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Université Lyon II Institut d'Études Politiques de Lyon LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN Joao Alexandre Diplôme IEP 4ème année Séminaire Mots et Symboles en Politique Mémoire soutenu le 27/08/10 Sous la direction de Denis Barbet Membres du jury : Denis Barbet, Paul Bacot

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Université Lyon IIInstitut d'Études Politiques de Lyon

LES ACCORDS DE MUNICH DANS LEDISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

Joao AlexandreDiplôme IEP 4ème année

Séminaire Mots et Symboles en PolitiqueMémoire soutenu le 27/08/10

Sous la direction de Denis Barbet

Membres du jury : Denis Barbet, Paul Bacot

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Table des matièresRemerciements . . 4Premiere partie : caracteristiques generales de la reference . . 5

1. Charge mémorielle et connotation . . 51.1 Les deux versants de la référence . . 61.2 Allusions et mémoires . . 9

2. Formes lexicales rencontrées . . 112.1 Les références simples . . 112.2 Les comparaisons . . 142.3 La forme antonomasique . . 18

3. Raisonnement analogique et résolution de problèmes . . 243.1 Théorisation du processus . . 253.2 Fonction du raisonnement analogique . . 273.3 Validation empirique . . 283.4 Limites du raisonnement analogique . . 30

Seconde partie : « les images de munich » en politique etrangere . . 341. Panorama général . . 342. Les leçons américaines des accords de Munich . . 37

2.1 L'analogie de Munich dans le récit national américain . . 392.2 L'exemple-prototype: La guerre de Corée . . 402.3 Le parallèle tragique: la guerre du Vietnam . . 422.4 Une ré-actualisation : La guerre d'Irak . . 45

3. Le point de vue tchèque . . 473.1 Les tchèques et l'Otan . . 50

4. La perspective russe. . . 524.1 La guerre russo-géorgienne et les leçons de Munich . . 56

Conclusion . . 61Annexes . . 63

I. Texte des accords de Munich et protocoles additionnels. . . 63II. Carte de la Tchécoslovaquie après les accords de Munich . . 65III. Typologies des désignants évènementiels. . . 65IV. Le raisonnement analogique, une illustration. . . 66

Bibliographie . . 72Ouvrages . . 72Articles de revues scientifiques . . 72

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

4 JOAO Alexandre

RemerciementsMerci tout d'abord à Denis Barbet pour ses encouragements et ses conseils avisés dispensés toutau long de cette année dans le cadre du séminaire Mots et Symboles en Politique.

Merci aussi à l'Université de Virginie dont les ressources documentaires m'ont été très utiles.Mon séjour dans cette institution a été une source d'inspiration majeure pour ce mémoire en plusd'avoir été une expérience humaine inoubliable.

Merci enfin à ma mère et à ma sœur pour m'avoir supporté pendant tout ce temps, et à Romainpour son expertise technique sans pareille qui m'a sans doute évité de nombreuses crises de nerf.

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Premiere partie : caracteristiques generales de la reference

JOAO Alexandre 5

Premiere partie : caracteristiquesgenerales de la reference

1. Charge mémorielle et connotationLorsque un locuteur évoque les accords de Munich, il mobilise un ensemble de savoirshistoriques, d'images et d'émotions résonnant dans les mémoires collectives et individuellesde son auditoire. La référence n'a en effet de sens que si le destinataire du discours possèdeles connaissances permettant de la rendre intelligible. Elle suppose donc l'appartenanceà une « communauté langagière » ayant une connaissance commune minimale del'évènement mentionné. La référence aux accords de Munich est à ce titre une référencerelativement savante dont la compréhension est loin d'être universellement partagée.

L'évènement originel ayant pris place en 1938, il ne subsiste dans les mémoires quepar le biais des témoignages de contemporains, de récits historiques et de discours surl'évènement assurant la transmission de son souvenir. Avec l'effacement de la mémoireimmédiate, le nombre de personnes à même de saisir l'ensemble du contenu de laréférence tend à diminuer considérablement. Ainsi, contrairement à des évènements encorerelativement récents comme la catastrophe de Tchernobyl dont un grand nombre depersonnes ont un souvenir direct, les accords de Munich forment une référence renvoyantà des faits qui ne sont connus qu'indirectement et par une portion limitée de la population.

Cependant, à la différence de bon nombre d'évènements significatifs du XXèmesiècle, les accords de Munich n'ont pas totalement disparu du paysage médiatique. Cettepermanence s'explique en grande partie par la puissance évocatrice de la référence.Surchargée de sens et d'images fortes, la référence aux accords de Munich constitueun outil rhétorique précieux pour appuyer un certain type d'argumentaire. Même si lesdestinataires ne disposent pas de connaissances historiques très précises, l'usage de cetteréférence est en effet à même de réveiller tout un imaginaire de significations et de ressenti.

Traitant des désignations d'évènements présents dans les médias, Laura CalabreseSteimberg parle à leur sujet de « nébuleuses de sens » partagée par un ensemble delocuteurs.1Cette

expression rend parfaitement compte de la nature floue et changeante de ces« désignants évènementiels2 ». Dans le cas de la référence à Munich, les frontièrestemporelles de l'évènement ne sont en effet pas clairement définies. « Munich » ou « Lesaccords de Munich » peuvent ainsi désigner en fonction du contexte la réunion des 29 et 30

1 CALABRESE STEIMBERG Laura. La construction de la mémoire historico-médiatique à travers les désignationsd'évènements Université Libre de Bruxelles, Travaux du CBL 2006 (p.2)

2 Les noms d'évènements sont appelés « désignants évènementiels » par Laura Calabrese Steimberg. L'n trouve égalementchez d'autres auteurs le terme synonyme de mot-évènement.

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

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septembre stricto sensu mais aussi par extension la politique d'apaisement anglo-françaisevis à vis de l'Allemagne et ses conséquences, voir l'ensemble des crises diplomatiquesimpliquant l'Allemagne jusqu'au début de la seconde guerre mondiale. Si les connotationsattachées à la référence sont également à géométrie variable, elles partagent néanmoinsun certain nombre de caractéristiques de base.

1.1 Les deux versants de la référenceTout d'abord, l'ensemble des références recensées sont clairement péjoratives. L'évocationdes accords de Munich sert dans la totalité des cas rencontrés à exprimer un point devue négatif, une condamnation morale ou politique du désignant originel ou des référentsdiscursifs. Cette connotation résolument négative s'articule ensuite autour de deux élémentsdistincts mais liés.

Il s'agit premièrement de l'idée de compromission morale, exprimée à travers leschamps lexicaux de la trahison, de la capitulation et de la lâcheté, présent dans cet exempledans lequel un dissident iranien réfugié en Europe appelle les gouvernements occidentauxà sanctionner le régime du président Ahmadinejad3 :

« Le pire serait que cette mollesse ne devienne un prélude à une capitulation pure etsimple face à la dictature d'Ahmadinejad, comme ce fut le cas des accords de Munichquiaboutirent à la Seconde Guerre mondiale »

On l'a vu, l'idée de trahison et de faute morale était déjà présente dans un certainnombre de commentaires contemporains de la signature des accords. Cet argumentairese basait alors notamment sur le manquement juridique que constituait le non respect dutraité d'alliance et d'amitié signé entre la France et la république Tchèque le 25 septembre19244. Les accords de Munich apparaissaient alors comme un manquement à la paroledonnée, à l'honneur et au respect des valeurs libérales que l'on entendait imposer dansles relations internationales. L'on retrouve cette dimension dans un certain nombre deréférences contemporaines, telles ces réactions recueillies après l'annonce de l'abandonpar la nouvelle administration Obama du projet de bouclier antimissiles annoncé par sonprédécesseur et dont certains éléments devaient à l'origine être installés en républiqueTchèque5 :

« "J'espère que nous n'aurons pas à regretter d'avoir fait confiance aux États-Unis. La Pologne a pris un risque politique en s'engageant avec la précédenteadministrationaméricaine", s'est déjà inquiété le ministre polonais des Affairesétrangères Radoslaw Sikorski. Côté tchèque, certains ont même comparéune possible marche arrière américaine à la "trahison" des Français et desAnglais en 1938, quand les accords de Munich permirent le démantèlement de laTchécoslovaquie indépendante et l'invasion nazie. »

On le voit, la référence évoque un manquement à la parole donnée assimilant par analogiela décision américaine à l'attitude des Anglo-français pendant la crise des Sudètes. L'objectifde l'opération étant de transférer certaines propriétés attribuées au référent originel (ici latrahison et le mépris de l'opinion du pays concerné) au référent discursif, permettant ainside souligner à la fois l'immoralité de la décision (rupture de la confiance) mais également

3 Le Figaro, 17 juin 20094 CASSIN René. Les traités d'assistance entre la France et la Tchécoslovaquie. Politique Étrangère, 1938, n°4, (p. 334-359)5 AFP, 3 avril 2009

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Premiere partie : caracteristiques generales de la reference

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son importance décisive, en la plaçant sur le même pied qu'un événement ayant conduit àla disparition de l'État tchécoslovaque.

La référence évoque donc également de manière implicite (les explications étantfournies par le journaliste) les conséquences des accords de Munich. En plus d'être dépeintecomme fondamentalement immoral, la référence porte aussi en elle l'idée de faute politique,d'erreur de jugement aux conséquences dramatiques. Cette facette s'exprime dans lediscours notamment à travers l'emploi de termes tournant autour du thème des problèmesde vision6 :

« Intervenant devant le Club de presse du ministère russe de la Défense, le générala rappelé que les dirigeants britanniques, français et américains avaient en fait encouragél'agression nazie - l'Allemagne a violé les accords de Versailles, envahi la Rhénanie, laTchécoslovaquie et la Pologne - et accepté de signer les accords de Munich de 1938.Résultat, des dizaines de millions de morts dans le monde entier, victimes de cette myopiepolitique. »

« Aveuglement », « manque de vision » sont ainsi des termes assez régulièrementemployés pour qualifier les accords de Munich. Dans un registre assez similaire, l'onretrouve souvent l'idée d'un règlement en surface, d'une apparence trompeuse de solutionprécédent un désastre. Le précédent historique, en particulier le souvenir de l'enthousiasmequ'avait initialement suscité l'annonce de la signature des accords de Munich est utilisé parle locuteur pour mettre en garde contre l'illusion d'une solution bonne en apparence maisqui pourrait à terme se révéler pire que le mal qu'elle était censée traiter. C'est par exemplele cas dans cette tribune publiée dans le Figaro dans laquelle Jean d'Ormesson met engarde contre le nationalisme résurgent de la Russie en comparant le contexte politique dela guerre russo-géorgienne aux accords de Munich7 :

« Personne ne s'est pourtant risqué à évoquer un précédent qui offre beaucoupd'analogies avec l'affaire géorgienne : la crise des Sudètes en 1938. [...]L'Allemagne de l'époque aussi protestait de son désir de paix et tablait sur lafaiblesse des démocraties occidentales pour assurer le succès de son chantagemilitaire. Chacun sait comment la crise des Sudètes s'est terminée : par lesaccords de Munich, qui entérinaient le coup de force et sauvaient la paix - enapparence. »

La référence à l'histoire permet ainsi de donner de l'épaisseur à l'analyse de la situationpolitique. En s'appuyant sur l'expérience des accords de Munich, le locuteur tente icid'interpréter sous un angle différent le référent discursif (ici la guerre russo-géorgienne etla médiation européenne du président Sarkozy). Il oppose ainsi l'apparence de bénéficesà court terme (cessez le feu) à de possibles conséquences dramatiques à plus longterme : « Après la reconnaissance unilatérale par la Russie de l'indépendance des régionsséparatistes, Mikhaïl Gorbatchev a mis en garde contre "la menace d'un cataclysmemondial". »

La référence à l'histoire permet donc au locuteur de donner à son argumentaire uneforme de légitimité scientifique fondée sur la connaissance du passé. L'expression les« leçons de l'histoire » est à cet égard caractéristique. Elle fait du locuteur le détenteur d'unsavoir dont il entend transmettre le sens à son auditoire. C'est par exemple le cas dans cet

6 RIA Novosti, 19 juin 2007. Interview du général d'armée Makhmout Gareev, président de l'académie des sciences militairesde la Fédération de Russie.

7 Le Figaro, 2 septembre 2008

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extrait de discours dans lequel le secrétaire à la défense de George W. Bush invoque lesleçons du passé pour justifier l'invasion de l'Irak et la « guerre contre la terreur »8 :

« Donald Rumsfeld, s'en est pris aux critiques de la guerre. Et les a comparés àceux qui, dans les années 30, ont cherché à jouer la conciliation face aux nazis."Certains semblent ne pas avoir retenu les leçons de l'Histoire", a-t-il ajouté »

La référence permet ici au locuteur de se donner une stature d'esprit lucide, de clairvoyantqui comme Churchill en son temps discerne les conséquences funestes des décisionsactuelles. Par contraste ses contradicteurs sont implicitement assimilés à Chamberlainet Daladier, c'est à dire à des naïfs ayant « cherché à jouer la conciliation face auxnazis » et dont les agissements ont causé d'immenses dommages. Le champ lexical de latragédie, de la catastrophe et du danger sont donc souvent utilisés pour mettre en évidencel'aveuglement face à une menace imminente. La référence à Munich sert donc ici un doubleobjectif s'inscrivant dans un ensemble de tactiques discursives. Elle vise ainsi à la foisà mobiliser et enjoindre à l'action l'auditoire contre un objet jugé menaçant mais aussi àfustiger les adversaires de cette ligne de conduite en leur appliquant les caractéristiquescommunément attribuées aux protagonistes principaux de l'évènement originel : la naïvetéet la lâcheté.

La dimension catastrophique, voir cataclysmique des accords de Munich s'exprimeégalement à travers l'évocation du contexte historique particulier à l'évènement originel.La nature criminelle du régime nazi, la personnalité et les obsessions d'Adolf Hitler ainsique le souvenir de l'ampleur des destructions subies au cours de la seconde guerremondiale restent profondément ancrés dans la mémoire collective d'une très large portionde l'humanité. La référence aux accords de Munich contribue alors à réveiller ces souvenirslatents. Elle joue ainsi un rôle de « déclencheur mémoriel » faisant remonter à la surface unensemble d'images attachée à la référence et circulant avec elle à travers le discours. Lesentiment de menace, voir d'angoisse suscité par l'évocation des accords de Munich tientdonc également à l'association plus ou moins consciente et élaborée du référent discursifavec la figure de Hitler ou du nazisme. L'association peut directement viser une personne,les exemples les mieux connus étant à ce titre Nasser durant la crise du canal de Suez, KimIl Sung pendant la guerre de Corée, Ho Chi Minh en tant qu'agresseur du Sud Vietnam...

Plus récemment, ce sont essentiellement Saddam Hussein, Slobodan Milosevic et dansle contexte particulier de la guerre russo-géorgienne, alternativement Dimitri Medvedev etle président géorgien Mikhail Saakashvili qui se sont vu comparés à Hitler dans le cadred'une analogie avec les accords de Munich.

Dans la vaste gamme des stratégies de mobilisation de l'opinion utilisée en cas deconflit armé ou de crise internationale, la diabolisation de l'adversaire est un procédéclassique mais efficace. Le dictateur Allemand restant l'une des figures historiquesnégatives les plus universellement présentes dans les imaginaires collectifs, ce typede comparaisons extrêmes ne manque pas de provoquer de vives réactions chez lesdestinataires du discours. Une comparaison avec Hitler dans le cadre d'une référence auxaccords de Munich permet ainsi de porter un jugement fort sur le référent discursif enl'assimilant à une figure symbolisant le mal absolu, tout en étayant cette comparaison avecdes faits et des raisonnements analogiques distinguant le procédé d'une simple expressioninjurieuse9 :

8 Le Point, 7 septembre 20069 John Ruggiero, professeur d'histoire au Collège Saint Francis de Loretto écrivant dans la Pittsburg Post Gazette, le 15

décembre 2002

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Premiere partie : caracteristiques generales de la reference

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« Pour beaucoup, Saddam Hussein a investi la position hitlérienne de voisintyrannique et de fou dangereux. Après avoir mis en place une dictature brutale,il s'est montré enclin à utiliser des méthodes également brutales pour réprimerses ennemis domestiques et étrangers, exactement comme Hitler avant lui. Il adéclaré la guerre à l'Iran, envahi le Koweït et lancé des missiles SCUD sur Israël.Comme Hitler, qui répétait après chaque coup de force qu'il n'avait pas d'autresdemandes territoriales en Europe, Saddam Hussein a bafoué les sanctions del'ONU grâce à des manœuvres d'évasions, des dénégations et une impudenceextrême. »

Avant de conclure en citant les « leçons de Munich »:

« Une nation doit être prête à utiliser toutes les ressources à sa disposition et nepas succomber à ce qu'Alexandre Soljenitsyne appelait « l'esprit de Munich » : lechoix de la passivité et de la retraite. »

1.2 Allusions et mémoiresLe pouvoir suggestif de la référence aux accords de Munich peut encore être amplifiégrâce à la juxtaposition de plusieurs termes évoquant également de manière plus ou moinsexplicite le contexte politique des années 30 et de la seconde guerre mondiale. Son usageest en effet rarement isolé, la mention des accords de Munich s'inscrivant bien souvent dansun schéma plus large visant à établir des correspondances avec cette période. Dans ce but,le locuteur multiplie les allusions10 plus ou moins explicites visant à convoquer le souvenird'images et de jugements stockés dans les mémoires. Le procédé a notamment été utiliséà outrance par le président George H.W. Bush au cours de l'offensive médiatique visant àconvaincre l'opinion américaine de la nécessité d'une intervention armée contre SaddamHussein après que ce dernier ai envahi le Koweït11 :

«Lorsque quelqu'un planifie une attaque de type Blitzkrieg lancée à deux heuresdu matin, il est particulièrement difficile à arrêter »

L'emploi du terme blitzkrieg, un xénisme (mot étranger) d'origine allemande signifiantlittéralement « guerre éclair » n'est bien évidemment pas anodin. Désignant à l'origine ladoctrine militaire allemande de l'offensive rapide fondée sur l'utilisation massive des charset de l'aviation, elle a notamment été mise en pratique par la Wehrmarcht pendant l'invasionde la Pologne et l'offensive de mai 1940 contre la France. Sa transposition au contextede l'invasion du Koweït vise ici à suggérer une correspondance entre les méthodes etles objectifs de Saddam Hussein avec ceux d'Adolf Hitler cinquante ans auparavant. Elleconvoque ainsi le souvenir de ces agressions brutales et transpose les images qui lui sontassociées au contexte contemporain.

Poursuivant son analyse de l'arsenal rhétorique de l'administration Bush, le journalistedu New York Times évoque également la mention par le président « d'une solutionvon Stauffenberg » pour stopper Saddam Hussein. L'expression fait ici référence à latentative d'attentat manqué contre Adolf Hitler organisée par une partie de l'Etat Major dela Wehrmarcht et dans lequel le colonel von Stauffenberg a joué un rôle éminent. Cette

10 L'allusion, définie comme étant « une manière d'éveiller l'idée d'une personne ou d'une chose sans en faire expressémentmention » (le Petit Robert)11 New York Times, 26 aout 1990

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référence, en filant le parallèle entre Hitler et Saddam Hussein permet d'avancer l'hypothèsed'un assassinat de ce dernier destiné à l'empêcher de déstabiliser plus encore la région.

Tous ces indices mémoriels permettent donc de renforcer le message porté parla référence aux accords de Munich afin d'optimiser sa diffusion. La référence étantrelativement peu connue en dehors des cercles académiques et des élites politiques, l'ajoutde termes et d'expressions à la signification voisine ou complémentaire mieux ancrés dansla mémoire collective permet de clarifier la référence. Mais à travers des associations d'idéeet d'images, ce processus contribue également à redéfinir la signification des accords deMunich.

Le sens de la référence est donc loin d'être figé. Son utilisation conjointe avec d'autrestermes fortement connotés contribue à en modifier le contenu sémantique, ce qui revient àdire que l'évolution de la perception de l'évènement est dépendante des jugements formuléspar les locuteurs sur ce dernier. Ou, comme l'explique l'historien et théoricien du langageMikhail Bakhtine12 :

« Un énoncé ne peut pas ne pas être, également, à un certain degré, une réponseà ce qui aura déjà été dit sur l'objet donné, le problème posé, quand bien mêmece caractère de réponse n'apparaitrait pas distinctement dans l'expressionextérieure ».

Mentionner les accords de Munich renvoie donc non seulement aux faits historiques formantl'évènement mais également aux discours et énoncés produits sur cet événement. Au gré deson utilisation dans le discours, la référence garde bien son sens premier mais se charge denuances nouvelles apportées par les locuteurs. Cela explique en grande partie le contrasteentre les faits bruts, infiniment complexes et la vision dominante de l'évènement que l'onvient d'esquisser.

Cette citation de Bakhtine met également en évidence de manière implicite lesdimensions cognitives de l'usage des références historiques. Se référer aux faits et auxdiscours produits sur l'évènement suppose en effet de les avoir en mémoire. Cela supposeaussi de construire une certaine interprétation de l'évènement. Or celle-ci est rarementuniforme. Compte tenu du retentissement considérable de l'évènement et de l'ampleurde ses conséquences pour des millions de personnes, il a logiquement engendré desappréciations divergentes. Au fil du temps, l'on peut ainsi voir se former des « communautéslangagières » partageant une même vision de l'histoire.

La circulation des interprétations semble liée à des facteurs culturels divers (expériencehistorique, culture politique et partisane...) mais les médias, et en particulier la presse écritejouent un rôle crucial dans la transmission du sens et l'attribution de connotations auxévènements historiques. Le journaliste, en tant que rapporteur de dires fait en effet la liaisonentre le locuteur porteur d'une certaine interprétation de l'évènement et ses destinataires.Il fait ainsi voyager les références et les images qui leur sont attachées. Ainsi, quand unjournaliste qualifie les accords de Munich de « symbole de la pusillanimité occidentale »13

il base probablement son jugement sur sa propre culture historique mais également surl'ensemble des discours mentionnant les accords de Munich ayant contribué à leur imprimerleur sens dominant actuel. Ce faisant, il contribue lui même à la diffusion de la significationde l'évènement.

12 Bakhtine Mikhail, Esthétique de la création verbale, 1984, cité par Sophie Moirand dans son article « Discours, mémoires etcontextes: à propos du fonctionnement de l'allusion dans la presse » Corela, Numéros spéciaux, Cognition, discours, contextes. (p.4)

13 Le Monde, 9 aout 2006

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2. Formes lexicales rencontréesAprès avoir détaillé le sens de la référence et mis en évidence les ancrages mémoriels desreprésentations qui lui sont attachées, il s'agit maintenant de se pencher sur les propriétéslexicales des mentions rassemblées à l'intérieur de nos deux corpus.

Au terme d'une recherche patiente menée en utilisant le moteur de recherche Factiva etcouvrant la période 1980-2009, ont été relevées un total de 375 références aux accords deMunich. 153 d'entre elles proviennent de sources francophones (essentiellement françaises,belges, luxembourgeoises et canadiennes) tandis que 222 références ont été tirées desources anglophones majoritairement américaines mais provenant également d'un nombreassez variés de pays disposant de journaux ou d'agences de presse en langue anglaise(Australie, Royaume-Uni, Russie, Israël, République Tchèque...)

Il convient dans un premier temps de distinguer ce que nous avons appelé les« références simples » se cantonnant à formuler un jugement souvent fort sur les accordsde Munich, des « références complexes » impliquant un raisonnement par analogie entreréférent originel et référent discursif. Ces « références complexes » se présentent dans lescorpus rassemblés sous la forme de comparaisons plus ou moins explicites (parfois surle mode de l'allusion) ainsi que sous la forme d'antonomases souvent accompagnées decomposés lexicaux divers. Les tableaux ci dessous résument la répartition des différentesformes lexicales relevées dans les corpus:

Corpus francophone

Références Simples Comparaisons Antonomases31 (20,26%) 68 (44,4%) 54 (35,2%)

Corpus anglophone

Références Simples Comparaisons Antonomases45 (20,27%) 122 (54,9%) 55 (24,7%)

2.1 Les références simplesFormant un volume relativement modeste du total des occurrences rassemblées, lesréférences simples se présentent sous la forme d'expressions fortement connotées visantà formuler une appréciation de « l'évènement Munich ». Ce type de mentions permet doncà travers l'examen des adjectifs et composés lexicaux employés, d'observer les nuancesdes valeurs et images attribuées aux accords de Munich par différents locuteurs, tout enévitant les distorsions provoquées par les raisonnements analogiques présents dans lesautres types de références.

L'on remarque tout d'abord que ces références simples portent toutes un jugementsévère sur l'évènement, exprimant dans la plupart des cas une condamnation sans appel.Cette dernière peut par exemple provenir des plus hautes autorités d'un des États « co-coupables , exerçant son devoir de repentance dans le cadre tout à fait officiel d'un discoursdevant les deux chambres du parlement tchèque14:

14 Le Monde, 4 avril 1997

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

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« Jacques Chirac a essayé, jeudi, au Parlement, de trouver les mots pour enrayerce profond scepticisme tchèque. Au nom de l'Europe, il a fait amende honorable pour lesaccords de Munich, en 1938: « Pour toute une génération, la mienne, cette démissionhonteuse de la démocratie est considérée comme la plus grande erreur. »

On le voit, la phrase du président Chirac combine en quelques mots les deux aspectscommunément attribués aux accords de Munich. L'idée de faute morale inscrite dansl'expression « démission honteuse », ainsi que la dimension plus tactique des accords deMunich qualifiée de « plus grande erreur » ayant favorisé ou à tout le moins laissé à Hitlerles mains libres pour la mise en œuvre de ses funestes projets.

Le président Chirac mentionne également dans cette référence le facteurgénérationnel. Né en 1932, Jacques Chirac n'a sans doute aucun souvenir précis del'évènement. Mais à l'instar de nombreux hommes politiques socialisés dans l'immédiataprès guerre, l'influence des témoignages des acteurs et des spectateurs de l'époqueainsi que la connaissance de l'enchainement des faits ayant conduit à la seconde guerremondiale ont probablement favorisé la mise en place d'une lecture rétrospective del'évènement mettant l'accent sur ces deux dimensions. Jacques Chirac n'est cependant pasle seul président français à avoir mis en avant l'influence de son expérience personnellesur sa vision des accords de Munich. Au cours d'une interview accordée au quotidientchécoslovaque "Lidove Noviny" datée du 13 septembre 1990, François Mitterrand, invité àdonner son sentiment sur les accords de Munich 52 ans après les faits, déclarait ainsi:

« Comment un homme de ma génération pourrait-il effacer de sa mémoire lesmanquements commis à Munich aux engagements pris à l'égard de votre pays ?Cinquante-deux ans ont passé mais les leçons de cet abandon et de ce qui en adécoulé doivent plus que jamais nous inspirer en Europe et hors d'Europe. »

Né en 1916, François Mitterrand était à la différence de Jacques Chirac politiquementéveillé au moment des principaux coups de force de Hitler. En 1938, alors âgé de 22 ans,il écrivit notamment un article15 pour la Revue Montalembert exprimant sa vive inquiétudevis à vis des conséquences de l'expansionnisme nazi après l'Anschluss. Son appréciationdes accords de Munich se fonde donc sur une expérience personnelle quoique indirectede l'évènement et de ses conséquences. Ces deux références illustrent donc chacune àleur manière l'importance de la mémoire individuelle ou collective dans la transmission desreprésentations d'évènements. Examinons maintenant de plus près les termes employés.

Le président Mitterrand, évoque tout d'abord les « manquements aux engagements »pris à l'égard de la Tchécoslovaquie, référence au traité d'alliance et d'amitié de 1924. Laformule, si elle ne dénature pas les faits semble néanmoins euphémisante compte tenu dela nature du « manquement » : le consentement à l'amputation d'une partie du territoired'un État allié et démocratique. Le président utilise ensuite le terme « d'abandon », àmettre en parallèle avec le « démission » de Jacques Chirac. Si le second renvoie plutôtau renoncement à une obligation professionnelle, morale ou juridique, le second se placedavantage sur le terrain de l'affect en suggérant la coupure d'un lien, l'éloignement et larupture de confiance.

Enfin, l'évocation des « leçons » et de ses conséquences, le « ce qui en a découlé »,à savoir la seconde guerre mondiale et son cortège d'horreurs, se rapproche de l'idée de« plus grande erreur » avancée par Jacques Chirac, les deux présidents s'inscrivant dansla lecture classique des accords de Munich combinant le registre de la faute morale avecune analyse plus tactique en termes de causes/conséquences.

15 Article publié par la Revue Montalembert, reproduit dans François Mitterrand, Politique I, éd. Fayard, 1977, (p.11-14)

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Premiere partie : caracteristiques generales de la reference

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Du côté des représentants du pays victime la frilosité sémantique n'est pas à l'ordre dujour, même plus d'un demi siècle après les faits. L'un des termes revenant le plus souventdans la bouche des officiels tchèques pour qualifier les accords de Munich est celui detraumatisme, présent dans ce fragment de texte extrait d'une tribune de l'ancien présidentde la république tchèque Vaclav Havel publiée dans le Monde 16 :

« Les accords de Munich sont un traumatisme historique qui continue de pesersur la manière de penser des Tchèques aujourd'hui »

La métaphore pathologique induite par l'usage du mot traumatisme renvoie à l'idée dechoc émotionnel, d'évènement fondateur exerçant une influence sur la vision du monde destraumatisés. En psychanalyse, le traumatisme désigne « un évènement déclenchant chezun sujet un afflux d'excitations dépassant le seuil de tolérance de son appareil psychique ».Si la correspondance n'est que partielle avec les implications de l'usage de la référenceaux accords de Munich, elle résume tout à fait les rôles de déclencheur mémoriel et degrille de lecture jouée par la référence. Le peuple tchèque ayant subi de manière directe,durable et brutale les conséquences des accords de Munich, le souvenir de l'évènementy est un élément central de la culture politique nationale et influence considérablement saconception des relations internationales.

Adossé à l'idée de traumatisme, le terme de trahison est également employé parle même Vaclav Havel évoquant le souvenir des accords de Munich. Comme les mots« démission » ou « capitulation », « trahison » suggère la fin d'un engagement, tout enajoutant l'idée de déloyauté, voir de perfidie. Le terme sonne donc comme une accusationà destination des pays impliqués17:

« La République Tchèque étant situé au carrefour géopolitique et culturelde l'Europe, sa sensibilité ainsi que sa vulnérabilité aux menaces estparticulièrement élevé. Un exemple en étant la trahison des Accords de Munichde 1938 et ses conséquences. L'Ouest avait été averti des répercussions par denombreux écrivains tchèques, mais ils ne furent pas entendu. »

Avec cette citation, à replacer dans le contexte des négociations sur l'élargissement à l'estde l'Otan, le président de la république tchèque fait de son pays une sorte de Cassandredes relations internationales dont les avertissements avaient été ignorés par les grandespuissances. Conjugué avec l'analyse de la position géopolitique du pays et l'opinion deVaclav Havel sur l'extension de l'Otan dont il est un farouche partisan, la référence estlourde de sous-entendu. Elle fait jouer le sentiment de culpabilité occidental en rappelantleur rôle majeur dans cette trahison mais fait également appel à la raison en suggérant que larépublique tchèque est la clé de la stabilité européenne. Le pays étant un pivot géopolitiquemajeur, refuser son intégration dans l'Otan reviendrait donc à rentre possible de nouvellestrahisons dans le futur.

Outre ces références éminemment politiques, de nombreuses mentions des accordsde Munich relevée dans la presse sont le fait d'universitaires formulant un point de vue surl'évènement en utilisant les outils théoriques de leur discipline. Parmi ces références quel'on pourrait qualifier d'académiques, deux types d'usages sont à distinguer.

16 Le Monde, 10 juillet 200217 Extrait d'une dépêche de l'agence de presse tchèque CTK Business News datée du 13 mai 1996

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

14 JOAO Alexandre

La mention purement descriptive tout d'abord, analysant les faits historiques etl'utilisation de la référence sans que le locuteur ne formule de jugement personnel surl'évènement18:

« Les Conservateurs Réalistes tirent également un certain nombre de leçons dela seconde guerre mondiale comme par exemple, ne pas apaiser les dictateurs(l'analogie de Munich) »

L'auteur se bornant ici à émettre une observation, à savoir qu'une partie de la classe politiqueaméricaine fait une lecture des accords de Munich l'incitant à rejeter la perspective desolutions négociées avec des régimes dictatoriaux.

