IB Guillot René Trois filles et un secret 1960.doc

8/10/2019 IB Guillot René Trois filles et un secret 1960.doc

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René GUILLOT

TROIS FILLES ET UN SECRET

UNE maison délabrée, abandonnée, promise à la pioche des démolisseurs, dans un vieux quartier deParis.

Souvent, à leur sortie de lécole, trois !eunesamies viennent s" retrouver. Par !eu, elles ontentrepris daména#er dans cette masure un petit $che%&nous ', comme elles disent. Un intérieur bienrudimentaire, mais o( il " a tout de m)me des *leursdans un vase et un réchaud à alcool pour *airechau**er le cacao du #o+ter.

e r)ve de toutes les *illes nest&il pas dedorloter un poupon- l " a place pour un poupondans le $ che%&nous ' des trois #amines, et aussi dansleur c/ur....

eur secret est celui dune #rande tendressequelles vont donner à un bébé qui pourrait )tre leur petit *r0re. ais les trois amies sont encore desen*ants, pas asse% #randes pour !ouer lon#temps leur rle de petites mamans autour dun beau nourrisson3cependant elles noublieront !amais quelles ont euses premiers sourires.

4ans ce récit plein de délicatesse et desensibilité, 5ené 6uillot a**irme son talent de #randconteur.

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TROIS FILLES

ET UN SECRET

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RENE GUILLOT

TROIS FILLESET UN SECRET

ILLUSTRATTIONS DE J.-P. ARIEL

HACHETTE

192

:



DU MÊME AUTEUR

65;<=> E? S@N @U5SPrix A En*ance du onde A 1B9C

65;<=> E? ES @UPS

>NNE E? E 5@ 4ES ;<>?S

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E ;>N 4ES DF?ES S>UG>6ES

E ;<EH >U >SIUE 4@5

P5N;E 4E > JUN6E

K Librairie Hachette, 1960.?ous droits de traduction, de reproduction etdadaptation réservés pour tous pa"s.

?ous les personna#es de ce roman sont *icti*s.

L



TABLE DES MATIÈRES

. >!ax B. ;aroline 21

. $ ;he% nous ' 7MG. aurent 8BG. a #rande :C

G. Une #rave décision L:G. e beau secret C:

G. e bonhomme @rte#a 1M1. Un ami dans le secret 1MB. En *amille 11L

. a maison est en émoi 12:. En lisant le !ournal 18M

. > chaque !our su**it sa peine 191G. Iuest devenue caroline- 1:2

G. ;était la 1L2G. Epilo#ue 1LC

C



CHAPITRE PREMIERAJAX

N@GED5E touchait à sa *in. Un vent #lacé sou**lait àtravers le passa#e 6audr".

anuela, qui courait à toutes !ambes depuis le *ond de laruelle o( lon risquait, à chaque pas, de se tordre les chevilles sur les pavés, sarr)ta, essou**lée, au tournant de la place.

Un ne% retroussé, des "eux malicieux et rieurs, anuelaavait lair dune petite #itane et dun #arOon manqué, avecles m0ches *olles de ses cheveux noirs coupés court quitombaient tout emm)lés sur son *ront. e #rand chien qui avaitsuivi la *illette en bondissant sur ses talons, tirait la lan#ue et

B



levait la t)te vers son amie. Pr)t à reprendre la course et àlui sauter aux épaules, il re#ardait la petite *ille de ses "eux vi*so( brillaient deux points dor.

$ ;hauds, chauds, les marrons... Q Don!our, Pablo. Q Don!our, petite... tou!ours avec ton chien... ', dit en

riant le bonhomme.> labri, sous la tente du ca*é, dans un recoin de la verri0re,

le p0re Pablo remuait avec une palette de *er les chRtai#nes quil*aisait #riller sur la tle de son brasero.

Iuelle que soit la saison, on était s+r de trouver le vieux bonhomme dans ce ren*oncement o( il avait son petit étala#e demarchand en plein vent. l lo#eait dans une échoppe basse, àcté, sur la place, à lan#le du passa#e 6audr" o( les Sanche%,les parents de anuela, tenaient une épicerie.

Pablo était un vieil ami de la *amille. >u moment de la#uerre dEspa#ne, les Sanche% avaient émi#ré en Hrance. lssétaient retrouvés à Paris, à proximité de ce quartier pauvre

quon appelait le ;arré aublanc, derri0re le marché aux puces,avec dautres compatriotes, ré*u#iés comme eux, dont le bonhomme @rte#a que tout le monde appelait Pablo. été,Pablo vendait des #laces en cornet et, lhiver, des marrons#rillés, des cacahu0tes et des pistaches.

$ ?u es bien pressée au!ourdhui, anuela. >ttends, que !etemplisse une poche de marrons. a te réchau**era les doi#ts.

?u les parta#eras avec ton amie ich0le. & erci, Pablo. >lle%,viens, >!ax.... Q >h cest >!ax que tu lappelles Q l *allait bien lui donner un nom. Sil pouvait parler, dit

anuela, il me dirait comment lappelait son ancien maTtre,celui qui la abandonné. Nest&ce pas, >!ax-... ais voilà, il ne parle pas.

Q ?u devrais lui mettre un collier, petite. Et ne pas le

sortir sans la laisse. Un de ces !ours, il te *aussera compa#nie et

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il se *era ramasser par la voiture de la *ourri0re. Et puis, ton>!ax, tu ne le connais pas encore. 4o( vient&il, ce chien- Silallait te *aire avoir des histoires

Q 4es histoires- Q Est&ce que !e sais, moi Un chien&loup... Sil lui prend*antaisie daller planter ses crocs dans les mollets des passants....

Q @h pour Oa, pas de dan#er, Pablo. Q Iue tu dis... En*in, crois&moi.... ets&lui un collier.

>h et puis écoute un peu. l " a aussi une chose que !e voulaiste dire. e soir, en cette saison, la nuit tombe vite. Iuand turentres à la maison, m)me accompa#née par ton chien, ilvaudrait mieux ne pas passer par la rue ?aille*er. @n risque d"*aire de mauvaises rencontres. ais quest&ce que tu as- ?e voilàtoute pRlotte. Je ne voulais pas te *aire peur, moi. '

a *illette se**orOait de sourire, mais elle ne réussissait pasà cacher son émoi.

anuela et son amie ich0le avaient ensemble un beausecret qui se cachait !ustement dans cette rue ?aille*er, la rue

abandonnée.... e vieux bonhomme aurait&il par hasarddécouvert ce secret que les deux #amines #ardaient si !alousement- Elles ne H avaient con*ié à personne, ni à leurscamarades de classe, et pas m)me à ;aroline qui était pourtantleur amie.

a rue ?aille*er était déserte et on n" rencontrait plus !amais personne sur les trottoirs, depuis que les démolisseurs

avaient commencé de raser une partie du ;arré aublanc,autour de la place. 4u cté des Puces, il ne restait plus, bordantlimmense esplanade encombrée de #ravats, que cette lon#ueruelle et des maisons vides. a municipalité avait *ait évacuer les locataires des immeubles qui menaOaient ruine. 4iciquelques mois, les vieilles masures

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de cette rue, qui nétait plus éclairée la nuit, seraientabattues comme le reste du ;arré aublanc.

$ Un vrai repaire pour les va#abonds, les sans&abri, et il en

rde pas mal par ici... #rommela le vieux Pablo. Givement quon*lanque tout Oa par terre et quon nous *asse du neu*. l vautmieux ne pas chercher ce qui se passe, la nuit, dans ces recoins...de drles de choses, tu peux me croire. >vec mon échoppe quidonne !uste en *ace, tu penses si !e suis aux premi0res lo#es, pour voir.

Q Iuest&ce que vous ave% vu- murmura anuela dontles l0vres tremblaient un peu.

& ;e que !ai vu-... 5e#arde un peu à #auche, la deuxi0memaison à partir du coin. ;elle qui a deux balcons à léta#e. ?u lavois-... ;est une des premi0res qui ont été évacuées. Je laconnais, cette maison. J" suis allé, dans le temps. escalier netient plus. .es planchers sont tout branlants. ais lescontrevents *erment et il " a encore des carreaux aux *en)tres. '

anuela, dont le c/ur battait tr0s vite, ne perdait pas une

parole du vieux bonhomme.$ Eh bien, lautre soir, poursuivit&il, tiens, avant&hier, il "avait de la lumi0re dans la maison. a *lamme dune bou#ie....S+rement des #alvaudeux qui, pour une nuit ou deux, ont pré*éré dormir là que sous les ponts. Goilà ce que !ai vu, petite.;omprends&tu, maintenant-

& @ui, Pablo.

Q >lors, vous nie *ere% le plaisir, ton amie ich0le et toi,de ne plus aller traTner par là Promis - 'e bonhomme ne remarqua pas que la petite navait pas

répondu.$ >lle%, va retrouver ich0le. 4is&lui que !e passerai che%

elle, ce soir. l " a une bonne semaine que !ai donné à son p0reune vieille paire de souliers à ressemeler. Elle doit )tre pr)te. '

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anuela séloi#na en courant, poursuivie par le #rand chientout !o"eux de prendre ses ébats. En traversant la place nue o( levent arrachait les derni0res *euilles des arbres, elle ramassa,

pour les lancer à >!ax, des cailloux que le chien rattrapait entrois bonds et rapportait dans sa #ueule.ais la *illette navait #u0re le c/ur à !ouer. Elle ne

pouvait semp)cher de penser aux ré*lexions du vieux #itan.anuela avait hRte de retrouver son amie. >vec un peu de

chance, elle aurait vendu tous les bouquets quelle o**rait aux passants dans une allée des Puces, en *aisant les cent pas devantles boutiques des antiquaires.

e marché commenOait au bout de la rue ?raversi0re, aulon# dune belle avenue toute droite, bordée de lar#es trottoirs.;était le premier Tlot du quartier neu* dont les maisonsdonnaient sur des parterres *leuris, avec des baies de tro0nes oude buis taillés et de hautes #rilles de *er.

$ >!ax, ici... 'e chien nentendait pas. l *aisait le *ou et se !etait à la

poursuite dun malheureux chat qui neut que le temps de se précipiter à la cime dun arbre autour duquel le #rand loupsautait en !appant.

Iuelle animation autour des boutiques >!ax connaissait tous les recoins de ce marché. l se

*au*ilait à travers les autos, disparaissait, suivant une piste, etrevenait vers anuela pour voir si sa !eune maTtresse le suivait.

l savait qui on allait chercher au milieu de cette *oule presséedevant les étala#es et tout le bric&à&brac des petits marchands.;est >!ax qui, le premier, dans une de ces impasses,

découvrirait ich0le en train de vendre aux passants ses bouquets de dahlias.

>!ax disparut au tournant dune rue. anuela

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sappr)tait à courir pour le rattraper quand elle aperOut sonamie. e panier de ich0le était vide.

$ Jai vendu toutes mes *leurs dit&elle, !o"euse.

>u!ourdhui, tu sais, les clientes étaient #énéreuses. a derni0re,tiens, une dame, ma donné cinq *rancs et elle na pas voulureprendre la monnaie. '

ich0le était aussi blonde que anuela était brune. Plus#rande, plus !eune *ille, elle avait dou%e ans, et son amie était dedeux ans sa cadette.

$ 5evient&on par la rue des 5osiers- demanda anuela. Q Si tu veux. Puis on passera che% ;aroline. ais o( est

>!ax- Q l court, il *ait le *ou. @n ne peut pas le tenir

au!ourdhui. l saura bien nous retrouver, va.... 'e chien&loup nétait pas tr0s loin. l avait vu que les deux

amies sétaient retrouvées, et il savait que pour rentrer à lamaison, on revenait presque tou!ours par la

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rue des 5osiers. >ussi, à cent pas, en avant des deux*illettes, qui ne pouvaient pas sapercevoir de son man0#e, >!ax,le ne% au vent, sa belle queue en panache collée aux pattes, sen

allait à petits pas.l suivait, dasse% loin encore, mais sans la perdre de vue,une dame *ort élé#ante qui portait une #erbe de dahlias et un tr0s beau sac en cuir verni, dont le *ermoir doré étincelait.

a dame sarr)ta un instant au bord de la chaussée pour laisser passer les autos, avant de traverser.

@n e+t dit qu>!ax #uettait ce moment. l sélanOa et ne *itquun bond. Saisissant au vol la chose convoitée, il détala enemportant le sac dans sa #ueule.

>ux cris de la dame, et en vo"ant lattroupement quicommenOait à se *ormer, les deux amies devin0rent ce qui sétait passé.

>!ax sen*u"ait en lon#eant les murs, avec ce sac quilvenait de dérober. Un !eune #arOon qui sétait élancé pour luidonner la chasse, renonOa vite à la poursuite. e chien tourna

brusquement à droite, en*ila la premi0re ruelle et disparut.$ ?u as vu- dit ich0le. Q @ui. l recommence. l est incorri#ible. Q l *audra lui mettre un collier. Je demanderai à mon

p0re de lui en tailler un dans un morceau de cuir et avec unesolide boucle. Pour le sortir, dorénavant, on le tiendra en laisse.

Q Pablo avait raison, dit anuela.

Q Pablo- Q Pourtant, poursuivit la *illette qui suivait sa pensée, ilne peut pas se douter que son ancien maTtre a d+ dresser >!ax àvoler les sacs de dames dans la rue....

Q Iuest&ce quil ta dit, Pablo- demanda ich0le. Q Iue ce chien nous *erait des histoires. Et un de ces

!ours, cela arrivera.

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Q ?u sais bien que Pablo radote ', dit ich0le en riant.ais anuela restait toute son#euse. Elle marchait sans

mot dire. Elle se rappelait les ré*lexions pleines de sous&

entendus du vieux #itan. ;ette *aOon quil avait eue de lui *aire peur en parlant des rdeurs de la rue ?aille*er...v ?out cela étaittroublant.

$ Ecoute, ich0le.... @n ne se mé*ie pas du vieux Pablo.@n se moque un peu de lui. ?oi aussi, tu dis quil radote. aistous les !ours, du matin au soir, il est là, au coin du petit ca*é. lvoit les #ens qui vont, qui viennent.... 5ien ne lui échappe. lsait tout ce qui se passe dans le ;arré aublanc. ?out....

Q ;rois&tu quil nous ait vues- demanda ich0le dé!àinqui0te.

Q S+rement. l ma dit quil ne *audrait plus passer le soir par la rue ?aille*er.

Q >h il ta dit Oa- Q @ui. Q ais il nous a seulement vu sortir de la rue-

Q Peut&)tre, murmura anuela. Pourtant, il avait un drledair. Et pourquoi, aussi, aurait&il voulu nous *aire peur- Q Je ne sais pas, moi. ' ich0le aussi était troublée.$ ais, reprit anuela, ce nest pas cela qui nous

emp)chera d" retourner, dans notre rue. >h non @n ira ce soir.>pr0s )tre passées che% ;aroline. Geux&tu, ich0le-...

Q Dien s+r.

Q l est dé!à tard. Pablo ne sera plus au coin du trottoir,derri0re son brasero. 'es deux amies débouchaient sur la place aublanc. Elle

était déserte. Pourtant, quelquun les attendait. >!ax.... >!ax assissur son arri0re&train. a t)te bien droite, essou**lé, et crachant salan#ue noire, il avait déposé sur le trottoir le beau sac en cuir brillant, le sac volé sur lequel il veillait !alousement.

1:



40s quil vit apparaTtre les deux *illettes, le chien se dressa,saisit le sac entre ses dents, et courut vers elles. ?out *ier de sonexploit, il laissa tomber son précieux butin aux pieds de

anuela.$ Sale b)te... 5e#arde&le allon#er le museau. ?u ne penses pas quon va te caresser, non... Das les pattes...

Q l mériterait une bonne correction, dit ich0le. Q @n ne va pas le battre. ;e nest pas sa *aute. ;e pauvre

chien *ait ce quon lui a appris. 5e#arde&le. l ne comprend plus.'

;était bien vrai. >!ax ne comprenait plus. @n lavaits+rement dressé à dérober des sacs aux passantes. ?outtriomphant, il en rapportait un. l attendait sa récompense, et onlui *aisait la #rosse voix

$ Iuallons&nous *aire de ce sac- dit ich0le. Q Nous ne pouvons pas le #arder, répondit anuela. l

contient peut&)tre de lar#ent, des bi!oux. ;est un sac en lé%ard.5e#arde comme il est beau.

Q ;ette sale b)te est allée le voler à la dame si #énéreusequi ma acheté mon dernier bouquet. >lors, dit ich0le, quest&ce quon *ait-

& @n va porterie sac au commissariat. e plus court, cestencore de revenir par la rue des 5osiers. '

a queue basse, >!ax suivit les deux amies. Ellessarr)t0rent au coin du commissariat de police. Un a#ent *aisait

les cent pas sur le trottoir $ ;est toi qui vas " aller, dit ich0le, qui était beaucoup plus timide que son amie.

Q Encore moi... Don, bon, !" vais. ais alors, #arde lechien pour quil ne me suive pas. Emm0ne&le du cté de la poste.Je te re!oindrai là. '

anuela entra seule au commissariat avec ce sac volé

1L



que la dame viendrait sans doute réclamer ici. Elleattendit un lon# moment derri0re une vieille *emme qui neretrouvait plus ses papiers, et un !eune homme qui se *aisait

établir une carte didentité. $ > la personne suivante Q onsieur..., balbutia anuela. Q a personne suivante..., répéta le secrétaire penché sur

ses dossiers. Q onsieur, dit anuela en essa"ant dassurer sa voix, !e

rapporte un sac à main que !e viens de trouver tout à lheure dansla rue.

Q Go"ons ce sac 'es mains de la *illette tremblaient un peu. emplo"é prit

le sac, louvrit, !eta un coup d/il sur le contenu du porte*euille,*euilleta les papiers.

$ ;est tr0s bien, Oa, petite, davoir rapporté cet ob!ettrouvé. l " a une asse% !olie somme dans ce sac et,heureusement, des papiers didentité. Nous allons *aire prévenir la personne qui la perdu. l " aura s+rement pour toi une belle

récompense. 4onne&moi ton nom et ton adresse. Q anuela Sanche%. a petite épicerie, au 7L du passa#e 6audr"....

Q Sanche% avec un %... 7L, passa#e 6audr".... Goilà.erci. ?u es du ;arré aublanc-

Q @ui, monsieur. Q >ttends un peu.... '

emplo"é re#ardait anuela avec un drle de sourire encoin.$ >h Oa, mais cest un abonnement, petite... Je tai dé!à

vue. ?u tes présentée ici, au bureau, il n" a pas deux semaines.ais oui, cest bien toi.... '

anuela avait rou#i !usquaux oreilles.$ ;est bien toi. Et tu venais dé!à mapporter un sac que tu

avais trouvé... un autre.... Nas&tu donc quà te baisser pour

ramasser sur le trottoir tous les

1C



sacs de dames qui se perdent dans le quartier des Puces- Q ;était à la sortie du cinéma, balbutia anuela. e

Palace, monsieur....

Q ;e sac&là, la personne qui la perdu ne sest pas *aitconnaTtre. Si dans un an et un !our, on nest pas venu le réclamer,il sera à toi. ?u entends-...

Q @ui, monsieur.... Q >lle%, bonsoir, petite.... 'anuela ne demanda pas son reste. emplo"é navait pas

paru sapercevoir de son trouble. Elle était bien heureuse deséchapper du commissariat de police et de courir retrouver ich0le qui lattendait devant la poste.

$ >lors-... Q Jai déposé le sac... lemplo"é ma reconnue.

4orénavant, >!ax sortira avec une laisse.... Si on *aisait un saut !usque che% ;aroline-

1B



Q @ui, mais vite. Parce quil est tard, dit ich0le. Q ;he% moi, on ne sinquiétera pas. Jai dit que nous

allions toutes deux au cinéma.

& oi aussi. Q Et pour la deuxi0me séance... elle ne *init pas avantsept heures.... >lle%, viens, ich0le. ;est ;aro qui va )trecontente. '

es deux amies re!oi#nirent la rue ?raversi0re et tourn0rentcourt à lentrée du ;arré aublanc, dans limpasse du evant.;aroline habitait une petite mansarde de la maison Plisner unechambre sous les toits et si basse de pla*ond que ;aro, dé!à#rande pour ses quin%e ans, ne pouvait s" tenir debout toutedroite.

$ Jai oublié ses souliers, dit ich0le.... on p0reles lui a ressemelés. Q ?u les lui donneras demain.... Q ?u les as vus, les souliers de ;aroline- Q Non, dit anuela.

Q ;e sont des souliers dhomme.... Q ?u en es s+re, ich0le-... Q @ui. 4es souliers dhomme, !e te dis... avec des lacets.

a m0re a dit quelle lui en donnerait une vieille paire à elle....;aro sera contente.

& es souliers de ta m0re dit anuela. Penses&tuquils lui iront-

Q Dien s+r. ?u nas pas idée de ce que ;aroline a de#rands pieds ?iens, elle nous attendait. 5e#arde, elle nous *aitsi#ne par sa lucarne. Passons par&derri0re les han#ars. Nous prendrons lescalier qui est dans la cour....

Q Gite, ich0le, vite.... @n reste une minute et on sesauve.

2M



CHAPITRE II

CAROLINE

PEN4>N? ce temps, passa#e 6audr", che% les Sanche%, les parents de anuela. a derni0re cliente est sortie. a sonnettetinte. a porte souvre de nouveau. ;est le p0re @rte#a. l vient*aire de petits achats pour& son dTner.

$ Iuest&ce que ce sera pour vous, mon bon Pablo- Q Une tranche de mortadelle et un cornet dolives noires,

sil vous plaTt, madame Sanche%. 'épici0re le sert.$ Goilà. Don poids.... Et avec Oa- ;e sera tout- Q @ui, merci. Donsoir, madame Sanche%. Q Gous )tes si pressé- Entre% une minute. Gous boire%

21



bien un petit muscadet avec nous. l " a là !ustement me;aron. ;est sans *aOon, Pablo.

Q Je ne veux pas vous re*user, madame Sanche%.

Q >lors, passe% dans la salle à man#er. Q a petite est&elle rentrée- demande le bonhomme. Q Elle est allée au cinéma avec ich0le, dit

me Sanche%. Q >u cinéma... #rommelle me ;aron, la maman de

ich0le. Elles disent quelles se retrouvent au cinéma. Et quisait o( elles sen vont courir, toutes les deux. @h mais !en auraile c/ur net. Si !e suis venue ce soir, cest pour vous enapprendre de belles, madame Sanche%. 4ites&moi.... Est&ceque vous trouve% naturel que ces deux petites sattardent apr0s laclasse-

Goici NoVl qui approche, dit en riant la m0re de anuela.Je pense que ces en*ants sarr)tent à la devanture de tous lesma#asins.

Q Gous )tes bien indul#ente, madame Sanche%.

Q Jai promis de leur décorer un arbre à la maison. Q Je vous rép0te que vous les #Rte% trop. Et vous aussi,Pablo. Je sais que vous ave% #énéreusement #arni leur petit porte&monnaie. 4e toute *aOon, !e vous promets bien que !e compte tirer au clair cette histoire de cinéma. '

e p0re @rte#a roule avec application sa ci#arette entredeux doi#ts. l se sent un peu #)né. Non davoir été #énéreux

avec les deux *illes. ui, il est sans *amille et il a donné sona**ection aux en*ants de ses voisins qui sont aussi ses amis. lsait que cet apr0s&midi, les deux *illes, cest certain, nétaient pasau cinéma. l sait o( elles vont asse% souvent, le soir, en sortantde classe, au lieu de rentrer directement che% elles.

$ >h ces #amines... ronchonne&t&il entre ses dents. Ellesauraient pourtant pu se douter que leurs parents

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ne mettraient pas lon#temps à découvrir leur man0#e.>lors-... '

anuela et ich0le sont ses amies. ;est ennu"eux de les

trahir. Pablo sourit sous cape dun air complice. l va pourtant*alloir quil parle, pour rassurer ces deux mamans. l dit $ adame ;aron, il ne *audra pas #ronder ces deux petites. Q Gous alle% prendre leur parti-... Q ais oui, madame ;aron. Parce que ces en*ants,

vo"e%&vous, ont un vrai bon c/ur.... Q Don c/ur-... Q Gous laurie% appris un !our ou lautre. >utant que !e

vous le dise tout de suite. Si elles sattardent, le soir, cest pour rendre service à ;aroline.

Q ;aroline-... rép0te la m0re de anuela. Q Gous la connaisse%, madame Sanche% Une

#rande, un peu dé#in#andée, avec des taches de rousseur. andernier, elle allait encore en classe avec les #amines.aintenant, on la retirée de lécole. Elle a au moins quator%e

ans. Q Je vois maintenant. Nest&elle pas che% les Plisner, leschi**onniers de limpasse du evant-

Q ?out !uste, dit Pablo. 4e braves #ens, méritants, et quine chment pas pour *aire man#er toute leur nichée.

Q ais la petite nest pas leur *ille- dit la m0re deich0le.

Q Non, réplique Pablo. ;aroline vient de l>ssistance.es Plisner lont adoptée toute !eune. Et comme ils nont pas lesmo"ens de la pousser dans ses études, elle doit #a#ner sa vie.;est dur che% les Plisner. Une bonne partie de la nuit, étécomme hiver, on *ait le tri, dans le han#ar au déballa#e, des ballots que les crocheteurs ont ramassés dans leur tournée. @ndort sur le matin. 4ans la !ournée, ;aroline *ait les Puces.

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Q es Plisner tiennent&ils boutique- demandeme Sanche%.

Q Non, dit Pablo. ls envoient la !eune *ille vendre des

bouquets. a *ait tou!ours quelque ar#ent de plus. >lors,madame ;aron, vous nalle% pas reprocher aux petites leur #estedamitié '

@( le bonhomme @rte#a veut&il en venir- $ Explique%&vous, Pablo.

Q ;est bien simple, madame Sanche%. ;aroline estun peu dis#raciée. Pas belle, avec un visa#e in#rat et plutt pRlot. @n ne peut pas dire quelle ait le minois bien attirant pour o**rir ses *leurs aux clients des Puces. Surtout à ceux quidescendent de leurs #randes automobiles. ;aroline ne *ait pasrecette. Ses bouquets reviennent *anés dans le panier.... ?andisque vos deux *illettes, avec leur *rimousse, ont vite *ait de placer les *leurs de ;aroline. ;est une bonne action, pas vrai-

Q ;ertainement, dit me Sanche%. Q >lors, ne les #ronde% pas. Haites comme si !e ne vous

avais rien dit. Q Elles auraient pu nous avertir, #rommelle la m0re deich0le.

Q ;e sont des en*ants, madame ;aron.... Q En*in... ais cette ;aroline est dé!à #rande.

Pense%&vous, Pablo, que ce soit vraiment une camarade pour nosdeux #amines-

Q >h madame ;aron Si vous connaissie% ;aroline...Une #rande et brave *ille, vous pouve% men croire. Et qui na pas beaucoup de !oies, alle% es Plisner ont le c/ur sur la main.?out de m)me, elle nest pas leur en*ant. @n ne le lui *ait passentir, mais elle semploie du matin au soir dans la maison. Ellenest pas heureuse, et na vraiment comme récon*ort que lamitiédes deux petites. '

a m0re de ich0le sest un peu radoucie.

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Mme Caron trouva les deux amies sur le seuil

29



$ ;est pour $ leur ' ;aroline que ich0le mademandé une paire de vieux souliers.

Q Gous vo"e% bien, madame ;aron. >lle%, il se *ait tard.

Je vais vous quitter. Q ais non, Pablo, vous reste% à dTner avec nous, ditme Sanche%. Gous #ardere% vos olives pour demain. Jai un b/u* bour#ui#non qui mi!ote. Entendu.... Gous reste%. Et puisSanche% sera si content de parler du pa"s avec vous en *umantune pipe.... Gous vous rappele%, Pablo... >lméria... la *iesta....es toros 5everrons&nous !amais lEspa#ne-

Q Nous, peut&)tre pas, dit Pablo. ais anuela.... Q Elle devrait bien arriver maintenant. Q Elle est s+rement passée che% les Plisner, porter à

;aroline lar#ent de ses bouquets. ?ene%, la voilà. 'a sonnette de la boutique avait tinté. $ Gous mave%

promis de ne pas vous *Rcher, dit le p0re @rte#a. Q Pour vous *aire plaisir, Pablo.... 'me ;aron allait sortir de lépicerie pour revenir che%

elle, quand elle trouva les deux amies sur le seuil.$ @h madame, si vous étie% #entille, dit anuela, vous

permettrie% à ich0le de rester avec moi. Elle dTnerait à lamaison. Goule%&vous-...

