ja 2640 41 du 14 au 27 août 2011 dossier santé

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ÉDITION INTERNATIONALE HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51 e année • N° 2640-2641 • du 14 au 27 août 2011 France 6 • Algérie 320 DA • Allemagne 8 • Autriche 8 • Belgique 6 • Canada 11,90 $ CAN • Danemark 60 DKK • DOM 6 Espagne 7,20 • Éthiopie 95 Birr • Finlande 8 • Grèce 8 • Italie 7,20 • Maroc 40 DH • Mauritanie 2000 MRO • Norvège 70 NK • Pays-Bas 7,20 Portugal cont. 7,20 • RD Congo 11 $ US • Royaume-Uni 6 £ • Suisse 11,80 FS • Tunisie 6 DT • USA 13 $ US • Zone CFA 3200 F CFA • ISSN 1950-1285 La nouvelle vie des ALGÉRIE ,MAROC,TUNISIE ,SÉNÉGAL, CÔTE D’IVOIRE ,CAMEROUN,GABON, RD CONGOAvec le vent de la contestation, pour vivre heureux, Avec le vent de la contestation, pour vivre heureux, ils vivent de plus en plus cachés ils vivent de plus en plus cachés L’exil doré des Libyens L’exil doré des Libyens de Djerba de Djerba Paris, la guerre des palaces Paris, la guerre des palaces MONDE ARABE LES RÉVOLUTIONS EN 8 LEÇONS EÇONS NUMÉRO DOUBLE EN VENTE DEUX SEMAINES CÔTE D’IVOIRE ÉCONOMIE : GÉNÉRATION OUATTARA Spécial 20 pages SYRIE BACHAR, SEUL CONTRE TOUS ? ENQUÊTE FEMMES ET POLITIQUE Poussée de croissance e CONGO LE PLUS de Jeune Afrique

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ÉDITION INTERNATIONALE

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51e année • N° 2640-2641 • du 14 au 27 août 2011 jeuneafrique.com

France 6 € • Algérie 320 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 6 € • Canada 11,90 $ CAN • Danemark 60 DKK • DOM 6 €

Espagne 7,20 € • Éthiopie 95 Birr • Finlande 8 € • Grèce 8 € • Italie 7,20 € • Maroc 40 DH • Mauritanie 2000 MRO • Norvège 70 NK • Pays-Bas 7,20 €Portugal cont. 7,20 € • RD Congo 11 $ US • Royaume-Uni 6 £ • Suisse 11,80 FS • Tunisie 6 DT • USA 13 $ US • Zone CFA 3200 F CFA • ISSN 1950-1285

La nouvelle viedes

ALGÉRIE, MAROC, TUNISIE, SÉNÉGAL,CÔTE D’IVOIRE, CAMEROUN, GABON, RD CONGO…• Avec le vent de la contestation, pour vivre heureux,Avec le vent de la contestation, pour vivre heureux,ils vivent de plus en plus cachésils vivent de plus en plus cachés • L’exil doré des LibyensL’exil doré des Libyensde Djerbade Djerba • Paris, la guerre des palacesParis, la guerre des palaces

MONDE ARABE LES RÉVOLUTIONS EN 8 LEÇONSEÇONSNUMÉRO DOUBLE

EN VENTE DEUX SEMAINES

CÔTE D’IVOIREÉCONOMIE :GÉNÉRATION OUATTARA

Spécial 20 pages

SYRIEBACHAR, SEULCONTRE TOUS ?

ENQUÊTEFEMMESET POLITIQUE

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Poussée decroissance

deCONGO

LE PLUSde Jeune Afrique

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Dossier SantéINTERVIEW

Kiyoshi Adachi Chef de l’unitéde la propriété intellectuelle à la Cnuced

FORMATION

Docteurès finances

médicamentsdéjàproduits localement, l’industriealgérienne a été considérablement favorisée.

DerrièreBiopharm,Saïdal s’est imposécommele premier producteur algérien de génériques etde médicaments sous licence, dans le cadre decoentreprises avec de grands groupes mondiaux– Pfizer, Sanofi et Dar Eddawa. Avec 4200 salariéset un chiffre d’affaires de 115 millions d’euros en2010, legroupe, cotéà laBoursed’Algeretdétenuà80%par l’État, possède20%departdemarchéenvolume.Pour sonpatron,BoumedièneDerkaoui,le pays a le potentiel pour accueillir de nouveauxinvestisseurs,nationauxouétrangers: «Lemarchéalgérien ne produit que 35 % de ses besoins, etl’objectif du pays est d’atteindre 70%. »

INCURSION TUNISIENNE. Saïdal multiplie doncles investissements, à travers un plan 2010-2014de 160millions d’euros. « Les appels d’offres pourdeux nouvelles usines, à Alger et Constantine,devraient être lancés à la fin de l’année », précisele PDG. En outre, le groupe possède 44 %, auxcôtés d’un fonds d’investissement saoudien, ducapitaldeTassiliArabPharmaceuticalCompany,

dont l’usine, située dans la zone industrielle deRouïba, « démarrera dans douze mois », selon ledirigeant. Objectif : détenir 25 % du marché enchiffre d’affaires et 40% en volumed’ici à 2014. Etsi legroupearemportédesappelsd’offresauNiger,en Guinée et enMauritanie, « pour l’heure, nousnous concentrons sur le marché local », assureBoumedièneDerkaoui.

Dans le sillagedeSaïdal,Laboratoirepharma-

ceutique algérien et Pharmaghreb sont autantde challengeurs. Le second a d’ailleurs signé unpartenariat avec le numéro un tunisien Adwya

(28 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010et 8 % dumarché national). L’accord commercialdedix ansprévoit laproductionet lemarketingdeleurs produits génériques respectifs.

Car contrairement à leurs voisins algériens, lesopérateurs tunisiens ambitionnent de s’étendrehors de leurs frontières, trop étroites pour la ving-tained’entreprisesqui separtagentunmarchéde500millionsd’euros.«Noussatisfaisonsaujourd’hui

Avecunmarchéd’environ3mil-liardsd’eurosen2010etestiméà3,5milliardsà l’horizon2015, leMaghrebs’imposecommel’unedes zones lesplusdynamiquesdu continent. L’Algérie arrive

même à la troisième place, derrière l’Afrique duSud et l’Égypte, avec plus de 1,7 milliard d’eurosen2010. Pas étonnantque laplupart desmultina-tionalesdusecteur soientdéjà implantéesdans larégion: Sanofi-Aventis (Maroc, Tunisie, Algérie),GlaxoSmithKline(Maroc,Algérie),Actavis(Algérie),Pierre Fabre (Tunisie, Algérie), Pfizer (Tunisie,Maroc, Algérie)…La liste est longue et comprendaussi des groupes saoudien (El Kendi), cubain(Heber Biotic) et jordanien (Hikma).

