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Le prisme d’une appartenance Nous tenterons dans cet article de lire l’un des textes d’Helene Cixous Si prés (Cixous, 2007) afin de mettre en lumière le prisme d’une appartenance qui transparait à plusieurs niveaux, aussi bien, dans le fond que dans la forme. Le texte de cet auteur, à l’écriture bouleversée échappe aux normes habituelles de classement : jeu sur le titre, sur le péritexte avec l’introduction du calligramme et du « prière d’insérer » auquel elle donne une nouvelle fonction. Structuré à plusieurs niveaux , le texte se constitue et se tisse à travers des signes intérieur et extérieur à la narration, au récit, dans le paratexte entre le pictural, le symbolique, le pictographique et le typographique. Cixous transcende les codes classiques de l’écriture donnant ainsi une nouvelle forme et une nouvelle identité au texte. Récit rêvé, projeté, halluciné, le lecteur s’y perd ne sachant si c’est un roman, une autobiographie, une autofiction ou le journal intime d’un écrivain pensant à son voyage. Nous essaierons de dégager la spécificité de cette mise en scène littéraire 1 du texte Si prés , Dans sa singularité et dans le génie créateur de son auteur qui s’inscrit dans la modernité 1 Voir la thèse en cours de rédaction de Katrin Funke, Traces juives d’Algérie : Hélène Cixous et Jacques Derrida et leurs scènes d’écriture. Mises en scènes littéraires et expériences d’exil .

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essai de lecture du roman d'helene cixous" Si prés"

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Le prisme d’une appartenance

Nous tenterons dans cet article de lire l’un des textes d’Helene Cixous Si prés (Cixous, 2007)

afin de mettre en lumière le prisme d’une appartenance qui transparait à plusieurs niveaux,

aussi bien, dans le fond que dans la forme. Le texte de cet auteur, à l’écriture bouleversée

échappe aux normes habituelles de classement : jeu sur le titre, sur le péritexte avec

l’introduction du calligramme et du « prière d’insérer » auquel elle donne une nouvelle

fonction. Structuré à plusieurs niveaux , le texte se constitue et se tisse à travers des signes

intérieur et extérieur à la narration, au récit, dans le paratexte entre le pictural, le symbolique,

le pictographique et le typographique. Cixous transcende les codes classiques de l’écriture

donnant ainsi une nouvelle forme et une nouvelle identité au texte. Récit rêvé, projeté,

halluciné, le lecteur s’y perd ne sachant si c’est un roman, une autobiographie, une autofiction

ou le journal intime d’un écrivain pensant à son voyage.

Nous essaierons de dégager la spécificité de cette mise en scène littéraire 1 du texte Si

prés , Dans sa singularité et dans le génie créateur de son auteur qui s’inscrit dans la

modernité littéraire, à travers un certain nombre de caractéristique en rapport à une certaine

idée de l’appartenance. Pour ensuite, discuter cette mise en scène innovante en rapport direct

avec la singularité de l’auteur.

Dialectique de l’appartenance

Nous lirons l’œuvre de Cixous sans pour autant l’inscrire dans un corpus déterminé.

Selon nous, classer cette auteure dans une filiation bien particulière serait l’enfermer dans une

catégorie qui pourrait nous poser des problèmes d’ordre épistémologiques et méthodologiques

définitoires.

En effet, malgré des recherches d’envergures, les spécialistes semblent dans

l’impossibilité à isoler et délimiter un corpus et une dénomination commune sur le sort de ces

1 Voir la thèse en cours de rédaction de Katrin Funke, Traces juives d’Algérie : Hélène

Cixous et Jacques Derrida et leurs scènes d’écriture. Mises en scènes littéraires et expériences

d’exil.

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écrivains venant d’origines diverses et multiples et que la langue française a réuni. Les

principaux critères retenus dans les définitions que se soit celle de Guy Dugas : « Est écrivain

judéo-maghrébin tout écrivain juif né au Maghreb, ou d’ascendance maghrébine, dont l’œuvre

est travaillée/fait référence, de façon plus ou moins explicite, par/à une condition double ou

mêlée, de juif et d’arabe. » (Dugas, 2002, p.200)

D’Albert Memmi ou autres éminents spécialistes tiennent compte principalement de la

langue, de la zone géographique et du lectorat.

