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Politique et philosophie dans l'oeuvre de Jean-Jacques Rousseau Conclusion I L'histoire, lieu d'échec pour la vérité de l'homme 222 Conclusion de la deuxième partie. L'honneur d'être homme est effacé 225 ÉPILOGUE. — La rencontre de l'humanisme critique et du souci métaphysique. 1 / L'audace critique de la raison 2 / La déchirure 3 / L'errance métaphysique 4 / La difficulté d'être CONCLUSION. L'unité de sens d'une pensée déchirée. 1 / Une vision tragique 2 / Le philosophe musicien 3 / La cohésion du sens 4 / Une « métaphysique des moeurs » 227 227 229 231 234 239 240 241 243 245 Bibliographie sélective 249 Introduction En 1743, Jean-Jacques Rousseau, jeune secrétaire de l'Ambassade de France à Venise, aurait projeté d'écrire des Institutions politiques^. L'ouvrage, énigmatique et rêvé plutôt que pensé, n'a jamais vu le jour. Cependant, le rêve devait se poursuivre : d'abord transformé en aven- ture, en 1749, sous les arbres qui bordent la route conduisant à la pri- son de Vincennes2 Rousseau rendait visite à Diderot, il se mua bien- tôt en une problématique philosophique. En 1762, un mince ouvrage parut, auquel on prêta d'ailleurs peu d'attention. Près de deux siècles et demi ont passé et ce livre - Le Contrat social, décidément un grand livre en un mince livret - suscite encore, quoique maintes fois commenté, d'interminables controverses. Il est vrai qu'en ce texte, travaillé à l'extrême par une plume exigeante, se tapit la singularité exceptionnelle d'une pensée qui rompt avec le classicisme des traditions et, tout ensemble, d'un homme qu'obsédé le tourment de l'existence. Il y a donc, sans conteste, un « problème Rousseau » : de l'illumination de Vincennes jusqu'aux rêveries solitaires sur les rives du lac de Bienne, ce « problème » accompagne, chez celui que Kant qualifiait de « subtil Diogène »3, le cours tout ensemble majestueux et chaotique de la pensée. 1. Nous nous référons, sauf indication expresse, à l'édition des OEuvres complètes de Rous- seau, Bibliothèque de la Pléiade. Lettre à Malesherbes, in t. I, p. 327 et 351. 2. « L'inspiration subite » sur la route de Vincennes est décrite dans la lettre à Malesherbes écrite à Montmorency le 12 janvier 1762, Pléiade, t. I, p. 1135. Cf. également Confessions, t. I, p. 350-351. Sur cette «illumination», voir la mise au point de René Pomeau, in Études Jean- Jacques Rousseau, II, p. 22-23. 3. Kant, Eine Vorlesung iiber Ethik (cours de 1775), 1m Auftrage der Kantgesellscluift. Berlin, 1924, traduction partielle in Revue de l'enseignement philosophique, 1979, 3 (p. 38-60) ; cf. p. 45.

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Politique et philosophie dans l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau

Conclusion I L'histoire, lieu d'échec pour la vérité de l'homme 222•

Conclusion de la deuxième partie. — L'honneur d'être homme est effacé 225

ÉPILOGUE. — La rencontre de l'humanisme critique et du souci métaphysique.

1 / L'audace critique de la raison2 / La déchirure3 / L'errance métaphysique4 / La difficulté d'être

CONCLUSION. — L'unité de sens d'une pensée déchirée.

1 / Une vision tragique2 / Le philosophe musicien3 / La cohésion du sens4 / Une « métaphysique des mœurs »

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Bibliographie sélective 249

Introduction

En 1743, Jean-Jacques Rousseau, jeune secrétaire de l'Ambassadede France à Venise, aurait projeté d'écrire des Institutions politiques^.L'ouvrage, énigmatique et rêvé plutôt que pensé, n'a jamais vu le jour.Cependant, le rêve devait se poursuivre : d'abord transformé en aven-ture, en 1749, sous les arbres qui bordent la route conduisant à la pri-son de Vincennes2 où Rousseau rendait visite à Diderot, il se mua bien-tôt en une problématique philosophique. En 1762, un mince ouvrageparut, auquel on prêta d'ailleurs peu d'attention. Près de deux siècles etdemi ont passé et ce livre - Le Contrat social, décidément un grand livreen un mince livret - suscite encore, quoique maintes fois commenté,d'interminables controverses. Il est vrai qu'en ce texte, travaillé àl'extrême par une plume exigeante, se tapit la singularité exceptionnelled'une pensée qui rompt avec le classicisme des traditions et, toutensemble, d'un homme qu'obsédé le tourment de l'existence. Il y adonc, sans conteste, un « problème Rousseau » : de l'illumination deVincennes jusqu'aux rêveries solitaires sur les rives du lac de Bienne, ce« problème » accompagne, chez celui que Kant qualifiait de « subtilDiogène »3, le cours tout ensemble majestueux et chaotique de lapensée.

1. Nous nous référons, sauf indication expresse, à l'édition des Œuvres complètes de Rous-seau, Bibliothèque de la Pléiade. Lettre à Malesherbes, in t. I, p. 327 et 351.

2. « L'inspiration subite » sur la route de Vincennes est décrite dans la lettre à Malesherbesécrite à Montmorency le 12 janvier 1762, Pléiade, t. I, p. 1135. Cf. également Confessions, t. I,p. 350-351. Sur cette «i l lumination», voir la mise au point de René Pomeau, in Études Jean-Jacques Rousseau, II, p. 22-23.

3. Kant, Eine Vorlesung iiber Ethik (cours de 1775), 1m Auftrage der Kantgesellscluift. Berlin,1924, traduction partielle in Revue de l'enseignement philosophique, 1979, n° 3 (p. 38-60) ; cf. p. 45.