on peut localiser et mesurer les niveaux de dégradation oud’améliorationentre2000et2010(cartededroite).

-3752

(CETt+1)–

(CETt)

268255

CapabilitéÉcosystémiqueTotaleannéet

95.7 101.0

101.3 96.7

SUM

ValeurunitaireenECUannéet

751 433

920 615

Quantité accesible d’uneRessource,année t

[ex.tonnes deCarbone]

X =71846 43733

93227 59450

SUM

ValeurenECU[carbone]

parcellulesde1km2,annéet

710 433

940 620

93.7 101.0

102.3 93.7

66503 43733

96193 58073264503X =

TOTAL

TOTAL

t+1

t

Chan

gemen

tCET

CapabilitéÉcosystémiqueTotaleannée

t+1

ValeurenECU[carbone]

parcellulesde1km2,annéet+1

ValeurunitaireenECU

annéet+1

Quantité accessibled’une Ressource,

année t+1[p.ex.tonnes de

Carbone]

Calculdeladégradationoudel’améliorationducapitalécosystémique

Dans ce cas, il y a dégradation

EvaluationdesCapabilitésEcosystémiquesdel’îleMaurice

Evaluationdelacapabilité écosystémiquetotaleparUPSEpour2010

Changement (en%)decapabilitéécosystémique totaleentre2000et2010

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ü 4èmeet5èmeétapes:bilanécologiqueetcomptesfonctionnelsenunitésphysiquesou

monétairesLes étapes 1 à 3 décrites ci-dessus concernent l’ensemble des écosystèmes et des secteurs

économiques.Lesétapessuivantestraitentd’approfondissements:évaluationdelaresponsabilitédesdiverssecteurs et agents économiques vis-à-vis de la dégradation des écosystèmes, calcul de leurs dettesécologiques,estimationdescoûtsderestaurationcorrespondants,évaluationdeservicesquiontunintérêtparticulierdepartleurimportanceouleurniveausupposédedégradation,mesurephysiqueetestimationenmonnaie.Versunbilandesdettesetcréditsécologiquesdesagentséconomiques

LaCECNestd’aborduneévaluationdel’évolutiondescapacitésdesécosystèmesàêtreutilisésparlesactivitéshumainesdemanièresoutenabledansletemps.Cettecapacitéestlamesuredelavaleurécologiquedesécosystèmes,leurcapabilitéàfournirdesservicesàl’économieetau-delààlasociétédanssonensemble.Cette capabilité intrinsèque ne semesure pas par la valeurmonétaire des services obtenus, car celle-cidépenddebeaucoupdefacteursspécifiquestelsqueleurcombinaisonavecd’autresproduits,lesconditionsdumarché,delafinanceoudelatechnologie.Lacapabilitémesuréeparcombinaisondemesuresenunitésphysiquesesttoutefoisunenotionimportantepourl’économiecarlorsquecelle-cidégradel’écosystème,ily a un coût non payé par le responsable de cette dégradation. En se référant aux principes comptablesd’amortissementducapital,lamesuredeladégradationpermetlecalculd’unamortissementphysiquequipeutêtreenregistrédansunbilanécologique.Cettemétriquepeutêtreensuitelabasedemesuresdiversesrèglementairesoufiscales,etmêmedelacréationdebanquesdecompensationpermettantdesmécanismesd’échange entre débiteurs et créateurs d’actifs écologiques. Des flux financiers importants peuvent êtregénérés sur cettebase.Dansun tel contexte, il peut imposer aux gouvernementsou aux entreprisesdeconnaître les montants en jeu pour savoir quelle est la dette écologique en monnaie et comment la«rembourser»,soiteneffectuantdirectementlestravauxderestaurationnécessaires,soitindirectementen payant des compensations permettant de restaurer la biosphère « ailleurs ». Le calcul desmontantsmonétaires en jeu doit alors être fait en utilisant les coûts de restauration des écosystèmes. Avec lamonétisation des coûts de restauration, il sera possible et utile d’estimer ce qu’il faudra dépenser pouréteindre ladetteécologique.Mais ladépensenevaudrapasextinction.Si l’estimationest insuffisante, leresponsablede ladégradationdevrapoursuivre soneffort financier. Inversement,deséconomies serontpossiblessidesrésultatsmesurésenECUsontatteintsàmoindrecoût.Cepointestimportantcaronconnaitde nombreuses expériences où des montants forfaitaires de compensation ont conduit à des systèmesqualifiésàjustetitrede«permisàpolluer».Versunamortissementducapitalécosystémique

