Journal - octobre 2003

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Conseil g Conseil général des Landes ral des Landes septembre 2003 # 3

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A la rentrée de septembre 2003, le journal#3 du Conseil general des Landes qui accompagne la généralisation des ordinateurs portables aux collegiens landais revient sur les deux premières années scolaires. Pour en savoir plus : http://www.flickr.com/photos/cg40/sets/ ; http://www.dailymotion.com/cg40/1 ; http://www.landesinteractives.net/ ;

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Conseil gConseil géénnééral des Landesral des Landes

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Attaché à promouvoir l’égalité de tous etconscient du rôle de l’École dans la réali-sation de cet objectif, le Conseil généraldes Landes s’est engagé dans une opéra-tion de grande ampleur de modernisationde l’équipement informatique de ses col-lèges.

Avec l’accompagnement de l’Éducationnationale sur le plan pédagogique, il adécidé de doter chaque collégien et chaqueenseignant du département d’un ordina-teur personnel portable, de câbler les tren-te-deux collèges et de les équiper des outilspermettant d’intégrer l’utilisation de l’in-formatique dans la pédagogie.

L’opération un collégien, un ordinateurportable représente un coût de 10 millionsd'euros par an pour les deux premièresannées de mise en place et d’investisse-ments. La poursuite et le suivi de l’opéra-tion en 2003-2004 mobiliseront un budgetde 1,7 millions d'euros. À titre de compa-raison, l’effort engagé dans les Landes pourla gratuité des transports scolaires envigueur depuis 1978 représente une dépen-se de plus de 10 millions d'euros par an.

Le Conseil général des Landes s’engagedonc à nouveau de façon conséquente etdurable en faveur de l’éducation. Lesélèves de troisième pourront ainsi béné-ficier gratuitement d’un ordinateur per-sonnel portable pour la durée de l’annéescolaire. Les enseignants disposeront denouvelles possibilités pour enrichir leurspratiques pédagogiques.

Avec l’opération un collégien, un ordina-teur portable, le Conseil général s’est fixéquatre objectifs complémentaires :> relever les défis de l’égalité, en assurantl’égal accès des élèves à ces nouveauxoutils dont la maîtrise leur sera indispen-sable dans leurs études et leur vie profes-sionnelle et citoyenne;> favoriser de nouvelles pratiques péda-gogiques;> diffuser la «culture» des nouvelles tech-niques dans tous les foyers landais.> développer l’attractivité des Landes afind’attirer les opérateurs de télécommuni-cations dans un département rural où laseule logique économique ne les condui-rait pas.

un collégien, un ordinateur portable

Après un test sur trois collèges en 2001-2002, l’opération un collégien,un ordinateur portable a été étendue à tous les collèges du départe-ment en 2002-2003. En 2003-2004, les élèves et les enseignants béné-ficieront donc de l’expérience acquise pendant ces deux années.¶Les premières évaluations de l’Éducation natio-nale soulignent les apports des nouveaux outils(richesse de la documentation accessible à tous, nouveaux moyens detravail collectif et individuel, progrès des élèves, etc.) et les ques-tions à approfondir (formation des enseignants, modesd’organisation de la classe, recherche documentaire, etc.). ¶ Autretémoignage du succès de cette première nationale, à la rentrée deseptembre 2003, sur le modèle des Landes, de nouveaux départementsou régions se lancent dans la diffusion de l’informatique au quotidiendans les collèges et lycées, à grande échelle, par le prêt d’ordina-teurs portables. ¶ Le Conseil général continuera à tout mettre enœuvre pour permettre à de nouveaux élèves et à leurs professeurs,de profiter de ces moyens. La collaboration des acteurs de l’Éduca-tion nationale impliqués sur le terrain (enseignants, professeurs res-sources des collèges, professeurs relais du rectorat, aides éducateurs,principaux et gestionnaires des collèges, etc.), avec lesquels il a tra-vaillé en pleine confiance, sera toujours essentielle pour la réussite etla poursuite de cette opération.

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avec M. Pierre Lacueilleinspecteur d’académie, inspecteur pédagogique régional de sciences physiques,responsable du rapport d’inspection mené en 2003,sur «L’évaluation pédagogique de l’opération "Un collégien, un ordinateur portable"dans le département des Landes».> Votre sentiment sur l’opération? Nous sommes ici devant une vraie question, la place del’outil informatique dans l’acte d’enseigner et d’apprendre. Il s’agit de vrais enjeux. Il faut êtretrès prudent, on ne peut pas dire que le passage du support écrit au support numérique, c’estla révolution de type "Gutenberg, tome 2"… Ce n’est pas aussi simple que cela: la moder-nité de l’outil n’est pas forcément synonyme d’une meilleure efficacité de l’enseignement.Mais en même temps, on ne peut pas passer à côté des possibilités d’apprentissage qu’of-frent les outils numériques; et l’Éducation nationale doit maîtriser ce chantier, sinon d’autresle feront à sa place… Moi, je suis confiant pour l’avenir, et j’aiconfiance dans la capacité des enseignants à utiliser l’ou-til à bon escient. Beaucoup se sont lancés avec très peu de connaissances infor-matiques au départ, mais avec un dynamisme considérable, et ils ont découvert des possi-bilités qu’ils ne soupçonnaient pas. Je pense que l’outil est motivant, avec l’offre logicielle,toutes ses interfaces et les périphériques qui vont avec: caméra vidéo, appareil photo numé-rique, vidéoprojecteur… On a la possibilité de faire des choses très différentes. Il faut que danschaque établissement on définisse une politique, on formalise un projet, avec un cahier descharges pour dire ce qu’on attend des élèves, etc. Il y a plein de pistes de tra-vail. Alors, vive l’imagination!> Pourquoi cette évaluation? C’était l’occasion de dresser un bilan intermédiaire à l’issue d’unepremière année de pratique. À mon sens, il faut maintenant laisser passer du temps… Dans cet-te histoire, l’aspect expérience en grandeur nature est fondamental car sur ces questions, per-sonne n’avait de réponse a priori. Il faut arrêter de croire qu’il y a des gens qui sont dans la com-pétence absolue, qui sont capables de tout prévoir, de tout penser, et d’autres qui appliquent…Nous sommes ici devant un problème complexe et il faut travailler ensemble, parce qu’une per-sonne seule, un enseignant, un IPR1 n’importe qui n’est pas en mesure d’avoir une idée lumi-neuse applicable par tout le monde, partout, et à tout moment. Nous disposons d’un outiltechnique: certains enseignants ont eu des idées à partir de cet outil, ils ont tracé des pistes;maintenant, il me paraît intéressant de les partager, de les confronter; et c’est à partir de cespratiques que l’on pourra réfléchir pour aller plus loin.> L’informatique, solution miracle? L’ordinateur, c’est un outil polyvalent, on peut lui faire fai-re des choses très différentes, voila pourquoi il est si difficile de faire le point et d’évaluer lesretombées de cette opération. Mais c’est aussi un catalyseur qui peut accentuer certains dys-fonctionnements ou certaines dérives pédagogiques… C’est le cas, par exemple, de l’usagedes documents «à trous» – ce sont des documents dans lesquels l’élève doit se contenter deremplir les vides d’un texte déjà rédigé. Cette pratique existait déjà avant l’ordinateur, maisl’outil la rend plus facile à mettre en œuvre… Il peut également être assez fascinant – et sécu-risant pour certains enseignants – de penser que par les moyens informatiques, on peut

Entretien

1inspecteur pédagogique régional

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fournir en quantité des textes et des documents aux élèves… mais paradoxalement, ducœur même de cette profusion peut naître une impression de vacuité, surtout si les élèvesne sont pas suffisamment placés en situation de produire par eux-mêmes.> Apprendre à apprendre? Ce qu’il faut viser, c’est que les élèves acquièrent les méthodesqui leur permettront de maîtriser l’information quel que soit le support. J’ai indiqué dans monrapport qu’il est essentiel d’obtenir que les élèves sachent systématiquement identifier leurssources, et même qu’ils joignent à leur devoir la page sur laquelle ils ont trouvé les élémentsde leur réponse – ne serait-ce que pour que l’enseignant puisse savoir facilement si l’élève acompris quelque chose par lui-même, ou s’il a simplement recopié.> S’exprimer, écrire? L’enjeu fondamental, c’est l’apprentissage et la maîtrise de la langue, àtravers la pratique de l’écrit et de l’oral. Un cours au collège, ce n’est pas uniquement la trans-mission d’informations d’un émetteur, le prof, à un récepteur, l’élève. C’est un moment pen-dant lequel on est actif, on réfléchit, on produit… Il est très important que l’élè-ve produise lui-même des textes. La présentation assistée par ordinateurpeut avoir un aspect très motivant; il faudrait arriver à ce que chaque élève ait l’occasion deréaliser deux ou trois productions par an, sur des sujets qu’il choisit. Cela peut être un expo-sé sur une partie du programme, ou un thème plus libre, par exemple relater un match de rug-by… tout ce qu’on veut. Il faut savoir jouer sur leurs passions et valoriser toutes les formesde culture. L’important est que l’élève développe une vraie stratégie de présentation: «Quelleest l’idée que je veux faire passer? Comment vais-je la présenter?» La prise de paro-le est très importante.Ça oblige à structurer un raisonnement. Pour les plus inhi-bés, ça peut les aider à sortir de leur coquille. Si on arrive à ce qu’un élève, à la fin de la clas-se de troisième, soit capable de faire une présentation orale – sans notes mais avec l’assistancede l’ordinateur – devant un groupe… de défendre ses idées de manière argumentée, de par-ler devant les autres, eux-mêmes capables de le questionner… alors on aura beaucoup avan-cé! ¶ Un professeur de physique a mené un travail très intéressant de production de texteen réseau: les élèves devaient formuler la conclusion d’une expérience, donc produire unephrase argumentée: chacun écrit sa version dans l’ordinateur; l’enseignant peut alors dire«Sandra, Benjamin… on prend ton texte, on l’affiche et on le commente.» Il y a un débat dansla classe. L’intérêt de la démarche, c’est qu’elle suscite une motivation individuelle importante:«Mon texte risque d’être affiché, alors ça vaut le coup, je m’y mets…». Elle instaure dans unsecond temps une réflexion et une production collective, qui ont un intérêt sur le plan scien-tifique (Est-ce que ce qui est formulé est juste?), et sur celui du langage. On peut essayer d’amé-liorer la phrase déjà formulée; chacun peut aussi comparer sa phrase de départ avec le résul-tat finalisé et validé collectivement.> Les ordinateurs dans les classes? Deux modes d’utilisation sont possibles: soit tous les ordi-nateurs de la classe sont en service et chaque élève dispose d’un outil individuel, soit seul l’or-dinateur du professeur est en service, et devient outil de communication pour l’enseignant, parle moyen du vidéoprojecteur ou du tableau numérique. L’avantage premier de l’outil informatique,la valeur ajoutée entre le papier et l’ordinateur, c’est la possibilité de faire du dynamique: uti-liser la vidéo, la schématisation dynamique, introduire de la dynamique dans la logique mêmede la présentation… ¶ Quand les élèves utilisent tous leur ordinateur, il peut y avoir risque dedispersion. Il faut savoir que les professeurs disposent d’un logiciel qui leur permet de prendrela main sur tous les ordinateurs de la classe: ils peuvent même neutraliser le réseau à un

