Journal de la meute, numéro 5
-
Upload
point-de-lecture-algerie- -
Category
Documents
-
view
249 -
download
4
description
Transcript of Journal de la meute, numéro 5
Journal de La Meute, numéro 5 1
Journal de La Meute, numéro 5 2
ARTICLES
« La littérature jeunesse » doit-elle
rentrer dans les salles de classe
algérienne ?, Sidou TELDJA………………25
Livre papier, Mouna SAIGHI..….…….…27
Camille Claudel, un génie emmuré,
Amina BENBOURECHE ………………….. 32
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Sur quoi porte le discours sur les Déclin
des lettres ?, Lydia SAIDI…..………………6
Histoire & Déclin, Yanis GUENANE…..6
Délices illicites du déclin, Lyes
REZKINI…………………………………………….7
Quelles conséquences pour une mort
de la littérature ?, Lydia SAIDI…………..9
Discours sur le déclin du Journalisme,
Salah BOUZ……………………………………..11
Comment se porte la littérature
ailleurs ?
- Littérature hispanophone, Myriam
NIBOUCHA ……….……………. 13
- Littérature russe, Reira
FLOYD .…………………………… 13
Un nouveau genre : Le Steampunk !,
Khalil Djebbari…………………………………16
Avenir de la Littérature, Lydia
ABERRANE ……………………………………..18
Petites annonces : Meute compagny,
Lydia ABERRANE, Lydia SAIDI, Lyes
REZKINI, Myriam NIBOUCHA, Yanis
GUENANE………………………………………..21
ESSAIS
Mienne mon être, Nassim ACHOUR .. 4
Ecrire pour exister, Ly Ab ………….…… 26
La Nuit, K.M ………….…………………………29
Parce que l’obscurité nourrit les peurs,
Djedjiga B ………………………..…………… 30
Le Dépravé, Yanis BEN ……………………31
Mère, R.H ……………………..……………….35
POESIE
« Adjoun », Nadia Laroussi………………34
ART PICTURAL
Collage : Nabila IKEN ……………………. 26
Photographie : Houssem MOK ……. 30
SOMMAIRE
Journal de La Meute, numéro 5 3
Membres
permanents
Lydia SAIDI
Lydia
ABERRANE
Lyes REZKINI
Yanis
GUENANE
EDITO
Chers lecteurs,
Nous sommes contents de vous retrouver après une longue
absence ! Ce numéro a été produit depuis plusieurs mois mais n’a
pas eu l’occasion d’être porté à la connaissance du publique
jusqu’au jour d’aujourd’hui. En effet, les loups se sont fixés comme
objectif d’offrir la 9ème édition d’Une Meute littéraire aux loups de
Tizi-Ouzou. Ce passage à l’inter-wilaya ne s’est pas fait sans mal. Et
c’est pour cela que nous sommes heureux que vous puissiez enfin
lire ces lignes !
Entre temps, des choses ont changé dans les coulisses de La Meute.
Un nouveau concept est né, et de nouveaux loups se sont joints à
notre équipe pour consolider cette dernière. En vue de tous les
changements opérés, nous comptons bientôt produire des hors-
séries du journal pour vous tenir au courant de nos avancements.
Par ailleurs, nous traiterons cette fois-ci d’une thématique à
l’actualité poignante, à savoir, le fameux Déclin des Lettres. Ce
phénomène dont on parle de plus en plus est l’objet de tous les
discours. Les accusés, les victimes et les témoins passeront un à un
à la barre dans ce numéro qui tentera d’élucider ce délit commis
contre la littérature.
Enfin, l’évolution de ce journal se fait de plus en plus sentir. Nous
recevons de plus en plus d’articles, que nous n’avons pas pu publier
en intégralité cette fois-ci mais que nous promettons de garder
pour de prochains numéros.
Pour conclure, j’adresse de vifs remerciements à l’Institut Français
et plus particulièrement à Monsieur Alik, responsable du bureau du
livre pour l’aide précieuse qu’ils nous fournissent. On ne saurait
omettre de citer le directeur de la bibliothèque « Les Figuiers » de
Tizi-Ouzou pour son accueil et sa confiance aux jeunes assoiffés de
mots que nous sommes.
Bonne lecture !
TABTI Z.Y
Journal de La Meute, numéro 5 4
La sensation d’exister. Voilà ce dont je me
rappelle à l’approche des vagues étranges qui
envahirent ma plume à écorcher. J’écorche la
vie de mes mots en m’effleurant l’esprit de
douces caresses à repos. Décrire les
firmaments de mon être tout en les broyant à
néant avec l’écriture me rend plus vivace,
moins vivant, plus violent, moins vivant, plus
sauvage, MOINS VIVANT ! La vie existe par
violence, et je me dois d’être violent pour
contenir les pulsations intransigeantes de
notre mère obscène à tous : la vie. Je regarde
subrepticement à droite, à gauche, je lorgne
les miroirs de l’esprit, le mien, et je
m’aperçois que je suis multiple. S’opère alors
un enchaînement de causes à effets
surprenantes pour une âme aguerrie comme
la mienne ; je respire, je mange, je parle ; je
marche, je touche, je goûte ; avec les autres, à
travers les autres, dans les autres ; suis-je les
autres ? La folie est de penser que mon
existence est unique, cloisonnée entre les
briques de mes désirs égocentriques ; je me
surprends devant les autres, ces parties
déconstructives de mon être, mais pas moins
constitutives de mes envies, et je gloutonne
les masses graisseuses de l’existence à leur
côté. Je suis vivant. Je ne sais pas le réel de
l’existence, son sens et son but, mais je sais
tout au plus qu’elle veut mon annihilation :
mère de l’aethuse, nous as-tu fait pour nous
plonger dans le néant ? Une giclée ’idéologies,
de doctrines et de courants, de religions, de
prophéties et de conjectures, donne des
réponses aussi diverses que contradictoires.
Je repars de zéro. Je repense à tout ce que je
sais, à tout ce que j’ai pu savoir, et je me
renfloue vers moi-même par le trou contigu
de la folie. Je souffle dedans moi, et ressort
l’aliénation pérégrine dont je ne savais que
peu. Je suis l’existence à même de savoir ce
qu’est le réel de la vie, mais je me perds
souvent et que trop facilement dans les
dédales de mes sensations, de mes folies, de
mes aspirations. Je suis percevant, mais
aucunement existant, car devant les autres, je
perçois, mais ne ressens incurablement mon
être dans le monde. Au contraire, je me sens
isolé, dépassé, englouti, telles les racines
suivant chacune sa ramification propre dans
ces entrailles miasmatiques de la terre
boueuse et nourricière ; tous d’une même
origine, aucun dans la même direction : voici
ce que ma propre perception me renvoie,
voilà ce que ma propre vision m’incorpore
d’être. Ne pas êtres. L’assujettissement est
plus une obligation qu’un devoir, mais qui le
sait encore sachant tous ces assujettis qui
croient devoir quand on les oblige ? Nous
fûmes les amnésiques d’un temps creux où
nous nous sommes laissés et se laisseront
encore mener jusqu’à notre aurore, pour ne
percevoir après que pénombre.
Par : Nassim Achour.
Mienne mon être
Essais
Journal de La Meute, numéro 5 5
Journal de La Meute, numéro 5 6
Et si la littérature était en train de mourir ? Voila
la nouvelle et alarmante question qui fait
l’actualité des milieux littéraires. Le discours sur le
déclin de la littérature s’est prononcé sur
plusieurs siècles. Toutefois, en ce début du 21éme
siècle, des voix de plus en plus nombreuses
s’élèvent pour attester d’une mort ou du moins
d’une agonie de la littérature.
Aujourd’hui, ce déclin se fait sentir par
l’essoufflement du roman français et l’attente
d’un quelconque chef-d’œuvre qui n’arrive pas,
qui n’arrive plus. On dénonce le manque de
littérarité, le vide et l’auto centration du nouvel
Depuis, au moins, l’Antiquité, la philosophie
s’interroge sur la nature de l’art, il y est décrit
comme le système des enseignements universels,
vrais, utiles, partagés par tous, tendant vers une
seule et même fin.
Le déclin de l’art moderne est le résultat des
horreurs du XXème siècle, ce qui plongea les
artistes et le reste de la société dans la crainte et
le désespoir, il est notamment dû à la perte de
valeurs et de traditions séculaires, remplacées
par peu de substance, intellectuelle et
culturelle, offerte à la place. La première et
deuxième guerre mondiales
auteur. Selon ces critiques, la littérature actuelle
ne serait plus en mesure de dire le monde.
Rongée par le doute, elle fait preuve d’un manque
de clairvoyance et d’incapacité à l’analyse. Le
nouveau discours sur le déclin lettres n’est pas
seulement une critique littéraire, elle devient
sociale, politique et économique. C’est la critique
d’une société « hypermoderne », une société de
consommation où l’on est appelé à « consommer
plus et penser moins, en attendant la mort » et où
le livre n’est devenu qu’un simple produit comme
un autre, à la merci des lois du marché.
ont favorisé l’émergence de nombreux
nouveaux mouvements artistiques,
cependant la plupart des artistes impliqués
dans ces mouvements ont déplacé leur base
d’activité aux Etats-Unis pour éviter les
ravages de la guerre. Après la guerre, le
centre de gravité du monde de l’art s’est vu
effectivement déplacé de l’Europe vers
l’AmériqueLes artistes européens ont fortement
interagi avec la jeune génération d’artistes
américains, qui on absorbé les dernières
tendances de l’art européen d’avant-garde. De
nos jours, pour beaucoup de chercheurs, la
littérature n’entrerait plus en relation significative
Sur quoi porte le discours relatif au
déclin des lettres ?
Les phénomènes historiques ayant fait le lit au déclin
« L’œuvre surgit dans son temps et de son temps, mais elle devient œuvre d’art par ce qui
lui échappe. », André Malraux.
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 7
avec le monde, ce constat ne concerne pas la
production littéraire en elle-même mais son statut
dans la société, jadis elle faisait office
d’informateur et de guide de nos sociétés, car elle
faisait revivre les passés lointains dans le présent,
elle fustigeait la mauvaise gouvernance de nos
chefs, elle se faisait libératrice. Le déclin de la
littérature reflète aussi notre culture axée sur
l’image. Beaucoup plus de gens choisissent de
vivre une histoire sur un écran que dans un livre,
malheureusement, tout ceci suggère une sorte de
paresse mentale, alors que des heures
d’émissions de téléréalité et d’Xbox ne sauraient
se substituer à la nourriture intellectuelle fournie
par un bon roman.
Goethe disait que le déclin de la littérature d’un
pays est le déclin de toute une nation, il est vrai
que, de tout temps, la littérature a eu tendance à
refléter la santé émotionnelle d’une nation parfois
même a célébrer l’esprit de la nation, tandis que
d’autres fois elle attire l’attention, elle exhorte les
parties concernéesa se focaliser sur une tranche
de la société marginaliséeou même oubliée. La
littérature est le fondement de la vie, elle met
l’accent sur de nombreux drames humains alors
qu’elle est écrite en mots, elle est un voyage qui
est inscrit sur des pages et alimentée par
l’imagination du lecteur, mais maintenant un livre
doit être rapide, il ne faut surtout pas s’arrêter
pour réfléchir ou revenir en arrière, il faut foncer
droit devant, il faut le lire vite pour être sûr de ne
pas perdre le fil, un livre doit être consommé avec
impatience.
La notion du déclin peut paraître au premier
abord comme la réflexion en contre point d’une
époque désenchantée de ses illusions perdues.
Elle est intimement liée au climat d’une
modernité scientifique et économique en crise.
Pour l’historien des idées et des religions, le
mythe du déclin est une « vieille connaissance »,
si, dans les temps qui courent, il fait figure
de nouveauté, c’est qu’il satisfait notre goût pour
les idées « neuves » et « singulières ». On lui
communique une certaine valeur de scandale. En
raison du défi qu’il (im)pose aux artistes
modernes parvenus aux limites traditionnelles de
l’art. Il imprègne pratiquement toute la culture du
XIXème et XXème siècles. Pour Baudelaire et
Nietzsche, « décadence » et « modernité » sont
deux termes désignant une même expérience
créatrice à la fois avancée et tardive. Tout se
passe comme si deux modernités en interaction
composaient l’image même de notre temps : la
modernité technologique/économique et la
modernité de la culture. Le premier a l’idée de
progrès pour guide, le second est placé sous le
signe du déclin.
