Journal Du Tns 16 Nov Dec 2012

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« Catherine Marnas : une force impitoyable » par Michel Corvin à propos de Sallinger > page 2 « Le paradis perdu » Stuart Seide metteur en scène de Au bois lacté > page 3 Pendant ce temps... au lycée international des Pontonniers > Côté public New York, à la veille de la guerre du Vietnam, un jeune homme admiré de tous vient de se suicider. Ses proches sont plongés dans la violence de ce geste, qui va révéler la leur. Bernard-Marie Koltès explore cette zone trouble qu’est le passage à l’âge adulte. Face à la mort, les pulsions de vie jaillissent, souvent incontrôlées. L’humour côtoie les larmes, la comédie côtoie la tragédie. Cette création de Catherine Marnas réunit des acteurs travaillant depuis des années avec elle – et que le public a pu voir dans Lignes de faille, en avril 2011 – ainsi que des comédiens de la troupe du TNS. OURNAL J Théâtre National de Strasbourg NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012 / n°16 © Pierre Grosbois - photo de répétition « Je fais le serment qu’ils entendront parler de moi. » De Salinger... Jerome David Salinger est un écrivain américain, né le 1 er janvier 1919 à New York et mort le 27 janvier 2010 dans le New Hampshire. Il commence à se faire connaître en 1948 avec des nouvelles parues dans le New Yorker, mais il est surtout célèbre pour son roman L'Attrape-cœurs (titre origi- nal : The Catcher in the Rye). Traitant de l’adolescence et du passage à l’âge adulte, ce roman, devenu un classique du genre, connaît une popularité importante depuis sa publica- tion en 1951. L’un des thèmes majeurs de Salinger est l'ado- lescence avec ses perturbations et son désenchantement devant la perte irrémédiable de l'innocence, de l'enfance. Salinger est connu aussi pour sa vie de reclus. Il n'a fait aucune apparition publique ni accordé un seul entretien ou publié un seul écrit durant quarante ans. Tout a peut-être été dit sur cet étrange phénomène de réclusion et ce mur de silence qui ont fait de Salinger une sorte de dieu caché. Reste son œuvre phare – ce roman, L’Attrape-cœurs, et trois recueils de nouvelles – dont la minceur n’a d’égal que le déluge critique qu’elle a suscité. Mais derrière ces quelques textes connus et reconnus sommeillent dans leur publi- cation d’origine une vingtaine de nouvelles « oubliées », parues entre 1940 et 1948, dont l’écrivain a interdit par la suite toute nouvelle publication. Or le matériau de ces nou- velles, fréquemment autobiographiques et qui contiennent nombre d’ébauches des textes à venir, nous donne des clés de lecture précieuses, notamment sur le rôle qu’a joué dans l’œuvre de Salinger sa participation à la deuxième guerre mondiale. La lecture de ces nouvelles, rédigées avant le débarquement, au front ou après son retour, éclaire en effet le palimpseste de la guerre dans sa fiction, cet hommage feutré et secret aux victimes et aux disparus. ... à Sallinger C'est en 1977 que le metteur en scène Bruno Boëglin invita Bernard-Marie Koltès à suivre un travail d'acteurs inspiré du romancier américain Jerome David Salinger, lui proposant d'écrire un texte à partir de là. Tout comme à la fin de sa vie pour le personnage de Roberto Zucco, Koltès changea en un « Z » la première lettre du nom du criminel Succo dont la trajectoire l'avait inspiré, il ajouta là – remettant son ouvrage à Boëglin – un « l » à l'ortho- graphe de Salinger, s'affirmant d'entrée à une latitude autre que celle de l'auteur de L'Attrape-cœurs. Même si 1977 fut aussi l'année où Koltès composa le monologue La Nuit juste avant les forêts, il est possible de considérer Sallinger comme une première pièce : une création « initiale », sinon initiatique, dans la mesure où elle contient et les thèmes, et les formes, et les atmosphères, et le rythme unique des mots auxquels le poète ne cessa ensuite de revenir, toujours se décalant, et affinant d'œuvre en œuvre son art de l'ellipse, de l'énigme, du catapultage de solitudes juxtaposées. Mathilde La Bardonnie pour Libération Sallinger Théâtre en pensées Bernard-Marie Koltès : comme une étoile filante > page 2 « Un fantôme social » par Gildas Milin auteur et metteur en scène de Toboggan > page 3

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« Catherine Marnas :une force impitoyable »

par Michel Corvin à propos de Sallinger> page 2

« Le paradis perdu »Stuart Seide metteur en

scène de Au bois lacté> page 3

Pendant ce temps...au lycée international

des Pontonniers> Côté public

New York, à la veille de la guerre du Vietnam, un jeune homme admiré de tous vient de se suicider. Ses proches sont plongés dans la violence de ce geste, qui va révéler la leur. Bernard-Marie Koltès explore cette zone trouble qu’est le passage à l’âge adulte. Face à la mort, les pulsions de vie jaillissent, souvent incontrôlées. L’humour côtoie les larmes, la comédie côtoie la tragédie.Cette création de Catherine Marnas réunit des acteurs travaillant depuis des années avec elle – et que le public a pu voir dans Lignes de faille, en avril 2011 – ainsi que des comédiens de la troupe du TNS.

