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ALGUES VERTES Où en sommes - nous ? La revue de l’Espace des sciences www.sciences-ouest.org n°297 AVRIL 2012 ALGUES VERTES Où en sommes - nous ? Écologie Des envahisseurs menacent l’Antarctique ! Livre Un chercheur raconte sa passion Suivi des échouages La nouvelle carte PENZÉ KEREMMA GOULVEN KERLOUAN GUISSÉNY PORT NEUF PLOUNÉOUR ABER-WRACH ABER-BENOÎT HORN/GUILLEC MOGUÉRAN/ KORÉJOU PORSGUEN/ PORSMEUR KERVALIOU/ KERFISSIEN Ramassage en mer Des essais concluants Nitrates Dix fermes testent un nouveau modèle

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ALGUES VERTESOù en sommes-nous?

La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°297 AVRIL 2012

ALGUES VERTESOù en sommes-nous?

ÉcologieDes envahisseursmenacent l’Antarctique!

LivreUn chercheurraconte sa passion

Suivi des échouages La nouvelle carte

PENZÉKEREMMA

GOULVEN

KERLOUAN

GUISSÉNY

PORT NEUF

PLOUNÉOUR

ABER-WRACH

ABER-BENOÎT

HORN/GUILLECMOGUÉRAN/

KORÉJOU

PORSGUEN/PORSMEUR

KERVALIOU/KERFISSIEN

Ramassage en mer Des essais concluants

NitratesDix fermestestent un nouveaumodèle

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ALGUES VERTESOù en sommes-nous?

La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°297 AVRIL 2012

ALGUES VERTESOù en sommes-nous?

ÉcologieDes envahisseursmenacent l’Antarctique!

LivreUn chercheurraconte sa passion

Suivi des échouages La nouvelle carte

PENZÉKEREMMA

GOULVEN

KERLOUAN

GUISSÉNY

PORT NEUF

PLOUNÉOUR

ABER-WRACH

ABER-BENOÎT

HORN/GUILLECMOGUÉRAN/

KORÉJOU

PORSGUEN/PORSMEUR

KERVALIOU/KERFISSIEN

Ramassage en mer Des essais concluants

NitratesDix fermestestent un nouveaumodèle

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À L’ESPACEDES SCIENCES 19

L’AGENDA DE LA RÉDACTION 20

L’ÉPREUVE PAR 7BERNARD KLOAREG, directeur de la Station biologique de RoscoffUne interview non scientifique 22

AVRIL 2012 N°297 SCIENCES OUEST3

Quelques minutes de soleil en plus, une douceurrelative qui commence à faire voler les pulls, les jonquilles qui pointent le bout de leur nez... Voici le mois d’avril ! Et le retour des alguesvertes. Enfin, peut-être pas partout, ou peut-êtrede façon moins intense... Comme vous pourrez le lire dans le dossier,plusieurs facteurs, dont l’azote, sont nécessairesau démarrage de la prolifération des ulves. Or il semblerait qu’à l’image des deux années

précédentes, les flux apportés par les rivièresdurant l’hiver 2011-2012 aient été relativementfaibles.Le problème des marées vertes n’est pas résolupour autant. Avec ce dossier, nous espérons vousdonner un aperçu des connaissances et destravaux de recherche et de suivi commencés il y aplus de trente ans par des scientifiques bretonstoujours à pied d’œuvre.

NATHALIE BLANCRÉDACTRICE EN CHEF

DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVES

CE QUE JE CHERCHEPar MARION HÉLOU, chimiste« Je conçois des bioplastiques » 4

DES FRAISES BLANCHES À PLOUGASTEL 4MAIS QUELLE EST DONC CETTE USINE? 5DES LYCÉENS EN IMMERSION SCIENTIFIQUE 6ENVISAT : DIX ANS QU’IL TOURNE EN ROND ! 7