Mais l’industrie«maghrébo-maghrébine»aaussisu se faireuneplace, et devéritables fleurons sontnés.LeaderenAlgérieentermesdechiffred’affaires,Biopharm était d’abord un distributeur, avant dese lancer dans la production en 2005 pour suivrel’évolutiondumarchétoutenrépondantàunepoli-tiquenationale: avec l’interdictiond’importerdes

MICHAEL PAURON

À Casablanca, Alger et Tunis, de véritables fleurons del’industrie pharmaceutique ont émergé en une dizained’années. Certains, pour qui le marché national devient tropétroit, regardent déjà au-delà de leurs frontières.

AmbitionsAmbitionsen laboratoireen laboratoire

MAGHREB

TOP 10 RÉGIONAL DES PRODUCTEURS DE MÉDICAMENTS

RANG EN AFRIQUE SOCIÉTÉCHIFFRE D’AFFAIRES 2009

(en millions d’euros)

9 BIOPHARM 233

13 LAPROPHAN 157

14 SAÏDAL 134

17 SANOFI-AVENTISMAROC 128

18 MAPHAR 127

23 SOTHEMA 92

28 PROMOPHARM 45

30 ADWYA 38

32 WINTHROP PHARMA 33

34 SIPHAT 32

SOURCE:J.A.,CLA

SSEMENTDES500PREMIÈRESENTREPRISES

No 2640-2641 • DU 14 AU 27 AOÛT 2011 JEUNE AFRIQUE

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CHIRURGIEOpération esthétiqueà Dakar

TUNISIEAmen, du col blancà la blouse blanche

ÉQUIPEMENTLa maintenancesouffre de carences

car, pour Mohamed Qrayim, l’État n’incite pasassez l’industrie locale. « Nous sommes passésd’un tauxdesatisfactionde lademande intérieurede 80 % en 2006 à 70 % aujourd’hui », relève-t-il,pointant du doigt les importations massives desmultinationales et la forte concurrence des géné-riques asiatiques.

Quelavenirpour les industriesdeces troispays?«Certainesentendents’implanterviades filialesenAfriquesubsaharienne.D’autresvontprivilégierdespartenariats transnationauxavec les industriesdespays développés », relève Kiyoshi Adachi, chef del’unitéde lapropriété intellectuelleà laConférencedesNations unies sur le commerce et le dévelop-pement (Cnuced, lire interviewpp. 131-132). Unechoseest sûre: l’intérêt des géants internationauxpour les opérateurs d’Afrique du Nord renforceun peu plus leur capacité à devenir, un jour, deschampionsmondiaux. ●

entre 50 % et 55 % des besoins du pays, et on nepourraguère fairemieux», estime ledocteurNabilSaïd, PDG d’Industrie pharmaceutique Saïd.Pour ledirecteurgénérald’Adwya,AtefZehani, « lesalut passepar l’exportation ». Il ambitionneainside réaliser 5%de son chiffre d’affaires à l’étrangerd’ici à trois ans : « Aujourd’hui, nous exportonspeu,principalementvers laLibyeet l’Algérie,maisl’Afrique subsaharienne nous intéresse. » Sur leterritoire national, trop atomisé, il prévoit « desfusions et des acquisitions, àmoyen terme ».

LUCRATIFSGÉNÉRIQUES.Pourconquérirdenou-veauxterritoires, lemarocainSothemaaquantà luioptépourune filialeàDakar:WestAfricPharmaadémarréenavril. Legroupepartdumêmeconstatqueseshomologuestunisiens.«Avec35entreprises,leMarocestdevenutrèsconcurrentiel,etdeplusenplusdemultinationalesviennentnousconcurrencersur le générique », explique Mohamed Qrayim,porte-paroledunumérounmarocain (80millionsd’euros de chiffre d’affaires en 2010).

Laproductiondegénériquesest l’activité lapluslucrative, laplusprometteuse (seulement27%dumarché chérifien), et la plus ouverte à l’export,contrairement aux médicaments sous licence. Etl’introduction prochaine de tests obligatoires debioéquivalencedans laréglementationmarocaine,afin d’atteindre l’objectif fixé par les autorités de60 % de génériques d’ici à 2015, « devrait profiteraux fabricants locaux », selon le cabinet d’analysefinancièreBMCECapital.Unedécisionbienvenue

! LE GROUPE SAÏDAL

s’est imposé commele premier fabricant

algérien degénériques

et de médicamentssous licence.

OUSSAMAAYOUB/TOROMORO/M

AXPPP

SOURCE : JEUNE AFRIQUE, CLASSEMENT DES 500 PREMIÈRES ENTREPRISES AFRICAINES

AU CAIRE, LE PRINTEMPS ARABE n’aura pas apaisé les appétits

des multinationales de l’industrie pharmaceutique. Ainsi, le géant

américain GlaxoSmithKline (GSK) n’a pas remis en cause ses

60 millions d’euros d’investissements prévus sur les cinq

prochaines années. Le groupe construira deux usines de

production, augmentant un peu plus son hégémonie : à ce jour,

il demeure le plus gros fabricant du pays, avec 23,1 % du marché

égyptien. Celui-ci est estimé à 3,5 milliards d’euros à l’horizon

2014, selon le cabinet Business Monitor International. ● M.P.

LA RÉVOLUTION ÉGYPTIENNENE REFROIDIT PAS GSK

PORTRAITSDes patronsbien portants

JEUNE AFRIQUE No 2640-2641 • DU 14 AU 27 AOÛT 2011

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INITIATIVE POUR LA PROMOTION DE LARECHERCHE ET DES RESSOURCES HUMAINESEN SANTÉ EN AFRIQUE CENTRALE,IPREHSAC, 2011-2015

Promouvoir une amélioration qualitative etquantitative des ressources humaines et larecherche en santé en vue du développementsanitaire de l’Afrique centrale.

VISION 20151. Faire du CIESPAC un centre régional d’excellence pour la for-mation et la recherche ;2. Mettre en place un système de surveillance épidémiologiquedes maladies ;3. Renforcer les capacités des pays d’Afrique centrale à la mai-trise de la gestion des ressources humaines en santé.