OURNALJ Théâtre National de StrasbourgNovembre-Décembre 2012 / n°16

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« Je fais le sermentqu’ils entendront parler de moi. »

De Salinger...Jerome David Salinger est un écrivain américain, né le 1er janvier 1919 à New York et mort le 27 janvier 2010 dans le New Hampshire. Il commence à se faire connaître en 1948 avec des nouvelles parues dans le New Yorker, mais il est surtout célèbre pour son roman L'Attrape-cœurs (titre origi-nal : The Catcher in the Rye). Traitant de l’adolescence et du passage à l’âge adulte, ce roman, devenu un classique du genre, connaît une popularité importante depuis sa publica-tion en 1951. L’un des thèmes majeurs de Salinger est l'ado-lescence avec ses perturbations et son désenchantement devant la perte irrémédiable de l'innocence, de l'enfance.Salinger est connu aussi pour sa vie de reclus. Il n'a fait aucune apparition publique ni accordé un seul entretien ou publié un seul écrit durant quarante ans. Tout a peut-être été dit sur cet étrange phénomène de réclusion et ce mur de silence qui ont fait de Salinger une sorte de dieu caché.Reste son œuvre phare – ce roman, L’Attrape-cœurs, et trois recueils de nouvelles – dont la minceur n’a d’égal que le déluge critique qu’elle a suscité. Mais derrière ces quelques textes connus et reconnus sommeillent dans leur publi-cation d’origine une vingtaine de nouvelles «  oubliées  », parues entre 1940 et 1948, dont l’écrivain a interdit par la suite toute nouvelle publication. Or le matériau de ces nou-velles, fréquemment autobiographiques et qui contiennent nombre d’ébauches des textes à venir, nous donne des clés de lecture précieuses, notamment sur le rôle qu’a joué dans

l’œuvre de Salinger sa participation à la deuxième guerre mondiale. La lecture de ces nouvelles, rédigées avant le débarquement, au front ou après son retour, éclaire en effet le palimpseste de la guerre dans sa fiction, cet hommage feutré et secret aux victimes et aux disparus.

... à SallingerC'est en 1977 que le metteur en scène Bruno Boëglin invita Bernard-Marie Koltès à suivre un travail d'acteurs inspiré du romancier américain Jerome David Salinger, lui proposant d'écrire un texte à partir de là.Tout comme à la fin de sa vie pour le personnage de Roberto Zucco, Koltès changea en un « Z » la première lettre du nom du criminel Succo dont la trajectoire l'avait inspiré, il ajouta là – remettant son ouvrage à Boëglin – un «  l » à l'ortho-graphe de Salinger, s'affirmant d'entrée à une latitude autre que celle de l'auteur de L'Attrape-cœurs.Même si 1977 fut aussi l'année où Koltès composa le monologue La Nuit juste avant les forêts, il est possible de considérer Sallinger comme une première pièce  : une création « initiale », sinon initiatique, dans la mesure où elle contient et les thèmes, et les formes, et les atmosphères, et le rythme unique des mots auxquels le poète ne cessa ensuite de revenir, toujours se décalant, et affinant d'œuvre en œuvre son art de l'ellipse, de l'énigme, du catapultage de solitudes juxtaposées.

Mathilde La Bardonnie pour Libération

Sallinger

Théâtre en pensées Bernard-Marie Koltès :

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André Pomaratlit Victor HugoEn partenariat avec la Librairie Kléber

LES TaBLES TOURNaNTES, accompagné de David Martins, comédien de la troupe du TNSMardi 13 novembre

LES CHâTIMENTSMardi 4 décembre

à la Librairie Kléber, 19h

Lectures suivantes :- Mardi 15 janvier : Le Gibet- Mardi 5 février : La Fin de Satan et Dieuà la Librairie Kléber, 19h

- Lundi 4 mars : La Légende des sièclesau TNS, 20h

Entrée libreRéservation obligatoire 03 88 24 88 00

L’École du TNS à Paris

EUGÈNE ONÉGUINE de Pouchkine, l'atelier-spectacle mis en scène par Jean-Yves Ruf avec les élèves du Groupe 40, créé au dernier Festival d’avignon et présenté en octobre au TNS et à Moscou, poursuit sa route à la Maison de la Poésie à Paris.Du jeudi 8 au lundi 12 novembre 2012(relâche le 11) Entrée libreRéservation obligatoire 01 44 54 53 00Passage Molière157, rue Saint-Martin 75003 Paris

Répétitions deWhistling Psyche

Julie Brochen répète sa prochaine création à partir du 15 novembre.Les deux rôles de WHISTLING PSYCHE de Sebastian Barry seront tenus par Catherine Hiegel et Juliette Plumecocq-Mech.

Les ateliers du TNSLes décors et les costumes des deux spectacles présentés en novembre, TOBOGGaN et SaLLINGER, ont été réalisés par les ateliers du TNS. Réputés et reconnus par l’ensemble des professionnels du spectacle vivant, ces ateliers créent les décors et les costumes de la quasi-tota-lité des productions du TNS et par-fois d’autres scènes en France et à l’étranger.

