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    LES RELATIONS ECONOMIQUES INTERNATIONALES AUJOURDHUI

    Cours pour non-conomistes

    renato di ruzza

    professeur au Dpartement dErgologie de lUniversit de Provence

    Avertissement

    Ce cours ne sadresse ni aux tudiants ni aux enseignants des facults de sciences conomiques.

    Ils ny trouveront pas en effet la dernire version du dernier modle de commerce international

    ou de dtermination du taux de change. Ils ny trouveront dailleurs aucun modle. Ils ny

    trouveront pas non plus les dernires rfrences la dernire mode. Ils ny trouveront

    dailleurs quun nombre infime de rfrences et de citations. Autant dire quil ne leur sera

    daucune utilit, ni pour prparer des examens, ni pour prparer des cours et des concours, ni

    pour crire des articles.

    Il sadresse par contre tous les autres : tudiants et enseignants qui se posent des questions

    sur le fonctionnement actuel de lconomie mondiale, acteurs de la vie conomique et sociale

    qui veulent clairer ou penser leurs interventions, chercheurs qui cherchent comprendre et

    expliquer le monde. Il dfend en effet un point de vue, certes pas nouveau, puisquil est dfendu

    , mme si cest en des termes diffrents et avec des nuances non ngligeables, par dautres

    conomistes, en gnral issus de lEcole grenobloise de la rgulation, mais suffisamment ignor

    pour quil soit ncessaire de le dfendre encore. Et comme tous les points de vue, il pose des

    questions, il esquisse des lments de rponses, il suscite des contradictions et des controverses.

    Les lecteurs auxquels il sadresse y trouveront par consquent quelques bribes de

    connaissances, et beaucoup doccasions de ragir, de dbattre et de contester. Cest lobjectifessentiel de ce cours.

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    INTRODUCTION

    I. AMBIGUTES

    Ltude des Relations Economiques Internationales (REI) doit ncessairement commencer par

    le rappel de choses simples et pourtant trop souvent ngliges : les REI sont des relations

    conomiques et des relations internationales . Ces deux notions mritent quelques

    explications, car elles peuvent tre lorigine de nombreuses ambiguts.

    Ambigut du vocabulaire

    A lvidence, toutes les relations entre les tres humains et entre les institutions quils ont cres

    ne sont pas des relations conomiques . Dans les socits contemporaines, quelles soient

    qualifies de capitalistes , de marchandes ou de march , une relation sera dite

    conomique si elle met en rapport un vendeur et un acheteur, qui changent, le plus souvent

    par lintermdiaire de la monnaie, un bien, un service, une crance, une dette, ou encore de

    largent. Une personne participe la vie conomique lorsquelle vend quelque chose dont elle

    est propritaire (et donc lorsquelle se dessaisit de cette proprit), lorsquelle loue quelque

    chose (elle vend alors le service de cette chose), lorsquelle produit quelque chose pour le

    vendre, ou encore lorsquelle achte quelque chose ou le service de cette chose (elle en devient

    alors propritaire). Cest ainsi que, traditionnellement, lchange, la production, la

    consommation et la rpartition des richesses constituent globalement lobjet de lanalyseconomique. Ne sont pas conomiques les relations ludiques, les relations sentimentales, les

    relations bases sur le don (mme si elles donnent loccasion de contre-dons ), les relations

    familiales, etc. Le reprage non ambigu de deux acteurs spars est par consquent essentiel

    ltablissement dune relation conomique , tout comme est essentiel le reprage de la

    volont de produire, dchanger, de consommer, etc. Ce reprage permet grosso modo de dfinir

    lensemble des relations conomiques , bien quil demeure aux frontires de cet ensemble

    des zones floues : quid des guerres (qui ont toujours des aspects conomiques importants), des

    phnomnes migratoires (souvent ignors des manuels traditionnels), de la diplomatie, destraits

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    Les relations internationales recouvrent des choses beaucoup moins simples, car le plus

    souvent, elles ne mettent pas en relation des nations . Lorsque sont dcrites les relations

    conomiques entre la France et lAllemagne, par exemple le commerce de marchandises entre

    ces deux nations, ces relations sont dites internationales non pas parce que la France vend

    (ou achte) des marchandises lAllemagne (la France et lAllemagne ne vendent ni nachtent

    rien), mais parce que une entreprise localise sur le territoire de la nation franaise vend (ou

    achte) quelque chose une entreprise localise sur le territoire de la nation allemande (la

    nationalit de ces entreprises, notion quil faudra prciser par la suite, importe peu ici). Cette

    constatation, a priori vidente, suppose nanmoins de dfinir ce quest une nation , ce qui

    prsente encore quelques ambiguts.

    Ambigut du concept

    La thorie conomique dominante dfinit habituellement la nation comme un ensemble de

    facteurs de production caractriss par leur degr de mobilit, cest--dire par leur capacit

    se transfrer dune nation une autre : le capital (ressources matrielles) y est plus ou moins

    parfaitement mobile, le travail (ressources humaines) plus ou moins parfaitement immobile, et

    la terre (ressources naturelles) parfaitement immobile. Intuitivement, il est visible que ce type de

    dfinition npuise pas lpaisseur du concept de nation, et quil faut la complter par dautres

    apports.