Les partisans du progrès et les théoriciens du
déclin nous proposent sur ce thème des séries
d’explications ayant les mêmes causes et les
mêmes symptômes- le bien être, la lutte des
classes, la destruction des tabous-, le bien-être est
présent à tour de rôle comme l’indice le plus sûr
et comme la mesure d’une décadence morale et
artistique irréversible.
L’une des raisons, aussi, est ce principe actif qui
cherche à dévaloriser l’acquis du passé plus qu’il
ne s’en proclame héritier et de ce fait le déclin,
est né à travers un sentiment d’absence, dont les
Délices illicites du déclin
« La décadence se manifeste en premier lieu dans
l’art : la civilisation survit un certain temps à leur
décomposition »
E.-M. Cioran, Précis de Décomposition.
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 8
matériaux proviennent d’une synthèse en voie de
désintégration.
Il fait état d’abandon (les valeurs), de dissolution
(lien social), de perte (mémoire collective), ou
encore d’oubli (savoir-faire).
Parmi les autres raisons, ce sont les thèmes bien
connus du pessimisme qui reviennent souvent
chez les auteurs antiques : la décadence des arts
(Pétrone), de l’éloquence (Tacite, Quintilien), des
mœurs (Cicéron), les effets débilitants de la
prospérité, du luxe (Polybe) et surtout, l’absence
d’homme véritablement grand et massification
concomitante de la société (Polybe, Cicéron).
Dans notre époque moderne, certains critiques,
hommes de lettres, personnalités du monde du
livre et intellectuels, soutiennent que l’ère
démocratique actuelle sous la prise de l’idéologie
capitaliste représente l’un des facteurs majeurs
du déclin inextinguible de la littérature. Etant
régis par le profit à grande échelle, les caisses
pleines, l’hyperconsommation et les valeurs
pécuniaires, le monde de la littérature lumineuse
subit un appauvrissement conséquent avec son
entrée dans la sphère des « intérêts commerciaux
» et de la commercialisation de masses. Les
éditeurs, les régimes politiques, les différentes
institutions concernées- les écrivains eux-mêmes-
voient le livre comme étant un moyen
d’enrichissement, une industrie florissante basée
sur le concept de l’inculture des masses et du libre
accès. Et du fait de leur contenu sans fond et sans
matière savante, le lecteur est projeté dans un
monde de mutilation cérébral où la sensation
irrésistible de nausée est plus que présente.
Le livre subit une dévalorisation dont la seule
estime se résume au nombre d’exemplaires
vendus dans le marché de la mondialisation.
Comme l’écrit Citon, l’ordre mondial fait face à un
nouveau germe du capitalisme qui a éclos et s’est
enraciné sous l’appellation du « capitalisme
cognitif », la production immatérielle des
connaissances s’est édifiée en tant que nouvelle
économie de centre, soutenue par les poutres des
compétitions financières et de la richesse qui
consistent en la capacité d’invention et d’innover
pour atteindre l’hyperproduction éditoriale et
l’hypermédiatisation frappante de la littérature de
grande diffusion. Le déclin de la littérature dans
les œuvres modernes subsiste aussi à cause de ce
flot diarrhéique verbal imprégné de formalisme et
de nihilisme dévorant et saupoudré de
décrépitude morbide qui règne dans le domaine
littéraire moderne. Il met en avant le narcissisme
de l’auteur, son amour propre décadent, et sa
passion indubitable pour le non-sens, le vide
romanesque, son abandon de la description et de
l’explication du monde, de la nature et de la
condition humaine, contribuant à donner au livre
une finalité de marketing littéraire. Le déclin
s’accomplit en fonction d’une trajectoire unique,
le processus de dégradation et d’annihilation de la
créativité constructive.
En guise de conclusion, citons une phrase
particulièrement lucide de Nietzsche :
«De la part de philosophes et de moralistes, c’est
s’abuser que de croire échapper à la décadence
du seul fait que l’on prend parti contre elle. Il
n’est pas en leur pouvoir d’y échapper : ce qu’ils
choisissent comme moyen, comme planche de
salut, n’est en fin de compte également qu’une
manifestation de décadence. »
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 9
Quelles seraient les conséquences d’une
éventuelle « mort » de la littérature ? On n’oserait
même pas y penser. Pourtant c’est ce
qu’annoncent les critiques si ce n’est qu’ils ne font
encore que prédire mettant un point d’espoir sur
cette cause. Selon Dominique Maingueneau,
auteur de « contre Saint-Proust ou la fin de la
littérature », « la littérature n’est pas menacée,
c’est la Littérature (avec L majuscule), c’est-à-dire
dans toute sa royauté, avec tout ce que cela
implique. ». Car en effet, des livres, il y en a par
millions chaque année, mais quels livres ? Le livre
dépendant des lois du marché est devenu un
produit culturel comme un autre. Il n’est
désormais plus le lieu de tous les enjeux qui font
l’actualité, on se tourne vers les nouvelles
technologies et même quand il y a débat, c’est sur
la télévision, la radio ou internet. Selon Antoine
Compagnon, la démocratie qui suppose
l’éducation de tous entrainerait en fait au
contraire à une déculturation générale à
l’américaine puisque en effet le livre selon la
logique marchande devrait être accessible à un
plus large public pour une meilleure rentabilité.
Mais entre les pessimistes et les nostalgiques, il y
a aussi ceux qui cherchent des solutions. On
s’empresse alors d’écrire sur la nécessité de la
littérature, publiant de longues réflexions sur le
rôle de plus en plus décisif de cette discipline. On
peut citer « La littérature, pourquoi faire ? »
d’Antoine Compagnon en 2007, « Que peut la
littérature » d’Alain Finkielkraut ou alors «
Pourquoi étudier la littérature » de Vincent Jouve
en 2010. Dans un débat en 1964 sur « que
Comment répondre à la question "qu'Est-ce que la littérature contemporaine du 20ème siècle" sans en faire une thèse ? D'abord, qui dit littérature contemporaine dit mouvement littéraire et celui-ci est définit comme tant 1« un ensemble d'auteurs et d'œuvres qui présentent à une époque donnée, une communauté d'idées, une vision de l'humanité et de l'art s'appuyant sur des traits communs ». C'est ce qui nous permet de distinguer les différents mouvements littéraires à travers les siècles et d’y classer des auteurs et des œuvres clés, ainsi le 19ème siècle est caractérisé par le réalisme de Balzac et le naturalisme de Zola. Cependant, vouloir classer la littérature contemporaine dans un genre précis relève de l'incorrection puisqu'elle se veut indépendante de tout dogme littéraire et de toute règle d'écriture, c'est d'ailleurs ce qui la caractérise le mieux, un rejet total des méthodes ultérieures à dire la réalité puisque les contemporains veulent la relater d'une manière différente, en utilisant différents styles et en réinventant l'écriture dans son ensemble.
1http://cogitoblog.canalblog.com/archives/2010/10/19/9548933.html
Quelles conséquences pour
une mort de la littérature ?
Littérature
contemporaine
1Selon Philippe Forest (écrivain français), on peut y
distinguer trois périodes:
Un premier 20ème siècle exprimant le monde et la
condition humaine, une sorte d'expérimentation de
la pensée et de l'engagement révolté, on y
retrouvera Proust, Céline, Sartre et Camus.
Un second 20ème siècle qui se veut avant-gardiste,
on y retrouve le surréalisme, le nouveau roman, Tel
Quel et le théâtre de l'absurde avec comme effigies
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 10
devient porteuse de messages forts de révolutions et d'insurrection populaire. De Céline à
L’écriture contemporaine L'écriture contemporaine est caractérisée par une innovation et un style diversifié mais propre à elle. Elle utilise le langage soutenu, le langage familier, l'argot et le langage populaire pour décrire la réalité, car elle s'inscrit dans un courant d'idées qui rejette les méthodes antérieures pour relater celle-ci, elle touche au roman, à la poésie, aux essais et au théâtre. Nous retrouvons le genre romanesque dans les œuvres contemporaines de la 2nd moitié du 19ème siècle avec Proust par exemple, cependant, le Surréalisme vient tout bouleverser avec Breton qui inventa l'écriture automatique et qui donna naissance à ce mouvement. Vient l'Existentialisme, courant philosophique représenté par Sartre et Nietzsche. Sarraute, quant à elle, est connue pour le Nouveau-Roman, sans oublier le Théâtre de l’absurde avec Ionesco ou les calligrammes d’Apollinaire. Les exemples cités, loin d’être exhaustifs, relatent en quelques mots les grandes lignes de la littérature du 20ème siècle, avant-gardiste et engagée. Apollinaire, chacun tente de souligner à sa façon le déracinement de l'homme face à l'avancée technologique, élément caractéristique du 20ème siècle, de dénoncer les affronts que subit Née à la suite des deux guerres, ses enjeux sont
nombreux, on tend à détruire les dogmes afin de
mieux "se" reconstruire, cherchant ainsi un sens à
la vie et une meilleure façon de relater la réalité,
est exprimé le ras-le bol ressenti par les
contemporains qui n'hésitent pas à mélanger les
genres pour se rester fidèles à la réalité qui les
entoure.
L'écriture contemporaine a vu, dans le monde entier, naitre des auteurs suivant la même idéologie, en Russie, au Portugal, en Italie, en Allemagne, tous se joignent à l'idée qu'il faut sortir du miasme que les guerres et les régimes politiques ont imposé à l'être humain.
D’autres genres ont fait leur apparition à la même
période. On retrouve la science-fiction, la
littérature de guerre, les réécritures ou l’Oulipo
(Ouvroir de Littérature Potentielle). Ces genres
ont apporté, pour certains, un renouveau
littéraire mais aussi linguistique. Certains ont
voulu contraindre la langue à de nouvelles règles
tandis que d’autres nous emmènent dans des
mondes imaginaires autour de la nouvelle
technologie. Je citerai, également, le roman de
jeunesse qui a connu un essor considérable,
touchant le plus jeune publique.
Le 20ème siècle a connu une multitude de réformes
au niveau de l’écriture et est un siècle innovateur
et créateur de styles.
Cependant après 1989, nous avons droit à une
nouvelle génération sortie de la guerre, les
productions qui suivront ces années restent
difficiles à classer, je me focaliserai sur ce que 2Dominique Viart appelle la littérature
2Voir Dominique Viart et Bruno Vercier, La littérature française au présent, Paris, Bordas, 2008 (2eme édition augmentée)
Breton, Ionesco et Sarraute.
Enfin, un changement de paradigme s'opère
depuis les années 80 où on constate un
épuisement des théories avant-gardiste et
une plus grande dispersion des formes et des
expérimentations.
ne se contentant plus de son effet de réel dans
l'écriture. Elle peut avoir des enjeux politiques
lorsqu'elle
l'humanité de cette nouvelle société barbare et
sanguinaire, une sorte de purgatoire où
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 11
fhgkfdjhgkdfjghdkfghkdfgdfhdghfgfhjhjhjhjhjhjhjghjh
j
déconcertante et concertante, la première
cherchant à bousculer l’ordre établi en invitant à la
réflexion tandis que l’autre cherche le scandale et le
bruit de fond médiatique.En effet, la littérature
actuelle est devenue désengagée, j’ai l’impression
que notre siècle est le moins productif, elle me
donne l’impression qu’elle ne s’ancre pas dans la
réalité de nos vies ou plutôt qu’elle répond à un
besoin de lecture rapide. Certains auteurs cherchent
uniquement la gloire et non plus ce qu’ils pourraient
apporter à la société, refusant de s’engager dans la
réalité politique et économique du monde moderne
et s’ils le font, c’est souvent pour créer une
polémique médiatique qui leur garantit une publicité
presque gratuite.
