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JAPAN-NESS / DOSSIER DÉCOUVERTE JAPAN-NESS ARCHITECTURE ET URBANISME DE 1945 À NOS JOURS 09.09.2017 > 08.01.2018

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JAPAN-NESS / DOSSIER DÉCOUVERTE

JAPAN-NESS

ARCHITECTURE ET URBANISME DE 1945 À NOS JOURS

09.09.2017 > 08.01.2018

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SOMMAIRE

1. PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION……………………….P.4

2. SE SITUER……………………………………….....P.6

3. SCÉNOGRAPHIE DE SOU FOUJIMOTO…………………….P.7

4. LISTE DES ARCHITECTES……………………………....P.9

5. PARCOURS / PRÉSENTATION DES SIX DÉCENNIES…………..P.11

6. PISTES PÉDAGOGIQUES………………………………P.31

7. AUTOUR DE L’EXPOSITION…………………………….P.44

8. INFORMATIONS PRATIQUES…………………………....P.46

En couverture : Takeshi Hosaka, Hoto Fudo, Yamanashi, Japon © Nacasa&Pertners Inc. / Koji Fujii © TAKESHI HOSAKA ARCHITECTS

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1. PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION Un dossier découverte « FOCUS SUR LA SAISON JAPONAISE » permet d’approcher les thématiques plus transversales (chronologie, glossaire, etc).

JAPAN-NESS. ARCHITECTURE ET URBANISME DE 1945 À NOS JOURS 09 septembre 2017 ! 08 janvier 2018 Grande Nef

Commissariat : Frédéric Migayrou, Directeur adjoint du Centre Pompidou - Musée national d’art moderne, Paris Yûki Yoshikawa, chargée de recherche et d’exposition, Centre Pompidou-Metz Selon l’architecte Arata Isozaki, l’architecture japonaise se distingue par l’immuabilité de certaines valeurs et d’une identité que les architectes ne cessent de réinterpréter au fil des siècles. Il désigne cette spécificité, fil rouge de l’exposition, sous la formule « Japan-ness ». Le visiteur est immergé dans une ville organique conçue par Sou Fujimoto et traverse l'histoire cyclique de l'architecture japonaise, de la destruction de la bombe atomique à Hiroshima et Nagasaki en 1945, jusqu’à ses expressions les plus actuelles. Suivant un parcours chronologique, de 1945 à nos jours, l'exposition se découpe en six périodes : - Destruction et renaissance (1945) - Une vision de la ville et du territoire (1945-1955) - Une nouvelle architecture japonaise (1955-1965) - Métabolisme, Osaka 1970 et une nouvelle vision (1965 -1975) - L’architecture de la disparition (1975 -1995) - De l’architecture de la disparition à l’architecture narrative (1995 à nos jours)

KENGO  KUMA  &  ASSOCIATES,  Asakusa  Culture  Tourist  Information  Center,    Tokyo,  2012  photo  ©Kengo  KUMA©  Takeshi  YAMAGISHI                        

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1945 marque la destruction d’Hiroshima et Nagasaki, l’anéantissement de l’humain, le cycle de destruction et reconstruction qui caractèrise la culture japonaise et le sentiment de ne rien conserver et de se renouveler sans cesse. Dès les années 1950, une nouvelle vision de la ville et du territoire se forge sous l'influence de l'architecture moderniste internationale de Le Corbusier notamment. Une nouvelle architecture japonaise marquée par l'usage du béton émerge entre 1955 et 1965 avec Arata Isozaki ou Kenzo Tange. L'exposition universelle d’Osaka 1970 marque un tournant décisif avec l'apparition de courants tels que le « Métabolisme » et « la nouvelle vision », représentés par Kisho Kurokawa, Yutaka Murata ou Kazumasa Yamashita, qui recourent à des matériaux, formes et technologies innovants. Les années 1980 et 1990 voient l’apparition d’une génération d'architectes influents sur la scène internationale. Toyo Ito, Tadao Ando, Shin Takamatsu, Itsuko Hasegawa ou Kazuo Shinohara élaborent une architecture de la disparition, marquée par la simplification des formes, le recours au métal et des recherches sur la maison individuelle. La catastrophe du tremblement de terre de Kobe en 1995 déclenche une réflexion sur l’architecture de l'urgence. Depuis quelques années, une nouvelle génération d’architectes, récompensés par les prix les plus prestigieux, oeuvre à une architecture de la transparence et une architecture narrative. Shigeru Ban1, Kengo Kuma, SANAA ou encore Sou Fujimoto incarnent aujourd’hui cet élan. L’exposition s’appuie sur la collection du Centre Pompidou, enrichie d’oeuvres et de maquettes provenant des studios d’architectes, de designers, de musées japonais et de collections privées. Ce corpus d’oeuvres, exposé pour la première fois dans cette envergure en Europe, permet de mieux saisir la profusion et la richesse de l’architecture et l’urbanisme japonais.  

                                                                                                               1  Architecte du Centre Pompidou-Metz avec Jean de Gastines

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2. SE SITUER Voici des œuvres étudiées dans chaque section sous la rubrique « FOCUS SUR UNE ŒUVRE »

Villa impériale de Katsura, Yasuhiro Ishimoto, Photographie Section 1 Memorial Cathedral for World Peace, Togo Murano, 1954 Section 2 Yoyogi National Gymnasium, de Kenzo Tange Section 3 Nakagin Capsule Tower Building, de Kisho Kurokawa, 1972 Section 4 La tour des vents, de Toyo Ito, 1986 Section 5 Teshima Art Muséum de Ryue Nishizawa, 2010 Section 6

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3. SCÉNOGRAPHIE DE SOU FOUJIMOTO La scénographie de l’exposition est confiée à l’architecte Sou Fujimoto, né en 1971, qui imagine un nuage organique qui capte et diffracte la lumière pour présenter les propositions de ses contemporains. Il révèle ainsi la multiplicité de l’architecture contemporaine japonaise, son rythme et ses processus de métamorphoses. Constituée d’un ensemble de panneaux modulaires qui sont déclinés à partir de formes et d’unités de mesure au Japon, telles les dimensions des tatamis ou des clostras d’architecture ancestrale, cette structure en expansion, conçue par Sou Fujimoto, est suspendue dans la Grande Nef allant jusqu’à atteindre 8,50m de haut. À partir de cette déclinaison de formes et de calculs, des méthodes générées par ordinateur transforment ces éléments en prolifération, interrogeant la relation entre l’architecture et la nature, invitant ainsi le visiteur à une déambulation dans cette métaphore de la ville japonaise. « Primitive future » est un concept essentiel et au cœur de tous les projets de Sou Fujimoto. Envisager une architecture novatrice pour l’avenir consiste, paradoxalement, à réfléchir sur l’architecture primitive. Ce concept prend la forme d’une genèse qui, en transcendant l’architecture, fait remonter les origines de l’habitat humain à un état embryonnaire. « Primitive Future est un creuset de projections prometteuses qui fait remonter l’habitat humain à ses origines » (Sou Fujimoto). L’agence Sou Fugimoto est installée à Tokyo depuis 2000 et à Paris depuis 2015, elle regroupe plus de 50 architectes, designers, artistes et théoriciens. Faisant intervenir au sein de la conduite des projets une réflexion permanente sur la question de l’architecture, l’agence est une véritable plateforme de recherche et d’expérimentation. Elle a remporté de nombreux concours et de prestigieux prix internationaux, dont le Grand Prix AR Award, le Grand Prix de l’Institut Japonais d’Architecture en 2008 pour le Centre de Réadaptation Psychiatrique pour enfants, le Premier Prix au Festival International d’Architecture 2008 à Barcelone, et plus récemment le Lion d’Or pour la meilleure participation nationale au projet du Pavillon Japonais à la 13ème Biennale de Venise en 2012 et « the New London Award 2013 » pour le Pavillon de la Serpentine Gallery. Par ailleurs, en France, Sou Fujimoto réalise actuellement l’ambitieux projet des « Mille arbres », exceptionnelle réalisation à Paris qui réconcilie milieu urbain dans ses formes extérieures les moins séduisantes (le périphérique parisien) et vision utopiste de la ville avec une nature omniprésente. À l’heure où les hommes veulent construire des tours de 1000 mètres, la Compagnie de Phalsbourg a proposé à Sou Fujimoto et Manal Rachdi- OXO de planter 1000 arbres au-dessus du périphérique pour symboliser un autre modèle de développement et participer à l’action résolue en matière de développement durable de Paris qui vise à rendre la ville toujours plus solidaire, attentive et respectueuse de son environnement. « Mille Arbres » propose ainsi de reconnecter l’homme à la nature et de lui offrir les aménités d’un cadre de vie sain et qualitatif. Le projet s’inscrit dans une logique de biopohilie donnant à voir et à comprendre les écosystèmes naturels qui entourent les habitants de la capitale.

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Installation  de  Sou  Foujimoto©Centre  Pompidou-­‐Metz  

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4. LISTE DES ARCHITECTES ABE Hitoshi AIDA Takefumi AIDA Tomoro ANDO Tadao AOKI Jun ARIMA Hiroyuki AZUMA Takamitsu BAN Shigeru CHIBA Manabu EBIHARA Ichiro ENDO Shuhei FUJII Hiromi FUJIMORI Terunobu FUJIMOTO Sou HARA Hiroshi HARADA Masahiro et HARADA Mao HASEGAWA Itsuko HAYAKAWA Kunihiko HAYASHI (YAMADA) Masako HIRATA Akihisa ICHIKAWA Sota / doubleNegatives Architecture IGARASHI Jun IKEDA Masahiro IKEDA et ENDOH Masaki ISHIGAMI Junya ISOZAKI Arata ITO Hiroyuki ito ITO Toyo KARASAWA Yusuke KIKUTAKE Kiyonori KIMURA Sohachi KITAGAWARA Atsushi KOJIMA Kazuhiro (C+A Coelacanth and Associates) KUBOTA Katsufumi KUMA Kengo KURAMOTO Tatsuhiko KUROKAWA Kisho MAEDA Norisada MAKI Fumihiko MASUZAWA Makoto MATSUKAWA Shohei MAYEKAWA Kunio MIKAN MIZUTANI Eisuke et TAKATSUKI Akiko MIYAMOTO Katsuhiro MOZUNA Kiko MURANO Togo MURATA Yutaka NAGATA Keita

NAGAYAMA Yuko NAITO Hiroshi NAKAMURA Anna and JINNO Taiyo NAKAMURA Hiroshi NAYA Manabu et NAYA Arata NISHIZAWA Ryue NISHIZAWA Taira OHE Hiroshi OTAKA Masato OTANI Sachio RAYMOND Antonin ROKKAKU Kijo SAKAKURA Junzo SAKANO Yoshinori SAKAUSHI Taku SAMPEI Junichi SANAA SATO Mitsuhiko SATO Oki (NENDO) SATOSHI Kurosaki SEJIMA Kazuyo SHIGETA Ryoichi SHINOHARA Kazuo SHINOZAKI Hiroyuki SHIRAI Seiichi SUMA Issei SUZUKI Makoto SUZUKI Ryoji TAKAMATSU Shin TAKASAKI Masaharu TAKASHI Fujino TAKEI Makoto + NABESHIMA Chie TAKEYAMA Kiyoshi Sey TANGE Kenzo TEZUKA ARCHITECTS TORAFU ARCHITECTS UTSUMI Tomoyuki WATANABE Makoto Sei WATANABE Yoji YAMAMOTO Riken YAMASHITA Kazumasa YAMASHITA Yasuhiro YOH Shoei YOKOMIZO Makoto YOKOO Tadanori YOSHIMURA Junzo YOSIZAKA Takamasa…

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Sou  Fujimoto,  House  NA,  2011  ©  Sou  Fujimoto  

Photo  ©  Iwan  Baan  

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5. PARCOURS / PRÉSENTATION DES SIX DÉCENNIES

Suivant un parcours chronologique de 1945 à nos jours, l'exposition se découpe en six périodes, symbolisées par un dégradé de couleurs, partant du noir pour aller vers le blanc. Chacune d’elles constitue un pôle réunissant une présentation des environnements urbains et des projets d’architecture permettant de mieux saisir les enjeux de la création dans le contexte social, politique et économique d’une époque.

Elévation  Graphite  sur  papier,  79  x  109,5  cm  

Paris,  Musée  national  d’art  moderne  -­‐  Centre  de  création  industrielle  ©  Centre  Pompidou,  MNAM-­‐CCI/Philippe  Migeat/Dist.  RMN-­‐GP  

©  droits  réservés

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1. DESTRUCTION ET RENAISSANCE (1945) CODE COULEUR : NOIR Cette première salle de l’exposition, marquée par la couleur noire, illustre ce cycle du temps, de la destruction à la renaissance, mais aussi d’une tradition du voilement, de l’ombre et de l’obscurité.

Arata  ISOZAKI,  Re-­‐ruined  Hiroshima,  1968                                        New  York,  Museum  of  Modern  Art  (MoMA).Ink  and  gouache  with  cut-­‐and-­‐pasted  gelatin  silver  print  on  gelatin  silver  print,  35,2  Å~  93,7  cm                                        Gift  of  The  Howard  Gilman  Foundation.  Acc.  n.:  1205.2000                                        ˝  2017.  Digital  image,  The  Museum  of  Modern  Art,  New  York/Scala,  Florence  

En 1945, l’empereur Shôwa (Hirohito), face à l’ampleur de la dévastation atomique, s’exprime pour la première fois à la radio. Le « fils du ciel », en s’humanisant soudainement, introduit une profonde rupture de civilisation qui pousse le Japon à s’ouvrir à la culture occidentale. L’identité japonaise, bousculée par la mondialisation, devient ainsi une question centrale après la guerre. Si un sanctuaire comme celui d’Ise, sans cesse détruit et reconstruit, offrait une certaine idée de la permanence et de l’histoire, la notion de maison traditionnelle et la conscience d’une identité architecturale propre ne sont apparus que dans les années 1930, à travers les écrits de l’Allemand Bruno Taut, traduits en japonais dès 1942. La militarisation de la société a marqué l’affirmation outrancière de la technologie et une industrialisation massive – un modernisme forcé qui trouve son accomplissement et sa limite avec la tragédie d’Hiroshima et de Nagasaki. Cette première salle de l’exposition, marquée par la couleur noire, illustre ce cycle de construction et destruction qui forge la culture japonaise depuis les incendies de l’époque Edo (1603-1868) et le séisme de Kantô (1923).

