Histoire de la Jamésie
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Transcript of Histoire de la Jamésie
Survo l du déve loppement des v i l les jamés iennes
Histoire Jamésiede la6
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Rédac t ion :Ré jean Gi rard
Co l labora teurs : Domin ique Bé langerPh i l ippe Bo iv in Frédér ic For t ierJean-Rober t GagnonRichard Lec lercMar ie - Josée Rac ico tS téphanie R . Canue lAr iane Sansoucy-Brou i l le t te
Rév i s ion : Genev iève Morasse
e t Les A id ’ I spensables
RemerciementsL ’équ ipe de product ion t ien t à remerc iertou t spéc ia lement la Soc ié té d ’h i s to i re rég iona le de Ch ibougamau e t la Soc ié téd’histoire de Matagami pour leur expertiseet leur précieuse collaboration au cours dela réalisation de ce projet.
L is te des serv ices d ’arch ives :
Arch ives de la V i l le de Ch ibougamauArch ives de la V i l le de Lebe l - sur - Quév i l lonArch ives d ’Hydro-QuébecAssoc ia t ion chasse e t pêche de Ch ibougamauBib l io thèque e t Arch ives nat iona les du QuébecChant iers Ch ibougamau l téeCorporat ion Archéo-08France La jo ieFrédér ic For t ierHydro-QuébecLoca l i té de Va lcantonMouvement Jeunesse Ba ie - JamesMunic ipa l i té de Ba ie - JamesP lace aux jeunes de la Jamés ieRessources nature l les CanadaSoc ié té d ’énerg ie de la Ba ie - JamesSoc ié té d ’h i s to i re d ’AmosSoc ié té d ’h i s to i re de MatagamiSoc ié té d ’h i s to i re rég iona le de Ch ibougamauSy lva in RobergeTour i sme Ba ie - James
© 2012 Mouvement Jeunesse Ba ie - James . Tous dro i t s réservésI SBN 978-2-9812944-0-1Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2012
L a r é a l i s a t i o n d e c e p r o j e t a é t é r e n d u e p o s s i b l e g r â c e à l a c o l l a b o r a t i o n d e :
24 La consécration d’une région : Un casse-tête à assembler.Citoyens, aux urnes!. La naissance de la région du Nord-du-Québec. La régionalisation des services publics
29 L’identité d’une région : Une communauté créative et active. Les manifestations culturelles. Les loisirs au cœur des communautés. Les attraits touristiques de chez nous
34 L’avenir d’une région : Relève à l’horizon!
35 Bibliographie
Références : Numérotation dans le texte
3 À la rencontre d’une région :Bienvenue en Jamésie, la région de la démesure!
6 L’exploration d’une région : Des gens et des ressources. Une région riche et convoitée. Le secteur minier,
là où tout a commencé…. L’essor de l’industrie forestière. Le lancement de la production hydroélectrique
16 L’édification d’une région : L’avènement des transports. La densification du réseau routier . L’arrivée du chemin de fer . La Jamésie à vol d’oiseau
18 L’affirmation d’une région : Les racines sociales de la Jamésie. L’apparition des médias de communication. Autre technologie .Une population grandissante,
en santé et éduquée . La religion, source de rassemblement
Table desmatières
1- Canot en eau calme. Sylvain Roberge. 2- La mine Campbell en 1959. Société d’histoire régionale de Chibougamau. 3- Pont couvert Maurice-Duplessis à Beaucanton. Société d’histoire régionale de Chibougamau. 4- Motoneige. Société d’histoire régionale de Chibougamau. 5- Usine de Chantiers Chibougamau. Chantiers Chibougamau. 6- Premier atterrissage à l’aéroport de Matagami. Société d’histoire de Matagami.
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1
LaJamésie
MontréalQuébec
RADISSON
Caniapiscau
TERRITOIRE DE LABAIE-JAMES
La Sarre
Amos
Rouyn-Noranda
Val-D’Or
Saint-Félicien
Waswanipi
Oujé-Bougoumou
Mistissini
167
VILLEBOIS
VAL-PARADIS(Valcanton)
LEBEL-SUR-QUÉVILLON
MATAGAMI
CHAPAISCHIBOUGAMAU
BEAUCANTON (Valcanton)
DesmaraisvilleMiquelon
Chisasibi
Wemindji
Eastmain
Waskaganish Nemaska
Route dela Baie-James
Route du Nord
Route Transtaïga
109113
111
117
1055
Carte de la Jamésie. Céline Côté.
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À la rencontre d’une région
Bienvenue en Jamésie , la région de la démesure !
La Jamésie est si tuée dans la région administrative
du Nord-du-Québec, entre le 49e et le 55e parallèle.
Cela représente un terr i toire immense couvrant
350 000 km2, soi t l ’équivalent de la superf ic ie de
l ’Al lemagne ! Sur le plan pol i t ique, la Jamésie est
comprise dans la circonscription électorale d’Ungava
et est habitée par deux communautés qui se côtoient
formellement depuis les années 1950 : les Québécois
et les Cris.
D’entrée de jeu, i l importe de préciser que la
Jamésie est exposée à un climat de type subarctique.
I l se situe entre le cl imat continental humide au sud
et le cl imat arctique au nord. Les étés y sont moins
chauds et les hivers plus rigoureux et plus longs que
dans les régions soumises au c l imat cont inental
humide, mais la Jamésie jouit aussi de journées de
canicule tout comme Montréal et Québec !