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moment donné et revenir à des écrans noirs, pour passer àune autre phase de leur cours.> Écrire à la main ou au clavier ? Il faut être enmême temps prudents et ouverts.Prudents: ne pas négliger l’importance du geste d’écrire pourapprendre, et ce qui se passe au niveau psychomoteur à tra-vers ce geste. Ouverts, parce qu’on voit bien que certainsélèves réussissent à s’approprier l’outil informatique, ils sai-sissent directement les cours sur l’ordinateur, ils parviennentà organiser leurs informations, etc. Il n’y a pas, en la matiè-re, de vérité absolue: certains ne sont pas dérangés par le chan-gement de support et passent facilement du stylo à l’écran,d’autres nous ont dit ne pas arriver à lire sur écran et avoirbesoin du support papier.Dans les différentes matières ? > Pour ma discipline, lessciences physiques, les ordinateurs ouvrent des possibilitésintéressantes, par exemple, pour comprendre les saisons,ou pour les phases de la lune… En physique, vous savezque la mécanique c’est toujours assez austère. Avec la vidéo,on a la possibilité de filmer par exemple un lancer de ballonde basket, un logiciel permet de pointer, avec la souris, lecentre du ballon et ensuite de dessiner la trajectoire. Dupoint de vue de la didactique des sciences, c’est formidable:vous passez de l’approche sensitive, « je vois l’objet», à laconceptualisation mathématique, « j’ai mon système gra-dué, en x et en y, avec les points qui matérialisent une tra-jectoire. À partir de là, vous pouvez passer à une approchequantitative, pour essayez de dégager une loi… Ce sont deschoses qu’on ne peut pas faire sans l’outil informatique.> En histoire-géo, avec les cartes dynamiques, on arrive à uneefficacité de la transmission d’information phénoménale…D’ailleurs les élèves nous y ont fait référence spontanément:«Oui, là c’est vrai, avec les cartes ani-mées, j’ai mieux compris…» > En coursde lettres, des choses très intéressantes ont été faites, notam-ment pour l’analyse des images… > En ce qui concerne l’ap-prentissage des langues, l’objectif premier pendant le cours,c’est la communication; et c’est bien clair que pour certainesséquences de discussion, il vaut mieux éteindre les ordina-teurs. Par contre, la possibilité d’accéder à des supports vidéoenregistrés dans la langue étudiée et de travailler avec ce«répétiteur» à la maison, c’est magnifique. Il faut cepen-dant bien faire comprendre aux élèves qu’ils ont un travailà faire à la maison, et que si la collectivité met à leur dispo-

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10 sition pendant un an un matériel coûteux, c’est aussi à eux d’en saisir la chance!> Un grand chantier pour les enseignants? Oui, un chantier ambitieux mais très exigeant!Si l’enseignant prévoit de faire une heure entière, uniquement sur le support informatique,les élèves risquent de ne pas suivre; on tombe rapidement dans une espèce de ronronnement,on perd leur attention… Il faut donc diversifier les modes d’apprentissage, il faut varier lestypes d’activité, il faut rythmer les séquences. Je ne pense pas du tout que l’outil informa-tique puisse, par lui-même, révolutionner l’approche de l’enseignement. Ce qui change fon-damentalement pour l’enseignant, c’est l’idée qu’il ne travaille plus tout seul. On ne peut pasdemander à chacun de concevoir son produit multimédia au même titre qu’il concevait soncours. Mettre au point de tels outils demande beaucoup detemps. C’est l’idée, qui s’amorce déjà, et qui va forcément se développer, de mutualisa-tion des ressources; c’est l’idée que la production doit être collective. «J’ai fait ça, j’en faisprofiter les autres… untel me dit : je pense qu’on peut améliorer là… je le modifie».Voilà cequi va, je pense, modifier considérablement les pratiques d’enseignement.> Du côté des manuels scolaires… Je ne sais pas s’il est souhaitable d’avoir une solutionpurement informatique ou une solution mixte qui maintiendrait un livre papier réduit, àcôté des ressources informatiques… On pourrait, par exemple, exploiter les possibilités delien hypertexte pour imaginer des exercices interactifs adossés à des aides à différentsniveaux. L’élève pourrait ainsi choisir celle qui lui est nécessaire. Ces pistes n’ont pas – enco-re – été vraiment explorées, parce que cela représente un engagement et un travail colossal :il faut arriver à séquencer la pensée, à comprendre ce qui se passe dans la tête d’un élève quiréussit, ou non, à faire un exercice… de manière à pouvoir l’aider efficacement. Je souhai-terais également que les manuels scolaires ne soient pas figés, qu’on ait le temps de les fai-re mûrir un peu; que les gens qui les utilisent puissent influer sur ces outils…> Intérêt des ordinateurs portables? Le fait de doter individuellement chaque élève, c’est-à-dire le fait qu’il puisse ramener l’ordinateur chez lui, c’est ce qu’il y a de plus coûteux. On auraitpu s’arrêter à l’étape un, qui consiste à doter simplement tous les enseignants d’un ordina-teur, ou bien à l’étape deux, qui aurait consisté à favoriser aussi l’usage des ordinateursdans l’enceinte du collège. Le choix a été fait de permettre à chaque élève de garder l’ordi-nateur et de le ramener chez lui. Je pense qu’on n’a pas encore suffisamment accompagnéce choix dans toutes ses conséquences: par rapport au travail à la maison, il faut impérati-vement renforcer certains axes, dans le domaine de l’apprentissage des langues par exemple,ou bien dans celui de la recherche documentaire.> Les jeux vidéo? Il faut en parler… On sait que les enfants jouent chez eux, mais c’est unequestion de dosage… Je pense qu’il faut être prudent, se méfier du caractère aliénant que peu-vent avoir certains jeux vidéos, et expliquer que l’ordinateur est avant tout un outil de travail.> En conclusion? Cette expérience en vraie grandeur a créé une véritable dynamique: les ensei-gnants ont vécu le temps des tâtonnements, de l’expérimentation… Pouvait-il en être autre-ment? Bien malin qui pourra dire comment sera une salle de cours dans trente ans, notam-ment à propos de l’interface homme/machine; on en est à la saisie clavier, on passera peut-êtreà la saisie vocale… L’essentiel, par-delà cette question de tech-nique, c’est de veiller à rendre l’accès à la culture le plusdirect et le plus ouvert possible pour l’élève.

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RAPPORT D’ÉVALUATIONL’évaluation effectuée sur le terrain par huit inspecteurs de l’académie de Bordeaux, a fait l’objet d’un rapport remis mi-mai 2003 à M. Patrick Gérard, recteur de l’académie. Pierre Lacueille, inspecteur de sciences physiques a assuré la coordination et la synthèse des travaux.

RÉSUMÉ ET EXTRAITSSix établissements visités«L’évaluation pédagogique de l’opérationun collégien, un ordinateur portable s’estdéroulée du 27 février au 20 mars 2003.Six établissements choisis pour leur diver-sité (établissement rural ou urbain, collègeen cité scolaire, collège classé ZEP1, éta-blissement avec SEGPA2 intégrée) ont étévisités. L’un d’entre eux fait partie des troiscollèges du département équipés en ordi-nateurs portables dès la rentrée 2001. Leprotocole de l’enquête a été identiquepour chaque établissement: observationde séquences de cours, échanges avecl’équipe de direction, les enseignants, desélèves volontaires de classes de troisième.Dans un établissement, l’équipe d’évalua-tion a pu rencontrer les parents d’élèves».

Un bon accueil des utilisateursCôté enseignants, «la grande majorité aplutôt bien accueilli ces nouveaux outils…Dans chacun des établissements visités cinqà six professeurs se sont très fortementinvestis dans le projet», seuls «quelquesprofesseurs déclarent ne pas du tout uti-liser l’outil».Les professeurs utilisent fréquemmentleurs portables et les équipements péri-phériques de diffusion (vidéoprojecteurs)avec les classes pour lesquelles les élèves nesont pas équipés de portables (6e, 5e, 4e).Les enseignants sont soucieux de mainte-nir la prise de notes écrite.«La très grande majorité d’entre eux décla-re avoir eu besoin d’une première phased’appropriation technique de l’outil ».Dans ce cadre, « la présence et l’investis-sement des différents emplois jeunes» leura été « d’une aide précieuse leur ayantpermis de dépasser certaines appréhen-sions et difficultés techniques». Les pro-fesseurs « les plus engagés» savent queleurs investissements ne porteront «plei-nement leur fruit qu’à partir de la deuxiè-me année. Ces professeurs sont fortementdemandeurs d’un dispositif de formationet de soutien au plus proche du terrain».

Côté élèves, « leurs attentes vis-à-vis del’utilisation des ordinateurs portablesétaient assez fortes, essentiellement d’unpoint de vue quantitatif. Ils estiment uti-liser insuffisamment le portable à l’inté-rieur du collège et montrent des dispari-tés d’utilisation importantes d’une classeà l’autre».Ils reconnaissent une certaine difficulté àaborder l’ordinateur comme outil de tra-vail. Mais tous « estiment avoir faitd’énormes progrès dans la maîtrise tech-nique de l’ordinateur et déclarent en pos-séder l’usage de manière satisfaisante».Ils sont unanimement satisfaits «de pou-voir disposer à domicile de données docu-mentaires de qualité. Certains parlentmême d’une mise à égalité devant l’accèsaux informations».

Une réflexion pédagogique fondée sur les pratiques« Au sein de chaque établissement, laréflexion pédagogique autour de l’utili-sation de l’outil informatique s’est géné-ralement faite par champ disciplinaire.Dans l’état actuel d’avancement des pra-tiques, il n’y a pas eu de réflexion collec-tive, autour de problématiques communesà l’ensemble des disciplines : la place del’écrit, la recherche documentaire, lesmodifications entraînées pour le travailpersonnel de l’élève».

