Koulmig 23 - Vivre Plus Pour Gagner Plus

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Après la réforme Sarkozy-Fillon, la réforme Hollande-Ayrault. La forme change, mais le fond reste: traviller lpus longtemps pour éponger le déficit. Comme si le chômage des seniors n'existait pas, que la productivité du travail n'avait pas augmenté, que l'espérance de vie en bonne santé n'était pas en baisse... L'UDB Jeunes livre des pistes pour une autre réforme.

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Le gouvernement Ayrault a dévoilé en août dernier une nouvelle réforme des

retraites. Plus juste que celle de la droite (qui avait relevé l’âge légal minimum de

départ en retraite), cette réforme s’appuie malgré tout, selon nous, sur des

présupposés qui ne sont pas valables, comme l’allongement de la durée de la vie

pour ne citer que celui-ci. Ce Koulmig vous propose une réflexion de l’UDB Jeunes

sur le sujet.

L’argument est infaillible. Puisqu’il y aura un jour, selon les prophéties gouvernementales, plus de retraités que d’actifs, dès lors que nous souhaitons conserver notre système de retraite par répartition, il faut mettre davantage à contribution ces derniers. Mathématiquement, cela paraît tenir debout. Ce que ne disent pas les politiques au pouvoir, c’est que la richesse créée ne cesse d’augmenter et que la productivité des travailleurs aussi. Si bien que raisonner arithmétiquement trouve ses limites assez rapidement. En somme, si deux travailleurs de 2010 font le travail de trois travailleurs de 1990, alors, on peut penser logiquement aussi qu’il n’est pas juste de faire peser l’effort sur ceux qui travaillent. Où est passé la richesse supplémentaire créée ? On sait en effet que le poids de la fraude fiscale (des plus riches) servirait largement à combler les « trous » sociaux et budgétaires. Vivre plus pour travailler plus ?

Si le sujet des retraites est complexe à traiter, il convient néanmoins de rappeler certaines évidences. La première, c’est que justifier l’allongement de la durée de cotisation des travailleurs au motif qu’ils vivent plus vieux, est démagogique. Cela renvoie à une conception de la vie qui voudrait que nous soyons sur la planète dans le but unique de travailler. Ce n’est pas notre idée de la vie humaine. C’est d’autant plus injuste que l’espérance de vie augmente... jusqu’à présent. Mais rien ne dit qu’il en sera de même pour les jeunes générations! Les nouveaux modes de vie tendent au contraire à faire penser le contraire. A ce titre, nous sommes favorables à un abaissement de l’âge maximal pour obtenir une retraite pleine (aujourd’hui de 67 ans). Il nous semble en effet que ceux qui ont travaillé toute leur vie sont en droit de profiter un minimum du temps qu’il leur reste à vivre. Passé 67 ans, il peut rester théoriquement de longues années à vivre, mais la santé peut tout aussi bien décliner. A ce propos justement, il serait utile de

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se baser sur la notion d’espérance de vie en bonne santé laquelle, selon l’Insee... diminue1! La seconde évidence, c’est que, dans un contexte de chômage dramatique, vouloir faire travailler plus longtemps ceux qui réussissent à trouver un emploi signifie que l’on abandonne définitivement l’idée de « plein emploi »2. Le système des retraites, un problème d’emploi

Le meilleur moyen de financer notre retraite par répartition (dont nous sommes partisans) et qui est bien souvent oublié, c’est de régler le problème du chômage. Dès lors qu’il y aura plus d’actifs à travailler, alors la masse des cotisations augmentera. Malgré tout, on peut convenir que le plein emploi ne peut pas se faire d’un claquement de doigts et il est donc nécessaire de trouver d’autres financements pour compléter. En premier lieu par une contribution machines [voir aussi article suivant], car ces dernières remplacent les employés et créent une compétitivité accrue des grandes entreprises sans contrepartie pour la société qui perd les cotisations des salariés tout en devant assumer leur chômage. Les machines sont la preuve qu’il peut y avoir une croissance sans emploi ! Et les petites retraites ?

Nous n’échapperons pas non plus à un plafonnement des retraites. Il n’est pas normal de voir les inégalités de revenus de la vie active, déjà très importantes, se perpétuer à la retraite ! D’autant que les bas salaires correspondent souvent aux travaux pénibles. Un plafonnement des pensions permettrait de faire financer le retour à l’équilibre du système par les retraités les plus aisés. On peut également envisager d’autres pistes pour rendre le système de financement des retraites plus égalitaire, comme par exemple des surcotisations n’ouvrant pas de droits supplémentaires, pour les hauts revenus. Car, outre le financement des retraites, il faut penser également à l’augmentation des petites retraites. Comment peut-on vivre aujourd’hui avec 700 € ? Le gouvernement Ayrault a l’ambition de valoriser ces petites retraites et nous partageons cette idée. L’annonce du maintien de la revalorisation de ces retraites suivant l’inflation au 1er avril et non six mois plus tard, si elle est confirmée, serait également une bonne nouvelle. Néanmoins, il ne devrait pas être nécessaire de ponctionner les retraites des classes moyennes. Autre bonne nouvelle dont l'effet doit être poursuivi, c’est la volonté du gouvernement de simplifier. L’économie sur les coûts de gestion des régimes est estimée à 200 millions d’euros dès 2016. Chaque employé pourra également, d’ici peu, consulter son dossier personnel. On met donc – enfin – l’administration au service du citoyen. Pour autant, nous estimons qu’il faut accélérer en plus cette simplification et travailler à la fusion des caisses de retraites.

