JANVIER 2015 // NUMÉRO 3

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JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN LE PETIT LYCÉEN LE JOURNAL ÉTUDIANT DU COLLÈGE STANISLAS SCIENCES/PLANÈTE CULTURE/SPORT POLITIQUE VIE ÉTUDIANTE Ouvrons le débat

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JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

LE PETIT LYCÉEN LE JOURNAL ÉTUDIANT DU COLLÈGE STANISLAS

SCIENCES/PLANÈTE CULTURE/SPORT POLITIQUE VIE ÉTUDIANTE

Ouvrons le débat

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

ÉDITORIAL

 Nous vous présentons la seconde édition de votre journal Le petit lycéen. Suite aux évènements des dernières semaines et des passions en découlant, nous trouvons nécessaire de revenir sur certains faits entourant le 7 Janvier; voici pourquoi nous vous proposons quatre articles de points de vu variés : musulman, républicain, pacifiste…

Pourtant, le monde ne tourne pas autour de la France; d’autres nations font face à d’autres défis. Le 25 janvier les grecs étaient appelés aux urnes, afin de choisir un nouveau premier ministre et prendre certaines décisions comme il est présenté plus loin dans le journal. Nous vous présentons aussi des articles d’intérêts diverses   : football, nutrition ou encore cinéma, car il y a aussi de belles de choses dans ce monde. Plus près de nous encore, nous tentons de valoriser l’apprentissage du mandarin au collège, grâce à la participation d’une élève trouvant cette langue trop peu présente.

Tout cela pour vous dire que Le petit lycéen est votre journal et qu’il cherche à vous représenter, vous avant quiconque. Ceci étant dit, pour vous représenter nous avons besoin de votre voix, c’est pourquoi nous vous invitons à participer en écrivant ou en nous faisant part de vos idées. Contactez-nous par courriel ([email protected]) ou rejoignez-nous sur facebook.

-Le comité du journal étudiant du collège Stanislas

Rédacteurs en chef : Nariman Asadi et Fiona Lescure

Directrice artistique : Romane Bonpunt

Correctrice : Daphné Anastassiadis

Rédacteur : Orso Thibodeau,

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LA DÉCOUVERTE DU MOIS ET SI?Texte de TARA MISTRAL et TU-VI TRUONG

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Manger de la viande est intégré dans notre culture depuis bien des siècles et bon nombre d'entre nous ne peuvent imaginer un repas consistant sans viande. Or, au-delà de l'argument de mœurs "je suis végétarien pour la défense des animaux", de nombreuses considérations plus rationnelles et moins idéologiques nous poussent à remettre en question nos choix concernant notre alimentation.

Aujourd'hui, notre rapport à ce que l'on mange n'est plus le même qu'autrefois. Les industries agroalimentaires s'interposent entre la production de viande et le consommateur, qui en général, n'a ni le temps, ni les efforts à consacrer pour vérifier les conditions de production de ce qu'il mange et leurs impacts. La production de viande est gourmande en énergie et en espace. En effet, produire un kilo de viande de bœuf nécessite 10 fois plus d'eau que pour produire un kilo de soja. De plus, la culture intensive du soja, utilisé pour nourrir les bovins, est principalement responsable de la déforestation en Amazonie où la forêt a reculé de 70 %. Selon Claude Lévi-Strauss, si l’humanité devenait intégralement végétarienne, les surfaces aujourd’hui cultivées pourraient nourrir une population doublée. Cependant, qui, à l'épicerie, se préoccupe de l'augmentation considérable du nombre d'habitants sur Terre, sachant que des milliers de

personnes souffrent déjà de la faim de nos jours? Là se trouve un véritable problème. On ne peut plus fermer les yeux sur l'impact sur l'environnement de la production standardisée de viande, mais une minorité seulement renonce à ses deux repas quotidiens avec viande provenant de grands élevages… Et si on se conscientisait tous vraiment?

Par ailleurs, d'autres arguments moins visionnaires s'ajoutent à ceux-ci. La réduction de consommation de viande est souvent entravée par la perturbation possible de notre équilibre alimentaire. Or, notre organisme, afin d'assurer la croissance, la réparation des tissus du corps et la formation d'hormones et d'enzymes, peut utiliser des protéines d'origine végétale plutôt qu'animale. D'une part, les protéines d'origine végétale contrairement à celles d'origine animale sont dépourvues de "mauvais" gras saturés et d'endotoxines, et d'autre part, elles viennent avec des fibres et des antioxydants bénéfiques pour la santé. Ces protéines végétales sont présentes en grande quantité dans l'ensemble des légumineuses qui se substituent bien à la viande et qu'il serait profitable d'apprendre à cuisiner. Il est vrai que les lentilles et le tofu ont un goût naturellement fade comparé à un morceau de viande, mais justement, c'est à nous de trouver l'assaisonnement qui nous plaît ! Ainsi,

cuisiner végé nous apprend à recréer de nouvelles combinaisons d'épices et d'herbes aromatiques… Tout dépend de vos intérêts et de votre personne, mais réduire sa consommation de viande présente autant des avantages à grande échelle - notamment réduire son empreinte écologique, qu'à échelle personnelle - pour sa santé, la redécouverte d'une nouvelle cuisine associée au partage avec d'autres 'néo-végé'… - et ce n'est pas là un choix difficile à assumer. Bien entendu, tout le monde n’a pas à devenir radicalement végétarien, ce n’est pas une situation absolue et il s’agit simplement de se conscientiser par rapport à ce qui se trouve dans notre assiette afin de limiter la consommation superflue de viande qui est devenue plus une habitude qu’une véritable envie.À méditer en mettant de côté vos aprioris.

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ÉTHIQUE ET RESPONSABILITÉ L’AQUAPONIETravail réalisé par ANTOINE HAREL, MARC HAIDAR et OTHMANE MOSLIH

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La détérioration de l’environnement est un sujet qui mobilise les chercheurs et les gouvernements de notre époque. On ne cesse de proclamer les dangers qui affectent l’avenir de notre planète. La production des produits alimentaires participe à cette escalade de dommages. En conséquence, des moyens alternatifs et novateurs de production s’imposent. C’est dans ce contexte que nous nous sommes demandés   : en quoi l’aquaponie est-elle une méthode alternative aux méthodes traditionnelles de production ?

Aquaponie = Hydroponie + Aquaculture

L’hydroponie est une méthode de culture hors-sol qui permet de produire une grande quantité de fruits et de légumes sur un petit espace. Cette méthode ne nécessite aucun pesticide, pourtant elle exige une eau contenant des nutriments chimiques.

L’aquaculture est une méthode d’élevage de poissons qui produit en grande quantité. Pourtant, les systèmes puisent l’eau dans des rivières et la rejettent avec une quantité importante de nitrate, ce qui bouleverse les écosystèmes environnants.

L’aquaponie combine donc deux méthodes, grâce à trois acteurs différents (poissons, bactéries, plantes)   : elle crée une boucle dans laquelle chaque acteur sort gagnant. À l’échelle moléculaire, on appelle cette boucle  le cycle de l’azote.

Le cycle de l’azote est la succession de quatre étapes :

L’ammonification   : les excréments de poissons se décomposent naturellement en ammoniac (NH3).

La nitrosation   : une bactérie, le Nitrosomonas, se nourrit d’ammoniac et rejette du nitrite (NO2-), voici l’équation de la réaction chimique : 2NH4+ + 3O2 2NO2- + 2H2O + 4H+

La nitratation : deux autres types de bactéries, le Nitrospira et le Nitrobacter se nourrissent de nitrite et rejettent du nitrate (NO3-), voici l’équation de la réaction chimique : 2NO2- + O2 2NO3-

La purification   : les plantes se nourrissent de nitrate pour survivre et purifient l’eau du même coup

Le cycle de l’azote est donc une boucle dans laquelle chaque acteur a besoin des autres pour survivre, c’est un mini-écosystème indépendant.

Nous avons réalisé, chez nous, deux systèmes d’aquaponie :

Dans le premier, nous avons attaché, grâce à un support, un plant de menthe. Nous avons laissé tremper les racines dans un bocal contenant de l’eau et deux poissons. Pendant deux semaines, l’eau du bocal est restée propre, mais la plante n’a pas grandi. Après deux semaines, la plante a

commencé à dépérir, puis très rapidement la plante est devenue brune et l’eau est devenue sombre simultanément. On en a conclu que le cycle de l’azote était présent mais qu’il n’était pas très puissant, puis quand la plante est morte, le cycle s’est arrêté.

Dans le deuxième système, nous avons utilisé des graines de menthe et des poissons rouges. Après quelques jours, les graines, posées sur de la mousse, ont commencé à germer. Pourtant, comme les plantes absorbent le nitrate par l’intermédiaire de leurs racines, il a fallu encore patienter. Puis, après une semaine, des racines ont commencé à pousser sous certaines graines. Nous avons attendu que le cycle se stabilise et nous avons procédé à des tests d’ammoniac et de nitrate. Les variations des taux de ces deux substances nous ont prouvé que le cycle était établi.

Grâce à ces expériences, nous avons établi les avantages de cette méthode de production,

Voici les principaux avantages :

1. Cette méthode ne nécessite pas d’insecticides ni d’autres produits chimiques qui pourraient avoir un lourd impact sur l’environnement.2. Réutilisation de l’eau, cette méthode utilise 90% moins d’eau que les cultures traditionnelles car l’eau est continuellement purifiée.3. Le montage en lui-même ne prend pas beaucoup de place, tout dépend de la quantité de production qui est visée.

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JUS RÉHYDRATANT Texte de CHARLOTTE SABOURIN

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Ce jus est facile à faire et est super efficace après un entraînement, après une dure soirée ou tout simplement lorsqu’on est malade ou fatigué.Ces différents états ont en commun le phénomène de déshydratation et bien que vous soyez tous familiers avec ce terme, nombreux sont ceux qui ne connaissent pas les conséquences de la déshydratation. Lorsque notre corps est déshydraté, il perd de nombreux sels et sucres, en conséquence de quoi notre métabolisme ralentit et nous avons souvent tendance à penser que nous avons faim, alors que nous n'avons besoin que d’une bonne boisson. Le jus que je vous propose contient du sucre, du sel et des agrumes, qui constituent le mélange parfait pour réhydrater le corps.Pour ce jus, vous n'avez besoin que de 5 minutes et d’un blender. Pour 2 portions, les ingrédients sont les suivants :

-Le jus de 2 citrons (les citrons permettent de nettoyer le foie, un bienfait pratique pour les lendemains de grosses soirées)

-2 clémentines ou oranges pelées (tout comme les citrons, les oranges et les clémentines sont riches en vitamine C et permettent la réhydratation du corps)

-Une pincée de sel de mer (Il est important d’utiliser du sel de mer et non pas du sel raffiné car le sel de mer comporte les minéraux nécessaires à la reconstruction des électrolytes du corps)

-Sirop d’érable au goût (ou n’importe quel autre sucre naturel comme le miel)

-1 litre d’eau froide

Pour plus d’efficacité, vous pouvez également rajouter un peu de cannelle ou de piment de Cayenne qui sont de puissants anti-inflammatoires qui aident à soulager la douleur comme les maux de tête.

Et voilà, Il ne reste plus qu’à déguster!