CIESPACCentre Inter États d’Enseignement supérieur en SantéPublique d’Afrique Centrale

PROGRAMME DES FORMATIONS 2011 - 2012I- Atelier de formation sur « les statistiques à l’usage desmédecins et biologistes ».Période : 14 – 26 novembre 2011Public cible : Médecins et biologistesPartenaire : École de Santé Publique de Nancy

II- Initiation à la surveillance des vecteurs du paludisme etdes maladies re-émergentes (ISV-Palu).Période : 6 février – 2 mars 2012Public cible : Agents techniques de santé des programmes /projets et institutions de recherchePartenaire : OMS

III - Cours d’Epidémiologie d’intervention et d’Informati-que en Afrique Centrale (CEPIAC-2).Période : 7 mai – 9 juin 2012Public cible : Acteurs de la lutte contre le Paludisme etchercheursPartenaire : Agence de Médecine Préventive

IV - Atelier de formation des personnels de santé desfoyers aux techniques de diagnostic et de lutte contre laTrypanosomiase Humaine Africaine.Période : 18 – 27 juin 2012Public cible : Personnes impliquées dans la lutte contre la THAPartenaire : Union Africaine (PATTEC)

Vers une politiquesanitaire communeaux 6 États membres

Pôle Recherche au CIESPAC (en construction).PôlePôlePôle RecRecRecherchercherchehe ahe a CIu CIu CIESPAESPAESPAC (eC (eC (en con constrnstrnstructiuctiuction).on).on).

ORGANISATION DE COORDINATIONPOUR LA LUTTE CONTRE LES ENDÉMIES

EN AFRIQUE CENTRALE

Le site du CIESPAC à Brazzaville.

Un atelier de formation.

BP 15665 - Yaoundé, Cameroun - Tél. : (+237) 22 23 22 32 Fax : (+237) 22 23 00 61 - E-mail : [email protected] www.oceac.org

Vision 2015 du CIESPAC

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INTERVIEW CHEF DE L’UNITÉ DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE À LA CNUCED

«Certaines entreprises sont prêtesà devenir des acteursmondiaux »

JEUNE AFRIQUE : Quels sont les princi-

paux obstacles pour développer l’in-

dustrie africaine, en particulier dans

les pays subsahariens?

KIYOSHI ADACHI : L’industrie phar-maceutique en Afrique est principa-lement impliquée dans la formulationdemédicaments génériques et dans leconditionnement. Le principal obstacleà son développement est lemanque deressources humaines qualifiées dans lesdomaines pertinents de la production,tels que des chimistes, des pharma-ciens et des techniciens, qui ont del’expérience dans la formulation et lafabrication de médicaments.

Mais il y a d’autres freins : l’absenced’infrastructures debase (énergie fiable,

Kiyoshi Adachi

Au sein de la Conférence desNations unies sur le commerceet le développement (Cnuced), ilest le spécialiste del’industrie pharmaceutiqueafricaine. Investissementsétrangers, rôle des États… PourJ.A., il aborde aussi bien lestendances que les perspectivesd’un secteur en pleine mutation.

DR

eau potable, routes…) ; la nécessité demettre à niveau les autorités de régle-mentation des médicaments ; et lanécessité de donner un accès rapideet rentable aux principaux intrants,comme les ingrédients pharmaceuti-ques actifs – la plupart sont importésde Chine et d’Inde.

En matière d’investissements, quelle

est la tendance?

Il n’existe pas de données fiables etcomplètes pour mesurer précisémentsi l’investissement dans le secteur aconnu ou non une croissance.

Néanmoins, les divers événementsauxquels nous assistons suggèrent cer-taines tendances.

Tout d’abord, lesinvestissementstransfrontaliers dansde nombreux paysafr icains suiventmajoritairement unaxe sud-sud – sur-tout en provenancedeChine et d’Inde, qui sont aujourd’huiles principaux investisseurs –, par oppo-sition à un axe nord-sud.

Ensuite, le fait que certaines entre-prises africaines se plaignent de nepas parvenir à satisfaire la demandede leursmarchés à travers le continentsuggère que lemouvement d’expansion

est lancé : les producteurs africainssouhaitent prendre pied sur tout lecontinent.

En troisième lieu, un certain nombrede coentreprises créées sont le fait d’unfabricant étranger et d’un distributeurlocal,même sans expérience. Lesmulti-nationales considèrentdoncqu’il est

! « Lesproducteurs

africainssouhaitent

PRENDRE PIED SUR

TOUT LE

CONTINENT. »

PARACÉTAMOL, QUININE, IBUPROFÈNE… « Pour unmême produit, les tarifs peuvent aller du simple autriple! » relate Mohamed Qrayim, porte-parole deSothema, au Maroc. Les matières premières représentententre 10 % et 70 % des prix de fabrication, d’où l’impor-tance de trouver un fournisseur compétitif. Les grossisteseux-mêmes, comme Quimdis en France, Marchesini enBelgique, Groninger en Allemagne ou Bram en Italie, setournent quant à eux de plus en plus vers l’Asie.

Premiers producteurs au monde, la Chine et l’Inde sontdevenus l’objet d’acquisitions de la part de

multinationales qui veulent sécuriser leurs approvision-nements. D’autres laboratoires plus modestes cassentleurs coûts en passant par leurs partenaires, dont lescommandes en grandes quantités permettent deséconomies d’échelle. C’est le cas d’Industriepharmaceutique Saïd, enTunisie, qui se fournitexclusivement chez l’américain Bristol-Myers Squibb,pour qui il fabrique la marque Upsa. Rien que pourl’Algérie, laTunisie et le Maroc, le marché des matièrespremières pharmaceutiques est estimé à plus de700 millions d’euros. ● M.P.

À LA RECHERCHE DE MATIÈRES PREMIÈRES PAS CHÈRES

● ● ●

Dossier 131

JEUNE AFRIQUE No 2640-2641 • DU 14 AU 27 AOÛT 2011

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rentable de s’installer et de formerdes employés.

Pourquoi certaines entreprises asiati-

ques, qui produisent à bas coût chez

elles et exportent déjà leurs produits

sur le continent, viennent y ouvrir des

usines?

Comme les entreprises en Inde et enChine commencent à exporter une plusgrande proportion de leur productionvers les pays développés au détrimentde l’Afrique, investir directement dansla production locale des pays africainsleur semble le moyen le plus sûr deconserver la mainmise sur l’approvi-sionnement du continent, et d’en tirerles bénéfices.

Un certain nombre de changementsdans l’environnement mondial sontégalement à l’origine de ces flux. Par

exemple, le régime international de lapropriété intellectuelle,modifié en2005,a interdit à des pays tels que l’Inde deproduire légalement des génériques demédicaments brevetés ailleurs.

Les grandes entreprises indiennescherchent donc une base dans les payslesmoinsdéveloppés,qui sontdispensésde l’application de cet accord. La coen-treprise entre l’indien Cipla et QualityChemicals Industries, enOuganda, pourproduire des antirétroviraux génériquesest un bon exemple.

