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Index des textes à exploiter (au 1 er octobre 2006) La numérotation est arbitraire On trouvera en cliquant sur les titres les textes référencés et traduits, avec quelques premières pistes d’exploitation Fich e Titre / Auteur / Texte Objets d’étude En Français / Lettres En Langues anciennes 3 L’amitié Cicéron :De l’amitié Démontrer, convaincre, persuader (2 e ) Délibérer, l’essai (1 ère ) Délibérer (Tale) 4 Scipion et moi Cicéron :De l’amitié Démontrer, convaincre, persuader (2 e ) Délibérer, l’essai (1 ère ) 5 Moi, Cicéron, je fais partie des grands ! Cicéron, Catilinaires Eloge et blâme (2 e ) Un grand orateur : Cicéron (2 e ) 6 Antoine est un monstre ! Cicéron, Philippiques Eloge et blâme (2 e ) Un grand orateur : Cicéron (2 e ) 7 La bataille de Salamine Eschyle, Les Perses Le récit épique (2 e ) Vie démocratique et lieux d’Athènes (2 e ) 8 Camille, une amazone impitoyable Virgile : Enéide Le récit épique (2 nde ) La poésie (1 ère ) Histoire et épopée (2 nde ) Un grand poète : Virgile (Te) 9 « Être partout, c’est être nulle part » Sénèque : Lettres à Lucilius Démontrer, convaincre, persuader (2 e ) L’épistolaire (1 ère ) Délibérer (1 ère ) Délibérer (Te) 10 A la presqu’île de Sirmio Catulle : Poésies Eloge (2 nde ) La poésie (1 ère ) Expression de soi et choix de vie (1 ère ) 11 Plaintes d’Ariane abandonnée par Thésée Blâme (2 nde ) La poésie (1 ère ) Expression de soi et choix de vie (1 ère 1

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Index des textes à exploiter (au 1er octobre 2006)

La numérotation est arbitraireOn trouvera en cliquant sur les titres les textes référencés et traduits, avec quelques premières

pistes d’exploitation

Fiche Titre / Auteur / Texte Objets d’étudeEn Français / Lettres En Langues anciennes

3 L’amitiéCicéron :De l’amitié

Démontrer, convaincre, persuader (2e) Délibérer, l’essai (1ère)

Délibérer (Tale)

4 Scipion et moi Cicéron :De l’amitié

Démontrer, convaincre, persuader (2e) Délibérer, l’essai (1ère)

5 Moi, Cicéron, je fais partie des grands !

Cicéron, Catilinaires

Eloge et blâme (2e) Un grand orateur : Cicéron (2e)

6 Antoine est un monstre !Cicéron, Philippiques

Eloge et blâme (2e) Un grand orateur : Cicéron (2e)

7 La bataille de Salamine Eschyle, Les Perses

Le récit épique (2e) Vie démocratique et lieux d’Athènes (2e)

8 Camille, une amazone  impitoyable 

Virgile : Enéide

Le récit épique (2nde)La poésie (1ère)

Histoire et épopée (2nde)Un grand poète : Virgile (Te)

9 « Être partout, c’est être nulle part »

Sénèque : Lettres à Lucilius

Démontrer, convaincre, persuader (2e) L’épistolaire (1ère)Délibérer (1ère)

Délibérer (Te)

10 A la presqu’île de Sirmio Catulle : Poésies

Eloge (2nde)La poésie (1ère)

Expression de soi et choix de vie (1ère)

11 Plaintes d’Ariane abandonnée par Thésée

Catulle : Poésies

Blâme (2nde)La poésie (1ère)

Expression de soi et choix de vie (1ère

12 Grandeur de le Rome antique Properce : Elégies

Eloge et blâme (2nde)  La perte des valeurs (Tale)

13 Lettre de Pénélope à Ulysse Ovide, Héroïdes

L’épistolaire comme genre poétique et fictif (1ère)Les réécritures (1ère)

Expression de soi et choix de vie (1ère)

14 « Jeune fille, cueille les roses… »

Ausone, Naissance des roses

La poésie (1ère)La Renaissance (1ère)

Expression de soi et choix de vie (1ère)

15 Le vieillard de Vérone Claudien, Idylles

Eloge (2nde)

16 Sagesse et bonheur de la vie rurale

Virgile, Géorgiques

Eloge (2nde)La poésie (1ère)

Expression de soi et choix de vie (1ère)  Un grand poète : Virgile (Te)

17 Le professeur idéal Quintilien, Institution

oratoire

Démontrer, convaincre, persuader (2e) 

Latin : Sciences et techniques (1ère)

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Cicéron, De amicitia, 20-22

Définition de l’amitié

Suggestions diversesA rapprocher de La Fontaine « Les Deux amis » et « Les deux Pigeons » ; Essai de Montaigne sur l’amitié ; les couples d’amis célèbres.

http://www.thelatinlibrary.com/cicero/amic.shtml#20

[20] Quanta autem vis amicitiae sit, ex hoc intellegi maxime potest, quod ex infinita societate generis humani, quam conciliavit ipsa natura, ita contracta res est et adducta in angustum ut omnis caritas aut inter duos aut inter paucos iungeretur. Est enim amicitia nihil aliud nisi omnium divinarum humanarumque rerum cum benevolentia et caritate consensio; qua quidem haud scio an excepta sapientia nihil melius homini sit a dis immortalibus datum. Divitias alii praeponunt, bonam alii valetudinem, alii potentiam, alii honores, multi etiam voluptates. Beluarum hoc quidem extremum, illa autem superiora caduca et incerta, posita non tam in consiliis nostris quam in fortunae temeritate. Qui autem in virtute summum bonum ponunt, praeclare illi quidem, sed haec ipsa virtus amicitiam et gignit et continet nec sine virtute amicitia esse ullo pacto potest. [21] Iam virtutem ex consuetudine vitae sermonisque nostri interpretemur nec eam, ut quidam docti, verborum magnificentia metiamur virosque bonos eos, qui habentur, numeremus, Paulos, Catones, Galos, Scipiones, Philos; his communis vita contenta est; eos autem omittamus, qui omnino nusquam reperiuntur. [22] Talis igitur inter viros amicitia tantas opportunitates habet quantas vix queo dicere. Principio qui potest esse vita 'vitalis', ut ait Ennius, quae non in amici mutua benevolentia conquiescit? Quid dulcius quam habere quicum omnia audeas sic loqui ut tecum? Qui esset tantus fructus in prosperis rebus, nisi haberes, qui illis aeque ac tu ipse gauderet? adversas vero ferre difficile esset sine eo qui illas gravius etiam quam tu ferret. Denique ceterae res quae expetuntur opportunae sunt singulae rebus fere singulis, divitiae, ut utare, opes, ut colare, honores, ut laudere, voluptates, ut gaudeas, valetudo, ut dolore careas et muneribus fungare corporis; amicitia res plurimas continet; quoquo te verteris, praesto est, nullo loco excluditur, numquam intempestiva, numquam molesta est; itaque non aqua, non igni, ut aiunt, locis pluribus utimur quam amicitia. Neque ego nunc de vulgari aut de mediocri, quae tamen ipsa et delectat et prodest, sed de vera et perfecta loquor, qualis eorum qui pauci nominantur fuit. Nam et secundas res splendidiores facit amicitia et adversas partiens communicansque leviores.

Traduction sur Itinera electronica :

http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_amitie/lecture/6.htm

L'amitié n'est autre chose en effet qu'un accord en toutes choses divines et humaines auquel se joignent la bienveillance et l'affection mutuelles; certes, à part la sagesse, je ne crois pas que les dieux immortels aient rien donné de meilleur à l'homme. Il y en a qui préfèrent les richesses, d'autres la santé, d'autres encore la puissance, les honneurs, beaucoup le plaisir. Cette dernière préférence a quelque chose de bestial, quant aux autres objets de désir, la possession en est précaire, incertaine, elle dépend moins de nos propres résolutions que de la fortune aveugle. Identifier, comme le font les philosophes dont nous parlions tout à l'heure, le souverain bien à la vertu, c'est très beau, mais observez que la vertu précisément engendre et maintient l'amitié que, sans la vertu, l'amitié ne peut exister en aucune façon. J'ajoute que nous avons ici à définir la vertu en nous fondant sur l'expérience de la vie réelle et ne devons pas adopter comme mesure des formules trop ambitieuses mais ranger parmi les gens de bien ceux qu'on tient pour tels, un Paul-Émile, un Caton, un Galus, un Scipion, un Philus; de tels hommes suffisent à toutes les exigences de la vie commune; quant à ces sages introuvables, nous les laisserons de côté. L'amitié entre gens

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de cette qualité a, en toutes circonstances, des douceurs telles que j'ai peine à les traduire en paroles. Et d'abord conçoit-on une vie qui en vaille la peine, comme dit Ennius, s'il lui manque le repos que donne à l'âme la bienveillance mutuelle d'un ami pour son ami? Quoi de plus délicieux que d'avoir quelqu'un avec qui l'on ne craint pas de s'entretenir comme avec soi-même? Que deviendrait le plaisir que nous goûtons, quand la fortune nous sourit, s'il ne se trouvait personne pour en jouir autant que nous ! Et quand, au contraire, nous sommes malheureux, nous aurions peine à le supporter sans quelqu'un qui s'en affecte encore plus que nous. Les autres objets du désir enfin conviennent chacun à une fin généralement unique, la richesse sert à satisfaire nos besoins matériels, l'influence fait qu'on est recherché, les honneurs nous valent de la considération, les plaisirs des jouissances, la santé nous affranchit de la douleur et permet à l'organisme de s'acquitter de ses fonctions; l'amitié s'étend à presque tout ce qui est de la vie : quoi que l'on se propose, elle est prête à offrir son concours, elle n'est étrangère à rien de ce qui nous intéresse, jamais elle ne paraît intempestive, jamais elle ne pèse; et ainsi, dans la plupart des circonstances, c'est moins d'eau et de feu que nous avons besoin, comme on dit, que d'amitié. Je ne parle pas ici d'une amitié vulgaire ou seulement moyenne, encore que même à ce niveau l'amitié ait déjà du charme et de l'utilité, je parle d'une amitié vraie, parfaite comme celle qui unissait les amis peu nombreux dont on cite les noms. En vérité, je vous le dis, l'amitié rend plus clairs les jours heureux et, dans les mauvais, elle allège notre peine en y prenant part, en la faisant sienne.

