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Le Théâtre Dijon Bourgogne propose chaque saison un travail d’accompagnement des élèves au théâtre.

Ce partenariat avec l’Éducation nationale prend diverses formes, et est facilité par la présence à nos côtés de notre enseignante missionnée : Marie-Sabine Baard.

Pour vous faciliter la lecture de la saison sous un angle « pédagogique » mais aussi sensible, nous avons imaginé des parcours de découverte. Nous sommes à votre disposition pour en faire le commentaire détaillé et explorer avec vous les pistes qui, nous l’espérons, vous guideront.

EXPLORER, PARTAGER, TRANSMETTRE …………………………………………………………………………………………………………

Si vous animez (ou souhaitez animer) un club ou un atelier théâtre, si vous développez une activité artistique dans votre établissement scolaire, nous pouvons vous accompagner avec différents outils :

Des conseils et des personnes ressources

• Conseil sur un parcours de plusieurs spectacles sur la saison et le festival

• Présentation des spectacles en classe

Des ressources de natures variées sur chaque spectacle

• Un dossier artistique rédigé par l’équipe artistique (présentation

de l’équipe artistique, du projet, note d’intention du metteur en scène)

• Des articles critiques • Des photos (scénographie, costumes, comédiens) • Des vidéos (teasers, interviews…) • Une fiche pédagogique proposant : une présentation du spectacle

par entrées thématiques et techniques - des pistes d’exploitation pédagogiques à mettre en œuvre AVANT et APRÈS la venue au spectacle

APPROFONDIR, CRÉER UN PARCOURS DE SPECTATEUR …………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

Pour vous aider à faire vos choix, à inscrire les spectacles dans votre progression pédagogique, voici quelques pistes à adapter en fonction du niveau de la classe, des sections ou des envies !

UN PARCOURS

AUTOUR DU

TEXTE

Des auteurs contemporains étrangers

• La Ballade du tueur de conifères de Rebekka Kricheldorf

[dès la 3ème] • Effleurement de Asja Srnec Todorović [lycée option théâtre

– à préparer en amont] • Disgrâce d’après le roman de John Maxwell Coetzee, [dès

la 1ère] • MayDay de Dorothée Zumstein, [lycée option théâtre – à

préparer en amont] • Le Temps et la chambre de Botho Strauss [lycée]

Écriture de plateau

• Nous savons [lycée] • Récits des événements futurs [lycée]

Adaptation de romans ou de scénarii

• Où les cœurs s’éprennent, d’après les films d’Eric Rohmer

[lycée] • Détruire, d’après Détruire dit-elle de Marguerite Duras

[lycée option théâtre – à préparer en amont] • Disgrâce [dès la 1ère]

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Théâtre documentaire

• MayDay [lycée option théâtre – à préparer en amont] • Nous Savons [lycée] • Chroniques d’une révolution orpheline [dès la 1ère –

à préparer en amont]

UN PARCOURS

THÉMATIQUE

Analyses critiques de la société

• La Ballade du tueur de conifères [dès la 3ème] • Mais il faut bien vivre ! [lycée option théâtre – à préparer

en amont] • Disgrâce [dès la 1ère] • Nous Savons [lycée] • Chroniques d’une révolution orpheline [dès la 1ère –

à préparer en amont] • Récits des événements futurs [lycée]

Drame de l’intime

• Effleurement [lycée option théâtre – à préparer en amont] • Mais il faut bien vivre ! [lycée option théâtre – à préparer

en amont] • Nachlass [lycée] • Cannibale [lycée] • Une Maison de poupée [dès la 3ème] • Le Temps et la chambre [lycée] • MayDay [lycée option théâtre – à préparer en amont] • Détruire [lycée option théâtre –à préparer en amont]

UN PARCOURS

AUTOUR DES

FORMES

THÉÂTRALES

Le huis clos

• Détruire [lycée option théâtre –à préparer en amont] • Une Maison de poupée [dès la 3ème] • Effleurement [lycée option théâtre – à préparer en amont]

Le duo

• Cannibale [lycée] • Effleurement [lycée option théâtre – à préparer en amont]

Théâtre sans acteurs

• Nachlass [lycée]

EN LIEN AVEC

LA SAISON 16/17 OU

THÉÂTRE EN

MAI 16

Par thématique

• Récits des événements futurs / Angelus Novus (Antifaust),

questionnement sur le progrès, la science • Mais il faut bien vivre ! / La Devise, questionnement sur la

société • Détruire / Tumultes (une pièce française 1), questionnement

sur la révolution, une nouvelle société • Où les cœurs s’éprennent / Nos serments, questionnement

sur le couple

Par metteur en scène

• Récits des événements futurs / Le pas de Bême, metteur en scène Adrien Béal

• Une Maison de poupée / Démons, metteuse en scène Lorraine De Sagazan

• MayDay / Nos Serments, metteuse en scène Julie Duclos

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RESPECTER LA CHARTE DU SPECTATEUR ……………………………………………………………………………………………………………

Chaque élève doit avoir pris connaissance de la charte et s’engager à la respecter.

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LE TEMPS ET LA CHAMBRE

Théâtre des nuages de neige Texte Botho Strauss

Mise en scène Alain Françon

Durée 1h40

LE TEMPS ET LA CHAMBRE – PRÉSENTATION � Registre : Théâtre déconstruit � Accroche : Allégorie impressionniste de la vie � Disciplines : Lettres, Philosophie � Public : Lycée option théâtre � À noter : Une préparation au spectacle est indispensable

Résumé : Dans un espace-temps bouleversé, c’est l’histoire d’une femme et de ceux qu’elle rencontre. Tragique et burlesque, harmonie et chaos, tissent l’irrationnel. Avec ses acteurs virtuoses, Alain Françon signe une partition drôle et mystérieuse, une traversée déjantée de nos vies désorientées.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE

� À partir de l’auteur : « Après des études de littérature, d'histoire du théâtre et de sociologie (sa famille s'est établie en RFA en 1950), Botho Strauss est critique à la revue Theater Heute, puis, à 26 ans, travaille à la Schaubühne de Berlin sous la direction de Peter Stein, en tant que dramaturge. Il traduit ou adapte Ibsen, Labiche, Gorki. Rapidement il se met à écrire ses propres pièces. Après 1975, il s'impose au public par ses fresques sur la solitude, l'enfermement, les situations d'incommunicabilité. La distance entre ses pièces, romans, nouvelles est peu sensible, et ses romans ont souvent été adaptés au théâtre. Il conçoit en 1977 La Trilogie du revoir spécialement pour la troupe de la Schaubühne. Le choix de Berlin comme décor de la plupart de ses textes fait aussi de cette ville une métaphore de la solitude humaine. Botho Strauss exprime moins les mouvements sociaux que l'anonymat des personnes dans la société moderne. Les personnages sont souvent les victimes de leurs espoirs déçus. Le désespoir ne conduit qu'à une lucidité malheureuse. Strauss est reflet et révélateur de son temps. En 1989, il reçoit le prix Georg-Büchner, la plus haute distinction littéraire en Allemagne, pour être « parvenu à transposer sur scène la vie désorientée de notre société ». « Quand il réussit, quand il utilise les comédiens pour ramener le plus lointain à une inconcevable proximité, le théâtre acquiert une beauté déconcertante, et le présent gagne des instants qui le complètent d'une manière insoupçonnée. » Botho Strauss

� À partir du texte :

Exposer les deux parties du spectacle : � Première partie comme une parabole philosophique entre deux sages Olaf et Julius qui discutent.

Puis l’arrivée d’une femme Marie Steuber et de plusieurs personnages comme l’impatient, l’homme sans montre, la femme sommeil…

� Deuxième partie : « composée de courtes scènes, Marie Steuber engage avec les hommes de la

première partie, sauf Julius, une relation accélérée. Son passé recomposé à travers ces fragments qui suivent un ordre chronologique, […] » Alain Françon

� Travailler la narration :

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La notion d’ellipse : « L'ellipse narrative : omission d'une séquence temporelle dans une action dramatique afin, soit d'accélérer le récit pour des raisons de commodité, soit pour dissimuler une information au lecteur ou au spectateur. L'expression « Deux semaines plus tard » révèle la présence d'une ellipse dans le récit. »

Par comparaison : - voir l’ellipse dans la poésie : « Baobabs beaucoup baobabs Baobabs Près, loin, alentour Baobabs, Baobabs » Henri Michaux, Plume précédé de Lointain intérieur - voir l’ellipse dans le cinéma : The Hours de Stephen Daldry (2003) met en relation les destins de

trois femmes dans trois époques différentes. L’ellipse est fondée sur le récit d’une de ces femmes mettant en scène l'une des deux autres.

� La dimension humoristique et étrange de la pièce : « Je m’habille tôt le matin, je prépare le café, j’arrose les fleurs, je fais les courses, je prépare le café une deuxième fois et je me redéshabille. Je suis indifférent, sans le moindre courage, sans la moindre intention, sans le moindre savoir-vivre. Sans être le type même de l’indifférent à proprement parler. Ni même une nouvelle variété de l’éternelle indifférence. Né, pas plus après qu’avant terme, de l’insatiable, de l’immuable indifférence, triomphatrice sur la terre comme au ciel et qui ne tolère aucun autre héros à son côté ».