Un autre facteur important est laréduction des risques : dans le cas del’Éthiopie, une entreprise chinoise aoptépour la fabrication locale de gélules

pour les fabricants africains, en vue deréduire le risque de détérioration lorsdu transport des capsules fabriquéesen Chine.

Ces mouvements opportunistes n’ont-

ils d’intérêt que les bénéfices?

L’approvisionnement mondial enmédicaments repose principalementsur le secteur privé. Il n’est donc passurprenant que les entreprises soientd’abord motivées par le profit. Mais laproduction locale augmente aussi ladisponibilité et la diversité des médi-caments de bonne qualité, ce qui estbénéfique pour la population.

Comment cohabitent secteur privé et

secteur public?

Denombreux paysmaintiennent desentreprises publiques, mais beaucoup

de fabricantsdemédicamentsenAfriquesont des entreprises à capitaux publicset privés ou des joint-ventures entreentreprises nationales et étrangères.En général, le secteur public est surtoutimpliqué dans la productionde vaccins.Compte tenu des taux de pauvreté enAfrique, les États ont tendance à être desacheteurs importants des productionsd’entreprises locales où les normes dequalité ont été respectées.

En définitive, quel doit être le rôle des

États pour permettre à la production

locale de se développer?

Renforcer la capacité locale de pro-duction est une tâche collective. Le

gouvernement a un rôle central à joueren rassemblant tous les organismes,les ministères et les acteurs du secteurprivé, pour agir demanière coordonnéeet cohérente. Le gouvernement a aussile devoir de s’assurer que les politiquesd’aide publique au développement, envertu desquelles lesmédicaments sontsouvent donnés, et les politiques quisoutiennent la production locale demédicaments soient mises en œuvrede manière concertée.

Le gouvernement – et en particulierl’autorité de réglementation pharma-ceutique – est chargé de s’assurer quelesmédicaments produits par le secteurpharmaceutique répondent à une cer-taine efficacité et aux normes de sécu-rité. En exigeant que certaines normessoient respectées, il peut aider à ce quel’industrie locale joue un rôle dans lasatisfaction de la demande intérieure,avec des médicaments abordables etde bonne qualité.

Pensez-vous que certaines sociétés

africaines soient enmesure de devenir

des leaders mondiaux?

Il existe d’abord unbesoin d’augmen-ter la disponibilité des médicamentsau sud du Sahara. Cette demande offredonc des opportunités de croissance etd’expansionpour les firmespharmaceu-tiques en Afrique. Les multinationalesoccidentales cherchent en outre desfabricants de génériques de qualité,dans les pays en développement, pourbaisser leurs coûts et maintenir leurrentabilité. L’achat parGlaxoSmithKlineen 2009d’uneparticipationdans le sud-africain Aspen montre que certainesentreprises sont prêtes à devenir desacteurs mondiaux. ●

Propos recueillis par MICHAEL PAURON

La production locale augmente ladisponibilité et la diversité desmédicaments.

C’est la part de l’Afrique (soit 14 milliards de dollars) dans lemarché mondial de l’industrie pharmaceutique1,7 %

● ● ●

132 Dossier Santé

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FLOXAL’MED, un nouveau complémentdans l’oxygène médical

L’oxygène médical est un produit vital dans les milieux sanitaires. Sa disponibilité permanente est unenécessité pour le soin des patients. Air Liquide offre une solution complémentaire aux modes d’appro-visionnement liquide et gazeux qui, parmi d’autres avantages, rend l’oxygène disponible à toute heurerépondant aux besoins des hôpitaux.

Air Liquide-Sobegi (Bénin), Route de Porto-Novo, Pk3, 06 B.P, 674 Cotonou (Bénin)Tél. : +229 21 33 10 75 - +229 21 33 06 30 Fax : +229 21 33 10 54

Air Liquide Pty, Healthcare department - Cnr. Vereeninging & Andre Marais Road,PO Box 124200, Alrode 1451 - Tél. : +27 (0)11 389 7000 - Fax : +27 (0) 11 617 7534

Air L

APO

● Assistance pour analyser les risqueset choisir une solution sûre etéconomique,

● Gamme de générateurs modulaireadaptée à votre consommation,

● Fourniture d’oxygène à une pureté de93±3 % pour usage médical conforme ala pharmacopée européenne,

● Secours en Oxygène 99,5 %,prêt à utilisation pour garantir fiabilité etcontinuité de fourniture,

● Contrôle qualité et maîtrise des procédés,

● Télésurveillance et assistancetechnique 24/24h,

● Maintenance préventive des installations.

Communiqué

La solution Floxal’Med d’Air Liquide répond auxattentes du CNHU de Cotonou en trois perspectivesimportantes.

En premier lieu, la qualité du produit : en l’absence dedisponibilité locale d’oxygène médical sous forme cryo-génique, la solution Floxal’Med conçue autour de la tech-nologie PSA produit de l’oxygène à usage médical 93 %conforme à la pharmacopée européenne garantissantune qualité pharmaceutique contrôlée en continu.

En second lieu, la continuité de fourniture : le CNHUconfronté aux problèmes de consommation sans cesseaccrue d’oxygène avec des coûts de plus en plus im-portants, a sollicité Air Liquide Bénin pour des solutionsappropriées à la situation. C’est alors que, dans le cadred’un contrat, la société Air Liquide a proposé à l’hôpital

une solution complète mieux adaptée que la fournitureen bouteilles, en passant par l’analyse des besoins crois-sants du CHNU en Oxygène médical, le dimensionne-ment des équipements, l’installation et la mise en placedes secours appropriés, l’exploitation et la maintenancepréventive suivant un programme préétablit. Ainsi, Air Li-quide assure la fiabilité et la continuité de la fourniture to-tale permettant à l’hôpital de se concentrer sur les soinsaux patients. Les équipements de production et leur backup restent la propriété d’Air Liquide qui s’engage à fournirles services tels que décrits ci-dessus.

En troisième lieu, l’économie : comparée à la so-lution précédente de fourniture en bouteille la solutionFloxal’Med apporte une économie substantielle au senslarge du terme. Economie financière, en offrant une ré-duction importante des dépenses permettant à l’hôpitalde mieux gérer les budgets et d’investir dans l’acquisitiond’appareils médicaux sophistiqués. Une utilisation ration-nelle des ressources techniques permettant aux servi-ces de maintenance et la pharmacie de se consacrer àd’autres tâches au service des patients.