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Cicéron, De amicitia, 103-104

L’amitié qui liait Cicéron et Scipion Emilien (surnommé le second Africain)

http://www.thelatinlibrary.com/cicero/amic.shtml#103

[102] […] Mihi quidem Scipio, quamquam est subito ereptus, vivit tamen semperque vivet; virtutem enim amavi illius viri, quae exstincta non est; nec mihi soli versatur ante oculos, qui illam semper in manibus habui, sed etiam posteris erit clara et insignis. Nemo umquam animo aut spe maiora suscipiet, qui sibi non illius memoriam atque imaginem proponendam putet.[103] Equidem ex omnibus rebus quas mihi aut fortuna aut natura tribuit, nihil habeo quod cum amicitia Scipionis possim comparare. In hac mihi de re publica consensus, in hac rerum privatarum consilium, in eadem requies plena oblectationis fuit. Numquam illum ne minima quidem re offendi, quod quidem senserim, nihil audivi ex eo ipse quod nollem; una domus erat, idem victus, isque communis, neque solum militia, sed etiam peregrinationes rusticationesque communes. [104] Nam quid ego de studiis dicam cognoscendi semper aliquid atque discendi? in quibus remoti ab oculis populi omne otiosum tempus contrivimus. Quarum rerum recordatio et memoria si una cum illo occidisset, desiderium coniunctissimi atque amantissimi viri ferre nullo modo possem. Sed nec illa exstincta sunt alunturque potius et augentur cogitatione et memoria mea, et si illis plane orbatus essem, magnum tamen adfert mihi aetas ipsa solacium. Diutius enim iam in hoc desiderio esse non possum. Omnia autem brevia tolerabilia esse debent, etiamsi magna sunt.

Traduction sur Itinera electronica :http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_amitie/lecture/27.htm

Scipion, qui m'a été si brutalement enlevé, vit encore et vivra toujours pour moi. J'ai aimé sa vertu et sa vertu demeure. Ce n'est pas seulement moi qui l'ai constamment devant les yeux après l'avoir longtemps touchée en quelque sorte de la main, elle brillera d'un vif éclat pour la postérité. Nul n'entreprendra jamais rien de grand, nul n'aura de haut espoir sans évoquer le souvenir de ce que fut Scipion et avoir son exemple présent à l'esprit.

Aussi, de tous les biens que je tiens de la fortune ou de la nature, il n'en est pas que je puisse comparer à l'amitié de Scipion. Accord de sentiments en politique, sages avis sur les affaires privées, délassements pleins de charmes, cette amitié contenait tout cela. Jamais je n'ai cru sentir que j'eusse blessé Scipion en quoi que ce fût, jamais je n'ai entendu de lui un mot qui me fût pénible. Sa maison était la mienne, notre façon de vivre la même, tout était commun entre nous, non seulement nous avons aux armées servi ensemble mais nous avons aussi voyagé ensemble, séjourné ensemble à la campagne. Que dirai-je de notre goût commun pour l'étude, de notre commun désir d'accroître notre savoir? Ce fut, loin des yeux de la multitude, l'occupation de tous nos loisirs. Si le souvenir toujours présent à mon esprit de tous ces liens avait péri avec lui, je ne pourrais certes supporter la perte d'un ami avec qui j'ai vécu dans une telle intimité et de qui j'ai reçu tant de marques d'affection. Mais, loin de s'éteindre, ce souvenir trouve en moi de nouveaux aliments, ma pensée fortifie ces liens et, si même je venais à en être privé, mon âge serait encore pour moi un sujet de consolation : je n'ai pas devant moi bien du temps à passer dans le regret et il n'est mal qui ne soit supportable quand il doit durer peu.

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Un auto-éloge politique : Cicéron, Catilinaires, IV, 20-21

Moi, Cicéron, je fais partie des grands !

Suggestions : les discours politiques « bilans d’aujourd’hui…

http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_CatilinaIV/lecture/10.htm

[4,10] X. Maintenant, pères conscrits, avant de revenir à l'objet de la délibération, je vous parlerai un instant de moi-même. Autant la république renferme de conjurés, et vous voyez qu'elle en renferme un grand nombre, autant je me suis fait d'implacables ennemis. Mais leur faiblesse égale leur haine, et lé mépris est tout ce que je dois à cette foule abjecte et déshonorée. Si pourtant, soulevée contre moi par l'audace et le crime, elle venait quelque jour à prévaloir contre l'auguste protection du sénat et des lois, jamais, pères conscrits, je ne me repentirai de mes actions ni de mes conseils. En effet, la mort; dont peut-être ils me menacent, est le destin commun des hommes; mais la gloire dont vos décrets ont honoré ma vie n'échut encore en partage qu'à moi seul. Vous avez décerné à mille autres des félicitations publiques pour avoir bien servi la patrie; je suis le premier qui en reçoive pour l'avoir sauvée.

Honneur au grand Scipion , dont le génie et la valeur forcèrent Annibal de retourner en Afrique et d'abandonner l'Italie! Honneur au second Africain, destrücteur des deux villes les plus ennemies de cet empire, Carthage et Numance ! Célébrons les faits héroïques de Paul- Émile, qui vit Persée, un monarque jadis si puissant et si renommé, attaché en esclave à son char de triomphe. Proclamons la gloire éternelle de Marius, qui deux fois sauva l'Italie de l'invasion des barbares et du joug étranger. Au-dessus de ces grands noms, plaçons le grand nom de Pompée, dont les exploits et les vertus embrassent la même carrière que le soleil, et n'ont de limites que celles du monde. Au milieu de toutes ces gloires; ma gloire trouvera sans doute quelque place; car s'il est beau de nous ouvrir, en, conquérant des provinces, les routes de l'univers, il est beau aussi de conserver aux héros absents pour la victoire, une patrie où ils puissent revenir triomphants.

http://www.thelatinlibrary.com/cicero/cat4.shtml#20

[20] Nunc, antequam ad sententiam redeo, de me pauca dicam. Ego, quanta manus est coniuratorum, quam videtis esse permagnam, tantam me inimicorum multitudinem suscepisse video; sed eam esse iudico turpem et infirmam et [contemptam et] abiectam. Quodsi aliquando alicuius furore et scelere concitata manus ista plus valuerit quam vestra ac rei publicae dignitas, me tamen meorum factorum atque consiliorum numquam, patres conscripti, paenitebit. Etenim mors, quam illi [mihi] fortasse minitantur, omnibus est parata; vitae tantam laudem, quanta vos me vestris decretis honestastis, nemo est adsecutus. Ceteris enim bene gesta, mihi uni conservata re publica gratulationem decrevistis. [21] Sit Scipio clarus ille, cuius consilio atque virtute Hannibal in Africam redire atque [ex] Italia decedere coactus est, ornetur alter eximia laude Africanus, qui duas urbes huic imperio infestissimas, Carthaginem Numantiamque, delevit, habeatur vir egregius Paulus ille, cuius currum rex potentissimus quondam et no bilissimus Perses honestavit, sit aeterna gloria Marius, qui bis Italiam obsidione et metu servitutis liberavit, anteponatur omnibus Pompeius, cuius res gestae atque virtutes isdem quibus solis cursus regionibus ac terminis continentur; erit profecto inter horum laudes aliquid loci nostrae gloriae, nisi forte maius est patefacere nobis provincias, quo exire possimus, quam curare, ut etiam illi, qui absunt, habeant, quo victores revertantur.

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Cicéron, 4ème philippique, 12-16

Antoine est un monstre !

Suggestions : le blâme politique, le registre polémique, la « diabolisation de l’adversaire politique

http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_PhilippiquesIV/lecture/5.htm

Vous n'avez pas affaire, Romains, à un homme méchant et, scélérat, mais à un monstre farouche et cruel. Puisqu'il est tombé dans le piége, il faut l'accabler : car, s'il en sort, il n'est aucun supplice que sa cruauté voudra se refuser; mais nous le tenons, nous le pressons, nous le serrons avec les troupes que déjà nous avons, et bientôt avec celles que, dans peu de jours, les nouveaux consuls vont mettre sur pied. Continuez, Romains, à signaler pour votre cause l'ardeur que vous avez déjà montrée. Jamais plus grand n'a été votre accord dans aucune occasion ; jamais si fortement vous n'avez été unis avec le sénat. Faut-il s'en étonner? Il ne s'agit pas de savoir à quelle condition nous vivrons, mais si nous vivrons, ou si nous devons périr dans les supplices et dans l'opprobre. Bien que la mort soit imposée à tous les hommes par la loi de la nature, une mort cruelle et déshonorante doit être repoussée par la vertu, et cette vertu est inséparable de la race et du sang romains. Conservez-la, je vous en prie, Romains, cette vertu, noble héritage que vous ont légué vos ancêtres. Si tous les autres biens sont incertains, périssables, changeants, la seule vertu est attachée à l'âme par les plus profondes racines; jamais aucune force ne peut l'ébranler, ni l'arracher. C'est par cette vertu que vos ancêtres ont d'abord triomphé de l'Italie entière, puis renversé Carthage, détruit Numance, et forcé les plus puissants monarques, les nations les plus belliqueuses à subir le joug de cet empire.

