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Hyperthyroïdie : diagnostic et traitement

Principaux points

Les causes les plus fréquentes d'hyperthyroïdie sont la maladie de Basedow (70 %) et

le goitre nodulaire (20 %).

Chez la plupart des patients atteints de la maladie de Basedow, l'hyperthyroïdie est une

pathologie qui évolue sur de nombreuses années et est marquée par des récidives et

des rémissions. Chez une minorité de patients (moins de 30 %), la maladie se

manifeste sous la forme d'un épisode unique, qui ne dure que quelques mois.

En revanche, l'hyperthyroïdie associée à un goitre nodulaire présente un caractère

permanent et constant.

Des données probantes confirment que l'hyperthyroïdie infraclinique est un facteur de

risque pour la fibrillation auriculaire et l'ostéoporose.1 Par conséquent, vous devez

envisager de traiter ces patients comme vous traiteriez les patients présentant une

forme plus patente de la maladie, en particulier si ces patients présentent également un

goitre nodulaire.1

En cas de fibrillation auriculaire inexpliquée, vous devez toujours envisager le risque

d'une hyperthyroïdie.

Une hyperthyroïdie se développant au cours de la première année suivant un

accouchement sera plus vraisemblablement due à une thyroïdite du post-partum qu'à la

maladie de Basedow.

L'hyperthyroïdie due à une thyroïdite du post-partum se manifeste en règle générale

sous une forme légère. Elle ne dure que quelques semaines et ne nécessite pas de

traitement, autre que le recours occasionnel à des bêtabloquants.

L'exophtalmie associée à la maladie de Basedow est une complication difficile à

prendre en charge et tous les patients, sauf les cas bénins, doivent être orientés vers un

spécialiste.2

De quoi s'agit-il ?

L'hyperthyroïdie (thyrotoxicose) est provoquée par une sécrétion excessive de thyroxine (T4)

ou de tri-iodothyronine (T3), ou des deux.

Dans la maladie de Basedow, les cellules folliculaires thyroïdiennes sont stimulées

par un anticorps dirigé contre le récepteur de l'hormone hypophysaire thyréotrope ou

thyréostimuline (TSH, Thyroid Stimulating Hormone).3

Dans le goitre nodulaire, le ou les nodules sécrètent des hormones thyroïdiennes de

façon autonome.

Chez la plupart des patients, les concentrations sériques de T3 et de T4 sont élevées. Il est

possible que la T3 sérique seule soit élevée (thyrotoxicose T3), le plus souvent chez les

patients présentant un goitre nodulaire ou une maladie de Basedow récidivante.

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Hyperthyroïdie infraclinique

Le terme d'hyperthyroïdie infraclinique s'applique aux patients qui présentent peu de

symptômes, voire aucun, et chez lesquels les concentrations sériques de T3 et de T4 sont

normales (même si elles sont situées dans la partie supérieure des plages de référence). Chez

ces patients, l'hormone hypophysaire thyréotrope est indécelable.3

Thyroïdite

L'hyperthyroïdie associée à une thyroïdite est provoquée par une rupture des follicules

thyroïdiens avec une libération dans la circulation des hormones stockées et préformées.

La phase thyrotoxique est transitoire et ne dure que quelques semaines. Les symptômes sont

légers et l'éventuel traitement administré est un traitement bêtabloquant. Les médicaments

antithyroïdiens ne permettent pas d'améliorer l'état des patients.

Cette hyperthyroïdie est suivie d'un épisode également transitoire d'hypothyroïdie légère, car

les follicules endommagés sont incapables de synthétiser de nouvelles hormones.

Étonnamment, étant donné le degré de dommage au niveau de la thyroïde, la fonction

thyroïdienne normale est, en règle générale, restaurée.

La thyroïdite peut être :

d'origine virale (de De Quervain) : chez ces patients, la thyroïde est douloureuse.

autoimmune : la thyroïde n'est pas douloureuse. Les anticorps antithyroïdiens

peroxidase sont toujours présents dans le sérum. Cette thyroïdite est appelée

« thyroïdite silencieuse ». Si la thyroïdite survient après une grossesse, elle est

appelée « thyroïdite du post-partum » (la thyroïdite silencieuse et la thyroïdite du post-

partum désignent la même pathologie).

provoquée par un traitement par amiodarone chez les patients ne présentant pas de

pathologie thyroïdienne préexistante. Dans le cas de cette inflammation, le

médicament a un effet toxique direct sur les cellules folliculaires thyroïdiennes. Cette

pathologie est appelée « thyroïdite induite par amiodarone de type 2 ».4 (La

thyroïdite induite par amiodarone de type 1 survient lorsque l'amiodarone est

administrée à des patients atteints d'une maladie de Basedow ou d'un goitre nodulaire

sous-jacent.)4

Thyrotoxicose gestationnelle

Cette thyrotoxicose survient au cours du premier trimestre de la grossesse. Elle est associée à

une hyperémèse et survient plus souvent chez les femmes originaires de l'Asie du Sud-Est que

chez les femmes caucasiennes. Cette maladie est générée par l'activité intrinsèque

thyréostimulante de l'hormone chorionique gonadotrope (HCG, Human chorionic

gonadotrophin). L'hyperthyroïdie est transitoire, mais il peut s'avérer nécessaire d'administrer

un traitement bêtabloquant ou, dans les cas plus graves, un traitement par médicament

antithyroïdien pendant six à huit semaines.