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Villes
Beaucanton - Val -Parad is - Vi l lebo is -18 ,8 16 ,3
Chapa is - Chibougamau -18 ,2 16 ,9
Lebe l - sur - Quév i l lon -17 ,7 17 ,1
Matagami -20 16 ,1
Rad isson -23 ,2 13 ,7
Kuuj juaq -24 ,3 11,5
Montréa l -8 ,9 22 ,1
Québec -12 ,4 19 ,1
Moyennes des températures ( oC)
JANVI ER JU I LLET
Source : Environnement Canada, 2010. Couvert forestier automnal. Sylvain Roberge.
Route des vents sur le lac Mistissini. Escapade Boréale.
Jamésie et qualité de la vie ...
4
L a J amé s i e e s t é g a l emen t p e r ç u e c omme un
territoire isolé en raison de sa grande superficie, de
sa faible démographie ainsi que des importantes
distances qui séparent les villes jamésiennes entre
e l les , mais éga lement des rég ions l imi t rophes ,
s o i l e S a gu en a y – L a c - S a i n t - J e a n e t l ’ A b i t i b i -
Témiscamingue. Par exemple, il faut parcourir 370 km
entre Chibougamau et Matagami en passant par la
route 113 et le chemin forestier R-1005, 183 km entre
Matagami et Amos par la route 109 et 240 km entre
Chibougamau et Saint -Fél ic ien en empruntant la
route 1671.
Pa r con t re , l e s ré s iden t s de l a J amés ie vous
con f i e ron t que f ranch i r ces longues d i s t ances
occasionnellement est une réalité plus accommo dante
que d‘être pris tous les matins dans les bouchons
de c i r cu la t ion ! Dans l a v ie de tous l es jours , l e s
Jamésiens profitent d’une qualité de vie remarquable
qu i e s t ba sée , en t r e au t r e s , su r l a p rox im i t é de s
s e r v i c e s d a n s l e u r s mun i c i p a l i t é s r e s p e c t i v e s .
Vo i l à p ou r quo i , c omp t e t e n u d e s moy en s d e
c ommun i c a t i o n a c t u e l s , i l s e r a i t p l u s j u s t e d e
pa r l e r d ’ é l o i gnemen t que d ’ i s o l emen t .
Rose des distances à Radisson. France Lajoie.
En 2009, la populat ion jamésienne étai t est imée à 14 654 habitants2 , répart ie dans cinq municipal i tésmajoritairement concentrées dans la portion sud duterritoire. D’ouest en est, nous trouvons Matagami,Lebel-sur-Quévi l lon, Chapais , Chibougamau et laMun i c ipa l i t é de Ba ie - James (MBJ ) qu i r eg roupeles local i tés de Beaucanton, Radisson, Val-Paradis e t V i l l e b o i s , l e s h a m e a u x d e M i q u e l o n e tDesmara isv i l le , a ins i que l ’ensemble des ter respubliques. Par ail leurs en 2009, 15 272 Cris3 étaienté tab l i s dans neuf v i l lages .
Ce l i v re t brosse un tab leau succ inc t de la Jamés ieac tue l l e qu i , ma lg ré sa j eunesse en t an t que rég ion , es t néanmoins chargée d ’h i s to i re .
Ce document présente un survol du dévelop pementdes vil les jamésiennes qui ont d’abord été marquéespar l ’ e xp lo i t a t ion des r i chesses na tu re l l e s , pu i s conso l idées par l a vo lon té d ’é tab l i s sement e t l e dynamisme de leur popula t ion . Voic i la vraie histoire de la Jamésie, cette vaste région, au passé,formée à même les découvertes, au présent, fondéesur des valeurs communautaires et à l ’avenir, édifiéesous le signe du développement durable.
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Saviez-vous que?La Municipalité de Baie-James
est la plus vaste municipalité au monde!
La porte de la Baie-James lors du 75e anniversaire de Villebois. Localité de Villebois.
L’exploration d’une régionDes gens et des ressources
d’Hudson en 1671, témoignent du fait que la région
de Chibougamau est un axe de circulation et d’échanges4.
À cette même époque, Matagami, «lieu de rencontre
des eaux»5 en langue crie, est également un endroit
stratégique pour les échanges. Point de confluence des
rivières Bell, Allard et Waswanipi, le lac Matagami est un
emplacement prisé par les Cris pour la traite des fourrures
et plus tard, au début du XXe siècle, pour la pêche
commerciale par la Nottaway Fisheries Company, devenue
Quebec Fisheries Ltd en 1930. Ainsi, les Cris, les Européens
puis les Québécois ont été en mesure de s’adapter à un
territoire qui, à première vue, pouvait sembler aussi
hostile que prometteur.
Une région riche et convoitée
La Jamésie est un territoire habité depuis longtemps
par les Cris puis convoité pour ses ressources naturelles
depuis l ’arrivée des Européens. Au XVI Ie siècle, de
nombreux commerçants, explorateurs et coureurs des
bois fréquentent la région qui est traversée par la
route des fourrures, la voie maritime reliant le lac
Saint-Jean à la baie James. D’ailleurs, Chibougamau
signifie «lieu de rencontre» en langue autochtone.