� À partir de la figure de la femme Marie Steuber :

« Marie est « la » femme, toutes les femmes, vierge et putain, magicienne et meurtrière comme Médée, la femme telle que, du moins, l’imaginaire masculin l’a façonnée. […] Et cette femme s’égare, se retrouve, s’éparpille et fait son chemin dans un monde étrange, où la dimension mythique court comme un fluide sous la réalité la plus banale, comme c’est le cas dans nos vies. Et c’est bien cela qui fait de ! Botho Strauss un grand auteur, loin de la plupart des pièces qui s’écrivent aujourd’hui, et restent souvent très littérales, à la surface d’un réel considéré dans ses seules dimensions politique, sociale et économique. Strauss, lui, fore au plus profond d’une expérience existentielle, en anthropologue du cœur. Car si Marie est tout ce qu’on a dit, déjà, elle est surtout un principe : l’amour – pas celui que l’on fête à la Saint-Valentin, mais celui qui traverse le monde, à égalité (ou pas) avec la haine, et dont les clés sont si souvent perdues. » Le Monde, Fabienne Darge

� Chercher des femmes emblématiques dans des pièces de théâtre � Chercher des femmes emblématiques dans la vie publique � À partir des photos du spectacle : � Mettre en comparaison les photos du spectacle et le travail du peintre américain Edward Hopper

https://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Hopper

� Travailler sur des tableaux d’Hopper autour de la solitude et de l’aliénation et la mélancolie avec des personnages anonymes et des archétypes comme dans la pièce : � L’homme sans montre � La femme soleil � Le Parfait inconnu

� Travailler sur les tableaux suivants en lien avec l’exploration de l’espace intérieur et extérieur :

� Chambre pour touristes, Edward Hopper � Chambre au bord de la mer, Edward Hopper � Et comparer avec le traitement de l’espace dans le spectacle

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© Michel Corbou

RESSOURCES : � Présentation de Botho Strauss, Theatre contemporain.net

http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Botho-Strauss-1094/presentation � Article dans Le Monde de Fabienne Darge :

http://www.lemonde.fr/scenes/article/2016/11/11/theatre-une-ode-a-la-femme-eternelle_5029262_1654999.html

� Article dans Le Monde de Brigitte Salino : http://www.lemonde.fr/scenes/article/2016/11/03/jacques-weber-la-sensation-de-parfaire-mon-metier_5024540_1654999.html

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NACHLASS PIÈCES SANS PERSONNES

Spectacle déambulatoire

Rimini Protokoll Conception Stefan Kaegi, Dominic Huber

Durée 1h30

NACHLASS, PIÈCES SANS PERSONNES – PRÉSENTATION

� Registre : Théâtre sans acteur � Accroche : Déambulation dans une installation scénique � Disciplines : Lettres, Philosophie, Arts-plastiques, Enseignement Moral et Civique � Public : Dès la 3ème

Résumé : On laisse quoi derrière nous ? Quels souvenirs, quelles traces ? Dans un dispositif immersif et interactif, on chemine à travers huit pièces de la mémoire, emplies de la présence des absents. De ceux qui, un jour, ont décidé de leur mort. Ni pathétique ni morbide, le cheminement est un apaisement.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir de la note d’intention

« Les philosophes de l’Antiquité considéraient comme une évidence le fait de se soucier de sa propre finitude. Pour Sénèque, cette préoccupation est indispensable à une mort sereine, tandis que pour Epicure, la peur de l’homme face à la mort serait une erreur de jugement. En effet nous ne pouvons être à l’endroit où se trouve la mort, et cette dernière réduit à néant notre capacité de l’imaginer. 2000 ans plus tard, Bertolt Brecht note : « Que pourrait-il me manquer si je manque à moi-même ? ». Ce n’est probablement pas la mort que les gens craignent mais l’impossibilité pour la raison humaine de l’appréhender, qui la rend si angoissante et qui a généré à son propos un tel flot d’images et de récits dans l’histoire de la civilisation. La mort, d’après ces philosophes, est l’unique expérience humaine qu’on ne peut se faire relater. Nachlass est une tentative de témoigner, non pas de la mort mais du chemin que chaque être devra tôt ou tard emprunter. La non-présence se laisse-t-elle représenter ? Comment raconter qu’il n’y a plus rien à raconter, parce que l’histoire est parvenue à sa fin ? »

Stefan Kaegi, Note d’intention, mai 2015 � À partir des thèmes du spectacle :

Le spectacle aborde une question de société qui touche à la santé, celle de l’accompagnement à la mort. Les problématiques que posent l’euthanasie. � L’enjeu juridique de l’euthanasie � Le rapport à la mort � La sérénité face à la mort : en parler pour mieux l’appréhender

Visionner les films : Marie Humbert, l’amour d’une mère – Marc Angelo 2007, durée 1h30

Quelques heures de printemps – Stéphane Brizé 2012, durée 1h48

� Autour du genre du spectacle :

Le spectacle déambulatoire et sa spécificité. Cf : La mastication des morts, Théâtre en mai 2014 http://www.tdb-cdn.com/la-mastication-des-morts

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CANNIBALE

Collectif X D’après une histoire de Maud Lefebvre

Texte Agnès D’halluin Mise en scène Maud Lefebvre

Durée 1h30

CANNIBALE – PRÉSENTATION

� Registre : Huis-clos � Accroche : Histoire d’amour à mort � Disciplines : Histoire, Sociologie, Philosophie, Lettres � Public : Lycéens � À noter : Scènes d’hommes nus (lit, douche…)

Résumé : Ils s’aiment. Deux amants face à la maladie vont éprouver le désir d’union absolue, irrésolu. À l’abri dans leur chalet, ils cuisinent l’amour, la mort. On mange, on chante, on parle la bouche pleine. Avec cette écriture vivace, le duo d’acteurs creuse au cœur de la chair et bouffe le plateau.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir du texte d’Agnès D’Halluin :

« Dans l'histoire que nous voulons raconter, la perte qui s'annonce est inacceptable. Elle ne peut être anticipée, elle ne peut être prévenue, elle ne peut être apprivoisée. Quelle que soit la façon dont on la présente, il n'est pas possible de la circonvenir pour en faire quelque chose qui ne soit pas une fracture dans la réalité. La question du deuil s'est invitée très concrètement dans notre processus de travail, et il est devenu clair que la mort ne pouvait pas devenir la métaphore ou le moyen d'autre chose. […] Nous avons donc choisi de faire aussi de la pièce un terrain où les personnages eux-mêmes posent la question de la fiction, du pouvoir de l'image poétique, comme consolation, comme guide, comme perspective, comme leurre. » (Dossier de production)

� À partir de la mise en scène :

« Cannibale est une pièce qui mélange le réalisme et le symbole et cela sur plusieurs plans. L'écriture ne cesse de passer du langage parlé aux envolées lyriques, du «passe-moi une clope» au thème profond de la déchéance humaine par exemple. Quant à la mise en scène elle passe également par ces deux notions. Le réalisme permet pour moi une lecture très facile des codes, parce qu’il n’y en a presque pas justement. Le son de l’eau qui coule est remplacé par de l'eau qui coule réellement sur scène. Quand les spectateurs entrent en salle, ils se retrouvent immédiatement dans l'intérieur d’un petit chalet perdu dans la forêt. Tout y est très concret. Les acteurs cuisinent, mangent, dorment et se lavent sur scène. C’est ce rapport-là qui m'intéresse, il y a au cinéma un rapport immédiat à l’art. Le cinéma permet de montrer une intimité avec les personnages, grâce aux plans (rapproché, très gros plan) mais également grâce au son. Je cherche à montrer cette intimité avec la proximité corporelle de l’acteur. Je cherche à montrer l’intimité, le détail, le sentiment caché... ce que l’on ne montre pas habituellement au théâtre. »

Maud Lefebvre

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� À partir de la définition de Lévi-Strauss : « Aucun ethnologue sérieux ne conteste la réalité du cannibalisme, mais tous savent aussi qu'on ne peut le réduire à sa forme la plus brutale consistant à tuer des ennemis pour les manger. […] Si variées sont donc les modalités du cannibalisme, si diverses ses fonctions réelles ou supposées, qu'on en vient à douter que la notion de cannibalisme, telle qu'on l'emploie couramment, puisse être définie de façon quelque peu précise. Elle se dissout ou s'éparpille dès qu'on tente de la saisir. […] Inversons cette tendance et cherchons à percevoir dans toute leur extension les faits de cannibalisme. Sous des modalités et à des fins extrêmement diverses selon les temps et les lieux, il s'agit toujours d'introduire volontairement, dans le corps d'êtres humains, des parties ou des substances provenant du corps d'autres humains. Ainsi exorcisée, la notion de cannibalisme apparaîtra désormais assez banale. Jean-Jacques Rousseau voyait l'origine de la vie sociale dans le sentiment qui nous pousse à nous identifier à autrui. Après tout, le moyen le plus simple d'identifier autrui à soi-même, c'est encore de le manger. »

