Histoire et figures de la non-violence : de 1930 à 1938

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Série : Trombinoscope historique de la non-violence Penseurs et acteurs de la non-violence de 1930 à 1938 Étienne Godinot -23.11.2015

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Série : Trombinoscope historique de la non-violence

Penseurs et acteurs de la non -violence

de 1930 à 1938Étienne Godinot -23.11.2015

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Sergueï Kovalev

Né en 1930. Biologiste russe, spécialiste du système nerveux. Conteste les théories génétiques de Lyssenko, maître à penser de la science officielle.

Dès 1967, s’engage pour la défense des droits de l’homme. Exclu de l’université, participe à la section moscovite d’Amnesty International. Condamné en 1974 à 7 ans de camp à régime sévère et 3 ans d’exil intérieur.

Élu député en 1994 après la chute du communisme. S’oppose à la guerre en Tchétchénie et la dénonce partout dans le monde. Prix Sakharov du Parlement européen.

« En aucun cas, on ne doit combattre un peuple par les armes. Même si celui-ci se trompe, même s’il donne préférence à des chefs qui nous déplaisent et choisit des idéaux politiques erronés. »

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Johann Galtung

Né en 1930, Norvégien. Études de mathématiques et de sociologie. Service civil de 18 mois à la place du service militaire.

Politologue connu comme le fondateur de l'irénologie, science de la paix. Auteur de plus de 70 ouvrages. Développe une définition positive de la paix incluant la recherche d’une justice sociale et la lutte contre toute "violence structurelle" politique ou socio-économique.

Fonde en 1959 l’Institut international de recherche sur la paixd’Oslo. Cofondateur en 1933 directeur de Transcend, réseau pour la transformation des conflits par des moyens pacifiques.

En tant que polémologue et artisan de paix, a été personnellement impliqué dans 25 situations de conflit.Précurseur de l’idée d’éducation à la paix. ../..

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Johann Galtung

« Je crois fermement au pluralisme, pas seulement d’idées, mais aussi de systèmes sociaux, dès lors qu’ils sont non-violents. L’essentiel est de ne rien faire qu’on ne puisse défaire. Toutes action doit être réversible. Nous avons droit à l’erreur, mais se tromper en agissant de façon irréversible, c’est léguer la violence à nos successeurs. Le critère de réversibilité est beaucoup plus fiable que celui d’universalité, et c’est un des arguments de la non-violence : on ne peut pas redonner vie à ce qui est mort. »

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Hildegard Goss-Mayr

Née en 1930, Autrichienne. À l’âge de 12 ans, refuse de lever le bras au passage d’Hitler à Vienne.

Docteur en philosophie, épouse en 1958 l’ouvrier Jean Goss, avec qui elle parcourt le monde. Anime des sessions de formation, collabore avec Helder Camara, Adolfo Perez Esquivel, Antonio Fragoso, Oscar Romero, le mouvement Akkapka aux Philippines.

“J’ai vu la fascination exercée par Hitler. Je ne me sentais pas le droit de lever la main ou de me joindre à la clameur. J’ai pensé : “Même s’ils me tuent, je ne lèverai pas la main". Cette lutte contre la violence, avec la justice et la vérité, ce fut pour moi un moment fondateur ”

Photo de H. G.-M. par Mirjam Mahler ©

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Desmond Tutu

Né en 1931, instituteur sud-africain, prêtre anglican en 1961 puis évêque en 1976. Refusant l’autorisation de résider en "zone blanche", choisit de vivre dans la ville noire de Soweto.

Son titre de secrétaire général du Conseil Sud-Africain des Églises (SACC) donne du poids à ses déclaration et à sa participation à toutes les manifestations contre l’apartheid. Prêche aux obsèques après l’assassinat de Steve Biko. Prix Nobel de la paix en 1984.

Après l’élection de Nelson Mandala, préside en 1995 la Commission Nationale de la vérité et de la réconcilation, chargée de faire la lumière sur les crimes commis durant la période de l’apartheid tant par le gouvernement que par les mouvements de libération.

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Adolfo Perez Esquivel

Né en 1931, Argentin. Professeur d’architecture, de peinture et de sculpture. Publie en 1973 la revue Paz y Justicia, fondateur et coordinateur en 1975 du Servicio Paz y Justicia (Serpaj)*.

Incarcéré sans procès et torturé pendant 14 mois en 1976 sous la dictature des généraux, puis maintenu en liberté surveillée pendant 14 autres mois.

Prix Nobel de la paix en 1980.

Travaille à la mise en place de solidarités internationales pour lutter contre les oppressions : Bateau pour le Nicaragua, la Pologne, actions en Afrique du Sud, au Moyen-Orient, au Tibet. ../..

* mouvement non-violent qui a aujourd’hui des secrétariats

permanents dans 11 pays latino-américains.

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Adolfo Perez Esquivel

En 1995, prend la tête d’une mission de paix entre la Pérou et l’Équateur. Membre du Tribunal Permanent des Peuples (TPP) qui dénonce les méfaits des entreprises multinationales. Signataire du Manifeste de Porto Alegreen 2005.