À l’entrée de la Grande Nef, le célèbre collage d’Arata Isozaki qui imagine une ville se construisant sur les ruines d’Hiroshima, accueille le visiteur. Deux films sont présentés dans cette section : Hiroshima Mon Amour (1959) d’Alain Resnais et Ombilic et bombe atomique (1960) de Eiko Hosoe, en collaboration avec les danseurs de Butô Tatsumi Hijikata et Yoshito Ohno. Figurent également des photographies du sanctuaire d’Ise par Yoshio Watanabe et de la villa impériale de Kastsura par Yasuhiro Ishimoto. Des ouvrages de Bruno Taut, qui fut le premier à chercher les origines du rationalisme moderne dans l’architecture traditionnelle japonaise, accompagnent cet ensemble d’oeuvres.

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FOCUS SUR UNE ŒUVRE Villa impériale de Katsura, Yasuhiro Ishimoto, Photographie

   

Yasuhiro  Ishimoto,  Villa  impériale  de  Katsura,  1981-­‐1982  Epreuve  gélatine-­‐argentique  Kôchi,  The  Museum  of  Art  

            ©  Kochi  Prefecture,  Ishimoto  Yasuhiro  Photo  Cente   Yasuhiro Ishimoto est un photographe à la double nationalité américaine et japonaise, dont les identités culturelles sont perceptibles tout au long de sa carrière artistique comme deux visions, deux langages qui se côtoient et se superposent. Né à San Francisco en 1921 dans une famille japonaise d’agriculteurs, il grandit au Japon dès 1924 avec sa famille, près de Kōchi, où il obtient un diplôme d’agronomie. À partir de 1939, il étudie l’architecture à Chicago. À cause de ses origines, il sera interné pendant la deuxième guerre mondiale, dans le Colorado de 1942 à 1944. Il retourne ensuite à Chicago à l’institut de design où il se forme à la photographie jusqu’en 1952. C’est dans cette pratique qu’il remporte à deux reprises le Moholy-Nagy Prize. En 1953, alors qu’il est reparti vivre au Japon, il répond à la commande du MOMA de New York en photographiant en noir et blanc la Villa Impériale de Katsura à Kyoto. Ses nombreux voyages entre les deux pays, multiplient les rencontres, des expositions ainsi que des publications avec d’autres artistes comme Edward Steichen, Walter Gropius et Kenzo Tange. Ishimoto se fait naturaliser citoyen japonais en 1969. Ishimoto photographie à nouveau la Villa Impériale en 1982 avec une série d’images prises sur des lieux et des angles de vue identiques à celles de 1953 mais cette fois essentiellement en couleur. Elles sont rassemblées dans le livre KatsuraVilla: Space and Form.

La Villa Impériale Katsura à Kyoto

Au XVIIe siècle, époque de construction de la Villa Impériale, Kyoto se caractérise par sa culture traditionnelle faite de sobriété et d’élégance remarquables dans son architecture. C’est cette particularité qui attire les architectes occidentaux au XXe siècle, notamment l’allemand Bruno Taut en 1933, appelé par les japonais pour promouvoir une architecture internationale et moderne. Cette villa, ainsi que les bâtiments (maison du thé) et le jardin, ont été construit en 1620, pour le prince Hachijô Toshihito et agrandie en 1642 par son fils. Les édifices sont élevés sur de hauts et fins pilotis de bois, proposant une légèreté esthétique. On y retouve les caractéristiques de l’architecture traditionnelle japonaise : cloisons coulissantes de bois et de papier, écrans modulant l’espace comme une grille, matières nobles. Bruno Taut y verra les fondements du modernisme occidental : la grille, la modularité, l’imbrication des espaces aux formes droites, etc.

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2. VILLES ET TERRITOIRE, UN PROJET EN DEVENIR (1945-1955) CODE COULEUR : GRIS FONCÉ Le Corbusier est très influent à cette époque au Japon. Il utlise un matériau de construction, le béton brut évoqué par le gris foncé.

  Kenzo  TANGE,  Centre  pour  la  paix,  Hiroshima,  1952     ©  Kenzo  Tange  

       Photo  ©  Ishimoto  Yasuhiro   La guerre induit l’idée d’une destruction extrême, d’une éradication possible de l’homme par l’arme nucléaire, imposant en retour la prise en compte d’une nouvelle forme d’humanisme. L’interrogation sur la place de l’homme, au sein d’une société industrielle en plein développement s’illustre dans le projet de Temple Atomic Catastrophes (1955) de Seiichi Shirai et le Mémorial de la paix (1952-1955) de Kenzo Tange à Hiroshima. Nombre d’architectes japonais qui avaient trouvé le modèle d’une innovation architecturale dès les années 1930 chez Le Corbusier s’inspirent, après la guerre, de sa vision humaniste de la ville. Ainsi Kunio Mayekawa, Junzo Sakakura ou Takamasa Yosizaka s’imposent-ils comme les maîtres d’une architecture brutaliste, développant un usage systématique du béton, un langage flexible et conférant une dimension humaine à des programmes collectifs (mairies, centres culturels, universités). Loin d’appliquer simplement le langage corbuséen, ces architectes, suivis par une nouvelle génération, trouvent au travers de Charlotte Perriand et de Jean Prouvé les principes constructifs d’une architecture plus économique et sociale qui participe à l’effort de reconstruction du pays (projets de Junzo Sakakura et Makoto Masuzawa notamment). Ainsi s’établit au travers de nombreuses réalisations les bases d’une authentique architecture japonaise contemporaine, multipliant les expérimentations. Apparaissent alors de nouvelles revues et publications qui débattent de l’apparition d’une véritable culture architecturale au Japon et contribuent à imposer l’architecture du pays sur la scène internationale. FOCUS SUR UNE ŒUVRE Memorial Cathedral for World Peace, Togo Murano, 1954 Togo Murano Togo Murano est né en 1891 au Japon et y est mort à l’âge de 93 ans en 1984. Il étudie à l’université Waseda l’électricité puis entre en 1915 au département architecture. Il quitte alors Tokyo pour Osaka où il travaille plus d’une dizaine d’années auprès de Watanabe.

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Durant cette période, il se rendra en Europe et aux Etats-Unis pour approfondir ses connaissances architecturales. À partir de 1929, il fonde son propre Studio qu’il développera tout au long de sa longue carrière d’architecte au travers de plus de 300 réalisations achevées. Il s’oriente surtout vers des batiments publics, comme le magasin américain Sogo Osaka (1935), Ube City Public Hall (1937), Osaka New Kabuki Theatre (1958) et Nippon Life Insurance Company Hibiya Building (Nissay Theatre, 1963). Murano cherche l’équilibre entre tradition et modernité réunies dans une architecture dominée par la simplicité, l’élégance. Il est reconnu comme un des maîtres modernes du Japon. Cathédrale commémorative à Hiroshima Lors de l’explosion de la bombe atomique le 6 aout 1945 à Hiroshima, la cathédrale catholique est détruite. Un concours architectural est organisé en 1947 pour construire une nouvelle cathédrale sur ce site. Aucun projet parmi les 177 présentés ne sera retenu (projet de Kenzo Tange ou de Kunio Maekawa par exemple). C’est Togo Murano qui en a finalement la charge de cet édifice alors même qu’il est un des jurés du concours. Le bâtiment est achevé en 1954 et se situe entre le Centre de la Paix de Tange (1949) et la gare d’Hiroshima. Cette réalisation obtient le Prix de l'Institut d'architecture du Japon (AIJ) en 1956 et est devenu la première construction de l'après-guerre à être désignée comme propriété culturelle nationale importante en 2006. Pour ce projet, Murano s’est inspiré de l’architecture nordique observée pendant son voyage en 1920 en Europe, notamment de l’esthétique et de l’esprit de l’hôtel de ville de Stockolm. L’architecte a fait de nombreuses propositions et esquisses avant d’arriver à la conception finale. Le travail de la lumière et des ombres est singulier. En l’associant aux textures et matériaux bruts, il rend visible la pureté des lignes légèrement incurvées. Cette réalisation met également en évidence le mélange des styles japonais et occidentaux : l’usage des formes (dôme circulaire, chapelles cylindriques), l’emploi des matériaux comme le béton pour les poutres, la terre des briques contenant des cendres issues de l’explosion de la bombe atomique. De mai à juillet 2017, le musée d’art contemporain d’Hiroshima a présenté une exposition spécifique autour de la cathédrale commémorative pour la paix mondiale. Ce musée est en possession, suite à un don de la famille en 2004, de plus de 50 000 dessins originaux. Il existe d’ailleurs un groupe de recherche pour les dessins d’architecture de Togo Murano qui est constitué de chercheurs et d’étudiants organisant des expositions autour de son travail.

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3. ÉMERGENCE D’UNE ARCHITECTURE JAPONAISE MODERNE (1955-1965) CODE COULEUR : GRIS CLAIR Les architectes japonais marquent leur style en utilisant du beton coffré avec plus d’ouvertures, cette section a pour couleur le gris clair.

  Antonin  RAYMOND,  Centre  musical  de  la  préfecture  de  Gunna,  Takasaki,  1961  

       ©  Collection  of  Raymond  Architectural  Design  Office   La fulgurante croissance économique et industrielle du Japon s’accompagne d’un très grand nombre de réalisations architecturales. L’expansion des villes japonaises est orchestrée par de grandes compagnies de constructions (comme Kajima, Obayashi, Shimizu, Taisei et Takanaka). Le métier d’architecte s’impose soit au travers d’entreprises comme Nikken Sekkei qui recrute d’importantes équipes, soit par l’importance croissante de certaines agences. À travers l’affirmation d’un style très international, de grands noms s’imposent comme des signatures : Antonin Raymond, Kunio Mayekawa, Junzo Sakakura, etc. Kenzo Tange devient l’architecte le plus emblématique de cette période avec la réalisation en 1964 du Stade National Yoyogi pour les jeux olympiques à Tokyo, véritable icône de la nouvelle architecture japonaise. Des agences d’architecture confirmées telles que Kiyonori Kikutake, Masato Otaka ou celle du jeune Arata Isozaki deviennent une véritable vitrine de la création architecturale au Japon. Leur développement traduit leur aspiration à une nouvelle modernité. En effet, en réaction à un modernisme jugé trop formel, d’autres architectes, dont la figure emblématique de Seiichi Shirai, optent pour une architecture plus narrative, à échelle humaine et enrichie d’une variété de matériaux. La reconnaissance internationale s’impose au travers de publications consacrées à l’architecture japonaise.

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De nombreux projets sont publiés pour leur exemplarité comme la Sky House de Kiyonori Kikutake (1958), la Cathedrale St Mary (1964) de Kenzo Tange, le Oita Medical Hall (1960) d’Arata Isozaki. FOCUS SUR UNE ŒUVRE Yoyogi National Gymnasium, de Kenzo Tange

Kenzo  TANGE,  National  Gymnasiums  for  the  Tokyo  Olympics  ,  1964                                  ©  Kenzo  TANGE  

Photo  ©  Makoto  Ueda   Kenzo Tange Architecte et urbaniste japonais, Kenzo Tange est né à Osaka en 1913 et décédé en 2005 à Tokyo. Après l’obtention de son diplôme d’architecte et d’ingénieur de l’université de Tokyo en 1938, il travaille quatre années pour Kunio Maekawa qui avait rapporté au Japon les techniques du béton travaillées auprès de Le Corbusier à Paris. En 1946, il devient professeur assistant à l’université de Tokyo et assure des fonctions d’enseignement tout au long de sa carrière internationale. On compte parmi ses élèves, Koji Kamiya, Arata Isozaki, Kisho Kurokawa, Yoshio Taniguchi. En 1949 en tant qu’architecte, sa première réalisation majeure est le Centre de la Paix et le musée de la bombe atomique qui est construit au centre de la ville renaissante d’Hiroshima. Ce projet fait suite à son adhésion à l'Agence pour la reconstruction du Japon en 1947. Le mémorial est la synthèse des grands pricipes architecturaux de Le Corbusier et de l'influence de la tradition japonaise (maisons en bois, cloison, pilotis). Les années 1950 et 1960 lui permettent d'étudier les processus d'évolution de la ville contemporaine dans lesquels il s'implique au travers de grands bâtiments publics (bibliothèque, préfecture, hôtels de ville, stade olympique avec le Gymnasium de Tokyo en 1964). C'est le béton le plus souvent brut qui fait référence à la modernité et qui devient un incontournable pour l'architecte. Sans exclure l'influence de l'architecture traditionnelle japonaise, Kenzo Tange propose ainsi une « nouvelle tradition ». Il s'agit bien pour lui et pour d'autres architectes de cette période, de créer un style japonais propre qui s'affranchit des codes en proposant des bâtiments de plus en plus inventifs. Kenzo Tange sera proche par la suite du mouvement « Métabolisme » animé par Kurokawa et Maki notamment. Il est l'architecte des mutations au Japon et une référence internationale, consacré par le prix Pritzker en 1987. Il arrêtera d’exercer son métier en 2002 à 89 ans. Yoyogi National Gymnasium à Tokyo À l'occasion des premiers Jeux Olympiques en Asie, accueillis par Tokyo, en 1964, Kenzo Tange reçoit une commande de l'état japonais pour concevoir la construction de deux bâtiments-gymnases à côté du

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parc écologique emblématique Yoyogi. Pour le ministère japonais, le projet doit proposer une « architecture de signature » réunissant à la fois un programme fonctionnel (piscine, patinoire et terrain de basket ball) et une vitrine significative du progrès économique et technologique au Japon. L'esthétique et le travail formel sont essentiels pour l'architecte qui élabore ici une structure faisant référence à une tente dans le desert, au toit d'une pagode japonaise ainsi qu’aux ponts suspendus. Le bâtiment est une combinaison de courbes, spirales, paraboles et hyperboles, concaves et convexes qui jouent entre elles et multiplient les visions différentes selon les angles de vue. Les espaces sont aussi pensés en fonction des flux de circulation des visiteurs. Cables, mâts, suspensions, acier, aluminium, verre et béton brut constituent le langage formel et materiel de Kenzo Tange pour ces deux ossatures. De plus, sa demarche prend toujours en compte l’intégration harmonieuse au lieu : ici les bâtiments doivent émerger en douceur comme une entité faisant partie de la nature du site. Le défi technologique, esthétique, historique et culturel a été relevé ici. Parmi tous ses bâtiments, le Yoyogi National Gymnasium occupe une place singulière et marque durablement le paysage tokyoïte.