La diversité des usages disciplinaires«L’incroyable richesse documentaire» estreconnue par tous les professeurs et pro-fite à toutes les disciplines. Une partie desprogrammes est abordée sous forme derecherche documentaire restituée en pri-vilégiant, suivant les professeurs ou les dis-ciplines, l’oral et l’utilisation de logicielsde présentation assistée par ordinateurou le rendu de documents écrits. Maischaque discipline développe des usagesparticuliers.Si en Éducation Physique et Sportive lesexercices corporels sont privilégiés, l’utili-sation de l’ordinateur permet ponctuel-lement l’analyse du déroulement d’unmatch de sport collectif avec une vidéo, leperfectionnement du maintien d’équilibreavec des photographies numériques, lagestion de l’effort par prises d’informa-tion sur tableurs…En Technologie, les professeurs «possé-daient déjà une forte culture d’utilisationde l’outil informatique». Donc, « les pra-tiques pédagogiques et les activités desélèves ne semblent pas avoir été dans denombreux cas fondamentalement modi-

fiées». Mais, «le fait pour chaque élève depouvoir disposer d’un poste de travail indi-viduel apporte une indéniable souplessed’organisation à la classe. L’élève peut éga-lement «achever à la maison un travailcommencé en classe et parfaire ainsi samaîtrise des différents logiciels».«Les professeurs des Sciences et Vie de laTerre sont nombreux à être fortementinvestis dans l’utilisation du nouvel outil.»Parmi les apports on peut citer les obser-vations de virus ou de bactéries jusque-làfreinées par les contraintes sanitaires.«Force est de constater dans de nombreuxcas une incontestable amélioration descompétences acquises par les élèves dansla recherche, le tri et le traitement de l’in-formation». «Il convient cependant… demaintenir, dès que cela s’avère possible,des activités pratiques de laboratoire» lecouplage, caméra numérique et microsco-pe peut concilier les deux approches. Despistes sont également ouvertes par l’EXAO3.Là aussi, l’ordinateur individuel peut assou-plir l’organisation du travail dans la classe.Par exemple: «une partie des élèves tra-vaille sur une activité documentaire préci-se pendant que les autres conduisent unedémarche expérimentale».Les professeurs de Sciences Physiques uti-lisent les logiciels spécialisés. Mais ils «sontconscients dans leur grande majorité de lanécessité de continuer à proposer uneapproche pratique et concrète du réel».Les pistes offertes par l’EXAO restent àexploiter.Les professeurs de Mathématiques «sontquasi unanimes à saluer l’intérêt pédago-gique des logiciels spécialisés dans ledomaine de la géométrie». Mais l’inves-tissement en temps nécessaire à leur maî-trise par l’élève les conduira à proposerune familiarisation dès la quatrième. «Lestableurs sont également assez régulière-ment utilisés, répondant en cela à desconsignes très précises des programmesnationaux».«Les professeurs de Lettres semblent avoireu dans leur ensemble une plus grandedifficulté à trouver rapidement un moded’utilisation de cet outil qui soit à leursyeux pertinent». Mais ils l’utilisent pour lesapprentissages liés à la lecture de l’imageet saluent unanimement l’implantation

-----1 Zone d’éducation prioritaire2 Section d’enseignement général

et professionnel adapté3 Expérimentation assistée par ordinateur

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sur les ordinateurs portables de diction-naire et d’encyclopédies. «Les enseignantsremarquent en particulier un recours beau-coup plus systématique des élèves à l’uti-lisation du dictionnaire». «Les professeursde lettres classiques sont quant à eux trèssatisfaits des possibilités offertes par cenouvel outil dans le cadre du travail sur lescivilisations anciennes».Dans le domaine des Langues vivantes,l’écoute de texte suivi d’un travail de com-préhension ou de reformulation écrite cor-respond à un travail individuel d’appro-priation par l’élève à la maison. En classec’est le vidéoprojecteur qui favorise « lespratiques pédagogiques intéressantes etmotivantes pour les élèves : travaux sur lapresse quotidienne des pays étrangers,site Internet en langue étrangère».En Histoire et géographie, les enseignantsont un usage très fréquent du vidéo pro-jecteur (certains disent même qu’ilsauraient beaucoup de mal à s’en passerdorénavant) «à l’appui de leurs cours surles grands événements du 20e siècle, ilsutilisent photographies, enregistrementssonores ou films d’époque et expliquent lesenjeux et déroulements des grands conflitspar des cartes animées. «D’une manièregénérale la présentation dynamique desdocuments facilite grandement l’assimi-lation du raisonnement par l’élève».Dans le domaine des Arts plastiques,Internet offre un accès plus large à la cul-ture : sites artistiques, ateliers d’artistes,interviews. Un site académique permet lamise en commun des productions etrecherches d’élèves. Les équipements péri-phériques (appareil photo numérique,caméra vidéo, scanner et vidéo projecteur)«enrichissent considérablement les pra-tiques pédagogiques… en favorisant lescomportements autonomes de l’élève».

Des problématiques transversales à approfondirLe rapport analyse deux modes de com-munication au sein de la classe.> le professeur est le seul utilisateur del’outil et diffuse ses supports de travail parle biais d’un vidéoprojecteur. «Dans la trèsgrande majorité des séquences observées,l’apport de cet outil est d’ailleurs indé-niablement une avancée: les documentsproposés à la classe sont beaucoup plusriches et, quand ils sont bien conçus, faci-litent grandement la structuration de laréflexion de l’élève».> l’ensemble des acteurs de la classe utili-

se les ordinateurs portables. «Pour cer-tain type d’utilisation, ce mode d’organi-sation s’avère parfaitement justifié etapporte une indéniable valeur ajoutée audéroulement de la séance». C’est ainsi vraipour l’utilisation des logiciels spécialisésen mathématiques, sciences expérimen-tales, technologie, arts plastiques… Enrevanche, pour l’étude et l’exploitationde ressources documentaires communes,l’utilisation par chaque élève d’un ordi-nateur portable nuit à la qualité de com-munication au sein de la classe. Certainsévoquent de véritables « barrièresd’écran». «Ce mode d’utilisation pose éga-lement un problème d’écoute et d’atten-tion de la part des élèves».«L’utilisation des ordinateurs portables ad’une certaine manière réactualisé et redy-namisé le débat relatif à la place et aurôle de l’écrit dans les enseignements».> «Le premier problème soulevé est la pla-ce et le rôle donnés à la prise de notescomme activité formatrice pour l’élève…Il est fondamental qu’à un moment ou àun autre de la leçon, l’élève réfléchisseseul sur la manière de formuler et d’inté-grer par le biais de l’écriture les notions quiviennent d’être abordées».> Le second problème est le choix entrel’écrit à la main ou avec la machine. Latechnique de saisie directe par le biais duclavier d’ordinateur est acceptable si elle necrée pas de gène dans le déroulement dela séance. Certains élèves ne perdent pas detemps et organisent mieux le rangementde leurs documents, «mais on peut s’in-terroger sur la capacité de la majorité desélèves à gérer ce type d’organisation»«La pratique de la recherche documen-taire est largement diffusée ». Cettedémarche doit être encouragée pour«exercer, le plus tôt possible la capacitéde l’élève à conduire une recherche et uneexploitation autonome d’informations».Mais, «certains élèves admettent procé-der beaucoup plus par une méthode decopier/coller que par un véritable travail desynthèse et de reformulation».« Il convient donc de définir rapidementdans chaque établissement un cahier descharges commun à l’ensemble des disci-plines fixant les objectifs d’acquisition etles modalités de travail propres à larecherche documentaire».> La définition initiale du travail à fournirdoit préciser la nécessité d’un travail per-sonnel répondant à une problématique.> L’élève doit être habitué à diversifier et

à préciser ses sources d’information.Pour ce qui est du travail individuel desélèves à la maison, « le fait pour chaqueélève de disposer à domicile d’un ordina-teur portable équipé de logiciels et de res-sources documentaires est indéniablementun élément fort de démocratisation. Mais,paradoxalement, les possibilités de modi-fier par le biais de cet outil les pratiques detravail individuel de l’élève à la maisonont été, pour l’instant, relativement peuexploitées». Il mériterait, en particulierque soient développés des outils permet-tant une approche plus individualisée dutravail de l’élève. Des exercices autocor-rectifs de niveaux différenciés dans les-quels des outils hypertextes permettentd’accéder à des conseils méthodologiquesou aux connaissances nécessaires à la réso-lution de l’exercice, offrent l’avantageindéniable de pouvoir être adapté aux dif-férences de niveaux des élèves.

C’est dans cette perspective d’explorationsà poursuivre que se conclut ce rapport :«Le fait de doter individuellement chaqueélève de troisième d’un ordinateur por-table a incontestablement renforcé sa maî-trise technique de l’outil informatique. Encette première année de mise en place dudispositif, les enseignants ont essentielle-ment cherché à se familiariser avec l’utili-sation de ces nouveaux équipements (ordi-nateur, matériel de projection, offrelogicielle). Sur le plan pédagogique, denombreuses pistes de travail ont été explo-rées. Certaines sont pertinentes et débou-chent d’ores et déjà sur des pratiques de ter-rain fortement enrichies par l’apport del’outil informatique. Citons plus particuliè-rement la possibilité offerte aux enseignantsd’utiliser des outils de communication aus-si performants que le vidéoprojecteur ou letableau numérique, ou la possibilité pourles élèves d’accéder à des ressources docu-mentaires aussi riches que diversifiées.D’autres sont à aborder pour le momentavec plus de circonspection mais laissentprésager pour l’avenir, une fois la réflexionsuffisamment avancée, un large champd’applications. C’est le cas de tout le tra-vail pédagogique mené autour de la maî-trise de la langue (démarche qui devrapasser par un nécessaire renforcement dutravail écrit de l’élève) et de la réflexion àconstruire autour d’une approche plusindividualisée du travail personnel deman-dé à l’élève.»