Autres causes

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Autres causes de l'hyperthyroïdie :

Sécrétion excessive de l'hormone hypophysaire thyréotrope par l'hypophyse

Tératome ovarien, contenant du tissu thyroïdien (struma ovarii)

Ces pathologies sont si rares qu'en général, elles se rencontrent uniquement dans les cabinets

des spécialistes.

Qui touche-t-elle ?

La suite de ce module traitera de la maladie de Basedow et du goitre nodulaire.

Les femmes âgées de plus de 40 ans présentent le risque le plus élevé.

La plupart des patients ont des antécédents familiaux de pathologie thyroïdienne.

Les personnes atteintes d'une maladie auto-immune spécifique d'organes (telle que le

diabète de type 1, l'anémie pernicieuse, le vitiligo ou la maladie d'Addison) présentent

un risque accru de développer la maladie de Basedow.

L'histoire naturelle du goitre diffus simple (non toxique) de l'adulte jeune se déroule

sur une période de 30 ans, voire plus : goitre diffus simple lorsqu'il se révèle, il évolue

ensuite vers le goitre multinodulaire euthyroïdien, puis vers le goitre multinodulaire

toxique.

Un apport excessif en iode peut induire une hyperthyroïdie chez les personnes

atteintes de la maladie de Basedow, mais traversant une période de rémission, ou chez

celles présentant un goitre nodulaire. Ce phénomène peut se produire chez les

personnes prenant de l'amiodarone (hyperthyroïdie induite par amiodarone de type 1)

ou du kombu (un supplément nutritif vendu dans les magasins de produits alimentaires

naturels).4

En règle générale, un médecin généraliste rencontrera un ou deux nouveaux cas

d'hyperthyroïdie pour 1 000 patients chaque année.5

On constate enfin qu'en soins primaires, 20 patients sur 1 000 présenteront des

antécédents d'hyperthyroïdie traitée.5

Comment la diagnostique-t-on ?

Antécédents

Les manifestations classiques sont les suivantes :

Perte de poids d'au moins 5 kg associée à un bon appétit

Intolérance thermique

Labilité émotionnelle

Tremblements

Palpitations

Essoufflement

La plupart des patients présentent ces symptômes pendant au moins six mois.

Chez les personnes âgées, on constate souvent une perte d'appétit, évocatrice d'un cancer de

l'estomac. La myopathie proximale peut avoir une incidence sur la mobilité du patient, qui

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peut donc sembler apathique plutôt que nerveux et agité. La fibrillation auriculaire et

l'insuffisance cardiaque risquent d'être des pathologies prédominantes.

Le prurit et la diarrhée sont rares mais, s'ils sont gênants, ils peuvent induire le médecin en

erreur et entraîner une orientation inappropriée vers un service de dermatologie ou de gastro-

entérologie.

Les yeux « irrités » (sensation de sable dans les yeux), l'œdème péri-orbitaire, l'injection

conjonctivale et le larmoiement excessif, qui constituent tous des caractéristiques de

l'exophtalmie associée à la maladie de Basedow, sont souvent diagnostiqués, dans un premier

temps, comme étant une réaction allergique à des produits cosmétiques.

Caractéristiques cliniques

Typiquement, les patients sont minces et semblent anxieux. Lorsqu'ils étendent leurs mains,

on peut observer un tremblement des doigts. Leurs mains sont chaudes et moites. Ils

présentent par ailleurs une tachycardie sinusale avec une tension différentielle accrue et un

pouls bondissant. Leurs cheveux sont clairsemés et ternes.

Les autres caractéristiques cliniques sont les suivantes :

Les patients atteints de la maladie de Basedow ne présentent pas tous un goitre ou une

exophtalmie. Le myxœdème est une caractéristique rare (1-2 %).

L'exophtalmie, associée à la maladie de Basedow, peut être unilatérale et se manifester

avant l'apparition de l'hyperthyroïdie ou apparaître pour la première fois de

nombreuses années après un traitement réussi. Il est plus fréquent chez les fumeurs.

L'exophtalmie précoce passe souvent inaperçue et est attribuée à une allergie.

L'érythème palmaire est fréquent, en particulier chez les personnes âgées présentant un

goitre multinodulaire.

Le goitre nodulaire se manifeste, en règle générale, de manière évidente. Toutefois, il

peut parfois être impalpable et n'être mis en évidence que par l'imagerie isotopique,

notamment chez les personnes âgées.

Examens complémentaires

Idéalement, vous devez mesurer les concentrations sériques de T3, de T4 et de l'hormone

hypophysaire thyréotrope. Afin de réduire leurs coûts, certains laboratoires souhaitent

mesurer, dans un premier temps, l'hormone hypophysaire thyréotrope seule. Ils effectueront

ensuite les mesures de la T4 ou de la T3, ou des deux, mais uniquement si la concentration de

l'hormone est indécelable (<0,05 mU/l).

L'hormone hypophysaire thyréotrope dans le sérum est inhibée en raison d'un rétrocontrôle

négatif associé aux concentrations anormalement élevées de T3 ou de T4, ou des deux.

L'association d'une concentration accrue de T4 et d'une concentration indécelable de

l'hormone hypophysaire thyréotrope, bien que cohérente avec un diagnostic d'hyperthyroïdie,

est également observée chez des patients atteints d'une maladie non thyroïdienne (par exemple,

en cas d'exacerbation aiguë d'une bronchopneumopathie chronique obstructive, d'une

polyarthrite rhumatoïde et d'une insuffisance cardiaque).

