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HOMMAGE DE L'AUTEUR LA CHASTELAINE DE VERGI POÈME .Du XIII 0 SIÈCLE PUBLIÉ PAR GASTON RAYNAUD Extrait de la Romania, XXI (1892), 14-1. PÂRIS 1892 «&BLWTKÈQU DOcUment il il Il 1111111 liii III 11111111 II 0000005561148

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HOMMAGE DE L'AUTEUR

LA

CHASTELAINE DE VERGI

POÈME .Du XIII 0 SIÈCLE

PUBLIÉ PAR

GASTON RAYNAUD

Extrait de la Romania, XXI (1892), 14-1.

PÂRIS

1892

«&BLWTKÈQU

DOcUment

il il Il 1111111 liii III 11111111 II0000005561148

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LA CHASTELAINE DE VERGI

La ChasselaS de Vergi, poème charmant et délicat, un desjoyaux de la littérature française du moyen âge, composé dansla seconde moitié du xnr siècle, a jusqu'à la fin du xvnr siècleconservé sa vogue en France et à l'étranger, sous des formesmultiples et souvent renouvelées. Aussi les manuscrits quicontiennent dans sa forme originale ce petit roman en vers,d'un auteur inconnu, sont-ils nombreux. Nous en connaissons15, mais tous n'ont pas été utilisés pour cette édition', cartous sont loin d'avoir la même valeur au point de vue del'établissement du texte primitif. Les manuscrits du XVC et duxvr siècle présentent en effet une rédaction souvent remaniéeet rajeunie par les copistes qui, désireux d'offrir au public unelecture facilement compréhensible, remplacent des expressionsanciennes par des mots nouveaux, et sont amenés par unpremier changement de rime à modifier aussi un second vers.C'est ainsi que dans presque tous les manuscrits de cetteépoque, la darne de Vergi devient la dame du Vergier sous la plumede gens qui n'avaient jamais entendu parler de la châtellenie deVergi en Bourgogne.

Nous avons donc systématiquement laissé de côté pour cetteédition les manuscrits , des xve et xvae siècles, ayant acquis lacertitude, après les avoir étudiés et comparés aux autres, qu'ilsne pouvaient nous être d'aucune utilité, et nous n'avonsconservé pour établir notre texte que les manuscrits du xnr etdu xiv siècle.

j . La première édition de la Chastelaine de Verqi a été donnée, en 1808,par 1lIéon (Fabliaux cl Coules, t. IV, p. 296-326), d'après trois mss. de laBibliothèque nationale k. 375 (anc. 6987), 8 37 (anc. 7218) et 25545 (anc.Not,c-Oame 274 bis, antérieurement N. 2).

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G. RAYNAUD

Ces manuscrits, au nombre de huit, qui ne sont passusceptibles d'un classement rigoureux, sont désignés par leslettres suivantes

A. - Paris, Bibi. nat. (r. 375 (anc. 6987), vélin, dessins coloriés, 1288,fol. 331 V0 à 3 3 3 y0 . - Incipit De le castelaine de Vergi. - Explicit de lacastelaine de Vergi. - Ce ml. utilisé par Méon e été décrit par Paulin Pariset par d'autres; ii est le seul qui soit daté d'une façon exacte. Il se rapprocheparfois du ms. C, base de notre édition (vv. 517-5 iS); mais il s'en éloignesouvent aussi (vv. 639-640, 859-860, etc.) et ne peut régulièrement consti-tuer avec lui une famille.

B. - Berlin, Bibliothèque royale, Flatiiiton 257, vélin, fin du xjrt t siècle,fol. 371e à 42 b. - L'incipit'manque. - Explicit. - Cems. décrit par nous',offre des ressemblances intermittentes avec le ms. D et surtout le sus. G(vv. 517-520, 865-866); par contre, il s'en écarte aux vers 639-640 et859-860. Nous en devons la copie à l'obligeance de M. Eugène Wolter, deBerlin.

C. - Paris, Bibi. nat. (r. 837 (anc. 7218), vélin, (in du xizs siècle,fol. 6 b à ii a. - L'iiicipit manque. - A la fin : Explicit la cl,astelaine deVergi. - Ce ml., utilisé par Méon et décrit par P. Paris 3, a servi de baseà notre nouvelle édition. Voy. plus haut A.

j

D. - Paris, BibI. nat. fr. 'sis (anc. 7595 '), vélin, xivt siècle, fol. 82 V°

à m96 vo. Incipit : Cy commencée la cixestellaine du Vergier. - ExplicitCy fine la chastillaine du Vergier. - Ce ms,, que nous aurions négligéd'employer s'il n'appartenait au x tvt siècle, offre un texte rajeuni et trèssouvent fautif. Voy. plus haut B.

E. - Paris, BibI. nat. fr . 2136 (anc. 7973), vélin, miniatures, xivt siècle,fol. 139 C0 A 152 V 0 . - L'incipit manque. - Explicit la chastelaine de Vagi.

• - On remarque dans ce ms., qui a des airs de parenté assez étroite avec Aet F (vv. 639-640, 765-766, 865.866), une lacune de 6o vers (vv. 415-474)par suite de l'arrachement d'un feuillet.

F. - Paris, BibI. nat. nouv. acq. fr. 4531, vélin, miniatures, com-mencement du x,ve siècle, fol, 88 b â 94 d. - Incipit De la cijastelainnede Vergy. ..- Explicit la chastelainne de Vergy. - Ce cos., nouvellement acquispar la Bibliothèque nationale, a été signalé par M. G. Paris 4; il se rattache àplusieurs mss. du xvIe siècle que nous avons laissés de côté, et présente uneparticularité graphique intéressante le copiste place en effet à la toniqueaprès j ou ai un e adventice lie pour li, article féminin (vv. 36, 290, 329,

r. Les ,nanuscritsfrançois de la Bibliotbtlque du Roi, III (1840), 188-238.2. Ro,,u2nia, XII (1883), 209-229.

3. Les tels, fi, VI (1845), 404-416.4. Romareia, XIX (1890), io6, et Histoire littéraire , XXXI, 318 ; vo)'; aussi

L. Delisie, Ma,sztsc,its latins et français ajoutés auxfonds des nouvelles acquisitions

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LA C1[ASTELA1NE DE VERGI 5569, 741), avoier pour avoir (y. 79), giese pour gise (y. 93), voier pour voir(y. 252),giest pourgist (y . 838), lite poïir lit (w. 728, 730, 864, 874).

G. -Paris, Bibi. nat. Moreau 1719, copie du xvnssiècie, fol. 221-250.--Incipit Ci commence le conte de la chasteleine de Vergi. - L'explicit manque.- Cette copie d'un ms. de la fin du xTrre siècle ou du commencementdu xlve, appartenant au marquis de La Clayette ', a été faite pour Sainte-Palaye; elle représente un texte assez mauvais. Voy. plus haut B.

H. -Paris, Bibi. nat. fr . 25545 (anc. Notre Dame 274 bis, antérieure-ment N. 2), vélin, xme siècle, fol. 84 e à 89 e. - Incipit Ci continence de lachastelaine de Vergi qui 3noru pour loialnnent amer son ami. - Explicit de lachastelaine, etc. (comme à l'incipit). - Ce ms. •a servi de base principale autexte de Méon; ses leçons sont généralement bonnes et ont quelques pointscommuns avec E (vv. 399-400, 517-520).

Les manuscrits des xvt et xvi0 siècles que nous n'avons pasemployés pour notre édition sont au nombre de sept troisappartiennent à la Bibliothèque nationale, un à la bibliothèquede Valenciennes, un autre se trouve à Genève, un autre àHambourg, un dernier à Oxford.

t". - Paris, l3ibl. nat. fr . 780 (anc. 71883), papier, fin du xve siècle, fol.

97 1O à '10 vo . - L'incipit manque. - Explicit le romant de la chastelaine duVergier. - Ce ms., décrit par P. Paris', mal relié autrefois, a d'asseznombreuses lacunes, une entre autres de 64 vers au commencement; il serapproche d'une part du ms. E et de l'autre du ms. (r. 2236 de la BibI. nat.(ci-après 2°), du ms. F (voy. plus haut) et du ms. de Genève (voyez plusbas 50), avec lesquels il n une fin commune (4 vers ajoutés) ; il a aussi despoints de contact avec le lus, d'Oxford (voy. plus bas M.

2e.. - Paris, BibI. nat. (r 2236 (soc- 8oi, ), papier, xve siècle, fol. 71 r°à 92 r°. - L'incipit manque. - Explicit Ci finist le romans de la ehatelainede Vergi. - Ce ms,, très proche parent du ms. de Hambourg (voyez plusbas 6°), se rattache aussi aux mss. E, F et au ms. (r. 780. Au vers 292, onlit la leçon

Com le chevalier de Cousi.

Paris, Bibl. nat. fr . 15219 (anc. supplément (r. 738), papier,xvs siècle, fol. 77 r° à 93 r°. - L'incipit manque. - Explicit la belle dainedu Vergier chastellaine. - Ce ms.-, qui présente de mauvaises leçons et des

[de la .liihliothéque nationale] pendant les années 187;-' 8u, inventaire alphabétique(1891), partie I, p. 13-14.

. Voy. P. Meyer, Notice sur deux anciens manuscrits français ayant appar-tenu au marquis de La Clayette, Notices et extraits des manuscrits, XXXiII,1 re partie, ('890), 917. *

2. Les uns. fr ., VI, 152-157.

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F-- ' -

G RAYNAUD

lacunes fréquentes, a des fautes communes avec F (vv. 363-364, 573-574manquent) et avec le ms. de Valenciennes (voy. plus bas 40), qui -ometcomme lui les vers 171-172.

40. —Valenciennes, Bibliothèque municipale, sus. 398, papier, xve siècle,fol. 83 r° à 99 vo. - Incipit La chastelainne du Vergier. - Explicit. —Cetus, e , que, grâce à l'obligeance de M. Lecat, bibliothcaire de la ville deValenciennes, nous avons pu collationner en septembre 1891, malgré lafermeture de la Bibliothèque, présente un texte assez rajeuni -se rapprochantdu ms. fr. 15219 (voy. plus haut 3°) et surtout du ms. G (vv. 817-818 onliscomme dans ce dernier). Le tus, de Valenciennes place â la fin les 4 vers déjàajoutés par le ms. G, qu'il fait suivre de 12 nouveaux vers de moralité.

- Genève (Bibliothèque de), me. 179 bis, papier, xv1 siècle, fol. 14 r°31 y0 . - L'incipit manque. - Explicit en vers

Dejafenisi don chevalierEt de la dame de Vergier.

Explicit.

Ce ms.', dont notre confrère Hippolyte Aubert a bien voulu nous faire lacopie, est incomplet au commencement (manquent les vv. i-a) et au milieu(manquent les vv. 287-333) par suite de l'arrachement de deux feuillets. Le

'texte raSeuni de ce ms. est souvent indépendant, mais il a d'assez nombreusesressemblances avec les mss. E et F(vv. 409-410 leçon de E, vv. 557-520 leçonde E, F, H, vv. 639440 passés comme dans A, B, E, F, vv. 765-766 leçonde E, F, vv. 859-860 passés comme dans A, B, E, H, vv. 86-866 passés commedans A, F, F, vv. Ôr-902 passés comme dans E). La 6h, pareille â celle dums. F, des mss. fr . 780 et 2236, comprend 4 vers, suivis des 2 vers que nousavons donnés ci-dessus en explicit.

6°. - Hambéurg (ms. de la Bibliothèque de la ville de), papier encartéde parchemin, milieu du xvt siècle, pages 161 â 191. - L'incipit et l'explicitmanquent. - Ce ms., dont une description détaillée a-été donnée en 1886par le docteur R. Heiligbrodts; est l'œtMe d'un copiste inintelligent quicommet de nombreuses erreurs,et semble avoir suivi un ms. de la famille dums: fr. 2236 (voy. plus haut 20). Au vers 292, au lieu de li chastelains deCovci, on lit la chastelaine de Cousi 1 Un certain nombre de vers, entre autres

z. Voy. J . Mangeart, Catalogue descriptif et -raisonné des manuscrits de labibliothèque de Valenciennes (s86o), 397 .-

2. Voy. E. Ritter, Notice du tus. 179 bis de la Bibliothèque de Genève, dans leBulletin de la Société des anciens textes français, 3e année (1877), 85-99.

. Dans les Neuphilologische Beitrdge herausgegèben vont Verein fier - ,uuereSprachen in Hannover (octobre 1886), P. 66-8. En 1886, ce ms. a été déposékmporairemeizt, et non (Roinania, XVII, i6Ô) définitivement; â la bibliothèquede Hanovre. - -

L r,

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LA CHASTELAINE DE VERGI

les vv. 930 -938, ont une rédaction toute différente de celle des autres mss.La fin manque à partir du vers 942.

7° . Oxford, Bibliothèque Bodlcienne, ms. 445.(anc. F. 5. r9), .,papier,milieu ou fin du ne siècle, (01.142 r°,à 158.—Incipit 1 Gy commence rom-mont de. la chastelaine du Yergy. - ExphcM en vers

Gy fine ung precieux rommansQui tif de deux loyaulxeimans, -C'tst de la dame du VergierEt d'un beaubeau genlil che'alier.

Nous avons découvert ce Tiis..cachê sous une faute de lecture au n° 2386du catalogue de la Bodleienne de Bernar4' : «Romance de la chaste darne duVergier. a Grâce â l'obligeance de MM. W. Macrayet-Paul Meyer, nous pouvonsle comparer aux autres manuscrits de la Chastelojnt de Vergi et constater qu'ila quelques rapports avec le ms. D et surtout avec le ms, fr. 780 (vv.953:954passés). Ce tes. ajoute à la lin ces 4 vers

Or prions pour les deux amansEt pour les autres bonnes gens,Qpe Dieu nous vueilleto's aidierEt nous garde tous d'encombrier,

qu'il fait suivre des 4 vers d'expliçit transcrits plus haut.

II

L'analyse 2 de la Ghastclaine-de Vergi ne peut donner qu'unefaible idée du charme de ce petit poème; elle est toutefoinéces-saire pour permettre 'de comparer avec l'original les imitationsnombreuses qui en sont nées. La scène se passe en Bourgogne,alternativement au château dé Vergi 3 , - demeure-de l'héroïne,,et dans un château du duc de 'Bourgogne, ' très voisin 'dupremier, sans-doute le château , d'Argilly 4 .Les personnages sontde duc et-laduchessedeBourgogne- qui ne sont-pas nommés, la

i. Catalogi Jibroruyn manuscriptorum Angiiet et -Hibernetlilium -collecti(Oxford,- 1697).

2. Une analyse en a-déjà été faite dansl'HistoireJ!'ttdra.ire, )C'JIl(43),

779:786.: Aujourd'hui Vergy, Côte d'Or, commune deReulie, canton de Gevrey.

- Sur le château de Vergy, voy. E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de laract capêlienne,t 111 (1889) -2-4.

4 . Aujourd'hui Côte-d'Or, canton de Nuits.

a4

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G. RAYNAUD

châtelaine de Vergi, nièce du duc, et un chevalier amant de lachâtelaine. L'amour du chevalier et de la châtelaine est ignoréde tous; et la darne, qui est mariée, use de précautions : elle agrand soin, par exemple, de prévenir son ami chaque fois qu'ellepeut le recevoir, en envoynnt à sa rencontre un petit chiendressé à cet effet.

Le duchesse de son côté s'est éprise du chevalier et le lui faitassez comprendre pour qu'il croie devoir lui déclarer qu'il nese montrera jamais déloyal envers son seigneur. Désappointe-ment et colère de la duchesse, qui jure de se venger et se plaintau duc d'avoir été outragée dans son honneùt par le chevalier.Le duc reproche sa perfidie au chevalier, qui, pour se disculper,malgré le serinent fait à sa maîtresse de tenir leur amour secret,est bien forcé d'avouer au duc qu'il est depuis longtemps déjàl'amant de la châtelaine de Vergi. Il lui donne alors quelquesdétails complémentaires et lui parle entre autres choses du petitchien si parfaitement dressé. Le duc à demi convaincu demandeau chevalier à l'accompagner lors de son prochain rendez-vous,pour assister de loin à la rencontre des deux amants. Le chevaliery consent, et la nuit suivante, les deux hommes partent à pied.Le duc caché derrière un arbre' voit venir le petit chien suivibientôt de la dame; il peut alors constater de visu que le cheva-lier ne lui a pas menti.

La nuit se passe, et après des adieux touchants, dont le ducest entore témoin, le chevalier quitte sadaine et demande au ducle silence sur cette aventure. Le duc promet, mais devant lesmenaces, les prières, les caresses de la duchesse, dont la ven-geance est toujours en éveil, il raconte toute l'histoire à safemme, qui n'attend pas longtemps pour humiliér son heureuserivale. A laprochaine fête qu'on donne à la cour, au milieude l'assemblée des dames, elle interpelle la châtelaine, et aprèslui avoir, en badinant, fait compliment de son anti, elle la félicitede savoir si bien dresser les petits chiens. Les dames présentesne comprennent pas l'allusion, mais la châtelaine de Vergi,confuse et désespérée, quitte la salle et se retire dans unechambre du château, où elle se livre à sa douleur, pleurant surson amour perdu, pleurant surtout sur la trahison de celui

i. Cette scène a inspiré la miniature qui se trouve, presque identique, entète du poème dans les mss. E et F.

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LA CHASTELAINE DE VERGI 9qu'elle aimait et qui, connaissant seul leur secret, a seul pu lerévéler. Elle se laisse aller ainsi à exhaler ses plaintes touchanteset meurt en croyant son amant coupable.

Le chevalier, inquiet de ne plus la voir, la cherche, la trouveenfin, et, devant le corps de sa maîtresse, apprenant les proposperfides de la duchesse, il se tue, se punissant d'un crime qu'iln'avait pu empêcher. Le duc est prévenu de ce qui s'est passé ilaccourt furieux de la conduite infâme de la duchesse et la tue.Bientôt, tourmenté par le remords, il se croise et part pour laTerre Sainte, où il prend l'habit de Templier depuis on nel'a plus revu.

Ainsi finit le roman de la Chastelaine de Vergi, « qui mourutpour loyaulment aimer son ami ». On peut s'en rendre comptepar ce rapide résumé, l'intrigue de ce petit roman est des plussimples; le style en est sobre et d'une langue facile. Mais ce dontil faut surtout louer le poète inconnu, c'est d'avoir su nuancerles caractères de ses personnages et exprimer excellemmentleurs diverses passions, l'amour si profond, si tendre et si délicatde la châtelaine, l'attitude loyale et chevaleresque de son amant,la droiture, la noblesse et aussi, on peut bien le dire, la faiblessedu duc, enfin la jalousie féroce et vive, la haine implacable dela duchesse. Avec quel art cette femme obtient du duc le secretdes deux amants! Comme elle varie ses moyens 'd'attaque enprotestant de son amour pour son mari! Et dansles regrets dela châtelaine mourante, quelle finesse de pensée, quel sacrificecomplet de sa personne, quelle ardeur de sentiments! Lesauteurs modernes n'offrent rien de supérieur à ce , délicieuxroman, comme analyse du coeur humain et comme étude depsychologie amoureuse.