“Nous devons avoir les mains ouvertes, fraternelles, sans haine, sans rancoeur, pour parvenir à la réconciliation et à la paix, mais avec fermeté, sans hésitation aucune dans le défense de la vérité et de la justice. Car on ne peut semer avec les poings fermés. Pour semer, il faut avoir les mains ouvertes”

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Ronald Dworkin

(1931-2013), philosophe états-unien spécialiste de la philosophie du droit, professeur à Londres et New-York. Un des théoriciens modernes de la désobéissance civile. En pleine guerre du Viêtnam, prend la défense des objecteurs de conscience qui refusent cette guerre. Préconise l’enracinement du droit dans une philosophie politique qui fait primer l’exigence morale. Pour lui, l’homme possède des droits moraux qui sont opposables à l’État.

« Un homme doit honorer ses devoirs envers son Dieu et envers sa conscience et si ceux-ci sont en conflit avec son devoir à l'égard de l'État, alors il a le droit, en dernier ressort, de faire ce qu'il juge être bien. Si l’individu enfreint la loi, il doit se soumettre à la sanction imposée par l’État en reconnais-sance du fait que son devoir envers ses concitoyens a été supplanté mais non abrogé par son obligation morale ou religieuse. »

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Willy Romelus

Né en 1931, Haïtien, évêque catholique de Jérémie de 1977 à 2009. S’engage dans le combat non-violent contre la dictature jusqu’à la chute du régime Duvalier en 1985.

Quand le Président Jean-Bernard Aristide, élu démocratiquement en 1990, est renversé en septembre 1991 par l’armée dirigée par Raoul Cedras, s’engage pour la démocratie en s’opposant au silence complice du Vatican. Échappe à 10 tentatives d’assassinat. Prix Européen des Droits de l'Homme en 1994 .

« Certains disent qu’ils faut prendre les armes parce que la communauté internationale se joue de nous. Mais ce n’est pas la solution : les putschistes ont les armes et l’argent, pas nous ! Moi, je suis naturellement non-violent. La violence amène la violence. Le dialogue et la négociation permettent mieux de construire en profondeur (…) Une guerre civile serait catastrophique. »

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Ahangamage Tudor Ariyaratne

Né en 1931, Sri-Lankais, disciple bouddhiste de Gandhi, fondateur du Sarvodaya Sharamadana Movement (SSM), actif dans 15 000 villages au Sri Lanka sur 38 000.

A développé des programmes de développement et d’éveil de la personnalité humaine, des familles, des communautés rurales et urbaines, d’autogouvernance des villages, et un programme d’éveil national.

L’action commence par des chantiers collectifs visant à satisfaire des besoins de base (alimentation, eau, vêtements, habitat, énergie, etc.) et se prolonge dans les domaines de l’éducation, de la santé, du microcrédit, de l’animation culturelle, du dialogue interreligieux.

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Ahangamage Tudor Ariyaratne

« Les membres du Conseil national Deshodaya ont pour objectif de promouvoir la non-violence, la protection de l’environnement, de mobiliser les gens et les institutions judiciaires pour prendre assurer la protection des droits humains de base et les pratiques anti-sociales telles que la corruption, la fraude et la violence, garantir à chaque citoyen un traitement juste et équitable par la loi. En d’autres termes, le programme Deshodaya peut faire prévaloir un bon gouvernement dans la société à tous les niveaux. »

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Jawdat Saïd

Né en 1931, Syrien, enseignant démis de ses fonctions. Un des premiers penseurs musulmans à introduire la notion de non-violence dans le monde islamique.

Dans son livre La doctrine du premier fils d’Adam, Le problème de la violence dans le monde islamique (1964), la réponse d’Abel à son frère aîné Caïn qui menace de le tuer « Si tu portes la main sur moi pour me tuer, je ne porterai pas la main sur toi pour te tuer » (V, 28) exprime clairement l’attitude que le croyant musulman doit adopter pour faire face à l’homme violent. Ainsi, selon la mythologie adamique rapportée par le Coran, l’histoire n’a pas commencé par un meurtre, mais par un acte de non-violence.

Photo du bas : Caïn et Abel par Le Titien ../..

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Jawdat Saïd

Selon lui, les opprimés sont pour une large part responsables de l’oppression qu’ils subissent. Pour affirmer cela, se réfère à la sourate III, 165 : « Lorsqu’un malheur vous a atteints, (…) n’avez-vous pas dit : « D’où vient cela ? » Réponds : « Cela vient de vous ». « Ainsi, commente-t-il, le Coran est le seul livre qui réprimande la victime davantage que le persécuteur ».

Voit dans l’injonction du Coran « Pas de contrainte en religion » (II, 256) un commandement divin qui doit régenter non seulement la vie religieuse des individus, mais aussi la vie sociale et politique des peuples.