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En revanche, la concentration sérique de T3 est toujours élevée en cas d'hyperthyroïdie, alors

qu'elle est normale et légèrement basse chez les personnes ne présentant pas de maladie

thyroïdienne.

À moins qu'une hyperthyroïdie, confirmée par le biais d'analyses biochimiques, ne soit

associée à des caractéristiques manifestes de la maladie de Basedow, il convient en général

d'orienter les patients vers des services spécialisés. Ils y subiront des examens

complémentaires afin de définir les facteurs étiologiques de la maladie. Dans ces services

spécialisés, des examens d'imagerie isotopique pourront être réalisés, ainsi que des mesures

d'anticorps, dirigés contre le récepteur de l'hormone hypophysaire thyréotrope.

Comme se traite-t-elle ?6-8

Il existe trois types de traitement de l'hyperthyroïdie : les médicaments antithyroïdiens, l'iode-

131 et l'intervention chirurgicale. Ces différents traitements sont utilisés depuis plus de 50 ans.

Il n'existe pourtant aucun essai contrôlé randomisé sur leur efficacité.

Mesures non médicamenteuses

Les patients présentant une hyperthyroïdie modérée à sévère (T4 libre >45 pmol/l ; valeurs

normales : 10-25) ont souvent des difficultés de gestion du stress, sont facilement irritables,

ont des difficultés de concentration et peinent à pratiquer une activité physique. Il est

recommandé d'envisager un arrêt maladie jusqu'à ce qu'un traitement antithyroïdien adapté ait

été mis en place.

Selon mon expérience, les patients qui demandent conseil aux herboristes ou à d'autres

thérapeutes pratiquant la médecine non convetionnelle se voient souvent proposer un composé

contenant de l'iode, en raison de la conception erronée selon laquelle toutes les maladies

thyroïdiennes seraient associées à une carence en iode. Ce type de composé, pris pendant une

certaine durée (au-delà de plusieurs semaines), risque d'exacerber l'hyperthyroïdie.

Mesures médicamenteuses

Bêtabloquants non sélectifs

Les bêtabloquants n'ont que peu d'effet, voire aucun, sur les concentrations des hormones

thyroïdiennes. Leur rôle est de permettre, temporairement, le soulagement symptomatique des

patients avant qu'ils ne rencontrent un médecin spécialiste ou au cours de la période de latence

avant que les médicaments antithyroïdiens ou l'iode-131 ne fassent effet (deux à trois

semaines, et six à huit semaines, respectivement).

Il permet de soulager, mais sans les supprimer, de nombreux symptômes de l'hyperthyroïdie,

tels que les tremblements et les palpitations.

Effets indésirables

L'effet indésirable le plus dangereux est le bronchospasme. Vous devez éviter de donner ce

bêtabloquant aux patients asthmatiques.

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Posologie

La dose habituelle de ce bêtabloquant est de 80-160 mg par jour. Il existe des traitements

alternatifs.

Médicaments antithyroïdiens

En règle générale, les médicaments antithyroïdiens constituent le traitement de référence chez

la personne jeune atteinte de la maladie de Basedow. Ces médicaments agissent en inhibant la

synthèse des hormones thyroïdiennes. Ils n'ont aucune influence sur l'histoire naturelle de

l'hyperthyroïdie associée à la maladie de Basedow.

Ce traitement est administré pendant une période arbitraire de 18 à 24 mois afin d'identifier

les personnes qui ne présenteront qu'un seul épisode d'hyperthyroïdie et qui resteront en

rémission à l'arrêt du médicament. La plupart des patients sentent une amélioration de leur

état après une période de 10-14 jours et seront euthyroïdiens au bout de quatre à six semaines.

Les symptômes des fumeurs seront soulagés plus lentement que ceux des autres patients.

Effets indésirables

L'effet indésirable le plus courant est une éruption urticarienne (2-4 % des individus). L'effet

indésirable le plus grave est l'agranulocytose (1 sur 300-500 individus).9

D'autres effets indésirables incluent l'arthralgie, les céphalées et l'alopécie. Si ces effets

doivent survenir, ils se développeront dans les quatre à six premières semaines de traitement.

En cas d'intolérance, il existe un traitement alternatif. Dans certains cas rares, ce traitement

alternatif a été associé à l'insuffisance hépatique, le plus souvent chez l'enfant, et il est donc

judicieux de vérifier les tests de la fonction hépatique lors du premier examen clinique.

Il convient d'indiquer à tous les patients d'interrompre la prise du médicament en cas de fièvre

ou de maux de gorge. L'agranulocytose est une urgence médicale. Il est donc recommandé de

se rendre dans un service des urgences, même de nuit, plutôt que de patienter jusqu'au jour

suivant.

Posologie

Traitement de référence

La dose initiale du traitement de référence est de 40 mg par jour, à administrer par voie orale

en dose unique (20 mg pour l'hyperthyroïdie légère).10

Après trois à quatre semaines, la dose peut être réduite à 20-30 mg par jour. Après six à huit

semaines, elle peut être réduite à 20 mg par jour. La dose d'entretien est de 5-15 mg par jour,

en fonction de l'évaluation clinique et biochimique.

