Indications et modalités d’administration du surfactant...

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La prise en charge de la maladie des membranes hyalines chez les nouveau-nés de plus de 32 semaines 6 e journée de néonatalogie du CHU Ste-Justine Lundi 4 décembre 2017 François Olivier, Md. MSc. FRCPC Néonatalogiste, Centre universitaire de santé McGill

Transcript of Indications et modalités d’administration du surfactant...

La prise en charge de la maladie des membranes hyalines chez les nouveau-nés

de plus de 32 semaines

6e journée de néonatalogie du CHU Ste-Justine Lundi 4 décembre 2017

François Olivier, Md. MSc. FRCPC Néonatalogiste, Centre universitaire de santé McGill

Objectifs

• Réviser l’épidémiologie & la physiopathologie de la maladie des membranes hyalines chez le nouveau-né de plus de 32 semaines

• Réviser les évidences quant à la prévention et la prise en charge de la maladie des membranes hyalines incluant les bénéfices d’administrer du surfactant

• Discuter des indications de l’administration du surfactant chez les nouveau-nés de plus de 32 semaines

• Connaître les différentes méthodes d’administration du surfactant et discuter des avantages et des inconvénients associés à chacune de ces méthodes

Cas numéro 1

• Vos collègues obstétriciens se questionnent sur la possibilité de changer leur pratique quant à l’administration de stéroïdes prénataux.

• Ils considèrent l’administration de stéroïdes prénataux pour les mères à risque de donner naissance entre 340/6 et 366/7 semaines ainsi que pour les césariennes électives sans travail avant 39 semaines.

• Ils souhaitent avoir voir opinion sur le sujet.

• Existent-ils des bénéfices démontrés quant à la prévention de la maladie des membranes hyalines dans ces 2 groupes de patients?

• Est-ce qu’il y a des effets négatifs démontrés?

Cas clinique 2

• Vous terminez une journée bien occupée et vous vous apprêtez à effectuer votre transfert médical à un collègue dans moins de 1 heure.

• Un prématuré de 33 semaines né il y a 5 heures présente une détresse respiratoire progressive.

• Il est supporté par NCPAP à une pression de 6 cm d’H2O et requiert 38% d’oxygène pour maintenir une saturation supérieure à 90%.

• Sa radiographie montre un aspect en verre dépoli avec une diminution des volumes pulmonaires.

Cas clinique 2

• Quelle option de support respiratoire devrait être utilisée initialement pour les patients atteints de MMH?

• Vous vous questionnez sur la nécessité d’administrer du

surfactant à ce patient.

• Quelles sont les indications d’administrer du surfactant à ce patient?

• Quels sont les bénéfices d’administrer du surfactant à ce patient?

La prématurité

La prématurité

• La grande prématurité • < 32 semaines

• La prématurité modérée

• 320/7 à 336/7 semaines

• La prématurité légère • 340/7 à 366/7 semaines

• ’’Early term’’

• 370/7 à 386/7 semaines

Institut de la statistique du Québec. Registre des événements démographiques.

Prématurité et morbidités

• Le taux de morbidité à la naissance double pour chaque semaine avant 38 semaines

La maladie des membranes hyalines

Incidence de la MMH

18 15

10,5 6

2,8 1 0,3 02468

101214161820

32 semaines 33 semaines 34 semaines 35 semaines 36 semaines 37 semaines 38 semaines

%

OR: 40 OR: 1.1

Pourquoi cette vulnérabilité?

Physiologie & développement pulmonaire

34% et 47% du volume pulmonaire à terme

Quadruple la surface

permettant les échanges gazeux

Physiopathologie Le déficit en surfactant

Physiopathologie

Déficit en surfactant

↑ tension de surface alvéolaire & ↓ de la complicance

Instabilité alvéolaire, ↓ de la capacité résiduelle & atélectasie

Anomalie ventilation & perfusion

Hypoxie & acidose

Réaction inflammatoire & inactivation du surfactant

"Shear stress"