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Jawdat Saïd

Prend clairement position dans le débat sur la question "Quels versets du Coran doivent abroger quels autres ? ". Ne retient pas la doctrine orthodoxe (les versets les plus récents abrogent les versets les plus anciens), mais plaide pour que les versets qui correspondent le mieux aux exigences de la justice abrogent ceux qui y correspondent le moins.

Pour lui, ce sont les intellectuels qui ont la plus grande responsabilité dans le fait que les sociétés sont gangrenées par l’injustice et la violence, car ils façonnent la culture des sociétés.

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Lluís Maria Xirinacs

(1932-2007), prêtre de 1954 à 1990, économiste, homme politique et écrivain catalan. Mène une grève de la faim en 1969 pour demander la séparation de l’Église et de l’État, une autre de 42 jours en 1973 pour la libération de 113 prisonniers politiques, et une autre de 21 jours en 1974 pour l’indépendance de la Catalogne. Emprisonné par le régime franquiste en 1972 et en 1974-75. Se tient debout devant la porte de la prison modèle de Barcelone 12 heures chaque jour pendant 21 mois jusqu‘à la loi d'amnistie de 1977 pour demander la libération des prisonniers politiques.

Élu sénateur en 1977 lors de la transition démocratique espagnole. En 1984, à la demande de Agustí Chalaux i de Subirà (1911-2006), crée le Centre d’Estudis Joan Bardina (J. Bardina, 1877-1950) pour élaborer un nouveau modèle politique, économique et social. Docteur en philosophie à 65 ans. Sa mort à 75 ans a été présentée à tort comme un suicide.

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Louis Vitale

L.V. : Né en 1932, États-unien, fils d’émigrés siciliens. Navigateur en 1958 dans les avions de chasse, docteur en sociologie, prêtre franciscain. Fonde en 1989 le mouvement de formation et d’action non-violente Pace e Bene, d’inspiration franciscaine. Curé de paroisses pauvres à Los Angeles et à San Francisco. Engagé depuis 40 ans dans des combats pour la justice et la paix utilisant la désobéissance civile, arrêté plus de 200 fois, emprisonné plusieurs fois plus de 6 mois.

1979-1988 : actions contre les essais nucléaires dans le désert du Névada. Novembre 2006 : avec le jésuite Steve Kelly, s’agenouille et prie devant le fort Huachuca (Arizona), centre de renseignements de l’armée états-unienne qui forme les soldats à "l’interrogatoire renforcé" (la torture), condamné en 2007 pour cette raison à 5 mois de détention. 2009 : action dans la base aérienne de Creech contre les attaques de drones au Pakistan. 2009 : marche sur Gaza. ../..

Photo : Louis Vitale

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Louis Vitale et Steve Kelly

2009 et 2010 : actions contre le Western Hemisphere Institute for Security Cooperation, centre d’entraînement politico-militaire à Fort Benning, etc.

« Ces journées (en prison) sont un voyage vers une nouvelle liberté et une lente transformation de l'être et de l'identité : une invitation à entrer dans le plus authentique de soi-même, à suivre le chemin de la prière et le témoignage de la non-violence, où que cela puisse mener. »

Citons aussi, parmi tant d’autres qui payent de leur personne pour défendre la dignité de l’homme aux États-Unis, Roy Bourgeois et Jerry Zawada, franciscains, John Coleman, William Bichsel et John Dear, jésuites (voir diapo), Betsy Lamb, Mary Burton Riseley.

Photo : Stephen (Steve) Kelly sj

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Bernard Quelquejeu

Né en 1932, Français, polytechnicien, dominicain, docteur en philosophie, directeur de la Revue des Sciences philosophiques et théologiques de 1968 à 2001, professeur d’anthropologie et d’éthique philosophique à la Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris de 1970 à 1997. Membre du Comité d’orientation de la revue Alternatives non-violentes et d’un groupe de travail sur le "dialogue interconvictionnel" au Conseil de l’Europe.

« La non-violence, comme logique de luttes contre l’injustice et la domination, a essaimé au XX° siècle un peu partout dans le monde. Pourquoi demeure-t-elle si peu connue et si peu pratiquée en France, alors qu’elle est la seule forme de luttes qui cherche à conjoindre l’aspiration morale avec l’efficacité à long terme ? Sans doute n’a-t-on pas assez éclairé les liens intimes unissant la non-violence avec les grands thèmes de notre tradition occidentale : le langage, le travail, la famille, le lien social, le pouvoir, la dignité humaine, la reconnaissance mutuelle. »

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Guy et Marizette Tarlier

G.T. : (1932-1992), Français, lieutenant, planteur de café en Afrique, puis paysan sur le Larzac après 1965. Appelé parfois « le préfet du Larzac », considéré comme le leader des 103 paysans pendant la lutte contre l’extension du camp militaire de 1970 à 1981.

Écrit en 1970 une brochure montrant la vitalité de l’agriculture sur le plateau, emmène des brebis sur le Champ de Mars en 1972, renvoie son livret militaire en 1973, protège F. Mitterrand contre les gauchistes en 1974.