Je généralise, bien évidemment, car il subsiste des
écrivains qui s’engagent à dénoncer des faits de
société ou des injustices sous forme de romans mais
s’il doit subsister un seul genre pour « sauver » la
littérature contemporaine de sa pauvreté de fond, je
dirai que l’essai est la solution.Avec ces
changements radicaux, un 21ème siècle à la pointe de
la technologie, je me questionne sur l’avenir de la
littérature et sur la capacité créatrice
de l’être humain. Sommes-nous vraiment arrivés au
sommet de l’innovation et de l’invention ? Ou bien
au lieu de se lamenter, ne ferions-nous pas mieux
d’accepter toutes ces mutations et de nous dire que
finalement il s’agit, là, d’un tournent important de
l’histoire de la littérature comme beaucoup de
siècles l’ont été ?
Au cours de ma modeste recherche sur la littérature
contemporaine, je me suis confrontée à l’idée
qu’elle est en constante mutation et qu’elle n’est
pas « finie », ce qui rend la tâche de la définir plus
compliquée et qui donne naissance à des débats
controversés.
Il y a une littérature que nous avons oublié, mais
qui était pourtant au centre des dernières
meutes: la presse, puisque le Journal est devenu
un incontournable. Qu'elle soit politique,
littéraire, scientifique, généraliste, sportive,
people, mensuelle, hebdomadaire, de gauche ou
droite, journalisme de guerre ou gonzo, elle ne
laisse personne indifférent. C'est un style à part.
Sa mission première est de présenter
succinctement une actualité dans son contexte :
un match de foot dans un championnat, des
élections avec ses tricheries et ses coups bas, la
cérémonie des Oscars. Ou des drames de guerres.
Avec la rubrique des chiens écrasés, considérée
aussi comme une punition, regroupe les faits
divers inclassables dans les rubriques
traditionnelles, mais qui a la particularité de
résumer le sujet en trois mots. Le journalisme
fournie aussi une critique, et le sujet traité n'est
souvent qu'un tremplin pour lâcher sa verve ou
présenter un sujet qui nous touche. Le
journalisme fournie aussi une vision de son
époque avec les particularités de son temps
Aujourd'hui, plus que tout autre littérature, on
s’inquiète pour la presse. Pour deux raisons
Discours sur le déclin
du journalisme
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 12
principales, toute deux liées au développement de
la technologie qui a bouleversé le mode de
consommation, mais aussi de production de
l'information.
Tous les médias ont connu une
métamorphose, grâce au numérique en étant
accessible partout et en tout temps sur une
simple tablette. Le journal connaît aussi sa part de
révolutions, qui soulève des questions quant à
l'avenir de l'industrie du journal papier. Les grands
noms du journalisme adaptent leurs offres et pour
quelques euros l'année, une carte Visa et une
connexion internet, le Monde Diplomatique est
accessible de l'Inde au Pôle Nord. Le journal ne
fait que changer de support en permettant de
faire des gains non négligeables sur le travail de
presse et de livraison. De nouveaux métiers du
numérique prennent la place des anciens
papetiers, sans que le travail de mise en page soit
négligé. Au contraire, le journal numérique est
devenu interactif : des hyperliens apparaissent
pour compléter l'info avec vidéos, images,
archives : le journal devient une véritable
médiathèque.
Mais l’accès en continue à l'information,
porte un coup au journalisme. Il n'y a plus de
perspective. La multitude de source et le temps
ultra court de traitement de l'information posent
de nouveaux défis à la rédaction en terme de
fiabilités de sources, puisque la profusion de
vidéos, de messages et d'images, ne sont pas
évidentes à gérer pour un journaliste qui se doit
de suivre des règles d'éthique sur la vérifiabilité
des informations fournies, leur diffusions, leur
pertinence, tout en fournissant une info en
continue.
La liberté d'expression fait aujourd'hui
l’unanimité et internet fournie les moyens de
toutes les ambitions sur ce point-là. Dès lors, tout
le monde peut publier, partager, aimer et
s'exprimer : la production de l'information s'en
trouve bouleversée. Si les grands groupes
d'informations avaient le défaut de filtrer
l'information sur la base d'une ligne éditoriale pas
toujours claire, Internet fournie une orgie et une
profusion de blogs, webzines, groupes sociaux où
il n'est pas aisé de surfer. Tout le métier de
journaliste se base sur la fiabilité des informations
transmises et sur l'esprit critique qui la transmets.
Journaliste est un métier à part, concurrencé par
l'apparition des blogueurs, des lanceurs d'alertes
ou le jugement et les valeurs de chacun doivent
faire leurs preuves tout comme le photo-
journalisme est aujourd'hui submergé par la
démocratisation des appareils photos qui se
limitaient il y a quelques années au professionnels
de la photographie avec des moyens conséquents.
Les affaires Wikileaks et Snowden, les révolutions
arabes ont mis sur en lumières l'évolution de
l’information. Deschair, parce qu'il ciblait une
catégorie bien spécifique de la population, avec
un type particulier d'informations: les hommes
d’âge mûr et d'un certain niveau intellectuel qui
s’intéressent à l'actualité et à la politique
nationale ou internationale. Aujourd'hui la presse
de vulgarisation scientifique, les périodiques pour
bricoleurs du dimanche, la presse people ne sont
pas de simples niches, mais une industrie
florissante. Le magazine Science et Vie reste un
incontournable, tant sur papier que sur internet,
l'avenir n'est pas si sombre qu'on le croirait.
Journaliste devient aujourd'hui un métier
bien compliqué.
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 13
Littérature hispanophone
La littérature en chute libre ?! …pas si sûr !
« Déclin », en voici un bien joli moche mot qui est en vogue. C’est le déclin en tout, de la morale, de l’économie, de la culture et notamment de la littérature. Est-ce si certain? Peut-on affirmer que la littérature est en déclin, en chute libre? N’y a-t-il donc aucun espoir pour l’humanité, car sans la littérature que serait le genre humain ? Pour contrer tout ce négativisme grimpant, cherchons un semblant d’espoir, rien qu’un peu d’espoir pour pouvoir envisager un avenir pour la littérature, pour l’humanité, un avenir ni heureux ni malheureux, juste une possible continuité, une porte ouverte, une fenêtre donnant sur l’infini… Mais où chercher, où trouver ? Et pourquoi pas en Amérique Latine ou encore en Espagne? Car que l’on se le dise la littérature en langue espagnole se porte bien.
D’abord, si nous allons du côté de l’Espagne, au pays des Corridas et de Cervantès nous nous rendrons compte alors que l’œuvre la plus importante et la plus connue (Don Quichotte) de ce dernier est aussi la plus traduite c’est-à-dire la plus lue dans le monde après la Bible (1).
Partons ensuite faire un voyage des plus passionnants en Amérique Latine où des pays comme l’Argentine, la Bolivie ou encore l’Uruguay, sont des pays jeunes d’un point de vue politique et économique et d’une richesse et d’une diversité culturelles sans pareil. Un cocktail adéquat pour faire de la littérature.
Aussi, il y a l’héritage littéraire dont jouissent les jeunes auteurs car ils ont des prédécesseurs qui ont joué un rôle clé non seulement sur la scène
hispanique mais aussi sur la scène internationale, parmi eux les écrivains du BOOM latino-américain comme : Jorge Luis Borges, Gabriel García Marquez, Mario Vargas LLosa ou encore Julio Cortázar(2).
Enfin, de nos jours ce ne sont pas les thèmes à traiter qui manquent, les auteurs latino-américains ont matière, ils ont une société á construire, á en décrire les lacunes, á donner de l’espoir et une littérature à réinventer et á inventer. Des auteurs prometteurs font leur entrée sur la scène littéraire tels que Roberto Bolaño, Rodrigo Fresán, Guillermo Fadanelli ou encore Santiago Gamboa (3).
Aussi, il est de toute urgence de créer une littérature qui soit á l’image des femmes et des hommes d’aujourd’hui et qu’elle décrive leur réalité mais aussi leurs rêves et leurs attentes. Car á la fin, la littérature n’est pas un témoigne du temps passé mais aussi de notre époque, qui un jour sera un temps évanoui, il ne restera alors que nos écrits qui témoigneront de notre existence, que nous ayons vécu au sein d’une société en déclin ou non.
(1) : http://blog.libros.universia.es/los-10-
libros-mas-leidos-de-la-historia/
(2) :http://america-
latina.blog.lemonde.fr/2012/11/22/les-
cinquante-ans-du-boom-du-roman-
hispano-americain/
(3) :
http://fluctuat.premiere.fr/Livres/News/L
es-nouveaux-visages-de-la-litterature-en-
langue-espagnole-3337700
La littérature russe : le lourd
héritage.
« Plus l'objet ou
l'évènement sont grands, plus doit être grand le r
ecul. », Maïakovski4
Comment se porte la
littérature ailleurs ?
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 14
A chaque pays son histoire littéraire. A chaque
époque ses genres romanesques. La Russie ne fait
pas exception à la règle, les plumes russes, font
partie bel et bien de l’histoire littéraire du monde.
Et quelle histoire?!
Difficile de penser littérature russe et s’empêcher
de penser à l’âge d’or de celle-ci, le XIXe siècle est
marqué par le réalisme de Tolstoï et Dostoïevski,
pratiquement les plus grands écrivains russes de
tous les temps, à côté de Gogol et Tourgueniev.
Commençons par les débuts : la littérature de
langue russe est né au cours du XVIIe siècle, elle
fait ses débuts avec la poésie et le théâtre, mais
très tôt nait une riche tradition romanesque,
intéressons-nous à cette dernière.
Au début du XIXe siècle, le romantisme fait son
apparition avec de talentueux auteurs tels que :
Alexandre Pouchkine, et Mikhaïl Lermontov.
Vient, ensuite, l’âge d’Or avec les auteurs
mentionnés au-dessus. Le roman russe prend son
essor avec Tolstoï et Dostoïevski, les géants de la
littérature russe, ils donnent vie au réalisme russe,
différent du réalisme français.
« Les âmes mortes » de Nicolas Gogol, est l’un des
chefs-d’œuvre de la littérature mondiale, il est
classé entre les plus grandes œuvres littéraires
comme « Don quichotte », « Gil Blas », une
véritable épopée héroïcomique, avec un humour
gogolien propre à l’auteur. La fin du XIXe siècle est
marquée par l’influence de l’occident :
Baudelaire, Mallarmé et Verlaine. La littérature
russe se livre à un véritable renouveau, une sorte
de « démocratisation » de la littérature qui touche
un public plus large. Des auteurs qui, en
continuant de s’inspirer du réalisme classique,
s’en détachent progressivement. La nouvelle et le
récit séduisent de plus en plus cette génération de
la fin du siècle, et même Tolstoï à la fin de sa vie
ne s’en privera pas. L’un des nouvellistes les plus
marquants de la fin du XIXe siècle et du début du
XXe est :Tchekhov (1860-1904) avec sa vision
pessimiste de l’univers russe, une vision unique
qui rompt avec le style classique, par la forme de
ses textes. Deux autres nouvellistes marqueront
cette période, il s’agit de Vsevold Garchine (1855-
1888), et Vladimir Korlenko (1853-1921).
Le début du XXe siècle voit une vive activité dans le
champ poétique avec l'éclosion de diverses
tendances telles : le symbolisme, l'acméisme et
le futurisme russe. Cette période voit également
une intense activité critique et théorique, avec le
développement du Formalisme russe.
La révolution russe d’Octobre en 1917 et
particulièrement l’ère soviétique mettent un coup
de frein à la production et à l’évolution littéraire.
Dès les années 20, nombreux sont les auteurs qui
s’exilent à l’étranger, à Berlin puis à Paris, à
l’image de : Bounine (prix Nobel), et Kouprine, qui
vivront de grandes difficultés. D’autres ont choisi
l’intégration. « La pensée russe », un
hebdomadaire de la diaspora russe en France, voit
le jour à Paris en 1947. Deux femmes à forte
personnalité le dirigèrent pendant de longues
années : la princesse Zinaïda Schakhovskoï,
historienne, et Irina Illovayskaya-Alberti, petite-
fille de Léon Tolstoï.
Sous la direction de Lénine en 1921, quelques
auteurs profitent pour dénoncer les abus du
système tels que : Zamiatine, Boulgakov, avec un
style ironique, humoristique, cynique, voire
grotesque, ce qui coûtera très cher à certains.