Loi de Laplace: P = 2T/R

Présentation clinique

24-48 h Durée variable

Augmentation de la production endogène de

surfactant

Hypoxie, oligurie & hypercapnie

Apparition des besoins en oxygène: 2h de vie

O2: 53 heures (12 à 78) Support respiratoire: 4.5 jours (3 à 6)

CO2: 62

24-48 h Durée variable

Intubation/surfactant

CO2: 62

6.3 heures

Apparition plus précoce des besoins en oxygène chez les patients intubés (1.1 vs 2.3 heures) • 66% intubés < 12 heures • 90% intubés < 24 heures

fiO2: 45%

CO2: 66

Âge pneumothorax (heures)

0

10

20

30

40

50

60

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33

12h

24h

La prise en charge de la maladie des membranes hyalines

Prénatale &

Postnatale

Prise en charge prénatale

Stéroïdes prénataux

(NNT = 25)

Bénéfices des stéroïdes prénataux De 340/7 à 366/7 semaines

En cas de césarienne élective à terme (≥ 370/7 semaines)

De 340/7 à 366/7 semaines

• Diminution significative de l’incidence:

• TTNN (RR: 0.72, 0.56 - 0.92) • MMH sévère (RR: 0.60; 0.33 - 0.94)…...... Intubation ou fiO2 > 30% à 70%

En cas de césarienne élective à terme

• Diminution significative de l’incidence: • MMH (RR: 0.40; 0.27 - 0.59)

• MMH légère (RR: 0.43; 0.26 - 0.72)….......fiO2 < 30% • MMH modérée (RR: 0.40; 0.18 - 0.89)…........fiO2 30% à 70%

• TTNN (RR: 0.38; 0.25 – 0.57)

• Recours à la ventilation mécanique (RR: 0.19; 0.08 - 0.43) • Durée de l’administration d’oxygène (RR: -2.06 hours; -2.17 à -1.95) • Durée de séjour aux soins intensifs (RR: -7.44 jours; -7.44 à -7.43)

À tout moment de la grossesse

• L’administration de stéroïdes prénataux est associée à une augmentation significative de l’incidence d’hypoglycémie néonatale

(RR: 1.61, 1.38 to 1.87)

Il est incertain si les bénéfices de la corticothérapie sur le plan respiratoire surpassent les risques potentiels de l’hypoglycémie en période néonatale

• La population de plus de 34 semaines (facteurs de risque) pour laquelle les

bénéfices surpassent les risques n’est pas clairement identifiée

Corticostéroïdes prénataux

• L’administration de stéroïdes entre 340/7 et 366/7 est recommandée par l’American College of Obstetricians and Gynecologists1 & La ‘’Society for Maternal Fetal Medicine ’’

• La tocolyse n’est toutefois pas recommandée

• Les stéroïdes prénataux peuvent être considérés pour une césarienne élective & sans travail jusqu’à 39 semaines

• European Consensus Guidelines on the Management of RDS, 2016 • Royal College of Obstetricians and Gynecologists, 2004

Prise en charge postnatale

Support respiratoire Surfactant

Support respiratoire NCPAP

NIPPV/SiPAP/BiPAP LNHD

Utilisation prophylactique du NCPAP

CPAP nasale

• Ne pas tarder à initier un support respiratoire chez un patient avec détresse respiratoire

• Ventilation non invasive – NCPAP • Améliore la distribution des volumes pulmonaires • Augmente l’effet de réduction de la tension de surface

alvéolaire du surfactant • Prévention de l’atélectasie et du ‘’shear stress’’

Peep de 5 à 6 cm H2O

CPAP nasale

Ventilation non invasive

• La NIPPV • Ventilation nasale non invasive avec pression positive intermittente

• L’impact réel de la NIPPV

• Pression moyenne globalement plus élevée • Aucun bénéfice démontré pour ↑ volume courant et/ou ↓ diminuer le CO2

• Bénéfices incertains pour prévenir l’exposition à la ventilation mécanique vs NCPAP

• Études majoritairement chez les moins de 32 semaines

Lunette nasale à haut débit

• La lunette nasale à haut débit devrait être utilisée seulement si le NCPAP n’est pas

disponible

• Aucune donnée tangible sur le niveau de pression de support respiratoire réellement reçu par le patient