L’intégralité du rapport est disponible sur http://www.landesinteractives.net/info/bilan_educ.htm

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Il y a plein de pistes de travail. Alors, vive l’imagination ! Pierre Lacueille

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-----EspagnolSi le portable est au centre des cours de la classe d’espagnol de Sandrine Tachon, professeurd’espagnol au collège Jean-Marie Lonne d’Hagetmau, il semble disparaître au profit d’uneréelle participation orale collective et des échanges entre les élèves et avec le professeur. «Jel’utilise avec le vidéoprojecteur afin de projeter à tous les élèves les documents, précise l’en-seignante, […] tous les documents qu’on utilisait de façon classique auparavant. Aucun élè-ve ne peut se cacher dans son texte.» ¶ Le logiciel Synchron’Eyes complète le dispositif dedeux façons. D’une part il permet de procéder à des corrections individuelles, en projetantsuccessivement le travail de chacun à l’écran. L’élève est amené à participer en lisant son tra-vail, qui est corrigé collectivement. D’autre part, lorsque l’enseignante aborde une partie pure-ment orale de son cours, elle bloque tous les ordinateurs, évitant ainsi toute tentation…¶Des débuts difficiles > Le déroulement des cours de Sandrine Tachon est aujourd’hui bien rôdé.Elle reste cependant prudente sur les résultats : «Il est beaucoup trop tôt pour parler d’amé-lioration ou de baisse de niveau». Pour les enseignants, cette année aura en effet été cellede l’intégration pédagogique du portable, et la période d’adaptation a souvent été diffici-le. Sans parler de la maîtrise des aspects techniques : «On a perdu beaucoup de temps avecdes problèmes techniques que nous ne savions pas résoudre nous-même» déclare-t-elle.Raison pour laquelle le programme a subi, au moins dans les premiers temps, un certain retard.Un petit regret encore: ne pas toujours disposer du matériel nécessaire tels que, tout sim-plement, des rideaux dans les salles qui permettraient de mieux voir les écrans. ¶ Un outil trèspratique > Le bon usage de l’outil va de pair avec une bonne organisation. Par exemple, pourréduire les pertes de temps occasionnées par les branchements et les connexions àSynchron’Eyes, les élèves ne peuvent pas s’asseoir avant d’être tous connectés. Ils procèdentdonc plus vite à ces manipulations : le cours peut alors se dérouler normalement, et tous lesélèves participer. Globalement, Sandrine Tachon s’avoue très satisfaite : «Je dirais que c’esttrès pratique parce qu’on n’a pas à apporter différents manuels, nous disposons de tous lesdocuments à l’intérieur de l’ordinateur. […] On n’a pas besoin non plus de magnétophone,tout peut être fait à partir de l’ordinateur». Un avantage que devraient aussi partager lesélèves : «théoriquement, ça allège beaucoup le cartable».-----AnglaisL’expérience du portable, Michelle Tyne, professeur d’anglais en classe au collègeJean-MarieLonne à Hagetmau, l’a faite dans des conditions particulières puisqu’elle enseigne cetteannée dans une classe de 3e Segpa1. Ces élèves, souvent en difficulté vis-à-vis de l’anglais, ontpourtant bien réagi et ont trouvé là un regain de motivation grâce à des activités mêlant l’ap-prentissage de la langue à des applications portées par l’outil informatique. «Nous avons essayéde préparer un yearbook cette année, ils ont donc pris des photos et nous avons écrit des com-mentaires sur ces photos.» Cependant, face au comportement de certains élèves, qui ont ten-dance à quitter l’application en cours pour investir Internet, la classe a rapidement été divi-sée en demi-classes. ¶ Des possibilités intéressantes en langues > Parce qu’elle n’enseigne quedans cette seule classe de troisième, Michelle Tyne se sert peu de son portable en classe. «Parcontre, déclare-t-elle, je m’en sers beaucoup personnellement pour mes préparations de

du côté des enseignants…

1 Section d’enseignement général et professionnel adapté

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cours, mes contrôles, naviguer sur Internet, trouver des renseignements.» L’année prochai-ne, elle souhaite l’utiliser avec les classes de troisième qu’elle pourra avoir. Mais elle consta-te que ses collègues ont pu éprouver des difficultés, et qu’une période d’adaptation leur aété nécessaire. En langue, les possibilités sont intéressantes, estime-t-elle, au niveau de larecherche, des exercices, sans négliger le côté ludique. «Je sais aussi que dans notre portablenous avons un manuel avec beaucoup de vidéos, et ça, c’est très intéressant» conclut-elle.-----TechnologieProfesseur remplaçant pour quelques semaines à Amou, Stéphane Baury utilise l’ordina-teur portable avec bonheur en cours de technologie: «C’est une matière dans laquelle il estfacile de mettre en place des séquences de travail courtes, il n’y a pas à proprement parlerde programme à reprendre à la suite de l’enseignant remplacé, et pour cela, le portable estun outil idéal qui permet une grande souplesse.» Dans un premier temps, le cours a été consa-cré à la découverte d’un logiciel de création et de gestion de base de données. Les élèvesont appris à créer une base, des fiches, à l’alimenter puis à s’en servir en écrivant des requêtesou en triant les données. Trois séances de deux heures y ont été consacrées et une séancefinale a servi à l’évaluation. ¶ Une multitude d’applications > Actuellement, les élèves doi-vent réaliser un diaporama, sur un sujet qu’ils ont choisi eux-mêmes, en concertation avecl’enseignant. C’est le moyen pour eux de découvrir un nouveau logiciel, tout en mettant enapplication plusieurs acquis informatiques fondamentaux, comme la maîtrise du traitementde texte ou la manipulation d’images. La recherche d’informations s’effectue en classe surInternet ou bien sur les encyclopédies électroniques du portable, ou également à la biblio-thèque municipale, afin de ne pas défavoriser ceux qui ne pourraient pas se connecter dechez eux ou en dehors des heures de cours au CDI. Après la synthèse des différents élé-ments recueillis et la rédaction d’un plan, la mise en pratique est réalisée en autonomie surun logiciel de PréAO, le professeur n’intervenant qu’en cas de problème. «J’ai constaté quesi on les assiste en permanence, les élèves retiennent beaucoup moins de choses que si onles laisse chercher», déclare-t-il. ¶ Le temps de l’appropriation > Cette attitude, Stéphane Bauryl’a adoptée suite à l’expérience acquise l’an passé à Mimizan, dans un des trois collègestests qui ont servi de point de départ pour l’opération: «L’année dernière je les ai amenésà faire ce que je voulais un peu trop rapidement, je ne leur ai pas laissé le temps de s’approprierl’outil.» Il reconnaît aussi avoir moins d’appréhension, et mieux parvenir à anticiper les pro-blèmes qu’il a pu rencontrer l’année précédente. Vis-à-vis de ses collègues enseignants quipeuvent à leur tour être confrontés à certaines difficultés, Stéphane Baury se veut rassurant:«J’ai la chance de travailler avec l’informatique depuis plusieurs années en technologie, ilest tout à fait normal que certains aient des difficultés, des réticences et qu’ils l’utilisent avecplus de parcimonie. Il faut laisser du temps au temps.»-----Sciences physiquesEn sciences physiques, les cours d’Agnès Joie, professeur de sciences physiques au collège Jean-Marie Lonne àHagetmau, sont généralement rythmés par trois séquences: ils commencent parles expériences, suivies des énoncés et se terminent par des exercices d’application. C’est prin-cipalement au niveau de la leçon que les ordinateurs portables sont utilisés. Les cours prépa-rés par l’enseignante sont récupérés par les élèves sur le serveur. En classe, pendant que la leçon

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> ci-dessus et ci-contre :Jouer sur des couches transparentes. Petit travail de prise en main du logiciel de dessin.collège de Grenade sur Adour, classe de 3e

> à droite :«Seuil, espace, zone, temps ... Entre.»Le temps d’une rosecollège de Mont-de-Marsan, classe de 3e

http://artsplastiques.ac-bordeaux.fr/galerieClg.htm

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20 En première ligne !> Christine Caset est professeur documentalisteau collège Serge Barranx, à Montfort-en-Chalosse:Au début j’ai eu l’impression d’être l’oubliée du projet, com-me si le Centre d’information et de documentation (CDI)n’avait plus de raison d’être à partir du moment où on trou-vait, sur les portables, une encyclopédie, des dictionnaires,un accès à Internet, etc. Il me semble qu’on avait sous-estiméle rôle du documentaliste. ¶ Le CDI, c’est une bibliothèque,pour la littérature et la lecture-plaisir ; c’est un lieu vivant,ouvert sur toutes les formes de culture: le théâtre, le cinéma…Le professeur-documentaliste doit faire en sorte que ce lieusoit cohérent, bien organisé, accueillant. Il gère le fonds, lesprêts, les rappels… Il est lui-même enseignant, membre d’uneéquipe dans un établissement scolaire. Si les professeurs sontdu côté du savoir, le documentaliste, qui n’est pas spécialisted’une matière, est plutôt du côté du savoir-faire: son rôle estd’aider les élèves à s’organiser, à trouver les documents et àretenir les informations essentielles… ¶ L’informatisation desfonds documentaires a révolutionné les CDI > Le passage du fichier papier au fichier infor-matique enrichit considérablement les potentialités de recherche: avant, nous avions unfichier auteurs, un fichier titres et un fichier matières. Maintenant, on peut croiser les entrées…Vous faites, par exemple, une recherche sur «les loups», mais pouvez aussi rajouter le critè-re «niveau cinquième»… Le logiciel de recherche des CDI est une très bonne initiation à larecherche sur Internet. ¶ Le portable ne remplace pas les livres > C’est un outil supplémen-taire et pour les élèves, c’est un outil attractif, personnel ; ils y stockent des images, des docu-ments, des lettres… ils y tiennent beaucoup et il leur serait difficile de revenir en arrière main-tenant, peut-être même impossible. ¶ L’utilisation des portables, au CDI, c’est magnifique: l’élèvepeut trier l’information, mener une vraie recherche… et s’il réussit à produire par lui-mêmeà partir de ce qu’il a trouvé – faire un exposé, ou bien un petit diaporama… – alors, c’est gagné!¶ Je guide les élèves > Je leur apprends à se servir des moteurs, à bien formuler leur équa-tion de recherche; je leur explique le sens et l’usage des opérateurs: et/ou/sauf. Il faut aussiqu’ils sachent trier les informations, sélectionner dans une masse de titres celui qu’il faudraexaminer. Je leur demande de vérifier leurs sources: «Qui me donne cette information? unpassionné, un fou, une classe de troisième qui a fait un travail, certes intéressant, mais pas for-cément très complet…» ¶ Les élèves sont tentés de s’arrêter, dès qu’ils ont trouvé une répon-se. Comme un enquêteur, ils doivent apprendre à croiser les informations, à faire preuve d’es-prit critique… ¶ J’insiste aussi pour qu’ils prennent l’habitude de noter l’origine du document:c’est très important de pouvoir dire «j’ai trouvé telle réponse, dans tel document, écrit par tel-le personne…» ¶ La règle > Très clairement, au CDI, l’Internet doit rester un outil de travail.On peut regarder des choses pour le plaisir, mais pas de chat, pas de messagerie… ¶ Les joiescopier/coller… > Avant les portables, ils photocopiaient les encyclopédies ou les diction-naires… Le rôle du documentaliste, c’est justement de pallier ces dérives, de leur faire com-prendre ce qu’est leur travail d’élève.