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L’AMOUR C’EST QUOI? Le sentiment amoureux, éclairé par la scienceTexte de SALIMA TAZI

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Nous allons traiter dans cet article d’un sujet qui nous passionne tous, jeunes lycéens que nous sommes : l’Amour, avec un grand A. Je ne parle pas de celui que vous avez pour vos amis ou votre famille, mais bien l’amour romantique, celui du coup de foudre! Commençons par le commencement,

Comment se passe un coup de foudre, et pourquoi? (je parle ici du principe purement biologique, j’exclus tous les autres facteurs)Nous allons suivre ici l’histoire de Marilyn et John. Ces deux êtres humains sécrètent ce que nous appelons des phéromones (dans notre cas c’est une substance chimique qui est sécrétée par plusieurs glandes du corps, mais qui reste totalement inodore.) Ces molécules sont dites inodores car non senties par le nez mais bien par une glande logée dans celui-ci qui est reliée au cerveau (bulbe rachidien). Mais à quoi ça sert concrètement? Par un mécanisme qui reste toujours incompris, nous savons que ces phéromones semblent offrir au partenaire toutes les informations génétiques dont il a besoin pour

savoir si une reproduction est possible, et que tout est compatible.Marilyn reçoit des stimuli. Le signal électrique a fait son chemin jusqu’au système limbique (de la récompense). Les zones activées sécrèteront des hormones qui influenceront nos humeurs, et notre corps. Voilà, ses pupilles se dilatent, son cœur bat la chamade, elle a les mains moites et plusieurs semaines plus tard elle se souviendra du moment, du lieu et de l’odeur de cette rencontre. C’est la passion, et vu comme ça, elle n’a rien de joyeux, ces «   symptômes   » ressemblent étrangement à ceux de la peur car les premières hormones sécrétées seront l’adrénaline et la dopamine. Comme vous devez sûrement le savoir, l’adrénaline est connue pour l’une des premières hormones sécrétées en cas de détresse, car elle permet une dilatation des vaisseaux, une augmentation du rythme cardiaque etc… Mais pourquoi nous rappelons-nous du moment ? Car ce système limbique travaille avec l’hippocampe, un des lieux les plus importants pour la mémoire. Toutes les hormones que nous avons vues lors de cette (courte) première étape voient leurs effets multipliés grâce à la phényléthylamine. John a vu inconsciemment les pupilles dilatées de Marilyn et décide de l’aborder. Tout se passe bien, ils entrent en relation et n’ont plus de papillons (mais s’aiment toujours autant). La phényléthylamine ne fait plus effet! Donc les sensations sont moins intenses. L’ocytocine et la vasopressine entrent en jeu, et travaillent avec la dopamine pour favoriser l’attachement (la mère qui accouche sécrète énormément

d’ocytocine : pour vous donner une idée, elle est aussi sécrétée lors du premier rapport sexuel). N’empêche, Marilyn et John sont bien heureux de se retrouver, passion ou non. L’Homme, étant une espèce comme les autres, a subi les lois de la nature, et il faut croire que le plaisir est une aide non négligeable à la reproduction. Quand Marilyn se plonge dans les yeux de John, l’endorphine et la sérotonine font effet, et elle est dans un état de presque béatitude. Sans son beau John, elle ne se sent plus totalement elle-même, comme une droguée, quoi. C’est exactement comme ça que ces hormones fonctionnent, elles procurent un tel soulagement (inhabituel) que le retour à la normale est semblable à un sevrage. Nous avons parlé tout à l’heure de l’adrénaline, du coup de foudre, mais l’amygdale sécrètera aussi de la cortisone. L’adrénaline et la cortisone sont souvent associées car en situation de détresse, ces deux hormones sont sécrétées. Mais alors, il s’avère que John est en fait un égoïste de la première classe, et qu’il ne laisse pas Marilyn être elle-même, comment se fait-il que Marilyn se laisse faire? Vous savez, quand vous êtes en situation de béatitude, d’addiction même (certaines études travaillent sur le lien entre amour et addiction), certaines zones du jugement sont altérées (au même titre que celles responsable de la dépression.). Donc ce n’est pas de la faute à Marilyn si elle est aveuglée par l’amour   : c’est un mécanisme naturel, qui permettrait une meilleure tenue du couple monogame.

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LACAZETTEUn français aux côtés des plus grandsTexte de MAHDI KLEIT

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Tout d’abord, il a réalisé 4 doublés d’affilée (!) en Ligue 1. Enchaînant des doublés contre Evian, Caen, Bordeaux puis contre Toulouse. Ceci n’était pas arrivé en Ligue 1 depuis 1990-91, et, chose plus rare, depuis ces 10 dernières années, seuls Messi, Ronaldo et Suarez ont réussi cet exploit. Buteur.

Cette panoplie de buts est également due à une efficacité déconcertante. L’attaquant le plus prolifique de L1 n’a pas besoin de beaucoup d’occasions. Lacazette c’est 8 buts sur ses 11 derniers tirs en Ligue 1.

Contre Toulouse, c’est deux tirs, deux cadrés et deux buts. Sniper.

Ce n’est pas Carlos Tévez (11 buts ; goleador de Série A), Alexander Meier (13 buts   ; goleador de Bundesliga), Diego Costa (15 buts   ; goleador de Premier League) ou encore Lionel Messi (15 buts   ; deuxième meilleur buteur de Liga) qui tiendraient tête à Lacazette. Seul un joueur fait mieux que lui dans les 5 grands championnats européens   : Cristiano Ronaldo et ses 26 buts.

Finalement, Lacazette est le seul joueur qui ait réussi à marquer 19

buts à ce stade de la saison (après 20 journées) depuis 1984-85 et Vahid Halilodzic. Son plus proche rival, André-Pierre Gignac, ne totalise que 12 buts. Un véritable fossé s’est creusé entre les deux joueurs, et, à titre de comparaison, Zlatan Ibrahimovic avait marqué 18 buts à la même époque de la saison, en 2012-13. Inédit. Après tout, il n’est pas étonnant de voir que Manchester City est prête à mettre 32 millions d’euros dès cet hiver sur le bourreau des défenses de Ligue 1. Le talent à un prix, et celui de Lacazette n’en fait pas exception.

Alexandre Lacazette, c’est 19 buts et 5 passes décisives en (seulement!) 20 matchs de Ligue 1. Et dire qu’il a, en une demi-saison, les mêmes statistiques que la saison dernière (22 buts et 6 passes décisives contre 22 buts et 7 passes décisives la saison dernière). Voilà les 4 chiffres qui montrent que le buteur lyonnais est sur un nuage.

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LE CHINOIS DANS TOUS SES ÉTATS Texte de SUZANNE BONFILS

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Le chinois s’impose de plus en plus, que ce soit au Collège Stanislas, ou à travers le monde. Sans compter les élèves recevant une éducation française à l’étranger, la langue la plus parlée du monde a en 2013 été enseignée à 33 000 élèves dans 593 collèges et lycées en France. Selon Joel Bellassen, inspecteur général de chinois au ministère de l’éducation nationale, ce chiffre représente 13 % de plus que l’année dernière et 400 % de plus qu’il y a dix ans. En quelques années seulement, le chinois est passé de la neuvième à la cinquième langue la plus enseignée dans le système scolaire français, après l’anglais, l’espagnol, l’allemand et l’italien. Dans le monde, plus de 30 millions de personnes apprennent le chinois, et ce nombre ne fait qu’augmenter. Comment expliquer ce phénoménal bond en avant qu’a connu la langue, non seulement en France mais également à travers le globe ? Le gouvernement de la Chine n’est pas   étranger à la chose. Conscient que plus l’apprentissage de sa langue est répandu, plus ses relations économiques se développeront sur la planète, il tente de favoriser son enseignement à travers l’implantation de centres de recherche nationaux et d’Instituts Confucius, établissements culturels publics à but non lucratif prodiguant des cours de chinois. La Chine aide également à former des enseignants pour subvenir aux demandes, et continue à moderniser les méthodes d’enseignement afin de faciliter l’apprentissage du chinois pour les occidentaux. Enfin, elle promeut l’implication des élèves en organisant des compétitions internationales, à laquelle participe notamment Stanislas. Ces compétitions permettent aux

élèves de gagner des bourses d’étude en Chine, bourses pouvant être accordées pour une durée allant de 6 mois à 4 ans. L’impressionnant développement économique du pays contribue également à la montée en force du chinois au niveau international. Deuxième puissance économique au monde, premier exportateur mondial, la Chine représente une mine d’or industrielle et technologique pour les investisseurs étrangers, qui n’ont pas tardé à comprendre que la connaissance du chinois y est essentielle pour favoriser les échanges. Le Collège a pris le virage de ce développement linguistique. En effet, bien que l’option Chinois LV3 offerte aux élèves à partir de la Seconde ait été supprimée du programme il y a à peine un an, les élèves de cinquième choisissent de plus en plus le chinois comme langue LV2. Madame Luan, appelée « laoshi » (professeur) par ses élèves, est depuis 2007 l’unique professeur de chinois à Stanislas; elle attribue la disparition de l’option LV3 aux changements que l’éducation nationale a porté au cursus. L’enseignante quadrilingue raconte ainsi qu’en 2007, les élèves d’ES ne pouvaient choisir comme spécialité qu’économie ou chinois. Puis, en 2009, l’économie est devenue obligatoire, tandis que peu de temps après sont apparus dans le cursus de Seconde les enseignements d’exploration   : Littérature et Société, Méthode et Pratique Scientifique, et Cryptologie. Ces modifications poussèrent de nombreux élèves à ne pas prendre d’option supplémentaire, étant donné leur charge de cours déjà importante. L’option chinois a ainsi peu à peu perdu ses adhérents. Faisant moi-

même partie de la dernière année d’option LV3 du collège, je trouve important de signaler que nous étions environ dix-sept au premier cours de chinois LV3 en août 2012. Rebecca Kachmar, Laureen Ah-Soon, Katarina Radovanovic et moi-même ne sommes maintenant plus que quatre, à cause des abandons dues à la charge de travail et l’horaire plus que contraignant, mais aussi en raison des départs d’élèves au Cégep. Madame Luan attribue notre succès à notre «   ambition et détermination   », mais nous sommes toutes les quatre d’accord   pour dire qu’un élève n’est pas un élève sans un professeur encourageant et compréhensif à ses côtés. Il ne faut pas oublier que le chinois est une langue difficile à apprendre. Comparativement aux langues latines, les mots sont invariables   ; c’est en les agençant les uns avec les autres, et non pas en ajoutant des suffixes ou des préfixes au radical qu’on leur donne un sens. De plus, la langue étant composée presque entièrement de monosyllabes, on utilise les tons pour différencier la prononciation de chaque mot. Dans le pinyin, le système permettant de transcrire le chinois en caractères latins, ces tons sont marqués par des accents. On peut ainsi avoir, avec l’intonation de la voix qui suit le trait de l’accent :

mā = maman, grenouille…mà = injure…má = lin, courbature…mă = cheval, chiffre…ma = est-ce que ?

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LE CHINOIS DANS TOUS SES ÉTATS [suite]Texte de SUZANNE BONFILS

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Tous ces mots ne sont différenciés à l’écrit que par leurs caractères.

La difficulté de la langue, et par conséquent le défi intellectuel qu’elle représente, améliorerait même la mémoire   ! Ce défi linguistique apporterait aussi une ouverture sur la culture d’Est-Asie, et surtout une manière de communiquer avec un pays si différent du nôtre. Une telle communication pourrait inviter au partage des valeurs, que ce soit celle du respect des droits de l’homme, préconisée du côté occidental, ou celle de l’importance de la famille et des aînés, prônée du côté oriental. Espérons que le chinois prendra plus d’ampleur au collège d’ici les années à venir, afin que l’école s’ouvre plus facilement à une culture non pas américaine ou européenne, mais belle et bien asiatique.

