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.I GUIDI] ffi Steady Rollin'Men... î", Rarae, Lord Huron Strange Trails PlayltAgainSam/Pias I ,i. ' Folk-rock entre Est et Ouest. Pas dhutre choix que d'applaudir le second album du groupe de Ben Schneider, jeune et brillant son- gwriter natif du Michigan. Si le nom de sa formation s'insPire du lac près duquel il a grandi, il vit depuis quelques années à Los Angeles où, concert après concert, il a imposé le folk de Lord Huron. Après un somptueux Lonesome Dreams nourri d'americana, ce Strange Trails passe àlétape supé- rieure. Le folk se teinte de rock, le mélodique délectrique, offrant des morceaux d'une qualité absolu- ment égale, avec des bijoux tels que "Until the Night Turns" ou "Fool for Love". Le tout bénéficie d'un rythme soutenu qui ne tolère aucun ennui. Mention spéciale àla ballade de lonesome cow-boy "La Belle Fleur sauvage" (en VF, s'il vous plaît) et à la surf pop am- biance Pulp Ficfioz de "The \Morld Ender". SOPHIE ROSEMONT Sophie Hunger Supermoon Caroline, L-niversal Entre ombre et lumière... "Hoppy nere year California", É- pète la chanteuse suisse à la fin de "Mad Miles", comme pour nous donner un indice sur ce cinquième album. Enregistré à San Francisco mais aussi à Bruxelles, §zpermoon néclaire pas forcément le contraste entre les deux villes, "Superman Woman" puisant davantage son joyeux rock Rh'B cuivré du côté de Chicago. Comme souvent avec Hunger, la diversité stylistique des arrangements écarte tout rePère, communiquant humeurs et couleurs folk et trip-hop à des atmosphères nocturnes ("Die Ganze Welt", "Fathr", "Heicho"). Seule sa voix, lumineuse, perce de sombres pen- sées, même lorsqu'Éric Cantona lui répond avec tristesse sur "La chan- son d'Hélène". Au mixage, Mark Lawson (Arcade Fire) donne sa co- hérence àl'ensemble. .ruLteN ertsxe 92 i Rollrr.re SroriF I rollingstone.fr Un classique de Muddy Waters,l'ombre de Martin Luther King, I'hommagê d'une fille à son père et un duo austrâlien i quidépote:lasétectionbluesdumois.ParDinoDiMeo Muddy Winter ! Voilà la réédition en vinyle d'un album de 1979 du grand maître venu du fleuve boueux. À cette époque, McKinley Morganf ield avait invité un certain Johnny Winter. La scène est déjà bien fournie, avec des musiciens tels que James Cotton, Willie Smith, Pinetop Perkins, Calvin Jones ou Luther Johnson aux cÔtés de l'enfant de Clarksdale, et Johnny Winter, également producteur de l'album, apparaît en tant que troisième guitariste, totalement fondu dans la dream team du père du blues électrique. Muddy Waters avait été le premier bluesman à utiliser une guitare étectrique dans les années 40 (pour mieux être entendu dans les clubs de Chicago qu'il jugeait bien trop bruyants). Ce disque n'est pas à la hauteur du L ive (at Mister Kelly's) de1971, mais il s'en approche nettement. Muddy "Mississippi" Waters - Live (Sony/Music on Vinyl) Soul des familles ! Roebuck "Pops" Staples, en père de famille comblé, avait enregistré cet album en 'l999 en compagnie d'une de ses filles, Mavis Staples. La chanteuse soul, dont on connaÎt les qualités vocales exceptionnelles, a fait appel à Jeff Tweedy, Ie leader de Wilco, avec lequel elle collabore depuis quelque temps (One True Vine),pour ajouter guitare, basse, batterie, et suivre à la lettre les instiuctions que Pops lui avait données iuste avant sa mort, en 2000, L homme que Duke Ellington avait qualifié de visionnaire en réussissant à interpréter du gospel en blues, et vice versa, n'avait pu terminer l'album. l'4avis aura attendu le savoir-faire des f rères Tweedy pour terminer l'enregistremenl de Don't Lose fhls, et ainsi respecter la promesse faite