Dire et mettre en scène le mondeComment le théâtre peut-ilreprésenter le réel, les mutationspolitiques et sociétales qui nous traversent ? Doit-il s’ancrer dans le réel ou résister à sa représentation ? Traiter avec véracité les événements ou proposer la construction d’une spectaculaire surprise ?Théâtre en pensées sur TobogganLundi 26 novembre 20h, TNS

Une nouvelleadministratrice au TNSGéraldine Bataillon Dieutegard rem-place depuis le 1er septembre Patrice Barret, parti à la retraite.

TournéesSaLLINGErMartigues, Théâtre Les Salins, le 11 janvier • Gap, Théâtre La Passerelle, le 15 janvier • Miramas, Théâtre de la Colonne, le 31 janvier • Alès, Le Cratère, le 2 février • Cavaillon, Scène nationale, le 5 février • Draguignan, Théâtres en Dracénie, le 12 février

TOBOGGaNLille, Théâtre du Nord, du 7 au 13 décembre • Foix, Scène nationale de Foix et de l'ariège, du 29 mars au 6 avril • Amiens, Maison de la Culture,les 8 et 9 avril • Lorient, Centre Dramatique National-CDDB, les 11 et 12 avril • Paris/Saint-Denis, Théâtre Gérard Philipe, Novembre 2013…

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Catherine Marnas : une force impitoyablePar Michel Corvin* Un fantôme social

Par Gildas Milin, auteur et metteur en scène de Toboggan

TOBOGGAN du 13 au 30 novembre 2012BORD De PLATeAU

DU THÉâTReà L’ÉcRAN

ATeLieRDe cRiTiqUe

THÉâTRe eN PeNSÉeS

de Gildas Milin à l'issue de la représen-tationJeudi 15novembre

BaTTLE rOYaLEde Kinji Fukasaku, 2001, 114’Projection suivie d’unerencontre avec Gildas Milin animée par Benjamin Thomas (arts du spectacle-UdS)Dimanche 18 novembreà 16h Cinéma Star

Tarif spécial : 5,50 € sur présentation de la carte d’abonnement du TNS oud’un billet pour Toboggan

avecBarbara Engelhardt,journalisteet Gildas MilinJeudi 29 novembre à 19h LibrairieQuai des Brumes, 120 Grand'Rue Strasbourg

Rencontre avec Gildas Milinanimée par Magali Mougel(arts du spectacle-UdS)

DIrE ET METTrE EN SCÈNELE MONDE Lundi 26 novembre à 20hTNS, salle GignouxEn partenariat avec l’Université de Strasbourg

> Détail dans les brèves ci-contre

Mise en scène Gildas Milin

> Coproduction et création au TNS

Du mardi au samedi à 20h,dimanche 25 à 16h

Relâche les lundis et dimanche 18

Salle Gignouxavec Rodolphe Congé, Catherine Ferran, Michèle Goddet, Claude Lévêque, anna Lien, Christian Mazzuchini, Guillaume Rannou, alain Rimoux

Réservation conseillée au 03 88 24 88 00

3 ViDÉO : www.tns.fr

Un phénomène de société, qui est d’abord né au Japon, se propage aujourd’hui dans l’ensemble des pays développés  : des personnes âgées, pour qui les différentes aides sociales, pensions ou retraites disparaissent, se mettent à envisager la prison comme un « nouvel Eldorado social »*… Pourquoi ? Parce qu’en prison, elles sont assurées de pouvoir manger trois repas par jour, de recevoir un minimum de soins en cas de maladie, de pouvoir parler à des gens, personnels spécialisés, etc. Du jour au lendemain, des personnes âgées dans le besoin volent, agressent, tuent, espérant être emprisonnées.

Quand on leur pose la question : « Pourquoi avez-vous commis ces crimes  ?  » Elles répondent majoritairement  : «  Je voulais qu’on s’occupe de moi ».

Si l’on s’accorde à penser, avec raison, que le mode de vie des gé-nérations précédentes peut avoir un impact sur la santé et la vie des générations suivantes – comme on s’accorde à penser que les déséquilibres ou les traumatismes qui ont été vécus sans être réglés au sein de champs morphiques familiaux ou collectifs de générations précédentes seront vécus ou plutôt revécus (à leur dépens) par les générations suivantes – les implications sociales et éthiques découlant de ces faits, concepts et observa-tions sont probablement déterminantes et considé-rables.

La pièce de théâtre Tobogganinterroge donc un symptôme«  socio-générationnel  » international qui s’amplifie

avec l’abandon planifié par les pays développés de leurs diverses politiques sociales (préconisé par l’accord Gé-néral sur le Commerce des Services, créé dès 1994 dans le cadre de l’OMC) – visant et touchant, un peu partout sur le globe, l’ensemble du secteur tertiaire, dont les dif-férents systèmes d’aide so-ciale, et affectant notamment par ricochet des «  popula-tions de séniors » – et pose la question suivante : l’exclusion et le désintérêt d’une société pour les personnes âgées peuvent-elles ne pas avoir d’impact sur les générations jeunes et à venir ?

(Il est à noter que cette exclu-sion et ce désintérêt touche tout aussi fortement les «  popula-tions de moins de 25 ans »).