 

Zài  jiàn  (Au  revoir)

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THE CONGRESS De ARI FOLMANTexte d’ALICE GUILBERT

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The Congress est d’abord un film tiré d’un roman de Stanislaw Lem. Il est adapté au cinéma en 2013 par un réalisateur israélien peu connu du grand public mais bien plus dans le milieu cinéphile depuis la sortie de son film Valse avec Bachir en 2008. Ce réalisateur, c’est Ari Folman. À sa sortie, The Congress ne connaît qu’un infime succès. Étonnant à constater lorsque sur l’écran se dévoilent un scénario génial et une méthode de réalisation hors du commun. Cette critique tendra donc à faire naître chez vous, lecteurs, un intérêt ou du moins une pointe de curiosité pour ce film. Ainsi gagnera-t-il peut-être à être connu et par la même occasion, retrouvera-t-il la valeur qui lui est due. (À mon sens, tout du moins, mais, comme chacun sait, “il y a trois sortes de critiques : celles qui ont de l’influence, celles qui en ont moins, celles qui n’en ont pas du tout. Les deux dernières n’existent pas. Toutes les critiques ont de l’influence.”)Le film dépeint la carrière de l’actrice Robin Wright (Forrest Gump), qui constitue le personnage principal. Après avoir connu le succès, celle-ci voit cette carrière régresser suite à de mauvais choix de contrats. Sa volonté est de s’occuper d’abord de son fils, Aaron, souffrant d’une maladie incurable de l’ouïe et de la vue. Miramount Pictures vient alors à elle dans le but de lui proposer un dernier contrat : être scannée numériquement afin de pouvoir exploiter à volonté son image au cinéma. Elle l’accepte, pensant pouvoir financer les traitements de son fils. Vingt ans plus tard, en 2030, la Miramount Nagasaki est devenue un conglomérat supranational, actif notamment dans l'industrie pharmaceutique. Robin Wright, âgée de 63 ans,

après avoir vu son image déclinée à tout-va, est invitée au Congrès de futurologie où est présentée la dernière invention de la multinationale : des drogues plongeant les foules dans des hallucinations collectives où chacun peut avoir l'apparence et la vie désirées.La réalisation est très efficace. On évolue en même temps que Robin Wright dans cet univers de science-fiction où les humains semblent avoir perdu toute humanité. Cet univers ne diffère pourtant que très peu du nôtre et c’est là que ce film engagé gagne en importance. On se trouve, dès les premières répliques, plongé dans le monde nébuleux du cinéma. Un monde d’argent, désireux d’oublier la réalité, où l’acteur n’est qu’un pantin parmi d’autres, aux bottes des grandes productions. Avec ce film, Ari Folman dénonce l’urgence à prévenir la fin du cinéma, en créant l’acteur digital. En ce sens, il pose de sérieuses questions sur le sujet : l’acteur choisit-il encore l’image qu’il projette ? Ou le producteur ne le contrôle-t-il pas, lui et ses émotions afin de donner au public ce qu’il veut? Le cinéma est-il encore empreint d’humanité ? Lorsque l’impresario, explique à l’actrice que, malgré son amour pour elle, il a toujours utilisé la peur pour la contrôler, l’avis tranchant du réalisateur, Ari Folman sur Hollywood se clarifie. Dans la seconde partie du film, les scènes filmées se transforment en séquences d’animation étonnantes, dignes des dessins-animés japonais, et laisse ainsi transparaître la signature du réalisateur. La drogue a fait effet et un univers nouveau est apparu. On entre dans un nouveau monde où Hitler côtoie Horus, dieu du soleil égyptien et où les plantes ont envahi les villes. D’autres questions plus importantes que les

premières s’ouvrent aux spectateurs et à sa réalité quant aux dégâts produits par la technologie de l’époque. Le réalisateur pousse aux extrêmes ces concepts dans The Congress afin de susciter la réaction de son public. De cette façon, on repère facilement les drogues hallucinogènes comme étant les métaphores des anti-dépresseurs de notre époque.Où la liberté d’esprit des hommes devient-elle un danger ? Vaut-il mieux vivre heureux dans l’illusion plutôt que de se battre dans la réalité ? Le cinéma est-il véritablement en train de perdre son humanité ? Tant de questions que nous pose The Congress.. En ce qui concerne les réponses, il n'en tient qu'à vous d'aller le visionner.

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THE INTERVIEW Le hype était justifié!Texte d’ANTOINE TREMBLAY

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De temps en temps, il y a de ces films qui, à leur sortie, ne laissent personne indifférent, que ce soit parce qu’on les trouve brillants, ou déplacés, ou provocateurs, ou hilarants, ou tout en même temps. The Interview est incontestablement l’un de ces films, et de surcroît, l’un des plus savoureux et des plus scandaleux à ce jour (eh oui, même plus que The Dictator). Il faut quand même avoir du culot pour faire un film faisant la parodie de l’assassinat d’un dictateur aussi sanguinaire et enfantin que Kim Jong Un. À cet égard, The Interview mérite toute notre admiration, sachant que les producteurs du film ont été les victimes d’une cyber-attaque par des cyber-terroristes nord-coréens et ont fait l’objet de menaces d’attentats, rien de moins. De quoi envenimer les relations diplomatiques entre les États-Unis et la Corée du Nord, qui étaient déjà dignes de la Guerre Froide. Ces tensions et ces menaces sont d’ailleurs la raison pour laquelle The Interview est sorti en retard et seulement en ligne. Mais venons-en au film lui-même, qui, à ce stade-ci, n’a même plus besoin d’une introduction formelle, tant il est connu. Mais pour ceux qui ne connaîtraient pas The Interview, parce qu’ils vivent soit dans une grotte, soit en Corée du Nord, permettez-moi de vous le présenter. Le film The Interview est l’histoire de Dave Skylark (James Franco) et Aaron Rapoport (Seth Rogen), les présentateur et réalisateur de l’émission talk-show « Skylark Tonight », dont la meilleure histoire n’est rien de plus que celle du vagin de Nicki Minaj aux Grammys. Skylark et Rapoport réussissent à obtenir une entrevue avec le président Kim Jong Un, espérant ainsi être enfin reconnus comme des journalistes (un peu) sérieux.

Ceux-ci sont alors recrutés par la CIA pour assassiner le leader nord-coréen une fois là-bas. Le film commence sur une note d’hors et déjà très satirique, où une petite fille nord-coréenne chante « Die America Die! Why won’t you die? It would fill my little heart with joy » devant une foule attroupée pour le lancement d’un missile nucléaire. Nous faisons par la suite rapidement la rencontre de nos deux protagonistes, en direct de leur émission, pendant le coming-out de Eminem. À partir de là et jusqu’à Pyongyang, en Corée du Nord, le film se déroule exactement comme vous vous y attendriez   : ils entrent en contact avec le régime nord-coréen pour organiser l’entrevue (supposément, Kim Jong Un serait un grand fan de leur émission), la CIA les recrute pour la mission, ils s’entraînent pour devenir des agents secrets de haut niveau, sans succès, et partent. Cette première partie du film n’a rien de surprenant. Très drôle pourtant, mais sans plus.C’est en arrivant en Corée du Nord, ou République Démocratique Populaire de la vraie Corée si vous préférez, que les choses deviennent absolument rocambolesques. Les mésaventures qu’enchaînent les personnages Seth Rogen et James Franco, dont je vous passerai les détails pour garder la surprise entière, sont hilarantes! Aussi très drôles sont les personnages uniques et remarquablement bien joués par des acteurs qui semblent être taillés sur mesure pour des rôles caricaturaux comme ceux-ci. Mentionnons évidemment Seth Rogen, toujours aussi bon, mais aussi Randall Park, qui joue Kim Jong Un, et enfin, surtout, James Franco, dont le personnage d’animateur de télé métrosexuel accro à la vie de star est assurément le clou du film.

Vous aurez probablement déjà beaucoup ri une fois arrivé à l’entrevue elle-même, qui ne se passe évidemment pas comme prévue et est le théâtre de plein de malaises tordants. Spoiler Alert! À la fin, Kim Jong Un meurt. Mais le scénario de ce film, bien qu’extraordinaire et inusité, n’est pas la raison qui devrait vous pousser à aller voir ce film. Ce sont les péripéties avant, pendant et après l’interview, qui sont de véritables petits bijoux tant elles sont drôles; de plus, les acteurs, surtout Seth Rogen et James Franco si vous les aimez, et enfin le style de Seth Rogen (qui est aussi le réalisateur du film), qui est un peu immature et toujours divertissant!Enfin, étant donné le pays où se déroule la majorité du film, il est évident qu’il y a quelques moments de retour à la réalité : les mots « camps de concentration » et « famine » reviennent çà et là. Heureusement, Seth Rogen a bien fait attention à ne pas faire de The Interview un film politique : les allusions au contexte, très difficile certes, de la Corée du Nord ne viendront absolument pas assombrir cette heure et demie d’excellente comédie. Si je devais donner une note à ce film, je ne saurais quoi mettre : d’un côté, The Interview est loin d’être un chef-d'oeuvre (il a d’ailleurs été nominé pour plusieurs prix Rassies, les anti-Oscars). Mais d’un autre côté, The Interview est garanti de vous faire rire jusqu'à la dernière minute; je n’oserais pas faire comme d’autres et dire que c’est un navet. Je donne donc un 3.5/5, même si c’est sans aucun doute le film le plus comique de l’année. À voir en groupe dans le seul cinéma de Montréal qui le présente, le cinéma indépendant Dollar (c’est mieux que rien...), parce que l’on rigole toujours plus à plusieurs! Bon film!

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

LIRE, MAIS À QUEL PRIX? Texte de DAPHNÉ ANASTASSIADIS

CULT

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Lassés de ne lire que des «   grands classiques   », des chefs d’œuvre de la littérature classique ou romantique? Vous les connaissez bien, ceux-là, et ce n’est pas votre tasse de thé? Il est peut-être venu le temps pour vous de vous tourner vers un autre style. Cela tombe bien, vous avez la chance de pouvoir faire partie du jury du prix littéraire des collégiens chaque année.

Mais, qu’est-ce que c’est, au juste?

Le prix littéraire des collégiens a pour but de faire découvrir et promouvoir la littérature québécoise auprès d’élèves et d’étudiants à travers un concours entre différents auteurs québécois de notre temps. Dans chaque cégep participant se forme un comité, et ce dernier se réunit régulièrement afin de discuter des livres de la compétition. À la fin de la lecture des cinq livres en lice, chaque comité doit déterminer un trio gagnant   : les trois livres que les élèves auront préférés parmi les cinq. Puis, un représentant de chaque cégep est élu afin de défendre son trio gagnant lors des grandes délibérations entre tous les établissements. La cérémonie de remise des prix a lieu à l’issue de ces débats et récompense l’auteur (et son œuvre) choisi par les cégépiens.

Une question, j’en suis sûre, vous pends aux lèvres   : quels sont donc les livres sélectionnés cette année? En voici la liste; quant aux résumés, je laisse les curieux se renseigner d’eux-mêmes afin de m’intéresser plus particulièrement aux déroulements de ces réunions.

La ballade d'Ali Baba de Catherine MAVRIKAKISFais pas cette tête de Jean-Paul BEAUMIERLe feu de mon père de Michael DELISLEL'orangeraie de Larry TREMBLAYBondrée d’Andrée A. MICHAUD

Fort heureusement, il ne s’agit pas uniquement, en participant aux prix des collégiens, de lire des livres, et de choisir soi-même ceux que l’on a préférés. La partie la plus intéressante est certainement celle des débats et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, on se rend compte très vite à la lecture des livres que de nombreux détails peuvent nous échapper, parfois certains aspects des histoires sont mal compris et en discuter permet de mieux les interpréter. Ensuite, les débats permettent aux étudiants de s’exprimer. S’exprimer afin de défendre leur opinion de la meilleure façon possible, et surtout, surtout, afin de convaincre les autres membres du jury. Ces débats amènent ainsi certaines personnes à changer d’avis plusieurs fois au cours d’une séance, tant sur l’histoire, sur le style littéraire, que sur les personnages.

Bien entendu, pour nombre d’entre vous, s’exprimer à l’oral, prendre la parole, imposer son point de vue n’est pas forcément la meilleure façon de lire et comprendre un livre. Je vous invite donc à vous précipiter vers la bibliothèque de l’école où se trouvent les cinq livres sélectionnés cette année.