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La pénibilité prise en compte

Revendication de longue date des syndicats, la pénibilité sera prise en compte dans le calcul des retraites. La dernière réforme des retraites avait permis la mise en place d’un dispositif pour les travailleurs ne pouvant exercer leur métier en raison d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail. Cependant, conditionnée à un taux d’incapacité d’au minimum 20 %, cette mesure n'a pu profiter qu'à 5 366 personnes. La mise en place d’un « compte pénibilité » à partir de 2015 permettra en revanche une prise en compte plus fine de l’influence des conditions de travail sur la santé des travailleurs et donc sur l’âge de leur départ en retraite. Cependant, cette mesure qu’il faut saluer pose plusieurs questions. La première est celle de l’évaluation de la pénibilité : combien de points « rapportent » les conditions de travail d’un manutentionnaire, d’un ouvrier de l’industrie chimique ? La seconde est le risque d’une utilisation de ce système pour justifier des conditions de travail difficiles en échange de points de retraites. L’évaluation des conséquences du travail sur la santé devra donc faire l’objet d’une évaluation poussée et se doubler d’actions en faveur de la santé au travail. Quoi qu’il en soit, la prise en compte de la pénibilité ne peut, à elle seule, nous faire dire que cette réforme est juste ! Une « remise de peine » de deux ans maximum ne peut pas être considéré comme exceptionnel. Quid des carrières écourtées ?

Nombreux sont ceux et surtout celles qui seront touchés par cette réforme en raison d’une carrière écourtée par un accident de la vie ou tout simplement en raison d’une grossesse et du congé parental pour l’un des deux conjoint-e-s. Les femmes seront donc généralement les plus touchées par les réformes des retraites. Si, à partir de trois enfants, il existe des possibilités de partir plus tôt en retraite, ne serait-il pas juste de comptabiliser les annuités de congés parentaux ? « La retraite, une affaire de jeunes ! »

Mais ce sont surtout les jeunes qui devront assumer cette réforme (et probablement celles à venir). En 2035, il faudra en effet 43 annuités pour obtenir une retraite à taux plein. Or, l’âge moyen du premier emploi est de plus en plus tardif. Autant dire que la majorité des jeunes qui effectuent des études devront soit racheter leurs années « perdues » à étudier (c’est ce que suppose la loi)3, soit accepter de travailler jusqu’à 67 ans !

L’UDB Jeunes, signataire en 2010 de l’appel « Retraites, une affaire de jeunes », reste fidèle à ses demandes, à savoir : la validation des périodes de stage, intégrée dans une

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véritable réglementation contraignante (rémunération à 50 % du SMIC dès le premier mois, reconnaissance dans la formation) ainsi que la validation des périodes d’inactivité forcée, et la prise en compte de la situation des jeunes en situation d’insertion professionnelle pour qui l’enchaînement de stages, de CDD, d’emplois à temps partiel, de périodes d’intérim ou de chômage conduit à créer des droits à retraite très incomplets. À cela nous ajoutons aujourd’hui la comptabilisation des années d’études validées, cela afin d’éviter des situations d’inégalité envers ceux qui ne pourraient pas racheter leurs droits.

N’eo ket d’ar re yaouank da baeañ !

Ni a gav deomp eo al lezenn diwar-benn al leveoù direizh. Pouezhus eo

kaout amzer o vezañ war e leve ha koulskoude emañ ar gouarnamant o

ranezenniñ ur wech ouzhpenn e vefe normal « labourat muioc’h

peogwir e vev an dud koshoc’h ». Kaoc’h d’an arguzennoù-se !

Klask a ra ar gouarnamant dastum arc’hant hep soñjal el labour en un

doare hollek. Pinvidigezh a zo produet gant al labourerien ha n’eo ket

reizh goulenn dezho ober muioc’h pe welloc’h hep goulenn ar memes

tra d’ar re a denn (kalz) arc’hant deus ar sistem. N’eo ket d’ar re

yaouank da baeañ, met kentoc’h d’ar sistem da cheñch penn d’ar vazh !