Les patients présentant une fonction thyroïdienne fluctuante peuvent bénéficier d'un

traitement en association d'une dose de ce traitement, à raison de 30-40 mg par jour, et d'une

dose de thyroxine de 100-125 µg par jour.

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Traitement alternatif

La dose est de 400 mg par jour, en général administrée en doses de 200 mg, deux fois par jour.

Lors de l'allaitement, il est préférable d'administrer le traitement alternatif plutôt que le

traitement de référence, car il est excrété plus faiblement dans le lait.

Même après un traitement de 18 mois avec des médicaments antithyroïdiens, plus de 50 %

des patients rechuteront. La plupart des patients rechuteront au cours des deux premières

années.

Iode-131

L'iode-131 est le traitement de première intention des patients âgés de plus de 40 ans.

Toutefois, dans certains centres, l'iode-131 est de plus en plus prescrit aux patients plus jeunes.

Les cellules folliculaires thyroïdiennes concentrent l'iode bien plus que les autres cellules. Ces

cellules ne parviennent pas à faire la distinction entre l'iode stable (présent dans

l'alimentation) et ses isotopes radioactifs, et absorbent par erreur ce qui correspond, dans les

faits, à une véritable « solution magique ». Les cellules sont détruites ou empêchées de se

diviser.

L'euthyroïdie est rétablie chez 80-90 % des patients après trois mois d'une dose standard de

400 MBq (approximativement 11 mCi) d'iode-131.

Effets indésirables

Chez les patients atteints d'une maladie de Basedow, l'hypothyroïdie doit être considérée

comme inévitable plutôt que comme un effet indésirable. Jusqu'à 90 % des patients

développent une insuffisance thyroïdienne à un an.11

Toutefois, l'hypothyroïdie est bien moins

courante après un traitement par l'iode-131, administré pour un goitre nodulaire toxique.

Après plus de 50 ans d'utilisation, il n'existe aucune donnée probante de risque significatif de

leucémie ou de cancer de la vessie ou du tube digestif. (Pour plus d'informations, reportez-

vous au document rédigé par Werner et Ingbar, répertorié dans la section Ressources de ce

module).

En cas de grossesse, le traitement par l'iode-131 est contre-indiqué, en raison du risque

d'hypothyroïdie fœtale.

Certaines données indiquent que, parmi tous les traitements de la maladie de Basedow, le

traitement par l'iode-131 est le plus susceptible d'être associé à une aggravation de

l'exophtalmie.12

Ce risque peut être diminué par l'administration de prednisolone, à raison de

30-40 mg par jour, pendant six semaines après le traitement par l'iode-131.13

Ces patients

doivent être examinés soigneusement par un spécialiste.

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Chirurgie

La thyroïdectomie subtotale est le traitement de référence pour :

les jeunes patients atteints de la maladie de Basedow et présentant des goitres

vasculaires volumineux et une hyperthyroïdie modérée à sévère ;

les patients qui ont rechuté après un traitement par médicament antithyroïdien ;

les patients qui observent mal ou insuffisamment leur traitement.

Il s'agit également du traitement de référence pour le goitre nodulaire toxique en cas de

compression médiastinale.

Un an après l'intervention chirurgicale, en traitement de la maladie de Basedow14

:

80 % des patients sont euthyroïdiens ;

15 % sont hypothyroïdiens ;

5 % restent dans un état thyrotoxique.

Par ailleurs, 2-4 % des patients développent ensuite une insuffisance thyroïdienne, reflétant

l'histoire naturelle de l'hyperthyroïdie de la maladie de Basedow. Une récidive tardive,

même 20 à 40 ans après une intervention chirurgicale apparemment réussie, est un fait bien

connu. Les chirurgiens tendent à recommander une thyroïdectomie quasi-totale en cas de

maladie de Basedow. Ils espèrent ainsi provoquer une hypothyroïdie. Cette démarche est

illogique car, si l'hypothyroïdie est le résultat souhaité, l'administration d'iode-131 permettra

d'obtenir le même résultat sans exposer le patient aux risques supplémentaires associés à la

chirurgie.

Complications

Les complications de l'intervention chirurgicale sont les suivantes :

Paralysie récurrente du nerf laryngé (1-2 %)

Hypoparathyroïdie (1-2 %)

Formation d'une cicatrice chéloïdienne

Une légère modification de la voix est un phénomène fréquent, mais sans conséquences à

moins que le patient n'ait besoin de sa voix pour gagner sa vie.

Traitement de l'hyperthyroïdie pendant la grossesse

La femme enceinte doit toujours être suivie par un spécialiste. Le spécialiste doit rencontrer la

patiente chaque mois de sa grossesse.

L'administration d'iode radioactif est formellement contre-indiquée lors de la grossesse, car

l'iode est concentré par la thyroïde fœtale, entraînant ainsi une hypothyroïdie.

Le traitement médicamenteux constitue l'élément fondamental du traitement, avec utilisation

de la dose minimale permettant de maintenir une fonction thyroïdienne normale.

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Le traitement alternatif est recommandé, car il est considéré comme étant moins tératogène

que le traitement de référence.

L'hyperthyroïdie non traitée est associée aux troubles et pathologies suivants6 :

Fausse couche

Menace d'accouchement prématuré

Faible poids de naissance

Éclampsie

Quand orienter le patient vers un spécialiste ?