Les récits des missionnaires européens, tels que ceux
du père Charles Albanel qui a voyagé jusqu’à la baie
6Expédition du géologue Albert Peter Low au lac Chibougamau en 1892. Ressources naturelles Canada.
par t i cu l i è rement v ra ie pour l e cu i v re , t r è s p r i sé
pour l ’armement (contexte de la guerre f ro ide) et
pou r d i f f é r en t s ma t é r i au x u t i l i s é s dan s l a v i e
quo t i d i enne ( f i l s de cu i v r e pou r l ’ é l e c t r i c i t é ,
tuyaux pour les infrastructures, etc .) . Cette époque
marque donc une vé r i t ab le ruée ve r s l e cu i v re !
En 1955, la mine principale de la compagnie Campbell
commence sa product ion. Cinq ans plus tard, la
compagnie minière Pat ino invest i t 16 mil l ions de
dollars pour exploiter la mine Copper Rand, toujours
à Chibougamau. Ainsi, au début des années 1960, on
compte déjà 800 travail leurs dans le secteur minier
et la population de Chibougamau avoisine les 5000
personnes.
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Le géologue Joseph Obalski. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Le géologue Robert Bell. Ressources naturelles Canada.
Le secteur minier, là où tout a commencé…
Les premières v i l les de la Jamésie sont fondées
dans les années 1950 en raison de la présence
des ressources minérales. Le potent iel géologique
est connu depuis la f in du XIXe s iècle, à la sui te
des rapports respect i fs des explorateurs James
Richardson (1857), Robert Bel l (1895) et Joseph
Obalski (1906).
Cependant , en raison des conclusions négat ives
de la Commission minière de Chibougamau (1910),
d u c o n t e x t e h i s t o r i q u e e n t o u r a n t l a G r a nd e
Dépress ion (années 1930) e t des deux guer res
mondiales (1914-1918 et 1939-1945), l ’exploi tat ion
es t re tardée durant p lus ieurs décennies .
F inalement, Chibougamau, première vi l le créée en
Jamésie, voi t le jour en 1954. Cet essor s ’expl ique
par le véritable engouement pour les métaux qui a
suivi la Seconde Guerre mondiale. Cette situation est
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f in des années 1950, Opémiska procède à des
travaux d’expansion af in d’augmenter sa capaci té
de tonnage en 1958 et entreprend de creuser un
second puits qui est opérationnel dès 1959.
À Matagami, ce sont les travaux du géologue Robert
Bel l en 1895 qui lancent une ruée vers le diamant,
laquelle culmine dans les années 1930, sans résultats
probants . I l fau t a t tendre jusqu ’en 1963 avant de
voir la première compagnie minière, la Mattagami
Lake Mines, s’établir sur les rives du lac Matagami;
la ville de Matagami est fondée. Dans la même lancée,
la mine New Hosco8 et Orchan entrent en act iv i té .
En 1966, grâce à une croissance économique rapide,
on dénombre déjà plus de 3000 résidents. Dans la
décennie 1970-1980, Minéraux Noranda acquiert
les propriétés de ces camps miniers en créant la
division Matagami.
Durant cette même période, soit en 1955, Chapais,
nommé en l ’honneur du pol i t ic ien et écr ivain
Thomas Chapais , est fondé en tant que vi l lage
minier. Deux années auparavant , la compagnie
Opémiska y avai t entrepris l ’exploi tat ion d’une
première mine dont le s i te avai t été découvert en
1929 par le prospecteur Léo Springer qui « aperçut
du haut des airs un riche f i lon qui bri l lait au soleil
sur la c ime d’une montagne dominant une verte
vallée7. » Avec la hausse de la valeur des métaux à la
L’exploration d’une régionDes gens et des ressources
Le site minier Opémiska vers la fin des années 1960. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Saviez-vous que?En 1962 , les c i toyens de Matagami
se sont opposés à la déc i s ion de la Commiss ion
de toponymie du Québec ,qu i vou la i t nommer la v i l le Mazenod.
9
Le s années 1980 vo i en t c ependan t su r g i r de s
d i f f i c u l t é s c au sée s p r i n c i pa l emen t pa r un
phénomène t ou t à f a i t na tu r e l l i é au s e c t eu r
min ie r : l ’ épu i sement des res sources . Comme les
g i s emen t s son t e xp lo i t é s depu i s une t r en t a i ne
d’années, les réserves minérales sont de plus en
plus profondes et, par conséquent, de plus en plus
dispendieuses à extraire. I l devient donc essent iel
pour les compagnies minières de la région d’investir
prioritairement dans l’exploitation des fi lons les plus
rentables. Ainsi, les annonces de fermeture de mines
se succèdent.
Dans le v i l lage minier de Joutel , la mine Poir ier
commence l’extraction du minerai en 1965 grâce à la
multinationale Rio Algom, à la suite de la découverte
d’importants gisements de cuivre et de zinc sept ans
plus tôt. En 1975, lorsque la mine Poirier cesse ses
opérations, Joutel compte près de 1 000 habitants9.
Par la sui te, deux autres compagnies minières,
Agnico-Eagle et Mines Selbaie, prennent la relève
e t e n t r en t e n a c t i v i t é , r e s p e c t i v emen t e n 1975
e t 1980 .