Claude Lévi-Strauss, Nous sommes tous des cannibales, article paru dans La Repubblica le 10 octobre 1993, éd. du Seuil, 2013

© Jean-Antoine Raveyre

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EFFLEUREMENT

Cie Pétrole Texte Asja Srnec Todorović

Traduction Christine Chalhoub Mise en scène Clara Chabalier

Durée 1h30

EFFLEUREMENT – PRÉSENTATION

� Registre : Huis-clos � Accroche : Violence, malentendu � Disciplines : Théâtre, Littérature � Public : Lycée option théâtre � À noter : Une préparation au spectacle est indispensable

Résumé : Dans un salon de coiffure miteux, Bouboule s’affaire autour de sa mère Puce : shampoing, teinte et coupe. Face à la vitrine et à nos regards, elles parlent des hommes cruels et aimés, des secrets scellés, s’effleurent, s’évitent et nous touchent. Une performance d’actrices, une déflagration sensible.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir de la langue et des mots :

« Leur langue simple et concrète s’oppose à la langue standardisée de la radio, avec ses publicités, ses appels, ses alertes. Tout le génie de cette écriture consiste à considérer les éléments du dispositif théâtral comme une langue en soi, à créer un espace narratif, dont le dialogue n’est qu’un des éléments. Le vocabulaire sonore mêle la citation de tubes radiophoniques (I will survive, The Man I Love, Elvis Presley…) à l’utilisation de sons concrets (fracas, rires d’enfants, jeux, cris venus d’au-dessus) et à toutes les possibilités de grésillement et de grincement émis par la radio. […] C’est tout l’enjeu du travail avec les actrices: chercher ce qui se loge dans les blancs du texte, dans ses suspensions, sans refermer le sens. Cela demande une extrême tenue de la langue et une grande virtuosité, au niveau de la construction des images mentales et de la qualité des rapports physiques, sans pour autant sombrer dans la gravité: l’humour permet de créer de la tension, du conflit. »

Clara Chabalier � À partir du son :

« Avec Julien Fezans, ingénieur du son, nous travaillons sur une dispersion des sources de diffusion, et sur leur vibration. La résonance de fréquences proches du son blanc permet de charger l’espace de manière presque imperceptible, et augmente la sensation du vide quand le silence tout d’un coup envahit l’espace. Le son de la radio provient d’un point bien précis, mais qui peut aussi envahir l’espace en étant diffusé également à la face. Les sons produits par les voisins seront soit enregistrés et diffusés au-dessus des spectateurs, soit produits en direct derrière le public. Le miroir, vers lequel Puce est sans cesse attirée mais où elle n’a pas le droit de se regarder, est aussi un endroit où elles s’abandonnent. Un micro caché permettra au public d’amplifier l’intimité de la confidence, comme si le personnage chuchotait à l’oreille du spectateur. Le rideau qui cache le cagibi sera le principal élément scénographique, avec le fauteuil et le lavabo. Son agrandissement met en valeur toute la part cachée, absente, le voile de la vérité qui ne peut être déchiré impunément. »

Clara Chabalier

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� À partir des thèmes de spectacle : La question de la filiation entre la mère et la fille. Aborder cette thématique en illustrant avec des pièces de théâtre autour de cette question de filiation : Mère/Fille de Laura Forti

� Utiliser le tableau de Michel Ange, La création d’Adam, ci-

contre, qui illustre le titre original Toucher, contact : faire décrire le tableau aux élèves et demander leurs d'identifier le champ lexical autour du mot « contact »

RESSOURCES : � Article de Jean-Pierre Thibaudat : https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/220316/au-

festival-artdanthe-clara-chabalier-shampouine-effleurement-une-piece-croate � Extrait d’Effleurement :

Puce reste immobile. Voix de femme : Je vais maintenant lire le poème… Puce (sourit) : Voyons voir… Il est peut-être pas mal, ce poème. Bouboule immobile devant le miroir. Voix de femme : Tu m’as frôlée… Un grésillement perçant couvre la Voix de femme. Voix de femme : … effleurée… De nouveau, la friture couvre la voix. Bouboule et Puce immobiles. Bouboule (sans lever la tête) : Un jour, j’ai écrit un tout petit poème sur un coin d’emballage de saucisson, j’étais debout penchée au-dessus de la table de la cuisine, ça s’est carrément déversé de moi sur le bout de papier, des rondelles grasses, sombres, me dansaient sous les yeux, des cercles durs, noirs… La Voix de femme, assourdie, perce à travers le grésillement permanent de la radio. Voix de femme : Sikrkrrrrrrr… ssssssvvvoouuuuuu… Elle est de nouveau couverte par des crépitements et un vrombissement strident. Voix de femme : T…t…t…t…i La Voix de femme se noie dans le bourdonnement monotone. Bouboule est toujours assise, immobile, la tête appuyée sur ses bras croisés. Puce jette des regards contrariés vers le public. Bouboule (tout bas) : Je suis tout de suite sortie, en le gardant serré dans ma main, tout chiffonné, j’arrêtais pas de me dire que le stylo allait s’effacer à cause du gras, mais je l’ai pas changé de place, je l’ai même pas regardé avant de me retrouver à la gare… Puce sursaute et regarde Bouboule qui est toujours immobile. Bouboule (tout bas) : Et dès que je suis arrivée à la gare, aussitôt, la nuit est tout de suite tombée, et tous ces gens sur les bancs sont devenus encore plus lugubres. J’étais trop énervée pour m’asseoir, alors j’ai fait les cent pas à droite à gauche, vers les toilettes, vers le restau, vers les voies. Un type qui était assis très très loin de moi, peut-être celui qui était le plus loin de tous, ce type, il arrêtait pas de me dévisager, et même s’il était minuscule à cause de la distance, je voyais sa figure de près. Et c’est pour ça que je me suis tout de suite approchée de lui. Et lui, il s’est tout de suite levé, il a passé son bras sur mon épaule en disant quelque chose, juste deux ou trois mots, dans une langue que j’ai pas comprise. On s’est tout de suite mis en route et on s’est pas arrêtés avant de tomber nez à nez avec le papier dégoulinant de fange qui recouvre les murs des toilettes de la gare, un pauvre papier complètement éreinté par les bégaiements du néon, sur lequel il a posé son doigt cornu en me chuchotant quelque chose dans une langue que j’avais jamais entendue de ma vie. […]

La Création d'Adam © Michel Ange

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DISGRÂCE

Extime Cie D’après le roman Disgrâce de John Maxwell Coetzee

Traduction Catherine Lauga du Plessis (Éditions du Seuil) Mise en scène Jean-Pierre Baro

Durée 2h25

DISGRÂCE – PRÉSENTATION

� Registre : Analyse critique de la société � Accroche : Leçon d’histoire et de vie � Disciplines : Histoire-géographie, Lettres, Philosophie, Arts du spectacle � Public : À partir de la 1ère � À noter : Une préparation au spectacle est indispensable, tant sur le fond que sur la forme (nudité,

durée, violence)

Résumé : Afrique du Sud post-apartheid : dans un monde renversé, David, afrikaner quinquagénaire, ouvre les yeux et perd pied. Disgrâce, roman magistral de J.M. Coetzee, prix Nobel de littérature 2003, est le théâtre du déclin des dominants. Ironique, la superbe fresque parlée, chantée, dansée, est cinglante.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir du texte � L’auteur : J.M. Coetzee � https://fr.wikipedia.org/wiki/J._M._Coetzee � http://www.telerama.fr/livre/j-m-coetzee-l-etincellant-pessimiste,59205.php � « Lui qui plaide pour une littérature s'intéressant, tout simplement, « au monde humain, vaste et

complexe » acquiert pourtant une grande notoriété, tant en Afrique du Sud qu'à l'étranger, lorsqu'en 1999 paraît le crépusculaire Disgrâce, son plus grand livre peut-être, qui porte, de façon cette fois explicite, sur l'Afrique du Sud post-apartheid, un regard d'un pessimisme presque insoutenable. Coetzee y met en scène, à travers l'histoire d'un père et de sa fille adulte, un pays malade, maladivement violent, scindé en deux communautés irréconciliables. L'une assoiffée de mener à son terme atroce la vengeance qu'appellent des décennies d'humiliation et de spoliation, l'autre accablée d'une culpabilité et d'une honte inexpiables. »

� On peut travailler sur le spectacle en parallèle d’un travail sur le roman.