Bonne lecture à tous !

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

LES ÉLECTIONS GRECQUESDans ou dehors la zone euroTexte de NICOLE SAINT-PIERREÉcrit le 11/01/2015

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Ce 25 janvier sera le jour des élections anticipées en Grèce, engendrées par la  dissolution du Parlement. En effet, le mandat du président grec actuel Károlos Papoúlias est terminé et requiert d’en élire un autre. En Grèce, le président est élu par les députés et doit obtenir le vote d’au moins 180 des 300 députés. Si les députés ne parviennent pas à s’entendre, le Parlement grec se dissout et entraîne les élections législatives anticipées; répétition de ce qui s’est passé en décembre dernier: Les députés ont échoué à élire un candidat malgré trois tours d’élections présidentielles.         Il est fort probable que tout le monde soit déjà au courant de la situation économique de la Grèce*. Cette élection est donc cruciale: elle pourrait déterminer qui aura le mandat complexe de replacer la Grèce dans un état de démocratie économiquement viable.      La polémique créée par cette élection est en particulier liée à l’émergence d’un parti d’opposition officiel qui, selon les derniers sondages, collecterait beaucoup de suffrages: celui de SYRIZA**, un parti de gauche radicale (entre communisme et socialisme) dirigé par Alexis Tsipras. La question principale posée aux Grecs est de décider si l’on devrait avoir peur de la montée de SYRIZA ou être audacieux en instituant une nouvelle solution pour relever

l’économie et améliorer la situation grecque au sein de l’Europe.         Ce parti qui fait peur à l’Europe, souhaite tout d’abord mettre fin aux politiques d’austérité en Grèce. Celles-ci ont causé une vraie crise sociale; En septembre, 25.7% de l’ensemble de la population était au chômage, et chez les moins de 25 ans, ce taux passe à 49.8%. On a réduit les prestations du système public de santé et l’accès aux vaccins qui causent une dégradation des conditions sanitaires, avec le retour de maladies telles que la tuberculose et le paludisme. De plus, les pensions ont été amputées, déstabilisant les retraités. La population s’écroule sous la pression du fardeau fiscal. Par rapport à la dette du pays, SYRIZA est déterminé à renégocier les termes des dettes, et non les annuler.  Les aspirations de SYRIZA par rapport à la dette du pays et l’abolition des politiques de rigueur ne rassurent pas les marchés. À cet effet, le groupe économique  de SYRIZA s’est rendu à “la City” de Londres pour encourager les investisseurs à approuver son programme, mais le parti ne cesse de recevoir des remarques : "C'est pire que le communisme. Au moins, [ce parti] avait un plan. Là, c'est le chaos absolu" a annoncé un document de travail du fonds de pension Capital Group.        Selon Ekathimerini, le Premier ministre actuel, Antonis Samaras, chef du parti de droite “Nea Dimokratia” accuse SYRIZA “de faire peur aux investisseurs et de menacer la position de la Grèce au sein de la zone euro”. Il est vrai que la popularité de SYRIZA stimule la notion de ‘Grexit’; selon les médias “en cas de victoire aux élections du parti de l'extrême-gauche SYRIZA, la Grèce pourrait être amenée à quitter la zone euro, rien que sur la pression des

marchés” (source: Panayiotis Grigoriou: greekcrisis.fr). La chancelière allemande, Angela Merkel, reconnaît le fait que l’Europe serait confrontée à de potentielles complications s’il y avait une sortie de la Grèce de la zone euro en cas d’élection de SYRIZA et si la Grèce annulait le paiement de ses dettes. Cependant, le secrétaire d'Etat social-démocrate aux Affaires européennes, Michael Roth, affirme que “La Grèce est membre de la zone euro. Et doit le rester. Il faut éviter de provoquer, par la parole, des conséquences politiques et économiques qui seraient malvenues”. Alexis Tsipras renforce cet énoncé de Roth car son plan principal n’est pas de faire sortir la Grèce de la zone euro.      Certains revendiquent le fait qu’élire un parti de gauche radicale pourrait servir “d’expérience” pour l’Europe: si les opérations de SYRIZA s’avéraient réussies, l’Europe pourrait s’inspirer de cette “expérience” pour ainsi mettre fin à l’austérité et relever l’économie européenne. D’autre part, certains craignent que l’élection de SYRIZA, soit “contagieuse” et qu’elle stimule une vague de passage vers des partis similaires dans des pays européens présentement en austérité.      Par conséquent, les élections nationales en Grèce du 25 janvier vont déterminer le futur de la Grèce dans l’Europe et peut-être grandement atténuer l’impact de l’austerité et améliorer le sentiment d’unité au sein de la zone euro.

**À l'issu des éléctions, SIRIZA remporte la victoire, annoncant la formation d'un gouvernement de coalition « anti-austérité » avec le parti des Grecs indépendants

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

OÙ EST CHARLIE ?Texte de ZÉLIE SCHUHMACHER

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Je suis Charlie ». Aujourd’hui, et ce depuis ce désolant 7 janvier 2015, nous avons tous (enfin, presque tous) ces mots à la bouche, repris au graphiste Joachim Roncin. Ces quelques mots sont alors devenus le symbole du combat pour la liberté d’expression, de celui contre le terrorisme hargneux, de l’unité nationale française et du soutien international apporté à la France qui voit en ces tristes jours de deuil tous les yeux rivés sur elle. La France a hélas perdu de grands combattants…Ces mêmes mots ressortent depuis que le journal satirique Charlie Hebdo a perdu huit de ses camarades suite à l’attentat terroriste, haineux, des deux frères Kouachi, islamistes radicaux munis d’armes de guerre, issus d’Al Qaïda et de l’État Islamique, qui ont fait irruption chez Charlie Hebdo alors que se tenait une réunion de rédaction, à 11h30, comme chaque mercredi. Parmi les victimes de cet attentat, les cinq dessinateurs Charb, Cabu, Tignous, Honoré et Wolinski. Mais pas seulement eux : l’économiste Bernard Maris, la psychanalyste Elsa Cayat, le policier Franck Brinsolaro assurant la sécurité de Charb, directeur de Charlie Hebdo, Frédéric Boisseau assurant la maintenance, Michel Renaud, journaliste invité, ainsi que Mustapha Ourrad qui s’occupait de la correction du journal et le policier Ahmed Merabet, tué froidement au beau milieu de la rue, dans l’exercice de ses fonctions. On s’en est pris à la liberté d’expression, ce jour-là. A des innocents. A des dessinateurs de « petits bonhommes », comme le disait Luz. La République en a pris un coup, mais elle en ressortira plus forte, espérons-le. Le combat s’est mis en marche, pour longtemps je l’espère. Pas seulement dans les jours qui suivent. Mais

pourquoi faut-il toujours qu’un événement tragique survienne, que des gens perdent la vie, pour qu’on ouvre les yeux et qu’on se mobilise? J’en parlerai plus tard. Continuons le fil des événements : s’en est suivie la prise d’otages à l’épicerie Hyper Cacher à la porte de Vincennes, la mort gratuite d’une jeune policière de vingt-six ans à Montrouge, l’assaut dans l’imprimerie à Dammartin-en-Goële, and what’s next? C’est bien cela la question…

Mais réellement, si aujourd’hui nous sommes tous Charlie, peu d’entre nous l’étions avant ce sinistre 7 janvier 2015. Ce n’est pas vrai? J’ai tort? Je ne pense pas. Et c’est bien cela qui est triste. Car avant que ces attentats n’aient lieu, qui était vraiment, profondément, Charlie? Allons, bon, disons… deux ou trois personnes de l’époque de nos parents peut-être? Aujourd’hui, partout à travers le monde, petits et grands, grands et petits, nous sommes tous Charlie. Il y a un « avant-Charlie-Hebdo » et un « après-Charlie-Hebdo », qu’on le veuille ou non. Si aujourd’hui Charlie a un soutien inégalable de la part des Français et de citoyens partout à travers le globe, cela n’a pas toujours été le cas, hélas. C’est cela que j’essaye de dire. Depuis le mercredi 14 janvier 2015, près de deux millions de Français sont allés chercher leur copie du dernier Charlie Hebdo, le numéro « des survivants ». Mais combien étaient-ils la semaine précédant le drame? Et les mois précédents? Maximum huit exemplaires vendus par kiosque de presse peut-être? Qu’en est-il aujourd’hui? Comparez le nombre de tirages avant et après les attentats. Aujourd’hui, tout le monde se rue dans les kiosques avec frénésie, dans les

magasins, pour avoir leur copie du Charlie Hebdo devenu historique. Ce numéro qui a pour une un dessin de Luz, un des rescapés de Charlie Hebdo, présentant le prophète Mahomet tenant une pancarte sur laquelle sont écrits ces trois mêmes mots symboliques : « Je suis Charlie ». Au-dessus de sa tête : « Tout est pardonné ».

Les gens dorment dans leur voiture près du kiosque, se réveillent à quatre heures du matin pour être le premier à l’avoir, se prennent en photo avec leur exemplaire pour enfin l’afficher sur les réseaux sociaux et se piétinent quasiment à la FNAC. On aurait cru le Black Friday ou le Boxing Day de Charlie Hebdo! Charb l’aurait-il cru un jour? Il aurait voulu voir cet engouement pour Charlie de son vivant, certes. Pourquoi pas avant? Maintenant, il le voit d’en haut. S’il y a vraiment un « en haut »! Mais là n’est pas la question…

Quelle leçon tirer de cela? Qu’est-ce que cela traduit réellement? Une certaine forme d’hypocrisie de notre part, peut-être? Je ne vise personne. Je ne suis pas mieux. Je ne connaissais même pas Charlie Hebdo avant ce jour! Mais je me pose tout de même la question. Car avant les attentats, qui parlait de Charlie Hebdo dans la rue, au café, qu’importe où? Personne. Ou peu de monde, du moins. Car Charlie était sur le bord de la faillite. Depuis combien de mois Charb demandait-il des fonds supplémentaires pour éviter la mort imminente de Charlie, pour que le droit de partager ses idées librement perdure avec Charlie et ses « petits bonhommes », comme dirait Luz?

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

OÙ EST CHARLIE ? [suite]Texte de ZÉLIE SCHUHMACHER

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D’ailleurs, le Président Hollande (qui lui non plus n’avait pas pu «   échapper » aux caricatures de Charlie) avait fait part avant les attentats de sa peur de la crise de la presse et de la mort progressive de certains petits journaux comme celui de Charlie Hebdo. Car chez Charlie, ils avaient déjà coupé dans le papier, les salaires, augmenté le prix du journal, mais rien n’y faisait. Alors Charb avait aussitôt lancé un appel à l’aide, un appel à la solidarité entre les fidèles lecteurs du journal… en vain, car le lectorat de Charlie n’a pas toujours été des plus riches! Ainsi, quelques milliers de dollars ont été amassés, mais ce dont avait besoin Charlie pour continuer d’exister, c’était plus que quelques milliers de dollars, malheureusement. C’est ironique de dire cela, mais alors que serait devenu Charlie s’il n’y avait pas eu cette catastrophe? Serait-il mort dans la plus complète indifférence? Qui l’aurait vu mourir ainsi, à petit feu? Qui aurait aperçu sa mort? Ou plutôt, qui s’en serait attardé? « Charlie Hebdo est mort? Ah bon » auraient dit certains sans que leur vie ne change le moins du monde, se confortant dans une espèce de conformisme des idées, dans une presse uniformisée. « Ce n’est pas la fin du monde, il y en a d’autres des journaux! ». Où serait donc passé le ton singulier, rieur, provocateur, joueur de Charlie? Aux oubliettes!