    Au niveau des apports extra conomiques, dun point de vue politique, la nation peut se dfinir

    comme un territoire born par des frontires dont la protection est assure par des institutions

    publiques (armes, douanes, polices, etc.) ; mais il peut exister des nations sans territoires ni

    frontires (ctait le cas de la nation palestinienne il ny a pas si longtemps), ou encore avec

    territoire mais sans frontires (cest la cas lorsque certains parlent de la nation corse ). Cest

    le couplage de ce concept de nation avec celui de peuple qui conduit ce type dedifficults : un peuple peut constituer une nation, mais un mme peuple peut appartenir

    plusieurs nations et une nation peut regrouper plusieurs peuples Les aspects culturels et

    linguistiques sont aussi prendre en compte, mme si le franais ou langlais est une langue

    internationale

    Dautres considrations qui font retour au domaine conomique peuvent complter ces

    rflexions, sans quelles contribuent cependant lever toutes les ambiguts. Par exemple, une

    nation possde sa propre monnaie, mais le dollar tatsunien est utilis par plusieurs nations, et lacration de leuro, monnaie unique pour certains pays europens, ne fera pas de lEuroland une

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    nation pour autant. Par exemple encore, lEtat a un rle essentiel dans chaque nation ( tel point

    que beaucoup dconomistes parlent de lEtat-nation ) ; il a en effet un pouvoir sur les

    institutions conomiques dans chaque pays, il oriente la politique conomique, et il serait

    envisageable de dfinir la nation comme lensemble des acteurs soumis ou influencs par la

    politique de lEtat. Mais l encore, le poids des institutions internationales comme la

    Commission europenne ou le Fonds montaire international (FMI) ou la Banque mondiale,

    montre les limites dune telle dfinition.

    Ambigut de lenseignement

    Au total, lenseignement doit porter sur les REI, sans que soit parfaitement dfinie la notion de

    relation conomique , alors que gnralement, elles ne sont pas des relations entre des

    nations , mais des relations entre des firmes, et quand bien mme le concept de nation est

    des plus flou ! Que dire dans ces conditions ?

    A ces conditions, et pour rendre lexercice encore plus prilleux, il faut ajouter le constat que

    dans le monde contemporain les REI ne peuvent plus constituer un champ particulier de

    lanalyse conomique.

    En effet, lconomie contemporaine est entirement et fondamentalement internationale. La

    distinction encore en vigueur ici ou l entre conomie internationale et conomie

    nationale (qui se traduit dans les cursus des facults de sciences conomiques par la

    distinction entre conomie ferme et conomie ouverte ) est devenue totalement obsolte.

    Tous les problmes conomiques qui peuvent se poser au sein des nations se droulent au

    niveau international et sont resituer en tant que problmes internationaux : cest lvidence

    vrai pour les questions dont traite lOrganisation mondiale du commerce (OMC) ou le FMI ou

    lUnion europenne ; cest vrai galement pour les mgafusions qui se ralisent entre des firmes

    de nationalits diffrentes ; mais cest vrai galement pour des choses aussi simples quunerevendication salariale ou de rduction du temps de travail, qui risque de mettre en cause la

    comptitivit internationale de lentreprise concerne, et par consquent lemploi procur par

    cette entreprise. Les notions utilises pour dcrire cette nouvelle configuration du monde

    conomique sont nombreuses et, l encore, jamais trs bien dfinies.

    La notion la plus rcente et la plus parlante est indniablement celle de mondialisation .

    Traduction approximative du terme anglais de globalization , elle na pas de dfinition plus

    prcise que celle que lui a donne la Prsident dun grand groupe industriel helvtico-sudois :Je dfinis la mondialisation comme la libert pour mon groupe dinvestir o il veut, le temps

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    quil veut, pour produire ce quil veut, en sapprovisionnant et en vendant o il veut, et en ayant

    supporter le moins de contraintes possibles en matire de droit du travail et de conventions

    sociales. Pour brutale quelle soit, cette dfinition exprime des processus qui ne pourraient pas

    se dvelopper sans reposer sur un double fondement, technologique et financier.

    Les nouvelles technologies de linformation et de la communication (TIC) sont le premier

    vecteur de la mondialisation. Elles permettent de relier quasi instantanment (en temps rel

    dit-on dun terme impropre) des oprateurs localiss nimporte o dans le monde, et de

    dvelopper le commerce lectronique ; elles sont le support de rseaux de firmes et de firmes-

    rseaux qui couvrent maintenant la plante ; elles conduisent la constitution de collectifs de

    travail plurinationaux par lintermdiaire du travail distance ; elles mettent en connexion

    plurinationale les technologies de fabrication avances (TFA) (robotique, machines transferts,

    machines commandes numriques,). Plus globalement, ces TIC contribuent

    lhomognisation technique de lconomie mondiale : cest le cas au niveau des procds de

    fabrication des biens et des services (la saisies de donnes par exemple peut tre effectue

    partout dans le monde, quelle que soit la localisation du panel saisir), cest le cas aussi au

    niveau des biens et des services disponibles (aujourdhui par exemple tous les biens de

    consommation sont achetables dans le monde entier, ce qui tait loin dtre le cas il y a encore

    une trentaine dannes, sous rserve bien sr davoir le pouvoir montaire de les acheter !).