Après un diagnostic d'hyperthyroïdie, il est recommandé de mettre le patient sous

bêtabloquant afin de soulager ses symptômes. Dans les cas plus sévères, vous devriez

également commencer par le traitement de référence, après en avoir discuté avec vos

collègues.

Tous les patients doivent être orientés vers un spécialiste, qui établira le diagnostic et définira

le plan de prise en charge thérapeutique.8

Auparavant, les patients présentant une hyperthyroïdie infraclinique n'étaient examinés qu'une

fois par an, jusqu'à ce qu'ils développent une hyperthyroïdie patente. À présent, nous savons

que l'hyperthyroïdie infraclinique peut être un facteur de risque de l'ostéoporose et de la

fibrillation auriculaire. Par conséquent, ces patients doivent probablement être traités de la

même manière que les patients avec une forme patente de la maladie.1

Suivi

La plupart des patients seront orientés du service spécialisé vers des services de soins

primaires. Par exemple, les patients présentant un goitre multinodulaire toxique le seront un

an après le traitement par l'iode-131, et les patients qui restent euthyroïdiens, 18 à 24 mois

après un traitement réussi par médicament antithyroïdien.

Il est recommandé de réaliser une fois par an une exploration de la fonction thyroïdienne de

ces patients.

Pronostic

Les patients doivent devenir euthyroïdiens, quel que soit le traitement pris, même s'il s'agit de

thyroxine de substitution.

Il est rare que l'exophtalmie associée à la maladie de Basedow disparaisse complètement. Elle

peut demeurer gênante pendant de nombreuses années après un traitement réussi de

l'hyperthyroïdie. Il peut être préférable de considérer l'exophtalmie comme une maladie auto-

immune spécifique d'organes distincte qui, souvent, coexiste avec la maladie de Basedow.

L'exophtalmie a donc sa propre histoire naturelle, dans laquelle un contrôle inadéquat de la

fonction thyroïdienne et le tabagisme peuvent, dans une certaine mesure, jouer un rôle.

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Afin de préserver l'acuité visuelle, de corriger la diplopie et l'aspect inesthétique, certains

examens ou traitements peuvent s'avérer nécessaires : décompression orbitaire, radiothérapie,

chirurgie musculaire extra-oculaire ou chirurgie des paupières.

La fibrillation auriculaire, si elle est d'installation récente, peut reprendre un rythme sinusal

spontanément ou à la suite d'une cardioversion à courant continu. L'échec d'une cardioversion

est une indication de traitement anticoagulant à long terme.

Cas clinique

1. Un homme âgé de 56 ans avec des antécédents d'infarctus du myocarde se présente

avec une insuffisance biventriculaire, en dépit d'un traitement associant digoxine et

diurétiques. Il est en fibrillation auriculaire avec une réponse ventriculaire rapide. Les

explorations fonctionnelles thyroïdiennes réalisées révèlent dans le sérum une

inhibition de l'hormone hypophysaire thyréotrope, ainsi qu'une élévation de la T 4 libre

à 36 pmol/l (valeur normale : 10-25 pmol/l). Que devez-vous faire ?

Votre

réponse

Bonne

réponse

a Commencer un traitement par bêtabloquant

b Commencer un traitement par le traitement de

référence

c Mesurer la concentration sérique de T3

d Orienter le patient pour un traitement par l'iode-131

2. Ce n'est pas exact. La bonne réponse est Mesurer la concentration sérique de T3

a. Commencer un traitement par bêtabloquant

Les données suggérant une hyperthyroïdie sont insuffisantes. En cas de

maladie non thyroïdienne, on constate une diminution de la conversion de la T4

en T3 associée à une augmentation consécutive de la T4 sérique et à une chute

de la T3 sérique, qui atteint alors souvent des valeurs normales-basses.

b. Commencer un traitement par le traitement de référence

Les données suggérant une hyperthyroïdie sont insuffisantes. En cas de

maladie non thyroïdienne, on constate une diminution de la conversion de la T4

en T3 associée à une augmentation consécutive de la T4 sérique et à une chute

de la T3 sérique, qui atteint alors souvent des valeurs normales-basses.

c. Mesurer la concentration sérique de T3

La mesure de la concentration sérique de T3 vous permettra de différencier la

maladie non thyroïdienne de l'hyperthyroïdie. Si la concentration sérique de T3

est élevée, ou si elle se situe dans la partie supérieure de la plage de référence,

il est recommandé de commencer un traitement par carbimazole et d'envisager

l'administration de propranolol, en dépit de l'insuffisance cardiaque.

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L'iode-131 n'est efficace qu'au bout de six à huit semaines et constituera

ultérieurement un traitement approprié.

d. Orienter le patient pour un traitement par l'iode-131

Les données suggérant une hyperthyroïdie sont insuffisantes. En cas de

maladie non thyroïdienne, on constate une diminution de la conversion de la T4

en T3 associée à une augmentation consécutive de la T4 sérique et à une chute

de la T3 sérique, qui atteint alors souvent des valeurs normales-basses.

2. Pour chaque millier de patients en soins primaires, combien de nouveaux cas

d'hyperthyroïdie seront détectés par an ?