Mais vos ancêtres, Romains, avaient à combattre un ennemi qui avait un gouvernement, un sénat, un trésor, des citoyens unis entre eux d'intérêts et de sentiments; un ennemi qui savait, si l'occasion l'exigeait, tenir compte de la paix et des traités. Votre ennemi actuel attaque votre gouvernement sans en avoir aucun ; il brûle de détruire le sénat, cet auguste conseil de l'univers, et lui-même ne préside aucun conseil public ; votre trésor, il l'a épuisé, et n'en a point à lui. Quant à l'accord des citoyens, peut-il s'en appuyer, celui qui n'a plus de patrie? Et quel traité de paix pourrait respecter celui dont la cruauté est incroyable, dont la loyauté est nulle? Oui, mes concitoyens, le peuple romain, vainqueur de toutes les nations, n'a donc à combattre qu'un assassin, un brigand, un Spartacus. Ce n'est pas qu'il ne se fasse gloire de ressembler à Catilina il l'égale en scélératesse; en talent il lui est inférieur. Catilina, qui n'avait point d'armée, sut tout à coup s'en créer une; l'armée qu'il avait, Antoine n'a su que la perdre. Vous avez, par mon activité, par l'autorité du sénat, par votre dévouement et votre courage, brisé Catilina; et, pour ce qui est d'Antoine, bientôt vous apprendrez que votre accord avec le sénat, accord le plus parfait qui ait jamais existé, et que les succès et le courage de vos armées et de vos généraux auront fait justice de son criminel brigandage. Et moi, tout ce que, par mes soins, mes efforts, mes veilles, mon influence, mes conseils, il me sera donné d'entreprendre et d'accomplir, je ne m'y épargnerai point pour tout ce que je croirai devoir intéresser votre liberté. Après les bienfaits inestimables dont vous m'avez comblé, je ne pourrais sans crime trahir cette liberté. Aujourd'hui même, pour la première fois, sur le rapport d'un homme aussi énergique qu'il vous est dévoué, de M. Servilius ici présent et de ses collègues, personnages si distingués, citoyens si estimables, nous avons pu, après un long intervalle, à ma voix et à mon exemple, nous enflammer de l'espoir de la liberté.

http://www.thelatinlibrary.com/cicero/phil4.shtml#12

[12] Non est vobis res, Quirites, cum scelerato homine ac nefario, sed cum immani taetraque belua, quae quoniam in foveam incidit, obruatur. Si enim illinc emerserit, nullius supplicii crudelitas erit recusanda. Sed tenetur, premitur, urguetur nunc iis copiis, quas [iam] habemus, mox iis, quas paucis diebus novi consules comparabunt. Incumbite in causam, Quirites, ut facitis. Numquam maior consensus vester in ulla causa fuit, numquam tam vehementer cum senatu consociati fuistis. Nec mirum; agitur enim, non qua condicione victuri, sed victurine simus an cum supplicio ignominiaque perituri.

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[13] Quamquam mortem quidem natura omnibus proposuit, crudelitatem mortis et dedecus virtus propulsare solet, quae propria est Romani generis et seminis. Hanc retinete, quaeso, quam vobis tamquam hereditatem maiores vestri reliquerunt. Nam cum alia omnia falsa, incerta sint, caduca, mobilia, virtus est una altissimis defixa radicibus; quae numquam vi ulla labefactari potest, numquam demoveri loco. Hac virtute maiores vestri primum universam Italiam devicerunt, deinde Karthaginem exciderunt, Numantiam everterunt, potentissimos reges, bellicosissimas gentes in dicionem huius imperii redegerunt.

[14] Ac maioribus quidem vestri, Quirites, cum eo hoste res erat, qui haberet rem publicam, curiam, aerarium, consensum et concordiam civium, rationem aliquam, si ita res tulisset, pacis et foederis; hic vester hostis vestram rem publicam oppugnat, ipse habet nullam; senatum, id est orbis terrae consilium, delere gestit, ipse consilium publicum nullum habet; aerarium vestrum exhausit, suum non habet; nam concordiam civium qui habere potest, nullam cum habet civitatem? pacis vero quae potest esse cum eo ratio, in quo est incredibilis crudelitas, fides nulla?

[15] Est igitur, Quirites, populo Romano, victori omnium gentium, omne certamen cum percussore, cum latrone, cum Spartaco. Nam quod se similem esse Catilinae gloriari solet, scelere par est illi, industria inferior. Ille cum exercitum nullum habuisset, repente conflavit; hic eum exercitum, quem accepit, amisit. Ut igitur Catilinam diligentia mea, senatus auctoritate, vestro studio et virtute fregistis, sic Antoni nefarium latrocinium vestra cum senatu concordia tanta, quanta numquam fuit, felicitate et virtute exercituum ducumque vestrorum brevi tempore oppressum audietis.

[16] Equidem quantum cura, labore, vigiliis, auctoritate, consilio eniti atque efficere potero, nihil praetermittam, quod ad libertatem vestram pertinere arbitrabor; neque enim id pro vestris amplissimis in me beneficiis sine scelere facere possum. Hodierno autem die primum referente viro fortissimo vobisque amicissimo, hoc M. Servilio, collegisque eius, ornatissimis viris, optimis civibus, longo intervallo me auctore et principe ad spem libertatis exarsimus.

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Eschyle, Les Perses, v. 384-432

La bataille de Salamine

Suggestion : le récit épique

texte bilingue sur Philoctetes pages 50-57Format PDF : on peut choisir ses pages dans un menu déroulant puis sélectionner et copier

http://philoctetes.free.fr/eschyleperses.htm

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Virgile, Enéide, XI, 648-698 

Camille, une « amazone » impitoyable

http://www.thelatinlibrary.com/vergil/aen11.shtml

At medias inter caedes exsultat Amazonunum exserta latus pugnae, pharetrata Camilla,et nunc lenta manu spargens hastilia denset,               650nunc ualidam dextra rapit indefessa bipennem;aureus ex umero sonat arcus et arma Dianae.illa etiam, si quando in tergum pulsa recessit,spicula conuerso fugientia derigit arcu.at circum lectae comites, Larinaque uirgo               655Tullaque et aeratam quatiens Tarpeia securim,Italides, quas ipsa decus sibi dia Camilladelegit pacisque bonas bellique ministras:quales Threiciae cum flumina Thermodontispulsant et pictis bellantur Amazones armis,               660seu circum Hippolyten seu cum se Martia curruPenthesilea refert, magnoque ululante tumultufeminea exsultant lunatis agmina peltis. Quem telo primum, quem postremum, aspera uirgo,deicis? aut quot humi morientia corpora fundis?               665Eunaeum Clytio primum patre, cuius apertumaduersi longa transuerberat abiete pectus.sanguinis ille uomens riuos cadit atque cruentammandit humum moriensque suo se in uulnere uersat.tum Lirim Pagasumque super, quorum alter habenas               670suffuso reuolutus equo dum colligit, alterdum subit ac dextram labenti tendit inermem,praecipites pariterque ruunt. his addit AmastrumHippotaden, sequiturque incumbens eminus hastaTereaque Harpalycumque et Demophoonta Chromimque;               675quotque emissa manu contorsit spicula uirgo,tot Phrygii cecidere uiri. procul Ornytus armisignotis et equo uenator Iapyge fertur,cui pellis latos umeros erepta iuuencopugnatori operit, caput ingens oris hiatus               680et malae texere lupi cum dentibus albis,agrestisque manus armat sparus; ipse cateruisuertitur in mediis et toto uertice supra est.hunc illa exceptum (neque enim labor agmine uerso)traicit et super haec inimico pectore fatur:               685'siluis te, Tyrrhene, feras agitare putasti?aduenit qui uestra dies muliebribus armisuerba redargueret. nomen tamen haud leue patrummanibus hoc referes, telo cecidisse Camillae.' Protinus Orsilochum et Buten, duo maxima Teucrum                690corpora, sed Buten auersum cuspide fixitloricam galeamque inter, qua colla sedentislucent et laeuo dependet parma lacerto;Orsilochum fugiens magnumque agitata per orbemeludit gyro interior sequiturque sequentem;               695tum ualidam perque arma uiro perque ossa securimaltior exsurgens oranti et multa precanticongeminat; uulnus calido rigat ora cerebro.

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Traduction sur Itinera electronica :

http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/AeneisXI/lecture/13.htm

Mais au milieu des massacres bondit une Amazone,le flanc découvert pour mieux combattre; c'est Camille avec son carquois.

11, 650 Tantôt son bras répand une pluie serrée de souples javelots,tantôt sa droite, infatigable, brandit une forte hache à deux tranchants.Sur son épaule, sonnent l'arc d'or et les armes de Diane.Et quand, poussée dans le dos, elle se replie,tout en fuyant elle retourne encore son arc et lance ses traits.

11, 655 Autour d'elle, ses compagnes de prédilection, la vierge Larina,et Tulla, et Tarpéia qui agite une hache de bronze;ce sont des filles d'Italie que la divine Camille s'est choisiespour l'honorer et la servir, dans la paix comme dans la guerre :telles ces femmes de Thrace lorsqu'elles frappent les flots du Thermodon,

11, 660 ces Amazones qui guerroient avec des armes peintes,autour d'Hippolyté, ou lorsque la fille de Mars, Penthésilée,se retire sur son char, et que dans un grand tumulte et des hurlements,des troupes de femmes bondissent avec des boucliers en forme de lune.Qui est la première victime de ton trait, ô vierge farouche, qui la dernière ?

11, 665 Combien de corps étends-tu, moribonds, sur le sol ?Il y a d'abord Eunée, le fils de Clytius, là devant elle,la poitrine découverte, qu'elle transperce d'une longue pique de bois.Vomissant des flots de sang , il tombe, mord la terre sanglanteet en mourant s'enroule autour de sa blessure.