DEMAIN LES ACTUS

DES ENVAHISSEURS MENACENT L’ANTARCTIQUE ! 8

UN CHERCHEUR RACONTE SA PASSION 9

LE DOSSIER

COUVERTURE © CEVA

© CEVA

n°297 AVRIL 2012

POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL

Le triste marronnier du printemps

© DR

ALGUES VERTES: LE POINT 10 à 18

ENLISÉS DANS LES LOIS VERTES? 12

LES PARAMÈTRES DE L’ÉCHOUAGE 14

D’ABORD, ON LES RAMASSE ! 15

DE L’HERBE POUR MOINS D’ALGUES 16/17

MODÉRONS NOTRE CONSOMMATION 18

© CÉLINE DUGUEY

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«S i le paysan plougastel vit dans unerelative aisance, il la doit en grandepartie à la culture des fraisiers »,

relate, au début du 20e siècle, Raoul Van derKemp, fin observateur de la vie rurale àPlougastel-Daoulas, auteur d’une thèse agri-cole soutenue en 1928. « La commune, pour-suit-il, est dans une situation exceptionnellepour en favoriser, à la fois, la production et lavente. » Le petit fruit rouge savoureux estassocié depuis cette époque florissante aunom de la presqu’île. Issu d’une vieillefamille de producteurs de fraises, LouisRolland a connu les soubresauts de cetteculture. Autant le déclin dans les annéessoixante-dix, que la relance à la fin desannées quatre-vingt-dix. Grâce aux nou-velles techniques initiées en Hollande et enBelgique, les fameux jardins suspendus, laproduction remonte, de jeunes maraîcherss’installent, la fraise de Plougastel orne ànouveau, dès le printemps, les étals des marchés. Néanmoins, « parce qu’il faut tou-jours avoir un coup d’avance », en 2011, LouisRolland et son fils Frédéric, conseillés par les agronomes de la coopérative Savéol,expérimentent une nouvelle variété de frai-siers. « Il s’agit d’une fraise blanche cultivée enEurope par des pépinié-ristes, elle se nommeAnablanca. » L’idéede diversifica-tion n’est pasnouvelle. Lat o m a t eronde

classique est rejointe, depuis une dizained’années, par les variétés anciennes, lestomates cerises, les tomates grappe. « Nousne sommes pas les seuls à courir après la fraiseblanche. Il y a un frémissement depuis deux,trois ans. » En Hollande, au Japon, aux États-Unis... Chacun cherche à se distinguer, cha-cun cherche son graal. Cet hiver, les deuxfraisiculteurs expérimentateurs ont recueilliles cultivars conservés au Ciref (Créationvariétale fraises fruits rouges). Ces dernierssont originaires du Chili, terre native de lafraise blanche originelle à gros fruits, Fraga-ria chiloensis. Plusieurs défis se présentent.« La couleur blanche étant un caractère réces-sif, l’hybridation de la fraise blanche avec unefraise rouge donnera une fraise... rouge. Et puisnous ne nous faisons pas d’illusions sur la pro-ductivité, il faudra améliorer le potentiel de cesvariétés traditionnelles. » Peu de chance,donc, de goûter ce printemps-ci à cette fraiseblanche très douce au palais et très sucrée.Il est encore trop tôt. La recherche est encours. Si marché il y a, c’est un marché deniche. « On sait que les fruits plaisent, le seulsouci, c’est de rendre cette culture, dans le bonsens du terme, rentable. »

Rens. : Louis Rolland Tél. 06 15 91 51 [email protected]

Des producteurs de Plougastel expérimentent depuiscet hiver une nouvelle variété de fraises blanches.

Des fraises blanches à Plougastel«Je conçois des bioplastiques »

CE QUE JE CHERCHE

MARION HÉLOU, CHIMISTE

Déjà demain

«

4 SCIENCES OUEST N°297 AVRIL 2012

Je conçois des plastiques à partir de molécules biodégradables.Aujourd’hui, les plastiques sontomniprésents dans les emballages,

les bâtiments, ou encore les automobiles. Ilssont pour l’instant issus de l’industrie pétro-lière. Je cherche à fabriquer de nouveauxpolymères à partir de glycérol, une moléculenon toxique que l’on récupère en grandequantité lors de la production de biocarbu-rants. À partir de ce glycérol, nous formonsun monomère, un enchaînement cycliqued’atomes. Avec l’équipe dans laquelle j’aifait ma thèse, nous avons mis au point unprocessus pour ouvrir ces cycles et lier lesmonomères les uns aux autres en unegrande chaîne : un polymère, notre plastique.Pour cela nous avons cherché le meilleurcatalyseur, c’est-à-dire l’élément qui va pro-voquer et accélérer la réaction. Celui quenous avons sélectionné est à base de zinc,un métal biocompatible car il est déjà pré-sent dans le corps humain. Il respecte deuxcontraintes : ne pas utiliser de solvants, sou-vent toxiques, et favoriser un processusrapide, afin d’abaisser le coût de production,car ces recherches ont une vocation indus-trielle.J’ai également travaillé sur un mélange dedeux monomères différents : celui issu du glycérol et le lactide, issu des plantes àsucre, sur lequel beaucoup de recherchessont faites. Mais seul, il produit un plastiquetrès cassant. En mariant les deux, j’ai puobtenir un matériau aux qualités satisfai-santes : une bonne élasticité et une bonnerésistance aux chocs. Maintenant, je chercheà industrialiser ce processus, mis au pointà l’échelle du laboratoire. D’abord pourcréer un pilote, puis pour produire en grandequantité. »

PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE DUGUEY

Rens. : Marion Hélou, [email protected]

© CÉLINE DUGUEY

Marion Hélou a reçu, le 16 mars dernier, le prix de thèse de la fondation de Rennes1, pour sestravaux menés dans l’équipe Catalyses etorganométalliques del’Université de Rennes1.

Elle poursuit ses travaux chez Total Petrochemicals, qui a codirigé sa thèse, dans lecadre d’une convention Cifre.

LES ÉCHOS DE L’OUEST

© DESHA CHIOCCHIO

INVESTISSEMENTS D’AVENIR

LE PREMIER INSTITUT DE RECHERCHETECHNOLOGIQUE EST LANCÉ� Le 7 mars, à Nantes, a été signé leprotocole d’accord officialisant le démarragede l’Institut de recherche technologique Jules-Verne. Ce dernier vise notamment à développer la compétitivité des industries,en développant de nouvelles filières et denouveaux procédés de fabrication.Rens. : www.irt-jules-verne.fr

LES ÉNERGIES MARINES LABELLISÉES� Le projet France énergies marines, plate-forme technologique dédiée audéveloppement des énergies marinesdécarbonnées basée à Brest, a été labellisépar l’État dans le cadre des Investissementsd’avenir et va devenir un Institut d’excellence.Sa création avait été annoncée dès décembre 2009.Rens. : www.france-energies-marines.org/

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© PHOVOIR

AVRIL 2012 N°297 SCIENCES OUEST5

UNIVERSITÉS

... RÉÉLECTION AUX UNIVERSITÉS DE RENNES1 ET RENNES2 � Guy Cathelineau, à la tête de l’Université de Rennes1 depuis mai 2008, a été réélu à son poste le 27 mars dernier. De même,Jean-Émile Gombert s’est vu confier, le 23 mars, un nouveau mandat à la présidencede l’Université Rennes2.

Rens. : www.univ-rennes1.fr

SUIVEZ LA SAUVEGARDE DES MOULES PERLIÈRES DE BRETAGNE EN VIDÉO� Dans le cadre duprogramme européen Life +,qui vise à sauvegarder lespopulations de mulettes - les moules perlières -des rivières bretonnes etnormandes (lire SciencesOuest n°288), l’associationBretagne Vivante réalise unfilm de sensibilisation, danslequel on peut suivre le travaildes scientifiques. Les deuxpremiers chapitres sont déjàen ligne sur le site : www.life-moule-perliere.org/films.phpRens. : www.bretagne-vivante.org

E lle n’était que virtuelle et ne se visi-tait que sur des tablettes tactiles pen-dant les trois jours du CFIA qui s’est

tenu à Rennes du 13 au 15 mars dernier :l’usine agroalimentaire du futur présentaitun concentré des tendances de demain. Ony voit s’installer l’importance de l’écocon-ception (recyclage de l’eau et des déchets,production d’énergie propre...) et de l’ergo-conception (attention portée aux conditionsde travail), avec toujours le souci de la sécu-rité alimentaire et de la compétitivité, grâceà l’appui de procédés intelligents. « Le butde cette opération était de montrer l’intérêt ducroisement de deux filières très importantesdans la région : l’agroalimentaire et les Tic(2),note Jean-Paul Simier, directeur de la filièreindustries alimentaires à Bretagne Dévelop-pement Innovation. Et cela pourrait peut-êtredonner de nouvelles idées à des constructeursd’usines ! » En tout cas, le public venu visi-ter le salon a apprécié.

(1)CFIA : Carrefour des fournisseurs de l’industrie agroalimentaire. (2)Tic : Technologies de l’information et de la communication.

Rens. : Jean-Paul Simier Tél. 02 99 84 53 [email protected]

Mais quelle estdonc cette usine?