Le problème ne se pose pas pour les juifs marocains et tunisiens qui ont toujours était

considéré comme maghrébin. Pour les juifs d’Algérie naturalisés français par le décret

Crémieux et donc de nationalité française, le problème se trouve accentuer par l’ampleur

d’une rupture socioculturelle et donc d’une déchirure. Cixous, mais pas seulement, jouit bon

gré mal gré d’une « non-inscription dans les réseaux et les territoires. » (Levy, 2002, p.163-183)

Jacques Derrida, dira à juste titre, lors d’un colloque au Canada : « Si je ne me trompe

pas, aucun des sujets qui se trouvent à cette table n’a le français pour langue maternelle, sauf

peut-être nous deux, et encore, vous vous êtes français (il s’agissait du psychanalyste François

Peraldi), moi non. Moi je viens d’Algérie… » (Robin, 2002, p.211)

Il marque ici, une appartenance qui n’est pas d’ordre langagiere comme l’a bien fait

remarquer Paul Celan « la langue n’appartient pas », mais plutôt une appartenance d’ordre

territoriale : « Moi je viens d’Algérie » désignant non pas une identite mais plutôt une terre ,

un lieu , un espace avec toutes la charge emotive , historique et sociale que celle-ci implique.

Le choix pour nous d’appartenance se traduit par une préoccupation double : la première

est que cette notion est un thème récurrent chez l’un des plus éminents écrivains, penseurs et

philosophes de la fin du 20e siècle qui plus est natif d’Algérie à savoir Jacques Derrida et est

de facto concerné par cette rupture. Deuxièmement, parce que Cixous est considérée comme

l’alter ego de Derrida. Elle écrit par rapport à son autre. Cet autre qui est la fois son frère, son

ami. Lui et elle font qu’un, ils se complémentent et dans leurs travaux et dans leurs échangent.

Derrida n’est plus aujourd’hui, mais Cixous le fait vivre et perpétue sa pensée à chacune de

ses interventions et dans chacun de ses textes. Le lien des origines de l’amitié et de l’influence

mutuelle entre ces deux écrivains justifie selon nous le choix de cette direction.

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La notion d’appartenance au sens derridien relèverait de l’impossibilité, mais aussi de la

nécessité dans la mesure où le refus d’appartenance engendrerait une annihilation au sens

physique du terme. Dans son ouvrage Le Monolinguisme de l’autre, il fait la constatation

suivante : « La rupture avec la tradition, le déracinement […] l’amnésie, l’indéchiffrabilité,

etc., tout cela déchaîne la pulsion généalogique, le désir de l’idiome… […]. L’absence d’un

modèle d’identification stable pour un ego – dans toutes ses dimensions : linguistiques,

culturelles, etc. – provoque à des mouvements qui [se trouvent] toujours au bord de

l’effondrement. » (Derrida, 1996, p.116)

Cette forme d’appartenir sans appartenir chez les deux écrivains, ballotées entre français

de langue, juifs de culture et Maghrébins de naissances constituent un trouble identitaire dont

ils souffrent « Cela faisait partie de l’exercice de ma vie : je devais joue avec la question de la

nationalité qui était aberrante, extravagante. J’avais la nationalité française quand je suis née.

Mais jamais personne ne s’est pris pour français dans ma famille » (Calle-Gruber et

Cixous.1994).

Les textes et les discours des ces deux écrivains mettent en scènes des désirs complexes

d’être dedans et dehors, à la marge et au centre, d’appartenir sans appartenir, français et

étranger, qui est en somme une large réflexion sur le rapport délicat à une appartenance

multiple , « une partie de moi dans les camps de concentration, une partie de moi dans “les

colonies” » (Cixous, 1986, p.26) , « Je suis né en Algérie et mes ancêtres ont vécu en

Espagne, au Maroc, en Autriche, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Allemagne ; mes frères

par la naissance sont arabes. Ainsi où sommes-nous dans l’histoire ? (…) quel est mon nom ?

Je veux changer la vie. Où est ma place (mon chez moi) (…) quelle langue est la mienne ?

Français ? Allemand ? Arabe? » (Cixous, 1986, p. 71)

Cixous ne cesse d’approfondir cette dialectique sur l’appartenance dans ses travaux

théoriques et ses réflexions philosophiques qu’elle combine aux récits autobiographiques et

fictionnels. L’auteure cite l’Algérie dans ses textes depuis longue date, avec Dedans en 69

comme premier texte faisant allusion au pays natal, concrètement c’est pendant les années 90

ou ce qui est appelé la décennie noire en Algérie qu’a jailli réellement ce retour aux origines.

Avec Les rêveries de la femme sauvage en 2000, elle se met a questionné l’histoire et

l’appartenance et où se dessine l’alliance a une terre, qu’elle nomme algeriance (Calle-

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Gruber, 2001, p. 83-84).

La tragédie de la guerre civile en Algérie semble réveiller les blessures d’un passée

refoulées jusque là. Cette guerre ravive des souffrances et des plaies béantes non cicatrisées

d’une terre, d’un pays qui saigne et qui souffre. Qui fait la condition du présent et le futur des

concernés comme le fait remarquer Katrin Funke qui parlera a ce titre d’amnésie brisé autour

du silence sur la guerre d’indépendance. La douleur ressort avec une nouvelle guerre, celle-ci

est fratricide et devient prétexte à un besoin de dire, de se catharsiser afin de se libérer du

poids du silence et de cette douleur longtemps refouler.