Avec FLOXAL’MED, plus qu’un prestataire,mieux qu’un fournisseur, AIR LIQUIDE estun véritable partenaire.

Entretien avec le professeurIdrissou Abdoulaye,Directeur du Centre nationalhospitalier et universitaireHubert M. Maga à Cotonou.

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Si Denos Health Mana-

gement entend bou-

leverser le milieu de

la gestion hospitalière

dans les pays à développement

intermédiaire, pour l’instant c’est

davantage le Printemps arabe

qui bouscule la société, basée en

France. Il faut dire que celle-ci a

démarré ses activités en septem-

bre2009, dans laLibyedeKaddafi,

en signant un contrat de cinq ans

pour la gestion du grand hôpital

de… Benghazi. Alors que la ville

est devenue le fief des opposants

au « Guide », l’établissement s’est

transformé en hôpital de guerre,

HÔPITAL

Sous-traités dans l’urgenceLe français Denos Health Management gère deux structures

à Benghazi, fief des insurgés libyens.

accueillantdansunpremier temps

les victimes de l’offensive de l’ar-

mée libyenne, puis les blessés

venant du front, plus à l’ouest.

« Il y avait 2000personnes qui y

travaillaient, aujourd’hui il yena

400, dontunedizainedeméde-

cins », explique Pierre Vincent,

fondateur de Denos.

PARTAGE DE SAVOIR-FAIRE.

La mission de Denos au sein du

Benghazi Medical Center? Gérer

l’hôpitaldemanièreopérationnelle

et administrative, mais aussi par-

tager son savoir-faire et former les

équipes, avec l’aide de médecins

et d’infirmiers venus de l’étran-

ger. Le Benghazi Medical Center

regroupe aujourd’hui neuf natio-

nalités.Denosgèreaussiunhôpital

privé à Benghazi et deux autres

à Oman. « Notre vocation est de

répondre aux besoins croissants

des structures de santé dans ces

pays et de transmettre le savoir,

précise Pierre Vincent. On met à

dispositiondes équipes d’experts,

de consultants, de personnels de

santé et de praticiens hospitaliers

confirmés. »

La concurrence existe. « Nous

étions quatre sur l’appel d’offres

de Benghazi, il y avait notam-

ment des Britanniques et des

Sud-Africains », raconte Pierre

Vincent, avant de nuancer :

« Mais l’hôpital, peu de monde

s’y intéresse, car c’est compliqué. »

Premier opérateur francophone,

Denos espère à termepénétrer les

marchés d’Afrique de l’Ouest. ●

MICHAEL PAURON

du

sa

co

Vi

20millions d’euros

Chiffred’affairesen 2010

Dossier Santé134

Page 9: ja 2640 41 du 14 au 27 août 2011 dossier santé

D’ après les chif-fres publiéspar la revueAcademic

Medicineenoctobre2009,sur les 6500 hôpitaux amé-ricains, seuls 235 étaient dirigéspar des médecins (soit 3,6 %,alors que ce taux était de 35%en1935). EnFrance, lapropor-tion serait plus faible, et quasi-ment nulle dans le secteur public.Dans laplupart despays africains,en l’absence de plan de carrièrepour les médecins, ces derniersbataillent dur pour conserver lagestion des structures de santé,souvent financéespar les États. Lacriseéconomiqueestpasséepar là:lespouvoirspublicsontdécidéqueles établissements seraient géréscomme des entreprises privées.

Une personne prend en chargecette délicate mission : il s’agit du

gestionnaire d’hôpital, qui est soitun médecin ayant suivi un cur-sus de gestion, soit un gestion-naire qui découvre l’univers de lasanté. Compétences attendues :être capable d’anticiper les enjeuxde l’économie de la santé, savoirporter de gros projets, être apte àla concertation, à la négociation,aumanagement…Legestionnaired’hôpital est chargédes ressourceshumaines,dubudget etde la logis-tique. Il doit par ailleurs imaginer

des solutionspermettantdemobi-liser et dediversifier les sourcesdefinancement.

Entermesd’évolutiondecarrière,le gestionnaired’hôpital débutantsevoitd’abordconfierunestructuredépartementale, puis régionale,et peut envisager, au bout de dix

ans,derejoindreune entité plusimpo r t a n t e ,c omm e u ncentre universi-taire hospitalier

(CHU). Dans les établissementsdes grandes villes, il peut d’abordgérer une unité ou un service, etavoir sous sa responsabilité unequinzaine de personnes.

DÉBUTANTS BIENVENUS. EnAfrique,des formationsdegestion-nairesd’hôpitalsemettentprogres-sivement en place. Ainsi à Dakar,l’Institutsupérieurdemanagementde la santé (ISMS, une entité duCentreafricaind’étudessupérieures

engestion)recrutesurconcoursdesétudiants à bac + 4, issus non seu-lement de l’Union économique etmonétaireouest-africaine(UEMOA),maisaussidetoute l’Afriquefranco-phone, jusqu’àMadagascar.Outreleniveau,c’est leprojetprofessionneldu candidat qui fait la différence.Les personnes retenues ont sou-vent une première expérience du

management de structuresdesanté,mais lesdébutants

sont aussi les bienve-nus. Le programmeprévoit des coursrelatifsà lasanté:épi-

démiologie, économie,management…Pour un coût de quel-

que 3 millions de F CFA(environ4575euros),lecur-

sussedéroulesurdouzemois,dontquatresontconsacrés à un stage.L’institutaccueillepar-

foisdesgroupes,dont laformation est prise en charge pardesorganismes telsque laBanqueafricainededéveloppement (BAD,26Maliens formésen2003)oul’Or-ganisation mondiale de la santé(OMS, 16 Mauritaniens). Mais seseffectifs restent faibles, certainespromotions comportantmoins decinq élèves. L’ISMS envisage enoutre lacréationdedeuxnouveauxprogrammes, l’un en alternance,l’autre à distance, en partenariatavecl’UniversitéduQuébecàTrois-Rivières (Canada).

Généralement, lesgestionnairesd’hôpitaux formés à l’ISMS s’in-sèrent plutôt bien. Cadres supé-rieurs rémunérés entre 250000 et400000FCFAparmois suivant lespays, ils intègrent généralementle secteur public, mais sont aussidemandésdans lesONG.Dans lespaysoù iln’existepasde formationspécifique, lorsqu’ils sont nom-méscommegestionnaires,certainsmédecinssuiventdesprogrammescourts dans des écoles nationalesd’administration ou des écolesnormales. ●

CLARISSE JUOMPAN-YAKAM

FORMATION

Docteur ès financesPour diriger un établissement,

mieux vaut être un bonadministrateur plutôtqu’un médecinchevronné… Cela

s’apprend notamment

à l’Institut supérieur du

management de la santé,

à Dakar.