Q ais oui, laisse%&nous&la, dit me Sanche%. Elles !oueront un peu, apr0s le souper, et Pablo, en rentrant,raccompa#nera ich0le che% vous.

Q Je veux bien. Q @h merci, madame, dit anuela. Q ais ne veille% pas trop tard. l " a classe demain.

Donsoir. 'e p0re de anuela rentrait de son travail. l *aisait des

!ournées che% un antiquaire du quartier des Puces et réparaitles meubles anciens. l sculptait le bois, au ciseau et à la

#ou#e, pour re*aire les moti*s des panneaux détériorés. ;était

2:



un artisan tr0s habile. En Espa#ne, il avait travaillé dans lamarqueterie dart.

a salle à man#er des Sanche% était décorée de tableaux en

relie*, sculptés en plein bois daca!ou ou de ch)ne, par le p0re deanuela qui occupait ainsi ses loisirs et ses veillées. ?ousreprésentaient des sc0nes de la vie en Espa#ne des courses detoros, des processions de pénitents en ca#oules pointues, et un beau portrait de la adone de Sancta&ar#arita aux "eux baissés, les mains !ointes au&dessus dun bambino qui avait lestraits et la ressemblance de Joselito, le petit *r0re de anuela.

$ anuela, dit me Sanche%, pendant que !e vais à lacuisine, occupe&toi du biberon de Joselito.

Q Je vais laider, dit ich0le. Q anuela... Hais bien bouillir la tétine. Q @ui, maman. Q 4ép)che&toi.... Joselito a *aim. entends&tu

pleurer- >llons, ne sois pas tou!ours sous mes pieds. ;e que tues maladroite, ma pauvre petite. aisse *aire ich0le. Elle

na pas de petit *r0re, mais elle est moins empotée que toi.>ttention... e lait est trop chaud.... 'Sur les #enoux de ich0le, Joselito sé#osillait et se

tortillait comme un petit diable. l se !eta sur sa tétine etcommenOa davaler #oul+ment.

Iuand le bébé *ut rassasié, les deux *illettes le bord0rentdans son berceau.

$ > table, la soupe est servie.... '>pr0s le dTner, Pablo et le p0re Sanche%, tout en *umantleur pipe, revinrent à leurs souvenirs dEspa#ne. ls avaient#ardé la nostal#ie du pa"s du soleil, et de leurs !eunes années.ais bientt, le p0re de anuela, qui avait eu une rude !ournée,sassoupit dans son *auteuil, et Pablo vint retrouver les deuxamies à la petite table o( anuela narrivait pas à terminer ledevoir quelle avait à *aire pour le lendemain.

2L



$ >ide%&moi un peu, Pablo.... Q Si !e peux. @n se rouille, petite, on se rouille. 'l tourna la t)te du cté de la cuisine do( venait un bruit de

vaisselle, puis vers la cheminée. e p0re Sanche% somnolaitdans son *auteuil.$ Ecoute%&moi, toutes les deux, dit&il. Iuand ta m0re est

venue ici, tout à lheure, ich0le, !e te prie de croire quelle étaittr0s en col0re. - Pourquoi-

Q oi, !e sais que vous ne *aites rien de mal. ais aussi pourquoi navoir pas. dit la vérité à vos parents- <eureusementque !étais là pour arran#er les choses. e vieux Pablo connaTtvos petits secrets, mes en*ants. Et vos m0res se *aisaient un. telsouci.... Iuest&ce quelles allaient sima#iner....

Q Pablo, murmura anuela. Gous ne leur ave% pas dit-... Q ais si, ma petite. l *allait bien que !e parle. Q Gous leur ave% dit-... Q a vérité.... 'es deux #amines avaient pRli. ?out à leur émoi, elles

navaient m)me pas vu le sourire de leur vieil ami, un sourirerassurant.$ Je leur ai dit, reprit Pablo. es Puces... les bouquets de

;aroline. Gos mamans ont tr0s bien compris. 'e re#ard de anuela rencontra celui de ich0le. es

deux *illettes étaient encore tr0s émues.$ aintenant, vo"ons ce probl0me, dit le p0re @rte#a. Je

dois )tre encore capable de trouver la solution. 'Iuand lheure *ut venue de se séparer, anuelaaccompa#na son amie !usquà la rue. es *illettes sembrass0rent.

$ Pablo ne se doute de rien... murmura tout bas anuela.Jai bien cru.

Q l peut dire quil nous a *ait une belle peur,

2C



répondit anuela.... >vec cette histoire de sac, il était troptard pour aller là&bas ce soir, mais demain, apr0s la classe, nousirons che% nous.

Q @ui, ich0le.... >ussitt la classe.... Donne nuit. Q Donne nuit, anuela.... Q Donne nuit, Pablo.... 'es deux #amines disaient, entre elles chez nous.;he% nous....;était cela le beau secret quelles cachaient dans une

maison vide de la rue ?aille*er, la rue abandonnée o( Pablocro"ait que anuela nirait plus désormais !ouer avec ich0le,apr0s la nuit tombée.

2B



CHAPITRE III

« CHEZ NOUS »

E lendemain, les deux amies se retrouv0rent à la sortie dela classe. eur cartable à la main, elles press0rent le pas. 40squelles eurent quitté la rue des 5osiers, elles prirent le petit

passa#e qui les menait tout droit derri0re le ;arré aublanc.Pour rentrer che% elles, le plus court était de couper par la place.Un #rand espace nu o( poussaient quelques platanes parmi lestas de #ravats des démolitions....

ais ce soir, comme elles se létaient promis, ich0le etanuela avaient décidé de ne pas revenir directement à lamaison.

$ Et >!ax- dit ich0le.

7M



Q l est à lattache. Q e pauvre chien.... Q l méritait une leOon. Je le sortirai un peu avant le dTner.

Q Nous allions oublier avier dit ich0le. Passons che%le marchand de #raines. l nen reste plus une miette che% nous. Q ;est vrai. >llons&" vite. ' avier était un poisson

rou#e.4ans la boutique du marchand, les deux amies se *irent

peser une petite poche de #raines et de *arine quon donne aux poissons dans leurs bocaux. Elles compt0rent et recompt0rent cequi leur restait à elles deux de monnaie pour savoir si elles pourraient so**rir une belle al#ue ondulante qui décorerait le*ond du bocal o( tournait leur poisson rou#e. Elles ne possédaient que trente&cinq centimes. Elles étaient tr0sdéOues. .al#ue en co+tait quarante.

$ Emporte%&la tout de m)me, dit le marchand. PuisquWellevous *ait envie. Et chan#e% leau de votre poisson, si vous nevoule% pas quil se laisse mourir comme le premier que !e vous

ai vendu. Q erci, monsieur. 'es deux *illes, en courant, travers0rent le passa#e. $ @n

*ait le #rand tour, dit anuela. Q ;est plus prudent. 'Un c"cliste traversait le terrain va#ue, son vélo à la main. l

était impossible de rouler dans cette terre dé*oncée. es deux

amies le laiss0rent séloi#ner.l avait plu dans lapr0s&midi. Pour ne pas patau#er dans les*laques deau, il *allait sauter sur les #rosses pierres, les tas de plRtre et les madriers qui !onchaient le sol.

$ Gite, voilà encore une ondée ', dit ich0le.Elles prirent leurs !ambes à leur cou. aintenant, on

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pouvait courir sur les pavés dune ancienne impasse quinavait pas encore été déchaussée. anuela et ich0le étaientun peu essou**lées en arrivant au trottoir dé*oncé. Elles le

suivirent en lon#eant les murs.a rue ?aille*er navait pas plus de deux cents m0tres. Elle*aisait un coude, à lendroit o( un pan de muraille sétait abattu.

Jusquau tournant, on ne risquait pas d)tre aperOu de lautreextrémité de la rue qui aboutissait au coin de la place, en *ace du passa#e 6audr" et de léchoppe du p0re @rte#a. > cette heure,Pablo était s+rement encore sous la tente du petit ca*é.

$ e vois&tu- dit anuela. Q Non. Q l ne va pas tarder à revenir devant son brasero. >lle%,

vite 'e trottoir était #lissant, ce qui nemp)chait pas les deux

#amines de courir. $ @u* Q l était temps.... Q l ne peut pas nous avoir vues.

Q Non. 'es deux *illettes sétaient ré*u#iées sous lentrée du 77, ladeuxi0me maison de la rue à partir de la place celle qui avaitun éta#e, et deux *en)tres o(, un soir, le vieux Pablo avaitaperOu de la lumi0re.

anuela !eta un re#ard vers le petit ca*é. Pablo étaitrevenu. l servait une poche de marrons à une cliente. l navait

rien vu.$ ontons, dit ich0le. Q l *audra trouver un paillasson pour sessu"er les pieds,

dit anuela. Q l " a tant de choses quil *audrait trouver, répliqua

ich0le. >lle%, #rimpons che% nous. 'Elles escalad0rent quatre à quatre les escaliers.

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$ Jai trouvé, à la maison, un trousseau de vieilles cle*s, ditanuela. >vec un peu de chance, il " en aura bien une qui iradans la serrure. & @n verra Oa tout à lheure.

Q ;e serait quand m)me mieux de pouvoir *ermer lappartement ', dit anuela.ich0le poussa la porte.;omme son amie, chaque *ois quelle arrivait sur le palier

de la maison vide, elle avait le c/ur qui battait trop vite.$ Eh bien, entres&tu-... 'es deux petites étaient che% elles. anuela re*erma la

porte.appartement & & les deux amies en parlant de leur che%

elles disaient aussi $ lappartement ' Q comportait deux pi0ceset une petite cuisine, en retrait sur la cour.

es papiers qui tapissaient les murs étaient un peu *anés etdéchirés par endroits. ais anuela et ich0le sin#éniaient àcacher les taches et les déchirures en *ixant avec des punaisesdes ima#es découpées dans les ma#a%ines.

4eux carreaux brisés manquaient aux *en)tres, mais lesvides avaient été bien masqués avec des *euilles de carton.a poussi0re sortait des !oints du parquet auquel il

manquait quelques lattes et qui sa**aissait dan#ereusement par places. es deux petites avaient beau bala"er et *aireconsciencieusement leur ména#e, cétait tou!ours àrecommencer.

$ ;est trop #rand pour nous deux, disait le plusnaturellement du monde anuela. Q ais nous navions pas le choix ' répliquait en riant

son amie.e choix ne manquait pourtant pas, parmi tous les

immeubles abandonnés de la rue ?aille*er. ais voilà,

77



$ che% nous ', pour les deux #amines, cétait ce premier éta#e du 77 o( le hasard les avait un !our conduites.

appartement était tenu tr0s propre et paraissait habité. es

meubles manquaient, mais deux éta#0res étaient restées *ixéesau mur. es deux amies les avaient décorées avec des *ran#es de papier de couleur, découpées comme de la dentelle. Elles "avaient ran#é des livres, des cahiers, un encrier, des porte&plumeet des cra"ons.

Sur la cheminée, il " avait tou!ours quelques *leurs dans unvase, pr0s du bocal o( avier, le poisson rou#e, tournaitinlassablement en rond.

Iuand ich0le et anuela avaient la chance de pouvoir séchapper un moment, cétait pour elles un plaisir tou!oursnouveau de sattabler devant ce petit #uéridon boiteux dont un pied avait été ra*istolé avec de la *icelle. ich0le lavait trouvédans le #renier des ;aron. Un soir, en se cachant, elle lavaitapporté au 77 de la rue ?aille*er.

l arrivait aux deux amies une ou deux *ois dans la semaine

de recopier ici leurs devoirs de classe, et de réciter chacune àtour de rle leurs leOons pour le lendemain. Par*ois, elles parta#eaient des #Rteaux achetés che% le pRtissier à la sortie delécole.

l " avait quelques provisions dans le placard un pot decon*iture, des biscuits, du chocolat et une boTte de *er o( les*ourmis trouvaient encore le mo"en de se #lisser pour #ri#noter

les morceaux de sucre.Sur un vieux réchaud, dans la cuisine, apr0s avoir étéchercher de leau dans la cour, on *aisait cuire un savoureuxcacao, ou bouillir leau pour le thé. anuela servait la dTnette sur un napperon *leuri quavait brodé ich0le, et sur lequel ondisposait deux !olies tasses bleues avec leurs soucoupes.anuela les avait choisies dans le lot des primes que la mamanSanche% donnait

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aux clientes de lépicerie pour lachat de deux paquets delessive Miriflor..

e dimanche et le !eudi, apr0s le dé!euner et aussitt la

derni0re bouchée avalée, les deux amies séchappaient de che%leurs parents. ich0le attendait anuela à lentrée de limpassedu evant. Elles suivaient la rue ?raversi0re, coupaient court,avant darriver aux Puces, pour contourner le ;arré aublanc.Elles prenaient alors par&derri0re la rue ?aille*er o( ellesretrouvaient le petit intérieur quelles avaient installé si#entiment.

$ >u!ourdhui, on *ait le ména#e à *ond, disait ich0le. Jaiapporté une boTte dencaustique.

Q oi, disait anuela, !ai pris à lépicerie un bidon de Selpic pour décrasser lévier de la cuisine.

Q >ttention, il paraTt que Oa br+le les mains.... Q Ne tinqui0te pas. Jai aussi une paire de vieux #ants de

caoutchouc de ma m0re. '

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es deux *illettes nallaient plus !amais au cinéma. l "avait tant de choses à acheter et qui manquaient dans la maison un broc, une brosse, des bou#ies, du savon, des bibelots pour

rendre plus coquet le petit appartement o( elles !ouaient à laména#0re.eur bourse décoli0re nétait pas tr0s #arnie. >ussi

économisaient&elles, sou par sou, lar#ent de leurs menus plaisirs.

eur !oie, cétait de se retrouver ici, en #rand secret, davoir ce $ che%&nous ' dont personne naurait pu soupOonner lexistence. Personne, sau* peut&)tre le vieux Pablo dont il*audrait se mé*ier à lavenir.

4erri0re son brasero, au coin de la place, Pablo vo"aitden*ilade le premier tronOon de la rue abandonnée. ais, de la premi0re *en)tre de lappartement du 77, en se penchant un peu,on pouvait aussi surveiller la place et lentrée du passa#e6audr". @n pouvait #uetter le départ de Pablo, en pro*iter pour sesquiver et sortir en courant de limmeuble que tout le monde

cro"ait inhabité.e secret était bien #ardé.

***

;e nest pas tout à *ait par hasard que anuela et son amieavaient découvert cette retraite clans limmeuble abandonné du

vieux ;arré aublanc. eurs !eux les avaient entraTnées par là.>vec dautres camarades, on samusait à se cacher danslentrée des portes, au *ond des couloirs vides. Plus de passants.es #osses du quartier étaient che% eux.

es #arOons s" livraient par*ois des batailles ran#ées, maisils pré*éraient !ouer sur limmense terrain va#ue o( ils avaientcreusé des abris et bRti avec des lattes, des planches et du papier #oudronné, un camp qui ressemblait asse% à celui dune tribu

dndiens Sioux. ls avaient

7:



peinturluré de #rands poteaux o( ils accrochaient toute une panoplie darmes en bois et de casques de plumes. ls enterraientla hache de #uerre dans la boue de la place aublanc. >ccroupistout autour, ils *umaient le calumet de la paix une ci#arettequun des #arOons sortait de sa poche et quon se passait de mainen main pour en tirer, chacun son tour, une savoureuse bou**ée.

Sau* pour des r0#lements de comptes, les #arOons nétaient pas tellement attirés par la rue aux maisons branlantes, o(ich0le et anuela avaient dabord commencé à !ouer à avoir peur.

;ourir comme si on était poursuivies sans oser seretourner.... ;ourir à en perdre le sou**le tout au lon# de cetterue déserte o( le vent *ait battre une *en)tre, pour déboucher sur la place o( passent des #ens, des voitures.... 5etrouver lanimation, les bruits du quartier habité, en sortant de la rue?aille*er o( les bRtisses nues et vides évoquent un mondeétran#e et m"stérieux.... Goilà qui *ait battre le c/ur...

Un soir quelles sétaient aventurées dans la rueabandonnée, elles avaient été suivies par un #rand chiene**lanqué. Elles lavaient dé!à aperOu plusieurs *ois, errantcomme une b)te qui a perdu son maTtre.

4habitude, le chien sen*u"ait à leur approche. ;ette *ois&là, il sétait enhardi. l avait suivi les deux amies. l avait unre#ard malheureux. anuela, en lui donnant #entiment des motsdamitié, sétait approchée du chien&loup pour le caresser. lnavait *ait quune bouchée dun morceau de pain qui restait du#o+ter des *illettes.

e lendemain, le chien les attendait, caché danslencoi#nure dune porte. ;elle du 77....

> partir de ce !our&là, en venant rue ?aille*er, ich0le etanuela ne manquaient !amais dapporter quelques provisions pour la malheureuse b)te abandonnée qui pré*érait se laisser

mourir de *aim plutt que de saventurer

7L



I !"!#$ %&#"# '% ('&) !#'%.

7C



hors de la rue. Iuand elles le quittaient, le chienaccompa#nait ses nouvelles amies !usquau coin de la place.ais il nallait !amais plus loin.

@( dormait&il, la nuit- Sans doute dans lencoi#nure decette porte do( il #uettait le retour du maTtre qui lavaitabandonné.

;était !ustement dans cet immeuble du 77 que le chien&loup avait son #Tte. Un !our, il conduisit lui&m)me ses amies !usquà léta#e o( il se terrait. l monta lescalier, tournant la t)tevers les deux *illettes, comme pour les inviter à le suivre. lescaladait deux ou trois marches, puis sarr)tait pour lesattendre.

$ Giens ', dit anuela qui était la plus hardie.e c/ur battant, elles avaient suivi le chien.En haut, elles avaient trouvé cet appartement délabré. e

chien, la queue *rétillante, le re#ard implorant, se caressait aux !ambes de anuela. Planté sur ses pattes, étou**ant dans sa#or#e un #rondement tr0s doux, il était heureux davoir conduit

ses amies !usquici, dans son repaire.4ans un coin de la pi0ce, sur le parquet, une méchantecouverture était étendue. e chien avait d+ dormir là, à cté de$on maTtre. homme avait man#é et bu. Par terre, traTnaient une bouteille vide, des miettes de pain et des mé#ots de ci#arettes.e chien revenait chaque nuit se coucher sur cette #uenille delaine qui devait #arder lodeur du va#abond.

es deux miettes revinrent souvent dans la maisonabandonnée. ;haque *ois quil les retrouvait, le chien leur *aisait*)te. l navait plus son re#ard malheureux. Peu à peu, il sétaithabitué à son nouveau nom >!ax.

Un soir, comme à re#ret, sarr)tant tous les dix pas, pr)t àrevenir en arri0re, il avait suivi anuela !usquau passa#e6audr". a *illette avait *ait son entrée dans la boutique desSanche%, accompa#née de cette #rande

7B



b)te toute *rissonnante dans sa *ourrure *auve un peu pelée,et qui !etait des re#ards inquiets aux htes de cette maisoninconnue.

anuela avait obtenu non sans peine quon *asse une placeà son proté#é dans un coin de sa petite chambre. Elle avaitdécrassé >!ax au savon noir. Elle avait soi#né la vilaine cro+tedun mal qui lui ron#eait une oreille.

4urant la premi0re semaine de son adoption, on ne pouvait pas réussir à rassasier la pauvre b)te qui navait que les os et la peau. >u bout de quelques !ours, >!ax était redevenu tr0s beau,et son poil terni avait retrouvé ses chaudes couleurs de *eu.

aintenant, le chien suivait anuela comme son ombre.@n avait beau len*ermer, il trouvait tou!ours le mo"en de sauter par une *en)tre, dentrebRiller une porte pour se précipiter à larecherche de sa petite maTtresse quil savait hors de la maison. lla cherchait che% ich0le. l lattendait à la sortie de quatreheures, devant la #rille de lécole. Hou de !oie de la retrouver apr0s lavoir crue perdue, il sautait aux épaules de la petite *ille,

plantait son museau noir dans ses cheveux. 6ourant devant lesdeux amies, il les entraTnait à travers limmense terrain va#ue,vers la rue ?aille*er.

>rrivé devant la porte du 77, >!ax sarr)tait. a ca#esombre de lescalier lattirait. 4u re#ard, il demandait à anuelade laccompa#ner là&haut. l navait pas oublié tout à *ait leva#abond qui lui avait appris à suivre une dame dans la rue,

pour lui voler son sac.;était devenu une habitude. Presque chaque soir, les deux*illettes se retrouvaient un moment avec leur chien, dans cetappartement, au premier éta#e du 77. >!ax se couchait dans soncoin. l semblait dire $ ;est ici que nous serions bien, tous lestrois. ;he% nous. '

Et peu à peu, était née lidée dun $ che% nous ', danslesprit des deux amies. Elles en avaient dabord r)vé

8M



comme dune chose impossible. anuela à qui on laissaitche% elle plus de liberté quà sa compa#ne, était beaucoup plusrésolue. Son audace e**ra"ait un peu ich0le. ais elle aussi,mal#ré ses craintes, était tr0s séduite par ce pro!et. anuelaarrivait tou!ours à ses *ins. Et cest avec la m)me !oie, la m)me*i0vre que les deux *illettes commenc0rent à or#aniser leursloisirs, à léta#e de la vieille maison.

4epuis la rentrée des classes, elles avaient réussi à rendrecoquet ce petit intérieur dont personne naurait soupOonné

lexistence. es heures passaient ici comme par enchantement,dans une douce intimité.

;he% elles, les deux petites menaient à leur #uise leur vieden*ants. Genir vivre là librement toutes les deux, était bien plus passionnant quun !eu.

ich0le et anuela oubliaient quun !our, bientt peut&)tre,les équipes de démolisseurs sattaqueraient

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aux vieilles bRtisses de la rue ?aille*er. 6omme les autresmaisons, le 77 serait alors rasé.

Elles navaient m)me plus peur dune visite inquiétante,

comme au début de leur installation. Elles ne pr)taient plusloreille au craquement du bois vermoulu de lescalier, o( onaurait cru entendre un pas monter. e soir, penchées sur leurscahiers décoli0res, à leur petite table, elles ne relevaient plus lat)te quand >!ax sa#itait.

$ ?ranquille, >!ax.... 'e chien, lui, restait tou!ours en éveil. 4ressé sur ses

pattes, le museau tendu, le re#ard *ixe, il écoutait.... Puis, les"eux clos, il sallon#eait de nouveau, *aisant battreimperceptiblement sa queue. e chien&loup #ardait tou!ours lesouvenir de lhomme qui un !our pourrait bien revenir et monter lescalier de limmeuble.

*

* *

;e !our&là, anuela et ich0le apr0s avoir donné des

#raines à avier le poisson rou#e, sattaqu0rent au ména#e de laseconde pi0ce qui du temps des anciens locataires, avait été unechambre.

ich0le aurait voulu quon se contentRt de condamner la porte de communication. Pour elles deux, cette pi0ce de sé!our,comme elle disait, et la petite cuisine étaient bien su**isantes.ais anuela avait décidé daména#er la seconde pi0ce.

$ ;omme si on navait pas dé!à asse% de mal à entretenir une chambre, disait ich0le. Q Iuand on aura bien netto"é à *ond dans tous les coins,

tu verras, répondit anuela. > cté, le parquet a été ciré. En "mettant le temps, on le rendra brillant. @n " serait mieux quedans cette pi0ce de devant.

Q Si tu veux tout bouleverser.... ais cétait tr0s biencomme Oa.

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Q Pour le moment, oui, trancha anuela. ais les !oursraccourcissent. @n ne pourra pas allumer de lampe ici.

Q >s&tu trouvé une lampe-...

& @ui. ais la lumi0re se verrait aux *en)tres. ?u nas pas pensé à cela. ?andis que dans la chambre qui donne sur la cour,on naura pas besoin de prendre de précautions. @n ne se *era pas repérer par Pablo.

Q Et le berceau-... Iuest&ce que tu *eras du berceau- '4ans leur déména#ement, les anciens locataires avaient

abandonné là un moXse den*ant.$ @n pourrait le porter dans la cour, dit anuela. ais !ai

trouvé mieux. 'anuela avait pensé utiliser cette lé#0re nacelle dosier.$ nest pas encombrant, ce berceau, dit&elle. >vec une

!olie #arniture de n"lon et des volants, on peut en *aire unecorbeille à ouvra#e.

& Un peu #rand pour une corbeille Q ais non. >lle%, !e men occupe. ?oi3 pendant ce temps,

tu pourrais laver le parquet. Hais chau**er une bassine deau sur le réchaud à alcool, et mets la bonne moitié dun paquet delessive. '

es deux *illettes avaient passé de vieux tabliers quirestaient accrochés dans la penderie pr0s de lentrée et se préparaient pour le #rand ména#e de la pi0ce du *ond quand toutà coup, elles entendirent un lé#er bruit dans lescalier.

$ Ecoute... sou**la ich0le. @n monte. 'es vieilles marches craquaient à peine. @n e+t dit les pas*eutrés dun homme chaussé despadrilles.

;ette *ois, cétait lui es deux amies an#oissées avaient pensé en m)me temps au va#abond, à lancien maTtre d>!ax.

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@n #rattait à la porte. homme, dans lombre, devaitchercher le loquet.

Drusquement anuela éclata dun rire un peu nerveux.Iuelle détente.... Elle avait reconnu le !appement plainti* delami qui venait les surprendre. Elle courut vers la porte etlouvrit. >!ax, en sélanOant pour prodi#uer ses e**usions, *aillitla renverser. l bondissait à travers la pi0ce, *ollement heureuxdavoir retrouvé les *illettes. l traTnait, attachée à son collier, lalaisse quil avait coupée avec ses dents.

$ Je lavais pourtant bien attaché, dit anuela en riant.

Pablo laura s+rement vu passer et courir vers la rue ?aille*er.>lle% coucher, vilaine b)te. Gite, >!ax... dans ton coin. '

;était vraiment son coin, auquel le #rand chien&louprevenait tou!ours, pour sallon#er et r)ver, la t)te entre les pattes.endroit o( était resté étendue la vieille couverture queanuela avait !etée au *ond de la cour, dans un petit appentisencombré de *errailles et de chi**ons que les ramasseurs de la

tribu Plisner navaient pas encore découverts. es deux *illettesavaient *ouillé ce réduit de *ond en comble.... ;e qui avait étémis au rebut par les di**érents locataires ne pouvait tenter quedes chi**onniers. 5ien dutilisable pour lappartement.

4ans la pi0ce du *ond, ich0le chantonnait, à #enoux sur le parquet, *rottant à pleins bras les lattes crasseuses avec une brosse en chiendent.

$ ;est trop dur, anuela.... Giens maider....& Nous ne sommes pas obli#ées de *inir au!ourdhui. Nous

allons *aire ce carré devant la *en)tre. Puis, il sera lheure de#o+ter. Jai deux pains au lait et un nouveau pot de con*iture. '

>pr0s ce #rand ména#e, il avait *allu *aire de nouveauchau**er de leau pour se netto"er les #enoux et les coudes. esdeux *illettes avaient accroché leurs tabliers au

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portemanteau du placard, puis elles sétaient installées àleur petit #uéridon, pour la dTnette. Pr0s delles, >!ax recevaitquelques miettes de #Rteau.

$ Ne re#arde pas ', dit anuela.Elle monta dans une chaise, allon#ea les bras vers la haute

éta#0re du placard.$ Une surprise- dit ich0le. Q ?u vas voir.... '@n entendit bientt un bruit de manivelle et de mécanique

quon remonte. Iuelques #rincements, le crachotement duneai#uille de phono. Et aussitt, un air de !a%%....