11, 670 Ensuite Liris, et sur lui Pagase; l'un, que son cheval effondré avait jeté à terre,tentait de rassembler les rênes; l'autre s'approchait de luiet, le voyant glisser, lui tendait une main désarmée.Tous deux, tête en avant, se sont écroulés en même temps.Camille envoie les rejoindre Amastrus, fils d'Hippotès, et, de loin poursuit

11, 675 les pressant de sa lance, Térée et Harpalycus, puis Démophoon et Chromis.Chacun des traits brandis et lancés par la main de la viergefait tomber un héros phrygien. Au loin apparaît Ornytus, le chasseur,avec ses armes singulières et son cheval iapyge :une peau de jeune taureau couvre les larges épaules du guerrier;

11, 680 la gueule béante et les mâchoires d'un loupaux crocs blancs protègent son énorme tête,et un épieu grossier arme ses mains; il va et vientparmi les escadrons qu'il domine de toute la tête.Camille le cueille sans difficulté, la colonne venant de tourner bride;

11, 685 elle le transperce, et pleine d'agressivité, elle ajoute  :"Te croyais-tu, Tyrrhénien, en train de poursuivre des bêtes dans tes forêts ?Il est arrivé le jour où des armes de femme ont confondu votre jactance.Pourtant, il ne manque pas d'éclat le titre que tu emporteraschez les mânes de tes pères : être tombé sous le trait de Camille."

11, 690 Sans attendre elle abat Orsiloque et Butès, deux des Troyensles plus élevés en taille. Comme Butès lui tournait le dos, elle le transperçad'une pique entre la cuirasse et le casque, là où on voit luire le cou du cavalier,

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au bras gauche, là où pend le bouclier. Devant Orsiloque,elle fuit d'abord décrivant autour de lui un large cercle, puis le berne,

11, 695 l'enfermant à l'intérieur du cercle. De poursuivie, elle devient poursuivante.Se dressant alors de toute sa hauteur, de sa hache puissante elle frappe deux foisl'armure et les os de l'homme qui se répand en prières et supplications;la cervelle s'échappe toute tiède de la blessure et lui inonde le visage.

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Sénèque, Lettres à Lucilius, II

« Être partout, c’est être nulle part »

Suggestion : à rapprocher de textes contre le zapping (ou butinage, ou dispersion) culturel…

http://www.thelatinlibrary.com/sen/seneca.ep1.shtml

II. SENECA LUCILIO SUO SALUTEM [1] Ex iis quae mihi scribis et ex iis quae audio bonam spem de te concipio: non discurris nec locorum mutationibus inquietaris. Aegri animi ista iactatio est: primum argumentum compositae mentis existimo posse consistere et secum morari. [2] Illud autem vide, ne ista lectio auctorum multorum et omnis generis voluminum habeat aliquid vagum et instabile. Certis ingeniis immorari et innutriri oportet, si velis aliquid trahere quod in animo fideliter sedeat. Nusquam est qui ubique est. Vitam in peregrinatione exigentibus hoc evenit, ut multa hospitia habeant, nullas amicitias; idem accidat necesse est iis qui nullius se ingenio familiariter applicant sed omnia cursim et properantes transmittunt. [3] Non prodest cibus nec corpori accedit qui statim sumptus emittitur; nihil aeque sanitatem impedit quam remediorum crebra mutatio; non venit vulnus ad cicatricem in quo medicamenta temptantur; non convalescit planta quae saepe transfertur; nihil tam utile est ut in transitu prosit. Distringit librorum multitudo; itaque cum legere non possis quantum habueris, satis est habere quantum legas. [4] 'Sed modo' inquis 'hunc librum evolvere volo, modo illum.' Fastidientis stomachi est multa degustare; quae ubi varia sunt et diversa, inquinant non alunt. Probatos itaque semper lege, et si quando ad alios deverti libuerit, ad priores redi. Aliquid cotidie adversus paupertatem, aliquid adversus mortem auxili compara, nec minus adversus ceteras pestes; et cum multa percurreris, unum excerpe quod illo die concoquas. [5] Hoc ipse quoque facio; ex pluribus quae legi aliquid apprehendo. Hodiernum hoc est quod apud Epicurum nanctus sum - soleo enim et in aliena castra transire, non tamquam transfuga, sed tamquam explorator -: 'honesta' inquit 'res est laeta paupertas'. [6] Illa vero non est paupertas, si laeta est; non qui parum habet, sed qui plus cupit, pauper est. Quid enim refert quantum illi in arca, quantum in horreis iaceat, quantum pascat aut feneret, si alieno imminet, si non acquisita sed acquirenda computat? Quis sit divitiarum modus quaeris? primus habere quod necesse est, proximus quod sat est. Vale.

Traduction : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/sen%5FluciliusI/lecture/2.htm

Ce que tu m’écris et ce que j’apprends me fait bien espérer de toi. Tu ne cours pas çà et là, et ne te jettes pas dans l’agitation des déplacements. Cette mobilité est d’un esprit malade. Le premier signe, selon moi, d’une âme bien réglée, est de se fixer, de séjourner avec soi, Or prends-y garde : la lecture d’une foule d’auteurs et d’ouvrages de tout genre pourrait tenir du caprice et de l’inconstance. Fais un choix d’écrivains pour t’y arrêter et te nourrir de leur génie, si tu veux y puiser des souvenirs qui te soient fidèles. C’est n’être nulle part que d’être partout. Ceux dont la vie se passe à voyager finissent par avoir des milliers d’hôtes et pas un ami. Même chose arrive nécessairement à qui néglige de lier commerce avec un auteur favori pour jeter en courant un coup d’oeil rapide sur tous à la fois. La nourriture ne profite pas, ne s’assimile pas au corps, si elle est rejetée aussitôt que prise. Rien n’entrave une guérison comme de changer sans cesse de remèdes ; on n’arrive point à cicatriser une plaie où les appareils ne sont qu’essayés. On ne fortifie pas un arbuste par de fréquentes transplantations. Il n’est chose si utile qui puisse l’être en passant. La multitude des livres dissipe l’esprit. Ainsi, ne pouvant lire tous ceux que tu aurais, c’est assez d’avoir ceux que tu peux lire. « Mais j’aime à feuilleter tantôt l’un, tantôt l’autre. » C’est le fait d’un estomac affadi, de ne goûter qu’un peu de tout : ces aliments divers et qui se combattent l’encrassent ; ils ne nourrissent point. Lis donc habituellement les livres les plus estimés ; et si parfois tu en prends d’autres, comme distraction, par fantaisie, reviens vite aux premiers. Fais chaque jour provision de quelque arme contre la pauvreté, contre la mort, contre tous les autres fléaux ; et de plusieurs pages parcourues, choisis une pensée pour la bien digérer ce jour-là. C’est aussi ce que je fais : dans la foule des choses que j’ai lues, je m’empare d’un trait unique. Voici mon butin d’aujourd’hui, c’est chez Épicure que je l’ai trouvé ; car j’ai coutume aussi de mettre le pied dans le camp ennemi, non comme transfuge, mais comme éclaireur : « La belle chose, s’écrie-t-il, que le contentement dans la pauvreté ! » Mais il n’y a plus pauvreté, s’il y a contentement. Ce n’est point d’avoir peu, c’est de désirer plus, qu’on est pauvre. Qu’importe combien cet homme a dans ses coffres, combien dans ses greniers, ce qu’il engraisse de troupeaux, ce qu’il touche d’intérêts, s’il dévore en espoir le bien d’autrui, s’il suppute non ce qu’il a acquis, mais ce qu’il voudrait acquérir ! « Quelle est la mesure de la richesse ? » diras-tu. D’abord le nécessaire, ensuite ce dont on se contente.

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Catulle, Poésies, XXXIA la presqu'île de Sirmio

Suggestion : en contrepoint d’  « Heureux qui comme Ulysse » de Du Bellay

http://www.thelatinlibrary.com/catullus.shtml#31

XXXI. ad Sirmium insulam PAENE insularum, Sirmio, insularumqueocelle, quascumque in liquentibus stagnismarique uasto fert uterque Neptunus,quam te libenter quamque laetus inuiso,uix mi ipse credens Thuniam atque Bithunosliquisse campos et uidere te in tuto.o quid solutis est beatius curis,cum mens onus reponit, ac peregrinolabore fessi uenimus larem ad nostrum,desideratoque acquiescimus lecto?hoc est quod unum est pro laboribus tantis.salue, o uenusta Sirmio, atque ero gaudegaudente, uosque, o Lydiae lacus undae,ridete quidquid est domi cachinnorum

http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/Catulle_poemes/lecture/4.htm

O Sirmio, perle de toutes les presqu'îles et de toutes les îles que l'un et l'autre Neptune porte dans les lacs limpides et dans la vaste mer, quel plaisir, quelle joie de te revoir! (5) J'ose à peine croire que j'ai quitté la Thynie et les champs Bithyniens et que je puis te regarder sans crainte. Oh! quel plus doux bonheur que d'être délié de ses peines, quand notre âme dépose son fardeau; quand, fatigués de nos lointains voyages, nous revenons à notre Lare (10) et que nous trouvons enfin le repos sur un lit si longtemps regretté! C'est le seul fruit de tant de peines. Salut, charmante Sirmio, réjouis-toi du retour de ton maître: réjouissez-vous aussi, ondes du lac de Lydie; riez tous, tant que vous êtes chez moi, cortège des Ris!

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Catulle, Poésies, LXIV, 133-168 

Reproches d’Ariane à Thésée

Suggestion : en illustration de Phèdre ?