Si près, retour au pays natal

Comme le fait remarquer Guy Dugas « Voici venue pour les écrivains juifs d’Afrique du

nord l’heure des retours aux sources, de la plongée vers les racines perdues, mais que l’on

garde d’oublier. » (Dugas, 1991).

L’Algérie traverse l’œuvre d’Hélène Cixous : mentionnée dans Manhattan (2001),

Lettres de la préhistoire (2002) et L’Amour même, dans la boîte aux lettres (2005) et décrite

dans Si près où elle s’attèle a une méditation passionnée du pays natal : « Tout le solide, le

brillant, le sanglant, l’éclatant, le respirant, le charnel était à Alger, à Paris, je flottais dans

l’état gazeux, je traînais dans la poussière, je ne respirais pas » (Cixous, 2007, p12)

Il se dessine un certain rapport conflictuel que la narratrice et l’auteur ont avec la terre

des ancêtres. Un départ puis un exil imposé par les circonstances, d’où la naissance du

sentiment de nostalgie envers ce pays, du retour vers l’enfance et de l’évocation de souvenir

du paradis perdu. Le fait de faire appel ou de convoquer l’Algérie sans y aller, y être ou y

arriver et une façon de reconnaitre le lien mémoriel avec cette terre.

Dans Les Rêveries de la femme Sauvage (Cixous, 2000). Cixous parle de son enfance

avec son frère et toute sa famille en Algérie. Dans Si Près, elle revient aussi sur ses souvenirs

du pays qu’elle a quitté à l’âge de dix-neuf ans, des souvenirs d’Oran sa ville natale en

présence de son père avant sa mort, ses promenades au jardin d’Essai, un paradis perdu selon

elle. « Ce n’était pas un jardin permis c’était ce qui restait du Paradis perdu qui s’en souvenait

et rappelait continuellement aux fidèles l’imaginable splendeur de ce qui est perdu » (Cixous,

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2007, p92)

La perte ici n’est pas celui du peuple juif d’une terre promise, mais celui d’une

appartenance, d’une algeriance pour Cixous « ce que j’appelle “mon algeriance” un vaste

ensemble de réflexions assez disparate surgi autour des notions de pays, pays natal, pays

d’origine » (Cixous, 2007, p42), d’une nostalgerie selon Derrida.

Le texte s’inscrit sous le signe de l’alliance, de la nostalgie et de la déchirure. Derrière

ces mots-valise Cixous dessine et communique, à la fois, indirectement ce désir

d’appartenance d’où s’articule une forme d’aliénation et de refoulement, mais aussi d’un désir

celui d’un espace d’un pays rêvé, imaginé dans lequel elle se projette « Y aller comme en

rêve, ce serait l’idéal me disais-je. Y aller comme un rêve, rêvais-je. Y aller de façon si

magique, si intense si puissante, si légère, si fugitive, si totale que j’y aurais été tout en étant

comme si je n’y étais pas moi-même, mais une autre, avec la force, mais l’impunité, et même

l’immunité d’une lettre. » (Cixous, 2007, cf. prière d’insérer)

Si près est la suite ou le tome 2 de rêverie de la femme sauvage. Elle y raconte à sa

manière le jardin onirique que son angoisse identitaire retient comme paradis perdu. C’est un

déplacement dans l’espace imaginé, rêvé, souhaité où ressurgi l’Algérie de son enfance, celle

de ses rêves, créant à la fois un pays avec des scènes imaginées convoquant ses amitiés les

plus chères, Derrida en particulier.

À la lecture de Si Près, nous avons immédiatement senti que l’ensemble du texte et à tous

les niveaux est traversé par un immense sentiment de déchirement qui traverse l’œuvre

comme sa colonne vertébrale. Déchirement à multiples visages : un voyage à Alger

impossible à faire, une nostalgie douloureuse pour le pays natal, une quête d’un pays fantasmé

et un retour vers une enfance heureuse. À travers le prisme douloureux de la nostalgie dû à

des origines multiples et à une identité fragmentée, comme l’auteur, le personnage d’Hélène

est à la fois juive, ashkénaze par sa mère, sépharade par son père, Algérienne par rapport au

pays natal et française par décret.

L’histoire du sujet se donne à lire dès le titre. Si Près indique la distance et la proximité.

Cette proximité ou distance qu’exprime le titre selon la position que l’on retient joue sur le

sentiment, celui d’un manque dont souffre Hélène et qui la déchire. La transcription

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phonétique de ce dernier est : [sipʀε] renvoi directement le lecteur vers son homonyme, il

s’agit d’un jeu d’ambiguïté entre deux homophones, si près et cyprès, le nom de l’arbre.