$ @h anuela.... Un phono sécria ich0le. Q Et qui marche. ?u entends-... 'e disque était un peu éraillé, mais les deux amies

écoutaient dans le ravissement.$ Nous ach0terons une boTte dai#uilles neuves, dit

anuela. a ne doit pas co+ter tr0s cher. Et puis, tu sais, nousavons quatre disques. Q ais o( as&tu trouvé tout Oa- ;he% toi- Q Non, un cadeau. Q Un cadeau, dit ich0le intri#uée. ;e nest pas

Pablo-... Q Non... ;aroline ', dit anuela. e re#ard de ich0le

devint sombre.$ >h ;aroline... dit&elle. ?u mavais pourtant promis.... Q ?u ne vas pas te *Rcher, dit anuela. @ui, cest ;aroline

qui ma donné le phono et les disques. Elle les a trouvés dans le bric&à&brac des Plisner. Elle ma dit $ Pour votre appartement. '

Q Pour votre appartement... répéta ich0le ?u lui asdonc dit que nous avions ce che% nous...- >lors, ;arolineconnaTt notre secret-...

Q ?u sais, ich0le, !e crois quelle sen doutait.

8:



Q Elle nous aura suivies.& Peut&)tre, dit anuela. Ycoute, ich0le, ;aroline est

une bonne camarade. ?u es la premi0re à vouloir vendre ses*leurs. >lors, pourquoi ne lui permets&tu pas de venir ici, detemps en temps-

Q Non, !e ne veux pas, dit ich0le butée.& ?u as tou!ours dit non. Q @n peut laider à vendre ses *leurs sans )tre obli#ées

de linviter che% nous. ?e la&t&elle demandé-...

Q Elle na pas osé. Pourtant, cela lui *erait plaisir.Graiment, tu ne veux pas-

& Non ', dit ich0le.es deux *illettes baissaient la t)te. e chocolat

re*roidissait dans les tasses.$ Elle nest pas heureuse, ;aroline, reprit anuela. Elle

na pas de chance. Sois tranquille, m)me si nous ne lui *aisons

pas si#ne de venir nous retrouver ici de temps en temps, ellene parlera pas.

Q ;aroline est #rande, dit ich0le, plus #randeque nous.

Q >lors-... Q >lors, si elle vient ici, nous ne serons plus che% nous.

Elle voudra commander, )tre la maTtresse. En*in, *ais comme

il te plaira, anuela. Q ?ant pis pour ;aroline ', murmura anuela à re#ret.4eux amies qui sentendaient si bien.... ais ce soir, à

cause de ;aroline, une petite *Rcherie venait !eter un lé#er trouble dans leur c/ur.

$ @n nen parlera plus, dit anuela.... Et puis, tu as peut&)tre raison. Elle est #rande, ;aroline. '

> la nuit tombante, les deux *illettes quitt0rentlappartement pour rentrer che% elles. Une des cle*s quavait

8L



apportées anuela sadaptait par*aitement à la serrure dela porte du palier.>vant de se risquer au&dehors, elles entrebRill0rent une

*en)tre et !et0rent un coup d/il sur lentrée de la place. e brasero du p0re @rte#a ne rou#eo"ait plus. Pablo était rentréche% lui.

orsquelles sétaient montrées au balcon, les deux amies

auraient pu apercevoir une silhouette sur le trottoir den *ace.Iuelquun sétait arr)té devant leurs *en)tres et les épiait.$ Giens, >!ax.... '4ans le brouillard qui no"ait la rue ?aille*er, anuela et

son amie coururent à toutes !ambes. Elles pass0rent sans lavoir devant la personne qui les #uettait, cachée danslencoi#nure dune porte

;était ;aroline, la *ille adoptive des Plisner.

8C



CHAPITRE I%

LAURENT

S>E4 soir.... es deux amies sont allées à une petite*)te *oraine du quartier. Elles ont *ait le tour de la *oire dansla *oule qui se presse devant les stands de tir, les #randes rouesdar#ent o( lon #a#ne de ma#ni*iques poupées, les marchandsde bonbons et les man0#es. Elles sont revenues trois *ois auxmonta#nes russes dont les chariots, avec leurs #uirlandesdampoules électriques, *ont des chutes verti#ineuses etremontent dans le ciel comme des *usées de *eu.

8B



$ Un seul tour, anuela- 5ien quun... dit ich0le Q ?useras bien avancée apr0s. ;est comme la

ména#erie. Si !e tavais écoutée, on en sortirait maintenant.

Et nous aurions deux *rancs de moins dans notre bourse. >llons&nous&en,... ';est anuela qui tient les comptes. es deux amies ont

mis leurs économies en commun. l était bien entendu quenvenant à la *oire, on ne toucherait pas à cet ar#ent uniquementréservé aux achats indispensables pour lappartement.

$ 5entrons ', dit anuela.Elle navoue pas lenvie *olle quelle a de prendre place

avec ich0le dans une de ces petites autos multicolores qui se poursuivent et *oncent les unes contre les autres dans uncrépitement détincelles électriques. ais la petite de che% lesSanche% a du caract0re. Elle sait ce quelle veut. Elle entraTneich0le loin de la ronde des autos étincelantes, qui vous donneà lavance un délicieux verti#e.

>pr0s tout, est&ce si di**icile de résister à la tentation- l

su**it de penser quil *aut au moins deux *rancs pour acheter un pot de peinture, de quoi re*aire le devant de la cheminée touteécaillée, le placard et les éta#0res.

@n rentre.>!ax, tirant sur sa laisse, trottine devant les deux *illettes.

?out à coup, la cordelette que anuela tient enroulée autour deson poi#net se tend brusquement. Une secousse comme en

donne le *il dune li#ne quand un poisson sen*erre à lhameOon.l su**it de suivre le re#ard du chien&loup qui sétran#le dans soncollier, la t)te dressée. @n peut )tre s+r de découvrir parmi les promeneurs, à quelques pas en avant, une dame qui porte un sacà main, ob!et de convoitise.

$ anuela, re#arde qui passe... là, devant la baraque desmotos.

Q ;est ;aroline, dit anuela.

Q ?u as vu sa robe, comme elle est usée-... '

9M



Pourquoi se moquer de ;aroline-

$ Ses robes, elle les *ait toute seule, dit anuela. 4ans unvieux morceau de tissu. >lors, elle ne peut pas )tre bienhabillée.

Q Je sais ', dit ich0le.;aroline avait poussé trop vite. Ses lon#s bras

lencombraient. Son visa#e était terne, sans couleurs, et parseméde minuscules taches de son. Une bouche mince et trop #rande.4es oreilles mal ourlées que découvraient des cheveux raides,secs comme du *oin. ais que ses "eux étaient donc beaux4un vert doré, dun vert deau de mer ensoleillée. ;es "eux&làauraient su**i à embellir son visa#e. Pourquoi ;aroline nesouriait&elle !amais-...

a #rande *ille se perdit dans la *oule, devant les baraques.$ ?u as vu- dit anuela. ;aroline nest pas seule. arcel,

son camarade, laccompa#ne. arcel travaille aussi à la maison

Plisner. ais on dit, dans le quartier, quil veut )tre marin. Q 5estons&nous encore un moment à la *oire- ditich0le.

Q Non, nous allons che% nous. 'Iuittant la #rande allée des man0#es et des attractions, les

deux *illettes séloi#n0rent pour couper court en direction de larue ?raversi0re.

> la sortie de la *oire, on trouvait les derni0res tentes des petits marchands un tir à larc, des voiturettes de con*iseries, etun !eu de massacre o( des #arOons renversaient à coups de boules de son les poupées peinturlurées dune noce decampa#ne.

Pour une !ournée, le p0re @rte#a navait pas allumé son brasero au carre*our du ;arré aublanc. l sétait installé luiaussi sur la *oire pour vendre des cochons en pain dépice qui

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portaient écrit en lettres rou#es ou vertes, le nom du #arOonnetou de la petite *ille qui les avait achetés.

es deux amies pass0rent sans sarr)ter.a *)te attirait les promeneurs. a rue ?raversi0re étaitdéserte.

>!ax tirait à casser sa corde. l savait quon allait bienttdéboucher sur le terrain va#ue du ;arré aublanc o( on lelaisserait libre de courir et de prendre ses ébats.

$ 4étache&le ', dit ich0le.e chien sélanOa, *ila le lon# du trottoir, disparut au

tournant et revint au #alop. l !ouait comme un *ou, tournaitautour de son ombre, et repartait en bondissant.

Drusquement, au milieu de ces allées et venues endiablées,il sarr)ta, le coup tendu, en *ace de la porte coch0re dun #randimmeuble de briques rou#es.

>pr0s cet arr)t, il séloi#na de quelques pas, mais sanscesser de tourner la t)te du cté de cette porte devant laquelle

les *illettes arrivaient.$ Iuest&ce quil a- ' dit anuela.e chien rebroussait chemin. l revenait, lon#eant le mur, et

pointant le museau.Planté en arr)t devant lentrée de la maison, il hésitait.

Iuest&ce qui pouvait lintri#uer ainsi- En*in, >!ax senhardit. aqueue collée aux cuisses, léchiné en arc et le ne% à ras de terre,

il monta à pas comptés les quatre marches du perron et se *au*ila par la porte entrebRillée.$ >!ax, ici... 'ais le chien ne revenait pas. Sil allait *aire des siennes

dans cette maison-$ >llons voir ', dit anuela.Précédant son amie, elle #ravit les marches et pénétra la

premi0re dans lentrée o( semblait suspendue dans lombre une

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tache ronde de clarté la boule de verre à *acettes de la rampe delescalier.

>u pied de cet escalier, >!ax était assis, le museau

tendu vers un paquet déposé à cté de la premi0re marche,sur lessuie&pieds.

$ Un petit en*ant... ' murmura anuela la #or#e serrée.@n vo"ait à peine le minuscule visa#e emmitou*lé dans le

capuchon du manteau e**ran#é, dun blanc douteux.e bébé dormait.es deux *illettes narrivaient pas à surmonter le #rand

émoi qui les bouleversait. En*in, le c/ur battant, anuela se pencha vers le tout&petit. Elle tendit vers lui des mainstremblantes et, avec mille précautions, elle le prit dans ses bras.

$ ;omme il est beau murmura&t&elle. Q >ttention à ne pas le réveiller, dit ich0le. Q l dort à poin#s *ermés. 5e#arde.... 'anuela nosait pas caresser, m)me du bout du doi#t, la

petite !oue ronde. es deux #amines étaient en admirationdevant ce bébé qui semblait sourire, les "eux clos, dans sonsommeil. Elles avaient compl0tement oublié quelles setrouvaient dans lentrée dune maison inconnue... que, dunmoment à lautre, quelquun pouvait descendre lescalier et lestrouver ici, avec ce bébé dans les bras.

$ l est de lR#e de ton petit *r0re, dit ich0le.

Q Non, il est un peu plus petit que Joselito....5e#arde ses petits poin#s *ermés. l na pas plus de deux mois,ce bébé.

Q l va ouvrir les "eux.... Q Non. Ne le touche pas, dit anuela. Q ;omment a&t&on pu labandonner-... ' murmura

ich0le.Et, cessant de re#arder le beau bébé, les "eux tournés vers

son amie

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$ anuela ... Et si ce nétait pas un en*ant abandonné

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+ &on' il est (lus (etit )ue *oselito$$$$ »

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Q Iuest&ce que tu veux dire- Q Si sa maman habitait limmeuble- Q ;est impossible, vo"ons.

Q Pourquoi pas- Si elle lavait laissé là un moment, pour aller *aire ses courses- Q Pour aller *aire ses courses >lors, elle laurait mis bien

à labri dans son landau. @u bien elle laurait con*ié à la #arde dela concier#e, dans sa lo#e, au chaud....

Q ?u as raison, murmura ich0le. Q 4e toute *aOon, elle ne laurait pas déposé au pied dun

escalier, sur un paillasson Et en plein courant dair... Je tedis que cest un en*ant abandonné. Et re#arde&le, le pauvre petit, il est à peine couvert.... '

anuela berOait doucement le bébé dans ses bras. $Iuallons&nous *aire de ce nourrisson- ' demanda ich0le.

9:



anuela hésita un moment, puis dun ton de #randerésolution

$ Giens, dit&elle.

Q @( allons&nous- 'anuela ne répondit pas. Elle avait rabattu le capuchon sur le visa#e du bébé.

$ e vent est *roid ', dit&elle.Iuelques rares passants, pressés de rentrer che% eux, se

hRtaient dans la rue presque déserte. ls ne *irent pas cas de cesdeux #amines qui couraient derri0re leur chien, lune delles portant dans ses bras un bébé emmitou*lé.

ich0le suivait son amie. Elle était persuadée que anuela portait le petit che% les Sanche%. l " avait dé!à un poupon dansla maison, Joselito, le *r0re de anuela. a maman Sanche%soccuperait de len*ant en attendant quon ait avisé la police. ;edevait bien )tre la police quon prévenait dans ces cas&là.

@n arrivait au terrain va#ue. e plus court, pour re!oindrele passa#e 6audr", était de couper à travers la place !usquà

lan#le du ;arré aublanc et le petit ca*é o( Pablo sinstallaitchaque !our pour vendre ses marrons.$ anuela... '>!ax, pr)t à !ouer, bondissait aux épaules de la *illette qui

courait pour rattraper son amie. anuela... anuela... ';omme si elle navait pas entendu, anuela *aisait comme

dhabitude le #rand détour qui les éloi#nait du quartier habité.

@n tournait le dos au passa#e 6audr".... anuela @( vas&tu- Q ;he% nous.... '>!ax, qui connaissait le chemin, avait dé!à disparu au

tournant de la rue ?aille*er. Elle était déserte comme decoutume. ich0le rattrapa anuela qui avait ralenti sa course.e bébé sétait réveillé et commenOait à pleurer.

9L



Les deux #amines mont!rent )uatre " )uatre l+escalier$

9C



es deux #amines mont0rent quatre à quatre les marches delescalier du 77 et arriv0rent tout essou**lées sur le palier.

$ a cle*... dans ma poche de droite ', dit anuela.

ich0le ouvrit la porte.$ ?u es *olle, anuela. ?u es compl0tement *olle. ?u sais bien que nous ne pouvons pas #arder ce petit che% nous.Prévenons nos parents.

Q 4emain..., dit anuela. Q 4emain- ais non, tout de suite. l a *aim, ce bébé. l

sest rendormi, mais tout à lheure, il va se remettre à pleurer.Geux&tu que nous le portions che% toi-

Q 4emain, répéta anuela. ;est samedi. Nousallons le #arder che% nous, ce soir, et tout un dimanche... pour nous deux. 5ien que pour nous deux. Je moccuperai de tout.aisse&moi *aire.

Q ais tu ne sauras pas. Q Si, tu verras. 4emain soir, nous le porterons che% moi.

Nous le donnerons à maman.

Q Et quest&ce que nous dirons- demanda ich0le. Q Iue nous venons de le trouver, comme au!ourdhui.Goilà.... '

Une *ois de plus ich0le allait céder à anuela et *aire sesvolontés.

$ Enl0ve&lui son manteau, dit anuela. >llons, aide&moiun peu. '

e poupon était bien emmailloté dans ses lan#es. Sesmains potelées sortaient des manches de la petite veste de lainerosé reprisée qui recouvrait une brassi0re. e lin#e de lachemisette et de la brassi0re nétait pas tr0s net, et marqué detaches dusure. Sur une minuscule broche en or piquée dans le bavoir était #ravé le nom du bébé aurent.

$ Prends&le maintenant, dit anuela. Sil pleure, tu le berceras. oi !e ne *ais quun saut !usque che% nous.

9B



aman est seule et occupée à lépicerie. e petit va avoir *aim. Et puis, il *audra aussi le chan#er. ;he% moi !e trouveraitout ce quil nous *aut... un biberon de mon petit *r0re, du lait,

des lan#es. Q Et une couverture, dit ich0le. l aura *roid dans le berceau.

Q >ttends&moi. Je reviens tout de suite. ' anueladescendit les escaliers quatre à quatre, traversa en coup de ventle carre*our aublanc, et sans ralentir sa course arriva devantla petite épicerie du passa#e 6audr".

$ Je vais !ouer avec ich0le, dit&elle à sa m0re quisa**airait au ma#asin.

Q ?es devoirs sont&ils *aits- Q ;est demain dimanche. Q Ne rentre pas trop tard. 'anuela se *au*ila derri0re le comptoir et *erma derri0re

elle la porte de la salle à man#er. 4ans la chambre, Joselitodormait.

4ix minutes plus tard, elle sortit !de la maison, avec unvolumineux paquet sous le bras. Yvitant de traverser le ma#asin,elle passa par le couloir des locataires du premier.

e soir tombait.$ Pourvu que !e naie rien oublié ' se répétait anuela qui

revenait en courant vers la rue ?aille*er.l *aisait sombre dans lappartement. ich0le attendait le

retour de sa compa#ne avec impatience. e bébé était #ro#non.$ Je vais *aire de la lumi0re, dit anuela en déposant son paquet. l n" a pas de pétrole pour la lampe. Nous nouscontenterons dune bou#ie. Passons dans la pi0ce du *ond, pour que, de la rue, on ne voit pas de lumi0re à nos *en)tres. ets le petit dans son berceau. ?ant pis sil pleure. Je vais lui préparer un biberon.

:M



5e#arde, ich0le, !ai un *lacon #radué et deux tétines. ;enest pas ce qui manque à la maison.

Q Hait&on bouillir leau-...

Q Dien s+r. Q Pourvu quil en reste dans le broc. Q l en reste. @ccupe&toi du réchaud. ave bien la

casserole qui a servi pour le chocolat. oi, !e déballe lesa**aires. '

4ans une couverture quelle avait prise sur son lit, anuelaavait enveloppé une boTte de lait en poudre, un paquet de cotonh"drophile, un sachet de talc, et quatre torchons blancs delessive qui serviraient de lan#es.

$ ich0le, apporte&moi le #uéridon. 'anuela plia en quatre la couverture. Elle étendit le bébé

qui commenOait à crier.$ Gerse un peu deau chaude dans la cuvette 'anuela avait couché le petit sur le ventre, dé#ra*é les

épin#les de s+reté. Iuand elle leut démailloté, elle le netto"a

avec une pincée de coton, puis talqua les reins et les cuisses.$ Je savais bien que !avais oublié quelque chose.... escouches... tant pis, !e mettrai de louate sous le lan#e, ich0le-...e biberon est&il pr)t- . Q Dientt.

Q a bouteille aux trois quarts pleine, et trois bonnescuillerées de lait en poudre. ets à re*roidir devant la *en)tre.

Q Je lai *ait, dit ich0le. ;est dé!à ti0de.

Q >lors, apporte vite. 'nstallé sur les #enoux de anuela, le bébé se !etait sur satétine, avalait comme un #oulu, les "eux clos, !usquà en perdrele sou**le.

Ymerveillées, les deux *illettes ne quittaient pas le bambindes "eux. > peine osaient&elles toucher ses petits doi#ts.

:1



$ >llon#e&le davanta#e. 5el0ve&lui la t)te, dans le creux deton bras, dit ich0le.

Q Pourvu quil ne rende pas. '

e poupon était rassasié. l entrouvrait à peine les "eux.$ ?u vois, il suit la lumi0re, dit anuela. >llons, aurent,*ais risette.... '

ais le bébé était encore trop petit pour rire.$ Je prépare le berceau, dit ich0le. Pourvu quil nait pas

*roid Q Je ne pense pas.... ais, vo"e%&moi ce petit bout de

chou.... Geux&tu )tre sa#e Q Je vais lendormir ', dit ich0le.Et, balanOant le berceau, elle chanta à mi&voix Do, do, lenfant do Lenfant dor!ira bien "ite. Do, do,

lenfant do Lenfant dor!ira bient#t.$ ;omme il est beau, anuela... 'ich0le se pencha pour e**leurer dun baiser le *ront du

petit.

$ @h oui, il est beau... murmura anuela. aissons&ledormir. 'Elle alla *ermer les volets de la pi0ce du *ond o( le bébé

allait passer la nuit. Puis elle revint à cté de son amie pour lere#arder encore. ;était une soirée merveilleuse, inoubliable.es deux *illettes étaient che% elles, et un en*ant !oli comme unc/ur dormait là, dans ce berceau quavaient abandonné les

anciens locataires.$ ich0le-... Q anuela.... '4ehors, la nuit était tombée. l *allait rentrer pour que les

parents ne sinqui0tent pas. Et aurent- >llait&il rester ici, toutseul-

:2



ich0le de nouveau était désemparée. ais anuela sauvaencore la situation.

$ Ycoute, dit&elle. e bébé va *aire un #rand somme. Nous

avons le temps daller dTner. Q Et apr0s le dTner- Q aisse&moi parler. Jai une idée. Nous avons de la

chance, tu sais. ;e soir, nous sommes invitées toi et moi che%5osine, pour sa *)te.

Q ;est vrai, !avais oublié. >lors-... Q >lors, dit anuela, nous nirons pas. Q Et si les parents de 5osine nous envoient chercher en

ne nous vo"ant pas venir- Q Je me débrouillerai. Je passerai che% 5osine. Q Iuest&ce que tu diras- demanda ich0le. Q Je ne sais pas. Je trouverai. 4onc, pas de *)te che%

5osine. >ussitt le dTner terminé, nous revenons ici, toutesdeux....

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Q Passer la veillée. Q @ui, dit anuela. Nous pourrons rester tard. Je dirai

che% nous que !e dormirai che% toi. >insi, nous serons toutes

deux. >uras&tu peur- Q Non, murmura ich0le. Q >lors, cest entendu comme Oa. Je passe te prendre

aussitt le dTner, et nous revenons ici. Est&ce quil reste les bou#ies dans le paquet-

Q Non, dit ich0le. ;est la derni0re. Q ?u peux éteindre. ?out à lheure !en apporterai

dautres. 'Encore un coup d/il au berceau. en*ant dormait dun pro*ond sommeil.

Sans *aire de bruit, ich0le et anuela sortirent delappartement et donn0rent deux tours de cle* à la porte.

es deux amies se sépar0rent passa#e 6audr".$ > tout de suite, ich0le.... Q Je serai pr)te quand tu passeras. '

*

* *

;est le dTner qui nétait pas pr)t che% les Sanche%.$ >vec tous les clients que !ai eus ce soir... dit la

maman. ?ous les #ens du quartier sont allés à la *)te. lsnavaient rien préparé pour le souper. Et comme il n" avaitque ma boutique douverte, !ai débité beaucoup de charcuterie.

Q Je vais taider, maman. Q Je *erai bien toute seule, va. Q >lors, veux&tu que !e moccupe de Joselito- a doit

)tre lheure de son biberon.... Q a pauvre petite... laisse Joselito... > ton R#e, moi !e

savais moccuper dun bébé. Nous étions cinq dans lamaison.... ?oi, pourvu que tu !oues... Un bébé, ce nest pas un

!ouet. '

:8



*

* *

a derni0re bouchée avalée, anuela, impatiente decourir retrouver son amie, a rapidement *ait un paquet de son p"!ama et de sa trousse de toilette. ;he% les Sanche% oncontrarie rarement la petite. a m0re a consenti à ce queanuela, apr0s la *)te de 5osine, aille coucher che% les ;aron.

ich0le nest pas en retard. l pleut. a *illette attendlarrivée de anuela, à labri sous le porche de lentrept

voisin de la cordonnerie de ses parents.$ >s&tu pensé aux bou#ies, anuela- @ui. Q l na !amais *ait si *roid. Q ;e doit )tre #lacial, che% nous. 'es deux *illettes traversent le carre*our aublanc, bien

éclairé. En *ace, ce trou noir, cest la rue ?aille*er, que balaieun vent *roid char#é de pluie. ?outes *rissonnantes et dé!àtrempées, ich0le et anuela arrivent à la porte du 77. >!axles préc0de dans lescalier. anuela ouvre doucement la porte.a cle* #rince dans la serrure.

Pas un bruit. appartement est silencieux.$ dort..., dit tout bas anuela. 4échaussons&nous.... 'Elles enl0vent leurs souliers. 4ans le *ond du placard,

elles ont chacune une paire de vieilles sandales.a bou#ie est allumée.

4ans son berceau, ses deux petits bras relevés de chaquecté de la t)te, aurent dort, rosé et blond comme un chérubin.l na encore quun *in duvet de cheveux, un peu plus lon# au&dessus des oreilles.

e vent passe sous la porte.$ ;est vrai quil *ait plutt *roid, ici, dit anuela. Pour

cette nuit, nous *erons une bouillotte au petit, avec

:9



une bouteille bien bouchée et enveloppée dans un lin#e. 'es deux #amines ne se doutaient pas encore de quelles

inquiétudes elles auraient à pa"er le plaisir de !ouer à la maman

> neu* heures, aurent a réclamé son deuxi0me biberon.;elui&là, on la rempli pour que le petit #oulu nait plus *aim !usquau lendemain matin.

Et la veillée commence. <eureusement, anuela a apportéun paquet de bou#ies. ;omment aurait&on pu rester de silon#ues heures dans le noir- a porte est bien close cle* etverrou en dedans. > cté, >!ax ne dort que dun /il.

ich0le et anuela ont pris chacune un livre, mais leurs pensées ne sont pas à la lecture. es deux #amines sontheureuses, mais bien plus inqui0tes quheureuses.

;omme les heures sont lon#ueses deux amies sobservent à la dérobée. Elles sont aussi

anxieuses lune que lautre.Par*ois, lune delles se l0ve et va !usquau berceau o( le

bébé dort. Elles vont pouvoir veiller sur son sommeil !usquà

minuit. Pas plus tard. ais apr0s-... >pr0s, len*ant va rester seul, !usquau matin, dans la maison abandonnée.es deux en*ants, sans lavouer encore, re#rettent dé!à ce

quelles ont *ait.?out serait pré*érable à cette anxiété intolérable.Pourquoi attendre- Pourquoi ne pas envelopper le bébé

dans son burnous et lemporter che% les ;aron ou che% les

Sanche%-Iue dirait&on aux parents- ais rien que la vérité;omment on a trouvé len*ant. a *olie quon a *aite de vouloir le #arder un peu, de lavoir apporté ici.... ls #ronderonts+rement, mais tant pis.

ich0le n" tient plus $ Ycoute, anuela.... '

::



anuela a d+ ré*léchir aussi. Ga&t&elle céder cette *ois - $

Si nous allions chercher ;aroline-... propose timidementich0le.

Q >h tu accepterais maintenant que la #randevienne che% nous... dit anuela. oi aussi, !ai pensé à ;aro.

Q ?u vois bien Q ais ce soir ;aro va au bal. Q >vec arcel.

Q @ui. Q >lors, que *aire- ' murmure ich0le. anuela sestressaisie.

$ ?oi, tu as tou!ours peur de tout, dit&elle. Iue veux&tu quillui arrive, au petit-

Q Sil se réveille Q Pourquoi veux&tu quil se réveille- l ne *era quun

somme !usquau matin. ;omme Joselito.... l ne peut pas

:L



tomber du berceau. Nous en*ermerons >!ax ici. l monterala #arde. 4emain matin, nous nous l0verons tt. Nous *eronssonner ton réveil. '

anuela ne lavoue pas, mais elle est aussi tr0s inqui0te.Elle ne le laissera pas paraTtre devant ich0le. ais son amiedevine lémoi de sa compa#ne et le sien nen est que plus #rand.

Iuelle mauvaise nuit vont passer les deux #amines ;esera leur punition. Elles le savent.

a bou#ie éteinte, elles lont rallumée pour sassurer encoreune *ois que la bouillotte était chaude et bien bouchée, que le petit nétait pas trop serré dans ses couvertures.

>!ax, comme sil avait compris quil devait, cette nuit,#arder la maison, est resté couché dans son coin.

> re#ret, les deux *illettes sont sorties. Elles nont pascouru. Elles nont pas sou**lé mot depuis la rue ?aille*er !usqueche% les ;aron. eur toilette *aite, elles se sont couchées.

ais comment trouver le sommeil-$ 4ors&tu, anuela-

Q Non.... 'eur pensée revient sans cesse à cet appartement vide, o(un chien&loup veille sur le sommeil dun en*ant.

:C



CHAPITRE %

LA GRANDE

4>N;<E. >pr0s la #rande pluie de la nuit, le ciel sétaitlavé. Pour un hiver, une belle !ournée ensoleillée sannonOait.