    Ce qui est constatable au niveau de la sphre technologique lest encore plus au niveau de la

    sphre financire : si mondialisation ou globalisation il y a, si cela apparat comme la marque

    essentielle de lconomie contemporaine, cest parce que la finance , cest--dire les capitaux

    sous forme montaire, peut circuler dun endroit lautre de la plante sans aucune barrire

    institutionnelle (cest la libralisation des mouvements de capitaux ) ou technique (les

    transferts de capitaux se ralisent par de simples jeux dcriture rendus possibles par les TIC).

    Ces processus de mondialisation ont ceci de particulier quils ne se laissent pas connatrefacilement. Louvrage Vingt milliards sous lOM, crit en 1998 par le journaliste Jean-Michel

    Verne, donne une ide de ces difficults : il narre lenqute judiciaire mene en France sur les

    finances de lOlympique de Marseille lorsque ce club de football tait prsid par Bernard

    Tapie ; ce dernier avait fait du club une petite multinationale et les deux juges et la vingtaine de

    policiers, tous spcialistes des questions financires, ayant pourtant tous les moyens de la justice

    et de la police, ont t dans lincapacit, en deux annes dinvestigation, den dcrypter le

    fonctionnement. Une conclusion semble simposer : si autant de personnes, disposant dautant

    de moyens, nont pas russi en deux ans comprendre le fonctionnement dune multinationaleaussi petite que lOM, comment un professeur dUniversit, assis seul derrire son bureau,

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    pourrait comprendre le fonctionnement des grands groupes multinationaux qui structurent

    lconomie mondiale ?

    Ambigut de la crise

    Les questions qui sont ainsi poses ne sauraient se disjoindre des caractristiques de la priode

    que vient de traverser le monde conomique et qui peuvent se rsumer par les mots

    mutations , changements , bouleversements , incohrences , instabilits ,

    krachs boursiers , bulle financire , chmages , inflations , stagflations ,

    endettements , dficits , ingalits , privatisations , etc. Autant de notions qui

    viennent rappeler que depuis la fin des annes 1960, lconomie internationale et chacune de ses

    composantes nationales vivent une situation qui peut tre dsigne, pour aller vite et ne pas

    entrer dans des dbats plus ou moins striles de vocabulaire, par le concept de crise.

    Cette crise nest pas la crise du capitalisme , mais celle dun mode de rgulation

    historiquement dat du capitalisme, celui qui sest mis en place dans les conomies occidentales

    aprs la deuxime guerre mondiale :

    - les procdures de rgulation fonctionnaient sur une base nationale, avec un systme

    montaire international qui permettait darticuler les conomies nationales,

    - lutilisation de la main duvre reposait sur lintensification du travail organise par les

    principes du modle productif taylorien, ce qui engendrait de forts gains de productivit

    apparente du travail dont bnficiaient en partie les salaris,

    - les secteurs publics et nationaliss taient importants, et les dispositifs divers de

    planification indicative savraient efficaces.

    Ce mode de rgulation entre en crise la fin des annes 1960 aprs avoir assur une certaine

    stabilit de laccumulation du capital (quasi plein-emploi, taux de croissance levs, inflation

    matrise) durant une vingtaine danne (ce sont ces 20 ans que lidologie dominante dsignepar lexpression Les trente glorieuses ). La crise dont il est question ici est donc

    lobsolescence dun mode de rgulation particulier, et simultanment, la recherche, par les

    forces conomiques et sociales dominantes, dun autre mode de rgulation susceptible den

    fournir une issue. Par ailleurs, il ne sagit pas de la premire crise de ce type dans lhistoire du

    capitalisme : il y a eu la Grande dpression du dernier tiers du 19mesicle, et la Grande

    crise de lentre deux guerres (avec son point culminant en 1929). Quelles que soient les

    interprtations auxquelles elles donnent lieu, et les priodisations du capitalisme quelles

    scandent, cette rcurrence des crises permet davancer quelques hypothses mthodologiquessans lesquelles tout ce qui suit serait difficilement comprhensible.

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    1. Les crises sont des priodes dincertitude, durant lesquelles la question de la rversibilit

    ou de lirrversibilit des changements reste ouverte. Il y a une certitude fondamentale, portant

    sur un changement irrversible : le mode de rgulation prcdent, celui mis en place au sortir de

    la deuxime guerre mondiale, est dfinitivement et irrvocablement rvolu. Ceci ne saurait

    signifier cependant que certains lments de ce mode de rgulation ne perdureront pas dans

    lventuelle issue la crise, mais cela ressortit du domaine de lincertain. Et il y a une

    incertitude fondamentale, celle qui porte sur lissue la crise : y aura-t-il un nouveau mode de

    rgulation capable dassurer une relative stabilit du processus daccumulation du capital et une

    situation voisine du plein-emploi ? Cette incertitude fondamentale est gnrale : personne,

    individu, classe ou couche sociale, parti politique ou organisation syndicale, ne peut avoir une

    vision claire de lavenir. Cest pourquoi le travail de crise est fait de ttonnements et

    dexprimentations sociales, lesquels engendrent certains changements qui sont toujours

    potentiellement rversibles. Evidemment, lincertitude porte aussi sur lanalyse : les

    conomistes, comme les sociologues, les politologues, et autres chercheurs ou savants, ne sont

    pas toujours en mesure ou en capacit de distinguer ce qui, en priode de crise, est une

    manifestation de la crise, et qui disparatra par consquent avec la fin de celle-ci, de ce qui est

    plus profond, mergeant en priode de crise, mais susceptible den structurer lissue. Dabord

    parce quils sont incapables daffirmer quune issue est possible. Ensuite parce que sil est ais

    danalyser les processus achevs, il est difficile et dangereux de faire des hypothses sur le

    devenir de lhistoire se faisant, cest--dire sur des processus inachevs et pour la plupart

    exprimentaux.