Effectivement, à la 3e page du texte se trouve un calligramme du titre et de la représentation

graphique de l’arbre.

Selon le dictionnaire : le Cyprès vient du latin Cupressus (Morel, 2004, p 301), cet arbre

symbolise le deuil dans les pays méditerranéens, d’où son utilisation dans les cimetières. Le

cyprès symbolise l’immortalité, l’éternité et le deuil, ceux-ci correspondent justement à la

douleur d’Hélène Cixous. À titre de comparaison la version anglaise de Si Prés/So close fait

directement référence au deuil à travers l’arbre. C’est ainsi que la couverture de la version

anglaise représente explicitement le deuil qui se trouve être le thème principal et majeur du

texte. Le jeu auquel s’adresse Hélène Cixous est de l’ordre du tragique, Jeux de mots, de cette

Algérie insaisissable, rêvé, inventé, projeté :

Proximité/distance/perte/deuil/mort.

L’auteur utilise un jeu de mots, qui fait référence non seulement à la distance, à

l’éloignement, à la proximité, mais aussi à la mort et au deuil par référence à l’arbre. Le

cyprès symbolise, comme on l’a déjà dit, le deuil, deuil du pays. Cette référence ou ce jeu

n’est pas anodin. Il renvoie à un deuil et un déchirement de l’auteur : perte d’un père, d’un

fils, d’un ami et d’un pays.

L’Algérie est les circonstances de sa généalogie sont les sources de sa poétique. Il se

trouve être que Hélène a une appartenance complexe : elle est en effet juive, à la fois

ashkénaze par sa mère, sépharade par son père, Algérienne par rapport au pays natal, et

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Française par décret. Naissance et histoire de vie, ou, plus précisément conflits

psychologiques et politiques sont inhérents à ses circonstances. Son écriture est née d’un pays

tant desiré, d’un père brutalement disparu et d’une mère étrangement non reconnue.

Une judéité protéiforme

Si prés accorde une importance de premier plan au père et à la mère. Ces parents sont des

personnages qui irradient son œuvre tout au moins depuis Osnabrück (Cixous, 1999). C’est à

travers les parents de la narratrice que les origines juives « mosaïques » d’un assemblage à la

manière d’une poupée russe de plusieurs appartenances linguistiques et culturelles, se lisent.

La narratrice raconte sont rapport a cette terre et à ses origines, elle trouve que c’est une

chance pour elle que sa personnalité soit aussi singulière du fait des ses multiples

appartenances, une partie d’elle est algérienne, une autre juive. Cette origine juive est elle

même partagée : une part est sépharade par rapport à son père et une autre part est ashkénaze

et en même temps germanique par sa mère qui a fui l’Allemagne. Cette multiple appartenance

perturbe Hélène. Elle n’arrive pas à se situer ni à situer ses pensées, de quel côté et dans quel

camps elle doit être, elle est partagée en quatre. Ce qui complique sa vie et la rend mal à

l’aise, elle n’arrive pas à répondre et se répondre:

« (…) cela ne facilite pas les déplacements d’être sous défigure tout le temps. Surtout que je n’ai pas la

réponse que l’on me pose, même moi je ne sais pas ce que je dis quand je ne nie pas ni n’affirme, mais confirme

être dans l’indistinction en partie sépharade en partie ashkénaze en partie juif, une autre encore arabe, une autre

partie germanique, toutes ses parties qui se partagent mes cellules comment me géographent-elles (…) » (Cixous,

2007, p102)

Son non « Cixous » à poussé plusieurs personnes à lui poser la question « Cixous c’est

quoi comme pays » (Cixous, 2007, p105). Quand elle était jeune et naïve elle croyait que

c’était kabyle et elle répondait « juifkabyle », mais en grandissant elle est devenue plus mûre

et sa réponse devient « pourquoi on ne s’arrête pas à Paris » (Cixous, 2007, p105). Hélène

disait qu’elle était « juifkabyle », mais aujourd’hui elle ne le fait pas naïvement en le citant

dans son œuvre, elle le fait pour rappeler que les habitants de l’Algérie son des Berbères qui

se sont convertie au judaïsme ce qui postule que les vrais Algériens sont des juifs comme elle.

Discuter lorigine des juif

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Il est reconnu que l’Algérie est un pays qui a été envahi à plusieurs reprises. Ces habitants

sont les Berbères, selon Ibn Khaldoun plusieurs de ces tribus pratiquaient le judaïsme. Selon

lui :

« Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçue de leurs

puissants voisins, les israélites de la Syrie. Parmi les Berbères juifs, on distinguait les

Djeraoua, tribus qui habitaient l’Aurès et auxquelles appartenait la Kahena, femme qui fut

tuée par les Arabes à l’époque des premières invasions. Les autres tribus juives étaient les

Nefouça, Berbères de l’Ifrikïa, les Fendelaoua, les Medîouna, les Behloula, les Ghîatha et

les Fazaz, Berbères du Maghreb-el-acsa » (Ibn Khaldoun, traduction de William

McGuckin de Slane, 1978, p 208-209.)