;omme il *aisait clair dans lappartement, ce matin a

lumi0re chassait les ombres de la nuit, e**aOait le souvenir decette pénible veillée que les deux amies avaient passée pr0s du berceau dun tout petit.

e c/ur battant, elles avaient ouvert leur porte, apr0s unenuit presque sans sommeil. aintenant, elles se retrouvaient denouveau, toutes !o"euses, che% elles. Une lon#ue !ournée allaitleur permettre de soccuper active&

:B



ment du bébé. l pleurait à leur retour. ais anuela lavait pris dans ses bras, et len*ant, aussitt, sétait calmé.

l était si petit quelles avaient pu lui donner un bain dans la

cuvette émaillée. l avait !o"eusement #i#oté dans leau. Une*ois chan#é et son biberon bu, aurent qui ne demandait quàdormir sétait assoupi dans son berceau.

$ ettons&nous à la lessive ', dit anuela.l restait heureusement asse% dalcool dans la bouteille pour

remplir le réchaud. es *illettes se parta#0rent la beso#ne. escouches et les lan#es *urent savonnés, mis à bouillir puis rincésà #rande eau.

$ @( allons&nous *aire sécher ce lin#e- demanda ich0le.4ans la cour-

Q Non. 4ans la chambre du *ond. @n tendra une corde.Iuelle heure est&il-

Q 4ix heures.& 4é!à ;omme la matinée passe vite. 4is donc, ich0le, si

!e tavais écoutée, hier soir... tu vois bien quil nest rien arrivé au

petit. Q @ui, mais !avais si peur.... Q oi aussi, tu sais, dit en riant anuela. aintenant

nous voilà tranquilles. Nous allons pouponner toute la !ournée.Une !ournée dont on se souviendra, ich0le. Nest&ce pas-...

Q @h oui, mais ce soir-... Q Nous *erons ce que nous avons dit. >vant le dTner, nous

emporterons le bébé che% moi. Je dirai à maman que nousvenons !uste de le trouver dans lentrée du bel immeuble. Et puisce sera *ini.

Q Et aurent, quest&ce quil deviendra- demandaich0le.

Q aman nous le dira. Elle saura o( il *aut le porter. 'anuela re#arda son amie.

LM



$ <ier, on ne le connaissait pas, dit ich0le. @n ne savait pas quil existait.

Q >u!ourdhui, murmura anuela pensive, on croirait

presque quil est à nous. ais voilà, il nest pas à nous. Q Et il ne sera !amais à personne... balbutia ich0le.Pauvre petit aurent. > moins que quelquun ladopte.

Q ;est cela qui serait bien, dit anuela. Si !edemandais à maman de ladopter- aurent a presque le m)meR#e que Joselito.

Q Si cétait possible, comme le bébé serait heureux. Q >llons bon dit anuela, le voilà qui se réveille.

Evidemment, il ne peut pas dormir toute la !ournée. e prends&tu-... '

4ans les bras de ich0le, le petit #a%ouillait. es deux*illettes sempressaient autour de lui, essa"aient de le *aire rire.ais il se contentait dentrouvrir ses l0vres mouillées de lait, etde suivre du re#ard le mouvement des doi#ts que anuelaa#itait devant ses "eux.

> midi, biberon et toilette.es deux !eunes mamans pouvaient aller dé!euner tranquilles. Elles se promettaient dailleurs de ne pas rester lon#temps absentes.

Elles durent *aire le #rand détour par le *ond de la rue?aille*er et la limite des terrains va#ues, a*in que personne ne lesvTt déboucher sur le carre*our aublanc.

En arrivant en *ace de limpasse du evant, anuelasarr)ta et *ouilla les poches de son manteau.$ Iue cherches&tu- demanda ich0le. a cle*. Q ?u ne las pas- Q Si. ais !e crois avoir oublié de *ermer la porte. &

nutile de revenir, dit ich0le. Iui veux&tu qui monte che%nous- Personne n" est !amais venu, m)me quand nous navions pas de cle*.

Q ;est vrai.

L1



& >llons vite dé!euner, pour revenir plus tt là&bas. ?u asraison, dit anuela. >h >pporte donc un peu de viande et de pain. Pour >!ax. Jen prendrai aussi che% moi.

Q Entendu. > tout de suite. 'ZZZ

Iuelquun avait vu passer les deux #amines. IuelquWun quiconnaissait leur man0#e et savait do( revenaient ich0le etanuela, quand elles prenaient soin de *aire le #rand tour, par&derri0re les démolitions.

;était ;aroline.es Plisner lui avaient donné son apr0s&midi du dimanche.

>u!ourdhui, elle ne vendait pas de *leurs sur le carreau desPuces.

;aroline vit les *illettes séloi#ner en direction du passa#e6audr". Elles rentraient che% elles. ;était une occasion à ne pas

manquer. ;aroline nhésita pas lon#temps. Haisant en sensinverse le chemin que anuela et ich0le avaient pris, elletraversa les terrains va#ues !usquà lentrée de la rue ?aille*er, la plus éloi#née du carre*our aublanc.

>rrivée en *ace du 77, elle marqua un arr)t. à, se cachaitlappartement dont anuela lui avait parlé, et o( les deux*illettes qui étaient pourtant ses amies, navaient !amais consenti

à linviter.$ Elles ne sauront pas que !e suis venue ', pensa&t&elle.Pourtant, elle hésitait à monter lescalier. ais la tentation *ut la plus *orte.

;aroline arriva à léta#e.a porte nétait *ermée quau loquet. Elle louvrit, entra.

;ouché pr0s de la cheminée, le chien&loup sétait dressé. lsélanOa, pr)t à mordre.

$ >!ax... '

L2



e chien étou**a un #rondement. l connaissait ;aroline.4un coup de lan#ue, il débarbouilla la !oue de la #rande *ille, puis retomba sur ses pattes.

aintenant, ;aroline restait plantée au milieu de la pi0cede sé!our, comme disait ich0le. Elle était dans la place. Elledécouvrait, toute ébahie, ce $ che% nous ' dont anuela navait pu semp)cher de lui con*ier le secret. Elle pénétrait en*in, pour la premi0re *ois, dans cette retraite des deux amies o( elle,;aroline, nétait pas admise.

;aroline nen cro"ait pas ses "eux.Une vraie maison... et comme les deux petites avaient

arran#é tout avec #o+t l " avait des *leurs dans le vase bleu dela cheminée.... Un napperon sur le #uéridon. ;aroline admirait,émerveillée. Elle découvrait les livres sur léta#0re, la #lace un peu piquée, mais dont le cadre de plRtre doré navait pas uneé#rati#nure. 4ans le placard dont la porte était restéeentrebRillée, il " avait deux tabliers de coton #ris suspendus au portemanteau. Et là... le phono.... e phono que ;aroline avait

donné à anuela.$ @h... '4ans son bocal, le poisson rou#e Elle navait pas encore vu le poisson rou#e.;était une vraie maison Une vraie installation dans un

petit intérieur bien tenu....Yblouie, ;aroline ne revenait pas de sa surprise. ?out cela

était plus beau quelle ne lavait r)vé.Elle revit en pensée la mansarde quelle habitait au&dessusdu han#ar de la tribu Plisner. Une véritable ca#e à lapins auxcloisons de bois, au pla*ond si bas quon avait peine à s" tenir debout. e plancher étant dé*oncé, il était impossible de *aire lemoindre ména#e dans ce misérable réduit o( la #rande *ille deche% les Plisner entassait ses a**aires.

?andis quici...

L7



;aroline nétait pas !alouse. ais en découvrant le petitintérieur que les deux amies avaient aména#é en cachette, ellesou**rait de se sentir aussi déshéritée. Pourquoi ich0le et

anuela qui pourtant laimaient bien navaient&elles !amaisaccepté che% elles sa présence- Une *ois de temps en temps-...;aroline r)vait. Elle ima#inait les belles heures dévasion

quelle aurait pu parta#er ici, avec les deux #amines, apr0s lesveillées épuisantes passées dans le han#ar des Plisner, à déballer les vieux chi**ons.

<abituée à la mis0re, ;aroline ne se plai#nait pas de sonsort. es Plisner lavaient recueillie. ls étaient bons. ais elleaurait tant voulu avoir de vrais parents quelle se sentait parmieux comme une étran#0re.

Elle se tuait à la tRche. Jamais un moment de répit. ?oute lalessive de la maison passait par ses mains. Elle raccommodaitles *onds de culottes et mettait des pi0ces

L8



aux tabliers de toute la marmaille. Iuand ;aroline montaità sa mansarde, à la *in dune !ournée épuisante, elle se !etaittoute habillée sur sa couchette, pour prendre en*in un peu de

repos.e temps passait. >pr0s dé!euner, ich0le et anuelaallaient s+rement revenir. l ne *allait à aucun prix quellestrouvent, en entrant, cette intruse qui sétait introduite che% elles.;aroline devait partir, et vite.

Son re#ard *it le tour de la pi0ce, sarr)ta un moment sur laminuscule cuisine aux murs ripolinés. e robinet de cuivreétincelait. es carreaux de lévier éclataient de blancheur. Ellerecula vers la porte. Puis, brusquement, elle sarr)ta, pr)taloreille.

>!ax avait relevé le museau, le re#ard *ixé vers la pi0ce du*ond, dont la porte était *ermée.

;aroline avait&elle bien entendu-;e petit cri qui venait dà cté.... Non, ce nétait pas possible...

ncapable de dominer son émoi, ;aroline sapprochacraintivement de la porte et louvrit. a chambre était sombre.a #rande *ille vit dabord, tendue dun mur à la poi#née de

la *en)tre, la corde sur laquelle séchaient les couches et leslan#es. Elle *it quelques pas dans lombre. Ses "eux shabituaientà cette demi&obscurité. Et tout à coup, elle aperOut, là, au milieude la pi0ce....

$ on 4ieu.... 'Un berceau Et dans ce berceau, un petit, un tout petit bébéqui, entendant venir des pas et sentant pr0s de lui une présence,commenOait à #émir.

Un en*ant;aroline était toute bouleversée. Elle nen cro"ait pas ses

"eux.e bébé sé#osillait à sétou**er, et #esticulait pour quon le

sorte de son moXse.

L9



4e tendres mots montaient aux l0vres de la #rande *ille.ais sa #or#e était serrée et ses mains tremblaient. Elle se pencha sur le berceau, prit le petit dans ses bras pour le bercer,

le dorloter, et apaiser cette #rosse col0re. >ussitt, le bébé secalma.4es !appements !o"eux>!ax, tou!ours en éveil, venait dentendre dans lescalier le

pas des deux amies et leur *aisait *)te.$ >!ax a paix... 'a voix de anuela....a porte souvrit.$ ?ranquille... allons ?u vas réveiller aurent.... 'anuela et ich0le sélanc0rent vers la chambre. Elles

demeur0rent un moment muettes de surprise.$ ?oi ?oi, ici... ' murmura en*in anuela.es deux amies stupé*aites se trouvaient, che% elles, en

*ace de ;aroline... ;aroline désemparée et qui ne savait quellecontenance prendre avec ce petit en*ant dans les bras.

L:



CHAPITRE %I

UNE GRA,E DCISION

ES deux *illettes se taisent, con*uses en *ace de leur amieet sans oser lever les "eux vers elle. $ Elle est #rande,;aroline...' avait dit ich0le.

;est au!ourdhui surtout quelles sen aperOoivent. ;arolineattend comme le *ont les #randes personnes quand on va leur *aire un aveu qui vous p0se.

es deux #amines qui re#rettent ce quelles ont *ait, sesentent tout à coup #)nées, honteuses. l va *alloir tout dire.

$ Ecoute, ;aro.... ' murmure ich0le presque sans voix.

LL



;aroline caresse né#li#emment le menton du bébé et passeses doi#ts dans le *in duvet qui borde deux mi#nonnes oreilles bien ourlées. Elle a un sourire #rave, un peu triste, des "eux qui

r)vent. Sest&elle aperOue du désarroi qui, brusquement, semparedes deux #amines- Elle nécoute pas. Elle ne dit rien. Elle ne pose pas de questions. Pourtant, elle ne doit pas comprendre.ais quand elle va savoir ...

$ Ecoute, ;aro... cétait pour !ouer, dit anuela. Q Pour !ouer- rép0te la #rande. Q e petit, on ne voulait le #arder quun !our. ?u

comprends, ;aro.... 5ien quun !our. ;e soir, nousdevions le porter che% maman.

Q >h vous ave% voulu !ouer à la poupée avec un bébé...'

anuela est pr)te à pleurer. ich0le aussi est au bord deslarmes.

$ @n va tout te dire, tout..., dit anuela. ;est par hasard,en revenant de la *)te, hier soir, que nous lavons trouvé.

Q Pas ici- demande ;aroline. Q 5ue ?raversi0re. ?u sais, le #rand immeuble de brique. Q @ui, un peu plus loin que le pharmacien, poursuit

anuela. l dormait. @n lavait déposé au *ond de lentrée, !usteau pied de lescalier. >lors, nous lavons pris, ich0le et moi. Nous lavons apporté che% nous. @n ne savait que *aire, tucomprends-...

Q Je comprends, dit ;aroline. Q Nous savions bien que nous ne pourrions pas le #arder tou!ours.

Q Dien s+r, murmure ;aroline, qui r)ve, le re#ard absent.Dien s+r.... '

Elle a la voix chan#ée. ?ant que anuela a parlé, ;aro nacessé de *ixer ce petit en*ant quelle tient, le

LC



visa#e tout pr0s du sien. Pour la premi0re *ois, les deuxamies osent lever les "eux vers leur amie. Elles rencontrent sonre#ard. l est encore #rave. ais pourquoi les deux #amines qui

tout à lheure étaient presque a**olées, se sentent&elles un peurassurées-$ Je comprends, tu sais, anuela.... Gotre premi0re pensée,

à ich0le et à toi, a été dapporter le bébé che% vous. oi, !enaurais *ait autant. '

Un sourire encore timide renaTt sur le visa#e des deux*illettes. Stupé*aites, elles entendent ;aroline dire, à mi&voix

$ Si !avais trouvé le petit toute seule, et si !avais eu unemaison comme vous, !e sais bien ce que !aurais *ait.,'

Et la voix plus sourde $ Je laurais #ardé. & ?u laurais #ardé, ;aro- ';aroline a dit cela comme si cétait naturel et tout simple.

Un silence. ;aroline reste pensive, puis elle rép0te $ Je laurais bien soi#né. l aurait été heureux avec moi. 'En *ace des deux *illes qui attendaient des reproches,

;aroline est vraiment la 6rande. Elle aurait #ardé le petit... Ellelaurait élevé toute seule ;est inima#inable.$ sappelle aurent, murmure ich0le. Q Son nom est #ravé sur la broche, dit anuela. Q aurent.... ' rép0te tout bas ;aroline.

*

* *

e bébé recommence à pleurer.$ ;est lheure de sa tétée, dit anuela. ?u vas voir, ;aro,

nous avons tout ce quil *aut. Giens à la cuisine. 5e#arde. e biberon est bien propre. es tétines ont bouilli. > cet R#e,aurent ne prend que du lait, tu comprends. Je vais mettre une

LB



casserole deau sur le réchaud. ich0le va taider à ledémailloter.

& Je saurai tr0s bien *aire ', dit ;aroline.

Elle était adroite. Elle tenait le petit dune seule main. Ellenavait pas peur de le casser.$ est trop serré, dit&elle. Et trop couvert aussi. l devait

)tre bien mal à laise. Passe&moi la cuvette, ich0le. 5e#ardecomme il a transpiré. 4onne aussi la serviette épon#e. '

es deux #amines re#ardaient ;aroline *rotter éner#iquement le poupon qui, loin de sen plaindre, trouvait cetraitement tout à *ait à son #o+t.

$ Pas trop de talc, ich0le. Ytends&le avec ton doi#t.... lest tout en replis et en *ossettes, ce bébé. Et puis, il *audratrouver dautres épin#les que celles&ci. 4es épin#les courbes quine risquent ni de souvrir ni de piquer.

Q l " en a à la maison, pour mon petit *r0re. Jenapporterai ', dit anuela.

;aroline a donné le biberon. ;omme la bavette est toute

mouillée de lait, et quon ne poss0de pas de serviettes, elle aattaché son mouchoir autour du cou de aurent.<ier encore, elle nétait !amais venue ici. >u!ourdhui,

;aroline est che% elle, et à laise, dans lappartement des deux petites.

Pensive et muette, la 6rande berce aurent sur ses #enoux pour lendormir. > quoi ré*léchit&elle-

ich0le et anuela devinent quil sa#it dune #raverésolution.4e nouveau, le bébé est couché dans son moXse. es trois

*illes passent dans la chambre de devant.;est lheure du #o+ter, mais au!ourdhui, anuela oublie le

chocolat et les #Rteaux.;aroline ne parle tou!ours pas. Elle se dispose à mettre

CM



son manteau, à partir. Pour les deux petites, cest en m)me tempsun soula#ement et une déception. Iuattendent&elles donc de;aroline- Ga&t&elle les quitter sans avoir desserré les l0vres-

Eh bien, quelle sen aille, et vite 40s quelle aura quitté larue ?aille*er, ich0le et anuela ne sattarderont pas lon#tempsici. Peut&)tre m)me n" reviendront&elles plus !amais, apr0s lesémotions quelles " ont eues. Et tout cela parce que ;aroline est

venue les épier !usque che% elles, !eter le trouble et bouleverser tous leurs plans. >h si cétait à recommencer....ich0le et anuela nauront plus de paix tant que le petit

naura pas été porté che% les Sanche%, comme cétait convenu.;aroline ne met pas son manteau. a 6rande est décidée.

Son parti est pris. Elle dit dune voix encore mal assurée

C1



$ Je crois quon pourrait #arder aurent. ' es deux#amines en restent stupé*aites. $ e #arder ici- dit ich0le.

Q @ui. ;he% nous. ' ;aroline a dit $ ;he% nous. '

$ ?u sais bien que cest impossible, murmure anuela. Q mpossible Pourquoi- Iui le saura- Personne. ci, ànous trois, nous serons bien capables de nous occuper de lui. Nous ne pouvons pas labandonner. l serait malheureux. Non, non l *aut le #arder. Je ne peux pas lemporter che% moi,dans ma mansarde. @h personne n" monte !amais. Pourtantcest ici que aurent doit rester. '

ich0le et anuela se dé*endent de subir lascendant de la6rande. ;est à leurs mamans, mais un peu tard, quelles onthRte maintenant daller se con*ier.

$ Ecoute%&moi, dit ;aroline. ;e petit est un en*ant trouvé.Gous ave% vu ses lan#es, ses brassi0res, ses petits chaussons. elan#e est usé, il a été lavé bien des *ois. a brassi0re est toute !aunie. es petits chaussons sont reprisés. '

@( ;aroline veut&elle en venir-

$ nétait s+rement pas heureux, ce bébé, poursuit&elle.;était peut&)tre la mis0re dans sa maison. Q Et cette broche en or- dit anuela. Q Est&elle vraiment en or- @n *ait des bi!oux à bon

marché qui sont aussi brillants que de lor. Je vous le rép0te, dit;aroline, ce bébé nétait pas heureux,... mal soi#né. Et puis,autre chose supposons que nous le portions au commissariat ou

à la mairie. Iuest&ce qui arrivera- l sera mis en nourrice. Q >lors- dit anuela. Q oi aussi, dit ;aroline, !ai été une en*ant trouvée. oi

aussi !ai été mise en nourrice. Une méchante

C2



*emme.... Je ne veux pas que aurent aille en nourrice. 'es deux petites se taisaient.$ Nous allons #arder le petit, dit ;aroline. Nous serons si

heureuses si nous pouvons avoir, à nous trois, un petit en*ant. 'e #rand bonheur que se promet ;aroline se lit dans ses"eux.

es deux #amines, toutes troublées, subissent lascendantde leur amie. Sans linterrompre, elles lécoutent parler, *aire des pro!ets.

$ @n ne me surveille pas, moi, dit ;aroline. Je suis libre. Je peux mabsenter quand il me plaTt. a nuit, !e travaille dans lehan#ar. ais !e marran#erai. Dien s+r, cest surtout la nuit quilme *audra )tre ici. Je vous assure que !e marran#erai. Je parleraià arcel. ;est un bon camarade. Je ne lui dirai rien, so"e%tranquilles. ais il ne me re*usera pas un service. Je vousexpliquerai. Gous deux, vous pourre% venir le !eudi, ledimanche, et par*ois le soir, apr0s la classe. Nous allons nousor#aniser. '

Sub!u#uées, presque séduites, ich0le et anuela écoutent;aroline prendre la direction de la maison. Pourtant, elles nesont quà demi rassurées sur le sort du petit aurent.

$ 4is, ;aro- demande anuela. Es&tu s+re de pouvoir bientoccuper du bébé-

Q ais oui. Iui est&ce qui a soi#né le petit dernier desPlisner !usquà ce quil marche tout seul- ;est moi.

Q ci, ce ne sera pas si commode, remarque ich0le.anuela disait que sa maman prendrait peut&)tre aurent che%elle. Elle rel0verait en m)me temps que Joselito. '

;aroline ré*léchit un moment. Elle a tou!ours son sourireun peu triste.

$ Nous pouvons essa"er, dit&elle. Iuelques !ours, unesemaine.... Je *erai tout ce que !e pourrai pour que aurent nemanque de rien.

C7



Gous verre%, comme moi, sil nest pas possible de #arder le petit che% nous. >lors, !e vous le promets, nous le porteronsche% la maman de anuela. es premiers !ours, !e sais, ce sera

dur. l n" a rien ici. ais laisse%&moi *aire. Jai des économies. ';aro sourit *ranchement, cette *ois.$ @h pas beaucoup, bien s+r. Pour commencer, on se

débrouillera. Je vous donnerai de lar#ent, demain, pour lindispensable. l ne *audra plus rien prendre che% toi, anuela.@n ach0tera le lait che% le pharmacien, un autre biberon, destétines neuves. > quelle heure aurent prend&il sa prochainetétée-

Q Gers six heures, !e pense, dit anuela. Q l va *alloir le ré#ler. Pouve%&vous rester !usquà six

heures- Q @ui, mais pas beaucoup plus tard, répond ich0le. Q Dien, dit ;aroline. Jaurai le temps de me retourner. '

Puis elle a!oute $ Iuelle chance que ce soit dimancheau!ourdhui Je saute !usque che% moi *aire un paquet de mes

a**aires. Je ne serai pas absente lon#temps. @ccupe%&vous deaurent. 'a #rande *ille passa rapidement un manteau. $ Prends

#arde que Pablo ne te voie pas sortir dici, dit anuela. Q Sois tranquille.... Q ?u *ais le #rand tour- Q Dien s+r. '

;aroline était sur le palier. Elle descendit lescalier encourant. En bas, sous le porche, elle passa la t)te pour voir siPablo, au coin du carre*our aublanc, se tenait encore derri0reson *ourneau. e brasero était éteint. l pleuvait. 4e rares passants se pressaient sur le trottoir bordant la place pas encoreéclairée.

Pour #a#ner du temps, ;aroline, au lieu de sen*oncer dansla rue ?aille*er, ce qui aurait été plus prudent, re!oi#nit

directement la place.

C8



impasse du evant était à cinq cents m0tres. Jusque&là,;aroline eut la chance de ne rencontrer personne, sau* arcelqui rentrait à la maison Plisner.

$ ?u es toute trempée, dit le #arOon. Q Jai pris londée. Q Je tai attendue ce tantt, pr0s du 6rand <uit, dit

arcel. ais tu étais dé!à partie. Q ;e sera pour un autre dimanche, dit ;aroline. ?u es

#entil, arcel. Est&ce que !e pourrais te demander quelquechose-

Q 4is tou!ours.& Un service. Un #rand service. Q equel- demanda le #arOon. Q Je te le dirai demain. Q >h bon. Q Donsoir, arcel. Q Ne viens&tu pas dTner-... Q Non. Je nai pas *aim, dit ;aroline. Et pour une *ois

quon nest pas de tri au han#ar, !e vais en pro*iter et dormir.Donsoir. Q Donne nuit, ;aro.... 'oins dune demi&heure apr0s avoir quitté la rue ?aille*er,

;aroline " était revenue. ;har#ée de son énorme balluchon, elle prit le terrain va#ue pour ne pas se *aire remarquer. Elleapportait le nécessaire pour passer la nuit dans la maison vide

deux couvertures quelle étendit par terre, pr0s du berceau deaurent.$ Je minstalle, dit&elle, en plaisantant, aux deux petites. Q ?u ne pourras pas dormir là, sur le parquet, dit

anuela. Q @h si, tr0s bien. 4ailleurs, demain !e marran#erai. Q l est tard ', dit ich0le.

C9



anuela sattardait, ran#eait de menues choses.$ >lle%&vous&en, cela vaut mieux, dit ;aroline. > partir

dau!ourdhui, il *aut absolument que personne ne se doute de

notre secret. Parte% vite, maintenant. 'es deux #amines, dé!à soumises à lautorité de leur aTnée,revinrent che% elles un peu désemparées ce soir&là.

> la maison, il *allut bien se donner une contenance. aisaussitt le dTner, che% les Sanche% comme che% les ;aron,anuela et ich0le avaient eu hRte de se trouver seules. 4ansleur chambre, et les "eux ouverts, chacune avait attendu lesommeil, en pensant à ;aroline qui passait sa premi0re nuit rue?aille*er, pr0s de aurent.

;aroline navait pas voulu quon lui laisse >!ax. Elle étaitseule.

Pr0s delle, le bébé dormait. Jamais la #rande *ille de che%les Plisner navait, de sa vie, connu une !oie aussi *orte. Elleavait allumé deux bou#ies et commencé sa veillée. Elle sedé*endait de penser aux !ours à venir, à tout ce quil *audrait

or#aniser.4u sac o( elle avait entassé ses a**aires, elle sortit sontricot, un pull&over dé!à commencé. a laine nétait pas neuve.;aroline lavait récupérée dans le bric&à&brac du han#ar. Elleavait eu la chance de trouver des morceaux de tricot bleu pRlequelle avait dé*aits. e pull&over était presque terminé. l nemanquait plus que les manches.

> la lumi0re des bou#ies, ;aroline, tirant sur le *il, eut vitedé*ait son ouvra#e. Elle obtint deux #rosses pelotes de laine quiserviraient à tricoter une barboteuse et des chaussons pour aurent.

$ <eureusement que !ai des ai#uilles *ines ', pensa;aroline.

Elle commenOa à monter les mailles, et à tricoter à petitesctes, un point à lendroit, un point à lenvers... le premier petit

v)tement de son bébé.

C:



CHAPITRE %II

LE BEAU SECRET

E lendemain *ut pour ;aroline une !ournée tr0smouvementée. Elle ne pouvait )tre en m)me tempsimpasse du evant che% les Plisner et dans lappartement, rue?aille*er. Elle ne pouvait laisser lon#temps seul son en*antdadoption. ich0le et anuela seraient en classe toute la !ournée. Elles nauraient quelque liberté que le soir, apr0slécole.

Gers quatre heures et demie, quand les deux *illettesarriv0rent, ;aroline en pro*ita pour sen aller. Elle courutretrouver arcel, dans lappentis derri0re le han#ar. Un peuavant six heures, ;aroline revint toute rassérénée rue ?aille*er.

CL



+ Tout est arran#é »

dit,elle$

CC



CB



$ ?out est arran#é, dit&elle. Jai parlé à arcel. Un boncamarade. Je peux compter sur son aide. Je lui ai demandé deme rendre un #rand service. Et !e ne pouvais pas lui donner la

raison. Q >lors, comment as&tu *ait- demanda anuela. Q arcel n" a rien compris, dit ;aroline en riant. l ma dit

$ ?oi, ;aro, !e te vois venir. ?u en as asse% $ de travailler dansle han#ar. ?u veux quitter la tribu $ Plisner.... ' Je lui ai réponduquil se trompait. ;était dur à expliquer.... l *allait que !e puisse passer toutes les nuits ici. En*in, nous nous sommes misdaccord. '

?outes tendues, les deux *illettes écoutaient.$ Plus de tri pour moi à la veillée, dans le han#ar. Jai dit que

!e pré*érais *aire la tournée comme arcel le ramassa#e dansles poubelles avant le passa#e des boueux.

