Ici on aime Radio-Canada

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Texte d'appui à Radio-Canada par Raôul Duguay

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    ICI ON AIME RADIO-CANADA ABITIBI-TMISCAMINGUE DEPUIS 15 ANS Scne Paramount - 21 fvrier 2015 - Rouyn-Noranda

    Oui, jaime Radio-Canada. Cest le seul poste de radio que jcoute depuis 55 ans. Pourquoi? Parce que les missions que jy coute, ont des contenus gnralement substantiels et varis qui maident mieux connatre le monde dans lequel je vis. Oui, jaime Radio-Canada, radio publique, parce quil ny a (presque) pas dannonces publicitaires. En ce qui a trait aux bulletins dinformation et aux missions culturelles, scientifiques et sociopolitiques, jaime la tlvision de Radio-Canada que je regarde depuis 50 ans. Pourquoi? Parce que, dune manire gnrale, jy trouve une substance de qualit qui nourrit ma connaissasnce de notre culture et de celles des autres cultures de par le monde. La culture est ce qui reste lorsque lon a tout oubli a crit douard Henriot. Mais si lon oublie la culture, que reste-t-il ? mon sens, il faudrait plutt dire: la culture est ce qui reste quand on se souvient! Je me souviens que Radio-Canada y fut pour beaucoup dans mon initiation la culture et dans la dfinition de mon identit comme elle lest dans celle dune nation. Sans Radio-Canada, qui connatrait Flix Leclerc, Gilles Vigneault, Diane Dufresne, Jean-Pierre Ferland, Robert Charlebois, etc, pour ne nommer que quelques-uns de nos chanteurs francophones qui ont contribu dfinir notre identit? Pourquoi jaime Radio-Canada? Parce que Radio-Canada, pour une large part, ma mis au monde comme artiste en moffrant mes premires chances de me faire connatre du grand public, comme pote, musicien, chanteur et aussi comme animateur dmissions radiophoniques. Au dbut des annes 60, alors que je faisais mon cours classique Amos et, pendant mes vacances dt, je travaillais Radio-Nord au poste CKRN Rouyn. Jy rdigeais des annonces publicitaires et une fois par semaine, y animais une mission de posie. Peut-tre est-ce grce mon humble exprience au microphone de Radio-Nord que, au milieu des annes 60, je suis devenu chroniqueur musical lmission hebdomadaire Carnet des arts Radio-Canada. Mon court reportage radiophonique couvrait les activits musicales Montral dans les domaines, du blues, du rythmnblues, du jazz et de la musique contemporaine. Pour bien accomplir ce travail, il ma fallu couter beaucoup de musiques, minitier lhistoire de chacun des genres dont je parlais afin de dcouvrir limportance de ces diffrentes styles de musique et leur impact culturel dans notre socit.

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    En 1978-1979, Radio-Canada moffre lanimation dune mission radiophonique de trois heures diffuse dun ocan lautre, intitule Le Voyage, ralise par Robert Blondin et dont la thmatique tait la contre-culture. De la contre-culture Radio-Canada? Contester la culture dominante, prner le retour la nature, le respect de lenvironnement, la libert sexuelle, la libert de parole, la libert religieuse, abolir les frontires entre lart, la science, la culture, la politique et la vie : voil quelques-unes des valeurs vhicules par la contre-culture. Mais quand on oublie la culture, il ne reste plus grand chose pour signifier la diffrence entre le priv et le public. Toutes ces compressions budgtaires et toutes ces mises pied Radio-Canada, toutes ces coupures dans les productions originales, dans les studios de Radio-Canada, sont en train de nous dire que le gouvernement fdral considre que la culture, lhistoire, la recherche scientifique et la crativit ne sont plus des priorits nationales. Quand on fait disparatre le plus grand costumier en Amrique du Nord, emblme du respect port notre patrimoine, il y a de quoi sinquiter pour la sauvegarde dun lment majeur de notre culture. Diminuer les budgets de la culture pour mieux augmenter ceux des projets militaires, des agences de scurit, tout cela ne peut que diminuer la libert dexpression et la floraison de notre culture. Cette insidieuse stratgie politique est le meilleur moyen de faire mourir une nation. Les coupures dans les services au public dans les rgions, mettent un frein son dveloppement et son rayonnement. Couper galement dans linformation internationale est un recul sur le plan dmocratique. Considrant que le mandat de Radio-Canada est dabord dinformer puis dclairer et de divertir, jinsiste sur le volet clairer qui signifie duquer. Ainsi Radio-Canada mapparat comme une sorte duniversit publique dont la mission est de faire de lducation permanente. Dautre part, informer, signifie galement former lopinion publique et bannir la dsinformation grce des analyses approfondies des sujets abords. Si linformation rpond aux questions o, quand, comment, la communication rpond aux questions avec qui, pour qui et pourquoi. Contextualiser une information exige une quipe de chercheurs et danalystes comptents. Couper dans la recherche scientifique ou autre freine considrablement le dveloppement sous toutes ses formes. Enfin, le troisime rle dune radio et dune tlvision publiques ne consiste pas seulement divertir mais galement avertir le public des causes et des effets des changements culturels, scientifiques et sociopolitiques qui adviennent dans notre socit , modifiant parfois nos systmes de valeurs et notre philosophie de la vie.