Le patron de l’hôpital est chargédes ressources humaines, dubudget, de la logistique…

Entre

250 000

et

400 000

F CFA

C’est lesalaire

mensuel dedépart d’ungestionnaired’hôpital

C’est le nombre de médecins pour 100000 habitantsen Afrique (contre plus de 300 en France)15

JEUNE AFRIQUE No 2640-2641 • DU 14 AU 27 AOÛT 2011

Dossier 135

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Présent dansplus dedeuxcents entreprises depro-motion immobilière,actifdans le crédit-bail avec

une filiale enLibyeetune stratégied’expansion au sud du Sahara, legroupeAmen, fondépar la familleBen Yedder, est aussi le premieropérateur privé en matière deservices de santé. Il a développé,via sa filiale Amen Santé, le seulréseaudecliniques enTunisie (lescliniquesElAmenàMutuelleville,La Marsa, Béja et Gafsa). Détenumajoritairementpar laCompagnieméditerranéenne d’assuranceset de réassurances (Comar, autrefiliale d’Amen) et Amen Bank, ladivision santé gère actuellementtrois cents lits – l’équivalent d’uneimportante unité hôtelière.

Le tourismemédical, qui assure30%duchiffred’affairesdusecteurenTunisie, adonnéde l’ambitionàAmenSanté. En créant ennovem-bre 2010 l’Hôpital privé El Amen,doté d’un capital d’environ 6mil-lions d’euros, la filiale ouvre de

nouvelles perspectives au groupe.Objectifs : la réalisation, la gestionet l’exploitation d’établissementssanitaires et hospitaliers. «À ladif-férenced’une clinique, le conceptd’hôpital privé permet d’avoir desmédecins àplein temps, afin d’as-surer la continuité des soins et deproposerdesprestationsdequalité,du fait que toutes les spécialitéssont toujours opérationnelles.Et il n’y a pas à attendre que lesspécialistes arrivent : ils sont déjàlà»,préciseMohamedBenHmida,directeur général d’Amen Santé.

Implantésurl’emplacementstra-tégique de l’ancienne ambassadedes États-Unis, dans le centre deTunis, l’Hôpital privé El Amen,qui ouvrira en 2013, représenteun investissementde22,5millionsd’euros,dont20%sont financésparlaSociété financière internationale(SFI, filialedelaBanquemondiale).Malgré les perturbations dues à larévolution tunisienne, les étudestechniques sont largement enta-mées, etMohamedBenHmidane

doutepasde la fiabilitéduconcept:«Leshôpitauxprivésontunavenircertain, car le secteurpublicn’apastous les moyens. Il assure déjà laformationdesmédecins ainsi quela prise en charge des indigents etdes assurés de laCaisse nationaled’assurance maladie. Le principede l’hôpitalprivé, c’estdeproposerdes forfaits de soins aux patientset de servir de relais au secteurpublic.Avec lesclientsComar,nousappliquerons aussi le principe duticketmodérateur.Parailleurs, l’or-ganisationet la formationcontinuedupersonnelmédical et paramé-dical, ainsique leséquipementsdepointe, garantiront la qualité desprestations. »

PÔLEDERECHERCHE.Au-delàduvolet soins, l’HôpitalprivéElAmenprojette d’être le premier centrehospitalier universitaire (CHU)privé en Tunisie, en développantl’enseignement de la médecineet de diverses spécialités in situ.« Les compétences ne sont plus àprouver, et nousmettrons à profitla notoriété de la médecine tuni-sienne pour former des étudiantstunisiens, africains et arabes »,poursuit Mohamed Ben Hmida.Moins onéreuse qu’en Europe,cette plateforme d’enseignementoffshore table sur laqualitéde l’en-cadrement et la proximité géogra-phique pour être attrayante.

« Cela nous permettra aussi delancer, à long terme, un pôle derecherche scientifique pour com-pléter l’ensembledesprestationsdulabelAmen,déjàperçucommeungagedesécuritépar lespatients, lesmédecinset lesinstitutionsétrangè-resenTunisie»,conclut ledirecteurgénéral.Enfin,AmenSantécompte

mettreàprofit sonsavoir-fairepours’implanter en Mauritanie et enLibye. À terme, la filiale envisageune introduction en Bourse. Unepremière pour un groupe de ser-vices de santé en Tunisie. ●

FRIDA DAHMANI, à Tunis

TUNISIE

Amen, du col blancà la blouse blancheLe groupe de la famille Ben Yedder s’étend de la finance… aux services

de santé. Déjà à la tête d’un réseau de cliniques, sa filiale spécialiséea fait sien le concept d’hôpital privé. Explications.

NICOLA

SFA

UQUÉ

! UN ÉTABLISSEMENT ELAMEN, section cardiologie, à Mutuelleville (nord deTunis).

Comme dans le public, lacontinuité des soins sera assuréedans toutes les spécialités.

Ouvertureen 2013

L’Hôpital privéEl Amen

disposera de350 litset de

60 médecinsà temps plein,dans le centrede la capitale

C’est la part du tourisme médical dansle chiffre d’affaires du secteur de la santé enTunisie30 % Dossier 137

JEUNE AFRIQUE No 2640-2641 • DU 14 AU 27 AOÛT 2011

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«Je voudrais savoirquel est le cursus àsuivre pour faire dela maintenance de

matériel médical et quels sontles pays qui offrent cette forma-tion. » Cette demande, postée enfévrier sur un forum d’étudiantsafricains et restée à ce jour sansréponse, est symptomatique duflou qui règne dans le secteur. Lamaintenancedumatérielmédicalest un sérieux dilemme pour denombreuxétablissementsdesantésur le continent.

Undilemmequineseposaitpasautantavec lesappareilsd’avant lesindépendances, moins sophisti-qués.«Lesmachinesétaient robus-tes et résistaient aux conditionsclimatiquesextrêmes», explique ledocteur JeanThéophileBanzouzi,coordonnateur Europe de l’ONGMédecins d’Afrique. Aujourd’hui,plusieurs d’entre elles fonction-nent toujours, et seul le manquede consommables, qui ne sontparfois plus fabriqués, pousse

les établissements à lesmettre aurebut. « Enbiochimie, vousn’avezplus lesmêmes réactifs. Certainesradios ne sont pas compatiblesavec les scanners anciens. Et lepapier thermique utilisé pour lemonitoringdes femmesenceintesn’existe plus, tout commecertainsfusibles », énumère le chercheuren pharmacologie, chimie-thérapeutique et biologie.