M

Le côté littéraire n'est pas le seul intéressant dans la Chaste-laine de Vergi. Ce poème présente, en effet, un élément histo-rique, qui mérite d'être signalé les personnages que nous yvoyons figurer ont existé -réellement, et les détails que nousconnaissons de la vie de trois d'entre eux concordent, sauf enun ou deux points, avec les faits exposés dans le roman, quidevient ainsi un véritable roman à clef.

7 -----

L ;GuûTHEQUE))

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10 G. RAYNAUD

L'héroïne du poème est mariée à un Vergi; elle-est de plusnièce d'un duc de Bourgogne; nous savons, en outre, par ladate exacte d'un 4e nos manuscrits (ms. A), que l'auteur n'a pucomposer ses vers après 1288. Or l'alliance des maisons deBourgogne et 4e Vergi n'a eu lieu qu'en r 199, lors du mariaged'Alix de Vergi et d'Eudes III, duc de Bourgogne; c'est doncentre 1199 et-1288-qu'il nous faut chercher notre châtelaine deVergi. De 1199 . 1288, nous trouvons deux-dames-de Vergi,nièces l'une et l'autre d'un duc de Bourgogne. La première est.Elisabeth de Ray', femme de Henri de Vergi,et nièce d'Alix deVergi, femme du duc Eudes III; la seconde est Laure deLorraine, mariée en -premières noces à Jean de Dampierre eten secondes noces, entre 1259 et 1267, à Guillaume de Vergi,sénéchal -de Bourgogne elle devint, par ce mariage', petite-cousine ou plutôt nièce, à la mode, de Bretagne, de Hugues IV,duc de Bourgogne.

Nous ne croyons pas, malgré l'opinion de Du Chesne,qu'on puisse identifier la châtelaine de Vergi avec Elisabeth deRay. Outre qu'il y aurait une trop grande différence d'âge entreles deux rivales, la tante et-la nièce, il faudrait aussi supposer,pour. rester dans les données du roman, qu'Elisabeth étaitmariée du vivant d'Eudes ifi, mort en 1218, ce qui n'est pasprobable, mais ne saurait être -vérifié en l'absence de toutechronologie exacte relative à ces personnages. De plus, le textevise positivement la propre parenté .du duc .et.de la châtelaine

' (-voy. vv. 60, 677, 687 et 847); et Elisabeth n'était .que la-nièce dAlix de Vergi,ifemme dEudes M. -

Ceci posé, l'héroïne du roman ne peut être . que ' Laure -deLorraine 3, indifféremment qualifiée de Vergi, de, dàine deVergiet surtout de chastelaine de Vergi. Elle n'était évidemment pasdaine de Vergï, car cette seigneurie appartenait, depuis r 199, àla maison de-Bourgogne; mais on peut admettre que le ducavait donné eh fief à Guillaume de Vergi la çhâtellenie dont il

r. Elisabeth de Chalon, d'après M. Ernest Petit.2. Du côté 4eson père Mathieu 11, duc de Lorraine, Laure étaitaussi petite

nièce à la mode de Bretagne de Hugues IV, dont l'aïeul, Hugues iii, avaitépousé Aux de Lorraine.

. Les auteurs de l'Art de vérifier les dates ont émis -les premiers cette opi-nion sans la motiver (éd. 1787,- III,

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LA CHASTELAINE DE VERGE II

portait déjà le nom, et que, par suite, Laure de Lorraine avaitle droit de se faire appeler châtelaine de Vergi.

Le duc visé par le poète est, dès lors, Hugues IV, qui nousest représenté partant pour la Terre Sainte et n'en revenant pas.En fait, Hugues IV se croisa avec Louis IX et mourut en 1272,de retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Quelle est la duchesse? Ce ne saurait être Yolande de Dreux,première femme de Hugues IV, qui meurt en 125.5, alors queLaure de Lorraine, mariée à Jean de Dampierre, • ne -portaitpas encore le nom de Vergi. C'est donc Béatrice de Champagne,mariée en 1258. -

Quant au chevalier amant de la châtelaine, nulle allusion nenous permet de découvrir son nom.

Le poète, nous le voyons, n'a pas suivi de très.près la véritéhistorique en terminant sa narration par le départ du ducHugues pour la Terre Sainte, d'où il ne doit plus revenir ily a dérogé de nouveau en faisant mourir en même temps Laurede Lorraine et Béatrice de Champagne, dont l'une- vivait encoreen 1281 , et dont l'autre mourait en 1295, àVillaines, au lieumême où son mari avait succombé en revenant de Galice. Maisces détailsn'importent guère, pensons-nous, dans une oeuvre litté-raire où l'imagination est prépondérante. Le poète, écrivant aprèsles évènements, a dramatisé le récit d'un gros scandale arrivéà la cour de Bourgogne, entre 1267 et 1272, scandale où jouèrentcertainement un rôle Hugues IV, Béatrice de Champagneet Laure de Lorraine.

Nous sommes maintenant amené à rechercher à quelleépoque a été rimé le poème. L'auteur ne pouvait réellement pasraconter les amours adultères de ses héros, du vivant même desprincipaux intéressés; c'est- donc--après la- mort de Hugues IV etcelle de Guillaume de Vergi (auquel il est fait- aliusionpar levers 714), survenues l'une et l'autre en 1272, etaussi après lamort de Laure (vers 1282), qu'il-faut- placer la date de la com-position de la Chasielaine de Vergi, soit entre 1282 et 1288 2•

A cette époque, - Béatrice de Champagne vivait encore, et

i. Du Chesne, Histoire de la maison de Vergy (162$), P-' 1 46. - -2. D'après M. G. Paris (La -littérature française an moyen 4e, 2e édition,

1890, p. 25 ), la Chastelaine de Vergi a été écrite vers 1280.

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12 G:RAYNAUD

devait même être assez jeune'; niais le poète n'avait pas lesmêmes ménagements à garder vis à vis d'elle, dont il ne pou-vait plus rien craindre. Dès la mort de son mari Hugues TV,n'étant pas en bons ternies avec son beau-fils, le nouveau ducRobert II, et sachant peut-être qu'elle n'aurait pas u à sa courtoute la satisfaction qu'elle aurait souhaité z » elle s'était retiréeà l'Isle-sur-Montrêal 3, où elle vécut jusqu'à sa mort, ayant avecson beau-fils .de continuels démêlés, au cours desquels inter-vinrent divers arrangements 4. Même après sa mort, les dissen-timents ne s'apaisèrent pas entre les enfants des deux lits uncertain coffret mystérieux, contenant des lettres, fut entre autreschoses réclamé avec insistance au duc Robert par sa soeurIsabelle, fille de Béatrice et femme de Rodolphe de Habsbourg;mais après une courte réapparition, il disparut pour toujours 5.La perte de ces lettres, regrettable pour l'impératrice allemandequi y attachait tant de prix, l'est encore plus pour nous, carelles nous auraient peut-être éclairci quelques points douteuxde la vie de Béatrice de Champagne.

Rien dans le roman ne peut nous aider à découvrir quel enest l'auteur. Seules quelques rimes, noyées au milieu de nom-breux vers qui appartiennent au dialecte de l'Ile-de-France,semblent indiquer que le poème a dû être écrit par un Bourgui-.gnon, dont la langue était fortement influencée de françaisproprement dit 6 : gardo& pour gardez, rimant avecdroit 7 (vv. 139-140), parolt et vost rimant avec tort (vv. 677-678, 927-928).

i. On peut supposer avec M. d'Arbois de Jubainville (Histoire des ducs etcomtes de Champagne, IV, 341) qu'elle avait 12.111S en 1258 lors de son mariage;Cfl 1282 elle serait donc âgée de 36 ans.

2. [Dom Plancher], Histoire de Bourgogne, 11(1741), 38.3. Aujourd'hui l'Isle-sur-Serein, arr. d'Avallon (Yonne). - Béatrice de

Champagne avait apporté en dot à Hugues IV la châtellenie de l'Isle-sur-Montréal et une somme de 20.000 livres tournois (d'Arbois de JubainvilleHist. des ducs et comtes de Champagne, IV, 34).

4. Dom Plancher, II, 741, preuves cxxxviii et cxxxix,. Ibidem, preuve ccvi.

6. Nous ne trouvons pas en effet dans la Chastelaine de Itergi les nombreuxcaractères du dialecte bourguignon mis pour la première fois en lumière parM. P. Meyer dans la Ronsania, VI (18), 39-46, 600-604.

7. Voy. F, Bonuardot, dans ].a III (184), 88.

t -

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LA CHASTELAINE DE VERGI 13Signalons aussi les rimes dfroie et vraie (vv. I33-134), deloiet soi(vv. 267-268); l'imparfait amot (y. 146), rimant avec pot, estd'ordinaire attribué au dialecte picard, ainsi que la persistancedu t dans le participe mentit (y . 496).

Iv

Si le roman de la Chastelaine de Vergi n'eût été que le récitplus ou moins poétique et plus ou moins dramatique d'uneaventure bien connue à la cour de Bourgogne, sa vogue n'auraitguère survécu aux personnages qui y sont mis en scène; Maisl'histoire en elle-même était si attachante, l'intérêt purementlittéraire en était si grand que, pendant plus de deux siècles, laChastelaine de Vergi fut lue et relue par plusieurs générations delecteurs, heureux de trouver dans ce petit roman le charme etl'émotion, plutôt que la vérité historique.

Cette vogue, nous en avons la preuve dans les nombreuxmanuscrits qui, de la fin du xllIe siècle jusqu'au xvit siècle,reproduisent le poème , , et en remanient et modifient le texteau profit de lecteurs de plus en plus éloignés de l'original; ellenous est aussi attestée par les allusions fréquentes que les écri-vains font à la châtelaine de Vergi et à son chevalier, comparésd'ordinaire aux autres couples d'amants fidèles 2 le châtelain deCoucy et la dame de Paye1; Tristan et Yseut, etc.

Froissart place successivement la châtelaine de Vergi dans sonParadis d'amour

Il y sont Tristams et Yseus...Et des dames y est HelainnieEt de Vregi la chastelainne,

et dans sa Prison anwureuse 3

Qu'en avint Tristan et YseusQui fureiit si vrai arnoureus;Le castellainue de Vregi;

i. Voy plus haut le paragraphe relatif aux manuscrits.z. R. Michel dans ses Chansons du chdielain de rougi (1830, p. xxxz11-xxxV),

a réuni quelques exemples où figure la châtelaine de Vergi.3. OEuw-es de Froissart, Poésies, p. p. A. Scheler, 1(1870), 30; 217.

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14 G. RA.YNAUD

Et le castellain de CouchiQui oultre mer morut de doel?Si fist' la dame de FaicelApriès le mort don baceler.

Le Livre du chevalier de la Tour Landry, écrit entre 1371et 1372, fait aussi mention de la châtelaine de Vergi

Dont je vous en diray aucuns exemples de ceuix qui sont morz et peritapar amours. La dame' de Coucy et son amy en minutent, et sy firent kchevallier et la chatellainne de \Tergy et puis la duchesse; tous ceuli cy etplusieurs autres en morurent pour amours, le plus sans confession 3.

Dans le Lay du desert d'amours d'Eustache Deschamps, nousvoyons encore figurer

Du Vergy la chastellaine.,

de même que dans une ballade qui peut, sans trop d'invraisem-blance, être attribuée au même poète et ne se trouve cependantpas dans le ms. fr. 840 de la Bibliothèque nationale, formantle corpus de ses oeuvres

chasteliaineLa tresloyal nommée de Vergy 5.

Christine de Pisan était trop nourrie de littérature pour ne.pas connaître la thâtelairïe de Vergi. Elle en parle dans le Debatdes deux amans:

i. Je corrige le texte de Scheler fautif dans les deux niss. qu'il a utilisés(Bibi. nat.fr . 830 ci 831).

2. 11 y a confusion entre la. dame et le chiite tain de Couci.

. Le livre du chevalier de La Tour Landry, r4impr. par A de Montaigiondans la Bibliothèque Elté'uirienne (1854), P. 260. - Ce passage n'a pas toujoursété bien compris (voy. l'édition citée p. 301 et l'Histoire littéraire, XXIII,838). M. A. Tobler s montré (Zeitschrift fuir rornanische Philologie, III(1879), 609, note), ce qui, du reste, saute aux yeux de quiconqlie alu leroman, que la duchesse mentionnée ici est, non point une duchesse de Lor-raine, mais bien la duchesse de Bourgogne, rivale de la châtelaine.

4 . Œuvres complètes d'J3ustache Deschamps (éd. de la Société des anciens textesfrançais), II (i88o), 182.

. BibI. nat, ms. nouv. acq. fr . 6221 (Barrois 523, ancien Saint-Vic-tor 275), fol. x8. Voy. L. Delisle, Catalogue des manuscrits des fonds Libri etBarrais (1888), 256-257.

h..

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LA CHASTELATNE DE VERGI 15Et du Vergy la tresbelle assouvieChastelTaine, qui de riens n'ot envieFors de cellui a qui avoit plevie

Amour loyale;Mais elle et lui orent souldée malePar trop amer, car mort en jeurent palèSi ont fait maint et en chambre et en sale

- A grant douleur '!Martin Le Franc, dans son Champion des dames, ne se

contente pas d'une citation; c'est une analyse tout entière qu'ildonne de notre roman. Nous reproduisons les deux strophes,bien qu'elles aient déjà été publiées dans la Romania 2, maisnous croyons utile de présenter un tableau d'ensemble desallusions à la châtelaine de Vergi dans la littérature du moyenâge:Qye diray je du chevalierSeulement par le chiennet duit'Qui tant amoit couvertementLe temps et l'eure congnïssoit,La chagteiaine du Vergier?Et n'avait aultre saufconduitFait oit riens tint secretementChiant il y entrait ou yssoit.Que fausse Envye appertementEnvie qui contrepensoitNe c'ongnoisse, die et descelle?Neantmains tout le fait accusa,Je l'ay apris, Dieu scet comment,Et congnut on que vray estoitEntre envyeux rien ne se celle.Ojant une mort les encusa.

Etifin dans une rédaction du Livre des senets aux philosophes,que veut bien nous signaler M. G. Paris, et dont le ms. 3 appar-tieflt à hi fin du XV 1 siècle, nous voyons k sire de Coucy donnécomme amant à la châtelaine de Vergi

Ramembre toy, dit Tymeo è Piacidés, de la femms.au roy Pharaon qui seplaindy de Joseph et le fist emprisonner pour tant que une voulait en sacompaignie habiter, et du sire de Coucy, amy a la chastellaine de Vergy,contre la duchesse, et de plusieurs autres.

Outre ces passages d'écrivains des XIVC et xv 0 siècles, il nousfaut mentionner une version en prose de la Chastelaine de Vergi,

I. Œuvres poétiques de Christine de Pisan, p. p. Maurice Roy pour la Sociétédes anciens textes français, U (1891), 72.

2. T. XVi (1887), 403, d'après k ras. fr . 12476 de la Bibi. tut,, fol. 71 C -3. Bibi. nat. fr . 212, fol. 542 C. - Un autre ms. bien plus ancien (Bibi.

nat. û. 19958), déjà signalé comme tout différent du premier (Histoire luté-"aire, XXX, 570), ne contient pas ce passage.

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G. RAYNAUD

qui a dû être composée en Italie à la fin du XIVe siè'cle ou aucommencement du Xv'; elle a été publiée • dans- -ces dernièresannées, d'après un ms. du Val d'Aoste appartenant à une collec-tion particulière. Cette rédaction en prose, la seule qui ait étésignalée jusqu'ici 1 , suit - tout d'abord le texte français d'assezprès, puis s'en éloigne et se perd en délayages. L'auteur, pourexpliquer le nom de du Vergier donné à la châtelaine, supposequ'elle a reçu en cadeau du duc son oncle un verger. Le cheva-lier est appelé Tristan, sans doute par une confusion avec leTristan, amant d'Yseut, qui figure dans un vers du poème(y . 760). Le duc, après avoir tué sa femme, entre en religion 2•

Cette version ne semble pas avoir été très répandue; confinéedans la région qui l'avait vue naître, elle n'a remplacé nulle partailleurs le texte en vers, qui fut lu en France jusqurau xvi 0 siècle.

A l'étranger, la Chastelaine de Vergi n'eut pas la vogue debeaucoup d'autres compositions françaises du xiii' siècle.Boccace, continuant en Italie les procédés des auteurs français,met la châtelaine au nombre des amantes fidèles et malheu-reuses, à côté de Guiglielmo Guardastagno, le Couci italiendont il raconte, d'autre part 3, les aventures

Dioneo e la Fiammetta comiiciarono a cantare di messer Guiglielmo edella dama de! Vergiù; Filoinena e PamBlo si diedono a giucare a scacchi... 4

Dans les Pays-Bas, nous voyous, dès le commencement duxlve siècle, apparaître une rédaction néerlandaise en vers S, quis'est inspirée directement de l'original français et est devenue

x. Cf. P. Meyer, Remania, XIX (1890), 34 1. - On verra plus loin l'er-reur de Fr. Michel qui n fait croire â l'existence d'une version en prose duxvi' si&le.

2.. La chastelaine• du Vergier , publiée [par le baron de Saint-Pierre]dans Novelie e poesie [rancesi inedite o rarissime de! steak XiV (Florence, 1888,â jo exemplaires), 1-41. Voy. sur cette publication de luxe un compte rendude M. P. Meyer dans la Remania, XIX (1890), 340-343.

3. Decameron, IV, 9.4. ibidem, In, io.5. Cettcsédaction, étudiée et publiée déjà plusieurs fois, va de nouveau

être imprimée par les soins du docteur F.-A. Stoett, professeur au Gymnased'Amsterdam. Voy. aussi Louis D. Petit, BiMiraphie der ,neddel-neder!andschrTaal-en Letterhtude (Leiden, i88o), p. 169, °d70.

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LA CHASTELAINE DE VERGI 17

la source d'une version populaire, imprimée une première foisà Anvers, vers 15 So, et réimprimée à Amsterdam au xviP siècle.