Avec l’avènement de Staline, la rébellion se tient
à carreaux. De nombreux écrivains et intellectuels
furent emprisonnés. Après la mort de Staline
quelques initiatives voient le jour. Soljenitsyne
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 15
publie son roman : « une journée d’Ivan
Denissovitch » mais l’arrivée de Brejnev plonge la
littérature russe dans une période stérile (1964-
1985), et le réalisme socialiste reste le seul style
littéraire autorisé, des auteurs décident de se
faire publier à l’étranger sous samizdat qui veut
dire littéralement « publier ailleurs ». Dans les
années 70, Axionov avec son ton satirique « à
l’occidental », qui sait capter l’attention de la
jeunesse, met fin à l’esprit littéraire qui s’opposait
jusque-là au capitalisme et au mode de vie
occidental.
La littérature russe contemporaine, essaie tant
bien que mal de se détacher de l’époque
soviétique, et cherche d’autres horizons pour se
replanter dans l’histoire littéraire mondiale, selon
Olga Slavnikova (critique littéraire, romancière et
nouvelliste) la nouvelle génération ressemble à
celle des écrivains des années 60 : « J’observe
une nouvelle génération pour qui le règlement de
compte avec les autorités russes n’est plus
d’actualité. ». Elle ajoute plus loin « Ces jeunes
auteurs se prennent souvent pour des cyniques,
qui ont tout vu. En réalité, ils représentent la
littérature de la nouveauté »
La réalité contemporaine évoque une société
chaotique ravagée par les changements, là où
drogue, sexe, violence et mort donnent le ton. La
littérature essaie d’évoquer la vie des nouveaux
riches et la vie des pauvres. La littérature
policière, le genre dominant aujourd’hui en
Russie, se porte bien avec des auteurs comme :
Nikolaï Chadrine, Alexandra Marinina, Andreï
Kourkovet sa fidèle mascotte « Macha » et Boris
Aknounie. Ce dernier, commente la littérature
russe policière en disant : « quand la machine
soviétique s’est effondrée, le crime nous est
apparu violemment : tous les jours des explosions,
des viols, des violences…il ne nous manquait, dès
lors, ni crime organisé ni obsédés sexuels. »
Zakhar Prilepine (ancien volontaire en
Tchétchénie ; auteur journaliste, chanteur et
poète) a justement écrit un roman tournant de ce
conflit tchéchène : « j’ai grandi dans un pays qui a
gagné la pire des guerres », dit-il. La violence du
conflit a marqué son esprit, mais aussi sa prose.
Comme, très certainement de nombreux autres
auteurs actuels. L’un des ennemis de la littérature
russe à travers les années reste la censure,
d’après Michel Pafenov (directeur de la collection
Lettres russes d'Actes Sud) quand on lui
demande : Qu’en est-il aujourd’hui de la liberté et
de la censure littéraire en Russie ? Il répond que
« Il n’y a aucune censure parce que les tirages sont
trop petits pour inquiéter quelque pouvoir que ce
soit.»
Si un roman peut mettre des années à se
construire, qu’en est-il quand une société est
bouleversée de A à Z ? On n’a plus la même
temporalité. Certains styles se sont perdus,
d’autres sont nés dans le tas. La société russe
évolue, sa littérature aussi. Certains affrontent
leur histoire, et suivent le schéma du roman
réaliste classique russe, et d’autres plus réservés,
fuient les fantômes du passé et essayent d’en
construire une nouvelle qui a pour thème leurs
existences actuelles. L’histoire de la littérature
russe, comme toute histoire, est passée par des
moments de gloires et des moments de faiblesses,
elle est blessée, mais elle combat toujours pour
son existence, on doit suivre de près les pas de ces
auteurs au cas où un nouveau Dostoïevski verrait
le jour. « Ce n'est pas
en enfermant son voisin qu'on se convainc de son
propre bon sens. », Fiodor Dostoïevsk.i
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 16
Dans un présent alternatif, à des technologies inespérées. On pourra donc utiliser le terme de « retro-futurisme » quand on évoque ce style. Souvent, mais pas toujours décrits sous un aspect Victorien, on se retrouvera donc dans un monde où des trains à vapeur lévitent sur les rails et se déplacent à une vitesse surnaturelle, les gens ont un style vestimentaire spécifique à l’époque victorienne mais avec une extravagance accrue et des gadgets improbables accrochés à leurs chapeaux, corsets ou encore capes. Il n’y a pas de manchot ou de personne sans jambes, les prothèses mécaniques, semblables aux bras d’Edward Elric, sont à la pointe de la technologie et bien sûr, on retrouvera en levant les yeux vers le ciel des Zeppelins perfectionnés, des bateaux volants grâce à l’énergie à vapeur et peut-être même le ballon ayant fait le tour du monde en 80
Un nouveau genre :
Le Steampunk !
Steampunk : Fantaisie Rétro-futuriste « Le XIXème siècle a été la scène de maintes œuvres littéraires, surtout classiques, mais qu’en est-il de la fiction inspirée de cette époque ? Une version alternative de cette période, marquée par la révolution industrielle et l’apparition de l’énergie à vapeur, a vu le jour entre les mains d’auteurs profitant du
déclin du Cyberpunk, autre style littéraire relevant de la science fiction, afin de donner vie et mettre sous les feux des projecteurs ce monde qui tire ses origines fictives et sa structure de choses ayant déjà été
explorées par de grands noms, tels que Jules Verne dans « vingt mille lieues sous les mers » ou encore H. G Wells dans « La machine à explorer le temps » par le fait que ces derniers utilisaient les machines et le monde de l’époque comme support de leur imagination des technologies futuristes. » Qu’aurait été le présent si certains éléments du passé n’avaient pas été les mêmes ? Le XIXème siècle me fascine, que ce soit du côté architectural ou du côté des « réalisations ». Mais porter un long chapeau, une veste « queue de pie » avec une montre à gousset accrochée et avoir une canne ne m’est cependant pas
permis, du moins pas sans que je passe pour un fou. Ceci ne m’empêche pas de rêver… rêver d’un monde où deux choses que j’apprécie s’y trouvent : la fantaisie / science-fiction et ce même décor vieux de plusieurs décennies. Le Steampunk* est l’aboutissement de la création de cet univers fictif fantaisiste qui, dans un premier temps, fut assimilé à la science fiction (puis maintenant considéré comme sous genre de cette dernière) vu qu’au début, les auteurs de roman d’anticipation faisaient des prédictions sur l’évolution des machines de l’époque. Cette évolution n’a pas eu lieu et le Steampunk, en tant que genre à part entière, fit son apparition des années plus tard dans la catégorie fantaisie. Et bien que traitant d’un temps relativement passé, cet univers met l’accent sur l’aspect futuriste des machines à vapeur et des technologies résultant de l’évolution de cette source d’énergie dans un monde uchronique** figé esthétiquement au XIX siècle et dans lequel la découverte et l’utilisation massive des machines à combustion n’a pas eu lieu. Ce qui en résulte est le perfectionnement de l’énergie à vapeur et de la mécanique de l’époque afin de donner vie,
permis, du moins pas sans que je passe pour un fou. Ceci ne m’empêche pas de rêver… rêver d’un monde où deux choses que j’apprécie s’y trouvent : la fantaisie / science-fiction et ce même décor vieux de plusieurs décennies. Le Steampunk* est l’aboutissement de la création de cet univers fictif fantaisiste qui, dans un premier temps, fut assimilé à la science fiction (puis maintenant considéré comme sous genre de cette dernière) vu qu’au début, les auteurs de roman d’anticipation faisaient des prédictions sur l’évolution
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 17
jours, si on a de la chance, on croisera le vieux qui ne veut pas changer son véhicule. Même si le Steampunk s’éloigne, de la mise au premier plan, du côté politique, résultant du changement causé par la modification majeure du futur à une époque précise, il ne sera néanmoins pas rare de tomber sur des œuvres mettant en avant des versions « apocalyptiques » et lugubres du monde. La dystopie, forme négative et paradoxale de l’utopie, a, en effet, une grande place dans l’univers de la science fiction de façon générale et de la fantaisie spécialement. Evgueni Zamiatine, même si axé sur le Dieselpunk, est l’un des pionniers de l’écriture d’œuvres uchroniques avec une vision sombre de la réalité « rétro-futuriste » dans laquelle la société se voit perdue, les pénuries de matières premières pousseront les régimes, souvent totalitaires, et nations à tomber dans des conflits armés et des guerres dévastatrices causant la destruction totale, ou partielle, de la planète comme c’est le cas dans le manga Trigun d’inspiration « steampunk western ». Le Steampunk quittera rapidement le domaine de la littérature pour s’étendre aux arts visuels et la peinture (les illustrations d’Albert Robida), l’animation/manga(les œuvres monumentales d’Hayao Miyazaki ou autre Full MetalAlchemist) voire même à la musique dans des titres thématiques et se fera une grande place dans les jeux vidéos (on citera à titre d’exemple l’incontournable Bichock ou encore Dishonored).L’architecture a aussi été touchée par ce nouveau mouvement culturel qui gagnât en popularité et inspirera des architectes de renom, comme LebbeusWoods, dans certaines de ses maquettes. Cet univers fictif s’est vu adjugé une place incontestable au sein de la culture moderne mondiale mais reste néanmoins inconnu chez nous, en Algérie, et, c’est en tant qu’amateur de science fiction que, je me permets de recommander aux lecteurs cette catégorie de littérature d’abord, ensuite d’art de façon plus large, qui vous transportera dans un ‘’vieux
futur’’. Il n’est pas nécessaire de commencer, directement, par les œuvres purement fictives, les vieux Jules Verne ou Dickens feront l’affaire pour vous familiariser avec cette époque pour ensuite faire émerger cette vision fantaisiste d’un présent aux couleurs d’un passé futuriste.
* Définition et origine du mot Steampunk : littéralement « punk (voyou) à vapeur » le mot a été créé par Kevin Wayne Jetter dans les années 1970 quand il créa le genre avec ses amis Tim Powers et James Blaylock. Le mot a été créé a partir d’une boutade vis-à-vis d’un autre style littéraire, le Cyberpunk.
** Définition d’Uchronie : un genre qui repose sur le principe de la modification d’un fait historique, faisant que dans un univers parallèle et suite aux changements de cet événement tout le déroulement de l’histoire bascule vers une autre direction.
Univers Steampunk
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 18
Progression ou régression de la littérature ?
Internet a envahi nos vies depuis quelques décennies. Elle est une riche base de données qui permet une connexion au monde en quelques clics. On a vu naitre l'écriture numérique dont l'auteur, au départ, pouvait être identifié à un espace: un site ou un blog. Aujourd'hui, les écritures se sont multipliées et leurs plateformes se sont diversifiées, elles se croisent via les réseaux sociaux. Il y a, ce qu'on appelle, l'extension du domaine de l’hyperlien. L'auteur numérique a un écosystème qui le caractérise: le site et ses composants (images, design, texte) et ce changement de support nous permet de parler plutôt d’une nouvelle interface que d’un dualisme entre Réel/Numérique. L'écriture numérique
Comme le dit si bien Sébastien Rongier, elle est
pleinement dans l'invention, elle expérimente
l'intensification de l'écriture comme force
d'évolution et de déplacement.
Les auteurs sont "suivis", "commentés",
"partagés" et "aimés", une popularité qui, via les
réseaux sociaux, est importante, pour ces auteurs
dits numériques mais aussi pour ceux qui publient
sur papier et à qui internet sert de médiation pour
attirer le lecteur.
Il y a du bon et du mauvais.
En effet, il y a de nouvelles formes qui voient le
jour et des talents exposés. Il y a un
renouvellement de la littérature: elle a changé
d'espace, elle est devenue hypermoderne et
s'adapte à son public, elle lui propose des
lectures simples et fluides pour ne pas l'ennuyer
oul'importuner dans ses tracas quotidiens, les
« romans de gare » font fureur pour ces raisons-
là, le large public ne veut pas réfléchir aux soucis
du monde alors il préfère se plonger dans des
œuvres qui donnent l'impression d'avoir quelque
chose à dire.
L'hyperlien rend accessible, en quelques
secondes, des œuvres partielles ou complètes,
payantes ou gratuites. Les e-books sont très
appréciés et les créateurs d'applications l'ont bien
compris, il y a une multitude de lecteurs d'E-pub
et de PDF qui proposent des bibliothèques
virtuelles, nous permettant ainsi de transporter
plus de livres, qu'on en aurait acheté durant une
vie, partout où on va.