� Le roman de J.M. Coetzee : Disgrâce

« L’Afrique du Sud post-apartheid. David Lurie, 52 ans, est un professeur blanc, un afrikaner, qui enseigne la littérature romantique à l’université du Cap. Deux fois divorcé, il a une liaison avec Mélanie Isaacs, l’une de ses étudiantes. Il est accusé par celle-ci de harcèlement sexuel et doit répondre de ses actes devant une commission disciplinaire. Il refuse de se défendre. Contraint à la démission, il quitte la ville et trouve refuge chez sa fille, Lucy, qui s’occupe de chiens abandonnés dans une sorte d’exploitation agricole, une ferme isolée en pleine campagne. Un jour, ils sont attaqués par un groupe d’hommes, Lucy est violée par l’un de ses agresseurs. Elle décide de ne pas porter plainte. Un gouffre s’établit alors entre la fille et son père qui ne comprend pas sa décision et demeure impuissant face à sa douleur. » (Dossier de production)

Source image : Agoravox http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/disgrace-de-john-maxwell-coetzee-161162

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� Ainsi on peut engager une réflexion sur l’adaptation d’un roman au théâtre. Qu’est-ce qui fait sens au théâtre ? Comment passe-t-on de la narration et du récit à la théâtralité ?

� « Je veux réaliser l’adaptation du roman, en empruntant pas à pas le chemin de David Lurie, c’est à dire en respectant le récit du roman à travers cette dualité entre monologues adressés au public et dialogues entres les personnages. Je me laisse toutefois la possibilité de déplacer certains fragments de texte pour mieux jouer sur la temporalité du récit, en maitriser le rythme par le montage et créer un trouble entre passé, présent et futur. Le vrai enjeu de l’adaptation est pour moi de trouver l’essence de l’œuvre dans la mise en scène, c’est-à-dire dans la réalisation scénique des non-dits, du trouble qui est l’une des singularités de l’écriture de Coetzee. Dans son roman rien n’est évident, rien n’est montré clairement, ni la couleur de peau des personnages, ni la violence de leurs actes… Tout est perçu à travers le prisme, la subjectivité du regard de David Lurie. Nous ne sommes pas maîtres de ce que nous voyons, le drame est dévoilé par bribes, car c’est à travers ses yeux que nous regardons le monde, c’est son monde. Adapter Disgrâce c’est mettre en scène un aveuglement, c’est suivre David dans son voyage aux enfers. »

Jean-Pierre Baro, Dossier de production - été 2015

� « Chez Coetzee, la violence s’exerce de manière sourde. C’est ce qui va être passionnant pour moi dans l’adaptation théâtrale. Je n’ai pas du tout envie d’aller vers quelque chose de choquant, mais plutôt vers l’imaginaire, que tout ne soit pas montré. »

Jean-Pierre Baro, Entretien

� « On est très proche de Brecht. C’est ce qui m’a sauté au visage en lisant le roman. Je suis resté cinq jours à me demander ce que j’en pensais vraiment, j’étais paumé. Cela m’a renvoyé directement à ici, aujourd’hui, même si je n’ai pas envie de décontextualiser le texte. »

Jean-Pierre Baro, Entretien

� « J’ai eu envie de ce roman pour son pouvoir théâtral. L’adaptation est pour ainsi dire faite : il y a tellement de dialogues. »

� « Le plus compliqué dans l’adaptation, c’est le passage du roman à la scène, c’est de trouver la force de Coetzee scéniquement. L’enjeu de la scénographie va se jouer entre montrer et ne pas montrer. L’adaptation est assez évidente au niveau du texte, c’est tellement bien écrit, bien traduit, bien dialogué… Coetzee vient de la littérature américaine, qui est très économe. »

Jean-Pierre Baro, Entretien � Plusieurs entretiens vidéos avec Jean-Pierre Baro sont disponibles ici :

http://www.colline.fr/fr/spectacle/disgrace � À partir du contexte politique et social � L’Afrique du sud après l’Apartheid � Histoire de l’Afrique du Sud à partir

de la colonisation hollandaise jusqu’à l’après-Mandela : http://www.axl.cefan.ulaval.ca/ afrique/afriquesud-2Hst.htm

� L’Afrique du Sud dans la décennie 1990 : http://www.afriquedusud.com

� Les inégalités sociales en Afrique du

sud : En 2015, « Pas moins de 60% de la population, soit environ 31 millions de sud-africains vivent dans la classe la plus pauvre avec moins de 617 dollars par an et plus de 50% des Sud-Africains vivent sous le seuil de pauvreté. » http://www.latribune.fr/economie/ international/l-afrique-du-sud-champion-des-inegalites-de-revenus-478113.html http://www.slateafrique.com/93395/lafrique-du-sud-malade-de-sa-societe-inegalitaire-segregation

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DÉTRUIRE

Cie Les Roches Blanches D’après Détruire dit-elle de Marguerite Duras (Éditions de Minuit)

Adaptation, mise en scène Jean-Luc Vincent

Durée 1h40

DÉTRUIRE – PRÉSENTATION

� Registre : Huis-clos � Accroche : Drame de l’intime � Disciplines : Lettres, Philosophie, Sociologie, Option théâtre � Public : Lycéens � À noter : Une préparation au spectacle est indispensable

Résumé : Deux hommes et deux femmes dans un hôtel, isolé. Ces êtres s’aiment, inconditionnellement, et leur désir contamine. Membre des Chiens de Navarre, Jean-Luc Vincent adapte l’œuvre fascinante de Duras et convie à la révolution intérieure, à la destruction capitale. Une utopie ? Un optimisme politique.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir de la note d’intention Détruire est une adaptation. Parce que détruire dit-elle est avant tout un livre, un texte mutant qui deviendra un film. En l’adaptant, j’ai voulu montrer le caractère hybride du texte et jouer avec la littérature du récit tout en donnant à voir des « scènes ». Jouer avec la représentation et le théâtre. Je voulais aussi mettre Duras sur scène. M’amuser avec le « monstre » Duras et son omniprésence dans ses livres, dans ses films, à la radio, à la télévision… Trouver une irrévérence et une distance nécessaires. Grâce à sa présence, on assiste au passage du livre à la représentation de la fiction, au théâtre. � À partir des textes « Je suis pour qu’on ferme toutes les facultés, toutes les universités, toutes les écoles. Profondément. On recommence tout. C’est l’esprit profond de Détruire, dit-elle. Le départ à zéro. Je suis pour qu’on oublie l’histoire. L’histoire de France, l’histoire du monde. Complètement. Qu’il n’y ait plus aucune mémoire de ce qui a été vécu. C’est-à-dire de l’intolérable. Sur tous les fronts, sur tous les points. Tout casser. Dans Détruire, j’essaie de situer le changement de l’homme, enfin le stade révolutionnaire au niveau de la vie intérieure. Je crois que si on ne fait pas ce pas intérieur, si l’homme ne change pas dans sa solitude, rien n’est possible. Toutes les révolutions seront truquées. Ça, je le crois profondément. Si vous ne consentez pas librement à la révolution, vous n’y consentez pas. C’est faux et tout est truqué. Ce n’est pas la peine de la faire. »

Marguerite Duras à propos du film Détruire dit-elle, 1969 � À partir de l’esthétique « Détruire est un jeu. Un jeu avec les codes durassiens, un jeu avec la représentation, un jeu avec les genres. Un jeu inspiré des expériences cinématographiques de Duras elle-même. Pour se poser une question : quel progrès avons-nous fait aujourd’hui individuellement et collectivement dans cette « révolution intérieure » dont parle Duras et qu’elle juge être un préalable nécessaire à toute révolution politique ? » (Dossier de production)

RESSOURCES : � Article dans Les Inrockuptibles de Patrick Sourd : http://www.lesinrocks.com/2017/03/14/scenes/detruire-par-jean-luc-vincent-un-hommage-pince-sans-rire-duras-11921595

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UNE MAISON DE POUPÉE

La Brèche Librement adapté de la pièce d’Henrik Ibsen

Adaptation, conception et mise en scène Lorraine de Sagazan

Durée 1h30

UNE MAISON DE POUPÉE – PRÉSENTATION

� Registre : Drame de l’intime � Accroche : Théâtre incarné � Disciplines : Sociologie, Lettres, Arts du spectacle � Public : À partir de la 3ème � À noter : Librement inspiré de la pièce d’Enrik Ibsen

Résumé : Est-on libre de s’aimer ? C’est un couple de notre temps : Nora gagne sa vie, Torvald garde les enfants. On en est où des rapports sociaux de sexe, de domination au sein du couple ? En inversant les rôles de la pièce d’Ibsen, La Brèche renverse la morale et incise nos libertés, avec un humour à vif.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � Ā partir de l’auteur Henrik Ibsen

Né à Skien le 20 mars 1828, dans une famille de marchands dont l’affaire périclite en 1835, il est apprenti pharmacien puis passe son baccalauréat à Christiana en 1850. La même année, il publie Catilina, sa première pièce ; Le Tertre des guerriers est créé au Christiania Norske Theater. À partir de 1852, il travaille à Bergen comme metteur en scène, avant d’être nommé directeur artistique du théâtre de Christiania en juillet 1857. En 1862, le théâtre fait faillite, il entame un voyage d’études en quête d’éléments issus de la mémoire populaire, publie La Comédie de l’amour et revient comme conseiller littéraire au Théâtre de Christiana, où se crée Les Prétendants à la couronne en 1864. Il quitte alors la Norvège pour se fixer à Rome. Au cours des trois décennies suivantes, c’est en Italie puis en Allemagne qu’il écrit ses pièces majeures, dans la distance établie avec la Norvège traditionaliste et frileuse du XIXe siècle, où il revient parfois et à qui il ne cesse de s’adresser. Brand (1866) et Peer Gynt (1867) forment les deux versants d’un même questionnement sur l’individualité, entre quête d’idéal dans un monde faible et velléitaire et rêve de l’accomplissement de soi-même. En 1873, Empereur et galiléen constitue son dernier drame historique et philosophique. À partir de 1877, il développe une esthétique plus réaliste qui met au jour les grandes questions contemporaines. Il interroge la possibilité d’une liberté individuelle face à la nécessité collective, d’un bonheur issu d’une vocation singulière face à la vie sociale et ses normes morales. C’est dans cette perspective que le problème de l’émancipation des femmes devient l’un de ses thèmes, avec des variations toujours nouvelles : Nora dans Une Maison de poupée (1879), Madame Alving dans Les Revenants (1884), Rebekka West dans Rosmersholm (1886), Hedda Gabler dans la pièce éponyme (1890)... De retour en Norvège en 1891, internationalement reconnu, Ibsen est célébré comme le père du théâtre norvégien.

