Islam Comme Pretexte_Interview de Chebel
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8/11/2019 Islam Comme Pretexte_Interview de Chebel
1/1
Luxemburger
Wort
Samstag den 1 Dezember 2007
Interview avec l anthropologue algrien Malek Chebel
L Islam
comme
prtexte
Chebel: En
Islam,
l esclavage ne
suscite
pas de culpabilit
INTERViEW: LAURENCE O HQNOT
Malek Chebel
est anthropologue et
grand spcialist
de
l Islam.
Ses ou
vrages, dontie
Dictionnaire
amou
reux
de
l Islam
l ont
fait connatre
pour s libert de ton et sa capa
cit
pointer
du
doigt
les
contra-
.
dictions qui
habitent et
bloquent le
monde arabo-musulman. Il vient de
publier
chez Fayard L esclavage en
terre
d Islam, dans lequel il
d
nonce
la perptuation
de
cette pra
tique dans de nombreux pays mu
sulmans.
Comment
expliquez-vous
qu en
terre d Islam l esclavage n ait
jamais t
l objet
ni d une
vraie
repentance, ni
d une vritable
politique abolitionniste?
L Islam n est pas une religion de
repentance, mais une religion ex
travertie, percutante, faite d in
jonctions et fonde sur des certi
tudes. L individu qui la pratique
n est pas sujet aux doutes, ce qui
est antinomique avec sa religion.
Pour lui, possder un esclave est
un signe de richesse, une question
de fortune, une question qui n ap
pelle pas de sentiment de culpabi
lit particulier. Certes, dans le Co- .
ran, on incite
l affranchissement
d un esclave, surtout s il e st musul
man et cela, en diverses circons
tances. Mais
il
n y a pas d interdic
tion formelle de l esclavage d un
tre humain, quelle que soit sa
religion, sa race ou son apparte
nance ethnique. En Islam, on peut
d ailleurs dire qu il est plus respec
table d tre musulman que d tre
un homme.
Est-ce
le
Coran
qui
est insuffi
samment coercitif?
Non, on se cache derrire
le
Coran
pour justifier une pratique hon
teuse. L absence de culpabilit de
l esclavagiste face ltre qu il r
duit en esclavage provient de tra
ditions anciennes, de pratiques
ractionnaires des gouvernements
actuels et mme de l hypocrisie
des lites intellectuelles qui d
noncent cette pratique t affichent
dans le mme temps
la
prsence
d une bonne
la maison, comme
un signe de russite. Mon livre ne
veut pas accabler
le
monde musul
man
mais l interpeller, en lui de
mandant pourquoi
il
laisse cette
pratique inhumaine se poursuivre
dans l silence et, mme souvent,
dans la ngation de son existence.
Cela fait deux sicles que le chris
tianisme travaille sur cette ques
tion t a profr une interdiction
au nom des droits de l Homme.
Pouvez-vous
tablir
une
rapide
distinction entre la traite orientale
et la
traite
occidentale?
Oui.
La
traite occidentale a dur .
deux sicles t s est fonde sur des
bases conomiques. Les Occiden
taux ne sont-pas venus chercher en
Afrique des bonnes qui .aug
menteraient leur statut social.
Les
esclaves de la traite occidentale
faisaient partie d un systme capi
taliste qui avait besoin de main
doeuvre. C est tout. La traite
orientale, elle a dur
15
sicles et
est beaucoup plus socialise, int
riorise et donc difficile
chasser.
L esclave en Or ient pouvait vo
Iuer au sein d une famille ou d une
dynastie.
De
nombreuses dynas
ties musulmanes ont t fondes
par des anciens esclaves rebelles
qui ont mis leurs matres en escla
vage. On est en pleine dialectique
du matre et de l esclave.
y
a-t-il
aujourd hui
des
foyers
plus ou moins actifs d esclavage
en terre d Islam?
INT RN TIO
N
IJ
3
Pour un Islam Lumires: l Algrien Malek Chebel
est
anthropologue,
philosophe, psychanalyste et islamologue. n travaille aujourd hui comme
psychanalyste
Paris.
L intellectuel
de renomme
mondiale
a enseign dans
de
nombreuses universits travers le
monde.
PHOTO:FRDRICRAEVENS)
Oui; mme si l on doit souligner
qu aujourd hui l esclavage n est
plus, - sauf
cas
exceptionnels
comme en Mauritanie par exemple
- , un statut dfinitif. Gnrale
ment, il prend des formes diverses,
comme celle de la domestique ou
de l ouvrier du Golfe
qui l on
confisque la carte d identit.
TI
y a
mme des foyers en pleine expan
sion .comme
Beyrouth, o des
agences qui ont pignon sur rue,
recrutent des bonnes asiatiques
pour les placer dans des familles
aises. Mais certains efforts sont
aussi faits comme au Maroc, o l on
a recens prs d un million de
bonnes - sOuvent africaines- qui
vivent dans les maisons des famil-
les aises et ne sont pas rmun
res pour leur travail. Le secrta
riat d Etat en charge de la famille
tente aujourd hui d endiguer le
phnomne et de donner des roits
ses domestiques.
Mais
la tche est
trs complique car ils sont gnra
lement cachs.
Mais
l objectif de
mon livre n est pas d entrer dans la
particularit des cas, ni dans la
subtile distinction des diffrentes
formes d esclavage qui existent e t
sur lesquelles les jurjstes doivent
se pencher pour lgifrer de ma- .
nire approprie. Mon livre vet
nommer un mal gnral en terre
musulmane qui fait que la personne
humaine n est pas respecte dans
sa dignit dhomme.