à son père. Dix plaintes f rappées de son inéga- lable toucher de guitare électrique, et qui redonnent vie à l'artiste. Pops Staples, Don't Lose li,/s, (Anti) La cause de Luther. Le 9 avril 1965, en soutien au Civil Rights Movement et aux trois Marches de Selma à Montgomery (un film, Se/ma, commémorant ces événe- ments, est sorti en mars), The Staple Singers donnèrent un concert historique à la New Nazareth Church de Chicago. Cette réédition, inédite en CD, offre l'intégralité des gospels interprétés ce jour-là - ce qui, à I'époque, ne pouvait techniquement tenir sur un seul 33-tours. Pops et ses trois filles (Cleo, Yvonne et Mavis) étaient des amis proches de Martin Luther King. C'est d'ailleurs après avoir écouté le speech du leader que Pops déclara à sa famille : "Si lui peut prêcher ces messages, nous pouvons les chanferl" Point de départ d'une longue liste de protest songs blues et gospel qui les mèneront chez Stax, puisjusqu'au Muscle Shoals Sound Studio The Staple Sing ers, Freedom Highway (Legacy/Sony) Blues Aussie, Le duo franco-australien continue sa route avec un troisième album teinté de bleu. LAustralien lan Giddey (dit Barefoot lano), tombé jeune dans le blues de Sonny Terry et Brownie McGhee, et le Grenoblois Mathieu Guillou (Mr. Mat), guitare et chant, s'étaient rencontrés il y a dix ans et avaient réussi, grâce à un disque autopro- dult, à se mettre en valeur au festival Blues sur Seine. Ce retour, armé ici et d'une guitare électrique, prend un autre envol. Les deux compères com- positeurs n'hésitent pas non plus à s'attaquer à "Georgia on My Mind", avec du caractère. Curieusement, les chansons en français lui donnent une voix moins prenante, mais l'ensemble de l'album rend bien la consistance d'une musique bien digérée. La formation, qui enchaîne les concerts, se produira mi-avril au Café de la Danse, à Paris. Mountain Men, , garnsf th e Wind (É.cho Productions) Baladista Inside Recordings Uune des valeurs sûres de l'americana. Ayant commencé sa carrière sur le tard, le guitariste américain n'en est pas encore au stade de l'an- goisse de la page blanche. Au contraire, après ses premières parutions au début des années 90 et deux albums hommage à Woody Guthrie, il laisse libre cours à son inspiration. Laquelle se nourrit de sa vie personnelle : sur "She Had to Go", "Old Portland Town" ou "Thanks for the Smiles", on entend l'immense amour qu'il porte à sa femme, Lauren. Chanthabité, gui- tare sèche, pedal steel et harmo- nica Baladista est un authentique manifeste folk. Il nous offre même un classique instantané, "Love's First Lesson", écrit avec Jack Tempchin, avant de se terminer sur une très honorable reprise du hit "5oo Miles", un rien plus élec- trique qu'à l'aceoutumée mais toujours aussi efrcace. s.R. Josh Rouse The Embers ofTime 1'ep Roc Records' Differ--{nt Une balade pop-fclk solaire. Josh Rouse, qui s'est forgé au cours des quinze dernières années une solide réputation de singer-son- gwriter grâce à de petits trésors pop-folk comme 1972 ou, plus ré- cemment, The Happiness Waltz, auraitpu succomber aux affres de la crise de la quarantaine. Au lieu de ça, il en a tiré un onzième album solaire d'une grande finesse, sans doute l'un de ses plus réussis. Enre- gistré entre Valence (où il vit depuis dix ans) et Nashrille (où il a vécu), ce bijou aux accents seventies nous embarque dans une doucebalade au gré de dix titres aux arrangements magnifiques, tantôt complexes (harmonica, piano, vibraphone, steel guitar, violons...), tantôt plus sobres, mais toujours subtils. Un sans faute qui, on l'espère, attirera l'attention sur cet Américain pas ASSEZ CONNU. KATHLEEN AUBERT MÂr 2015