Par contraste, d'autres universitaires utilisent la référence pour donner à des argumentsessentiellement idéologiques et donc contestables, une épaisseur scientifique et une validitéempirique. C'est par exemple le cas dans cet article du philosophe et écrivain Jan Marejko19:

« Dans une chronique récente, Alexandre Adler rappelait que le pacifisme n'estpas une valeur et que, souvent, il est utilisé pour camoufler l'indifférence ou lalâcheté. En principe, nul ne le sait mieux qu'un Européen, puisque le nazismeest le fruit du pacifisme européen qui a culminé dans les accords de Munich en1938. »

Le locuteur commence ici par formuler un jugement fort: « le pacifisme n'est pas unevaleur » en l'assimilant à une tactique servant à dissimuler l'indifférence ou la lâcheté. Ilappuie ensuite son jugement sur une interprétation contestable ou tout au moins incomplèteprésentée sur le mode de l'évidence « Nul ne le sait mieux qu'un Européen... ». La référenceaux accords de Munich sert donc ici à renforcer une thèse considérée comme admise. Ilne s'agit pas tant de prouver par l'exemple que de frapper l'imagination, en assimilant iciimplicitement les pacifistes à de dangereux irresponsables incapables de faire preuve decourage et de lucidité. Cet usage s'apparente donc à une technique rhétorique utilisant uneillustration négative, un antimodèle (celui de la capitulation honteuse) pour discréditer uneposition (celle des pacifistes) et renforcer son propre argumentaire (le pacifisme n'est pasune valeur).

2.2 Les comparaisonsLa comparaison désigne dans son acception la plus large le fait « d'envisagerensemble deux ou plusieurs objets de pensée pour en chercher les différences ou lesressemblances.20 Le procédé se distingue de la métaphore par l'utilisation de liens explicitesentre « comparé » et « comparant » Les linguistes et les spécialistes de la rhétoriquedistinguent en outre les comparaisons simples, cherchant des correspondances ou desdifférences entre des objets appartenant au même ensemble notionnel, par exemple celuides actes diplomatiques dans le cas des comparaisons aux accords de Munich, auxcomparaisons figuratives mettant en relations des objets appartenant à des champs lexicauxdifférents, comme dans ce vers de Baudelaire21 :

18 Extrait d'un article du professeur de Relations Internationales Michael C. Desch (Université du Kentucky) paru dans la revueOrbis le 22 septembre 2001

19 Le Temps, 17 février 200320 Le Petit Robert21 BAUDELAIRE Charles. Les Fleurs du Mal, exemple tiré de ROBRIEUX Jean-Jacques. Rhétorique et argumentation. (3ème édition)Paris, Éditions Armand Colin, collection lettres sup. 2010, (p.56)

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Premiere partie : caracteristiques generales de la reference

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« Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants. »Les comparaisons rassemblées dans les corpus appartiennent toutes à la catégorie descomparaisons simples. À la différence des comparaisons figuratives principalement utiliséesen poésie, ces comparaisons ne cherchent pas à produire d'effets de style mais à éclairerun propos en suggérant des correspondances entre les termes comparés. Dans le cas quinous occupe, la comparaison aux accords de Munich vise à transférer vers le comparécertaines propriétés attribuées au comparant. Il peut par exemple s'agir de l'appréciationglobale de l'évènement originel que le locuteur essaye de plaquer sur le terme comparé22 :

« Copenhague est à la géopolitique ce que les accords de Munich, en septembre1938, ont été à la politique : un compromis lâche et dilatoire. »

S'exprimant à propos du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, lephilosophe Michel Serres dresse ici un parallèle entre cette conférence internationale et lesaccords de Munich. L'analogie entre les deux évènements repose ici sur une identité devaleurs et de conséquences. À l'instar de l'évènement originel, le sommet de Copenhagueest ici dépeint comme une capitulation honteuse (« un compromis lâche »). Le terme dilatoirerenvoie quant à lui à l'idée de perte de temps, de faux règlement remettant à plus tardl'examen de véritables solutions. On l'a vu, cette thématique du règlement en apparence estprésente dans un certain nombre de références. Ainsi, tout comme les accords de Munichont différé l'affrontement avec l'Allemagne nazie, le sommet de Copenhague reporte à plustard la lutte contre cette nouvelle menace globale qu'est le réchauffement climatique. Lelocuteur a cependant conscience des limites de la comparaison et de son caractère délicat.Il s'empresse ainsi de préciser : « Mais la comparaison s'arrête là ». Les analogies avec lapériode nazie sont en effet à double tranchant. Elles sont capables de susciter des réactionstrès vives compte tenu de tout l'imaginaire qu'elles véhiculent, mais lorsque elles sont jugéesdéplacées, la condamnation du procédé peut également être assez virulente. Toujoursà propos de réduction des émissions de C0², Elizabeth May, leader du principal partiécologiste canadien a ainsi suscité une polémique d'envergure nationale pour avoir estiméque le plan de réduction présenté par le ministre conservateur de l'environnement était « pireque l'apaisement des nazis par Chamberlain »23, le journaliste se chargeant d'expliciter laréférence en précisant qu'elle renvoyait aux « accords de Munich de 1938 qui permirentà Hitler d'annexer les Sudètes ». L'intention de l'écologiste canadienne était probablementà l'instar de Michel Serres à propos du sommet de Copenhague, de critiquer le manqued'ambition du plan ainsi que le manque de vision de ses auteurs face à une menace globale.Seulement, la mention textuelle du mot nazi tends à occulter l'essentiel de l'analogie. Mayest alors accusée par ses détracteurs de « dégrader la mémoire de l'holocauste » (TorontoStar du 3 mai 2007) tandis que le Vancouver Sun du même jour qualifie sa déclaration de« péché politique cardinal ». Ces critiques ne sont probablement pas exemptes d'arrièrespensées politiciennes mais elles contrastent tout de même nettement avec la réception descomparaisons dans le champ de la politique étrangère dans lequel elles sont parfaitementadmises et utilisées de manière routinière. Les parallèles régulièrement effectués à la mêmeépoque par le président Bush entre un éventuel retrait d'Irak et les accords de Munich nesuscite par contraste pas les mêmes réactions outragées. Ces différences d'appréciationtiennent probablement à la distance sémantique perçue comme plus importante entre lecomparé et le comparant dans le premier cas. Le réchauffement climatique n'est tout d'abordpas « personnifiable », on ne peut lui attribuer d'intentions, et s'il constitue bien une menacede premier ordre (en tout cas pour la majorité de la communauté scientifique concernée)

22 Le Monde, 22 décembre 200923 Winnipeg Free Press, 2 Mai 2007

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

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le phénomène reste pour la plupart des gens une réalité abstraite. Enfin, malgré une prisede conscience incontestable, les questions environnementales ne se voient pas encoreaccordées autant d'importance que les problèmes relevant de la « haute politique ». Dansces conditions, la comparaison entre les accords de Munich et la question de la luttecontre le réchauffement climatique crée un décalage important de nature à diminuer lapertinence du parallèle. La proximité entre comparé et comparant, ce que les linguistesappellent la « tension » est donc un élément déterminant de la qualité rhétorique descomparaisons : moins les correspondances de formes sont évidentes et plus l'analogierisque d'être critiquée ou rejetée.

Certaines formulations permettent en outre de préciser la comparaison en lui donnantun tour plus ou moins polémique. Le parallèle peut ainsi porter sur le résultat (un règlementqui ne règle rien, comme dans les exemples précédent) mais également sur les personnes.Les exemples les plus nombreux concernent Neville Chamberlain, artisan de la politiqued'apaisement et signataire des accords de Munich pour le Royaume-Uni. Une comparaisondirecte cherche alors à discréditer le personnage visé en lui attribuant les images et lesattitudes associées au politicien britannique. Le procédé fonctionne alors comme uneattaque ad personam, utilisant l'analogie pour mettre en cause la personne dans sonensemble et non plus seulement ses actes24 :

« Le lendemain de la décision américaine de renoncer aux bases antimissiles,un internaute tchèque écrivait sur son blog : "Obama est le nouveau NevilleChamberlain"»

Dans cet exemple, à replacer dans le contexte de la polémique sur l'installation du bouclierantimissile en Europe de l'est, la comparaison prend la forme d'une identification totale,le rôle de lien entre comparé et comparant étant ici joué par le verbe être. Elle viseà mettre en évidence une similitude parfaite entre le comportement de Chamberlain aumoment des accords de Munich (la trahison) et celui d'Obama ayant choisi d'annuler leprojet lancé par son prédécesseur. À l'inverse, un parallèle impliquant la figure de WinstonChurchill constitue un moyen commode (compte tenu de la notoriété du personnage) de sepositionner en résistant, en dirigeant courageux et déterminé à remporter la victoire finale25 :

« [Journaliste] Vous avez déclaré: "Adhérer à l'Otan et à l'Union Européennesont les objectifs diplomatiques et stratégiques prioritaires de l'Etat d'Israël" Ils'agit pourtant de la même Europe que vous accusez de succomber à l'espritde Chamberlain. [A. Liberman, Ministre des Affaires Étrangères israélien]Précisément. Mais nous pourrions introduire l'esprit de Churchill tellementnécessaire si les sociétés libres de l'Ouest veulent survivre. »

La comparaison avec Churchill peut également prendre la forme d'un rappel de sa célèbreformule: « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur; vous avez choisi ledéshonneur, vous aurez la guerre »26prononcée à l'occasion d'une intervention à la chambredes communes à propos des accords de Munich. L'expression condense en une phraseélégante les deux versants de la référence tout en permettant au locuteur qui la réutilisedans un autre contexte de bénéficier d'une partie de l'aura de Winston Churchill. L'on compteainsi respectivement sept citations de cette formule dans le corpus francophone (sur les

24 La Croix 2 octobre 200925 BBC 22 juillet 200726 Winston Churchill, 1938,à Londres, Chambre des communes, dans The Official Report, House of Commons (5th Series), Hansard,13 May 1940, vol. 360, (p. 1502)

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68 comparaisons relevées) et 4 dans le corpus anglophone (sur 122 comparaisons). Laformule peut être transposée telle quelle à un contexte contemporain, comme dans cettetribune d'un éditorialiste vedette du New York Times à propos des attentats de Madrid27 :

« Citant la réaction de Winston Churchill aux accords de Munich en 1938 ("vousaviez le choix entre la guerre et le déshonneur: vous avez choisi le déshonneuret vous aurez la guerre"), M. Friedman assène que "la notion que l'Espagne peutse dissocier de l'assaut lancé par Al-Qaïda contre la civilisation occidentale enretirant ses troupes d'Irak est un fantasme" »

Elle peut également être détournée pour s'appliquer à des objets discursifs plus éloignés duréférent initial, comme dans ce commentaire paru dans la rubrique courrier des lecteurs duNouvel Observateur le 9 juin 2005 traitant du « Non » français au référendum sur le traitéconstitutionnel européen :

« Ce que j'ai vu et entendu le 29 mai 2005 me fit penser à Churchill, au momentdes accords de Munich de 1938, dont la paraphrase est facile: "Les Françaisavaient à choisir entre la honte et le libéralisme. Ils ont choisi la honte. Et ilsauront le libéralisme." »

La citation permet de se placer dans une posture prophétique en dénonçant ledéclenchement d'une calamité future (ici le libéralisme) jugée inéluctable tout en présentantle résultat du référendum comme une faute moralen'apportant aucun bénéfice.

La comparaison prend parfois des tournures moins explicites, fonctionnant alors surle mode de l'allusion en cherchant à éveiller le souvenir de mots déjà prononcée dans unautre contexte. Ces allusions puisent dans les mémoires, ce que Sophie Moirand appelle« les fils verticaux du discours », pour suggérer des parallèles entre situations. L'on trouveainsi occasionnellement des tournures rappelant le titre du premier tome des monumentalesmémoires de guerre de Winston Churchill28 intitulé the Gathering storm ("l'orage approche"dans sa version française). L'allusion peut être explicite et voulue comme dans ce titre d'unarticle du Boston Globe à propos de la crise du nucléaire iranien : « L'orage approcheau dessus de l'Iran »29. Elle peut aussi fonctionner à double niveau : « L'orage approcheet on nous propose des accords de Munich »30 déclarait ainsi un responsable de l'ONGGreenpeace International à propos de la conférence de Rio de Janeiro sur l'environnementet le développement de juin 1992. La formule symbolisant à la fois le péril du changementclimatique tout en rappelant le discours de Churchill à la Chambre des Communes.

Enfin, les comparaisons mentionnant explicitement Édouard Daladier se sont avéréestrès rares, le souvenir de l'apaisement et de la signature des accords de Munich étantbeaucoup plus profondément lié à la personne de Neville Chamberlain. La seule occurrencesignificative provient d'une déclaration de l'ancien président tchèque Vaclav Havel, critiquantles efforts de médiation du président Sarkozy au cours de la guerre russo-géorgienne31:

« "Il me fait penser à Édouard Daladier, le chef du gouvernement français quisigna les accords de Munich en 1938" ajouta t-il sans plus de précisions. »27 AFP 18 mars 2004

28 Winston Churchill, 1948-1954. The Second World War, 6 vol. (Mémoires Sur La Deuxième Guerre Mondiale, Plon, 6 tomesen 12 volumes, 1948-1954 ; La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol., 1965-1966)

29 The Boston Globe, 3 mai 2006: The gathering storm over Iran30 The Times, 7 mai 199231 AFP 22 novembre 2008

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

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Le sens de la comparaison est strictement identique aux exemples précédents évoquantla figure de Chamberlain, le choix du français semblant ici uniquement basé sur lacorrespondance de nationalités entre Édouard Daladier et Nicolas Sarkozy.

2.3 La forme antonomasiqueL'antonomase constitue une modalité particulière de l'évocation des accords de Munich.Se présentant généralement sous la forme « un Munich » ou « le Munich », elle suggèretout comme la comparaison des correspondances entre un référent originel et un référentdiscursif.

L'antonomase est plus précisément une « figure de style qui consiste en la substitutiond'un nom commun à un nom propre, ou inversement »32. Les cas les plus courammentcités étant « un Harpagon » pour désigner une personne avare ou encore « un Don Juan »pour un séducteur invétéré. Cependant, au delà de ces exemples éculés l'antonomaseest un procédé régulièrement utilisé dans la presse écrite et dans le langage courantpermettant sous la forme d'une analogie condensée de transférer vers le référent discursifdes propriétés attribuées au référent originel.

Les linguistes rattachent l'antonomase à la catégorie plus large des tropes, c'est à diredes détournements de sens. Dans notre cas c'est le mot Munich, un toponyme (un nompropre de lieu) désignant la ville dans laquelle ont été signés les fameux accords qui estutilisé comme un nom commun. Le positionnement de l'antonomase par rapport aux autresfigures de sens fait en outre débat parmi les linguistes. On considère généralement33 qu'ellese rattache à la fois à :

La métonymie, c'est à dire à « une figure de rhétorique, procédé de langage par lequelon exprime un concept au moyen d'un terme désignant un autre concept qui lui est uni parune relation nécessaire (la cause pour l'effet, le contenant pour le contenu, le signe pour lachose signifiée). »34Ici, le lieu de la signature (la ville de Munich) étant utilisé pour désignerl'évènement dans son ensemble ainsi que ses conséquences.

La synecdoque, «figure de rhétorique qui consiste à prendre le plus pour le moins, lamatière pour l'objet, l'espèce pour le genre, la partie pour le tout, le singulier pour le plurielou inversement ». « Munich » au delà de l'évènement singulier servant aussi à désigner ungenre, une catégorie, en l'occurrence celle de la capitulation honteuse.

Et enfin la métaphore, « figure de rhétorique, et par extension procédé de langage quiconsiste à employer un terme concret dans un contexte abstrait par substitution analogique,sans qu'il y ait d'élément introduisant formellement une comparaison ». L'expression « unMunich » sert en effet à placer le référent discursif dans la même catégorie que le référentinitial.

Une autre singularité des formes antonomasiques tient à leur statut ambigu à mi-cheminentre le nom propre et le nom commun. La question des propriétés sémantiques de cesnoms propres modifiés a d'ailleurs nourri une assez importante controverse au sein deslinguistes.

32 Le Grand Larousse Universel, 199433 Voir par exemple l'article de Paul Siblot et Sarah Leroy: L'antonomase entre nom propre et catégorisation nominale, Mots-

les langages du politique, n° 63, juillet, (p. 89-104)34 Le Petit Robert

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Un premier point de vue consiste à affirmer que les noms propres sont dépourvus de« sens lexical », au motif que leur fonction principale est de nommer un élément unique(une personne, une ville, un fleuve...), position résumé par l'expression de désignateurrigide. À l'inverse, les tenants du nom propre comme désignateur souple35 considèrentque le fonctionnement du nom propre en discours fournit une multitude de preuves queces derniers peuvent avoir un ou plusieurs sens servant principalement, dans le casdes noms propres modifiés, à exprimer un jugement sur l'objet désigné. Qualifier unévénement de « nouveau Munich » revient donc, comme dans le cas d'une comparaison,à lui attribuer certaines caractéristiques du Munich original. Il s'agit donc d'une opérationde catégorisation. Mais cela consiste également à créer une classe d'évènements, « lesMunichs » regroupant des phénomènes divers sous un même label résumant ce qu'ils onten commun.

La sélection des traits du Munich original que le locuteur cherche à plaquer sur unobjet discursif contemporain peut cependant varier en fonction du contexte. L'objectif del'antonomase étant de suggérer une analogie, le locuteur ne va s'intéresser qu'aux élémentsallant dans le sens de son parallèle en laissant de côté les divergences souvent trèsimportantes entre les situations. L'antonomase permet donc de schématiser une situationet ainsi de proposer à l'auditoire une version simplifiée et souvent tronquée de problèmescomplexes, comme dans cette extrait d'un article traitant de la stratégie humanitaire chinoiseaprès le Tsunami de 2004 visant à accroitre l'influence du pays dans la région et marginaliserun peu plus Taïwan36 :

« Visiblement inquiets de cet effet secondaire du tsunami, les responsablestaïwanais ont lancé vendredi un appel d'urgence à la communauté internationalepour empêcher Pékin de ratifier une loi permettant le recours à la force contre«l'île rebelle». Chen Tan-sun, le ministre taïwanais des Affaires étrangères,compare la Chine à l'Allemagne nazie et évoque le risque d'un Munichasiatique. »

De concert avec la comparaison Chine/Allemagne nazie, l'antonomase contribue à créer unmicro-univers à destination de l'auditoire. Le parallèle est ici assez complet. La comparaisonsuggère non seulement que la Chine est une dictature brutale (ce qui est difficilementcontestable) mais également qu'elle a des visées expansionnistes qui pourraient débouchersur un conflit mondial. L'idée d'un « Munich asiatique » laisse à penser que par lâchetéou par calcul politique les grandes puissances (ici en l'occurrence principalement lesÉtats-Unis) seraient prêtes à laisser la Chine annexer Taïwan par la force. Outre lacorrespondance de raisonnements et de connotation (une capitulation honteuse auxconséquences catastrophiques), la référence implique donc aussi une correspondance auniveau des acteurs, la Chine étant explicitement assimilée à l'Allemagne nazie tandis queTaïwan se trouverait de fait dans la même position que la Tchécoslovaquie de 1938. Deleur côté les États-Unis, principale garantie de la sécurité de Taïwan, joueraient le rôle dela France et de l'Angleterre en laissant la Chine s'emparer de l'île rebelle. L'analogie parantonomase permet donc de prendre position vis à vis du référent discursif en l'assimilantau référent originel. Ce faisant il laisse donc de côté les différences majeures entre lessituations. Le contexte historique tout d'abord, l'état actuel des relations entre la Chine etTaïwan étant dans une très large mesure une prolongation de la guerre civile et non pas

35 L'expression est utilisée par Marie-Anne PAVEAU dans son article « le toponyme, désignateur souple et organisateurmémoriel. L'exemple du nom de bataille ». Mots. Les langages du politique. 2008/1 n°86, (p.23-35)

36 Le Temps 8 janvier 2005

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le résultat d'un projet expansionniste basé sur des critères raciaux. La nature du régimeensuite. La Chine est certes une dictature mais pour l'instant rien n'indique qu'elle chercheà s'assurer une hégémonie mondiale ou même régionale par des moyens militaires. Elle nereprésente donc pas le même potentiel destructeur que l'Allemagne nazie.

Lorsque l'antonomase « Munich » s'applique à un objet discursif plus éloignée duréférent initial, les traits sélectionnés chez ce dernier et transférés chez le référent discursiftendent à se limiter au « coeur sémantique » de la référence en laissant de côté lesanalogies en termes d'acteurs. L'antonomase permettant de plus une condensation extrêmede l'information dans un seul mot, le procédé est particulièrement utilisé dans les titresd'articles de la presse écrite. Antoine Prost, historien de l'éducation titrait ainsi son article surla semaine de quatre jours paru dans Le Monde du 25 juin 2009 « Un Munich pédagogique ».Explicitant le sens de la référence, il précise: « J'ai évoqué Munich car ce forfait contre l'écoles'est fait avec le lâche consentement de tout le monde ». La encore, la dimension morale estprésente, accompagnée d'une appréciation en termes de résultats, la mesure étant qualifiéedans le corps de l'article « d'absurde » et de « catastrophique ». La dimension analogiquesemble passer ici au second plan tant les similitudes entre les situations apparaissentminces. L'antonomase « Munich » servant d'avantage dans ce contexte à résumer une prisede position vigoureuse sur le référent discursif tout en déclenchant le souvenir d'imagesconnotées négativement.

Cela a été dit, à la différence des noms communs qui font l'objet de définitionsprécises dans les dictionnaires, le sens des noms propres modifiés n'est pas stabilisé. Entemps que « désignateur souple », il dépend très largement des images et connaissancesemmagasinées et attachées au mot par les membres d'une communauté langagière. Lesens de l'antonomase « Munich » est donc très largement produit par le discours luimême et n'est valable qu'au sein du groupe disposant des savoirs (historique, sociologique,culturel...) permettant sa compréhension. À ce titre, comme dans le cas des comparaisons,les indices mémoriels qui parsèment le cotexte servent à préciser le contenu de la référenceet à mettre l'accent sur certaines de ses caractéristiques. Dans un article du journalluxembourgeois Le Jeudi 37 intitulé « le G20 de Londres : Un Munich», le journaliste multipliepar exemple les expressions destinées à renforcer le message inscrit dans le titre de l'article.Le terme capitulation est ainsi utilisé deux fois pour désigner la déclaration finale desdirigeants du G20 tandis que la crise financière est décrite comme résultant d'un « ignoblefait accompli, une agression caractérisée de la part des grands financiers ». Tous cestermes contribuent à créer une certaine représentation négative du référent discursif et àlui donner un air de famille rappelant le référent originel. Cependant, à la différence descomparaisons pour lesquelles le parallèle est clairement établi à l'aide de mots connecteursmatérialisant l'analogie tels que « comme pour... », « à l'instar »..., le sens du nom propremodifié peut être plus difficile à décoder puisque uniquement basé sur les connaissancessupposés des destinataires du discours. Il est alors assez étonnant de constater que lestrois formes d'antonomases les plus répandues (un Munich, le Munich et nouveau Munich)ne mentionnent pas le référent initial dans une grande majorité des cas38. L'antonomaseest donc essentiellement réalisée in absentia, comme disent les linguistes. De plus, lorsquedes éléments de contextualisation sont donnés par le locuteur, ceux ci peuvent être assezvagues39 :

37 Le Jeudi, 9 avril 200938 Dans plus de 90% des cas pour le corpus français et 76% des occurrences pour le corpus anglophone.39 AFP, 7 décembre 2009

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« Faisant référence àcertaines erreurs du passé, Hervé Chabaud (L'Union/L'Ardennais) clame "qu'il faut surtout éviter un Munich climatique !" »

Cet usage majoritairement in absentia indique tout d'abord que le sens de la référencesemble aller de soi pour les locuteurs, ces derniers n'estimant que très rarement nécessaired'apporter des éclaircissements historiques sur le référent originel. Cette moindre présencedu Munich de 1938 montre ensuite que le nom propre modifié tend d'une certaine façonà s'autonomiser par rapport au référent initial. Le mot porte toujours en lui l'analogie avecl'évènement initial mais le sens est retravaillé par les processus d'association d'idées avecles indices mémoriels et les adjectifs qui parsèment le cotexte. Le linguiste belge MarcWilmet parle à ce sujet de « halos positifs et négatifs » entourant les noms propres modifiéset contribuant à leur donner un sens même en l'absence de mentions explicites du référentinitial.

Une telle distanciation constitue également un premier pas vers la lexicalisation del'antonomase, c'est à dire sa transformation complète en nom commun doté d'une définitionstable. Cependant, bien que « Munich » soit couramment utilisé pour désigner autrechose qu'une ville bavaroise, le processus est assez loin d'avoir abouti à lui conférerles signes distinctifs d'une antonomase entièrement lexicalisée. Les spécialistes40 de laquestion retiennent en général trois critères permettant de mesurer l'état d'avancement dela lexicalisation : l'inscription dans la partie nom commun des dictionnaires, l'apparition dela marque du pluriel, et la disparition de la majuscule.

En ce qui concerne le premier critère, les dictionnaires courants ne comportent aucuneentrée munich dans la partie nom commun. Cependant, le terme munichois fait quant à luil'objet d'une définition41:

« Partisan des accords de Munich (1938), par ext. (péj.) d'une attitude desoumission face à une démonstration de force. »

Il est intéressant de remarquer qu'il n'existe pas d'équivalent direct en anglais, le motmunichois étant traduit dans son sens premier par « inhabitant of Munich » et dansson acception politique par « The men of Munich ». Dans notre corpus en revanche,l'équivalent le plus utilisé (15 occurrences dans le corpus anglophone) se trouve être leterme « appeaser », néologisme également péjoratif permettant une identification pluscomplète avec le promoteur de la politique du même nom. En revanche, les deux autrescritères tendent à renforcer l'idée d'une lexicalisation incomplète. Les antonomases « unMunich », « le Munich », « nouveau Munich » et « Munich de... » conservent en effet danspresque toutes les occurrences relevées la majuscule. Les exemples avérés d'utilisationdu pluriel sont en outre extrêmement rares. L'un des seuls cas significatifs concerne uneanalyse du rôle des analogies historiques sur la politique étrangère américaine parue dansla revue The New Leader le 1er juillet 2005. On peut y lire :

« Une génération d'américains qui grandit avec le slogan « Plus de Munichs »vécut la confrontation avec Joseph Staline, qui remplaça Hitler en temps quesymbole du totalitarisme »

Sur l'ensemble des corpus, les marques de lexicalisation sont donc peu nombreuses. Onpeut alors tenter d'avancer quelques pistes d'explication sur l'état d'avancement actueldu processus. L'obstacle le plus évident à une complète lexicalisation de l'antonomase

40 Voir par exemple Leroy Sarah, Le Nom propre en français. (Collection L'essentiel français.) Paris & Gap: Editions Ophrys,2004 (p.55)

41 Définition relevée dans Le Petit Robert

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« Munich » tient tout d'abord à la notoriété du toponyme. Àla différence de mots comme« mécène » ou « macadam » pour lesquels le sens dérivé a totalement pris le pas sur lesnoms propres d'origine, le toponyme Munich reste largement utilisé au quotidien, tant etsi bien que la banalisation de l'usage de la forme antonomasique pourrait entrainer desproblèmes de confusion sémantique, courants lorsque un même mot en vient à désigner deschoses différentes. Le problème apparaît encore plus important lorsque on y ajoute le risquede concurrence mémorielle. Dans un article traitant des héméronymes42 (les désignantsévénementiels sous forme de date comme le 8 mai, le 21 avril...) Laura Calabrese Steimberganalyse le phénomène en prenant pour exemple le cas du 11 septembre 2001. Elle relateque cette date, largement associée à l'image de l'effondrement des tours jumelles du WorldTrade Center coïncide avec la date du coup d'État du général Pinochet au Chili, le 11septembre 1973. Le premier événement tendant alors à occulter le souvenir du second, plusancien et aux répercussions moins globales. Si pour des raisons statistiques le problèmeconcerne avant tout les héméronymes, il peut également se poser pour certains toponymessitués à l'intersection de mémoires parallèles. Dans le cas de « Munich », l'évènement de1938 est ainsi concurrencé et parfois occulté par le souvenir de la prise d'otage des jeuxolympiques de 1972, connue sous le nom de « Massacre de Munich ». Le souvenir de cettetragédie, récemment ravivé par le film de Steven Spielberg causant une sorte de glissementmémoriel en faveur de l'évènement le plus récent.

En restant proche de notre objet discursif, l'on peut aussi mentionner le cas d'unelocalité Allemande ayant connu une trajectoire assez similaire: la ville de Nuremberg.« Nuremberg », au delà du toponyme évoque en effet le souvenir d'éléments liés maisdistincts: les grandes messes du parti nazi dans les années trente, lorsque la ville accueillaitchaque année le congrès du NSDAP mais également le procès des hauts dignitaires durégime qui s'est tenu dans le palais de justice de cette même ville du 20 novembre 1945 au1er octobre 1946. Cette double signification est d'ailleurs parfaitement résumé par le titredu grand documentaire de Frédéric Rossif « de Nuremberg à Nuremberg ».

Enfin, terminons ce tour d'horizon des caractéristiques de la forme antonomasiquepar quelques remarques sur le profil des locuteurs. On l'a dit, la principale fonction del'antonomase « Munich » est d'appliquer un label (ici celui de l'infamie). Il s'agit d'uneopération de catégorisation et de jugement particulièrement intense au vue des imagesvéhiculées par l'expression. En conséquence, une majorité des locuteurs se trouventfortement impliqués dans une cause ou la défense d'un point de vue.

Corpus francophone

Responsablesd'ONG et de Groupesd'intérêt

Journalistes Responsablespolitiques

Intellectuels

4 (7,4%) 16 (29,62%) 22 (40,76%) 12 (22,22%)

Corpus anglophone

42 CALABRESE STEIMBERG Laura. Les héméronymes. Ces évènements qui font date, ces dates qui deviennent évènements ».Mots- les langages du politique. n°88. 2008 (p.9)

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Responsablesd'ONG et de Groupesd'intérêt

Journalistes Responsablespolitiques

Intellectuels

3 (5,45%] 18 (32,74%) 31 (56,36%) 3 (5,45%)

Comme on peut le voir, ce sont les responsables politiques (catégorie regroupant leslocuteurs s'exprimant en tant qu'élus, diplomates ou membres de partis politiques) quidans nos deux corpus utilisent le plus l'antonomase « Munich ». En ce qui concerne leshommes politiques au sens strict, une lecture des résultats à travers le schéma gauche/droite ne paraît pas très pertinente au vu de la diversité des nationalités et des systèmespolitiques. L'on remarque cependant une tendance de fond. Lorsque l'antonomase estutilisée pour dénoncer ou mettre en garde, elle provient majoritairement de locuteurs mettantou cherchant à mettre en œuvre une « politique de fermeté » impliquant bien souvent l'usagede moyens militaires.

Qu'il s'agisse du président Bush refusant de « nouveaux Munich »43 en Irak, duprésident Mikhail Saakashvili dénonçant les agissements de la Russie en Géorgie44 oudu premier ministre Ariel Sharon justifiant la guerre contre le terrorisme45, tous utilisent laréférence dans le cadre de politiques impliquant une opposition frontale avec un ennemiclairement identifié comme tel. Le label « Munich » est alors utilisé pour se mobiliser contrecet ennemi en illustrant les risques de l'inaction et stigmatiser les partisans d'approches plusaxées sur le compromis et la négociation.

Le faible nombre d'exemples présents dans la catégorie responsables d'ONG et deGroupes d'intérêts ne permet pas de tirer de conclusions particulières. Les quelquesoccurrences relevées proviennent essentiellement d'ONG de défense de l'environnementutilisant l'antonomase « Munich » pour fustiger la passivité des gouvernements sur cesquestions. Ils se rapprochent des responsables politiques en cela qu'ils s'investissentpersonnellement dans les causes qu'ils défendent. En ce qui concerne les journalistes,il convient de faire la distinction entre deux usages. Les propos rapportés sans que l'onne connaisse précisément la source, comme dans cet article traitant des déclarationsfracassantes du président iranien Mahmoud Ahmadinejad46 :

« Il s'est fait l'apôtre des négationnistes de tout poil, quitte à donner desarguments de poids à ceux qui, en Occident, mettent en garde contre un nouveauMunich et citent la phrase de Churchill à propos de Daladier et Chamberlain »

Et les articles dans lesquels le journaliste utilise lui même explicitement la référence pourillustrer un argument47 :

« Ce qu'on souhaite, c'est que Barack Obama, commentant les résultats du G20pour ses collaborateurs tout en constatant le bon effet médiatique de la réunion,ne leur a pas dit : "Les cons, s'ils savaient", comme s'il se pensait acteur d'unMunich financier. »

43 Dépêche Reuters du 28 novembre 200644 Dépêche ITAR-TASS du 2 juillet 200845 Le Monde du 8 octobre 200146 Alternatives Internationales, 1er décembre 2007

47 Libération, 11 avril 2009

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Dans ce second type d'utilisation, le journaliste, bien qu'extérieur à la mise en œuvre desdécisions, se trouve tout comme l'homme politique en position de juge. Il se positionne parrapport à l'objet discursif en formulant une appréciation. Le fort jugement de valeur induitpar l'antonomase « un Munich » indique donc un engagement du journaliste reflétant saposition politique par rapport à l'objet discursif. Cette attitude rejoint celles des locuteurs dela catégorie « intellectuels » regroupant les personnalités signant occasionnellement unetribune ou un billet d'humeur dans un journal exprimant leur opinion sur tel ou tel sujet.L'utilisation de l'antonomase suit donc le même schéma. Elle vise à soutenir un argumenttraduisant un engagement politique fort de la part du locuteur, et ce même en l'absenced'un intérêt personnel comme chez les hommes politiques à l'origine des décisions qu'ilsse doivent de défendre. Commentateurs et acteurs utilisent donc l'antonomase dans unmême but : persuader. Mais la question de leurs motivations profondes reste cependanten suspens. S'agit-il d'un élément d'une stratégie discursive de camouflage destinée àdémontrer la nécessité et la légitimité d'une décision prise en fonction de considérationsmoins avouables, ou le locuteur est il vraiment persuadé de la pertinence des analogiesqu'il utilise dans son argumentaire ? C'est à cet ensemble de questions que nous allonsmaintenant tenter de donner quelques réponses.