� Ā partir de la metteuse en scène Lorraine de Sagazan

« Lorraine De Sagazan est actrice de formation. […] En avril 2014, elle créé son premier spectacle, Ceci n’est pas un rêve au Théâtre de la Loge. Afin de se former à la mise en scène elle part à Berlin en mai 2014 et assiste Thomas Ostermeier qui répète Le Mariage de Maria Braun pour Avignon, le Théâtre de la Ville et la Schaubühne. On lui propose alors de participer au Festival Fragments d’Eté, organisé par le Théâtre de Vanves, Mains d’Œuvres et La Loge. Elle choisit de travailler sur une version courte de Démons de Lars Norén. Une première étape de travail, après une résidence de répétitions au Théâtre de la Bastille, est présentée à la Loge. Démons sera créé au Théâtre de Belleville pour soixante dates à l’automne 2015. C’est à cette occasion que Lorraine de Sagazan fonde La Brèche. En 2016, Lorraine sera intervenante à l’École Nationale de Saint-Étienne avec Pauline Sales, mettra en scène une maquette interne à la Comédie Française avec le comédien Noam Morgensztern et La Brèche sera en résidence à Mains d’Œuvres et au Théâtre de Vanves pour créer une adaptation de Une Maison de poupée d’Ibsen. » (Dossier de production)

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� Réflexion sur la question du genre : Pourquoi la metteuse en scène s’autorise à inverser les rôles ?

« J’ai trente ans en 2016, et si je choisis cette pièce aujourd’hui c’est encore pour interroger notre société et la cohabitation fébrile entre des êtres humains souvent limités à leur sexe. Après avoir travaillé au plateau la version originale pendant trois semaines, j’ai finalement décidé de proposer une adaptation de ce texte dans l’intention de réfléchir à ce qui constitue une “norme” actuelle et qui a connu - du moins en France, depuis quelques décennies - une évolution certaine. Le procédé majeur de cette adaptation consiste en une inversion presque totale des rôles de Nora et de Torvald nécessitant ainsi une ré-écriture par endroits. Cette démarche, faisant de Nora une femme ambitieuse et indépendante financièrement m’a semblée nécessaire pour faire entendre la force du propos d’Ibsen aujourd’hui et les questions que la pièce suscite dans un contexte actuel : l’illusion de la liberté et la violence des cadres qui nous oppressent toujours. » Lorraine de Sagazan

� À partir des mots � La pièce d’Ibsen : l’auteur norvégien

� IBSEN : http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Henrik_Ibsen/124665 � Une Maison de poupée : https://fr.wikipedia.org/wiki/Une_maison_de_poup%C3%A9e

� L’univers de Lorraine de Sagazan :

� Théâtre en Mai 2016 : Démons, http://www.tdb-cdn.com/demons � http://www.mainsdoeuvres.org/Lorraine-de-Sagazan.html � Entretien pour Démons : https://theatredebelleville.wordpress.com/2015/10/16/entretien-avec-

lorraine-de-sagazan-metteure-en-scene-de-demons/

� Une Maison de poupée : quel sens peut-on donner à ce titre ? Brainstorming à partir des mots du titre pris séparément puis associés, y compris en mettant en avant quelques expressions : « jouer à la poupée », « avoir un visage de poupée », « jolie poupée », « poupée de porcelaine »…

� On peut relier ce travail aux textes proposés dans le dossier dramaturgique sur les études sur le genre et les sources d’inspiration. (voir site TDB)

� Un peu d’histoire et de sociologie � L’émancipation féminine et ses limites :

� Recherches sur les avancées des droits des femmes dans l’histoire. � Source pédagogique possible : http://fresques.ina.fr/jalons/parcours/0004/les-femmes-dans-la-

societe-francaise-depuis-1945.html � Sociologie : https://papiersuniversitaires.wordpress.com/2012/05/18/sociologie-egalite-

difference-deux-exigences-contradictoires-par-florence-bougueret/

RESSOURCES : � Biographie d’Henrik Ibsen :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henrik_Ibsen

� France Culture, Ibsen ou le drame des sexes : https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/henrik-ibsen-34-ibsen-ou-le-drame-des-sexes

� Site nonfiction.fr, Article de Regis Bardon : http://www.nonfiction.fr/article-8555-theatre___une_maison_de_poupee__par_lorraine_de_sagazan.htm

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RÉCITS DES ÉVÉNEMENTS FUTURS

Cie Théâtre Déplié

Mise en scène, écriture Adrien Béal Collaboration Fanny Descazeaux

Durée 1h20

RÉCITS DES ÉVÉNEMENTS FUTURS – PRÉSENTATION

� Registre : Écriture de plateau � Accroche : Analyse critique de la société � Disciplines : Lettres, Philosophie, Enseignement Moral et Civique, Histoire-Géographie � Public : Lycéens Résumé : Qui est-on face à la catastrophe qui vient ? Crédule, coupable, lanceur d’alerte ou lâcheur ? Face à l’accident, au cataclysme ou à la malédiction, des gens tentent ici de faire avec leur responsabilité. Par de courts récits, Adrien Béal et ses acteurs activent notre imagination, une force d’action.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir de la note d’intention

Relever les pistes de travail dans la note d’intention d’Adrien Béal, disponible sur le site de la compagnie Théâtre Déplié. Quelques informations sur le spectacle et sur l’intention du metteur en scène (entretien avec Adrien Béal lors du stage autour du spectacle Le Pas de Bême) : � Ce n’est pas un spectacle catastrophiste sur la catastrophe : « nous ne sommes pas des lanceurs

d’alerte » et « nous ne faisons pas un spectacle sur la catastrophe ». � Le propos est de travailler sur le « rôle de la catastrophe dans l’imaginaire », à partir d’une

succession de petites fictions mettant en scène des personnages différents, à des temporalités et des échelles différentes. Il s’agit de mettre en évidence des points de vue distincts face à une catastrophe puisque chaque personnage développe un imaginaire qui lui est propre, à travers la fiction.

� Un élément important à connaître (qui est une des fictions centrale du spectacle) : Gunter Anders (philosophe) a entretenu une correspondance pendant deux ans avec Claude Eatherly, chef-pilote d'un avion de reconnaissance météo pour le largage de la bombe d’Hiroshima (Avoir détruit Hiroshima, G. Anders). Eatherly représente le héros repentant : Anders dit de lui qu’il est « coupable en tant que victime ». Cette histoire permet d’aborder la notion de culpabilité.

� Voir pour plus d’informations cette page : https://www.cairn.info/revue-tumultes-2007-1-page-143.htm

� Extrait de Avoir détruit Hiroshima : https://www.dissident-media.org/infonucleaire/jungk_preface.html

� À partir des mots et des textes � Définir la notion de CASTASTROPHE. Etymologie, définition, usages…

Voir : http://www.cnrtl.fr/definition/catastrophe

� Travailler sur la notion de catastrophe à partir de textes de philosophes qui ont pensé la catastrophe : � Principal support de création du spectacle : Gunther Anders (L’obsolescence de l’homme), mais

aussi : Hannah Arendt (The Human Condition – La condition de l’homme moderne), Hans Jonas (notion d’éthique du futur, qui entend préserver la possibilité d’un avenir pour l’homme), Dupuy (Le catastrophisme éclairé).