Les premières années d’existence de ces quatre
villes minières sont marquées par la prospérité et la
confiance en l ’avenir. Des chevalements (structures
méta l l iques ins ta l lées au-dessus d ’un pu i t s , dotés
d ’ u n e c a g e d ’ a s c e n s eu r p e rme t t a n t d e f a i r e
d e s c end r e e t r emon t e r l e s m ineu r s a i n s i que l e
minerai) et des puits de mine sont ér igés partout
sur le territoire. Chaque année, les entreprises minières
invest issent des sommes importantes, puisque les
métaux prennent de la valeur. Par exemple, la l ivre
de cuivre qui se détail le à 0,24$ en 1958, grimpera
à 0,30$ un an plus tard. Les profits sont également
au rendez-vous : de 1960 à 1972, le camp minier de
Chapais et Chibougamau est le plus gros producteur
de cuivre de l ’est du Canada10.
La mine Mattagami Lake Mines en 1963. Société d’histoire de Matagami.
Groupe de mineurs à la mine Opémiska. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
L’exploration d’une régionDes gens et des ressources
Les mines de la Jamésie ont produit en moyenne
20% de la ressource minéra le du Québec depu is
leur mise en exploi tat ion dans les années 1950.
Cependant, il s’agit d’un secteur qui connaît beaucoup
de difficultés depuis la fin des années 1990 en raison
de l ’épuisement des réserves, de la baisse du prix
des métaux et de la faible teneur des gisements.
La localité de Joutel, entre autres, ferme définit ive-
ment en 1998. Mentionnons toutefois une percée du
secteur minier à Lebel-sur-Quévi l lon au mil ieu des
années 1990 avec la découverte d’un gisement de
zinc et la mise en production de la mine Gonzague
Langlois, procurant ainsi de l ’emploi à une centaine
de travail leurs.
Depuis le tournant du nouveau millénaire, la tendance
s’est toutefois inversée avec le lancement d’une
nouvel le ruée vers les métaux avec la découverte,
en 2001, d’un important f i lon d’or à la Baie-James,
soutenu par la découverte d’un gisement de diamants
dans la région des monts Ot ish, au nord-ouest de
Chibougamau. Le sous-sol de la Jamésie regorgeant
encore de r i chesses , l e s i nves t i s sement s mass i f s
pour l ’exploitat ion minière se mult ipl ient, assurant
un avenir prometteur à une main-d’œuvre jeune et
spécialisée11.
L’essor de l’industrie forestière
La Jamésie bénéficie d’une seconde ressource naturelle
importante : la forêt. C’est d’ailleurs en Jamésie que se
situe la limite nordique de la forêt boréale, au 52e
parallèle, tout juste avant la taïga. La région de la
Jamésie produit environ 20% de la matière ligneuse
du Québec, ce qui la place au deuxième rang des
fournisseurs, derr ière le Saguenay–Lac-Saint-Jean.
L’immense potentiel forestier de la région a été un
moteur du développement économique de plusieurs
villes jamésiennes.
Dans le contexte de la Grande Dépression, durant les
années 1930, le ministre québécois de la Colonisation,
de la Chasse et des Pêcheries, Irénée Vautrin, lance
un plan de colonisat ion visant à encourager les
famil les du sud du Québec à s ’établ ir en Abit ibi -
Témisca m ingue a f in de p ra t iquer l ’ ag r i cu l tu re e t
l a coupe du bo i s . Ce t e f fo r t de m ig ra t ion v i san t
à con t r e c a r r e r l e s e f f e t s de l a c r i s e mène à
l a na i s s ance de s v i l l a ge s de Sa i n t - J oa ch im de
Beauc an ton e t de Sa in t - Cam i l l e de V i l l ebo i s en
1935 , e t de Sa in t -Éphrem de Va l -Pa rad i s en 1937.
10Les monts Otish. Sylvain Roberge.
Jeune femme devant l’usine de Domtar à Lebel-sur-Quévillon. Archives de la Ville de Lebel-sur-Quévillon.
Saviez-vous que?La localité de Vil lebois est la patrie de
Blanche Pronovost qui est personnifiée dans la série télévisée Les f i l les de Caleb .
El le a été la première infirmière de Vil lebois en 193612.
La ressource forest ière est aussi à l ’or igine de la
fondation de la ville de Lebel-sur-Quévillon, en 1966.
Lebel-sur-Quévi l lon t ire son nom de Jean-Bapt iste
Lebel, un entrepreneur forestier qui a construit une
scier ie à Rapide-des-Cèdres dès 1948 et de Louis-
Amable Quévillon, un maître menuisier, architecte et
sculpteur qui a décoré de nombreuses égl ises du
Québec13. En raison de l ’ immense potentiel forestier
q u e f o rme l e t r i a n g l e C h ap a i s , Ma t a g am i e t
Senneterre, la compagnie Domtar construit , à Lebel-
sur-Quévi l lon, la première usine de pâte Kraft du
Québec qui ouvre ses portes en févr ier 1967. Avec
l ’ a j o u t d ’ u n e s c i e r i e e n 1973 , l a c ompagn i e
p o s s è d e u n v é r i t a b l e c omp l e x e d ’ e x p l o i t a t i o n
f o r e s t i è r e q u i , a u d ébu t d e s a nn é e s 19 80 ,
emplo ie p lus de 700 t rava i l leurs .