Sicine me patriis auectam, perfide, ab arisperfide, deserto liquisti in litore, Theseu?sicine discedens neglecto numine diuum,immemor a! deuota domum periuria portas?nullane res potuit crudelis flectere mentisconsilium? tibi nulla fuit clementia praesto,immite ut nostri uellet miserescere pectus?at non haec quondam blanda promissa dedistiuoce mihi, non haec miserae sperare iubebas,sed conubia laeta, sed optatos hymenaeos,quae cuncta aereii discerpunt irrita uenti.nunc iam nulla uiro iuranti femina credat,nulla uiri speret sermones esse fideles;quis dum aliquid cupiens animus praegestit apisci,nil metuunt iurare, nihil promittere parcunt:sed simul ac cupidae mentis satiata libido est,dicta nihil metuere, nihil periuria curant.certe ego te in medio uersantem turbine letieripui, et potius germanum amittere creui,quam tibi fallaci supremo in tempore dessem.pro quo dilaceranda feris dabor alitibusquepraeda, neque iniacta tumulabor mortua terra.quaenam te genuit sola sub rupe leaena,quod mare conceptum spumantibus exspuit undis,quae Syrtis, quae Scylla rapax, quae uasta Carybdis,talia qui reddis pro dulci praemia uita?si tibi non cordi fuerant conubia nostra,saeua quod horrebas prisci praecepta parentis,attamen in uestras potuisti ducere sedes,quae tibi iucundo famularer serua labore,candida permulcens liquidis uestigia lymphis,purpureaue tuum consternens ueste cubile.sed quid ego ignaris nequiquam conquerar auris,externata malo, quae nullis sensibus auctaenec missas audire queunt nec reddere uoces?ille autem prope iam mediis uersatur in undis,nec quisquam apparet uacua mortalis in alga.

Traduction :

http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/Catulle_poemes/lecture/9.htm

"Ainsi donc, perfide, perfide Thésée, après m'avoir ravie aux autels de mon père, tu m'as laissée sur cette plage déserte? Ainsi donc, au mépris de la puissance des dieux, (135) tu t'éloignes, plein d'ingratitude, hélas! et tu retournes dans ta patrie, chargé du poids d'un parjure maudit? Rien n'a donc pu fléchir le cruel dessein de ton esprit! Nulle clémence n'était donc en toi pour que ton coeur impitoyable consentît à me prendre en pitié! Ce ne sont pas là les promesses que m'avait faites (140) ta voix caressante, l'espoir dont tu berçais ta malheureuse amante, mais de joyeuses noces, mais un hymen objet de tous mes voeux... Frivoles promesses que les vents emportent dans les airs! Qu'aucune femme désormais n'ajoute foi aux promesses d'un homme, n'espère entendre de la bouche d'un homme des paroles sincères! (145) Quand ils sont embrasés du désir

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d'obtenir quelque chose, aucun serment ne leur coûte, aucune promesse ne les retient; mais, une fois satisfaite la fantaisie de leur âme avide, ils n'hésitent pas devant les promesses, ils n'ont aucun souci des parjures. "Et pourtant, c'est moi qui t'ai sauvé, lorsqu'une mort certaine tournait autour de toi; (150) moi qui ai sacrifié mon propre frère, plutôt que d'abandonner un perfide comme toi en ce moment suprême. Pour prix de tant d'amour, me voici livrée, proie qu'ils vont dévorer, aux bêtes et aux oiseaux; je vais mourir sans qu'un peu de terre soit jeté sur mes restes. Quelle lionne t'a donné le jour sous un roc solitaire? (155) Quelle mer, une fois conçu, t'a vomi de ses flots d'écume? Sont-ce les Syrtes ou la dévorante Scylla ou la vaste Charybde qui t'ont donné l'être, toi qui me payes ainsi de la douceur de vivre? Si les ordres barbares et terribles de ton vieux père éloignaient ton coeur de cet hymen, (160) ne pouvais-tu du moins me conduire dans ta demeure? esclave soumise, il m'eût été doux de te servir, de laver tes pieds blancs dans une eau limpide, de couvrir ton lit de tapis de pourpre. "Mais pourquoi, malheureuse, dans mon égarement, fatiguer de mes plaintes (165) les brises ignorantes, qui, insensibles à mes cris, ne peuvent ni entendre les paroles qui m'échappent ni me répondre. Lui cependant, il vogue déjà en pleine mer, et nul mortel ne s'offre à mes yeux parmi ces algues désertes.

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Properce, Elégies, IV, I, 1-64, 67-70 

Grandeur de la Rome antique

Suggestion : Thèmes de l’âge d’or et de la décadence (le débat sur le luxe entre Rousseau et Voltaire au 18ème)

"Hoc, quodcumque uides, hospes, qua maxima Roma est,    ante Phrygem Aenean collis et herba fuit;atque ubi Nauali stant sacra Palatia Phoebo,    Euandri profugae concubuere boues.fictilibus creuere deis haec aurea templa,    nec fuit opprobrio facta sine arte casa;Tarpeiusque pater nuda de rupe tonabat,    et Tiberis nostris aduena bubus erat.qua gradibus domus ista Remi se sustulit, olim    unus erat fratrum maxima regna focus.curia, praetexto quae nunc nitet alta senatu,    pellitos habuit, rustica corda, Patres.bucina cogebat priscos ad uerba Quiritis:    centum illi in prato saepe senatus erat.nec sinuosa cauo pendebant uela theatro,    pulpita sollemnis non oluere crocos.nulli cura fuit externos quaerere diuos,    cum tremeret patrio pendula turba sacro,annuaque accenso celebrante Parilia faeno,    qualia nunc curto lustra nouantur equo.Vesta coronatis pauper gaudebat asellis,    ducebant macrae uilia sacra boues.parua saginati lustrabant compita porci,    pastor et ad calamos exta litabat ouis.uerbera pellitus saetosa mouebat arator,    unde licens Fabius sacra Lupercus habet.nec rudis infestis miles radiabat in armis:    miscebant usta proelia nuda sude.prima galeritus posuit praetoria Lycmon,    magnaque pars Tatio rerum erat inter ouis.hinc Tities Ramnesque uiri Luceresque Soloni,    quattuor hinc albos Romulus egit equos.quippe suburbanae parua minus urbe Bouillae    et, qui nunc nulli, maxima turba Gabi.et stetit Alba potens, albae suis omine nata,    ac tibi Fidenas longa erat isse uia.nil patrium nisi nomen habet Romanus alumnus:    sanguinis altricem non pudet esse lupam.huc melius profugos misisti, Troia, Penatis;    heu quali uecta est Dardana puppis aue!iam bene spondebant tunc omina, quod nihil illam    laeserat abiegni uenter apertus equi,cum pater in nati trepidus ceruice pependit,    et uerita est umeros urere flamma pios.tunc animi uenere Deci Brutique secures,    uexit et ipsa sui Caesaris arma Venus,arma resurgentis portans uictricia Troiae:    felix terra tuos cepit, Iule, deos,si modo Auernalis tremulae cortina Sibyllae    dixit Auentino rura pianda Remo,aut si Pergameae sero rata carmina uatis

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    longaeuum ad Priami uera fuere caput:"uertite equum, Danai! male uincitis! Ilia tellus    uiuet, et huic cineri Iuppiter arma dabit."optima nutricum nostris lupa Martia rebus,    qualia creuerunt moenia lacte tuo!moenia namque pio coner disponere uersu:    ei mihi, quod nostro est paruus in ore sonus!sed tamen exiguo quodcumque e pectore riui    fluxerit, hoc patriae seruiet omne meae.Ennius hirsuta cingat sua dicta corona:    mi folia ex hedera porrige, Bacche, tua,ut nostris tumefacta superbiat Vmbria libris,    Vmbria Romani patria Callimachi!scandentis quisquis cernit de uallibus arces,    ingenio muros aestimet ille meo!Roma, faue, tibi surgit opus, date candida ciues    omina, et inceptis dextera cantet auis!sacra diesque canam et cognomina prisca locorum:    has meus ad metas sudet oportet equus."

Traduction : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/Properce_elegiesIV/lecture/1.htm

Avant Énée le Troyen, cette Rome, dont l'étranger admire la grandeur, était une colline couverte de pâturages. Les troupeaux fugitifs d'Évandre ont foulé cet espace où s'élèvent des autels consacrés à Apollon. Ces temples d'or ont dû leur magnificence à des dieux d'argile. Alors on ne dédaignait pas une chaumière construite sans art ; Jupiter tonnait du haut de la roche Tarpéienne encore déserte, et nos génisses paissaient sur les bords du Tibre, comme aux bords d'un fleuve étranger. Quand Romulus se fondait une demeure aux rives du Tibre, le foyer d'une humble cabane était presque tout son empire. Ce sénat, qui brille aujourd'hui sous la pourpre et dans les palais, était composé d'hommes aux vêtements grossiers et aux coeurs rustiques. Le son de la trompe convoquait aux assemblées ces anciens Romains : c'étaient cent pâtres réunis souvent dans une prairie. Des draperies ondoyantes ne flottaient point au cintre des théâtres, et la scène n'exhalait pas les plus doux parfums. Personne ne cherchait alors des divinités étrangères. Une pieuse terreur enchaînait le peuple au sacrifice antique. Chaque année, on célébrait par un feu de paille ces fêtes de Palès, qui terminent aujourd'hui nos lustres par la mutilation d'un coursier généreux. Vesta, aimait alors à voir traîner sa modeste statue par des ânes couronnés de fleurs ; des boeufs chétifs conduisaient nos vases sacrés de vil prix ; on immolait, dans un étroit carrefour, un porc engraissé; le berger offrait les entrailles d'une brebis au son du chalumeau ; le laboureur, couvert de peaux, agitait dans l'air ses lanières velues, et telle fut l'origine de ces Lupercales licencieuses, que célèbre la famille des Fabius. Alors un soldat novice ne rayonnait point sous l'acier homicide, mais on combattait nu avec des bâtons durcis au feu. Lucumon fut le premier à couvrir sa tête d'un casque, à rassembler au camp les guerriers, tandis que Tatius cherchait dans les troupeaux sa force et son opulence. Romulus, Lucumon, Tatius, tels sont les chefs que Rome a reconnus pour ses fondateurs ; et, avec ces hommes antiques, Romulus a promené en triomphe ses quatre chevaux blancs. Rome alors voyait loin d'elle le faubourg de Boville ; elle redoutait la puissance des Gabiens, qui n'existent plus ; elle tremblait au nom d'Albe, ainsi appelée d'une laie blanche, et qui partageait la route autrefois si longue jusqu'à Fidènes. Aujourd'hui, les descendants de Romulus n'ont conservé de leurs pères que le nom ; ils rougissent que leur fondateur ait eu jadis une louve pour nourrice. Heureuse Ilion ! était-il pour tes dieux fugitifs un plus bel asile, une route sous de meilleurs auspices pour le vaisseau d'Énée ? Lorsque Anchise tremblant se courbait sur les épaules de son fils , et que les flammes respectaient tant de piété, mille présages annonçaient avec vérité que ces guerriers, vomis des flancs entr'ou-verts du cheval de bois, ne sauraient te nuire. Avec tes dieux, l'Italie reçut encore le dévouement de Decius, l'inflexibilité de Brutus, et ces armes victorieuses, que Vénus elle-même apportait pour son Auguste, ces armes, la gloire de Troie renaissante ! O Iule, quelle terre fortunée adopta tes pénates, s'il est vrai que l'antre prophétique de l'antique Sibylle ait accordé à Romulus de pouvoir expier le meurtre de son frère ; s'il est vrai que Cassandre, dont les prédictions contre le vieux Priam ne trouvèrent qu'une foi tardive, fut cependant