Ma question reste donc la suivante : qui se serait alors levé pour Charlie sans ces événements? Le journal aurait-il « survécu »? Qui serait alors descendu dans la rue pour crier la mort de Charlie? Leurs « bonhommes » seraient morts avec Charlie, avec ses idées, ses caricatures, ses dessins qui savent encore, eux, se payer la tête de

Jésus, de Mahomet et de tous les autres! Avec la plus grande ironie, Charb pourrait les remercier, « ces cons », car aujourd’hui, grâce à eux, Charlie ne crève plus la dalle! La leçon à en tirer, c’est donc qu’il faut agir au bon moment. Qu’on se magne, qu’on se bouge le derrière et qu’on se secoue nous-même lorsqu’un autre Charb annoncera la mort imminente de son journal et priera pour recevoir de l’aide pour le faire perdurer, lui et les idées qu’il transmet (quoique Charb n’ait surement pas prié Dieu pour cela!). Car c’était un peu tard pour nous mobiliser pour Charlie…Puis j’ai réfléchi à un autre problème : le fait que les gens aujourd’hui manquent d’autodérision. On ne peut plus rire de rien. Ils ne savent plus rire. Mais c’était justement le rôle de Charlie : de montrer qu’on peut encore rire. De tout et de rien. Des religions, des hommes politiques, de la société, du monde, de la pluie et du beau temps. Tout le monde y passait, c’était le but. On n’épargnait personne. Comme le disait le médecin-urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo, sur le plateau télévisé de France 2, « une société humaniste, elle rit, elle sourit, et elle sait rire, elle sait sourire ». L’esprit Charlie, c’était (et ce l’est toujours, heureusement!) de faire rire malgré tout, malgré la morosité de ce monde.

Mais vraisemblablement, hélas, certains ne savaient plus rire et nous l’ont bien montré le 7 janvier dernier. Car pour rire, il faut d’abord pouvoir rire de soi, me le rappelait un professeur il n’y a pas si longtemps de cela. Avoir un minimum d’autodérision. Casser les tabous. Les sujets mis sous silence, de peur de faire naître trop d’émoi, de refouler nos idées à cause de celles de la

majorité. C’était ça le combat de Charlie. D’affirmer qu’on puisse avoir des idées différentes, mais tout aussi valables et légitimes.

Mais pouvons-nous vraiment mourir pour cela? Pour assumer une opinion divergente à celle de son voisin? Apparemment oui, et c’est bien cela qui fait peur...

En tout cas on peut le dire, ils se sont battus jusqu’à la fin. Comme Charb le disait avec humilité : « Je préfère mourir debout que vivre à genoux ». Et c’est ce qu’il a fait. Il a refusé de se taire. C’est bien pour cela qu’il est mort. Mais pour montrer que ces barbares d’islamistes n’ont pas gagné, c’est à notre tour de relever les manches et la tête, de nous battre pour nos droits les plus fondamentaux. Pour cela, nous ne devons pas rester dans la passivité, mais nous devons passer du côté de l’action, de la réaction. Et l’action ne se fera pas seulement demain. Elle se fera oui, certes, demain, mais après-demain, et après-après-demain, et après-après-après-demain! Et ce combat doit aller beaucoup plus loin qu’un simple « hashtag » #jesuischarlie sur Twitter ou sur Facebook. Espérons que ce combat ne s’estompera pas, ne s’essoufflera pas d’ici quelques semaines, mais qu’il perdure, qu’il soit toujours aussi intense dans un mois, dans deux mois, dans cinq mois. Nous le leur devons bien. A nous de prendre le flambeau! C’est là que nous montrerons réellement notre force, notre unité.

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

OÙ EST CHARLIE ? [suite]Texte de ZÉLIE SCHUHMACHER

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Nous ne nous tairons pas. Nous ne nous tairons plus. Ce combat, il se fera dans la rue et se dessinera sous nos coups de crayons, de pinceaux, de plumes, de feutres, intarissables, qui constituent aujourd’hui nos plus puissantes armes. Des combattants opiniâtres, nous serons. On ne tue pas un crayon, voilà tout. On n’anéantit pas sa force sous un lâche coup de « kalach ». Aider les médias, les journaux comme Charlie Hebdo, pour éviter qu’ils ne meurent pour leurs idées, c’est faire un pied de nez aux islamistes qui croient nous avoir par coups de « kalach ». Je pense alors à un dessin qu’aurait pu réaliser Charb : d’un côté, un des nôtres, brandissant un crayon dans une main, et le poing levé de l’autre. Puis de l’autre côté, un des leurs, affolé, s’écriant : « Ah, un crayon!!! Sortons la ‘’kalach’’! ».

Là est notre combat aussi. J’espère que nous l’avons tous compris maintenant, que nos consciences se sont éveillées devant de tels enjeux mettant en péril les droits et valeurs pour lesquels nos ancêtres se sont si longtemps battus, et qu’il ne faille pas qu’un autre événement aussi atroce que celui-ci n’arrive pour que les gens se réveillent enfin et comprennent que la presse libre se meurt à petit feu. Il faut se réveiller « pour de vrai », si j’ose dire en bon québécois, et défendre la presse libre mais surtout agir au bon moment, quand il est encore temps, avant que des innocents ne paient de leur vie face à ces barbares.

Sur ce, camarades, amis, « Charlies » de ce monde, n’achetons pas Charlie juste ce mercredi, comme nous l’a si bien exprimé Mathieu Madénian, mais achetons-le tous les mercredis. Et là nous poserons un geste véritable pour soutenir Charlie. Pour montrer, comme l’a si bien chanté Tryo, « qu’au milieu du vacarme, du jihad et des armes, il reste la culture, l’humour et la nature ».

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉENPO

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Je parlais avec un ami, l’autre jour, de ce qui s’était produit le mercredi 7 Janvier. Nous n’arrivions pas à comprendre. Nous étions atterrés à l’idée que l’on se soit attaqué, qu’on ait tué froidement des intellectuels incarnant l’idéal de la liberté d’expression, pour lequel nous serions prêt à mourir, tous, et pour lequel 12 personnes ont perdu la vie   : des caricaturistes, un économiste, des policiers… Nous étions ravagés, comme nombre d’entre nous l’étaient. J’en ai vu pleurer; j’en ai entendu crier vengeance.

Le 15 septembre 1914 paraît dans le Journal de Genève, un article d’un Français vivant en Suisse nommé Romain Rolland. Dans cet article, « Au-dessus de la mêlée », Rolland tente, depuis un pays traditionnellement neutre, de s’élever « au-dessus de la mêlée »; il cherche à voir plus loin que le conflit ethnique qui déchire les Français et les Allemands, à dépasser les rivalités impériales qui envoient de jeunes hommes se battre pour des querelles les dépassant. Il trouve déplorable que l’on (les gouvernements ou peu importe à qui la guerre rapporte) sacrifie une jeunesse, qu’il perçoit comme héroïque, pour alimenter un culte barbare guerrier. Il s’émeut de voir d’éminents intellectuels, des prêtres et des socialistes (supposément pacifistes, ou internationalistes) jouer le jeu des belligérants. Romain Rolland, prix Nobel de littérature en 1915, passionné de Beethoven, fervent admirateur de Léon Tolstoï et Gandhi, féru de philosophie indienne, désirait ardemment une union entre tous les hommes voulant dépasser les limites réductrices des

frontières pour qu’ils construisent un autre monde. Un siècle plus tard nous sommes ici. « Nous avons deux cités : notre patrie terrestre, et l’autre la cité de Dieu. De l’une, nous sommes les hôtes; de l’autre, les bâtisseurs » Beaucoup de choses sont discutables dans cette citation   : c’est le message qui m’a touché plus que l’enveloppe. Certains croient en Dieu, d’autres non   : peu importe, au fond. Ce que Rolland cherche à communiquer est un message pacifiste. Il nous exhorte à dépasser la haine que l’on nous force au travers de la gorge afin de s’unir, ou du moins de s’écouter, afin de pouvoir enfin se parler d’individu à individu. Ce message est très utopiste, j’en conviens. La mort de journalistes est inacceptable comme l’effondrement de tours sur 3000 cadavres. De même, odieuse est l’immolation du Coran et nauséabond le bombardement d’écoles servant de refuges. Nous avons tous un idéal de justice, beaucoup de nous l’ont tété dans le lait maternel, moi le premier. Mais trop souvent nous confondons à tort, justice et vengeance. Je pense que la haine sèmera toujours la haine, et répondre à une bassesse par une autre bassesse est une preuve de petitesse. Il faut prêcher par l’exemple, mais surtout se comprendre, car malgré tous nos désaccords nous pouvons nous comprendre. Nous ne nous comprenons pas alors nous sommes malheureux. Pourtant, nous le pouvons, si nous arrêtons de nous asseoir fermement sur des positions emplies d’ignorance. Je pense que nous sommes plus qu’un pays ou un Dieu : il faut parler plus haut

que nos nationalités et que nos dieux. Avant de recommencer un nouveau cycle de violence, avant de rejouer le coup du 11 septembre -où il « fallait se venger » et diviser le monde en deux : les gentils qui sont avec nous et les méchants qui ne sont pas avec nous (à noter, même pas « contre nous », mais bien « pas avec nous »)- avant tout ceci donc, peut-être faudrait-il relire l’Histoire et voir comment nous en sommes arrivés là. Il y a toujours une cause première, à tout. Rien n’arrive sans raison, que ce soit la guerre raciale aux États-Unis ou l’installation de colonies israéliennes. L’Histoire est paradoxalement à la fois une longue suite logique d’évènements liés (l’évènement a, produit b, qui entraîne c...), et à la fois un cycle perpétuel. Il semblerait que l’on soit constamment aux prises avec les mêmes problèmes. Seulement ils revêtissent différentes enveloppes.

« Un grand peuple ne se venge pas; il rétablit le droit »

AU-DESSUS DE LA MÊLÉE Une relecture de Romain RollandTexte de NARIMAN ASADI

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉENPO

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Je suis, je l’avoue, perdu. Alors que nous n’avons pas encore enterré les cadavres, j’entends déjà des appels à la haine; derrière la grogne populaire il me semble percevoir des cris appelant à la vengeance. Vraiment? Jeudi, des gens se sont attaqués à des mosquées, en France. Est-ce vraiment comme cela que des gens combattant contre l’obscurantisme agissent? En profanant des lieux saints, supposés être des havres de paix, où l’on se recueille avec son Dieu (ou ses dieux)? Voilà, il faut croire, la réponse de gens «   instruits   » face à des «   barbares   » lorsqu’ils se sentent menacés. Maintenant, lorsqu’une atrocité est commise, le phare de la civilisation mondiale, comme certains aiment s’appeler, quelque Don Quichotte d’un jour, répondent par une action équivalente. Depuis quand combattre le feu par le feu a éteint un incendie? Ne voyons-nous pas que nous allons alimenter un cycle sans fin de haine? Ouvrons un livre d’Histoire et voyons comment nous avons sacrifié des générations entières pour un idéal abject. Nous avons massacré pour moins que ça…

Notre ennemi n’est pas le djihadiste, ni le Français. Nous n’avons d’autre ennemi que l’ignorance. C’est elle, elle est partout. Elle propulse des avions contre des édifices, envoie des jeunes dans des pays qu’ils ne savent pas placer sur une carte pour combattre des populations non-armées. L’ignorance, combinée à la passion, est ce qu’il y a de plus mortel pour l’humanité   : il en résulte une impossibilité à réfléchir et nous prenons des positions dangereuses en plus d’être inébranlables. L’ignorant affirme, et n’écoute pas, tout comme le passionné est aveuglé. Ils sont hors de la

réalité donc incapable de faire un choix éclairé. Nous ne voulons pas de ces gens. Ce que je veux, c’est que nous nous parlions et voyions pourquoi nous ne sommes pas du même côté, non pas pour finir d’accord mais pour se comprendre et savoir pourquoi il en est ainsi.