Il n'est pas étonnant que le roman de la Chastelaine de Vergiait pénétré d'aussi bonne heure dans les pays de langue tioise,car Laure de Lorraine, l'héroïne du poème, mariée en premièresnoces à Jean de Dampierie, frère de Guy de Dampierre, comtede Flandre en 1280, avait toujours conservé des relations, par-fois difficiles, avec son premier pays d'adoption. C'est ainsiqu'en 1267, déjà remariée à Guillaume de Vergi, elle conclutun accord avec Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut,mère de son premier mari'. Les difficultés ne durent pass'aplanir du coup, et il est permis de supposer que ce ne futpas sans un certain plaisir qu'on accueillit à la cour de Flandrele récit d'une aventure où Laure de Lorraine jouait le principalrôle. De là sans doute cette traduction en vers néerlandais, puiscette rédaction populaire qui dans les Pays-Bas assura à notrepoème une carrière aussi longuç que celle qu'il parcourut enFrance.

En France, au XVI° siècle, le texte français du x!lrc, bien qu'unpeu rajeuni dans les siècles postérieurs, cessa d'être compriscouramment, et notre gracieux roman serait tombé dans l'oubli,si un auteur aujourd'hui inconnu n'avait eu l'idée de composersur le thème primitif une sorte de variation, qui, tout enconservant le fond, changea complètement la forme de l'origi-nal. Ce nouveau petit poème 2 , en vers de 8 syllabes, est coupéen dialoguès, et nous fait assister à une série de scènes quiforment comme autant de tranches de l'ouvrage primitif, entre-mêlées de lieux communs d'amour. Le chevalier vient d'abordsaluer sa dame dans le verger (même idée que dans la versionen prose); puis la duchesse envoie chercher le chevalier et leprie d'amour; le duc écôute les plaintes de la duchesse etinterroge le chevalier; le chevalier montre au duc « la maniere

j . Arch. du Nord, Flandres, carton t, pièce 95 (Renseignement commu-niqué par M. Ernest Petit),-

2. Livre d'amours du chevalier et de la dame chastellaine du Vergier comprenantlestai de leur amour et comment elle fut continuée jusques a la mort. On les vendà Paris en la rue Neufve de Nostre Dame à l'enseigne sainct Jehan Baptiste[vers 1540, ia-16, fig. sur bois).

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is G. RAYNAUD

de revisitement de sa daine »; enfin la dame reçue par le ducest prise à partie par la duchesse et meurt en s'écriant

Adieu, mon ruent, adieu, m'amour;Mourir me convient sans sejour;De vous je fais departement.Je pi-i Dieu que benignenentVueille conduyre nia pauvre amelJe meurs icy en grain diffame...

C'est ce poème, si différent du texte du xiii' siècle,-que Er.Michel a pris pour une version en prose 1 , publiée au xvr; ilne le connaissait sans doute que par la mention de Brunet, quicependant n'avait pas oublié d'ajouter « poème en vers ».L'erreur de Fr. Michel, acceptée depuis sans contrôle, a laissécroire jusqu'ici qu'il existait de la Chastelaine de Vergi une ver-sion en prose du xvr siècle, imprimée à cette époque, ce quiest inexact. Il n'existe de rédaction en prose que celle dont nousavons parlé plus haut et qui appartient à la fin du XIV 0 ou mieuxau commencement du xv' siècle; de plus, il n'existe d'autreimprimé du XVI C siècle que le petit poème dialogué, n'ayantque des rapports assez lointains avec la rédaction originale.

Mieux que l'auteur du poème dialogué, Marguerite d'Angou-lêne sauva notre roman de l'oubli en l'accueillant dans son.Hepiaeneron e . Bien qu'il s'agisse un peu d'une histoire defamille, qu'elle connaissait sans doute par tradition (son mari,Henri d'Albret, roi de Navarre, étant parent très éloigné deBéatrice de Champagne), la reine Marguerite dit ne reproduirequ'un récit écrit autrefois « en vieil langaige ». La nouvelle del'Heplamero?z, tout en allongeant souventle texte original, lesuit en effet pas à pas et n'y introduit que de légers change-ments. C'est ainsi que la dame du Verger, mariée dans le poèmedu xiii' siècle, est devenue veuve sous la plume de Marguerite.Le duc n'habite plus un château quelconque, mais bien le châ-teau d'Argilly, qui appartenait effectivement aux ducs deBourgogne. La fin surtout est modifiée le duc entreprend unvoyage sur les Turcs u, et trouvant à son retour son fils alliécapable de bien gouverner son duché, il entre en religion.

Bandello, le conteur italien, ne fait que traduire la nouvelle

i. Chansons du chdlelain de Coucy (1830), P. xi, note.a. Vii' journée, 70t nouvelle, éd. Jannet-Picard, 11, 194-214.

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LA CHASTELAINE DE V.ERGt 19

de l'Heptanzerori avec de nouveaux développements et quelqueschangements '. La châtelaine, « niadama di Verziero n, s'estmariée secrètement, depuis son veuvage, avec le chevalier, quiporte pour la première fois le nom de Carlo Valdrio. Quant àla duchesse, le duc l'a épousée en secondes noces. Cette mentionne permettrait-elle pas de penser que Bandello avait sur l'aven-ture de la châtelaine de Vergi des renseignements particuliers,qui nous justifient pleinement d'avoir identifié la duchesse avecBéatrice de Champagne, seconde femme de Hugues 1V? A la findu récit, le duc, revenant de Terre Sainte, se retire dans uneabbaye, après avoir abandonné à son frdre la direction de sonduché.

François de Belleforest, le continuateur de Pierre Boaistuau,traduit 2 servilement le texte de Bandello et ne semble pas soup-çonner que la dame de Verier, traduction de Veriero, puisseêtre la dame de ïtergi ou tout au moins de Vergier. L'amant,ou plutôt le mari de la dame, se nomme Charles Vaudray,traduction libre de Carlo Valdrio.

Du xvr siècle, il nous faut passer au xvni° pour rencontrerune forme renouvelée de la Chastelaine de Vergi. Elle nous estofferte par la nouvelle de M. de Vignacourt.3, inspirée directe-ment de Belleforest. L'auteur cependant ne s'est pas tenu à sonmodèle, mais a voulu composer un roman dans la mode dujour et a adouci légèrement les hardiesses du texte primitif. Lascène est transportée sous Philippe Auguste, à la cour deHugues fr, duc de Bourgogne, car ce fut lui, nous dit l'auteurdans sa préface, o qui tua si femme qui mourut à Clugny,el' 1078 n, assertion dont il ne fournit pas la preuve. Par unahachronisme qui ne choque pas le romancier, l'héroïne portele non de Laure de Lorraine. Laure, aimée de Vaudray, estforcée de se marier au comte de Vergy, qui part en guerreaccompagné de Vaudray. Ce dernier, dont l'auteur a fait le type

i. Nouelle di Matieo Bandella, parte IV, nov. vi , dans Raccolta di navellierifloUai,? (nuava Biblioteca popolare), Turin (1853), 265-289.

2. Histoires tragiques de Bandello, histoire 84° (Rouen, Pierre l'OyseIe, V(1604), 177-217.

3. La co,ntesse . de l'erg?, nouvelle historique, galante et tragique, par M. L. C.d[e] V[ignacourq, (Paris, 1722); insérée aussi dans la Biblioth?quede campagne,XIV (1761), 5192.

-J

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20 G. RAYNAIJD

de la générosité chevaleresque, sauve la vie au mari de cellequ'il aime; le comte n'en meurt pas moins, et la châtelaineépouse secrètement Vaudray. Le reste de l'intrigue se déroule dèslors semblable au récit que nous connaissons. Le duc, justicierde sa femme, est consolé par la religion!

Cette histoire dut avoir un certain succès, moindre toutefoisque celui d'un roman 1 tout différent, imité aussi du moyenâge, et relatif aux amours du châtelain de Couci et de la damede Fayel '. L'auteur, Mademoiselle de Lussan, ou son collabo-rateur, l'abbé de Boismorand, eut la singulière idée de donnerlenoni de Vergy à son héroïne, qui devint alors Gabrielle deVergy, dame de Paye!, personnage qui n'a aucun rapport avecla châtelaine de Vergi de notre poème. Cette confusion denoms a été expliquée de plusieurs manières 3. Sans nous attacherau prénom de Gabrielle, qui peut n'être qu'une fantaisie deromancier, il est à remarquer que les noms du châtelain deCouci et de la dame de Payel sont souvent cités, comme nousl'avons vu plus haut, par les écrivains du moyen âge 4, à côtéde celui de la châtelaine de Vergi, comme les représentants del'amour fidèle et malheureux. Un passage entre autres deFroissart, reproduit par nous, mêle tous ces noms dans unephrase assez embrouillée pour qu'à première vue on puisse nefaire qu'une seule et même personne de la dame de Fayel et dela châtelaine de Vergi ; de là sans doute l'erreur de mademoi-selle de Lussan, erreur que plus tard partagea La Borde, affir-mant dans ses Méuwires historiques de Coucy que Froissart est lepremier qui ait donné à la dame de Fayel le nom de Vergy.

i. On lit dans le Dictionnaire des anonymes de Barbier, 3 éd., I (1872Y:Anecdotes de la cernr de Philippe-Auguste (par Mile de Lussan, aidée de l'abbéde Boisrnorand), Paris, 1733-1748, 6 vol. in-12., -

2. Publié par Crapelet sous le titre de L'Histoire du châtelain de Coucy et dela darne de Fayel (Paris, 1829, gr. in-80).

. Voy. Er. Michel, Chansons du châtelain de Coucy (i8 30), p. xi-xu;P. Paris, Les 'nss.fr., III (1840), 226-227; G. Paris, Roneania, VIII (1879),

et Histoire littéraire, XXVHJ (5891), 387-388.4. Nous avons déjà remarqué plus haut la confusion faite par une version

du Livre des secrets aux philosophes entre le sire de Couci et l'amant de la ch.i-telaine: nous ne croyons pas que ce texte peu connu ait servi de point dedépart à l'erreur de Mile de Lussan, qui, comme La'Borde, a dù mal inter-,prêter le passage de Froissart.

5. Page 26.

L

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LA CIJASTELAJINE IDE VERGI 21

Remarquons, de plus, que Couci et Vergi riment ensemble;l'un est châtelain, l'autre châtelaine, double raison pour réunirles deux noms; enfin, dans la Chastelaine de Vergi, l'auteur faitréciter par l'amant un couplet' d'une des chansons du châtelainde Couci de là à prendre le chansonnier lui-même pour l'amide la dame, la transition était facile pour quiconque ne compre-nait pas bien le texte du mire siècle.

Nous demandons à proposer une nouvelle explication. Onsait que l'abbé de Boisniorand, le collaborateur de mademoisellede Lussan, a écrit une Histoire amoureuse et tragique des prin-cesses de Bourgogne 2 . Ne peut-on supposer qu'au cours de seslectures sur la Bourgogne, il ait rencontré le nom d'Alix deVergi, qui ayant fait n clore de murailles un grand parc à l'oppo-site du château, sur le penchant de la montagne, du côté dusoleil couchant, en un terroir appelé FayO n, avait sans douteajouté à ses titres celui de dame de Faye ou Fayel? Une Vergiétait donc dame de Fayel; et quand l'abbé de Boismorand etMile de Lussan rencontrèrent sous leur plume une autre damede Fayel, ils n'hésitèrent pas à en faire une Vergi ils lui don-nèrent, de plus, le nom de Gabrielle, suggéré peut-être par lamauvaise lecture d'un manuscrit.

Cette confusion des héroïnes des deux poèmes fut admise partous les écrivains du xvnr siècle, et Gabrielle de Ver', maî-tresse de Coucy, forcée par un mari cruel à manger le coeur deson amant, futsurtout rendue célèbre parune romance du duc deLa Vallière 5, t laquelle plus tard faisait encore allusion Mmc de

r. La même strophe, plainte banale d'amoureux délaissé, se trouve déjàdans le Roman de la Violette, p. p. Fr. Michel (Paris, 1834), 218-219.

2. 1720, 2 vol. in-ta. - Médiocre roman retraçant les amours de Margue-rite de Bourgogne et de ses deux belles-soeurs, sujet que devait traiter plustard Alexandre Damas dans la Tour de Nesles.

. Du Chesne, p. 116.4. On lit â la fin d'un des manuscrits que nous n'avons pas utilisés pour

notre édition (B. N. fr. 15219) « Explicit la belle dame de Vergy r. Cesdeux mots La belle, mal lus, pouvaient être pris pour Gabelle et interprétésGabrielle. Encore fallait-il que le . lecteur se contentât de lire t'explicit sansjeter les yeux sur le texte, qui n'a aucun rapport avec l'Histoire du chdtelain deCoucy et de la darne de Fayel, dvenue Gabrielle de Vergi.

5. Impr. en 1752, réimpr. par Fr, Michel, Chansons du cbdtelain de Corccy,P- 103-110.

'r

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22 G. RAYNAUD

Genlis dans ses Mémoires', et par deux tragédies, toutes deuxécrites en 1770 et toutes deux traduites cri italien en 1772,l'une de Baculart d'Arnaud, l'iutre de Buyrette de Belloy, qui,parodiée en 2777, par Imbert, sous le titre de Gabrielle de Passy,était encore réimprimée en x8or

'après plusieurs éditions. Cette

vogue est aussi attestée par une foule de mémoires historiqueset de morceaux littéraires 3.

En 1766 parut un autre roman intitulé La comtesse de Ve;çi clRaoul de Coud, époux et amans fidèles, hitoire véritable, galante ettragique 4 . Ce roman dans lequel, par une erreur inverse et sansdoute volontaire, l'auteur anonyme a donné le nom de Raoulde Couci au chevalier amant de Laure, dame de Vergi, au tempsd'Eudes, comte de Bourgogne, n'est que l'abrégé et comme lacontrefaçon de l'oeuvre de M. de Vignacourt, -se rattachantainsi par Belleforest, Bandello et Mrguerite d'Angoulême autexte original.

Malgré ce roman, malgré la traduction et imitation deLegrand d'Aussy, malgré l'édition de Méon 6 et les fravauxlittéraires qui depuis ont été nus au jour, Laure de Lorraine,châtelaine de Vergi, qui a inspiré le poème que nous réimpri-mons, n'est guère connue de nos jours que sous le faux nom de•Gabrielle de Vergy dans la littérature couranteet encore lui

j . Paris, 1825, 11, 155.2. Voy. Fr. Michel, Chansons.... p. xix-xxvii.3. Parmi ces morceaux, M. Emile Picot veut bien nous signaler une tra-

gédie de société La comtesse de Paye), parue à Lyon en 1770, et deux épîtresen vers, l'une de M. Mai!holet l'autre de M. Musant (Mercure, avril 1769, II,5-19, et mai 1772, 5.12)

4. Paris, 2 vol. ou parties in-8°. Voy. sur ce roman dans l'Ahnee 11111,-aire(1766), 1V, 3i6-325, une Lettre à M. Frérot,, signée L. M. D. G. et écritepar n une dame de Id plus grande qualité n.

5. Fabliaux ou Contes, éd. Rehouard, 1829 (la 1re édition est de 1779), IV,98-116. Legrand d'Aussy adonné au chevalier le nom d'Agolant. - On trouvementionnée dans l'édition Renouard une imitation d'lmhert. Il y n sans douteconfusion soit avec la Chastelaine de Saint-Gifles (Imbert, Choix d'anciensfabliaux mis CIl Vers, 1788, U, 3-36), soit avec la parodie d'Imbert Gabridlede Passy, car cet auteur n'a reproduit ],a de l'erg-i ni dans ses Histo-rie fies, ni dans son Choix d'anciens fabliaux.

6. Fabliaux et contes, i 8o8, IV, 296-326.7. En 1820, sous le titre de Paye? et Gab,-iellc de Ve,1n', fut joué un mima-

L

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LA CHASTELAINE DE VERGI 23

attribue-t-on avec le châtelain de Couci, dont le nom lui aussiest variable, des amours et des aventures qui lui sont inconnuset appartiennent, d'après Jakemon Sakesep, à une darne de Fayel,vivant en Vermandois au commencement du xni° siècle.

Nous n'osons espérer que cette nouvelle édition de la Chaste-

laine de Vergi contribue beaucoup à en étendre la connaissance;au moins aura-t-elle le mérite d'offrir aux amis de la littéra-ture du moyen âge un texte facilement accessible de ce gracieuxroman et de leur fournir un nouveau sujet d'étude d'histoirelittéraire.

Gaston RAYNAUD.

LA CHASTELAINE DE VERGI

Une maniere de gent sont Qui le conseil a descouvert,Qui d'estre loial samblant fontQuar tant coin l'arnor est plusEt de si bien conseil celer [grabtQu'il se covient en aus fier;12 Sont plus mari hfln amant,Et quant vient qu'aucuns s'i des-Quant li uns d'ats de l'autre croit

[cuevreQu'il ait dit ce que celer doit;rantqu'il seventl'amor et l'uevre,Et savent tel meschief en vientSi l'espandent par le pais16 Que l'amer faillir en covientEt en font lot gas et lot ris;A grant dolor et a vergoingne,\Si avient que cil joie en pertSi comme il avint en BorgoingneN

draine de P. Blanchard et Franconi jeune. Plus récemment, nous nousrappelons avoir vu représenter, il y a une vingtaine d'années, sur un petitthéâtre de Paris, une opérette intitulée k Troubadour Jonquille. Cette pièce,qui n'a pas été imprimée, traitait en charge les aventures de Couci et de ladaine de Fayel, devenue dame de Vergi. - Tout dernièrement, en 1887, lethéâtre de la Calté donnait une pièce à grand spectacle Dix jouis auPyrduées, où un couplet assez comique faisait allusion à la cruauté du sire deVergi.

B Et leur conseil si bien; G Et de conseil si bien. -4 H Qui.- 5 DEt quand il faust; H Par coi a aus. E ce vient. A, B, G que on si. D, E consi; F len si; H on se. 6 D Que il. - 8 C Puis; G Et si. D gieux. -ici DQuil.Bson. - ii B, G Que. D tant que.— 12G Est. — 13 dansmanque dans D. - 14 B, G Quil a dit. D Que ce a dit que celer dcuoit. -15 Et manque dans H. F ni. auient. - 16 C covint; H auiént. - 17 D et agrant y . - 18 D Ainsy quil.

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24 G. RAYNAIJDD'un chevalier preu et hardi

20 Et de la dame de Vergi.Que li chevaliers tant aunaQue la dame li otriaPar ltd convenant s'amor

24 Qu'Il seust qu'a l'eure et au jarQue par lui serait descouverteLot amor, qu'il i avroit perteEt de }'aruor et de l'otri

28 Qu'ele li avait fer de soi.'-Et a cele amor otroierDeviserent qu'en u. vergierLi chevaliers majors vendrait

32 Au terme qu'èle li metroit,Ne ne se mouvrait d'un angletDe si que t. petit chienerVerroit par le vergier aler,

36 Et lots venist sanz demorerEn sa - chambre, et si seust• bien

- Qu'a cele cure n'i avrait rienFars la dame tant seulement.