Surfactant

Évidences sur le surfactant

• Réduction de la mortalité

• Diminution du risque de : • Pneumothorax • Emphysème pulmonaire interstitiel • Maladie pulmonaire chronique • Maladie pulmonaire chronique et mortalité à 36 semaines

• Bénéfices plus marqués avec seuil d’intervention d’O2 < 45%

Il n’existe aucune évidence quant à l’utilisation du surfactant spécifique aux nouveau-nés prématurés de plus de 32 semaines

Bénéfices du surfactant chez le nouveau-né de plus de 32 semaines

• Prévention de complications à court terme en présence d’une symptomatologie modérée à sévère

• Prévenir les pneumothorax et le développement de l’insuffisance respiratoire

• Réduire la durée et l’intensité de la symptomatologie respiratoire • Réduction de la durée du support respiratoire & de l’oxygénothérapie

• Impact sur la durée d’hospitalisation peu probable

Bénéfices du surfactant chez le nouveau-né de plus de 32 semaines

• À moyen et à long terme

• L’administration de surfactant n’est pas associée à une amélioration des ‘’outcomes’’: • Neurologiques • Développementaux • Médicaux

Indications d’administrer du surfactant chez le nouveau-né de plus de 32 semaines

• Traitement de l’insuffisance respiratoire établie ou éminente • Des besoins en oxygène important ou en augmentation rapide dès les premières

heures de vie • Seuil 40% d’O2

• Signes d’insuffisance respiratoire incluant une acidose respiratoire, besoins élevés en

oxygène, développement précoce d’une hypertension pulmonaire clinique • fiO2 > 40%, pH < 7.2

• Un patient avec un diagnostic de MMH qui se retrouve intubé devrait recevoir du surfactant

• Tout patient intubé pour un transfert interhospitalier

Comment prédire le besoin de surfactant? (l’échec à la ventilation non invasive)

Jusqu’à quand peut-on administrer le surfactant?

24-48 h

Efficacité du surfactant

Besoins précoces en O2

Progression rapide des symptômes Intensité des signes de

détresse respiratoire & Besoins en O2

Anticiper les complications et le besoin éventuel d’un transport dans un centre tertiaire

Méthodes d’administration du surfactant

Intubation & INSURE

L’administration de surfactant par méthode minimalement invasive

MIST: Minimally invasive surfactant therapy LISA: Less invasive surfactant administration

LIST: Less invasive surfactant therapy

Technique minimalement invasive

Technique minimalement invasive

• Le patient demeure en respiration spontanée

pendant l’administration du surfactant

• Évitement de la ventilation mécanique et de l’administration de pression de ventilation positive invasive

Technique minimalement invasive

• Calibre de la sonde utilisée ≤ 5 French

Objectifs du MIST

• Prématurité modérée – légère

• Minimiser la durée des symptômes du syndrome de détresse respiratoire • Minimiser le risque de complication • Minimiser le recours à la ventilation mécanique

• Grande prématurité • Minimiser l’exposition à la VM & l’échec au NCPAP

• Minimiser le risque de dysplasie bronchopulmonaire • Minimiser le recours aux stéroïdes postnataux

Avantages du MIST

• Prévenir l’exposition à la ventilation mécanique tout en administrant le surfactant • Éviter la courte période de ventilation invasive associée à la méthode INSURE

• Échec d’extubation possible

• Facilite la décision d’administrer précocement du surfactant • La distribution du surfactant pourrait être plus homogène • Réduction des complications potentielles comme les fuites d’air et l’insuffisance

respiratoire

• Simplicité d’implantation • Peu de ressources nécessaires

Difficultés et inconvénients

• Sédation

• Désaturations

• Bradycardies

• Reflux de surfactant • Type de surfactant

• Positionnement du tube

Méthode Cologne

• Tube à gavage stérile de calibre 4 ou 5 French + Pince Magill • Repère à 1.5 cm de l’extrémité

• Surfactant donné en bolus sur 1 à 3 minutes

• Aspiration gastrique après la procédure

• Inconvénients: • Familiarisation avec manipulation de la pince MaGill • Plus grande adhérence du surfactant à la paroi (vs tube endotrachéal) • Déplacement possible du tube