3. Raisonnement analogique et résolution deproblèmes

Nous avons pu voir au cours des développements précédents que l'analogie est utiliséecomme outil de persuasion dans le discours argumentatif. Présentes sous différentesformes (comparaisons, antonomases), les analogies permettent un transfert de traits duréférent initial vers le référent discursif visant à l'inscrire dans une catégorie et lui imprimerune certaine connotation. Cependant, au delà de leur utilité rhétorique les constructionsanalogiques servent également à résoudre des problèmes et interpréter des situationscomplexes en faisant appel à l'expérience. C'est cet aspect « cognitif » de l'usagedes références historiques que nous allons maintenant explorer. Commençons par unedéfinition. Au sens strict, l'analogie se présente sous la forme d'une équation à quatre terme.Elle repose sur l'extrapolation d'une relation entre deux éléments à un contexte différent.Dit plus simplement, elle consiste à affirmer que « C est à D » ce que « A est à B ». Onappelle alors « phore » la relation admise (ici A est à B) et « thème » la relation que l'oncherche à faire admettre (ici C est à D).

Appliqué à la référence qui nous intéresse, le « phore » peut être résumé par la phrasesuivante : la signature des accords de Munich a conduit au désastre de la seconde guerremondiale, tandis que le « thème » serait : l'évènement X rappelle la signature des accordsde Munich, donc X risque de conduire à un désastre.

Dans le cas des références présentes dans nos corpus, les relations entre les termes del'analogie sont plus ou moins explicites, mais la logique reste la même. Ainsi, quand VladimirPoutine cherche à justifier le « rétablissement de l'ordre constitutionnel » en Tchétchénie,il utilise l'analogie de Munich48:

« Il a par ailleurs mis en garde les pays occidentaux contre toute concession au"terrorisme international", fustigeant en substance toute "indulgence" à l'égard

48 AFP 17 septembre 2004

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des rebelles tchétchènes et évoquant le souvenir des accords de Munich avecl'Allemagne hitlérienne. »

Ici le « phore » prend la forme: « l'apaisement de l'Allemagne nazie par l'Occident aencouragé Hitler et débouché sur la seconde guerre mondiale » tandis que le thèmetranspose la relation au contexte de la Tchétchénie en suggérant que « l'indulgence desOccidentaux » envers les « terroristes Tchétchènes » pourrait avoir des conséquencessimilaires.

Dans le cas d'une antonomase, l'analogie est condensée à l'extrême. Le mot neconstitue plus alors qu'une clé cognitive permettant au destinataire de connecter les termesdu discours pour former un raisonnement analogique49:

« Le 11 septembre 2001 a marqué le début d'une nouvelle guerre mondiale contreun nouveau totalitarisme, celui de l'islamisme radical et terroriste. Dans cenouveau combat des démocraties, trois jours après le 11 mars 2004, la défaited'Aznar, c'est aussi la nôtre. Vous avez dit Munich ? »

Dans cet extrait d'une tribune parue quelques jours après les terribles attentats du 11 mars2004 à Madrid, Alain Madelin évoque en guise de conclusion les accords de Munich sous laforme d'une question rhétorique. La formule cherche ici à établir un parallèle entre l'attitudedes espagnols ayant placés en tête des élections législatives le candidat socialiste JoséLuis Zapatero, hostile à la guerre en Irak et l'attitude des opinions publiques au momentdes accords de Munich. Si l'on poursuit le raisonnement jusqu'à son terme, l'on obtient lesconclusions suivantes :

-Les accords de Munich sont l'aboutissement d'une politique ayant renforcé un régimetotalitaire jusqu'à déboucher sur un conflit mondial aux conséquences dramatiques. Pourcette raison, il ne faut jamais faire de concessions aux régimes totalitaires mais les affronterle plus rapidement possible pour éviter que leur influence ne s'étende.

-Or depuis le 11 septembre le monde occidental affronte une nouvelle menacetotalitaire, l'islamisme radical. En élisant un homme ayant promis de retirer le contingent detroupes de son pays d'Irak, les espagnols minent la guerre contre ce nouveau totalitarisme.Ainsi, l'élection du « défaitiste » Zapatero est à la guerre contre l'islamisme ce que lesaccords de Munich ont été dans le combat contre le nazisme.

L'analogie fournit donc une clé de lecture éclairant une situation. Elle permet doncd'établir un diagnostic. (ici que la victoire de Zapatero est un revers dans la lutte contrel'islamisme). Mais elle indique aussi en creux ce qu'il faudrait faire. Puisque l'apaisementde l'Allemagne nazie a causé un désastre, pour empêcher que la situation ne se reproduisedans le cadre de la guerre contre le « nouveau totalitarisme islamiste » il faut donc pratiquerle contraire de l'apaisement, à savoir la confrontation militaire. Au delà de son rôle descriptif,le raisonnement analogique remplit donc également une fonction prescriptive en proposantun certain nombre de solutions.

3.1 Théorisation du processusL'étude du raisonnement analogique est un domaine de recherche déjà ancien enpsychologie. Au fil des décennies, de nombreux travaux ont ainsi mis en évidencel'importance de ce type de raisonnement dans l'acquisition de connaissances et la résolutionde problèmes.

49 Le Figaro, 18 mars 2004

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Parmi les études pionnières, l'on peut citer le travail du psychologue britannique CharlesSpearman50 qui plaçait le raisonnement analogique au cœur de sa théorie générale del'intelligence. Pour ce scientifique, l'analogie remplit trois fonctions essentielles dans lesprocessus d'acquisitions de connaissances:

∙ l'appréhension de l'expérience, qui désigne la capacité à reconnaître lescaractéristiques de situations auxquelles les sujets sont confrontés.

∙ l'éduction des relations, il s'agit de la détermination de correspondances entrecaractéristique et situation.

∙ L'éduction des corrélats, désignant la découverte de corrélation entre deux situationsdifférentes.

Plus récemment, le psychologue américain Robert Sternberg a affiné ce schéma enproposant une analyse de l'analogie fondée sur la notion « d'opérations mentalesélémentaires ».¨Pour Sternberg, lorsque confronté à un problème, le sujet va mettre enœuvre de manière séquentielle un certain nombres d'opérations mentales de base. Leprocessus décrit se décompose en quatre phases principales:

∙ L'encodage au cours duquel le sujet code les termes de l'analogie ce qui débouchesur la construction d'une représentation interne des objets analysés auxquels sontattribués un certain nombre de propriétés.

∙ L'inférence phase durant laquelle le sujet découvre une relation entre les deuxpremiers termes de l'analogie. (A et B)

∙ La mise en correspondance pendant laquelle le sujet compare le premier terme de lasituation de référence avec le premier terme de la situation à expliquer. ( A et C)

∙ L'application correspondant à la transposition d'une corrélation entre les deuxpremiers termes de la situation de référence à la situation à expliquer. (le sujetapplique à C la règle découverte entre A et B ce qui lui permet de déduire D)

∙ À ces quatre phases, le psychologue en ajoute par ailleurs une optionnelle, ditephase de justification se réalisant lorsque les correspondances entre la situationde référence A et la situation à expliquer C ne sont que partielles. Le sujet va alorschoisir l'option D qui se rapproche le plus du résultat B de la situation de référence .

On le voit, le schéma proposé par Sternberg est extrêmement général et peut doncs'appliquer à une multitude d'objets. Cependant, les raisonnements analogiques ont étéégalement étudiés par un certain nombre de chercheurs en relations internationales dansle cadre de protocoles de recherche sur la prise de décision. Si les conclusions concernantle rôle de l'analogie sont identiques, ces travaux fournissent des éclairages sur la manièredont les références historiques sont utilisés par les responsables politiques. Les recherchesd'Ernest May, Robert Jervis et Snyder et Deinsing ont ainsi abordé la question de l'utilisationdes analogies historiques par les responsables politiques. Ces travaux indiquent que lesraisonnements analogiques sont régulièrement utilisés pour pallier les déficits d'informationset résoudre les dilemmes cruciaux en politique étrangère.

Un modèle particulièrement intéressant pour le cas qui nous occupe est celui dit de« l'explication analogique », élaboré par le professeur Yuen Foong Khong, spécialiste dela politique étrangère américaine à l'université d'Oxford. Dans Analogies at War ce derniers'applique à décortiquer le rôle joué par les analogies historiques dans les mécanismesde prise de décision. En prenant comme exemple le cas de la Guerre du Vietnam, Khong

50 Cauzinille-Marmèche Evelyne, Mathieu Jacques, Weil-Barais Annick. Raisonnement analogique et résolution de problèmes.In: L'année psychologique. 1985 vol. 85, n°1. (p. 49-72.)

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décrit avec précision les fonctions analytiques du raisonnement analogique et démontredocuments à l'appui son importance durant les moments clés de l'intervention américaineau Vietnam. Son modèle peut être sommairement résumé de la manière suivante:

Tout comme Robert Sternberg, le professeur Khong décompose le raisonnementanalogique en différentes séquences remplissant différentes fonctions. Dans un premiertemps, l'analogie permet de cerner un problème en le comparant aux souvenirs desituations antérieures similaires stockés en mémoire. Cet examen permet d'identifier descorrespondances entre les situations tandis que les différences tendent à être sous-estimées. Cet examen donne ensuite au décideur politique une idée des enjeux et suggèreun certain nombre de solutions. Dans le cas de l'analogie de Munich, les correspondancesse focalisant sur la nature des acteurs (par exemple Saddam Hussein ou Ho Chi Minhassimilés à Hitler) ainsi que sur les conséquences de l'inaction (risque d'une extension duconflit voir d'une guerre mondiale).

Cette analogie débouche donc sur une vision de la situation mettant en évidence desenjeux très élevés, ce qui va à son tour influer sur la nature des solutions proposées. Puisquele précédent des accords de Munich « enseigne » que l'apaisement conduit au désastre, lessolutions retenues vont privilégier l'usage de la force. À ces trois phases « analytiques »,s'en ajoute trois autres visant à évaluer les conséquences des options prescrites. Khongindique ainsi que l'analogie sert également à prévoir les chances de succès des différentessolutions, évaluer leur moralité et identifier les possibles effets secondaires indésirables.Dans notre cas, l'analogie de Munich tend à magnifier les chances de succès puisque qu'elleindique que si l'intervention même risquée n'a pas lieu, les conséquences futures serontencore plus désastreuses. Par la même, elle fournit donc une puissante justification moraleau projet d'intervention en le présentant comme une opération visant au final à « sauverdes vies » en empêchant le déclenchement d'une calamité future. Cependant, l'analogie nedit rien à propos des conséquences non désirées des solutions prescrites, un défaut ayantcomme nous le verrons causé un nombre incalculable d'erreurs de jugements.

3.2 Fonction du raisonnement analogiqueLes trois modèles présentés ici insistent tous sur le pouvoir explicatif considérable duraisonnement analogique, le procédé permettant de résoudre des problèmes complexes enutilisant les souvenirs de situations analogues stockés en mémoire. Plus fondamentalement,cette tendance de l'esprit humain à se reposer sur les expériences du passé pour expliquerle présent trouverait son origine dans les capacités limitées de nos appareils cognitifs. Denombreux travaux en psychologie ont ainsi mis en avant les limites de la mémoire humaine(notre capacité mnésique), ainsi que celles de notre faculté à produire des raisonnementscomplexes ( la capacité computationnelle)

Ainsi, lorsque confronté à un flot d'informations parfois contradictoires, le raisonnementanalogique permettrait de trier à moindres frais ces masses de données et de les organiseren un tout cohérent. L'analogie agirait donc comme une sorte de raccourci cognitif à mêmede réduire le nombre d'opérations nécessaires à l'analyse d'une situation et la formulation desolutions en faisant intervenir l'expérience. Prenons pour exemple le cas largement étudiédu président Truman confronté à l'invasion de la Corée du Sud par la Corée du Nord en1950. Grâce aux témoignages des contemporains et aux écrits personnels du président,nous savons que celui ci à largement fait appel à ses souvenirs dans son évaluation dela situation. Pour Truman, cet agression rappelait clairement l'attaque de Mussolini contrel'Éthiopie, celle des japonais contre la Mandchourie et l'annexion de l'Autriche par Hitler

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en 1938. Àpartir de ces analogies, le président découvre un point commun à toutes cessituations : les démocraties occidentales n'ont pas réagi et les agresseurs ont continué leursméfaits. De ce constat , il tire un principe général : « ne pas répondre à une agressionfinit par déboucher plus tard sur un conflit global » lui indiquant alors quelle politiquesuivre (défendre la Corée du Sud). Cette généralité est appelé un « schéma » par lesspécialistes des sciences cognitives. Comme on l'a vu dans cet exemple, le schéma deTruman (ne pas répondre à l'agression entraine d'autres agressions) se construit à partird'un certain nombre d'expériences historiques qui agrégées, débouchent sur la formationd'un concept générique stocké en mémoire. On peut ainsi définir le schéma comme uneanalogie généralisée. La différence entre une analogie et un schéma n'est pas facile àpercevoir, les deux structures étant étroitement liées. Toutes les deux participent en outreà la création d'images de la réalité chez leurs utilisateurs. La somme des « schémas »d'un individu formant sa représentation du monde, appelé en science cognitive, le « codeopérationnel ».

Pour résumer, selon les partisans de cette approche cognitive les analogies seraientdonc des « structures de connaissances » utilisées pour construire une représentation d'unesituation, d'une personne ou d'un objet. Cette représentation contenant à la fois notre visionde cette chose, mais également notre jugement à son sujet et les attitudes à suivre à sonégard. Ensuite, de cette représentation induite par analogie nous tirons des enseignementsgénéralisables, les schémas, qui nous guident lors de la prise de décision et participent àla construction de notre vision du monde. D'un point de vue cognitif, la fonction essentielledu raisonnement analogique serait donc de nous permettre de résoudre des problèmescomplexes en utilisant des ressources limitées. Ce processus reposant sur l'usage deraccourcis mémoriels et de schémas simplificateurs permettant d'évaluer les situations etde prescrire des solutions.

3.3 Validation empiriquePuisque les progrès de la science ne permettent pas encore de lire les pensées desdécideurs politiques, les tenants de l'approche cognitive ont donc dû recourir à desmoyens détournés pour prouver leurs théories. L'une des méthodes retenues consisteà analyser les écrits d'un sujet, de façon à identifier les schémas utilisé par ce dernierpuis de comparer les résultats obtenus avec le comportement du même sujet pendantles négociations internationales. La méthode à notamment été utilisée avec profit pourillustrer les fonctions cognitives du raisonnement analogique à partir de l'étude du casd'Henry Kissinger. Ce dernier ayant tout d'abord été un professeur réputé de RelationsInternationales, les chercheurs disposaient en effet d'une masse assez considérable dedocuments renseignant sur le « code opérationnel » du sujet. Les chercheurs ont ainsi pudécortiquer la vision du monde de Kissinger, fondée essentiellement sur des schémas serattachant au courant de pensée Réaliste. Ces schémas comme par exemple « Tout lesÉtats ne cherchent qu'à maximiser leur puissance » ou « la stabilité du système internationalrepose sur l'équilibre des puissances » étant dans les écrits de Kissinger rattachés àdes références historiques (le partage de l'Europe pendant le Congrès de Vienne ou lessystèmes d'alliances bismarckiens par exemple). Un lien entre expérience, raisonnementanalogique et vision du monde a ainsi pu être établi. Au cours de la seconde phase del'étude, la comparaison des écrits de Kissinger avec son comportement lorsque il étaitsecrétaire d'État (1973-1977) montre ensuite une très forte corrélation entre ses croyanceset prescriptions académiques et son attitude pendant les négociations internationales,

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notamment pendant les négociations visant à mettre un terme à l'engagement américainau Vietnam.51

Une autre méthode, centrée cette fois sur les raisonnements analogiques au sensstrict consiste à comparer l'utilisation des analogies en public avec leur utilisation lorsde réunions privées. En effet, si les analogies n'étaient que des instruments rhétoriquesutilisées uniquement pour persuader, leur usage lors de réunions de travail ou à l'intérieurde mémorandums dans lesquels des spécialistes tentent de présenter des situations etdébattent de solutions à mettre en œuvre ne présenterait que peu d'intérêt. Les résultatsde cette étude52 portant sur l'utilisation des analogies pendant la guerre du Vietnam sontles suivants:

Comme on peut le constater, les analogies utilisées en public le sont également en privémais à un degré moindre. On remarque également que l'ordre de fréquence des analogiesest à peu-près similaire. Mis à part le cas de Dien Bien Phu (la ligne « french experience »dans le deuxième schéma) les analogies les plus fréquemment utilisées en public commeen privé sont la guerre de Corée, la guerre coloniale britannique en Malaisie et l'analogiede Munich.

Ce constat d'une utilisation des analogies lors de réunions privées (ici principalementles réunions du Conseil de la Sécurité Nationale, le NSC) tend donc à confirmerl'hypothèse selon laquelle le raisonnement analogique est également utilisé pour analyser etprescrire. Quelques remarques complémentaires sont cependant nécessaires. L'absencede référence à Dien Bien Phu dans le contexte de discours public ne devrait pas surprendre.On imagine en effet difficilement un homme politique décrire les perspectives d'uneopération militaire en cours en prenant comme référence une défaite cuisante. L'on constateégalement que l'écart entre mention en public et mention en privé est particulièrementimportant dans le cas de l'analogie de Munich (42 à 10, contre 63 à 46 pour l'analogie

51 Stephen G. Walker: The interface between beliefs and behavior: Hnery Kissinger's operational code and the Vietnam War, Journalof Conflit Resolution 21, mars 1977 (p151-152)

52 Étude et graphiques tirés de KHONG Yuen Foong. Analogies at War: Korea, Munich, Dien Bien Phu, and the VietnamDecisions of 1965. Princeton New Herseyt University Press. 1992 (p.60-61)

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Coréenne). Cette différence peut s'expliquer par les propriétés de la référence déjà misesen évidence. Même si les détails du contexte historique et politique sont généralementpeu connus, la forte notoriété de Hitler et le caractère extrême du régime nazi donne àl'analogie de Munich un pouvoir évocateur supérieur à celui d'une référence plus obscureaux difficultés des britanniques en Malaisie. Pour cette raison, l'analogie de Munich tendà être plus fréquemment utilisé en public, sans que cela ne remette en cause son rôledans l'analyse de situations en privé. Dit autrement, face à un auditoire composé de non-spécialistes des Relations Internationales, le potentiel heuristique de l'analogie de Munichest clairement plus important que dans le cas d'autres références pourtant similaires auniveau du raisonnement et des implications, comme la Guerre de Corée ou la Malaisie.Enfin, la correspondance globale entre références publiques et privées tend à indiquerque les décideurs politiques utilisent en public les analogies dont ils font usage en privéepour déterminer la nature d'une situation. Les fonctions cognitives (analyse et prescription)semblent donc aller de pair avec les fonctions rhétoriques (persuasion et justification). Lesrésultats de cette étude doivent cependant être pris avec prudence. Elle ne concerne eneffet qu'un événement particulier (la Guerre du Vietnam) dans un pays donné (les USA) et nes'intéresse qu'a une catégorie précise de locuteurs, les décideurs politiques. En l'absencede données plus complètes, une extrapolation généralisée des conclusions à toutes lesanalogies de nos corpus serait donc assez hasardeuse. On peut néanmoins supposer quesi les deux fonctions se combinent dans la plupart des cas, la part de ce qui relève duraisonnement et ce qui relève des techniques d'argumentation doit varier en fonction ducontexte. La proximité des éléments comparés ainsi que la nature du parallèle (s'il impliqueune correspondance entre acteurs, comportements, valeurs...) pourraient éventuellementpermettre de voir de quel côté penche la balance.

3.4 Limites du raisonnement analogiqueDepuis l'ouvrage classique d'Ernest May: The Use and Misuse of History in AmericanForeign Policy, mettant en garde les décideurs politiques contre les conséquences d'unemauvaise lecture des « leçons de l'histoire », toutes les études sur l'utilisation duraisonnement analogique dans le champ de la politique internationale ont mis en évidenceles dangers du processus. Les analyses quantitatives sur la question ont ainsi recensé bienplus de cas de mauvaises utilisations d'analogies historiques que d'utilisations heureuses.Dans une étude monumentale analysant la totalité des crises internationales entre 1898et 1973, Glenn Snyder et Paul Diesing ne trouvent ainsi aucun exemple dans lequel leraisonnement analogique a permis d'interpréter correctement un message, les amenant àformuler la conclusion suivante53:

« L'hypothèse de Jervis selon laquelle les décideurs politiques tirent en généraldes conclusions erronées et des généralisations abusives à partir d'analogieshistoriques est donc fortement confirmée. De plus, la plupart des cas étudiésconstituent des erreurs d'interprétations majeures entrainant un diagnosticerroné de la crise internationale dans son ensemble »

Pour les spécialistes de la question, le mauvais usage des analogies comporte cinqdimensions : La tendance à sélectionner les premières analogies qui viennent à l'esprit,l'exclusion d'autres parallèles une fois le choix effectué, la sous-estimation des différencesentre les situations, la tendance à utiliser l'analogie pour pallier le manque de preuveset pour finir, la persistance de l'analogie même lorsque ses prédictions sont démenties

53 Glenn Snyder et Paul Diesing, Conflict among Nations, Princeton university Press, 1977 (p.321)

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Premiere partie : caracteristiques generales de la reference

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dans la pratique. Pour résumer, les mauvais usages des analogies reposeraient doncprincipalement sur l'extrapolation de ressemblances superficielles et une tendance à exclured'autres explications une fois le parallèle établi. Si tout le monde s'accorde sur le constat, lesexplications de cette tendance à mal utiliser les analogies sont quant à elles assez variées.Les psychologues spécialistes de sciences cognitives pointent tout d'abord le fait que lesanalogies sont très couramment utilisées avec succès dans la vie quotidienne.

Le raisonnement analogique semble par exemple primordial dans l'acquisition deconnaissances chez les enfants. Ils remarquent cependant que si le procédé est trèsutile pour l'acquisition de connaissances de base, il a tendance à induire en erreurlorsque les problèmes deviennent plus complexes. Un travail du psychologue américainRand Spiro sur des étudiants en médecine montre ainsi que dans le cas d'un conceptdifficile à saisir, (en l'occurrence le fonctionnement des vaisseaux sanguins) une analogiecomparant ces derniers à un système de tuyauterie permettait de donner une idée globaledu mécanisme mais qu'il empêchait de saisir des différences cruciales comme leur capacitéà se rétracter. On peut alors envisager la même chose dans le champ de la politiqueétrangère. L'analogie de Munich permet de caractériser une situation en des termes simples(l'ennemi se comporte comme Hitler, il faut donc le stopper pour éviter que le conflit nes'étende) occultant les différences majeures d'une situation à l'autre et débouchant sur desconclusions erronées. L'extension d'une analogie simple à des situations complexes estdonc l'une des premières sources de ces erreurs de diagnostic.

Cette explication s'applique particulièrement bien au champ des relationsinternationales dans lequel les variables sont toujours nombreuses (personnalités desdirigeants, logiques d'intérêt national, pressions bureaucratiques, etc..) et les enjeux trèsélevés. De plus, à la différence de situations dans la vie de tous les jours dans lesquelles ilest possible de se rendre compte immédiatement de nos erreurs et corriger notre attitude,en politique étrangère rien de semblable. Les informations sont souvent fragmentaireset difficiles à interpréter. Il est en conséquence délicat de discerner les conséquencesimmédiates des décisions prises, ce qui rend plus difficile l'évaluation et les corrections.

Une autre partie de l'explication des faibles performances du raisonnement analogiquetourne autour des processus de sélection des analogies employés. Robert Jervis mentionneainsi l'importance du facteur générationnel. Des évènements particulièrement marquantscomme les guerres ou les révolutions imprègnent la mémoire de l'ensemble d'unegénération et influencent sensiblement leur manière de voir. La génération ayant vécu laGrande Guerre s'est ainsi beaucoup investie pour empêcher que le même scénario ne sereproduise, tandis que la victoire des Communistes dans la guerre civile chinoise a parexemple influencé l'attitude du camp occidental vis à vis des mouvements de même nature.

Dans le cas des Accords de Munich, nous avons déjà cité le cas de François Mitterrandpour qui le souvenir de l'évènement semble avoir notablement influencé sa conceptiondes relations internationales, et en particulier son attitude au moment de la réunificationallemande. Des archives du Foreign Office britannique récemment déclassifiées ainsi que letémoignage du secrétaire particulier de Margaret Thatcher54 montre en effet que le présidentfrançais craignait:

« que les gouvernements français et britannique ne se retrouvent dans la mêmesituation que leurs prédécesseurs des années 1930 et que, comme eux, ils soientincapables de réagir »

54 Citations extraites d'un article du quotidien espagnol El Pais paru dans Courrier International n°992 et intitulé Lemachiavélisme aveugle de François Mitterrand.

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

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Le souvenir des accords de Munich semblait ainsi particulièrement hanter FrançoisMitterrand au point de le convaincre que l'Allemagne de 1990 « pourrait vouloir récupérer lesterritoires perdus après la guerre et s’étendre peut-être plus encore que sous Hitler ».Cetteexplication « générationnelle » fournit donc un éclairage certain sur les processus desélection des analogies. Elle n'aide cependant pas à comprendre pourquoi des individussensiblement du même âge ne sélectionnent pas les mêmes analogies et ne les interprètentpas de la même façon. Ces variations peuvent s'expliquer lorsque les expériencespersonnelles sont prises en compte. Lorsque des évènements de la vie professionnelleou autres recoupent le message des analogies générationnelles stockées en mémoire,l'on peut en effet imaginer que les deux processus se renforcent mutuellement. Celapermet en outre d'envisager les analogies sous la forme d'un répertoire de référencesplus ou moins facilement mobilisables en fonction du nombre de souvenirs qui y sontattachés : les accords de Munich ont clairement influencé plusieurs générations maison peut facilement comprendre que l'évènement ait particulièrement marqué un membredu cabinet de Chamberlain et opposant notoire de la politique d'apaisement commeAnthony Eden. La correspondance entre souvenir collectif de l'évènement et interprétationpersonnelle rendant l'analogie encore plus pertinente aux yeux du décideur.

La facilité avec laquelle une analogie peut être mobilisée dépend donc en partiedu nombre d'expériences « en stock » et de leur nature plus ou moins mémorable.Les psychologues ont aussi constaté que les sujets étudiés tendent à sélectionner leursanalogies en fonction de ressemblances superficielles, cette inclination semblant liée aurôle de raccourci cognitif du processus. Ces ressemblances peuvent être géographiques.Pour analyser la situation américaine au Vietnam, un responsable politique aura ainsi plusde facilité à établir des parallèles avec la guerre de Corée qu'avec la Yougoslavie...Ellespeuvent aussi reposer sur des similitudes au niveau des méthodes (les nettoyagesethniques orchestrés par le gouvernement de Slobodan Milosevic rappelant par exempleles précédents de la seconde guerre mondiale ce qui favorise son assimilation à la figured'Hitler).

Enfin, la question de savoir pourquoi les analogies et les schémas qui y sont attachéspersistent lorsque le sujet est confronté à des informations contradictoires a également reçudes réponses multiples. Certains spécialistes expliquent cette tendance par les processusde discrimination de l'information à l'œuvre. Lorsque un sujet reçoit et traite des données,le schéma ou l'analogie privilégiés du sujet fonctionne comme un filtre qui sélectionne lesinformations allant dans le même sens. Toujours pour optimiser le traitement des données,il a donc tendance à laisser de côté les informations qui pourraient produire des signauxcontradictoires. La persistance de l'analogie pourrait donc simplement s'expliquer par laconfiguration Top/Down du traitement de l'information55 qui fonctionne comme une barrièreempêchant la remontée de données contradictoires. Dit plus simplement, à cause desanalogies nous voyons ce que nous nous attendons à voir. Cette tendance a notammentété identifiée au cours d'une expérience célèbre réalisée en 1950 par le psychologueHarold Kelley. Elle consistait à demander à un panel d'étudiants d'évaluer la prestationd'un orateur. Un premier groupe s'était préalablement vu remettre une liste d'adjectifsdécrivant la personnalité de l'intervenant contenant le mot « froid » tandis qu'un deuxièmegroupe disposait d'une liste contenant le mot « chaleureux ». Les résultats ont montré qu'àpartir de cette petite manipulation des attentes du public, les étudiants ont interprété lesattitudes de l'orateur de deux manières totalement différentes. Le groupe s'attendant à un

55 Explication privilégiée par Yuen Foong Khong dans Analogies at War: Korea, Munich, Dien Bien Phu, and the VietnamDecisions of 1965. Princeton New Herseyt University Press. 1992, 286p.

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orateur froid interprétait les sourires comme des marques d'auto-satisfaction tandis quele deuxième groupe y voyait un signe de sociabilité. De la même façon, une accélérationdu débit de parole était alternativement interprétée comme une marque d'enthousiasme etun signe d'impatience. Chaque groupe a ainsi basé son jugement de l'intervenant sur lespréconceptions tirées de la liste d'adjectifs.

Une explication voisine mais distincte proposée notamment par Robert Jervis prendcomme point de départ théorique l'hypothèse d'une tendance de l'esprit humain à rechercherla « cohérence cognitive ». Pour Jervis, les individus auraient un intérêt primordial àassurer le maintien de leur équilibre psychologique interne qui créerait un biais enfaveur des informations confirmant les croyances préétablies. Ces informations seraientalors assimilées plus vite tandis que les données contradictoires seraient ignorées. Si lefonctionnement du mécanisme décrit par Jervis rejoint les conclusions de l'approche Top/Down (à savoir que nos capacités cognitives limitées nous poussent à opérer des raccourcissimplificateurs), l'explication en terme de cohérence cognitive se distingue en émettantl'hypothèse que nos attentes/préjugés seraient motivés par un besoin vital d'éviter lessituations d'incertitude et ainsi préserver l'intégrité de notre système de valeurs. Elle va doncplus loin qu'une explication décrivant un simple mécanisme d'optimisation du traitement del'information.

Enfin, une troisième explication proposée par Irving Janis et Leon Mann met l'accentsur la dimension émotionnelle de nos activités cognitives. S'intéressant également auxcomportements des décideurs politiques en situation de crise, ces deux psychologuesavancent l'idée selon laquelle ces derniers s'accrocheraient à leurs analogies pour éviterde subir le stress induit par une confrontation brutale avec la réalité. Dans ce modèle,les éléments susceptibles de les faire réaliser que leur attitude est incorrecte et leurdiagnostic faux seraient alors écartés pour éviter de générer davantage de stress. Lesdeux psychologues nomment cette attitude « stratégie d'évitement défensif » et identifienttrois techniques généralement utilisées pour la mettre en œuvre. La procrastinationdes décisions-clés, la tendance à déléguer à d'autres de plus en plus de tâches et larationalisation. Pour cette approche nous ne voyons donc pas ce que nous nous attendonsà voir mais ce que nous voulons ou avons intérêt à voir, afin d'éviter d'être paralysé parl'angoisse de l'incertitude.

Les trois explications présentées ici ont chacune leurs mérites respectifs. l'approcheTop/Down peut ainsi s'appliquer à une multitude de situations, le modèle de la cohérencecognitive de Jervis décrivant de manière très détaillée les mécanismes produisant ceserreurs de perceptions tandis que le « modèle émotionnel » s'est avéré particulièrementadapté à l'analyse de grandes crises internationales générant beaucoup de stress commela crise des missiles de Cuba ou la guerre du Kippour. Ces explications n'étant en outrepas mutuellement exclusives, on peut ici aussi imaginer que les processus décrits agissentsimultanément à des degrés divers en fonction de la nature des situations rencontrées.

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

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Seconde partie : « les images demunich » en politique etrangere

1. Panorama généralAprès avoir dans une première partie décrit les caractéristiques sémantiques et lexicalesde la référence aux accords de Munich et brièvement analysé les processus cognitifs àl'œuvre dans le cas des raisonnements analogiques, cette seconde partie sera consacrée àl'étude de la référence sur son terrain de prédilection: la politique internationale. L'examendes corpus d'articles ainsi que la lecture d'ouvrages sur le sujet montre en effet que lesresponsables politiques utilisent principalement la référence dans le cadre de problèmesrelevant au sens large de la « sphère internationale ». Plus précisément, il s'agit en majoritéde situations de guerre ou de menaces de guerre, comme l'on peut le voir sur les graphiquessuivants recensant les mentions des accords de Munich supérieures ou égales à cinq surun sujet donné.