Ladégradationdel’écosystèmepeutgénéralementêtreinverséeoucompenséeeninvestissantdanslarestaurationoularemédiationvoirelaconservationdesécosystèmes.Ilpeuts’agirderestaurationdessols,descoursd’eau,delabiodiversité,etc.Silarestaurationn’estpasenvisageablesurplace,ladégradationpeutéventuellementêtrecompenséeailleurs.Celapeut-êtreconsidérécommeuneapprochededurabilitéforte34 où la compensation est permise si elle respecte la valeur écologique totale. Si ces actions sontréaliséesellesreprésententdescoûtsderestauration/remédiation/conservationeffectifsquisontdéjàpris en compte dans les comptabilités des entreprises et nationale et participent aumaintien du capitalnaturel.Iln’estdoncpasbesoindanscecasd’écriturecomptablesupplémentaire.Sicesactionsettravauxderemiseenétatde l’écosystèmenesontpaseffectués, l’écosystèmesedégradesansque l’agentou lesecteur d’activité responsable fasse une provision en vue d’une action de remplacement (ou de grosseréparation)futurecommeilleferaitpourl’usureetlevieillissementdesbâtimentsetdeséquipements.Cetteprovision, c’est ce que les entreprises appellent « amortissement » et la comptabilité nationale« consommation de capital ». Amortissement et consommation de capital doivent être déduits de sesrecetteslorsquel’oncalculele«vrai»revenu,celuiquel’onpeututilisersanss’appauvrirparcequel’onlaissesesavoirsperdreleurvaleurxxv,cequiveutdireaussiquelesprixdeventeincluentl’amortissement.Commel’amortissementducapitalécosystémiquen’estpasenregistré,celaveutdirequelesprixdevente

34Contrairementàdesapprochesquiconsidèrentdeséquivalencesentreservices (écosystémiquesounon)s’ilyamaintiendesbénéficesentermemonétaire.Onparleaussidanscecasdemaintiendu«capitalnaturelcritique».

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sontminorésd’autant:ilyauncoûtnonpayéetunesous-estimationdelademandefinaletellequ’elleestmesurée par la comptabilité nationale conventionnelle. Écosystèmes et échanges domestiques etinternationaux. Un aspect important concerne les importations et les exportations et la perspective decalculeruneempreinteécologiqueentermesdedettesetcrédits.Aveclamondialisationdeséchangesdeproduits et de services, les économies actuelles sont excessivement ouvertes. La dégradation desécosystèmesestainsi,enplusoumoinsgrandepartieselonlespays,liéeàdesproductionsd’exportation.Lescoûtsécologiquesnonpayésdesproductionsexportées,mêmes’ilssontencoredifficilesàcalculeravecprécisionouentotalité,peuventêtreconsidéréscommedesdettesécologiquesimportéesparlespaysquienbénéficient.Généralisercetypedecomptabilitéécosystémiqueàl’ensembledeséchangesinternationauxdemanderait d’approfondir l’analyse des cycles de vie des produits en prenant en compte les coûtsécologiques non payés des productions majeures. Cette approche est complexe mais apporterait uneperspectiverenouveléeentermesderesponsabilitédansladégradationdesécosystèmes.Pourallerversuneévaluationmonétairedeladépréciationducapitalnaturel