Les blogueurs inventent de nouvelles formes de lecture, des textes mis en scènes sur fond de musique, nous imposant un rythme représentatif du texte en question (l’Horloge de Baudelaire), d'autres mettent ça sous forme de dessins,….etc. En tout, il y a une hyperactivité sur internet, tout le monde met la main à la pâte pour créer ou inventer quelque chose. Ça ne cesse de s'accentuer et les réseaux sociaux, comme Facebook, permettent ce partage universel. Il y a des dangers à tout ça, la mort de la littérature peut très bien venir de là, car jusqu'ici, l’édition numérique n'était qu'un support de médiation avec le livre papier. Certains pourraient encourager l’édition
numérique mais elle est plus ou moins contrôlable
puisqu'il faudra une réglementation qui
protègerait les droits d'auteurs de chacun écrivant
sur internet, qui veut dire la quasi-totalité de
l'humanité.Il y a ceux qui proposent plutôt de
n'imprimer QUE les œuvres jugées importantes
afin de les sacraliser et de garder le reste
numérisé : serait-ce un nouveau prix littéraire ?
Comme une récompense ? Qui peut décider, de
Avenir de la
littérature
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 19
nos jours, si untel a du talent tandis qu'untel n'en
a pas ? Peut-on encore parler d'amateurisme
quand la toile ne filtre rien et ne sélectionne pas
et que, parfois, la popularité est la seule référence
du talent ?
La littérature numérique tend à être underground,
c'est une vraie "littérature-monde" qui voit le jour
et qui se prolifère sur les fils de la toile, disons que
tout le monde ne cherche qu'à s'exprimer et que
le Web 2.0 le permet très bien, il n y a pas de
censures ou du moins facilement évitées, il y a
plus de liberté, il y a une hyperactivité textuelle.
Les auteurs de cette nouvelle forme littéraire sont
engagés dans leurs discours, ils sont impliqués et
ont un public qui partage le même avis, d'ailleurs
des micro-communautés voient le jour partout sur
le web, des groupes, des forums…etc.
Si le 20ème siècle a été un tournant dans
l'abolition des tabous et un gain d’une liberté de
pensée et d'écriture, le 21ème siècle explose tout
sur son passage et change radicalement les règles
établies, celles qui voudraient qu'une "vraie"
littérature soit mieux pensée.
Il y a de bons et de mauvais côtés.
Je suis convaincue que ce qui se fait sur le Web
est éphémère (trop de liens, de pages, de
sites…etc.) et que le virtuel est une illusion car à
mon avis si Virgile n'avait pas mis sur papier ses
textes, on n'en aurait jamais eu vent. Je trouve
que l'écriture numérique est comme une rumeur,
elle apparaît, se propage, se commente et
disparaît quand l'intérêt n y est plus.
Le Web est en passe de remplacer tout dans
nos vies et de par ce fait formater tout l'ordre
établi. Il propose une sorte de nouvelle vie, de
nouvelles formes conceptuelles, certains y
trouvent leurs comptes car on est face à une
génération "Y" qui ne s'intéresse à rien, qui se
contente de critiquer, de cliquer sur "j'aime" ou
de faire des Vine, la rapidité est de rigueur, tout
va à la vitesse de la lumière, on n'a plus le temps
de lire un bouquin, il faut vraiment le vouloir et y
consacrer du temps, ce n'est plus par besoin de se
cultiver qu'on veut lire mais pour dire qu'on lit,
pour faire partie d'une communauté, et encore !
La société est aliénée et la littérature est peut-
être l'art qui s'éteindra en premier car la peinture
et tout ce qui est pictural a encore du chemin
devant lui et le poème a trouvé son successeur, le
Slam par exemple. La littérature est prise au piège
car elle a été la mère des arts et elle se voit
démodée, vieux-jeux et mise de côté.
Même si le web stimule l'imagination de l'individu en lui offrant des outils comme Photoshop, collage, montages, vidéos et bien d'autres pour écrire et peindre, il n'en reste pas moins sûr, car il faudrait alors le valoriser en lui donnant le monopole sur le reste. D'ailleurs certains disent que le Web 2.0 est
l'œuvre ultime de la modernité, par conséquent
l'homme ne va rien inventer de nouveau et qu'il y
a un arrêt de la littérature.
L'écriture numérique et l'écriture sur papier sont
deux mondes bien distincts, car comment juger
ces nouveaux écrivains en se basant sur la
littérature proprement dite ? Il faudrait alors
établir de nouveaux critères et bien distinguer ce
nouveau monde où s’articule un renouveau
linguistique et syntaxique. Désormais, il n y a plus
de courants ou si certains en trouvent toujours,
leurs nominations est technique ou technologique
: "hyper-roman", "mail-books ‘’, "hyper
textes"…etc. certains de ces "courants" ont
disparus rapidement car il n y a pas un
mouvement particulier qui déterminerait une
communauté d'idée ou de "façon de faire", et la
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 20
raison de l'individualisme revient pour expliquer
ces auteurs fragmentés. Chacun écrit ce qu'il veut,
quand il le veut et comment il le veut. La société
de consommation a changé de priorités.
Nous ne sommes pas les premiers à parler d’une éventuelle mort de la littérature, c’est un débat, dirai-je, vieux de plusieurs siècles et les raisons sont souvent les mêmes, parmi elles, celle autour du mode de vie changeant de l’être humain. Tout ce tintamarre réduit la littérature à peu de chose, lui enlevant son sens véritable. Avant, nous lisions un livre et nous découvrions la société, la politique d'un pays, de nos jours, Google peut très bien s'en charger. Je me pose des questions sur l'importance qu'a encore la littérature, Antoine Compagnon nous dit dans son ouvrage "démon de la théorie » que « la valeur de la littérature dépend de la valeur qu'une société donnée peut accorder aux valeurs que la littérature transmet » et il renvoie la question de la littérature à celle de la lecture car, pour lui, la valeur d'une œuvre dépend des compétences du lecteur. Ainsi le lecteur est sensé avoir une lecture responsable.
Solutions et Suggestions Face à ces constats tantôt défaitistes, tantôt optimistes quant à l'avenir de la littérature, il n'en demeure pas moins qu'il faut proposer des solutions, faire des hypothèses réalisables et qui pourraient redorer le blason de la littérature. Il faudrait, par exemple, réintégrer la critique littéraire dans les journaux, la presse écrite ou visuelle. Qu'il y ait des critiques objectives et constructives, sans lynchage médiatique ou ultra-médiatisation d'une œuvre, comme on a tendance à le rencontrer de nos jours. "N'est pas critique qui le veut", dans l'art de la critique, on tend à apporter une nouvelle vision sur une œuvre, parler de ses dérives ou de ses succès et ainsi
suggérer à l'écrivain une amélioration ou d'éventuels conseils d'écriture. Les médias sont importants car ce sont eux qui font et défont une œuvre, la mettant sous les projecteurs soit pour la descendre, soit pour l'élever, ils établissent une opinion publique et ils ont la responsabilité d’apporter une information objective. La responsabilité incombe aux éditeurs
également, le fait de sélectionner d'éditer une
œuvre devrait passer par un questionnement
essentiel "que va-t-elle apporter au lecteur?" et
non « sera-t-elle rentable ? », pour cela, ils
pourraient faire des appels d'offre pour des écrits
plus engagés afin de pallier à la pauvreté de fond
dont fait preuve certains livres. Pourquoi gaspiller
du papier lorsqu'un texte raconte juste une
histoire qui ne fera, de toute façon, pas long feu ?
Les écrivains sont les premiers responsables de ce
qu'ils peuvent produire comme idées, ne pas
s'engager ou s'impliquer dans un texte, en se
contentant de narrer sa propre vie, l'éloigne du
lecteur, qui ne se reconnaît pas toujours dans
celui-ci, cela entraine également à écrire de façon
générale ce que l'écrivain pense personnellement,
ce qui donne l'impression qu'il prêche une vérité
nouvelle qui pourrait offenser ou tromper le
lecteur.
De nos jours, on sent que l'écrivain n'est plus
inspiré que par sa propre vie et son propre vécu,
une déshumanisation totale s'installe et des bulles
d'individus voient le jour, chacun pour soi, il n'est
parfois intéressé que par l'appât du gain. Afin
d'éviter certaines contraintes liées à l'édition
papier, il se rabat sur l'édition numérique ou
devient son propre éditeur ce qui lui donne un
statut de commerçant. Il n'est pas honteux de
gagner sa vie en écrivant, ce n'est pas donné à
tout le monde de vivre de son art mais il faudrait
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 21
apporter un message, faire de la littérature active,
où l'écrivain écrirait pour instruire et pousser le
lecteur à réfléchir sur le sens de sa lecture.
Tout ceci est, bien évidemment, une tentative de
réflexion autour de la littérature, le débat reste
ouvert tant il y a une multitude de points à
aborder afin de comprendre la décadence que
subit la littérature en général et français en
particulier.
Sources :
http://sebastienrongier.net/spip.php?article56
http://www.french.hku.hk/dcmScreen/lang3035/lang3035litteratureactuelle.htm http://www.etudes-litteraires.com/malraux-conception-roman.phphttp://sebastienrongier.net/spip.php?rubrique40
http://sebastienrongier.net/spip.php?rubrique40
Smart Glasses La lecture ne vous intéresse plus ? Pire ! Elle vous ennuie ? Mais vous en avez quand même besoin pour passer vos tests et divers examens ? Ne réfléchissez plus, notre produit est fait pour vous ! Grâce à nos Smart Glasses, il vous sera possible de projeter le texte de vos livres partout où vous irez, ainsi tout en buvant votre café vous ne perdrez pas le fil de l'histoire puisque celle-ci est pratiquement ancrée dans vos yeux. Grace à sa reconnaissance vocale, vous n'aurez plus à cliquer pour tourner vos pages, vous pourrez commander à vos lunettes de le faire pour vous mais aussi de fermer le livre et d'en choisir un autre ou de les éteindre. Vous pourrez connecter celles-ci avec votre ordinateur de bureau, votre lap-top, smartphone et tablette afin d'enregistrer vos données, de les modifier ou de les consulter ultérieurement. Nous vous proposons notre application GlassesAp téléchargeable sur tous vos supports, elle vous permettra d’accéder à une base de données (livres gratuits ou payants, documentations) ainsi qu’une intégrée aux lunettes permettant à vos différents appareils de projeter vos livres numériques au format E-pub ou PDF, ainsi vous pourrez continuer votre expérience avec vos proches en partageant avec eux cette interface ingénieuse puisqu'elle s'adapte également à votre rythme de lecture et vous propose diverses musiques et ambiances pour vous aider à lire sans vous ennuyer. Plongez dans l'univers de "Vingt mille lieues sous les mers" et retrouvez-vous dans le décor du livre, celui-ci évoluera selon la narration et vous permettra de vivre mais surtout lire cette œuvre d'un trait.
Petites Annonces :
Meute Compagny
Chers clients, ne vous souciez plus du déclin de la littérature !
Meute & co a trouvé la solution pour vous ! Nous vous proposons
notre nouvelle gamme de produits, développés par des
spécialistes algériens afin de parer à ce fléau qui ronge nos pages !
Smart Glasses
La lecture ne vous intéresse plus ? Pire ! Elle vous ennuie ? Mais vous en avez quand même besoin pour passer vos tests et divers examens ? Ne réfléchissez plus, notre produit est fait pour vous ! Grâce à nos Smart Glasses, il vous sera possible de projeter le texte de vos livres partout où vous irez, ainsi tout en buvant votre café vous ne perdrez pas le fil de l'histoire puisque celle-ci est pratiquement ancrée dans vos yeux. Grace à sa reconnaissance vocale, vous n'aurez plus à cliquer pour tourner vos pages, vous pourrez commander à vos lunettes de le faire pour vous mais aussi de fermer le livre et d'en choisir un autre ou de les éteindre. Vous pourrez connecter celles-ci avec votre ordinateur de bureau, votre lap-top, smartphone et tablette afin d'enregistrer vos données, de les modifier ou de les consulter ultérieurement. Nous vous proposons notre application GlassesAp téléchargeable sur tous vos supports, elle vous permettra d’accéder à une base de données (livres gratuits ou payants, documentations) ainsi qu’une intégrée aux lunettes permettant à vos différents appareils de projeter vos livres numériques au format E-pub ou PDF, ainsi vous pourrez continuer votre expérience avec vos proches en partageant avec eux cette interface ingénieuse puisqu'elle s'adapte également à votre rythme de lecture et vous propose diverses musiques et ambiances pour vous aider à lire sans vous ennuyer. Plongez dans l'univers de "Vingt mille lieues sous les mers" et retrouvez-vous dans le décor du livre, celui-ci évoluera selon la narration et vous permettra de vivre mais surtout lire cette œuvre d'un trait.