40 Ainsi le firent longuement,Et fi, l'amor douce et celée -Que fars ans ne le sot riens née.Li chevaliers fu biaus et comtes,

44 Et par sa valor fin ac,ointes -Au duc qui Borgoitigne tenait;Et savent aloit et venaitAlt cort, et tant iala

48 Que la duchoise l'enamaEt li fist tel samblant d'anionQue, s'il n'eust le ruer aillais,Bien se peust apercevoir-.

52 Par samblani que l'aast pot voir.Màs quel samblant qu'el en feist,Li chevaliers sambiant n'en fistQue poi ne grant s'apercèust

6 Qu'ele vers li amor euét, -Et tant qu'oie en ot grant ainsi,Qu'aie parla .i. jor n luiEt niist a reson par mot teus

6o « Sire, vous estes biaus et preus,

20 du vergier. - n A, B, C Que uns. A, B, D, F, Hpria. —23 B, D,tel. - 24 B Bien sache ca; D Que bien seust qua; G Que elle scout qua. -25 A par soi. - 26 11, G iii aurait p.; C quil aueroit; H quil auraitla p. -r— 28 D auoit fecte; H or faite. D foy. - 29 D icelle. - 31 BCcl. F tout seuz. -.32 D A loeure; Fa lente. C que li meteroit. - ; D,F Et. .4, C, E, D Ne se trouverait (D bougueroit). - 3 4 D, -E, G Denain.FDusquatant cuit —36 A, B, E; F, G, -H venrait. F s lie parler. Le versmanque dans D. - A, G, A sa; B En la. D Aycelle heure; FA cettehore. et manque dans H. si manque dans A, B, E. D-quil S. b.; G que s. b.- 38 B eust rien. D Qua ycelle heure ny auait r.; F Que en sa chambrenaroit r. - 39E Que. FFors lie truismes. H tout s. -404, B Issi. H fontlor acointement. -. 41 H lor amor si celee. B de ce celee; D deux si celee.Cet senee. -. 42 D Queuix deux. E eulz n. ne1. B ne la. A sent. 43 Biert. - 44 Et manque dans D. H pour. B, G cri. - 4; A, B Du. - 46 Dauesc lui venait; Foie duc nIait. —48 B, Flaama; D sy lama. —50E Consel. E, F pense a; G son cuer s. - i B Bien sen. - 52 D, F, G Au sem-blant, A, D quele; G que. -E Mes por s. D, G quele f. A, B Maissanians quele len f. -G ne. -D semblant nen fist-(reéti tian dela fin du vers précédent). -, i^ C Que il. - 57 B Quelle or. gram manquedans H. B si grant ennui; F, G tel ennui. - 8 D Si en p.; G Quele en p.

5911 mains Jeux. - 6o D, Fmout estes. H et blinis. D et gentieuls.

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4--

LA CHASTELAINE DE VERGI 25

Ce dient mit, la Dieu merciSi avriez bien deserviD'avoir amie en si haut leu

64 Qu'en eussiez touer et preu,Que bien vous serroit telc amie.- Ma dame,» fet il, u je n'ai mieEncore a ce mise rn'entente.

68 - Par foi, » dist de, u longue[tente

Vous permit nuire, ce m'est visSi 10 que vous soies amis

• En .1. haut leu, s' vous veca72 Que vous i soies bien amez. » -

Cil respont « Ma dame, par foi,Je ne soi mie bien pot qoi

• Vous le dites ne que ce monte,76 Ne je ne sui ne duc ne conte

Que si hautement amer claie;Ne je ne sui mie a ai. doie

D'amer dame si souveraine,8o Se je bien i metoie paine.- Si estes, » fet el, « se devient:Mainte plus grant merveilld avientEt autele avendra encore.

84 Dites moi se vous savez oreSe je vous ai m'amor doflée,Qui sui haute dame honorée. »Et cil respont isnel le pasP

88 « Ma dame, je ne lesai pas;Mès je voudroie vostre amerAvoir par bien et par botter.Mès de cele-amor Dieus me gart

92 Qu'a moi n'a vous tort ce-le partOù la honte mon- seignor gise,Qu'a nul fuer ne a male guiseN'en prendroie tel mesprison

96 Com de fere tel desresonSi vilaine et si dèsloial

61 D et dieu ru. - 62 A, G, E, G aueriez; D Jaurez. - 63amour. -64 B Qui. D et grant (preu nianqiet). - 65 B, E, H Car. D Et bien vous-venist de la moie. - 66 B Dame fet elle. D Ma dame fait il ie noserdie.67 D Car je ny ay point mis. - 68 A, B, D, E, F fait de. - 69 D ce mestanis; G a mon auis. - 72 D Que bien ame vous y soies. - A, B, D, E,G Ce me dites; F Cen dites. A, B, E na quoi; D, Foc a quoy. —7GB Mes;D Car; E, F, G Que A, B, D, F, G ne rois ne c. D répète deux vers quifigurent dejé plus haut (y . 6748): -

Et sy n'i ay point mis m'ententc.- Par foi, » fait elle, longue atente...

- D, E, F Qui.— 78E ien. A, Cnen. Genla voie.— 79D, GDauoiramor;F Dauoier amour. - 8o D mectroie ma p. - 8t B, E Sire. E si estes. Delle se dieu marnent. H se sauient; G sil auient. —82 D Maint greingneur.grant manque dans B. - 84 1, G que vous sauez ore. D Sy me dictez sesaboii ore. - 85 D Que. - 86 D sy haulte. D, E, F, G clamee. - 88 Fce ne sai ie pas. - 90 G bien et par mon amer. —91 D Mes dieus de telam.; E Mes dautre am. ihesus; F Et deus de cele am.; G Mes dieux de celeam. - 92 E Quamors ne nous tourf; F Qua moy ne -vous tort; H Ope innul lix tnur.-D tourne tel p.-- 94 A Quen; G A. A,E ne en.D, E.feroie; G, H Ne prandroie. D tele traison; F, H tel desraison. - 96 DComment. A Comme de L d. B, E, F,- G, H Comme de L traison. - 97 etmanque dans E. G, H ne si.

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26 G. RAYNAUD

/

Vers mon droit seignor naturai.Fi! ii fer cele qui (u marie,

100 ,cDans musars,et qui vous en prie?—Ha ma dame, pot Dieu merci,Bien le mi, mês tant vous en di. »

Cele ne tint a lui plus piait,104 Mès grant corouz et grant deshait

En or au cuer, et si penssa,Scie puet, bien s'en vengeraSi (u ele torment irie.

joB La nuit, quant de (u conclue]ouste le duc, a souspire'rCommença et puis a plorer.Et fi dus errant ii demande

112 Que c'est qtfelea,et li commandeQu'ele ii die maintenant« Certes, » fait ele, t, j'ai duel grantDe ce que ne set nus hauz hom

116 Qui foi li porte ne qui non,Mès plus de bien •et d'onor fontA cuis qui lot trahitor sont,Et si ne s'en aperçoit nus.

120 - Par-foi, daine, s fer soi fi dus,c Je ne sait por qoi vous le lites;Mès de tel chose sui je quines,Qu'a nui fuer je ne norriroie

124 Trahitor, se je le savoie.- Haez donc, » fait oie, « celui,sSel nomma, «qui ne fina huiDe moi proier au lonc.du jar

128 Que je li donaisst ft'amor,Et me dist que mont a lonc tonsQu'il a esté en cest porpens;Onques ôtés ne le m'osa dire.

1 3 2 Et je me porpenssai, biaus sire,Tantost que je le vous diroie.Et si puet estre chose vraie

98 D A mon. E Enuers mon s. - C Ha; D Donc. D dit elle. A, B quiest. - 100 F Dan maluais; G Danz mesiauz. et manque dans D. .- toi A,E, H Ahi dame. A fait dl merci; E fait il merci; F dist il merci. B Ahi fercil dame merci; D A fait il a ma dame merci; G Ha fait cil ma dame merci.— 102 G Nus certes; •F Certes nus. A mais itant vous di. B Non fetes ci mestant vous di. - 103 11 plus a li pi. - 104 H.ahait. — 105 D Ust en son c.G et sapensa. - io6 D Que se elle peust. F quel sen. - 107 G Si fit oie.E celle. H mont courecice. - joB F Le soir. - 109 D Empres. D print apleurer. - 110 D Et puis. D aptes a soupirer1 - i i i Li dus erraument. -ira A Ojiest ce quele .a; F Quelle auoit. D et sy. 114H Par foi. C distde. - ii B ne mi. D De ce que soit un hault bons. - 1 16 D Quihonneur. B me p. - 517 H biens. - uS FA cil; G Coin - 120 A,B, F ce dist; H fait ce. D Par ma foi dame fait ly dus. - 522 F Car.G Mais ditel ch.; if Mais de ces choses. - 123 E, FCar a nul filer. G QpeI nul filer ne n. E, Fie namer.oie. - 124 B Tr. nul se le s.; D Môn trai-teur scies. - 125 C dont dist de; E, G fait etc donc. —126 D Que; GSi le. - 127 G delonc le ior. - 129 D Et si ma dit quil; H Et si me dit quil.Fquil amout ht. - 130 Que il estoit. D, E, Hce; G ccl. — 13 1 B, E, F,G Nonques. - 132 A Et le me porpens; B, D Et ie mapensai; F, G Et kme pensai. A, B, D, F, G biaus dons sire. - 133 D Que tantost. - 134 A,B, E, G Et ce pert. G bien chose vraie, D Or est ceste chose vraie; F Et biencroi ceste chose a vraie.

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LA CHASTELAINE DE 1 7 ERG1 27

Qu'il ait pieça a cc penssé136 De ce qu'il a aillais 'tué

Novele oie n'en avon.Si vous requier en guerredonQue vostre honor si i gardoiz

140 Coin savez que il est droiz.»Li dus, a cui san-ible mont grief,Li dist: « J'en vendrai bien a cHef,Et mont par tens, si coin je cuit. »

144 A malaise lu cela nuitLi dus, n'onques dormir ne potPar le chevalier qu'il amot,Qu'il croit que il eust mesfait

148 Par droit que s'amer perdue ait;Ét par ce toute nuit veilla.L'endemain par matin leva,Etf,st celui a soi venir -

152 Que sa faite fi fat liait,-.

Sahz ce que de riens ait rnespris.Maintenant l'a a rçson nusSeul z seul, ne furent qu'eusdeus:

16 « Certes, » fait il, r ce est granz[deus

Quant proesce avez et beauté,Et il n'a en vous leauté!Si m'en avez rnoutdeceu,

16o Que j'ai mont longuement creuQue vous fussiez de banc foiLoiaus a tout le mains vers moi,Que j'ai vers vous amor eue.

164 Si ne sai dont vous est venueTel penssée et si trahitresseQue proie avez la duchesseEt requise-de druerie!

168 Si avez fet grant tricherie,Que plus vilaine n'estuet guerre.lséiez errant hors de ma terre'!

135 A, E, H Quil a. D Quil na piecha ailleurs pense. - 136 A, B, F ait;

H na. D Ne que il na ailleurs a.; E Quil na ailleurs cc cuit a.; G De ceque alliors ait a. - 137 B Nencor nient oit; D Nouuelles nulles rien; F,G Nouu. encore ai; HNe nouu. ai rien. B, F, G nauons. - 139 G Ca. simanque dans D. A, 13 si en gardais; F gardez si. -14O A Que. E que ce

est dr. D Et quau mie,' aussy vous penses; F Que vous ni sciez escharni.

t4r G, H cui il samble. E sambla. - 142 Li manque dans D. -143 D Etbien. - 14 B, G En. H mesaise. D Moult en malaiie jqst c. n. - 145 A Lidus onqiies; E Oiiques fi dus. H Li dus ne dormir ne poilait. —146 D Peutla douleur quen son coeur ust. - 147 A Qui croit que il e. ; E Quil croitqui fi e.; G Qui croit que ait tant vers lui ni. ; 1? Car bien cuidoit queust ru.

147-148 manquent dans F. - 147-149 manqflelit dans D. - 148 E, HParquoi il sautant; G Que par droit amour. -1 Sa G mont matin. Dse Iéna. -15 A Et fait. 'D G a fi venir; - 152D Que la duchesse. - ,; G na ni.- 155 A flan i et; D ny eust; E que il not; F, Hquif ni et; G que nia.B nienioient audois. - 16 A cest il; C, F dist il. D fait fi duc iay; G fet fidus cest. B cest grant dolents. - 157 B Que. E biaute auez, - 158 D Et envoué na loiaute. - 159 A, li, G, bien deceu. D Si mauois malement deceu.- i6o H Car. D Car mi par maintes fois. - 162 D a moi. - 163 E amervers vous. D liv a vous grant am. e.; H Car vers vous ai am. e. F meue.- 16 et manque dans E, F. D, G ne si tr. H tricheresse. - 168 D, E, Hgrant vilenie;. G tel tricherie. - 169 D Car. A, B. D né puet cure.170 D. H Issiez tantost. G Si issiez er. de m. t.

f j

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28 - G. RAYNAUI)Quar je vous en cohgié sanz doute,Qu'a mort se tient et n trahi

172 Et la vous vé et desfeni toute« Sire. n fer il, n pot Dieu merci,Si ni entrez ne tant tic quant,Ne creez ja ne ne penssezQue, se je dès or en avant192 Que je fusse onques si osezVous i pooie fere prendre, Ce que me metez a tort sente

176 Sachiez, je vous feroje pendre. »Je ne penssai ne lot ne cure;,O.uànt li chevaliers ce entent,S'a niai .fer qui le vous a dit.D'ire et de tnautalent Caprent196 - Ne vous vaut riens li escon-Si que toit li trambient si mpm- [dit, s

[bre,Fer li dus,a ne point n'en i'ai8o Que de s'arnie li remembreCele meisme conté m'a

Dont il set qu'il ne 'puet loirEn quel maniere et en quel guiseSe n'est par aler et venir,zoo Vous l'avez proie et requise,Et par reperier ou pais Comme trahitres envions;

184 Dont h dus vent qu'il soit eschis ;Et tel chose deistes vous,Et d'autre part li fer mout malPuet estre, dont ele se test.Ce qu'a trahitor desloial204 - Ma darne a dit ce que li plest,Le tient ses sires et a tort. Fer cil qui mont estoit mark

t88 Si est en si &ant desconfortn Ne ni'i vaut riens li escondiz;

171 A, B, F Que. Quar manque dans E. D le vous donne congie; G levous en conuoie; H Je vous en don congie. - 173 C Se,; B, D, E, FQue. - 174 A Car, D Quer se ie dur. E Sachiez se nies en mon vivant.- 175 E iour souprendre. - 176 B S. que vous L p.; D le vous feroietramer et prendre; E le vous feroie mout test p.; H Je vous f. tantost- 1 77, lenteur. - 178 E De 'iautalent et dire, et manque dans D.179 C lui tremble tout. B, D,.E, F, G, H li m. - i8o A, H Car. D, E,

F,Quant. -. 18' D D. il soit bien. - 182 C veir. - 183 D Et pour. Dau p.; H en p. - 184 C vont quil fust. D Dont le duc le fait fuitis. -186 C, E, F, H Ce que. D Comme traistre et d. - 187 D Le tint. -188 B, D Sy en est en gr. - 189 G et esbahi. - 10 D, F dit il, -. 191F onques ne P. - .192 A Que ionques; B,le conques; E Que ie ia; F Queonques; H Ojie vers vous, G Que ié onques si desiiez fusse. - 193 F QuePensasse; G Ojie ie pensasse. - 193-194 intervertis dans Fa G. — 194 B ,C, Nene [B nel] p. ne i. ; D Onques ny p. i.; E Noi en p. ne i.; H Je tienP- ne i - - 195 D Mal a fait. B ce vous a dit. G Si a m. L qui vous a dit. -196 D Riens ne vous vault. F Ne vous i yault riens est.; G Ne vous i valentesc.— 197 D car point; B, P G que point. —198E, G Quelle; 'H Ele. B, Gconte le nia. - 201 D tr. et e. ; G trichierres e. - 202 B feistes vous. -203 D Et au1tres'lonc; G Puet ce. - 204 D, E, F d. dist. A, D, H ce quiIl. - 205 B Dit, A Ha fait cil qui mont est maris; D Dit celui qui estoitmarris; E Ce dist cil qui estoit Inarriz; H Dist cil qui mont (u eshîhiz. -2'A Ne vous i vaut li; B, F, G Si ne mi vaut riens; C, E ne vous vautriens Ii; D Riens ne me vault li.

IL

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LA CHASTELAINE DE VERGI 29

Riens ne m'i vaut que j'en deisse:Se vous avriiez fet OU non208 Si n'est riens que je «en feisse224 Ce dont j'ai vers vous soupe-

Par si que j'en fusse creu , - [çon. »Quar'de'ce n'i a riens eti. Cil qui tout covoite et desire- Si a, » ce dist Si dus, « parA geter son seignor de l'ire

- [m'aille,Qu'il a envers li sana deserte,212 A cui il souvient de sa fame,228 Et qui redoute tek perte

Car bien cuidôit par voir savoirComme de guerpir la contréeQue sa fame li deist Voir, Ou cele est qui plus li agrée,C'onques n'oi que on parlastRespont qu'il tout sanz contredit

216 Que cil en autre lieu amast.232 Fera ce que Si dus o dit,Dont dist li dus au chevalierQu'il ne pensse ne ne. regarde« Se vous me volez aller De ce dont li dus se prent garde,Par vostre leal serement Ne torment ne le lest pensser

220 Que vous me direz vraiement236 Ce que li dus veut demander,Ce que je vous demanderoie,De riens fors de cele proierePar vostre dit certains seroieLe serement en tel maniere

207 D, E rue vaut. E que ie d. B, F, G Ne veritez que ie [F ien] d. -208 D Est sy nest rien que ne laisse; F Si uest il r. que nen f. E ie ne. -209 D Par ainsy que ien; E l'or tout que je. H Par, coi ien fusse bien creus.- 210 A, B, E, F, G Que. A, E de ci. D De mon pechie ny a point eu. -211 ce manque dans D. E fait ce; G fet soi. - 211-216 manquent dans C. -212 A Ceci il souvient mont; G Car il souuenoit. B Qui li souient meut de ladame. - 213 E cuide. D de vrai s. A Qui li et dit .lrgrant s.; B Que ilpeut crû bien s.; E Cm cuide bien de fin s. G Qui li dist que il pouoit S. -2141) eust dit; Fait dit. A Dont quide bien que il soit voir; B Queleli auoitdit le voir; G Que ele Ji auoit dit voir. - 21$ B Car nus noi quele p.;

1F Conc noi nus qui lemparlast; G Quant on ne oit que nus p. A, E nus parlast.217 H Lors. B, G li dus dist. - 218 H Se vous me vouliez. C le volez

fiancier. - 219 H crantement.. .- 220 H diriez. C leaument; G voirement.B Que hie direz veraiemelit. - 221 B, F demanderai. - 222 B, F serai;E geroy. - 223 D aues fait; H auez ce fait. 224 D vers vous ay s.; FieStli en s.; If vous ai en S. C '225 E Et cil qui c. A, B,.D tant; F moût.- 226 G de sirre. D A niaitre s., s. hors de fifre.227 G vers li. - 225A, C, E cele. - 229 F de perdre. - 2301) tant li. E est amee. - 231 A,B, D, F que tout. -232 B li dus li dit; F son sire dit. - 233 A Qui ne.B se garde. D, E, F Qui 'de ce ne se donoit [E, F donne] garde; G Car ilpense ne esgarde; R Quil ne set ne ne se prant garde. - 234 E, F A cedont. D De ce ou le duc prenait g. - 23$ B, D, G Ne courrouz B, D; G,H ne Ji 1. p. A Ne, sen seust pas apenser; , F De ce ne se pilet apensser.