    2. Les crises sont toujours des priodes au cours desquelles certaines catgories, certaines

    institutions, certaines reprsentations avec lesquelles la socit se pense, se crent ou se

    recomposent. Lexemple le plus connu est celui de linvention du chmage durant la crise de

    la fin du 19mesicle, et de sa reformulation durant le crise de lentre deux guerres. Au fond, les

    concepts qui permettent de comprendre et danalyser les priodes de croissance et de stabilitperdent de leur pertinence et de leur efficacit en priode de crise. Cest vrai pour les catgories

    statistiques et donc pour les statistiques elles-mmes : quelle est aujourdhui la signification de

    la statistique du chmage ou de lemploi ? Et la mme question se pose propos de toutes les

    grandeurs macroconomiques, concernant notamment le produit national , le commerce

    extrieur, sans parler de lextrme difficult faire des comparaisons internationales. Mais il

    faut aller encore plus loin et observer que les notions sur lesquelles reposent les statistiques

    deviennent obsoltes ou inadaptes. Cest ainsi par exemple que sont annonces la fin de la

    socit industrielle et lavnement de lre post-industrielle ou de lre tertiaire , voire quaternaire ; pour que de telles affirmations aient une quelconque signification, il faudrait

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    que les notions dindustrie, de tertiaire, soient thoriquement dfinies, en comprhension et dans

    leurs diffrences, ce qui nest pas le cas. Ce qui est vrai enfin des catgories statistiques est

    galement vrai pour des reprsentations plus socitales : il est clair aujourdhui que la notion de

    travail doit tre repense, comme doivent tre repenses les notions demploi, de plein emploi,

    de chmage, surtout sil est admis que les problmes quelles permettent danalyser se situent

    dornavant au niveau mondial (une mme catgorisation est-elle pertinente pour penser le

    travail, lemploi et le chmage dans des zones aussi diffrentes que lEurope occidentale et

    lAfrique noire ?).

    Ces caractristiques des crises illustrent les difficults de lanalyse, et exigent une trs grande

    prudence et une forte dose de modestie : nous ne savons pas ou plus grand-chose, et pourtant

    nous devons enseigner comme si nous savions. Cest la raison pour laquelle un encadrement

    thorique prcis est ncessaire et doit tre explicit.

    II. ECLAIRAGES

    Le concept de base de ce cours est celui de systme productif . Elabor au cours des annes

    1980 par l'Ecole grenobloise de la rgulation afin de tenter, dans un mme cadre analytique,

    d'associer le temps et l'espace dans la dynamique du capitalisme, il permet en effet d'clairer la

    nature et l'volution historique des relations conomiques internationales.

    Le concept de systme productif

    Banalement, un systme productif possde deux caractristiques : il est productif , et il

    constitue un systme . Ce sont ces deux caractristiques qu'il faut prciser.

    Le concept de production est l'un des plus dlicats manier en conomie politique, car il

    exprime la fois un processus et un rsultat. En premire approximation, on pourrait dire qu'est

    productif tout processus de fabrication ou tout processus de travail qui cre quelque

    chose , ce quelque chose devant tre quantitativement spcifi : la fabrication d'une chaise

    partir de la dmolition de deux chaises ne constitue pas un processus de production (cest de

    destruction quil sagit), mais la rcolte de 100 q de bl partir d'une semence de 50 q et

    d'une nourriture du paysan de 20 q est un processus de production dans la mesure o ce qui a t

    obtenu quantitativement est suprieur ce qui a t ncessaire pour l'obtenir. Il est ais dereconnatre dans ce dernier exemple l'illustration traditionnel du concept de surproduit : le

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    surproduit est la diffrence, exprime en quantits physiques (expression vectorielle), entre ce

    qui a t fabriqu et ce qui a t ncessaire pour effectuer cette fabrication. Le surproduit est

    positif (cas typique du caractre productif d'un ensemble conomique) si toutes ses composantes

    sont positives ou nulles, avec une au moins positive ; il est ngatif (cas typique de la destruction

    stricte) si toutes ses composantes sont ngatives ou nulles, avec une au moins ngative ; il est de

    signe indtermin dans tous les autres cas. Malheureusement pour la simplicit du propos, il

    se trouve que gnralement les ensembles conomiques complexes (entreprises, branches,

    secteurs, nations, etc.) correspondent au troisime cas, ce qui interdit d'en spcifier le caractre

    productif par la simple rfrence aux quantits physiques. Le concept de valeur est alors

    convoqu.