Cette appartenance juive est exprimée et se donne à lire dans des lettres, des noms, des

images insérés clandestinement ; en fait les nouveaux éléments typographiques insérer dans le

texte et en dehors renvoi au père ou bien à la mère en jouant sur le symbolique, l’abstrait et le

pictural à la fois.

Comme le titre, l’image ou le dessin qui figurent sur une bande peuvent être un indice

offert au lecteur sur le thème principal de l’œuvre. C’est une accroche qui pousse à aller plus

loin, et lire l’œuvre. Cette bande peut porter de nouveaux éléments qui aident, orientent et

renforcent la compréhension du texte. Elle peut être une illustration qui vient renforcer le

thème principal de l’œuvre.

Le nouvel élément qu’apporte cette bande est un dessin. Celui-ci est flou, sauf que le

lecteur chanceux, qui aurait l’intuition d’exposer l’image au miroir, de découvrir l’un des

thèmes principaux de cette œuvre qu’est la mère. En effet dans le miroir apparait le mot :

Maman.

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Cette maman pourrait être à la fois la mère biologique Ève, la mère patrie ou l’étendue

aquatique : la mer qui peut faire surtout office de barrière entre les deux pays, les deux parties

de son moi.

Autre manifestation de l’appartenance juive de l’auteur, le choix de son éditeur. Le nom

de la maison d’édition Galilée n’est pas anodin. Galilée renvoi sous le sceau de l’appartenance

à une certaine généalogie. Petit rappel historique, la maison d’édition tient son nom d’une

région du nord d’Israël, la Galilée (Universalis, 2013) qui se situe entre la frontière du Liban

et s’étendant du Jourdain, jusqu’aux cotes méditerranéennes, à l’ouest. Le nom de Galilée2

vient du mot hébreu gālīl qui signifie « district ». Pays des tribus juives Nephtali et Zabulon,

il est évoqué dans la bible : « Mais ce n’est plus l’obscurité pour le pays qui était dans

l’angoisse. Dans un premier temps, le Seigneur a couvert d’opprobre le pays de Zabulon et le

pays de Nephtali, mais ensuite il a couvert de gloire la route de la mer, l’au-delà du Jourdain

et le district des nations. » (Isaïe 23) ; « Terre de Zabulon, terre de Nephtali, route de la mer,

pays au-delà du Jourdain, Galilée des Nations ! » (Matthieu 15.)

Selon l’histoire c’est aussi dans ces collines que le Talmud fut rédigé. A la destruction du

Temple de Salomon , la Galilée devint le centre spirituel du judaïsme où sont enterrés

plusieurs rabbins de premier ordre. Cette région réunissait une multitude de peuples et devint

un lieu de refuge des exilés surtout les sépharades chassés de la péninsule ibérique au 15e

siècle. La ville devint « la Mecque » du mysticisme et de la pensée juive.

La maison Galilée publie des textes philosophiques, littéraires et artistiques. Elle se

rapproche de la pensée postmoderniste et de la philosophie de la déconstruction, avec comme

chef de file : Jacques Derrida dont elle a édité plusieurs textes. Derrida est l’un des créateurs

aussi de la philosophie en effet nom de l’une des collections de la maison d’édition.

Les dernières publications d’Hélène qui parlent de l’Algérie sont toutes publiées aux

2 http://www.universalis.fr/encyclopedie/galilee/

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éditions Galilée, à la différence des autres éditeurs, le principe de cette dernière est la

rencontre avec les artistes, c’est-à-dire qu’avant que le texte ne soit édité il est retravaillé avec

l’auteur pour le mettre en adéquation avec les idées de la maison. En effet la maison Galilée a

pour préoccupation première l’esthétisme basé sur un capital symbolique particulier qui fait la

singularité de sa stratégie politique « Aux interrogations de la pensée s’associent les questions

du texte, de la langue, des pratiques de l’art, la permanente recherche de l’acuité pour ce qui

met les enjeux de l’homme et du monde en question, ou comme l’aurait dit Derrida : en

effet. »

Si près, en effet !

Les éditions Galilée ont choisi avec l’auteur cela en va de soi, de ne pas donner d’identité

générique au texte qui pose la problématique du genre et par extension de l’appartenance. La

pluralité d’Hélène Cixous n’apparait pas seulement à travers le fond de son récit, mais aussi

dans sa forme, en lisant l’œuvre on constate qu’elle se compose de plusieurs récits, mais il n’y

a pas de continuité entre ses derniers, des ruptures brusques font perdre le fil conducteur au

lecteur.