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    Il ne faut jamais oublier que la mtropole et les grandes villes sont nourries par les produits venant des rgions, produits ou ressources naturels et produits ou ressources culturels. Il ne faut pas oublier aussi, quun grand nombre de grandes vedettes aujourdhui adules dans la mtropole et partout au Qubec et au-del de nos frontires, sont nes en rgion, ont un fier sentiment dappartenance leur rgion, sont heureux dy retourner et plusieurs ont une deuxime rsidence en rgion. Il est clair que sans Radio-Canada, les nombreux artistes et entrepreneurs de lAbitibi et du Tmiscamingue resteraient inconnus. Car, cest dabord par sa culture quune nation se distingue des autres nations. La culture est le coeur et lme dune nation, lcho de ses rves, le sens de son existence. Par ailleurs, ce quil reste de lhistoire des nations, cest leur culture. Or, la culture se manifeste dabord dans une langue. La premire chose que doit conqurir un peuple, cest sa langue : langue parle, langue crite. La langue appartient au peuple. Le peuple est la nation. Sans la souverainet de sa langue, un peuple ne peut valuer les richesses de sa culture, oublie son histoire et ne peut voluer vers la clart de son identit. Le premier projet d'une nation consiste signifier son identit. Aucune nation ne peut accder sa plnitude sans protger en premier lieu la langue dans laquelle elle sexprime. Heureusement, cest beaucoup grce Radio-Canada si lon continue dtre inform dans la langue de chez-nous. En Abitibi comme au Tmiscamingue, il faut faire entendre et faire voir les citoyennes et les citoyens qui travaillent au dveloppement de ces deux rgions. Tous les jours, on devrait entendre un auteur-compositeur-interprte de chez-nous, voir les oeuvres de nos artistes. La culture est ce qui reste quand on se souvient! Mais une socit qui oublie sa jeunesse na pas davenir. La jeunesse est la plus grande richesse de lespce humaine, la promesse dune suite du monde. Cest grce linterdpendance de ses gnrations quune nation grandit. Un peuple ne connat sa grandeur que debout (grands-parents, parents et enfants) chanter sa libert. Je suis particulirement fier de partager la scne avec Steve Jolin dit Anodajay en chantant avec lui Le Beat Tibi, version hip hop de La Bittt Tibi. En crivant ces deux chansons, notre intention tous les deux tait de rendre hommage aux pionniers de lAbitibi et dexprimer cette continuit entre la gnration dAnodajay et la mienne. Notre aventure est un succs sur toute la ligne depuis dj une dizaine dannes.

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    Il faut monter nos enfants sur nos paules pour quils voient mieux venir lavenir et nous disent leurs rves en se souvenant que sils peuvent voir loin, cest parce que leurs assises solides et leur tremplin, ce sont les paules de leurs gniteurs et de leurs anctres. La culture est ce qui reste quand on se souvient! Oui, jaime Radio-Canada au Tmiscamingue et en Abitibi. Raul Duguay 20 fvrier 2015