Son épouse Marizette passe 15 jours en prison après leur participation à l’enlèvement de documents dans l’antenne Génie-Domaine en juin 1976. Marche sur Paris en novembre 1978.

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Guy et Marizette Tarlier et les paysans du Larzac

« Nous avons développé des "retours de solidarité"avec la Nouvelle-Calédonie, La Polynésie, la Palestine, les paysans sans terre d’Amérique latine. Nous n’avons jamais cessé de nous intéresser au monde qui nous entoure. (…) En tant qu’altermondialiste, je lutte contre les OGM, l’OMC, la malbouffe. Il est très important que nous restions en phase avec le mouvement social et les peuples du Sud »

Marizette Tarlier, 08.08.2003

Il faudrait présenter aussi Jean-Marie et Jeannine Burguière, Pierre et Christiane Burguière, Léon Maillé, Robert et Odile Gastal, Auguste Giraud, Christian Roqueirol, et tous les autres…

Photos : Christiane et Pierre Burguière, Léon Maillé, Christian Roqueirol

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Michael Randle

Né en 1933. Militant et chercheur britannique. Objecteur de conscience en 1951.

Engagé dans les combats non-violents contre l’arme nucléaire en Grande-Bretagne et à l’étranger. Secrétaire du Comité des Cent, fondé en 1960 en vue du désarmement nucléaire, membre du Conseil de War Résisters International,coordinateur de 1980 à 1987 de l’Alternative Defence Commission (ADC). Chercheur honoraire invité au département de Peace Studies de l’Université de Bradford.

« Pour être efficace moralement et psychologiquement, une résistance civile nécessite une distinction claire entre combattants armés et combattants non-violents. C’est pour cette raison que le rapport de l’ADC n’a pas retenu l’idée de combiner la défense civile et la guérilla.»

The politics of alternative

defence

Michael Randle

Paladin - 1987

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Stanley Milgram

(1933-1984). Psycho-sociologue états-unien. Mène de 1960 à 1963 des expériences sur la soumission à l’autorité en montrant qu’un homme ordinaire peut infliger des sévices graves ou mortels à un innocent simplement parce qu’il n’ose pas désobéir à une instruction de l’autorité scientifique.

« Des gens ordinaires, dépourvus de toute hostilité, peuvent, en s’acquittant simplement de leur tâche, devenir les agents d’un atroce processus de destruction. Même lorsqu’il ne leur est plus possible d’ignorer les effets funestes de leurs activités professionnelles, si l’autorité leur demande d’agir à l’encontre des normes fondamen-tales de la morale, rares sont ceux qui possèdent les ressources nécessaires pour lui résister. »

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Bill Moyer

(1933-2002), ingénieur puis travailleur social, militant états-unien engagé pendant 40 ans dans les mouvements non-violents pour les droits civiques, la paix et l'environnement.

Développe dans les années 1970 un modèle stratégique, le Movement Action Plan (MAP), qui utilise des études de cas de mouvements sociaux réussis pour illustrer huit étapes distinctes de la progression. Le MAP aide les militants à choisir les tactiques et stratégies le plus efficaces au fur et à mesure de la progression de l’action.

1) Identification du problème. 2) Analyse de l’échec des voies d’action habituelles. 3) Maturation de la situation. 4) Démarrage de l’action. 5) Analyse des succès et des échecs. 6) Conquête du soutien de l’opinion publique. 7) Atteinte des objectifs. 8) Analyse du résultat et choix des objectifs futurs.

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Marshall Rosenberg

(1934-2015). Docteur en psychologie clinique états-unien. A développé depuis les années 1980 un processus de « communication non-violente », et enseigne cette méthode à travers le monde. Dirige le Center for NonViolent Communication.

La méthode aide les personnes à résoudre les conflits dans la non-violence. Elle apprend à chacun à dire : 1) à quoi je réagis dans le comportement de l’autre, 2) ce que je ressens, 3) mes besoins non satisfaits, 4) ce que j’aimerais que l’autre fasse.

« Manifester de l’empathie et de la générosité est sans doute la plus gratifiante des activités humaines »

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Pierre Dufour

Né en 1934, Français, ingénieur mécanicien de l'École de l'Air. Après 16 années dans l'armée, la quitte car opposé à la dissuasion nucléaire. 5 ans professeur à Ouagadougou, 19 ans dans l'industrie et la recherche. Membre du MAN, un des 3 fondateurs de Balkan Peace Team France (organisation de missions d'intervention civile de paix).

Accomplit, entre 1992 et 2003, 15 missions dans les Balkans, en particulier au Kosovo. Vérificateur du cessez le feu d'octobre 1998 avec l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).

En 2012, membre du groupe de pilotage de la campagne du MAN pour un désarmement nucléaire unilatéral de la France.

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Solange Fernex

(1934-2006), militante écologiste et non-violente française et alsacienne. Fonde, avec Antoine Waechter, le premier parti écologiste d'Europe, Ecologie et Survie, en 1979. Tête de liste Europe Écologie aux premières élections européennes en 1979.