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4. MÉTABOLISME, OSAKA 1970 ET LA « NOUVELLE VISION » (1965-1975) Cette section représente les années Pop avec l’apparition de couleurs à l’échelle de la ville et l’éclatement dans différentes directions, la profusion de propositions.

  Yamashita  KAZUMASA,  Face  House  (Maison  Visage),  Kyoto,  1974     ©  Yamashita  KAZUMASA  

       Courtesy  of  KAZUMASA  Yamashita,  Architect  and  Associés  /  Ryuji  Miyamoto   Au-delà des bouleversements initiés par le mouvement organique du Métabolisme qui propose notamment des mégastructures construites sur la mer, l’exposition Osaka 1970 confère une image et une visibilité internationale à ces modèles d’anticipation. L’exposition universelle révèle une architecture hyper-technologique dont l’esthétique est liée aux mouvements Pop. Ce positivisme et cet optimisme technologique, doublés d’une confiance aveugle dans la société de consommation seront bientôt ébranlés par les actions d’artistes comme Tadanori Yokoo ou les performances critiques du mouvement artistique Gutaï. METABOLISME Les années 1960, qui s’accompagnent d’un intense développement industriel, voient, l’émergence de recherches de nouveaux matériaux et d’innovations technologiques. Des architectes aujourd’hui célèbres comme Kisho Kurokawa, Kiyonori Kikutake, Masato Otaka, Fumihiko Maki ou Arata Isozaki revendiquent le caractère modulaire et flexible de leur architecture, constituée d’une agglomération de cellules vivantes, adaptables à différentes contraintes et extensibles. Ils proposent des architectures ouvertes et développent de nouvelles stratégies d’expansions urbaines. L’exposition universelle d’Osaka en 1970 marque la consécration du Métabolisme. Ses pavillons expérimentaux deviennent les manifestes mondiaux d’une nouvelle architecture technologique. Osaka 1970 consacre les mégastructures de Kenzo Tange, Kisho Kurokawa et Kiyonori Kikutake, ainsi que les gonflables de Yutaka Murata. Ces réalisations influencent les jeunes architectes du monde entier. L’architecture visionnaire ouvre de nouvelles perspectives à un urbanisme à grande échelle, comme le préfigurent les mégastructures d’Arata Isozaki, les villes prises sur la mer de Kenzo Tange ou de Kiyonori Kikutake, jusqu’à

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l’exposition internationale des océans en 1975 à Okinawa, où Kikutake présente une ville-flottante. IMAGE OU LA TENTATION POP Osaka 1970 suscite aussi des critiques d’architectes. Arata Isozaki prend ses distances vis-à-vis du métabolisme et critique les formes sévères du modernisme. Parallèlement à une architecture médiatisée, la pop architecture voit le jour. Ainsi Kijo Rokkaku projette-t-il l’apparition de la couleur à l’échelle de la ville. Les immeubles Ichi Ban Kan (1969) et Ni Ban Kan (1970) de Minoru Takeyama et les Cheminées de Ryoichi Shigeta (1969) témoignent d’une architecture joyeuse qui s’exprime aussi dans les dessins de Kiko Mozuna (Kushiro City Museum, 1984). Les architectes trouvent alors une grande liberté d’expression en utilisant l’architecture comme des signes dans la ville, comme Kazumasa Yamashita avec sa Maison visage (1974) ou Tatsuhiko Kuramoto avec sa Maison de mamie ou Bâchan-chi (1972). Des films accompagnent cette section, parmi lesquels des documentaires de l’exposition universelle 1970 d’Osaka, un film documentaire de la performance Gutai à l’Exposition Osaka 1970, intitulé Gutai Art Festival : Drama of Man and Matter. Le film de Katsuhiro Yamaguchi OOI & Environs (1977) présente les villes japonaises au travers d’images solarisées restituant l’atmosphère de la période. A.K.A. Serial Killer de Masao Adachi, film basé sur “la Théorie du paysage” (qui postule que les paysages, quels qu'ils soient, sont des expressions du pouvoir politique dominant) développée par Masao Adachi et Masao Matsuda, présente les villes d’Osaka et de Tokyo en mettant en lumière l’interaction entre l’architecture expérimentale et la réalité de la ville. Enfin, le film de Nagisa Oshima Il est mort après la guerre, dans lequel l’acteur vole une caméra et se trouve poursuivi par la police, montre l’importance de l’image dans la culture pop des années 1970. FOCUS SUR UNE ŒUVRE Nakagin Capsule Tower Building, de Kisho Kurokawa, 1972

 

  Kishô  KUROKAWA,  Nakagin  Capsule  Tower  (Tour  capsule  Nakagin),  1972  

                                ©  Kishô  KUROKAWA  Photo  ©  Makoto  Ueda  

Kisho Kurokawa Né en 1934 à Nagoya, Kisho Kurokawa (1934-2007) se forme à l’université de Kyoto où il obtient en 1964 un doctorat en architecture, sous la direction de Kenzo Tange. C’est en 1960 lors de la World Design Conference à Tokyo que nait le mouvement “Métabolisme” dont il est cofondateur avec les architectes Tange et Kikutake ainsi qu’un critique d’architecture Kawazoe. Ils tentent de dépasser les influences

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présentes de Le Corbusier et du Bauhaus, réalisant de nombreux projets spectaculaires s’accordant avec leurs théories et manifestes écrits : projets d’urbanisme souvent utopiques et toujours dans une démarche d’architecture organique inspirée de processus biologiques. Pour Kurokawa, l’architecture doit utiliser les traditions du pays, tenir compte de la région, du climat, des besoins des habitants, des matériaux et de la technologie contemporaine. C’est une symbiose entre la nature et l’architecture qui est recherchée mais aussi entre tradition et modernité, entre abstraction et symbolisme. Kurokawa utilise la géométrie comme le langage de l’architecture, assimilant les recherches mathématiques et celles de l’étude du vivant autour de la géométrie. L’architecte met en application l’idée que chaque partie est intégré au tout. Kurokawa crée également son agence en 1962 à Tokyo et développe plusieurs succursales en Asie. Ses projets sont pour beaucoup des bâtiments publics de fonctions diverses comme les hôtels de ville et plusieurs musées (art contemporain à Hiroshima en 1988, photographie à Nara ou extension du Van Gogh museum à Amsterdan en 1990). Pour l’habitat, sa réalisation majeure est la Nakagin Capsule Tower de Tokyo. Il a également mené une carrière de designer de mobilier. Nakagin Capsule Tower Building à Tokyo La Nakagin Capsule Tower, architecture insolite, modulaire, comme sortie d’un autre temps, est un immeuble de résidences et de bureaux situé dans le quartier de Shimbashi à Tokyo. Elle est la première architecture capsule au monde conçue pour une utilisation réelle. Ce bâtiment est l’un des plus représentatifs du mouvement “Métabolisme”, dont l’un des fondateurs est l’architecte Kisho Kurokawa devenu rapidement une icône. Construite à partir de 1970 et commercialisée en mars 1972, ce building compte 2 tours de 11 et 13 étages sur une surface au sol d’environ 430 m2. Il est réalisé en béton armé sur lesquelles viennent se fixer des modules préfabriqués appelés capsules, qui mesurent 2,3 × 3,8 × 2,1 m. Il y a 140 capsules identiques accrochées aux deux tours, destinées à offrir de petits espaces de vie ou de travail. Ils peuvent être combinés entre eux pour créer des espaces plus importants susceptibles d’accueillir une famille. Cette architecture relève le défi de réaliser une production en série, modulaire, extensible, tout en proposant un espace individuel pour chacun, même minime, compte tenu de la problématique spatiale japonaise, le manque de surface au sol. Le toit est découpé en angle, ce qui permettrait d’ajouter des capsules si besoin et donc de continuer à s’étendre verticalement. Techniquement, les unités-capsules sont détachables et remplaçables. L’intérieur est pré-assemblé en usine à Osaka, est pré-équipé (climatisation, bain, tv, ) et installé sur place dans la capsule à Tokyo.2 Cette conception de construction met en œuvre les principes du “Métabolisme”, comme la croissance organique, mais elle représente aussi un prototype d’architecture durable avec les notions d’échangeabilité et de recyclage. La Nakagin Capsule Tower a été classée au Patrimoine mondial par le Comité international de Docomomo International depuis 1996. Pourtant depuis 2007, le bâtiment étant très délabré et sa rénovation très couteuse, il est menacé de destruction.

                                                                                                               2  voir ici l’intérieur d’une capsule : https://www.youtube.com/watch?v=XKGKe4x5XTw

 

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5. L’ARCHITECTURE DE LA DISPARITION (1975-1995). ARCHITECTURE CONCEPTUELLE ET LIGHT ARCHITECTURE

CODE COULEUR : SANS COULEUR, BLANC QUADRILLÉ Ce code couleur représente évoque l’effacement, le passage à une architecture conceptuelle et minimaliste

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  1/Tadao  ANDO,  Eglise  de  la  lumière,  Osaka,  Japon  (1987-­‐1989)  :     maquette,  1989  :  maquette     Projet  réalisé,  1987-­‐1989     Paris,  Centre  Pompidou  ,  Musée  national  d’art       Moderne-­‐Centre  de  création  industrielle     ©  Tadao  Ando     Photo  ©  Centre  Pompidou,  MNAM-­‐CCI,  Dist.  RMN-­‐     Grand  Palais  /  Georges  Meguerditchian    

                                     2/Tadao  Ando,  Église  de  la  lumière,  Ibaraki,  préfecture  d’Osaka,  1989     ©  Tadao  Ando     Photo  ©  Mitsuo  Matsuoka  

 

Les années 1980-1990 sont associées à l’intellectualisme et à une consolidation des liens avec l’Occident. Après les mouvements politiques de 1968, une nouvelle génération d’architectes rompt avec une architecture technologique trop liée au milieu industriel et avec l’optimisme idéaliste des années 1970. Le retour vers des typologies simples, vers une réinterprétation de l’habitat constitue la base des recherches de Kazuo Shinohara. Il initie un nouveau vocabulaire pour la maison individuelle faite de formes et de méthodes de construction simplifiées. L’architecture japonaise s’affirme alors comme une réflexion sur l’espace, les matériaux et la lumière. Le retour à des formes géométriques simples consacre une architecture

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minimaliste influencée par le structuralisme, immédiatement reconnue au niveau mondial. Tadao Ando, avec ses habitations de béton brut dialoguant avec la lumière, impose cette structure comme un langage. D’autres architectes développent une vision plus philosophique des formes de l’architecture comme Takefumi Aida, ou Hiromi Fujii, principal représentant de l’architecture structuraliste. À l’inverse, certains s’inspirent d’un mode d’expression plus technologique, dans lequel l’architecture se transforme en machine autonome comme chez Shin Takamatsu, ou chez Hiroshi Hara qui poursuit ses recherches visionnaires d’une architecture de High Tech. Itsuko Hasegawa parvient le mieux à faire la synthèse entre les recherches sur les habitats et celle sur les nouveaux matériaux. Elle est l’inventeur de la « Light architecture », faite de résilles métalliques qui font disparaitre la structure. Cette architecture d’effacement trouve son accomplissement dans l’oeuvre de Toyo Ito. Des photographies du monde urbains, de grands collages et des pages extraites de la revue d’avant-garde Toshi Jutaku présentent la typologie de villes, d’habitats, de plans. Cette revue d’avant-garde, dirigée par Makoto Ueda, dont les couvertures étaient réalisées par Arata Izosaki et Kohei Sugiura, traduit une certaine vision critique des pratiques architecturales, ainsi qu’une analyse sociologique des nouveaux phénomènes urbains. La grande maquette de la Maison Tour (1966), premier habitat construit sur une très petite parcelle, constitua un modèle pour de nombreux architectes jusqu’à aujourd’hui. Des photos de Shuji Yamada présentent la coexistence d’une ville japonaise devenue extrêmement dense et animée avec des quartiers fonctionnant encore comme des villages, et préservant une culture vernaculaire. Deux films d’Itoh Takashi, Devils Circuit (1988) et The Mummy's Dream (1989), figurent la ville comme une abstraction en mouvement, un univers formel forgeant de nouveaux paysages. FOCUS SUR UNE ŒUVRE La tour des vents, de Toyo Ito, 1986

Toyô  Itô,  Tower  of  winds  (Tour  des  vents),  Yokohama,  1986  -­‐  Maquette  de  rendu  

Métal,  plastique  et  verre,  43  ×  55  ×  40  cm  Projet  réalisé  

Paris,  Centre  Pompidou  -­‐  Musée  national  d'art  moderne  -­‐  Centre  de  création  industrielle  ©  Toyo  Ito  

Photo  ©  Centre  Pompidou,  MNAM-­‐CCI,  Dist.  RMN-­‐Grand  Palais  /  Bertrand  Prévost  