    Pour ne pas entrer dans des dbats inutiles concernant les diverses thories de la valeur ou des

    prix, il suffit de souligner que, afin de rpondre notre objet (apprcier quantitativement ce qui

    est cr par l'ensemble conomique sous examen), la valeur doit tre un concept

    quantitativement mesurable ; et que dans cette optique, toutes les thories de la monnaie font de

    celle-ci l'instrument privilgi de la mesure des valeurs. Autrement dit, un systme conomique

    sera spcifi comme productif si et seulement si il engendre une survaleur (diffrence

    entre la somme des valeurs des biens fabriqus et la somme des valeurs des biens utiliss au

    cours du processus de fabrication) mesure montairement. L'existence d'une monnaie comme

    instrument de mesure unique des valeurs est ainsi consubstantielle l'existence potentielle d'un

    systme productif.

    La seconde caractristique d'un systme productif est d'tre un systme . L encore, pour ne

    pas entrer dans les dbats portant sur les nuances dfinitionnelles, il suffit de souligner qu'un

    systme est un ensemble cohrent, soumis des processus d'autorgulation qui le maintiennent

    dans les bornes de son identit.

    En effet, toute socit humaine quelque peu dveloppe se trouve confronte au problmesuivant : comment assurer sa propre reproduction ? Et cette ncessit se manifeste, au niveau

    conomique, par l'existence de deux contraintes.

    a. Etant donns les besoins sociaux, individuels et collectifs (besoins qui voluent au cours du

    temps), tant donns les techniques en usage et les biens susceptibles de satisfaire ces besoins

    (techniques et biens eux-mmes en volution constante), quels biens faut-il produire et en

    quelles quantits ? Quels besoins faut-il satisfaire ? Et quelles techniques faut-il employer

    compte tenu des forces productives matrielles existant dans la socit ? A partir du moment ol'on admet que les quantits de biens qui seront fabriques dpendent du nombre et de la qualit

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    de travailleurs affects telle ou telle fabrication, le premier problme conomique fondamental

    est celui de l'affectation des forces de travail aux diverses branches de la production, afin que les

    besoins soient satisfaits et que les processus de fabrication puissent redmarrer sur des bases au

    moins identiques.

    b. La simple reproduction des conditions de la production - au sens strict - ne suffit cependant

    pas assurer la reproduction de l'ensemble du systme. Il faut non seulement entretenir un

    systme ducatif qui permette la transmission et l'extension des connaissances scientifiques et

    techniques, un systme de sant qui rpare les forces productives humaines, un systme

    juridique, policier, etc. Mais il faut galement et surtout que les individus ou les groupes

    d'individus qui dominent et dirigent en fait la socit puissent assurer la reproduction de cette

    domination. Le contrle (par appropriation ou par tout autre moyen) du surproduit ou de la

    survaleur par ces individus dominants est donc le second problme conomique fondamental

    que doit rsoudre toute socit humaine pour assurer sa reproduction.

    Dans les socits capitalistes ou marchandes, caractrises voire spcifies par une division du

    travail, c'est travers l'change de marchandises (biens ou services) que se rsolvent ces deux

    problmes, et les rapports d'change apparaissent ds lors comme la manifestation des processus

    par lesquels cette rsolution agit. Toute l'histoire de l'conomie politique peut se lire comme

    l'histoire sans cesse renouvele des tentatives d'explication de la formation de rapports

    d'change tels qu'ils contribuent la rsolution des deux problmes fondamentaux signals.

    Sans entrer dans des dtails superflus, dans tous les grands corpus thoriques, les rapports

    d'change sont conus comme le rsultat de deux processus conflictuels : la concurrence qui

    exprime le conflit entre les entreprises et les capitaux qu'elles mettent en uvre dans la

    recherche du taux de profit maxn1um, et la lutte des classes qui exprime au niveau conomique

    le conflit portant sur la rpartition et sur le contrle de la survaleur. Traditionnellement, ces

    deux processus conflictuels ont t analyss sous la forme de deux lois , dites ici lois de

    rgulation : la loi d'galisation des taux de profit de branche, et la loi de baisse tendancielle dutaux de profit gnral (parler de tradition n'est pas une clause de style : au del de problmes

    de vocabulaire, elle commence A. Smith et va au moins jusqu' J. M. Keynes, en passant par

    D. Ricardo, J. B. Say, K. Marx, L. Walras, A. Marshall, etc.).

    En substance, la cohrence et l'autorgulation sont assures dans un ensemble productif, et lui

    confrent donc les proprits d'un systme , lorsque des procdures particulires permettent

    ces deux lois fondamentales de fonctionner correctement : la mobilit du capital d'une

    branche l'autre de l'conomie doit tre possible sur un espace donn afin de garantir une allocation des ressources productives cohrente, c'est--dire de faire en sorte que la structure

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    de la production et la structure des besoins sociaux soient en correspondance (la cohrence-

    limite, jamais atteinte concrtement, est celle dcrite par les modles de prix de production de P.

    Sraffa et de J. von Neumann par exemple) ; les conditions d"utilisation de la main d"oeuvre

    doivent garantir une exploitation de la force de travail suffisante pour assurer un taux de profit

    jug acceptable par les propritaires du capital, en tant que source de rmunration et source

    d"accumulation (c'est ce qui est dsign par K. Marx par les contre tendances la baisse du taux

    de profit gnral, et par J. M. Keynes par les dterminants de l'efficacit marginale du capital).