Jeûne 38 jours à Taverny pour le désarmement nucléaire mondial en 1983. Cofondatrice en 2001 de l'association Enfants de Tchernobyl Bélarus. Députée européenne de 1989 à 1995. Présidente de la section française de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF).

« Cela va trop lentement, mais cela avance. Comme mon compatriote Albert Schweitzer, je suis pessimiste dans le diagnostic, optimiste dans le pronostic. Ce qui compte, c’est l’action, l’engagement »

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Rajmohan Gandhi

Né en 1935, Indien, petit-fils, disciple et biographe du Mahatma Gandhi, enseignant aux États-Unis. Artisan en Inde du développement du mouvement du Réarmement moral *. Crée à Panchgani un centre de rencontres et y fait témoigner les artisans français et allemands de la réconcilation devant des Indiens et Pakistainais. Jeûne à plusieurs reprises contre haines entre Hindous et Musulmans.

Emprisonné pour avoir refusé les méthodes autoritaires de gouvernement de Mme Indira Gandhi, fille de Nehru. Se présente aux élections contre Rajiv Gandhi, fils d’Indira, sillonne le pays à pied, rencontre les Intouchables.

Refait en 1988 avec 92 compagnons le trajet de la marche du sel pour répondre par la non-violence aux conflits du Pundjab et du Bengale.

* Ce mouvement créé en 1946 à Caux, en Suisse, par le théologien protestant Franck Buchman, est un réseau de rencontres au service du rapprochement des peuples

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Jacques Gaillot

Né en 1935, Français, prêtre de l’Église catholique romaine. Confronté à la violence de la guerre pendant son service militaire en Algérie, commence à s'intéresser à la non-violence.

Évêque du diocèse d'Évreux en 1982, en est déchargé en janvier 1995 par Jean-Paul II en raison de l'expression de ses positions politiques, notamment contre l'arme nucléaire et pour la défense des minorités, considérée par ses pairs comme allant au-delà de la réserve demandée aux membres du clergé.

Nommé évêque du diocèse virtuel de Partenia, reste engagé dans maintes luttes sociales, morales ou politiques, notamment au moyen de son site Internet.

«La voie de l’espérance passe par la non-violence. La non-violence n’est pas la non-résistance. La non-violence, c’est ne pas se résigner, c’est se battre ».

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Tenzin Gyatso, 14ème Dalaï Lama

Né en 1935, Tibétain, chef spirituel bouddhiste du Tibet. Pour fuir les persécutions et massacres perpétrés par les Chinoise, est réfugié depuis 1959 en Inde, à Dharamsala, avec 100 000 compatriotes. Entretient la culture tibétaine et la volonté de résistance par l’écrit, les voyages, les conférences à travers le monde, en faisant appel à la conscience des Chinois et à l’opinion internationale.

En 1987, a proposé un plan de paix en 5 points établissant le Tibet comme zone de paix entre l’Inde et la Chine. Prix Nobel de la paix en 1989.

« Je crois fermement à la valeur de la non-violence. La dictature de Marcos aux Philippines, de Pinochet au Chili, à Moscou, toutes sont tombées par la non-violence. L’escalade de la violence ne résout rien, elle provoque des contre-violences. »

« L’esprit est comme un parachute : il fonctionne mieux quand il est ouvert ! »

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Tenzin Gyatso, 14ème Dalaï Lama

« Nos armes sont le courage, la justice et la vérité .»

« Le Tibet sera libre seulement si son peuple devient fort. Or la haine n’est pas une force. (…) Comment haïr des gens qui ne savent pas ce qu’ils font ? Comment haïr les millions de Chinois endoctrinés par leurs dirigeants ? Et comment haïr ces dirigeants, eux-mêmes persécutés autrefois ? (…) Les bourreaux sont aussi des êtes humains. On doit condamner leurs actes, mais accueillir leurs souffrances et les regarder comme de frères et sœurs. »

« Les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont créés par l’homme, qu’il s’agisse de conflits armés, de la destruction de l’environnement, de la pauvreté ou de la faim. Nous devons cultiver les uns envers les autres une responsabilité universelle et l’étendre à la planète que nous avons reçue en partage. »

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Jean-Baptiste Libouban

Né en 1935, Français d’origine bretonne, membre des Communautés de l'Arche (de Lanza del Vasto), dont il est le principal responsable de 1990 à 2004. Participe à plusieurs actions non-violentes, contre la fabrication de la première bombe atomique française sur le site de Marcoule, contre l'extension du camp militaire du Larzac, aux côtés des Kanaks en Nouvelle-Calédonie, contre les deux guerres du Golfe, contre la guerre en ex-Yougoslavie et en Irak, pour la défense de l’environnement et la justice sociale.

Initiateur du mouvement des "faucheurs volontaires" de plants OGM en plein champ pour susciter un vrai débat public.

« La fin de cette longue marche en nous-même arrive quand, de cette gangue de questions, sort la certitude de la vérité de l’action à engager. Quand s’affirme en nous la détermination à mener la lutte non-violente. Cette force de l’indignation se transforme en action citoyenne constructive.»