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inspirée des dieux, quand elle s'écriait : Grecs, emmenez le cheval qui vous donne une victoire funeste. Ilion vivra, et Jupiter fournira à ses cendres des armes nouvelles. O louve de Mars, nourrice vraiment digne de notre empire, comme elle a grandi, cette ville à qui tu donnas ton lait ! Mais quoi ? je veux dans mon pieux enthousiasme chanter les merveilles de Rome ? Hélas ! que ma voix est faible pour tant de grandeur ! Cependant quelques sons chétifs qui s'écoulent de ma poitrine, je les voue entièrement à la gloire de mon pays. Qu'Ennius couronne ses chefs-d'oeuvre d'une branche de laurier : pour moi, je ne réclame de Bacchus que quelques feuilles de lierre, afin que l'Ombrie s'enorgueillisse de mes écrits, et qu'elle soit fière du Callimaque romain. Oui, quand on verra ses villes qui s'élèvent du fond des vallées, qu'on les honore pour mon génie ! Et toi, Rome, favorise des chants qui t'immortalisent. Applaudissez, Romains ; et que j'entende sur ma tête, comme un augure non moins heureux, le chant propice des oiseaux. Je chanterai la religion de Rome, ses fêtes et ses vieux édifices. Voilà sur quelle route mes coursiers vont se couvrir de sueur.

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Ovide : Héroïdes, I, 47-78

Lettre de Pénélope à Ulysse

http://www.thelatinlibrary.com/ovid/ovid.her1.shtml

Sed mihi quid prodest vestris disiecta lacertis     Ilios et, murus quod fuit, esse solum,si maneo, qualis Troia durante manebam,     virque mihi dempto fine carendus abest?               50diruta sunt aliis, uni mihi Pergama restant,     incola captivo quae bove victor arat.iam seges est, ubi Troia fuit, resecandaque falce     luxuriat Phrygio sanguine pinguis humus;semisepulta virum curvis feriuntur aratris               55     ossa, ruinosas occulit herba domos.victor abes, nec scire mihi, quae causa morandi,     aut in quo lateas ferreus orbe, licet!Quisquis ad haec vertit peregrinam litora puppim,     ille mihi de te multa rogatus abit,               60quamque tibi reddat, si te modo viderit usquam,     traditur huic digitis charta notata meis.nos Pylon, antiqui Neleia Nestoris arva,     misimus; incerta est fama remissa Pylo.misimus et Sparten; Sparte quoque nescia veri.               65     quas habitas terras, aut ubi lentus abes?utilius starent etiamnunc moenia Phoebi—     irascor votis, heu, levis ipsa meis!scirem ubi pugnares, et tantum bella timerem,     et mea cum multis iuncta querela foret.                70quid timeam, ignoro—timeo tamen omnia demens,     et patet in curas area lata meas.quaecumque aequor habet, quaecumque pericula tellus,     tam longae causas suspicor esse morae.haec ego dum stulte metuo, quae vestra libido est,               75     esse peregrino captus amore potes.forsitan et narres, quam sit tibi rustica coniunx,     quae tantum lanas non sinat esse rudes.

Traduction :http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/Ovide_heroides/lecture/1.htm

Mais que me sert qu'Ilion ait été renversée par vos bras, et que ses antiques remparts soient au niveau du sol, si je reste ce que j'étais lorsque Troie résistait à vos armes,

[1,50] si l'absence de mon époux ne doit point avoir de terme ? Détruite pour les autres, pour moi seule Pergame est encore debout ; et cependant des boeufs captifs y promènent la charrue d'un étranger vainqueur. Déjà croît la moisson dans les champs où fut Troie, et la terre, engraissée du sang phrygien, offre au tranchant de la faux une riche culture. Le soc recourbé heurte les ossements à demi ensevelis des guerriers ; l'herbe couvre les maisons ruinées. Vainqueur, tu restes absent, et je ne puis apprendre ni la cause de ce retard, ni dans quel lieu du monde tu te caches, insensible à mes larmes. Quiconque dirige vers ces rivages sa poupe étrangère,[1,60] ne s'en éloigne qu'après que je l'ai pressé de nombreuses questions sur ta destinée ; je confie à ses mains un écrit tracé de la mienne, et qu'il doit te remettre, si toutefois il parvient à te voir quelque part. Nous

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avons envoyé à Pylos, où règne le fils de Nélée, le vieux Nestor ; des nouvelles incertaines nous ont été rapportées de Pylos ; nous avons envoyé à Sparte ; Sparte ignore aussi la vérité. Quelle terre habites-tu, et en quel lieu prolonges-tu ton absence ? J'aurais gagné davantage à ce que les remparts de Troie subsistassent encore ( hélas ! inconséquente, je m'irrite contre mes propres voeux !); je saurais où tu combats ; je ne craindrais que la guerre ;

1,70] et ma crainte serait commune à beaucoup d'autres. Je ne sais ce que je crains ; cependant je crains tout, dans mon égarement, et un vaste champ est ouvert à mes inquiétudes. Tous les périls que recèle la mer, tous ceux que recèle la terre, je les soupçonne d'être la cause de si longs retards. Tandis que je me livre follement à ces pensées, peut-être (car quels ne sont pas vos caprices ! ) peut-être es-tu retenu par l'amour sur une rive étrangère. Peut-être parles-tu avec mépris de la rusticité de ton épouse, qui ne sait que dégrossir la laine des troupeaux

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Ausone, Idylles, les roses

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Jeune fille, cueille la rose…

Suggestion : rapprochement avec Horace, Ronsard, le thème du carpe diem, avec Sido de Colette (promenade matinale)

Je n’ai pas encore trouvé le texte latin ; le voici en français avec des notes en liens hypertextes

http://remacle.org/bloodwolf/historiens/ausone/idylles.htm#XIV

XIV. Les rosesi[278].C’était au printemps : la douce haleine du matin et sa piquante fraîcheur annonçaient le retour doré du jour. La brise froide encore, qui précédait les coursiers de l’Aurore, invitait à devancer les feux du soleil. J’errais par les sentiers et les carrés arrosés d’un jardin, dans l’espoir de me ranimer aux émanations du matin. Je vis la bruine peser suspendue sur les herbes couchées, ou retenue sur la tige des légumes ; et, sur les larges feuilles du chou, se jouer les gouttes rondes et lourdes encore de cette eau céleste. Je vis les riants rosiers que cultive Paestum briller humides au nouveau lever de Lucifer. Çà et là, sur les arbrisseaux chargés de brouillards, luisait une blanche perle qui devait mourir aux premiers rayons du jourii[279]. On doute si l’Aurore emprunte aux roses son éclat vermeil, ou si le jour naissant donne à ces fleurs la nuance qui les colore iii[280]. Même rosée, même teinte, même grâce matinale à toutes deux ; car l’étoile et la fleur ont pour reine Vénus : même parfum peut-être mais le parfum de l’une se dissipe dans les hautes régions des airs iv[281] : plus rapproché, on respire mieux le parfum de l’autre. Déesse de l’étoile et déesse de la fleur, la divinité de Paphos a voulu leur donner à toutes deux la couleur de la pourpre.

Le moment était venu où les germes naissants de ces fleurs allaient se développer en même temps. L’une verdoie couverte encore d’un étroit chapeau de feuilles : l’autre se nuance déjà d’un rouge filet de pourpre. Celle-ci commence à découvrir la cime effilée de son haut obélisque, et laisse poindre sa tête empourprée :

celle-là déploie le voile étendu sur son front, avide déjà de faire compter ses feuilles nombreuses ; et sans plus attendre elle étale les richesses de son riant calice, et livre au jour la poussière dorée qu’il renferme. Une d’entre elles, qui rayonnait naguère de tous les feux de sa chevelure, pâlit abandonnée de ses feuilles qui

tombent. J’admirais les rapides ravages du temps dans sa fuite, et ces roses que je voyais éclore tout ensemble et vieillirv[282]. Et voici que la chevelure empourprée de la fleur radieuse se détache au moment où je parle, et

la terre brille jonchée de sa rouge dépouille. Et toutes ces formes, toutes ces naissances, toutes ces transformations variées, un seul jour les produit, un seul jour les enlève. Nous nous plaignons, nature, que la beauté des fleurs soit fugitive : les biens que tu nous montres, tu les ravis aussitôt. La durée d’un jour est la

durée que vivent les roses : la puberté pour elles touche à la vieillesse qui les tue. Celle que l’étoile du matin a vue naître, à son retour le soir elle la voit flétrie. Mais tout est bien : car, si elle doit périr en peu de jours, elle

a des rejetons qui lui succèdent et prolongent sa vie. Jeune fille, cueille la rose, pendant que sa fleur estnouvelle et que nouvelle est ta jeunesse, et souviens-toi que ton âge est passager comme elle vit.

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i

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Claudien, Idylles, IX

Eloge de l’immobilité…

Suggestions : éloge de la simplicité paysanne ; Les Géorgiques de Virgile (cf. infra) ; le Vieillard de Tarente de Virgile ; Racan, Stances ; Mellin de Sain-Gelais ; « Heureux qui comme Ulysse » de Du Bellay.