Apartirdel’évaluationdesmodificationsdesvaleursécologiquesunitaires,onpeutestimerlescoûtsderemiseenétatdel’écosystèmeselonlesniveauxdedégradationetlesobjectifsderestaurationrequis.Lecalculdecescoûtsécologiquesnonpayésàl’échelled’unpayspermetdecalculerdesdettesécologiquesxxvienmonnaie.Cesdettessont lamanièredontest implicitementfinancée lapartde lademandefinalequin’estpayéeparpersonne,cetteconsommationdecapitalécosystémiquequiestn’estenregistréeniparlacomptabiliténationale,nipar les comptesdesentreprises,ni sur lesétiquettesdesproduitsproduitsdeconsommation.Cesdettespeuventêtreévitéesparunegestionpatrimonialeimpliquantunemodérationdel’usagedansleslimitespermisesparlabonnesantédel’écosystèmeetdesdépensesdemaintenance(parexempledereboisementaprèscoupedesarbresouépurationdeseauxuséesrejetéesàlarivière).Sidesactionsderemédiationontétéeffectuéespourdesmontantssuffisantspouréviterladégradation,iln’yaalorsrienàinscriredeplusencomptabilité35.L’évaluationéconomiquedeladégradationducapitalnaturelécosystémiquenécessiteencoredesdéveloppementsméthodologiqueset l’obtentiondedonnéessur lescoûts réels de restauration. Des travaux sont en cours afin de définir des lignes directrices généralesutilisables pour tous les types d’écosystèmes, les niveaux de dégradation et les types de restaurationenvisagésetselonleszonesgéographiques.L’avantagedel’évaluationdescoûtsderestaurationestqu’ellepeuts’appuyersurlespratiquesdecorpsdemétiersexpérimentés(ingénieursdesmines,deseauxetforêts,agronomes,hygiénistespublics,…)quipeuventpartageruneconnaissanceconcrètebaséesuruneactivitéquis’inscritdansdescontraintesbudgétairesréellesetdoncuneconnaissancedecescoûts.

• InvestirdansuneCECN:coût,technicitéetformationü Lescoûtsapproximatifsd’uneCECNdebase

Il n’est pas simple d’estimer demanière générale le coût demise en place d’une CECNet de sonfonctionnement ultérieur. Cela dépend bien évidemment de la surface du territoire à couvrir et desconditionséconomiquesdechaquepays.Ilfauttoutefoisnoterquel’onestdansuncontextedifférentdecelui des programmes statistiques ou de recherche scientifiques traditionnels. La CECN synthétise unensemble de données qu’elle ne produit pas, qui viennent du système statistique et du secteur de larecherche.L’accèsaudonnéesenmassedu«BigData»,notammentauxbasesdedonnéesspatialesetscientifiques,descienceparticipativeetplateformesd’intermédiationfaciliterontletravail.Audémarraged’uneCECN,lepersonnelaffectéàcetteuniquetâchenedevraitpasêtreinférieurà5personnesàtempspleindont3uniquementdédiésauxaspectsdeproductiondescomptesetuneenchargedesrelationsaveclespartiesprenantesetlespartenairesdesréseauxd’information.Dansuneconfigurationdebaselesautrespostesdedépensessontessentiellement la formation initialeetcontinue, lematériel informatiqueetdecommunication.RéaliseruneCECNdans lecadred’unprojet régionalpermetdemettreencommundesmoyens,commeuneplateformerégionaled’intermédiationoudescompétencesspécifiques,etsurtoutdecréerunedynamiquedecoopération.

35Onpeuttoutefoisisolercesdépensesdeprotectionetdegestiondansuncomptespécialpoursuivreleseffortsconsentisparlesacteurspublicsetprivés.Lecadred’untelcomptedit«satellite»(delacomptabiliténationaledontilestextrait)estfournidansleSCEECadreCentral.