Corpus francophone:

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Seconde partie : « les images de munich » en politique etrangere

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Comme on peut le voir, les thèmes les plus mentionnés sont présents dans les deux cas.On retrouve ainsi en bonne position la guerre en Irak de 2003, la guerre russo-géorgienne de2008, la crise du Kosovo (incluant les opérations militaires de 1999 et la controverse sur lestatut juridique final du territoire), la crise du nucléaire iranien toujours en cours ainsi que leconflit Israélo-Arabe. La catégorie « point de vue russe » également présente dans les deuxcorpus regroupe quant à elle les déclarations d'officiels et d'universitaires proposant uneinterprétation spécifiquement russe des accords de Munich que nous tâcherons d'analyserplus en détail. Du côté des différences, le nombre plus important de mentions dans le corpusanglophone s'explique par le « périmètre géographique » plus large des sources consultées.Outre les États-Unis, le Royaume Uni et l'Australie, de nombreux États dont l'anglais n'estpas la langue principale disposent en effet de journaux ou d'une agence de presse diffusantdes bulletins d'informations dans cette langue. C'est par exemple le cas de l'agence russeRIA Novosti, de la tchèque CTK Daily News ou l'Agence France Presse.

Ensuite, la catégorie « point de vue occidental », spécifique au corpus anglophonerassemble comme son nom l'indique les références simples formulant un jugement sur lesaccords de Munich prononcé par des hommes politiques ou des universitaires occidentaux.

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Dans les faits, la majorité de ces mentions proviennent de sources américaines. Enfin, lacatégorie voisine nommée « influence sur la politique étrangère » rassemble les référencestraitant du rôle des références historiques dans la conduite de la politique extérieureaméricaine. La majeure partie de ces mentions proviennent d'articles paru dans des revuesscientifiques ou de comptes rendus de lecture d'ouvrages spécialisés. Comme l'on a pule constater dans les développements précédents, ce thème (et en particulier l'étude desanalogies) est un élément central dans de nombreux travaux universitaires américains, qu'ilss'agissent de spécialistes des Relations Internationales ou de psychologues. Cet intérêtmarqué pour le sujet influence donc logiquement la composition du corpus anglophone.

De plus, la nette prépondérance des référents discursifs appartenant au champ desrelations internationales s'explique principalement par la tendance identifiée des locuteursà se concentrer sur les ressemblances superficielles entre les situations. Les accords deMunich étant signés au terme d'une grave crise internationale (la crise des Sudètes), laréférence est souvent employée pour décrire des situations similaires de conflit ou menacede conflit entre grandes puissances. Cette proximité par rapport au référent originel permetaussi de développer des analogies plus fines que dans le cas de thématiques plus éloignéescomme l'environnement ou l'éducation. Ainsi, en plus du cœur sémantique présent danstoutes les références (l'idée de lâche capitulation plus l'idée de catastrophe à venir) ondécèle dans le cas des références en politique étrangère plus de correspondances deforme avec l'évènement original. Dans les exemples les plus fréquents dans les corpus, onretrouve ainsi souvent la figure du dictateur expansionniste, calqué sur le modèle du FührerAllemand : Saddam Hussein pour la guerre du Golfe et la guerre d'Irak de 2003, SlobodanMilosevic pour le Kosovo, Mahmoud Ahmadinejad dans la crise du nucléaire iranien...

De la même façon, un autre schéma récurrent dans ces exemples et qui rappelle leréférent originel concerne l'opposition entre le faible et le puissant, le faible jouant le rôlede la Tchécoslovaquie martyre tandis que le puissant est assimilé à l'Allemagne nazie.Ainsi, dans le cas particulièrement complexe de la guerre russo-géorgienne, la référenceest utilisée par les deux protagonistes pour faire passer exactement ce même message,seule la distribution des rôles étant inversée:

On observe ainsi du côté géorgien un discours visant à assimiler la situation du paysà la Tchécoslovaquie de 1938. La petite Géorgie serait ainsi victime de l'expansionnismemilitaire de son puissant voisin russe qui cherche à la déstabiliser pour renforcer soninfluence dans la région. Du côté adverse, le discours des officiels russes insiste sur lesort des minorités Ossètes et Abhkazes victime de l'agression du gouvernement géorgienvisant à reprendre par la force le contrôle des deux républiques séparatistes. La Géorgieendosse ainsi le rôle de l'agresseur tandis que la Russie justifie son intervention par le soucide « protéger les populations civiles » et « de repousser l'invasion ».

L'importance numérique des situations et la profondeur des parallèles constituent deuxraisons justifiant un examen des caractéristiques de l'usage de la référence en politiqueétrangère. Ce choix présente également un autre intérêt significatif. Il permet de vérifierconcrètement l'existence des fameuses « communautés langagières » mentionnées dansla première partie. Comme nous allons le voir, l'exploitation des corpus a permis de mettreen évidence des différences d'interprétation assez importantes de l'évènement originel. Cesont ces différents points de vue que nous avons nommées les « images de Munich ».Nous nous intéresserons ici à trois de ces images, chacune basée sur une grille de lecturedécoulant des positions respectives des États en question au moment de la signature desaccords ainsi que de l'expérience des populations concernées. Nous commencerons paranalyser le point de vue américain, « image » de Munich quantitativement dominante dans

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Seconde partie : « les images de munich » en politique etrangere

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les corpus et la plus étudiée par les spécialistes. Nous nous intéresserons ensuite à lavision tchèque de l'évènement afin de saisir les particularités de l'usage de la référencedans le pays le plus directement victime des accords de Munich. Enfin, nous termineronsen examinant les nombreuses singularités de la perspective russe de l'évènement.¨Danschaque cas, l'analyse se fera en deux temps. Tout d'abord une contextualisation historiquepermettant de mettre en évidence les spécificités de chaque « image », puis dans un secondtemps une présentation d'exemples significatifs de leurs usages en politique étrangère.

2. Les leçons américaines des accords de MunichL'on pourrait à première vue s'étonner de l'importance qu'accordent les hommes politiquesaméricains à un événement ancien, auquel les États-Unis n'ont en outre pas directementpris part. En 1938, le président Roosevelt observait certes avec inquiétude l'accélérationde l'expansionnisme Allemand, mais le problème ne semble pas avoir alors figuré ausommet de son agenda international. Les USA étaient alors bien d'avantage concernéspar les conséquences de la poussée japonaise en Chine continentale et dans le Pacifique.Le pays commençait en outre juste à se remettre des effets dévastateurs de la GrandeDépression. De plus, Roosevelt devait alors également composer avec une opinion publiqueet un Congrès très majoritairement hostile à la perspective d'une réédition de l'interventionaméricaine de 1917. Le sentiment dominant du président américain à propos de la signaturedes accords de Munich semble avoir ainsi été la résignation. Ian Kershaw56 mentionne parexemple que si sur le plan moral Roosevelt condamnait sévèrement l'attitude des Anglo-français en comparant leur attitude à Munich à la trahison de Judas, il envoya néanmoins àChamberlain un télégramme le félicitant de s'être décidé à se rendre à la conférence. Pourrésumer, en 1938 les États-Unis ne sont qu'un spectateur lointain n'ayant aucune prise réellesur l'évolution des évènements en Europe. L'évènement exerça cependant une grandeinfluence sur Roosevelt et contribua à modifier sa perception de la situation internationale.Après les accords de Munich le président américain semble avoir reconnu que les USA nepouvaient pas rester indéfiniment à l'écart de ce qui se passait en Europe. Si la perspectived'une intervention armée était encore bien éloignée, Roosevelt prit à l'automne 1938 ladécision de lancer toute une série de programmes de réarmement et commença à envisagerde fournir du matériel militaire défensif aux démocraties européennes menacées par lespuissances de l'Axe. C'est donc immédiatement après la signature des Accords de Munichque débuta l'implication progressive des États-Unis au côté des alliés Anglo-français. Cettepolitique d'assistance sans intervention s'intensifia par la suite après l'invasion de la Pologneet l'effondrement de la France au printemps 1940. L'année suivante, elle fut étendueà l'Union Soviétique après le déclenchement par Hitler de l'opération Barbarossa. Puis,avec l'attaque surprise de la flotte américaine basée à Pearl Harbor par les Japonais le7 décembre 1941 les USA n'eurent d'autre choix que de rentrer de plain pied dans leconflit. La déclaration de guerre contre l'empire du Japon, étape décisive de l'engagementaméricain, fut suivit quelques jours plus tard des déclarations de guerre contre les États-Unis de l'Allemagne et de l'Italie transformant une guerre essentiellement européenne enconflit mondial.

Au terme de cet affrontement titanesque le paysage géopolitique mondial estméconnaissable.

56 Ian Kershaw Fateful Choices, ten decisions that changed the world, Penguin Books 2008 (p.193)

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En 1945 les États-Unis sont passés du statut d'acteur politique marginal à celuide superpuissance incontournable. Dans un monde en ruine la puissance économique,financière et militaire américaine dote le pays des moyens de transformer en profondeur lesystème international. Face au bloc soviétique en cours de constitution, les USA deviennentalors les véritables chef de file du camp occidental. Dans ce contexte géopolitiquebouleversé, « les leçons »de Munich vont fournir un schéma durable d'orientation de lapolitique étrangère américaine.

Le principe central tiré de l'expérience des accords de Munich est plutôt simple àrésumer : Ne pas répondre à une agression revient à encourager d'autres agressions. Enconséquence, il est impératif d'utiliser le plus tôt possible les moyens militaires adaptéspour la stopper. Ce principe de base constitue une généralisation d'un diagnostic appliquéà l'origine aux États fascistes. En 1938, le journaliste et commentateur vedette américainWalter Lippmann considérait ainsi déjà que:

« Dans la mesure ou les États fascistes croient que nous nous cantonneronsà des condamnations verbales excluant tout usage de la force, ils ne serontjamais dissuadés par nos discours. Je ne vois aucun autre moyen de stopper leurexpansion que de les convaincre qu'ils rencontreront sur leur chemin une forcemilitaire supérieure ».

Une fois l'Allemagne et le Japon vaincus, cette « leçon » apprise à Munich fut donctransposée au cadre de la Guerre Froide. Le communisme soviétique ayant remplacéle fascisme dans son rôle de menace globale, le même diagnostic lui fut appliqué.Implicitement, l'analogie de Munich postule donc que le « totalitarisme » sous ces diversesformes (fascisme, communisme, et pour certains politiciens contemporains l'islamisme...)ne comprend que le langage de la force. Elle indique également à partir du précédentdes années trente que ces régimes sont intrinsèquement expansionnistes : Hitler auraitpu être stoppé en 1936 ou en 1938 mais la passivité des démocraties l'a encouragé àcontinuer sa politique d'agression et de menace jusqu'à déclencher une guerre mondiale.Une guerre préventive est donc le seul moyen d'éviter qu'un nouvel Hitler ne provoque uneautre catastrophe majeure.

Cette attribution d'un instinct expansionniste inné aux régimes totalitaires a conduitdans le cas américain à des généralisations aux conséquences funestes. Dès la fin dela décennie 1940, de nombreux américains en était ainsi venus à considérer l'UnionSoviétique comme un régime tout aussi menaçant que l'Allemagne nazie. En conséquenceles commentateurs, journalistes et décideurs politiques se mirent rapidement à attribuer àStaline et à son régime les mêmes traits ayant servi à caractériser Hitler quelques annéesplus tôt. Comme l'explique le professeur David W. Levy, dans l'imaginaire collectif qui semet en place:

« Staline n'était pas moins totalitaire que les fascistes, pas moins déterminé àconquérir le monde, pas moins sournois dans ses agissements, pas moins brutalvis à vis de sa population asservie et pas moins un ennemi implacable de laliberté, de la démocratie et de la religion »

Ce diagnostic ayant servi de base à l'élaboration de la politique américaine d'endiguementrepose donc en grande partie sur « les leçons » de Munich. L'idée que la passivité devantl'expansionnisme soviétique revient à l'encourager fut un des fils conducteurs de la politiqueétrangère américaine pendant la guerre froide. C'est ainsi l'une des raisons majeures ayantpoussé le président Truman à intervenir en Corée, Eisenhower et Kennedy au Vietnam,Reagan en Amérique centrale..Or, s'il existe indéniablement de nombreuses ressemblances

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entre les deux régimes (terreur policière, parti unique, propagande omniprésente, culte de lapersonnalité...) dans le champ de la politique étrangère, contrairement au message portéepar l'analogie de Munich on observe d'importantes différences de comportement entrel'Allemagne nazie et l'URSS, même durant la période stalinienne. Staline était clairementun calculateur cynique et brutal mais comme en témoigne par exemple l'épisode de la criseiranienne (printemps 1946) ou le dénouement du blocus de Berlin (juin 1948- mai1949) ila toujours reculé lorsque le risque de guerre devenait trop important. À la différence d'unHitler, pour Staline et ses successeurs le soucis de préserver les acquis du régime prenaitau final le pas sur le projet expansionniste. Dit autrement, contrairement au postulat deMunich, les ambitions de la plupart des dirigeants politiques sont limitées par les capacitésmatérielles disponibles ainsi que par le souci de préserver leur pouvoir. Comme l'expliquaitle diplomate George Kennan devant une commission d'enquête du Sénat américain surl'engagement US au Vietnam:

« Aucun épisode de l'histoire moderne n'a été plus mal interprété que laconférence de Munich. L'évènement a donné à de nombreuses personnesl'idée que l'on ne devait jamais tenter d'arriver à un compromis, qu'importentles circonstances. Une telle conclusion a fatalement eu des conséquencesfâcheuses. Hitler était, grâce au ciel, un phénomène unique. »

2.1 L'analogie de Munich dans le récit national américainNous venons de voir que l'application des leçons de Munich s'inscrit dans le contextetrès particulier de l'affirmation de la superpuissance américaine et de la mise en placedu système des blocs rivaux. Dans le monde de l'après 1945, les USA sont le seulÉtat démocratique en mesure de mettre en œuvre concrètement une politique inspiréepar ces fameuses « leçons de Munich ». Mais au delà de la question des moyens,la grande popularité de l'analogie de Munich auprès des hommes politiques américainss'explique également par sa proximité avec certaines constantes de la culture politiquenationale : l'exceptionalisme et le messianisme démocratique. Sans entrer dans les détails,on peut faire remonter l'idée que les Américains ont une mission spécifique à remplir à lafondation des premières colonies par les « père-pèlerins » au début du XVII ème siècle.Dès l'origine, la colonisation du nouveau monde revêt en effet un caractère messianiqueprofond. Il s'agit de créer une société exemplaire et vertueuse, loin de la corruption duvieux continent. En 1630, le chef puritain John Winthrop, fondateur de la colonie de la Baiedu Massachusetts exhortait ainsi ses coreligionnaires à bâtir une « cité sur la colline » àmême d'influencer l'évolution de l'église d'Angleterre et de l'amener à se réformer selonle même modèle. Le mythe est ensuite réactualisé au milieu du XIX ème siècle et adaptéau contexte de la conquête de l'Ouest. Dans les années 1840 le président James Polkforgea le concept de « destinée manifeste » pour justifier et encourager l'expansion vers lepacifique et les différentes annexions territoriales. Les États-Unis auraient ainsi pour missiondivine de s'étendre sur tout le continent afin d'y implanter la démocratie et la civilisationoccidentale. Au XX ème siècle, les échos de cette destinée manifeste sont nombreux.Théodore Roosevelt l'utilisa ainsi pour justifier les interventions militaires américainesdans les Caraïbes et en Amérique latine (notamment en Colombie). Woodrow Wilson, lepromoteur des fameux quatorze points en fit quant à lui l'armature idéologique de son projetde démocratisation. Il déclara ainsi :

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

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« Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommeschoisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur lessentiers dela liberté »

Après la seconde guerre mondiale, ce fond idéologique messianique très ancien tend ainsià se

confondre avec les leçons de Munich. Les USA étant devenus selon le souhait deFranklin Roosevelt « l'arsenal des démocraties » c'est à eux d'assurer la stabilité de l'ordremondial et la défense de la liberté, car seuls les USA disposent de la légitimité démocratiqueet de la puissance nécessaire pour mener à bien cette mission essentielle. Dans ce contexte,les accords de Munich sont devenus le symbole des errements du vieux continent etindiquent par contraste la marche à suivre : fermeté et résolution contre les ennemis de laliberté. Cette vision de Munich est partagée par une très grande partie de la classe politiqueaméricaine de l'après 1945 et transcende les clivages partisans. Elle est présente tant chezles Démocrates (Roosevelt, Lyndon Johnson...) que chez les républicains (Eisenhower,Nixon, Reagan...).

Dans la période récente on a cependant pu constater l'existence d'une sorte de« tropisme munichois » dans les milieux néo-conservateurs américains. Justin Vaïsse57,spécialiste de la question indique à ce sujet qu'il existe chez ces derniers :

« Une véritable obsession de Munich: leur horloge historique est restée coincéeaux années 1930, et cette insistance sur ce moment tragique de l'histoireeuropéenne colore, bien évidemment leur vision d'un vieux continent faible,irrésolu, condamné à rejouer indéfiniment une scène de trahison et de lâcheté »

Ce penchant néo-conservateur pour l'analogie de Munich est particulièrement flagrant dansle cadre de la politique étrangère de l'administration Bush fils. La rhétorique qui se meten place après le 11 septembre s'appuie en effet largement sur le thème de la croisadedémocratique contre « l'Axe du mal ». Le terme « Axe » en lui même rappelant trèsclairement la parenté supposée des régimes catalogués avec leurs prédécesseurs desannées 1930. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant de constater que les références auxaccords de Munich furent particulièrement nombreuses durant les années Bush. Il s'inscriten cela dans une longue tradition américaine, réinterprétée pour lui donner un tour encoreplus martial avec les conséquences que l'on sait.

2.2 L'exemple-prototype: La guerre de CoréeLa guerre de Corée (25 juin 1950-27 juillet 1953) constitue le premier exemple documentéde conflit dans lequel les « leçons de Munich » semble avoir joué un rôle majeur. Douzeans après la signature des accords et moins de cinq ans après la fin de la secondeguerre mondiale, la péninsule de Corée devenait le théâtre d'un affrontement brutal auxconséquences potentiellement dévastatrices.

Àl'été 1950 le spectre du communisme semble plus menaçant que jamais. La crisedu blocus de Berlin est encore dans tous les esprits tandis que la victoire de Mao Zedongdans la guerre civile chinoise suscite un émoi considérable dans les milieux diplomatiquesaméricains. C'est dans ce contexte d'intenses tensions entre les deux blocs que commençala crise Coréenne. Le régime communiste de Kim Il Sung, installé pendant l'occupation

57 Extrait d'un article de Justin Vaïsse paru dans la revue Relations Internationales n°120 (novembre-décembre 2004) et intituléLes néoconservateurs américains et l'Europe: sous le signe de Munich

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soviétique de la Corée du Nord en 1945 lança le 25 juin 1950 une offensive massive contrela république de Corée pro-occidentale dirigée par le vieux leader nationaliste SyngmanRhee. Pour l'administration Truman, il ne fait aucun doute que l'invasion fait partie d'un plansoviétique global d'extension du communisme par des moyens militaires. Comme l'expliqueHenry Kissinger:

« les membres clés de l'administration Truman croyaient fermement enl'existence d'un plan soviétique global. Ils virent en conséquence l'agressionNord-Coréenne comme la première étape d'une stratégie sino-soviétiquecoordonnée qui pourrait préfigurer un assaut général ».

Ayant en mémoire la succession de crises internationales et la politique d'annexion parla force conduite par Hitler 15 ans plus tôt, le parallèle semble évident pour Truman etses conseillers. Les historiens Richard E. Neustadt et Ernest R. May le qualifie mêmed'irrésistible:

« Tout le monde considérait la crise en cours comme une réédition desévènements des années 1930, et tout le monde était d'accord sur la leçon à tirerde cette période : il fallait résister à l'agression ».

En pratique l'utilisation de l'analogie ne se cantonne cependant pas aux cerclesdiplomatiques. Le président Truman en fait également usage lors de discours publicsdestinés à expliquer et justifier l'engagement américain. Ainsi, le 11 mars 1951, le présidentdéclarait dans un discours radiodiffusé :

« Le meilleur moment pour éliminer une menace est d'agir dès les premierssignes. Il est toujours plus facile d'éteindre un incendie lorsque il est encoreminime que d'attendre qu'il se soit transformé en brasier. […] Si les nations libresavaient suivi des politiques appropriées dans les années 1930, si elles avaient agiensemble pour écraser les agressions des dictateurs et si elles avaient agi dèsle départ lorsque l'agression était mineure, il n'y aurait probablement pas eu deseconde guerre mondiale »

L'on retrouve ce même schéma dans son discours d'adieu du 25 janvier 1953 :« […] Volant au dessus des plaines de l'Ouest et des Appalaches, j'avais durantcet après-midi d'été beaucoup de temps pour penser. J'ai dans ma tête tournéle problème dans tout les sens mais mes pensées ne cessaient de reveniraux années 1930. Àla Mandchourie, à l'Éthiopie, à la Rhénanie, à l'Autriche, etfinalement à Munich. L'histoire était en train de se répéter. »

Dans le cas Coréen, tant en public qu'en privé le message porté par l'analogie de Munichest donc très clair. Kim Il Sung n'est qu'une marionnette utilisée par Staline pour étendrel'influence du totalitarisme soviétique. Comme Hitler il ne comprend que la force, il faut doncintervenir massivement pour repousser l'agression. Examinons donc au vu des informationsdisponibles la validité de ce diagnostic. Premièrement, la dépendance de Kim Il Sung vis àvis de l'URSS mais aussi de la Chine ne fait aucun doute. Lui même ancien officier de l'arméerouge, il est personnellement sélectionné par Staline pour prendre le pouvoir à Pyongyang.De plus, la Corée du Nord est massivement dépendante de ses voisins communistes pourtoutes les fournitures d'armement et de matières premières stratégiques.

Le projet d'invasion semble quant à lui avoir été à la base une initiative purement Nord-Coréenne. Mais sans l'aval du « Grand-Frère Soviétique », toute action d'envergure étaitalors impensable. Kim Il Sung tenta ainsi plusieurs fois et dès 1949 de convaincre Staline

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d'approuver son projet d'invasion. Conformément aux prescriptions de l'analogie, sa margede manœuvre vis à vis de Staline était donc au mieux très réduite, et au pire inexistante.

Au printemps 1950, le dirigeant soviétique modifia ses positions et valida les projetsd'invasion Nord-Coréens. Plusieurs raisons ont été avancées pour justifier ce volte-face.Tout d'abord, grâce à l'aide soviétique et chinoise l'armée Nord-Coréenne disposait alorsd'un avantage stratégique significatif qui laissait présager une victoire rapide. Ensuite,le retrait des dernières forces d'occupation américaines du sol Sud Coréen ainsi quela déclaration du Secrétaire d'État Dean Acheson excluant la Corée du « périmètre dedéfense » américain en Asie orientale invitaient à penser que les USA ne répondraientpas militairement à l'invasion Nord-Coréenne. Enfin, une victoire rapide en Corée offraitégalement à Staline une occasion de rappeler à Mao Zedong qu'il était le véritable patrondu bloc communiste. Comme on le voit, loin d'être une étape d'un plan de conquêteprédéterminé, du côté soviétique la décision de soutenir le projet de Kim Il Sung apparaîttrès opportuniste.

L'examen rapide du déroulement de la guerre renforce ce constat et nuancesingulièrement la pertinence de l'analogie de Munich. Comme cela a été dit, à la différenced'Hitler Staline n'était pas prêt à prendre le risque de déclencher une guerre généraliséepour des gains limités en Corée. Son pragmatisme (et sa paranoïa) l'incitait à penser d'abordà la consolidation de son régime. De plus, contrairement à Hitler qui pour des raisonsidéologiques fit de l'agression la pierre angulaire de sa politique étrangère, les principes duMarxisme-Léninisme indiquaient à Staline que le triomphe du communisme n'était qu'unequestion de temps: puisque la victoire est inéluctable, nul besoin de prendre des risquesinconsidérés.

Staline était donc un opportuniste. Lorsqu'il identifiait une occasion d'accroitre soninfluence, il n'hésitait pas à la saisir et à l'exploiter jusqu'à ce qu'il rencontre une résistancesérieuse et que la perspective de perdre le contrôle le fasse reculer. Cette différence majeureexplique le comportement des soviétiques durant le conflit lui même. L'URSS participamassivement à l'effort de guerre Nord-Coréen en fournissant d'importantes quantitésd'armement ainsi que d'innombrables conseillers militaires. Mais une intervention soviétiquemajeure au côté de la Corée du Nord ne fut jamais sérieusement envisagée. En réalitéla participation soviétique directe se limita à un volet aérien avec l'engagement de pilotessoviétiques sur des MIG-15 peints aux couleurs coréennes. Une reconnaissance officiellede l'engagement soviétique aurait en effet immanquablement conduit à la guerre entre lesUSA et l'URSS, ce dont Staline ne voulait à aucun prix.

Ainsi, le comportement de Staline pendant la guerre de Corée divergefondamentalement du schéma induit par l'analogie de Munich. Paradoxalement, c'est cettedifférence majeure entre Hitler et Staline qui explique le relatif succès de l'interventionaméricaine sous l'égide de l'ONU. Si comme Hitler Staline avait été déterminé à provoquerun conflit mondial pour atteindre ses objectifs, l'engagement soviétique aurait probablementété d'une autre nature, ouvrant alors la voie à une troisième guerre mondiale. L'on peut doncdire que le diagnostic de la situation induit par l'analogie de Munich était ici globalementerroné. Mais, et c'est la qu'est tout le paradoxe, les solutions prescrites sur la base de ceparallèle injustifié eurent quant à elles un effet globalement positif (l'invasion fut repoussée,au prix de pertes terribles des deux côtés).

2.3 Le parallèle tragique: la guerre du Vietnam

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Pour les administrations présidentielles aux commandes durant la guerre du Vietnam(1963-1975), l'engagement américain se situait dans la continuité de l'intervention en Corée :Il s'agissait ici aussi de porter un coup d'arrêt à l'expansionnisme soviétique en Asies'inscrivant dans le cadre de la politique globale d'endiguement du communisme. Comme enCorée, le Nord communiste agressait le Sud pro-occidental, et comme en Corée l'analogiede Munich fut au centre de toutes les réflexions stratégiques sur la conduite de la guerre.

Tout comme Truman, le président Kennedy avait été profondément marqué par lesaccords de Munich. Son père Joseph P. Kennedy servit comme ambassadeur américainau Royaume-Uni de 1937 à 1940, période durant laquelle il se distingua par ses positionspro-apaisement. Étudiant à Harvard au moment de la signature des accords, John F.Kennedy leurs consacra sa thèse de fin d'étude, intitulée : « L'apaisement de Munich:Résultat inévitable de la lenteur de la démocratie britannique à remettre en cause la politiquede désarmement ».58 La thèse en question fut même publiée avec succès sous le titre« Pourquoi l'Angleterre dormait ». On le voit, dans le cas de Kennedy tant la mémoirepersonnelle que le contexte historique concourent à renforcer la pertinence de la référenceà Munich. Dans ses conditions, il n'est pas étonnant de constater qu'elle fut un élémentdéterminant de son analyse de la situation au Vietnam. En témoignent ses nombreusesdéclarations sur le sujet. En 1956, alors sénateur il affirmait notamment59:

« le Vietnam constitue la pierre angulaire du monde libre en Asie du Sud-Est. Laclé de voûte de l'arche, le doigt dans la digue. La Birmanie, la Thaïlande, l'Inde,le Japon, les Philippines et évidement le Laos et le Cambodge sont parmi ceuxdont la sécurité serait menacée si la vague rouge du communisme submergeait leVietnam »

Les images utilisées par Kennedy dans son discours soulignent toute l'importance desenjeux dans le cas Vietnamien. Comme dans le cas des références de Truman pendant laguerre de Corée, ce sont les conséquences d'un échec qui sont mises en évidence. Unedéfaite signifierait l'extension du communisme et peut-être une troisième guerre mondiale.Ces images constituent également des variations de la fameuse « théorie des dominos »directement dérivée de l'analogie de Munich. L'expression, alors très en vogue fut utiliséepour la première fois en 1953 par deux journalistes du New York Herald Tribune, Joseph etStewart Aslop à propos de la situation en Indochine. Elle fut popularisée un an plus tard parle président Eisenhower qui l'employa pour justifier sa décision d'accorder une aide militaireet financière massive à la France pour lutter contre le Vietminh, toujours en Indochine60 :

« Et pour terminer, il faut prendre en compte les considérations plus larges, ceque l'on pourrait appeler, le principe de la chute des dominos. Une rangée dedominos est en place, si le premier tombe il est certain que le dernier tomberatrès vite. Donc, on se trouverait alors au début d'un processus de désintégrationqui aurait des conséquences très profondes. »

À partir de ce précédent, la théorie des dominos devint un élément incontournable dudiscours officiel sur la stratégie américaine pendant la guerre froide. Sa parenté avecl'analogie de Munich est flagrante: les deux images portent en elles l'idée qu'un retraitentrainera un renforcement de l'adversaire, et donc d'autres défaites. Ainsi, pour l'historien

58 Appeasement at Munich: The Inevitable Result of Slowness of the British Democracy to Change from a Disarmament Policy »59 Cité par Jeffrey Record dans Making War, Thinking History, 2002 Naval Institute Press (p55)

60 Extrait de la conférence de presse du président Eisenhower du 7 avril 1954

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et diplomate Arthur Schesinger Jr. la théorie des dominos n'est au final rien de plus qu'une« construction populaire basée sur l'analogie de Munich ».61

Après l'assassinat de Kennedy son successeur, le président Lyndon B. Johnsons'appuya sur le même diagnostic dans sa gestion de l'engagement US aux Vietnam :lui aussi se reposa grandement sur l'analogie de Munich et la théorie des dominos pouranalyser la situation, mais également convaincre l'opinion. On retrouve ainsi chez lui lamême tendance à insister sur les conséquences probables d'un échec. Après avoir quitté lamaison blanche, il déclara par exemple au cours d'une série d'entretiens avec la journalisteDoris Kearns:

« Tout ce que je savais à propos de l'histoire m'incitait à penser que si je quittaisle Vietnam et laissais Ho Chi Minh en liberté dans les rues de Saïgon, je meretrouverais exactement dans la même position que Chamberlain, à savoir àrécompenser l'agression. »

Même chose dans cet extrait d'un discours télévisé à propos de la politique américaine enAsie diffusé le 12 juillet 1966:

«Les Américains entrèrent dans ce siècle en imaginant que notre sécuritén'avait aucune fondation en dehors de notre propre contient. Par deux fois nousconfondirent l'isolement avec la quête de sécurité. Et par deux fois nous fumestragiquement dans l'erreur. Et si nous sommes désormais plus sages, nous nerépèterons pas les erreurs du passé. Nous nous fuirons pas nos obligationsen matière de paix et de sécurité vis à vis de l'Asie. […] La seconde missionessentielle pour la paix en Asie est la suivante : prouver aux agresseurs quel'usage de la force pour conquérir leurs voisins est un jeu dans lequel ils ont toutà perdre. »

Les vues de Lyndon Johnson étaient en outre partagées par l'immense majorité des officielsaméricains impliqués dans la conduite de la guerre du Vietnam. Durant la réunion du Conseilde la Sécurité Nationale du 21 juillet 1969, Henry Cabot Lodge, alors ambassadeur USau Sud Vietnam déclara62 : « Je crois que le risque d'une troisième guerre mondiale estplus élevée si nous n'intervenons pas. Ne voyez-vous pas la ressemblance avec notrepropre indolence à Munich? ». Comme dans le cas Coréen, le diagnostic américain dela situation prend comme point de départ théorique l'existence d'un plan soviétique globald'expansion militaire. Elle suppose également que Ho Chi Minh n'est que le jouet de cetimpérialisme soviétique. Et ici aussi ce diagnostic s'est avéré erroné. Aveuglés par leursparallèles avec les accords de Munich et la guerre de Corée, les dirigeants américains sontpassés à côté des différences majeures entre les situations. Ils n'ont ainsi pas su percevoir lecaractère fondamentalement nationaliste de l'insurrection communiste: un tel constat auraiten effet été incompatible avec le schéma de la situation dérivée de Munich. Ainsi, à ladifférence de Kim Il Sung, Ho Chi Minh ne devait pas sa position à un État étranger et sonacceptation pragmatique de l'aide soviétique et chinoise n'en faisait pas pour autant unemarionnette de ces puissances. Son combat ne faisait donc pas partie d'une conspirationcommuniste mondiale mais s'inscrivait dans le contexte de la décolonisation et des jeux depouvoir entre factions générés par ce processus. Dans le cas du Vietnam la simplificationinduite par l'analogie de Munich eut des conséquences particulièrement tragiques. Sonusage intensif dans les hautes sphères diplomatiques et militaires américaines explique

61 New York Time du 10 avril 198362 Yueng Foong Khong, Analogies at war,Princeton paperbacks, 1992 (p175)

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en partie l'entêtement des différentes administrations US qui, bien que confrontées à deséléments contredisant leur analyse de la situation poursuivirent et intensifièrent l'effortmilitaire pendant de longues années. Enfin, l'ampleur du désastre s'explique aussi par lesdifférences au niveau des stratégies militaires mise en œuvre. Même si le diagnostic étaitglobalement faux, dans le cas Coréen le Nord avait clairement agressé le Sud avec unearmée régulière et des tactiques conventionnelles. Or au Vietnam rien de tel. Les troupesaméricaines furent confrontées à une insurrection essentiellement indigène utilisant desméthodes de guérilla et disposant de relais dans la population. Dans ces conditions uneintervention militaire classique n'avait dès le départ que peu de chances d'aboutir. Cetteautre différence majeure met donc en lumière une autre faille importante de la référence :elle indique qu'il faut combattre mais ne dit rien à propos de la manière de combattre et nepropose aucune solution de repli acceptable en cas de mauvais diagnostic.