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 22
Le i-Classics Au fil des années, le fossé entre les anciennes et futures
générations se creuse de manière inquiétante. Les nouvelles générations trouvent les anciennes œuvres
de plus en plus difficiles et ennuyeuses. Sommes-nous alors prêts, de voir ces anciens chefs-d’œuvre
disparaitre sous la poussière au fin fond des bibliothèques ? Non, car aujourd’hui, « Bookcreate » vous
présente, sa dernière et toute nouvelle invention : le i-Classics.
L’i-Classics est une machine à hologramme avec 5 pouces, 50 mm de largeur et 6 mm de profondeur, avec
écran tactile capacitif multi-touch de 4 pouces et une très haute résolution. En allumant l’appareil, vous
avez sous les yeux une bibliothèque numérique contenant plus de 2000 livres anciens et classiques. Vous
pouvez évidemment choisir la langue et avoir ces mêmes livres dans toutes les langues possibles. En
cliquant sur un livre, plusieurs options s’offrent à vous : Costumes, Lieux, Situations, Biographie,
Vocabulaire et Autres Références. Vous pouvez donc, visionner en 3D suspendu en l’air, les costumes
féminins ou masculins de l’époque dans laquelle se passent les faits et situer dans un worldmap, le lieu de
naissance de l’auteur et le lieu de l’écriture de l’œuvre, ainsi que les lieux où se déroulent les faits dans les
livres et les spécificités géographiques. En cliquant sur « Situations », vous pouvez avoir
une vue générale sur les situations économiques, politiques et sociales de
l’époque dans lesquelles l’œuvre fut écrite ou celles de l’époque dont il est
question dans l’œuvre. Vous avez également une biographie complète et
détaillée des auteurs, une liste du vocabulaire ancien ou difficile,nécessaire pour la compréhension du
livre. En plus, d’autres références : des ouvrages spécialisés, articles et vidéos sur le net, disponibles avec
la connexion à internet par wifiafin d’approfondir vos recherches. Avec son option infrarouge, vous
pouvez appliquer le rayon sur un extrait dans le livre que vous aurez en main et visionner en 3D les lieux
où se passe la scène. Vous pouvez également, utiliser cette option pour le dictionnaire en dirigeant le
rayon vers le mot voulu en vued’entendre et voir affichée la signification. Le i-Classics est un outil qui révolutionne
la lecture et qui fera désormais envie des plus vieux et « ennuyeux » classiques.
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 23
LIVRELIUM
CRASH TEST
Vous sentez vous prisonnier du system élaborer par le théoricien du
groupe Verkhovensky dans les Démons de Dostoïevski ? Vous sentez
vous enclin au Chigaliovisme, a une obéissance sans bornes a un
monde ou une société qui vous étouffe et vous restreint a une
dépersonnalisation absolue ? Maintenant vous faites face a cette
question monumental que c‘est poser Lénine en 1917 « que faire ? »,
et bien future client ne vous tracassez plus ! ne rudoyer plus votre
cerveau, car nous avons la solution adéquate a vos soucis. Oui !
Quand le présent n’est pas a la hauteur du passé, c’est vers l’avenir
qu’on ce tourne ! Et l’avenir c’est « Livreliume » ! Solution injectable
livré en boite de 5 ampoule de 3 ml, contenant chacune, l’ADN d’un
livre choisit au volet, livré avec son extracteur d’ADN hautement
performent, qui vous permet d’extraire le génome fondateur de toute
œuvre souhaitée et de le liquéfier dans une petit ampoule injectable
et pratique, et ce à tout moment de la journée. Vous chercher à vous
exiler loin du monde des vivants d’un pas chancelant, et côtoyer dans
votre divine distorsion avec le réel, les esprits les plus fins que la sainte
terre ait pu engendre. Le pack Livrelium présenté a la 175éme
assemblée mondial de la santé sous le titre Anglais de « The
manufacture and quality control of drugs and pharmaceutical
specialities » ayant fait preuve de bonne pratique de fabrication et de
contrôle de qualité, la production a l’échèle global fut lancée. Le pack
Livrelium se trouve en vente chez tous les libraires et les marchands de
journaux. Jaillissant comme le feu de l’enfer tout droit sortie du Styx,
Livrelium mettra fin à vos journées moroses.
N.B : si addiction s’en suit, veuillez vous renseigner chez votre
fournisseur.
DOSSIER SPECIAL : Déclin des Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 24
L’attrape-idées :
Vous en avez marre des idées innovatrices
et inédites qui vous traversent l’esprit et qui
s’évanouissent aussitôt sans même avoir eu
le temps de les noter ?!
Une solution ? Oui.
L’attrape-idées : une puce sous forme
neuronale que l’on connecte au système
nerveux par le biais des vaisseaux sanguins
en envoyant des micro-décharges
électriques, les idées une fois capturées
sont enregistrées dans la carte mémoire de
la puce. Pour la consultation des idées
sauvées, il suffit de connecter la puce à un
ordinateur quelconque. La puce est
rechargeable. Et adieu les idées perdues…
LIVROPHONE
Le Livrophone est une
plaque extensible, que
chacun peut agrandir ou
rapetisser au format de
son livre. Ça s'applique
sur la page et dont
l'écouteur lisait le texte
imprimé cette voix non
seulement lit Goethe
Dante Mistral ou Céline
avec l'accent d'origine,
mais aussi reprenait si
l’on le désirait en haut
de chaque page pour en
donner la traduction en
n'importe quelle langue.
Elle possède un grand
registre de tons, se fait
doctorale pour les
ouvrages de philosophie,
sèche pour les
mathématiques, tendre
pour les romans
d'amour, grasse pour les
recettes de cuisine. Elle
lit les récits de bataille
d'une voix de colonel et
d'une voix de fée les
contes pour enfant. Au
dernier mot de la
dernière ligne elle faisait
connaitre par un Hum
hum discret qu'il était
temps de changer de
plaque de page.
DOSSIER SPECIAL : Déclin des
Lettres
Journal de La Meute, numéro 5 25
La question, pour le moment,
n’a été évoquée ni par les
médias ni par le milieu scolaire
et éducatif. Comme je suis
soucieux de l’avenir de notre
jeunesse, je me pose cette
question, non pas par
obligation mais par nécessité.
On remarque depuis
des années le recul du niveau
scolaire qui se répercute,
notamment, sur le niveau
universitaire. Les raisons sont
aussi différentes que multiples
dues au terrible vide dans la
classe intellectuelle de notre
société.
La lecture chez les jeunes :
Les jeunes perçoivent
souvent la lecture comme une
activité qui les éloigne de leur
monde. Ils en ont une
impression négative, voire
dangereuse par certains
aspects. Avec un livre, ils se
sentent seuls alors qu’ils ont
besoin de liens avec leur
entourage. L’information
rapide qu’ils reçoivent sur les
choses et sur les êtres les
maintient dans une agitation
qui leur semble vitale. Ils
privilégient l’écriture et la
lecture du langage SMS, un
langage qui permet de créer
un lien direct avec l’extérieur
alors que la littérature tisse
des liens avec le moi intérieur.
Quelles sont les solutions ?
Pour remédier à
chaque casus belli social, il
faut remonter à la source :
l’école, source de formation et
d’éducation, en particulier
l’école primaire. À l'heure
actuelle, l'enseignement dans
le primaire reste défaillant
pour beaucoup de raisons,
notamment liées à la
répartition du temps entre
l'apprentissage technique
(sciences, physique et
mathématiques) et
l’apprentissage plus ludique
(musique, dessin, littérature
...) axé sur des méthodes
cognitives.
Introduire la
littérature jeunesse devient
impératif, plus que nécessaire,
cela implique l’intervention de
plusieurs instances
académiques, notamment
pour la traduction des grands
classiques de la littérature
jeunesse vers la langue Arabe
ainsi que pour l’enseignement
amazigh, mais aussi
promouvoir la littérature
algérienne (poésie et autres
écrits ) en organisant des
activités parascolaires.
« La littérature jeunesse » doit-elle entrer dans les salles de classe
algériennes ?
Sidou TELDJA
Articles
Journal de La Meute, numéro 5 26
Neuf lettres, un mot, un sens, un monde.
« L’écriture » est la lettre d’amour adressée au
monde. Elle s’appelle Léïna, elle est orpheline. Elle
vit dans une maison d’accueil. Adolescente
rebelle, elle n’en fait qu’à sa tête. Chaque matin,
quand ses grands yeux bleus s’ouvrent à ce
monde qui la fait souffrir, elle prie. Non-croyante
mais elle prie. Une âme contradictoire. Mais on ne
cessait de lui répéter qu’en chaque grand écrivain,
sommeillait une âme qui se contredit.Léïna ne
trouvait plus de sens à sa vie. Solitaire, elle
souffrait. Ses professeurs avaient l’espoir qu’un
jour elle sorte de sa coquille, qu’elle aille de
l’avant et fasse ressortir toute cette colère, cette
haine et tous ces démons qui la rongent.
Dehors, le monde la voyait comme une fille
bizarre, narcissique et effrayante. Mais au fond,
qui la connaissait pour la juger ? Quel droit
avaient-ils pour dire des obscénités sur elle ? Le
fait de ne pas laisser paraître sa faiblesse faisait
d’elle une personne forte. Mais en son for
intérieur, c’était une autre personne. Sous ces
allures d’adolescente révoltée, se cache une
petite fille brisée, mal dans sa peau et qui en veut
au monde entier. Chaque soir, allongée sur son lit,
un stylo entre les doigts, une feuille et elle écrit.
Son poignet danse suivant la mélodie de ses
pensées. La pointe de son stylo dessine des mots,
Ecrire pour exister
Essais
Journal de La Meute, numéro 5 27
des émotions, sa souffrance. Dans les
jours où tout va mal, où la mélancolie se fait
ressentir, ces jours où la solitude pèse sur sa vie,
c’est à ce moment précis qu’elle vient. Sa fidèle
amie, l’écriture, l’invite à poser des mots sur ses
maux. L’écriture ! L’écriture lui sert de pansement
pour ses plaies ouvertes et ses cicatrices. Quand
son ciel devient gris, que son monde s’écroule
sous ses pieds, elle a la plus merveilleusedes
compagnies. Le monde de la prose et de
poésie lui ouvre ses bras et la hisse vers la
lumière, vers un monde nouveau, vers une
renaissance. Dans l’obscurité, écrire est l’étincelle
qui l’éclaire, le seul moyen d’arriver à la sérénité.
Dans son carnet, elle a écrit : « Je m’exprime
peut-être pas bien, mais quand j’ai cette
impression d’être dans une cage sans pouvoir
m’échapper, quand je me sens prisonnière et
coincée, je laisse paraître mes faiblesses et je
m’en sers pour faire de cette cage une prison
dorée. Les gens pensent que dans ma tête c’est
tout blanc ou tout noir. Non, ce n’est pas le cas. Ils
pensent tous que mon esprit est torturé. Je suis
navrée de les décevoir, mais j’ai la plus belle des
armes. C’est mon exutoire, ma façon à moi de
vivre, d’être heureuse. Mon sourire est un
masque, l’écriture est ma réalité ». Léïna souffre
peut-être de solitude, de lassitude ou d’autre
chose, mais l’écriture représente pour elle un
monde secret qu’elle porte en elle, jusqu’au jour
où elle aura décidé de le dévoiler et de l’exposer
aux autres. La vie de Léïna ressemble à plusieurs
autres vies, mais ce qui la distingue des autres,
c’est ce qu’elle a pu accomplir grâce à ce don que
Dieu lui a donné. Pour échapper à la routine, pour
redonner sens à son existence, elle écrivait. Au
début elle avait peur, les exigences et les
responsabilités que cet acte impliquait pesaient
lourd sur ses faibles épaules. Néanmoins, elle ne
pouvait pas quitter ce monde sans avoir donné vie
à ses personnages, sans laisser de traces
de son passage sur terre. Elle a créé un monde, le
sien. Elle se voua corps et âme à cette passion,
débuta timidement mais l’envie d’atteindre ses
rêves était plus forte que tout. Ecrire pour Léïna
était un témoignage ; celui de sa propre existence.