Texte latin non encore trouvé

Texte en français scanné :

Heureux celui qui a passé sa vie dans le champ paternel, que la même maison voit tour à tour enfant et vieillard, qui, s’aidant d’un bâton sur le sable où il a rampé, compte les longues générations qu'a connues une seule chaumière ! La fortune ne l'a pas entraîné dans son changeant tumulte, et il n'a point, étranger nomade, bu des eaux inconnues. Marchand, il n'a pas redouté les flots, ni, soldat, les clairons ; il n'a pas eu à supporter non plus les débats du rauque forum. Ne sachant rien des affaires, ignorant la ville voisine, il jouit de l'aspect du ciel en toute liberté. C'est par l'alternance des récoltes, non par le nom du consul en charge, qu'il compte l'année ; les fruits lui marquent l'automne, les fleurs le printemps. Le même champ voit le coucher et le retour du soleil, et, en bon paysan, il mesure le jour à son seul horizon. Il se souvient d'avoir vu cet énorme chêne naître d'un petit germe ; et ce taillis qui est de son âge, il l'a vu vieillir avec lui. Vérone qui est tout près lui semble plus lointaine que les noirs Indiens, et le lac Benacus, lui semble le rivage de la Mer Rouge. Mais pourtant ses forces n'ont pas faibli, et la troisième génération voit en lui un aïeul robuste aux bras solides. Qu'un autre erre et aux confins du monde découvre les Hibères, c'est mon vieillard qui a le plus vécu, si l'autre a plus couru.Idylles, IX.

Notes : les noirs Indiens : les Ethiopiens / le lac Benacus = le lac de Garde / les Hibères : peuple qui habitait entre la Caucase et l’Arménie, donc à la limite du monde connu des Romains.

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iii

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iv

vVirgile, Géorgiques, II, 458, 535

Sagesse et bonheur de la vie rurale

Suggestions : éloge de la simplicité paysanne, pages de Rousseau et voir texte de Claudien supra

http://www.thelatinlibrary.com/vergil/geo2.shtml

O fortunatos nimium, sua si bona norint,agricolas! quibus ipsa procul discordibus armisfundit humo facilem uictum iustissima tellus.               460si non ingentem foribus domus alta superbismane salutantum totis uomit aedibus undam,nec uarios inhiant pulchra testudine postisinlusasque auro uestis Ephyreiaque aera,alba neque Assyrio fucatur lana ueneno,               465nec casia liquidi corrumpitur usus oliui;at secura quies et nescia fallere uita,diues opum uariarum, at latis otia fundis,speluncae uiuique lacus, at frigida tempemugitusque boum mollesque sub arbore somni               470non absunt; illic saltus ac lustra ferarumet patiens operum exiguoque adsueta iuuentus,sacra deum sanctique patres; extrema per illosIustitia excedens terris uestigia fecit.     Me uero primum dulces ante omnia Musae,               475quarum sacra fero ingenti percussus amore,accipiant caelique uias et sidera monstrent,defectus solis uarios lunaeque labores;unde tremor terris, qua ui maria alta tumescantobicibus ruptis rursusque in se ipsa residant,               480quid tantum Oceano properent se tingere soleshiberni, uel quae tardis mora noctibus obstet.sin has ne possim naturae accedere partisfrigidus obstiterit circum praecordia sanguis,

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rura mihi et rigui placeant in uallibus amnes,               485flumina amem siluasque inglorius. o ubi campiSpercheosque et uirginibus bacchata LacaenisTaygeta! o qui me gelidis conuallibus Haemisistat, et ingenti ramorum protegat umbra!felix qui potuit rerum cognoscere causas               490atque metus omnis et inexorabile fatumsubiecit pedibus strepitumque Acherontis auari:fortunatus et ille deos qui nouit agrestisPanaque Siluanumque senem Nymphasque sorores.illum non populi fasces, non purpura regum               495flexit et infidos agitans discordia fratres,aut coniurato descendens Dacus ab Histro,non res Romanae perituraque regna; neque illeaut doluit miserans inopem aut inuidit habenti.quos rami fructus, quos ipsa uolentia rura               500sponte tulere sua, carpsit, nec ferrea iurainsanumque forum aut populi tabularia uidit.sollicitant alii remis freta caeca, ruuntquein ferrum, penetrant aulas et limina regum;hic petit excidiis urbem miserosque penatis,               505ut gemma bibat et Sarrano dormiat ostro;condit opes alius defossoque incubat auro;hic stupet attonitus rostris, hunc plausus hiantemper cuneos geminatus enim plebisque patrumquecorripuit; gaudent perfusi sanguine fratrum,               510exsilioque domos et dulcia limina mutantatque alio patriam quaerunt sub sole iacentem.agricola incuruo terram dimouit aratro:hic anni labor, hinc patriam paruosque nepotessustinet, hinc armenta boum meritosque iuuencos.               515nec requies, quin aut pomis exuberet annusaut fetu pecorum aut Cerealis mergite culmi,prouentuque oneret sulcos atque horrea uincat.uenit hiems: teritur Sicyonia baca trapetis,glande sues laeti redeunt, dant arbuta siluae;               520et uarios ponit fetus autumnus, et altemitis in apricis coquitur uindemia saxis.interea dulces pendent circum oscula nati,casta pudicitiam seruat domus, ubera uaccaelactea demittunt, pinguesque in gramine laeto               525inter se aduersis luctantur cornibus haedi.ipse dies agitat festos fususque per herbam,ignis ubi in medio et socii cratera coronant,te libans, Lenaee, uocat pecorisque magistrisuelocis iaculi certamina ponit in ulmo,               530corporaque agresti nudant praedura palaestra.hanc olim ueteres uitam coluere Sabini,hanc Remus et frater; sic fortis Etruria creuitscilicet et rerum facta est pulcherrima Roma,septemque una sibi muro circumdedit arces.               535ante etiam sceptrum Dictaei regis et anteimpia quam caesis gens est epulata iuuencis,aureus hanc uitam in terris Saturnus agebat;necdum etiam audierant inflari classica, necdumimpositos duris crepitare incudibus ensis.               540     Sed nos immensum spatiis confecimus aequor,

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et iam tempus equum fumantia soluere colla.

Traduction http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/GeorgII/lecture/5.htm

Heureux qui a pu connaître les causes des choses et qui a mis sous ses pieds toutes les craintes, et l'inexorable destin, et le bruit de l'avare Achéron! Mais fortuné aussi celui qui connaît les dieux champêtres, et Pan, et le vieux Silvain, et les Nymphes soeurs! Celui-là, ni les faisceaux du peuple, ni la pourpre des rois ne l'ont fléchi, ni la discorde poussant des frères sans foi, ni le Dace descendant de l'Ister conjuré, ni les affaires de Rome, ni les royaumes destinés à périr; celui-là ne voit autour de lui ni indigents à plaindre miséricordieusement, ni riches à envier.Les fruits que donnent les rameaux, ceux que donnent d'elles-mêmes les bienveillantes campagnes, il les cueille sans connaître ni les lois d'airain ni le forum insensé ni les archives du peuple. D'autres, avec des rames, tourmentent les flots aveugles, se ruent contre le fer et pénètrent dans les cours et les palais des rois; l'un conspire la destruction d'une ville et de malheureux pénates, pour boire dans une gemme et dormir sur la pourpre de Sarra; l'autre enfouit ses richesses et couve l'or qu'il a enterré; celui-ci reste en extase devant les rostres; celui-là demeure bouche bée devant les applaudissements qui parcourent redoublés les gradins de la plèbe et ceux des sénateurs;d'autres se plaisent à se baigner dans le sang de leurs frères, échangent contre l'exil leurs demeures et leurs seuils si doux, et recherchent une patrie située sous d'autres cieux. Le laboureur fend la terre de son areau incurvé : c'est de là que découle le labeur de l'année; c'est par là qu'il sustente sa patrie et ses petits enfants, ses troupeaux de boeufs et ses jeunes taureaux qui l'ont bien mérité. Pour lui, point de relâche, qu'il n'ait vu l'année regorger de fruits, ou accroître son bétail, ou multiplier le chaume cher à Cérès, et son sillon se charger d'une récolte sous laquelle s'affaissent ses greniers. Vient l'hiver : les pressoirs broient la baie de Sicyone;les cochons rentrent engraissés de glandée; les forêts donnent leurs arbouses, et l'automne laisse tomber ses fruits variés, et là-haut, sur les rochers exposés au soleil, mûrit la douce vendange. Cependant ses enfants câlins suspendus à son cou se disputent ses baisers; sa chaste demeure observe la pudicité; ses vaches laissent pendre leurs mamelles pleines de lait, et ses gros chevreaux, cornes contre cornes, luttent entre eux sur le riant gazon. Lui aussi a ses jours de fête, où, allongé sur l'herbe, tandis qu'au milieu brûle un feu sacré et que ses compagnons couronnent les cratères, il t'invoque, Lénéen, avec une libation,puis invite les gardiens du troupeau à lancer un rapide javelot sur la cible d'un orme et à dépouiller leurs corps rudes pour la palestre champêtre. Telle est la vie que menèrent jadis les vieux Sabins, telle fut celle de Rémus et de son frère. Ainsi grandit sans doute la vaillante Étrurie; ainsi Rome devint la merveille du monde et seule dans son enceinte renferma sept collines. Même avant que le roi du Dicté eût pris en main le sceptre, et avant qu'une race impie se fût nourrie de la chair des taureaux égorgés, telle fut la vie que menait sur les terres Saturne d'or: on n'avait point alors entendu encore souffler dans les clairons,ni sur les dures enclumes crépiter les épées. Mais nous avons fourni une immense carrière, et voici qu'il est temps de détacher du joug les cols fumants des chevaux.