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Lillian Rosengarten

Née en 1935 à Frankfurt, États-unienne. Ses parents, Juifs allemands, fuient le nazisme et émigrent aux États-Unis. Psychothérapeute dans la vallée de l’Hudson, écrivain, poète, pratiquante bouddhiste.

Militante pour les droits des Palestiniens, dénonce l’occupation des terres et le nettoyage ethnique, menés par l’État d’Israël qui se déclare propriétaire des terres en invoquant des versets de l’Ancien Testament.

En septembre 2010, membre de l’équipage du catamaran Irene(sous pavillon britannique) qui proteste contre le blocus maritime de la bande de Gaza, capturé dans les eaux internationales par la marine israélienne.

« Israël est maintenant de plus en plus isolé et ne peut survivre s’il continue dans cette voie de la paranoïa et du racisme. »

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Vaclav Havel

(1936-2011). Auteur dramatique et homme politique tchèque. Opposant au régime communiste, principal théoricien et animateur du mouvement non-violent de la Charte 77, membre du VONS, Comité de défense des personnes injustement emprisonnées. Condamné à plusieurs reprises pour délit d’opinion, passe 4 années en prison entre 1977 et 1989.

En 1989, placé par la foule à la tête du Forum civique, devient leader de la Révolution de velours, sort de prison pour être élu à la présidence de la République tchécoslovaque.

Démissionne de ses fonctions en 1992. Se rallie à la guerre d’Irak et soutient en 2008 le projet le bouclier antimissiles américain en Tchéquie.

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Vaclav Havel

« Ce qui est décisif n’est pas qu’il y ait une personne qui parle ou mille. Ce qui est important, c’est si nous avons raison. Cette force particulière de la vérité, nous en témoignons individuellement face au pouvoir anonyme. (…)Cette force échappe à la manipulation politique et à la technologie du pouvoir. »

« La création de cette civilisation multiculturelle, la mise en place de rapports fondés sur le respect mutuel et la tolérance envers des cultures différentes, la création enfin d’une nouvelle responsabilité humaine qui seule pourra sauver notre monde menacé trouveront toujours dans l’œuvre de Gandhi une des sources nourricières de leur élan vital. »

« Avoir l’espoir, ce n’est pas croire que les choses vont se passer bien, c’est penser qu’elles auront un sens. »

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Vaclav Havel

« Il me semble que nous avons tous une tâche fondamentale à remplir, une tâche dont tout le reste découlerait. Cette tâche consiste à faire front à l'automatisme irrationnel du pouvoir anonyme, impersonnel et inhumain des idéologies, des systèmes, des appareils, des bureaucraties, des langues artificielles et des slogans politiques, à résister à chaque pas et partout, avec vigilance, prudence et attention, mais aussi avec un engagement total ; à nous défendre des pressions complexes et aliénantes qu'exerce ce pouvoir, qu'elles prennent la forme de la consommation, de la publicité, de la répression, de la technique ou d'un langage vidé de son sens ; (…) à ne pas avoir honte d'être capable d'amour, d'amitié, de solidarité, de compassion et de tolérance, mais au contraire à rappeler de leur exil dans le domaine privé ces dimensions fondamentales de notre humanité et à les accueillir comme les seuls vrais points de départ d'une communauté humaine qui aurait un sens. »

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Natalya Gorbarnevskaïa

Russe née en 1936, diplômée de l'Université de Leningrad, bibliothécaire, bibliographe, traductrice technique et scientifique et de littérature polonaise, poète. Édite en avril 1968 avec Liudmila Alexeïeva un samizdat contre la dictature, la Chronique des évènements actuels.

Le 25 août 1968, avec 7 autres personnes, Konstantin Babitsky, Tatiana Baeva, Larissa Bogoraz, Vadim Delauney, Vladimir Dremlyuga, Viktor Fainberg et Pavel Litvinov, manifeste avec son bébé sur la Place Rouge à Moscou contre l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’armée soviétique. Le sit-in débute à midi et ne dure que 4 minutes, juste le temps pour les participants de brandir le drapeau tchèque et plusieurs banderoles. Le retentissement de l’action est immense.

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Natalya Gorbanevskaïa et les manifestants de la Place Rouge le 25 août 1968

6 manifestants sont condamnés à des peines d’empri-sonnement et d’exil allant de 2 ans et ½ à 5 ans. Viktor Fainberg est envoyé en hôpital psychiatrique à Leningrad.

N. Gorbanevskaïa échappe au jugement à cause de ses deux enfants en bas âge. Elle est finalement accusée un an plus tard ; cette période lui permet de témoigner et de poursuivre le combat de ses amis, notamment en écrivant le dossier de la manifestation, diffusé clandestinement en URSS et édité en Occident dès 1969.

Internée de décembre 1969 à février 1972 dans une prison psychiatrique à Kazan. Vit à Paris à partir de 1976, acquiert la nationalité polonaise en 2005.