Saviez-vous que?Le p lan d ’urban isme de
Lebe l - sur - Quév i l lon , conçu par la compagnie Domtar , prend la forme d ’unarbre . Les rues des sec teurs rés ident ie l s représentent les branches , a lors que le cent re soc ia l e t commerc ia l représente
le t ronc de l ’a rbre14 .
11
L’infirmière Blanche Pronovost de Villebois. Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Vue aérienne de Lebel-sur-Quévillon. Archives de la Ville de Lebel-sur-Quévillon.
Le s p r em i e r s a g r i c u l t e u r s fonden t de g rands
espo i rs dans ce t te nouve l le v ie . Malheureusement,
l ’ef fervescence est de courte durée, puisque le
gouvernement ne mettra pas en place les mesures
nécessaires pour écouler la production agricole. La
ressource forestière deviendra par la suite le cœur du
développement de ces trois villages situés dans la
portion sud-ouest de la Jamésie.
Draveurs sur la rivière Turgeon. Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
L’exploration d’une régionDes gens et des ressources
À Ma tagam i , s u r l e s r i v e s de l a r i v i è r e Be l l , l acompagnie Bisson et Bisson obtient son premier droit de coupe en 1968, amorçant ainsi l ’exploi tat ionfo res t i è re dans ce sec teur. Des inves t i s sement sper mettent l’acquisition de nouveaux bâtiments et lerenou vellement de la machinerie. En 1988, Domtar s’enporte acquéreur et, en 2001, elle investit massivementdans l a con s t r u c t i on d ’ une nouve l l e l i gne desciage qui est ouverte off ic iel lement en avri l 2001. L’entreprise emploie en ce moment 200 travail leurs.
Avec un taux de change du do l lar amér ica in qu i es t t rès favorab le e t une demande é levée pour les produi t s du bo is , les années 1990 prof i ten tgénéreusement aux ent repr i ses fores t ières de laJamés ie . Ce t t e p rospér i t é se p ro longe ju squ ’en2004 , ma i s l a hau s se du t au x de change , l abaisse de la poss ib i l i té fores t ière décrétée par le gouve rnemen t de J ean Cha re s t e t l a s i gna tu r e de la Paix des Braves plongent ensui te l ’ industr iedans un contexte p lus d i f f ic i le .
L ’ industr ie forest ière occupe également une placeimportante à Chibougamau et à Matagami, ce quipermet à ces munic ipa l i tés de d ivers i f ie r leuréconomie in i t ia lement or ientée vers le sec teurmin ier. Chant iers Ch ibougamau, une ent repr i se famil ia le fabriquant des structures de bois pour lesmines e t expéd iant ses rés idus de copeaux à la papet ière de La Tuque , commence ses ac t i v i tés en 1963. En 1992, avec la s ignature de l ’Accord de l ibre-échange nord-américain (ALÉNA), Chant iersChibougamau délaisse le marché des copeaux et du bois d’œuvre pour se lancer dans la productionde bois à valeur ajoutée.
En 1974, Produits forestiers Chapais voit le jour, maisla compagnie vend sa scierie et ses actifs à Barrette-Chapais dès l ’année suivante. Au cours des années1980, Barrette-Chapais devient l ’un des plus grandsproducteurs de bois d’œuvre de l ’est du Canada etmaint ient depuis ses hautes performances de product ion en employant près de 500 travai l leurs . La prospéri té de cette entreprise repose sur unequali té de bois exceptionnelle et des coûts de pro-duct ion infér ieurs à la moyenne. La diversi f icat ionde l’économie de la municipalité a permis à Barrette-Chapais de demeurer en act iv i té malgré l ’exoded’une part ie de la populat ion à la sui te de la fermeture de la mine Opémiska en 199115.
Saviez-vous que?La première usine de cogénération du Québec a été ouverte à Chapais. L’usine de Chapais produit de l’électricité à partir des résidus
de bois qui proviennent des scieries.
12Moulin à scie Gauthier à Matagami. Société d’histoire de Matagami.
Usine Bisson et Bisson à Matagami. Société d’histoire de Matagami.
13
Les ef fets de la cr ise forest ière se font également
ressentir dans la plupart des entreprises forestières
de la région avec des fermetures temporaires
ou déf ini t ives et la mise à pied de dizaines de
travai l leurs . Chant iers Chibougamau est l ’une des
rares except ions à la règle, les invest issements
effectués durant la décennie 1990 dans la production
de bois d’ ingénier ie ayant porté leurs frui ts . S i le
marché tradit ionnel du bois d’œuvre et des copeaux
est en panne, celui de la construct ion d’édif ices
commer ciaux comme le Complexe de soccer intérieur
du parc Chauveau et l ’édif ice Saint-Roch à Québec,
dont Chant iers Chibougamau a été le pr incipal
fournisseur, est en plein essor.
Somme toute, l ’ industrie forestière est vérita ble ment
le second moteur économique lors de la naissance
des vi l les jamé s iennes. Jusqu’en 2005, la Jamésie
compte cinq usines de sciage et une usine de pâte.
L ’avenir de cette industr ie repose sur la gest ion
intégrée et durable des ressources pour assurer la
pérennité des forêts et des emplois en Jamésie.