UN RÉSEAU SOCIAL DE L’INNOVATION� Rennes Métropole ainauguré le mois dernier sa Novosphère, un réseausocial permettant auxporteurs de projets innovantsde rentrer facilement encontact avec toutes lespersonnes, organismes,entreprises… susceptibles de les aider. Les projets pourront ainsiêtre labellisés Novosphère et bénéficier de l’aide de la métropole en termes decommunication.

Rens. : www.rennes-novosphere.com

UN BRESTOIS AUXOLYMPIADES NATIONALESDE LA CHIMIE� Abdel Malek Ghani, enterminale S au lycée naval à Brest, a remporté le 7 marsdernier le premier prix desOlympiades régionales de la chimie, décerné à l’Écolenationale supérieure dechimie de Rennes. Il s’est en même temps qualifié pour la finale nationale. Pour cette 28e édition, 58 lycéens ont participé enBretagne et 2400 en France,sur le thème eau et chimie.

Rens. : www.olympiades-chimie.fr

LES AVATARS AUSSI ONT DES ÉMOTIONS� Du froncement de sourcils au sourire à pleines dents, le Perfomer, mis au point par Dynamixyz et commercialisédepuis trois semaines, capte chaque mouvement d’un visage,pour les appliquer sur un avatar en 3D et reproduire le plusfidèlement possible les émotions (lire Sciences Ouest n°268).Un système unique au monde, mis au point en partenariatavec l’école d’ingénieurs Supélec, que les entrepreneursviennent de présenter sur un salon spécialisé de SanFrancisco et à Montréal, aux équipes d’Ubisoft, troisièmeéditeur mondial de jeux vidéo. La 20th Century Fox, l’une des plus grandes sociétés de production cinématographiqueserait également intéressée.Rens. : www.dynamixyz.com

GROS PLAN SUR LES FROMAGES� Entre levures et moisissures, les microorganismes ne manquent pas dans nos camembertset autres roqueforts. Et si nos papilles les apprécient depuis des siècles, les scientifiques, eux,n’avaient pas encore sondé leur ADN avec les techniques modernes de séquençage. C’estdésormais chose faite, suite au projet Food Microbiomes, qui a réuni pendant trois ans leMuséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, l’Inra, l’Université de BretagneOccidentale (UBO) et des industriels de la filière. « Nous avons identifié des communautés de champignons présentes dans une quarantaine de fromages, explique Georges Barbier,partenaire du projet à l’UBO, puis nous avons décrypté les génomes de nombreuses souches,afin de constituer une bibliothèque de référence. » Une première publication du muséum vient de paraître sur les champignons filamenteux du genre Penicilium, à l’origine des veinesbleutées du roquefort. Et une seconde, issue de travaux à l’UBO, vient d’être acceptée. Elle porte sur les mucors, un autre genre, qui caractérise notamment la peau grise et soyeusede la tomme de Savoie. Ces travaux sont un premier pas pour mieux comprendre ceschampignons si caractéristiques du patrimoine gastronomique français !Rens. : Georges Barbier Tél. 02 90 91 51 00, [email protected]

CHANGEMENT DEPRÉSIDENT À L’UBS...� Jean Peeters vient d’être élupour quatre ans à la présidencede l’Université de Bretagne Sud (UBS). Professeur enétudes anglophones à Lorient,il a intégré l’UBS en 1996. Il succède à Olivier Sire.Rens. : www.univ-ubs.fr

© CHRIS WAITS

L’E-ÉDUCATION DE TÉLÉCOM BRETAGNERETENUE � Le 20 mars, le projet Edu 3D, porté parl’école Télécom Bretagne, a été retenu pourrecevoir un financement de deux millionsd’euros. Il vise à concevoir une chaîne deproduction de ressources 3D innovantes, à destination du monde de l’enseignement.

Rens. : www.telecom-bretagne.eu

© DYNAM

IXYZ

L’usine agroalimentaire du futur a fait sensation au CFIA(1).