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ü LeniveaudetechnicitérequisLes données, les logiciels et matériels de traitement de l’information sontmaintenant tout à fait

abordables,cequin’étaitpasencorelecasilyaquelquesannées.MettreenplaceuneCECNnécessitelamobilisationdecompétencesdansplusieursdisciplinesoudomainestechniquesselonlaphasedemiseenplace et le niveau de précision recherchée : analyse et traitement des données satellitaires et d’autressources, Systèmes d’Informations Géographiques et gestion de base de données, statistique sociale etéconomique,enparticuliercomptabiliténationale,sciencedesécosystèmesycomprisdessolsetdeseaux,économie des ressources naturelles renouvelables, etc. Les techniques liées à l’utilisation des donnéessatellitaires et aux systèmes d’information géographique sont maintenant bien répandues et lescompétences existent même si elles nécessitent d’être entretenues et complétées en considérant lesnouveauxoutilsetlamultiplicationdessourcesdedonnées.LaCECNs’inscritdanscecontexteetdemanded’êtreenmesuredetraiterlecaséchéantdetrèsgrosvolumededonnéesetdebienlesarchiver.Pourlesautresdisciplines la technicité requisenécessitesurtoutdebiensaisircequ’exige lamiseenplaced’uneCECNetéventuellementde faireappelpériodiquementàdescompétencespointuessurcertainsaspects(stockagedecarbonedessols,réseauhydrographique,indicateursdechangementdelabiodiversité,…)ens’appuyantsurunecommunautédepraticiensdansunpaysouunerégion.Unautreaspectessentielànepasoublierestceluidelacommunication.LaCECNdoitêtreutile,utilisableetutilisée…celanécessiteunvraieffortpourrépondreauxréelsbesoinsdesprocessusdedécision.

ü Oùetcommentseformer?S’initier

Établir une CECN ne s’improvise pas et il peut être utile et rassurant de se former pour mieuxcomprendre comment s’y prendre. Quelques formations théoriques et pratiques sur l’utilisation del’approcheontétéproposéesdepuislaparutiondelatroussededémarragerapidedelaCDBen2014.Uneécole d’été francophone de deux semaines a été organisée par le Secrétariat de la CDB, l’Université duQuébecàMontréaletleCIRADen2016,elleapermisledéveloppementd’uneréflexionpourunprojetdecoopération régionale avec l’Observatoire du Sahara et du Sahel pour 6 pays36. D’autres initiatives deformation ont été entreprises dans l’Océan Indien ou en Europe de l’Est. Ces expériences pédagogiquesmontrentquelaCECNestunprojetcomplexemaisréalisableetàlaportéedelaplupartdespayssilavolontépolitiquesemanifesteconcrètement.Laperspectived’uneproductionrégulièredecomptesestàprendreenconsidérationdèsledépart,d’oùl’importancedudéveloppementdecapacitéslocales,avantetpendantlaphasededémarrage,puispourlerenouvèlementdeséquipesdansuncadreassociantplusdirectementlesuniversitéetcentresdeformationsupérieure.Pourbienaborderlesméthodes,approchesettechniquesde laCECN,une formation théoriqueetpratiquede2à3 semaines semblenécessaire (50à100heuresminimum).Desprojetsdeformationsdiplômantespourraientvoirlejourprochainementdanscertainspaysainsiquedesformationsàdistanceouvertesàtous(MOOC).L’initiationpeutsefairesurdesjeuxdedonnéessimplifiés représentantunpays fictifpour lesquelsunebasededonnéesetunSIGsontdéjàétablisainsiqu’undidacticiel37.Mais le lancementd’uneCECNestaussiunprojet collectif et il semblenécessairederassemblerlesfuturspersonnelsencharged’untelprojetafindemettreenplaceunevéritabledynamiquedegroupecollaborativenotammentlorsdeleurformationinitialeoucontinue.Devenirautonome

L’autonomisationdeséquipesenchargedelaCECNd’unpaysdoitêtrel’objectifrecherché.Si l’onsouhaitequelesanalysesetlesrésultatsd’uneCECNsoientconsidéréescommecrédiblesetqu’ellespuissentêtre appropriés par les plus hautes autorités, elles doivent être réalisées par des équipes nationales ourégionalesdédiées,forméesetautonomesàterme.Celan’empêchepas,bienaucontraire,lacoopérationavec d’autres équipes régionales ou une communauté de praticiens au niveau international.L’autonomisationdespersonnelsselonleurdomained’interventiondépendbienentendudeleurformationetdeleurexpérienceprofessionnelledebase.Ilsemblequ’uneautonomisationpuisseêtreacquiseaprèslaréalisationde2à3comptescompletsdoncsurladuréeapproximatived’unprojetdedéveloppementde18moisà5ans.