Une existence qu’elle avait tracée sur ces feuilles
blanches durant ces soirées où elle sentait seule,
son but était atteint : Elle a fait de ses rêves une
réalité. lle est désormais un écrivain de
renommé, elle a fondé sa petite famille. Elle
continue de penser à ses parents, morts à jeune
âge, en leur rendant hommage à chaque
publication d’un nouveau roman. L’écriture a
changé sa vie, tout son être a été changé. Grâce à
elle, elle fait un élan vers l’éternité. Elle a toujours
écrit pour exister. Elle exista grâce à l’écriture. Et
même cent cinquante ans après, elle existe à
travers ses écrits.
Ly Ab
Collage : Nabila IKEN
Livre papier !
L’année 2014 est presque morte, nous
entamerons bientôt une nouvelle course
de 365 jours vers le futur, vers l’avenir. La
technologie et les innovations de tous
genres ne cessent de nous étonner de par
leur ingéniosité et leur développement de
plus en plus rapide. En effet, et le domaine
de la littérature ne fut en aucun cas
épargné. Bien au contraire, l’apparition
des « livres numériques » ou plus
communément appelé « e-book » a
Essais /Articles
Journal de La Meute, numéro 5 28
révolutionné la vision
des lecteurs à travers le
monde. Ainsi ce sont
des livres adaptés aux
outils électroniques,
depuis 2008 nous
pouvons constater un
boom dans le marché
des bibliothèques en
ligne. L’apparition des
tablettes a ainsi favorisé
l’expansion des « digital
book ». En 2010,
Amazon (célèbre
entreprise électronique
de commerce
américaine) a déclaré
au dernier semestre
avoir vendu plus de
livres numériques que
de livres imprimés. Plus
récemment encore,
cette même année, on a
évalué en France la part
de lecteurs numérique à
plus de 15 % de la
population. Des chiffres
record. Nous pouvons
aisément en
comprendre les
raisons : meilleure
accessibilité, l’espace
lus restreint que tient
un e-book, le coût (qui
est généralement de
30% moins cher qu’un
livre papier), préviens
en quelque sorte la
déforestation... Et
pourtant des millions de
lecteurs restent
toujours adeptes des
livres usités depuis
l’invention de
l’imprimerie (merci oh
grand Gutenberg qui
voulait étendre la
sagesse et surtout le
savoir). La culture du
papier est ancrée dans
l’apprentissage de la
lecture. Depuis notre
plus jeune âge on nous
enseigne à prendre soin
des livres que l’on nous
tend, à respecter ces
grands espaces appelés
« bibliothèques » où
des milliards de mots y
sont conservés, où le
savoir est à portée de
main. Comment peut-
on comparer la joie
d’entrer dans une
libraire et être
confronté à une
multitude de choix
« physique », à une liste
de titres en ligne sans
aucun charme ? Nos
doigts palpant les pages
presque vivantes des
livres aux senteurs
uniques, aux effluves de
rêves et d’histoires. Son
espérance de vie est
imbattable, des livres
sont préservés depuis
des centaines d’années
nous donnant une
brève image de notre
passé. La lecture est
quant à elle plus
plaisante éloignée d’un
écran, meilleur dans le
touché des pages que
l’on peut feuilleter,
corner, raturer, annoter
à notre guise (même si
je trouve que cela
relève plus d’un crime
contre l’humanité..
Corner et raturer ? Qui
oserait ?). Ainsi le livre
papier n’est pas mort
Articles
Journal de La Meute, numéro 5 29
malgré toute l’avancée
technologique du
monde il restera
toujours des idéalistes
qui se voudront être
protecteurs de ces
feuilles de dialogues
que s’échange lecteurs
et écrivains depuis des
centaines voire des
milliers d’années ! Le
livre papier n’est pas
mort et sa magie est à
jamais inépuisable.
Mouna Saighi
La Nuit
Hantée par une mélancolie
profonde, debout devant cette
fenêtre, puisant mes mots dans les
abysses de mon âme, contemplant
ces cieux si lointains et pourtant si
proches, ces cieux qui t'approchent
plus tu les repousses et te
repoussent à chaque fois que tu
veuilles les approcher, à travers
cette pénombre et ce silence, je
crus entendre la terre crier et
gémir, souffrance, compassion ou
déception, elle ne sait plus quoi
penser, quoi sentir, comment agir
et surtout pourquoi agir! C'est dans
un tel instant que des pensées
perfides et exécrables frôlent mon
esprit, me renvoyant à de lointains
souvenirs que j'avais cru perdus à
jamais, mais qui refont surface
avec plus de présence et d'anxiété.
Dans cette confusion, cette
ambiguïté de la vie, l'horizon de
mes pensées tente de s'éloigner
de la raison, mais quelle raison!?
D'abjectes et effrayantes
projections défilent dans mon
esprit à chaque fois que je ferme
les yeux, le silence, la pénombre,
les présences-absentes de la nuit
éveillent en moi de profonds
sentiments, de fortes émotions
que je ne pourrais raconter car je
ne trouve pas de mots pour les
décrire. esprit, me renvoyant à de
lointains souvenirs que j'avais cru
perdus à jamais, mais qui refont
surface avec plus de présence et
d'anxiété. Dans cette confusion,
cette ambiguïté de la vie, l'horizon
de mes pensées tente de s'éloigner
de la raison, mais quelle raison!?
D'abjectes et effrayantes projections
défilent dans mon esprit à chaque
fois que je ferme les yeux, le silence,
la pénombre, les présences-
absentes de la nuit éveillent en moi
de profonds sentiments, de fortes émotions que je ne pourrais
raconter car je ne trouve pas de
mots pour les décrire. Soudain, mon
corps tressaillit, une agitation, un
trouble, une peur, mes souvenirs qui
défilent, cette mélancolie qui sévit
en moi, ces Questions, ces
Articles/ Essais
Journal de La Meute, numéro 5 30
et enfin ce soupir, profond et
soulageant suivi
d'impénétrables et
d'interminables sanglots...
les yeux fermés, écoutant
ma respiration, lente,
profonde et agitée, agitée par
les souvenirs de la journée qui
défilent sous mes yeux faisant
sourire mes lèvres et battre
mon cœur, essayant mais
hélas sans succès de chasser
cette mélancolie dont mon
âme s'est imprégnée, qui s'est
emparée de chaque parcelle
de mon corps se nourrissant
du sang qui coule dans mes
veines pour grandir et
s'accentuer.
Allongée sur mon lit, mes
yeux regardent le plafond, ce
plafond qui a su garder une
certaine blancheur malgré le
noir de la nuit. Mon cœur sent
la peine, les gémissements, les
cris et les hurlements tant
enfuis dans cette pièce que la
nuit ne dégage que pour les
cœurs misérables Est-ce donc
toujours en pleine nuit? Dans
ces moments sombres et
pensifs où le silence règne, où
on peut sentir en profondeur
nos cœurs qui saignent, ces
cœurs enflés, troublés, perdus
dans une profonde confusion,
aaahhhh pourquoi la vie a-t-
elle donc un goût si amer la
nuit !!??
K.M – Photo : Houssem Mok
Elle a du mal à décrire ce qui la
ronge. Elle ferme les yeux,
respire profondément,
resserre la couette qui la
couvre dans cette nuit
étouffante d'été. Comme si
elle voulait se convaincre que
le mal venait de là. Elle
reprend son souffle une
deuxième fois, rejette la
couette et se lève calmement.
Elle va à la fenêtre et respire le
silence, d'habitude apaisant,
de la nuit. Elle sent sa gorge
sèche et prend un verre d'eau.
Rien n'y fait, son cœur menace
d’exploser sous la pression de
sa poitrine, comme si cette
dernière était devenue trop
étroite pour lui. La sensation
devient insupportable. Elle n'a
jamais aimé l'insomnie, bien
qu'elle se soit toujours forcée
à croire qu'elle aimait la
solitude que lui imposaient ces
longs monologues nuptiaux.
Mais aujourd'hui, c'était
diffèrent de toutes ces autres
fois. Aujourd'hui, bien qu'elle
ne veuille pas se l'admettre, la
raison était toute autre. Elle
ne souffrait pas de lassitude
mais d'un mal un peu plus
profond. Vous savez, quand
vous fermez les yeux pour ne
plus rien voir, comme si le fait
de ne pas apercevoir les
dangers les supprimait
radicalement de votre
existence. Quand vous
cherchez dans tous les
discours que vous entendez
cette goutte d'hésitation qui
fait que vous n'êtes plus très
Parce que l’obscurité
nourrit les peurs
Essais/ Photographie
Journal de La Meute, numéro 5 31
sûrs de pouvoir y croire.
Quand vous ne pouvez vous
empêcher de penser à ce qui
se passerait si vous veniez à
échouer bien que les chances
soient minimes, quasi
inexistantes. Quand vous
voyez le mal partout et
n'arrivez plus à vous accrocher
à rien. Après tout, le risque
zéro n'existe pas, se dit-elle.
L'être humain n'est pas fiable.
Et pourtant elle croit en
tellement de choses. Elle a des
rêves, des espoirs qu'elle
refuse de s'avouer. Et si elle
avait raison ? Si tout cela
n'était que chimère ? Et bien
c'est que plusieurs insomnies
l'attendaient. Elle se
demandait si il y avait moyen
d'être plus torturée que ça, si
au fond, le fait de voir toutes
ses craintes se réaliser ne la
libérerait pas de ce poids.
Peut-être qu'être
définitivement malheureuse
lui offrirait la paix. Elle aurait
au moins une raison de ne plus
dormir la nuit. Elle reprend un
verre d’eau et ferme la
fenêtre. Elle se remet au lit et
ferme les yeux. Là, dans le
noir, elle continue à méditer
sur toutes ces peurs. Elle
imaginera tous les scénarios
pessimistes qui soient jusqu'à
ce que la lumière rassurante
de l'aube vienne adoucir ses
craintes. Djedjiga B
C’était un écrivain comme tant
d’autres. Il n’était ni trop bon,
ni trop mauvais, et ses livres se
vendaient plus ou moins bien.
Cependant, il menait un train
de vie digne d’un hédoniste. Il
ne croyait pas en l’amour,
seulement aux plaisirs que
pouvaient lui procurer
certaines substances illicites
comme l’alcool ou encore la
compagnie nocturne d’une
belle femme. Il était lui-même
très bel homme, ce qui lui
rendait la tâche aisée à cette
époque où le physique est
devenu l’unique critère de
jugement. Mais malgré son
niveau intellectuel supérieur,
un défaut s’était
insidieusement développé en
lui, qui allait au-delà de sa
routine dépravée ; il était
constamment enclin à
l’autodestruction. Cette
tendance lui avait coûté
beaucoup d’amis et avait
engendré de nombreux
ennemis car même ses
pensées les plus sombres, il les
exprimait sans retenue et sans
aucun respect pour les
conventions sociales.
Mais un jour, alors qu’il
assistait à un gala de charité,
organisé par ces philanthropes
présomptueux mariés à des
cheminées en botox qu’il
exécrait, il fit la connaissance
de cette femme qui, sans le
savoir, allait bouleverser ses
idées préconçues et
pessimistes qu’il avait du sexe
féminin, que la communauté
masculine phallocrate
qualifiait depuis la nuit des
temps comme faible. Elle était
belle comme de nombreuses
femmes, mais elle exerçait sur
lui un magnétisme qu’il ne
pouvait interpréter, il était
comme mesmérisé. Elle
s’appelait Julia et elle était
médecin, mais ses
connaissances s’étalaient bien
au-delà du domaine médical.
Julia était de ces femmes avec
lesquelles on pouvait
converser des heures durant.