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est projetée à l’écran à l’aide du vidéoprojecteur et commentée, les élèves personnalisent viale traitement de texte le document qu’ils ont récupéré. «À la fin on imprime ce qu’ils ont faitparce qu’ils veulent absolument dans leur classeur avoir le cours sur papier et non pas apprendrela leçon sur l’écran» ajoute Agnès Joie. Mais il y a des dérives: certains élèves s’appuient surles meilleurs pour la prise de note, récupérant ensuite les impressions pour leur propre comp-te… ¶ Une utilisation limitée du manuel numérique > Le manuel numérique est utilisé «pasplus et pas moins que le manuel sur papier» car en sciences physiques le contenu est le mêmepour les deux supports, principalement pour les énoncés des exercices. La projection de ces énon-cés à l’écran apporte un peu de confort aux élèves dans la mesure où «ça leur évite d’avoir unlivre sur la table» précise Agnès Joie. Petit plus néanmoins du manuel électronique, les animationsprésentant des expériences: mais après une tentative, l’enseignante a renoncé à les utiliser:«autant les faire en vrai plutôt que de les montrer en vidéo», ajoute-t-elle. Pour contrôler l’ac-tivité des élèves, Agnès Joie utilise ponctuellement Synchron’Eyes, mais «difficilement» recon-naît-elle. Même lorsque les élèves «mettent un temps correct pour se brancher», elle préfèrecirculer dans la classe pour voir ce qu’ils font. ¶ Un gain de temps réel > En début d’année, AgnèsJoie a partagé l’inquiétude de ses collègues sur les retards accumulés suite à la mise en placede l’opération. Aujourd’hui elle constate que cette perte de temps est compensée par celui gagnéen ne copiant plus les cours, par elle-même sur le tableau, comme par les élèves dans leurs clas-seurs. Un gain de temps qui lui permet d’augmenter la part réservée aux exercices: «j’ai dou-blé le nombre d’exercices faits en classe». Pour elle, les élèves sont demandeurs, et souhaitentutiliser le matériel mis à leur disposition. «Mais, conclut-elle, ils se sont vite rendus compte qu’onleur demandait quand même toujours de travailler…»----FrançaisInterview d’Évelyne Pétinger, professeur de français au collège Lubet Barbon de St-Pierre-du-MontQue pensez-vous de la dotation en ordinateurs portables pour les élèves et enseignants detroisième ? Ce qui est bien en tant que professeur, c’est d’avoir le portable pour toutes lesclasses, les équipements communs comme les scanners, ou le vidéoprojecteur. Mais les condi-tions d’utilisation ne sont pas adaptées et peu de mes collègues s’en servent car il y a tropde manipulations : il faut aller le chercher, l’installer et le remettre dans son armoire blindéeà la fin du cours. C’est une grosse perte de temps. Autre exemple en français, il nous faudraitaussi une salle équipée correctement pour voir des films, insonorisée, avec un grand écran:on nous demande beaucoup de travailler sur l’image, mais nous n’en avons pas les moyens.Les supports numérisés vous paraissent-ils adaptés ? Il y a un problème au niveau du manuelnumérique Hatier, qui ne reprend qu’une faible partie des éléments de son modèle papier.En fait, et pour respecter le cadre du programme, je n’ai pu utiliser complètement qu’un seultexte de ce manuel depuis le début de l’année. De plus ce livre n’est pas celui utilisé au col-lège. En revanche, un autre manuel «Grammaire et communication» de chez Magnard,s’avère très bien fait et utile par les exercices qui sont proposés et qui permettent aux élèvesde travailler en autonomie chez eux. Enfin il faut reconnaître que d’un point de vue docu-mentaire, des outils comme l’encyclopédie Encarta, c’est vraiment génial. Mais l’utilisationqu’en font les élèves est très ludique, et ils ne savent pas toujours l’utiliser rationnellement.Manquent-ils de formation à la recherche ? Pour une part, c’est en effet un problème de for-mation, mais ensuite il faut qu’ils s’approprient l’information: et là leur approche est souvent

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22 très superficielle, ils jouent beaucoup du curseur, mais ne font pas l’effort de lire. Beaucoupd’élèves ne voient que l’aspect ludique de l’ordinateur. Même s’ils apprennent à le manipu-ler au travers des jeux, il faut aussi savoir travailler avec, comme il faut conserver l’habitudede travailler sans: je suis inquiète lorsque je vois des enseignants qui sont passés au 100 % por-table. Il est clair qu’aujourd’hui on ne peut pas ignorer l’informatique dans les enseigne-ments, mais comment vont réagir les élèves lors du brevet à la fin de l’année? Il faut qu’ils gar-dent l’habitude d’écrire. Personnellement, je leur apprends en ce moment à prendre desnotes, je les oblige à écrire. Si vous mettez en permanence un enfant qui écrit mal devant unordinateur, vous risquez d’en faire un illettré.-----Latin et GrecRos@, ros@, ros@m… À ceux qui garderaient une vision poussiéreuse d’un cours de latin oude grec, nous ne saurions trop recommander d’assister à ceux de Marion Delbousquet, pro-fesseur de Lettres classiques au collègeJules Ferry àGabarret. «Les ordinateurs sont ouvertsà chaque cours» déclare-t-elle. Et les outils utilisés sont variés : un dictionnaire électroniquede latin, «qui permet de traduire beaucoup plus facilement et de bien meilleure grâce» ; unepolice de caractère grecs, qui permet aux élèves d’écrire directement à l’écran, ce qu’ilsjugent «beaucoup plus agréable qu’écrire sur papier». Ce sont les élèves eux-mêmes qui ontinstallé ces deux outils, sous la houlette de l’aide-éducateur. Ils sauvegardent également dessites entiers sur leurs portables, afin de pouvoir accéder à tout moment à l’information. ¶ « Noussommes allés à Pompéi » > La fascination des enfants pour les civilisations anciennes, en par-ticulier les histoires de la mythologie grecque, est un moteur du cours de lettres classiques. Unefascination qui dompte même «les plus turbulents». Dans ces matières optionnelles, la moti-vation joue un rôle important, or selon Marion Delbousquet «l’ordinateur permet de se cul-tiver en s’amusant». ¶ Internet donne une ouverture sur les richesses artistiques, littéraires aus-si bien qu’historiques de la Grèce et de la Rome antiques. Recherche documentaire (à l’occasiond’un travail sur l’esclavage), visites virtuelles de sites (comme celui de Pompéi) ou de musées,rendent ces matières on ne peut plus vivantes. ¶ Relancer l’intérêt en latin et en grec> L’informatique ne fait pas tout, bien entendu. L’enthousiasme de l’enseignante ne doit pasfaire oublier son travail d’encadrement et de préparation: des questionnaires sont là pourorienter les «visites» et les recherches, et la participation orale des élèves est toujours solli-citée. Mais l’apport de l’outil informatique semble indéniable. «Surtout en latin car c’est leurtroisième année, et l’intérêt pour la matière s’émousse toujours un peu. Là il est vraimentrelancé.» Si Marion Delbousquet est tombée sous le charme de la «magie de l’ordinateur»,c’est aussi le cas de tous ses collègues de lettres classiques. «Ils vont même plus loin» : tra-vail en réseau, construction de site avec les élèves, copies électroniques…-----Éducation physique et sportive«Très branchée informatique», Danielle Sarciat, professeur d’éducation physique et sportiveau collège Léon des Landes à Dax, savait dès la rentrée comment elle utiliserait les ordina-teurs portables en EPS. Ce trimestre, les filles font de l’«acrogym» (mélange de gymnastiqueet d’acrobatie), et l’ordinateur est présent à toutes les séances. En salle, les élèves travaillentdes enchaînements sur un support musical : «Elles l’ont choisi par l’intermédiaire des por-tables, précise l’enseignante, en dehors de mes heures de cours», sur CD ou en réseau.

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L’important, c’est la démarche…> Fabienne Dupré est professeur d’arts plastiques au collège Jean Rostand, à Mont-de-MarsanMon premier objectif était d’inciter les élèves à convoquer les outils numériques au mêmetitre qu’ils utiliseraient les ciseaux, la colle ou la gouache, pour mettre en œuvre leur travail,et ce, en exploitant la spécificité de ces nouveaux outils. ¶ Avec un logiciel de retouche, il esttrès facile, au moyen de la fonction «calques», de séparer les différentes strates de l’image…et d’amener ainsi l’élève à visualiser le processus de construction de cette image. Par exemple,après avoir analysé un tableau de Vélasquez, Les Ménines, j’ai demandé aux classes de 3e deréfléchir sur la notion de contexte: il s’agissait de choisir une figure, de l’isoler puis de repla-cer celle-ci dans un autre contexte afin d’intervenir sur le sens premier de cette figure. Le tra-vail avec les calques a permis de jouer sur l’ordre des superpositions de ceux-ci pour affinerla composition en variant les possibilités de réponses. ¶ En peinture, nous avons allié supporttraditionnel (papier et gouache sur grand format) et support numérique: à propos d’un tra-vail engageant l’action du corps et l’inscription de celle-ci sur le support, les élèves ontmémorisé les états successifs de leur travail au moyen de l’appareil photo numérique et dela vidéo. Dans un deuxième temps, ils ont réalisé un petit montage vidéo à partir des pho-tographies; ce qui a posé la question du rythme, des transitions entre deux images pour obte-nir une séquence animée fluide… Ce travail initié en arts plastiques a trouvé un prolonge-ment en musique, avec la création d’une bande-son sur la séquence vidéo que les élèves avaientproduite.¶ Nous sommes très modestes quant au résultat > Pour moi, l’important c’est ladémarche de l’élève, la manière dont chacun organise son projet et mène celui-ci à terme;ce qui se passe pendant le temps de travail (les choix d’outils, de support, les réajustementsdu projet en fonction des découvertes de l’outil exploité…). ¶ Un site pour la classe… > Uneapplication proposée par le Catice1, Argos enseignant, nous permet de gérer un site pour laclasse. C’est un espace privé et interactif qui permet des échanges : mes élèves peuventretrouver ce que je leur ai demandé de faire et me laisser un message pour demander desprécisions sur ce qu’ils ne comprennent pas… On y retrouve également toutes les images dela leçon, non publiables sur le web. ¶ Chaque élève est doté d’un compte et peut créer son

site. : il y dépose ses productions et ses recherches. Il peut enpermettre ou non l’accès public (avec l’accord du professeur).¶ Une heure, c’est trop peu! > C’est le temps qui pose pro-blème: l’installation prend beaucoup de temps en début decours; il suffit qu’il y ait un problème de réseau, de câbles, oude batteries… et la sonnerie retentit avant que la séance nesoit engagée! ¶ Ce que je voudrais dire. Je pense que cetteopération aurait gagné en dynamique et efficacité avec unpublic plus jeune.. Le gros problème avec les classes de troi-sième étant que les élèves sont très sollicités par ailleurs (peud’heures d’étude, plus de travail à la maison exigé, échéan-ce du Brevet.), et ceux qui ne maîtrisent pas bien l‘ordinateurvoient cet outil comme une charge de travail en plus, une dif-ficulté à venir… or, rien ne vient sans un minimum de pra-tique… un apprentissage plus approfondi des outils.http://artsplastiques.ac-bordeaux.fr/galerieClg.htm

1Centre académique aux technologies d’information et de communication pour l’enseignement