236 F, G Ope li dus veille. - 237 G dicele pr. 1) Le duc pour ycelle pr.- 238 D Le sereinente.

I

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30

G. RAYNAUD

L'en flst li dits la foi en prist;240 Et li dus maintenant li dist

« Sachiez par fine ventéQue ce que je vous ai améÇa en arniere de fin cuer

244 Ne me lesse croire a nul fuerDe vous tel mesfet ne tel honteComme la cluchoise me conte.Ne tant ne le tenisse a voire,

248 Se ce ne le me feist croireEt me meist en grain doutanceQjie jesgart vostre contenanceEt de cointise et d'autre rien,

252 A qoi l'en pucé savoir mont bienQue vous notez ou que ce soit;Et quant d'aillors ne s'aperçoitNus qu'aniez damoisele ou daine,

256 Je me pers que ce soit ma faute,Qui me dist que vous la proiez.

Si ne puis estre desvoiezPot rien que nus m'en puisse fere,

260 Que je croi qu'ainsi soit l'afere,Se vous ne me dites qu'aillorsAmez en tel leu par'aninrsQue m'en lesiez sanz noie doute

264 Savoir cri la vanité toute.Et se cc fere ne volez,Comme parjurs vous en niezHors de nia terre sana deloi I

268 Cil ne set nul conseil de soi,Que le geu a parti si fortQue. l'un et l'autre tient a mort;Quar, s'il dit la venté pure,

272 Qu'il dira s'il ne se parjure,A mort se tient, s'il niesfet tantQu'il trespaise le couvenantQue o sa dame et's'amie a,

276 Qu'il est seins qu'il la perdra,

239D Leduc tantost. A, B Len fist li dus et cil leniprisa; E En fist sans tics.i. contredit; F En fist tout sanz nul contredit; G Commant li dus cinsi lifist; H Emprist li dus et cil li fist. - 240 E a dit. D Et presentement lui adit. —241 D en flue y. - 242 B Tres ce. —243 Dde mon e; H de bon c.

244 D, E laist; G lessast. D penser. — 24 5 A, B, C, D, F Que voùs. A, B,liE, F et tel h. —247 D Ne in; Matant. B, C, D ne la. F Aiez fait sel tenisseav.; G Auant la tenisse la par y . —248 F lessast et. H ne me feist acroire.- 249 A, G Et rien. F Et Si men met. - zo D le regart. - 251-252intervertis dans F. - 252 A, E, F, G, il, on puet. D k niaperchoy montbien. Fvoier mont bien. —253 Honques ces. - 253-254 manquent dans D.- 255 Nus manque dans D. - 256 F le me dont ce ne. B que nesoit. D Sy me craing que ce ne S. - 257 B nia dit. G leu pr. -258 A, D, F, G Si rien; B Sien; H Se rien. - 259-260 intervertis dansA, B, E, G, H. —259 A vous me sachiesf.; B vos me puissies f.; D rustinep. f.; E nus me sache f.; F vos men puissies L; G vous mer' sachies L; Hnus en saiche f. - 260 D, H Car. A, E, F, G Que [E Qui] ne cuit quainsicvoist lafaire; B Que. je cuit quensi va laI. - 262 H en tel lieu. -'- 263 ECar. G laciez sanz nul d. - 264 H Sauoir la vente trestoute. - 265 B Et sefere ne le y . - 266 E Con panures. - 269 D Quer le gieu; E Qui le leu.G Que li partirs si li est fort. -270 D tient pour m. - 271 A, B, G Que.E Et. - 271-272 manquent dans F. - 272 B Vous dirai. D 11 soit bien que safoi P. - 273 D, F Et mort est [D mort inaque]. B, E ne fait tant. F sil semeffait t.; G qui[ m. t. - 275 A, B, D, E, F, G, H Qua sa dame et n. -'276 B Bien est s.; D, H Il est S. E Quil set'mout bien. G Et est S. de pendre la.

k

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N

LA CHA'STELAINE DE VERGI 31

S'ele s'en puet apercevoir;Et s'il ne dit au duc le voir,Farjurs est et foimentie,

280 Et pert le pais et s'amie.k'Mès du pais ne ii chausist,

Se s'amie ii remainsistQué sor toute riens perdre crient.

284 Et pot ce qu'adès Ii soientDe la grant joie et du solazQu'il a eu entre ses braz,Si se pensse, s'il la messert

288 Et s'il par son mesfet la pert, -Ojiant o soi ne l'en puet mener,Comment porra sanz li durer.Si est en tel point autressi

292 Com li chastelains de Couci,Oui au cuer n'avoir s'amor non,Dist en .i. vers d'une chançon

Par Dieu, Atnors, fort m'est u[sirrer

296 -Du dons sola et de 16 coinpaingnieEt des samblarç que m'i soloit mous-

[trerCele qui n,'ert et compaingue et amie:Et quant regart sa simple cortoisie

300 Et les dout inos qu'a moi soloit parler,Comme me putt li cous ou cors

[durer?Quant il n'en part, certes trop est- [mauvès.Li chevaliers en tel angoisse

304 Ne set se le voir li connoisse,Ou il mente et lest le pais.Et quant il est ainsi penssisQu'il ne set li quels li vaut'mieus,

308 L'eve du cuer li vient ans jeus

278 E redit; H nen dit. - 279 E iert, est manque dans D. - 280 D Et si.- 282 D Fors que. —283 Fsus t. r. D craingnoit. —284 E li couuient.• delle lui souuenoit. —286 D Qpauoir souloit. —287 B Si sapense si la m.;• Et sy pensse sil a mesfait. —288 A, B, H Et se; E Et il; D Et que. Eparson voloir. F Et sy la pert par son meM'ait. - 289 G Quant auec. D, F, G,H ne la pr.. - 290 D elle durer. - 292 D Comment. - 293 G ou cuer.A sanui non. - 294 E Fist. F de sa ch. D Qui disoit en un vers dune ch.G Et dist en un vers de ch. - 295 A, D, E grief mest. B conseurrer;D elongnier. - 295-302 Ces huit vers forment la troisième strophe d'une chansonbien connut du Chdtelain (le Coud; v y. Die Lieder des Casttllans von Coucy, hgg.von F. Fath (Heidelberg, 1883), p, 37. - 296 G Du samblant. B Les grans s.et la gr. c.; D Le dàulx s. et le bon confort. .- 296 .297 intervertis dans G.- 297 E, H me se. B soulei m. D Que celle me souloit moustrer. Après cevers D ajoute

Qui tient mon corps en cest dangier.

298 A, F, G dame [G ma d.] compaigne amie' [G et am.]. - 299 Grecort. A, B. F sa douce. F compaignie. D A celle qui mest compaigne etamie. .- 300 G que sent a moi p.; H que me soloit P. — 301 A, B, C, F, GComment. D li cuers en corps; H en cors li cuers. —302F Quant ne sen p.;G Quant il ne p. certes manque dans H. Le vers mq. dans D. —303 D, F, G atel ang. —304 A, E Pense se [E que] le voir en c. Bien c.; D. en c. - 305B, E On sil ment; G Ou il m.; H Ou si m. B ou si' lest le p. —306 B il lu.—308 D Les larmes. B li court; A, E, Flimonte. A es.

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32 G. RAYNAUD

Porl'angoisse qu'il se porchace, 324 Je ne sai que je doic direEt li descent aval la face !Ne que je puisse devenir,Si qu'il en a le vismoillié. Mès je voudroie miens morir

312 Li dus n'en a pas le Guet lié;Que perdre ce que je perdroie,Qui pensse qu'il j a tel chose328 Se le voir dit vous en avoie,Que reconnoistre ne li ose. Et il estoit de Ji senLors dist li dus isnel le pas Que l'eusse reconneu

316 « Bien voi que ne vous liez pasA jor qui fust a mon vivant!En moi tant cons vous devriiez.332 Lors dist li dus u Je vous creantCuidiez vous, se vous me disiezSent le cors et l'orne de moirVotre conseil celéement, Et sur l'amor et set la foi

320 Que jel deisse a nule gent?Que je vous doi set vostre hom-Je me leroie avant sanz fgute - [mage,Trere les denz l'un avant l'autre, 336 Que ja en estout mon cage- Ha 1 » fat cil, ' par Dieu merci,N'en cri creature née

[sire,Par moi novele racontée

309 H Pour la doulor. F con li p.; G qui sep. D, E Du courrons quil [D il]ne set quil face. - 309-310 intervertis dans F.— 310 A, D Si. E deuale. Ajusquen. - 311 G Si que le vis en a m.; H Si que il et le vis m. B Et quantli dus lot aguetie. D, E,F Quant li dus en tel point le voit. - 311-312 //zan-quent dans A: — 312 D, E Et que si [D quainsi] parfont F Et que si fdrment.D,'E, Fsouspiroit. B Sien ot au cuer grant pitie; G Li dus le voit sen a pitie.— 313 A Li dus quide que soit; B, G Quil entent quil i a; D, E, F Lors [F Si]cuide qui1 lait. — 315 G Lors list. - i6flvous ne vous f— 317 A, E commed. D, F, H deussies. —3x8 vous manque dans G. A, B se me disiez ; D, F, Hse nie deissiez; E se me dit maniez. - 319. A, E, H priuement. - 320 B,D, F, G Que le d. - 321 D le me Jaunie. B enceis s. L — 322 D, E, Haptes, F lune auant. B une auant autre. — 323, A, B, G Ha [B Ha] sire faitcil merci sire; E, F Ha pour dieu fait il biais dons [F merci fait cil] sire; ,HHa sire fait cis quest plains dire. - 325 A, E doie d. - 326 D iameroie. -327 ie manque dans B; F gy p. - 328 B dire vos voloie; D dit ie vous auoie.E Car se le voir vous en disoie. - 329 A Que sil; B, C Quar sil. D delle s.F Et que il fust de lie s- - 330 D Que ie leussd. - 331 A, B, E, G, H Arien [E Pour riens; H Au jet] qui soit el mont [H en mon] vivant; FAnule rien qui fust y . D qui soit a mon vivant. D ajoute après ce vers

je mourroie ainschois avant.

332 F Et. D ajoute après ce vers »

Et vous jur(e) par tel couvenant.

F sus. D et sur. G seur lame. -F Et sus... sus. -D queiay receu. F de votre h. —336 D z leur de mon ange. -B, F, H iert;D sera; G est. —338E Parole 'nule r B, F, G parole r.

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LA CHASTELAINE DE VERGI 33Ne samblant fet grant ne petit.

340 Et cilen plorant Ii n ditSire, je) vous dirai ainsi;

J'aiin vostre niece de Vergi,Et de moi, tant C'On prier plus.

344 - Or me dites donc, » fer li dis,« Quant vous volez c'on vous en

fcuevre,Savoit nus fors vous dui ceste

f ev?? s'Et li chevaliers li respont

348 « Neni), créature del mont. »Et dist li dusCe navint

[onques:Comment. i avenez vous doriques,Ne comment savez lieu ne tens?

352 —Par foi, sire,» fer cil, ((par sensQue je vous dirai, sanz riens tere,Quant tant savez de nostreatere. »

Lors lia toutes acontées356 Ses venues et ses alées,

Et la convenance premiere,Et du petit chien la maniere.Lors dist li dus « Je vous requier

3 60 Que n vostre terme premierVueilliez que vosre compains soieD'aler o vous en ceste voie,Quar je vueil savoir sana aloiugne

364 Se ainsi va vostre besoingne:Si n'en savra ma niece rien.- Sire, fet il, e je l'otroi bien,

368 Mès qu'il ne vodsgriet ne anuit;Et sachiez bien g'irai savait. )sEt li dus dist qu'il i ira,Ojae ja ne li anuiera,Ainz lisera soIn et geu.

372 Entr'aus ont devisé le leuOu assembleront tout a pié.

340 G lia dit en pl. - 345 Fie; G et le le. B deci. D Sire fait il je vousdiray. — 342 Fdu V. D mime V. n. pour vray.D quelle p. plus.

- B fer dont; E, H fait ce. - B, G Quant si volez; E Se vousvolez; F Puis que volez. B que leu y . c.; D, G que on y . c.; E que vous encroie; F que vous en c. - 346 A, D, E, Set nus fors; B Set ia nus fors. A1w vous. E ceste joie. A Et fait; D Lors dit. E il rauint. G Fait soi liduz ce ne puet estre. - 350 B, D Et [D Et snanquej comment y ailes vous d.C 1i ancriez y . d.; E .1 auenistes d.; F y alies y . d. G Comment pouezaueclui estre; G ajoute

Et dist Ii dus « Ce n'avint onc.

355 F Comment sauiéz. B, D, G c. auez. —352 A, E fait il sire; B fez cilsire; D, F, G sire fer il. - A, D, H le le. sanz manque dans D. F sansplus. C fere. - 54 tout manque dans G. — 355 E racontes; H racontees.- 356. A Leur y . et leur a.; B, D, E, F Les [D Et les] y . et les a. -359F Cen dist. —360 F Que vûstre termine pr. - 361 D compaignon.—362 B celle y . — 363 A, B, E, G .Qjiel B, D, E, Hesloingne. - 363-364manquent dans F. - 365 D Et ma niepce rien saura rien. - 366 H Et cil

: respont. Fdist il. D, F, G ie le yoil bien. —367 E que ne. D ue nenuit; F nianuit. —68 A ion irait D Sachiez que y iray enuit. - 369 E, F, H que ilira; Gie i irai. - o A., B, E,.FNe ia; D Et que ia. G Et ia ne li ennuie-rai. - 72 A, G Entre eus ii. deuisent; E Ans .11. ont d. - D, F Ouil ass. n pie [D tout à p,..

./.

's-

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34'. G. RAYI4AUD

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Si test comihe fu anuitié;Que assés près d'iluec estoit

376 Od la niece le duc manoir,Cele part tienent lorchertiiiiTahtqù'il sont venu au jardin,Ou li dus ne lu pas grant pièce,

38ô Quant il vit le chienèt sa nièceQui s' en vint au bout du vergierOu il trova le chevalier,Qui gram joie a fer au chienct.

384 Tntost a la voie Se metLi chevaliers, et le duc lait;Et li dus après lui s'eP viaitPr 'de la chanibre et ne se muet.

388 Iluec s'eSconsse au • miens qu'il[puer

D'un arbre niout grant et mont[laége

S'estoit côuvèts' com d'une thrge

Et mont entent alui celer.392 D'ildecvit en la chambre entrer

Le chevalier, et vit issirSa niece et contre lui VenirHors de la chambre en .t. -piael,

396 Et vit et ci tel apelComînecle li fist par soinDe salut de bouche et de brazSi test comme ele le choisi,

4b5 De la chambre vers lui sailli• Et de ses biaus braz i'acolaEt plus de .c, foiz le besaAinz que feist ionue parole.

404- Et cil la rebese et acole,Et li dist « Ma danse, m'amie,M'anibr, mon cuer, ma druenie,M'espeSnce et tout quanquds:

[j'aitn,4b8 Sadiiet que j'ai eu grant faim

74 A, 13, D, E, G ii fui Fil en.D, Il ar E Et. H pres dileucasses. - 376 G, H au duc. G estoit. D Que la niepce au duc dmouroit;

D, F tindrent; b tournent. H Maintenant sont mis au di. - 378 Dvenus sont. - 38o D Quil. - 381 F au bruire du y . -. 382 A, B Tant quiltroene; D Or il troua; G Tant quil trouua. - 383 A, 13 Et gram ioie fait.E, F fait; D, G fist--'385 D laisse.— 386 F envéit; G se met. D Et puis senva droit a ladresce. - 387 G A la chambre. A au plus que puet; B, E au plusquil puer; G le jjlus tost-quil puet. Ce vers est remplacé dans D par Crois autres:

Et le duc après lui s'en vi(e)ntOjsi (a)près de la chambre se min ;-Illeq(iieà) se côtclsau mieùbt'qu'il peust.