2.4 Une ré-actualisation : La guerre d'IrakL'invasion de l'Irak par les troupes de la coalition internationale emmenée par les États-Unis (Operation Iraqi Freedom, déclenchée le 19 mars 2003) constitue l'exemple le plusrécent d'utilisation massive de la référence aux accords de Munich dans le discours politiqueaméricain. L'analogie fut ainsi très largement utilisée durant les préparatifs de l'invasion pourjustifier un tel mouvement auprès de l'opinion mais également pendant l'occupation du paysafin de mettre en évidence les conséquences catastrophiques d'un retrait prématuré.

La guerre d'Irak s'inscrit cependant dans un contexte international bien différent.En 2003 la guerre froide est terminée depuis près de 15 ans : le spectre ducommunisme n'obsède plus les cercles diplomatiques américains. Son corollaire, lastratégie d'endiguement n'est donc plus d'actualité. Les USA ne se sentent pas pourautant d'avantage en sécurité, bien au contraire. Deux ans après le traumatisme du 11septembre, le terrorisme islamiste et les « États-voyous » qui les abritent et financentont remplacés l'impérialisme soviétique dans le bestiaire du mal Étasunien. L'opérationcontre l'Irak de Saddam Hussein est ainsi présentée comme une étape décisive de « laguerre contre la terreur » que livraient alors les États-Unis depuis déjà deux ans. Commedans les cas précédents, le parallèle est utilisé à la fois pour lire les évènements etpour mobiliser l'opinion. Durant l'offensive médiatique précédant le début des opérationsmilitaires, l'administration Bush mobilise donc à son tour la référence à Munich. Citons parexemple Richard Perle, l'influent président du Conseil de la Politique de défense et néo-conservateur notoire63:

« Une intervention pour faire tomber Saddam Hussein pourrait précipiter ce quenous redoutons le plus : l'emploi d'armes chimiques ou biologiques. Mais cerisque ne peut que grandir au fur et à mesure qu'il renforce ses arsenaux. Unefrappe préventive contre Hitler au temps de Munich aurait signifié une guerreimmédiate, par opposition à une guerre plus tardive. Mais la guerre tardive s'estavérée bien pire. »

On le voit, mis à part la question des armes de destructions massives propres au contexteirakien, la logique reste identique : l'intervention s'impose pour empêcher un désastreultérieur.

On retrouve le même discours chez le président Bush, notamment au cours de sonultimatum adressé à Saddam Hussein le 17 mars 2003 :

63 Le Washington Post du 11 novembre 2002

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« au XX ème siècle, certains ont choisi l'apaisement vis à vis de dictateursmeurtriers, et la menace que constituaient ces derniers à ainsi pu déboucher surle génocide et la guerre généralisée »

Àces propos anxiogènes visant à démontrer la nécessité d'une guerre préventive, lesecrétaire à la défense Donald Rumsfeld ajoute une dimension personnelle en convoquantChurchill64:

« Pensez à tout ces pays qui disaient nous ne savions pas...Mais Mein Kampfexistait, et Hitler avait précisément décrit ce qu'il voulait faire. Bien sur, il ne nousattaquerait peut être pas...Mais des millions de morts ont résulté de ces erreursde calcul » Avant d'ajouter : « Sans doute Winston Churchill avait-il raison. Sansdoute sa voix solitaire qui exprimait son inquiétude sur qui se passait avait-elleraison »

À cet usage somme tout assez classique de la référence à Munich, l'administration Bushjuxtapose l'idée de croisade démocratique. En plus d'empêcher une catastrophe, une guerrepréventive permettrait en effet de se débarrasser d'un régime détestable et donc d'empêcherla concrétisation de menaces futures tout en élargissant la communauté des démocraties.Le président Bush fait ainsi explicitement référence à la « mission historique des États-Unis » dans son analyse de la situation65:

« Nous terminerons notre travail historique de démocratisation de l'Afghanistanet de l'Irak de façon à ce que ces nations puissent montrer la voie à d'autreset ainsi aider à la transformation de cette partie du monde. L'Amérique est unenation investie d'une mission, et cette mission est ancrée dans nos croyancesles plus sacrées.[...] Notre but est la paix démocratique, une paix fondée sur ladignité et les droits de chaque homme et de chaque femme ».

L'on passe donc à un degré d'abstraction supérieur. Il ne s'agit plus seulement de limiter lesdégâts en repoussant une agression comme pour la Corée et le Vietnam, mais d'attaquersoit même pour transformer l'environnement international de façon à empêcher l'émergencede menaces futures. Cette stratégie de démocratisation par les armes a alors été baptisé parun certain nombre de commentateurs66 « la théorie des dominos inversée ». Les stratègesnéo-conservateurs ont ainsi considérés que si le modèle des dominos dérivé de l'expériencede Munich montrait que la passivité face à une agression entraine d'autres agressions,l'inverse devait également être valable: la démocratisation d'un État influencerait ses voisinset à terme l'ensemble de la région.

Si nous manquons de recul historique pour porter un jugement global sur la guerred'Irak et ses conséquences, il est d'ores et déjà possible de formuler quelques remarques.Il semble aujourd'hui clair que la situation pré-apocalyptique décrite par l'administrationBush ne reposait sur aucun élément tangible. Les armes de destructions massivessont introuvables et nous savons désormais que le régime des Saddam n'avait ni lacapacité ni la volonté de déstabiliser ses voisins et encore moins d'attaquer les USA. Leparallèle avec Hitler et les années trente était donc une fois de plus injustifié. Comme

64 Le Toronto Star du 2 décembre 200265 Extrait du discours sur l'état de l'Union du 20 janvier 200466 Voir par exemple l'article de Robert Wright dans Slate du 1er avril 2003

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le souligne Jeffrey Record67, l'Irak fut conquis en trois semaines au prix de 200 morts,ce qui nuance singulièrement l'ampleur de la menace qu'il était censé représenter. Deplus, sans même remonter à la guerre du Golfe qui prouvait à Saddam Hussein que lesUSA ne se contentaient pas de condamnations verbales, son régime était soumis à unembargo international très strict et avait accepté le principe des inspections internationales.Contrairement à Hitler, il avait donc largement été dissuadé et affaibli. La référence àMunich a donc une fois de plus conduit à une distorsion majeure de la situation. Elle atransformé un tyran régional aux abois en menace planétaire de premier ordre et conduit lapremière puissance mondiale à s'engager dans une guerre préventive coûteuse tant en vieshumaines qu'en crédibilité. Le diagnostic est donc sans appel. Quant à savoir dans quellemesure les membres éminents de l'administration Bush se sont retrouvés pris au piège deleurs propres analogies ou les ont sciemment utilisés pour tromper l'opinion, le débat resteà ce jour ouvert.

3. Le point de vue tchèquePour la République tchécoslovaque, l'annonce de la signature des accords de Munich fut uncoup terrible. Moins de vingt ans après la proclamation de l'indépendance sur les ruines del'empire Austro-hongrois, ce texte entérinait dans les faits le démantèlement du jeune État.La région des Sudètes peuplée majoritairement d'Allemands se voyait rattaché au Reich,conformément au souhait du Führer et de Konrad Heilein, le dirigeant du Parti Allemanddes Sudètes financé par les nazis. L'Allemagne ne fut cependant pas la seule à s'agrandiraux dépens de l'État tchécoslovaque. La Pologne obtint l'annexion de la région de Teschensur la base du peuplement majoritairement polonais de la zone. Au final, lors des accordsde Munich, la Tchécoslovaquie perdit 30% de son territoire, 34% de sa population ainsi quela majeure partie de son potentiel industriel (70% des capacités de production d'acier etd'électricité.)68

Dans ses conditions, la souveraineté de l'État tchèque n'est déjà plus que toutethéorique. La répartition des territoires restants fut ensuite promptement menée : quelquesmois plus tard, lors de « l'arbitrage de Vienne » l'Italie et l'Allemagne entérinaient l'annexionpar la Hongrie d'une large portion du territoire Tchécoslovaque sur sa frontière sud.

Puis, en mars 1939 les troupes allemandes pénètrent en Bohême-Moravie, cœurhistorique de la nation tchèque. Emil Hacha, président de l'éphémère deuxième républiquetchécoslovaque fut convoqué à Berlin et contraint d'accepter l'occupation Allemande deson pays, rebaptisé protectorat de Bohême-Moravie au sein du Reich. Parallèlement,la partie Slovaque déclarait son indépendance pour immédiatement devenir un satellitede l'Allemagne nazie tandis que la Hongrie enfonçait le clou en annexant la RhuténieCarpatique à l'extrême sud du territoire slovaque. Voilà pour les conséquences immédiates.

Du point de vue tchèque la capitulation de l'Allemagne et de ses alliés ne constituecependant pas une rupture majeure avec le legs historique des accords de Munich. L'Étattchécoslovaque reformé en 1945 par Édouard Benès revenu d'exil subit à partir de la fin

67 Jeffrey Record, Munich, le Vietnam et l'Irak: du bon (ou du mauvais ) usage de l'histoire, Politique Étrangère n°3, septembre2005 (p599)68 Article sur les accords de Munich disponible sur le portail internet de la ville de Prague à cette adresse: http://www.prague.net/blog/article/282/munich-agreement-1938-part-two

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de seconde guerre mondiale la pression grandissante de l'Union Soviétique stalinienne.À l'intérieur, le Parti communiste tchécoslovaque aligné sur Moscou entreprit de noyauterl'administration et d'organiser des manifestations de plus en plus massives. Au terme du« coup de Prague » de février 1948, les communistes dirigés par Klement Gottwald et RudolfSlánský s'emparèrent de tout les rouages du pouvoir. Une dictature communiste suivant lemodèle des « démocraties populaires » fut instaurée et perdura jusqu'à la « révolution develours » de 1989.

Dans le discours politique tchèque les références aux accords de Munich et àleurs conséquences immédiates recoupent l'analyse américaine de l'évènement en cequi concerne l'analyse en termes de causes/conséquences. Cependant, elle présenteégalement un certain nombre de traits distinctifs s'expliquant par la trajectoire particulièredu pays depuis les années trente. L'on retrouve donc les mêmes « leçons de Munich »concernant l'apaisement des dictateurs que dans le cas des références américaines : l'idéeselon laquelle ne pas répondre à une agression entraine d'autres agressions constitue eneffet le volet le plus universellement répandu de la référence. Dans le contexte tchèque, ceprincipe a notamment été énoncé par le ministre des affaires étrangères (2002-2006) CyrilSvoboda à propos de la guerre d'Irak69 :

« Le ministre a déclaré qu'il était contre l'apaisement partout dans le monde. Lesaccords de Munich de 1938 à propos du démembrement de la Tchécoslovaquieont montré que céder aux dictateurs n'amenait rien de bon. »

On le retrouve également dans cette déclaration de Vaclav Havel, figure marquante de ladissidence durant la période communiste et premier président de la république tchèqueaprès le retour de la démocratie. Donnant son opinion sur l'invasion du Koweït par SaddamHussein, il déclarait70 :

« Cette agression honteuse contre le Koweït ainsi que la crise actuelle dansle Golfe Persique réactualisent les vieilles leçons de Munich. […] La politiqued'apaisement ne peut jamais réussir sur le long terme. »

« L'image tchèque » se distingue cependant de la vision américaine sur deux points.Premièrement et comme cela à été mentionné précédemment, en République Tchèque etdans les pays voisins l'on parle plus volontiers de la « trahison de Munich » que d'erreurde calcul ou de faute. Le souvenir de l'abandon du pays par les puissances occidentalesest resté extrêmement vif, comme en témoigne l'existence de nombreuses expressionspéjoratives à propos de l'évènement : « Trahison occidentale » (zrada Západu), « trahison deMunich » (Mnichovská zrada) et « trahison des alliés » (zrada Spojenců) sont parmi les pluscourantes71. Ces termes étaient particulièrement en vogue durant la période communiste, lesouvenir de la « trahison de 1938 » ayant été utilisé avec profit par le pouvoir politique pourattiser le ressentiment de la population vis à vis de l'Occident et justifier le rapprochementavec l'Union Soviétique. On en trouve par exemple trace dans cette citation d'un article parudans le journal officiel du parti communiste tchécoslovaque Rade Pravo le 8 juillet 198872 :

« Le quotidien du parti communiste tchécoslovaque a réagi aux accusations de violationdes droits de l'homme dans le pays formulées par le ministre des affaires étrangères

69 Dépêche de CTK Business News du 15 février 200370 Dépêche Reuters News du 13 septembre 199071 Article sur les accords de Munich disponible sur le portail internet de la ville de Prague à cette adresse: http://www.prague.net/blog/article/282/munich-agreement-1938-part-one72 Dépêche Reuters News du 8 juillet 1988

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britannique David Mellor en le comparant avec un médiateur d'avant guerre auprès d'AdolfHitler: « Nous avons eut notre lot d'expériences tragiques découlant de conseils donnéspar les conservateurs britanniques » mentionne le journal, nommant Mellor « le LordRunciman de 1988 ». [Dans les mois précédents les accords de Munich, Lord Runciman futenvoyé par Neville Chamberlain pour tenter de négocier un compromis entre l'Allemagneet la Tchécoslovaquie sur la question des Sudètes. Il recommanda un rattachement àl'Allemagne]

Même chose dans cette retranscription d'une émission de Radio Prague, diffusé àl'occasion de l'exposition du texte original des accords de Munich73 :

« Bien que les opinions continuent de diverger à ce sujet, une vaste majorité deTchèques continue de penser que les Accords de Munich furent la plus honteusetrahison de leur pays par les puissances Occidentales. Et ce fut cette trahison quientraina un lent et sans doute compréhensible processus de rapprochement avecl'Union Soviétique dans l'immédiat après-guerre. »

Ensuite, dans le discours politique, l'évènement est souvent intégré dans une séquenceplus large de l'histoire de la Tchécoslovaquie. Dans de nombreuses références, la « trahisonde 1938 » est ainsi présentée comme un exemple parmi d'autres d'une série de reculadesoccidentales ayant toutes eu des conséquences désastreuses pour le pays. L'acceptationdes accords de Yalta divisant l'Europe en sphères d'influences, l'inaction occidentale durant« Le coup de Prague » de 1948 et l'intervention soviétique de 1968 ont ainsi parfois étéprésentés comme autant de « trahisons » s'inscrivant dans la continuité des accords deMunich. Plus récemment, les hésitations sur l'élargissement de l'Otan ainsi que le dossierdu bouclier antimissile ont ravivés ces craintes. Par exemple, suite à une annonce jugéedécevante sur les perspectives d'adhésion de la république tchèque à l'Otan, un journalistedu New York Times74 mentionne que le président Vaclav Havel :

« A tenu un discours intitulé la troisième trahison occidentale dans lequel ilsemblait faire des accords de Munich de 1938 et de la conférence de Yalta desprécédents de la situation actuelle »

Cette dimension est également résumée par la formule « À propos de nous mais sans nous »largement utilisé dans les références aux accords de Munich et à la conférence de Yalta.L'expression mettant en évidence l'arbitraire de ces grandes conférences internationalesdans lesquelles les grandes puissances traitèrent les nations de la région comme autantde pions géopolitiques. On la retrouve ainsi périodiquement dans des contextes pluscontemporains, comme dans cette déclaration du Premier Ministre slovaque toujours àpropos des perspectives d'adhésion à l'Otan75 :

« [Grâce à l'Otan] Il n'y aura plus jamais de négociations à propos de nous maissans nous. Munich et Yalta ne seront plus que de sombres chapitres de notrehistoire. »

Le traumatisme de la trahison occidentale et l'intégration de l'évènement à d'autresépisodes mettant en scène une grande puissance prédatrice constituent donc les principalesspécificités de la vision tchèque. Examinons maintenant plus en détail comment cette lecture

73 Radio Prague « The long shadow of the Munich agreement » disponible à cette adresse: http://www.radio.cz/en/article/10878174 Le New York Times du 22 octobre 199375 CTK Business News, 25 mars 2003

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de l'histoire se déploie dans le discours en revenant plus longuement sur les controversesliées à l'élargissement de l'Otan.

3.1 Les tchèques et l'OtanAprès l'effondrement du bloc de l'est et le retour de la démocratie, le président VaclavHavel entreprit d'arrimer fermement son pays à l'Union Européenne et à l'Otan. Au débutdes années 90, l'adhésion à l'Alliance Atlantique constitue en effet pour le président et legouvernement tchèque un objectif prioritaire. En 1993 le ministre des affaires étrangèresJosef Zielnec place ainsi l'adhésion à l'Otan sur sa liste des trois objectifs principaux dela politique étrangère du pays76. Pour les élites dirigeantes tchèques cette adhésion doitpermettre de garantir une fois pour toute l'intégrité territoriale du pays et de marquer sonappartenance au camp démocratique occidental. L'opinion publique est cependant diviséesur la question de l'opportunité d'une telle adhésion. Des débats parfois houleux s'engagentet différents points de vue s'affrontent. C'est dans ce contexte que la référence à Munichest utilisée par différents acteurs. On la retrouve tout d'abord dans les nombreux plaidoyersdu président Vaclav Havel en faveur d'une adhésion rapide de la République tchèque. Làencore la référence sert à la fois à décrire une situation et à prescrire des solutions. Leprésident mentionne ainsi la référence historique dans une analyse géopolitique elle mêmeutilisée pour promouvoir l'adhésion de son pays: la République tchèque se trouvant au cœurde l'Europe, elle est présentée comme particulièrement sensible aux menaces extérieures.C'est donc d'une certaine façon la clé de la stabilité ou de l'instabilité du continent77 :

« Je pense que toute personne rationnelle connaissant l'histoire et la géographieeuropéenne doit comprendre que le processus doit commencer en EuropeCentrale. Cette zone a toujours été un point névralgique et une zone de testpour la sécurité européenne. Elle est en outre proche de l'Otan à la foisgéographiquement et en terme de culture politique. »

L'adhésion à l'Otan est également présentée par le même Vaclav Havel comme uneoccasion de tourner définitivement la page de la « trahison de Munich » grâce à la garantiestatutaire d'une participation de tous les États membres à la prise de décision78 :

« L'histoire montre que traiter des États souverains comme autant de bienmarchands n'entraine que des conflits. La Tchécoslovaquie en a fait ladouloureuse expérienceavec les accords de Munich de 1938. Pour cette raison, ilne serait pas raisonnable que la question de l'élargissement soit résolue au coursd'une réunion des superpuissances entre les USA et la Russie. Cette approchecontredit également le principe fondamental de l'Alliance garantissant une égalitétotale entre les membres. »

Enfin, de façon plus provocante la perspective d'un refus de l'élargissement est assimiléeà un « Nouveau Munich »79 :

76 Drulák P., Qui décide la politique étrangère tchèque ? Les internationalistes, les européanistes, les atlantistes ou les autonomistes ?,Revue internationale et stratégique 2006/1, N° 61, p. 71-86.77 Discours de Vaclav Havel à Mons, le 25 avril 199578 The New York Times, 17 mai 199779 Dow Jones International News, 12 mars 1996

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Seconde partie : « les images de munich » en politique etrangere

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« Le président Tchèque Vaclav Havel a lancé un appel aux Occidentaux lesenjoignant à rejeter les menaces russes et d'étendre l'Otan, avertissant du risqued'un Nouveau Munich si le changement se révélait impossible. »

Du côté de l'opposition à l'adhésion les accords de Munich sont également invoqués, cettefois pour fustiger une décision jugée arbitraire et dangereuse, comme dans cet extrait d'unedépêche de la BBC à propos d'une manifestation anti-Otan80:

« Les participants portaient des pancartes sur lesquelles ont pouvait notammentlire : " Nous ne voulons pas du parapluie de Hitler : l'Union Européenne etl'Otan ", " Nous pouvons nous permettre de rester en dehors " et " Non auNouveau Munich en préparation à Prague " ».

Comme on le voit, c'est cette fois le gouvernement tchèque qui est accusé de fomenterun « Nouveau Munich ». Comme durant la période communiste, le souvenir de la trahisonest ici utilisé pour discréditer l'Occident et le gouvernement tchèque présenté comme soncomplice. Ce mythe de la trahison systématique est utilisé de façon encore plus explicitepar le Parti Communiste de Bohême-Moravie. Son porte-parole déclarait ainsi81 :

« Exner a déclaré que devenir membre de l'Alliance ne garantirai pas que lesautres États rempliraient leurs obligations en matière de sécurité vis à vis denous. Il fut rejoint par le président du mouvement " Citoyens contre l'Otan "Roman Raczynski qui a déclaré que les alliés avaient trahi la Tchécoslovaquieavant la seconde guerre mondiale avec la signature des Accords de Munich de1938. Puis, en aout 1968 le pays fut brutalement attaqué par ces partenaires duPacte de Varsovie, "d 'ou cette méfiance des Tchèques vis à vis des pactes et desaccords internationaux", ajouta t'il. »

Du côté des opposants à l'adhésion comme de celui des partisans, la référence autraumatisme de Munich est donc récurrente. Cependant, pour les premiers les « trahisons »répétées démontrent la futilité des engagements internationaux : les grandes puissances nese préoccupant que de leurs intérêts, elles n'hésitent pas à sacrifier des alliés lorsqu'ellesl'estiment nécessaire. Pour les seconds en revanche, l'expérience de Munich prouve quel'Europe à besoin d'un système de sécurité collective plus élaboré et plus stable. Pour éviterde « Nouveaux Munich » il faut donc renforcer les liens avec les alliés au sein de l'Otan. Onconstate donc qu'au sein d'une même « image nationale » il peut exister de très importantesdivergences d'interprétation, la nationalité n'étant qu'une grille de lecture parmi d'autres.Ainsi l'analyse de l'évènement peut également dépendre du positionnement idéologique,des expériences personnelles, d'identités régionales...

Enfin, plus récemment le spectre de Munich a de nouveau resurgi dans les débats àpropos du déploiement éventuel d'éléments du bouclier antimissile américain dans le pays.Vaclav Havel, bien que n'étant plus en poste mais disposant encore d'une incontestableautorité morale déclarait à ce sujet le 24 mars 200882 :

« Il considère que les opposants au projet de radar américain sont engagés dansune voie aussi dangereuse que l'approche pacifiste au moment des accords deMunich de 1938 signés par l'Allemagne, l'Angleterre, la France et l'Italie et quipermirent l'annexion des Sudètes par l'Allemagne. Il conclut en affirmant que le80 Dépêche BBC du 26 octobre 199681 Dépêche BBC du 19 juillet 1997

82 CTK Daily News, 24 mars 2008

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pacifisme conduit au final à faire plus de victimes qu'une posture plus ferme dèsle départ ».

Ici c'est donc l'aveuglement irresponsable des opposants qui est mis en avant à traversla référence. Par pacifisme, les opposants au bouclier rendent possible des catastrophesfutures en refusant un projet censé ancrer plus fermement le pays dans le camp occidental.Puis, lorsque la nouvelle administration Obama fit part de son intention de remettre en causele projet, le volet plus spécifiquement Tchèque de la référence entre en action. L'on voitalors refleurir les références à une trahison occidentale83 :

« Côté tchèque, certains ont même comparé une possible marche arrièreaméricaine à la "trahison" des Français et des Anglais en 1938, quand lesaccords de Munich permirent le démantèlement de la Tchécoslovaquieindépendante et l'invasion nazie. Aussi, M. Topolanek compte-t-il demanderau président Obama "jusqu'à quel point les Américains pensent sérieusementajourner le projet" ».

À la différence de la vision américaine le point de vue tchèque apparaît donc commenettement plus composite. Si pour tous les accords de Munich furent une trahison, lesleçons à tirer de l'évènement font ainsi encore l'objet de nombreux débats, ces opinionsdivergentes se retrouvant plaquées sur les référents discursifs contemporains. Certainsutilisent la référence pour mettre en garde contre les engagements internationaux tandis qued'autres y voient une incitation majeure à les rendre plus contraignants et plus équitables.De même, en fonction des interprétations le blâme est plus ou moins explicitement attribuéaux alliés occidentaux. Enfin, certains historiens contemporains ont souligné que ce « mythede la trahison » servait également à masquer la part de responsabilité du gouvernementtchèque de l'époque. Jan Tesař84 insiste ainsi particulièrement sur l'échec de l'intégrationdes minorités nationales (allemandes, polonaises, hongroises) qui a directement conduità la crise de Munich, mais également sur le fait qu'en 1938 les Tchèques étaient euxmême très majoritairement opposés à une guerre avec l'Allemagne. En plus de rappeleraux Occidentaux leur peu glorieuse acceptation du démantèlement de la Tchécoslovaquie,ce mythe permettait donc d'éviter de trop se pencher sur les facteurs domestiques ayantcontribué à créer cette situation.

4. La perspective russe.Comme dans le cas américain, l'on pourrait à première vue s'étonner de trouver denombreuses références85 aux accords de Munich dans le discours politique russe.Après tout, en 1938 aucun représentant de l'URSS ne fut convié à la conférence etaucune disposition du texte ne la concernait en particulier. Indirectement l'évènementmarque cependant une évolution majeure dans la perception russe de l'Occident dont les

83 AFP, 3 avril 200984 Voir par exemple le compte-rendu de lecture du livre de Jan Tesař, Le complexe de Munich, disponible sur le site de la Revue del'Europe Centrale à cette adresse: http://www.ce-review.org/00/39/books39_zidek.html85 Comme on peut le voir sur les graphiques (pages 51 et 52) la catégorie « point de vue russe sur les Accords de Munich » figureen bonne place dans les deux corpus.

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conséquences se font encore sentir. Et ici encore, pour en saisir toutes les implications unbref rappel historique s'impose.

Dans les années trente l'URSS stalinienne observait elle aussi avec appréhensionles manifestations de plus en plus menaçantes de l'expansionnisme nazi. Les projetsd'annexions orientés vers l'est de Hitler, le réarmement massif et la signature du pacte Anti-Komintern entre l'Allemagne l'Italie et le Japon constituaient autant de signes alarmantspour le jeune État soviétique. L'émergence de cette nouvelle menace conduisit Stalineà modifier en profondeur la politique étrangère soviétique. Abandonnant le concept de« social-fascisme » qui mettait sur le même plan social-démocratie et national-socialisme,la nouvelle ligne reposait sur la mise en place d'alliances des partis de gauche et du centre,les « fronts populaires » pour contrecarrer l'avancée du fascisme en Europe. Parallèlement,le commissaire aux Affaires Extérieures Maxime Litvinov entreprit d'améliorer les relationsavec les démocraties occidentales. Ces efforts débouchèrent notamment sur l'entrée del'URSS à la Société des Nations en 1934 ainsi qu'à la signature en 1935 du traité franco-soviétique d'assistance mutuelle prévoyant donc aide

et assistance entre les signataires en cas « d'agression non provoquée par un ÉtatEuropéen »86, sous-entendu l'Allemagne nazie. Malgré ces quelques avancés, ces initiativesne conduisirent pas à la mise en place d'un véritable système de sécurité collective àmême de dissuader Hitler. Du côté occidental, le régime Bolchevik continuait de suscitercrainte et suspicion. Dans le cadre de la politique d'apaisement, une portion significative dugouvernement de Neville Chamberlain penchait ainsi plutôt pour une politique de conciliationvis à vis de l'Allemagne. Hitler était alors considéré comme un dirigeant nationalisteaux méthodes certes brutales, mais également comme un éventuel rempart contrel'extension du communisme en Europe, d'où la nécessité de garder ouverte la possibilitéd'un compromis avec ce dernier. Du côté soviétique, Staline se méfiait tout autant desdémocraties occidentales que de la dictature nazie. En plus des divergences idéologiques,le souvenir des interventions anglaises et françaises au côté des armées blanches pendantla guerre civile ne l'incitait pas à les considérer comme des partenaires fiables. Dans cecontexte, la résolution très favorable à l'Allemagne de la crise des Sudètes est interprétépar Staline comme le signe d'un double-jeu occidental visant à canaliser l'expansionnismenazi vers l'est à ses dépends. Les propositions soviétiques en vue d'une action conjointecontre Hitler ayant été déclinées par la France et l'Angleterre, Staline commença lui mêmeà envisager de trouver un accord avec le dictateur allemand. Litvinov, antifasciste et juif futainsi remplacé par Viatcheslav Molotov ouvrant la voie à des négociations avec l'Allemagne.Parallèlement, mettant en place son propre double-jeu Staline poursuivit la discussion avecles occidentaux. Mais du fait de ces suspicions mutuelles renforcées par l'expérience deMunich87 et ses suites, les négociations n'aboutirent jamais. Staline opta alors pour l'optionAllemande. Le 23 aout 1939 fut donc signé à Moscou un pacte de non agression entrel'URSS et l'Allemagne nazie. Le texte, plus connu sous le nom de Pacte Molotov-Ribbentropcontenait en outre un protocole secret octroyant à l'URSS une sphère d'influence dans l'estde la Pologne, les pays Baltes, la Bessarabie et en Finlande en échange de la fourniture àl'Allemagne de matières premières stratégiques. Conformément aux dispositions du pacte,Staline fit entrer l'armée rouge en ̈ Pologne quelques semaines après l'invasion du pays parla Wehrmarcht tandis que les pays baltes furent intégrés de force à l'Union Soviétique. Ce

86 Article 2 du traité, le texte intégral est consultable sur le site de l'Onu: http://untreaty.un.org/unts/60001_120000/18/35/00035710.pdf

87 Fin juillet 1939 encore, Sir Horace Wilson, le plus proche conseiller de Chamberlain rencontrait un émissaire de Hitler pourtenter de trouver un arrangement. Voir Politique étrangère, Année 1945, Volume 10, Numéro 1 (p. 105 - 108)

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retournement spectaculaire dura jusqu'à l'été 1941, l'offensive surprise contre l'URSS del'Allemagne et de ses satellites (l'opération Barbarossa) ramenant de fait l'Union Soviétiquedans le camp des alliés.