L ’exploi tat ion des produits forest iers non l igneux
(P FN L ) e s t un e x ce l l en t e xemp le de s a venues
s ’o f f ran t à ce sec teur qu i do i t se remet t re de l a
crise forestière qui a secoué le Québec.
En novembre 2005, les activités de l’usine de Lebel-
sur-Quévillon sont interrompues en raison de conditions
économiques défavorables. Domtar annonce finalement
la fermeture définitive de l’usine en décembre 2008,
une décision qui porte un dur coup à la population
quévillonnaise et à l’économie de la ville.
Signature de la Paix des Braves. Hydro-Québec.
Usine de Chantiers Chibougamau. Chantiers Chibougamau.
Production de bois d’ingénierie par Chantiers Chibougamau. Chantiers Chibougamau.
La Paix des braves de 2002De quoi s’agit-il?
La Paix des braves est une entente s ignée le 7 févr ier 2002 entre le premier ministre du Québec, Bernard Landry, et le grand chef des Cris,Ted Moses. L’accord permet à la société d’État Hydro-Québec de procéder à l’aménagement de l’infrastructure hydroélectrique Eastmain-Rupert. Par cette signature, les Cris ont renoncé aux poursuites qu’ils avaient entamées contre le gouvernement du Québec pour faire respecter laConvention de la Baie-James et du Nord québécois(1975), mais ils se sont vus octroyer 4,5 milliards dedollars qui seront versés au cours des 50 annéessubséquentes. Cet accord historique ouvre la voieau partenariat entre le gouvernement du Québec et les neuf communautés cries de la Baie-James pour le développement hydroélectrique régional.
Source : Archives de Radio-Canada — Les droits territoriaux des autochtones, 2010.
Dans la même veine, la local i té de Radisson est
fondée en 1974 pour accueill ir les travailleurs sur les
chantiers16. En 1996, la centrale LG-2, la plus grande
cent ra le souter ra ine au monde, es t renommée
e n l ’ h o nneu r d u d é f u n t p r em i e r m i n i s t r e d u
Québec , Rober t Bourassa, surnommé «le père de
la Baie-James».
De son côté, la v i l le de Matagami a également
prof i té des retombées de ce projet t i tanesque en
devenant la porte d’entrée pour le transport de la
machinerie et des travai l leurs vers LG-2. Avec le
secteur minier qui fonct ionne à plein régime,
l ’économie matagamienne est plus que prospère
durant la première phase du projet de la Baie-James.
De 1987 à 1996, on procède à la seconde phase des
travaux avec la construct ion des centrales LG-1,
LG-2A, Laforge 1 et 2 et Brisay, mais les retombées
économiques sont toutefois moins importantes
que lors de la phase précédente. F inalement, en
2002, le gouvernement du Québec lance un autre
projet hydroélectrique d’envergure : la construction
des centrales Eastmain 1, Eastmain 1-A et Sarcel le.
L ’aménagement de ces nouvel les infrastructures
sous-tend la dérivat ion du cours supérieur de la
r i v i è re Ruper t , l ongue de 516 km, don t l a source
L’exploration d’une régionDes gens et des ressources
Saviez-vous que?À vo l d ’o i seau , Rad isson se t rouve
à mi -chemin ent re Montréa l e t l ’ ex t rême nord du Québec .
Le lancement de la production hydroélectrique
L’intérêt des Québécois pour la Jamésie est également
dû à la présence de la ressource hydrique. Les rivières
de la Jamésie — Caniapiscau, aux Mélèzes, Rupert ,
de la Grande Baleine, à la Baleine, George — que les
Européens comparent plutôt à des fleuves, présentent
un po ten t i e l hydroé lec t r ique parmi l e s p lus
impor tan t s au monde . Les p remiè res é tudes
exploratoires pour ce type de projet se réal isent
dans les années 1950, mais la première phase du
projet de la Baie-James ne débute qu’en 1972 avec
l ’ aménagement de t ro i s cen t ra le s ( LG-2 , LG-3 ,
LG-4 ) . Des o rgan i sa t ions vo ien t l e j our pour
coordonner cette ambit ieuse réal isat ion la Société
de dévelop pement de la Baie-James (SDBJ) et la
Municipal i té de Baie-James (MBJ).
14
Entrée de la localité de Radisson. France Lajoie.
Évacuateur de crue de la centrale LG-2. France Lajoie.
es t l e l ac Mis tass in i e t l ’ exu to i re , l a ba ie James .
Ce p ro je t a vu l e jour à l a su i t e de l a s i gna tu re
de l a Pa i x des b raves ( vo i r encadré page 13) .
La Jamésie produit aujourd’hui 55 % de l ’énergie
hydro électrique consommée au Québec et, en 2012,
le complexe La Grande d’Hydro-Québec aura une
puissance installée de 17 500 MW.
Ces projets hydroélectriques ont généré des retombées
économiques considérables en Jamésie. Songeons par
exemple au fait que le projet Eastmain a entraîné des
dépenses de 123 millions de dollars entre janvier 2007
et août 2008 dans le Nord-du-Québec. Par ailleurs,
Hydro-Québec s’engage, dans le cadre d’une entente
avec l e s mun i c ipa l i t é s j amés iennes , à ve r se r de
manière compensatoire près de 300 mil l ions de
dol lars au cours des 50 prochaines années pour
favoriser la réalisation de projets à caractère social,
environnemental et économique.