;88B, EÇ G Il sareste et ne se muet; D Et se coeùuré au niieulx qui Sust.- 389 GOosouz un arbre grant et l.-'- 39oD, F Sestcôuvert comme [Dcbshméût]; G Sest test coùuers que. -. 391 G Que. - 393D et ainssy issir.- 394DEtSafliepce c-395 E trestoute seule; Fncontre li. - 396D L-ii

vit. E ccl à.-397 D Couinent. E Ojseielle li. G poùr §.-398 B Desqiîa lus.G et de bouche; G Que si t. 399-400manqitene dans E et H;— 400 Ani6ut test S. —401 H Car de ses: — 401-402 Man4uent dans E. —402 H

plus de -xx- fuis.403 D face. E Mout dôucenaeut ahi parole. —403-404-iùhqiieilfdAus F. 404E Et puis. D Le chèualier la baise et acole. — 405D, F et tilasiite; — 406 D, E Mon cisètsùdmor; F Moli tuer mon corps. Det rba'd. -. 4d7DMon Sperance. tout manque dans A; D, E.— 408 A, Ede voir que iai [E ie ai]; D j e auoie; G quar ie S niout;

L

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LA CHASTELAINE DE VERGI 35D'estre o vous si comme are j suiQue dit fi or z menterresse,Trestoz jors puis que je n'i fuj »Et mont fi plest Or voit il bienSEle redist cc Mon douz seignor, 428 Que cil ne Il a rnesfet rien

412 Mes douz amis, ma douce amor,De ce que il Va mescreu.Otiques puis rie lu jar ne cureJlueques s'est issi ténuQue ne pi'niiiast la demeufe;Toute la nuit endenientiersMès ore de riens ne me dueil,432 Que la darne et li chevaliers

416 Car j'ai o moi ce que je vieil,Dedenz lachanibre en t. lit furentQuant siestes sains et haitiez,Et sanz dormir ensemble jurentEt fi très bien venuz sciez 1 »A tel joie et z tel deport

— Et cil dist «Et vous bien trovée » 436 Q'il n'est resons que nus recort420 Tout oi fi dus z l'entrée, Ne ne le die ne ne l'oie,

Qui tout près d'aus apoiezfu;S'il n'atent a avoir tel joie.Sa niece z l'a vois bien connu,Que amors ans fins amanz cloue,Si bien, et z la contenance,440 Quant sa peine reguerredone;

424 Que il est or fors de doutance,Quar cil qùi tel joie n'atent,Et si tient de ce la duchesse S'il l'ooit or, tiens ni entent

409 A, B si comme le sui. D, F ouec vous si con or [D ie] sui; i manquedans G. E Destre auoeques vous en requoi. - 409-410 intervertis dans F. -410.8 Trestot lors puis; HDespuis lore. B ne f. F ne vous vi. A Car piecaauoec vous ne L; D Et plus serment que ie ne dy; E Mont me tourneare z grant anoi. - 4 11 F Celle. D, E li dist; H respont. G Et de dist. -413 E Onques ne fil ne; H Ains puis ne lu ne, - 414 D dernouree: -

G Mais are ne me duel dé rien. - 415-474 .manquent dans E (feuilletddcbiri). —41611, F, G Quant. D Quant ie tieng quanque je veul. G quhnqueie ain. — 417 A Et vous estes. D Quant sy sains estes et chaities.-418 A, F-.Que li.-419 D Etvoussoiez la; H Cis dit et vous la. — 420 D Tout ce. -421 11 E; D Quar. A Dela cambre si pes estoit; F, H Qui lasses pres dileucestait [B sestut]. — 422 G Et sa n. a la y . c. A, F connoissoit; fia connu.— 423 F Mout b, A counissance. - 424 A, D, G, H Que il est [D fut] touthors. B Car il estuit hors. F Quoi en est il hors. — 425 D Et ce tint. -425-426 manquent dans F. - 425-430 manquent dans D; - 426 A Que fi etdit. — 427 Fquor voit il bien.429 A. B, F, G dont il la [B, Fa] m. - -430 F; H Illeuc. A, G, H ainsi. F Cnsiques t. H maintenus. -B, F,G ensemble L D iurent. — 434 A; G Qui; B, F, G en r. lit ï. D turent. -

D En t. i:et en t. —436 D Que par r. ne p-r.; FQue nest r. q. le r.-437 B, CNe ne la. A Con le die ne que on bic; D En cent ans dire ne le pour-raie; F Ne nus ne lentende ne noie. —438 D Qui. a manque dans D. A, B SUnen atentauair; H Se il natent auoir. —439 E, F, G, H Comme am. a L -440 F, H Qpantbor p. lorg.A, &G lig.;D for g. - «z G Que cilque. Beriatent ; D i. atent. - 441-446 'flanquent dans F. - «z A Se il boit rien ne;.8 Sil lait pour nient; D Sil est compter et rien; G Sil oit ce et' rien nen.

(r

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36 G. RAYNAIJDPuis qu'il n'a a amors le cuer,464 Et s'amie o lui a l'uis vint..

444 . Que nus ne savroit a nul tuer •La vit Ii dus su congié prendreCombien vaut n tel joie avoir,Beiiez doner et besier rendre,S'aniors ne li fesoit savoir; Et ci forment souspirerNe teus biens n'avient flue a tOZ, 468 Et au congié prendre plorer.

448 Que ce est joie sana corouz Iluec et ploré mainte lernie,Et solaz et envoiseure; Et sCoi prendre le termeMès tant i a que petit dure, Du rassambler iluec arriere.C'est avisa l'amant qui l'a,472 Li chevaliers en tel nianiere

452 Ja tant longues ne durera; S'én part, et la dame luis dot;Tant li plest la vie qu'il mairie,Mès tant comme veoir le pot,Que se nuit devenait semaineLe convoia a ses biaus ieus,Et semaine devenait mois,476 Quant ele ne pot fere miens.

456 Et mois uns anz et uns ana trois,/Et Lroi an .xx. et vint an cent, /Quant li dus vit clorre l'uisset,Quant vendrait au definement,Tantost a la voie se metSi voudrait il qu'il anuitastTant que le chevalier ataint

460 Cele nuit, ainz qu'il ajornast.480 Qui a soi meisnia se plaintEt en itel penssé estait De la nuit si comme il n dit,

—Icil que li dus atetdoit ; Trop li avoir duré petit.Ojiar ainz jet aler l'en covint,Et tel peassée et auteus dia

443 D en autours. — 444 D, H Car. D ne crairroit. - aman que dansD. — 447F, HEt; G Que. D, F pas a t. —448 A, D, H Car. — 451Après ce vers H ajoute:

Trop puuesté ou il arasEt que la nuit trop ton s'en va,

452 C lugues. D la si longuement ne durra; G la si longues ne li durra.B lamie. .— 454 F Que se iour. A demouroit. - A, B deuenist.

- 458 B Quil. — 459 B ranuitast. - 459-460 inlervertis dans A, B, G. —460 A, B, G De la nuit. —461 A Et en tele; D Et en cele. D Cellui qui leduc atendoit. —462 F Ccli. A, B, G, H Cis que li dus la [G hors]. D Enautele pensee estait. —'463 G Que. D lui en. A, B, F, .D couuient. — 464G a li. A, B, F, H vient. D Et sanie a luis auecquez lui vint. —466 H Bai-siers... baisiers. - 468 A plaindre et pi. - 469 A, B, G Que plore i nt; DAu departir oust; F Et ' out plore; H Illeuc plorerent. — 470 F, G Et soi[G ci] reprendre. — 471 D, F De. A, E en tel maniere; H illeuc a terre. —472 A, B di]oec arriere. -D M. t. comment; G M. ainz tant quant..—

A, D, E, F, G de ses. —476 B nen pot. D Quant faire ne lui parait ni.— 477 E, G voit. G clos. — 478 D Adonc. E Maintenant au chemin s. n.— 47v B Et tant. — 480 E, Fa lui m. D se complaira. — 481 D, E, Gildit. — 482 F, H Qui [H Que] trop li a â. D Laquelle a dure trop p. ; E Quili.a donc si P. —483 A, EEn tel; FAutel; HAs teus. Acta teusd. Cetautel dit; E et en teus d. ; 11 et as teus d. D En tels regrais et en telx dix.

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LA CEIASTELAINE DE VERGI 37484 Or cule dont il ert partiz, Ojie cest conseil celer vous plaise,

A cul il samble pot la nuit$oo Quamor pedroie et joie et aiseQue failli ait a son deduit, Et morroie sana nule faute,Ne du jor ne se foc point. Se je savoie que nul autre

488 Li chevaliers en en tel pointJeu savroit fors vous sana plus.Et de penssée et de parole,504 - Or n'en parleaja, » fet fi dus;Quant fi dus l'ataint, si l'acolen Sachiez qu'il ert si bien celéEt fi a' fer joie mont grant, Que ja par moi n'en ert parlé. »

492 Puis fi a dit e Je vous ceantQue majors niès vous ameraiAinsi s'en sont parlant venuNe jamès jor në vous barrai,508 La dotit il estoient meu.Quarvous m'avez du tout voitEt cel jet quant vint au mengier,

[ditMoustra fi dus au chevalier

496 Et ne m'avez de mot mentit. -Plus biausamblant qu'anz n'avoir- Sire, » Let ci], « vostre merci 1 [fait,Mès pot Dieu vous requier et pri 512 Dont tel cornez et tel deshait

484 A De; D Est; E Pu. D, H il est; E estoit. il inanque datas G. -485 D y semble que; F il sembla. - 486 D Quelle aist failli. G Qui si testfaut pert son deduit. - 487 B ber; D, H boit. - 488 A, E, H eh. en itelp. G en cel p. - 489 A Est de p. et de p. ; E Estoit et p. et P . - 492 A Si;

G Et. B Et dit fi a, D tout maintenant. F Et fi dit je vous acreant. Après cevers E ajoute

Sur le cors et rame de moi- Et sur l'asnor et sur la foi.

D A. t. A, B, D, E, G ne vous mescrerrai. - 495 A, B, E, F, GQue; D Car. F du tout -voir maniez d. A maues voir dit de tout. —496 11

Et ne matiez de rien m. ; D Ce dont vous auoie en despit; G Et de rien nemaues m. ; E, F, H Et la duchesse ma m. — 497 E, H fait il; F dist il.A, E, F, H pour dieu merci. D Mais la duchesse ma mentit. - 4?9 A Et.H Par amour. D Syre fait il pour dieu mereby; E le vous requier et je vous

i; F Et pour ses sainz tous quier et pri. —499 E, G ce; H ce]. - oo DOu ie. et manque dans J? devant joie. G Quan ior perdroie ioic. - 5m DJameroie mieulx. - 502 B que se. - 503 D le seust. A, E, H sauoit; B,F, G seust. - D parles plus; F penes ia. H p. fait ce fi dus. - 505 Hmont bien e. - o6 D, E Que iaines non sera P . - 507 H Atant. D Puissen sent iouant venus. - o8 ,D Du lieu dont. F Au lieu dont il erent m.- 509 A, G Et cc iour. D Et puis quant ce vint au disner. - 5 it A quenauoit fait; B quanc nauoit fet; D de la moitié; E, F, H quonques flot (et.- 512 A, B Et tel; E, 11 Mais tel. D Nonques mais ne lu si haitie. Après cevers D ajoute:

-Ope toux comptens et toux despisLuy pardônna a celle nuis.

j

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38

G. RAYNAUDEn. ot la duchoise sana fable520 Et lavé et bien festoié,Qu'etc 5e leva de la table Si l'est tantose alez veoirEt e fer sarnblant par faintiseEt la fast sus son lit eoïr,

16 Que maladie li soit prise Et a commandé que nuluiAlée est couchier eu son lit524 Ne remaingne leenz fors lui.Ou de or petit de delit. L'en let tntost ce qu'il corn-Et li dus, quant il or mengié ..[mande.

H faille. D Et tel doeul oust la duchesse sans faille. - 514 D Quetantost se t. G sen 1.— 515 D, E Et fist grant D grant snq] s.; G Et fer s.toit p. f. - 516 D lent souprinse. - 517-518 manquent dans A et C. - 517-520 remplacés dans B par les vers suivants dont le dernier an moins est de trop

.1. vailet s de sa manie,\I. de ceus ou cl plus se fie;

Par ciel [le] dire au duc envoie.Quant il or, si n'en oc pas joiePar cet l'a d'iluec ouvrit,Et fi dus quant il oc meugle

j Et lavé et bien essuyé.....

j dans D par les suivants:En sa chambre s'ala gesirEt si se fist mont bien couvr(eirComanent) se malade forment lest,Et bien vouit que le duc le seusaQue maladie lui hast prince.Mais ce faisait el(le) par taiudsc.Un vallet ust de sa rnesgnie,Un de çoux on [cl] plusse fiePour te dire au duc [cl] l'envoieAffin quel (plus) certainemene croie.Et le duc, quant il un disné,Sy s'est de la table levé.....

et dans G par les suivants, dont les quatre premiers se trouvent d4d dans DEn sa chambre sala gesirEt se fin autresi covrir-Coin Sc forment malade fuse,Et bien vont que Ji dus seustQ'e prise fi fuse maladie.Un valet a de sa meniePour ce dite au duc eovoié.Et li dus, quant il oc mengié.....

18 E, F mont poi de d. de manque dans H. - 520 A Et bien I. et f.;E, F, HLa gent deduit.et L — 521 Si manque dans G. A, E, F, H Si va laduch. 'i. ; D Et est tantost aile sauoir. - 522 E Et va desus; H Et la faitses; G Ele le fist. B soir; F en. D Quelle maladie elle peust auoir. -. 523 D,G Et si commande; H Puisa c.— 524 E Ne soit cula chaùtbre que lui. -

A, G En; B On. A, B let errant; F Est errant; G fet aitant.

44'

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LA CHASTELAINE DE VERGI 39Et li dus errant li demande Ha,.» (et li dus, & ma,douce

Comment cist maus li est venu [amie,

28 Et que ce est qu'ele a eti. Sachiez je n'en crairaie mie

Fie respont ((Se Dieus me gart;Ne vous ne autre creature

je ne m'en donoie regart544 Que otiques pot nule aventure

Orains, quant au mengier m'assis,Avenist ce que vous me dites;

532 Que greignor sens et plus d'avisAinz sai bien qu'il en est tes

N'eust en vous que je ni vi, . [quites,

Quant vous tenez plus chier celuiN'onques ne penssa de ce fere,Que je vous ai dit qui porchace 548 Tant ai apris de son afere

536 Qu'il a moi honte et despit face;Si ne m'en enquerez ja plus. n

Et quant vi que plus biau sam-[blantAtant se part d'iluec II dus;

Li (cistes que 4e devant, Et de remest mont penssiv.e

Si grant duel et_si grant ire ci552 Que jamès jar que de vive

540 Qu'ilueques demeurer ne poi.Une cure a aise ne sera

•526 A, B, G tantastli d.; D present li d. r- 527 A cius; B cest;.E ce;

G cil. F Dont cest mal ii estoit y . - 528 B que a eu. F lu quelle out

eu. - 529 E Sire fait el; G Et elle respont. - 530 D, H me. - 531 A, B,

D, E, H Ores. A, G mengier assis. - 532 E ne plus. C damis. r- 5 3 3 A

Eust; C, E, G Nauez. B, D, E ne vi; G ni trois. Ce vers dans G est suivi

de celui-ci

Si ai eu si grata ennuis.

D Qui tenez. - F qtil.p. ; G.que p. D plus cache. - .536E que n vous; H que n moi. D Que de .nfai son plaisir f.; F, GComment honte et .despit vous f.— 538 D Vous lui faktea. M que.pr-deuant; .13, C, F plus que d. E puisque d.; G hui que d.- H Si grant d.B et tel, ire en ai ; H si grant ire eh ou. D le us tel doeul et sy grant ire; GSi tirant ire et tel duel en ai. - 50 A Que illoeç; 2E ]luec . plus; H Carilleuc. - 541 D Quit est ainsy demeure syre; F Ay dit.li duzdouçe amie.

-'542 A Certes; D Certain E Sachiez. A,;E, Fie ne. - 544 A, B, D, Ppar n. -•C voust. —.546 13 que tue en est quites. D Car je saybienqui! en est q. -A net pense. H Onques ne pensa .a ce f...— 547-548nuinquent dans F. -A Si que ne nicu enq. p!us; B Si ne vous enq.in pl.; D Et si ne men parlez nen plus; E Et sent ce ne menq. p1 .; F Si nemen parlez des or pi.; H Et si ne men euq. pl ..550 A, B Atant dilec;H Atant sera part. A, .B se part. D A ce mot sest parti li dus..— 551 A,,B,D, E, F Et cele. A, 13, ;, G remaiut; A, E, F,.H si .p.; plus p.;Dtaute p.,— 552 E Quele iames. A, B tant corne! sait V.; D.tantAueilesoit y .; E tant cent V.; G, H tant com el v. -D, F, H Un mur;E Noie Ijeure. n manque dans G. .

N

N

t.

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40. G. RAYNAU])

Devant que plus apris avraDe ce dont li dus li desfent

556 Qu'ele ne li demaut noient,Mais ja ne l'en tendrâ desfensse,Quaren son àuer engin $rpensseQu'ele le porta bien savoir,

6o S'ete se sueffre jusqu'au soir,Qu'ele ait le duc entre ses braz:Etc set bien qu'en tel soinEn fera, ce ne dout je point,

564 'Miens son vouloir qu'en autre[point.

Par ce adonc a tant se tint,Et quant li dus couchier se vint,A une part du lit s'est traite;

68 Samblant fetquepoiritne li haiteQue ii dus o Ii gesir doie,Qu'ele set bien ce est la voieDe son mari mette au desouz

572 Par fere semblant de corouz.Pot ce se tint en itel guiseQue ele miens le luc atiseA croire que nioutoit irie;

576 Pot ce sana plus qu'il l'a besieLi dist eTc « Mont estes tausEt trichierres et destoiaus,Qui moi moustrez samblant

[d'amer,58o Manques ne m'aniastes nul jet;

Et j'ai esté bac tens si foieQue j'ai creu vostre paroleQue soventes foiz disiez,

584 Que de cuer tojal m'amiiez;Mès hui m'en sui aperceueQue j'en ai esté deceue. sEt Ii dus dist : « Et vous a qoi?

588 - Ja me deistes par ma foi, »Fer cele qui n mal i bée,

sss C, D, E, HDe ce que. B, G le. - 56 A Quil ne li; B Quel ne ii;.E Quel ne fi.-A, B, E demande. D Que ne lui cm parle. - 557 C Que. A,H ii. - 558 G engine et pense. - F Comme elle te P. S. te manquedans D. - 559-560 intervertis dans D. - 6o C Scie le; F Sele sen; H Se etc.- 6i 23 or. D Quant le duc sera entre ses br. - 562 B Quete; C, D Quede; F Quar. A ke tcus s.; B, Ede tiens s.; C, F, tels.; D de ses s.; Gqua ces.;H par tels. - s6; D Quit; E Sen; F Quen. E lors nen doute; D, F, G, Hdoute. —564 D que a p.; E que en tel p. - 565 D doriques. B sen. A, B,E,Htait; G tient. - 66 A, B, E, H vait; G vient. —567 fisc tret. —68 Gne si h. —569 Do soy couchier. - 570 E, H Fie. B, D que cest. —572.8Por; E, F Que. H Affaire. D Par tele maniere. -A, B, D, E, G, Htient. D tele. - manquent dans F. - D Afin que In. G Que deen met le duc et atise. - 575 B Semblant fer; E, H A dire. A, E, F, Hquelles. G. est. D mieutx soit ayree. - 576 E Pour tant. D la il. - 577 DElle respont. E, H vous estes f. - 578 Et manque dans G. D Et traistres. -

A, B, E, F, G Qui nie; I-1 Que me. - 58o A Conques. D Et oncnemain. a nui i.; H Criques ne main. uni. -- 582 D Que je creoie. —583 F,H Car. C me d. A Souventôis fois me d.; B Qui toutes fois 'ne d.; D Carmoult souvent me ci.; E Et maintes fois nie d. —584 D, FQpe du. G Quede fin cuerioiai; H Que vous de c. b.— 585 D Et je. A, E, .1?,G nie stii. -86 D Sy ai esté moult; E, TiQue lai este bien (E trop]; G Que bien ai

•este. —587 A, E, F, H Etdist li dus. A, Hde.quoi; Fen quoy. D Li ducrespont dites pourquoy.88 H Si. A, D, E vous par foi. .