Q ais tu ne pourras pas, dit ich0le. Q Non, répondit ;aroline. ais arcel a un bon quartier.

l trouvera le mo"en de remplir deux sacs. Un pour lui, lautre

pour moi.... Pour les lessives de la maison, !e pro*iterai desheures o( vous pourre% rester ici. En somme, tout sarran#e tr0s bien. >h !ai apporté lar#ent. Gin#t *rancs. ;est peu, quand on pense à tout ce quil va *alloir acheter. 4abord du charbon, des boulets. Je sais o( trouver une #rille pour linstaller dans lacheminée. Puis, un matelas.... l *audrait bien aussi un petitmeuble pour le lin#e de aurent.

Jai apporté une boTte de lait, dit anuela. Q ;e sera la derni0re, répliqua ;aroline. Plus question de prendre quoi que ce soit che% tes parents. Nous ach0terons toutce dont nous aurons besoin. Jai compté quavec ce que nousavons, nous pourrions nous débrouiller pendant à peu pr0sune semaine. l *aut donc tout de suite penser à #a#ner quelquear#ent.

Q En #a#ner ;aro...

Q ais bien s+r, et toutes les trois.

BM



Q es *leurs- dit anuela. Q @n les vendra un peu plus cher, mais ce nest pas ce qui

#rossira notre porte&monnaie. Jai trouvé. '

4écidément, ;aroline avait pensé à tout.$ Ycoute%&moi bien, dit&elle. es !eudis o( vous )tes libreset o( vous pourre% vous occuper de aurent, moi, !irai *aire desheures de repassa#e à La"e au poids, vous save% au coin de larue des 5osiers. a paie bien.

Q Et pour ich0le et moi- demanda anuela. Q Javais pensé aux enveloppes pour la publicité des

commerOants. 4es adresses à recopier, avec une liste quonvous donne. ;e serait mieux que rien. ais save%&vous coudre,toutes deux-

Q ich0le coud tr0s bien, dit anuela. Et !e m" mettrai. Q >lors, !ai quelque chose pour vous, et aussi pour moi,

aux veillées. Jai dé!à travaillé pour ce ma#asin, à cté du pharmacien... %out pour lenfant. ;est ainsi que !ai *aitquelques économies. Pas besoin de machine. ?out est cousu

main. 4u travail à *aire che% soi. Q ;rois&tu que nous saurons- demanda ich0le. Q Gous vous " mettre% tr0s vite. a maison donne des

patrons pour couper de petites robes, des tabliers.... Pour ladécoration, cest prévu aussi. @n na quà décalquer des *leurs,des animaux. @n brode au point de ti#e avec des cotons decouleur....

Q Nous taiderons, tu sais, dit ich0le. Q 40s !eudi, poursuivit ;aroline, !e vous auraiapporté du travail ici. Iui soccupe du biberon-

Q oi, dit ich0le. Q ;est mon tour, dit anuela. Q Gous nalle% pas vous disputer, non > toi,

anuela. ich0le va maider à netto"er la pi0ce du *ond. Je necrains pas ma peine, moi, vous save%, pour laver, astiquer et

tout.... '

B1



*

* *

a vie sor#anisait tr0s vite, sous la conduite de ;aro quiétait une vraie petite *emme dintérieur.ais le !eudi tant attendu allait réserver une mauvaise

surprise.>!ax, ces derniers !ours, avait été un peu délaissé. l ne

comprenait plus rien à tous ces bouleversements. >ussi, avait&il*ait une *u#ue.

e mercredi matin, le chien disparut. e soir, il ne revint pas rue ?aille*er. En rentrant che% elle, anuela *ut tr0s inqui0tequand elle saperOut qu>!ax nétait pas de retour.

e !eudi matin, la *illette *ut convoquée au commissariat de police.

Iuelle *rasque le chien avait&il bien pu *aire- l ne portait pas de plaque à son collier. ;omment avait&on pu découvrir ladresse de la maison Sanche%-

anuela pénétra toute tremblante dans le bureau ducommissariat. Elle reconnut tout de suite, derri0re son #uichet,lemplo"é à qui elle sétait adressée quand elle avait rapporté lesac dérobé par >!ax.

$ Don!our, petite. ?u as couru. ?u es rou#e !usquauxoreilles. Je tavais bien dit que nous ne serions pas lon#tempssans nous revoir. '

?r0s émue, anuela était incapable darticuler un mot.$ ?u méritais une récompense, petite, dit lemplo"é, et tulauras. '

anuela commenOait à respirer un peu.$ a propriétaire du beau sac que tu as si #entiment

rapporté apr0s lavoir trouvé dans la rue, est passée aucommissariat. ?u devines comme elle était heureuse. e saccontenait de lar#ent et tous ses bi!oux. Une petite *ortune.... '

B2



emplo"é ouvrit un tiroir et en sortit une enveloppe quiltendit à la *illette.

$ ?iens, dit&il. Jesp0re que la donatrice aura été

#énéreuse.'enveloppe était cachetée. Sans prendre la peine delouvrir, anuela courut !usquà lappartement de la rue ?aille*er o(, à cette heure, elle était s+re de trouver ich0le et ;aroline.

> peine revenue de ses émotions, elle *it à ses deux amiesle récit de ce qui venait de lui arriver.

$ Eh bien, ouvre lenveloppe dit ;aro. Q @h... 'anuela tendait le billet à la 6rande. $ ;est inespéré...

murmura ;aroline. ;inquante *rancs.... Q ;inquante *rancs ... 'anuela et ich0le étaient un peu honteuses davoir reOu

une belle récompense pour avoir rapporté un sac que leur chienavait dérobé. ais que *aire- En la re*usant elle aurait éveilléles soupOons.

$ En tout cas, nous voici à laise pour, quelque temps, dit;aroline toute !o"euse. Nos premiers travaux de couture ne nousrapporteront rien avant deux semaines. Iuelle aubaine, cetar#ent qui nous tombe du ciel '

a !oie était dans la maison.

*

* *

a vie sor#anisait non sans peine.?rois *illes avaient adopté un petit en*ant.Elles disaient notre bébé.;aroline tenait les cordons de la bourse. @n était paré pour

les achats dur#ence.e trousseau de aurent était ran#é dans une petite armoire

acquise aux Puces pour quelques *rancs. ;aroline

B7



avait *ait rentrer une provision de charbon par demi&sacs.

Un sac plein aurait été trop lourd pour elle. > la nuit tombée,elle se risquait à transporter, sans laide de personne, ce quicomplétait lameublement de lappartement.

$ Iuel domma#e, répétait ;aro, quon ne puisse pas mettredes rideaux aux *en)tres.... l ne passe presque !amais personnedans la rue....

Q ais il su**irait que quelquun remarque cesrideaux....

Q Dien s+r ', convenait ;aroline avec re#ret.Un soir, anuela qui rentrait che% elle avec son chien,

rencontra Pablo $ >lors, petite, dit&il, on ne te voit plus. Je dTne che% toi,

tiens. e patron Sanche% ma invité. Je taccompa#ne. Jai vu unhomme de la mairie qui ma *ait part dune bonne nouvelle. @nva avaler pas mal de poussi0re, mais cest un mal pour un bien. '

B8



anuela, qui nécoutait que dune oreille, navait pas devinéo( le bonhomme voulait en venir.

$ @n va *inir de nous débla"er le quartier ', dit Pablo.

4ébla"er le quartier ;ette *ois, anuela eut un petittressaillement.$ @ui, on va en*in abattre les vieilles masures de la rue

?aille*er. es démolisseurs vont s" attaquer bientt.... 'anuela était devenue toute pRle.e lendemain, quand elle retrouva ich0le, elle lui *it part

de la nouvelle annoncée par Pablo. e soir, ;aroline aussi *utmise au courant.

es trois *illes étaient consternées.l allait maintenant *alloir vivre dans lan#oisse, sattendre

dun !our à lautre à voir tomber la vieille maison o( les troisamies avaient leur $ che% nous '.

*

* *

Un souci de plus....es !ours pass0rent sans quon nentendTt plus parler de ces

démolitions que lemplo"é de la mairie avait annoncées pour bientt. es trois amies avaient tant à *aire che% elles, quellescess0rent vite de sinquiéter à ce su!et.

$ ;e nest pas une chose *aite, avait dit ;aroline. l sera

tou!ours temps daviser. ' " avait quin%e !ours que les trois *illes pouponnaient.4eux semaines que aurent était le bébé chéri des trois petitesmamans.

;hacune delles le ca!olait. ;hacune delles, sans quil " paraisse, était bien un peu !alouse des deux autres. ais quelle !olie amitié les unissait autour du berceau de aurent.

B9



;aroline avait acheté, loin du quartier, un livre o( ontrouvait tout ce quune !eune m0re doit savoir pour élever unnourrisson, les soins à donner, le poids aux divers R#es.

$ Un p0se&bébé, cest trop cher pour notre bourse, disait la#rande. Q Si encore on pouvait aller le peser che% un

pharmacien... ' a!outait ich0le.l ne *allait pas " son#er.e bébé était tr0s beau. ais il " avait ce livre dans lequel

on pouvait, semaine par semaine, suivre lau#mentation de poids.

Un soir, en rentrant che% elles, les deux écoli0res trouv0rent;aroline toute ra"onnante.

$ Une surprise dit&elle. Q 4is vite.... Q Pour la pesée de aurent, !ai trouvé ce quil nous

*allait. ?ene%, re#arde%.... ';était incro"able ce quon pouvait récolter dans le bric&à&

brac des *errailles qui encombraient la cour des Plisner. ;arolinemontrait triomphalement à ses deux amies une ancienne balanceà plateaux semblable à celles dont se servaient autre*ois lesépiciers. ais les plateaux manquaient.

$ >s&tu des poids- demanda anuela. Q Non, dit ;aroline. ais on se passera de poids.

4emain, mal#ré tout, nous saurons exactement combien p0se

notre bébé. nstalle une serviette pliée sur un des plateaux,ich0le, et pose aurent dessus. Q ais puisque nous navons pas de poids.... Q Hais ce que !e te dis. ' *allait encore " penser....$ ;ela va prendre un peu de temps... ' dit ;aroline. Elle

alla chercher dans la cuisine un seau à moitié plein de sablequelle avait monté de la cour. Poi#née par

B:



poi#née, elle en remplit un petit sac, !usquà ce que lecontrepoids *asse exactement équilibre au bébé, dans le second plateau de la vieille balance.

$ Et voilà... ' dit ;aroline.Elle noua le sac avec trois tours de *icelle.$ 4emain, dit&elle, !emporterai ce sable avec moi, à la

maison Plisner. Je le p0serai. Nous saurons ainsi, chaquesemaine, le poids quaura pris aurent. '

e bébé pro*itait ma#ni*iquement. l était propre comme unsou neu*. ;haque !our il avait son bain. Diberons et tétinesétaient tou!ours mis méticuleusement à bouillir. Ses cheveuxcommenOaient à pousser.

$ l sera brun, disait anuela. Q > moins quil reste blond, répliquait ich0le. Q 4ans les premiers mois, tranchait anuela, presque

tous les bébés sont blonds.... Q Je dis quil sera blond, sent)tait ich0le, parce quil a

les "eux bleus....

Q Dleus... bleus... tu veux dire presque verts....5e#arde&les, ses "eux, re#arde&les bien, ich0le.... ls ont lacouleur de ceux de ;aroline. '

es !ours passaient.hiver approchait. @n avait dé!à renouvelé la provision de

charbon.a nuit tombait si tt que les deux petites navaient presque

plus besoin de se cacher pour venir le soir, apr0s la classe, passer un moment rue ?aille*er.Elles se retrouvaient à la sortie de lécole.$ >llons vite che% nous.... ';he% nous l aurait *allu dire, maintenant, che% ;aroline.@n la trouvait tou!ours occupée au ména#e, à la lessive des

couches du bébé, au netto"a#e des carreaux. Iuand elle avait bien *rotté, bien astiqué, elle accrochait dans le placard son

tablier de coton #ris. Puis, elle passait

BL



Il -allait . (enser$

BC



une blouse blanche, une blouse impeccable, et sans lamoindre tache. ;omme une nurse.

es deux #amines montaient&elles lescalier, derri0re leur

chien.... >vant douvrir la porte, elles entendaient $ Haites&moi le plaisir de vous essu"er les pieds au paillasson '

Iuand aurent dormait, les trois *illes, assises dans la pi0ce de devant, taillaient, cousaient, suivant les patrons duma#asin qui donnait du travail à domicile.

;aroline taillait et montait. anuela cousait.... ich0le brodait les moti*s de décoration aux cordonnets de couleurs.

;aroline avait apporté une lampe qui éclairait tr0s bien. @n passait dans la chambre du *ond. @n allumait.

es heures sécoulaient, toutes unies, dans la maison du bonheur.

*

* *

l nétait plus question des démolisseurs. ;omme lavait pensé ;aroline, lentreprise qui devait abattre les derniersvesti#es du ;arré aublanc attendrait sans doute la *in delhiver et les beaux !ours.

es trois amies vivaient sans inquiétude.Pourtant, elles devaient connaTtre une nouvelle alerte au

moment o( ich0le trouva la lettre.>ccrochée sur le palier, pr0s de lentrée, la boTte à lettres,qui navait plus de porte, était naturellement tou!ours vide. ;esoir&là, ich0le en !etant machinalement un re#ard de ce cté,aperOut lenveloppe. Une enveloppe bleue, cachetée. adresseétait écrite tr0s lisiblement au cra"on à bille

Mesde!oiselles &aroline, Mich'le et Manuela, ((, rue%aillefer.

BB



anuela était seule dans lappartement. ich0le lui tendit*iévreusement la lettre. $ @( las&tu trouvée-

Q Sur le palier, dans la boTte. Q 4écachette vite lenveloppe. 'es deux *illes avaient lu en m)me temps

Mesde!oiselles,

)apprends *ue "ous a"ez occup+ le pre!ier +tae duni!!euble *ui !appartient, au 77 de la rue %aillefer. )e co!pte

!e pr+senter "ous un de ces prochains ours, afin *ue nousr+lions ense!ble la *uestion du lo/er dont "ous "oudrez bien, la"enir, "ous ac*uitter.

euillez ar+er, etc.

Sin+ llisible....

$ ;est une plaisanterie, dit anuela. Q ?u crois- Q Dien s+r. 'Iui avait bien pu découvrir leur retraite- $ Pablo-... dit

ich0le. Q ;e nest pas le p0re @rte#a. ' <eureusement ;aroline

arrivait. Elle lut la missive et éclata de rire.$ Je dirai à arcel ce que !e pense de sa *aOon de se

moquer de nous et de nous *aire peur, dit&elle. Q arcel sait- demanda anuela dun ton de

reproche. Q l a bien *allu que !e me con*ie à lui, dit ;aroline. ais

il ne connaTt quun petit morceau du secret. l est loin de sedouter quil " a un bébé dans la maison.

Q ais si un !our il venait ici- dit ich0le.

1MM



Q >ucun dan#er, rassure&toi, dit tou!ours en riant;aroline. l sest m)me bien moqué de moi. 4evine% ce quil madit $ Je cro"ais que tu étais trop #rande pour tamuser encore à

!ouer à la dTnette et à la poupée avec des #amines.... > la poupée 'es trois *illes avaient pou**é de rire. ais ich0le

revenait à la char#e.$ Et si arcel venait ici et vo"ait le bébé-... Q Je te rép0te, dit ;aroline, quil ne viendra pas. Et encore

pour une autre raison. arcel est comme un *r0re pour moi. lme parle lui aussi en con*iance. )me sil savait, il ne noustrahirait pas. Gous ai&!e dit quil r)vait d)tre marin...

Q @ui, dirent les deux *illettes. l a parlé de sen#a#er quand il aura dix&huit ans.

Q l a eu ses dix&huit ans dimanche. l a dé!à si#né sonen#a#ement. ;omprene%&vous- 4emain, il sera parti pour ?oulon. '

Pendant quelques !ours ;aroline parut un peu triste.

arcel, son camarade de travail, était parti, loin de Paris.a semaine qui suivit le départ du #arOon, ;aroline montraà ses deux amies une lettre, une vraie celle&là, qui avait étéadressée à la maison Plisner. arcel allait embarquer et courir laventure. l envo"ait aussi à son amie, sa photo de matelot.;ette photo allait bientt se trouver sur la cheminée de lachambre de devant, pr0s du bocal du poisson rou#e, dans un

beau sous&verre. Et ;aroline avait dit $ Iuel domma#e quon ne puisse pas *aire photo#raphier aurent.... '

1M1



trois *illes *erait le plus de #entillesses à aurent. l com&menOait à séveiller, mais ne riait pas encore. Iuand lune dellesdemeurait un moment seule, avec lui, elle en pro*itait

pleinement.e bébé les connaissait bien toutes les trois. ais cest à;aroline quil vo"ait le plus souvent autour de son berceau, quesemblaient aller ses pré*érences. l tendait les bras vers elle, d0squil la vo"ait.

$ Iui est&ce qui va donner son biberon à aurent...;oucou... '

Iuel !eu merveilleux....en*ant était encore trop !eune pour " répondre. ;est à

peine sil sintéressait à son hochet.$ aurent... 'l écoutait la voix. Ses "eux vous *ixaient.4es pas montaient lescalier. $ Goilà ich0le ', pensa

anuela.ais ces pas étaient bien trop lourds pour )tre ceux de son

amie.@n *rappait à la porte. Encore une plaisanterie$ Entre% ' cria anuela.a porte souvrit.$ Je naurais !amais pensé quil restait des appartements

habités dans ce quartier.... ';ette voix... homme entrait. ;était un a#ent. l tenait

par le bout dune corde passée dans son collier, le chien&loupqui, tout heureux de retrouver anuela, lui sautait aux épaules.a *illette crut dé*aillir. Elle re#ardait la#ent qui avait *ait

quelques pas dans la pi0ce. Elle *ixait surtout Q et ses "eux ne pouvaient sen détacher Q le sac de cuir *auve que lhomme au bRton blanc tenait à la main.

anuela avait tout de suite compris ce qui sétait passé.Gilaine b)te, pensa&t&elle. ;e chien quelle aimait tant lui

procurait beaucoup trop dennuis.

1M7



$ Jai vu son man0#e, dit la#ent. Je ne crois tout de m)me pas quil ait été dressé à dérober les sacs sous le bras des passantes, dans la rue.... ais on aurait !uré quil avait de

lentraTnement. >ussitt son coup *ait, il a *ilé, et sest élancé pour traverser la chaussée. Sans une auto qui a bien *aillilécraser, il méchappait avec le sac dans la #ueule. l a *ait unsaut de cté et sest !eté dans mes !ambes. Je lai attrapé. @h ilnest pas méchant. '

anuela navait pas dit un mot.$ ?u naurais !amais pensé que ton chien était capable de

tours pareils, hein, petite dit la#ent. Jai voulu en avoir le c/ur net. Je lui ai passé une corde au collier, et !e lai suivi. Je savais bien quil me conduirait che% ses maTtres. >lors, *illette, o( sonttes parents-...

Q ls sont sortis. Q Es&tu toute seule à la maison-... Q @ui, monsieur la#ent. Je #arde mon petit *r0re. Q Don. ais ce chien est bien à toi-...

Q Je vais vous dire... monsieur la#ent.... ' anuela étaitcramoisie. Elle avait peur de tout cequi allait arriver. a#ent avait trouvé la maison habitée....

?out allait se découvrir. l n" aurait plus de $ che% nous '. Etaurent-... Iuallait devenir aurent-

$ 5éponds&moi, dit la#ent. Est&il vraiment à toi, ce chien- Q Non... en*in... cest un chien abandonné.... ' 5ou#e de

con*usion, anuela a!outa $ me suit, il me connaTt... mais il nest pas à nous.... Q >h et à qui est&il donc- & > Pablo. Q Pablo- demanda la#ent. Q e p0re @rte#a. l vend des marrons au coin du

carre*our aublanc. Q >h !e vois. Espa#nol.... Eh bien, !e vais lui dire deux

mots, au p0re Pablo. Giens avec moi, petite. '

ich0le entra à ce moment&là, et son désarroi *ut encore

1M8



plus #rand que celui de son amie, en apercevant la#ent.ais anuela sétait ressaisie.

$ @ccupe&toi du petit, !e reviens ', dit&elle en *ermant la

porte derri0re elle.anuela suivit lhomme qui descendait lescalier, tenant>!ax au bout de sa corde.

$ ?iens, dit&il en arrivant dans la rue, !e cro"ais quil setenait au coin du petit ca*é. e vieux nest pas devant son*ourneau. '

Iuelle chance Sil " avait été, tout à lheure, il " aurait euun attroupement au coin de la place.

$ ais sais&tu o( il habite, petite-& @ui, monsieur la#ent. échoppe, à droite, tout de suite

apr0s le ca*é. 'Pablo était en e**et che% lui. l ne *ut pas peu surpris en

vo"ant entrer la#ent, anuela et son chien. l aperOut aussitt lere#ard suppliant que lui !etait la petite *ille. anuela avait levisa#e dé*ait.

$ Est&il arrivé un accident- ' murmura le bonhomme.anuela lui *it si#ne que non.$ Pas précisément un accident, dit la#ent. ais cest

rapport à votre chien. l en *ait de belles, votre chien, p0re@rte#a.

Q on chien ' sexclama le bonhomme tout éberlué.Pablo !eta un re#ard à anuela. Elle était consternée et ses

"eux semblaient le supplier.$ ;e nest pas tellement #rave, dit la#ent. 4autant plus quele malheur est réparé. Jétais là heureusement et la**aire naura pas de suite, pour cette *ois.... ais il ne *audrait pas quil " aitrécidive.... '

Pablo aurait bien voulu comprendre de quoi il sa#issait.a#ent sexpliquait. l raconta la sc0ne dont il avait été témoin,le vol du sac au carreau des Puces... le chien qui nen est pas à

son coup dessai.

1M9



$ l *aut vous dire, p0re @rte#a, que la petite que voilàvous a dé!à une *ois sauvé la mise en rapportant au commissariatun premier sac volé dans des conditions analo#ues. '

Pablo tortillait sa moustache.$ Je ne voudrais pas avoir dhistoires, moi, monsieur la#ent. l " a plus de vin#t ans que !e suis dans le quartier, et onvous dira....

Q Je ne mets pas en doute votre honorabilité, dit la#ent. Q >h si !avais su, #rommela le bonhomme. Q Si vous avie% su quoi- 'Pablo avait con*usément deviné quil *allait tirer anuela

dune mauvaise passe. l dit $ Goilà ce qui en est, monsieur la#ent. ;e chien est un

chien abandonné. l rdait dans le quartier. a petite la recueilli.ais moi, !avais envie de ce chien. Je vis tout seul dans monéchoppe. a me *aisait une compa#nie. Jai dit à la petite $4onne&le&moi. ' Elle me la donné. l est à moi, bien s+r. Je ne puis pas dire le contraire. '

Un bon sourire, un peu crispé, vint remercier le vieux bonhomme.$ Je reconnais que !e suis dans mon tort, monsieur la#ent...

So"e% s+r que Oa ne se reproduira plus. Q ette% une plaque au collier de votre chien. Q ;e sera *ait. Q Et ne le laisse% plus va#abonder tout seul sur la voie

publique.... Pour cette *ois, !e *erme les "eux. 'a#ent allait sen aller.$ aisse&nous seuls un moment, dit&il à anuela. Q ais ne téloi#ne pas, a!outa Pablo, pour que nous

ré#lions apr0s nos petites a**aires. 'a *illette sortit de léchoppe, et resta tout pr0s de la porte,

sur le trottoir.

1M:



$ 4ites, p0re @rte#a. Et cest une autre questionmaintenant. ;onnaisse%&vous les parents de la petite-

Q es Sanche%.... 4es amis de tou!ours.

Q Une *amille honorable- Q Je pense bien. Et estimée de tout le quartier. Q ls vivent dans un drle dappartement, dit la#ent. l " a

encore bien de la mis0re, au ;arré aublanc. Javais dans lidéeque toutes les maisons du dernier Tlot avaient été évacuées. l "en a tou!ours quil *aut délo#er au dernier moment. '

Pablo, au comble de la stupeur, écoutait le représentant dela *orce publique lui *aire ses extraordinaires révélations.a#ent continuait.

$ e chien ma conduit che% ces #ens, là, en *ace de che%vous, à lentrée de la rue ?aille*er, au 77....

Q >u 77... ' répéta Pablo abasourdi. Iuel était cem"st0re-

$ @ui, cest bien au 77, à léta#e... dit la#ent. Je

1ML



suis monté. Je mattendais à trouver un taudis. ;était pasriche bien s+r, mais tr0s propre.... a *illette était seule danslappartement. Elle #ardait son petit *r0re. e p0re et la m0re

doivent travailler dehors. 'Pablo nen cro"ait pas ses oreilles.$ Gous dites quils sont à leur aise, ces #ens- Q a *oi, oui... bredouilla Pablo qui ne savait que

répondre. Q @n a d+ pourtant les expulser comme les autres, dit

la#ent. Puisque vous me dites que ce sont de vos amis,explique%&moi un peu.... '

Plus mo"en de se dérober. ais que dire- Pablo revo"aitles "eux implorants de anuela, cette supplication muettequelle lui avait adressée quand il avait été question du chien.;omment ne pas trahir la petite- l cessa de tortiller les trois poils de sa moustache.

$ Ecoute%&moi, monsieur la#ent.... ais il *audrait que Oareste entre nous.

Q Je connais le probl0me du lo#ement, dit la#ent.>lors-... Q ette%&vous à leur place, dit Pablo.... @n vous somme

de vider les lieux... cest beau à dire. ais o( aller- ls nont rientrouvé, les pauvres.

Q Je men doute.... Q ls sont restés. a se sait dans le quartier. ais on

*erme les "eux. 4autant plus quil va " avoir quelque chose delibre bientt, passa#e 6audr".... Q Je connais mal tout ce coin&là, répondit la#ent. ?ant

mieux si les a**aires de ces #ens sarran#ent. a nest pas moiqui leur *erai du tort. >lle%, au revoir, p0re @rte#a. Et a"e% un peu l/il sur votre chien.... '

homme en uni*orme quitta léchoppe. En passant pr0s dela *illette, il lui tapota la !oue. $ ?u vas #eler, petite. 5entre

vite.' Et, pour la rassurer

1MC



$ Ne tinqui0te pas. ?out est arran#é. ' anuela rentradans léchoppe.

$ > nous deux, maintenant, dit Pablo. ?u vas

mexpliquer, et vite Q Je ne peux pas, Pablo. Q ?u ne peux pas ?u nas pas envie que !e me *Rche- ;e

nest pas le moment de pleurer. Je me perds, moi, dans toutes ceshistoires. ?on chien qui vole les sacs de dame... cet appartementoccupé au 77 de la rue ?aille*er.... Je vous avais pourtantdé*endu daller rder par là, avec ton amie ich0le. >lle%, parle

Q ;est un secret, Pablo. Q Je viens de montrer que !étais ton ami, petite. >lors,

pas de secret avec le p0re @rte#a. Je veux savoir de quoi ilretourne. >lle%, viens.... Nous allons nous rendre tous deuxlà&bas, dans cette maison. ais en*in, tonnerre... il " a de quoivous mettre la t)te à lenvers. Giens vite '

1MB



CHAPITRE I/

UN AMI DANS LE SECRET

4E55[5E anuela, le p0re @rte#a, qui boitille un peu parce que ses rhumatismes le tourmentent, monte lescalier.

es marches sont #rises de poussi0re. IuelquWun quisaventurerait par hasard, en bas, dans lentrée, croirait bien envo"ant ces plRtras que la maison est abandonnée. >bandonnée etvide comme toutes celles de la rue ?aille*er. ais sur le palier,en arrivant à léta#e, on a une surprise. 4evant la porte, le petitcarré de parquet a été encaustiqué et brille.

Pablo sessuie les pieds au paillasson rou#e et vert. $Entre% ', dit anuela.