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� Voir les sites suivants pour plus d’informations sur « la pensée de la catastrophe » : � Un article de la revue Esprit avec un entretien avec Jean-Pierre Dupuy :

http://www.esprit.presse.fr/article/dupuy-jean-pierre/d-ivan-illich-aux-nanotechnologies-prevenir-la-catastrophe-entretien-13958

� À partir des thèmes du spectacle � « Comment mettre en jeu, par le théâtre, la nécessité politique que l’homme se rattrape lui-même,

en développant ses sentiments et son imagination. » Adrien Béal � « Le plateau de théâtre sera le support sur lequel nous mettrons en jeu les conflits qui peuvent

animer l’individu face aux autres et face à lui-même dans un monde guetté par les catastrophes. » Adrien Béal � Les perspectives catastrophiques (écologie, nucléaire, terrorisme) et l’incapacité de l’homme à

se les représenter (incapacité à imaginer et à ressentir la catastrophe) � Le rapport de l’individu au monde et son engagement : emboitement de l’histoire intime et de

l’histoire politique. � La responsabilité individuelle et collective face aux catastrophes / à la catastrophe / au mal – Le

sentiment de culpabilité.

� À partir des images � Mettre en relation l’image qui suit et le titre du spectacle :

� Que nous dit le titre sur la forme théâtrale ? � Décrire précisément l’image. � Quels liens peut-on établir entre le titre et l’image ?

© Kim Lan Nguyen Thi

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MAIS IL FAUT BIEN VIVRE !

Primesautier Théâtre Librement inspirée d’œuvres de Richard Hoggart

Mise en scène Antoine Wellens

Durée 2h10

MAIS IL FAUT BIEN VIVRE ! – PRÉSENTATION

� Registre : Analyse critique de la société � Accroche : Série théâtrale en 33 épisodes sur la domination culturelle � Disciplines : Sociologie, Économie, Enseignement Moral et Civique � Public : Lycée option théâtre � À noter : Une préparation au spectacle est indispensable

Résumé :

Série télé, fiction théâtrale et réalité du plateau démêlent depuis une réflexion sociologique, la question de la domination culturelle, de l’ascension sociale, du populisme comme de l’élitisme. Documentaire et divertissante, c’est une expérience de pensée collective.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE

� À partir des textes � La biographie de Richard Hoggart « Professeur d’université anglais, spécialiste de la littérature anglaise et de la sociologie des milieux culturels, il est l’un des fondateurs des Cultural Studies. Son principal ouvrage, The Uses of Literacy (La Culture du pauvre), publié en 1957 – en France en 1970 – a profondément renouvelé l’analyse sociologique des milieux populaires. Dans l’ouvrage 33 Newport Street, autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, paru en 1988, Richard Hoggart entreprend de raconter sa propre histoire tout en cherchant à comprendre ce qui l’a rendue possible et, aujourd’hui, pensable. Il y évoque en écrivain son enfance dans un quartier ouvrier de Leeds des années 1920. Le récit de cette enfance si démunie et pourtant si riche de souvenirs, fait comprendre que les groupes les plus dominés ont encore une culture, et qu’en même temps il n’est pas de culture populaire, si repliée sur elle-même et si protégée soit-elle, qui ne soit habitée par la domination qui s’exerce sur elle. Hoggart raconte aussi comment il a réussi à sortir, grâce à l’école, de son milieu d’origine, sans rien renier de ses origines, ni non plus de sa trajectoire et de sa réussite. » (Dossier de production) � Écriture de plateau « La vie de ces quatre acteurs et ce qu’ils attendent de l’art et les personnages qu’ils incarnent dans le soap-opéra. À savoir Mary (une fille du peuple malade à cause des solvants qu’elle utilise à l’usine), son fiancé Albert (coiffeur à l’hôpital), le Dr. James (celui qui doit soigner Mary, tombe amoureux d’elle et cherche à l’éloigner d’Albert), ainsi que la mystérieuse Kate (femme errant dans les couloirs de l’hôpital qui semble ne parler que par énigme). Alors, Le Dr. James parviendra-t-il à soigner Mary et partir avec elle ? Albert pourra t’il la retenir et vivre heureux avec elle ? Kate nous livrera t’elle tous ses secrets ? Les acteurs s’entendront-ils enfin sur leur mode de représentation ? » http://primesautiertheatre.org/creation/mais-il-faut-bien-vivre/

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� Travailler sur les différentes formes de narration du spectacle :

Définir les formes : - Fable = la fiction - Réalité du plateau = le processus à l’œuvre dans la construction - Fiction dans la fiction = l’hôpital central

� Aborder les différents thèmes du spectacle :

Définir les termes suivants : - Classe sociale - Impérialisme culturel - Introduire l'ascension sociale à travers des films et le modèle Américain « American way of life » : À la recherche du bonheur de Gabriele Mucino Slumdog Millionnaire de Danny Boyle et Loveleen Tandan Il était une fois en Amérique de Sergio Leone

RESSOURCES � Inspiration de la série de David Lynch et de Mike Frost : Twin Peaks

https://fr.wikipedia.org/wiki/Twin_Peaks_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e) � Inspiration de la musique de Twin Peaks de d'Angelo Badalamenti

https://www.youtube.com/watch?v=dTp6d7Bw79A

© Élise Sorin

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CHRONIQUES D’UNE RÉVOLUTION ORPHELINE

Grenier Neuf

D’après les textes Online, Tu peux regarder la caméra ? et Youssef est passé par ici de Mohammad Al Attar

Mise en scène Leyla-Claire Rabih

Durée estimée 2h

CHRONIQUES D’UNE RÉVOLUTION ORPHELINE – PRÉSENTATION

� Registre : Théâtre documentaire � Accroche : Analyse critique de la société � Disciplines : Histoire-géographie, Sociologie, Éducation aux médias, Arts du spectacle, Lettres � Public : À partir de la 1ère � À noter : Une préparation au spectacle est indispensable

Résumé : 2011, Damas : c’était le soulèvement d’un peuple pour la liberté. Sur les places et la toile, de l’enthousiasme à l’effroi, on suit la lutte de jeunes gens. Née d’un père syrien, Leyla-Claire Rabih assemble les textes de l’auteur activiste Mohammad Al Attar et revient aux débuts d’un conflit sans fin.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE

� À partir des textes � L’auteur : Mohamed Al Attar, auteur de théâtre syrien. Pour en savoir plus,

http://www.maisonantoinevitez.com/fr/auteurs-traducteurs/mohammad-al-attar-507.html . � Les textes (Dossier du spectacle) : � Online : « Un échange de mails raconte l’enthousiasme du début du soulèvement. Damas printemps

2011, un jeune manifestant raconte par mail à son amie, étudiante à Paris, la mobilisation de la jeunesse et les manifestations du printemps 2011. Face aux arrestations des amis communs, quelles sont les stratégies pour se mettre à l’abri, ne pas se démobiliser et déjouer la peur. Un troisième interlocuteur organise la mobilisation à travers une page sur le réseau social Facebook pour laquelle la jeune fille se charge, depuis Paris, des traductions et des publications. Finalement celle-ci apprend que son ami aussi s’est fait arrêté. La communication est interrompue. »

� Tu peux regarder la caméra : « Damas, automne 2011. Le soulèvement syrien a quelques mois et se heurte à une répression brutale. Noura, jeune femme issue d’une famille assez privilégiée, entreprend de collecter des témoignages de manifestants arrêtés par le régime de Bachar Al Assad et enregistre le récit de leur détention. À défaut de pouvoir s’engager directement, elle voudrait que cette démarche documentaire soit sa contribution à la révolution en cours : il faut que les gens « sachent ». Mais que veut dire « documenter » dans une telle situation ? Les interviews et les récits personnels qu’elle récolte lui demandent un engagement plus important que celui qu’elle avait imaginé. À travers le prisme de la caméra, la frontière entre le témoignage et le récit se brouille. »

� Youssef est passé ici : « Un road-movie à travers un pays en pleine désagrégation. Syrie, août 2013, Youssef un activiste syrien se rend clandestinement dans l’est de la Syrie, sous contrôle islamiste pour aider les populations civiles. Par mail, il annonce à ses amis son retour à Beyrouth, avant de disparaître. Quelques jours après, son ami Farès entre en Syrie via la frontière turque et part à sa recherche. Après six ans d’exil, il découvre à la fois un pays en ruine et une population divisée. Il prend la mesure des ravages de la guerre civile, des destructions humaines et urbaines. Les divers courants révolutionnaires qu’il rencontre n’ont ni les mêmes buts, ni les mêmes moyens. Qui détient la légitimité de la révolution ? Qui représente le peuple ? Que construire après ? Les débats font rage, comme les combats, mais constituent sans aucun doute les fondements d’une réflexion démocratique. »

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� À partir des thèmes du spectacle � La révolution par le prisme des hommes : les textes sont des récits qui s’attachent à évoquer le quotidien,

l’intime, l’individu dans la tourmente de la révolution et de la guerre. Ces récits ne sont pas dénués d’humour. � La révolution syrienne à travers les voix des hommes (manifestants, anciens détenus, activistes,

citoyens). � Leyla Rabih est partie prenante à part entière : en tant que française d’origine syrienne, elle est sur le

plateau où elle s’incarne elle-même.