36ProjetCOPERNICEA:COoPErationRégionalepourdeNouveauxIndicateursdeComptabilitéEcosystémiqueenAfrique.37Cf.:http://www.ecosystemaccounting.net

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En résumé : êtrepragmatiqueetorganisé, coopérerpourutiliser tout lepotentielexistant,sesrichessesetsescontraintes

LaCECNn’apaspourbutdecréerdenouvellesdonnées.Ellepermetderassemblertouteslesdonnéesexistantesutilespour lesdifférents compartiments analyséspour les écosystèmesen vuede fournir auxdiversniveauxdedécisionuneinformationvitalequifaitaujourd’huidéfaut.Lechampd’applicationdelaCECNdanssaphasededémarragerapideentantquemiseenœuvreinitialeduSCEE-CEEnecouvrepastouslescomptespossiblesmaisunnoyauquipermetderepérer ladégradationdesécosystèmes làoùelleseproduitetlesraisonsencause.Laprioritéestdonnéeàlamesuredesécosystèmesentermesdeproductivitéet de résilience du capital biophysique en créant une base de données comptable complète de tous lesécosystèmesàpartirdesdonnéesexistantes.L’objectifestdemesurerlacapabilitédesécosystèmesàfournirressources et services et quand celle-ci se dégrade, d’en identifier les causes et les secteurs et acteursresponsables pour conduire ceux-ci à amortir le capital écosystémique comme ils le font avec le capitalproduit. De nombreux producteurs de données doivent être associés au projet. Il faut donc faire aveccertainescontraintesnotammentencequiconcernelesclassificationsutiliséesparlesdifférentsacteursetpar les statistiques socioéconomiques officielles (productions agricoles, récolte de bois, pêches,consommationd'eau,rejetspolluants…).Ilfautsouventré-échantillonnercesdonnéesouinformationspourpasserdesdécoupagesadministratifs,pourlesquelsellessontrecueillies,auxdécoupagesécosystémiques.C’estunepartieimportantedutravaildeproductiondescomptes.Lesdonnéesdemonitorageetd’inventairesontàprivilégiermaisdesdonnéeséparses,ponctuellespeuventêtreutiliséesdanscertainesconditions.Certainesétudesscientifiquespeuventêtredessourcesd’informationsprécieusespourvérifierouajusterdesvaleurspardéfaut.Unefoiscetteassimilationdesdonnéesréalisée,lescomptespeuventêtreétablisetlesrésultatsdelaCECNprésentésselonlesdécoupagesadministratifsrequisparlesutilisateurs.Souvent,leséchelles des processus de décision impliquent de penser et de présenter une comptabilité à différenteséchelles.LaCECNparsonapprochegéo-localiséeemboitéepermetd’allerduglobalaupluslocal.LaCECNestunvéritablecadreintégréopérationnel.Sesrésultatscomptablespeuvents’interpréterconjointementàceuxdescompteséconomiquesetfinanciersnationaux,régionaux,etàtermedesentreprises.Ellenepeutêtreopérationnellequesiellerespecteleséchellesspatialesetdetempsdessystèmesdeprisededécisionpolitique et des acteurs économiques. Ses résultats peuvent être (au moins dans un premier temps)approximatifsouconventionnelsmais ilsdoiventêtreéquitables,vérifiables,reproductiblesetrévisables.Elledoitprésenterdesindicateursrésumantdesmillionsdefaitsélémentaires.Lareprésentationestdoncsimplifiée pour être utilisés dans les systèmes de mesure, d’évaluation et de vérification des agentséconomiques.Cesindicateursdoiventsebasersurlameilleureconnaissancescientifiqueutilisabledansuncadrecomptable:donnéesexhaustivesouaumoinsgénéralisablesàl’ensembleduchampdescomptesetmisesàjourrégulièrementcommelesontlesstatistiquessocioéconomiquespourlaComptabilitéNationale.