Votre réponse Bonne réponse

a 1-2

b 5-10

c 20-40

d 80-100

4. Ce n'est pas exact. La bonne réponse est 1-2

a. 1-2

Pour chaque millier de patients en soins primaires, un à deux nouveaux cas

d'hyperthyroïdie seront détectés par an. On estime que 20 patients présenteront

des antécédents d'hyperthyroïdie traitée.5

b. 5-10

Pour chaque millier de patients en soins primaires, un à deux nouveaux cas

d'hyperthyroïdie seront détectés par an.

c. 20-40

Pour chaque millier de patients en soins primaires, un à deux nouveaux cas

d'hyperthyroïdie seront détectés par an.

d. 80-100

Pour chaque millier de patients en soins primaires, un à deux nouveaux cas

d'hyperthyroïdie seront détectés par an.

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3. Une femme âgée de 45 ans se plaint de palpitations, indique avoir perdu du poids et se

sent irritable. À l'examen, elle apparaît mince et présente une tachycardie sinusale.

Son taux d'hormone hypophysaire thyréotrope est indécelable et sa concentration de T

4 libre est de 40 pmol/l (valeurs normales : 10-25 pmol/l). Parmi les traitements

suivants, lequel permettra le plus rapidement de contrôler ses symptômes ?

Votre réponse Bonne réponse

a Traitement de référence

b Traitement alternatif

c Iode-131

d Bêtabloquant

7. Bonne réponse: Bêtabloquant

a. Traitement de référence

Les médicaments antithyroïdiens ne sont efficaces qu'au bout de deux ou trois

semaines.

b. Traitement alternatif

Les médicaments antithyroïdiens ne sont efficaces qu'au bout de deux ou trois

semaines.

c. Iode-131

L'iode-131 n'est efficace qu'au bout de six à huit semaines.

d. Bêtabloquant

Les bêtabloquants non sélectifs sont le traitement de référence. Ils offrent un

soulagement immédiat et transitoire des symptômes, le temps que l'iode-131

ou les médicaments antithyroïdiens administrés fassent effet.

4. Un homme âgé de 47 ans est traité pour une hyperthyroïdie et une exophtalmie

associée à la maladie de Basedow. Il souhaite connaître son pronostic à long terme.

Parmi les affirmations suivantes concernant le pronostic de ce type de patients,

laquelle est exacte ?

Votre

réponse

Bonne

réponse

a L'exophtalmie associée à la maladie de Basedow disparaît en

général complètement une fois l'hyperthyroïdie traitée.

b Il est peu probable que ce patient redevienne euthyroïdien.

c Il est probable que ce patient redevienne euthyroïde.

L'affection oculaire dont il souffre disparaîtra.

d Il est probable que ce patient redevienne euthyroïde.

Toutefois, il est rare que l'affection oculaire dont il souffre

disparaisse complètement.

Page 13: Hyperthyroïdie : diagnostic et traitement · PDF fileHyperthyroïdie infraclinique Le terme d'hyperthyroïdie infraclinique s'applique aux patients qui présentent peu de symptômes,

7. Ce n'est pas exact. La bonne réponse est Il est probable que ce patient redevienne

euthyroïde. Toutefois, il est rare que l'affection oculaire dont il souffre disparaisse

complètement.

a. L'exophtalmie associée à la maladie de Basedow disparaît en général

complètement une fois l'hyperthyroïdie traitée.

Il est rare que l'exophtalmie associée à la maladie de Basedow disparaisse

complètement.

b. Il est peu probable que ce patient redevienne euthyroïdien.

Quel que soit le type de traitement, les patients devraient redevenir

euthyroïdiens, même si cela implique de recourir à l'administration de

thyroxine de substitution.

c. Il est probable que ce patient redevienne euthyroïde. L'affection oculaire

dont il souffre disparaîtra.

Quel que soit le type de traitement, les patients devraient redevenir

euthyroïdiens, même si cela implique de recourir à l'administration de

thyroxine de substitution.

d. Il est probable que ce patient redevienne euthyroïde. Toutefois, il est rare

que l'affection oculaire dont il souffre disparaisse complètement.

Il est rare que l'exophtalmie associée à la maladie de Basedow disparaisse

complètement. Elle peut demeurer gênante pendant de nombreuses années

après un traitement réussi de l'hyperthyroïdie. Afin de préserver l'acuité

visuelle, de corriger la diplopie et l'aspect inesthétique, certains examens ou

traitements peuvent s'avérer nécessaires : décompression orbitaire,

radiothérapie, chirurgie musculaire extra-oculaire ou chirurgie des paupières.

Quel que soit le type de traitement, les patients devraient redevenir

euthyroïdiens, même si cela implique de recourir à l'administration de

thyroxine de substitution.

5. Votre infirmière effectue un triage par téléphone. Elle reçoit l'appel d'un homme âgé

de 54 ans sous traitement de référence pour ne hyperthroïdie. Son interlocuteur

indique qu'il se sent fiévreux et souffre de maux de gorge. L'infirmière vous demande

votre avis sur les recommandations à donner au patient. Que lui conseilleriez-vous ?

Votre

réponse

Bonne

réponse

a Cet homme doit poursuivre son traitement mais il doit

consulter dans les prochains jours afin d'être examiné.

b Cet homme doit interrompre immédiatement son traitement

et se présenter afin de subir une analyse sanguine.

c Ce patient doit prendre rendez-vous avec son

endocrinologue dès que possible.

Page 14: Hyperthyroïdie : diagnostic et traitement · PDF fileHyperthyroïdie infraclinique Le terme d'hyperthyroïdie infraclinique s'applique aux patients qui présentent peu de symptômes,

7. Bonne réponse: Cet homme doit interrompre immédiatement son traitement et se

présenter afin de subir une analyse sanguine.

a. Cet homme doit poursuivre son traitement mais il doit consulter dans les

prochains jours afin d'être examiné.