Plus de 70 ans après les faits, les vestiges de cette époque sont encore bien visiblesdans le discours politique. L'interprétation russe des accords de Munich se focalise alorsautour de deux éléments liés. Premièrement, les autorités russes et certains historiensutilisent la référence pour mettre en évidence la part de responsabilité des puissancesoccidentales dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Les accords de Munichsont ainsi considérés non seulement comme une erreur de calcul majeure, mais égalementcomme une manipulation occidentale visant à favoriser un conflit entre l'Allemagne etL'URSS. Durant la période soviétique, la mémoire de l'évènement s'est ainsi construiteautour de l'expression de « conspiration de Munich »88 encore largement utilisée de nosjours. Récemment, à l'occasion de l'ouverture des archives soviétiques portant sur lesaccords de Munich, un vétéran du SVR (le Service des Renseignements Extérieurs de laFédération de Russie, héritier direct du KGB) interrogé par RIA Novosti, a pu longuementcommenter les documents en question. Il affirme notamment89:

« Les documents obtenus après la conclusion des Accords de Munich sontparticulièrement précieux. Ils analysent la situation qui s’est formée en Europeaprès la signature de ces accords. Ils mettent clairement à jour la position dela Grande-Bretagne, qui a tenté d’entraîner l’Allemagne et l’URSS dans deshostilités actives. »

Dans la suite de l'article, Ilia Kramnik, expert militaire auprès de RIA Novosti fait le bilansuivant de la politique d'apaisement :

«Ainsi, les Accords de Munich (connus en Russie comme le "complot deMunich") déclenchèrent le plus grand carnage de l’histoire de l’humanité. Ilconvient de faire remarquer l’étrange imprudence des hommes politiquesfrançais et britanniques. Ceux-ci ne parvinrent à atteindre aucun des objectifsqu’ils s’étaient assignés : ni à pacifier l’Allemagne, ni à diriger son agressioncontre l’URSS. »

Cette interprétation conspirationniste est par ailleurs souvent présentée comme uneentreprise de rétablissement d'une vérité historique malmenée par les médias occidentaux.Sur le site de la Voix de la Russie (la radio d'État internationale officielle), on peut parexemple lire dans un article intitulé « Les falsificateurs90 »:

« La conspiration de Munich orchestrée par les politiciens occidentaux etle Führer nazi cherchait à faire marcher l'armée allemande contre l'UnionSoviétique. À cette époque Moscou tentait de former une coalition anti-hitlérienneet avait à cet effet invité une délégation franco-britannique. […] Les négociationsfurent sabotées par Londres et Paris qui incitèrent Hitler à attaquer l'URSS. »

Dans un second temps cette insistance sur la responsabilité franco-britannique dans ledéclenchement de la seconde guerre mondiale ainsi que la mise au jour des manœuvresde ces puissances occidentales permet de justifier les agissements ultérieurs de Staline, et

88 Article de RIA Novosti en anglais disponible à cette adresse: http://en.rian.ru/analysis/20090820/155869035.html89 Article de RIA Novosti en français disponible à cette adresse: http://www.armees.com/Accords-de-Munich-de-1938-Moscou-

ouvre-ses-archives-secretes,29648.html90 Article du 3 juillet 2009, les falsificateurs: http://english.ruvr.ru/2009/07/03/267993.html [consulté en ligne le 3 aout 2010]

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principalement le Pacte Molotov-Ribbentrop. La France et l'Angleterre ayant poussé Hitler àattaquer l'URSS, la signature du pacte de non-agression est alors présenté comme un actede légitime défense exigé par les circonstances. Cette interprétation est en outre présentedans des couches très variées de la société russe. Au plus au niveau, on la retrouvepar exemple chez le premier ministre Vladimir Poutine. Le 1er septembre 2009 durantune conférence commune avec son homologue polonais en réponse à une question d'unjournaliste demandant quand les archives russes à propos du massacre de Katyn seraientenfin totalement déclassifiées, le premier ministre rappelle que la Pologne a elle aussipactisé avec l'Allemagne et activement participé au démembrement de la Tchécoslovaquie :

« Je voudrais attirer votre attention sur le fait que le pacte Molotov-Ribbentropfut le dernier accord entre l'Union Soviétique, une puissance européenne etl'Allemagne nazie. Il a été précédé par l'accord germano-polonais de 1934 etdes accords bilatéraux de non-agression entre l'Allemagne et des puissanceseuropéennes majeures, qui sont pratiquement semblables au pacte Molotov-Ribbentrop. Puis les accords de Munich furent signés en 1938. On les appellentégalement la conspiration de Munich. Si mes souvenirs sont exacts, le lendemainde la signature de ces accords fin septembre, le gouvernement polonais del'époque a adressé un ultimatum à la Tchécoslovaquie, envahit le pays en mêmetemps que la Wehrmacht et occupé deux de ses provinces. »

Dans cet exemple la référence est utilisée pour allumer une sorte de contre-feu discursif. Lamention de la participation polonaise à cette « conspiration de Munich » servant à brouillerles repères classiques entres pays victimes et responsables ainsi qu'a éluder la questionsur le massacre de Katyn. La mention du précédent de Munich permet aussi de relativiserla portée du pacte en en faisant un exemple parmi d'autre de la « Realpolitik » pratiquée parles puissances européennes de l'époque. Cette interprétation est également développée demanière extensive par Serguei Lavrov, le ministre russe des affaires étrangère91 :

« En Occident, on cherche à isoler complètement ces deux événements [le pacteMolotov-Ribbentrop et l'invasion de la Pologne] du contexte historique généralen oubliant les Accords de Munich de 1938 qui ont abouti au démembrementet à l'occupation de la Tchécoslovaquie. On y oublie également la déclarationanglo-allemande signée à la même époque (et connue sous le nom de "Peace forour time"), qui représentait au fond un pacte de non-agression entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne nazie. On oublie enfin d'autres événements qui ontsuccessivement préparé l'agression allemande et l'ont dirigée vers l'Est ».

On peut noter que toutes ces citations proviennent de sources officielles. Elles ne sontdonc probablement pas exemptes d'arrières pensées politiciennes. Cependant, un sondageréalisé par le centre russe de recherche sur l'opinion publique de Moscou92 à l'occasion des70 ans de la signature du pacte montre que cette interprétation est partagée par la majoritéde la population. On y apprend notamment que 57% des personnes interrogées « ne voit riende répréhensible dans la signature du pacte, les occidentaux ayant rejeté les propositions desystème de sécurité collective proposé par Staline ». De plus, 63% des sondés considèrentque l'objectif de Staline était « d'éviter la guerre ou au moins d'en retarder le déclenchementpour pouvoir réarmer le pays ». Seul 9% pensent que Staline « voulait diviser l'Europe de

91 RIA Novosti, 1er septembre 200992 Les résultats détaillés sont consultables à cette adresse : http://wciom.com/index.php?id=235L[0]=0%26cHash%253&L[0]=0%26cHash%253&cHash=36cb1c2220&tx_ttnews[tt_news]=12314&L=1

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l'est en sphères d'influences entre l'URSS et l'Allemagne et étendre les frontières de l'UnionSoviétique ».

Ensuite, l'image de la « conspiration de Munich » permet donc de minimiser l'impactdu protocole secret prévoyant le partage de la Pologne et l'annexion des pays baltes parl'URSS. À la lumière des accords de Munich, ces gains territoriaux sont interprétés comme lacréation d'un espace tampon entre l'URSS et l'Allemagne empêchant cette dernière d'utiliserla région comme base arrière dans une offensive contre l'Union Soviétique. Dans une lectureassez inventive des évènements de 1939, le député communiste Youri Kvitsinski, premiervice-président du Comité des affaires internationales de la Douma affirmait93 :

« [Question du journaliste] À quelle fin l'URSS a-t-elle introduit ses troupes en Pologneorientale le 17 septembre 1939?

[Réponse de Kvitsinski] Cette opération poursuivait deux buts : repousser lesfrontières avant le début d'une guerre inévitable et gagner du temps. Le protocolesecret annexé au Pacte ne stipulait pas que nous occupions ces territoires. Il yétait indiqué que c'était une sphère de nos intérêts. Varsovie fut occupée par lesAllemands. Le gouvernement avait fui dans le Sud et ne dirigeait plus le pays.Les troupes soviétiques avaient pénétré en Pologne sans lancer de véritableopération militaire. »

Enfin, si cette interprétation trouve ses origines dans le passé soviétique, on remarqueune multiplication des déclarations visant à minimiser les conséquences du pacte Molotov-Ribbentrop pendant l'ère Poutine. Ainsi, autant les dernières années de la Glasnost furentmarquées par la condamnation du pacte et de son protocole secret par le Congrès desdéputés du peuple, autant le gouvernement russe actuel entend assumer totalementl'héritage stalinien.

En 2005, durant les cérémonies des 65 ans de la victoire, le ministre de la défenseSerguei Ivanov déclarait par exemple :

« "Le Congrès des députés du peuple, avait fermement condamné ce pacte,et nous ne nous repentirons plus ni ne demanderons pardon à personne pourquoi que ce soit." […] M. Ivanov a, par ailleurs, vigoureusement condamné lestentatives pour accuser l'Union Soviétique de l'occupation des pays baltes. "C'estune absurdité, il est impossible d'occuper ce qui t'appartient déjà", a-t-il affirmé. »

La perspective russe sur les accords de Munich s'intègre donc très largement dans unevision globale de la situation du pays à la fin des années trente. Le discours officiel actuelprésente certes de forts biais nationalistes déformant ou ne livrant qu'un compte renduparcellaire des faits, il apporte néanmoins un éclairage intéressant sur l'évènement Munichen mettant en évidence des éléments peu ou jamais évoqués dans le discours occidental.Cette interprétation à néanmoins suscité d'importantes controverses s'inscrivant dans uncontentieux plus global sur manière d'appréhender la période soviétique. L'un des exemplesles plus récents de cette confrontation des mémoires est la crise géorgienne de l'été 2008.

4.1 La guerre russo-géorgienne et les leçons de MunichLe bref conflit russo-géorgien de l'été 2008 constitue un exemple particulièrementintéressant d'utilisation concurrente de la référence aux accords de Munich. Cet usages'inscrivant dans une stratégie globale de diabolisation du l'adversaire mais également dans

93 RIA Novosti, 20 aout 2009

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les visions différenciées de l'histoire des protagonistes. Commençons par un bref rappeldes faits. Dans la nuit du 7 au 8 aout 2008, l'armée géorgienne lance une offensive visantà reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud, république séparatiste de facto indépendantedepuis 199294. Au cours des opérations, des soldats russes de la force de maintien dela paix de la CEI sont tués. De violents combats ont lieu dans et autour de Tskhinvali ,« capitale » de l'Ossétie du Sud. Le lendemain, l'aviation russe bombarde les positionsgéorgiennes ainsi que des sites militaires sur le territoire géorgien même. On déplored'importants dégâts ainsi que des victimes civiles. L'Abkhazie, autre république séparatisteen conflit larvée avec Tbilissi entre alors en guerre contre la Géorgie avec le soutienmassif de l'armée russe. L'intervention russe permet de repousser les troupes géorgienneshors du territoire des républiques rebelles. Le 12 aout, lorsque le président Medvedevordonne finalement à ses troupes de stopper, l'armée russe s'est néanmoins aventuréeassez profondément en territoire géorgien. Le même jour, la médiation de Nicolas Sarkozyen temps que président en exercice de l'Union Européenne permet d'obtenir un cessez-le feu entre les deux belligérants malgré des accrochages persistants sur le terrain et desaccusations mutuelles de crimes de guerre.

Au final, les opérations militaires se soldent par la reconnaissance par la Russie del'indépendance des deux Républiques rebelles dans les faits totalement dépendantes dela Russie tant sur le plan militaire qu'économique. De son côté, la Géorgie se retire de laCommunauté des États Indépendants et rompt ses relations diplomatiques avec la Russie.

Comme on peut le voir, la répartition des rôles entre agresseurs et agressés est ici loind'être évidente. La Géorgie a ouvert les hostilités en lançant une offensive pour reprendrepar la force le contrôle de la république séparatiste, violant ainsi le statu quo en vigueurdepuis les accords de Sotchi de 1992. Du côté adverse, la réponse russe apparaît clairementdisproportionnée, l'armée ayant pénétré à l'intérieur du territoire géorgien lui même etdétruit de nombreuses infrastructures stratégiques95. En conséquence, le conflit s'est aussicaractérisé par un effort soutenu des deux parties visant à démontrer la légitimité de leursactions et accabler l'adversaire. C'est dans ce contexte que la référence aux accords deMunich a tour à tour été brandie par les deux belligérants.

Du côté russe, durant la phase la plus active du conflit le président Medvedev critique lesoutien des occidentaux à la Géorgie en convoquant le souvenir des accords de Munich96:

«[...] "On prend toutes les mesures nécessaires pour normaliser la situation", aajouté le chef de l'État [russe], qui a également a appelé les occidentaux à ne pasreproduire l'erreur des "accords de Munich" de 1938 avec l'Allemagne nazie. Ense montrant conciliants avec "l'agresseur", ils ont conduit à une "tragédie", selonM. Medvedev. »

La référence sert ici principalement à faire endosser au président Géorgien MikhailSaakschivili le rôle de l'agresseur hitlérien tout en insistant par contraste sur la naturedéfensive des opérations de l'armée russe. L'attitude des occidentaux est ici simplementrattachée à « l'erreur » historique des accords de Munich. Le discours est cependantnettement plus radical chez certains parlementaires de la Douma. Konstantin Kossatchev,

94 Pour une présentation détaillée des origines du conflit de 2008 voir par exemple Zürcher Christoph, The Post Soviet Wars, NewYork University Press, 2007. Chapitre 5, Wars in Georgia, p.115-142.

95 « Un pont ferroviaire stratégique a été détruit en Géorgie » [archive consultée en ligne le 29 juillet 2009]. http://www.contre-feux.com/actualite/9190-un-pont-ferroviaire-strategique-a-ete-detruit-en-georgie.html

96 AFP 11 aout 2008

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

58 JOAO Alexandre

député Russie Unie (le parti de Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev) et alors responsabledu Comité pour les Affaires Internationales déclarait par exemple97 :

« "Lors des évènements dans le Caucase certains pays ont emprunté des traitspropres à la politique des États occidentaux lors des accords de Munich de1938 […] "Les traits et les manœuvres d'une entente en coulisse filtrent dansla politique d'une série de pays et d'alliances militaires, ce que nous avonsbien ressenti au cours des récents évènements dans le Caucase", a fait savoirM. Kossatchev, avant d'ouvrir la table ronde intitulée "Accords de Munich:évaluations et leçons" qui se tient vendredi à Moscou. »

L'accusation a beau être implicite on comprend néanmoins que le député a en ligne de mirel'Otan, les États-Unis et Israël qui ont fournit du matériel militaire à l'armée géorgienne. Onretrouve donc l'idée de conspiration propre à la perspective russe sur les accords de Munich,l'occident étant ici accusé de vouloir affaiblir la Russie en appuyant les revendicationsgéorgiennes dans le Caucase. Pour de nombreux responsables politiques russes, le soutiende ces puissances à la Géorgie s'inscrit en effet dans une stratégie globale d'encerclementde la Russie par les forces de l'Otan rappelant donc les manœuvres occidentales de 193898 :

« Le chef de la délégation russe [au Conseil de l'Europe] rappelle que l'oncélébrait la veille le 70ème anniversaire de la signature des accords deMunich, sous-entendant que Saakashvilii est un Hitler contemporain. AlexeiOstrovsky, membre du Comité des Affaires Internationales de la Douma déclaraà l'assemblée [du Conseil de l'Europe] que “les USA, cet agresseur insensésupporte la Géorgie.” Svetlana Goryacheva lista “les généreux sponsorsétrangers de la Géorgie, les USA, Israël et l'Otan.” Gennadi Ziouganov [chef duparti communiste russe] fustigea l'Europe “pour avoir regardé calmement lerouleau compresseur de l'Otan se rapprocher de la Russie.” »

On s'en doute, les faits ne sont pas présentés de la même manière du côté géorgien.Le président Mikhail Saakashvili fait cependant lui aussi un usage assez extensif de laréférence aux accords de Munich. Il dresse par exemple un parallèle entre le soutien russeaux républiques séparatistes et différents épisodes historiques évoquant tous l'arbitraire etle cynisme des grandes puissances99:

« "La Géorgie est dans une situation difficile: on tente de faire ce qui aété imposé à l'Europe après (la Conférence de) Munich à l'égard de laTchécoslovaquie et après le pacte Molotov-Ribbentrop à l'égard des pays balteset de la Pologne", estime le président géorgien. "J'espère qu'un nouveau Munich,un nouveau pacte Molotov-Ribbentrop, une nouvelle division de l'Europe ensphères d'influence et une nouvelle révision des frontières n'auront pas lieu. »

Cet citation illustre tout à fait la double propriété rhétorique de la référence. Elle permettout d'abord d'éclairer la situation à l'aide de précédents historiques lui donnant un sensparticulier. Elle propose ici un modèle simplificateur présentant la Géorgie comme unevictime impuissante des arrangements entre grandes puissances en faisant donc l'impassesur l'offensive initiale de l'armée géorgienne. Ensuite, elle imprime une connotation négativesur la partie russe présentée comme la continuatrice directe de l'impérialisme soviétique

97 RIA Novosti 17 octobre 200898 Kommersant International, 1er octobre 200899 ITAR-TASS, 2 juillet 2008

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Seconde partie : « les images de munich » en politique etrangere

JOAO Alexandre 59

et dans une moindre mesure sur les occidentaux à travers le rappel de l'abandon de laTchécoslovaquie.

Dans la même veine, l'ambassadeur de Géorgie en France Mamuka Kudava mêle laréférence munichoise au souvenir des accords de Yalta100:

« C'est l'heure de vérité pour l'Europe, qui doit éviter un nouveau Munich et unautre Yalta. La Géorgie est la première victime de cette nouvelle politique russeagressive et impériale. Si les 27 ne sauvent pas la Géorgie aujourd'hui, il y auradès demain d'autres victimes en Europe de l'Est. »

On retrouve ici la logique d'engrenage présente dans l'analogie de Munich et la théorie desdominos, l'absence de réaction ferme de l'Union Européenne étant censée déboucher surde nouvelles agressions de ce nouvel impérialisme russe. Cette assimilation de la Russieà l'Union Soviétique se retrouve aussi dans de multiples articles de presse en provenancedes anciens pays membres du bloc de l'est. Comme en témoigne par exemple cette tribunesignée entre autres par Vaclav Havel et Adam Michnik, la crise géorgienne y est interprétéeà la lumière de leur expérience historique101:

« Alors que l’Europe commémore la honte du Pacte Germano-Soviétique etdes Accords de Munich et s’apprête à célébrer le vingtième anniversaire de lachute du Mur de Berlin, une question s’impose: avons-nous retenu les leçonsde l’Histoire? […] En Europe même, force est de constater que l’Histoire n’estpas finie et qu’elle demeure tragique. Vingt ans après l’émancipation de lamoitié de notre continent, un nouveau Mur se construit en Europe : sur leterritoire souverain de la Géorgie. Il s’agit d’un défi majeur pour les citoyens, lesinstitutions et les gouvernements européens: acceptera-t-on que les frontièresd’un petit pays soient changées par la force et de manière unilatérale? Tolérera-t-on l’annexion de facto de territoires étrangers par une grande puissance? »

Dans le cas de cette guerre russo-géorgienne, les différences d'interprétations sont doncparticulièrement visibles. Une même référence historique donnant lieu à des lecturestrès différentes de la situation. Cependant, il semble que d'un côté comme de l'autre leprécédent de Munich sert ici d'avantage à justifier des positions politiques préexistantesqu'à apporter un diagnostic. Dans les deux cas la référence à Munich n'est pas à mêmede rendre compte des actions des différents protagonistes et de leurs objectifs. Du côtégéorgien, accuser la Russie de vouloir imposer une solution « munichoise » au pays faitl'impasse sur l'agression initiale, à savoir que la Géorgie voulait faire exactement la mêmechose vis à vis de la république séparatiste d'Ossétie du Sud. Côté russe, dépeindre leprésident Saakshivili comme un agresseur au profil hitlérien bénéficiant de la complaisancedes puissances occidentales laisse également de côté certaines réalités. L'idée d'uneposture purement défensive de l'armée russe face à l'agression géorgienne est invalidéedans les faits par l'occupation d'une portion du territoire de la Géorgie et les multiplesdestructions d'infrastructure, sans parler de la volonté clairement exprimée par le premierministre Poutine de se débarrasser du président géorgien qu'il considère comme un ennemipersonnel. Enfin, l'utilisation de la référence aux accords de Munich laisse de côté le fait queles territoires en question font toujours légalement partie de la Géorgie, différence majeureavec l'attitude de Hitler vis à vis de la Tchécoslovaquie. Chaque protagoniste fait doncl'impasse sur certains faits tout en insistant sur les éléments appuyant son interprétation.

100 Le parisien, 1er septembre 2008101 Le temps, 22 septembre 2009

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

60 JOAO Alexandre

Par là même ils rappellent une fois de plus que nos perceptions du passé colorent notreappréciation du présent mais également que la connaissance de l'histoire est un enjeu depouvoir, celle-ci pouvant et étant régulièrement instrumentalisée à des fins politiques.

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Conclusion

JOAO Alexandre 61

Conclusion

Au terme de ce tour d'horizon sans doute incomplet des usages de notre référencehistorique, un constat s'impose. Pour un néophyte, s'intéresser au sens des mots et àleurs fonctions dans le discours constitue un défi de taille. Dans ce domaine il est eneffet assez illusoire d'espérer découvrir une vérité universelle ou produire une définitionimmuable. En conséquence, ce travail se borne donc à fournir quelques pistes de réflexionset observations jetant un éclairage ponctuel sur notre objet d'étude.

C'est un lieu commun mais la référence aux accords de Munich constitue tout d'abordun exemple parmi beaucoup d'autres du considérable pouvoir des mots en politique. D'unpoint de vue rhétorique, la référence est une arme utilisée par des locuteurs très diversafin d'influencer leur auditoire. Elle peut alors servir à cataloguer, les expressions « unMunich de l'écologie102 », ou « un Munich pour le Caucase103 » permettant d'apposer surun objet discursif contemporain le sceau de l'infamie porté par le référent initial. Elle sertaussi à discréditer et blesser l'adversaire en lui attribuant les traits les plus négatifs desprotagonistes des accords de Munich, ou inversement à se mettre en valeur lorsque ce sontles figures positives (essentiellement Churchill) qui sont mises en avant. La référence auxaccords de Munich est donc une arme à la fois défensive et offensive, permettant aussi biende jeter l'anathème sur un opposant que de justifier sa propre conduite.

D'un point de vue cognitif ensuite, la référence fonctionne aussi comme un outil rendantune multitude de service. En utilisant le connu ou le supposé connu pour expliquer l'inconnu,le raisonnement analogique sert ainsi de boussole fournissant en toute circonstance uncap à suivre. Comme cela a été souligné, le procédé se heurte néanmoins à un écueil detaille. La connaissance de l'évènement initial étant limité par l'éloignement temporel et lacomplexité des faits au regard de nos maigres capacités d'analyse, notre représentationde l'évènement est forcément incomplète et influencée par nos préjugés. Il en résulte desextrapolations abusives et des raccourcis dans les processus de raisonnement débouchantsur des représentations erronées des situations comparées.

Cependant, comme l'ont montré de manière assez récurrente les exemples cités dansce travail, il est assez artificiel de vouloir séparer ces deux dimensions. Dans la pratique lesfonctions rhétoriques et cognitives de la référence sont étroitement imbriquées, les locuteursutilisant leur vision de l'histoire aussi bien pour comprendre une situation que pour persuaderun public cible. Au final, la référence aux accords de Munich fonctionne donc comme unoutil heuristique permettant de rattacher une situation nouvelle à un modèle connu, ici celuide la capitulation honteuse aux conséquences catastrophiques. En fonction du contexteet des intentions du locuteur cet outil est manié avec plus ou moins de mauvaise foi. Lediscours politique devant en théorie déboucher sur l'action, la plupart des locuteurs ont desobjectifs et se doivent donc de convaincre l'opinion de la légitimité des décisions prises. Ilen résulte que les leçons de l'histoire sont souvent instrumentalisées, « tirées » vers l'intérêtdes locuteurs dans l'espoir d'emporter l'adhésion des destinataires.

102 A propos du premier forum du développement durable, AFP, 25novembre 2003103 A propos de la guerre russo-géorgienne, Midi Libre, 15 décembre 2008

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

62 JOAO Alexandre

Enfin, ce travail traite aussi des relations entre discours et mémoire, relations quis'avèrent extrêmement complexes. Dans le livre de sable, Jorge Luis Borge indique ainsique « les mots sont des symboles qui postulent une mémoire partagée. » Cette assertions'applique avec une force particulière aux mots-évènements, véritables condensés d'histoiremais aussi ciment mémoriel de communautés partageant une certaine vision du monde etde leur rôle dans celui-ci. Ces mémoires de l'évènement ne sont en outre pas monolithiquesmais différenciées, ancrées dans des contextes nationaux et influencées par les trajectoirespersonnelles des locuteurs. Au delà des faits bruts qui se déroulèrent à Munich il y a plus de70 ans les mémoires de l'évènement sont ainsi en constante redéfinition, entrainant dansleur sillage une reconfiguration progressive du sens des mots eux-mêmes. Les mots pourparler de « Munich » ne sont donc pas des blocs figés mais des entités en mouvement,inscrit dans des processus de construction sociale du sens par le discours. Ce caractèredynamique de l'objet discursif étudié le rend particulièrement difficile à saisir, les mémoireshistoriques « savantes », elles-mêmes multiples se heurtant à des mémoires discursivesreflétant les intérêts politiques des locuteurs. Mais c'est aussi cette complexité qui faitl'intérêt d'une étude venant au final nous rappeler le caractère éminemment subjectif de nosopinions sur le passé.

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Annexes

JOAO Alexandre 63

Annexes

Annexe I : Texte des accords de Munich et protocoles additionnels.Annexe II : Carte de la Tchécoslovaquie après les accords de Munich.Annexe III : Typologies des désignants événementiels.Annexe IV : Le raisonnement analogique, une illustration.Annexe V : Références du corpus francophone.Annexe VI : Références du corpus anglophone.

I. Texte des accords de Munich et protocolesadditionnels.

Source: The Avalon project, Yale University. [en ligne, page consulté le 2 aout 2010]:http://avalon.law.yale.edu/imt/munich1.asp#art2Agreement concluded at Munich, September 29, 1938, between Germany, Great

Britain, France and ItalyGERMANY, the United Kingdom, France and Italy, taking into consideration the

agreement, which has been already reached in principle for the cession to Germany of theSudeten German territory, have agreed on the following terms and conditions governing thesaid cession and the measures consequent thereon, and by this agreement they each holdthemselves responsible for the steps necessary to secure its fulfilment:

(1) The evacuation will begin on 1st October.(2) The United Kingdom, France and Italy agree that the evacuation of the territory

shall be completed by the 10th October, without any existing installations having beendestroyed, and that the Czechoslovak Government will be held responsible for carrying outthe evacuation without damage to the said installations.

(3) The conditions governing the evacuation will be laid down in detail by an internationalcommission composed of representatives of Germany, the United Kingdom, France, Italyand Czechoslovakia.

(4) The occupation by stages of the predominantly German territory by German troopswill begin on 1st October. The four territories marked on the attached map will be occupiedby German troops in the following order:

The territory marked No. I on the 1st and 2nd of October; the territory marked No.II on the 2nd and 3rd of October; the territory marked No. III on the 3rd, 4th and 5th ofOctober; the territory marked No. IV on the 6th and 7th of October. The remaining territoryof preponderantly German character will be ascertained by the aforesaid internationalcommission forthwith and be occupied by German troops by the 10th of October.

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

64 JOAO Alexandre

(5) The international commission referred to in paragraph 3 will determine the territoriesin which a plebiscite is to be held. These territories will be occupied by international bodiesuntil the plebiscite has been completed. The same commission will fix the conditions inwhich the plebiscite is to be held, taking as a basis the conditions of the Saar plebiscite. Thecommission will also fix a date, not later than the end of November, on which the plebiscitewill be held.

(6) The final determination of the frontiers will be carried out by the internationalcommission. The commission will also be entitled to recommend to the four Powers,Germany, the United Kingdom, France and Italy, in certain exceptional cases, minormodifications in the strictly ethnographical determination of the zones which are to betransferred without plebiscite.

(7) There will be a right of option into and out of the transferred territories, the option tobe exercised within six months from the date of this agreement. A German-Czechoslovakcommission shall determine the details of the option, consider ways of facilitating the transferof population and settle questions of principle arising out of the said transfer.

(8) The Czechoslovak Government will within a period of four weeks from the date ofthis agreement release from their military and police forces any Sudeten Germans who maywish to be released, and the Czechoslovak Government will within the same period releaseSudeten German prisoners who are serving terms of imprisonment for political offences.

Munich, September 29, 1938.ADOLF HITLER, NEVILLE CHAMBERLAIN, EDOUARD DALADIER, BENITO

MUSSOLINI.Annexe de l'accord:His MAJESTY's GOVERNMENT in the United Kingdom and the French Government

have entered into the above agreement on the basis that they stand by the offer,contained in paragraph 6 of the Anglo-French proposals of the 19th September, relatingto an international guarantee of the new boundaries of the Czechoslovak State againstunprovoked aggression.

When the question of the Polish and Hungarian minorities in Czechoslovakia has beensettled, Germany and Italy for their part will give a guarantee to Czechoslovakia.

Munich, September 29, 1938. ADOLF HITLER, NEVILLE CHAMBERLAIN, EDOUARD DALADIER, BENITO

MUSSOLINI.Déclaration conjointe:THE HEADS of the Governments of the four Powers declare that the problems of the

Polish and Hungarian minorities in Czechoslovakia, if not settled within three months byagreement between the respective Governments, shall form the subject of another meetingof the Heads of the Governments of the four Powers here present.

Munich, September 29, 1938. ADOLF HITLER, NEVILLE CHAMBERLAIN, EDOUARD DALADIER, BENITO

MUSSOLINI.

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Annexes

JOAO Alexandre 65

II. Carte de la Tchécoslovaquie après les accords deMunich

Source: L'histoire à la carte. [en ligne, page consulté le 12 aout 2010]:http://www.histoirealacarte.com/images/cartes_fixes/tome3/formation-tchecosl.gif

III. Typologies des désignants évènementiels.Source: Calabrese-Steimberg Laura, La construction de la mémoire historico-médiatique àpartir de la désignation d'évènements, Travaux du CBL, 2006 volume 1 (p. 15-16)

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

66 JOAO Alexandre

IV. Le raisonnement analogique, une illustration.Source: Fry Michel G, History, the White House and the Kremlin. Londres, Pinter Publishers1991.(p.1)

La Dame et le Général.

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Annexes

JOAO Alexandre 67

Il faut que vous compreniez, Saddam Hussein est Hitler.Mais alors, pourquoi l'avons-nous soutenu ?C'était quand il a attaqué Khomenei, un Hitler encore plus dangereux.Je pensais que Khadafi était Hitler.Il a déjà eu son quart d'heure hitlérien.Comme Yasser Arafat ?Il était Hitler jusqu'à ce qu'Abu Abbas le remplace comme Hitler.Et pour la Syrie d'Assad ?Il pourra à nouveau être Hitler une fois qu'on se sera débarrassé de Saddam.Ça fait beaucoup d'Hitlers.On est à court de Stalines.V. Références du corpus francophone.

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

68 JOAO Alexandre

SOURCE DATE LOCUTEUR FORME REFERE CITATIONLe Monde 17.12.09 Michel

Serres (philosophe)Comparaison Conférence de

CopenhagueConférencedeCopenhague=Accordsde Munich

AFP 25.11.03 Réseau sortirdu nucléaire

Antonomase Forum dudéveloppementdurable

Un Munich del'écologie

L'Humanité 03.11.07 PaulAriès (militantécolo- communiste)

Antonomase Grenelle del'environne-ment

Un Munich del'écologie

Revue depresse AFP

07.12.09 Journaliste deL'Ardennais

Antonomase Conférence deCopenhague

Un Munichclimatique

AFP 24.05.04 M.Lovelock (scientifique)

Comparaison Protocole deKyoto

Protocolede Kyoto=Accords deMunich

Le Monde 08.11.09 Journalistecitant B.Nétanyahou

Comparaison Accordsd'Oslo et ItzakRabin

Accordsd'Oslo= Accordsde Munich,Itzak Rabin=Chamberlain

Le Temps 26.11.07 Député duLikoud (YouvalSteinitz)

Antonomase Accordsd'Annapolis

Accordsd'Annapolis,un nouveauMunich

Le Monde 08.10.01 Ariel Sharon Antonomase Attitude USdans la luttecontre leterrorisme

La lutte contrele terrorismene doit pasaboutir àun nouveauMunich

AFP 10.07.07 AvigdorLieberman

Comparaison AttitudeEuropéennesur lenucléaireIranien

Le vent deChamberlainsouffle surl'Europe

Le Figaro 29.09.04 Opposantiranien

Antonomase Programmenucléaireiranien

Ce Munichnucléaire quise profile

Le MondeDiplomatique

01.04.07 FrançoisBayrou

Antonomase Programmenucléaireiranien

Acceptationdu PNI = UnMunich

Ouest France 01.03.07 FrançoisBayrou

Antonomase Programmenucléaireiranien

Éviter unMunich desdémocratiesface aurégime iranien

CourrierInternational

29.10.09 JournalMaariv de Tel-Aviv

Antonomase Accord deGenève surl'enrichisse-mentd'uranium parl'Iran

Quiconqueconsidère lesayatollahscomme desfils de Satandénués detoute inhibitionne peut voirdans l'accordconclu sousla houlettede l'AIEAqu'un nouveauMunich.

Les Échos 27.09.07 Journalistesur le livrede FrançoisHeisbourg (Iran,le choix desarmes ?)

Comparaison Programmenucléaireiranien

Critique dela Formulede Churchillde 1938appliquée auProgrammenucléaireiranien

Le Monde 12.09.07 Journalistesur le livrede FrançoisHeisbourg Iran,le choix desarmes ?)

Comparaison Programmenucléaireiranien

Critique dela Formulede Churchillde 1938appliquée auProgrammenucléaireiranien

Reuters 28.11.06 G.W. Bush Antonomase Retrait d'Irak refus denouveauxMunich

Le Monde 08.03.03 Professeurde droit àNanterre

Comparaison Invasion del'Irak

« ces défilésde pacifistesqui hierapplaudissaientles accords deMunich [..] etqui prétendentsauver la misede l'un destyrans les plussanguinairesdu globesous prétexteque tout vautmieux que laguerre »

Le Temps 06.03.03 Président ducomité duCentre MLK

Comparaison Invasion del'Irak

A proposdes accordsde Munich,Gandhi futl'une despersonnalitésquidénoncèrentces accordsavec le plusde vigueur.

Le Temps 15.02.02 Journaliste Comparaison AttitudeEuropéennevis à vis del'invasionde l'Irak(collaborationavec Bush)

Actuellecomplaisanceeuropéennevis à vis del'Amérique quirappelle lesaccords deMunich

AFP 18.03.04 Journaliste duNYT

Comparaison Lâchetédu retraitespagnold'Irak après lesattentats deMadrid

Citation deChurchill et« la notionque l'Espagnepeut sedissocier del'assaut lancépar Al Quaidaen se retirantd'Irak est unfantasme ».