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Folk-rock entre Est et Ouest.

Pas dhutre choix que d'applaudirle second album du groupe de Ben

Schneider, jeune et brillant son-gwriter natif du Michigan. Si lenom de sa formation s'insPire dulac près duquel il a grandi, il vitdepuis quelques années à LosAngeles où, concert après concert,il a imposé le folk de Lord Huron.Après un somptueux LonesomeDreams nourri d'americana, ce

Strange Trails passe àlétape supé-

rieure. Le folk se teinte de rock, lemélodique délectrique, offrant des

morceaux d'une qualité absolu-ment égale, avec des bijoux telsque "Until the Night Turns" ou"Fool for Love". Le tout bénéficied'un rythme soutenu qui ne tolèreaucun ennui. Mention spéciale àlaballade de lonesome cow-boy "LaBelle Fleur sauvage" (en VF, s'ilvous plaît) et à la surf pop am-biance Pulp Ficfioz de "The \MorldEnder". SOPHIE ROSEMONT

Sophie HungerSupermoonCaroline, L-niversal

Entre ombre et lumière...

"Hoppy nere year California", É-pète la chanteuse suisse à la fin de

"Mad Miles", comme pour nousdonner un indice sur ce cinquièmealbum. Enregistré à San Franciscomais aussi à Bruxelles, §zpermoonnéclaire pas forcément le contrasteentre les deux villes, "SupermanWoman" puisant davantage sonjoyeux rock Rh'B cuivré du côté de

Chicago. Comme souvent avecHunger, la diversité stylistique des

arrangements écarte tout rePère,

communiquant humeurs et couleurs

folk et trip-hop à des atmosphèresnocturnes ("Die Ganze Welt","Fathr", "Heicho"). Seule sa voix,lumineuse, perce de sombres pen-sées, même lorsqu'Éric Cantona luirépond avec tristesse sur "La chan-son d'Hélène". Au mixage, MarkLawson (Arcade Fire) donne sa co-

hérence àl'ensemble. .ruLteN ertsxe

92 i Rollrr.re SroriF I rollingstone.fr

Un classique de Muddy Waters,l'ombre de Martin LutherKing, I'hommagê d'une fille à son père et un duo austrâlien

i

quidépote:lasétectionbluesdumois.ParDinoDiMeo

Muddy Winter ! Voilà la réédition en vinyle d'un album

de 1979 du grand maître venu du fleuve boueux. À cette

époque, McKinley Morganf ield avait invité un certain

Johnny Winter. La scène est déjà bien fournie, avec des

musiciens tels que James Cotton, Willie Smith, Pinetop

Perkins, Calvin Jones ou Luther Johnson aux cÔtés de

l'enfant de Clarksdale, et Johnny Winter, également producteur de l'album,

apparaît en tant que troisième guitariste, totalement fondu dans la dream

team du père du blues électrique. Muddy Waters avait été le premier bluesman

à utiliser une guitare étectrique dans les années 40 (pour mieux être entendu

dans les clubs de Chicago qu'il jugeait bien trop bruyants). Ce disque n'est pas

à la hauteur du L ive (at Mister Kelly's) de1971, mais il s'en approche nettement.

Muddy "Mississippi" Waters - Live (Sony/Music on Vinyl)

Soul des familles ! Roebuck "Pops" Staples, en père de

famille comblé, avait enregistré cet album en 'l999 en

compagnie d'une de ses filles, Mavis Staples. La chanteuse

soul, dont on connaÎt les qualités vocales exceptionnelles,

a fait appel à Jeff Tweedy, Ie leader de Wilco, avec lequel

elle collabore depuis quelque temps (One True Vine),pour

ajouter guitare, basse, batterie, et suivre à la lettre les instiuctions que Pops

lui avait données iuste avant sa mort, en 2000, L homme que Duke Ellington

avait qualifié de visionnaire en réussissant à interpréter du gospel en blues, et

vice versa, n'avait pu terminer l'album. l'4avis aura attendu le savoir-faire des

f rères Tweedy pour terminer l'enregistremenl de Don't Lose fhls, et ainsi

respecter la promesse faite à son père. Dix plaintes f rappées de son inéga-

lable toucher de guitare électrique, et qui redonnent vie à l'artiste.