La pensée et les idées d’Hélène Cixous sont proches du postmodernisme. Parmi les

critères postmodernistes, l’omniprésence du narrateur qui s’affirme à travers l’utilisation du

« je ». L’écrivain est en même temps le narrateur. Ce mouvement se caractérise par la

confusion entre l’écrivain et le narrateur. L’intertextualité est le codage sont utilisés dans la

littérature postmoderne cela apporte au texte une dimension encore plus philosophique. La

fragmentation, l’errance et la confusion sont aussi les caractères du discours postmoderniste et

l’écrivain indique au lecteur que son discours n’est pas véritable, car il refuse d’imposer au

lecteur, une seule interprétation de ses textes.

Dans Si Près à côté des critères biographique et psychologique, entre l’auteur, le

personnage et le narrateur, il y a aussi une homonymie. Le personnage d’Hélène porte un

prénom renvoyant explicitement a l’auteur, nous constatons donc, qu’il y a déjà un premier

lien qui unit auteur/personnage. L’auteur raconte une histoire dont elle est l’héroïne, mais

l’œuvre est un mélange entre faits réels et faits fictifs rêvés. Très souvent la fiction coïncide

avec la vie de l’auteure. Celle-ci abolit les frontières traditionnelles entre les genres pour

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inscrire dans le texte toutes les appartenances qui façonnent son identité

Le thème de cette œuvre traite la vie d’Hélène Cixous, celle-ci a réellement vécu en

Algérie, les personnes et les lieux, citées dans l’œuvre existent dans la réalité, telle que la

mère, Ève Klein, le Père George Cixous, l’ami Jacques Derrida, le Jardin d’Essai, le Clos

Salembier. Mais tout n’est pas réalité, car une grande part des faits relatés relève de

l’imaginaire de l’auteur, celle-ci, comme on l’a déjà dit, se projette dans un rêve.

Dans le texte, Hélène incarne cette femme qui va jusqu’au bout de ses idées, nous

rappelant Ulysse puni par les dieux, celle-ci transcende les interdits et retourne chez elle par le

biais du rêve, elle se projette dans un rêve lui permettant de franchir, des interdits dus à des

raisons inavouées.

Les traits du personnage sont ignorés, l’auteur ne donne à aucun moment une description

physique de celui-ci, c’est au lecteur de le construire au fil de la narration par les indices

éparpillés ici et là où, que la narratrice veut bien nous laisser découvrir. Le personnage suscite

chez le lecteur un sentiment de compassion, Helene constitue un exemple de personnage en

proie avec son passé et ses appartenances, qui ressurgissent au fil de la narration et est

représentatif du déchirement de son auteur incarner à travers son personnage principal. Le

personnage en lui-même est un caractère, c’est-à-dire qu’il est intrigant, pathétique et triste à

la fois, celui-ci se voit confier une mission celle de retourner coute que coute vers le pays tant

désiré. Toutefois, le personnage réussi à combler cet impossible retour en se projetant en

Algérie par le biais du rêve, ne dit — on pas que le rêve est l’endroit ou se réalise tout nos

fantasmes et nos désirs et nos interdictions ?

Cixous est atypique, que se soit de l’ordre du culturel ou du scriptural. Installée à

l’étranger, elle écrit son parcours en langue française et souligne le rapport à la fois passionnel

et ambigu envers ses origines, sa terre natale, ses appartenances « Géographie de ma mémoire

généalogique : je me tiens au bord de l’Afrique du Nord. A sa plage. A ma gauche, c’est-à-

dire, à l’Ouest ma famille paternelle — qui a suivi le trajet classique des juifs chassés

d’Espagne jusqu’au Maroc […] Quand j’étais petite, j’habitais dans une ville pleine de

quartiers, de peuples et de langues » (Gruber, 1994, p.18). Sa terre natale est le lieu

d’enchevêtrement de racines et de croisement de cultures que la civilisation arabo –

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musulmane d’une Algérie française est venue renforcer.

L’auteure sait comment rallier esthétique, recherche formelle et revendication identitaire.

Elle prête une attention particulière à la langue, en analysant chaque mot, les étudies, leurs

donnes une résonance et un caractère déconstruit.

L’écriture comme la lecture des textes de Cixous sont exigeante : exigence d’écriture et de

lecture. Elle invite à quitter l’automatisme de lecture en nous menant dans une encyclopédie

poétique incitant à la réflexion et à la transcendance du signifiant.

« Hier j’ai dit que j’irais peut-être à Alger. Avec une voix distraite, sans couleur : J’irai peut-être à Alger. Je ne peux même pas affirmer l’avoir dit moi-même. C’est plutôt l’autre voix qui a prononcé ces mots comme pour les essayer. J’ai entendu l’hésitation. La probabilité d’aller à Alger m’était si faible. Je n’ai pas dit : j’irai. Je ne sais pas pourquoi j’ai avancé cette phrase vers ma mère à ce moment-là. Ce n’était qu’une phrase. J’essayai l’hypothèse. Il se peut que j’aie voulu en éprouver la résistance à la réalité. La faire sortir de l’abri de la fiction. » (Cixous, 2007, cf.prière d’insérer).