    Au total donc, un systme productif peut tre dfini comme un ensemble d'activits

    conomiques possdant une monnaie, relativement cohrent, relativement autonome, soumis

    un mme mode de rgulation, c'est--dire capable de matriser suffisamment ses contradictions

    et ses processus conflictuels pour se reproduire de faon relativement stable.

    Problmatique et plan du cours

    Si cette dfinition est accepte, la perspective traditionnelle d'un cours de relations

    conomiques internationales est renverse : il s'agit non plus de partir d'un espace

    gopolitique, la nation, postule tre une entit conomique pertinente ayant de simples

    relations avec un extrieur , pour essayer d"en faire apparatre la logique ou la rationalit,

    mais au contraire, de partir de la rationalit propre aux activits productives pour en dduire la

    structuration de l'espace qu'elle implique. Il n'y a en effet aucune raison a priori pour qu'un

    systme productif corresponde une conomie nationale. Il est bien sr toujours centr sur une

    conomie nationale dominante, mais il englobe aussi des activits conomiques dun certain

    nombre de nations affilies (le systme productif franais par exemple s'est constitu au

    lendemain de la deuxime guerre mondiale en intgrant l'conomie franaise, et, pour aller vite,

    les conomies des DOM-TOM et de la Zone Franc). Une telle dfinition conduit invitablement

    par consquent distinguer, parce qu'elles sont de nature diffrente, les relations conomiquesinternationales internes un systme productif, et celles qui lui sont externes et qui l'articulent

    d'autres systmes productifs.

    Cette distinction n'a de sens naturellement que pour autant qu'existent des systmes productifs

    reprables. Or la crise, justement, peut tre dfinie en premire approximation comme la

    dstructuration, voire la destruction, des systmes productifs existants. Il y a eu un temps o,

    parmi ceux qui acceptaient de considrer que la priode d'instabilit et de difficults qui s'est

    ouverte la fin des annes 1960 devait s'analyser en terme de crise , des polmiques sedveloppaient pour savoir si cette crise tait nationale ou internationale . Cette

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    dichotomie semble cependant trop simplificatrice et trop inadapte l'analyse des processus

    historique en cours. Les crises se sont toujours prsentes dans leurs dbuts mmes comme un

    dsordre conomique mondial , qui se manifeste d'abord comme une perturbation du systme

    montaire international prvalant l'poque considre, et surgissement d'une contrainte

    extrieure avec son cortge de mouvements erratiques de capitaux, de dsquilibres de

    balances commerciales ou de paiements courants, d'endettements, et de concurrence

    internationale exacerbe. Ds lors, une sorte de rflexe pousse chercher dans l'international

    la fois les causes des difficults et les critres d'une politique conomique susceptible d'en

    rduire les effets ngatifs. Ce triomphe des apparences ne suffit pourtant pas faire de la crise

    un phnomne de l'conomie internationale. Sans s'appesantir pour l'instant sur les diverses

    explications de la crise, il semble admis par beaucoup d'conomistes rgulationnistes que

    chaque systme productif entre en crise pour des raisons internes, peu prs au mme moment

    parce que chacun d'eux est soumis des volutions analogues, le mode de rgulation tant de

    mme nature durant les mmes priodes en chacun d'eux. Le dsordre conomique mondial

    ne nat donc pas dans le monde , mais provient de ruptures internes chaque systme

    productif. Ce qui ne signifie pas non plus que la crise aurait des origines et des aspects

    prioritairement nationaux, car d'une part les aspects internationaux internes aux systmes

    productifs jouent un rle important (comme la dcolonisation par exemple), et d'autre part

    chaque systme productif cherche vacuer ses propres difficults sur le march

    international , c'est--dire sur les autres.

    De ce point de vue, et pour aller l'essentiel dans cette introduction gnrale,

    l'internationalisation des marchs et la transnationalisation des firmes ont largement mis en

    cause la cohrence et l'autonomie (relatives) des divers systmes productifs nationaux : les taux

    d'ouverture et les taux de pntration ont cru fortement au cours des annes 1970, les procdures

    de rgulation, rductrices d'incertitude, comme la planification en France, sont devenues

    progressivement obsoltes, les structures des prix et des rapports d'changes ont t

    bouleverses par l'inflation, les normes de production et de consommation ont t perturbes,etc. En dstructurant, voire en dtruisant, les systmes productifs nationaux qui s'taient

    constitus aprs la deuxime guerre mondiale, la crise recompose, encore aujourd'hui, une

    conomie mondiale d'une complexit redoutable (faon pdante de dire qu'on ny comprend pas

    grand chose), que les notions de globalisation, de mondialisation, ou d'internationalisation, ne

    dcrivent que trs imparfaitement. En effet, a pris la place des systmes productifs nationaux un

    entrelacs ou une superposition d'espaces mouvants, dont l'articulation reste

    problmatique :