Pops Staples, Don't Lose li,/s, (Anti)

La cause de Luther. Le 9 avril 1965, en soutien au Civil

Rights Movement et aux trois Marches de Selma à

Montgomery (un film, Se/ma, commémorant ces événe-

ments, est sorti en mars), The Staple Singers donnèrent un

concert historique à la New Nazareth Church de Chicago.

Cette réédition, inédite en CD, offre l'intégralité des gospels

interprétés ce jour-là - ce qui, à I'époque, ne pouvait techniquement tenir sur

un seul 33-tours. Pops et ses trois filles (Cleo, Yvonne et Mavis) étaient des amis

proches de Martin Luther King. C'est d'ailleurs après avoir écouté le speech du

leader que Pops déclara à sa famille : "Si lui peut prêcher ces messages, nous

pouvons les chanferl" Point de départ d'une longue liste de protest songs blues

et gospel qui les mèneront chez Stax, puisjusqu'au Muscle Shoals Sound Studio

The Staple Sing ers, Freedom Highway (Legacy/Sony)

Blues Aussie, Le duo franco-australien continue sa route

avec un troisième album teinté de bleu. LAustralien lan

Giddey (dit Barefoot lano), tombé jeune dans le blues de

Sonny Terry et Brownie McGhee, et le Grenoblois Mathieu

Guillou (Mr. Mat), guitare et chant, s'étaient rencontrés il

y a dix ans et avaient réussi, grâce à un disque autopro-

dult, à se mettre en valeur au festival Blues sur Seine. Ce retour, armé ici et

là d'une guitare électrique, prend un autre envol. Les deux compères com-

positeurs n'hésitent pas non plus à s'attaquer à "Georgia on My Mind", avec

du caractère. Curieusement, les chansons en français lui donnent une voix

moins prenante, mais l'ensemble de l'album rend bien la consistance d'une

musique bien digérée. La formation, qui enchaîne les concerts, se produira

mi-avril au Café de la Danse, à Paris.

Mountain Men, , garnsf th e Wind (É.cho Productions)

BaladistaInside Recordings

Uune des valeurs sûresde l'americana.

Ayant commencé sa carrière sur le

tard, le guitariste américain n'en

est pas encore au stade de l'an-goisse de la page blanche. Aucontraire, après ses premièresparutions au début des années 90et deux albums hommage à WoodyGuthrie, il laisse libre cours à son

inspiration. Laquelle se nourrit de

sa vie personnelle : sur "She Hadto Go", "Old Portland Town" ou"Thanks for the Smiles", on entendl'immense amour qu'il porte à sa

femme, Lauren. Chanthabité, gui-tare sèche, pedal steel et harmo-nica Baladista est un authentiquemanifeste folk. Il nous offre mêmeun classique instantané, "Love'sFirst Lesson", écrit avec JackTempchin, avant de se terminersur une très honorable reprise duhit "5oo Miles", un rien plus élec-trique qu'à l'aceoutumée maistoujours aussi efrcace. s.R.

Josh RouseThe Embers ofTime1'ep Roc Records' Differ--{nt

Une balade pop-fclk solaire.

Josh Rouse, qui s'est forgé au coursdes quinze dernières années unesolide réputation de singer-son-gwriter grâce à de petits trésorspop-folk comme 1972 ou, plus ré-cemment, The Happiness Waltz,auraitpu succomber aux affres de lacrise de la quarantaine. Au lieu de

ça, il en a tiré un onzième albumsolaire d'une grande finesse, sansdoute l'un de ses plus réussis. Enre-gistré entre Valence (où il vit depuisdix ans) et Nashrille (où il a vécu), ce

bijou aux accents seventies nousembarque dans une doucebalade augré de dix titres aux arrangementsmagnifiques, tantôt complexes(harmonica, piano, vibraphone,steel guitar, violons...), tantôt plussobres, mais toujours subtils. Unsans faute qui, on l'espère, attireral'attention sur cet Américain pasASSEZ CONNU. KATHLEEN AUBERT

MÂr 2015