Le Figaro 17.12.09 Alain Madelin Antonomase Lâchetédu retraitespagnold'Irak après lesattentats deMadrid

Vous avez ditMunich ?

Le Monde 20.09.02 D. Rumsfeld Comparaison Churchillaurait soutenul'invasion del'Irak

Refus dela politiqued'apaisementface aunazisme/faceà Saddam

Le Monde 09.08.06 Journaliste Comparaison Islamisme=Nazismepour lesnéoconserva-teurs

Lesréférencesaux accordsde Munich semultiplient

Le Point 07.09.06 Journaliste Comparaison Islamisme=Nazismepour lesnéoconserva-teurs

Lescalamiteuxaccords deMunich

L'Expansion 01.11.02 Journalistecitant R. Perle

Comparaison SaddamHussein etle refus de leneutraliser

Saddam=Hitlerrefus de leneutraliser=Munich

Le MondeDiplomatique

01.11.06 StefanDurand (chercheur)

Comparaison Critique desanalogieshistoriques desnéoconserva-teurs

Incarnationsmodernes deDaladier etChamberlainsignant lesaccords deMunich

AlternativesInternationales

01.12.07 Journaliste Antonomase Programmenucléaireiranien

Ceux quimettent engarde contreun nouveauMunich

Reuters 05.07.06 Opposanteiranienne

Comparaison Programmenucléaireiranien

accords deMunich=accordssur le PNI

La Tribune 04.11.09 Chercheur Comparaison Sommet deCopenhague

Baisserles bras[...]commecela a pu êtrele cas avecles accords deMunich

L'indépendant 28.03.09 Directeurgénéral deWWF France

Antonomase Sommet deCopenhague

Un Munichpour le climat

Le Monde 03.04.09 Journaliste Antonomase Criseécologique

La sortie decrise n'estpas dansun Munichécologique.

La Croix 02.10.09 Directeur duCERI citantun internautetchèque

Comparaison Obama Obama estle nouveauChamberlain(bouclierantimissile)

Le Monde 14.01.09 Journaliste Comparaison Traité deLisbonne

Traité deLisbonne=Accordsde Munich(négationde laSouverainetéNationale)

Le Monde 10.07.97 DiplomateTchèque

Référence Élargissementde l'Otan

Accords deMunich pasune trahisonde l'occidentmais untournantessentiel

Le Monde 21.05.97 V. Havel Comparaison Élargissementde l'Otan

Retour àla situationavant l'OTAN=Guerrecomme aprèsles accords deMunich

Le Monde 04.04.97 J. Chirac Référence Amendehonorable pourles accordsde Munich,discours auparlementtchèque

Cettedémissionhonteuse dela démocratieest considéréecomme la plusgrande erreur

Reuters 28.02.95 PrésidentitalienScalfaro

Référence Amendehonorable pourles accords deMunich

Un traitéillégal signéaux dépendsd'un tiers

Libération 21.02.00 PM TchèqueMilos Zeman

Comparaison Jorg Haideret l'extrêmedroite

accordsde Munichprécédentsérieux,nécessaire desanctionnerHaider

Le Monde 10.07.02 V. Havel Référence Accords deMunich

traumatismehistorique

Le Temps 26.06.02 Journaliste Référence Justification del'expulsion desAllemands desSudètes

Traumatismedes accordsde Munich

Le Monde 26.02.03 JosefZieleniec,sénateurtchèque

Référence Mot deChirac surles pays quiauraient mieuxfait de setaire (Invasionde l'Irak)

Négationdes progrèsaccomplisdepuis lahonte desaccords deMunich

Le Temps 17.02.03 JanMarejko (philosophe)

Référence Le Pacifismen'est pasune valeur(invasion del'Irak)

Le nazismeest le fruitdu pacifismequi a culminédans lesaccords deMunich de1938

Le Figaro 17.01.03 Journaliste Comparaison Invasion del'Irak

L'opinion avaittort à Munich,elle a tort surl'Irak

Le Temps 17.0103 Journalistecitant JohannHari

Antonomase Invasion del'Irak

Hari craintun nouveauMunich (reculUS)

Le Figaro 29.07.05 Historientchèque

Comparaison Non françaisau TECE

Francophobiealimenté parla référence àla trahison deMunich

Le Figaro 11.06.05 René Rémond Comparaison Non françaisau TECE

Syndrome deMunich: aprèsle 29 mainous avonsscellé notreisolement

Entreprendre 01.07.05 FrançoisLéotard

Comparaison Non françaisau TECE

C'est uneerreur d'avoirdonné laparole aupeuplepour unequestion aussiimportanteque celle del'Europe: 80%des françaisavaient ratifiéles accords deMunich

Le NouvelObservateur

09.06.05 Emilie Wagner (lectrice)

Formule Non françaisau TECE

Formule deChurchill: Ilsont choisila honte etils auront lelibéralisme

Libération 27.05.05 Chercheur duCERI citant unami tchèque

Antonomase Non françaisau TECE

Il sedemandaitsi l'on allaitpas assisterà un nouveauMunich

Le Temps 19.08.08 Journaliste Antonomase Médiationfrançaise dansle conflit russo-géorgien

« nouveauMunich » pourla nouvelleEurope

ITAR-TASS 02.07.08 M. Saakachvili Antonomase Guerre russo-géorgienne

J'espère qu'unnouveauMunich, unnouveauPACTE M/Rn'auront paslieu

AFP 11.08.08 D.Medvedev Comparaison Guerre russo-géorgienne

Appel auxoccidentauxà ne pasreproduirel'erreur desaccords deMunich ense montrantconciliantavecl'agresseur

RIA Novosti 17.10.08 Responsabledu comitéde la Doumapour lesaffairesétrangères

Comparaison Attitudeoccidentaledans le conflitrusso-géorgien

Certains paysont empruntésdes traitspropres àla politiquedes Étatsoccidentauxlors des AM

RIA Novosti 30.09.08 Responsabledu comitéde la Doumapour lesaffairesétrangères

Comparaison Attitudeoccidentaledans le conflitrusso-géorgien

l'Europe aalors tentéde calmerl'agresseurpour éviterune guerre,mais en vain

Le FigaroInternational

16.08.08 M. Saakachvili Antonomase Refusoccidentaldu Pland'adhésion dela Géorgie àl'Otan

Le refus duplan avaitété perçupar Moscoucomme unnouveauMunich del'occident

Le NouvelÉconomiste

28.08.08 Journaliste Comparaison Guerred'Irak etGuerre russo-géorgienne

Les anglo-saxonsjetaientvolontiers auvisage de lavieille Europele syndromede Munich.

AFP 15.08.08 Journalistecitant unresponsablede l'Élysée

Antonomase Médiationfrançaise dansle conflit russo-géorgien

Cette sourceréfute l'idéed'un Munich

AFP 17.09.04 V. Poutine Comparaison Terrorismetchétchène

Fustige touteindulgence àl'égard desterroristes enévoquant leprécédent desaccords deMunich

Libération 12.06.99 Journaliste Antonomase Attitude russependantla guerredu Kosovodénoncé parles partisnationalistes

Lescommunistesetnationalistesdénonçaientle nouveauMunichentériné parMoscou

Libération 22.04.99 Écrivain HalterMarek

Antonomase Guerre duKosovo

La négociationn'est pas lacompromissionet n'a aucuneraisond'aboutir à unMunich

Le Monde 20.05.99 Professeur dephilosophie(Université deDijon)

Comparaison Guerre duKosovo

Syndromede Munich,collaboration:argumenttraumatisantfondant lesoutien del'opinion aubombardement

Le Monde 23.04.99 Journaliste Référence Guerre duKosovo

La nouvellegénération aupouvoir paraîtmarqué par lesyndrome deMunich

Libération 29.03.99 Journalistecitant Clintoninspiré parAlbright

Comparaison Guerre duKosovo

Pour justifierl'attaque del'Otan Clintona invoqué lesyndrome deMunich

Le FigaroInternational

15.08.08 Citation desprésidentslituanien etpolonais

Antonomase Guerre russo-géorgienne

Comparaisonde lamédiationfrançaise àun nouveauMunich

Le Jeudi (Lux) 14.08.08 Journaliste Antonomase Guerre russo-géorgienneet médiationfrançaise

Un nouveauMunich oule moyen derenouer ledialogue ?

Libération 13.08.08 Journaliste Antonomase Guerre russo-géorgienneet médiationfrançaise

Kouchnerva devoirconvaincreque cecompromisn'est pasun nouveauMunich

Le Temps 13.08.08 Journaliste Antonomase Guerre russo-géorgienneet médiationfrançaise

Kouchnerva devoirconvaincreque cecompromisn'est pasun nouveauMunich

Le Monde 13.08.08 D. Medvedev Comparaison Guerre russo-géorgienne

Appel auxaccidentauxà ne pasreproduirel'erreur desaccords deMunich

RIA Novosti 03.06.05 Journalistecitant unedéclaration dela Douma du27 mai

Référence Pacte Molotov-Ribbentrop

Le pacteMolotov-Ribbentrop estune réponsehistorique auxaccords deMunich

CourrierInternational

21.08.08 PrésidentestonienToomasHendrik Ilves

Comparaison Guerre russo-géorgienne

Nous nepouvonslaisser serépéter ce quis'est passé en1938

l'EstRépublicain

22.09.08 Lecteur Comparaison Guerre russo-géorgienne

Accords deMunich etreculade del'Europe faceaux viséesterritorialesexpansionnis-tes de Hitler

Nord-Eclair 28.08.08 Journaliste Antonomase Guerre russo-géorgienne

La répliquede Moscouau refus d'unMunich enGéorgie

Le Temps 22.09.09 12 chefsd'États,politiques etintellectuels

Comparaison Guerre russo-géorgienne

Hontedu pactegermano-soviétique etdes accordsde Munich.Esprit decapitulation deMunich

Le Temps 07.09.09 Journalistecitant V.Poutine

Référence Le pactegermano-soviétiquen'est quel'abouti-ssement d'unesérie d'erreurset de mauvaiscalculs dela part desgrandespuissanceseuropéennes

Le Temps 04.09.09 Journaliste Référence Historiographieofficielle russe

Le pactegermano-soviétiqueest uneconséquenceinévitable desaccords deMunich

ITAR TASS 31.08.09 Journalistecitant Poutine

Référence Historiographieofficielle russe

Le pacte deMunich avaitpoussé à ladésunion desalliés objectifsdans la luttecontre lenazisme

Libération 29.04.04 Journaliste Référence RelationsPologne/USA

Loyauté dela Pologneenversles USAs'explique parle souvenirdes accordsde Munich(trahison)

RIA Novosti 01.09.09 S. Lavrov Référence Lien entrepacte Molotov-Ribbentrop etles accords deMunich

Oubli desaccords deMunich dansl'analysedu PacteMolotov-Ribbentrop

RIA Novosti 19.06.07 Général russe Référence Responsabilitéde l'occidentdans ledéclenchementde la WW2

Myopiepolitique(signature desaccords deMunich)

RIA Novosti 25.08.09 Fonctionnairedu MAE russe

Référence Justification dupacte Molotov-Ribbentrop

pacteMolotov-Ribbentropconséquencelogique desaccords deMunich

Le Monde 08.05.05 V. Poutine Référence Justification dupacte Molotov-Ribbentrop

pacteMolotov-Ribbentropnécessairepour protégerl'URSS deseffets desaccords deMunich

RIA Novosti 19.04.05 Journaliste Comparaison Condamnationdu« révisionnismebalte »

Complaisanceeuropéenneenvers lesdéfilés deSS comme àl'époque desaccords deMunich

RIA Novosti 20.08.09 Député à laDouma

Référence Justification dupacte Molotov-Ribbentrop etresponsabilitéde l'occidentdans ledéclenchementde la WW2

Les accordsde Munich ontété le motifqui a pousséà conclure cepacte

ITAR TASS 07.05.05 S. Ivanov Référence Justification dupacte Molotov-Ribbentrop etresponsabilitéde l'occidentdans ledéclenchementde la WW2

Condamnationofficielle dupacte en 1989

Le Figaro 07.05.05 V. Poutine Référence Lien entrepacte Molotov-Ribbentrop etaccords deMunich

La naturedu pacteMolotov-Ribbentrop nese distingueen rien desaccords deMunich

AFP 03.05.05 Journaliste Référence Manueld'histoire russesur la GGP

Responsabilitéde l'occidentdans ledéclenchementde la WW2

Le Figaro 30.05.05 Historiens Référence Lien entrepacte Molotov-Ribbentrop etaccords deMunich

Faussesymétrieentre le pacteMolotov-Ribbentrop etles accords deMunich

CourrierInternational

20.08.09 Journaliste Référence Responsabilitépartagéedans ledéclenchementde la WW2

Calculs malinssuicidairesde nombreuxdirigeants(dont lesaccords deMunich)

RIA Novosti 11/05/05 Journaliste Référence Justification dupacte Molotov-Ribbentrop etresponsabilitéde l'occidentdans ledéclenchementde la WW2

PacteMolotov-Ribbentropdéjàcondamné etprécédé desaccords deMunich

RIA Novosti 26.02.09 Opposant àPoutine (exconseiller)

Comparaison Relance desrelationsRussie/USA

Pas unepolitique depacificationcomme lesaccords deMunich maisune reddition

Le Temps 19.08.09 Avocatgenevois

Comparaison Accord entrela Suisse etle Trésor USsur le secretbancaire

Formule deChurchilldéshonneur etpas de paix

Le Temps 27.08.07 Conseilgénéralradical suisse

Comparaison Apaisementde l'UDC deBlocher

Faute morale« pratiquonsune politiqued'apaisementpour sauver lapaix »

Le Temps 21.04.09 Extrémistesioniste

Comparaison Apaisementd'Ahmadinejad

Obama etClinton=Chamberlainsignant lesaccordsde Munich(Durban)

Le Figaro 09.08.06 Chercheurisraélien

Comparaison Nucléaireiranien

Syndromede Municheuropéen,tentatived'apaiser l'Iran

Le Figaro 17.06.09 Opposantiranien

Comparaison AttitudeOccidentaleenvers l'Iranaprès laréélectioncontestéed'Ahmadinejad

Le pire seraitque cettemollessedevienne unprélude à unecapitulationcomme pourles accords deMunich

AFP 17.08.06 Manifestantsisraéliens

Comparaison Olmert et laguerre contrele Hezbollah

Olmert=Chamberlain

Les Échos 16.08.06 Historienitalien

Référence Fascismeislamique

Attentions auxamalgameshistoriques(Munich...)

AFP 18.02.04 Rabbin ultranationalisteisraélien

Comparaison Projet dedémantèlementde coloniedans la Bandede Gaza

Crimecontre lepeuple juif etcomparaisonaux accordsde Munich

Le Monde 26.10.98 Député ultranationalisteisraélien

Comparaison Accord deWye Plantation

Accordsassimilé auxaccords deMunich

Reuters 23.10.98 Députéd'extrêmedroite israélien

Comparaison Accord deWye Plantation

Historique-ment il peutêtre comparéavec lesaccordsde Munichentre Hitler etChamberlain

Reuters 15.04.02 Ariel Sharon Comparaison Attitudeoccidentaleenvers Israël

Ne passacrifier l'étathébreu pourapaiser lesarabes

Libération 31.10.09 Journaliste Antonomase G20 deLondres

Acteur d'unMunichfinancier

Le Jeudi 09.04.09 Journaliste Antonomase G20 deLondres

Un Munich:une manièrecommeune autred'annoncerunecapitulation

AFP 03.04.09 Commenta-teurstchèques

Comparaison Recul US surle bouclierantimissiles

Trahisonsimilaire àcelle de 1938

Le Figaro 23.12.08 Vaclav Klaus Comparaison G4 européensur la crisefinancière

Comparaisonà ceux quiont écrit lesaccords deMunich

Midi Libre 15.12.08 Journaliste Antonomase Médiationfrançaisedans laguerre russo-géorgienne

Un Munichpour leCaucase

Le Temps 05.12.08 Dalaï-lama Comparaison Attitudeoccidentaleenvers laChine

SousChamberlainl'excès deconciliation aéchoué

Le Temps 08.01.05 Ministretaïwanaisdes affairesétrangères

Antonomase Comparaisonde la Chine àl'Allemagnenazie

Risque d'unMunichasiatique

L'indépendant 27.04.08 Lecteur Comparaison Politiquechinoise auTibet

Perpétuent lesmonstrueuxaccords deMunich

Libération 12/08/08 Député LionelLuca UMP

Comparaison Politiquechinoise auTibet

Parallèle avecles accordsde Munichqui choque laporte parolede l'UMP

Le Monde 25.06.09 Antoine Prost,historien del'éducation

Antonomase La semaine dequatre jours

Un Munichpédagogique

Ouest France 06.09.08 Antoine Prost,historien del'éducation

Antonomase La semaine dequatre jours

Un Munichpédagogique (lâcheconsentementde tout lemonde)

Le Monde 03.12.02 Professeur dephilosophieIUFM

Antonomase Le collègeunique

Un Munichéducatifentre lesenseignants etles syndicats

Le Monde 25.07.98 Professeur demécanique

Antonomase Politique del'enseignementtechnologique

Un Munichinformatique

Le Monde 03.08.07 Journaliste Antonomase Loi sur lefoulard àl'école

Le Munichde l'écolerépublicaine

Sud Ouest 23.11.03 Journaliste Antonomase Loi sur lefoulard àl'école

Le Munichde l'écolerépublicaine

Libération 04.07.03 Journaliste Antonomase Loi sur lefoulard àl'école

Le Munichde l'écolerépublicaine./Vichy del'intégrationdes immigrés

Le Monde 26.09.08 Professeurd'histoire(Sorbonne)

Référence Contradictionentre le droitdes peuplesADEM etles valeursdémocratiques

Accordsde Munich:trahison de laparole donnéeet illusiontragique

Le Figaro 02.09.08 Jeand'Ormesson

Comparaison Guerre russo-géorgienne

Analogiecrise desSudètes etguerre russo-géorgienne

Le Figaro 06.09.08 AlexandreAdler

Comparaison Guerre russo-géorgienne

Mauvaiseanalysede l'espritmunichois

Le Parisien 01.09.08 Ambassadeurde Géorgie enFrance

Antonomase Guerre russo-géorgienne

Éviter unnouveauMunich et unautre Yalta

AFP 31.08.08 Vaclav Havel Comparaison Guerre russo-géorgienne

L'ancienprésident faitensuite lerapprochemententrel'ingérencerusse enGéorgie etles Accordsde Munich de1938

Centre Presse 31.08.08 Journaliste Comparaison Guerre enAfghanistan

Faut-il, enAfghanistancomme àMunich,reculer ets'inclinerdevant labarbarie

L'EstRépublicain

28.08.08 Député duTerritoire deBelfort (UMP)

Comparaison Guerre enAfghanistan

Pas questiond'aboutir à desaccords deMunich

ITAR-TASS 04.05.05 Porte paroledu MAE russe

Comparaison Guerre contrele terrorisme

La politiquede deux poidsdeux mesuresrisque denous fairepayer leprix que lesparticipantsaux accordsde Munich ontfinalement dupayer.

La Tribune deGenève

28.02.08 Journaliste Comparaison Reconnaissancedel'indépendancedu Kosovo

Attitudeméprisable quirappelle lestristes accordsde Munich

AFP 22.11.07 Premierministre serbe

Comparaison Reconnaissancedel'indépendancedu Kosovo

Humiliantsaccords deMunich

RIA Novosti 18/02/08 Analysteshostiles àl'indépendancedu Kosovo

Référence Reconnaissancedel'indépendancedu Kosovo

Même Benèssigna lesaccords deMunich

RIA Novosti 20.12.07 Analysterusse (AllaIazkova)

Comparaison Reconnaissancedel'indépendancedu Kosovo

Parallèle entrela tentatived'arracherà la Serbie15% de sonterritoire et lesaccords deMunich

La Croix 24.02.07 NDA parlantde Seguin

Antonomase Accords de1993

Munich social

NouvelObservateur

05.04.07 Sarkozyreprenant laformule deSeguin

Antonomase Accords de1993

Munich social

Reuters 28.03.07 Sarkozyreprenant laformule deSeguin

Antonomase Accords de1993

Munich social

L'Humanité 14.06.07 Jean-PaulScot

Antonomase Droit du travail Lesultralibérauxrêvent d'unnouveauMunich social

RIA Novosti 13.02.07 Journaliste Comparaison Conférence deMunich sur lasécurité

Antipode desaccords deMunich

New Press 24.01.07 Journaliste Antonomase Statut desminorités enTurquie +Arménie

Gare aunouveauMunicheuropéen.

Reuters 18.12.04 Geert Wilders Référence OuverturenégociationTurquie dansl'UE

Le PM finiracomme unChamberlaindans les livresd'histoire

Libération 25/11/04 Pierre Weill Comparaison Rejet de laperspectived'uneadhésionturque à l'UE

L'opinion estsujette à fairede mauvaischoix (accordsde Munich)

AFP 29.09.05 NDA Antonomase OuverturenégociationTurquie dansl'UE

Le nouveauMunichdiplomatique

Libération 15.08.05 Membres duCRIF

Formule Lutte contre leterrorisme

Formule deChurchill surle déshonneuraprès les AM

Le Monde 13.09.06 Intellectuelssionistes

Formule Islamisme etterrorisme

Formule deChurchill surle déshonneuraprès les AM

Le Temps 11.11.05 SénateurRep. NormColeman

Antonomase Sommet surla régulationd'internet

Un Munichnumérique

Les Échos 25.05.05 Journaliste Antonomase Compromisbipartisansur lesnominations àla CSUS

Un Munichpour lesdémocrates

Sud Ouest 17.08.04 Généralarméefrançaise

Référence Jugement surles AM

Pas de paixau prix de laliberté

All Africa 16.08.04 Journaliste Référence Accordsde Munichpréfigurait laWW2

L'émigrationsera laprochainetrahison deMunich

Le Figaro 12.03.02 Essayiste,Géopo-litologue

Antonomase Compromissioneuropéennesur les crisesbalkaniques

NouveauMunich auprofit dutotalitarismevert

Le Figaro 07.11.01 Essayiste,Géopo- litologue

Antonomase Faiblesse del'occident faceà la menaceislamiste

NouveauMunichislamiste

Les Échos 22.10.01 AmbassadeurJF Deniau

Formule Conséquencesdu 11septembre

Formule deChurchill surle déshonneuraprès les AM

Reuters 05/11/01 Associationjuive (UMJP)

Comparaison Conférence deDurban contrele racisme

Dénonce unapaisementtrompeursimilaire auxaccords deMunich

Le Monde 18.07.97 Président deschambresd'agricultures

Antonomase Négociationsur la réformede la PAC

Risque deMunichagricole

Le Monde 15.07.97 Journalistecitant IanPaisley

Antonomase Processus depaix en Irlandedu nord

NouveauMunich

Le Monde 15.03.97 Journalistecitant untitre dePerspectives

Antonomase Guerre auZaïre

Vers unMunichZaïrois ?

Le Monde 05.02.97 Journaliste Référence Négociationavec le FISalgérien

« Souvenezvous desaccords deMunich »Pasde paix àn'importe quelprix

Reuters 14.07.95 Journaliste Antonomase Guerre enBosnie

Chirac craintun Munich

Page 69: Institut d'Études Politiques de Lyon Université Lyon II ...doc.sciencespo-lyon.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/... · Université Lyon II Institut d'Études Politiques

Annexes

JOAO Alexandre 69

VI. Références du corpus anglophone.

Page 70: Institut d'Études Politiques de Lyon Université Lyon II ...doc.sciencespo-lyon.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/... · Université Lyon II Institut d'Études Politiques

LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

70 JOAO Alexandre

SOURCE DATE LOCUTEUR FORME REFERE CITATION New YorkTimes

01/02/81 Journalistecitant leprofesseurGladis Smithsur Kissinger

Comparaison Expansionni-sme soviétiquedans le tiersmonde

Il compareles échecsrécents àstopperl'UnionSoviétique auxéchecs destentatives pourstopper Hitler

New YorkTimes

10/04/83 Journaliste Référence La théorie desdominos

SelonSchlesinger,est un mythepopulaireforgé à partirde l'analogiede Munich

The SanDiego UnionTribune

09/06/85 Journaliste Référence Responsabilitéde l'ouestdans ledéclenchementde la WW2

La collusionde Munich,tentative decanaliserl'expansio-nisme deHitler vers l'est

The SanDiego UnionTribune

28/11/85 Depêchede NewsServices

Comparaison Accord de paixanglo-irlandais

Paisley(leaderprotestant)comparel'accord auxaccordsde Munich(mépris despeuples...)

ReutersNews

11/07/97 Journaliste Comparaison Annulationd'un défilé desorangistesprotestants

Paisleycompare cettedécision auxaccords deMunich

The Guardian 17/10/98 ConorCruise Brien,diplomate etécrivain

Antonomase Processus depaix en Irlandedu nord

Munich n'apas marché,l'apaisementne marcherapas ici nonplus

FinancialTime.com

27/03/07 Journaliste Comparaison Processus depaix en Irlandedu nord

Peut onvraimentdire commeChamberlainque c'est unepaix dansl'honneur ?

New YorkTimes

21/03/86 Journaliste Comparaison Politique USen AmériqueCentrale

La chambreest depuislongtempsdivisée entrefaucons(analogie deMunich) etcolombes(analogie duVietnam)

The New YorkTimes

08/03/87 Jounalistecitant AndréGiraud (MDF)

Antonomase Option zéro dedésarmementnucléaire enEurope

« UnMunich » del'apaisementnucléaire »

The Times 11/04/87 Journaliste Comparaison Traité entrel'Afrique duSud et deuxmicro-Etatstribaux

Le PM duTranskeiespère quele traité nesubira pasle mêmesort que lesaccords deMunich

BBC 07/11/87 Journalistecitant lepremiersecrétairedu comitécentral de larépubliquepopulairesocialistetchèque

Référence Célébration

du 70th

anniversairede la révolutiond'octobre

Les tragiquesaccords deMunich etla libertéobtenue grâceà l'UnionSoviétique.

Reuters News 08/07/88 Journalistecitant lapressetchèque

Antonomase David Mellor,MAE duroyaume uni

Le LordRunciman de1988

New YorkTimes

30/04/88 Présidentdu comitédu dangerprésent(grouped'intérêtconservateur)

Antonomase Accord INF De nombreuxcommentateursvoient dansce traité unnouveauMunich...

Saint LouisPost Dispatch

29/09/88 Journaliste Référence Abus desanalogieshistoriques

Une leçontrop bienapprise (peurde nouveauxMunich)

The Globeand Mail

12/10/88 Journaliste Référence Abus desanalogieshistoriques

Analogie deMunich pasun paradigmevalable en RI

New YorkTimes

27/10/88 Journaliste Référence Accords deMunich

Hitlerconsidéraitles accordsde Munichcommeune défaitepersonnelle

New YorkTimes

03/12/89 Journaliste Référence Influence desaccords deMunich dansla politiqueétrangère US

Inoubliableleçon deMunich

Reuters News 06/02/90 Membre duPolitburoLigachev

Antonomase Réunificationallemande

Un nouveauMunich

New ZealandHerald

20/03/90 Journaliste Antonomase Interdictiondes armesnucléaires surle territoirenéo-zélandais

Une approchemunichoisequi commel'apaisementdonnera desfruits amers

The SanDiego UnionTribune

01/04/90 Membre del'AmericanEnterpriseInstitute

Antonomase Indépendancede la Lituanieet répressionsoviétique

Un dilemmemunichois

ReutersNews

26/04/90 Journalistecitant Kohl etMitterrand

Antonomase Indépendancede la Lituanieet répressionsoviétique

Les deuxleadersréfutent le faitque l'ouestsoit entraind'abandonnerla Lituanieet créer un« nouveauMunich »

The SundayTimes

29/04/90 Journaliste Comparaison Indépendancede la Lituanieet répressionsoviétique

Les accordsde Munichcommel'attitude visà vis de laLituanie, riend'autre que dela realpolitik

The Times 04/08/90 Journaliste Comparaison Massacredes kurdes àHalabja

L'apaisementrenforce lesagresseurs,leçon desaccords deMunich

PittsburghPost Gazette

15/12/02 Professeurd'histoire auCollège SaintFrancis àLoretto

Antonomase Guerre en Irak Ne passuccomberà l'esprit deMunich, sesouvenir desleçons deMunich

CTK BusinessNews

15/02/03 MAE TchèqueSvoboda

Comparaison Guerre en Irak Contrel'apaisementdes dictateurspartout dansle monde.Les accordsde Munichont montrésque céder àun dictateurn'apportait rien

WeeklyStandard

17/02/03 Journaliste Comparaison Guerre en Irak Les Kennedy,unedynastie proapaisement

InternationalHeraldTribune

20/02/03 JournalistecitantSvoboda MAETchèque

Comparaison Guerre en Irak Contrel'apaisementdes dictateurspartout dansle monde.Critique de laposition fr, all,et russe

The Spectator 08/03/03 Journalistecitant AnthonyBlair

Comparaison Guerre en Irak Chamberlainétait un bravehomme maisil a pris lamauvaisedécision

CTK DailyNews

15/03/03 Organisationtchèque deslégionnaires(extrêmedroite)

Antonomase Guerre en Irak Non à unnouveauMunich

Saint LouisPost Dispatch

09/08/90 Journaliste Antonomase Guerre duGolfe

L'analogiede Munichs'applique ici

The Guardian 20/08/90 Journaliste Antonomase Guerre duGolfe

Bush etThatcherutilisentl'analogie deMunich pourjustifier leurpolitique

New YorkTimes

26/08/90 Journaliste Comparaison Guerre duGolfe

Bush I etl'utilisation devocabulaire dela WW2

Reuters News 13/09/90 Journalistecitant VaclavHavel

Comparaison Guerre duGolfe

L'apaisementne réussitjamais

WorcesterTelegram

14/09/90 Professeurd'histoire del'universitéClark

Comparaison Guerre duGolfe

Bush I baseses actionscontrel'Irak sur leprécédent desaccords deMunich

Sunday Times 16/09/90 Journaliste Comparaison Guerre duGolfe

Analogie entrela batailled'Angleterreet la guerre dugolfe et leçonde Munich

Reuters News 18/09/90 JournalistecitantThatcher

Comparaison Guerre duGolfe

Contrasteentre lesaccords deMunich et laréponse àl'invasion duKoweit

Sunday Times 23/09/90 JournalistecitantThatcher

Comparaison Guerre duGolfe

Obsession deThatcher avecles accordsde Munichet critique del'analogie avecl'Irak

New YorkTimes

10/12/90 Anciensecrétaired'ÉtatAlexanderHaig

Comparaison Guerre duGolfe

Quelleanalogieappliquerà l'Irak ?(Munich ou leVietnam)

New YorkTimes

11/12/90 PM d'Israël Y.Shamir

ComparaisonetAntonomase

Guerre duGolfe

Israël de 1990n'est pas laTchécoslovaquiede 1938

Saint LouisPost Dispatch

15/01/91 Journaliste Antonomase Guerre duGolfe

Tariq Aziz estun Goebbels,la crise peutfinir par unMunich, uneconférenceinternationalepour créer unedémocratiebâtarde

New YorkTimes

20/02/91 Journaliste Référence Guerre duGolfe

ContingentTchèque enIrak, tournanthistorique

Le Times 07/05/92 Journalistecitant desmilitantsécologistes

Antonomase Sommet de laterre de Rio

Les nuages seforment et onnous proposeun Munich

Reuters News 06/09/92 Journalistecitant Rocard

Comparaison Traité deMaastricht

Comparaisond'un non auxaccords deMunich

FinancialTimes

24/11/92 Journalistecitant Chirac

Antonomase Accordagricole USA/CEE

Un Munichagricole

New YorkTimes

30/08/93 Journaliste Antonomase Accord decessez le feuen Bosnie

Une trahisondu type deMunich

The Times 29/03/99 Journaliste Comparaison Guerre duKosovo

Parallèle avecles accords deMunich (DDPET DH)

Reuters News 29/01/97 Vice présidentde la Bosnie

Antonomase Statut de laville bosniaquede Brcko

nous espéronsque Munichne se répèterapas

New YorkTimes

22/10/93 Vaclav Havel ComparaisonetAntonomase

Entrée de laRépubliqueTchèque dansl'Otan

Trahisonshistoriques(Munich, YaltaOtan)

CTK BusinessNews

01/06/03 PM tchèqueSpidla

Comparaison Entrée de laRépubliqueTchèque dansl'UE

La passivitéserait uneréminiscencedes accordsde Munich

New YorkTimes

13/09/03 Journaliste Comparaison Terrorismeislamiste

Utilisation del'Analogie deMunich par lesnéoconserva-teurs US

CTK BusinessNews

25/03/03 PM slovaqueDzurinda

Antonomase Entrée de laSlovaquiedans l'Otan

Munich etYalta resterontdes chapitressombres denotre histoire

North ShoreTimes

28/03/03 Journaliste Comparaison Guerre d'Iraket SaddamHitler

Saddam n'estpas Hitler,contextedifférent

The NationalInterest

01/04/03 ProfesseurJack Snyder(Columbia)

Référence Théorie desdomino etanalogie deMunich (Irak)

Critique del'analogieet de lastratégie USet explicationgénérationnelle

New Yorker 14/04/03 Journaliste Comparaison Guerre d'Irak Parallèleerroné entreles ccordsde Munich etl'Irak

Dow JonesInternationalNews

12/03/96 Vaclav Havel Antonomase Entrée de larépubliquetchèque dansl'Otan

Avertissementcontre lerisque d'unnouveauMunich

BBC 13/05/96 Vaclav Havel Référence Entrée de larépubliquetchèque dansl'Otan

Républiquetchèquecarrefourgéopolitique,sensible auxmenaces(exemplesaccords deMunich)

BBC 26/10/96 Manifestantscommunistestchèques

Antonomase Entrée de larépubliquetchèque dansl'Otan

Stopponsle nouveauMunich enpréparation àPrague

BBC 19/07/97 PartiCommunistede Bohême-Moravie

Référence Entrée de larépubliquetchèque dansl'Otan

Les alliésnous ont trahisen 1938 et en1968

The Times 07/01/94 Lech Walesaet VaclavHavel

Antonomase Extension del'Otan

Un nouveauMunich, Yalta,grand lâchagede l'Europecentrale

The WallStreet Journal

02/03/94 Lecteur Comparaison Impérialismerusse

Un Runcimancontemporainet renouveaudesprotectorats

The SundayTimes

27/11/94 ProfesseurDiane Kunz(Yale)

Référence Guerre deBosnie

Besoin del'Otan pouréviter deretomber dansl'apaisement

BBC 14/02/95 Vaclav Havel Référence Entrée de larépubliquetchèque dansl'Otan

Otannécessairecomptetenu desexpérienceshistoriquestchèques

CTK BusinessNews

20/11/02 Journaliste Antonomase Entrée de larépubliquetchèque dansl'Otan

Temps quela républiquetchèqueest dansl'Otan pasde nouveauMunichpossible

FinancialTimes

20/12/95 Journaliste Comparaison Guerrede Bosnie(accords deDayton)

Lâchesoulagementaprès lapartition

The NationalInterest

22/12/95 Journalistecitant Chirac

Antonomase Guerre deBosnie

Chirac veutéviter unMunich

Reuters News 05/12/96 Journaliste Référence Albright et sesorigines

Aimait parlerdes effets del'apaisementd'Hitler lorsdes accordsde Munich

Reuters News 21/01/97 Manifestantstchèquesd'extrêmedroite

Antonomase Signature d'unaccord deréconciliationavecl'Allemagne

Pas d'autresMunich

San DiegoUnion Tribune

30/01/97 Journaliste Antonomase Signature d'unaccord deréconciliationavecl'Allemagne

Personne dedevrait oublierles leçons deMunich

FinancialTimes

24/09/07 Journaliste Antonomase NucléaireIranien

Lesmauvaisesleçons deMunich

The Australian 27/10/97 PM JohnHoward

Comparaison Accord deréduction desémissions deco2

Différenciationpour notretemps

Winnipeg FreePress

02/05/07 Leader duparti vertcanadienElizabeth May

Comparaison Politique delutte contre lechangementclimatique dugouvernement

Pire quel'apaisementdes nazis deChamberlain

The TorontoStar

03/05/07 Journalisteréagissantaux propos deMay

Comparaison Politique delutte contre lechangementclimatique dugouvernement

Précédentde cettecomparaisonSharon,Bush...