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LE DOSSIER DE

L’Europe vient d’épinglerla France. Ses efforts pourlimiter le taux de nitratesdans les eaux ne semblentpas suffisants (lire p.12)Comme une preuve enimages, les photos desplages couvertes d’algues

vertes ont du mal à passer de mode. Et lapolémique, déclenchée par la mort d’un che-val pendant l’été 2009 ne désenfle pas depuis.L’animal a braqué l’attention des médias etdes politiques sur un phénomène arrivé il ya plus de trente ans sur les côtes bretonnes !« Notre principale erreur, à nous scientifiques,

confie Pierre Aurousseau, président duConseil scientifique de l’environnement Bre-

tagne (CSEB) et professeur à Agrocampus-Ouest, c’est d’avoir longtemps considéré cesalgues vertes comme une simple nuisance. Unenuisance importante, certes, pour la pêche (col-matage des chaluts), l’aquaculture (recouvre-ment des bouchots), le tourisme, mais de n’avoirpas vu qu’elles pouvaient représenter un risquede santé publique. »

Des lagunes à l’Atlantique

Elles sont pourtant présentes depuis ledébut des années 70, « de plus en plus récur-rentes, pour finalement revenir chaque année.Quelques cas avaient déjà été observés avant,dans les années 50 et même avant guerre, maistrès localement, en baie de Lannion, car c’est le site le plus sensible de la côte bretonne. »

À l’époque, les premières marées vertes ontsurpris et interrogé. Même les scientifiquesne comprenaient pas pourquoi ce phéno-mène, bien connu dans les lagunes fermées,s’invitait sur les côtes bretonnes (lire p.14).

Les nitrates, facteur de contrôle

La configuration des plages n’expliquepas à elle seule l’ampleur du phénomène,« sinon les plages seraient vertes depuis des millénaires ! », argumente Pierre Aurous-seau. Il a fallu un autre ingrédient, venude la terre : les fameux nitrates (lire p.13).« Comme toutes les plantes, l’algue a besoin desels nutritifs, essentiellement du nitrate - issude l’azote terrestre -, et du phosphore. Les étudessur sites ont permis de montrer que le nitrate

ALGUES VERTE APPARUES IL Y A TRENTE ANS, LES MARÉES VERTES SONT BIEN CONNUESDES SCIENTIFIQUES, MAIS FONT TOUJOURS POLÉMIQUE.

10 SCIENCES OUEST N°297 AVRIL 2012

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S: LE POINTétait le facteur de contrôle de la productiond’algues vertes au printemps. » En effet, lephosphore est présent en quantité suffisantedans les sédiments des plages, où il s’estaccumulé pendant des millénaires. Parcontre, en condition naturelle, l’eau de merest très pauvre en nitrates. « Or, les algues ontbesoin pour se développer d’une eau concentrée,car elles ne peuvent pas pomper le nitrate. » Cesconcentrations élevées sont atteintes depuistrente ans à l’embouchure de certainesrivières bretonnes. D’ailleurs, lorsque lesmarées vertes pointent leur nez au prin-temps, elles s’installent dès le départ sur lescôtés des ruisseaux qui arrivent dans la mer,où la concentration est la plus forte.

Un choix politique

En 2007, le tribunal administratif deRennes a reconnu officiellement les nitrates comme la cause des marées vertes !

P.14Lesparamètres del’échouage© CEVA

P.15D’abord, on les ramasse !© DR

P.16De l’herbepour moinsd’algues© LUC DELABY

AVRIL 2012 N°297 SCIENCES OUEST11

© CEVA

Suite à la mort d’uncheval sur la plage de

Saint-Michel-en-Grève (22)pendant l’été 2009, legouvernement a décrété lamise en place d’un Planalgues vertes. Il concernehuit baies “algues vertes”identifiées par le schémadirecteur d’aménagementet de gestion des eauxLoire-Bretagne. « Dans chaque baie, unconsortium d’associations,de professionnels, dedécideurs politiques devaiteffectuer un état des lieux

et déterminer son propreplan d’action pourdiminuer, sur cinq ans, de30% le taux de nitratesdans ses eaux, expliquePierre Aurousseau. Le Comité scientifique duPlan algues vertes (CSAV)est en charge de lesévaluer. »Aujourd’hui sept plans ontété évalués. Les avis duCSAV ont été très mitigés.Les premiers projetsmettaient entre autres enavant la méthanisation dulisier, qui, contrairement

aux idées reçues, nepermet pas de luttercontre les fuites de nitrates.Et sur certains sites, lestaux visés ne permettrontpas la disparition desmarées vertes, car dansles plus sensibles, ilfaudrait descendre endessous de 10mg/L etpeut-être moins.

CD

Rens. : Pierre AurousseauTél. 02 23 48 54 [email protected]

Le plan d’urgence du gouvernement