• Glossaire38:Actifs écosystémiqueset capital écosystémique : Le terme capital naturel a undouble sens : soit un sous-ensembledu capital

économique,soitunemétaphoredecedernierseréférantauxserviceséconomiquesetnon-économiquesqu’ilfournit.Lecapitalesttraditionnellementsubdiviséenactifsfinanciersetnon-financiers.Danslapremièreacceptiondutermedecapitaléconomique, les actifsnaturels (économiques) sontdéfinispar le SCN2008 commeétantpossédéset gérésenvued’unavantage(bénéfice).LeSCEEComptesexpérimentauxdesécosystèmesproposeuneextensionauxactifsnonéconomiquesdelamesureetdelavalorisationdesactifséconomiques.Cefaisant,ils’écartedeladéfinition(précise)donnéeparleSCN.LaCECNadopteunpointdevuedifférentenconsidérantquelecapitaletlesactifsécosystémiquesontunedoublenaturedebienprivatif(quiestpropriétéexclusived’agentsprivésoudel’État)etdebienpublic(dontl’usagedesunsn’exclutpasl’usageparlesautresouparlacollectivité).Danslecasd’uneforêt,leboissurpiedetlesterressontdesactifséconomiques(exploitables)alorsquelacapacitédelaforêtàrégénérersesstocksetl’ensembledesesfonctionsnaturellesestunbienpublic(inaliénable).CapitaletactifsécosystémiqueséconomiquescorrespondentstrictementàladéfinitionduSCNquilesenregistreenmonnaie.CapitaletactifsécosystémiquesdetypebienpublicssontenregistrésenCECNenunitésphysiquesseulement.

Agrégeable(s):seditdevariablesmesurablesaveclamêmeunitéetquipeuvents’additionnersansdoublecompte.

38 Ce glossaire est repris et complété du glossaire deWeber J.-L., 2014 en version française provisoire. Sources principales duglossaire : AEE : Agence Européenne de l’Environnement ; SCEE : Système de Comptabilité Économique et Environnementale ;SNA2008:SystemofNationalAccounts2008.UnitedNations,NewYork;MA2005:EcosystemsandHumanWell-being:Synthesis,MilleniumEcosystemAssessment.IslandPress,WashingtonDC.;TEEB:TheEconomicsofEcosystemsandBiodiversity.

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Amortissement:estimationdelaconsommationannuelled'unbiendontladuréedevies'étalesurplusieurspériodes,paroppositionàlaconsommationimmédiate,intermédiaireoufinalesupposéeavoirlieulorsdel'achat(mêmedanslecasdebiensdurablescommelesvoitures,lesTVetc...).Nepasenregistrerd’amortissementéquivautdoncànepasenregistrerdeconsommation(decapital),doncàuneconsommationnonpayée,financéeparunedetteécologique.

Biocarbone:«Biocarboneseréfèreaucarbonestockédanslabiosphère,danslabiomassevivanteetmorteetdanslesol(ycomprislatourbe)»[SCEE].DanslaCECN,lecarboneécosystémiqueestcomposédebiocarboneetducarbonedel'atmosphère.

Capabilité écosystémique du capital (ou capabilité écosystémique) : aptitude globale des écosystèmes à fournir des servicesmaintenantetàl'avenirsansdégraderleurpotentielderenouvellement.Lacapabilitédel'écosystèmereflètesaperformanceglobaleencequiconcernelebiocarbone,l’eauetlesservicesintangiblesquidépendentdel’intégritédel'écosystèmeetsonbon fonctionnement. La capacité du capital écosystémique est mesurée dans une unité de compte commune (unité-équivalente)appeléeECU.

Capitalnaturel:Pourl’ÉvaluationdesécosystèmespourleMillénaireetTEEB,lecapitalnaturelest«unemétaphoreéconomiquepourlesstockslimitésderessourcesphysiquesetbiologiquesquisetrouventsurlaTerre».Généralement,capitalnaturelestutilisépourdésignertous lestypesd'actifsenvironnementaux,telsquedéfinisdans leSCEE-Cadrecentral.Utilisédecettefaçon le capital naturel a une portée plus large que les actifs écosystémiques tel que défini dans SCEE-Comptabilitéécosystémiqueexpérimentalecarilcomprendlesressourcesminéraleseténergétiques.»[SCEE]DansleprogrammeMAESdel'UnionEuropéenne,capitalnaturelestéquivalentàcapitalécosystémique.