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    - l'espace mondial, qui est le terrain de jeu des plus grandes entreprises, tant au niveau des

    marchs que de la production et de la finance ; leurs stratgies, les rseaux qu'elles constituent,

    les informations qu'elles utilisent ou quelles transmettent, se situent d'emble sur ce terrain, et

    elles n'utilisent les autres espaces que dans le cadre de ces stratgies;

    - les espaces nationaux, qui demeurent (encore) des lieux o s'exercent un certain pouvoir

    politique et juridique, o se grent (mais pas partout) les monnaies, o se nouent les relations

    sociales essentielles (les pratiques syndicales, les conflits sociaux, et donc la dtermination des

    salaires, des conditions de travail, des modalits de reproduction de la force de travail,

    comportent des aspects nationaux encore largement dominants, mme si des fractures

    apparaissent ici ou l) ;

    - entre cet espace mondial et ces espaces nationaux, il existe aussi des espaces intermdiaires,

    qui se sont constitus ou qui se constituent, ou qui se dfont, et dont les logiques sont

    multiformes ; des territoire apparaissent sous l'effet de la monte des particularismes ethniques,

    culturels, rgionaux, des replis identitaires, des volonts de fractionnement; un renouveau du

    rgionalisme multinational peut tre observ, avec l'acclration de la construction europenne,

    avec la constitution de l'Alena, auquel s'ancre plus ou moins le Mercosur, de l'Asean; tout

    comme surgissent des zones fondes sur le dveloppement industriel ou technologique (les

    districts industriels ou la banane bleue ).

    La coexistence de ces trois types d'espaces pose videmment de multiples problmes, dont

    l'ampleur ne peut tre compris, et les enjeux noncs, que s'ils sont resitus dans leur historicit.

    C'est la raison pour laquelle le cours comportera deux parties. La premire traitera de l'ordre

    conomique mondial qui a prvalu de la deuxime guerre mondiale la fin des annes 1960 ;

    cet ordre reposant sur l'existence de systmes productifs nationaux stables (relativement

    stables), deux sous parties seront ncessaires pour analyser dune part les relations conomiques

    internationales internes chaque systme productif, et dautre part celles entre les systmes

    productifs. La seconde partie prendra pour objet le dsordre conomique mondial qui

    gouverne la plante depuis une trentaine d'annes ; les systmes productifs nationaux n'existantplus, et les nouveaux systmes productifs potentiels n'tant pas encore clairement reprables, la

    distinction entre les relations conomiques internationales externes et internes aux systmes

    productifs n'a plus lieu d'tre.

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    III. PRECISIONS ET RAPPELS

    Parmi les variables essentielles ncessaires lanalyse des REI figure incontestablement le

    taux de change . Lobjectif de cette troisime partie de lIntroduction est den faciliter

    lutilisation et la comprhension par le rappel dun certain nombre de principes dfinitionnels de

    base.

    Le taux de change dune monnaie dun pays A en la monnaie du pays B sexprime comme la

    quantit dunits montaires du pays B qui schange contre une unit montaire du pays A. Par

    exemple, le taux de change de leuro (monnaie de la France) en dollar (monnaie des USA) est

    de 1,25, ce qui signifie qu1 euro schange contre 1,25 dollar. Cette expression du taux de

    change ressemble lvidence un prix : cest le prix de leuro en dollar. Cest la raison

    pour laquelle il est ncessaire de revenir sur la notion de prix pour en tirer toutes les

    consquences concernant le taux de change.

    Prix et taux de change

    Au-del des thories des prix (prix indicateurs de raret ou prix de production) et des

    reprsentations courantes et triviales des prix (le prix dun pain au chocolat est de 0,75 centimes

    deuro), le prix exprime fondamentalement un rapport dchange entre deux biens : si 50 litres

    de vin schangent (le plus souvent par lintermdiaire de la monnaie) contre 10 chaises, alors le

    prix dun litre de vin est de 0,2 chaise, et le prix dune chaise est de 5 litres de vin. Il y a l une

    srie de premiers constats effectuer :

    - le prix dun litre de vin ne veut rien dire si nexiste aucun autre bien en lequel

    lexprimer ; de la mme manire, le taux de change de leuro ne veut rien dire si une

    autre monnaie nest pas choisie pour lexprimer;- le prix du vin ne veut rien dire si nest pas prcise lunit physique de vin dont on veut

    exprimer le prix : si lon passe du litre lhectolitre, alors le prix du vin passe de 0,2

    chaise 20 chaises ; de la mme manire, et bien que ce soit plus spontan, le taux de

    change dune monnaie exprime le taux de change dune unit de cette monnaie(le taux de

    change de leuro est le taux de change d1 euro) ;

    - le prix du litre de vin en chaise et le prix dune chaise en litre de vin expriment le mme

    rapport dchange : si lon connat le prix du litre de vin en chaise, le prix dune chaise en

    litre de vin sen dduit immdiatement ; de la mme manire, si lon connat le taux de

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    change de leuro en dollar (1,25), on peut en dduire immdiatement le taux de change du

    dollar en euro (0,8).

    Imaginons maintenant quil y ait 3 biens dans lconomie : les chaises, le vin et des tables, et que

    les rapports dchange soient les suivants :

    - 50 litres de vin schangent contre 10 chaises

    - 10 tables schangent contre 20 chaises

    - 3 tables schangent contre 30 litres de vin.