Tout comme on parle de « fantôme générationnel » (en médecine transgénérationnelle) constitué des secrets, non-dits, actes ina-vouables, traumatismes, restés refoulés dans les générations pré-cédentes et qui rejaillissent sur les générations suivantes, ne peut-on parler aujourd’hui de l’élaboration d’un gigantesque « fantôme social » menaçant les générations jeunes et à venir ?

C’est à la fois par la prise de conscience et la verbalisation, mais aussi par le langage de l’inconscient, celui des signes, des sym-boles sollicités, puis, agencés dans la représentation, et par une mise en jeu spontanée, vivante, de nos configurations sociales que peuvent émerger des questions et des réponses, chez cha-cun d’entre-nous, permettant peut-être à toutes les générations de s’appuyer à nouveau sur les générations qui les précèdent afin « d’aller de l’avant ».

* Au cours de ses vingt dernières années, au Japon, le nombre de personnes de plus de soixante-cinq ans arrêtées pour vol, agression, meurtre, a été mul-tiplié par presque six (multiplié par deux, rien que ces cinq dernières années), ces personnes âgées représentant aujourd’hui près de vingt pour cent de sa population carcérale.

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Le paradis perduExtrait d'un entretien avec Stuart Seide, metteur en scène de Au bois lacté

AU BOiS LAcTÉ du 13 au 21 décembre 2012

de Dylan Thomas Séance spéciale• Audiodescriptionvendredi 21 décembre

Mise en scène Stuart Seide

Du mardi au samedi à 20h,dimanche 16 à 16h

Relâche lundi 17

Salle Koltès BORD De PLATeAUavec Jean alibert, Lucie Boissonneau, Christophe Carassou, éric Castex, Bernard Ferreira, Noémie Gantier, Jonathan Heckel, Caroline Mounier, Karin Palmieri, vincent Schmitt, Hélène Theunissen

à l'issuede la représentationMardi 18 décembre

3 ViDÉO : www.tns.fr

YaNNIC MaNCEL : Qu’est-ce qui vous touche le plus dans la poésie ou la poétique de cette œuvre ?STUaRT SEIDE  : Comme dans tous les recueils de poèmes de Dylan Thomas, on retrouve la quête d’un paradis perdu, l’évocation très vivante d’un monde révolu, mais qui n’a rien à voir avec une quelconque nostalgie villageoise ou rurale. Si c’était le cas, l’enfant de la grande ville par excellence que je suis et qui n’a aucun souvenir affectif de nature paysanne, devrait se sentir exclu. Or je me sens très proche de cette poésie. Dylan Thomas y évoque par des images concrètes le temps qui passe, la mort, l’effacement et la trace, la capacité qu’a l’être humain de s’enflammer et se consumer pour des pulsions innocentes. L’enfance est très présente dans son univers  : la naissance, la renaissance, la régénération perpétuelle de la vie, de la nature, de l’amour, comme si la vie en général, celle qui se perpétue, avait plus d’importance que nos vies. Il voit et ressent du cosmique jusque dans l’infiniment petit et s’il y a une force vitale dans une fleur, c’est qu’il y en a une aussi en moi.

Propos recueillis par Yannic Mancel

Au bois lacté nous plonge au cœur d’un village pour y partager vingt-quatre heures de la vie de ses habitants. Il n’y a pas une histoire, mais des histoires, une galerie de portraits d’une cinquantaine de personnages hauts en couleur. Les langues se délient, les anecdotes les plus farfelues se mêlent aux grands malheurs et aux joies de la vie, dans une langue foisonnante, où le lyrique côtoie le comique. Dans ce « Songe d’une nuit de printemps », comme l’appelle Stuart Seide, le metteur en scène (précédemment accueilli au TNS avec Mary Stuart de Schiller) a voulu recréer « un paradis perdu auquel nous aspirons tous ».

Théâtre en pensées Dans le cadre de « L’Université des arts », cycle de six conférences initié par la Haute école des arts du rhin et l’Université de Strasbourg

Rencontre animée par vincent Rafis du département arts du spectacle de l’UdS, avec les metteurs en scène Catherine Marnas, Bruno Boëglin et le réalisateur François Koltès autour de la projection du documentaire :

BErNarD-MarIE KOLTÈS :COMME UNE ÉTOILE FILaNTEde François Koltès, 1997, 46’

François Koltès y retrace le portrait de son frère, Bernard-Marie, mort en 1989 à l’âge de 41 ans et auteur de pièces de théâtre qui ont profondément marqué la dramaturgie française et le théâtre européen. En plus de sa biographie et des nombreux témoignages d’amis ou collaborateurs ayant travaillé à ses côtés, des extraits de lettres adressées à sa mère et des passages de La Nuit juste avant les forêts et de ses récits du Nicaragua sont lus par Yves Ferry et Bruno Boëglin. Des extraits de spectacles (Combat de nègre et de chiens avec Michel Piccoli, Dans la solitude des champs de coton avec Patrice Chéreau et Pascal Greggory) et du film Tabataba illustrent également ce portrait.

Lundi 3 décembre à 20hTNS, Salle Gignoux

Entrée libreRéservation obligatoire au 03 88 24 88 00En partenariat avec France 3 Alsaceet en collaboration avec l’INA Grand-Est

Toboggan (extrait)Un rêve de Louve.Louve se rêve, devant une classe imaginaire. Elle donne son cours.Les enfants imaginaires semblent reprendre, en chœur, joyeusement, certains passages.