Une analyse sanguine doit être effectuée sans attendre.

b. Cet homme doit interrompre immédiatement son traitement et se

présenter afin de subir une analyse sanguine.

L'effet indésirable le plus grave associé à la prise de carbimazole est

l'agranulocytose (1 sur 300-500 individus).9

Il convient d'indiquer à tous les patients d'interrompre la prise du médicament.

Une numération leucocytaire doit être effectuée le même jour en cas de fièvre

ou de maux de gorge.

c. Ce patient doit prendre rendez-vous avec son endocrinologue dès que

possible.

Une analyse sanguine doit être effectuée sans attendre.

6.

Une femme âgée de 78 ans présente un goitre multinodulaire peu volumineux. Elle ne

présente aucun symptôme de dysfonctionnement thyroïdien. La concentration sérique

de TSH est indécelable, bien que les concentrations sériques de T3 et de T4 soient

normales. Parmi les plans de prise en charge thérapeutique ci-après, lequel est

approprié ?

Votre

réponse

Bonne

réponse

a Orienter la patiente pour une intervention chirurgicale

sur la thyroïde

b Recommencer les explorations fonctionnelles

thyroïdiennes dans 6 à 12 mois

c Commencer l'administration de médicaments

antithyroïdiens

Ce n'est pas exact. La bonne réponse est Recommencer les explorations fonctionnelles

thyroïdiennes dans 6 à 12 mois

a. Orienter la patiente pour une intervention chirurgicale sur la thyroïde

Le goitre est de petite taille et, pour une patiente de cet âge, l'intervention

chirurgicale ne serait appropriée qu'en cas de compression médiastinale par un

goitre volumineux.

Page 15: Hyperthyroïdie : diagnostic et traitement · PDF fileHyperthyroïdie infraclinique Le terme d'hyperthyroïdie infraclinique s'applique aux patients qui présentent peu de symptômes,

b. Recommencer les explorations fonctionnelles thyroïdiennes dans 6 à

12 mois

Il s'agit, à ce stade, d'une décision raisonnable.

c. Commencer l'administration de médicaments antithyroïdiens

À ce stade, commencer l'administration de médicaments antithyroïdiens ne

serait pas approprié. Toutefois, si les résultats des analyses demeurent

inchangés après une période donnée, l'administration d'un traitement peut

s'avérer appropriée.

7.

Une femme âgée de 30 ans se plaint de symptômes qu'elle décrit comme similaires

aux symptômes de la grippe, avec maux de gorge, tremblements et légère perte de

poids. Elle présente un goitre peu volumineux, particulièrement sensible à la palpation,

la patiente ressentant une gêne irradiant jusque dans les deux oreilles. Parmi les

résultats d'analyse présentés ci-après, quels sont les résultats susceptibles d'être

obtenus ?

Votre

réponse

Bonne

réponse

a Augmentation des concentrations sériques de T3 et de T4

b Augmentation de la concentration sérique de TSH

c Augmentation de la concentration de l'anticorps anti-

récepteur de la TSH

Ce n'est pas exact. La bonne réponse est Augmentation des concentrations sériques de

T3 et de T4

a. Augmentation des concentrations sériques de T3 et de T4

Il s'agit d'une thyroïdite de De Quervain (thyroïdite subaiguë), qui n'est pas une

maladie auto-immune, mais est considérée comme étant d'origine virale.

Lorsque la maladie se déclare, la VS est, typiquement, en nette augmentation et

se situe approximativement à 80 mm dans la première heure, tout comme les

concentrations des hormones thyroïdiennes, ce qui est dû à la rupture des

follicules et au passage des hormones stockées dans la circulation. Cette

hyperthyroïdie est transitoire (6 à 8 semaines) et est suivie par un épisode

également transitoire d'hypothyroïdie, car les follicules endommagés sont

incapables de produire de nouvelles hormones thyroïdiennes. Il est

remarquable de constater que, chez la plupart des patients, la résolution est

complète et spontanée, sans traitement autre qu'un analgésique et un

bêtabloquant dans les premières semaines. Les médicaments antithyroïdiens ne

doivent pas être utilisés, car ils agissent en inhibant la synthèse des hormones

thyroïdiennes.

b. Augmentation de la concentration sérique de TSH

Page 16: Hyperthyroïdie : diagnostic et traitement · PDF fileHyperthyroïdie infraclinique Le terme d'hyperthyroïdie infraclinique s'applique aux patients qui présentent peu de symptômes,

Vous devez vous attendre à une concentration sérique de TSH basse.

c. Augmentation de la concentration de l'anticorps anti-récepteur de la TSH

Vous ne devez pas vous attendre à une augmentation de la concentration de

l'anticorps anti-récepteur de la TSH.

8.

Une femme âgée de 40 ans a déjà été traitée avec de l'iode-131 pour la maladie de

Basedow dont elle souffrait. À présent, elle est atteinte d'une hypothyroïdie et est

depuis quatre ans sous traitement par thyroxine, à raison d'une dose quotidienne de

125 µg. Pendant toute cette période, les résultats des explorations fonctionnelles

thyroïdiennes réalisées ont été normaux. Toutefois, à son dernier examen, la valeur de

la thyroxine libre était normale-basse et la valeur de la TSH, élevée à 15,0 mU/l

(valeurs normales : <4,5 mU/l). Cette patiente présente depuis peu une anémie

ferriprive, que vous traitez avec du sulfate ferreux. Parmi les affirmations suivantes,

laquelle est exacte ?