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24 Sélection, échange et écoute individuelle des morceaux ont donc permis de gagner du tempspour la pratique gymnique réelle. Par ailleurs le volume sonore limité des appareils permet àplusieurs groupes de travailler sans se gêner les uns les autres; sans négliger la facilité de mani-pulation et l’attrait que représente ce nouvel usage pour les élèves. ¶ Image fixe, image ani-mée > Grâce à l’appareil photo numérique, «elles peuvent se voir, se corriger, rectifier si ellesne trouvent pas la pyramide jolie» déclare Danielle Sarciat. Les photos prises en cours sont misesen réseau par l’enseignante et étudiées, soit en groupe, soit individuellement: elles peuventdonc analyser leur travail également en dehors des cours. Et la prise d’image les contraint à figerleur mouvement le temps de la prise de vue, au moins les 3 secondes d’immobilité imposéespour les «pyramides»! Actuellement, une caméra est utilisée pour la visualisation des enchaî-nements et l’acquisition d’un caméscope numérique a été demandée dans le cadre d’un pro-jet TICE. Cet appareil permettra de visionner les films sur les portables, de la même manière queles images fixes. Au CDI, un CD-Rom pédagogique contenant des vidéos d’enchaînements degymnastique sert également de référence: «Si besoin, je leur conseille d’aller le consulter afinde les aider à parfaire leurs mouvements», ajoute Danielle Sarciat. ¶ « On va aller plus loin ! »> Autre avantage, les élèves momentanément dispensées d’EPS peuvent être intégrées au courspour photographier, filmer ou encore gérer la musique. Globalement la motivation est accruepar l’utilisation de ces outils, qui se fait au bénéfice de la pratique sportive, autant du pointde vue technique que par le temps gagné en activité physique réelle. D’autres utilisations sontdéjà en place, et Danielle Sarciat a réalisé plusieurs «macros» destinées à utiliser le portabledans diverses disciplines sportives: pour chronométrer les élèves, comparer les performanceset prochainement pour comptabiliser les résultats en sports collectifs : «L’élève aura juste àappuyer sur une touche à chaque fois qu’il va voir une action, au lieu d’être obligé d’écrire».Du côté de la sécurité des matériels, pas de problème, mais «il faut que les enfants aient conscien-ce du prix que ça coûte, et qu’ils ont un matériel très agréable…»-----Histoire-Géographie«Ce n’est plus le cahier, ce n’est plus le livre, c’est les deux»… Plus de livres, plus de cahiers. Jean-Dominique Filippi, professeur d’histoire-géographie au collègeLéon des Landes àDax, a numé-risé tous ses cours en utilisant notamment un logiciel de reconnaissance optique des caractères,et en ajoutant des éléments de nature diverse (cartes, photographies, textes…) et d’origine variée(CD-Roms, livres papier, Internet). Le résultat est un ensemble de documents basés sur l’inter-activité où il existe un lien étroit entre la leçon et les documents (entre 4 et 10 par leçon) quiservent de base à la réflexion ou d’illustration au propos. Le contenu et l’organisation restentles mêmes que l’an dernier, mais «cela oblige l’élève à faire le lien entre le document et les connais-sances, ça l’oblige à réfléchir», précise l’enseignant. La prise de notes est l’aboutissement del’analyse des documents: elle mélange le copier-coller (qui permet de gagner du temps) et lafrappe au clavier. ¶ Des élèves plus attentifs > Pour Jean-Dominique Filippi, la véritable essen-ce du cours demeure l’indispensable échange entre le professeur et ses élèves. C’est pourquoila démarche du cours n’a pas fondamentalement changé: «on fait réfléchir les élèves, soit surune photo, soit sur une carte, soit sur un texte, on leur explique les mots, les expressions quifont problème, on développe certains points si on juge bon de les développer, et ensuite onleur pose un certain nombre de questions.» Mais la qualité humaine du lien entre le profes-seur et ses élèves y a gagné. Les élèves sont plus attentifs, plus respectueux aussi face à l’am-

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pleur de l’investissement qui est réalisé pour eux. L’enseignant semble avoir trouvé dans ce nou-vel outil, un objet de médiation qui lui a permis de renouer avec les enfants. ¶ L’élève appré-hende le contenu des connaissances à travers sa forme > «Il y a une médiation ludique, surtoutquand on s’adresse à des enfants qui ont 14-15 ans» déclare Jean-Dominique Filippi, et cettemédiation prend une dimension pédagogique. Du fait du caractère attractif du portable, lesélèves ont naturellement une attitude positive «dans la mesure où l’informatique fait partiede leur monde. Il y a un lien étroit entre la modernité, qui est symbolisée par l’utilisation duportable, et l’intégration de connaissances qu’un élève de troisième doit avoir.» Certes, lacharge de travail a été très importante, mais pour l’enseignant, le résultat est là: le gain de tempsen cours au profit de la réflexion et le renouvellement du lien entre élève et professeur fontque cet investissement a été véritablement rentable. «C’est la raison pour laquelle il noussemble aujourd’hui très difficile d’abandonner les portables», conclut-il.-----MusiqueC’est une petite révolution dans l’enseignement musical: plus de cahiers, plus de photocopies,mais du son avant tout: «Les élèves vont chercher les cours avec les fichiers sons sur le réseau,déclare Christelle Lameignère, professeur d’éducation musicale au collège René Soubaigné àMugron, ils les copient ensuite sur leur ordinateur et peuvent ainsi jouer et chanter sur l’ac-compagnement musical ou encore réécouter le cours d’audition. Ils repartent chez eux avec unvrai cours de musique, c’est-à-dire avec du son». ¶ Le cours s’ouvre sur un exercice d’audition:les élèves, attentifs, écoutent une œuvre en commun. Ensuite, ils peuvent réécouter à loisir lespassages de leur choix à l’aide de leur portable et de leur casque. Le but est de leur faire iden-tifier les différents instruments, les rythmes, utiliser la terminologie musicale afin de complé-ter un texte informatisé. ¶ Le travail individuel favorisé > La pratique musicale est très large-ment favorisée par cet outil multimédia. D’autant qu’on ne peut pas soupçonner ici la moindretricherie de la part des élèves, ou de détournement du portable. Pas de copier-coller possible,pas de correction automatique! ¶ Seule la pratique individuelle de l’instrument peut en effetdonner des résultats, et l’ordinateur est bien un outil extérieur qui favorise cette pratique. «Avantils n’avaient ni le play-back, ni la possibilité de réécouter leur morceau de flûte, ou leur audi-tion», déclare Christelle Lameignere. Les élèves jouent de la flûte avec plus de facilité, car ilsdisposent d’un accompagnement. C’est plus agréable, l’écoute intérieure est favorisée grâceau casque, ils ont l’impression d’obtenir un meilleur résultat, et de ce fait ils sont amenés à tra-vailler plus souvent chez eux. ¶ La partition sur grand écran > La qualité du silence et l’atten-tion qui règne dans la classe doivent beaucoup, selon Christelle Lameignère, à l’utilisation duvidéoprojecteur. Plutôt que d’être chacun dans sa partition, «on est tous ensemble sur lamême, donc on se repère beaucoup plus facilement», souligne-t-elle. ¶ Chacun suit à l’écranle doigt de l’enseignante sur la portée et assimile ainsi le rythme de la pièce: «ils voient toutde suite où je désire reprendre». Une méthode qu’elle utilise dès la sixième. Le vidéoprojec-teur est attrayant, favorise l’attention collective et donc la concentration. Ce n’est pas le der-nier avantage du portable. L’ouverture documentaire, l’accès immédiat à l’information permetd’enrichir les cours et procure plus de souplesse. «Par exemple, explique Christelle Lameignère,si nous entendons un instrument nouveau que je n’avais pas repéré en préparant le cours, nouspouvons très facilement aller chercher des informations sur l’encyclopédie ou sur Internet, etles intégrer immédiatement au cours».

http://www.landesinteractives.net

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Témoignage…> Anne Svirmickas est professeur de mathématiques au collège Langevin Wallon à Tarnos:Le premier intérêt de cette opération a été d’obliger l’ensemble des enseignants à se lancer.Avant, nous n’avions pas trop de possibilités, nous avions la craie et le tableau noir; ce n’étaittout de même pas très moderne. Cette opération a mis les pieds dans le plat, et je crois que c’étaitla seule façon pour que certains enseignants s’y mettent. Mais c’est une première année… ¶Nous nous sommes demandés plusieurs fois, en restant purement sur le plan scolaire, si nousn’aurions pas préféré un portable par enseignant, avec un vidéoprojecteur par salle de cours…Mais je comprends très bien que d’autres objectifs sont en jeu, pour les enfants, les familles etle département. ¶ Enquête > J’ai fait une enquête en fin d’année auprès de mes élèves et j’aiété un peu déçue des réponses: en gros, c’était «c’est bien» ou «c’est lourd… on ne s’en estpas assez servi… Quand on trouve quelque chose de bien sur Internet, on nous interdit lesite… la messagerie, c’est bien, on peut communiquer avec les copains…» ¶ J’ai seulement eudeux élèves, sur les deux classes de troisième, pour se poser la question de l’ordinateur tant qu’ou-til scolaire. ¶ Plusieurs ont dit: «ces ordinateurs ne sont pas assez puissants, les batteries ne tien-nent pas, il faut un plus gros disque dur…» comme si c’était un dû… alors que ce sont quandmême des machines puissantes. ¶ Les élèves n’ont pas une pratique suffisante > Je me suis ren-due compte en avril que certains de mes élèves m’avaient un peu bluffée, me laissant croirequ’ils savaient utiliser leur ordinateur: ils donnaient le change, ils me disaient qu’ils étaient àl’aise… En fait, je ne pensais pas qu’ils étaient aussi nombreux à ne pas maîtriser la logique del’outil : certains ne savaient pas ce que c’est qu’une arborescence, ils mélangaient des notionsde base; on le voit bien à travers leur vocabulaire. Ils disaient par exemple: «je veux faireInternet», comme si on «faisait» Internet – et le réseau du collège ou Internet, pour eux, c’estpareil. Il est évident que tout ceci suppose un apprentissage mais je croyais tout de mêmequ’en quatrième, en technologie, ils avaient appris ces bases… Il faudrait pousser les élèves àse familiariser avec l’outil depuis la sixième, de manière à ce qu’ils arrivent en troisième avecla capacité de l’utiliser au niveau scolaire, non pas comme un gadget, mais comme un outil réel-lement profitable. Mais bon, progressivement, ces choses vont se mettre en place. ¶ Beaucoupd’enseignants débutent aussi > Si certains élèves ne connaissent pas la logique de la machine,pas mal d’enseignants ne la connaissaient pas non plus, et pour certains, on partait même detrès loin. Avec l’aide éducateur, nous avons organisé des petites séquences de formation tech-niques très courtes (1/2 heure) pour les professeurs intéressés… Je crois que c’était profitable.¶ Dérives… > Nous nous sommes rendus compte après coup de certaines dérives des élèves.Je me suis dit en début d’année: au moins, il y a un point positif, c’est qu’il n’y a plus de bagar-re dans la cour, parce que les bagarres, ce sont souvent les grands qui les lancent – et là, les grands,ils étaient au CDI en train de surfer sur Internet… Petit à petit, nous avons supprimé l’accès àcertains sites, je ne dirais pas pornographiques, mais disons… pas vraiment scolaires. Nous lesavons bloqués un par un. Du coup, ils étaient déçus… Mais nous, nous sommes rendus comp-te que nous pouvions cadrer: il est essentiel que le CDI accompagne le projet; il faut absolu-ment que les documentalistes s’y mettent. Elles ont des méthodes de recherche, elles peuventfaire comprendre l’importance du papier, de l’écrit… ¶ La prise de notes, en mathématiques,c’est compliqué à cause des symboles, des figures… Au début, les élèves m’ont demandé s’ilsy avaient droit, j’ai répondu: «On essaye!». Au bout d’un mois, j’ai ramassé les cours, pour voir…¶ Certains élèves avaient développé des pratiques qui m’ont impressionnée: ils prenaient