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Toyo Ito Toyo Ito est né à Séoul en 1941 et sort diplômé du département architecture de l’Université de Tokyo en 1965. Il débute comme collaborateur dans l’agence de Kiyonari Kikutake et crée sa propre agence dès 1971. Il remporte de nombreux prix et réalise des bâtiments dans le monde entier. Sa démarche architecturale peut se diviser en trois périodes chronologiques mais qui parfois se superposent. La première période concerne l'architecture de maisons privées dans laquelle Toyo Ito développe la métaphore du Jardin de Lumière, illustrée par la White U; la seconde, intitulée le Jardin des Vents sera marquée par la Silver Hut; la troisième, que Toyo Ito nomme le Jardin des Puces Electroniques, trouvera sa source dans la Tour des Vents de Yokohama, une de ses plus célèbres réalisations. Cette conception de l’architecture comme jardin traduit sa quête de fluidité dans une architecture qui ne se lit pas directement. Surnommé le poète des vents, poète de la lumière, il utilise la métaphore dans ses écrits comme dans le caractère poétique de son architecture. Il explique sa démarche et sa réflexion dans de nombreux essais. Au-delà de sa réflexion sur la métaphore, plusieurs de ses définitions de l’architecture révèle sa réceptivité aux phénomènes qui bouleversent sans cesse la société contemporaine. Les thèmes dont il s’inspire pour inventer une architecture de l’essentiel (opposée au monumental) vont des engins spatiaux à la maison japonaise traditionnelle, de la puce électronique à la cérémonie de la floraison des cerisiers, des médias contemporains aux arbres de la forêt. Toyo Ito cherche l’essence des formes de l’architecture traditionnelle pour créer au présent une architecture nouvelle. Il s’appuie sur l’ambivalence présente en architecture : combiner un modèle abstrait (une idée) à une réalité existante. "Je ne prétends pas que l'architecture puisse être remplacée par des images vidéo ou que des bâtiments éphémères puissent être utilisés. Nous devrions plutôt construire une architecture virtuelle, fictive et éphémère comme une entité permanente" dans Architecture in a Simulated City de Toyo Ito.3 La tour des vents à Yokohama Cette réalisation n’est pas une construction neuve mais une reprise de la structure d’une tour cylindrique existante en béton armé et datant des années 1960. Elle est située à côté de la gare de Yokohama. Cette tour servait à l’origine de réservoir d’eau pour assurer la climatisation du centre commercial situé sous le batiment. Le projet de Toyo Ito se distinguait des autres propositions car il apportait à cette tour une visibilité nouvelle, une technologie innovante avec la lumière comme élément déterminant. Il n’a pas modifié la structure mais recouvert la construction d'une série de plaques réfléchissantes, pour les insérer ensuite dans un cylindre d'aluminium solide et opaque, comme une double peau. Les panneaux d’aluminium renvoient la lumière le jour, alors que la nuit tombée, 12 anneaux en néon répartis sur les 21 mètres de hauteur s’allument successivement, heure après heure, créant une animation visuelle qui offre la perception d’une tour éphémère, perpétuellement changeante. Cette tour presque dématérialisée maintient néanmoins la sensation de permanence du bâtiment tout en exprimant la course du temps. Elle met en scène des rythmes empruntés au vent, grâce aux trente projecteurs, placés entre les deux peaux, qui réagissent à la direction et à la force du vent. De même, les 1280 lampes réparties sur toute la surface de la tour s'allument et s'éteignent en réponse aux variations du bruit environnant. Cette architecture, objet statique insolite, se fait ainsi l’écho des mouvements de la ville. Pour cette réalisation, Toyo Ito a remporté l'Edwin Guth Memorial Award of Exellence 1987 de l'America's Illumination Engineering Society, un prix prestigieux qui a reconnu la forte valeur symbolique de cet ouvrage dans le contexte urbain où il se trouve.

                                                                                                               3  Cette citation est extraite du site http://www.vg-architecture.be/ (droits reservés, Christophe van Gheluwe, Bruxelles) Ce site est consacré uniquement à Toyo Ito où sont présentés ses écrits et réalisations de manière très approfondie, constituant une ressource très riche de références et d’analyses.

 

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PAO  II,  projet,  1989,  ©  Centre  Pompidou-­‐Metz  

Pao II, projet, 1989 Le projet Pao II, basé sur la contrainte d’une vie nomade, constitue une affirmation radicale du concept de light architecture. Itô conçoit ici un habitat pour une jeune femme célibataire, vivant au sein d’un tissu urbain dense. S’éloignant de la forme originale du Pao I (1985), inspirée d’une yourte mongole, le Pao II consiste en un polyèdre composé de triangles, dont le plancher acrylique transparent et les parois faites de panneaux perforés donnent l’impression qu’il flotte dans l’espace.

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TRANSITION En référence à la première section de l’exposition, et à la permanence du risque de destruction dans la conscience collective japonaise, de grands tirages photographiques des tremblements de terre de Kobe en 1995 réalisés par Ryuji Miyamoto sont mis en exergue de la dernière partie.

Ryuji  MIYAMOTO,  Kobe  1995  After  the  Earthquake  

Dans le dossier « FOCUS SUR LA SAISON JAPONAISE », les termes Kobe et Séisme sont développés dans le chapitre « Glossaire ».

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6. L’ARCHITECTURE SUREXPOSÉE, IMAGES ET NARRATIONS (DE 1995 À NOS JOURS) CODE COULEUR : SANS COULEUR, BLANC NACRÉ Ce code couleur représente un éblouissement, le geste de l’architecte étant très présent.

Sou  FUJIMOTO,  Tokyo  Apartment,  Tokyo,  Japan,  2012    ©  Sou  FUJIMOTO    ©  Photo:  Iwan  Baan    

La dernière section de l’exposition met en avant la génération d’architectes japonais émergeant au début des années 2000 et largement reconnue internationalement, à travers l’agence SANAA (Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa), celle de Kengo Kuma et de Shigeru Ban, suivis de nos jours par Junya Ishigami ou Sou Fujimoto. Plus largement, l’exposition s’attache, à travers plus d’une centaine de projets, à restituer la richesse d’une création portée par un grand nombre d’architectes sur l’ensemble des régions et des villes du pays. À partir des années 1990, l’architecture japonaise n’est plus simplement reconnue à travers quelques grands noms, mais devient l’une des plus importantes scènes de la création architecturale dans le monde. Elle est bien sur très présente au Japon grâce à de nombreux projets, mais aussi à l’étranger, de nombreux architectes japonais poursuivant une carrière internationale. Même si l’esthétique d’une « architecture de la disparition » faite de verre et de transparence reste dominante, d’autres formes de recherches sur les matériaux s’imposent dans les travaux de Kengo Kuma ou de Shigeru Ban. Avec les architectes de la génération émergente comme Tezuka Architects, l’architecture contemporaine japonaise réinvente la ville en redéfinissant de nouveaux programmes : petites habitations s’insérant dans les failles entre les constructions existantes, programmes sociaux, conçus comme de nouveaux lieux de rencontre, réactivant les fonctions organiques de l’urbanisme. Des projets plus récents semblent renouer avec l’idée de l’architecture narrative, en se référant à un certain archaïsme comme chez Terunobu Fujimori, ou en investissant une vision plus symboliste de

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l’architecture comme chez Jun Aoki, Kumiko Inui ou encore Junya Ishigami, qui inventent de nouveaux récits, des histoires et racontent différemment le rapport à la nature, avec le monde du commerce et de l’industrie. Après les expériences de Makoto Sei Watanabe, la plus jeune génération cherche à transfigurer les formes d’une architecture minimaliste en géométries plus complexes, telles que les formes mouvantes de Sota Ichikawa (doubleNegatives Architecture), d’Akihisa Hirata et de Sou Fujimoto. L’architecture la plus contemporaine apparaît dans la ville japonaise de façon presque accidentelle, avec des maisons, des magasins construits sur de petites parcelles qui ponctuent de façon surprenante le paysage. Près de soixante projets sont mis en valeur sur des panneaux invitant le spectateur à découvrir ces réalisations à travers la scénographie de Fujimoto conçue comme une sorte de promenade architecturale. Blue Scatter, la vidéo de Kazuma Harada, illustre cette vision fragmentaire et cette expérience spécifique de la ville japonaise au travers d’une myriade d’images se recomposant sans cesse. Les photographies de Naoya Hatakeyama prolongent également cette expérience d’une urbanité en perpétuel mouvement. FOCUS SUR UNE ŒUVRE Teshima Art Museum de Ryue Nishizawa, 2010

Ryûe  Nishizawa,  Musée  d¹art  de  Teshima,  Takamatsu,  2010     ©  Office  of  Ryue  Nishizawa  

Ryūe Nishizawa Architecte japonais né en 1966 à Tokyo, Ryūe Nishizawa a achevé sa formation à l’Université nationale de Yokohama en 1990. Il y enseigne actuellement. Il débute dans l’agence de Kazuyo Sejima avec qui, en 1995, il s’associe pour créer l’agence SANAA. Il fonde, peu après en parallèle, sa propre agence pour réaliser certains projets en indépendant. En 2005, il conçoit avec Kazuyo Sejima le projet du Musée du Louvre à Lens. Les deux architectes recevront le prix Pritzker en 2010, succédant ainsi à Kenzo Tange (1987), Fumihiko Maki (1993) et Tadao Ando (1995) et confirmant la reconnaissance internationale de l’architecture japonaise. Nishizawa, ainsi que Sejima, explore la notion d’unité spatiale dans l’habitat comme pour la Weekend House (région de Gunma) en 1998. La division interne de l'espace s’y fait uniquement autour de cours vitrées et de piliers fins. La circulation des pièces, ayant des fonctions différentes, se déploie autour de cet axe, intégrant une présence importante de la lumière. Nishizawa

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développe également cette conception pour la résidence Moriyama à Tōkyō (2005) dans laquelle s’organise un ensemble de cubes de proportions variées selon des alignements réguliers. Sa démarche pour organiser les composantes du bâtiment vise toujours une clarté, une lisibilité facilement compréhensible. L’architecte recherche ainsi dès ses premiers projets la mise en évidence d’un principe architectural clair, dans lequel les intervalles jouent un rôle essentiel, permettant des cadrages, des circulations diversifiées et une hiérachie des espaces offrant au bâtiment de nouvelles fonctions potentielles. Les concepts principaux qui structurent la démarche architecturale de Nishizawa sont l'accessibilité, l'ouverture, et la flexibilité des usages. Teshima Art Museum Implanté sur l’île de Teshima, en 2010, dernière née du grand projet artistique d’art contemporain qui se développe peu à peu dans les îles de la mer de Seto, sous l’impulsion d’une foundation privée, le Musée d'art de Teshima, est niché au sommet d’une colline couverte de rizières en terrasses. La conception de ce lieu très singulier est issue d’une collaboration entre l’architecte Riyue Nishizawa et Rei Naito, artiste japonaise, née en 1961. Ce musée est conçu comme une experience, une œuvre à explorer de manière sensible. L’architecture qui ressemble à une goutte d’eau au moment de l’impact, se compose d'une coque en béton, dépourvue de murs, de fenêtres et de piliers, sorte de coquille, longue de 60 mètres, large de 40 mètres et d’une hauteur maximale de 4,5 mètres, véritable challenge de construction qui a mené à des innovations techniques. Cette coque de 25 cm d’épaisseur est issue d’un moule de terre, renforcé par des armatures en metal, dans lequel a été coulé du béton. A l’intérieur, l’installation Matrix de Rei Naito met en scène de l’eau qui jaillit du sol, ici et là, et coule tout au long de la journée. D’autres éléments naturels extérieurs comme la lumière, le vent, la pluie, la neige, les sons des oiseaux, les insectes, s’invitent par les deux ouvertures elliptiques de la coque, pour entrer en résonnance les uns avec les autres, dans cet espace intérieur organique. Ce cadre, dans lequel la nature, l'art et l'architecture se conjuguent avec harmonie, avec liberté, propose d’expérimenter physiquement et mentalement une diversité d'impressions infinies, modulables au cours des saisons et du temps. Tout comme une goutte d’eau dynamique qui traverse une surface. En relation avec la thématique de l’eau:

 ©  Felipe  Ribon

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ARCHITECTURE ET DESIGN, NOUVELLES IDENTITÉS GRAPHIQUES

Cette dernière salle, conçue par Yûki Yoshikawa, chargée de recherches et d’exposition au Centre Pompidou-Metz, commissaire associée de l’exposition et spécialiste du graphisme japonais, traduit la richesse de la production éditoriale qui anime l’architecture de l’après-guerre à nos jours. Dans les années 1960 et 1970, au Japon, les publications conçues par les architectes se multiplient. Ces derniers cherchent à établir une architecture conceptuelle à travers leurs activités éditoriales, se confrontant à la crise de la représentation en inventant un outil de diffusion de leurs réalisations. Le livre, ou la revue, devient ainsi à la fois outil de communication, mais aussi de création, déterminant un nouveau domaine d’expression de la culture architecturale. De nombreuses revues, des livres et des affiches montrent l’étendue de ces recherches en les faisant dialoguer avec des publications occidentales du même type (architecture radicale, architecture et art conceptuels). Cet ensemble, rassemblé pour la première fois, permet de mieux saisir l’aspect de laboratoire, l’esprit de recherche qui guide l’architecture japonaise et qui l’impose comme un domaine extensif de la création.

Graphisme*et*architecture*:*présenta1on*de*revues*et*livres*expérimentaux…*

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6. PISTES PÉDAGOGIQUES

Vous trouverez ici des propositions de thématiques exploitables en classe. Elles sont abordées ici sous des angles historiques, artistiques, techniques, convoquant plusieurs disciplines, seules ou en interdisciplinarité. A chaque enseignant de se les approprier selon la ou les disciplines et selon le niveau de classe concerné (du primaire au lycée ou post-bac). Liste des thématiques proposées 1. LA CONCEPTION JAPONAISE DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL 2. DE LA DESTRUCTION A LA COMMEMORATION 3. EXPOSITIONS UNIVERSELLES ET ARCHITECTURE JAPONAISE 4. LA VILLE JAPONAISE 5. TOKYO, MÉGALOPOLE ORGANIQUE ET CHAOTIQUE 6. LES UNITÉS DE MESURE AU JAPON 7. LE MA : ESTHETIQUE ET PHILOSOPHIE DE L'INTERVALLE 8. L’HABITAT MINIMUM 9. IMPACT DE LA MENACE SISMIQUE SUR L’ARCHITECTURE JAPONAISE 10. HABITAT D’URGENCE ET HABITAT EPHEMERE 11. L'ARCHITECTURE JAPONAISE DES MUSEES 12. REPRESENTATIONS DE LA VILLE EN BD ET DANS LES MANGAS 13. QUELQUES PISTES POUR ABORDER L’ARCHITECTURE EN CLASSE 1. LA CONCEPTION JAPONAISE DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL Laisser faire le temps ou restaurer ? Au Japon, la question ne se pose pas dans les mêmes termes qu’en Occident4. Tous les vingt ans environ, on démolit volontairement les vieux temples en bois pour les reconstruire à l’identique selon les techniques ancestrales originelles et avec les mêmes matériaux. Cet acte est surprenant pour les Occidentaux qui ont tendance à considérer le patrimoine comme sacré, intouchable et qui accordent une grande valeur à l’ancienneté d’un site ou bâtiment. Destruction volontaire et reconstruction : une singulière manière d'envisager le patrimoine, qui privilégie la transmission des savoirs et des gestes sur l’oeuvre originale. Rien d'étonnant alors qu'un pays où les idées et les règles se transmettent par le respect des gestes, fasse de ses artisans les véritables gardiens de la tradition, le patrimoine vivant du Japon. Depuis 1955, les individus participant de manière significative à la préservation d’une méthode ou d’un savoir-faire artisanal ancestral spécifique reçoivent le titre de gardiens d’un savoir-faire immatériel majeur. Ils sont couramment désignés comme trésor national vivant et considérés comme référence culturelle et artistique au sein de la communauté artistique mondial. Il ne faut pas perdre de vue que le Japon, soumis aux risques sismiques, est également le pays de l’impermanence : les constructions de bois ne sont pas faites pour résister aux typhons et aux tremblements de terre, pas même les constructions récentes qui sont détruites régulièrement et remplacées par des bâtiments plus étonnants encore. Aussi au Japon garde t-on rarement la mémoire de l’architecture : les maquettes, par exemple, ont longtemps été détruites. Il n’y a pas de musée qui lui soit consacré, la notion de « maison traditionnelle » et la conscience d’une identité architecturale propre n'apparaissent que tardivement, dans les années 1930, et sous la plume d’un architecte occidental, Bruno Taut. Au Japon le renouvellement volontaire des édifices est particulièrement court (à Tokyo, la durée de vie moyenne d’une maison ou d’un immeuble est de 26 ans, contre 44 aux Etats-Unis et 75 au Royaume-Uni) et l'on

                                                                                                               4  L’idée de patrimoine et de l’appel à conserver les traces d’une mémoire collective apparaissent en France et se répandent en Europe sous la Révolution. En condamnant les actes de «vandalisme», terme utilisé pour désigner l’attitude destructrice d’une partie de l’armée républicaine, Henri Grégoire dit «l’abbé Grégoire», évêque constitutionnel de Blois, souligne l'importance de la sauvegarde des monuments historiques pour la mémoire, la connaissance des arts et l’identité nationale. Hériter, sauvegarder, et le cas échéant, restaurer, sont des décisions encadrées depuis 1964 par La Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, dite Charte de Venise.