11M



Q @ui, 6aro.... >!ax a encore volé un sac. ?u ne peux pastima#iner combien !ai eu peur. Sans notre ami Pablo, toutétait perdu. a#ent ma emmenée che% Pablo qui a dit que

le chien était à lui.... Et puis, ils ont parlé, la#ent et lui.... Q Nous avons parlé, oui... #rommelle le bonhomme. Eton peut dire que !en ai appris de belles....

Q l *aut tout lui avouer, 6aro... murmura anuela. Q ;ette *ois, oui, dit le bonhomme. Q Parle, toi, ;aroline ', dit la *illette. a 6rande sétait

ressaisie.$ Prends le petit, dit&elle, et occupe&toi du biberon. ;est

lheure de la tétée. Q Iuest&ce que cest que ce !uchacho3 demanda

Pablo. Q Un en*ant abandonné, dit ;aroline. Q >bandonné- Et cest vous qui lave% recueilli- Q @ui, dit ;aroline. Nous trois. ci, che% nous.... Q Et depuis combien de temps-

Q 4eux semaines bientt... Q ais cest de la *olie... es pauvres en*ants, vousrende%&vous compte de ce que vous ave% *ait là- ;est insensé.Iuand vous lave% trouvé, ce petiot, il *allait tout de suite le porter....

Q e porter o(- coupa ;aroline. @(, p0re @rte#a- >ucommissariat de police-... ;est moi qui nai pas voulu. oi

toute seule.... 'Elle ne baissait pas les "eux, sous le re#ard de Pablo. $Iuel R#e as&tu, ;aroline-

Q Jaurai mes sei%e ans cet été. 'achinalement, Pablo avait bourré sa pipe et lallumait. Et

puis, comme il allait encore *alloir parler, il sassit.$ 4ans quelle a**aire membarque%&vous-... murmura&t&il.

Dien s+r, votre intention est charitable et

112



elle part dun bon c/ur. ais cest #rave, save%&vous... tr0s#rave, ce que vous ave% *ait. Gous )tes des en*ants. Gous nave% pas ré*léchi. aintenant, il *aut re#arder les choses en *ace....

Q Une bonne action, monsieur @rte#a, dit tout bas;aroline. ;e nest pas vous, dites, qui alle% nous emp)cher de#arder notre petit.

Q Gotre petit.... Q l est à nous, maintenant. ' ;aroline avait *ailli dire à

moi.$ > nous, monsieur @rte#a. l nous connaTt. Si vous savie%

comme il est bien soi#né, pomponné, dorloté et tout. l na !amais manqué de rien, vous save%. Gous verre% comme il est beau.

Q ?u parles, tu parles..., ronchonnait le bonhomme. & l "a deux semaines que nous nous occupons de

lui. Si vous savie% comme il pousse bien. Q ais en*in, ;aroline, vous ne pourre% pas lWélever...

!usquà ce quil soit #rand. Et puis le quartier est appelé à )tre

rasé dun moment à lautre. Q >lors, on verra, trancha ;aroline. ais qui pourraitnous reprendre aurent-

Q l sappelle aurent- dit Pablo. Q @ui. Et il entend tr0s bien son nom. ?ene%.... ' anuela

revenait portant le poupon qui avait encoreune #outte de lait au coin des l0vres. ;aroline le prit dans

ses bras et le déposa doucement sur les #enoux du vieil hommequi devenait mal#ré lui leur complice.$ ?ene%&le, dit&elle.... Ne le re#arde% pas comme Oa en

*aisant les #ros "eux. l ne vous connaTt pas encore. l va pleurer.'

Pablo était tout embarrassé et maladroit avec ce poupondont il *allait encore soutenir la t)te, mais qui essa"ait dé!à desaisir avec sa petite main la moustache #rise du bonhomme.

117



$ l vous connaTtra vite, dit ;aroline en riant. l est dé!à pr)tà !ouer. anuela, donne&lui son hochet.

Q Parlons sérieusement, mes petites, dit Pablo. l va *alloir prendre une décision.

Q ais elle est toute prise, assura ;aroline. Q >llons, allons, pas den*antilla#es ' Pablo ré*léchissait.$ Gous comprene%, dit&il, quil *aut absolument

savoir do( vient ce bébé. Je vais me rensei#ner. Q ;omment vous " prendre%&vous- demanda ;aroline. Q 4abord, !e *erai ma petite enqu)te dans le quartier. Je

vais me mettre en campa#ne pas plus tard que demain. Q @h oui, Pablo ', dit anuela.Elle baissa les "eux parce que ;aroline la re#ardait dun air

sév0re.

$ 4ites&moi, les petites... demanda le bonhomme. e

118



poupon, mave%&vous dit, avait été déposé au pied delescalier, dans lentrée du #rand immeuble de brique.

Q @ui, dit anuela.

Q ;était le soir. Q l *aisait presque nuit. Q ;est bon. Je verrai la concier#e. ;est une vieille

connaissance. 'e bonhomme avait quitté son air bou#on.Iuand elles ne seraient plus que toutes deux, avec son amie

ich0le, anuela lui dirait ce quavait décidé Pablo. Pablo étaitune #rande personne. @n pouvait lui *aire con*iance.

Pablo tenait tou!ours le petit aurent dans ses bras.$ 4onne%&le&moi, dit ;aroline, il vous embarrasse. Q Je le tiens calé contre mon bras.... ;est vrai quil est

beau... et lourd. Q l est *ort, dit ;aroline. Q Et à peu pr0s de lR#e de Joselito, sans doute- demanda

le bonhomme.

Q Pas tout à *ait. on petit *r0re est plus avancé, ditanuela. l *ait bravo.... '> ce moment ich0le entra. l *allut la rassurer, elle aussi.

a petite était allée aux provisions. ;e soir, ;aroline devaitdTner rue ?aille*er, comme cela lui arrivait le plus souvent.

$ Je vais *aire bouillir les pommes de terre, dit ich0le. Jai pris du cervelas et une part de camembert. l " a encore du cacao

pour quelques !ours. Q Et les oran#es pour le !us de *ruit de aurent- dit ;aro. Q Jai les oran#es. Jai le sucre. Q Gous comprene%, dit la 6rande à Pablo, nous pouvons

commencer à donner au petit autre chose que du lait. 'Et à ich0le

119



CHAPITRE /

EN FAMILLE

4EU !ours pass0rent. Un soir on *rappa à la porte de

lappartement. ;aroline était seule Elle ne tressaillit m)me pas. Elle savait qui était là. $ Entre% Q Donsoir, ;aro. ' ;était Pablo.$ Donsoir, monsieur @rte#a. Q Jai pensé que !e pouvais venir passer un moment. e

petit dort&il- Q > poin#s *ermés. Q Et toi, tu couds....

11C



Q es veillées sont lon#ues. Q Je peux rester un moment- Jai besoin de parler un peu

avec toi. ?u ne vois pas que tu te *ati#ues les "eux à la

chandelle- ;e nest pas raisonnable. Je vais mettre un peudordre dans tout Oa. 4abord, !ai monté un sac de charbon. Q @h merci, monsieur @rte#a. Q >ppelle&moi Pablo, comme tes amies. Et puis ne

remercie pas. ;est de bon c/ur. 4autant plus que le charbon, pour mon brasero, !e le prends en #ros. @n me *ait des prix. Jaiaussi un peu dar#ent.... ?u ne vas pas re*user.

Q Je savais bien, murmura ;aroline, que nous pourrionscompter sur vous.

Q > une condition, dit le bonhomme en souriant. Q aquelle- Q ;est que !e sois un peu de la *amille. Je mentends....

Gous mécoutere% de temps en temps et passere% un peu par mesvolontés. >llons, ne *ais pas la moue. Je ne serai pas #)nant. Et !e vous aiderai. En attendant quon retrouve la *amille de

aurent. Q @ui, Pablo. Q >lors, laisse&moi *aire. 4abord, il " a toi. @ui, toi,

;aro. ?u nas pas bonne mine. ?u as une petite *i#ure de rien dutout. Si Oa continue tu iras vite au bout de tes *orces. Et alors Oanira pas mieux.

Q Je suis solide, monsieur @rte#a.... & Pablo....

Q Je suis solide, Pablo. Q >llons, ne tent)te pas. ?u as #randi trop vite. ?u tedépenses. ?u ne pourras pas continuer à mener cette vie&là... letravail che% les Plisner, cette maison à tenir, les soins au bébé.... Non, et non >lors, écoute.... '

Pablo parlait avec douceur et autorité. $ *aut sor#aniser mieux. Goilà à quoi !ai pensé. ?u niras plus travailler che% lesPlisner.

11B



Q ;est impossible. Q aisse&moi parler, dit Pablo. Jen *ais mon a**aire. Je ne

peux bientt plus me traTner, avec ces rhumatismes qui me

nouent les !ambes. l me *aut quelquun pour entretenir monéchoppe et me soi#ner... quelquun qui maide. Gois&tu o( !eveux en venir- '

;aroline hocha la t)te.$ Je suis passée che% les Plisner. 4e braves #ens, pr)ts à se

mettre en quatre pour rendre service. Je leur ai dit ce quimamenait. ls ont embauché deux hommes de plus depuis ledépart de arcel. ls se débrouilleront sans toi. ?u " es,maintenant.

Q Iue leur ave%&vous demandé- dit ;aroline quicommenOait à comprendre.

Q Iue tu viennes toccuper de ma maison.... ?e voilà ma#ouvernante ?u ne seras plus obli#ée de te tuer au travail che%les Plisner, ni de courir de la rue ?aille*er à limpasse du evant.Es&tu contente-...

Q @h oui, Pablo. Je ne sais comment vous remercier- Q Ne remercie pas, !e tai dit. ;e que !en *ais, ce nest passeulement pour toi. ;est aussi pour aurent. ?u pourras mieuxtoccuper de lui, en attendant quon trouve une solutiondé*initive.

Q erci, merci... répéta ;aroline. Q ;e nest pas tout. ?u vas me *aire le plaisir de te

ména#er un peu. ?u as une vilaine toux. Q Je tousse comme Oa tous les hivers. Q Je dis que tu as une mauvaise toux. >lors, ne prends

pas *roid. Et nourris&toi convenablement. J" veilleraiaussi. Un morceau de charcuterie sur le pouce, Oa va bien untemps. ?u te maltraites, ma pauvre en*ant. Je vais te laisser dormir. Ne veille pas trop tard. 4ors et repose&toi. ?u en as besoin. Promis-

Q Promis, Pablo.... Donne nuit.

12M



QDonne nuit, petite. Q> demain- Q> demain. '

*

* *

;e que Pablo navait pas dit à ;aroline, cest quil avaitcommencé discr0tement une enqu)te.

l était passé la veille che% la concier#e de la maison de brique rou#e, le #rand immeuble de la rue ?raversi0re. lconnaissait un peu la vieille *emme. Elle avait tenu lon#tempsdes lo#es dans le quartier, avant doccuper deux pi0ces dans la belle maison bour#eoise.

Pas peu *i0re davoir la ?. G. et des #éraniums à ses*en)tres, elle était enviée par toutes les concier#es du quartier.Elle sappelait me Dourruche.

Pablo *rappa, entra.

$ 4epuis le temps quon ne vous avait vu, monsieur @rte#a.... Q Gous save%, madame Dourruche, avec ces rhumatismes

qui me tiennent, !e ne pousse pas souvent loin du ;arréaublanc.

Q l sera bientt tout démoli. Q @n en parle.

Q ;e sera plus plaisant comme vue, quand on vous aura bRti du neu* comme ici. Q l *aut le temps. Q Gous vous assiére% bien un moment. Jai du ca*é chaud.

Gous en prendre% une tasse. Q Pas de re*us, madame Dourruche. 'Et la conversation sétait en#a#ée. @n avait parlé de tout et

de rien, des a**aires au carreau des Puces, du nouveau cinéma,

de tous les chan#ements survenus dans le quartier.

121



$ @n ne le reconnaTtra bientt plus, monsieur @rte#a. Q Personne ne sen plaindra, dit le bonhomme. l " aura

moins de rdeurs par ici.

Q @h vous save%, quand les #ens ont dans la t)te de *airedes mauvais coups.... l vaut mieux )tre sur ses #ardes, monsieur Pablo. Surtout dans mon métier. @n en voit de toutes lescouleurs, vous save%, quand on tient une lo#e.

Q Je men doute, madame Dourrache. 'Un peu embarrassé, Pablo nosait pas poser de questions.

a concier#e avait&elle eu quelque visite au su!et du bébéabandonné dans lentrée de son immeuble- a personne quiavait déposé le petit à cet endroit était&elle revenue-

e hasard devait servir la curiosité du vieil homme. aconcier#e avait la lan#ue bien pendue, et ne demandait quà parler.

$ Encore une tasse de ca*é- Q Golontiers.... l est excellent. Q Je vous disais donc, monsieur Pablo, quon ne saurait

!amais )tre trop prudent avec les inconnus qui tirent votrecordon. >insi, tene%, à la *in du mois dernier. Jai eu une visite.Une *emme....

Q Pour louer- dit Pablo. Q Gous plaisante%. ;he% nous, cest tout acheté par

appartement. Non.... ;ette *emme Q entre nous, elle avait dedrles de *aOons Q elle ne savait pas trop ce quelle voulait.

Elle nosait pas demander. Elle ma va#uement parlé deslocataires des éta#es. oi, bouche cousue, naturellement. Je memé*ie, vous comprene%.... Iuand une bande pro!ette decambrioler une maison, ils envoient souvent quelquun serensei#ner sur les locataires de limmeuble. ;ette *emme me*aisait un peu de peine. Elle avait lair dune innocente. Je laiécoutée.

Q >lors, ave%&vous su ce quelle voulait-...

122



Q ;était tout un brouillamini.... > mon avis, elle est

certainement *olle, la pauvre. Jai cru comprendre quelle avait perdu un en*ant.

Q Perdu-... Gous voule% dire abandonné- dit Pablo. Q Non. Perdu. Elle a dit perdu.... Une mauvaise *i0vre

quand il était tout bébé. Pour men débarrasser, !e lui ai *ait une petite aumne. Elle est partie. ais, elle est revenue, lelendemain.

& >h Q Je lai surveillée à travers ma *en)tre. Elle est restée plantée, les "eux va#ues, en *ace de lentrée de lescalier. Iuand !e suis sortie sur ma porte, elle sest en allée tr0s vite.... '

Pablo était son#eur.l se promit de revenir, dans quelque temps, parler encore

un peu avec la vieille *emme de la lo#e.Z

ZZ

127



$ >s&tu vu, demanda anuela, comme ;arolinedevient coquette-

Q Dien s+r que !e lai remarqué, dit ich0le en riant.

Q Pour qui se *ait&elle belle- Q Pour aurent, dit ich0le. Q Je nai pas encore compris que Pablo ait permis à

;aroline de sortir le petit et daller le promener. Q Et en plein !our.... Q ais en *aisant tou!ours le #rand détour, dit

anuela.& Je sais bien, remarqua ich0le, que aurent ne peut pas

rester en*ermé dans la maison. Q Et puis, dit anuela, ;aroline ne doit !amais aller avec

le petit du cté des Puces. ?out le monde la connaTt, là&bas. aistout de m)me, ce nest pas prudent.

Q Iue veux&tu quil arrive- Q Je ne sais pas, murmura anuela.& l a d+ co+ter tr0s cher, le landau- Jai vu le m)me aux

Pri4 5ni*ues. Q ;ela métonnerait. e landau qua acheté Pablo ne vient pas des Pri4 5ni*ues. l est démontable.

& >ux Pri4 5ni*ues aussi, ils sont démontables. >s&tu vu lera"on pour en*ants- Non- oi, !e le connais, sent)ta ich0le.

Q Iuest&ce quil na pas *ait, Pablo, pour aurent, depuisquil est dans notre secret

Q Et pour ;aroline... ' dit ich0le.Pablo donnait avec la lar#esse des pauvres #ens. ;était luiqui avait acheté les montants du lit, le sommier, le matelas quioccupaient la chambre du *ond o( couchait ;aroline. l avaitremplacé la #rille à co\e par un po)le tout neu* à *eu continu.;était lui qui assurait le ravitaillement en charbon.

128



;aroline prenait la plupart de ses repas avec le bonhomme,dans son échoppe. Elle *aisait le ména#e et la cuisine du vieilEspa#nol. ais elle était libre quand elle le voulait. aurent ne

restait !amais seul.anuela et ich0le auraient bien voulu avoir, elles aussi,la permission de promener le bébé.

$ ;est tou!ours ;aroline, disait ich0le. Q Pour nous, ce ne serait possible que le !eudi et le

dimanche, disait anuela. Et ces !ours&là, les !ardins sont pleinsde monde. '

$ > NoVl, nous aurons dix !ours de con#é, se promettaitich0le. ;e sera notre tour de sortir aurent dans son landau. '

;aroline était devenue presque coquette. Elle avait unerobe et une veste neuves. Elle était m)me allée che% le coi**eur pour la premi0re *ois de sa vie. ais ses cheveux rebellesnavaient pas voulu se plier aux ondulations, et ;aro restaitcoi**ée en chien *ou.

Iuand elle promenait aurent, elle prenait des précautions

in*inies. En bas, il *allait *aire le #uet avant de sortir le landauremisé dans la cour. Elle prenait la rue ?aille*er à lopposé de la place aublanc. Et vite, vite, #a#nait les terrains va#ues, lesruelles qui la conduisaient hors du quartier o( elle risquait derencontrer des visa#es connus.

;omme elle était *i0re de promener ce beau bébé... Sonvisa#e pRle sempourprait, quand une autre maman qui roulait,

elle aussi, la voiture de son en*ant sarr)tait pour admirer lemarmot, beau, *rais et tout rosé dans la !olie barboteuse que;aroline lui avait tricotée.

*

* *

129



4ésormais, le p0re @rte#a venait au 77 de la rue ?aille*er presque tous les soirs, apr0s le dTner. l re#ardait ;arolinedonner au bébé le dernier biberon, et

le chan#er pour la nuit. l prenait le petit sur ses #enoux.$ #randit et *orcit à vue d/il, tu sais, 6aro. Iuel beau petit bout dhomme. Plus !e le re#arde.... '

Pablo avait le sourire béat dun vieil homme pleinementheureux. l était che% lui dans la maison des trois *illes. Et;aroline, souriant à lavance, attendait linévitable plaisanterieque ne manquerait pas de *aire le bonhomme

$ l oo del a!o enorda el caballo. ';était un proverbe espa#nol $ /il du maTtre en#raisse

le cheval. '/il du maTtre....;était plutt l/il attendri dun bon #rand&p0re.e bonhomme se sentait dé!à tr0s attaché à ce petit en*ant.

;ependant, lidée ne le quittait pas, quil *audrait, au plus vite,ré#ler sa situation, et savoir à qui le rendre.

12:



CHAPITRE /I

LA MAISON EST EN MOI

<GE5 sannonOait tr0s rude. Un vent #lacé sou**lait aulon# de la rue ?aille*er o( on patau#eait dans une épaissecouche de boue.

?ous les pavés avaient été arrachés. ;est dabord à lachaussée que les démolisseurs sétaient attaqués. 4urantquelques !ours, les camions avaient *ait #ronder leur moteur dans la rue abandonnée. ls charro"aient des tonnes de pierres,laissant derri0re eux de pro*ondes orni0res dans la terredétrempée.

$ Un vrai marais, #rommelait Pablo. Dientt, on ne pourra plus saventurer ici quavec des bottes. '

es trois *illes étaient chaussées de bottillons en

12L



Q Un bai#neur, cest tout nu, remarqua ich0le. Q Nous laurions habillé, dit anuela, tou!ours de son air

pincé.

Q ?u as vu, anuela, le beau costume de cette poupée,cest une >rlésienne. ?out en soie brochée. Et de vraischeveux.... Elle ouvre et *erme les "eux. '

ich0le était en admiration.a poupée avait de beaux "eux démail bordés de lon#s

cils. Un chRle de soie brillante croisait ses deux pointes sur uncorsa#e brodé. Une minuscule coi**e de velours était posée sur sa chevelure dun noir de !ais.

$ > trois mois, dit ;aroline, un bébé nest ni *ille ni #arOon.;ette poupée sera le plus beau !ouet de aurent. '

Pour le moment, le bébé aurent nétait pas encore capablede sintéresser à une éblouissante poupée parée comme une petite reine de ;amar#ue. l se contentait de porter à sa bouchece nouveau !ou!ou.

e soir de larrivée du colis, Pablo monta all0#rement

lescalier, mal#ré sa mauvaise !ambe qui le *aisait sou**rir. uiaussi avait préparé une surprise. Un canard 4onald et unic\e", en caoutchouc, et qui tous deux laissaient échapper de petits cris quand on les pressait entre deux doi#ts.

ais en apercevant dans les menottes de aurent cette poupée de contes de *ées, le bonhomme #arda ses modestescadeaux dans sa poche, les réservant pour plus tard.

$ ?u tousses sans cesse ', dit&il à ;aroline.a 6rande comprimait sa poitrine pour essa"er, mais envain, denra"er une quinte de toux opiniRtre.

$ ?u as d+ prendre *roid. Q ;e nest rien, Pablo, dit ;aroline. Q 5ien 5ien... et tes dents claquent. Hais voir un peu ton

poi#net. e pouls bat vite et tu es br+lante. ?u as la *i0vre-

12B



Q Je vous assure que ce nest rien, répéta ;aro. Q ?u vas pourtant me *aire le plaisir de te coucher. Et tout

de suite. @u !e me *Rche pour de bon. @n te posera des

sinapismes. ich0le ira ten chercher un paquet che% le pharmacien ainsi quun tube daspirine. >lle%, au lit. ';aroline obéissait à re#ret.$ ;est lheure du biberon, dit&elle. Q anuela sen occupera. ?oi, ;aro, cette nuit, tu vas te

reposer tranquillement. Je veillerai ici, dans mon *auteuil. '4epuis quelques !ours, lameublement de la pi0ce de

devant sétait enrichi dun vieux si0#e capitonné dont le veloursétait usé aux accoudoirs !usquà la trame. Pablo s" installait pour *umer sa pipe chaque soir.

> cté, ;aroline reposait. Elle avait la *i0vre. 4écidément,cétait un mauvais !our. @n avait m)me oublié la !oie causée par larrivée du colis de arcel.

$ Est&ce que ;aroline dort- demanda anuela à mi&voix. Q Je crois que oui, répondit ich0le.

Q ?ant mieux. Q Pourquoi- Q Elle na pas besoin dautres soucis. Q Iuest&ce quil " a- murmura ich0le dé!à

inqui0te. Q Giens un peu. aurent re*use son biberon. 4é!à à la

derni0re tétée, il na presque rien pris. aintenant, il vient de

rendre tout ce quil avait avalé. Q Pourvu quil ne tombe pas malade ' e petit pleurait.l #ei#nait, plutt.

$ Je tassure quil a mal, dit anuela. Q 4é*ais ses lan#es. à... tu vois, il se calme un peu. '

ais le bébé ne #i#otait pas !o"eusement comme il avaitlhabitude de le *aire d0s quon le démaillotait.

17M



+ Est,ce )ue Caroline dort0 1

171



l continuait à #émir en pinOant ses petites l0vres.Yvidemment, il sou**rait.

$ ?u as vu, anuela. l se tord de coliques. Et quelle

vilaine diarrhée. on 4ieu Pablo Pablo Q Iuest&ce quil " a, petites- Q aurent est malade. Q Un lé#er bobo.... Q l *aut *aire venir le médecin, dit anuela. Q @h oui, Pablo insista ich0le. Et quil vienne vite.

Jen connais un qui est nouvellement installé, rue ?raversi0re. Jecours le chercher.

Q l vaut mieux que ce soit moi, dit Pablo. J" vais.4ailleurs il est tard, et vous deux, les petites, vous devrie% )trerentrées che% vous.

Q Nous nous en irons d0s que le docteur sera passé, ditanuela. Ga vite, Pablo. '

e vieux bonhomme endossa son manteau et sortit.Une demi&heure plus tard, il montait lescalier accompa#né

du !eune docteur qui, ses consultations terminées, commenOaitses visites.$ Go"ons ce bébé, dit&il. 4é*aites&le compl0tement. ;est

un beau petit diable. a lan#ue... un peu char#ée. >llons, ne pleure pas, mon bonhomme. à, là... @h mais il a de la voix, le#aillard Gous pouve% le rhabiller. Et tene%&le bien au chaud.

Q Est&ce #rave, docteur- demanda ich0le. & ais non,

petite. 'a porte de la chambre du *ond venait de souvrir. Sur leseuil, ;aroline que les cris du bébé avaient réveillée, aperOut lemédecin. l avait bouclé sa trousse. >ssis devant le petit#uéridon, il rédi#eait une ordonnance.

$ Iuest&ce quil " a- ' murmura&t&elle sans voix.Elle avait passé un manteau sur ses v)tements de nuit. Sa

pRleur était impressionnante. En chancelant, elle *it

172



quelques pas à travers la chambre, prit aurent, le serradans ses bras.

$ 5assure%&vous, dit le docteur. Gous nave% rien à craindre

pour le bébé. ;ette nuit, il *era un peu de *i0vre. l a pris *roid.Haites&lui des enveloppements sinapisés. 4ans deux !ours, il seracompl0tement remis, et cette méchante colique ne sera plusquun mauvais souvenir. >h !e vous préviens. l pleurera sansdoute beaucoup quand la moutarde lui br+lera le dos. aisse%lenveloppement au moins dix minutes, m)me si len*ant crie. '

;aroline étou**a une quinte de toux si violente quelle luisecouait la poitrine.

$ @h mais, mademoiselle, dit le docteur, cest vous, bien plus que le bébé, quil va *alloir soi#ner.

Q Iuest&ce que !avais dit- #rommela Pablo. >usculte%&la, docteur. Je crains quelle ne *asse une *orte #rippe.

Q Sil ne sa#issait que dune #rippe, dit le médecinau bout dun moment.... ais les deux poumons sont

con#estionnés. Pour enra"er le mal, !e vais prescrire ce quil *aut

le lit, de la chaleur, et pas dimprudences. Je reviendrai demain.40s maintenant, !e vais *aire une piq+re. 'orsque ;aroline *ut couchée, le docteur prit con#é.ich0le courut che% le pharmacien chercher les

médicaments. Pablo dut se *Rcher pour emp)cher ;aroline de selever. Elle voulait préparer elle&m)me lenveloppement sinapisédu bébé. ich0le et anuela sen char#0rent. Elles

démaillot0rent aurent, le port0rent pr0s du po)le. en*ant setordait comme un ver coupé. es deux #amines ne se sentaient pas le coura#e de maintenir lemplRtre de moutarde sur le corpsdu malheureux poupon.

4ix minutes, avait dit le docteur. Une véritable torture pour les deux petites. aurent avait tr0s mal.

177



Les deux (oumons sont con#estionnés$

178



$ ais puisque cest pour son bien... ' #rommelait Pabloen en*ermant dans ses #ros doi#ts la poitrine du bébé, pour quelenveloppement adh0re bien et donne une réaction violente.

4e #rosses #outtes de sueur coulaient sur le *ront du vieilhomme qui supportait mal, lui aussi, de voir aurent sou**rir.$ >!ax... 'anuela neut que le temps de se !eter au&devant du chien.>!ax connaissait aurent. l .montait sans cesse la #arde

pr0s du berceau.>ux premiers cris de len*ant, le #rand chien sétait dressé.

l avait vu, maintenu dans les #rosses mains quilemprisonnaient, le poupon con#estionné et qui sétou**ait dansses larmes.

>ussitt, sauva#ement, pr)t à mordre, >!ax sétait élancé.Si anuela ne lavait pas attrapé par son collier, le chien&loupaurait sauté à la #or#e de Pablo.

e petit, à bout de sou**le, *ut reposé dans son berceau.ich0le et anuela repartirent che% elles.

Pablo, qui ne voulait pas laisser ;aroline seule, prit sesdispositions pour passer la nuit dans son *auteuil.l était vieux, le p0re @rte#a. a t)te appu"ée aux coussins,

il ne tarda pas à sassoupir. l se réveilla vers minuit, et au petit !our, pour bourrer le po)le de charbon. ais à chaque *ois, il selaissa reprendre par le sommeil.