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27toutes les figures sur un papier à côté, et ils faisaient un travail de mise au net à la maison.Finalement en fin d’année, ils n’étaient plus très nombreux à utiliser l’ordinateur pour la pri-se de notes; j’en ai bloqué certains, d’autres ont arrêté d’eux-mêmes. ¶ Nous avons essayé pasmal de choses, du cours entièrement donné sur la machine (cela surtout en fin d’année, quandnous n’avions plus trop le temps), jusqu’au cours saisi par les élèves… Mais nous ne sommes pasencore complètement satisfaits de ce que nous faisons. ¶ Personnellement, j’ai beaucoup uti-lisé le vidéoprojecteur. C’est l’idéal, parce que tout le monde regarde le même écran… Je pen-se que l’usage du vidéoprojecteur, c’est vraiment un acquis; on pourra perfectionner, maisdéjà on y est. Les enseignants qui ne l’utilisent pas encore vont se lancer, ils vont rapidementse rendre compte que c’est intéressant! Pour ce qui est du tableau-interactif, c’est oui et non,c’est selon les matières… ¶ > J’ai réalisé des diaporamas soit de rappel des leçons, soit desinterrogations de type calcul mental, rapides, préminutées. Les élèves n’aiment pas trop, maisc’est bien parce que ça les oblige à être attentifs dès le début, et finalement ils se prennent aujeu. ¶ > J’ai travaillé avec les logiciels de géométrie: c’est superbe. ¶ Administrateurs de leursmachines… > Nous avons un logiciel qui permet de vérifier ce qui se passe sur l’ensemble desordinateurs pendant la classe, mais il n’était pas vraiment très commode à utiliser. Les élèvesles plus malins ont même réussi à le désinstaller de leur machine, à tel point que leur écran n’ap-paraissait pas quand on utilisait ce logiciel. Je pense que ça peut aider, ça peut rassurer certainsprofesseurs, mais la question n’est pas d’avoir un logiciel de contrôle, plutôt d’arriver à cequ’ils s’auto-contrôlent eux-mêmes. > Ils installent des programmes (ce qui n’est pas forcé-ment un problème), ils parviennent à changer la présentation, l’affichage du bureau, la formedu pointeur… et bien sûr, si quelque chose ne fonctionne plus, on passe du temps à retrouverce qu’ils ont bien pu faire… ¶ > Je pense quand même que dans l’ensemble, ceux qui s’en sor-tent le mieux, ce sont plutôt les bons élèves, et c’est dommage. Et ce qui l’est encore plus c’estquand ça devient une difficulté supplémentaire pour certains. J’en ai qui m’ont dit: «Madame,je n’y arrive pas, je ne comprends pas, je ne m’en sors pas.» ¶ On doit également pouvoircanaliser l’intérêt et les aptitudes des élèves les plus débrouillards, ceux qui ont le goût de latechnique, le goût du jeu: ils étaient dans le rôle de personnes ressources pour leurs copains,

pour finalement… les aider à faire des bêtises. Il faut les mettreen situation de dépasser ce stade. ¶ Ce que j’aimerais mainte-nant, c’est qu’on arrive à développer des pratiques complè-tement différentes: parvenir à appliquer ce qu’on a appelé lapédagogie différenciée, c’est-à-dire réellement adaptée auniveau de chaque élève. En maths, on peut lancer des séquencesd’exercices, où certains élèves peuvent faire dix exercices, pen-dant que d’autres n’en font deux: chacun à son rythme, avecla possibilité pour chacun d’avoir la correction, les explications,etc. Les élèves aiment bien. Il y a un travail avec la machine; c’estmieux qu’un exercice au tableau, où les bons ont terminé au boutde cinq minutes et attendent, quand les plus lents n’aurontjamais terminé, même au moment où on donne la solution.

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28 Deux ans déjà…Fabienne Saint-Germain est professeur d’Histoire-Géographie au collège Jean Moulin, à Saint-Paul-lès-Dax,l’un des trois établissements dotés de portables en sep-tembre 2001. Elle fait donc partie des enseignants qui ontmaintenant deux années de pratique.«Je suis toujours très enthousiaste sur le projet et mapratique pédagogique a beaucoup évolué. J’utilise beau-coup plus le tableau interactif, pour l’analyse d’affichesde propagande par exemple. Je peux enregistrer le tra-vail d’analyse fait en classe de manière magistrale ounon, étape par étape, etc. Les enfants retrouvent le dos-sier sur le réseau et peuvent à la maison reprendre l’ana-lyse aussi souvent qu’ils le souhaitent. Un grand nombred’entre eux le fait.L’autre aspect très important à mes yeux, c’est la créationde cartes évolutives, pour expliquer les phases d’uneguerre par exemple : jusque-là je n’avais à ma disposi-tion que des cartes toutes faites. Les élèves les plus faiblessont souvent perdus devant la complexité de ces cartes.Je peux désormais faire avancer les troupes au rythme desélèves et simplifier les cartes. Je pouvais faire de mêmeme direz-vous avec des transparents et un rétroprojecteur.Certes, mais une fois éteint, les élèves n’ont que le résul-tat final sur leur cahier. Là ils peuvent de nouveau toutreprendre étape par étape. C’est un avantage considérabled’autant que je peux intégrer des vidéos à mes cartes.J’ai également découvert un nouveau logiciel qui mepermet de créer des dossiers interactifs tout comme des

CD-Rom. Mes élèves ont donc des documents qui corres-pondent vraiment à l’enseignement que j’adapte à leurniveau. Je ne suis plus tenue par le carcan d’un manuel.J’utilise très peu ces derniers, si ce n’est comme base dedonnées pour établir mes cours. J’espère que le Conseilgénéral cédera à un petit caprice et qu’il me dotera d’untableau interactif d’un autre type qui me permettrait, àla fin de mes leçons, de proposer un petit test style ques-tionnaire à choix multiples à mes élèves. Chaque élèveaurait un boîtier infrarouge pour répondre et je pourraisconnaître presque instantanément les points qui n’ont pasété compris par la classe pour les reprendre ces points lafois suivante avant d’attendre l’interrogation fatale.Mon enthousiasme, vous pouvez le voir n’a pas faiblimais je n’en dirais pas autant de mes élèves. Ils ont un com-portement désabusé face à la machine. Ils estiment queles ordinateurs ont vieilli et n’en prennent pas soin com-me leurs camarades de l’an passé. Ils ont plutôt vu unoutil contraignant qu’une chance et une ouverture. Trèspeu utilisent les encyclopédies et les dictionnaires, d’oùmes colères de cette année. Certains se sont permis de meprendre de haut et il a fallu que je fasse démonstrationde mes compétences pour avoir la paix. Imaginez le cal-vaire pour les collègues peu expérimentés !! Je pensenéanmoins que le portable aide les élèves ayant de petitesdifficultés ou très timides ainsi que les enfants précoces(j’ai un cas dans ma classe, avec mon autorisation il m’ai-dait à "décoincer" tous ceux qui n’avançaient pas).»

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Il faut du temps…Robert Louison est professeur d’Espagnol ; il est également relais du Catice1 et coordonnateur de l’opération pour le rectorat.> Beaucoup d’enseignants ignoraient tout de ces techniques et il faut donc combler ce retard.Par exemple, certains ne savent pas encore qu’il est possible d’enregistrer du son sur les por-tables… ou s’ils le savent, ils ne vont pas se lancer, parce qu’ils ne maîtrisent pas suffisammentles procédures.¶ De grands progrès ont été faits et on voit déjà certains enseignants qui n’ima-gineraient pas se passer, en cours, du vidéoprojecteur… Maintenant, je pense que c’est l’annéeprochaine que vont émerger des pratiques vraiment pertinentes. ¶ Il faut du temps, beaucoupde temps; il faut que chacun puisse se retourner, se tromper, comparer ce qu’il fait avec ce quefont les collègues… ¶ L’idéal eût sans doute été de ne doter, dans un premier temps, que lesenseignants, avec des vidéoprojecteurs dans les classes, et de grossir petit à petit le parc infor-matique, mais dans ce cas-là on ne s’adressait qu’aux enseignants et on n’atteignait pas l’ob-jectif de réduction de la fracture numérique, qui était pourtant l’un des axes politiques fortsde l’opération. ¶ Le rôle du Catice? C’est un outil d’accompagnement à la mise en place desnouvelles techniques dans les établissements scolaires. Dans les Landes, à la suite des réductionsbudgétaires décidées par le ministère, je serai dorénavant seul pour assurer cette mission, aulieu de trois personnes (deux postes à temps complet) comme actuellement. Nous espérons mal-gré tout pouvoir faire face à la demande qui s’avère déjà considérable pour l’année 2003-2004. ¶ Des formations pour les enseignants > Dans le cadre du Catice, nous avons proposédes formations aux logiciels de base: traitement de texte, tableur, réseau, son, image, créationde pages web… et des rencontres spécifiquement pédagogiques, matière par matière, où l’onvient pour échanger sur les pratiques… Cette année, je me suis chargé, en collaboration avecl’inspection académique, de l’organisation de soixante journées de formation. ¶ Malgré cet accom-

pagnement, certains enseignants ont pu avoir le sentimentd’être lâchés seuls sur la scène, avec leur matériel, mais sans tropsavoir ce qu’ils devaient faire avec. Mais dans la mesure on neconnaît aucun précédent en la matière, aucune consigne,aucun conseil pédagogique précis, ne pouvait venir «d’enhaut»… Par ailleurs, plusieurs collègues pensaient qu’aprèsavoir suivi six journées de stages, ils seraient totalement opé-rationnels; mais tout le monde sait bien que c’est loin d’êtrele cas. ¶ Je donne souvent cet exemple personnel : quandj’étais jeune lycéen, le prof d’espagnol nous a fait écouter undisque de musique andine sur un tourne-disques, j’étais émer-veillé, j’avais la chair de poule: je n’avais pas de tourne-disqueà la maison et grâce au lycée, j’allais vers un monde mer-veilleux. Aujourd’hui, si l’élève trouve le collège en régressionpar rapport à ce qu’il connaît à l’extérieur, s’il s’y retrouve avecun tableau et une craie, il n’aura pas le sentiment que l’écolel’emmène vers l’avant… La tradition veut que depuis les uni-versités du Moyen Âge jusqu’aux établissements contemporain,l’école ait toujours été à la pointe de la réflexion, à la pointedu savoir. Ces outils numériques sont ceux du monde contem-porain: l’école ne peut pas s’en priver. Ils n’empêchent en rienl’accès à la culture classique, bien au contraire!