 

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n’hésite pas à démolir, y compris des constructions récentes, symboliques ou prestigieuses, comme L'hôtel impérial conçu par l'architecte Franck Lloyd Wright, pourtant resté érigé après le violent tremblement de terre de 1923. 2. DE LA DESTRUCTION À LA COMMEMORATION La notion de destruction est récurrente et même cyclique dans l'histoire et la culture du Japon. Que ce soit de manière volontaire ou le plus souvent involontaire et subie, les hommes comme les constructions se sont vus détruits, anéantis à de multiples reprises et par des forces souvent considérables. Les destructions naturelles que sont les séismes (citons celui de 1923 avec l’incendie de Tokyo, celui de Kobe en 1995 et ce dernier, catastrophique, de mars 2011 dont le tsunami ravageur a également entrainé l'accident nucléaire de Fukushima), n'ont pas laissé le choix aux Japonais face à la nécessité de reconstruction de leur habitat, même dans un contexte de permanence du risque de destruction. La tragédie d'Hiroshima et de Nagazaki, détruites par la bombe atomique, marque à jamais cette conscience collective japonaise autour de la destruction et de la renaissance qui lui sont liées. L'exposition Japan-ness débute en 1945, à ce moment de «table rase» suite aux bombardements atomiques, par une première salle marquée par la couleur noire. Symbolique de l'éradication humaine qui a eu lieu, elle illustre cette alternance cyclique de destruction et de renaissance émergeant des cendres, ainsi qu'une tradition culturelle du voilement, de l'ombre et de l'obscurité. L'architecte Arata Isozaki pose ici la problématique à laquelle les architectes sont confrontés : comment imaginer une architecture sur une terre totalement rasée ? Elle implique une réflexion sur un paradoxe d'où nait cette notion de Japan -ness : être sans cesse amené à se reconstruire tout en conservant une identité. La commémoration s'avère être une évidence dans le travail de résilience porté par le peuple japonais. Elle participe aux valeurs immuables qui constituent cette architecture, tout en rendant dynamique la recherche d'identité menée par les architectes. Les architectures commemoratives, conservées ou créées, avec l'objectif de faire œuvre de mémoire, sont nombreuses au Japon et se répartissent dans le temps de 1945 jusqu'à nos jours. La plus symbolique est le Musée du Mémorial de la Paix conçu par l’un des plus célèbres architectes japonais, Kenzo Tange en 1949. Il est construit dans le Parc mémorial de la Paix à Hiroshima, à côté du seul bâtiment du centre ville, resté debout après la bombe atomique : le Dôme de Genbaku, classé au patrimoine mondial de l'Unesco5. Les bâtiments du parc ont été construits de 1949 à 1995. Tange a également conçu le Centre commémoratif de la Grande Asie (1941). 6 Une autre architecture répondant aux catastophes naturelles, approchant ce phénomène de commémoration et surtout ce travail de reconstruction est la Maison pour tous (House-for-all) de Rikusentakata construite en 2012 par un collectif d’architectes japonais animé par Toyo Ito. Après le tsunami de mars 2011, ce projet a pour but de créer des lieux collectifs pour les habitants des villes dévastées. De manière symbolique et visible, les architectes utilisent les arbres de la forêt détruite, et structurent un toit pointu, transpercé par dix-neuf troncs. Les espaces intérieurs ont tous une vue sur le paysage de la ville détruite dont seul le quadrillage des rues reste présent. Une des maisons obtient le Lion d’or à la biennale de Venise, en 2012. 7 3. EXPOSITIONS UNIVERSELLES ET ARCHITECTURE JAPONAISE Instaurées en 1851, les expositions universelles et internationales avaient pour objectif d'être une vitrine du progrès technique réalisée par chaque nation, notamment au travers de réalisations architecturales. Bon nombre d’entre elles sont devenues des icônes architecturales comme la Tour Eiffel, l'Atomium de Bruxelles, Space Needle de Seattle, etc. Une forme de surenchère sur l'originalité l'esthétisme ou parfois la démesure s'est mise en place au cours du temps, que ce soit dans la construction des pavillons représentant chaque pays ou dans leur aménagment intérieur. Plus que des prouesses technologiques, ces expositions ont très rapidement invité l'art et la culture de chaque pays participant, à devenir manifeste aux yeux de tous.

                                                                                                               5  http://whc.unesco.org/fr/list/775  6  https://fr.wikiarquitectura.com/b%C3%A2timent/musee-memorial-de-la-paix-dhiroshima/

https://www.vivrelejapon.com/ville-hiroshima/memorial-national-de-la-paix-de-hiroshima 7  Un documentaire de 2013 dans la série Architectures sur Arte y est consacré, sous le titre L'utopie du désastre. https://www.youtube.com/watch?v=BH0FkjcWRJk De nombreuses ressources sont accessibles sur ces réalisations et sur la thématique des architectures de mémoire de manière générale (http://www.lemoniteur.fr/article/architectures-de-memoire-20469522)

 

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Essentiellement réalisées tous les cinq ans, leur durée se déploie de 3 à 6 mois. Les expositions universelles représentent le troisième événement mondial après les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de Football. C'est Londres qui a inauguré la première exposition universelle en 1851, Paris pour la seconde en 1855, et la plus récente édition s'est déroulée à Milan en 2015. Le plus grand nombre d'expositions a été présenté en Europe. Paris a accueilli le plus souvent cet événement avec six expositions dont la dernière en 1937, qui avait pour thème la Paix, deux ans avant la seconde guerre mondiale. La plus historique pour Paris reste celle de 1889 pour le centenaire de la Révolution française, avec la Tour Eiffel demeurée au Trocadéro. Bruxelles a accueilli trois expositions dont celles de 1935 et 1958, réalisation de l'Atomium et date de création de la Communauté économique européenne. Puis Londres, Barcelone et Milan ont accueilli deux fois cette manifestation internationale. La prochaine exposition universelle aura lieu en 2020 à Dubai, aux Emirats Arabes Unis. La première des expositions ayant eu lieu en Asie s'est déroulée au Japon à Osaka en 1970, ville qui vient de déposer sa candidature pour 2025, en concurrence avec Paris et deux autres pays. Autre pays d'Asie dont l'exposition universelle a été remarquée : la Chine avec Shangai en 2010 dont le thème était Meilleure ville, meilleure vie. L'axe essentiel, depuis plusieurs années, est d'aborder des thèmes qui sensibilisent et proposent des solutions aux défis internationaux contemporains. Pour Milan en 2015, le thème est Nourrir la planète, énergie pour la vie. La prochaine, celle de Dubaï pour 2020 a pour thème Connecter les Esprits, Construire le Futur.8 Qu'en est-il de l'architecture et des pavillons japonais dans ces expositions universelles ? C'est en 1867 à Paris que le Japon est présent pour la première fois dans une exposition universelle. Ce sont surtout les objets exposés ainsi que le spectacle proposé par les habitants du pavillon qui intéressent les visiteurs plus que l'architecture du bâtiment. Néanmoins, plusieurs habitations de taille réduite permettent de découvrir la structure et les matériaux de l'habitat japonais. Et de nombreux textes dans les journaux de l'époque (La Gazette des Beaux-Arts par exemple) décrivent en détails ces constructions. Un engouement pour ce Japon qui étonne, surprend et atteint son apogee dans les années 1870-1880. Une vague culturelle du japonisme, qui marquera les artistes, s'empare de la France. Ces expositions universelles donnent à voir un Japon vivant au travers de ses arts, de sa culture, des temps modernes aux plus anciens. En 1889 à Paris, un jardin japonais est installé au Trocadéro, puis en 1900, la Tour japonaise du Panorama du Tour du Monde s’expose.9 Pour l'exposition universelle la plus récente, à Milan en 2015, le pavillon japonais avait pour thème L’harmonie dans la diversité en réponse au thème de l'exposition Nourrir la Planète, Energie pour la Vie. Il s'agit d'approcher les problèmes de l'environnement et de la nourriture par la culture culinaire japonaise, mise en scène dans le pavillon. Ce dernier a été construit avec des matériaux naturels comme le bois et le bambou, associés à des systèmes d’économie d’énergie et des outils technologiques. Cette association reflète la diversité assumée du Japon, y compris par la présence de la nature et de son écosystème et de l'évocation des quatre saisons. La structure en matière renouvelable est pensée pour l'exposition et la grille tridimensionnelle en bois permet de réduire la lumière du soleil. Elle s'inspire des lanternes de papier japonaises traditionnelles, reproduisant en effet de nuit une douce lumière. Cette vaste construction toute en longueur a été conçue par l’architecte Atsushi Kitagawata et évoque par la largeur de son entrée les maisons de Kyoto.

                                                                                                               8  Tout l'historique et le contenu de ces manifestations depuis leur origine ainsi que le processus des candidatures et les questionnements actuels autour de ces expositions et donc de l'architecture est consultable sur le site du Bureau International des Expositions. http://www.bie-paris.org/site/fr/les-expos/a-propos-des-expos/la-famille-des-expos/les-expos-universelles 9  Pour en savoir plus : une anthologie et iconographie sur les pavillons japonais dans les expositions universelles, une histoire du japonisme de la fin XIXe et une chronologie très développée et référencée de 1664 à 1955 à l'international ( passant par les influences réciproques avec F.L.Wright et s'achevant avec Le Corbusier au Japon ) : http://laurent.buchard.pagesperso- orange.fr/Japonisme/OUVERT_2.htm http://laurent.buchard.pagesperso-orange.fr/Japonisme/OUVERT.htm http://laurent.buchard.pagesperso-orange.fr/Japonisme/CHRONOR.htm Autre ressource de la Bibliothèque Nationale de France : sur les expositions universelles et le Japon puis un document sur le japonisme en France et l'architecture : http://gallica.bnf.fr/html/und/asie/aux-expositions-universelles http://www.bnf.fr/documents/biblio_japonisme.pdf

 

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Le concept architectural du pavillon symbolise ce mélange de tradition et de modernité qu'affectionne la culture japonaise et la recherche d'une perfection esthétique tout en respectant l'environnement. Entre la fin du XIXe siècle et aujourd’hui, OSAKA 70 tient une place singulière. Première exposition universelle en Asie et à Osaka au Japon, avec pour thème Progrès et harmonie pour l'humanité. Pendant cette période euphorique pour l'architecture au Japon, se mettent en place le mouvement du Métabolisme et une nouvelle vision, faisant émerger une grande créativité. 10 L'exposition a rassemblé 78 pays participants et plus de 64 millions visiteurs. 11 Cet événement mondial a marqué une évolution dans la conception de l'architecture future. On retrouve d'ailleurs Osaka 70 comme décor réaliste et récurrent, représentée dans un manga 20th Century Boys de Naoki Urasawa sorti entre 2000 et 2007 en 24 volumes. La Tour du soleil y est visible, architecture créée par Taro Okamoto et conservée sur le site actuellement transformé en musée d'ethnologie. Le scénario du manga débute en 1969 et se déroule jusque dans les années 2000, mêlant la réalité d'une époque passée à celle de la période contemporaine. Osaka 70, même avec ses architectures éphémères aujourd'hui disparues et cette mystérieuse Tour du soleil presque cinquante ans après sa création, reste une expérience futuriste audacieuse associant architecture, technologie et environnement. 4 . LA VILLE JAPONAISE12 Associée à un urbanisme tentaculaire, la ville japonaise a défini de nouveaux modes d’habiter, liés à la densité de population. Ces contraintes imposent en effet une réflexion sur la maison et l’espace privé, qui est à l’origine de nouvelles typologies de construction, d’une aspiration au minimalisme, d’un usage innovant des matériaux et d’une économie de l’espace. On peut observer au cours de certaines époques et dans certaines villes, l’abolition du système esthétique traditionnel, voire au mieux de sa transformation vers l’expression d’autres valeurs, telles que la modernité, la fascination pro-occidentale, ou le profit économique. La ville japonaise est en constante mutation. Son apparence peut prendre ainsi la forme d'un espace chaotique. L'ordre réel de la ville, qui n'est plus visible, est peut-être ailleurs que dans des configurations architecturales et spatiales, déplacé dans le corps social qui structure cette ville japonaise évolutive, même dans son esthétique. 5. TOKYO, MÉGALOPOLE ORGANIQUE ET CHAOTIQUE Capitale la plus densément peuplée de la planète (37 millions d’habitants sur 200 km2), située sur l'île de Honshu et divisée en 23 arrondissements, Tokyo représente l’équivalent de l'un de nos départements français. La ville est en réalité une préfecture composée de ku («quartiers», comme Shinjuku ou Shibuya) et de shi («villes» comme Hachioji ou Ōme). A titre de comparaison, avec ses 2 190 km2, Tokyo est à peu près grand comme les Yvelines. « Tokyo, aujourd'hui la plus grande agglomération au monde, n'était au milieu du XIXe siècle qu'une ville modeste nommée Edo, dans un Japon encore féodal. En 1868, l'empereur Meiji, qui a décidé d'ouvrir son pays au monde en rivalisant avec les grandes nations occidentales, entreprend de la moderniser. Un siècle et demi plus tard, cette mégapole futuriste en perpétuelle évolution, sous la menace quasi permanente de failles sismiques parmi les plus actives de la planète, semble toujours tournée vers l’avenir. Un art du renouvellement en partie hérité de son histoire, car détruite à deux reprises, la ville a su à chaque fois renaître de ses cendres. Le 1er septembre 1923, le séisme du Kanto provoque un incendie qui fait 105 000 morts et détruit la quasi-totalité des quartiers historiques. Le 10 mars 1945, les Américains larguent sur la ville un déluge de bombes, tuant plus de 100 000 personnes et réduisant le centre à néant. L'incroyable résilience des habitants va à nouveau donner des ailes à la reconstruction. À partir de 1955, alors que s'ouvre pour le Japon une phase d'expansion

                                                                                                               10  Voir le développement dans le parcours de la section 4 : METABOLISME: OSAKA 70 ET LA “NOUVELLE VISION” (1965-1975), p.19 11  Voir : https://www.youtube.com/watch?v=6NnxVGWzR_Y http://www.expomuseum.com/1970/ 12  Pour une première approche, la liste des villes du Japon est ici classée par préfectures et dates de création, avec les données de superficie et de population (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_villes_du_Japon) Pour Tokyo qui n'est pas dans cette liste, une thématique spécifique est développée dans ce document, vous pouvez également consulter entre autre ce fichier de l'académie de Limoges http://pedagogie.ac-limoges.fr/hist_geo/spip.php? page=articleimage&id_article=123 uniquement sur Tolyo.