Ne vo posupl an dra-se nemet dre cheñchamant war an doare da ijiñ

hor sistem ekonomikel, da lavaret eo eo ret displegañ ne vo ket

gwarezet ar sistem a-vremañ gant kreskadurezh, met gant justis

nemetken.

1. http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=98&ref_id=CMPECF02228 2. voir Le Peuple breton n°596 (septembre 2013) 3. Il est possible à ceux qui ont étudié de racheter des trimestres correspondant à leurs années d’études dans la limite de 12 trimestres. Le prix d’un trimestre varie entre 1 055 et 6 000 €. Une aide de 1 000 € par trimestre, dans la limite de 4 trimestres, sera attribuée aux jeunes actifs. Mais le rachat devrait s’effectuer dans un délai de 5 à 10 ans suivant la fin des études !

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Les banques, les supermarchés, la SNCF, La Poste, toutes les entreprises ont

aujourd’hui recours à l’utilisation de machines. Depuis la première révolution

industrielle, au XVIIIe siècle, le monde n’a cessé d’évoluer vers une plus grande

machinisation dans le but officiel de réduire le travail pénible pour les hommes et

officieux de réduire le coût du travail. Pour l’UDB Jeunes, ce débat est important

dans une société où la pénurie de travail est criante.

Au début du XIXe siècle, l’Angleterre a connu un violent mouvement des artisans du textile furieux de l’emploi de machines dans le travail de la laine et du coton. Appelés luddistes, certains opposants radicaux se sont illustrés en brisant les machines. Cela n’eut pas l’effet escompté, à savoir l’arrêt de l’utilisation des machines, mais permit néanmoins d'obtenir quelques avantages en matière salariale pour les ouvriers. Le mouvement, victime d’une répression féroce, ne dura qu’une dizaine d’années. Aujourd’hui, on qualifie encore de « luddistes » ceux qui s’opposent aux nouvelles technologies.

Ce débat ancien sur les machines nécessite de se pencher sur deux sujets : le travail et le progrès technologique. Il n’est en effet pas anodin que ce mouvement luddiste ait été réprimé farouchement, tant il remettait en cause les intérêts des patrons. En d’autres termes, l’économie capitaliste a besoin de la « violence légitime » de l’État, pour reprendre les propos de Hobbes. Or, l’économie capitaliste poursuit un but lucratif, ce qui, théoriquement, n’est pas le cas de

la puissance publique, au service du peuple. L’UDB Jeunes n’est pas opposée au progrès technologique. Depuis les origines de l’homme, les inventions et les innovations lui ont permis de s’abstraire de sa condition naturelle et d’accomplir des travaux dont il n’aurait pas été capable physiquement sans mécanisation. Toutefois, il est illusoire de croire que le progrès technologique peut avoir

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réponse à tout. Face au défi climatique, notre société occidentale n’échappera pas à une critique de sa doctrine contemporaine, à savoir le productivisme. En guise d’exemple, l’automobile a beau être une production utile, pourra-t-on continuer à en fabriquer autant d'exemplaires sans aller à l’encontre du développement soutenable ? Produire des voitures polluant moins est louable, mais si on en vend deux fois plus, alors où est le bénéfice environnemental du progrès technologique ? La machine doit donc être acceptée dans un contexte d’amélioration des conditions de travail (ex. : la machine à laver le linge a permis la désertion des lavoirs et la fin d’un travail harassant) ou d’impact sur l’environnement. Au bénéfice du plus grand nombre, en somme. Or, à ce jour, l’utilisation des machines dans les supermarchés, dans les gares ou les postes, dans les banques (…) n’a d’autres buts que de réduire le « coût du travail » et notamment « la masse salariale ». Une aubaine pour l’entreprise, certes, mais une perte sèche pour la puissance publique qui touche moins de cotisations sociales et patronales. Qui plus est, les machines ne payent pas vos retraites ! L’UDB Jeunes est favorable à une diminution du temps de travail et ne s’oppose donc pas, a priori, à l’utilisation de machines concernant les professions difficiles. L’explosion des maladies musculo-squelettiques, par exemple, a un coût pour la collectivité qu’il faut compenser. C’est la raison pour laquelle nous sommes favorables à la taxation des machines. Car ces machines n’ont de sens que si elles permettent une désaliénation globale, autrement dit une émancipation sociale (vivre mieux en travaillant moins). Qui plus est, nous militons pour la libération des brevets et la mise à disposition libre et gratuite des données publiques afin que l’innovation soit possible pour le plus grand nombre. Afin de ne pas freiner la recherche privée, nous estimons pragmatiquement qu’il serait souhaitable de réduire la durée des brevets : après un maximum de dix ans, ceux-ci pourraient tomber dans le domaine public. Nous nous opposons bien entendu à la brevetabilité du vivant. Quand le progrès technologique et les brevets ne sont pas au service du bien commun, mais à celui d’une minorité d’industriels, peut-on « laisser faire » ?