1Centre académique aux technologies d’information et de communication pour l’enseignement

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Enquête évaluationRobert Louison a mené, via les professeurs-ressources des32 collèges des Landes, une enquête régulière sur l’utili-sation des ordinateurs portables par les enseignants. Sur les720 interrogés, 409 ont répondu. «80 % des collègues sesont investis plus ou moins dans l’opération…» Pour RobertLouison, ces chiffres permettent de dresser un premierbilan positif. Rappelons qu’aucune obligation n’avait étéformulée et que les enseignants, responsables de leur péda-gogie, sont restés libres d’utiliser ou non le portable, etselon le mode qui leur convenait. Les paramètres person-nels, le contexte local ou disciplinaire ont certainementlargement conditionné les résultats, et les usages sont trèsvariés, à la fois quantitativement et qualitativement. «Çava du professeur qui a utilisé l’ordinateur à la maison pourpréparer ses cours, au professeur qui a utilisé en classe levidéoprojecteur et à celui qui a demandé à ses élèves d’uti-liser les portables en classe.»

Objectifs de l’enquête > L’enquête statistique menée enmars 2003 auprès des enseignants de troisième porte uni-quement sur les pratiques pédagogiques. Il s’agissait desavoir quels étaient les problèmes rencontrés, dans quellediscipline l’ordinateur portable était le plus ou le moinsutilisé, quelles étaient les approches des manuels numéri-sés, ou encore de savoir si, par exemple, en musique on uti-lisait le vidéoprojecteur ou quelle était la discipline quiutilisait le plus la messagerie. Une partie consacrée auxopinions personnelles permettait également de rendrecompte des manques ou des besoins particuliers.Validation et diffusion: prudence et longueur de temps> En terme de résultats pédagogiques, Robert Louison semontre très prudent: les résultats du brevet des collèges, parexemple, qui pourraient rendre compte concrètement d’uneavancée, ne montreront sans doute pas de différence signi-ficative. «Il faut beaucoup plus de temps aux professeurspour utiliser l’appareil de façon optimale» déclare-t-il, rap-pelant que tout le département est dans une démarcheexpérimentale. Par la suite, les expériences menées un peupartout, individuellement ou collectivement, vont permettrede dégager des «usages pédagogiques rentables» qui, parchamp disciplinaire, devront ensuite être évalués puis dif-fusés, mutualisés, par les équipes rectorales. Équipements et matériels > Parmi les matériels utilisés(hors ordinateurs portables), les imprimantes tiennent lehaut du tableau, suivies par les vidéoprojecteurs puis lesscanners, ces deux appareils comptant entre 150 et 200utilisateurs chacun chez les quelque 400 enseignants quidéclarent utiliser l’ordinateur portable. Des chiffres impor-tants pour ces appareils qui sont des outils collectifs mis àdisposition dans chaque collège.Disciplines > La technologie, qui comporte, rappelons-le,des enseignements d’informatique, est logiquement la dis-cipline la mieux représentée pour l’utilisation de ces dif-férents appareils, mais également du tableau interactif,ce qu’elle partage avec les mathématiques (on pense auxlogiciels de géométrie) et les Sciences de la Vie et de laTerre. Le scanner est également beaucoup utilisé en docu-mentation et arts plastiques.

Fréquences d’utilisation > 55 % des enseignants déclarentutiliser le portable quotidiennement, avec en tête des dis-ciplines, la documentation et la technologie. Les professeursde classes Segpa se placent comme de plus petits utilisateurs,avec pour plus de 50 % d’entre eux une utilisation heb-domadaire, et pour près de 40 %, une utilisation bimen-suelle. Notons enfin que les professeurs d’EPS ne sont pasparmi les plus faibles utilisateurs puisque plus de 40 %déclarent avoir une utilisation quotidienne du portable.Manuels numérisés > Toutes disciplines confondues, etparmi celles disposant effectivement d’un manuel numé-risé, 57,5 % des enseignants déclarent en faire usage. Cequi ne signifie pas par ailleurs qu’ils en exploitent systé-matiquement toutes les fonctionnalités. Utilisation en cours > Majoritairement, c’est comme sup-port d’exercices que les ordinateurs portables sont le plusutilisés en classe (plus de 50 % des cas), suivi de près par larecherche documentaire. Le manuel est le motif d’utilisa-tion dans 40 % des cas, suivi par la présentation et la trans-mission de cours. L’usage «cahier de texte» semble le der-nier qu’on en fasse, et les usages non-pédagogiques nesont pas mentionnés!Impressions > Une liste d’impressions «brutes» négativesou positives, tirées d’enquêtes menées au collège deMimizan en 2001-2002, a été proposée aux enseignantsqui devaient en choisir deux. Les aspects ressentis le plusnégativement sont la lourdeur d’installation en débutd’heure (loin devant), puis le risque de confusion – de la partdes élèves – entre outil et jouet. Côté positif, ce sont lesrecherches documentaires facilitées qui retiennent l’at-tention, puis, pratiquement à égalité, une meilleure pré-sentation des travaux et un plus grand intérêt des élèves.La formation, source d’espoir et d’attentes > L’enquête a– entre autres — permis de déceler certaines attentes dansle domaine de la formation. Robert Louison, qui a coor-donné les actions de formation des deux premières années,ne s’en étonne pas et analyse les besoins émergents.« Il est bien évident que certains des collègues qui ontdécouvert l’ordinateur en début d’année et qui ont faitleurs premiers essais, ont subi quelques échecs faute deformation suffisante. D’autre part, à l’issue de cette annéede tâtonnement, il va y avoir encore une année de for-mation parce que certains arrivent à un niveau qu’ils sou-haitent dépasser. Ainsi, tel professeur de langue, voyant qu’ilétait possible de récupérer des "fichiers son" afin de fairetravailler ses élèves à la maison, souhaite savoir commentprocéder. Ce genre de désir vient de la découverte de pos-sibilités qui étaient ignorées auparavant.»Alors que le rapport d'évaluation des Inspecteurs pédago-giques régionaux (IPR) met l'accent sur la nécessité d'ac-compagnement des enseignants sur le terrain, celui-ci serahandicapé durant l'année 2002/2003 par la diminution desmoyens humains de terrain du Catice- (Centre académiqueaux technologies d’information et de communication pourl’enseignement), professeurs relais et professeurs ressources.

-----http://www.ac-bordeaux.fr/landes/enquete/index.htm

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un collégien, un ordinateur portablehttp://www.landesinteractives.netÀ consulter également…

http://www.ac-bordeaux.fr/landes/…ainsi que le site de ressources référencées en fonction du programme de troisième

réalisé pour l'opération par le Sceren/Centre national de documentation pédagogique :

http://crdp.ac-bordeaux.fr/landes/

le journal # 3Conseil général des Landes23, rue Victor Hugo – 40025 Mont-de-Marsan Cedex

Tél. : 0558054040 – Fax : 0558054141 – www.landes.org

Merci à toutes les personnes qui ont accepté d’apporter leur témoignage.

Design éditorial : presse papier, Bordeaux

Photographies : Vincent Monthiers, Altedia-FTPress, DR

Propos recueillis par Marie Bruneau et Bertrand Genier.

Imprimeurs : BM, F-33610 ZI Canéjan.

A-t-on prévu une suite de l’opération en seconde? Quandnous avons lancé cette opération, nous avons contacté leConseil régional d’Aquitaine. La Région a fait un autrechoix : celui de mettre un nombre important de postesfixes (un pour quatre élèves à l’horizon 2006) dans leslycées. Cette familiarité quotidienne qu’ils ont eue avec lesportables pendant un an, c’est maintenant un acquis poureux, qui leur servira pour toutes leurs études. Nous n’avonsjamais voulu que l’enseignement soit obligatoirement faitavec l’informatique…Les enfants auront-ils encore besoin de transporter livres?Des manuels numériques expérimentaux sont installés surles ordinateurs. Certains collèges ont pu acquérir descontingents de livres pour l’utilisation en classe. Mais c’esttoujours l’enseignant qui décide du support qu’il souhai-te utiliser.En cas de casse? Tout est fait pour que l’élève ne soit paspénalisé dans son travail en cas de panne ou de casse. Lesdonnées sont archivées sur le serveur du collège et desordinateurs de remplacement sont mis à disposition. Il n’ya pas de pénalité financière pour les familles. Le Conseilgénéral a souscrit une assurance. Mais il est possible, en casd’abus ou de négligence, de se retourner contre l’assu-rance de la famille. En signant la convention de prêt de l’or-dinateur et de ses accessoires, les parents et l’enfant enga-gent leur responsabilité morale. Comme pour n’importequel matériel scolaire, des sanctions disciplinaires sont aus-si appliquées. La totalité du matériel prêté doit être rendueen bon état en fin d’année scolaire pour obtenir l’exeat qui

permet l’inscription dans un nouvel établissement scolai-re. Toute perte ou vol doit être déclaré à la police ou la gen-darmerie.Faut-il s’abonner à Internet? Non, ce n’est pas nécessaire.On ne demande jamais aux élèves de se connecter chezeux: ils disposent d’un accès illimité à l’Internet depuis lecollège. Au nom de la gratuité, le collège ne demanderapas de recherches à la maison.Comment ça marche ? Pour que les enseignants et lesélèves puissent profiter des avantages de l’ordinateur etdu réseau, des équipes sont mobilisées en permanencedans les collèges et au Conseil général. Les techniciens duConseil général, les aides éducateurs et les gestionnairesde la base des matériels permettent aux utilisateurs dedisposer de matériels en bon état et répondent, dans lamesure du possible, à leurs demandes d’amélioration oud’information durant l’année. En fin d’année, des équipescomplémentaires se joignent à eux pour récupérer lesordinateurs et leurs accessoires dans les collèges et lesremettre en état (remastérisation, réparation, nettoyage)pour l’année suivante. Tout ceci ne peut donc fonctionnerque si les utilisateurs respectent le matériel acheté avec l’ar-gent public, le travail de ces personnes et leurs camaradesqui travailleront sur les mêmes ordinateurs l’année sui-vante. En s’adressant à des jeunes gens de 14 ans, le Conseilgénéral des Landes compte sur leur sens des responsabi-lités. Ils ne doivent pas décevoir tous ceux qui se sontengagés pour leur donner des atouts supplémentairespour leur avenir.

des questions?

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www.landes.org