� La théâtralisation et mise en scène de la guerre, de la mort : � Mise en scène des exécutions par Daech/ destruction de Palmyre � Mise en scène par les moyens vidéos d’une idéologie (avec les codes du cinéma, des séries tv). � Questionnement autour de la mise en scène des textes de M. Al Attar : notion de représentation/

obscénité de la représentation, de la mise en scène ?/ notion de spectacle… pour faire choc, émotion mais aussi pour susciter la réflexion. � Comment inventer un dispositif scénique et esthétique pour dire, représenter, susciter émotion et

réflexion sur l’horreur de la guerre, de la torture et de la mort ? � Comment approcher de manière artistique les bouleversements historiques de notre monde ?

Comment raconter une histoire en train de se faire ? � Quel rôle joue les spectateurs de la révolution syrienne ? (rapport à l’évènement par le média)

Quel rôle jouons-nous en tant que spectateurs ? � À partir de la situation politique � En savoir plus sur la Révolution syrienne : � http://www.leconflitsyrienpourlesnuls.org/document/i-de-la-revolution-a-la-guerre-civile/ � 6 points pour mieux comprendre le conflit, par Arte : http://sites.arte.tv/28minutes/fr/syrie-6-points-pour-

mieux-comprendre-le-conflit-28minutes � Le dessous des cartes :

� Les origines de la crise : http://ddc.arte.tv/nos-cartes/syrie-les-origines-de-la-crise-1-2 � Les implications régionales : http://ddc.arte.tv/nos-cartes/syrie-les-implications-regionales-de-la-crise-

2-2 � Le Kurdistan : http://ddc.arte.tv/nos-cartes/kurdistan-nouvel-etat-au-moyen-orient

� 5 pays du printemps arabe, 5 ans pus tard

CARTE : http://images.lesechos.fr/archives/2016/lesechos.fr/01/14/021619849503_web.jpg

� À partir des images � À partir du trailer de la pièce : https://vimeo.com/164374142/91e339463a

© Grenier Neuf

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LA BALLADE

DU TUEUR DE CONIFÈRES

Cie Ces Messieurs sérieux Texte Rebekka Kricheldorf

Traduction Emmanuel Béhague Mise en scène Renaud Diligent

Durée 1h30

LA BALLADE DU TUEUR DE CONIFÈRES – PRÉSENTATION

� Registre : Analyse critique de la société � Accroche : Portrait d’une génération � Disciplines : Histoire, Philosophie, Arts du spectacle, Lettres � Public : À partir de la 3ème

Résumé : C’est un trentenaire paumé, un Don Juan de notre temps qui enchaîne les conquêtes et échoue en tout. C’est une génération pour qui le monde est chute des utopies. Le dijonnais Renaud Diligent nous plonge dans une bande-dessinée scénique et pop, une comédie absurde où le dérisoire sublime le désarroi.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir de l’auteur « Ici c’est Don Juan qui passe sur le billard. Mais plutôt que d’une réécriture totale du mythe, l’auteure n’en n’utilise que certains motifs. Ainsi Don Juan Tenorio, le légendaire séducteur, devient sous sa plume, Yann Mao Tenorio, un jeune trentenaire, magnifique looser qui refuse de reprendre l’entreprise de son père Franz, ancien soixante-huitard reconverti aux douces oreilles du capitalisme. Dans ce monde post soixante-huitard où tout le monde a couché avec tout le monde, le mythe a perdu sa transgression. De toute manière, notre héros semble plus préoccupé par les tests de personnalité à deux sous (où son score ne dépasse jamais cinq points), ses conquêtes féminines et des tentatives malheureuses de s’intégrer dans divers groupes… Affublé de Rodolphe, homme à tout faire sur-qualifié mais au chômage, Yann survit et cherche une place et un combat à mener. Pour le sauver et le remettre dans le droit chemin, Franz va faire appel à Elvira, féministe et ancienne camarade de lutte devenue chef d’une des plus grandes entreprises du pays. Mais elle, de son coté, se désespère également du conformisme de sa fille Anna… » (Dossier de production) � À partir du metteur en scène « La pièce dresse le portrait d’une génération en mal d’optimisme, de tabous à briser, qui a subi la fin du rêve des classes moyennes, bref en crise idéologique… Entre ascenseur social bloqué, précarité, consommation à outrance ou planification d’une vie en schéma d’entreprise, chaque personnage tente de se débrouiller et d’inventer son parcours. Mais chacun semble dire à la génération précédente : que nous reste-t-il ? L’auteur nous décrit un désenchantement du monde qui prend l’aspect d’une désillusion idéologique. Et c’est bien cette question qui m’intéresse… comment faire et quoi faire aujourd’hui face à notre passé, à ce qui nous a été transmis et face à toute une génération qui préfère l’abstention ou l’oubli terrible de l’histoire… La problématique me touche en tant que citoyen, mais aussi en tant que membre de cette génération, que la sociologie moderne a baptisée Y… qu’est-ce qui me (nous) traverse aujourd’hui ? Que se passe-t-il ? Et quel est notre héritage ? » (Dossier de production)

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MAYDAY

Cie L’In-quarto Texte Dorothée Zumstein

Mise en scène Julie Duclos

Durée 1h45

MAYDAY – PRÉSENTATION

� Registre : Drame de l’intime � Accroche : Procès de trois générations de femmes � Disciplines : Lettres, Philosophie � Public : Lycée option théâtre � À noter : Une préparation au spectacle est indispensable

Résumé : Kate remonte le temps, lorsqu’à 11 ans, elle tua deux enfants. Conviant la petite fille qu’elle était, sa mère et sa grand-mère, elle se livre. Vidéo, corps et mots lient le réel à la fiction dans une inquiétante étrangeté. Tiré d’un fait survenu en Angleterre en 1968, MayDay appelle à la délivrance.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir du metteur en scène

« Il faut d’abord parler de ma rencontre avec le texte, que je découvre il y a quelques années, en 2011. A ce moment-là, je ne connais pas encore le théâtre de Dorothée Zumstein, MayDay est sa deuxième pièce. Ce qui me frappe, en premier lieu, c’est l’écriture, ou plutôt la structure de la pièce. C’est une œuvre totalement explosée, fragmentée. La dramaturgie de MayDay fait écho, de façon immédiate, à ma façon de travailler. La pièce ne raconte pas une histoire, mais tourne autour pour en livrer des bribes, des instantanés, des images. Des fragments. Dans MayDay, une interview projetée en vidéo constitue le fil rouge de la pièce, créant un dialogue constant avec le plateau. Ce type de dramaturgie m’intéresse, le montage vidéo/plateau fut au cœur des Fragments d'un discours amoureux, mon premier spectacle, et de Nos Serments, créés en 2014. »

Julie Duclos � À partir des thèmes du spectacle � La transmission de génération en génération � Le déterminisme social

Cf : Laëtitia ou la fin des hommes, Ivan Jablonka � Le non-dit au sein du cercle familial

Cf : Sirènes, Pauline Bureau Saison 13-14 : http://www.tdb-cdn.com/sirenes � L’inceste et le viol � Le passage de l’intime au politique � La justice et l’injustice pour les pauvres � Le théâtre documentaire : vidéo

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� Un peu d’histoire

S’intéresser au contexte économique et social de l’Angleterre de la fin des années 60. Le fait divers dont s’inspire le spectacle a eu lieu en 1968 à Scotswood dans la banlieue de Newcastle Upon Tyne.

« Scotswood, banlieue de Newcastle Upon Tyne. 1968. Une ville du nord de l’Angleterre, frappée par le déclin de l’industrie navale et par la fermeture des mines. Une ville au ciel et aux bâtiments bas, couleur de suie, mais aux pubs innombrables. Une ville où les enfants de familles désunies, grandis trop vite, ont pour terrains de jeux privilégiés la rue, les terrains vagues et les maisons abandonnées. » Extrait du dossier de présentation du spectacle. Cf : film Billy Elliot réalisé par Stephen Daldry – 2000, durée 1h50

RESSOURCES : � Article dans Libération d’Ève Beauvallet :

http://next.liberation.fr/theatre/2017/03/02/mayday-une-enfant-se-fait-detresse_1552836

� Article dans La Terrasse de Manuel Piolat Soleymat : http://www.journal-laterrasse.fr/mayday-2/

© Jean-Louis Fernandez

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NOUS SAVONS

LOOP Cie Mise en scène Etienne Parc

Durée estimée 1h30

NOUS SAVONS – PRÉSENTATION

� Registre : Théâtre documentaire � Accroche : Espace brut et Arte povera � Disciplines : Sciences économiques, Marketing, Histoire � Public : À partir du lycée