La lecture se fait dans cette déconstruction, le texte n’est pas à reconstruire, mais à lire

dans cette déconstruction même. A cet effet, il est à signaler un autre aspect qui est celui du

« prière d’insérer » détaché dans un feuillet rogné et qui se compose de quatre pages qui

reprennent des paragraphes du texte à la manière d’un récit du récit.

les phrases on une structure qui se situe a la limite du compréhensible, tel un labyrinthe

on s’y perd, on croit entrevoir le bout du chemin pour finalement se retrouver dans une

impasse de contradiction et de supputation ; le lecteur se demande, se questionne et

s’interroge s’insurge même contre cette déconstruction, du mot de la phrase, mais aussi du

texte. Cette accumulation d’ambigüité, d’incompréhension parfois laisse le lecteur sur sa

faim, et même parfois on se demande si l’auteure ne se moque pas du lecteur comme si elle

jouait à comprend moi si tu peux.

Nous constatons qu’il » y a convergence de la judéité de Cixous avec des écrivains juifs de

toutes origines confondus à travers les thèmes et la trame littéraire : la terre natale, la judéité,

l’écriture . Il y’a une certaine affinité thématique : une tonalité nostalgique, le rappel de la

mémoire, du souvenir et témoignage. Il y’a donc une convergence de mémoire sans pour

autant revendique une filiation commune.

Conclusion

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Le lecteur que nous sommes sera impressionné par la vitalité, le style et les procédés

d’écriture innovants de cette œuvre qui nous fait perdre le fil conducteur de la lecture et du

récit. Cixous produit un texte hétérogène. Singulier dans sa conception et son contenu, le texte

est protéiforme. Il faut de l’espace, car il faut le démonter, l’étaler et le déployer, pour le lire.

À la fois création, analyse et débat de l’auteur sur elle-même. De dimension autobiographique

Si prés est une interrogation réflexive qui porte la marque d’une appartenance mosaïque sous

toutes ses formes : Judéo-maghrébine d’ancêtres, Française d’adoption, inscrite dans la

modernité par l’hétérogénéité de son écriture et son rapport déconstructif au monde ; Cixous

se donne à lire dans le texte tel un rubik’ s cube. Œuvre de portée symbolique, saisissante et

déroutante à la fois, universelle de par son thème et la douleur qui s’y dit dans toutes les

langues et dans tous les styles, Hélène Cixous arrive à nous donner un texte aux

authentiquement particulier reflétant ses appartenances.

Bibliographie

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Calle-Gruber Mireille (2001), la langue de mes algeriance, Études littéraires, vol. 33, n ° 3, p. 83-84

Calle-Gruber, Mireille et Hélène Cixous (1994), Hélène Cixous, Photos de racines, Éditions des femmes, p.18

Cixous, Hélène (1986a), La venue a l’écriture, p.26.

Cixous, Hélène (1986b), The Newly Born Woman, Minneapolis: University of Minnesota Press, p. 71

Cixous, Hélène (2000), Les Rêveries de La femme sauvage, Galilée, Paris.

Cixous, Hélène (2007), Si près, Galilée, Paris.

Derrida, Jacques (1996), Le Monolinguisme de l’autre, Galilée, p.116.

Dugas, Guy (1991), Dix ans de littérature judéo-maghrébine d’expression française (1982-1991), annuaire de l’Afrique du nord, tome XXX, Editions CNRS,

Dugas, Guy (2002), La littérature judéo-maghrébine d’expression française.

Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale, traduction de William McGuckin de Slane, éd. Paul Geuthner, Paris, 1978, tome 1, p. 208-209.

Levy, Clara (2002), La non-inscription des écrivains juifs de langues françaises dans les réseaux et les territoires. Sociologie et sociétés, vol.34, n ° 2, p.163-183.

Morel Corinne (2004), Dictionnaire des symboles, mythes et croyances. Archipoche, Paris, p 301

Robin, Régine (2002), « Autobiographie et judéité chez Jacques Derrida », in « Derrida lecteur », Études Françaises n° 38, Presses de l’Université de Montréal, p.211.

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L’œuvre d’Hélène Cixous est composée de multiples paysages dont l’Allemagne des années 30-40, l’Algérie coloniale, et a pour arrière-fond la politique, les guerres qui frappent aveuglément, les murs de haine. Ainsi, les égarements se substituent à la mère patrie. Ils la deviennent. La naissance sera comme volée, éparpillée aux quatre coins du monde. Le puzzle de l’Etre voit le jour.Ce questionnement qui dépasse la question de l’identité, cet attachement à l’instant qui passe, cette quête de l’être au monde, sont des points fondamentaux dans l’œuvre d’Hélène Cixous. Ce n’est pas seulement l’individu et sa vie intime qui sont en question ici, mais la condition humaine toute entière. Dans ce contexte, l’écrivain a-t-il un autre chez soi en dehors de la langue ? L’araignée a-t-elle un pays en dehors de sa salive ?