Je ne suis pas croyant, mais, comme beaucoup l’ont dit avant moi, je ne serai pas libre tant qu’un seul autre Homme sera bafoué. Plus que ces actes horrifiques, certains discours me font peur. Comme Romain Rolland, je ne prends pas de position face à ce conflit. Tout ce que je demande, c’est que l’on s’élève, tous au-dessus de la mêlée, et que nous nous avouions nos tords et que nous parlions, face à face.

Comme Voltaire, même si je suis en profond désaccord avec vous, je me bâterai jusqu’à la mort pour que vous puissiez vous exprimer.

     

AU-DESSUS DE LA MÊLÉE Une relecture de Romain Rolland [suite]Texte de NARIMAN ASADI

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

HYMNE À LA RÉFLEXION Texte de DAPHNÉ ANASTASSIADIS

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Entre deux tasses de thé, on se pose et l’on réfléchit. On réfléchit à quoi   ? Difficile de répondre, mais il le faut. Il le faut, car nous devons comprendre. Comprendre ce qui se passe, mais pas seulement. Comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passera. On est là, à écrire, parce que l’on veut s’expliquer. On veut que notre opinion soit considérée par les autres. Qu’elle soit entendue. Qu’elle soit lue. Que voulons-nous ? Nous voulons nous exprimer. Alors allons-y, exprimons nous. On entend souvent certaines personnes dire « Mais non, bien sûr que non que je ne justifie pas les actes des terroristes. », « Mais oui, bien sûr que oui, que c’est triste que ces personnes soient décédées…   » mais. Mais, mais quoi   ? « Mais bon, en même temps, ils avaient cherché la provocation.   » Ah. Et donc   ? Et donc… et donc… Et donc tu justifies cet attentat, ces attentats? « Mais non, bien sûr que non » et vous connaissez la suite. Nous y voilà. Charlie Hebdo a provoqué certaines réactions. Mais pas les bonnes. Bien sûr qu’ils cherchaient à provoquer. C’est le but d’une caricature. Bien sûr qu’ils se moquaient. C’est le but d’une caricature. Bien sûr que c’était dangereux … Ah, non, pas de bien sûr ici. Parce que ça ne devrait pas être normal de se sentir en danger lorsque l’on s’exprime, tant que l’on ne fait pas part de propos haineux ou de propos incitant à la violence. Mais bon, ils le savaient, ils se savaient menacés. Mais ils ont continué leurs dessins, refusant de ne pas traiter certains sujets, refusant de céder à la peur. La peur de subir les conséquences de certaines réactions. On parle beaucoup, de ce fait, de la limite de la liberté d’expression. Limite subjective, vous vous en doutez bien. Mais la liberté d’expression, dans les valeurs républicaines, ne prend pas en compte la liberté d’exprimer des paroles haineuses, racistes, ou autre apologie du

terrorisme incitant à prendre les armes pour défendre son opinion. Non, la liberté d’expression, c’est tout autre chose. La liberté d’expression, c’est pouvoir dire ce que l’on pense, savoir exprimer sa différence et son désaccord. Et vice-versa, savoir écouter les autres. Est-ce si difficile, d’accepter de tenir un débat ? Est-ce si difficile, d’argumenter, de façon à défendre son opinion face à autrui   ? Faut-il coûte que coûte que l’un des deux ait raison  ? Faut-il supprimer la personne en face de nous, afin de pouvoir garder son opinion ? Non. Et si c’est ce que certaines personnes pensent, c’est qu’elles ont peur. Peur de quoi   ? Peur de la faiblesse de leurs arguments. Peur d’écouter l’autre. Peur d’accepter la différence. Alors elles prennent une arme, puis deux, puis trois. Et elles ôtent une vie, puis deux, puis trois. Et puis, tout d’un coup, ça devient existentiel   : seule une opinion est la bonne, et il faut supprimer tous ceux qui n’y adhèrent pas.Face à ces réactions, nous avons peur. J’ai peur. Mais je ne dois pas le dire. Parce que ces personnes-là, c’est ce qu’elles recherchent. Nous faire peur, pour oublier qu’elles-mêmes ont très peur. Oh, elles n’ont pas peur de la mort, non. «  Mais quand même, à Charlie Hebdo, ils sont allés un peu trop loin, en s’attaquant comme ça au prophète ou au pape ». Ah, bon. Mais ils ne s’attaquaient pas à eux, ils les provoquaient, nuance. Ils s’en moquaient. «   Oui, bah justement ». Quoi, justement, on devrait faire des caricatures sérieuses et pas drôles ? « Et bien, là justement c’est sérieux et certainement pas drôle   ». Pas drôle pour toi, peut-être. À la rédaction de Charlie Hebdo, pourtant, ils se marraient bien, tous les jours, avec leurs petits dessins. « Alors ils étaient racistes ». Non. Non, ils se moquaient de tout et de tous. Ils se moquaient d’eux, parce que personne n’est parfait, rien n’est parfait et ils avaient le droit d’exprimer cette pensée-là. Et puis, au pire, si on

n’adhère pas à leurs opinions et que l’on ne peut pas supporter de les écouter, et bien, on n’achète pas Charlie Hebdo. Charlie Hebdo, c’est un journal satirique français, publié en France. Et la France est un pays libre, la France est un pays qui a évolué à travers son Histoire vers la liberté. « Et un pays laïque ! », me soufflera-t-on. Oui, laïque, aussi, mais on ne devrait pas avoir à préciser cela, car on parle de l’ensemble de leurs caricatures, et pas uniquement celles se moquant des religions. En tout cas, c’est ce dont je parle, parce que Charlie Hebdo, c’est un tout. C’est une histoire. Charlie Hebdo, ce n’est pas juste les caricatures de Mahomet. Charlie Hebdo n’existe pas seulement depuis 2007, 2011, 2012. C’est un esprit, un esprit «   grand enfant qui se préoccupe de sujets sérieux  ». «  Oui, d’accord, très bien, mais il faut accepter le fait que certaines personnes ont du mal avec cet esprit ». Bien sûr qu’on l’accepte. Mais qu’elles acceptent le fait qu’ils avaient du mal avec l’esprit de ceux qui refusaient de s’exprimer. On demande quelque chose, et bien il faut s’attendre à ce que la personne en face demande la même chose.

Et puis, parfois, ce n’est pas parce qu’ils publiaient certaines caricatures qu’ils adhéraient à ce qu’elles montraient. Ils voulaient simplement montrer qu’il était de leur droit de les publier. Toutes sortes de caricatures. Pourquoi n’auraient-ils pas le droit de traiter de ce sujet ? Parce qu’on ne peut pas rire de tout  ? Et bien, pour eux, si. Si, il faut savoir accepter les critiques. Car oui, ils étaient critiques. Mais critiques de tout, et hors de question de rater un sujet de rigolade. Ce ne serait pas drôle. Et oh, ce n’est pas du jeu, si on se prive de certains sujets. C’est comme si on disait « Bon, ok, va pour ma caricature, mais évite de trop insister sur le fait que j’ai de grandes oreilles et des sourcils épais ». Bah voyons, je vais me gêner, tiens. Ça ne serait pas drôle.

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

HYMNE À LA RÉFLEXION [suite] Texte de DAPHNÉ ANASTASSIADIS

POLI

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Mais nous devons aller plus loin que ce qui s’est passé. Maintenant, c’est arrivé, il faut comprendre pourquoi c’est arrivé. Au sein de l’école, que devons-nous faire   ? Que pouvons-nous faire ? Pas besoin de chercher à une grande échelle, pas besoin de voir les choses en grand, il y a tellement de choses que l’on peut faire à notre modeste échelle d’élève. Et c’est ce que l’on fait. On écrit pour montrer qu’elle est notre position. On veut pouvoir vous expliquer pourquoi on pense différemment. On veut que vous nous expliquiez pourquoi vous pensez différemment. On a besoin et c’est votre droit. «  Mais beaucoup ont grandi avec certains sujets tabous, dont on ne peut pas parler comme ça, à la légère, à la rigolade…   » Oui, mais moi j’ai été élevé dans un pays où j’avais le droit de rigoler de tout. J’ai toujours eu le droit de m’exprimer et j’ai toujours eu le devoir de respecter les personnes qui m’entouraient. Je respecte leurs façons de vivre, leur façon d’avoir grandi, leur façon de montrer leur désaccord, tant qu’elles-mêmes me rendent la pareille. Et même si je refuse de penser que ne pas s’exprimer est une bonne chose, j’accepte que l’on puisse penser cela. Mais j’attends que l’on accepte que je refuse de le penser. Le respect ne signifie pas que l’on est d’accords sur tout. La liberté d’expression ne signifie pas que par les mots, les dessins, les caricatures, l’art, on veut se marcher sur les pieds. Non, à chacun sa bulle, mais chaque bulle fait partie d’une autre grande bulle. Et il ne s’agit pas, en s’exprimant, de faire exploser toutes ces bulles pour en faire une pataugeoire

immense dans laquelle chacun glisse et se bouscule. Il y a la place pour chaque opinion. Il y a la place pour chacun de penser comme il veut, et c’est ça qui fait de nous des êtres humains. Nous sommes humains. Nous sommes conscients. Nous sommes libres. Nous sommes ensemble, mais différents. Et c’est ça, le symbole de la marche citoyenne. « Mais je ne suis pas Charlie, moi, je n’irai pas à la marche. Les personnes qui y vont ne pensent pas de la même façon que moi.  Tout d’un coup, c’est un effet de masse, tout le monde est Charlie, on scande ça comme si ça résolvait tous nos problèmes, comme si, amen, la liberté d’expression est là, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. » Non, ce n’est pas de l’hypocrisie de dire que l’on est Charlie, même si on ne connaissait pas le journal avant les tragiques évènements du mercredi. Ce n’est pas une hypocrisie, c’est une prise de conscience. Ce qui est déplorable, ce n’est pas le fait que les Français, et tous ceux qui partagent leurs valeurs se rassemblent pour montrer leur soutien, leur tristesse et leur colère. Ce qui est déplorable, c’est qu’il ait fallu attendre mercredi, plusieurs morts et blessés, beaucoup de tristesse, pour se rendre compte que non, malheureusement, tout le monde ne partage pas ces valeurs. Que non, malheureusement, même en France, la liberté de la presse n’est pas là. La liberté d’expression non plus. Il a fallu des victimes pour obtenir cette prise de conscience. Mais mieux vaut tard que jamais. Et maintenant qu’on le sait, les

Charlies du monde veulent faire savoir qu’ils défendront leurs valeurs. Pas d’hypocrisie, donc, au contraire. Alors voilà, maintenant il faut trouver les mots pour faire comprendre aux enfants, aux petits-enfants et puis aux adultes, aussi, pour montrer que la France n’était pas un pays libre de s’exprimer. Il faut trouver les mots pour qu’on se le dise : désormais, on le sait, on le voit, on l’a vécu, on va défendre ce droit. C’est un travail pour chacun de réflexion et de compréhension. Et non pas de revanche. C’est un travail pour comprendre comment on a pu en arriver là. Les terroristes étaient des citoyens français qui avaient grandi en France. Comment en sont-ils arrivé à bafouer les valeurs de leur pays d’une telle façon   ? Comment pouvons-nous éviter cela ? En débattant, en s’écoutant.

Voilà, je reprends mon thé, maintenant, je suis soulagée, il fallait que je crache tout ça. Et j’ai peur. Non pas peur que certaines personnes me traitent de tous les noms pour les opinions que j’ai. Peur que ma chronique puisse ne pas être publiée. Pourquoi   ? Je serais peut-être trop virulente…

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

LIBERTÉ D’EXPRESSION OU RACISME ? Comment différencier l’humour du crime ?Texte de JEAN COTTE

POLI

TIQ

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Depuis l'attentat du 7 janvier contre le journal satirique Charlie Hebdo, les gens se posent de plus en plus de questions au sujet des conséquences qui peuvent être engendrées par, non seulement nos actes, mais aussi nos paroles, dessins ou écrits.