Quelques statistiques
démesurément étonnantes à propos du
complexe La Grande
La centrale La Grande-1 (LG-1) . . .
… a nécessi té assez de béton pour aménager un trottoir de Montréal à Genève, soi t une distance de 6000 km!
… a été construite par plus de 6 000 personnes!
… est la dernière des neuf centrales du complexe LaGrande à turbiner l ’eau de la Grande Rivièreavant que celle-ci ne se jette dans la baie James.
La centrale Robert -Bourassa (LG-2) . . .
… avec ses 483 m, est aussi longue que cinq terrainsde soccer!
… est aussi haute qu’un immeuble de 53 étages. Elledépasse donc tous les gratte-c iels de Montréal !
Source : Hydro-Québec, 2010.
15
Inauguration de la centrale LG-2 par René Lévesque en 1979. Archives d’Hydro-Québec.
Robert Bourrassa devant la centrale LG-2. Archives d’Hydro-Québec.
16
L’édification d’une régionL’avènement des transports
R-1005) rel iant Matagami et Lebel-sur-Quévi l lon
sera asphalté, représentant un raccourci de près
de 200 km. Aujourd’hui, cet engagement ne s’est
toujours pas concrétisé, mais «La Traverse» demeure
entretenue et prat icable à l ’année. En novembre
1991, le gouvernement du Québec donne le feu
vert à la construct ion de la route du Nord qui fera
la jonct ion entre Chibougamau et la route de la
Baie-James.
La densification du réseau routier
C’est vér i tablement en 1949 que la Jamésie prend
son envol grâce à la construct ion de la première
route gravelée prat icable à l ’année. Ini t ia lement
nommée boulevard Onésime-Gagnon ( l ieutenant-
gouverneur du Québec de 1958 à 1961), cette route
rel iant Chibougamau au Saguenay–Lac-Saint-Jean
deviendra ensuite la route 167. L’asphaltage de cette
route sera terminé en 1976. Dans la même lignée, la
route 113 reliant Chapais et Chibougamau est achevée
au cours des années 1950 et asphaltée en 196317.
À Matagami, le gouvernement unioniste d’Antonio
Barrette décide en 1960 de f inancer une route
permanente, qui partira de la vi l le d’Amos, située à
191 km au sud.
La route 109 est achevée un an plus tard et est
asphaltée en 197018 tandis que les 620 km de la route
de la Baie-James entre Matagami et LG-2, en passant
par Radisson, sont f inalement achevés en 1976. La
même année, on termine la route Transtaïga qui relie
LG-2 à Caniapiscau.
En 1980, le ministère de l ’Énergie et des Ressources
annonce que le chemin forest ier (N-805 devenu
Saviez-vous que?Le 15 août 1971,
env i ron 2000 mani fes tants se sont rendus dans le parc de
Ch ibougamau, a f in de revendiquer l ’aspha l tage comple t de la route 167.
Blocus de 1971 sur la route 167. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Construction de la route reliant Amos et Matagami en 1960. Société d’histoire d’Amos.
Construction du pont de la rivière Bell à Matagami en 1973. Société d’histoire de Matagami.
La route du Nord. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Inaugurée en 1993, la route du Nord a été tracée
principalement pour le développement du projet
Eastmain d’Hydro-Québec. Le dernier projet routier
d’envergure, lancé en 2005, vise à prolonger la route
167 Nord vers les monts Ot ish, au nord-est du lac
Mistassini . Cette route donnerait un accès au parc
nat ional Albanel-Témiscamie-Otish, à un terr i toire
forest ier exploi table, de même qu’à une zone au
potentiel minéral important.
L’arrivée du chemin de fer
L ’avènement du t ra in a é té un au t re é l ément
déterminant pour le développement des municipalités
de la Jamésie. En 1949, une demande est fa i te au
Canadien National (CN) pour que le chemin de fer
de l ’Abit ibi -Témiscamingue soit prolongé jusqu’à
Chibougamau af in de faci l i ter l ’acheminement des
produits forestiers et miniers. En 1957, on procède
à l ’ inaugurat ion du chemin de fer Senneterre-
Chibougamau et , en 1963, à celui de Senneterre-
Matagami. À ses débuts, la liaison vers Chibougamau
permet le transport de marchandises et de voyageurs19.
En 1959, le Saguenay–Lac-Saint-Jean est à son
tour relié à la région avec l ’ inauguration de la l igne
Chibougamau et Saint–Fél ic ien.
La Jamésie à vol d’oiseau
Le transport aérien a également marqué l’histoire de
la Jamésie, bien que dans une moindre mesure. À la
f in des années 1950, les v i l les de Chibougamau et
de Chapais possèdent chacune leur propre piste
d’atterrissage. Cependant, comme ces infrastructures
appart iennent à des entreprises pr ivées, les deux
municipal i tés souhaitent se doter d’un aéroport
digne de ce nom pour desservir leur terr i toire.