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économique sans équivalent, Tokyo, centre névralgique et vitrine de cette métamorphose, connaît un essor démographique, architectural et technologique extraordinaire pour devenir la capitale mondiale de la modernité.»13 Aujourd'hui, le chaos urbain fait de la capitale du Japon une ville organique aux extraordinaires capacités d'adaptation. L'architecte Yoshinobu Ashihara, un des premiers à théoriser le chaos urbain tokyoïte, pense qu’il n’est, au fond, qu'un ordre à déchiffrer et qu’il préfigurerait même la ville du XXIe siècle : «Paris est une ville splendide, mais qui aura certainement des difficultés à s’adapter au XXIe siècle. Son architecture de pierre en fait un monument statique et inorganique appartenant au passé. Au contraire, Tokyo possède des facultés d’adaptation et de survie proche des amibes. C’est une métropole laide et chaotique, mais elle est organique, en constant changement. Il m’arrive de souhaiter que l’amibe prolifère avec plus de soin, mais sa vigueur reste indéniable.»14 Voir aussi les documentaires : Enquête Exclusive, Grand format, Les villes de demain, M6, Tokyo, la ville où chaque cm² compte Sur les toits des villes, Tokyo, Réalisation Xavier Lefebvre, ARTE, 2016, https://www.reseau-canope.fr/notice/tokyo-un-lieu-de-commandement.html

Ne manquez pas : Tokyorama Une visite photographique et commentée de Tokyo Depuis dix ans, Nicolas Depoutot, architecte, et Sébastien Grisey, photographe et directeur de la Maison de l’architecture de Lorraine, ont arpenté Tokyo. Fascinés par la capitale japonaise, les deux voyageurs, en dialogue avec Nobouko Nansenet, architecte franco-japonaise, tenteront de faire partager leur engouement au travers d’une visite photographique commentée qui emmènera le public des avenues bondées du quartier de Shibuya aux ruelles étroits de Kabukicho, des rives de la rivière Sumida au sommet de la tour Mori, dressant un panorama à perte d’une ville en permanente mutation En partenariat avec la Maison de l’architecture de Lorraine ME 27.09.17 – 15 :00-16 :15 Auditorium Wendel Entré libre sur présentation d’un billet d’accès aux expositions du jour et dans la limite des places disponibles Gratuit pour : les titulaires du Pass-M et Pass-M Jeune, -26 ans, demandeurs d’emploi, allocataires RSA ou l’aide sociale (sur présentation d’un justificatif de - de 6 mois) artistes, membre de la maison des artistes, adhérents Centre Pompidou-Metz 6. LES UNITÉS DE MESURE AU JAPON Lorsque le système métrique est adopté au Japon en 1891, les Japonais n’abandonnent pas pour autant leur ancien système de mesure des longueurs et des poids. Il perdure jusqu’en 1959, période pendant laquelle les deux systèmes de mesure seront utilisés en parallèle. Les unités de mesure de l’ancien système de mesure japonais, originaire de la Chine antique, reposent sur les proportions du corps humain. Quelques unités de longueur : Le shaku et le sun, anciennes unités de mesure japonaise, encore utilisées dans l'artisanat traditionnel : - 1 shaku est une unité de base et correspond à 30,3036 cm, soit environ 1 pied. Le shakuest divisé en dix unités appelées sun. Le po correspond à l'envergure d'une personne. Il est un multiple du shaku. - 1 po = 6 shaku, soit 181,82 cm Pendant la deuxième moitié du Moyen Âge, un autre système de mesure fait son apparition, il est basé sur le ken. Son utilisation s'est surtout développée pour la construction et l'urbanisme. Le ken correspond à la dimension standard entre les axes des poteaux d'une construction. - 1 ken = 6 shaku, soit 181,8 cm. Les unités de surface : Le tsubo et le jo

                                                                                                               13  Synopsis du documentaire : Tokyo, cataclysmes et renaissances Réalisateur : Olivier Julien, adapté de celui de Shinji Iwata Producteurs : ARTE France , NHK, CC&C 14  L' ordre caché : Tôkyô, la ville du XXIe siècle ? / Yoshinobu Ashihara ; préf. de Henri Gaudin ; postf. d'Augustin Berque ; trad. du japonais par Masako Shimizu

 

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- 1 Tsubo = 1 ken², soit 1,818 m x 1,818 m ou 3,305 m² L'unité de surface actuellement utilisée pour le calcul de l'aire d'une pièce est le jo, correspondant aux dimensions d’un tatami. Le tatami, simple rectangle de jonc et de paille de riz aux mesures anthropomorphes, est un objet représentatif de la culture japonaise. Sommier, partie du sol sur laquelle on se déchausse ou tapis pour la pratique des arts martiaux, il est l’unité de mesure de référence (181,82 cm x 90,91cm soit 1,653 m2) ce qui permet aux japonais d’appréhender instantanément les dimensions d’une pièce (même si la dimension du tatami peut varier légèrement suivant les régions : à Tokyo par exemple, sa dimension n’est que de 88 cm x 176 cm). - 1 jo = 1 tatami = 6 shaku x 3 shaku (181.82 cm x 90.91 cm) = 1,653 m2 - le tatami est long de 1 ken et large de ½ ken Le tatami15 est un élément utile afin de pénétrer les règles de composition de la maison japonaise, c'est un outil révélateur d’un mode de penser l’espace. Il correspond à la surface minimale nécessaire à une personne allongée ou deux personnes assises côte à côte, il permet de donner à un même espace plusieurs fonctions : une pièce se métamorphose en salle à manger, en chambre à coucher quand on retire les portes coulissantes. Les dimensions les plus courantes pour une pièce sont de 6 à 8 tatamis. Petit problème de pavage16 : «Les tapis japonais ont des proportions bien définies. De combien de façons peuvent-ils recouvrir une pièce rectangulaire ? Grâce à une contrainte géométrique traditionnelle, la question devient intéressante. Dans toutes les régions, ils forment des rectangles aux proportions 1 × 2. Lorsqu'on dispose les tatamis, on s'arrange pour qu'en aucun point ne se rencontrent quatre tatamis . La raison – esthétique ou pratique ? – n'est pas bien claire, mais cette tradition semble respectée partout au Japon. La contrainte « Jamais quatre tatamis en un même point » intéresse les mathématiciens. Elle a suscité, depuis une dizaine d'années, d'étonnantes recherches, dont celles d'Alejandro Erickson, qui a soutenu en 2013 une thèse sur le sujet à l'université de Victoria, au Canada. Il se trouve en effet que la règle imposée limite fortement les combinaisons possibles, sans toutefois imposer un nombre trop restreint de dispositions dont on trouverait facilement une caractérisation. Le mathématicien aime ce genre de situations !»      

      Toyô  Itô,  Médiathèque  de  Sendaï,  2000  Provided  by  Miyagi  Prefecture  Sightseeing  Section  ©  Toyo  Ito

                                                                                                               15  Voir : Cruz-Saito Mizuki, Nishida Masatsugu, Bonnin Philippe. Le tatami et la spatialité japonaise. In: Ebisu, n°38, 2007. pp. 55-82. DOI : 10.3406/ebisu.2007.1483. www.persee.fr/doc/ebisu_1340-3656_2007_num_38_1_1483 16  http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-pavages-mathematiques-avec-des-tatamis-36381.php http://www.xoolive.org/2016/02/29/pavage-par-tatamis.html

 

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7. LE MA : ESTHETIQUE ET PHILOSOPHIE DE L'INTERVALLE17 Terme japonais qui signifie «intervalle», «espace», «durée», «distance», le MA est aussi un concept esthétique présent dans différents arts de la culture japonaise. Son idéogramme est un soleil entouré par une porte. Cet intervalle au lieu de séparer, relie deux éléments (objets ou personnes). Il institue par ce lien une union et une harmonie entre deux choses. Au-delà de l'approche esthétique, ces notions d'espace ou d'espace-temps relient, nourrissent la réflexion philosophique sur le vide, qui pour les japonais n'est pas le néant. Le vide est porteur de sens car être vide, c'est être plein de rien. Cette conception du vide est ancrée également dans la philosophie chinoise. En architecture, c'est Fumihiko Maki qui introduit un concept spatial adapté aux besoins urbains modernes, en respectant la nature et la culture japonaise. Il y alterne le principe du cocooning autour d'un espace intérieur (oku), des ouvertures sur d'intimes jardins japonais, avec l'usage d'espaces ouverts (ma). Le ma est toujours présent même dans l'architecture métaboliste (espaces modulables adaptés aux besoins du moment). Dans les constructions japonaises comme dans l'urbanisme, ces intervalles, ces vides, bien présents qui relient deux espaces entre eux sont des passages. Cela peut être une ouverture reliant l'intérieur et l'extérieur. La notion de cadre peut ici entrer en jeu, scénographiant une union de plein et de vide, travaillant la notion de bordure, de limite, de seuil, de portique, de chemin. (Voir Glossaire dans le dossier découverte “FOCUS SUR LA SAISON JAPONAISE”) 8. L’HABITAT MINIMUM Dans un pays où plus de 70% des terres sont recouvertes par de la forêt ou des montagnes, donc inadéquates à la construction, et avec des métropoles engorgées par la croissance démographique, les architectes japonais sont passés maitres dans la gestion de l’espace restreint. Au Japon, diverses règles de planification urbaine, comme par exemple, la nécessité d’un accès aux cours intérieures, ont engendré de nombreux entre-deux, des vides interstitiels étroits entre les constructions. Et dans une grande ville où le mètre carré se fait rare et est excessivement cher, exploiter l’opportunité foncière que représente cette multitude d’espaces résiduels, se glisser dans ces mini «dents creuses» offertes, devient une spécificité architecturale. De cette nécessité environnementale et financière nait le concept architectural de “micro-foyer”, des maisons intelligentes et élégantes conçues dans des espaces incroyablement restreints, et de façon à avoir un impact minimum sur l’environnement. Le rêve de la maison individuelle reste très fort chez les japonais, qui mettent un point d’honneur à avoir leur indépendance dans ce qu’ils considèrent comme un refuge – pas de mur mitoyen, mais un espace de 3 cm minimum vis à vis des voisins. À noter également qu’au Japon,il n’y a pas d’héritage de maison mais plutôt d’un terrain. Raser la maison de ses parents pour y construire la sienne est tout à fait courant. La réalisation de ces micro-bâtiments amène les architectes à redoubler d’innovation et d’ingéniosité. Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kaijima (fondateurs de l’atelier Bow-Wow, une agence d'architecture japonaise située à Tokyo) qui ont souvent travaillé sur la densité urbanistique de la capitale, sont à l’origine du terme de « Pet Architecture » pour désigner ces petits bâtiments placés sur des parcelles extrêmement réduites ou irrégulières en milieu urbain dense. La dénomination de « pet architecture » fait référence aux animaux de compagnie de petite taille que l’on peut transporter partout. En matière d’espace minimum, l’exemple de l’Hôtel capsule est une curiosité qui fascine les Occidentaux. Hôtel typiquement japonais et bon marché, situé exclusivement dans les quartiers animés des grandes villes, il a la particularité d’optimiser au maximum l’espace d’occupation de la

                                                                                                               17  Pour en savoir plus , 2 articles de 2015 sur la spatialité et la temporalité et la place du ma dans l'architecture japonaise : http://holocene-design-gallery.com/ma-et-architecture/ avec plusieurs exemples d'architectes et leur approche. Quelques livres, revues : Arata Isozaki, Ma, espace-temps du Japon, catalogue d'exposition, Musée des Arts Décoratifs, Festival d'Automne à Paris, 11 octobre-11 décembre 1978. Fumihiko Maki La ville et l'espace intérieur dans les Cahiers du Japon, n°1, été 1979 A. Berque et M. Sauzet, Le Sens de l’espace au Japon. Vivre, penser, bâtir, Éditions Arguments, Paris, 2004. Noriko Hashimoto, Le Concept de ma et ses transformations sémantiques comme voie d'accès à l’esthétique japonaise, Kluwer, 1993

 