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Quintilien, Institution oratoire, II, 2

Le professeur idéal

Suggestions : textes sur l’éducation, en particulier Montaigne, « De l’institution des enfants », Fénélon, Rousseau…

http://www.thelatinlibrary.com/quintilian/quintilian.institutio2.shtml

II. De moribus et officiis praeceptoris. [1] Ergo cum ad eas in studiis uires peruenerit puer ut quae prima esse praecepta rhetorum diximus mente consequi possit, tradendus eius artis magistris erit. Quorum in primis [2] inspici mores oportebit: quod ego non idcirco potissimum in hac parte tractare sum adgressus quia non in ceteris quoque doctoribus idem hoc examinandum quam diligentissime putem, sicut testatus sum libro priore, sed quod magis necessariam [3] eius rei mentionem facit aetas ipsa discentium. Nam et adulti fere pueri ad hos praeceptores transferuntur et apud eos iuuenes etiam facti perseuerant, ideoque maior adhibenda tum cura est, ut et teneriores annos ab iniuria sanctitas docentis custodiat et ferociores a licentia grauitas deterreat. [4] Neque uero sat est summam praestare abstinentiam, nisi disciplinae seueritate conuenientium quoque ad se mores adstrinxerit. Sumat igitur ante omnia parentis erga discipulos suos animum, ac succedere se in eorum locum a quibus sibi liberi [5] tradantur existimet. Ipse nec habeat uitia nec ferat. Non austeritas eius tristis, non dissoluta sit comitas, ne inde odium, hinc contemptus oriatur. Plurimus ei de honesto ac bono sermo sit: nam quo saepius monuerit, hoc rarius castigabit; minime iracundus, nec tamen eorum quae emendanda erunt dissimulator, simplex in docendo, patiens laboris, adsiduus [6] potius quam inmodicus. Interrogantibus libenter respondeat, non interrogantes percontetur ultro. In laudandis discipulorum dictionibus nec malignus nec effusus, quia [7] res altera taedium laboris, altera securitatem parit. In emendando quae corrigenda erunt non acerbus minimeque conementumeliosus; nam id quidem multos a propo studendi [8] fugat, quod quidam sic obiurgant quasi oderint. Ipse aliquid, immo multa cotidie dicat quae secum auditores referant. Licet enim satis exemplorum ad imitandum ex lectione suppeditet, tamen uiua illa, ut dicitur, uox alit plenius, praesupcipueque praeceptoris quem discipuli, si modo recte sunt instituti, et amant et uerentur. Vix autem dici potest quanto libentius imitemur eos quibus fauemus. [9] Minime uero permittenda pueris, ut fit apud plerosque, adsurgendi exultandique in laudando licentia: quin etiam iuuenum modicum esse, cum audient, testimonium debet. Ita fiet ut ex iudicio praeceptoris discipulus pendeat, atque [10] id se dixisse recte quod ab eo probabitur credat. Illa uero uitiosissima, quae iam humanitas uocatur, inuicem qualiacumque laudandi cum est indecora et theatralis et seuere institutis scholis aliena, tum studiorum perniciosissima hostis: superuacua enim uidentur cura ac labor parata quidquid [11] effuderint laude. Vultum igitur praeceptoris intueri tam qui audiunt debent quam ipse qui dicit: ita enim probanda atque improbanda discernent; sic stilo facultas conprotinget, [12] auditione iudicium. At nunc proni

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atque succincti ad omnem clausulam non exsurgunt modo uerum etiam excurrunt et cum indecora exultatione conclamant. Id mutuum est et ibi declamationis fortuna. Hinc tumor et uana de se persuasio usque adeo ut illo condiscipulorum tumultu inflati, si parum a praeceptore laudentur, ipsi de illo male sentiant. [13] Sed se quoque praeceptores intente ac modeste audiri uelint: non enim iudicio discipulorum dicere debet magister, sed discipulus magistri. Quin, si fieri potest, intendendus animus in hoc quoque, ut perspiciat quae quisque et quo modo laudet, et placere quae bene dicet non suo magis quam eorum nomine delectetur qui recte iudicabunt. [14] Pueros adulescentibus permixtos sedere non placet mihi. Nam etiamsi uir talis qualem esse oportet studiis moribusque praepositum modestam habere potest etiam iuuentutem, tamen uel infirmitas a robustioribus separanda est, et carendum non solum crimine turpitudinis uerum etiam suspicione. [15] Haec notanda breuiter existimaui. Nam ut absit ab ultimis uitiis ipse ac schola ne praecipiendum quidem credo. Ac si quis est qui flagitia manifesta in eligendo filii praeceptore non uitet, iam hinc sciat cetera quoque, quae ad utilitatem iuuentutis componere conamur, esse sibi hac parte omissa superiuuenuacua.

Traduction :http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/quintilienII/lecture/2.htm

II. Des moeurs et des devoirs du professeur.

Lorsque l'enfant sera en état de comprendre les premiers préceptes de rhétorique, dont nous avons parlé, il faudra le mettre entre les mains des rhéteurs. Mais le premier soin sera de s'assurer de leurs moeurs. Si je me suis déterminé à traiter ici ce point plutôt qu'ailleurs, ce n'est pas que je croie qu'on ne doive pas apporter la même précaution dans le choix des autres maîtres, ainsi que je l'ai témoigné dans le livre précédent; mais, paree que l'âge même des élèves m'oblige plus particulièrement à m'y arrêter. En effet, les enfants sont d'ordinaire adultes lorsqu'ils sont confiés au rhéteur, et l'âge de la puberté les trouve encore près d'eux. C'est pourquoi il faut surtout alors veiller à ce que leurs tendres années trouvent dans la pureté du maître une garantie contre tout outrage, et que dans l'âge des passions sa gravité les détourne de toute licence. Et ce n'est pas assez qu'il donne lui-même l'exemple d'une grande austérité, si, par la sévérité de la discipline, il ne contient aussi les moeurs de la jeunesse qui suit ses leçons. Qu'il prenne donc, avant tout, à l'égard de ses élèves, les sentiments d'un père, et qu'il se regarde comme tenant la place de ceux qui lui ont confié leurs enfants; qu'il ne souffre aucun vice en lui ni dans autrui; que son austérité, n'ai rien de triste, ni sa douceur rien de relâché : l'excès de l'une produit la haine; l'excès de l'autre, le mépris. Qu'il leur parle souvent de la vertu; car plus il avertira, moins il aura à punir. Inaccessible à la colère, il ne fermera les yeux sur rien de ce qui est à reprendre. Simple dans l'enseignement, laborieux, exact sans être fatigant, il répondra volontiers aux questions, et ira même au-devant de ceux qui ne lui en font pas. En louant les compositions de ses élèves, il ne sera ni avare ni prodigue de compliments, de peur de leur inspirer ou le dégoût du travail, ou trop de sécurité. En les reprenant de leurs fautes, il ne sera ni amer ni outrageant; car rien ne leur donne tant d'aversion pour l'étude que de s'entendre gronder, comme cela arrive quelquefois, avec l'accent de la haine. Que chaque jour il entremêle ses leçons de quelques bonnes paroles, qu'ils repassent dans leur coeur après les avoir entendues. Car, quoique la lecture fournisse assez de bons exemples, cependant la voix vive, comme on dit, est plus pénétrante, surtout celle d'un maître pour lequel des enfants bien élevés ne peuvent manquer d'avoir de l'attachement et du respect. On ne saurait dire combien nous sommes portés à imiter ceux pour qui nous éprouvons de la sympathie. Il ne faut point du tout permettre aux enfants de se lever et d'éclater en applaudissements, comme cela arrive dans la plupart des écoles, pour témoigner leur approbation. Il faut même que, en écoutant, les plus avancés usent de retenue. Par là, l'élève dépend du jugement du maître, et regarde comme bien dit ce qui a son suffrage. Cette coutume vicieuse de s'entre-donner des louanges à tout propos, et qui passe aujourd'hui pour politesse, outre qu'elle est inconvenante et théâtrale, doit être bannie des écoles bien réglées, comme l'ennemie la plus dangereuse des études. En effet, à quoi bon se donner tant de soins et de peine, quand on est sur d'être applaudi, quelque chose qu'on hasarde? Ceux qui écoutent, comme celui qui parle, doivent donc consulter les yeux du maître; ils acquerront par là un discernement juste; et en même temps que l'un apprendra à bien écrire, les autres apprendront à bien juger. Mais aujourd'hui, penchés comme des coureurs prêts à s'élancer dans l'arène, on les voit, à la chute de chaque période, non seulement se lever, mais encore sortir de leurs places, et se récrier avec des transports inconvenants : espèce de pacte dont ils font dépendre tout le succès des déclamations. De là leur orgueil et leur présomption, jusque-là qu'enflés de ces suffrages tumultueux de leurs condisciples, si le maître ne les loue que médiocrement, ils ont mauvaise opinion de lui. Mais que lui-même aussi se contente d'être écouté avec attention et retenue; car ce n'est point au maître de

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parler au goût des élèves, mais aux élèves de parler au goût du maître. Toutefois, le maître doit s'appliquer à distinguer, autant que possible, en quoi et pourquoi il est applaudi; et quand il remarquera qu'ils discernent ce qui est bon, qu'il en ait de la joie, moins par rapport à lui que par rapport à eux. Je n'aime pas que les petits soient assis pêle-mêle avec les grands; car bien qu'un maître, tel qu'il convient de le choisir pour la direction des moeurs et des études, soit capable de contenir les plus âgés, cependant l'âge faible doit être séparé de l'âge adulte : ce n'est pas assez de n'être pas coupable, il ne faut pas même être soupçonné. Je n'ai pas cru devoir m'appesantir sur cette observation; car, que le maître et l'école soient exempts des derniers désordres, je ne suppose pas même qu'il soit nécessaire de le recommander. J'avertirai seulement le père imprudent qui, dans le choix d'un maître, aurait fermé les yeux sur des vices manifestes, que, ce point négligé, tous nos conseils pour la bonne éducation de la jeunesse sont superflus pour lui.

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