VancouverSun

03/05/07 Journalisteréagissantaux propos deMay

Comparaison Politique delutte contre lechangementclimatique dugouvernement

Comparaisoninopportunemais pointcommun entreles situations(Analogie deMunich etréchauffement)

Saint LouisPost Dispatch

20/06/98 Lecteur Antonomase Visite deClinton enChine

L'Analogiede Munichmontre quel'apaisementrenforceles régimestotalitaires

HamiltonSpectator

11/09/98 Journalistecitant le PMChernomy- rdine

Comparaison Menace decoup d'étatcommuniste

Il a assimiléla situationdu pays auxaccords deMunich

CTK BusinessNews

29/09/98 Manifestantstchèques

Comparaison Guerre duKosovo

Faire desconcessionspourraitcauser unetragédiesimilaire auxaccords deMunich

TASR(Slovaquie)

21/02/08 Leader duSNS Jan Slota

Antonomase Indépendancedu Kosovo

Un diktatmunichois

CTK DailyNews

02/04/08 Manifestantstchèques

Antonomase Indépendancedu Kosovo

Un Munich estassez

BBC 04/06/09 Ambassadeurrusse enSerbie

Comparaison Indépendancedu Kosovo

Je vois lesmêmes étatsqui signèrentles accordsde Munichorganiser lapartition de laSerbie

Reuters News 06/05/99 Le Likoud Comparaison Processusde paixpalestinien

Retrait d'unepublicitécomparant leprocessus auxaccords deMunich

The Guardian 21/05/99 Journaliste Comparaison Indépendancedu Kosovo

Blair a enmémoire lesprécédentsdu golfe etdes Malouinesjustifiés parles accords deMunich

AFP 23/02/08 Envoyé dePoutineAnatoliSafonov

Comparaison Indépendancedu Kosovo

Ils ont oubliésles leçonsdu passé,notammentcelle desaccords deMunich

BBC 23/02/08 Envoyé dePoutineAnatoliSafonov

Comparaison Indépendancedu Kosovo

Ils ont oubliésles leçonsdu passé,notammentcelle desaccords deMunich

AFP 23/02/08 Envoyé dePoutineAnatoliSafonov

Comparaison Indépendancedu Kosovo

Ils ont oubliésles leçonsdu passé,notammentcelle desaccords deMunich

AFP 24/02/08 PM slovaqueRobert Fico

Comparaison Indépendancedu Kosovo

Les historienscomparent cequi se passeen Serbie auxaccords deMunich et aucongrès deVienne

TASR 24/02/08 PM slovaqueRobert Fico

Comparaison Indépendancedu Kosovo

Les historienscomparent cequi se passeen Serbie auxaccords deMunich et aucongrès deVienne

HINA( Croatie)

27/02/08 PM Serbe Comparaison Indépendancedu Kosovo

Pas mêmeles accordsde Munich nepeuvent êtrecomparé àcette violencelégale, parceque la Serbien'a jamaissigné

CTK DailyNews

15/03/08 Manifestantstchèques

Comparaison Indépendancedu Kosovo

Lesmanifestantsrappelle quel'indépendanceà étéreconnue parles mêmeétats que lesaccords deMunich

CTK DailyNews

24/03/08 Vaclav Havel Comparaison Radar US enrépubliquetchèque

Les opposantsont uneposition aussidangereuseque celle despacifistesavant lesaccords deMunich

BBC 26/03/08 Journalistecitant unjournaltchèque

Comparaison Radar US enrépubliquetchèque

Encore unefois, à proposde nous maissans nous ?(accords deMunich)

Reuters News 03/06/99 Député dela Doumaproche descommunistes

Comparaison Guerre duKosovo

Tchernomy- rdinerépète lesaccords deMunich

FinancialTimes

04/06/99 NikolaiKharitonov,leader du partiagraire

Comparaison Guerre duKosovo

Tchernomy- rdineprépare desaccords deMunich enminiature

BBC 05/06/99 Journalisterusse de NTV

Comparaison Statut duKosovo

LesjournalistesdemandaientsiTchernomy- rdineramenait unepaix commecelle desaccords deMunich

TheEconomist

20/11/99 Kofi Annan Comparaison Apaisementde Milosevic(Bosnie)

Desnégociationsqui revenaientà une politiqued'apaisement

PoliticalScienceQuarterly

01/01/00 Journaliste,compte rendude lecture

Antonomase Expériencede Albrightnécessairepourcomprendre lapol étrangèreUS

Albrightsouffrant dusyndrome deMunich

The WallStreet Journal

12/03/01 JournalistecitantKouchma

Comparaison Manifestationscontre sonrégime

Les tolérerseraientsimilaire auxaccords deMunich

The Spectator 01/04/00 Journaliste Comparaison Troisième voiede Blair

La troisièmevoie ne vautpas plus quele papier qui laporte, commeles accords deMunich

BBC 17/07/01 Journalistecitant le PMestonien MartLaar

Antonomase Promesse deBush

Plus jamais unMunich ou unYalta

NationalPublic Radio

10/05/05 Journalistecitant Bush

Référence Pactes injustes Yalta s'inscritdans latraditioninjuste dequelquesautres pactescomme lesaccords deMunich

Orbis 22/09/01 Professeurde RI àl'Université duKentucky

Référence Conservateurset Munich

Les réalistesconservateurstirent certainesleçons de laWW2 commene pas apaiserles dictateurs(analogie deMunich)

South ChinaMorning Post

07/02/03 Journaliste Référence Leçons deMunich

Devoird'empêcherdes leaderscomme Hitlerde nuire(Analogie deMunich)

InternationalHeraldTribune

24/09/01 Journalistecitant unjournaliste duFigaro

Antonomase Onzeseptembre

MichelSchifrestrouve unparfum deMunich dansl'air du pays

U Wire 27/09/01 Journaliste Comparaison Onzeseptembre

À traversl'histoireapaiserl'agresseura été unemauvaisestratégie(Analogie deMunich)

CTK DailyNews

02/10/01 PM MilosZeman

Comparaison Onzeseptembre

L'histoiremontre quecéder àl'agresseur nepaye jamais(Analogie deMunich)

Palm BeachPost

06/10/01 Journalistecitant Sharon

Comparaison Conflit israélo-palestinien

Ne répété pasles effroyableserreurs de1938

The Scotsman 06/10/01 Journalistecitant Sharon

Comparaison Conflit israélo-palestinien

Ne répété pasles effroyableserreurs de1938

JerusalemPost

17/01/03 Journaliste Antonomase Discussionavec l'OLP

Le soutienau régimed'Arafat estun exemplede Munichou Israël jouele rôle de laTchécoslovaquie

AssociatedPress

17/02/04 Rabbinextrémistesioniste(DavidHacohen)

Comparaison Démantèlementde coloniesjuives à Gaza

Démantelerdes coloniesjuives meten dangerla nationautant que lesaccords deMunich (pêchéet crime)

AFP 18/02/04 Rabbinextrémistesioniste(DavidHacohen)

Comparaison Démantèlementde coloniesjuives à Gaza

Démantelerdes coloniesjuives meten dangerla nationautant que lesaccords deMunich (pêchéet crime)

JerusalemPost

18/02/04 Rabbinextrémistesioniste(DavidHacohen)

Comparaison Démantèlementde coloniesjuives à Gaza

Démantelerdes coloniesjuives meten dangerla nationautant que lesaccords deMunich (pêchéet crime)

FinancialTimes

17/04/04 Lecteurs Comparaison Accord Bush/Sharon surl'annexion deterritoires enCisjordanie

L'annexionde terres enCisjordanierappellel'accordobtenu en1938 à Munich

CTK BusinessNews

13/03/04 JournalSlovaque

Antonomase Attentats deMadrid

Un prix bienplus élevéest au finalpayé pourdes attitudesmunichoisesque pourdes mesurespréventives

CTK BusinessNews

16/03/04 Journaliste Comparaison Attentats deMadrid

Les politiquesmunichoises,tout commenourrir lemoloch duterrorisme estétrange.

Inter PressService

18/03/04 Néo-conservateursUS

Comparaison Attentats deMadrid

Apaisementdu terrorisme,le souvenir deMunich vient àl'esprit

National Post 09/10/01 Journaliste Comparaison Guerre contrele terrorisme

Pendant laguerre froide,les USAutilisèrentl'analogie deMunich pourjustifier leursactions contreles régimescommunistes

JerusalemPost

11/10/01 Journaliste Comparaison Conflit israélo-palestnien

Sharon estle Churchillcontemporain

Newsweek 15/10/01 Journaliste Comparaison Onzeseptembre

Cette foisl'analogiede Munichest juste:l'apaisementest vain

The Times 23/11/01 Journaliste Comparaison Conférenceentre chefs deguerre afghan

Voici l'endroitou laTchécoslovaquiea été trahieen 1938 etl'Afghanistanaujourd'huiest ce payslointain donton ne sait pasgrand chose

The Guardian 16/12/03 Député Torie Antonomase Réformedes traitéseuropéens

Bill Cash l'aaccusé defomenterune redditionmunichoise

Reason 01/05/04 Journaliste Référence Albright, sesmémoires

Invocations del'analogie deMunich

CTK BusinessNews

23/05/04 PM tchèqueVaclav Klaus

Référence Benès et lesAM

Benès apayé cher satrop grandeconfianceen ses alliésoccidentaux

TheIndependent

24/05/04 JamesLovelock(scientifiqueindépendant)

Comparaison Protocole deKyoto

Le protocolede Kyoto estune analogieparfaite desaccords deMunich

PresidentialStudiesQuarterly

01/06/04 Journaliste(compte rendude lecture)

Référence Analogiesdans lapolitiqueextérieure US

L'establish-ment des60's voyaitla guerre duVietnam atravers lespectre desaccords deMunich

AFP 04/06/04 Diplomates del'UE

Comparaison NucléaireIranien

Nous avonsdans la mainun morceaude papier.Il n'a pasapporté la paixpour notretemps

The WestAustralian

12/01/06 Journaliste Formule NucléaireIranien

Vous avezchoisi ledéshonneuret vous alleravoir la guerre

The Australian 22/07/04 Analyste del'AmericanEnterpriseInstitute

Formule Accord entre legouvernementphilippin et lesislamistes

Vous avezchoisi ledéshonneuret vous alleravoir la guerre

BBC 26/09/04 Poutine Référence Stratégieoccidentale

C'était commesi Stalinedécrivait Hitlercomme uninstrument etRoosevelt/Churchillcomme nosvéritablesennemis

Latvian NewsAgency

20/01/05 Porte paroledu MAE russeAlexanderYakovenko

Référence Vision russe Latransformationde la cartede l'Europea commencéavec lescriminelsaccords deMunich

BBC 12/02/05 Secrétaire dela commissionaffairesétrangères dela Douma

Référence Propositiond'interdictiondes symbolessoviétiques enEurope

Certainspoliticiensoublient quela premièreétape vers laguerre a étéles accords deMunich

BBC 22/02/05 Poutine Référence Pacte Molotov-Ribbentrop

Il faut replacerles chosesdans leurcontexte, lepacte est uneréponse auxaccords deMunich

FinancialTimes

24/02/05 Poutine Référence Pacte Molotov-Ribbentrop

Il faut replacerles chosesdans leurcontexte, lepacte est uneréponse auxaccords deMunich

Polish NewsBulletin

03/03/05 Directeurde l'institutd'histoirelituanienne

Référence Pacte Molotov-Ribbentrop

Poutine a dit:Il faut replacerles chosesdans leurcontexte, lepacte est uneréponse auxaccords deMunich

BBC 07/05/05 Ministre de ladéfense russeIvanov

Référence Pacte Molotov-Ribbentrop

Ne pas oublierles accords deMunich signépar 4 chefsd'États

AssociatedPress

10/05/05 MAE Polonais(AdamRotfeld)

Référence Critique Un documentdestiné àcanaliser lesagressionsallemandes àl'est

New York Post 21/10/04 Journaliste Comparaison Guerre d'Irak Kerry estChamberlain

The WesternMail

09/11/04 Journalistes Comparaison Guerre d'Irak Quitter l'Irakreviendraità signer denouveauxaccords deMunich

PresidentialStudiesQuarterly

01/03/05 Journalistes(compte rendude lecture)

Référence Analogiesdans lapolitiqueétrangère US

Corée,Vietnam, Irak..

The Australian 30/04/05 Journalistes Référence Analogie deMunich etVietnam

La WW2 avecson analogiede Munich nes'était terminéque depuis 20ans

ITAR-TASS 04/05/05 Porte paroledu MAE russeAlexanderYakovenko

Référence Lutte contre leterrorisme

Une politiquede deux poidsdeux mesurespourraitconduire àde nouveauxaccords deMunich

CTK DailyNews

25/05/05 Vaclav Havel Comparaison Guerre d'Irak Il est parfoisnécessaired'utiliserla forcecontre lesoppresseurs(Analogie deMunich)

The SydneyMorningHerald

28/05/05 Pat Buchanan Comparaison Accord sur larecherche surles cellulessouches

Le compromisest semblableaux accordsde Munichavec Hitler

DailyTelegraph

14/06/05 Journaliste Comparaison Relations avecla Chine

Analogie deMunich/ Hitler

The NewLeader

01/07/05 Journaliste(compte rendude lecture)

Référence Analogie dansla politiqueétrangère US

Munich,Vietnam, Irak

TheWashingtonTimes

17/09/05 Journaliste Comparaison Guerre d'Irak Analogie deMunich sur lastratégie desortie d'Irak

BBC 01/12/05 Députétchèqued'opposition

Comparaison Guerre duKosovo

Paroubek alégalisé lesaccords deMunich endéfendantles droits decette minoritéethnique à laséparation duterritoire de lamajorité

FinancialTimes

30/05/07 Ministre Serbe(AleksandarPopovic)

Comparaison Statut duKosovo

Les accordsde Munich ontégalementété imposés.Une partiedu territoired'un Étatdémocratiquelui a été retiré

HINA(Croatie)

23/10/07 PM SerbeVojislavKostunica

Comparaison Statut duKosovo

Il est arrivéune seule foisen Europe quele territoired'un étatsouverain luisoit retiré avecles accordsde Munich, etce précédenta rapidementamenébeaucoup demalheur pourtout le monde

AFP 22/11/07 PM SerbeVojislavKostunica

Comparaison Statut duKosovo

Nous devonsdécider sila Serbie vasuccomber àcette violenceet devenir lepremier paysà avoir étéhumilié parune sécessionforcée depuisles accords deMunich

KommersantInternational

23/01/08 Députétchèque auConseil del'Europe

Comparaison Statut duKosovo

Mon paysa connu lasécessionforcée d'unepartie deson territoiresoutenuepar unepartie de lacommunautéinternationale:les accords deMunich

PresidentialStudiesQuarterly

01/12/05 Journaliste(compte rendude lecture)

Comparaison Analogiede Munichpendant laGuerre duGolfe

Bush a utilisél'Analogie deMunich 15 foisen aout 1990

CTK DailyNews

03/01/06 Journalistetchèque

Formule Guerre du Gaz La guerre dugaz russo-ukraniennene peut pasêtre considérécomme unedispute dansun payslointain dontnous nesavons rien

The CapitalTimes &WisconsinState Journal

28/01/06 Lecteur Comparaison Terrorisme Analogiede Munich« Paix pournotre temps »Un gestenoble maisdangereuse- mentnaïf

RIA Novosti 06/02/06 Journaliste Antonomase NucléaireIranien

Indubitable-ment, le pirescénario estun nouveauMunich

Inter PressNews Service

20/02/06 Membre d'unThink TankIsraélien (IPS)

Comparaison Hamas Le pirescénario peutêtre similaireaux accordsde Munich de1939

The Globeand Mail

31/03/06 Journaliste Comparaison Génocide auRwanda

Parmi les testsde moralitéauquels leshommespolitiquespeuvent sesoumettrepour évaluerrétrospectivementleurconscience,ils peuventse demanderquelle auraitété leurposition aumoment desaccords deMunich. ou duRwanda

History Today 01/04/06 Journaliste Antonomase Analyse desaccords deMunich

La principaleleçon deMunich devraitêtre d'avertirles politiciensdu dangerdes tentativesimprudentesde recours àla force

The BostonGlobe

03/05/06 Journaliste Antonomase NucléaireIranien

Dans laconfrontationactuelleavec l'Iran,l'occident serapproched'un nouveaumomentmunichois

The Blade 11/06/06 Journaliste Comparaison G8 de Saint-Pétersbourg

Vous nevoulez pasque le G8encouragele Kremlinde la mêmefaçon que lesaccords deMunich ontencouragésl'Allemagnenazie

KommersantInternational

22/06/06 PoliticienisraélienNatanSharansky

Comparaison NucléaireIranien

C'est unexempletypiqued'apaisementinternational(Analogiede Munich)rationalisationducomportementde Hitler

BBC 22/07/07 AvidgorLiberman

Comparaison NucléaireIranien

L'Europe estdominé parl'esprit deChamberlain

World Affairs 22/06/06 Journaliste Référence Guerre deCorée

Référencesaux années 30

NBC News 19/07/06 NewtGringrich(ancienspeaker de laHoR)

Antonomase NucléaireIranien

Un momentmunichois

The Hill 20/07/06 Journaliste Comparaison G8 de Saint-Pétersbourg

Un momentmunichois

Chicago DailyHerald

13/08/06 Journaliste Comparaison Accordpaix contreterritoires

Chamberlaina autrefoisnégocié lapaix contre unterritoire.

Straits Times 03/09/06 Journaliste Antonomase Terrorisme Qui parmi lesnombreuxcritiques dela politiquede Bushpropose unMunich avecOussama ?

The New YorkTimes

03/09/06 Journaliste Comparaison Guerre en Irak Analogiede Munich,apaisementet leçons del'histoire

HoustonChronicle

03/09/06 Journaliste Comparaison Guerre en Irak Critique del'analogiede Munich,apaisementet leçons del'histoire

FinancialTimes

07/09/06 Journalistecitant Bushet les néo-conservateurs

Antonomase Guerre en Irak Les dissidentssont mépriséspour ignorerles leçons deMunich

TheWashingtonTimes

21/09/06 Ancienambassadeurisraélien auxUSA (ZalmanShoval)

Antonomase Attitude UEsur le conflitisraélo-palestinien

L'UE semblese diriger versune politiquemunichoise

Israel Faxx 09/10/06 Journaliste Antonomase Iran et Syrie Le nouveauMunich étaitla trahisondu Liban parl'Occident

TheJerusalemPost

24/10/06 Journaliste Formule NucléaireIranien

Analogie deMunich etformule deChurchill:choisissezl'honneur etempêchez laguerre

The ChristianScienceMonitor

26/10/06 Conseillermilitaire del'ambassadeurUS à l'OSCE

Comparaison Bush auraitinvoquél'analogie deMunich surl'Iran

Convoquantles leçonsde 1938pour prouverla folie del'apaisement

BBC 10/11/06 Ambassadeurrusse enLettonie

Référence Le pacteMolotov-Ribbentrop aprécédé lesaccords deMunich

Pourquoilorsque vousparlez dupacte vous nementionnezpas lesaccords deMunich ?

New YorkObserver

13/11/06 AvidgorLieberman

Comparaison NucléaireIranien

La situationest la mêmequ'avant laWW2 tout lemonde essayede passerdes accordscomme lesaccords deMunich ou lepacte Molotov-Ribbentrop

WashingtonTimes

27/11/06 Représentantrépublicain del'Indiana

Comparaison NucléaireIranien etretrait d'Irak

Un retraitseraitconsidérécomme unevictoire àTéhéran, toutcomme Hitlerconsidérales accordsde Munichcommeune victoiremajeure...

TheJerusalemPost

05/12/06 Lobbyisteisraélien duJerusalemcenter forpublic affairs

Comparaison Cessez lefeu israélo-palestinien

NousIsraélienssommesdevenu lesspectateursimpuissantsd'une rééditiondes accordsde Munich de1939

CTK DailyNews

08/02/07 Leader duparti slovaqueSNS Jan Slota(extrêmedroite)

Comparaison Statut duKosovo

Il a comparéle planprévoyant uneindépendancelimité duKosovo auxaccords deMunich

RIA Novosti 13/02/07 Journaliste Antonomase Discours dePoutine à laconférence deMunich

Ce nouveauMunich estaux antipodesde l'ancienMunich deChamberlain

TheWashingtonTimes

14/02/07 Ancienambassadeurisraélien auxUSA (ZalmanShoval)

Antonomase NucléaireIranien

La plupartdes dirigeantsoccidentauxont unementalitémunichoise

BirminghamPost

24/02/07 Journaliste Comparaison Iran et soninfluence enIrak

Dans un gested'apaisementinédit depuisles accordsde Munich lesoccidentauxont interditl'OMPI à lademande del'Iran

TheWashingtonTimes

18/02/07 Consultant enpolitiques dedéfense US

Comparaison Chine La croyancenaïve que l'onpeut se fier àla parole de laChine rappelleles accords deMunich

BBC 24/09/07 PrésidentTaiwanaisChen Sui bian

Comparaison Chine Analogie deMunich: sil'on fait descompromisavec desdictatures,nous lesencourageons.Et les petitsÉtats ensubissent lesconséquences

Investor'sBusinessDaily

01/03/07 Journaliste Comparaison Négociationavec l'Iran et laCorée du Nord

Ces décisionsévoquentde manièredérangeanteslesdiscussionsavec Hitleravant la WW2

Denver Post 13/03/07 Représentantrépublicain duColorado TomTancredo

Comparaison Corée du Nord Kim a étérenforcépar lesconcessionsUS, enconstatant queles USA n'étaitpas disposéà adopter uneposition fermetout commeChamberlainen 1938quand il anégocié lesaccords deMunich

National Post 01/04/08 MikhailSaakashvili

Comparaison Gel de l'entréede la Géorgiedans l'Otan

L'Otan uni parl'apaisement

BBC 01/07/08 MikhailSaakashvili

Antonomase Relation avecl'Europe et laRussie

Nousespéronsqu'un nouveauMunich, unnouveaupacte Molotov-Ribbbentrop,de nouvellesdivisions del'Europe ensphères nese produironspas.

AbileneReporter-News

04/05/08 Journaliste Comparaison Conflit israélo-palestnien(Hamas)

Carter pourraitapprendrebeaucoup deChurchill etnotammentde la façon àlaquelle il arépondu auxaccords deMunich

Inter PressNews Service

16/05/08 Bush II Comparaison Négociationsavec l'Iran

Nous avonsvécu cetaveuglementinsensé avant

The ChristianScienceMonitor

29/05/08 Journaliste Référence Irak, Iran Une croyancebien ancrédans la classepolitique USest que lanégociationavec desterroristesest toujoursune mauvaiseidée.(Analogie deMunich)

Time 23/06/08 Journaliste Comparaison Traité INRF de1988

L'apaisementest aussiinsensé en1988 qu'il nel'était en 1938

ThePhiladelphiaInquirer

18/05/08 Journalistecitant Bush

Antonomase Irak, IranCorée du Nord

Bush devraitarrêter de liéles positionsd'Obama ausyndrome deMunich

CTK DailyNews

28/05/08 Journaliste Comparaison Guerre duKosovo

Ledocumentairese terminepar unecomparaisonde lareconnaissancedel'indépendancedu Kosovoavec lesaccords deMunich

CTK DailyNews

03/06/08 Ancien PMSlovaqueet ancienministre de lajustice

Référence Indépendancedu Kosovo

Avant lesaccords deMunich seulsles serbesavaient formésdes unités devolontairespour aider laTchécoslovaquie

Newsweek 23/06/08 Journaliste Référence Analogieshistoriquesdans lacampagne US

Les motsMunich etApaisementont étéréinjectésdans le débatpolitique parle présidentBush

The MoscowTimes

12/08/08 PresidentMedvedev

Comparaison Guerre russo-géorgienne

L'histoireest pleined'exemplesde tentativesde pacificationd'agresseurs(Analogie deMunich)

BBC 14/08/08 PrésidentMikhailSaakashvili

Antonomase Guerre russo-géorgienne

La Russiemanœuvrepour nousforcer àun accordmunichois

The SydneyMorningHerald

14/08/08 Journaliste Comparaison Guerre russo-géorgienne

L'analogie deMunich a étécritiqué pouravoir conduit àde nombreuxconflits contre-productifsmais leprincipe restefondamental...

SOLO 15/08/08 Journaliste Antonomase Guerre russo-géorgienneet médiationfrançaise

Résidudisgracieuxd'une trêvemunichoise

The New YorkSun

15/08/08 Journaliste Comparaison Guerre russo-géorgienne

Une largepartie dudéfi consisteà imaginersi 2008ressembleplus à 1938,1968 ou 1878

InternationalHeraldTribune

28/08/08 Journaliste Comparaison Guerre russo-géorgienne

La blitzkriegrusse contrela Géorgiea eut lieu 70ans aprèsles tristementcélèbresaccords deMunich

BBC 28/08/08 Porte paroledu partislovaque SNS

Comparaison Guerre russo-géorgienne

Nous nepouvons pasavoir deuxpoids deuxmesures etne devonsdonc pasreconnaîtrel'indépendancede l'Abhazie etde l'Ossétie duSud (Analogiede Munich)

BBC 31/08/08 Vaclav Havel Comparaison Guerre russo-géorgienne

Havel a fait leparallèle avecles accordsde Munich de1938

BBC 03/09/08 Journaliste Comparaison Guerre russo-géorgienne

Cette violationdu droitinternationalrappelle laviolation desaccords deMunich de1938 par Hitler

BBC 17/09/08 Journaliste Antonomase Guerre russo-géorgienne

Gates: sesouvenir desleçons demunich maisaussi desleçons de1914

BBC 30/09/08 MAE deRussie

Référence 70 ans desaccords deMunich

La collusionde Munich estun exempleclassiquede commentla violationdes normesmorales etéthiques dela politiqueet la pratiquedu double jeuentraine desconséquencesfunestes pourla paix...

CTK DailyNews

10/11/08 MAE deLituanie

Antonomase Relationscommercialede l'UE avec laRussie

Est ce unnouveauMunich ?L'histoire nousdira qui avaitraison.

BBC 29/09/08 Major Généraldu SVR LevSotkov

Comparaison Guerre russo-géorgienne

Après la criseen Ossétie dusud, l'Europemoderne aplusieursleçons à tirerdes accordsde Munich...

CNN 16/11/08 ProfesseurStephenCohen,New YorkUniversity

Comparaison Élite Militairerusse accusePoutined'apaisement

Il fait biend'aller àMunich, c'estlà d'ou il vient

KommersantInternational

01/10/08 Chef de ladélégationrusse auconseil del'Europe

Comparaison Guerre russo-géorgienne

Il rappelle quela veille c'étaitles 70 ansdes accordsde Munich,suggérant queSaakashviliétait Hitler

AustralianAssociatedPress GeneralNews

29/09/08 John Howard,PM d'Australie

Comparaison Guerre contrele terrorisme

Howarddresse unparallèle entrel'apaisementd'Hitler et lecombat contrele terrorisme+ leçons deMunich

AFP 22/11/08 Vaclav Klausprésident dela républiquetchèque

Comparaison Bouclierantimissiles

Il me faitpenser àÉdouardDaladier quisigna lesaccords deMunich

World Affairs 01/01/09 Professeurd'HistoireUCLA

Antonomase Guerre russo-géorgienne

BHL agitele spectred'un nouveauMunich

Daily Star 03/02/09 Joseph Nye Référence Accordsde Munichet droit àl'autodéterminationdes peuples

Côté obscurdu droit àl'autodéterminationdes peuples

Radio FreeEurope

28/02/09 Ancienconseilleréconomiquede Poutine

Comparaison Relance desrelations USA/Russie

Je pense quecela revientà signer denouveauxaccords deMunich

Interfax 17/08/09 SVR Référence Déclassificationdes documentssur les accordsde Munich

Le seulmoyen dedéfense étaitla signature dupacte

Radio FreeEurope

21/08/09 Wikipediaversionanglaise

Référence Vision dupacte Molotov-Ribbentrop

Les accordsde Munichentérinèrentla dissolutionde laTchécoslovaquie...

FinancialTimes

30/08/09 Journaliste Référence Vision russedu pacteMolotov-Ribbentrop

Pasdifférent del'apaisementde l'Allemagnecomme lesaccords deMunich

RIA Oreanda 31/08/09 Poutine Référence Vision russesur les accordsde Munich

Le jour dela signaturedes accordsde Munich,la Polognea envoyéses troupesenvahirCieszyn etFreistadten mêmetemps queles troupesallemandes

ITAR TASS 31/08/09 Poutine Référence Vision russesur les accordsde Munich

Les Étatsoccidentauxont en signantles accords deMunich rejetéla propositionde systèmede sécuritécollectif...

AFP 01/09/09 Poutine Référence Vision russesur les accordsde Munich

Nous avonscondamnésle pacte,nous avonsle droit dedemander lamême choseaux pays quiont signé desaccords avecl'Allemagnenazie

The Observer 11/10/09 Conseiller àla sécuriténationaleukrainien

Antonomase Gel de l'entréede l'Ukrainedans l'OTAN

Gorbulinea qualifiél'accordinformelavec Moscoud'accords deMunich bis

AustralianBroadcastingCorporation

09/12/09 Leaderd'oppositionaustralienTony Albott

Comparaison Sommet deCopenhague

Il a comparéle sommet deCopenhagueà des accordsde Munich

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Annexes

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LES ACCORDS DE MUNICH DANS LE DISCOURS POLITIQUE CONTEMPORAIN

72 JOAO Alexandre

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