Méthode Hobart

• Cathéter vasculaire de calibre 16 Gauges

• Surfactant donné en 3-4 bolus de 15 à 30 secondes

• Profondeur d’insertion en fonction de l’âge gestationnel • 25-26 semaines: 1 cm • 27-28 semaine: 1.5 cm • 29-32 semaines: 2 cm

• Inconvénient: • Cathéter non gradué

Types de dispositifs utilisés

• Cathéter multi-accès

fiO2 moyenne à l’intubation: 40%

Intervention group (n=24)

Control group (n=21)

ARR (95% CI) NNT (95% CI) p value

Primary outcome

33% n = 8

90% n = 19

0,57 (0,54 – 0,60) 1,75 (1,67 – 1,85) < 0,001

MIST

• L’administration de surfactant par méthode minimalement invasive comporte des bénéfices pour les prématurés de plus de 32 semaines atteints de la MMH

• Diminution de l’exposition à la ventilation mécanique & diminution de l’incidence de pneumothorax

• Permet de minimiser l’utilisation des ressources pour la prise en charge

tout en diminuant l’intensité & la durée des symptômes

• La sédation demeure un aspect de la technique qui doit faire l’objet d’amélioration

Retour sur les cas cliniques

Cas numéro 1

• Vos collègues obstétriciens se questionnent sur la possibilité de changer leur pratique quant à l’administration de stéroïdes prénataux.

• Ils considèrent l’administration de stéroïdes prénataux pour les mères à risque de donner naissance entre 340/6 et 366/7 semaines ainsi que pour les césariennes sans travail avant 39 semaines.

• Ils souhaitent avoir voir opinion sur le sujet.

• L’équilibre risques / bénéfices demeure incertain

Cas numéro 1

• Existent-ils des bénéfices démontrés quant à la prévention de la maladie des membranes hyalines chez ces 2 groupes de patients?

• Oui • Diminution du risque de MMH sévère chez le prématuré de 340/7 à 366/7

semaines • MMH légère à modéré pour le nouveau-né à terme (césarienne élective)

• Est-ce qu’il y a des effets négatifs démontrés?

• Oui • Augmentation du risque d’hypoglycémie néonatale

Cas clinique 2

• Vous terminez une journée bien occupée et vous vous apprêtez à effectuer votre transfert médical à un collègue dans moins de 1 heure.

• Un prématuré de 33 semaines né il y a 5 heures présente une détresse respiratoire progressive.

• Il est supporté par NCPAP à une pression de 6 cm d’H2O et requiert 38% d’oxygène pour maintenir une saturation supérieure à 90%.

• Sa radiographie montre un aspect en verre dépoli avec une diminution des volumes pulmonaires.

Cas clinique 2 • Quelle option de support respiratoire devrait être utilisée initialement pour les patients atteints

de MMH? • NCPAP

• Vous vous questionnez sur la nécessité d’administrer du surfactant à ce patient. • Quelles sont les indications d’administrer du surfactant à ce patient?

• S’il présente des signes d’insuffisance respiratoire • Besoins élevés en oxygène O2 > 40%, acidose respiratoire (pH < 7.2)

• S’il doit être intubé pour un transfert

• Quels sont les bénéfices d’administrer du surfactant à ce patient? • Prévenir les complications respiratoires à court terme

• Pneumothorax & insuffisance respiratoire • Diminuer la durée des symptômes de la MMH

• Diminution potentielle de la durée de l’oxygénothérapie et du support respiratoire

Messages clés de la prise en charge de la MMH

• Les bénéfices des stéroïdes prénataux au-delà de 34 semaines demeurent incertains • Monitoring de la glycémie essentiel chez le nouveau-né

• Le NCPAP précoce est la méthode de prise en charge à favoriser pour la MMH

• Le surfactant doit être considéré chez les patients avec symptômes modérés/sévères ou d’évolution rapide dans les premières heures de vies

• Les avantages de l’administration de surfactant au-delà de 24 heures de vie sont limités

Questions