Coûtsderestauration:«coûtdel'atténuationdeseffetsdelapertedesservicesécosystémiquesoulecoûtnécessairepourquecesservices soient restaurés.» [TEEB] Le coût de restauration estimé correspond à une dépense non payée dont la chargeincombeàl’agentéconomiquedufaitdeladégradationdel’écosystème.Cettedépensenonpayéeestuneconsommationde capital écosystémique appelé à être couverte par des dépenses effectives de restauration. Dans la CCEN, le coût derestaurationprendencomptel’ensembledesfonctionsdel’écosystèmeetnonteloutelserviceparticulier.

Couverturedesterres(ouoccupationdesterres):«Lacouvertureterrestrecorrespondàunedescription(bio)physiquedelasurfacede la terre. C’est ce qui recouvre le sol. Cette description permet de distinguer diverses catégories biophysiques –fondamentalement, leszonesdevégétation(arbres,buissons,champs,pelouses), lessolsnus, lessurfacesdures (rochers,bâtiments), les zones humides et les surfaces en eau (cours d'eau, lacs etc.). » [AEE] Dans la CECN, la classification del’occupationdesterrescomprendégalementlefonddesunitésmarinescôtières.

Dégradationdel’écosystème:«réductionpersistantedelacapacitédefournirlesservicesécosystémiques.»[MA2005;TEEB].Dansle SCEE-CEEet la CCNE, la dégradationest l'effet des activitéshumaines ; l’altérationpardesprocessus et catastrophesnaturelsestenregistréeséparément.Dans laCECN, ladégradationdesécosystèmesestmesuréecommeunepertede lacapabilitéducapitalécosystémique.

Dégradation : elle« tient comptedes changementsdans la capacitédesactifsenvironnementauxde livrerune largegammedeservicesécosystémiquesetdelamesuredanslaquellecettecapacitépeutêtreréduitegrâceàl'actiondesunitéséconomiques,ycomprislesménages.»[SCEE].DanslaCECN,ladégradationestlapertedecapabilitéducapitalécosystémiquedontlesactivitéshumainessontresponsables;elleestmesuréeenECU.

Dépréciation:termeempruntéàl’anglaisetquicorrespondàl’amortissementducapitalévaluéenmonnaie.Externalité:«Laconséquenced'uneactionquiaffecteunepersonneautrequel'agentquientreprendcetteactionetpourlaquelle

l'agentn'estnirémunérénisanctionnéparlesmarchés.Lesexternalitéspeuventêtrepositivesounégatives.»[MA2005;TEEB]

Flux:Lesfluxéconomiquesreflètentlacréation,latransformation,l’échange,letransfertouladisparitiondematièred’objetoudevaleur économique ou écologique. Les flux de matière ou d'énergie accroissent ou réduisent les stocks ou actifscorrespondants.DanslaCECN,lesfluxcaractéristiquessontsoitnaturels,soitartificiels,soitinduitspardesfluxartificiels.CesontparexemplelaProductionPrimaireBrutedebiomasse,larespirationautotrophiqueetlarespirationhétérotrophiquedesécosystèmes,lesrécoltesagricoles,l’écoulementdesrivières,lesrejetsd’eauusée…

Infrastructureécologique:«Toutespacequifournitdesservicestelsquel’eaudouce,larégulationdumicroclimat,lesloisirs,etc.,àunelargepopulationavoisinanteproximité,généralementurbaine.Parfoisappeléinfrastructureverte.»[TEEB]

Intégritédel'écosystème:elle«impliquel’exhaustivitéoulatotalitéetendéduitlacapabilitéd'unécosystèmeàmaintenirtoutessescomposantesainsiqueleursrelationsfonctionnelleslorsqu'ilestperturbé.»[TEEB]

Résilience:«L'aptituded'unécosystèmeàseremettred’uneperturbationsansinterventionhumaine.»[TEEB]Santédel’écosystème:«Étatouconditiond'unécosystèmequiprésentelesattributsdelabiodiversitédansdesplages«normales

»parrapportàsonstadededéveloppementécologique.Lasantédel'écosystèmedépend,entreautresdesarésilienceetdesarésistance.»[TEEB]Unemétaphorequisoutientleprincipedediagnosticsbaséssurl’observationdesymptômesrelatifsàl'organisationstructurelleetfonctionnelle,lavigueur,larésilience,l'autonomievis-à-visd’apportsartificielsoulacapacitédemaintenirdespopulationsenbonnesanté.