Avant toute chose, nous devons savoir quelles sont les lois françaises concernant la liberté d'expression, ou plutôt ses limites. Nous n'avons pas le droit selon la loi sur l'apologie du crime de donner mérite à des tueurs.

Je m'explique. Le lundi 12 janvier dernier, un homme a été jugé et puni pour avoir publié sur des réseaux sociaux des paroles telles que: "Bravo aux frères Kouachi, le personnel de Charlie Hebdo méritait la mort." De même, environ 3000 personnes ont été identifiées et seront jugées pour avoir publié sur des réseaux sociaux des propos tels que celui ci-dessus, violant ainsi les lois se référant à "l'apologie du crime et du terrorisme". Parmi elles, Dieudonné, humoriste antisémite français qui a proclamé, à la marche silencieuse du dimanche 11 janvier dernier à Paris, "Je suis Charlie Coulibaly".

Certains se plaignent à tort, après les manifestations pour la liberté d’expression, que la loi n’est pas juste, et qu’elle a condamné Dieudonné pour des propos antisémites mais n’a pas condamné Charlie Hebdo pour des propos dits "islamophobes". Il faut savoir que Charlie Hebdo a été poursuivi à de multiples reprises pour "injures envers le prophète Mahomet", mais que la justice a souvent donné raison au journal. Pourquoi? Tout simplement parce que la liberté d’expression autorise à se moquer d’une religion et qu’aucune loi n’avait été violée. Dieudonné, lui, est coupable d’apologie du crime en approuvant les crimes commis contre la communauté européenne juive durant la Seconde Guerre mondiale. Il a pour cela été interdit de spectacle dans plusieurs villes françaises.

Les lois nous empêchent aussi de crier sur les toits par exemple : "Mort aux Québécois !" Rien ne peut nous empêcher, malheureusement, de le penser ou de le dire dans le cadre du privé.

Pour conclure, la liberté d’expression est vaste, mais elle possède ses limites, qu’il ne faut pas transgresser, sauf si l’on aime les procès !

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉENPO

LITI

QUE

Les attentats ayant visé Charlie Hebdo au début du mois signent, avec la mort de ses journalistes, la fin d'un pan de l'Histoire : celui de la liberté d'expression par la satire dans sa démonstration la plus éloquente. Les réactions ont été partout les mêmes   : une prise de conscience du danger, des problèmes de notre société et de l'importance de ses valeurs, prise de conscience traduite par un sentiment d'unité national face au terrorisme, une prise conscience partagée mondialement, et qui a atteint son paroxysme avec le million de personne défilant dans les rues parisiennes. Dès lors, le désormais fameux slogan «   Je suis Charlie   », signe de soutien face à l'horreur des événements, mais aussi preuve de l'attachement des Français à cette valeur qu'est la liberté d'expression, était sur toutes les lèvres.

Rapidement s'est posée la question de savoir si Charlie Hebdo représentait effectivement la liberté d'expression dans ce qu'elle peut avoir d'utile et de sensé. En effet, l'humour cru, provocateur, parfois même qualifié de puéril du journal était très controversé même avant les faits et continue à l'être, certains allant jusqu’à dire que ses rédacteurs ont mérité leur sort. Ce journal satirique faisait une lecture et une critique dure et crue de l'actualité, aussi bien politique que sociale ou religieuse, et ce sans distinction des religions, des couleurs de peau, des partis politiques   : tout sujet semblait prétexte au rire. Les journalistes ne se refusaient aucun sujet, ne s'imposaient aucune limite, allant jusqu'à caricaturer plusieurs fois le prophète Mahomet, ce qui leur a valu de nombreuses poursuites en justice, des manifestations et même un premier attentat en

2011 dans lequel la moitié de leurs locaux sont partis en fumée. Les attentats du 7 janvier font office de sinistre conclusion à cette série de protestations visant à faire taire Charlie Hebdo. Malgré le fait que ce journal ait été jugé tout à fait légal, n'incitant pas à la violence et n'étant pas raciste (puisque se moquant de la même manière des juifs, des chrétiens, des athées, des musulmans et de toutes les religions et idéologies existantes), les réactions que celui-ci entraînait, et leur conclusion, incitent à réfléchir sur la liberté d'expression et son utilité aujourd'hui dans notre société. À savoir : faut-il cultiver une culture de l’expression débridée à la Charlie Hebdo ou bien faut-il la restreindre encore plus qu'elle ne l'est déjà? La loi française régit déjà, au moins partiellement, la liberté d'expression   : condamnant le racisme ou bien l'incitation à la haine, toutes les limites ayant prouvé au cours de l'Histoire le danger qu'elles représentent. Elle ne pose cependant aucune limite relativement à ce qui est des insultes, des propos éventuellement vexants ou blessants. En clair, elle ne pose aucune distinction entre « Bien » ou « Mal » en dehors du racisme dans l'expression dans le domaine public. Il incombe donc aux individus de décider ce qui en est de cette limite, limite qu'ils peuvent défendre par la justice en portant plainte par exemple. La société française est une société plurielle, à l'Histoire riche, au sein de laquelle se côtoient des gens d'horizons variés ayant des opinions parfois opposées et diverses croyances. Ces opinions, rarement partagées, entraînent de nombreuses critiques : certains partis politiques sont ouvertement décriés, les représentants des différentes religions ne se gênent pas pour exprimer leur

point de vue (parfois rétrogrades, comme dans le cas de l'avortement où ceux-ci traitent les femmes ayant avorté d'assassines) dans une société ayant exprimé depuis longtemps sa volonté de détachement des diverses croyances. En bref, n’importe qui peut se sentir, à un moment où à un autre visé, touché et blessé par les paroles d'un quelconque individu. Ceci est majoritairement accepté, mais semble être refusé par une partie de la communauté religieuse qui ne semble pas prête à débattre des aspects controversés de ses croyances. Celle-ci voudrait une liberté d'expression, mais qui s'arrêterait aux limites de ce qu'elle considère comme acceptable. Comme nous venons de le dire, dans une société où des croyances en tout genre sont représentées on ne peut parler, donner son avis sans aller contre celui d'un autre. Il ne nous resterait alors plus qu'un choix, se taire. Et alors tout le monde se complairait dans ses croyances et idées politiques avec ce qu'elles ont de faux et dangereux sans possibilité de remise en question. La liberté d'expression est ainsi un outil permettant une remise en question de la société, sous tous ses aspects, que ce soit agréable ou pas. Ce droit aura lieu d'être tant que la société ne sera pas entièrement unie autour de valeurs et idéologies communes. Il incombe cependant à ceux qui s'expriment sur des sujets sensibles d'être responsables de leur parole, d'être conscients de son ampleur; c'est un devoir. L'individu n'étant pas prêt à se remettre en question aura toujours, quant à lui, la possibilité, le droit de lire, entendre et côtoyer qui lui semble bon, tout en ayant le devoir de laisser s'exprimer celui qui le désire.

LIBERTÉ, EXPRESSION ET SOCIÉTÉTexte de ORSO GIRARD THIBODEAU

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉENPO

LITI

QUE

En tant que musulmane, suis-je profondément offensée par les caricatures de Charlie Hebdo? Bien sûr que je le suis. Si vous demandez à tous les musulmans du monde, ils vous répondront la même chose, c’est un manque de respect, c’est notre prophète que l’on a représenté, ce qui en lui-même est interdit par la religion, mais en plus, dans une image incroyablement froissante, c’est le comble de l’irrespect de la religion d’un individu. Est-ce que je pense que les caricaturistes de Charlie Hebdo ont mérité leur geste? Non, définitivement non. Est-ce que je condamne l’attentat de Charlie Hebdo? Comme tout être humain qui trouve le meurtre immoral, je le condamne sans hésitation.

Déjà, avant de parler du droit à la liberté d’expression, je vais parler d’un droit vital; le droit à la vie que chacun a. Je le dis et je le répète, l’Islam est une religion de paix. Le mot Islam même vient du mot paix, et surtout, l’Islam interdit de tuer un autre homme. C’est écrit dans le Coran, "celui qui tue un homme, tue toute l'humanité" (Sourate Al-Maidah, verset 32). Quelle religion inciterait à des actes aussi cruels? Aucune religion n’accepte le meurtre. Ni la juive, ni la chrétienne, la Torah et la Bible sont claires : «Tu ne tueras point», - Exode 20 :13. Au-delà de la religion, le problème est humain. Les assassins ne tuent qu’en leurs noms, ils ne sont que haine et ignorance. Les actes barbares commis par ces hommes sont simplement injustifiables, même par la religion. L’Islam interdit le terrorisme, alors s’il vous plait, faîtes bien la différence. Musulman et terroriste ne sont pas la même chose. Musulman et extrémiste ne sont pas la même chose. Plus encore, le terrorisme n’est pas

spécifiquement rattaché à l’Islam, comme il est souvent pensé. Il existe des terroristes catholiques, tout comme des terroristes juifs ou des terroristes athées. En effet, selon la définition la plus utilisée, le terrorisme est une méthode d'action violente, répétée, inspirant l'anxiété et employée par des acteurs clandestins individuels, en groupes ou étatiques, pour des raisons idiosyncrasiques, criminelles ou politiques. Par opposition à l'assassinat, les cibles directes de la violence ne sont pas les cibles principales. Nous ne sommes pas plus liés à ces extrémistes que les chrétiens ne le sont à Anders Breivik, qui se présentait, lui, comme un « Croisé de la chrétienté », tuant 77 personnes dans un attentat à Oslo en 2011, au nom du Christianisme. Est-ce qu’on a étiqueté le reste des chrétiens pour une action commise par un seul homme? Non. Est-ce qu’on généralise l’action d’extrémistes se rattachant à l’Islam au reste des musulmans? C’est très souvent le cas. Des extrémistes, il y en a dans toutes les religions, mais il faut savoir faire la différence et voir au-delà de ce que les médias généralisent trop vite. Aujourd’hui, les musulmans se retrouvent stigmatisés pour 0,0018% de ce qui les représente. Voilà le réel pourcentage des extrémistes se rattachant à l’Islam dans le monde aujourd’hui. Le fait que des hommes aient commis des actes barbares, se soient permis d’enlever la vie au nom de ma religion, et qu’ils en ternissent autant l’image m’accable au plus haut point. S’ils avaient lu le Coran tel qu’il est écrit, en prenant bien en considération le contexte des versets qu’ils posent, ils auraient vu qu’Allah (swt) nous commande ce qui suit : «Ne discutez avec les gens du Livre (Juifs et chrétiens) que de la

manière la plus courtoise » [Sourate AL-'ANKABÛT, verset 46]. Cet acte ne sera pas en mon nom, pas au nom des autres 99,9982% musulmans qui ne s’identifieront jamais à des actes aussi cruels.

Le second droit auquel on a porté atteinte lors des attentats de Charlie Hebdo est celui du droit à la liberté d’expression, qui est extrêmement important. Si cette liberté d’expression n’existait pas, n’importe qui pourrait être emprisonné pour ce qu’il dit ou ce qu’il écrit. Ahmed Merabet, le policier musulman de 42 ans qui a été tué le 7 Janvier, est mort pour avoir défendu le droit à la liberté d’expression de Charlie Hebdo, qui a publié des caricatures avec lesquelles il n’était pas d’accord. Sa position est la mienne aujourd’hui. Je trouve ces caricatures extrêmement offensantes, mais je respecte qu’en France, chacun ait le droit à sa liberté d’expression, qui est primordiale, qui ne peut pas être enlevée. Personnellement, je pense que ma liberté s’arrête lorsque commence celle de l’autre, et c’est là où Charlie et moi différons. Je n’aurais jamais fait d’humour de la sorte sur n’importe quelle religion, par respect, sur n’importe quelle race, par respect, tout juste comme je n’insulterai pas quelque chose que je sais être extrêmement important pour quelqu’un. Il faut comprendre que pour le musulman, sans Mohammed (psl), il n’y aurait pas d’Islam, et pour cela, nous lui seront toujours redevables. Pour le musulman, le prophète (psl) est plus important que son père ou sa mère. Irai-je jusqu’à insulter les parents de quelqu’un?