Quand les appareils sont rem-placés, ce sont des équipementsélectromécaniques, plus sensiblesà la chaleur, à l’humidité et à lapoussière–uncocktail qui favorisedesmicro-courts-circuits –, qui lessupplantent…Pour limiter lacasse,les établissements doivent donctrouver des solutions de fortune :par exemple, limiter l’usage desappareils lors des fortes chaleurs.

Et quand malgré tout la machinetombe en panne ? Tout dépenddes aptitudes des techniciens, quivarient d’unpays à l’autre et, dansle même État, de la capitale auxrégions.

ABSENCE DE FORMATION.Entre1972 et 1989, à Lomé, leCentre deformation en santé publique del’Organisationmondialede lasantéenseignait, parmid’autres appren-tissages, l’entretienet la réparationdu matériel électro-médical. Lespersonnels venaient s’y recycler,améliorer leurs connaissances.Au total, deux cent quarante-deuxapprentis d’Afrique de l’Ouest,d’Afrique centrale et d’Afriqueaustrale y ont reçu une formationdiplômante, indique leprofesseurFrançoisGadoNapo-Koura, coor-donnateur adjoint du centre deformation, chargé des activitéspédagogiques et scientifiques.

Reste que cesmodules d’ensei-gnement ne sont plus dispensésdepuisdesannées.Pénuried’élèvesoumanque de fonds? La réponsefait encore débat. Et quelle alter-native ? Plusieurs pays, dont leTogo, disposent désormais d’unpôle « maintenance » dans leurministère de la Santé. Et certains,commelaCôted’Ivoire,organisentpar exemple la remise àniveaudeleurs techniciens en France.

Dans le cadre des acquisitionsd’appareils, lorsdesappelsd’offres,l’aspect formationdupersonnelestcertesbienprésent,et,parfois,pouremporter le matériel, certainesentreprises proposent la mainte-nance gratuite pendant les deuxpremiers mois, ou la formationgratuite dupersonnel.Mais, dansle cas contraire, ces deux voletsoptionnels du contrat sont évités,car ilsontuncoût important: entre3 % et 5 % du prix de la machine,selonsatailleetsacomplexité,pourle volet formation; et enmoyenne10 % – voire jusqu’à 20 % ou 30 %quand il y a des consommables –pour la maintenance. Résultat :fautedemoyens, lesétablissementsse débrouillent en interne pourréparer – au risque d’aggraver lasituation. ●

HABIBOU BANGRÉ

ÉQUIPEMENT

Lamaintenance souffrede carencesToujours plus sophistiqués, les appareils médicaux sont aussi de plus en

plus difficiles à entretenir. Et le manque de moyens et de personnelqualifié n’arrange rien aux affaires des établissements de santé.

MASHID

MOHADJERIN/R

EDUX-R

EA

! SALLE D’OPÉRATION dans un établissement de Lomé (Togo).

Les nouvelles machinessont plus sensibles à la chaleur,à l’humidité et à la poussière.

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No 2640-2641 • DU 14 AU 27 AOÛT 2011 JEUNE AFRIQUE

Dossier Santé

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Quel estle meilleur traitement?

La vie écrit les questions.

Nous cherchons les réponses.

Nos innovations permettent de

traiter des millions de personnes

qui souffrent, tout en améliorant

leur qualité de vie.

Nous leur donnons de l’espoir.

Nous innovons la santé

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C’ est une villa cossue,cachée derrière dehauts murs blancs,à quelques pas de

l’Assemblée nationale. Ouverteen mars 2010, la clinique Élysée-Dakar est, enAfriquede l’Ouest, lapremière structureprivée exclusi-vement spécialiséedans la chirur-gie et la médecine esthétiques.Un marché porteur dans la sous-région, alors que, jusqu’à présent,lademandeouest-africainepeinaità être satisfaite localement. Jean-Jacques Caraco, anesthésiste et

patron de la clinique, explique :« 80% de notre clientèle a déjà eurecours à la chirurgie esthétiquedans lespaysoccidentaux.Les20%restants n’auraient pas fait le pasd’aller à l’étranger mais, puisquel’offre est là, ils essaient. » Avecune trentaine de patients chaquemois, la clinique n’a pas encoreatteint l’équilibre financier. «Maisle bouche à oreille fonctionne »,ajoute Jean-Jacques Caraco.

Même constat à l’Ordre natio-nal des médecins du Sénégal(ONMS). «Beaucoupdepraticiens

commencent à s’y intéresser. Etla demande existe, les gens veu-lent s’occuper de leur bien-être »,confirmeCheikhAhmadouBambaDiop, sonprésident.Dans la capi-tale sénégalaise, lesdeuxcliniquesprivées les plus huppées font déjàvenir, plusieurs fois par an, desspécialistes français pour opérerlespatients. Partout, lesdemandessont les mêmes : prothèse mam-maire, liposuccion du ventre, lif-ting…Avecdes tarifsde20%à30%moinsélevésqu’enFrance, « etdesprestations équivalentes » selonles praticiens français, le marchéest amenéà sedévelopper. Fini lesbillets d’avion et l’hébergement àfinancer pour aller à Londres, àParis ou à New York.

« DIAYE FONDÉ ». À la cliniqueÉlysée-Dakar,80%despatientssontsénégalais–dont lamoitiéd’originelibanaise –, et les autres sont desexpatriés,notammentdesFrançais.L’objectif est d’attirer également

uneclientèleouest-africaine.Pourlemoment,parmi lesvisiteurs issusduresteducontinent, l’équipede lacliniqueÉlysée-Dakar aopérédespersonnes venant deMauritanie,de Côte d’Ivoire, de RD Congo etd’Afrique du Sud.

CHIRURGIE

OpérationesthétiqueàDakarProthèses mammaires, liposuccions, liftings… Pour ces interventions, plus

besoin d’aller en Europe. L’offre s’étoffe dans la capitale sénégalaise, qui

abrite même la première clinique spécialisée d’Afrique de l’Ouest.

Les deux établissements les plushuppés font venir, plusieurs foispar an, des spécialistes français.

MARCDEV

ILLE

POURJ.A.

! Ouverte en mars 2010,LA CLINIQUE ÉLYSÉE-DAKAR souhaiteattirer des patients issusde toute la sous-région.

140 Dossier Santé

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formateurs au Sénégal », relèvele docteur Cheikh Tidiane Touré,spécialiste en chirurgie générale.