Votre

réponse

Bonne

réponse

a Vous devez lui conseiller de prendre les comprimés de

thyroxine plusieurs heures après la dernière dose de sulfate

ferreux

b Vous devez diminuer la dose de thyroxine

c Il est très peu probable que cette patiente soit atteinte d'une

maladie cœliaque

Ce n'est pas exact. La bonne réponse est Vous devez lui conseiller de prendre les

comprimés de thyroxine plusieurs heures après la dernière dose de sulfate ferreux

a. Vous devez lui conseiller de prendre les comprimés de thyroxine plusieurs

heures après la dernière dose de sulfate ferreux

Il existe un nombre croissant de médicaments interférant avec l'absorption de

thyroxine (préparations orales de fer, carbonate de calcium, inhibiteurs de la

pompe à protons) ou augmentant sa dégradation métabolique (antidépresseurs).

Il est donc judicieux de recommander que la thyroxine soit prise juste avant le

coucher et que la dose finale de sulfate ferreux soit prise aux environs de

l'heure du dîner.

b. Vous devez diminuer la dose de thyroxine

Vous devez envisager d'augmenter la dose de thyroxine de cette patiente.

c. Il est très peu probable que cette patiente soit atteinte d'une maladie

cœliaque

Page 17: Hyperthyroïdie : diagnostic et traitement · PDF fileHyperthyroïdie infraclinique Le terme d'hyperthyroïdie infraclinique s'applique aux patients qui présentent peu de symptômes,

Il existe une association entre la maladie cœliaque et une pathologie

thyroïdienne auto-immune. En cas d'anémie ferriprive et de besoins accrus en

thyroxine, un diagnostic de malabsorption doit être envisagé.

9.

Une femme âgée de 80 ans, atteinte de la maladie de Basedow et récemment traitée

avec de l'iode-131, est suivie en soins primaires, car elle ne peut se rendre à l'hôpital

local. Vous constatez que les concentrations sériques de la TSH et de la thyroxine sont

indécelables. La patiente se sent bien. Que devez-vous faire ?

Votre

réponse

Bonne

réponse

a Commencer un traitement par thyroxine

b Orienter la patiente pour un autre traitement par

l'iode-131

c Revoir la patiente dans un an

Ce n'est pas exact. La bonne réponse est Commencer un traitement par thyroxine

a. Commencer un traitement par thyroxine

L'association de concentrations sériques basses de T4 et de TSH chez des

patients présentant une hyperthyroïdie et récemment traités pour cette affection

est bien connue. Elle évoque une hypothyroïdie imminente. Les cellules

thyréotropes hypophysaires sécrétant la TSH sont « désactivées » par les

concentrations élevées d'hormones thyroïdiennes lorsque le patient est

hyperthyroïdien. Plusieurs semaines s'écoulent avant qu'elles ne soient de

nouveau opérationnelles. Si les explorations fonctionnelles thyroïdiennes

étaient recommencées chez cette patiente dans 3-4 semaines, on constaterait

alors une augmentation de la concentration sérique de TSH.

b. Orienter la patiente pour un autre traitement par l'iode-131

Il est probable que cette femme souffre d'hypothyroïdie.

c. Revoir la patiente dans un an

Ce délai d'un an est trop long.

10.

Une femme de 40 ans se plaint d'avoir les yeux « irrités » (sensation de sable dans les

yeux). La concentration de T3 libre est élevée et celle de la TSH est indécelable.

Page 18: Hyperthyroïdie : diagnostic et traitement · PDF fileHyperthyroïdie infraclinique Le terme d'hyperthyroïdie infraclinique s'applique aux patients qui présentent peu de symptômes,

Quel est le diagnostic le plus probable ?

Votre réponse Bonne réponse

a Hyperthyroïdie infraclinique

b Maladie de Basedow

c Goitre multinodulaire toxique

d Hyperthyroïdie factice

Bonne réponse: Maladie de Basedow

a. Hyperthyroïdie infraclinique

Un diagnostic d'hyperthyroïdie infraclinique est associé à des concentrations

normales de T3 et de T4.

b. Maladie de Basedow

Le diagnostic le plus probable est la maladie de Basedow. Cette patiente

présente une exophtalmie patente, symptomatique, associée à une maladie de

Basedow. Les résultats des explorations fonctionnelles thyroïdiennes sont

anormaux. Ces éléments suggèrent un diagnostic de maladie de Basedow.

c. Goitre multinodulaire toxique

Page 19: Hyperthyroïdie : diagnostic et traitement · PDF fileHyperthyroïdie infraclinique Le terme d'hyperthyroïdie infraclinique s'applique aux patients qui présentent peu de symptômes,

L'exophtalmie n'est pas associée à un goitre multinodulaire toxique. Les signes

physiques observés sur cette patiente devraient par ailleurs être cohérents avec

la présence d'un goitre.

d. Hyperthyroïdie factice

Les résultats des analyses de laboratoire contredisent le diagnostic

d'hyperthyroïdie factice. Par ailleurs, l'hyperthyroïdie factice ne génère pas

d'exophtalmie.

Références bibliographiques

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