MA RELIGION L’ISLAM Et je condamne l’attentat de Charlie HebdoTexte de CHAMA LAASSASSY

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

MA RELIGION L’ISLAM Et je condamne l’attentat de Charlie Hebdo [suite]Texte de CHAMA LAASSASSY

POLI

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Même si c’est mon pire ennemi, on ne descend pas aussi bas. C’est irrespectueux, même si c’est de l’humour! Chacun sa sensibilité à l’humour, chacun ses limites, chacun sa décence. Cependant, même si ça ne plait à personne, il en reste que le droit à l’expression permet d’exprimer quoique ce soit. Charlie Hebdo voulait exprimer une idée par la caricature, il l’a fait, et je ne condamnerai pas ce droit à l’expression. Ce n’est toujours pas, et ça ne sera jamais une raison de prendre les armes, ou d’utiliser la violence, ou de tenter d’arrêter leur publication. Ça me fait penser à un autre évènement relatif à la liberté d’expression. Tout comme Charlie Hebdo ont publié leurs caricatures, je pense que Dieudonné aurait dû faire sa tournée. Il fait de l’humour avec des propos antisémites, tout comme les caricatures peuvent s’en prendre à une religion. Je respecte toutes les religions, et je n’aurais pas visionné son spectacle, parce qu’il manque de respect à une religion et je ne me permettrais pas de rire de cela, toujours par respect. Pas lui. Pas Charlie Hebdo. Cependant, si la liberté d’expression permet de l’humour sur l’Islam, elle devrait permettre de l’humour sur le Judaïsme. Et s’il y a une loi sur les propos antisémites ou racistes, il devrait y en avoir une sur les propos antimusulmans ou antichrétiens. Dieudonné avait le droit à sa liberté d’expression, et on la lui a enlevée, aussi insultant que cela puisse être.

Je ne sais pas tout sur l’Islam, encore moins sur le Christianisme ou le Judaïsme, ni même le Bouddhisme ou l’Hindouisme, mais j’aurais aimé pouvoir les étudier à l’école. J’aurais aimé qu’on

ait tous eu accès à une éducation qui puisse s’assurer que tout le monde connaissent les propos du Coran, de la Bible et de la Torah, pour que personne ne se fasse de fausses idées sur les religions en n’en sachant si peu, et que pour personne ne puisse virer sur les extrêmes de chaque religion parce qu’elle a été mal interprétée. J’aurais aimé voir un monde sans islamophobes, xénophobes, racistes de toutes sortes   ; un monde basé sur la vérité et la tolérance, où un acte aussi atroce ne serait même pas passé par la tête de ceux qui l’ont commis.

J’adresse mes plus profondes condoléances aux familles des victimes, et je veux leur dire que d’autres musulmans comme moi compatissent avec eux, condamnent la violence et tous les actes terroristes avec eux, et prient pour un monde en paix où toutes les religions pourront coexister sans violence.

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

NON À LA PEURTexte de FIONA LESCUREÉcrit le 07/01/2015

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Mercredi 7 janvier 2015 a eu lieu un attentat contre le siège de Charlie Hebdo.Mercredi 7 janvier a eu lieu un attentat contre la liberté d’expression, la liberté d’opinion, la liberté de presse… Des libertés fondamentales défendues d’abord par les Lumières,  puis par tant de grands hommes désireux d’une société libre, et par des milliards de citoyens envieux de pouvoir parler, dénigrer, et rire de tout et n’importe quoi. Droit qu’ils possèdent depuis la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Le mercredi 7 janvier, Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, dessinateurs et journalistes du journal Charlie Hebdo, ont récolté le fruit amer de l’exercice de ces libertés: la mort.“Ne criez pas au loup si vous n’êtes pas prêts à vous faire bouffer”, diront certains, “on récolte ce que l’on sème”, diront d’autres. À ces personnes-là, je réponds que par leurs caricatures parfois dérisoires, très souvent provocatrices, les écrivains et dessinateurs de Charlie Hebdo cherchaient à critiquer, à remettre en question, à contrebalancer l’opinion publique, et non à se faire assassiner. Ils ont moqué Jésus, le Pape, Moïse et même le Dalaï Lama, et si la peur les en avait empêchés pour Mahomet, alors ils auraient aussi bien pu prendre leur retraite. Je ne dis pas soutenir systématiquement ce qu'écrivent les journalistes de Charlie Hebdo, mais plutôt leur droit de l’écrire, et ce avec ferveur.Je mentirais en affirmant ne pas avoir ressenti des symptômes de terreur en réalisant la proximité des bureaux de Charlie Hebdo avec mon ancienne école, peuplée d’amis chers à mes yeux. Symptômes qui ont frappé la population

parisienne, française et mondiale ce jour-là. C’est d’ailleurs probablement ce que recherchent les âmes froides cachées derrière ces kalachnikovs. Et bien désormais, je renonce à cette peur! Cela peut sembler risible, venant d’une étudiante de première qui ne risque pas grand-chose, mais si c’est tout ce que je peux faire, je le fais, et je vous invite à en   faire de même. C’est d’autant plus facile maintenant que je réalise que ces terroristes sont démesurément faibles, bien qu’ils soient prêts à donner leur vie pour semer la terreur. Tout simplement car la vraie force aurait été de combattre les mots par les mots, les images par des images. Force qui leur a manqué, leur ôtant ainsi toute forme de crédibilité. J’ai toujours pensé que les mots étaient des armes, et j’espère qu’écrivains, journalistes, politiciens et autres citoyens du monde entier, tous continueront à élever leurs voix face à cette haine qui pollue la scène internationale.

Commençons ici, dans notre journal étudiant. Venez me fusiller si ça vous chante!     

Post-scriptum: Il va sans dire qu’étiqueter les musulmans comme responsables de cet acte haineux  serait tout à fait insensé. On peut très bien imaginer ce que peut entraîner un fou qui crie "le prophète a été vengé” si l’on ne fait pas attention. Si cet attentat horrible se traduisait par la montée de l’islamophobie et du racisme, alors la haine aurait répondu à la haine, et la peur aurait gagné. Cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant...

     (Parce que l’Islam n’est pas la seule cible)

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

LA TERRASSE DU PETIT CAFÉ Texte de KIMBERLEY ROUSSELOT-PAILLEY

VIE

ÉTUD

IAN

TE

À la terrasse du petit café, elle voit passer les gens pressés et promenés. Elle reste sur sa terrasse.

Elle reste assise et voit.

Oui, elle voit.

Elle voit l’homme d’affaire et son attaché-case, rempli à ras bord de documents noircis par l’encre, serré dans son costume gris anthracite et étouffé par le noeud de sa cravate noire. Toujours au téléphone, parlant vite, marchant vite, vivant sans voir. Homme malheureux, le sachant ou pas.

Elle voit la jeune mère et sa suite, piaillant, criant, hurlant, pleurant, et elle aussi, presque, au comble de la fatigue, marchant le plus rapidement possible pour porter sa progéniture aux quatre coins de la ville. Exaspérée par les cris, fatiguée et lassée, elle se presse, n’ayant que son but en vue.

Elle voit les jeunes gens bruyants, s’en allant par groupes, riants, s’apostrophant de différentes manières.

Elle voit la vielle dame revenant du marché, toute courbée, entraînée par le poids de ses lourds sacs de commissions.

Elle voit la jeune fille aux cheveux d’or.

Elle voit le père et le fils passants l’après-midi ensemble.

Elle voit le couple retraité, savourant doucement leur amour dans un moment simple de complicité.

Ces gens grouillant, passant devant le petit café et sa terrasse; elle les voit toutes, vivant chacun à leur rythme, au rythme de leurs pas, au rythme de la vie.Elle voit passer la vie, elle qui, depuis ce qui lui semblait être des siècles, ne devait prêter attention qu’aux morts.

Car ils sont son travail.

Son rythme de vie.

Le rythme de la Mort.

Elle, Faucheuse, à la terrasse du petit café, voit passer chaque jour depuis des années les âmes qu’elle se doit de rendre à celui qui les a créées.

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉENVI

E ÉT

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Ce jeudi 15 janvier 2015 a eu lieu le Cabaret Littéraire dont le thème était «L'Amour». Un nom commun, en cinq lettres, dont le sens nous paraît simple. C'est dans un cadre intimiste que s'est déroulée la soirée. Élèves comme professeurs, à travers des extraits de pièces de théâtre, des poèmes, des chansons et des créations personnelles, nous ont dépeint l'amour sous ses différentes facettes. Parfois passionné, éperdu, drôle. Parfois cynique et infidèle. Des textes, qui ont suscité l’émotion et le rire, qui et nous ont amenés à penser différemment. Participer à cet événement fut très enrichissant. J'ai pu y étoffer ma culture littéraire et me rendre compte que l’Amour n’est pas uniquement un sentiment liant les humains entre eux, basé sur la notion de couple. Il est aussi familial et amical. Il est universel. Si un prochain Cabaret Littéraire était programmé, est-ce que j’y participerais ? Oui, et ce sans aucune hésitation !

LE CABARET LITTÉRAIRE DE STANISLAS

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

À VOS CRAYONS !

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

HORIZONTALEMENT

1. Action de saluer.

2. Être en action - Loué (qqn) - Fer.

3. Couvre-livre - Sport.

4. Our - Divinité de l'Amour - Gros nuage.

5. Détériorer - Elle fut changée en génisse - Adj. numéral.

6. Plate-forme flottante - Forçat.

7. Infinitif - Grands-pères, grands-mères.

8. Action de se prostituer en racolant (plur.) - Poisson comestible.

9. European Space Agency - Action de dorer.

10. Conducteur de char (antiq.) - Article.

11. Pourvoyions de semences.

12. Période d'études pratiques - Couleur obtenue par mélange.

VERTICALEMENT

1. Caractère de ce qui est salubre - En matière de.

2. Entrer en action - Mettant de niveau.

3. Plante à fleurs blanches - Coutumes - Fit une pause.

4. Déchet de l'organisme (plur.) - Paresseux - Étendue désertique formée de cailloux.

5. Aurochs - Minime.

6. Ingérés - Germanium.

7. Petites chevilles - Symbole chimique de l'or - Organe dur de la bouche des vertébrés.

8. Indium - Habitation faite de blocs de neige - Pronom dém.

9. Plante potagère du genre ail (plur.) - Deux.

10. Conjonction - Pièce d'une maison destinée à recevoir les visiteurs.

11. Arrive avant le fruit - Tout ce qui agit.

12. Personne contre laquelle est intentée une action en justice (fém.).

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

The Black Keys, Tighten Up

The Doors, People Are Strange

Jefferson Starship, Jane

Joan Jett, Touch

Eric Clapton, Have You Ever Loved A Woman

Led Zeppelin, When The Levee Breaks

Michael Jackson, Dirty Diana

Nirvana, Come As You Are

Santana, America

The Pixies, Where Is My Mind

The Rolling Stones, Wild Horses

Davin McCoy, Whiskey Sexy

Oasis, Wonderwall

The Goo Goo Dolls, Iris

Alabama Shakes, Be Mine

Tracy Chapman, Fast Car

Nina Simone, Feeling good

Marvin Gaye, Sunny

GOLDS playlist par Gabriela Mogab

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

JANVIER 2015 // NUMÉRO 3 LE PETIT LYCÉEN

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