LL

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pLA CFIASTELAINE DE VERGI 41

Il Que je ne fusse si osée Si sachiez ore sain: doutanceQue je vous enquerisse rienQue jamès navrai tel fiance

592 De ce que or savez vous bien.En vous ne citer de tel maniere- De qoi, suer, savez vous, pot 6o8 Com j'ai eu ça en arriere. n• - [Dé?Lors a comnsencié a plorer- De ce que cil vous a conté,Li duchoise et a souspirer,Pet de, Il mençonge et arvoire,Et s'esforça plus qu'ele pot.

596 Qu'il vous a let pensser et croire. 612 Et li dus tel pitié en orMès de ce savoir ne me chaut,Qu'il li n dit cl bele suer,.Que j'ai penssé que petit vautJe ne soufferroie a nul fuerA vous amer de cuer loial, Ne vostre corouz ne 'ostre ire;

6cc Que c'onques fust ou bien ou616 Mès sachiez je ne puis pas dire[mal,Ce que volez que je vous die

Mes cuers riens ne vit ne ne sotSanz fere trop &ant vilonie.Que ne seussiez ausi test ; FIe respont isnel le pasEt or voi que vous me celez,620 «Sire, sine m'en dites pas,

604 Vostre merci, les voz penssez.Quar je voi bien a cel samblant

591 B, E enqueisse r. D De tele chose sauois bien. - 592 G De tel ch,& A, B, E, F vous sauez or b.; H ore sauez b. D Que ie ne vous en, d6sserien. -D ce dyt le duc p. d.; Fdist li duz p. d. G Et de quoi suer ferï] p. d. -E, F je vous ai c. - 595 et manque dans D. A, B, D, Hauoire. E Fait il cele mencouge auoire; F Se la parole est fausse ou voire;G Menconge fait il et auoire. - 596 A, E Qui. F Que ic vous filz; H Quevous a fit. D Et vous a fait trop faulz a croire. -A, B, G Ne de ce;C Mes ce de. D Mais de cen penser; E Nepourquant de ce. - 598 A Que iepense; B Mes iai pense; D Car le sai bien; E Mes ie pense; G Mes ie mepense; H Carie pence. D, G que poi me [G mi] vain. - 599 C En. - LooA, E, H Quoi que ce f.; B O_p c onques f.; F Que que ce L G Conqueschose f: b. D Mon coeur certain ne fist onc ma]. - Soi A Que onques. FLe mien cuer ne vit; H Mes cuers ne ne vit ; G Mes cuers rien ne vit. B Nemes cuers tien vit r. ne s. - 6os-6o2 manquent dans 1). —602 B Que nel.H Que ne le. G tantost ausinc. - 603 G Et or voi bien que me c. - 604D La mercy dieu, - 6o 5 F Or ce sachiez bien. Il or tout. D Et bien sachiessans d. - 607 E En vous sachiez. B de cuer; F sire. D En vous amer mondonlz arny. - 6o8 D Comment iay eu au deuant duy. - 609 A, E, F Lorscommenca; G Lors commence. - 611 A Ains. D Et sefforce. A quantquele p.; D au plus que p.; E tant comme cl p. - 652 A &aut pitie. telmanque dans D. - 613 D Et lui a dit; H Si li a dit. D, F, H ma douces.- 616 B, Cl D, Evueil pasd.; G vous puis d. —617-6z8intervertis dans D. -618 A, B E Si faites. H ires gr,. v. D Ce serait trop gr. y . —619 A, E Pieli dist; B Et de dit. - 620 A, E ce nou me; B ce ne me; D, F si ne le;G,Hsi ne me. —621 A, B, E. GO_pc. Da cest; E, F, Havo; G ace.

0

L'

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42 G. RAYNAUI)

Qu'en moi ne vous fiez pas tantQue delaisse vostre conseil;

624 Et sachiez que mont me merveil r

Ainc n'oistes grannue petit -Conseil que vous nféussiez dit,Dont descouvers fussiez par moi,

628 Et si vous di en bone foi,Ja en ma vie n'avendrâ.Quant ce or dit, si replora;Et Ji dus si f acole et bese,,

632 Et est de son cuer a maleseSi que plus ne se pot tenirDe sa volenté descouv±,

-' Puis si li n dit « Bele daine,636 Je ne sai.que face par m'atne,

Que tant nilafi en vous et croi:Que chose celer ne vous dot

Que je sache, més trop me dot640 Que vous n'en parlez aucun mot:

Sachiez, et itant vou en di,Que se je sui par vous trahi,Vous en receverez la mort.

644 Et de dist : « Bien m'i acort;Estre ne porroit que feissseChose dont vers vous mcs

[preisse.Cil qui l'aime pot ce le croit

648 Et cuide que veritez soit-De ce que li dist, puis li contéDe sa niece trestout le conte,Comme apris l'or du chevalier,

652 Et comment il fuel vergierEn l'anglet ou il n'Ôt qu'eus deus,Quant li chienès s'en vint a eus;

622 D Quen a moy. - 624 A, B, D, F, G Et s. [D Sy s.] que trop.H Et s. bien mont. A mesmerueil!e. - 6à5 A, H.Kains; B Qdeihc;D Conques; E, F Cohc. A, H noi ne gr.; D nouitent gr. - 627 DEusse recorde une fois. -. 628 D Se dieu plaist le roy des foys; G Néja se d-, plest fiole Foiz. -- 629 D ne mauendra G En. 'na vie ne nâu;-630 B si soupira. G -de rechief plourâ. D Mais plu% fort de recliiefplôüràz

61 A le racole. B Et li d, lâcole et ht b. H Et sefforsa plus quele pet. -'632 A son cors. B Qui en de son cors cri m.; D Qui est -du coeur iiiout ehni.; -E Ojil de samour est a m;; F 'Qui de son cors S.a in. G Est de Mncourroui ezi ni.; H Et li dus grant pitie en et. —633 D Cil qui plus; G n-se puer plui tenir. F Ne plus- ne se pot de tenir- —64 A De laueh'tureregehir; FDe son courage d. —'635 C Pois se. B, G, fl Puis li a dit; ï) Silui n dit; -FEt liadit,B, Gma beled.; D, F, lima douce d-636 D, F, F-G, H que faire. - 637 E Mais. De mont. A, B, D, E, F, G, H me fi. -638 A, -B, E Que celer choie; D Et celer ch. H Que riens nule celer y . d.- 639 C, H, Que Ji miens cuers sache ne or; D Maissachiez que trop medoubt. - 639-640 -manquent dons A, B, E, F - 640 C, H Mes Je vous pHtien parlez mot; D Que vous tien deissiez. —641 F Mes sachiez. H S. bienet tant. E nies it&nL D, G Mes tant s. que je y . d. - 642 G Se jean ui;- £43'-B Que vos en receurezFrheuriez. — 644 D, F Cèle spdat-. E Etcele dit. Die my -acort.645 E ie feisse.- - 646 A' mesfeisse. -,647 Aii, D, E, F, H là croit. - 648 -D Qui tuide que diose 'celce soit. 6 BCe qui li dit; .D De quanque li dit; -E, F, H De ce quele dit;[F à dit]. -P siJi raconte. - 6o -De ma,iqut dans G. -653 D ou nàuôit que lui.- - 654.À-Et con Ji è. y .; B Con Ji ch. sen y .; E, Htomment li-eh. y.; FQuant ii ch.soruint; G QuaM hpehz chiens v. D Ettonintent le chienet-titit • a lui.

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LA CHASTELAINE DE VERGI 43Et de 1'isue et de l'entrée

66 Li a Il vefité Contée,Si qu'il ne li a tiens teuQu'il j ait ci ne 'eu.Et quant la dudbois l'entent

66o Que cil aime plus bassementQui de s'amor l'a escondite,Morte le tient et n dSpite,Mès aine de ce saniblant ne fist,

664 Ainçois otroia et promistAu duc a si celer ceste oevreQue se c'est qu'ek le descuevre,Que il la pende t une hart.

668 Et si li est il ja meut taitD'a ccli parler quele hetDès icele heure qu'ele setQue de est amie n celui

672 Qui Ji fer et honte et anui

Pot haut, ce li est avis,Qu'il ne vaut estre ses amis.Si afferme tout ion porpets

676 Que, ?ele voit ne lieu ne lentsQu'a la niece le duc parait,Qu'ele li dira ansi test;Ne ja ne celera tel chose

68o Ou felonie avra enclose.Mes aine en point n'en lieu n'en

[vihtTant qu'a la Pentecouste vintQui après lu, a la premiere,

684 Que li dus tint cort mout pleniere,Si qu'il envola par tout guerreToutes les dames de la terreEt sa dccc tout premerainé

688 Qui de Vèrgi en chastelaine.Et quant la duchoise la vit,Tantosi toz li sans li fremist,

657 A, 1) Si quil ni a de [D de manque] r. t.; E, H Que mile r. nia t.658 A, D, E, H Que il ait; B Quil eust. —659 D Quant. D ce entent; Bd.entent .66o A, D, E Que il. - 661 D Quant; E, Et. - 661-662 inter-vlHis dans D. - 662 D, G A morte se tient et [D et a] despite. b se refit.- 663 A, H, alus; D, E, F, G onc. É, P4 Hnen. - 664A, B, D, E, P,HAiS otn..A, B, D tout; E, H thodt; F bien. - 665 A a descoutirir; D, Edé bienteler; Fa bien celer; H celer si bien. A, B, D cele. G ou cure.666 A, E Que sainsi est quel la dèsc.; B, H Que sil set quele leu [H se]&sb.; D Car se dentréux deux desC.; F Que sil adent quel le dcsc.66PQpe kit - 668 C, CEt se. H Si li estoit il. D estoit in. —669 A, D Deccli parler; F Qua cele pârle; H Da cele parler. B, E De parler a cele quellier. - 670 D Tres. D voit. - Gi A, E Quele estait; B Que eS estoiL—672 E Oj.sil. A, D, E, F, Gli afet.— 673 11 Pour tant ccli estôit a. E seli est ore. - 674 B, F veut - 676 E sauoit lieu ne tens. F Que selle vieden lieu rien t. - 677 G Que. D, C au duc. D puisse veoir. - 678 E asseztort. D Qui lui dira tout son plaisir. - 67q D Quei. -, 68o D Quant. bsoit; D )' a. H Ne plus vient en son cùet enclose. 681 B Mes se en p. nefie 1. rien v.; FMCI une en p. sien 1. tien y .; G Mes en 1. neft p. rien .; HMàisaiiis cri 1. rien p. rien k'.Avient. - 68A, C, D, E, F, Il Tant que; BÊtquant; A, B vient. -.- 683 1) Qua prins sa part. B et la pr.; G toute la pr. À,B, F Que ce tu la feste premlere. - 684 D Les beles dames. G, H sa. F Lesdames de toute sa terre. - 687 D Sàniepce vint la p?.; E Sa niece tôuie r;• Et s. si. vint toute. premiere.688 D du vergicr; F du vergi. E tu eh.; -• estoit eh. - 690 F le cors. D Le coeur eu ventre.

k'

C4

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44

G. RAYNAIJD• Coin del mont que plus lier.

692 Mès soit celer* setSi li a fer plus bel atretC'onques devant ne li et fer;Mès mout et grant talent de dire

696 Cc dont de ot au citer grant ire,Et la demeure mOUI li couste.For ce, le jour de Pentecouste,Quant les tables furent estées,

700 En n la duchoise menéesLes datnes en sa chambre o soiFor eles parer en reqoiPot venir comtes ans caroles.

704 Lors ne pot garder ses parolesLa duchoise qui vit son leu,Ainz dist ausi comme par geu« Chastelaine, soiez bien cinte,

/ 708. Quar bel et pieu avez acointe. nEt cele respont simplement

Je ne sai quel acointenient

Vous penssez, nia dame, po t voir,712 Que talent n'ai d'ami avoir

Qui ne soit del tout a l'onorEt de moi et de mon seignor.—Je l'otroi bien, »dit la duchesse,

716 « Mais vous estes boe mestresse,Qui avez apris le mestierDu petit chienet afetier. n

Les dames ont ci le conte,720 Mès ne sevent a qoi ce monte;

O la duchoise s'en revontAns caroles qui fetes sont.Et la chastelaine remaint

7221. Li cuers li trouble d'ire et taintEt li mue trestoz et venti-e.Dedenz une garderobe entreOu une pucelete estoit

728 Qui 'tes piez du lit se gisait,Mès de ne la pot venir.

691 E, F eu inonde. D Son corae celer ne soit. - 692 D Pour la chas-!ellaine que voit; H Son conseil si celer seit. - 693 C Se. A, B, E, F, G,H Si que plus bel semblant li [B a] fait; D Mais greignour samblant lui fait.—694 A a nul ior. E encore li et. D Conques mais. D, G par deuant nauoitfer. - 695 D Car moult. B a gr. t. du d.; D gr desir n de d.; E, F gr. t.out de d.: G gr. t. a de d. —696 D Ce quelle auoit en c. or manque dans A.F, Ga. —698 ECe fia. A Puis ce i. de la p. B Pour cet i. de la p.; FPourccli i de p. - 699 E Que. A leues. 700 B Si a. D, E Et [D Et mg.] laduch. en a m. - 701 sa manque dans D; F la. E Tretoutes les dames o s. -702 D paroir. - 703 D Et venir; H Pour aler. E, F Que len ne les tenistpour foies. G au querores. - 704 B .puet. E, F, G, H tenir ses. - 706D, FSï. —708 A, B, F Car; D Que. A, B, D, F et cohue. —709-Etmanque dans D. A, E Et cele dist mout s.; G Et de r. s.; H Etc r- mout s. -711 E, F Vous dites. —7121) Car. E Je nai talent; F Quar ne voudroie; GCartaient nai; H Mais nai talent. G de acointe aûoir. - 13 G que ne. Ffust.—714 iJEta m. eta. — 71$ D, E le le croi;GNon je croi;HCe croi ti c. —720 D M. pas ne. —72 I D Auesc. - 722 A, B,!E que f. - 723 H La damoi-scie. D, H seule r- - 724 A, B, E, F, G, H dire li trouble [G tranble] et; Dtremble le vis lui.-72$ DEt lui trcssault et bat en V; LEt li remet t. e.v.;F Et ii tressue tout en y .; H Et si li meut t. en V. —727 D pucelle auoit.

- 728H au pie. D, E, F den lit. - 729 B, D cele, A le pot. H Mais ci ne lapouoit V. -.

T.!

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/

LA CHASTELAINE DE VERGI 45Et lit s'est lessie cheoir748 Qu'aillors ne pooie pensserLa chastelaine mont dolente;Nis une cure ne jor ne nuit!

732 Iluec se plaint et se gaimente,Quar c'ert ma joie et mon deduit,Et dist « Ha 1 sire Dieus, merci,C'est mes delis, c'est mes depors,Que puer estr.e que j'ai Di 752 C'ert mes sotaz, c'ert mes con-Que ma dame m'a fer regret [fôrs.

736 Que j'ai afetié mon chenet?Commenta lui me contenoieCe ne set ele par nului, Depensser, quant je nel veoie!Ce sai je bien, fors par celui Ha? amis, dont est ce venu?Que j'amoie et trahie m'a;756 Que poez estre devenu,

740 Ne ce ne li deist il ja, Quant vers moi avez esté faus?S'a Ii n'eust grant. acointance(Je cuidoic que plus loiausEt s'il ne l'amast sanz doutanceMc fussiez, se Dieus me consent,Plus que moi que il a trahie!760 Que ne fust Tristans a Yseut;

744 l3ieh voi que il ne m'aime mie,Plus vous amoie la moitié;Quant il me faut de convenant,Se Dieus ait ja de moi pitié,Dow Dieus I et je l'amoie tantQue ne fesoie moi nieismes;Comme riens peust autre amer,764 Onques avant ne Puis ne primes

730 H En. D Sur un lit. E Dedenz le lit se lest ch. - 732 A, B Montse plaint et mont se demente; D Qui se complaint et se gramente;E, F Mout se cornplaint et se demeure; G flec se complaint et demente;'H Ele se pi. et se demeure.D En disant. E. F, 'H biaus sire. -

A, B, E ce estre. A ke ici; E quay oy. -D Dont. - 736 Fle ch. - B set de bien le cui ; G seust ele P. n. - C Qui.D tant arnoie tr. - 74oA Ne pour riens ne li d. ia; D Et ce ne d. elle ia; EBien sai quel nel me d. in. — 742 A Et si.— 743G qui. B Quant il ma tr. -44 A, E Bien sai que il; F Mes or voi qui1. D mamoit. -H Quant ci. -

746 D He dieu. -B, D, E pouoit plus [B autre] amer. FCom rienspeust plus z. a. - 748 D Ailleurs. A, B, E Ne ne pooie ail1. P . - AEn nule cure ne; B Nule orete ne; J) Une soeule heure; G Nule cure ne. FNeis un jour ne une n, — 750 B, FQue ciert; DCestoit; G Que cest. E, HCert mai. certma d. — 751 A confors. BC. m. d. et mes d.; D Et messoulas et mes repos; E, G C. mon soulas c. m. d.; F Et mon deduit et monconfort; H Cest m. d. cest m. d. — 752 A depors. B Et m. s. et m. C.; D Etmes delis et ms C.; E C. mesperance et m. C.; F Et mon soulas et mondeport; G dh?ies ,delz et m. C.; H Cest tu, s. cest ni. c. -D Commela nuit. B, Go lui. - 7-4 intervertis dans G, manquent dans F.Dquant ne le y .; G quant le ne y. -'B Amis douz; D Doulx amis.756 D porrois. - D Enuers ;G Qui vers.,— 760E Conques ne ht- t. y.;FQue ttistrans ne lu a Y. - 761-762 intervertis dans G. —762 D Se d. aithuy; E Si ait ia d.; G Que se J. ait. - 763 D Que ie ne f.; B, F fesoie ie[F moi]. - 764. D Quant vous aniours.premiers faismez.

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4-6 .6. -RAYNAIJI)

En pensser n'en dit ne en (et- Ne fis ne poi ne gram mesfet- Par qoi .me 4eussiez hait

768 Ne si vilainement trahirComme a noz aniors depecier

- -l'or autre amer et moi lessier,Et descouvrir nostre conseil.