LOUVE –Stress ! Gestion du stress ! On respire… c’est quoi ? C’est la télévision ? Vous savez pourquoi j'ai volé la première fois...?! Je parle pas de la première fois où je me suis dit qu’il valait mieux que je frappe quelqu’un ou que je tue quelqu’un… Non la première fois où j’ai juste volé… Stop… Une enquête ? Sur quoi...? Toboggan… Alors justement ça s’écrit comment Toboggan...? C’est secret alors...? Levez la main dans le fond si vous avez quelque chose à dire… (écoutant la réponse d’un enfant imaginaire, puis le gratifiant.) « Juste pour parler avec quelqu'un »... Bien… Voilà… Oui… « J'en pouvais plus de la solitude… de l'isolement... je voulais juste que la police »…? « Elle s'occupe de moi » !... Banal... Alors j’ai volé un truc dans un supermarché et le mec de la sécurité… Il m’a arrêtée… Il a parlé avec moi… Il m’a dit que c’était pas bien vu mon âge tout ça… De voler… Il m’a fait rire… Et on a parlé comme ça au moins deux heures… Et c’était vachement sympa… J’avais passé un bon moment avec lui quoi… Alors dès que j’ai pu… J’ai recommencé à voler… Et puis la troisième fois… Je suis rentrée dans le cadre des lois sur la récidive… Et donc je suis allée en prison… Et là bizarrement c’était encore plus sympa… Trois repas par jour… Chauffé… Les soins palliatifs… Le personnel… Les gens… C’est comme ça que ça a commencé… Alors...? Personne sait comment ça s’écrit...? Si...? Oui...? Là-bas… Dans le fond… Oui… (écoutant la réponse d’un élève imaginaire.) Waouh… Oh… Bien… Bravo…

Éditions Actes-Sud Papiers, octobre 2012

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Catherine Marnas, metteur en scène de Koltès… Des souvenirs remontent, vifs comme une blessure.

Souvenir de la représentation de L’Héritage1 créé au théâtre des abbesses en 1997  : beauté incisive des images, découpées comme dans un tableau de Zurbaran, science de la lumière, richesse d’invention des plans et des volumes dans un espace presque constamment obscur, retour lancinant d’une musique grinçante et saccadée, torsion des corps, danses dionysiaques forcenées, tout cela a gravé dans nos mémoires l’image d’une force impitoyable  : celle d’un Koltès qui combat contre des ombres dans l’ambivalence d’une volonté exacerbée de solitude et du besoin compulsif d’échange  : par l’amour, l’amitié, voire la simple conversation. Mais de simple conversation, il ne peut être question dans L’Héritage où toute parole dégénère immédiatement en violence, en intolérance, en souffrance infligées et reçues.

Force impitoyable aussi et surtout de Catherine Marnas qui se collette à cette famille impossible avec la précision d’un chirurgien des âmes, capable d’arracher du plus profond des êtres l’indicible de leurs obsessions  : le cancer qui les ronge, tous et chacun, à des niveaux et à des titres divers, il a mûri et, en ce jour particulier de la mort du père, il explose à travers des personnages qui n’en sont, pour ainsi dire, que l’enveloppe  ; leur mal-être intime la déchire pour la convulsionner et l’affoler. On pourrait se dire que c’était là un exercice expressionniste de haute volée et que le metteur en scène tendait à l’extrême les ressorts hystériques de ses comédiens. Il faut bien davantage apprécier la maîtrise d’une artiste qui menait à la limite du supportable le déchaînement des forces noires, non pas pour un déballage anarchique d’excès en tout genre, mais pour un jeu de pure et exigeante théâtralité.

Que va-t-elle faire du nouveau Koltès qu’elle monte  ? Sallinger est écrit comme un roman qui exige, ou bien beaucoup d’imagination pour rendre compte d’espaces irréalisables au théâtre avec son mélange déraisonnable de réel et de rêve, de passé et de présent, de quotidien et de boursouflé ; ou bien une grande maîtrise du jeu, à telle enseigne qu’un seul acteur («  le rouquin  ») puisse, par les seuls moyens de ses gestes et de sa voix, faire partager, avec sa versatilité et son immaturité, ses multiples prises de vue sur la vie  : jeune homme mais encore enfant, imprévisible en adulte et inconséquent, mixte de légèreté et de violence, de grâce juvénile et de rudesse. Qui exige de la finesse et de l’humour, en somme ?

De la finesse il en faut, de la part du metteur en scène, pour rendre compte, sans les édulcorer (ou les ridiculiser) des complexités inattendues de personnages qui naviguent entre l’héroïsme de paumés de films de série c et la niaiserie de midinettes ou de figurines stéréotypées ; des situations à cheval sur le quotidien le plus plat et

le fantastique le plus cinématographique ; d’une langue qui combine les vulgarités avec des images fulgurantes et des coulées de poésie à rendre jaloux un Genet (je dis Genet car l’univers de Koltès, par bien des points, est voisin de celui de l’inclassable Genet).