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Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné

(1936-1989), homme politique néo-calédonien kanak, fondateur en septembre 1984 du parti indépendantiste FNLKS (Front National de Libération Kanak et Socialiste). Fait le choix de la non-violence et fait appel aux paysans et formateurs du Larzac. Appelle à l’apaisement en décembre 1984, lors que ses 2 frères et 8 autres membres de sa tribu sont tués par des Caldoches*, et en 1988 après le massacre d’Ouvéa.

Signe en juin 1988, avec Jacques Lafleur et le Premier ministre Michel Rocard, les accords de Matignon, qui prévoient un référendum sur l'autodétermination après dix ans et ramènent la paix après quatre années de quasi-guerre civile.

Assassiné en mai 1989, comme son bras droit Yeiwéné Yeiwéné (“YéYé", né en 1945), par un kanak indépendantiste partisan de la lutte armée.

* Néo-Calédoniens d’origine européenne

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Gabriel Maire

(1936-1989). Français, ordonné prêtre en 1963, exerce son ministère dans le Jura, part en mission au Brésil, en 1980, dans une paroisse de la banlieue de Vitoria. Combat les inégalités sociales et la corruption, la torture et l'impunité, réclame le droit à l'emploi et à l'éducation. Pousse des sans-terre à occuper un terrain convoité par un requin de l'immobilier. Défie la mafia du crime à la télévision locale le 21 décembre 1989. Le surlendemain, est tué d’une balle en plein cœur dans sa voiture.

« Ce qui est important, ce n’est pas le nombre de personnes, c’est la conscience de ces personnes qui peuvent transformer leur milieu de vie (…). La Bible, c’est vraiment de la dynamite si on veut y être fidèle. Une Église qui ne connaît pas la persécution n’est plus prophétique. (…) Je préfère une mort qui conduit à la vie, à une vie qui conduit à la mort »

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Jean Marichez

Français né en 1936, ingénieur ICAM, retraité ex-cadre dans une entreprise de construction électrique, membre du CA de l’École de la Paix de Grenoble. Auteur d’études, articles et conférences concernant les stratégies civiles de lutte contre l'oppression, traducteur de 5 livres de Gene Sharp. Traite aussi des croyances religieuses comme causes de guerre.

Suivant le fil de La guerre civilisée de Gene Sharp, J. Marichez et Xavier Olagne, dans La Guerre par action civile, démontent les barrières qui rendent difficile la communication sur le sujet et montrent sous quelles conditions elle est possible. Ils font des propositions concrètes aux responsables de notre défense française et européenne. Le livre s'adresse aussi à tous ceux qui s'intéressent à l'évolution concrète des processus de défense et au développement de la citoyenneté.

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Jean Van Lierde

(1937-2006). Militant et journaliste belge d’inspiration socialiste et chrétienne. Ancien dirigeant de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Objecteur de conscience en 1949 : 18 mois en prison, puis 6 mois dans les mines. Après 4 séjours en prison, obtient un statut des objecteurs de conscience en Belgique en 1964. Ami de Mehdi Ben Barka et de Patrice Lumumba, soutient les luttes anticoloniales au Maghreb et au Zaïre.

Président de la branche belge du Mouvement International de la Réconciliation (MIR), secrétaire général des centres de recherche CRISP et CEDAF, auteur de livres et articles sur l’action et la défense non-violentes.

« La non-violence peut gérer les sociétés. Cela impliqueque cette manière de gérer les conflits soit au programmedes centres d’enseignement et de recherche. »

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Theodor Ebert

Né en 1937, Allemand, professeur à l’Otto Suhr Institut de l’Université libre de Berlin. A fondé la revue Gewalfreie Aktion et la Fédération pour le défense sociale. Auteur de plusieurs ouvrages sur la résistance civile, la « défense sociale non-violente », la désobéissance civile. Expert des Grünen (Les Verts) en matière de défense alternative.

« L’effet d’avertissement d’une défense civile repose sur la crédibilité de la non-coopération à tous les niveaux du processus démocratique. Il importe de s’assurer qu’une non-coopération totale dure assez longtemps pour permettre aux pressions étrangères sur l’envahisseur de se développer »

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Naïm Ateek

Né en 1937, Palestinien, Pasteur de l’Église anglicane,fondateur du Sabeel Ecumenical Liberation Theology Center à Jérusalem. (Sabeel : "sentier, chemin", mais aussi "ruisseau"). Articule la théologie de la libération avec la situation de la Palestine occupée, dénonce l’occupation, la violence, la discrimination, les violations des droits humains : mur de séparation, colonies illégales, checkpoints, confiscation et démolition de maisons, camps de réfugiés, dégradation de l’environnement. Lutte pour la justice dans une visée de réconciliation.

Sabeel organise des formations pour les jeunes, les femmes, des voyages sur les lieux saints, une vague de prière chaque semaine le jeudi, édite la revue Cornerstone ("Pierre d’angle"), a des relais dans le monde entier (Europe, Scandinavie, États- Unis, Canada, Australie)

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Olivier Maurel

Français né en 1937, agrégé de Lettres, ex-professeur à Toulon. Coordonne en 1975 la rédaction de l’opuscule Armée ou défense civile non-violente.