En évoquant son Algérie, en parlant de ses Algéries de rêve, Hélène Cixous dessine un Paradis perdu. Un de ces Paradis que Milton a vu les yeux fermés. Z. D., J. D., la mère, le père, le frère, les amis de l’enfance et les lycées, les rues et les arbres, sont convoqués en tant que témoins. Mêmes absents, ils sont les points de repères, les « gardiens de la mémoire ». Cependant, les livres d’Hélène Cixous nous donnent à voir qu’au fond de la mémoire il y a l’oubli, et que pour atteindre la beauté il faut absolument passer par la perte et la mélancolie, car comme le dit si bien Djelal Eddine Roumi : « Le trésor est dans les ruines (12) ».

http://issamakhlouf.org/fr/chronique5.htm

Par Monia Zergane

Pour entrer dans 'Si près' d' Hélène Cixoux, il faut se tenir au seuil du livre et attendre le guide. Le guide, c'est évidemment elle, H.C. Hélène dit qu'elle ira en Algérie et nous voilà partis pour un voyage inattendu. A contre-courant d'un classique récit de voyage, c'est dans l'intimité de l'écriture, ses errements, ses hésitations et ses obsessions que nous mène l'auteur. Sur les traces de cette “algériance”, un néologisme - un autre !- dont seule Cixous a le secret. Un mot nouveau pour désigner ce lien ténu mais persistant avec ce pays où elle a grandi. Plus qu'une simple narration, Cixoux met en scène ce retour vers le pays de son enfance. Entre Alger, Oran, Paris et parfois New York d'où s'exprime J.D. (son ami), nous voilà ballottés dans l'espace et le temps au bon grès d'Hélène qui, avec une grâce toute aristotélicienne, nous fait pénétrer au coeur du drame, le sien. Et c'est elle encore qui décide pour nous de la distance, dans des gestes presque brechtiens comme pour nous prémunir par moment de ce trop plein d'émotion et de douleur que génère ce retour dans le passé, cette quête entêtée contre l'avis de sa propre mère. Et sur ce chemin tortueux du retour, c'est l'histoire d'une famille juive au temps de l'Algérie coloniale que l'auteur tente de retrouver, péniblement parfois. C'est aussi un peuple, les Algériens, qu'elle veut connaître, péniblement aussi... et cette tombe, celle de son père, miraculeusement préservée, qu'elle retrouve dans l'emballement d'un récit qui s'enflamme. Puis il y a cette autre femme qui hante le récit d'Hélène et lui tend le miroir, Z.D. l'Algérienne, ancienne camarade de classe qui lui renvoie ses propres stigmates : juive, française et pied-noir. Or il ne faut pas s'y tromper, si ‘Si près’ est d'une certaine manière un livre sur la nostalgie et le deuil, c'est aussi le livre d'un livre qui

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s'écrit. C'est peut-être là toute sa force et celle de Cixous qui, une fois de plus, signe un exercice littéraire époustouflant de beauté.

http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/helene-cixous-si-pres-29171.php?critiques#critique-

evene

Devant nous il y a donc une magicienne, mais aussi une petite fille qui pleure. De sa voix si légère. Souffrance...sous-France, comme son Algérie dira-t-elle. Et puis il y a encore une femme qui se cache, qui brouille les pistes. Et aussi une femme qui rit. Qui rit vraiment, gourmande gardienne du trésor des mots. "Si près". Titre de son dernier ouvrage. "Jouez un instant avec moi," dit la femme qui rit au public. "Si près, c'est aussi cyprès, l'arbre des cimetières, si près des cyprès, si près de la terre d'enfance" (elle est née à Oran en 1937). Elle est de là-bas, sans pourtant être dedans. L'Algérie qu'elle porte ne lui appartient pas. Tant de souffrances autour de l'Algérie et le poids de racines déracinées!

Il y avait dans sa classe au lycée, en Algérie, Zohra Drift: "Mon autre moi-même". Elle ajoute: "Je suis, moi, au premier rang, là où il faut être, à la première place. Les yeux sur le prof. En diagonale, en symétrie, à l'autre bout de la classe, Zohra, elle, se trouve là. Chaque fois que le prof énonce quelque chose qui me renvoie à la conscience politique aiguë que j'éprouve, je me demande: elle, Zohra, elle, dedans, qu'en pense-t-elle?"

http://chantalserriere.blog.lemonde.fr/2008/01/21/helene-cixous-quen-pense-zohra/

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