L’humour  ? Il est indispensable pour garder en face de ce monde faussement mais volontairement américain, tel que perçu par un amateur assidu de films noirs et de S.F., une distance qui sauvegarde l’essentiel : une plongée dans une méditation existentielle sur le sens – et le temps – de la vie. vie assez insignifiante pour qu’on y mette fin brutalement par un coup de roulette russe, assez fondamentale aussi pour que nous soyons saisis d’amitié, voire de tendresse, pour ce monde de roman-photo : il dresse devant nous un portrait décalé et subtil, tout en demi-teintes, des enjeux de l’existence.

Finesse et humour – qui s’allient avec son talent à aller jusqu’au bout de ses idées et de ses images –, ce sont précisément les qualités que j’ai eu le plaisir d’apprécier, de très longue date, dans toutes les mises en scène de Catherine Marnas. C’est dire combien je me réjouis d’avance de cette nouvelle entreprise.

1. L’Héritage de Bernard-Marie Koltès publié aux éditions de Minuit, 1998

*Michel Corvin est Professeur honoraire à l'Universitéde Paris III – Sorbonne Nouvelle (Institut d'Études Théâtrales)

Koltès dresse devant nous un portraitdécalé et subtil, tout en demi-teintes,

des enjeux de l'existence.

SALLiNGeR du 20 novembre au 7 décembre 2012 DU THÉâTRe à L’ÉcRANcONVeRSATiON De

LA LiBRAiRie KLÉBeR BORD

De PLATeAU

de Bernard-Marie Koltès > Séances spéciales • Surtitrage françaisvendredi 30 novembre• Surtitrage allemand Samedi 1er décembre• Audiodescription Mercredi 5 décembre

À La rENCONTrE DE FOrrESTErde Gus van Sant, 2000, 114’Projection suivie d'une rencontre avec Catherine Marnas, animée par Nathalie Bittinger (arts du spectacle-UdS)Dimanche 25 novembre à 16hau Cinéma Star

Tarif spécial : 5,50 € sur présentation de la carte d’abonnement du TNS ou d’un billetpour Sallinger.

Rencontre avec Catherine Marnas & lecture de lettresde Koltès avec les comédiensSamedi 1er décembre à 11h

à l’issue de la représentationMercredi 5 décembre

Mise en scène Catherine Marnas

> Coproduction et création au TNS

Du mardi au samedi à 20h, dimanche 2 à 16hRelâche les lundis et dimanche 25 novembre

Salle Koltèsavec Muriel Inès amat*, Fred Cacheux*, Marie Desgranges*, antoine Hamel*, Franck Manzoni, Olivier Pauls, Cécile Péricone*, Bénédicte Simon *comédiens de la troupe du TNS

Réservation conseillée au 03 88 24 88 00

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© Elvire Caillon

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Côté publicPendant ce temps...au Lycée international des Pontonniers

Mise en place en 1989 par annette Tuefferd, professeur de Lettres, l’option de spécialité théâtre du lycée des Pontonniers fut l’une des premières à ouvrir, élevant ainsi les Pontonniers au rang de pionnier en matière d’éducation culturelle et artistique. Dès le début, un partenariat est mis en place avec le TNS qui perdure depuis lors. En 2009, agnès Heyer remplace annette Tuefferd, partie à la retraite. À son arrivée, Julie Brochen, très engagée dans ce partenariat, invite les co-médiens de la troupe du TNS à prendre en charge l’enseignement pratique de cette option que madame Quelen, Proviseur du lycée, soutient activement.

Formation au sein de la filière littéraire, l’enseignement de spécialité théâtre n’a pas pour but d’être professionnalisante. Fred Cacheux, comédien, veille d’ailleurs à ne pas se tromper d’objec-tif et à ne pas former des comédiens en herbe. Notre rôle, poursuit-il, est, dans un cadre scolaire, de mener les élèves à l’épreuve du bac avec un certain bagage. Donner quelques outils, un peu de savoir-faire et être exigeants sur une base sans quoi le théâtre ne peut pas se produire. Il ne s’agit pas d’obtenir un résultat qui soit à un niveau d’excellence artistique mais d’initier au jeu. Il n’est donc pas question de former des comédiens ou des metteurs en scène mais, comme le formule égale-ment agnès Heyer, de développer leur culture du spectacle vivant pour en faire des acteurs de l’art, en prenant le soin de préciser : Acteurs au sens citoyen du terme !

L’enseignement comporte deux parties  : d’un côté, les comédiens du TNS interviennent trois heures par semaine pour l’enseignement de la pratique ; de l’autre, deux heures de théorie sont assurées par la professeur. au programme  : histoire du théâtre, étude des textes fondateurs, dramaturgie et analyse de spectacles. agnès Heyer souligne le lien constant entre ces deux vo-lets : La théorie vient nourrir ce qu’ils font sur le plateau et inversement. L’an dernier, Antoine Hamel parlait aux élèves de très beaux moments de jeu, j’ai tout de suite pensé à mettre cela en rapport avec des textes d'Antoine Vitez et de Declan Donellan, ce qui a donné lieu à des séances axées sur la « théorie de l’acteur » et a vraiment rejailli sur le jeu. S’agissant de la partie pratique, les sept co-médiens du TNS ont chacun des personnalités bien dessinées et des façons de travailler différentes, confie agnès Heyer. Ils sont bienveillants et à l’écoute de chacun mais aussi rigoureux et exigeants. Nous nous mettons d’accord ensemble sur les œuvres que nous allons travailler. Cela se fait toujours en synergie. Le comédien prend la direction du cours et je suis à l’écoute de ce qui se passe pour pouvoir prendre le relai. J’interviens lorsque nous revenons sur ce qui s’est passé, mais en aucun cas sur la direction d’acteur.