Auteur de plusieurs livres sur la non-violence, le commerce des armes, la maltraitance des enfants et particulièrement la violence éducative, comme la fessée. A fondé l'Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire (OVEO) qui dénonce et décrit toutes les formes de violences contenues dans l'éducation encore couramment utilisées dans le monde, comme dans les comptines pour enfants.

« Toutes les populations s'étant livrées à des génocides ont reçu une éducation basée sur la discipline, la punition, l'obéis-sance aveugle. D'autre part, les individus ayant refusé de collaborer au déploiement du mal extrême, ayant préservé leur compassion (les "Justes" par exemple), ont vécu, petits, dans la tendresse et le respect de leur entourage ».

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Christian de Chergé

(1937-1996). Religieux français. Pendant la guerre d’Algérie, est protégé de la mort par un garde champêtre algérien père de 10 enfants, Mohamed, retrouvé assassiné le lendemain.

Religieux cistercien trappiste, arrive en 1971 au monastère Notre Dame de l’Atlas à Tibhirine, dont il devient prieur en 1984. Parle arabe, a une connaissance approfondie et une grande estime pour l’islam et la culture arabe.

En 1979, fonde avec Claude Rault, Père Blanc devenu évêque du Sahara, le groupe Ribât-el-Salâm ("Le lien de la paix"), qui échange sur la tradition et la spiritualité musulmanes. A un dialogue intense en 1982 avec Jacques et Simone de Bollardière en visite à Tibhirine.

Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, une vingtaine d’hommes armés enlèvent sept moines du monastère.

Photo du bas : Claude Rault, évêque de Laghouat ../..

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Christian de Chergé et les moines de Tibhirine

Un message du Groupement Islamique Armé (GIA) annonce qu’ils ont été égorgés le 21 mai 1996. Leurs têtes sont retrouvées le 30 mai.

« Dans la Passion de Jésus, il nous faut bien reconnaître le témoignage, le "martyre" de la non-violence. »

« S’il m’arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd’hui - d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays. (...) Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu faisais, oui, pour toi aussi je le veux, ce Merci, et cet A-Dieu envisagé pour toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. »

Page 48: Histoire et figures de la non-violence : de 1930 à 1938

Michael Nagler

Né en 1937, universitaire américain et militant de la paix états-unien, ex-professeur de littérature, ex-président du Peace And Conflict Studies Program à l’Université de Californie (Berkeley). Président du Blue Montain Center of Meditation.

Membre du conseil consultatif de la Faculty for Israeli-Palestinian Peace-USA, réseau de professeurs et d’étudiants palestiniens, israéliens et internationaux, travaillant pour la fin de l'occupation des territoires palestiniens par Israël et pour une paix dans la justice.

Fondateur et président du Metta Center for Nonviolence, dont la mission est de "promouvoir la tradition de la non-violence que Gandhi a donnée au monde, à travers des projets innovants, l'éducation et la mise en pratique de ses principes".

Page 49: Histoire et figures de la non-violence : de 1930 à 1938

Antonino Drago

Italien né en 1938, chercheur et militant non-violent à Naples dans les quartiers déshérités. Enseigne l'histoire de la physique à l'Université Federico II de Naples, puis professeur adjoint en stratégies populaires et non-violentes de défense à Pise et en histoire et techniques de la non-violence à Florence. Premier président (2004-2005) du Comitato di consulenza per la difesa civile non armata e nonviolenta (Comité consultatif pour la défense civile non-violente), établi au Bureau national de la fonction publique. Fondateur de l’Institut italien de recherche sur la paix.

« En 1985, la Cour constitutionnelle a considéré que la défense de la patrie pouvait être accomplie avec les armes ou de manière non-violente.(…) En 1992 a été ouverte une école régionale en Campanie et une formation nationale spécifique sur la défense civile non-violente à Florence. La dernière formation a été financée par la campagne des objecteurs fiscaux, mais aussi par la région Toscane et d’autres organismes ».

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Pierre Claverie

(1938-1996), Français né en Algérie, prêtre dominicain, évêque catholique d'Oran après 1981. Parle l'arabe, excellent connaisseur de l'Islam. Pendant la guerre civile à partir de 1992, se considère comme un Algérien et refuse d'abandonner un peuple auquel son destin est indissolublement lié.

En janvier 1992, échange longuement avec Jean-Marie Muller et veut l’inviter en Algérie pour parler de non-violence.Le 1er août 1996, est assassiné par une bombe, ainsi que son chauffeur Mohamed. J.-M. Muller apprendra par la suite que Pierre Claverie avait effectivement programmé sa visite.

« La coexistence implique une connaissance vraie, objective et exigeante. Mais elle est aussi un rapport de force qu’il faut sans cesse négocier sous peine de le voir dégénérer en oppression, en exclusion et en violence.(…) On ne possède pas la vérité, et j’ai besoin de la vérité des autres. » ■