Résumé : En 2011 éclate l’Affaire Renault, une vraie histoire d’espionnage industriel fictif. Dans un système vide de sens et violent, Etienne Parc réinjecte l’humain. Documents et reconstitutions trament une fiction dépassée par le réel, jusqu’à l’absurde. Ce thriller politico-économique est une vaste comédie.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir du metteur en scène « À Londres en 2000, je travaillais dans un cabinet d’out placement (chasseurs de têtes), spécialisé dans les médias, la communication et les Start-ups. C’était juste avant l’explosion de la « Bulle Internet », un crash boursier limité aux valeurs du nouvel eldorado : Internet. Au bout de 4 mois, je me retrouvais pratiquement au placard. Je n’étais pas content et cela se voyait. Convoqué dans un bureau, on me dit : « Tu as 10 jours pour être heureux avec nous ou tu es viré ». Remercié, je garde le souvenir de ce mystère de frustration, d’absurde, d’échec injuste. Et le goût du licenciement. L’entretien à l’origine du projet m’a replongé dans cet épisode. Que dire lorsqu’on est convoqué, que l’on a aucune chance de sortir de l’entretien par le haut ? Lorsque la décision du licenciement est déjà prise. Le discours en face est souvent : « Je te laisse réfléchir, change d’attitude. » L’employé sent bien qu’un piège s’est refermé sur lui, qu’un malentendu va désormais entacher ses relations de travail, qu’il ne pourra ni « être heureux », ni « changer d’attitude ». Un tel changement ne lui appartient plus désormais, il ‘est le sujet d’une situation d’inconfort. » Etienne Parc

� À partir des thèmes du spectacle : � Chronologie de l’affaire de Renault � Rapport à la langue et à l’écriture de Jean-Charles Massera - http://www.jean-charles-massera.com/ � Rapport à l’humain dans l’entreprise � Les méthodes de ressources humaines � La psychologie du travail

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- Août 2010 : la direction de Renault reçoit une lettre anonyme, une enquête interne débute. - 3 janvier 2011 : mise à pied de 3 cadres de Renault suite à l'enquête interne. -6 janvier 2011 : entretien entre le ministre de l'industrie et la direction de Renault. Le ministre juge l'affaire "sérieuse" et évoque une guerre économique. - 7 janvier 2011 : le Figaro évoque la piste d'une transmission de secrets industriels vers la Chine au sujet de la voiture électrique. - 8 janvier 2011 : Patrick Pelata, numéro deux du groupe, parle d'une "filière organisée internationale" qui en voudrait aux intérêts de Renault. - 11 janvier 2011 : trois cadres, Matthieu, Michel et Bertrand sont convoqués à l'entretien préalable qui précède les licenciements pour faute lourde. Le Figaro croit savoir que "la piste chinoise se confirme". - 13 janvier 2011 : Renault porte plainte pour "espionnage industriel, corruption, abus de confiance, vol et recel commis en bande organisée" contre les trois cadres. - 14 janvier 2011 : la Direction centrale du renseignement intérieur lance une enquête. - 23 janvier 2011 : Carlos, PDG du groupe, affirme avoir des "certitudes" et des "multiples" preuves pour fonder ces accusations au 20h de TF1. - 9 mars 2011 : Renault se dit prêt à révéler à la police l'identité de la personne dont les informations sont à l'origine de l'affaire, mais précise ne pas connaître l'identité de ce mystérieux informateur. - 13 mars 2011 : 3 membres de la sécurité interne de Renault sont mis en garde à vue. Le responsable de la sécurité, un ancien militaire de la Direction de la protection et de la sécurité de la défense, est mis en examen par le juge Hervé Robert pour " escroquerie en bande organisée " et incarcéré pendant huit mois. - 14 mars 2011 : le procureur de la République de Paris, estime que l'affaire ne relève que d'une "possible escroquerie aux renseignements" et affirme que les "comptes bancaires imputés aux cadres de Renault n'existent pas". Le PDG de Renault et le directeur général délégué aux opérations, présentent leurs excuses et leurs vifs regrets aux trois cadres mis en cause à tort dans ce dossier. - 11 avril 2011 : Le PDG sauve sa tête, mais le numéro deux du groupe, Patrick, démissionne de son poste sans toutefois quitter le groupe.

© Didier Léglise

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OÙ LES CŒURS

S’ÉPRENNENT

8 avril D’après Les Nuits de la pleine lune et Le Rayon vert d’Eric Rohmer

Mise en scène Thomas Quillardet

Durée 2h

OÙ LES CŒURS S’ÉPRENNENT – PRÉSENTATION

� Registre : Adaptation du scenario � Accroche : Quête au cœur de la solitude � Disciplines : Philosophie, Histoire, Option Cinéma, Arts du spectacle, Lettres � Public : À partir du lycée

Résumé : Louise et Delphine veulent vivre le couple autrement. Thomas Quillardet réinvente Les Nuits de la pleine lune et Le Rayon vert, deux films du cinéaste Eric Rohmer. Sur un plateau-maquette ludique, le diptyque déroule avec une fantaisie vive, douce et drôle, la solitude, le désir et le hasard.

UNE ENTRÉE EN MATIÈRE � À partir de l’auteur

« En passant d’une œuvre à l’autre, le spectateur devient actif. La jonction des deux textes est source d’étonnement. La finalité de ce brassage est de modeler les personnages de telle sorte qu’ils donnent vie à la pensée, qu’ils soient comme autant de médiateurs de la vie et de l’esprit. Le spectateur est capable alors de vagabonder d’un être à l’autre pour mieux approfondir son observation. Pierre Cormary, théoricien des films de Rohmer, soutient ainsi qu’on assiste dans les scénarios de Rohmer à une véritable « épiphanie de la parole » au point que « les héros et héroïnes de Rohmer sont des consciences en parole ». Cette parole est toujours adressée. Elle est pour l’autre. Les figures rohmériennes sortent de l’inconscient freudien pour parler au monde, non pas de leur expérience personnelle, mais de la nôtre. Elles nous rendent sensibles à la solitude radicale qui est celle des êtres au monde : Delphine dans le Rayon Vert, qui est en vacances, n’est nulle part à sa place, avant de retrouver enfin, dans l’épilogue, une vraie disponibilité à l’autre. Les acteurs sont ainsi des « cobayes du sentiment » pour les spectateurs. On les regarde se parler entre eux mais on sait qu’ils sont en train de réaliser un protocole scientifique sous nos yeux. Celui de rendre concret le sentiment, de matérialiser notre pensée. » (Dossier de la production)

� À partir du metteur en scène « Les films d’Eric Rohmer me touchent parce qu’ils sont simples. Ils me touchent aussi parce qu’à la manière d’un épistémologue ils posent sur l’écran nos sentiments, nos sensations. Eric Rohmer n’est pas un bavard mondain qui fait des phrases trop longues, comme on l’entend souvent. C’est un scientifique têtu, qui n’a eu de cesse de punaiser sur l’écran tout ce qui compose un être sensible. Avec lui, l’être humain est décortiqué, la sensation cryogénisée. Sans morale, sans jugements, les films de Rohmer nous donnent à voir des personnages entiers, à la quête d’un idéal. Des têtus comme lui. Ces personnages, je souhaite les réinventer au théâtre. Reprendre le flambeau, et tenter de cerner, comme il l’a fait, les contours de l’âme humaine. Assiéger le sentiment. Pour mieux l’appréhender. Créer un vade-mecum scénique de nos élans, de nos pensées. Ses scénarios adaptés au théâtre auront une autre résonance. Ils seront une galerie de portraits, de prototypes étudiés dans le tube à essai de la cage de scène. Car sa filmographie n’est pas à ranger dans la poésie surannée ou la pause affectée. Non, elle mériterait une salle dans la grande galerie de l’évolution du Jardin des Plantes. Tout l’humain y est : son corps qui aime, son corps qui attend, son corps inquiet, son corps joyeux. Ce sont ces corps-là que prendra en charge notre plateau. »

Thomas Quillardet

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� La question de la solitude

« Nos solitudes ou la maladie « ontologique »

Notre diptyque a pour objet la mise en scène de nos solitudes. Nos solitudes subies, voulues, attendues, fuies. Contrairement à ce qu’on croit, chez Rohmer, le couple, le sentiment amoureux n’est pas un sujet. C’est un révélateur. Pour Michel Serceau, dans Les jeux de l’amour, du hasard et du discours, Rohmer souhaite révéler la « Maladie Ontologique ». Le cas de Delphine est exemplaire. Son problème est, croit-elle, de ne pas savoir que faire de ses vacances après sa rupture amoureuse. On se rendra compte à la fin que sa vraie question est en fait : peut-on vivre seul ? Pour Louise, son obsession de pied-à-terre à Paris, révèle une peur panique de la dépendance. C’est cela qui nous touche chez ces héroïnes mais aussi chez tous les personnages qui gravitent autour d’elles. Ils sont pris dans les mailles du filet de notre solitude. La question que pose notre projet c’est la manière dont les êtres vivent cette solitude. On la combat, on la fuit. Parfois on la savoure, elle nous manque. Parfois on se sent seul très entouré. Quelle vie intérieure nous permet l’autre ? C’est par le prisme du « couple » que ces questions sont étudiées dans les deux scénarios. Notre projet pose les êtres face à face, il les étudie dans leur manière de se comporter avec l’autre. Nous ne voulons pas réduire Rohmer à l’analyse du sentiment amoureux, ou à un marivaudage hasardeux. Il va bien au-delà. » (Dossier de production)

© Pierre Grobois