Ouvrir le jeuIl n’y a plus d’enseignement de spécialité en classe de Seconde, seulement un enseignement facultatif de trois heures par semaine auquel la plupart des élèves qui choisiront l’option de spé-cialité sont inscrits. En Première et Terminale, il existe aussi un enseignement facultatif de deux heures par semaine dans lequel les comédiens du TNS interviennent dans une moindre mesure, agnès Heyer les relaye et prend parfois en charge le jeu : j’ai été formée pour ça aussi. Ça n’a rien à voir avec ce que peuvent faire des comédiens professionnels, mais à mon poste il faut également connaître la pratique et pouvoir l’encadrer. Pour Marie Desgranges et Muriel Inès amat, au niveau de la Seconde, certains n’ayant jamais fait de théâtre, il est très important de ne pas avoir d’obliga-tion de résultat mais d’« ouvrir le jeu ». Il faut axer le travail sur le corps, l’écoute, la présence phy-sique dans l’espace mais aussi choisir un angle d’attaque et le mener jusqu’au bout. Ainsi, l’année dernière nous avons travaillé sur la folie. D’un côté cette thématique offre un large panel de texte ; d’un autre, elle permet d’aller avec les élèves dans des extrémités. Lorsque les auteurs entrent en jeu, il faut préciser le travail sur le texte : travailler son articulation mais également sa compréhen-sion et le respect de la partition. Il faut le donner à entendre en faisant en sorte de penser concrète-ment à ce qui est dit.

approfondir la pratiqueEn Première L, l’enseignement de spécialité commence. Le programme est libre mais nous devons traverser l’histoire du théâtre en nous arrêtant sur les grandes périodes, précise agnès Heyer. Du côté des comédiens, David Martins et antoine Hamel, il y a une volonté de creuser la pratique. Le travail s’axe sur des jeux : beaucoup de « jeux à enjeux » pour les obliger à se découvrir et créer une dynamique ludique propice à la formation d’un groupe. Ensuite, il faut qu’ils posent un geste artistique quel qu’il soit mais avec engagement. Ce qui est visé est de l’ordre de l’engagement personnel, la technique vient ensuite. La saison passée, nous avions choisi de travailler sur Roméo

et Juliette, avec pour objectif, dès le départ, de faire un spectacle en fin d’année. Les élèves sont très désireux de cela et en première et il est tout à fait juste de leur donner cette expérience de représentation.

Le plaisir contribue à l’apprentissageEn Terminale, le programme est limitatif  : cette année Hamlet de Shake-speare ; L’Acte inconnu et Devant la parole de Novarina ; On purge bébé et Feu la mère de Madame de Feydeau. Si en Seconde ou en Première, il est possible de prendre son temps, d’être dans la gratuité de l’exercice, nous expliquent David Martins, Fred Cacheux et Cécile Péricone, le programme des Terminales est très chargé. Il y a une exigence de résultat : le jour du bac, chacun doit avoir deux scènes bien travaillées où il est mis en valeur. La « gratuité » est plus dif-ficile à trouver. Il faut tout faire pour la conserver avec l’idée que ce qui se passe dans le groupe et le plaisir qu’ils éprouvent contribuent à leur apprentissage. En fin de cursus, les épreuves écrite et orale de théâtre du baccalauréat comptent pour un coefficient six. Une fois passés devant le jury, les élèves préparent une présentation de leurs travaux au TNS. De l’aveu de leur pro-fesseur, les présentations au public sont un moment très formateur. Les élèves comprennent énormément de choses sur ce qu’est un spectacle. Ils apprennent beaucoup sur la dynamique, la précision et tout ce qu’il y a à gérer sur un pla-teau. Je sais aussi combien c’est important pour eux, ça les tonifie vraiment. Le fait que les Terminales présentent leurs travaux en fin de parcours est impor-tant mais ce n’est pas un but en soi, insiste-t-elle.

Pionniers en périlSi, pendant une vingtaine d’années, l’enseignement de spécialité théâtre commençait dès la Seconde, depuis la réforme Chatel des lycées de 2010, il ne démarre plus qu’en classe de Première. C’est dommageable pour les élèves et pour cette formation, souligne Cécile Péricone. Cela en affaiblit la

cohérence. Il y avait une belle logique dans le fait de commencer un parcours au début du lycée et de développer cette chose-là durant les trois années jusqu’au baccalauréat. Ça avait du sens, nous l’avons éprouvé. Mais au-delà de l’affaiblissement de la cohérence, cette réforme a de graves conséquences sur les effectifs, surtout au lycée des Pontonniers dont la situation est particulière.