    Et rpondons la question : quel est le prix dune chaise ? Il est clair quil y en a deux : 0,5

    lorsquil est exprim en table, et 5 lorsquil est exprim en vin ; autrement dit, il y a autant de prix

    dune unit dun bien que de biens avec lesquels il peut schanger. De la mme manire, il y a

    autant de taux de change dune monnaie que de monnaies contre laquelle elle peut schanger.

    Rpondons une seconde question : le rapport dchange tables/vin peut-il tre autre chose que 3

    tables contre 30 litres de vin ? L encore, la rponse est claire : compte tenu des deux premiers

    rapports dchange (vin/chaises et tables/chaises), le troisime sen dduit automatiquement.

    Autrement dit, lorsquil y a trois biens, deux rapports dchange suffisent dterminer tous les

    prix, tout comme prcdemment, lorsquil y avait deux biens, un seul rapport dchange suffisait

    dterminer les prix ; en gnralisant, lorsquil y a n biens dans lconomie, n 1 rapports

    dchange suffisent dterminer les prix. De la mme manire, lorsquil y a m monnaies dans

    lconomie mondiale, lexpression de m 1 taux de change suffit dterminer tous les taux de

    change.

    Enfin, considrons les variations de prix, en posant que le rapport dchange 50 litres de vin

    schangent contre 10 chaises se modifie et devienne 100 litres de vin schangent contre 10

    chaises . Dans ce cas, le prix du litre de vin exprim en chaise a diminu puisquil est pass de 0,2

    0,1 ; et le prix dune chaise exprim en vin a augment puisquil est pass de 5 10 ; autrement

    dit, lorsquil y a deux biens dans lconomie, dire que le prix dun bien a augment revient direque le prix de lautre bien a diminu. De la mme manire, dire que le taux de change de la

    monnaie du pays A a augment par rapport la monnaie du pays B revient dire que le taux de

    change de la monnaie du pays B a diminu par rapport la monnaie du pays A.

    En gnral, les choses se compliquent si il y a plus de deux biens dans lconomie. Reprenons

    lexemple des chaises, des tables et du vin avec les rapports dchange dfinis plus haut, et

    supposons que ces rapports se modifient et deviennent :

    -

    100 litres de vin schangent contre 10 chaises- 20 tables schangent contre 10 chaises, et donc

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    - 10 tables schangent contre 50 litres de vin.

    Quel est le sens de variation du prix dun litre de vin ? Si il est exprim en chaise, il a diminu

    (passant de 0,2 0,1), par contre, si il est exprim en table, il a augment (passant de 0,1 0,5) ;

    son sens de variation est donc indtermin. De la mme manire, en rgle gnrale, lorsquil existe

    plus de deux monnaies dans lconomie mondiale, le sens de variation du taux de change de lune

    dentre elles est indtermin.

    Dtermination des prix et dtermination des taux de change

    Tous les modles de dtermination des prix impliquent le choix dun numraire . En effet,

    lorsque lon pose le rapport dchange 50 litres de vin schangent contre 10 chaises , cela

    revient dire que le prix de 50 litres de vin est gal au prix de 10 chaises (deux ensembles de biens

    peuvent schanger lun contre lautre si et seulement si ils ont le mme prix), et lon peut donc

    crire, si pvest le prix dun litre de vin et pcle prix dune chaise, lquation suivante : 50pv= 10pc.

    On constate que pour dterminer deux inconnues (pvet pc), il ny a quune seule quation, et donc

    que la solution est impossible. Pour rendre la solution possible, il convient dajouter une quation,

    et cest cette quation supplmentaire qui exprimera le choix du numraire. Par exemple, si lon

    souhaite exprimer le prix dun litre de vin en chaise, on posera que le prix de la chaise est gal 1

    (pc= 1 est donc la seconde quation) et on en dduira que pv= 0,2 ; si lon souhaite au contraire

    exprimer le prix dune chaise en vin, on posera que le prix dun litre de vin est gal 1 (p v= 1 est

    cette fois la seconde quation) et on dduira que pc= 5 ; dans le premier cas, on a choisi le litre de

    vin comme numraire, dans le second cas, on a choisi la chaise comme numraire.

    Comme on le constate, le choix du numraire (et donc de la seconde quation) est totalement

    arbitraire : on a choisi soit le litre de vin soit la chaise, mais on aurait pu aussi choisir 10 litres de

    vin (10pv= 1), ou 5 chaises (5pc= 1), ou un litre de vin et une chaise (pv+pc= 1), etc. On peutgalement choisir, toujours aussi arbitrairement, une quation exprimant le caractre montaire des

    change : on dira alors par exemple que le prix dune chaise est pos comme gal 10 euro (pc=

    10 euro) ou gal 2 grammes dor (pc= 2 grammes dor).

    Bien entendu, cet exemple deux biens peut tre gnralis : quel que soit le nombre de biens prsentsdans lconomie et dont il faut dterminer les prix, il est toujours obligatoire de choisir un numraire.Et naturellement, ce qui est vrai pour les prix lest galement pour les taux de change : quel que soit lenombre de monnaies prsentes dans lconomie mondiale, la dtermination de leur taux de change

    ncessite le choix, tout aussi arbitraire, dun numraire.