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chambre, qui se limite à une simple cabine-lit de 80 cm de haut et de large, pour environ 2 m de long, avec un lit une place, un réveil et parfois une petite télévision. Par sécurité, les capsules ne sont pas munies de portes rigides mais plutôt d'un rideau. Le premier hôtel capsule a été créé à Osaka en 1979 par un architecte japonais de renommée internationale et l’un des fondateurs du mouvement dit « métabolisme », Kurokawa Kishô (1934-2007). Il avait réalisé une œuvre baptisée logement capsule lors de l’exposition universelle de 1970 à Osaka. À l'origine, les hôtels capsule ont été pensés pour les salary- men (employés) souvent un peu alcoolisés et sortis trop tard de réunions pour attraper le dernier train. Pour des raisons de sécurité, les hôtels capsule étaient réservés jusqu’à récemment à un public exclusivement masculin. Il existe désormais des établissements avec un étage dédié aux femmes. À la réception de ces hôtels, il vous est remis des slippers, des chaussons d'intérieur. Les affaires personnelles peuvent être rangées dans un casier fermé. Les sanitaires, toilettes et douches communes sont séparés et on y trouve parfois même des machines à laver.18 9. IMPACT DE LA MENACE SISMIQUE SUR L’ARCHITECTURE JAPONAISE Habitué aux tremblements de terre, le Japon connait près de 300 séismes par an et subit 20% des secousses sismiques les plus fortes au monde. Les architectes japonais sont donc depuis longtemps des experts en constructions parasismiques. L'urbanisation et la multiplication des bâtiments en béton ont, depuis les années 1960, entraîné un essor de la recherche dans le domaine du parasismique qui s'est renforcé depuis le séisme de Kobe en 1995, dans lequel 6 434 personnes ont perdu la vie. Lorsqu’un tremblement de terre considérable a frappé le nord-ouest du Japon en 2011, les secousses ont été violentes à Tokyo, pourtant située à 400 kilomètres de l'épicentre. La capitale japonaise a resisté à cette catastrophe naturelle, estimée à 5 sur l'échelle de Richter. Avec son urbanisation très dense et ses immeubles très élevés, loin d’être plus vulnérable, la capitale est un modèle d’innovations antisismiques. Construire "parasismique" est possible si on applique les recommandations prescrites par les normes étatiques établies par les différents pays où le risque sismique existe. Mais la construction en zone sismique impose avant tout des règles de bon sens, dont voici quelques exemples : - tout d’abord un séisme est une force qui ébranle un bâtiment par le bas, et dont les secousses se répercutent vers le haut, donc moins la structure est lourde, mieux elle tient. Le bois résiste mieux aux tremblements de terre que le béton. Au Japon, à peu près 50% des constructions résidentielles sont en bois, c’est moins que les Etats-Unis (90%), mais beaucoup plus que la France (10%) ; - les bâtiments japonais traditionnels, notamment les pagodes bouddhistes, utilisaient des structures en bois encastrées respectant un parfait équilibre entre légèreté et solidité ; - les constructions doivent être les plus simples et les plus symétriques possible, afin de résister de façon égale dans toutes les directions : il vaut mieux adopter une architecture régulière, éviter les balcons ainsi que les ouvertures au rez-de-chaussée ; - faire appel à la ductilité des matériaux, qui doivent pouvoir se déformer sans rompre, comme le bois, l’acier ou le béton armé ; - la hauteur des constructions n’est pas un réel problème car en cas de tremblement de terre, les immeubles vibrent comme une lame de couteau. Or plus un bâtiment est haut, plus il va vibrer sur une période longue (la durée des vibrations augmente de près de 0,1 seconde par étage) ce qui lui permet de mieux absorber les secousses sismiques en ployant plus lentement, comme un roseau ; - à cela s'ajoutent des dispositifs de plus en plus sophistiqués. Par exemple, des « isolateurs sismiques » qui absorbent à la base des immeubles une partie des secousses. Dans les zones de forte sismicité, plutôt que de construire un bâtiment directement sur le sol, on le fait sur un socle constitué de caoutchouc, ou de matière élastique qui va amortir les vibrations. http://immobilier.lefigaro.fr/article/le-japon-l-exemple-des-constructions-anti-sismiques_73788cb8-ce4b-11e5-820c- bd10d533beaf/ Voir aussi l’article : L’hôtel impérial à Tokyo un exercice raffiné de parasismique Catherine Sabbah, Moniteur N° 5130 http://www.lemoniteur.fr/articles/l-hotel-imperial-a-tokyo-un-exercice-raffine-de-parasismique-301557

                                                                                                               18  À voir dans le documentaire Enquête Exclusive, Grand format, Les villes de demain, Japon, M6, Voir aussi dans ce même documentaire, un hôtel capsule.

 

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10. HABITAT D'URGENCE Shigeru Ban, un architecte humaniste Shigeru Ban, né à Tokyo en 1957, a fait ses études d'architecture au Southern California Institute of Architecture à Los Angeles puis à la prestigieuse Cooper Union School of architecture de New-York, avant de travailler dans l'agence de Arata Isozaki à Tokyo. En 1985, il ouvre sa propre agence. Son travail est récompensé à plusieurs reprises, notamment par le Grand Prix d'Architecture de Kansaï en 1996, le prix du Meilleur Jeune Architecte du Japon en 1997, le prix de l'Architecture mondiale en 2001 pour le pavillon du Japon à l'exposition universelle 2000 à Hanovre et le prix Pritzker en 2014. En 2003, la maîtrise d'oeuvre du Centre Pompidou-Metz lui est attribuée. Formé aux États-Unis, Shigeru Ban se réfère à la culture japonaise lorsqu'il conçoit ses structures légères et modulaires utilisant des matériaux traditionnels (papier, bambou, carton). Après dix ans de recherche, il milite pour que le tube de carton soit homologué par les autorités japonaises en tant qu'élément structurel. C’est avec le projet de sa propre maison, la Paper House construite à Yamanashi en 1993-1995 19 qu’il obtient l’approbation du ministère de la construction. Les performances de ce matériau insolite ont pu être observées lors de l’exposition universelle de Hanovre, en 2000, avec le pavillon japonais conçu comme une grande coque couverte d’une résille de tubes de carton. Mais sa réalisation la plus aboutie est la cathédrale de Christchurch en Nouvelle Zélande, construite en 2011 suite à un violent séisme. Cet édifice temporaire devait assurer la transition le temps de la reconstruction du nouveau lieu de culte. Dans ses architectures publics et privés, Shigeru Ban s’attache à organiser le dialogue avec la nature, privilégiant le vent, en proposant des espaces largement ouverts, exemple de la Curtain Wall House construite à Tokyo en 1995.20 L’usage du carton permet une mise en place rapide et peu coûteuse, parfaite pour les situations d’urgence. En 1994, architecte conseiller auprès du Haut Comité aux réfugiés de l’ONU pendant la guerre du Rwanda, il met ses expérimentations sur le carton au service d’une cause humanitaire. Pour les victimes du tremblement de terre de Kobe en 1995 et d’Istanbul en 1999, il conçoit un système d’abri de secours original à partir de tubes de carton, trouvant lui-même le financement de chaque projet, contrôlant la collecte des matériaux recyclables offerts par les entreprises et organisant les chantiers de construction. Avec l’aide d’étudiants en architecture bénévoles et de réfugiés, les abris sont montés rapidement grâce à la simplicité des notices qui permettent de s’adapter aux lieux. Les paper log houses sont des abris démontables de 16m2, faits en tubes de carton bourrés de papier, reliés par des tiges métalliques boulonnées et posés sur des fondations constituées de caisses de bière lestées avec du sable, une simple charpente soutenant une toile de tente recyclée faisant office de toiture. Grâce à une collaboration avec les Nations unies et l’aide de son association, Voluntary Architects Network, ses abris ont été mondialisés. En refusant le gaspillage par le recyclage de matériaux de rebut, Shigeru Ban contribue à la mise en oeuvre d’une alternative éthique autant qu'économique, à l’opposé de toute débauche technologique. Jean Prouvé21, La maison des jours meilleurs Avec ses abris, Shigeru Ban perpétue l’engagement de certains architectes en faveur de l’habitat d’urgence : après la Seconde Guerre mondiale, l’ingénieur constructeur Jean Prouvé a conçu des abris démontables en métal et en bois pour le relogement des sinistrés. En 1939, dans l’Atelier parisien de Le Corbusier, alors dirigé par Pierre Jeanneret, s’élaborent des projets de bâtiments provisoires destinés aux réfugiés de guerre, utilisant les structures porteuses métalliques de Jean Prouvé. Avec la pénurie de matériaux et en particulier d’acier, c’est finalement une version presque entièrement fabriquée en bois qui permet de répondre à la commande de logements provisoires, mais confortables. 11. L'ARCHITECTURE JAPONAISE DES MUSEES Construire un musée dès sa conception ou même transformer un bâtiment dont la fonction est d'accueillir et de scénographier des œuvres d'art n'est pas anodin, quelque soit le pays et sa culture.22

                                                                                                               19   http://www.frac-centre.fr/collection-art-architecture/ban- shigeru/paper-house-yamanashi-64.html?authID=18&ensembleID=53  20  http://www.shigerubanarchitects.com/works/1995_curtain-wall-house/index.html.  21  Jean Prouvé (Paris, 1901 – Nancy, 1984) Constructeur. Conçoit et produit à Nancy des éléments métalliques. Il réalise des baraquements démontables pour le Génie militaire et des logements pour la fonderie de la Scal à Issoire. Résistant, il sera le premier maire de Nancy à la Libération. 22  https://www.reseau-canope.fr/notice/larchitecture-des-musees-au-xxe-siecle.html  

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Les architectes japonais ont réalisé de nombreux projets dans ce cadre, souvent très audacieux, au Japon et à l’étranger. Voici quelques exemples de musées dont les architectures peuvent nourrir votre approche pour cette thématique.

Au Japon: Musée du XXIe siècle à Kanazawa, Art contemporain, realisé par SANAA (Kazuyo Seijma et Ruye Nishikawa) Musée Daisetsu Suzuki à Kanazawa (penseur et bouddhiste zen, influences sur des philosophes européens) Musée national d'ethnologie à Osaka, au milieu du parc commémoratif de l'exposition universelle de 1970. Osamu Tezuka Museum à Takarazuka. Tezuka (1926-1989), est le père du manga moderne et pionnier de l'animation japonaise. Musée japonais de l'Ukiyo-e à Matsumoto, Kazuo Shinohara (Ecole Shinohara), associé influent de Toyo Ito Musée Miyahata Jōmon à Fukushima. Tokyo regorge de musées chacun avec une architecture spécifique : musée d'art contemporain, musée d'art moderne, musée d'Edo, Centre national des arts, Miraikan (musée des sciences et innovation), musée d'art Mori, musée Nezu. Le plus célèbre musée de Tokyo, classé en 2016 au patrimoine mondial de l'Unesco, est le Musée d’Art occidental (1959), auquel l'architecte japonais Fujiki Tadayoshi a participé auprès de Le Corbusier qui a conçu ce bâtiment.23 En France : Centre Pompidou Metz de Jean Gastines et Shigeru Ban Prix Pritzker en 2014. 24 Le Louvre-Lens conçu et réalisé par SANAA (Kazuyo Seijma et de Ryue Nishikawa). 25 Le projet de réhabilitaion d'un bâtiment (Bourse de commerce) à Paris en musée pour la Fondation Pinault. L'architecte Tadao Ando conçoit l'intérieur de cet espace, s'intégrant à la structure circulaire et aux fresques présentes qui y resteront. 12. REPRESENTATIONS DE LA VILLE EN BD ET DANS LES MANGAS Au Japon, on peut dater la création du manga en 1902, pendant l'ère Meiji, période d'ouverture à l'Occident. Cette véritable bande dessinée est créée par Kitazawa Rakuten, qui fonde également le premier magazine satirique en 1905, dont les écrits sont accompagnés de dessins d'auteurs japonais. Le mot manga est composé de 2 idéogrammes (kanji) : « man » qui signifie divertissant ou sans but et « ga » qui signifie image. La définition japonaise au XXe siècle décrit le manga comme un dessin simple, humoristique ou exagéré. C'est une suite d'images formant une histoire, pouvant être aussi une caricature ou une satire sociale. Il est dérivé des estampes japonaises et s'inspire des BD américaines. Durant les années 1940, alors que le manga connait un grand succès, des œuvres sont censurées et détournées par les militaires à des fins de propagande. À partir des années 1950, c'est le manga d'aventure « à la Tezuka » qui connait le succès et certains magazines de jeunesse exclusivement consacrés aux mangas. Les relations entre mangas, bandes dessinées et architecture sont alors fortement perceptibles. Parcourir les mangas permet de déambuler architecturalement dans Tokyo ou Osaka, les décors des villes occupant une place majeure dans le développement des récits. Certains mangas comme Monju ou le Bambou nain de Kafû, nous transportent graphiquement dans des quartiers historiques comme Gion à Kyoto ou le quartier des samourais et des geishas à Kanazawa. Petites maisons en bois, paysages urbains ou vie quotidienne dans la cité sont parfois représentés. Plusieurs expositions et ressources autour de ce thème de la ville en bande dessinée :

                                                                                                               23  https://www.sites-le- corbusier.org/fr/musee-art-occidental  24  http://www.francetvinfo.fr/culture/l-architecte- japonais-shigeru-ban-a-l-origine-du-centre-pompidou-metz-prix-pritzker-2014_559931.html http://www.centrepompidou-metz.fr/une-architecture-unique http://www.centrepompidou-metz.fr/les-architectes 25  http://www.actuarchi.com/musee- louvre-lens-sanaa/ https://www.reseau-canope.fr/notice/louvre-lens_8122.html http://www.lemonde.fr/louvre-lens/ Plusieurs articles sur ce musée de sa création à son fonctionnement actuel.