Jusqu’à la rentrée 2010 les élèves dé-sireux dès la fin de leur Troisième de se diriger vers une série L Théâtre dé-posaient une demande de dérogation de secteur. Depuis la rentrée 2012, un élève ne peut entrer en Seconde au lycée international des Pontonniers qu’au titre des formations internatio-nales. Le système a fermé la mince ouverture qui était offerte jusque-là à des élèves passionnés par le théâtre et les disciplines littéraires, dont cer-tains venaient de collèges de banlieue ou ruraux. L’enseignement facultatif théâtre en Seconde ne regroupe donc cette année que des élèves sélection-nés par des tests de langues pour suivre un cursus international. De ce fait, la Première L Théâtre subira en 2013 une baisse considérable de ses effectifs. Pour l’instant, seules deux élèves de l’enseignement de théâtre en Seconde envisagent unePremière  L spécialité Théâtre alors même que cent-cinquante-sept de-mandes de dérogation de secteur ont été refusées… La même probléma-tique se pose d’ailleurs pour l’ensei-gnement de l’Histoire des arts.

La réforme des lycées permet aux élèves de quitter leur lycée de secteur après la seconde pour demander à intégrer la Première L arts mais cette possibilité est très rarement saisie  : les élèves ne quittent pas facilement l’établissement où ils ont fait leur Seconde, la continuité pédagogique et l’ancrage dans un établissement scolaire semblent être privilégiés. Par ailleurs, ils sont très peu informés de cette possibilité.

Si cette réflexion concerne surtout le lycée international des Pontonniers, la fragilisation des séries L arts est perceptible sur tout le territoire. Les contextes sont différents mais les consé-quences de la réforme s’avèrent nocives pour ces enseignements de spécialités artistiques par-tout en France.

Il est important pour l’ensemble de l’équipe du TNS de faire connaître à la fois la richesse de cette option, l’implication de la troupe auprès de ces élèves mais aussi les inquiétudes et diffi-cultés qui la concernent actuellement. Le but de cet enseignement, nous l’avons dit, n’est pas de former des professionnels du spectacle, mais certains élèves poursuivent dans cette voie : ac-teurs, techniciens, chargés des relations publiques, attachés de presse, nous sommes plusieurs au TNS et dans d’autres structures culturelles à avoir découvert le théâtre grâce à ces options, sur les bancs du lycée. Plus généralement, il s’agit d’aiguiser le sens critique, l’écoute, le rapport aux mots dits et écrits. Le fait que des élèves de milieux différents puissent être réunis dans un parcours et des projets communs de théâtre nous semble essentiel. C’est pour cela aussi que nous déplorons le report de l’option de spécialité en classe de Première.

Quentin Bonnell, chargé des relations publiques

Édité par le Théâtre National de Strasbourg • Directrice de la publication Julie Brochen • responsables de la publication Éric de La Cruz, Fanny Mentré, Chantal Regairaz • En collaboration avec Quentin Bonnell, Anne-Claire Duperrier, Tania Giemza, Chrystèle Guillembert, Fabienne Meyer et Fanny Soriano • Graphisme Tania Giemza • remerciements à Mathilde La Bardonnie, Michel Corvin, Elvire Caillon, Agnès Heyer • Impression DNA

renseignements/Location : 03 88 24 88 24

Tarifs saison 12-13 : de 5,50 € à 27 €

Où se jouent les spectacles ?TNS : 1 avenue de la Marseillaise- Salle Koltès, placement numéroté- Salle Gignoux, placement libreESPACE KLAUS MiChAEL GrüBEr :18 rue Jacques Kablé, placement libre

Toutes les salles sont accessiblesaux personnes à mobilité réduite.

informations pratiquesOù et comment acheter vos billets ?(hors abonnement)

• au guichet du TNS : Place de la républiquehoraires d’ouverture : le lundi de 14h à 18h, du mardi au samedi de 10h à 18h.

• Par téléphone : 03 88 24 88 24 et par Internet http://billetterie.tns.fr(à moins de 2 jours avant la date choisie, les réservations ne peuvent plus être acceptées).

• À la caisse du soir (uniquement le spectacle du jour) : ouverte 45 min. avant le début de la représentation.

• autres points de vente :- Boutique Culture, place de la Cathédrale- réseau « FNAC, Carrefour, Géant, Système U, intermarché »- Détenteurs de la carte Culture : Kiosque Culture, L’Agora - bâtiment Le Platane

Où trouver le Journal du TNS ? Au TNS et dans de nombreux lieux de dépôts : Boutique culture, bibliothèques, FNAC, théâtres, musées, bars… (liste consultable sur www.tns.fr) •Sur le site du TNS (téléchargeable dès les 1er Septembre, Novembre, Janvier, Mars et Mai) • Sur le blog du TNS : www.tns.fr/blog > rubrique Le Journal du TNS

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Agamemnon de Eschyle, atelier dirigé par Fred Cacheux, TNS, 2012 © S. Mattlé

Agnès Heyer & David Martins © C. Ricateau-Pfersdorff

Dans le dernier numéro du Journal du TNS, nous vous proposions de suivre les activités parallèles des comédiens de la troupe et parlions de leurs activités au Centre hospitalier d’Erstein et à la Maison d’arrêt de l’Elsau. Pour ce numéro, nous nous sommes intéressés à leurs interventions dans le cadre de l’option de spécialité Théâtre du lycée international des Pontonniers.