;aroline semblait dormir. Son sou**le était rauque et

saccadé. a *i0vre la br+lait. a nuit lui parut interminable.Pourtant, elle veillait encore sur le sommeil a#ité du bébé. Sansque Pablo sen aperOoive, elle sautait du lit, toute *rissonnante,d0s que aurent commenOait à se plaindre. Elle renouvelait la bouillotte, donnait les potions prescrites par le médecin. Pendantune heure ou deux, les douleurs du petit sapaisaient.

179



>u matin, ;aroline était compl0tement épuisée. Sa *i0vreavait encore monté. Elle avait repris *roid.

ich0le et anuela, tr0s inqui0tes de savoir comment la

6rande avait passé la nuit, coururent rue ?aille*er avant de serendre à lécole. e soir, d0s la sortie de classe, elles revinrent àlappartement o( le p0re @rte#a, un peu désemparé, donnait sessoins à ;aroline et soccupait du bébé du mieux quil pouvait. létait bien embarrassé, le vieux Pablo. ;ar il *allait aussi ré#ler le probl0me du sort de aurent, et pour le moment cela lui étaitimpossible.

a !ournée passa. e soir, le docteur vint tard. @nsimpatientait en lattendant. 4ans la maison, tous les c/ursétaient en peine.

e médecin rassura Pablo et les deux #amines. e petitaurent était vi#oureux. 4emain, on pourrait recommencer àlalimenter prudemment.

;aroline demeurait tr0s abattue. Pourtant, sous le**et des piq+res, sa *i0vre qui avait donné tant dinquiétude cédait un

peu. a 6rande, qui avait tant mérité de recueillir le premier vrai sourire de $ son ' bébé, neut m)me pas cette !oie. ich0leet anuela, empressées autour du petit tout nu et #i#otant, alorsquelles lui *aisaient sa toilette, parta#0rent toutes deux cettemerveilleuse récompense.

aurent ne riait pas aux an#es. Son re#ard ne se perdait

plus dans le va#ue. >u *ond de ses prunelles, on vo"ait !aillir une petite source. es "eux du poupon cherchaient ceux deich0le, ceux de anuela. Et plissant ses *ossettes, il répondaità leur sourire en é#renant de !o"eux cris.

;omme le docteur lavait prédit, aurent reprit tr0s vite ses belles !oues rosés et son appétit de petit o#re. alheureusement,la convalescence de ;aroline promettait d)tre plus lon#ue.

17:



*allut sor#aniser, *aire un peu de cuisine rue ?aille*er.4élaissant son brasero, au coin de la place, Pablo avait pris àc/ur son rle de #arde&malade et de bonne den*ant. l *aisait

#riller sur la braise, dans la cheminée, dépais bi*tec\s de cheval pour ;aroline. 4urant ces dures !ournées, le vieil ami sedépensa sans compter, et il en né#li#ea son enqu)te.

$ Iue serions&nous devenues sans vous, Pablo- disaitanuela.

Q Je suis pa"é, petite. Jai plus que ma part. ' sétait tout de suite, mal#ré lui, attaché à ce bébé qui

navait pas mis lon#temps à le connaTtre, et lui *aisait risette enlui tendant les bras.

;aroline reprenait lentement ses *orces. Elle était amai#rie.Elle avait les "eux battus et tou!ours trop brillants, comme si la*i0vre continuait à couver, pr)te à reprendre.

$ ne *aut pas risquer une rechute, avait dit le docteur à saderni0re visite. Surtout, quelle ne prenne pas *roid '

;aroline voulait #uérir et #uérir vite, pour recommencer

d0s quelle le pourrait, à soccuper de aurent. Elle put bienttquitter le lit, et *aire quelques pas dans la chambre sans trop de*ati#ue.

Un !eudi, elle prit son dé!euner, assise à la petite table en*ace de Pablo.

ich0le et anuela lui réservaient, ce !our&là, une surprise.es deux #amines arriv0rent à lappartement au début de

lapr0s&midi.4ehors, il *aisait un beau soleil dhiver.Pablo ouvrit la porte. ich0le entra la premi0re, un doi#t

sur les l0vres.$ ;hut, ;aroline se repose&t&elle-...

Q @ui. 'anuela entra à son tour. Elle portait, bien emmitou*lé

dans ses bras, un autre bébé endormi Joselito.

17L



avait apportée.$ aisse% votre pipe, Pablo. Gous save% bien que la *umée

*ait tousser aurent.... Q ;est bon... cest bon... pour une malheureuse

pipe.... Q >lors, une seulement, Pablo. ';aroline navait pas été lon#ue à reprendre en main la

conduite de sa maison, $ à ré#ner ', comme disait en riantPablo.

*

* *

;e m)me soir, alors que les trois *illes et leur vieil ami

17B



étaient assis autour de la table, sous la lampe, personnenentendit le pas qui montait lescalier en tRtonnant.

homme qui connaissait la maison abandonnée était

chaussé despadrilles maculées de boue. l sarr)ta sur le palier,tr0s intri#ué. l écouta. @n parlait dans lappartement. > ses pieds, il aperOut un rai de lumi0re sous la porte.

$ 4iable, murmura&t&il entre ses dents..., voilà que léta#eest occupé. '

. > ce moment&là, si les trois amies avaient !eté un coupd/il du cté de leur chien, elles auraient compris que la b)teavait senti une présence. >!ax se souleva à moitié. es reinscreusés, le poil *rissonnant, il tourna la t)te vers la porte. lhésita, pr)t à se lever.

es pas quil était seul à entendre redescendirent lescalier.homme sen allait, en suivant les murs.l séloi#na en direction des terrains va#ues, re#ardant une

à une les maisons, pour *aire son choix. Un toit en valait unautre. ;e nétait pas la saison de chercher un abri sous les ponts.

homme entra dans un couloir dont le vent *aisait battre la porte. l passerait la nuit dans cette échoppe. 4emain, ilreprendrait la route des chemineaux.

l trouva un coin dans une pi0ce qui avait encore descarreaux aux *en)tres. l sortit de sa poche un morceau de bou#ie, lalluma avec son briquet. Puis il déballa, dun bout desac noué avec une *icelle, les provisions de son dTner un

qui#non de pain, un carré de *roma#e et une bouteille de vin.;était lancien maTtre d>!ax, celui qui lavait si bien dresséà dérober les sacs aux passantes dans la rue.

18M



CHAPITRE /II

EN LISANT LE JOURNAL

>J> ne devait !amais retrouver ce va#abond dont il avaitété le compa#non pendant plus dune année.

homme qui monta un soir lescalier du 77 de la rue?aille*er et trouva lappartement occupé, parcourut encore bien

des routes avec son bRton et sa besace à lépaule.l revint encore une *ois chercher un abri au ;arréaublanc, bien plus tard. e pRté de maisons avait alors étérasé.

ais entre&temps que de choses sétaient passées dans cetimmeuble du 77 o( sous l/il de Pablo, dans la tendresse destrois amies, le petit aurent poussait à vue d/il et devenait unma#ni*ique bébé.

181



Iui aurait pu se douter que le sort de len*ant allait bientt)tre ré#lé- ;omment aurait&on pu sima#iner que ce bébé soi&disant abandonné et qui nétait à personne, avait pourtant une

*amille-es trois *illes vivaient un beau r)ve. aurent était à elles.ais il appartenait surtout à ;aroline.

Pauvre ;aro Si elle avait pu pressentir quà la veille de NoVl, autour du sapin quon préparait avec amour, elle allaitconnaTtre la premi0re #rande peine de sa vie et un véritabledésespoir.

4urant tout lapr0s&midi du !eudi, ich0le et anuelacoururent les #rands ma#asins. Pablo leur avait ouvert un lar#ecrédit, pour leurs achats. l sétait char#é de se procurer le sapinche% la *leuriste.

$ *aut *aire une surprise à ;aroline, avait dit anuela. Q Gous comprene%, Pablo, depuis le temps quelle r)ve

davoir une photo#raphie de aurent suppliait ich0le. Gous ne pouve% pas nous dire non. '

Pour réaliser leur pro!et, les deux #amines avaient besoinde la complicité de leur vieil ami.e !eudi était le !our de repassa#e de ;aro à La"e au poids.

Pour la premi0re *ois, ich0le et anuela allaient pouvoir sortir le bébé. >u lieu de le promener dans un !ardin, elleslemm0neraient avec elles, à Paris, pour quil semplisse les "euxdes illuminations des étala#es.

Elles avaient pris le métro, portant dans leurs bras le petitaurent encapuchonné comme un Esquimau. l était dé!à lourd,ce poupon. ais les deux #amines ne se lassaient pas dedéambuler sur les trottoirs au milieu de la *oule, sarr)tantextasiées devant toutes les vitrines. >ux ra"ons des !ouets, ellesauraient voulu tout acheter, mais elles avaient vite vu le *ond deleur bourse. 5ien ne leur semblait trop beau pour aurent.

182



;est dans un #rand ma#asin du centre que ich0le etanuela avaient choisi de *aire exécuter la photo#raphie quiserait une !o"euse 'surprise pour ;aroline le petit aurent dans

les bras dun immense P0re NoVl en robe rou#e, coi**é dun bonnet pailleté de nei#e, souriant dans limmense barbe qui luiman#eait la *i#ure !usquaux "eux.

aurent était ravi. l navait pas eu peur de ce !ouet #éantqui, du bout de son doi#t énorme, lui avait chatouillé le menton pour le *aire rire.

6risées et toutes à lenchantement de ces heures passées au palais des merveilles, anuela et son amie avaient repris lemétro pour remonter vers Saint&@uen, les bras char#és de paquets.

;aroline était revenue de son travail. es deux *illettesavaient déballé devant la 6rande toutes leurs richesses les boules de verre de couleurs éclatantes, les écheveaux ar#entésde cheveux dan#es, les bou#ies rou#es et vertes... et les !ouets le pantin articulé, le bai#neur, lours en peluche quon

accrocherait à larbre de NoVl du petit aurent.Puis, en #rand m"st0re, ich0le déplia le carton o( étaitenveloppée la photo#raphie surprise.

$ 5e#arde, ;aro.... '4ans les bras du bonhomme NoVl, qui semblait le tendre

pour vous lo**rir, aurent rieur ressemblait à un bai#neur rosé*risé, !ou**lu.

4evant cette ima#e qui allait prendre place sur lacheminée, les trois *illes, un peu émues, avaient eu la m)me pensée. ;e bébé, leur petit aurent, que le hasard avait *aitentrer dans leur vie o( il occupait une si #rande place, cétait ensomme un merveilleux cadeau. Un cadeau m"stérieux commeceux quun p0re NoVl porte dans sa hotte, et dépose dans un coinde la cheminée.

$ Pablo dit anuela. @h... vous ne le re#arde% m)me pas

Go"e% comme il rit, comme il est beau sur ce portrait

187



Q ?r0s beau, tr0s beau, petite. Q Iuelle belle *)te nous allons avoir che% nous Q ;ommenOons tout de suite à décorer le sapin, dit

ich0le. Pablo, ave%&vous préparé le socle que vous nous avie% promis pour que larbre se tienne bien droit- Q ;est *ait. Q @( lave%&vous mis- Q ?u vas le trouver dans la cuisine, sous lévier.

>ttention, la peinture est à peine s0che. 'Iuavait donc Pablo, ce soir-ui qui dhabitude était si plein dentrain, paraissait

soucieux. l ne participait pas à la !oie de la maison. ;était à peine sil avait *ait cas du portrait du petit aurent.

;aroline, seule, sétait aperOue que leur vieil ami semblait préoccupé. Elle lobservait à la dérobée, inqui0te elle aussi,comme si elle avait eu le pressentiment dune menace pesant sur la maison.

.;aroline vo"ait les deux #amines insouciantes, tout à la

!oie de décorer leur sapin. al#ré elle, son re#ard revenait auvieux bonhomme qui avait laissé éteindre sa pipe.Pablo, en*oncé dans son *auteuil, lisait le !ournal.;aroline sapprocha de lui, et à mi&voix $ >ve%&vous des ennuis, Pablo- ' lui demanda&t&elle.e p0re @rte#a releva brusquement la t)te comme sil avait

été surpris dans ses pensées.

$ 4es soucis, cest beaucoup dire... *it&il de sa #rosse voix bou#onne quil se**orOait de rendre naturelle.Gous cro"e% que !e ne le vois pas- murmura

;aroline. N" *ais pas attention, va, petite.... > mon R#e, pour un rien,

on est #ro#non. @n se sent mal à laise dans sa peau. a !ambequi tire.... >h et puis si les choses allaient tou!ours tout droit, ceserait trop beau

188



Ave2,vous des ennuis' Pa3lo0 »

189



Q 4ites&moi ce qui ne va pas, Pablo. Q ais rien.... Q 5ien- oi, !e sais.

Q Iuest&ce que tu sais- Q l est de nouveau question des démolitions, dit;aroline.

Q e *ait est quon en reparle..., #rommela Pablo. Un !our viendra o( toutes ces vieilles maisons tomberont. ais !ecrois que nous aurons du répit !usquà la *in de lhiver. 4e toute*aOon, petite, *ais&moi con*iance. ?u sais que tu peux compter sur moi.

Q @ui, Pablo.... Q @n avisera. @n sarran#era. Surtout, ;aro, !e ne veux

pas que tu te *asses du souci. Je suis là, moi 'e ton était bourru. ais ;aroline connaissait bien son

vieil ami. Elle savait ce que cachaient ses *aOons de #eindre etde se plaindre dune mauvaise !ambe. e p0re @rte#a avait voulurassurer ;aroline en essa"ant de lui cacher les ennuis qui, ce

soir, le tourmentaient.Pablo se replon#ea dans son !ournal. Pour la quatri0me*ois, il relisait en troisi0me pa#e, une colonne dun *ait divers parmi tant dautres, sur lequel ses "eux étaient tombés par hasard.

Ses lunettes sur le ne%, le vieux bonhomme recommenOasa lecture.

UN M/STRIEUX ENLÈ,EMENT

Hier apr's-!idi, )osette, une petite bonne du *uartier dela rue des 7coles, a"ait conduit au ardin du- Lu4e!bour o8elle allait r+uli're!ent le pro!ener, le petit )ean ..., un b+b+de deu4 !ois, dont elle a"ait la arde.

Sui"ant le rapport *uelle fit au4 en*u:teurs, apr's a"oir

roul+ la "oiture de lenfant dans les all+es, elle s+tait assise un

18:



!o!ent sur un banc. ;uel*ues instants plus tard une da!e +tait "enue prendre place c#t+ delle. La eune fille na"ait a!ais"u cette inconnue. Mais il lui se!blait !aintenant, apr's les

+"+ne!ents de lapr's-!idi *ui la"aient boule"ers+e, *uellea"ait d+ rencontr+ cette fe!!e *uel*ues ours aupara"ant, aucours de ses pro!enades dans le ardin.

Linconnue, si!ple!ent !ais correcte!ent ":tue, a"ait ena+ la con"ersation, lonue!ent ad!ir+ le beau b+b+ *uidor!ait dans son landau. Puis elle a"ait confi+ ses peines. lleaussi a"ait un petit ar<on de l=e du b+b+. Mais co!!e elle"i"ait seule Paris et *uelle +tait obli+e de tra"ailler, ellea"ait d> !ettre lenfant en nourrice, dans la rande banlieue,o8 elle ne pou"ait aller le "oir *ue tr's rare!ent.

ers les cin* heures, linconnue a"ait offert une collation la petite bonne. lle a"ait sorti de son sac *uel*ues pi'ces de!onnaie $ ?llez, a"ait-elle dit, e "eillerai sur le petit.... '

)osette fit le tour du bassin et courut us*u la bara*ue o8on "endait des =teau4 et des chocolats au4 enfants. ;uand elle

re"int pr's du banc, sous les arbres, linconnue a"ait disparu, et la "oiture du b+b+ +tait "ide. ?ffol+e, la eune fille s+lan<a la recherche de cette

fe!!e *ui "enait denle"er lenfant. lle parcourut toutes lesall+es. La ra"isseuse a"ait *uitt+ le ardin par la porte la plus proche. lle s+tait perdue dans la foule.

Plus tard, la police a/ant +t+ alert+e, toutes les recherches

de!eur'rent "aines. Le hasard de"ait per!ettre de retrou"er les traces de la fuiti"e, et loin de la ri"e auche, lautre bout de Paris, dansle *uartier des Puces.

Deu4 aents intriu+s par les allures suspectes dune fe!!e *ui !archait sous la pluie, lair +ar+, la"aient sui"ie. lle portait un b+b+ dans ses bras. lle ne paraissait pas bien sa"oir

18L



Elle (ortait un 3é3é dans les 3ras$

18C



o8 elle se dirieait. lle tournait au coin dune rue,h+sitait, re"enait sur ses pas, repartait....

?pr's une heure de filature, les aents la "irent franchir la

porte dun i!!euble o8 elle entra, son fardeau dans ses bras. @ls larr:t'rent *uand elle en ressortit, pres*ue aussit#t apr's. lle s+tait d+barrass+e de lenfant. An trou"a celui-ci danslentr+e, pr's de la porte de la conciere de li!!euble.

An pense *ue la !alheureuse na pas toute sa raison. @l est probable *ue cette pau"re fe!!e nen est pas son

coup dessai. @l / a d+ *uel*ues !ois, la police a"ait +t+ saisie de

disparitions de eunes b+b+s, abandonn+s ensuite par leur ra"isseuse. %ous na"aient pas eu la chance du petit )ean ...*ui, lui, retrou"a sa fa!ille et fut rendu le soir !:!e ses parents.

Len*u:te se poursuit.

Pablo plia son !ournal et le #lissa dans la poche de sa veste.

$ Pablo, vene% voir criait anuela.& >ide%&nous à accrocher létoile tout en haut du sapin, ditich0le.

& Jarrive, !arrive 'arbre de NoVl resplendissait de lumi0res. Pour !u#er de

le**et, avant la *)te, les deux #amines avaient allumé toutes les bou#ies. a #rande étoile de papier dar#ent accrochée par Pablo

brillait au&dessus dun ruissellement de cheveux dan#e quitombaient en cascades des branches.$ Giens voir, ;aroline Q Ne *aites pas tant de bruit, vous alle% réveiller le petit....& @h Pablo, dit anuela, !e suis certaine que

!amais nous naurons eu un aussi beau NoVl.& Pour s+r, petite.

18B



Q Plus que quatre !ours, dit ich0le. ls passeront vite. Q Eteins, maintenant, dit anuela. Pablo, aide%&nous

à porter larbre dans la cuisine. aurent ne doit pas le voir

avant la veillée o( il sera tout illuminé. ';e soir&là, il ne *ut question que de cette soiréema#ni*ique et du NoVl de aurent qui serait *)té en *amille, $che% nous '. ?out avait été ré#lé lon#temps à lavance, #rRce àPablo.

;he% les Sanche%, il " aurait aussi le sapin *leuri pour Joselito. ;he% les ;aron, on ne manquait !amais de *)ter le soir

de NoVl en *amille.Pablo avait parlé aux parents de ich0le et de anuela.$ ;omprene%, madame Sanche%, moi qui suis si souvent

reOu che% vous... cest bien mon tour.... Jinvite les petites.... Q Gene% plutt à la maison, Pablo.... Gous alle% tout

mettre sens dessus dessous che% vous.... Q Ne vous inquiéte% pas pour moi. Jai tout or#anisé. Et

Oa me *era tant de plaisir.... >pr0s le dTner, !irai chercher les petites. @n attendra minuit che% nous. Un *ameux petitréveillon... rien que des #Rteaux. @n allumera larbre et les*illettes auront chacune leur cadeau.

Q ;est trop, Pablo, cest trop& ;est encore moi qui serai #Rté.... Q Iuel mal vous vous donne% pour ces en*ants & oi, mais !e ne moccuperai de rien. Gous oublie% que

!ai une #ouvernante. Gous ne reconnaTtrie% plus monéchoppe, depuis que ;aroline m0ne ma maison. ;e sera une bonne petite ména#0re, ;aro, vous save%.... >lors, entendu,madame Sanche%. Pour NoVl, !e vous enl0ve anuela. es;aron sont daccord. '

Pablo avait tout prévu, tout or#anisé. Plus que quatre !ours, comptait ich0le. Iuatre !ours à r)ver de cette *)te

ma#ni*ique....

19M



Elle ne devait pas avoir lieu.Pour son NoVl, aurent ne tendrait pas les bras vers les

boules de *eu du sapin illuminé. e pantin articulé, le bai#neur

et lours en peluche resteraient pendus par un *il doré à une branche de larbre. Personne ne les décrocherait.$ Do, do, lenfant do... ' chantait à cté ;aroline en

berOant le bébé dans ses bras.;était le dernier soir o( ;aro, dans lappartement de la

rue ?aille*er, chanterait pour endormir un en*ant trouvé quelleavait ima#iné )tre vraiment à elle.

191



CHAPITRE /III

A CHA0UE JOUR SUFFIT SA PEINE

E lendemain, Pablo alluma comme dhabitude son braseroau coin du passa#e 6audr". l cassa son charbon, tria ses

marrons, les mit à #riller sur la plaque de tle.e bonhomme simpatientait. l attendait le #arOon, un petitrouquin du quartier, qui le remplaOait par*ois, depuis quelquetemps, devant le *ourneau, et qui #a#nait un peu dar#ent endébitant les poches de marrons et de cacahu0tes. 6rRce à cetapprenti, le commerce de Pablo marchait, sans lui, tant bien quemal.

192



$ Iuest&ce quil *ait donc, ce matin- #rommela le p0re@rte#a. >h te voilà tout de m)me '

e #amin qui avait traversé la place aublanc, arrivait en

courant.$ " a une demi&heure que tu devrais )tre ici, bou#onnaPablo. ?on ca*é tattend sur le #a%, dans léchoppe. ;aroline tedonnera du saucisson avec ton pain. Geille au *ourneau. oi, !e*ile. ;aroline... Goilà

Q Jai une course à *aire dans le quartier. Je ne serai paslon#temps absent. ?u passeras che% le boucher. Noublie pas le pharmacien, et le lait en poudre. '

Pablo en*ila cette vaste cape à manches qui ressemblait àun manteau de ber#er, et en boitillant, suivit létroit trottoir !usquà limpasse du evant. l salua le p0re Plisner qui *aisaitclaquer son *ouet aux oreilles de son cheval attelé à unecharrette char#ée de vieille *erraille.

> lan#le de la place, Pablo sen#a#ea dans la rue?raversi0re et la suivit !usquau carre*our des Puces. l dut

revenir sur ses pas. >bsorbé dans ses ré*lexions, il avait dépasséle bel immeuble de brique rou#e. l traversa le !ardinet bordédune petite haie de buis taillés, et monta les marches du perron.a porte de la lo#e était entrouverte. l *rappa.

$ >h cest vous, Pablo. Entre% Q Un petit bon!our en passant, madame Dourrache. Q on ména#e nest pas *ait. Et il attendra. ?elle que

vous me vo"e%, !e suis toute retournée. Gous devine% pourquoi 3 Q Je men doute un peu, dit Pablo. Q ;ette *emme qui est dans le !ournal... vous save%, la

voleuse den*ants. >ttende%.... Q Jai lu larticle hier soir, dit Pablo. Q ais vous nave% pas vu le !ournal du matin.... ?ene%.

5e#arde%.... Sa photo est là, en premi0re pa#e. ';était une *emme encore !eune au visa#e marqué

197



par la mis0re et le cha#rin. Une écharpe noire couvrait sescheveux noués sur la nuque en chi#non serré. Elle était pRle.Son re#ard étran#e, apeuré, avait quelque chose dé#aré.

$ Gous pense% si !e lai reconnue tout de suite, dit laconcier#e. l paraTt quelle nhabite pas tr0s loin du quartier.Excuse%&moi une minute, monsieur Pablo. Je crois quon medemande. '

Sur le seuil de la porte un homme attendait quon lui *assesi#ne dentrer. l portait un imperméable #ris et un *eutre un peudéteint.

$ adame Dourruche- & ;est ici.... Q Police. Q Entre%, monsieur linspecteur. Entre%.... Je ne peux

pas dire que !e vous attendais. ais votre visite ne me surprend pas. ;est au su!et de cette *emme-...

Q @ui. Je *ais une petite enqu)te dans le quartier. aconnaissie%&vous-

Q Je lai vue deux *ois, dit la concier#e. @n peut m)me

dire quelle mavait passablement intri#uée avec ses *aOons. Elleavait lair dune *olle. Q Gous dites quelle est venue deux *ois- demanda

linspecteur. Iuest&ce quelle voulait- Iuest&ce quelle vous ademandé-

Q 5ien. Q Elle vous a bien parlé-

Q @ui. 4e choses insi#ni*iantes. Je ne lai pas *ait entrer.Elle est restée sur le palier. Elle re#ardait autour delle, avec des"eux va#ues. @n aurait dit une somnambule.

Q Je vois, !e vois, dit linspecteur. ;ontinue%. Elle estrevenue une seconde *ois.

Q e lendemain, dit la concier#e. Q Et alors-.,.

198



« *e vois' 4e vois » dit l5ins(ecteur$

199



Q a premi0re *ois, !e lavais *orcée à accepter une petite pi0ce. Elle mavait *ait de la peine dans sa robe élimée.l " a de la mis0re qui est *i0re, monsieur linspecteur. ais

quand elle est revenue le lendemain, elle na pas osé entrer. Jelai vue à travers ma *en)tre. Elle était plantée sans bou#er surle trottoir. Elle avait tou!ours son air é#aré. Elle *ixaitlentrée de la maison, lescalier.... ntri#uée, !e suis sortiedevant ma porte. >lors, comme si elle avait été prise de panique, elle sest sauvée. Elle est partie en courant du ctédes Puces. Je ne lai pas revue depuis.

Je crois comprendre, dit linspecteur. Je note.... ' écrivitquelques li#nes sur un calepin quil avait sorti de sa poche.$ Et cette premi0re visite... essa"e% de vous souvenir

exactement. Elle remonterait à quand- Q Gers la *in novembre.... Q Ftes&vous s+re-... 5é*léchisse%. ;est tr0s important.Je pourrais m)me préciser. ;était le 7M... le !oui o( on a

livré le ma%out pour le chau**a#e. Q Je vous remercie. 'a concier#e ne pouvait se douter de lintér)t que

présentait son témoi#na#e pour lenqu)te de linspecteur.Pablo qui navait pas perdu un mot de la conversation

était absolument bouleversé.$ Nous reviendrons vous voir, madame, dit le policier.

Sans doute bientt, et avec cette pauvre *emme. Elle na plus

toute sa raison depuis le terrible malheur qui lui est arrivé. Ellea perdu lan dernier, dune mauvaise *i0vre, son bébé, un en*antde deux mois. Elle a *ailli mourir de cha#rin et ne sest !amaisremise de ce choc. 4epuis, la malheureuse vit dans un r)ve. llui arrive davoir des absences de mémoire, doublier quelle a perdu son en*ant. Iue se passe&t&il dans sa pauvre t)te-...

Peut&)tre croit&elle le reconnaTtre dans les !ardins o( on la

voit rder. Elle re#arde tous les bébés dans leurs landaus. Elle

19:



parle aux !eunes mamans assises sur les bancs de la promenade.

Q ;est&il 4ieu possible ' murmura la concier#e.

Pablo, la #or#e serrée, écoutait. l pensait au petitaurent que anuela et ich0le avaient trouvé un soir, àla *in de novembre, enveloppé dans son manteau blanc, au pied de lescalier, au *ond de lentrée de cet immeuble. $ ;enest pas la premi0re *ois que cette pauvre *emme sen*uit ainsidun !ardin avec un bébé dans les bras, poursuivit linspecteur.Elle na quune idée revenir che% elle, dans son quartier. ais

quand elle a retrouvé sa maison, quelle est seule avec le petit, peut&)tre recouvre&t&elle une lueur de raison. Q Elle doit sentir que ce nest pas le sien... dit la

concier#e. Q Sans doute.... >lors, a**olée, elle sort, elle court dans

les rues, et sous un porche elle abandonne le bébé, quelle ahabillé dans les v)tements de son en*ant, celui quelle a perdu.'

Pablo était tout pRle. Sa main tremblait sur le tu"au de sa pipe.