772 Hé! lasse,amis,mout me tiierveil,,Que Ii -miens cuers, si M'ait Dieus,Ne lu onques vers vous itieus,Car, se tout le mont et neis

776 Tout son ciel et son paradisMe donast Dieus, pas ne! preissePar couvenant que vous perdisse;Quar vous estiiez ma richece

780 Et ma santez et- ma leece,Ne riens grever ne nie peustTant comme mes las cuers seustQue li vostres de riens m'amast.

784 Ha! fine amor et qui penssast

Que cist feist vers moi 4esroi,Qui disoit, quant il ert o moiEt je fesoie mon poor

788 De fere trestoutson.voloir,Qu'il ers toz miens, et asadarneMe tenoit et de cors et d'aine,Et Iê disait si doucement

792 Que le creoje vraiement,Ne je ne penssaisse a nul l'uerQu'il peust trover eu son EuerEnvers moi corouz ne haine

796 .Por d choise ne pot raine;Qu'a lui amer estait si -bueQu'a mon citer rendie • le 'suen;De lui me pessoie autre$si

Soo.Qu'il se teoit a mon, amiToute sa vie et sOn,eage,Quar bien courtois a mon cerage,Savant morust, qpe tant l'aniaisse

804 Que après lui petit duraisse.

765 C En pensse. A, B, D, G, -H ne dit. G rien mesfet. 12, F-Ne inesils-vers vous une [F nulle] rien. -,- 76$-766 intervertis dans D. —766 A ;Ne fis-petit. D Onques ne fis enuers vous meffait. E Si me conseuit ; F 4usi niait.E, F saint julien.,-767 A, E, FPàur. D vous me\d. G trait. —768 G baie.

769 E de nos. D vous amours d. - 771 H yostre..z,D trop me • mA mesmeruel. F Et sachiez que trop men merueil. .- G Nestoit mie. Denuers vous tieux. - 775 A Que. Hie monde par-mi. -O Car vraiment seiesucris; E Que se dieus a chois me meist. - 776 B Et. A, F Et ciel et terreet p.; E-De cest siecle et de p. - 777 dictes manque dans.D. D, F ,ne pr. GMofristd. pus .nele ,pr. --778 D Par ainsy que ie vous p..— 7.79 A, B, E, FQue, r'- 780 A, B-Et mes soulaz. E Et ma joie. - 78zG con mes las de c.--784 B, E.He. D p.; E cep. -.- 785 A, E, F, Hcil. -D seust. - 786 A,E, F Qui veist. D, H kant estait. G auec.moi. -r 787 E Con; F Que. -788 D du tout a son y . -r 789 n 'flanque dans F. .D.Et a samie.et a-s. d..—-790 D et cors. - 791 -D mcd. — 792 A Quil.en; -B, E, F.Qpe leu; GQue je le; H. Que je. A maintenant; E, H boitement. -A, -B, H -Ne[B Que' je ne cuidasse; E le ne cuidasse; G -Ne ie ne cuidoie. -,- 793-796manquent dans F. - G Que, A, B, E, F, H mestoit. A, H bien. 798;Gprendroie. DQue ni. c. baisoit le sien. — 799 Bmen p.; Eme repoise. FIQue il mamgst tout a. —8oi-G. -et mon aige; H et-tout son aaige. -'r-802 A,.G.Que;D,T,,F Et. 'D je voi-bien. A, E,-G, Hen m,c. —803 A, B, -EScauant. que manque dans A, -B, E. G Sauant moi-tnoureust donc iam.

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LA cnAsTaAn-iE DE VERGI 47Estre morte o lui me fust miens

/ Que vivre si que de mes ieusNe le veisse rude foiz.

8o8 Hal fine atout, est ce donc droizQue il a ainsi descouvertNostre conseil, dont il me pert?

.Qu'a m'amor otroier li dis8x2 Et bien en convenant li mis

Que n cele cure me perdroit_ Que nostre amour descovreroit.

Et quant j'ai avant perdu lui,816 Ne puis après itel anui,

Qpe sana lui pot qui je me dueilNe puis vivre ne je ne .vueil;De ma vie ne me plest point,

82o Ami pri Dieu que la mort me[doinst,

Et que, tout ausi vraiementCoin ai amé leaumentCelui qui ce m'a porchacié,

824 Ait de l'ame de moi pitié,

Et a celui qui a son tortM'a trahie etUvrée a mortDoinst honni, et je li pardon;

828 Ne rua mon n'est se douce non,Ce m'est avis, quant de lui vient;Et quant de s'amor me sovient,Pot lui sourit ne m'est pas paine.»

832 A tant se tut la chastelaineFors qu'ele dist en souspi!ant« Douz amis, a Dieu vous coin-

[muni IA ceit mot de ses braz s'estraint,

836 Li cuers li faut, li vis Ji taintAngoisseusement s'ct pasmée,Et gist pale et descoloréeEn mile lit, morte sanzyic.

840 Mès ses amis ne le set mie,Qui se deduisoit en la saleA la carole et drosse et bale;Mès ne li plest rieiis qu'il i voie,

8o5 A, B, D, E, G, H.Questre. ' D sy nie. F Morte o lui vousisse estre- m. - 8o8 *E He. G est il. - 809 B Qpe il iert; F Que cil a; G Qui fia.

- 810 D Nostre amour. A tout en apej. - Siz G au couuenant. - 813 DQua iule. r- 81 B Je auant perdi l.-8x6 D un tel 2.; F si grant a. Gviure apres tel ennui.- B Ne pris gueres nul tel ami. - 817 D Quer sana lui;H Sana celui..A por coi. FViure sana li pour qui me d. - 817-818 manquentdans G. - 8x8 B Ne quiet viure; D Plus "iure ainsy; FNe ic ne quier. -821 E ainsi. B Et toi ausi veroiement. - 822 A, -B, E, F, G Comme lai[B. lai]. D Que je lamoie l.;'H Coin unie bien 1. G vtaiement. —823 A

- ma ce p. - 824E Ait liui dieus 4e munie p.;. G Ait de la hioie unie p. -827 G car je li p.— 828 A De ma mort nesl; D La mort ne nxest. A se doutenon; B se de li non; G se douceur non. - 829 A Si. - 829-834 nuinque'ttdans D. - 830 G que. - 8;t B Pour qui. H met. —832 E sestent. -833 B Mes. H a dit. —835 B, H A ces nids. D de ses beanix bras. - 837E SSt angousseusement; H Angoissement est. G pensee. - 838 D La g. Fmorte et d. —839 D Desur. B pale s. y . ApIs ce vers B ajoute nu vers isolé:

Amours l'ont morte et maubaillie.

840 Gne ce. —84' D dedut en my. - 842 E Ans quaroles; G Ou ilamie. -A, D, E, F, Hou d. et manque devant baie dans E, G. - 843 D chosequil v.A, B, E. F que il y.

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48 G. RI844 Quant cale a cui Son cuer s'otroie

N'i voit point, dont meut semer-[veille;

Si a dit au duc en l'oreille« Sire, qu'est ce que vostre niece

848 Est demorée.sigfaritpièce,Que n'est aus caroles venue?Ne mi se l'avez mise en mue. nEt li dus la carole esgarde,

852 Qui de ce ne s'estoit pris gardeCelui a soi par la main trait,Et droit en la chambre s'en vait;Et quant ilueques ne la trueve,

86 Au chevalier commande et rueveQu'en la garderobe la quiere,Quar il le veut en tel manier;Pot benz entr'eus solacier

86e Com d'acoler et de besier.Et cil qui li en sot baux grez

YNAUD

Est en la garderobe entrezOu s'amie gisoir enverse

864 El lit, dScoboure et perse.Cil maintenant l'acole et baise,Qui bien en ut et lieu et aise;Mês la bouche a trovée froide

868 Et partout bien pale et bien roide,Et au samblant que li cors monstreVoit bien qu'ele est morte tout

[outre.Tantost toz esbahiz s'escrie

872 « Qp'est ce, las? est morte m'a-Fraie ?i

— Et la pucebe sailli susQui aus piez du lit gisoit jus,Et dist c Sire, ce crol je bien

876 Qu'ele soit morte, qu'autre rienNe demanda puis que vint ci,Pot le corouz de son ami

844 G ou cul. B ses cors. A, H otroie. - 845 A, D, E, G dont il;F dont trop. A sesmerueille. - 847 D qua y . n. 348 B A dem.;D Qui demeure. - 849 B, E Quel. - 8o D Je croy la lauuis; F Biencroi que Iguez. - 81 D Le duc en la danse regarde. - 852 A, H se

/ prenoit g; E se donnoit g. B Ojii deuant ce ne sen prist g. - 853 D,

/ G o soi. F Le cheualier a soi atrait. - 854 A a la ch. -lien la ch.

J nel treuue. - 86 E dit et li r.; Ha dit et r. - 88 B Car bien: F les veut.

f D Joie en oust en t. ru. —859 D Com. F Leenz entreulz .1'. auanchier; G5 . Par leanz entrer et nuancier. - 859-860 manquent dans A, B, E, H. - 86o15 Com de b. et dacoler; G A moins dacoler et de b. .-. 861 D Le cheualierlui en sust. F seit. A, E len sot mont bon gfe; G, H li en sot bon gres. -862 D Si est. —864 D, E, H En. - 86S DDe rit; D, H Tout in. - 865-866, intervertis dans B, G, manquent dans A, E, F. —866 B, G Qui [B Car]nauoit mie este [B pas estre] aese; P Car de joie auoit &ant aise. - 867 B Et.A Cius a trouue le cors tout roide; E Et cil la treuue toute fr.; F La latrouuee toute roide. - 868 A La bouche li baise quart froide; D, E, F Et la[D sa] bouche serree et froide, bien imuque dans D, H. G le corps pale et r.

- Le vers manque dans B. — 869 B Au let s. - 870 G tretoute. - 875 A, B,D, E, F, G comme esb. - 872 G dites est. - 873 D Adonc la p. - 874B, E, H au pie. — 875 A Si; D Qui. E le croi meut bien; Hie le croibien. - 876 A, B, E, H Que morte soit que; F Mieux que soit morte; GQue de morte que. - 877 A Na demande; E Ne dementa. B quel y . c. -.878 C, F Fors le; D Fors les.

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LA CHASTELAIME DE VERCI 49Dont ma dame l'ataina Qjji ert pendue a .1. espuer,

88o Et d'un chienet la ramposna,Et s'en feri par mile ruerDont li corouz li vint morteus. » Cheoir se lest sur l'autre cors;Et quant cil entent les mes teus 900 Tant a sainié que il est mors.Que ce qu'il dist au duc l'a morte,

884 Sanz mesure se desconforteEt la puele est hors saillie,« Ha las! » dist il, « nia douceQuant de vit les cors sanz vie

amor,1-lidor et de cequ'ele vit.La plus cortoise et la meillor4 904 Au duc qu'ele enconda a ditConques fust et la plus loial,Ce quele a ci et vert,

888 Comme trichierres desloial Si qu'etc rfi a riens teu,Vous ai morte! Si fust droitureComment l'afere ert commencié,Que sur mai tornast l'aventure, 908 Neis du chienct afetiéSi que vous n'en eussiez mal;Dont la duchoise avoir parlé.

89: Mês cuer aviez si lilial Ez vous le duc adonc dervé'Que sur vous l'avez avant prise.Tout maintenant en Id chambreMès je ferai de moi justise [entre,

-Par la trahison que j'ai 1ère!912 Au chdvalier trest fors du ventre-'896 Une espée du fderre a treteL'espée dont s'estoit ocis.

879 G lataria. D Dont ma dame lui parla. - 88o A, B Et du. D Etdu petit chiennet. A le ramprosna; E li reprouua. - 882 D il. A, E, Rai les. G mortieuz. - 883 D Ji ait m. - 884 D desmesure. - 885 AHe dius; E, H E las. D fait il. G Et dit ha las. B Et a dit las ma dame d. a.- 886 et manque dans G. - 887 D Qpi anquez fust; G Qui ainc fust. - 888 13et des!. —889 D Vous estes ni. G si f. de dr. - 890 F sus. —891 D. Maisque nen. F es e. m. - 892 D le coeur auois. -. 893 G lamez. A Que lamorsla ains de moi pr.; 13 Que vos lauez lot autant pr. - 894 B Mes cen f. de moni 895 la manqué dans G. —896 D, E, F, G a du f. [D fourre!] tr. —897 Destoit. D Qui P. ert; F Quilleuc pendoit. —898 E, F, H Si. - 899 D Laissiesest cheair. 13 les lautre c. E Et tant ai saingnie quil est mors; G Sauz plusparler et sanz plus suez. — 900 B Cil a t. s. qui!. D quil en est m. E, F Et lapucele sailli hors [F fors]; G Cheair le lestIez lautre cors. — 901 A hors sali;B sailli fors. G Tant a sainnie que il est mors. — 90 I-902 manquent dans E. -902 D,Hlecors. A,13, FQuantvit morsgesirles n. cors [Ales.ti. e. ni . esir];G Et la pucelle sailli fors. - 903 A, B Hidor a; H Paour es. C que les;B que il, - 904 E Le dtic encontre si li dit. — 905 D Tout ce. F, H out.- 906 H Ce. D Nulle chose ny a t.; E Comment lafaire iert auenu; G EtSi ne li a r. t. - 907 13, D est c.; Hot e. E Et comment Lu encammencie.—908 D, E Et du petit chien; H Nes don petit chiennet. - 910 D Adonclu le duc forment deue; G tUant euous le duc desue. - 911 A, B, G DeM. - 912 .4 trait. E a trait du V. — 913 D dont estoit.

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s.o. G. RA\'NAUD

Tantost s'esi -ala voie mis Et la duclioise d'autre part:- Grain oirre droit a la caoIe,-A duel et a corouz depart

916 Sauz plus tenir longue parole;La cort et s meschief vilain- Maintenant vint s la duchesse:936 Li dus enferrer l'endemain

Si li a rendu sa promesse. Fist les amanz en .-i. shrqueu, -Que el chiet li s' embatue

Et la duchoise eh autre leu.

926 L'esée que il tenait nue, Mès de l'aventure et tele ireSana- parler, tant estait iriez.940 C'onques puis ne loi on rire.La duchoise chier a ses piez,Errant se croisa d'outre mer,voiant toz ceus de lacontiée,Ou il ala suez retorner,

924 Dont'fu la feste mont troublée

Si devint ilueues Templiers.• Des chevaliers qui la estaient,944 Ha Diens I trestous dz encom-Oui grnt joie menée avaient. [briersEt Ii dus -trestout aust'ost, Et cis mSchiés par ce avilit

928 Oiadt toz qui air le vost Qu'au chevalier tant mesavint

Dist tout l'afere en mi la con.Qu'il dist-ce que celer devoirLors n'i a celui qui n'en pIon,948 Et que dèsfendu li avaitEt tiomniéemeht quant il voient

S'amie qu'il ne le deitt

932 Les .ri. ainanz qui mort estaient,Tant 01m s'amotavoir vousist.

914 D Et t. F, G a la y . sest ni. - gi5 D Sana dire mot ne parole;H Grant aleure droit asharoles: -'- 9r6 -A, B nule p.; H longues paroles.

917 A, C, G De m.; D, H Tout m. E, F Oh qu'il [F La ou il]aveu lad. —918 CSe. D A bien rendue; E Rendue lia; G A si rendue;H En s rendue. A la pr. - 9X9 D Tant quei; F Quar el; H Si quen. -920 A que il porta; B, D, E qui1 sports; Fquil aportoit; G que il tenait.92ï A, H car trop fu; B, G car mout lu; E que trop lu; F que mont fu. -923 Dlaseniblee 924 G Lors. Hsi tr. A, E Lors fu-[E Dont est] la courttoute tr. - 926 F Et; G Que. A ' mener deuoient. - 927 A, B, E, F, Gtbdi aufresi toit. H- Adonc sestheruillerent trop. - 928 D Voiant qui noir leiôdst; F Oiant t, ceulz coir le vaut; H Et lors li dus tout aussi test. - 929E tout le fait. F Conta lai', niant la court. -930 D ni ot. A, D, E, F, H nePL - 931 A, B, D, E, H. Et nleesmement. E que il V. - 932 A,

. 1J B, E, F G gisaient. -C Et la pucele. -D A'hontc. H separt. - D est a. - F F'ist la ducesse. - 938 F Et les amans. -940 D vit on; F, G vit len:— 94' G Avant. D sen alla; H prist la crois. -942 A, E demeurer. D Snz le.jour ne plus demeurer. - 943 A Et. G Caril deuint ilec. E, H Et deuinf la- [H Si fa illeuc] hopitaliers. - 44 A, D E

• He; B, F Et. A dist il quel enconibrier; C trestout cest encombrier; Ecomme grans entnmbriers; F dist que cest enc.; G tous ceus enc. - 945B; C, D, F, G, H cest; E tel: D par ce. B en saint. - 948 B Et d. bien lia. -G que il ne desist; H qui ne le d. -G Tant quant.

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LA CHASTELAINE 0E VERGI51

Et par cest example doit l'en, Et li celçrs en lez poins vaut.

952 S'amor celer pai si gram sen956 Qui si le fait, ne crient assaut'

C'on ait toz jors en remetubrance- D faux felons enquerre .ors,

Qué li descouvrirs riens n'avanceQui etquiereflt autrui amors.

952 D Celer samour; F Satnour garder. E en si bon sen. —D Queux

eu ait; B Con dit; G Quan oit. H Que On Oit t. r. - 954 A Que li tacon-

1. d.;B Qué li recorders; F Que Ii ramernbrer. H Con ne latees; D Quer perde par tel mescbeance. Après ce vers H ajoute

Que li descouvrirs rien ne vaut.

955 D lieux vaut. Après ce vers H ajoute

Eu tous estas, soit bas, soit haut.

956 A Qui tout cou fait ; B Qui ce Jet bien; D, H Queinsi te fait; E Et

qui ce f. G Jasant. — 958 A, B, E, H dautrui amours; D contre ;moureux.

Après ce vers D ajoute tPour ce prion par bon memoire-

-Yceltui Dieu qui maint en gloireQu'il vuilie lez deux amans maitreAu jour du jugement a (sa) destre.

Amen

F ajouteCesr fablel ci endroit deffine.Or prion a Dieu qui ne fineQu'il ait de Ior unes merchiEt des nostres tout autresi.

Amen!

G ajoutePour nuire, c!autre preu ni ont,Nuisance au[s] teiaus amans fontDont un vers trop courtoisementD'un son (ms. seul)poitevin les reprent.

tr5.Ithou, Protat frôrtt, Imprim

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