Services de régulation : « Les services de régulation résultent de la capacité des écosystèmes à réguler le climat, les cycleshydrologiquesetbiochimiques,lesprocessusdesurfacedelaterre,etunevariétédeprocessusbiologiques.Lesservicesderégulation sont aussi communément appelés « services de régulation et d'entretien ».Dans le cadre de la définitiondesservicesécosystémiquesutilisésdansSCEE-CEEcesdeuxtermessontsynonymes.»[SCEE]

Servicesécosystémiquesculturels :«Lesbénéfices immatérielsque lesgens retirentdesécosystèmesà travers l'enrichissementspirituel,ledéveloppementcognitif,laréflexion,lesloisirs,etl'expérienceesthétique,ycompris,parexemple,lessystèmesdeconnaissances,lesrelationssociales,etlesvaleursesthétiques."[MA2005;TEEB]

Servicesécosystémiques:«Lescontributionsdirectesetindirectesdesécosystèmesaubien-êtrehumain.Leconceptde«biensetservices écosystémiques » est synonyme de services écosystémiques. » [TEEB] « Les services écosystémiques sont lescontributionsdes écosystèmesauxbénéficesobtenuspar lesactivitéshumaines, économiques et autres. [...] Les servicesécosystémiquesnesontdéfinisquesiunecontributionàunbénéficeestétablie.Parconséquent,ladéfinitiondesservicesécosystémiquesexclut l'ensembledes flux communémentappelé servicesde supportou intermédiaires.» [SCEE].Dans la

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CECN, les services écosystémiques sont traités dans les comptes centraux comme trois ensembles de services : servicesd’approvisionnementencarboneeteneauetservicesincorporelsderégulationetsocioculturelsconfondus.Lacomptabilitédétailléedesservicesécosystémiques(enunitésphysiquesetenmonnaie)estprévuedanslescomptesfonctionnels.

Stocks:(Stocksenanglais)«Lesstocksreprésententlasituationouladétentiondesactifsetdespassifsàunmomentprécisdansletemps.»(SNA2008),(Inventoriesenanglais):«Lesstockssontdesactifscomposésdebiensetdeservicesproduitsdurantlapériodecomptablecouranteouunepériodeantérieure,etquisontdétenusparuneentreprisedanslebutdelarevente,delaproductionoud’uneutilisationultérieure.»(SNA2008)

Systèmesocio-écologique:«Unécosystème,lagestiondecetécosystèmepardesacteursetdesorganisations,ainsiquelesrègles,lesnormessocialesetlesconventionssous-jacentesdecettegestion.»[MA2005;TEEB]

Valeurécologique:«L'évaluationnon-monétairedel'intégrité,delasantéoudelarésiliencedesécosystèmes,quisonttousdesindicateurs importants pour déterminer les seuils critiques et les exigencesminimales pour la fourniture des services deécosystémiques.»[TEEB]

Valorisation:«Leprocessusd'exprimerlavaleurd'unbienoud’unserviceparticulierdansuncertaincontexte(parexemple,laprisededécision),généralementen termesdequelquechosequipeutêtrecompté, souventde l'argent,maisaussiavecàdesméthodesetdesmesuresempruntéesàd'autresdisciplinesquel’économie(sociologie,écologie,etc.).»[MA2005;TEEB]

Valorisationéconomique:«Leprocessusconsistantàexprimerlavaleurd'unbienoud’unserviceparticulierdansuncertaincontexte(parexemple,laprisededécision)entermesmonétaires.»[TEEB]

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