$ Gous dites que vous reviendre%- demanda la concier#e.Et avec cette *emme-

Q @ui, dit linspecteur. ais !e pense que ce sera inutile. Nous savons que la pauvre innocente a enlevé un autre en*ant,au début de lhiver. ;est probablement dans lentrée de votre

immeuble, madame, quelle a d+ déposer le petit. 4epuis, elleest revenue ici, à plusieurs reprises, attirée mal#ré elle.

Q ais alors ce bébé... qui laurait trouvé- dit laconcier#e. Iuest&il devenu-

Q ;est lob!et de notre enqu)te, conclut linspecteur. Jedoute quelle aboutisse !amais. '

19L



+ Elle doit sentir )ue ce n5est (as le sien$ »

19C



homme prit con#é.Pablo resta seul avec cette vieille *emme toute a#itée d)tre

m)lée indirectement à un *ait divers, et qui r)vait dé!à davoir

son nom dans le !ournal.$ Gous voilà tout retourné, monsieur Pablo, dit&elle. Gousne vous sente% pas bien- Entre nous il " a de quoi. oi aussi, !esuis bouleversée. Iuand on pense à cet innocent qui a étédéposé là, devant ma lo#e, et qui a disparu.... Gous vous en alle%dé!à-

Q Je dois rentrer, madame Dourruche. Q 5epasse% un de ces !ours, monsieur Pablo. Je vous

tiendrai au courant. > bientt. 'Pablo revint lentement vers le ;arré aublanc. l marchait

les épaules vo+tées, remuant mille pensées dans sa t)te 4epuis pr0s dun mois, dans Paris, une maman

inconsolable à qui on avait enlevé son en*ant, lavait cru perdu pour !amais. > lheure actuelle, elle i#norait que le petit #arOonavait été recueilli par deux #amines du quartier des Puces. ;e

bébé, cétait le petit aurent quavaient adopté trois *illes du;arré aublanc, trois *illes qui avaient dépensé autour de luitout ce quelles avaient dans le c/ur de tendresse.

aurent....En ce moment ;aroline devait procéder à la toilette du

matin. l !ouait dans son bain, avec son, bai#neur et son poissonrou#e en celluloXd.

>h... orsque ;aroline allait apprendre la vérité...Pourtant, il *allait prendre une décision et vite.a pluie se mit à tomber. Pablo continua davancer sous

laverse, courbé en deux, léchiné cassée, sans se soucier de boutonner son vaste manteau de ber#er dont le vent *aisait voler les basques. l ne vo"ait pas les passants qui le croisaient. lobliqua à travers la place comme sil voulait sen#a#er dans larue ?aille*er. Puis, brusquement, il bi*urqua en direction du

passa#e 6audr".

19B



Pa3lo s5arr6ta et' 3rus)uement' sa résolution -ut (rise$

1:M



1:1



e #amin, qui *aisait #riller les marrons sur le brasero, étaità sa place sous la toile de tente du petit ca*é.

Pablo arrivait à la porte de son échoppe. l n" avait plus

personne che% lui. ;aroline, apr0s avoir *ait le ména#e, avait d+courir à lappartement pour donner ses soins à aurent.a pluie maintenant tombait en lon#ues ra*ales, bala"ant le

trottoir. Plus un seul passant.... ?ous avaient cherché un abri. a place aublanc était déserte.

Pablo sarr)ta. Et brusquement, sa résolution prise, il *itdemi&tour, *ace au vent et à la pluie. eau ruisselait sur sonvisa#e et traversait son vieux manteau. l ne sentait plus samauvaise !ambe. l allon#eait le pas.

>ussitt *ranchie lentrée de limpasse du evant, le bonhomme tourna dans le passa#e vo+té qui, par la rue des5osiers, conduisait directement dans le centre.

;était là que se trouvait le commissariat de police.

1:2



CHAPITRE /I%

0UEST DE,ENUE CAROLINE

>U?@, étincelante comme un énorme scarabée,sarr)ta dans la rue ?aille*er, devant la porte du 77. $ ;est ici ',dit Pablo.

a dame en manteau de *ourrure était descendue de lavoiture. Elle re#ardait limmeuble délabré que consolidaient des

madriers. a rue abandonnée sen*onOait entre ses maisonssordides. 4es débris de tuiles et de plRtre !onchaient la chausséedépavée.

Pablo devinait sans peine les sentiments qui animaientcette *emme. ;était peut&)tre la premi0re *ois quelle pénétraitdans les quartiers de la mis0re. Elle devait )tre désemparée,apr0s les révélations qui lui avaient été *aites ce matin m)me.

1:7



>u commissariat de police, Pablo avait raconté en détaildans quelles circonstances anuela et ich0le avaient trouvé,rue ?raversi0re, un petit en*ant abandonné. l avait dit

lentreprise insensée des deux #amines, et comment lui, un vieux bonhomme, sétait laissé attendrir par ;aroline et les deux petites qui dans leur *olle imprudence avaient cru nobéir quàleur bon c/ur. l avait parlé de son enqu)te. l avait cru bien*aire, en laissant len*ant, là o( il était bien soi#né, sous sasurveillance.

Pablo avait obtenu daller prévenir la maman de aurent,dont on lui avait donné ladresse. l sétait aussitt rendu au petithtel particulier que les parents du bébé occupaient, dans lequartier atin, derri0re le !ardin du uxembour#.

a maman était seule. >vec tous les ména#ements possibles, Pablo lui avait annoncé la nouvelle. aurent étaitretrouvé. @n allait rendre len*ant à sa m0re.

l avait expliqué de nouveau comment trois *illes dontlaTnée avait à peine sei%e ans sétaient in#éniées à or#aniser une

maison, apr0s avoir adopté le petit. Pablo avait tout dit lestravaux de couture, les heures de repassa#e à La"e au Poids, ledévouement de ;aroline, la bonne volonté de ich0le et deanuela.

En écoutant le vieil homme, la maman narrivait pas àsurmonter son émotion. mpatiente de se rassurer, de reconnaTtrelen*ant quelle avait cru perdu, elle avait voulu se rendre tout de

suite au ;arré aublanc. auto lavait conduite avec Pablo rue?aille*er.$ Je vous montre le chemin, madame ', dit Pablo.4erri0re le vieil homme qui trébuchait à chaque marche, la

dame montait, le c/ur serré dan#oisse. Sur le palier, devant la porte, elle eut une lé#0re dé*aillance. Elle ne pouvait pas croireencore au #rand bonheur qui la bouleversait.

ais quelle surprise d0s le seuil

1:8



>u lieu de la misérable chambre quelle avait ima#inée,elle découvrait un appartement coquet, tr0s #entiment décoré. Etsi net... si propre.... Elle avait vu, bien ran#ées à cté de la porte,

les paires de patins de *eutre dont se servaient les trois *illes pour ne pas ternir léclat de leur beau parquet ciré. 4e !olies#ravures ornaient les murs clairs que Pablo avait ripolinés pendant de lon#ues veillées. 4es coussins de cretonne#arnissaient le petit divan o( étaient répandus les !ouets du bébé.l " avait des *leurs *raTches dans un vase sur la cheminée.4evant la *en)tre, sur le #uéridon, avier, le poisson rou#e,tournait dans son bocal. > cté dans un sous&verre, le bébéaurent souriait dans les bras dun p0re NoVl

$ ;est lui ', murmura la dame.Elle demeurait sans voix, les "eux mouillés, mais à travers

ses larmes, elle souriait à lima#e dun #ros poupon qui avaitmaintenant des cheveux plus abondants, un air plus éveillé, etquelle reconnaissait à peine.

Un petit en*ant chan#e si vite.

$ Je veux le voir, dit&elle. @( est&il-... Q > cté, madame, dit Pablo. Gene%.... 'l ouvrit sans bruit la porte donnant sur la chambre du *ond.$ ;hut il dort ', murmura Pablo, un doi#t sur les l0vres.a maman écarta les rideaux de *ine mousseline, puis

penchée sur le bébé endormi, et sans oser tendre les bras, elledemeura un lon# moment à réaliser la !oie qui lui emplissait le

c/ur.$ l est beau ', dit Pablo.ncapable de prononcer un mot, la maman demeurait en

extase devant le petit. Pr0s de la l0vre, elle vo"ait le #rain de beauté, la minuscule tache noire. Elle vo"ait sur le bavoir brodéde *leurettes rosés, la broche en or o( le nom de aurent était#ravé.

1:9



e bébé séveillait. l *aisait cli#noter ses paupi0res, et avecle revers de sa menotte, *rottait son petit ne% retroussé. l ouvritles "eux. 4habitude, cétait le visa#e de ;aroline quil vo"ait

penché au&dessus de lui. ntri#ué, il *ixait cette personneétran#0re à son univers den*ant. l aperOut Pablo et lui sourit.$ on petit aurent... 'a maman lavait pris dans ses bras, le serrant sur sa

poitrine, et caressant sa !oue à celle du bébé.4ans leur émoi, Pablo et la dame navaient pas entendu la

porte souvrir sur le palier.;était ;aroline. Elle tenait à la main son *ilet à provisions,

quelques achats pour S@4 dé!euner et celui de Pablo, une boTtede lait en poudre. Elle entra, dans la cuisine, pour " déposer son*ilet. > cté, aurent commenOait à pleurer.

$ Ftes&vous là, Pablo-... Q Je suis là. Q aurent.... aurent.... allons, ne pleure pas. 'En entendant la voix de ;aroline, le bébé sétait tu, avalant

ses larmes.;aroline courut vers la chambre. Elle sarr)ta, clouée sur place. à, devant le berceau, une *emme inconnue, dans son beau manteau de *ourrure, serrait aurent dans ses bras.

Elle savanOa comme un automate. Drutalement, sansré*léchir, ;aro enleva le bébé, $ son ' bébé, des mains de cettedame quelle navait !amais vue.

>ussitt, elle remarqua lair accablé de Pabla, le re#ardmalheureux du vieux bonhomme qui se tenait tout #auche pr0sdu berceau.

$ Ecoute, ;aroline.... ' murmura&t&il.ais ;aroline avait dé!à compris. Son visa#e était devenu

dune pRleur e**ra"ante. a chambre tournait autour delle. Ses !ambes ne la portaient plus. Elle chancelait.

1::



Pablo qui la soutenait vit avec quels "eux no"és de détresse

la 6rande *ixait la vraie maman de aurent.;aroline *it quelques pas vers la dame.aurent avait retrouvé sa maman. l vivrait heureux.;aroline oubliait son cha#rin davoir à se séparer du petit et

elle parta#eait la !oie de la m0re à qui elle rendait le bébé.>lors, avec un pauvre sourire, la 6rande, dont les mains

tremblaient un peu, tendit len*ant à la dame.

Elle était au bord des larmes. Drusquement, elle éclata ensan#lots.$ aissons&la pleurer ', dit Pablo.l *allait abré#er le plus possible les derniers moments de

cette séparation.;aroline sétait ressaisie. e visa#e un peu crispé, les "eux

rou#is, elle paraissait absente.Elle alla à larmoire, louvrit.Sur les éta#0res, tous les v)tements du bébé étaient

1:L



soi#neusement ran#és. l " avait des lan#es, des couches&culottes, des chemisettes, des bavoirs, un anora\ bordé de*ourrure blanche, des brassi0res et des chaussons de laine que

;aro avait tricotés avec amour pour le petit.a maman ne voulait pas les prendre.$ Emporte%&les, madame, dit Pablo. Q ;est à aurent ', balbutia ;aroline, la #or#e serrée.Elle plia elle&m)me le trousseau dans une vieille valise du

p0re @rte#a. Elle mit dans un sac de plastique les biberons et lestétines.

Par la porte entrouverte, la maman de aurent avait aperOularbre de NoVl, tout paré pour la *)te.

al#ré son #rand bonheur, elle sentait son c/ur se serrer.$ Jallais oublier les cadeaux ', dit ;aroline.Elle enveloppa dans un !ournal les !ouets que ich0le et

anuela avaient achetés dans un #rand ma#asin.e moment était venu de se séparer.$ Goule%&vous maccompa#ner, mademoiselle- dit la dame.

;est vous que le petit connaTt. Gous verre% la nouvelle maisonqui abritera $ votre ' petit aurent. 'Elle avait dit $ votre petit aurent '.... ;aroline souriait à

travers ses larmes.a 6rande descendit lescalier tenant le bébé à son cou.

Elle prit place dans la voiture. e chau**eur avait mis dans leco**re la valise et les paquets.

4ebout, sur le trottoir, Pablo re#arda la lon#ue voiturenoire tourner du cté de la place, et disparaTtre au coin ducarre*our aublanc.

aurent était parti.?rois heures sonn0rent au clocher voisin.Pablo remonta à lappartement. l sassit, la t)te vide, dans

son *auteuil, pr0s de la carpette o( >!ax dormait.a maison paraissait maintenant a**reusement déserte.

1:C



Pablo serait là, tout à lheure, quand ich0le et anuela,en sortant de lécole, monteraient lescalier en chantant.

*

* *

;est encore dans les bras de ;aroline que aurent pénétradans la maison de ses parents et retrouva sa petite chambre. Elleétait restée *ermée depuis deux mois.

l " avait un berceau peint en bleu, beaucoup plus beau quecelui de la rue ?aille*er. Par terre, un tapis moelleux o( le petit pourrait se traTner à quatre pattes. 4ans un coin, pr0s de la

mi#nonne armoire à #lace, décorée danimaux et de *leurs, un parc acheté lon#temps à lavance, o( le bébé, quand il en auraitla *orce, sexercerait à *aire ses premiers pas. Et des !ouets... des !ouets....

;aroline était toute éblouie par ce luxe. a chambre

1:B



de aurent ressemblait à celle dun petit prince.Donne et tr0s douce, la maman qui neut pas le coura#e de

la sermonner parla à ;aroline avec une vraie tendresse. Jamais

elle noublierait ce que la #rande *ille avait *ait pour son en*ant.;est encore ;aroline qui prépara le biberon. Iuandaurent *ut rassasié, elle le coucha dans le moXse bleu.

aintenant, elle allait partir. Elle sétait promis de ne pas pleurer. Elle embrassa une derni0re *ois $ son bébé ' dé!à àmoitié endormi.

$ Gous reviendre% le voir, mademoiselle... puisque vousconnaisse% la maison. ;est promis, nest&ce pas-

Q erci, madame. Q > bientt, ;aroline. > tr0s bientt. Gous nalle% pas

rentrer toute seule à travers Paris. e chau**eur va vousreconduire.

Q Non, merci, madame, non. 'Elle avait hRte de se retrouver seule, seule avec son

cha#rin. 4e #ros san#lots remontaient dans sa #or#e. Elle navait

pas pris de manteau et *rissonnait.4ans la rue, il *aisait un beau *roid clair.;aroline traversa le !ardin du uxembour#, descendit le

boulevard Saint&ichel. Sur la place, elle prendrait le métro pour remonter à Saint&@uen. Sur le trottoir, la 6rande courait presque. es passants la bousculaient. Elle ne pouvait m)me plus pleurer. Elle avait dans la t)te un #rand vide. Ne plus revoir

aurent.... Etait&ce possible- a dame lui avait bien dit derevenir quand elle voudrait. >llons, il *allait )tre raisonnable. ;e bébé qui était toute sa !oie, ;aro devait loublier....

>u milieu de la *oule, ;aroline se sentait seule, absolumentseule. Elle ne pensait m)me pas à la consolation quelle aurait à parta#er sa peine avec les deux petites, ich0le et anuela, quidevaient lattendre rue ?aille*er.

Elle courait, sans re#arder devant elle, les cheveux dans la

*i#ure, le re#ard *ixe.

1LM



Elle arrivait au coin du boulevard Saint&6ermain, en *acedu passa#e clouté. Elle entendit le coup de si**let de la#ent etles cris de ceux qui lavaient vu sélancer pour traverser la

chaussée.es voitures, bloquées au *eu qui venait de passer au vert,démarraient brutalement dans le #rondement des moteurs.

;aroline entrevit à peine le camion qui *aisait crier ses*reins. ?rop tard.... a #rande *ille dont les cheveux sétaientdénoués et coulaient sur son visa#e couleur de cendre, avait étéhappée par laile, renversée et traTnée sur la chaussée.

Elle avait par miracle échappé à la roue qui laurait écrasée.es passants sétaient précipités. @n avait étendu ;arolineinanimée sur le trottoir. En hRte, un a#ent avait appelé police&secours.

Iuelques minutes plus tard, une ambulance sétait arr)téeau coin du boulevard. es in*irmiers avaient déposé la !eune*ille sur une civi0re, et lauto avait *ilé vers lhpital.

ZZ Z

Et ce soir&là, au 77 de la rue ?aille*er....$ Pablo, quelle heure est&il- Q Dientt sept heures. 'e vieux bonhomme a consolé du mieux quil a pu les deux

petites. l leur a appris la nouvelle, lorsquelles sont revenues delécole.ich0le et anuela ont eu un #ros cha#rin den*ants. Elles

aimaient de tout leur c/ur le petit aurent, mais leur attachement ne pouvait )tre comparé à celui de ;aroline. Seuleau monde, la #rande *ille avait reporté sur le bébé toute satendresse. En retour, aurent avait donné à ;aroline sa premi0re !oie....

1L1



es deux #amines sinqui0tent. ;aro ne revient pas.$ Sil lui était arrivé quelque chose, Pablo- dit anuela.& Elle se sera attardée là&bas.... Elle aura vu la nouvelle

maison de aurent. Elle se sera occupée de lui une derni0re*ois.... Ne vous inquiéte% pas. Je reste ici à lattendre. Elle nesaurait tarder maintenant. Gous deux, rentre% sa#ement che%vous. 4emain, !irai parler à la maman Sanche%, et aussi che%toi, ich0le. Ne vous *aites pas de soucis, mes petites. '

Pablo resta seul avec >!ax.es heures pass0rent. ?outes les heures de la nuit....>u ;arré aublanc, on ne devait avoir des nouvelles de

;aroline que le lendemain dans la matinée.>pr0s une nuit blanche, Pablo avait re#a#né son échoppe,

la mort dans lRme. Iuest&ce qui avait bien pu arriver à;aroline- e bonhomme essa"ait de chasser des pensées toutes plus *olles les unes que les autres.

> huit heures, son petit commis arriva pour tenir léventairedevant le brasero.

Un accident, un accident, se répétait Pablo.... @n le saurait.a police aurait été prévenue.l se retint de courir au commissariat.Gers les neu* heures, le commis vint toquer à la porte.$ onsieur Pablo, on vous demande. ';était un c"cliste de lhpital. ;aroline, apr0s avoir repris

connaissance, avait donné ladresse du p0re @rte#a. e messa#er

lui remit une lettre que le bonhomme déplia *ébrilement.$ 4ieu soit loué... ' murmura&t&il apr0s avoir lu.Et à son petit commis $ Je vais )tre absent toute la matinée. ?u dé!euneras tout

seul. l " a un reste de rti *roid.... Je *ile. '

1L2



CHAPITRE /%

CTAIT LA...

toi, anuela, laisse&nous parler, Pablo et moi. @ccupe&toide Joselito.

& @ui, maman. Q Pour le bain....

Q Je sais, maman. Q Elle sait vous lentende% >lle%, va vite. >lors, Pablo,

!e vous écoute. Q Je vous ai tout dit, madame Sanche%.... Q Un vieux bonhomme comme vous Elles vous ont

mené par le bout du ne%, ces trois *illes. Iuand cela va se savoir dans le quartier

Q ;e serait à recommencer, madame Sanche%, que !e....

1L7



Q >llons, allons, quand !e pense que ces petites ont punous cacher cela... et avec votre complicité, Pablo

Q Nen parlons plus, voule%&vous, madame Sanche%- Jai

cru bien *aire. Et puis, !e me suis, mal#ré moi, attaché au petit...à cette nouvelle vie.... Q Et ;aroline-... Q 40s que !ai été prévenu, !ai couru à lhpital. J" suis

revenu deux *ois depuis, et encore ce matin. Elle a eu plus de peur que de mal. Une épaule luxée, quelques contusions. aisun #ros choc, tout de m)me.

Q Elle sera vite remise.... Q Elle sortira de lhpital vers la *in de la semaine, dit

Pablo. ais son moral minqui0te. Gous nave% pas idée commeelle sétait attachée à ce bébé. >bsolument comme sil avait été àelle. > elle toute seule. es deux #amines ne comptaient plus. e petit aurent, cétait... cétait toute sa *amille. Jai bien pensé àune chose....

Q oi aussi, Pablo, dit me Sanche%.

Q Je parlerai à la maman du petit. Q Est&ce quelle comprendra- Q Dien s+r quelle comprendra... oi, madame

Sanche%, !ai tou!ours vécu en vieux #arOon. Je suis de petite vie.Un /u*, une sardine et mon ca*é.... >lors, !e nai pas besoin de#ouvernante. '

sourit.

$ @ui, !e parlerai à la maman de aurent. l " a une place pour ;aroline dans une si #rande maison. e petit la connaTt.Elle laime. ls ne doivent pas )tre séparés. Jai promis quelquechose aux deux #amines. 4emain !eudi, !e les emm0ne voir ;aroline. Je ne retournerai pas à lhpital cet apr0s&midi. Save%&vous pourquoi-

Q Je men doute, Pablo. 4ites tou!ours. Q on déména#ement.... HaOon de parler.... on vieux

*auteuil et le lit&ca#e de ;aroline.

1L8



Q ;est vrai, dit en riant me Sanche%. ;ette *ois,

alors cest décidé. ls *ont tomber les maisons de la rue?aille*er.

& ls avaient commencé par lautre bout, dit le bonhomme.ais voilà quhier, ils ont attaqué à la pioche de ce cté. e 79est démoli. '

;e !our&là, Pablo aidé de son petit commis coltina dans unecharrette à bras le lit, le *auteuil et quelques ustensiles, de la rue?aille*er au passa#e 6audr".

Sur le pas de leurs portes, les voisins du quartier, passablement intri#ués, avaient suivi les allées et venues du p0re@rte#a. es conversations allaient bon train.

> part les Sanche%, les parents de ich0le et les Plisner, personne nétait au courant du secret des trois *illes dont Pabloavait été le complice.

Iuand le mur du 79 avait été abattu, la toiture du 77 sétait

aussitt e**ondrée entraTnant aux trois quarts une cloison de brique. 4u trottoir, par la crevasse béante ouverte sur le cté delimmeuble, on pouvait voir la pi0ce vide et nue maintenant, o(anuela et ich0le brodaient des tabliers à *leurs autour du petit #uéridon... la cheminée en *aux marbre si !oliment repeinte par Pablo et la cuisine ripolinée de blanc.

40s le début de lapr0s&midi, les pelles mécaniquesemplirent les bennes des camions qui se succédaient sansinterruption et repartaient char#és de pierres et de #ravats.

e soir, quand anuela et ich0le revinrent de lécole,elles ne trouv0rent plus la maison qui avait abrité leur $ che%&nous '. > la place o( elle sélevait, sétendait un lar#e espacevide, un terre&plein dé*oncé.

Parmi les décombres rdait un #rand chien&loup.$ ;était là... ' murmura ich0le.

;était là

1L9



>!ax, léchiné basse, suivit les deux amies vers le passa#e6audr". ui aussi avait perdu sa maison.

*

* *

e lendemain, les deux miettes accompa#n0rent Pablo àlhpital pour leur premi0re visite à ;aroline.

a 6rande était hors de dan#er. ais elle avait bien pauvremine. @n naurait pas reconnu la #rande *ille vive, alerte,en!ouée qui se dépensait autour de aurent, tou!ours souriante et !amais lasse. Ses traits sétaient *létris.

> vivre dans lair du bébé, dans le bonheur de lavoir àchaque heure tout à elle, la ;aroline aux cheveux ternes, quitriait des chi**ons dans le han#ar de la tribu Plisner, avait presque embelli. Son visa#e in#rat avait pris un peu déclat.

Et là, sur ce lit dhpital, dans sa #rosse chemise de toile,anuela et ich0le avaient revu leur malheureuse amie qui

essa"ait de leur sourire, qui les écoutait lair absent, isolée dansson immense cha#rin.;aroline avait perdu aurent. Elle en restait inconsolable.Pablo se sentait aussi #auche, aussi embarrassé que les

deux petites en *ace de cette détresse qui vous brisait le c/ur.@n ne pouvait rien pour ;aroline. Iue lui dire- Iue lui

promettre-

;omme le silence était lourd autour de ce lit e p0re@rte#a et les deux petites se sentaient incapables de dire à la6rande quils parta#eaient sa peine, et quils laimaient bien. avisite allait prendre *in.

$ @n a *rappé ', dit Pablo.in*irmi0re entra. Elle nétait pas seule.;aroline avait à peine tourné la t)te du cté de la porte.

>ussitt son visa#e se trans*i#ura.

1L:



al#ré la *i0vre, son re#ard séclairait dun immense bonheur. Iuelques couleurs montaient brusquement à

ses !oues creuses. Ses l0vres et ses mains tremblaient.Elle se souleva sur son lit. anuela sétait avancée pour la

soutenir et laider. ais dé!à ;aroline se tenait assise et tendaitles bras.

$ aurent... 'e visa#e du bébé sépanouissait en un lar#e sourire. l

a#itait les mains, les tendait vers la petite maman dont ilreconnaissait la voix.

$ aurent... Q Je vous lai apporté, dit la m0re. ;omme il est heureux

de vous revoir '4ans les bras de ;aroline, le bébé #a%ouillait.

1LL



*

* *

@n revient par lautobus.$ >lors- dit anuela. Gous ave% parlé à la dame, Pablo- Q @ui, !e lui ai parlé. Q Et qua&t&elle dit- Q Elle " avait pensé aussi. 4ans cette #rande maison o(

on est tou!ours en réceptions, la maman de aurent na personne pour soccuper du bébé.

Q >lors, ;aroline va aller habiter che% elle- ditich0le.

1LC



Q @ui. Elle sera comme de la *amille, notre ;aro. Si voussavie% comme !e suis content.... En sortant de lhpital, onviendra la chercher, et elle ira directement là&bas.... >h mes

petites.... @n ne la verra plus beaucoup au quartier aublanc.... Q ais elle nous apportera le petit quelque*ois- ditanuela.

Q Naturellement.... ' Pablo a dTné che% les Sanche%. @nna parlé que de ;aroline.

@n était au dessert quand Joselito, qui se réveillait un peu#ro#non, a commencé à pousser de petits cris.

anuela sest levée aussitt.$ Goilà aurent qui pleure, dit&elle. Ne bou#e% pas, Pablo.

J" vais.... 'a maman Sanche% et le vieux bonhomme avaient échan#é

un re#ard.a petite avait dit $ aurent '... comme autre*ois, là&bas,

$ che% nous '....

1LB



7PILOGUE

Bous voici au c/ur de lhiver. e ciel bas touche les toits.a nei#e tombe à #ros *locons. ;est lapr0s&midi dun dimanche.Sous la toile délavée du petit ca*é, on se serre autour du brasero.ich0le et anuela sont là, à cté de Pablo. 4ans un coin, entre

le sac de charbon et la corbeille de marrons, >!ax tend lemuseau, comme sil savait lui aussi qui on attend.

$ ?rois heures, dit anuela. Elle devrait )tre là. Q Elle ne va pas tarder maintenant, dit Pablo. Q >vec cette nei#e... murmure ich0le. Q 4imanche dernier, il *aisait un temps à ne pas mettre un

chien dehors, dit Pablo.... Un vilain crachin. ;ela na pas

emp)ché ;aroline de nous *aire sa visite. Q Elle n" manque !amais, dit anuela.

1CM



Q >vec la voiture dit ich0le. Q e petit aura encore *ait des pro#r0s, dit anuela. Q S+rement. >h cette *ois, nous allons lemmener à la

maison.... Q ;était dé!à che% toi, la semaine derni0re. Q >u!ourdhui, cela pourrait )tre che% Pablo ', dit

ich0le.e bonhomme est ravi.a place est déserte. es vieilles maisons du ;arré

aublanc ont été abattues.a vue porte maintenant tr0s loin, !usquaux quartiers neu*s

et aux #i#antesques carcasses de *er et de ciment qui se dressentvers le ciel.

4u coin du passa#e 6audr" o( ils sabritent sous la tente,Pablo et les deux *illes tournent sans cesse leurs

•'

1C1

IB Guillot René Trois filles et un secret 1960.doc

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