 

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- Archi & BD : la ville dessinée, exposition présentée à la Cité de l’architecture & du patrimoine-Institut français d’architecture à Paris du 9 juin au 28 novembre 2010 - NEO TOKYO3 Architektur in Manga und Anime, exposition présentée au Deutsches Architektur Museum à Frankfurt du 8 mars 2008 au 8 juin 2008 - Mangapolis : la ville japonaise dans le manga, exposition à la Cité internationale de la bande dessinée à Angoulême du 30 juin au 7 octobre 2012 avec 5 autres expositions-thèmes pour cet « été japonais du manga »26 Autre ressource : une bande dessinée Le promeneur de Tanigushi et Kusumi qui offre la possibilité de comprendre « l’habiter » dans une ville japonaise, en l'occurence ici Tokyo. Au-delà de l'architecture visible, cette bande dessinée a servi de support pédagogique en histoire géographie.27 13. QUELQUES PISTES POUR ABORDER L’ARCHITECTURE EN CLASSE 1 2    1/Terunonu  Fujimori,  Takasugi-­‐An  (Maison  de  thé),  Chino  :  maquette  Projet  réalisé,  2003-­‐2004  Paris,  Centre  Pompidou  -­‐  Musée  national  d’art  moderne  -­‐  Centre  de  création  industrielle  ©  Terunonu  Fujimori  Photo  ©    Centre  Pompidou,  MNAM-­‐CCI,  Dist.  RMN-­‐  Grand  Palais  /  Georges  Meguerditchian  

                               2/Terunobu  Fujimori  Takasugi-­‐An  (Maison  de  thé),  Chino,  2004                                    ©  Terunobu  Fujimori    

 Photo  ©  Makoto  Ueda  

                                                                                                               26  http://culturebox.francetvinfo.fr/livres/bande-dessinee/mangapolis-la-ville-japonaise-dans-le-manga-a-angouleme-94845 (petite vidéo de présentation) Le livre de l'exposition est très riche graphiquement et thématiquement. http://www.citebd.org/spip.php? rubrique305 (présentation de l'ensemble des 6 expositions sur le manga japonais ) http://www.smagghe.eu/? page=projets&id=exposition-quotmangapolisquot-poitier-angoulme-lille- ( présentation du projet de cette expsition collaborative itinérante débutée à Poitiers.  27  https://leprofdhistoiregeo.wordpress.com/2010/08/03/habiter- la-ville-3-tokyo-vu-par-le-promeneur-de-tanigushi/

 

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Comment aborder l’architecture en classe? Concevoir une petite architecture habitable : La question d’un habitat minimal pouvant répondre aux besoins essentiels d’un individu est une problématique récurrente de l’architecture contemporaine. Si le cabanon de Rocquebrune Cap Martin (1957) conçu par Le Corbusier et les maisons préfabriquées de Charlotte Perriand restent des références en la matière dans l’hébergement de loisir, la Nagagin Capsule Tower de Kisho Kurokawa construite en 1972 à Tokyo, répond quant à elle à une réflexion plus sociale en offrant une solution à la densification urbaine. Plus récemment, Renzo Piano avec le cabanon Diogène a cherché à créer un habitat minimaliste de 7m2, comme un lieu autosuffisant pouvant s’intégrer à différents sites. Établir avec les élèves le cahier des charges d’un habitat minimum, les amener à se poser des questions : - quelle durée pour cet habitat ? - doit-il être provisoire, temporaire ou plus durable? (De cette réponse découleront les choix techniques et architecturaux). - quels sont les besoins fondamentaux à satisfaire pour qu’un logement temporaire soit considéré comme décent et digne ? - à quel niveau de confort convient-il de s'arrêter ? - comment tenir compte des facteurs socioculturels ? Quelles répercussion sur l'espace environnant ? etc ... Voir à ce sujet le concours Minimaousse, un concours de micro-architecture dont l’objectif est de prouver que la petite échelle peut se décliner en architecture inventive pouvant faire le maximum. Le sujet de la 6e session du concours Mini Maousse 2015-2016 a été consacré à la conception d’une unité d’habitation temporaire, éco-pensée et autonome intitulée La nouvelle maison des jours meilleurs en référence à Jean Prouvé et à sa maison pour l’Abbé Pierre. 28 Habiter un container : Au Japon, le projet d’utiliser des containers est venu en réponse au tsunami et au tremblement de terre du 11 mars 2011. L’architecte Tatsutaka Yoshimura a créé une série d’abris faits de containers maritimes de prix low-cost mais avec un résultat de haute qualité. A Onagawa, dans la préfecture de Miyagi, l'agence Shigeru Ban Architects a réalisé une opération de logements pour les survivants. S'élevant sur 3 niveaux, les bâtiments sont construits à partir de containers de transport empilés, un procédé qui permet de réduire la durée du chantier tout en présentant une excellente résistance aux séismes. Proposant trois plans de 20, 30 et 40 m2 et permettant d'accueillir plusieurs personnes selon les appartements, ces logements peuvent être utilisés comme logements permanents. Les architectes européens ont eu également l’idée de redonner vie à des vieux containers laissés à quai. Ces caissons ont une taille standard de 6 m de long, 2,44 m de large et 2,59 m de haut soit une surface au sol de 15 m2 qu’il suffit d’isoler, de percer de portes et de fenêtres ou d’assembler. En 2001 naissait en quelques jours le quartier des docs de Londres, la première Container City. 29 Arrêt de bus : 30 «L’opération Bus-Stop Krumbach» fait dialoguer sept architectes de nationalités différentes autour d’une création architecturale au design a priori basique. Cette nouvelle attraction touristique autrichienne est née de la fertilisation croisée de leurs imaginaires et de leurs identités pour concevoir de petits édifices publics : des arrêts de bus. Parmi les architectes étrangers qui ont participé au projet (Alexander Brodsky – Russie, Rintala Eggertsson Architects - Norvège, Architecten de Vylder Vinck - Belgique, Ensemble studio - Espagne, Smiljan Radic - Chili, Amateur Architecture Studio - Chine) on notera la proposition originale de Sou Fujimoto (Japon). Construction éphémère : 31

Le pavillon de la Serpentine Gallery est un pavillon provisoire construit pour le musée d'art contemporain de Kensington Gardens à Londres, chaque année depuis 2000. La commission de la Serpentine invite un architecte renommé qui n’a jamais bâti en Angleterre pour concevoir un pavillon

                                                                                                               28  http://www.minimaousse6.fr/concours/presentation-generale/ http://www.minimaousse6.fr/app/uploads/2015/08/CP_Mini-Maousse-6-Exposition.pdf 29  http://lewebpedagogique.com/penhouet/tag/conteneur/ 30  http://www.laboiteverte.fr/arrets-bus-grands-architectes/  31  http://www.serpentinegalleries.org/explore/pavilion  

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d’été. Le pavillon abrite les manifestations culturelles et pédagogiques de la galerie, comme des colloques, performances, concerts, cafés. Le but du pavillon est de familiariser le grand public avec l’architecture, sans faire appel à des maquettes, dessins ou photos. L’architecture est sentie, touchée, vécue par le public, qui peut comparer les pavillons année après année et faire part de ses expériences personnelles. Parmi les architectes invités depuis l’an 2000, voici un aperçu de quelques très grands noms de l’architecture : en 2000, 2007, Zaha Hadid ; 2001 : Daniel Libeskind ; 2002 : Toyo Ito ; 2003 : Oscar Niemeyer ; 2008 : Frank Gehry ; 2009 : SANAA ; 2010 : Jean Nouvel ; 2012 : Ai Weiwei et Herzog et de Meuron ; 2013 : Sou Fujimoto. Habitat pour un chien :32 Pour les élèves plus jeunes, l’Exposition Architecture for Dogs (8/08-11/10/2015, Shangai Himalayas Museum, Shangai) est une manière amusante d’aborder l’architecture. Ce projet a débuté en 2012 à Miami, et a ensuite voyagé à Los Angeles, à Tokyo, à Chengdu, à Kanazawa et à Shangai. Architecture for Dogs est une exposition regroupant treize projets d’architectes et de designers, proposant un habitat pour leur chien. Les plans d'execution de ces pièces d'architecture extrêmement ingénieuses, élaborées avec soin, sont téléchargeables afin de les réaliser soi-même pour son petit compagnon. Dans un pays où il n'est pas possible d'avoir un animal domestique dans les grandes villes faute de place, s’intéresser aux chiens est aussi une façon d‘interroger les êtres humains sur leurs modes de vie et leurs rapports à l’environnement. Parmi les artistes participant à ce projet, plusieurs architectes japonais sont présents dans l’exposition Japan Ness : Atelier Bow- Wow; Kazuyo Sejima; Kengo Kuma, Shigeru Ban, Sou Fujimoto, Toyo Ito.

                                                                                                               32  http://architecturefordogs.com/architectures/ Voir aussi : https://divisare.com/pet-houses

 

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7. AUTOUR DE L’EXPOSITION

1. ATELIER JEUNE PUBLIC 5-12 ANS ARCHITECHTOMIE

                       18.10.17  >  07.01.18

Vincent Broquaire est un artiste strasbourgeois née en 1986, il est diplômé de l’ESAD de Strasbourg. Sa pratique s’articule autour du dessin et peut se décliner en films d’animation, vidéos, etc.

Son travail porte un regard sensible, poétique et emprunt d’humour sur le monde et la condition humaine. Il se nourrit de l’actualité, des sciences, de l’écologie et de l’actualité technologique. En collaboration avec le Centre Pompidou dans le cadre du projet Mon œil, il a présenté le projet « Muséiformes » dans lequel il révèle les « secrets » de construction de 10 musées dont le Centre Pompidou-Metz.

A la galerie des enfants du Centre Pompidou, il a présenté un projet « Architectomie » dans lequel les enfants sont invités à l’aide d’une lampe torche à découvrir l’anatomie des musées.

L’idée de l’atelier au Centre Pompidou-Metz, est de proposer aux enfants d’explorer certains

bâtiments emblématiques de l’exposition Japan-ness et d’imaginer leur propre architecture, tout en étant sensibilisé à la question écologique de la construction.

©  Vincent  Broquaire  -­‐  Architectomies,  2016-­‐2017,  installation  lumineuse,  dimensions  variables,  photo  Hervé  Véronèse,  Centre  Pompidou  Paris      

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POUR LE PUBLIC SCOLAIRE LUNDI+JEUDI+VENDREDI De la maternelle grande section à la cinquième De 10 :00 à 12 :00 De 13 :00 à 15 :00 (nouveaux horaires) 2h / 100€ pour un groupe de 30 élèves maximum POUR LE PUBLIC INDIVIDUEL SAMEDI+DIMANCHE+JOUR FERIÉ (sauf le 1er mai) (nouveaux horaires) 5-7 ans : 11 :00 8-12 ans : 15 :00 1h30 / 5€

2. “10 EVENINGS” Le programme 10 evenings est conçu comme une série de chroniques mensuelles, d’octobre 2017 à mars 2018, permettant de rencontrer des figures emblématiques du Japon contemporain dans le domaine des arts vivants. Chacune de ces chroniques porte un éclairage particulier sur la relation d’un artiste à son héritage historique, et à son contexte artistique et culturel. Issus de la performance, du théâtre, de la danse, ces projets ont été spécialement conçus ou adaptés pour le Centre Pompidou-Metz. Les spectateurs expérimentent des propositions artistiques pour certaines jamais montrées en France. L’intitulé de ces rendez-vous – 10 evenings – fait écho à la célèbre manifestation avant-gardiste 9 evenings : Theater and Engineering organisée par Billy Klüver à New York du 13 au 23 octobre 1966. La dynamique des échanges américano-nippons à cette période engendre, en 1969, un évènement similaire au Gymnase de Yoyogi à Tokyo, appelée Cross Talk Intermedia, réunissant un réseau très important d’industriels, d’ingénieurs du son, d’artistes, et mobilisant des structures et des équipements annonciateurs des dispositifs artistiques novateurs qui firent le succès de l’Exposition Universelle d’Osaka en 1970. La programmation des 10 evenings se veut un hommage à cette période de grande richesse créative, toutes générations confondues. Pour connaître la programmation des 10 evenings et venir avec votre classe, veuillez consulter notre site internet : http://www.centrepompidou-metz.fr/agenda/categorie/2

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9. INFORMATIONS PRATIQUES OFFRES POUR LE PUBLIC SCOLAIRE Atelier-visite Les ateliers-visites sont spécifiquement adaptés aux 5-12 ans et se déroulent dans des espaces dédiés, ludiques et colorés et dans les lieux d’exposition (2h). Visite guidée La visite est animée par un médiateur Jeune Public qui crée une interaction ludique entre l’élève et l’œuvre : les thématiques des visites sont liées aux expositions en cours, ou à l'architecture du Centre Pompidou-Metz (1h30). Des visites autonomes sont possibles. Des outils de transmission sont mis à la disposition des professeurs pour préparer leur venue (dossiers découverte, livrets pour les élèves). ACCUEIL AU QUOTIDIEN Le Centre Pompidou-Metz accueille les groupes les lundi, mercredi, jeudi et vendredi. RÉSERVATIONS Période de réservation Ouverture des réservations le 1er septembre 2017 pour la période du 11 septembre au 31 décembre 2017. Modes de réservation

- par Internet www.centrepompidou-metz.fr / Billetterie en ligne - par mél en écrivant à [email protected] - par téléphone au 03 87 15 17 17 du lundi au vendredi et hors jours fériés

Pour toute réservation à J-10, seul le mode de réservation par téléphone sera pris en compte. Pour les maternelles, les réservations se font uniquement par mél ou par téléphone. TARIFS

- Visite guidée d’une heure trente pour une classe de 35 élèves maximum, 70 € - Atelier/visite de deux heures pour une classe de 30 élèves maximum, 100 € - Visite en autonomie d’une heure pour une classe de 35 élèves maximum, gratuit

HORAIRES (HORS PERIODE DE VACANCES SCOLAIRES DE LA ZONE B) Les lundi, jeudi et vendredi, les horaires sont les suivants : Matin : créneaux avec Médiateurs Jeune Public entre 10h et 12h Après-midi : créneaux avec Médiateurs Jeune Public entre 13h et 16h

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En plus du public scolaire, le mercredi est réservé aux publics spécialisés, aux centres aérés. Pour toute information, nous sommes à votre disposition au 03 87 15 17 17. POUR ALLER PLUS LOIN LES WORKSHOPS

Depuis son ouverture, le Centre Pompidou-Metz développe des actions d’éducation artistique et culturelle de la maternelle à la terminale. Pour tout renseignement, envoyer un mél à Anne Oster, chargée des relations avec les établissements de l’enseignement : [email protected] / 03 87 15 39 84 RESSOURCES PROFESSEURS RELAIS

 Des formations personnalisées sont dispensées par les professeurs relais, sur rendez-vous les mercredis.

Pour tout renseignement s'adresser à [email protected]

OUTILS Le Centre Pompidou-Metz développe des outils de découverte, en étroite collaboration avec des professeurs missionnés par l'Education Nationale. Ces outils sont mis à disposition pour préparer ou approfondir la visite. Il est possible de les consulter sur le site : http://www.centrepompidou-metz.fr/dossiers ACCESSIBILITE OU « L’ART DE PARTAGER »  Pour un partenariat enseignement spécialisé et champ social avec accueil adapté, merci de contacter Jules Coly [email protected] (visites et ateliers gratuits sur signature d’une convention).

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NOTES

Ce document a été réalisé par le pôle des Publics et de l’Information du Centre Pompidou-Metz. Il est réservé exclusivement à une utilisation dans un cadre pédagogique.