La direction de la cliniqueÉlysée-Dakar souhaitede soncôtéfaire de la capitale sénégalaise lehaut lieu du tourisme médicalen Afrique de l’Ouest, avec « unpackage hébergement-avion-opération et activités pour lesaccompagnateurs»,énumèreJean-JacquesCaraco. Reste la questionde la légalité.À l’ONMS,onregrettede ne pas avoir été consulté pourl’ouverture de la clinique. Un avispourtant obligatoire, selon sonprésident. ●

AURÉLIE FONTAINE, à Dakar

Plus de 90 % des clients sontdes femmes. Leurs demandes dechirurgie et de médecine esthé-tiques sont les mêmes que cellesayant cours enOccident, avec toutdemêmequelques particularités.«Pour lesAfricainesde50à60ans,les opérations ne se font pas vrai-ment sur la poitrine, car les seinsne sont pas considérés commeun symbole de féminité. En fait,nousopérons surtout les fessiers »,précise Jean-Jacques Caraco. Carle diaye fondé, à savoir des fessesrebondies, a davantage la cote.Quant aux patients hommes, cesont essentiellement des chefsd’entreprise, des artistes ou des

professionnels de l’audiovisuel,âgésd’unecinquantained’années.Ils viennent principalement pourse faire enlever les poches sous lesyeux et relever les paupières.

ET L’HÔPITAL PUBLIC? Le secteurpublic s’intéresse également à lachirurgie esthétique. Le centrehospitalier Aristide-Le Dantec, àDakar, a ainsi pour projet d’ouvrirunservicespécialisé. « Ici etdans lasous-région, lademandeest là, carleniveaudevieaugmente.Deplusenplusde femmesmedemandentdes ventroplasties ou des opéra-tions mammaires. Le problème,c’est que nous avons besoin de

MARCDEV

ILLE

POURJ.A.

!Avec destarifs entre20 % et 30 %moins élevésqu’enFrance et DES

PRESTATIONS

ÉQUIVALENTES,le marché estamené à sedévelopper.

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À 47ans,StephenBradleySaadestàlatêteduplusgrandgroupephar-maceutiqueafricain.Cecompta-

ble de formationn’en est pas à songalopd’essai.Stagiaireaudébutdesannées1990chez PricewaterhouseCoopers, c’est auchevetd’unepetite entreprisedusecteurqu’il sentaussitôt lepotentieldumarché.Il jette son dévolu sur Quickmed, dont ildevient copropriétaireavecGusAttridge.Accusantundéficitde24millionsderands(2,4 millions d’euros actuels), la sociétéest fusionnéeavecCovan,qui fabriquedusérumpour lesyeux.Lanouvelleentitéestbaptisée Zurich, et revendue 75millionsde rands en 1993 à Adcock Ingram.

Àl’âgede29ans,Saadseretrouvealorsàlatêted’unpactolede20millionsderands.Dans la foulée, lesdeuxpartenairesrachè-tent l’université privée Varsity College(1,5 million de rands), qu’ils cèdent en1997 pour 100 millions de rands… Lamême année, ils créent Aspen. Coté àla Bourse de Johannesburg, le groupeafficheaujourd’huiunecapitalisationde5milliardsderands(500millionsd’euros)et produit 40,6%desmédicaments anti-VIH du pays. ● MICHAEL PAURON

P atronduholdingCadyst-Invest,Célestin Tawamba, 45 ans, veutfaire de l’Afrique centrale un

pôle de production de médicamentsgénériques. Superviseur d’audit chezErnst&Youngdans les années 1990 enFrance, il revient auCamerounen tantque directeur financier de la sociétéforestière Hazim. C’est le patron decettedernièrequi, en seportant garantauprèsdesbanques locales, lui permetd’obtenir son premier prêt, en 2001,pour se lancer dans l’agroalimentaire.Productionde farine, depâtes alimen-taires, franchise Panzani… CélestinTawamba atteint en quelques annéesun chiffre d’affaires de 35milliards deF CFA (53 millions d’euros).

En rachetant en2006, grâceàunprêtde8milliardsdeFCFA, les laboratoireslocaux du français Rhône-Poulenc, ildevient lepremierproducteurdemédi-caments d’Afrique centrale. Il s’associeavec l’indien Cipla (déjà présent enOuganda,auKenyaetauGhana)pourletransfertde technologie.Unpartenariat« gagnant-gagnant » pour Cinpharm,selonsonpatron,quiespèreàtermeêtrecomplètement indépendant. ● M.P.

L eaderauMaroc,Sothemaaconcré-tisé sesambitionsd’expansionendevenant actionnairemajoritaire

de West Afric Pharma, à Dakar. D’uninvestissement de 5 millions d’euros,l’usine mettra ses premières boîtessur le marché d’ici à septembre. La

direction a été confiée à AmadouOuattara. Ce Malien de 49 ans est unhabitué du secteur. Après trois annéesd’études, il quitte lesbancsde la facultédemédecinedeBamakopour devenirdéléguémédicalpuisdirecteur régional(Guinée,Mali, Burkina, Sénégal) chezl’américain Bristol-Myers Squibb. En2003, il intègre le français InnotechInternational en tant que responsableAfrique, jusqu’à fin 2010.

« Les besoins de la région sont énor-mes, confie-t-il. Il suffit de regarder lesappelsd’offresdesÉtats,descentainesdemilliardsde francsCFAchaqueannée!»Aujourd’huiàlatêted’uneusinecapabled’alimenterengénériques(antiparasitai-res, antidiarrhéiques…) leshuitpaysdel’Unionéconomiqueetmonétaireouest-africaine (UEMOA),AmadouOuattaraespèrebienprendrequelquesparts demarché auxmultinationales. ● M.P.

PORTRAITS

Despatrons bienportantsÀ Durban, Douala et Dakar, ils dirigent des laboratoires de référence – ou en passe de le devenir.

DR

DR

VINCENTFOURNIER/J.A

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StephenBradley SaadAspen Pharmacare (Afrique du Sud)

CélestinTawambaCinpharm (Cameroun)

AmadouOuattaraWest Afric Pharma (Sénégal)

Dossier Santé142

No 2640-2641 • DU 14 AU 27 AOÛT 2011 JEUNE AFRIQUE

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La Côte d’Ivoire est le premierproducteur mondial de cacao

Experts de l’Afrique

Bénin • Burkina Faso • Burundi • Cameroun • Cap-Vert • Congo (Brazzaville) • Congo (République Démocratique)Côte d’Ivoire • Gabon • Gambie • Ghana • Guinée • Guinée-Bissau • Kenya • Libéria • Malawi • Mali • NigerNigéria • Ouganda • République Centrafricaine • Rwanda • São Tomé e Príncipe • Sénégal • Sierra LeoneTanzanie • Tchad • Togo • Zambie • Zimbabwé

Présence internationale : Dubaï, Johannesburg, Luanda, Paris

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