Bien évidemment, leur
attirance était réciproque et
leur rencontre donna suite à
de nombreuses autres. Ainsi,
leur romance dura deux
longues années, période
durant laquelle les démons de
notre écrivain avaient disparu ;
mais cela était sans compter
l’annonce que lui fit Julia un
soir, elle portait son enfant. Il
s’en réjouit bien sûr, mais il
ressentait au plus profond de
lui une anxiété qu’il n’avait
jamais perçue auparavant.
Neuf mois plus tard lorsque
leur fils naquit, ce sentiment
devint de plus en plus
pernicieux le menant
inexorablement à sa fâcheuse
tendance. Malgré ses efforts
pour être un bon père, ses
LE DÉPRAVÉ
Essais
Journal de La Meute, numéro 5 32
nuits d’ivresse dégradèrent
progressivement sa relation tel
un delirium tremens qui
détruit la santé mentale d’un
alcoolique en sevrage. C’est
ainsi qu’un an plus tard, alors
que Julia l’avait quitté en
emportant leur fils, et qu’il
sortait d’un boxon avec une
énième péridurale de l’esprit,
une voiture le percuta de plein
fouet. C’est alors que pendant
qu’il s’éteignait sur le bas-côté
de la route, qu’il trouva dans
la mort une paix et une
exaltation qu’aucune drogue
ni aucune femme, en dehors
de Julia, n’avait pu lui
procurer. Il pensa à son fils et
se dit qu’il valait mieux qu’il
grandisse sans une telle figure
paternelle, et mourut ainsi
avec un sourire narquois sur le
visage car la mort lui parut
bien plus attrayante que la vie
qu’il avait vécue.
Yanis Ben
De ces yeux immensément
tristes, Camille Claudel a vu
pour la première fois le monde
en 1864. Née d’une famille
aisée, passionnée de sculpture
depuis son adolescence, elle
déménage à Paris où elle
suivra des études en art à
l’Académie Colla Rossi (les
Beaux-Arts étant fermés pour
les femmes à l’époque).
En 1882, elle est praticienne
avec un groupe de jeunes filles
à l’atelier du sculpteur Alfred
Boucher, c’est alors que les
chemins de Camille et de
Rodin se croisent. L’artiste,
déjà renommé (célèbre), sera
très vite subjugué par le talent
de la jeune femme et ne
tardera pas à en tomber
amoureux.
Désormais ils travaillent
ensemble, joignant (mettant)
leur vie privée et artistique
dans le même moule, elle
réalisera avec lui un de ses
chefs d’œuvre les plus
connus : « le baiser ». C’est
alors une période
mouvementée, où les deux
artistes ne cessent de
s’influencer mutuellement.Dix
ans passent depuis leur
première rencontre, Camille et
Rodin se quittent en 1892.
Camille est alors une artiste
accomplie et passe les 10
années suivantes à produire
profusément. Ses œuvres les
plus retentissantes restent
« Les Causeuses » en 1895 et
« L’âge Mûr » réalisée entre
1898 et 1913.
Après sa rupture tragique avec
Rodin, Camille ne recevait
presque plus de commandes
de l’état, elle était petit à petit
vouée à l’oubli, « elle vivait
seule entourée de chats »
comme témoignera une
connaissance de l’artiste, c’est
ainsi que débuta sa descente
aux enfers, Camille commença
à accuser son ancien amant de
chaque échec subit, et
développera un sentiment de
persécution qui l’entraina peu
à peu dans les abysses de la
paranoïa.
L’an 1913 marquera sa
coupure soudaine avec le
monde et l’art.Un artiste se
formera toujours une
multitude d’identités, par
rapport aux impressions qu’il a
imprimé, aux sentiments qu’il
a pu susciter chez le public.
On préfère toujours romancer
sur un artiste… ce qui est écrit
ici n’a peut-être aucune
Camille Claude, un génie emmuré
Camille Claudel, un génie emmuré
Essais /Articles
Journal de La Meute, numéro 5 33
relation avec la réalité, et
d’ailleurs, ce n’est pas le souci
de vérité qui influence ces
lignes. D’abord le portrait de la
femme en soi. Ensuite le nom
de Rodin, puis une paranoïa
et 30 ans d’internement. Le
tout est tragiquement beau,
vous en consentez, j’espère,
qu’il y’a une beauté
incontestable à tout cela ?
Mais jusqu’à quel point la
tragédie d’un artiste, mis à
part son talent, peut-elle nous
pousser à lui porter davantage
d’intérêt que pour un autre ?
Que serait, pour moi, Camille
si elle n’avait été l’élève de
Rodin, si elle avait simplement
mené une vie monotone, pris
mari et engendré un bataillon
d’enfants ? Son art aurait-il la
même portée ? Regardez ses
sculptures, regardez la
femme. Était-elle une
transition entre l’amoureuse
et l’indépendante de
Beauvoir ? Ne réussissait-elle
pas grâce à l’amour et
n’échouait-t-elle pas à cause
de lui ? Ou n’avait-elle pas
seulement supporté qu’on lui
usurpa son art, seule
consolation ? Qu’est-il resté à
Camille après le désintérêt
subit pour son art ? À quel
point a dû souffrir l’artiste en
elle, quels doutes devaient la
torturer… A quel point un
artiste peut-il vivre sans
échos ?Que peut-il advenir
d’une âme lucide rongée par le
doute ? Quand la sensibilité de
l’artiste devient dangereuse,
ce qui sépare « sensibilité » et
« hypersensibilité » peut être
aussi fin qu’un fil de soie. Et
quand le tout bascule en
délire ?Pour le monde, elle
était l’élève de Rodin…et pour
moi elle le reste aussi,au fond,
élève prodige certes, mais
néanmoins toujours définie
par lui, à travers lui. De lui, elle
a essayé de se détacher, mais
son échec la rappelait à lui.
Suite à leur rupture, elle le
tenait (à tort ou à raison ?)
pour seul responsable du
désintérêt de la communauté
de l’art pour son travail, elle
voyait un complot amoureux,
une expression de
ressentiment dans le piège
dans lequel tous les amoureux
déchus finissent par tomber ;
la trahison de sa famille venait
renforcer son sentiment de
persécution (leurs convictions
catholiques et la
condamnation de la société
qui ne pouvait tolérer qu’une
femme puisse sculpter le
nu !)Par les soins de son frère
diplomate et à l’appui de sa
famille, Camille fut enlevée de
sa maison et internée de force
jusqu’à la fin de ses jours.
Privée de sa liberté de
sculpter, elle souffrira de la
faim, du froid et du mauvais
traitement- alors réservé aux
malades de psychiatrie
pendant les années troubles
de la seconde guerre
mondiale-et finira par
s’éteindre le 19 octobre 1943.
Outre ses sculptures, elle
laissa des lettres déchirantes
adressées à sa famille et
connaissances où se dépeint
l’immensité de l’horreur et du
chagrin d’un génie emmuré.
Amina Benboureche
Kjlkkjkjh
Jhkgkhgjhjhgjhgjhggjhgjhgjhgj
Camille Claude
Camille Claudel, la jeune flle à la gerbe /Auguste Rodin, Galatée, 1889
Articles
Journal de La Meute, numéro 5 34
أجن
أجن ... وليست لكلماتي
مفردات
أحن ... وليست لدموعي
حكايات
أحب...وليست آلهاتي مسكنات
أتأمل.... وليست آلمالي إال
خيبات
أحزن... وليست لمآسي نهايات
أفرح،أطير،أشتاق،أضحك
..بصرخات و صرخات
.أنا فقدت تلك المعطيات
.أهتف بأعلى الصيحات
. اليوم واألمس وأنادي أنا هنا
ات والغد فهل من مستمعات أنيق
؟
! لدروسي متعلمات
و لدموعي شاهدات؟
أنا هنا اليوم شبه أنثى
بنصف عقل
و بربع قلب حائر
أنهكته صحراء رجل بري
رجل وحشي
هل يبكي؟
هل يحكي؟
أم يمارس طقوس الصمت
.األسود المعمي
أعانق الدموع كالعاد
أواسي ضحايا العشق المغدور
كالمعتاد
دوأرتل أشعاري العذراء للعبا .
فهل من مجاوبي فؤاد
ابتاله العشق الزهاد؟
أتكلم..... وحروفي ليست من
اللغات
أعيش... وقلبي قد أعلن يوم
الممات
أمشي .. وخطاي أتلفت في
الممرات
جع أموت.....بالجسد وتحيا المفا
بالذكريات
.أجن... و ليس للجنون ديانات
هكذا قدري ! .. وهكذا تقتل
األقدار العاشقات
نادية لعروسي
أجن
Poésie
Journal de La Meute, numéro 5 35
Toi, mère, qui as vu grandir sous ton aile tes
ravisseurs d’aujourd’hui. Ceux que tu as vu
sourire, pleurer et mûrir. Oui, EUX que tu croyais
tes alliés te poignardent, en ce jour, en plein
cœur. Ça me fait mal, mère. Ça me tue de ne
pouvoir te venir en aide. Ça me brûle vive de ne
pouvoir t’offrir que ces mots trop vrais et trop
durs. Mais telle est la réalité. Te souviens-tu ? Te
souviens-tu des nombreux projets que j’avais ? Te
souviens-tu de tous mes rêves ? Je voulais te
rendre fière… Tellement fière… Mais vois-tu mère,
ce n’est pas ma faute si on m’a amputé les ailes !
Je suis prise de nostalgie quand je repense à ceux
que je qualifie de « tes enfants ». Ceux qui se sont
donnés pour toi, cœur, corps et âme. Nous ?
Rien… on n’a rien donné pour, ne serait-ce qu’un
souffle de détresse de ta part. Nous nous
contentons de te vider les veines… Tiendras-tu
encore, mère ? Combien de temps tes seins vont-
ils encore
nous nourrir ? Jusqu’à quand tes trésors
traceront-ils notre avenir ? Quand j’y pense, j’ai
honte. Est-ce ta faute ? Les as-tu trop gâtés ? Je
n’en sais rien… Le temps me le dira peut-être.
Mais en attendant, que faire, mère ? Que faire
pour t’aider à redresser la tête de nouveau ? Te
faire revoir des années noires ? Ou bien te saouler
du sang de tes amants ? Rien n’y fait. Ils gagnent,
on perd. Devrons-nous t’offrir cela ? Notre sang ?
On a peur, mère. On a peur quand on pense qu’il
faudrait te détruire pour mieux te reconstruire. Je
ne pense pas que ça en vaudrait la peine. N’est-ce
pas ce qu’ils ont fait il y a 60 ans déjà ? Ne t’ont-ils
pas détruite pour t’offrir ta dignité, eux qui
t’aimaient tant, eux tes vrais enfants ? Te voilà,
pourtant, colonisée à nouveau par leur propre
descendance.
Si tu savais l’amour que je te porte, mère. J’aurais
tout fait, tout donné… Fais-moi juste un signe, un
seul qui m’indiquerait qu’ils n’abuseront plus de
toi. Je vois tout sombre, je désespère. J’entends
tes cris. Je distingue chacune de tes larmes. La
douleur qui t’habite est grande… Et qu’elle est
immense ta déception ! Te sens-tu salie mère ? Je
le ressens mère, je le sais, je le vois, je le vis.
Pardonne-moi mère, de ne pas être à la hauteur.
Pardonne-moi de t’abandonner à eux, tes
ravisseurs. Patience, mère. Viendra le jour où, de
mes mains, je signerai ta liberté. Je ne m’arrêterai
pas à ta gloire, je chercherai tes sourires aux plus
profonds de tes maux. Je soignerai tes blessures
une à une. J’ai peut-être un petit espoir, en fin de
compte… Te rappelles-tu de tes jours heureux ?
Ces jours pleins d’amour, vides d’hypocrisie,
chargés de couleurs, avides de bonheur et
évacués d’anarchie… Je ferai renaître ton soleil
chaleureux. Je redessinerai la beauté de tes filles
ainsi que la force de tes hommes, aujourd’hui,
malheureux. Je t’offrirai, mère, un 1er Novembre à
ma façon. Promis, je t’en fais même le serment.
R.H
Mère…
Essais
Journal de La Meute, numéro 5 36