C’est f inalement au lac Caché, à 10 km au sud de
Chibougamau, qu’est aménagée une piste d’atterrissage
de 900 m en gravier qui est opérationnelle en 1970,
mais qui n’est toutefois pas dotée d’une aérogare
pour recevoir les passagers. La lutte pour l’obtention
d’infrastructures modernes reprend et, en 1982, un
aéroport doté d’une piste asphaltée de 1800 m est
ér igé aux abords de la route 113, entre Chapais et
Chibou gamau. À Lebel-sur-Quévillon, un aérodrome
es t en fonc t ion dès 1966 e t , en 1970 , Ma tagami
es t à son tour pour vue d ’une p i s t e de 1 800 m.
L’aéroport le plus important de la Jamésie a cependant
é té aménagé à Rad i s son . Lo r s des t ravaux de l a
phase 1 de la Ba ie - James , on y cons t ru i t en 1973
un aéropor t avec une p is te de p lus de 2 080 m e t
une tour de contrôle.
17
Inauguration chemin de fer à Matagami en 1963. Société d’histoire de Matagami. Aéroport de Chibougamau-Chapais en 1982. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Construction de la route de la Baie-James en 1973. Archives d’Hydro-Québec.
L’apparition des médias de communication Lebel -sur -Quévi l lon , Le Courr ier de Quévi l lon est
publié dès 1974. Paral lèlement à ces journaux, les
municipal i tés publ ient localement des bul let ins
d ’ i n f o rma t i on comme L’informateur à Matagami,
La Tr ibune à Chapa is , Le Boréa l et Le Feu i l le ton
à Lebe l - s u r - Quév i l l on , a i n s i que Le M i rado r à
de Beau c an t on , Va l - Pa rad i s e t V i l l e bo i s .
La radio a également contribué au développement
des villes jamésiennes. La première station de radio,
nommée CHIB-FM, émet à Chibougamau à partir de
1962 depuis la base des Forces armées canadiennes.
Toujours à Chapais et Chibougamau, la station privée
commerciale CFED-CJMD diffuse pour la première fois
son contenu radiophonique en 1969. Cette dernière est
vendue au Groupe Antenne 6 de Roberval en 1991 et
est convertie et passe à la bande FM 93,5 en 2007 à la suite
de l’acquisition des six stations du groupe Antenne 6
par Radio-Nord Communications. À Radisson, on syntonise
la station de radio communautaire CIAU-FM 103,1
depuis 1998. En ondes depuis avril 2000, CHEF-99,9,
l a rad io communauta i re à Matagami , d i f fuse des
informations locales et régio nales. Finalement,
la Société Radio-Canada couvre tout le territoire
depuis la fin des années 1960 à part ir des régions
voisines.
L’affirmation d’une région Les racines sociales de la Jamésie
18
Radio CIAU-FM à Radisson. France Lajoie.
Journal régional Le Jamésien. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
En ce qui concerne le domaine des communications,
la région de la Jamésie est desservie par un seul
média régional , Le Jamésien , un mensuel publ ié à
part ir de 1997 par Quebecor. D’ai l leurs , ce même
groupe publ ie l ’hebdomadaire La Sent inel le de
Chapais et Chibougamau, qui paraît pour la première
fois en juin 1957 (après Le Chibougamau Miner , Le
Courr ier et Le Sent inel) . À Matagami, un premier
journal , Nouvel les de Matagami News , est lancé
par une compagnie minière en 1962 et un second,
La Jonct ion , fa i t son appari t ion en 1983. Quant à
Pour ce qui est de la téléphonie, les résidents de la
Jamésie ont mené des lut tes importantes au cours
de leurs c inquante années d’histoire pour obtenir
des services adéquats malgré leur éloignement.
Ainsi , en 1975, le ministre des Communicat ions du
Québec, Jean-Paul L ’Al l ier , intervient pour exiger
de l ’entreprise Téléphone du Nord, acquise en
1976 par Télébec, des investissements just i f iant les
augmentations de tarifs20. Pour ses abonnés, Télébec
rend disponible l ’accès à Internet en 1997 et à
la téléphonie cel lulaire en 2003 dans les mil ieux
urbanisés.
En 1983, la première télévis ion communautaire de
la Jamésie est créée à Chapais, mais cette chaîne ne
dif fuse que dans le secteur Chapais-Chibougamau.
Par la sui te, les autres municipal i tés se dotent de
leur propre télévision communautaire.
En 1997, l’instauration d’un service de téléconférence
réduit le sent iment d’éloignement et faci l i te la
commu nicat ion entre les acteurs du domaine de
l’éducation et de la santé de la Jamésie. Le Centre
d’études collégiales à Chibougamau, la Commission
scolaire de la Baie-James et le Centre régional de santé
et de services sociaux (CRSSS de la Baie-James) ainsi
que le ministère des Ressources naturelles et de la
Faune utilisent ce nouveau mode de communication
pour leurs réunions.
Cette même année, le CRSSS de la Baie-James investit
pour déve lopper des serv ices de té lérad io log ie ;
un spécial is te de Montréal peut l i re en temps réel
une radiographie prise à Chibougamau, aidant ainsi
le médecin à prononcer le diagnostic et à prodiguer
les soins appropriés plus eff icacement.
Autre technologie
En octobre 1958, dans le contexte de la guerre froide,
la Défense nationale annonce qu’elle installera une
station radar sur le mont Bourbeau à Chibougamau,
faisant partie de la «ligne Pinetree», intégrée au
système de défense nord-américain (NORAD). Deux
cents mil i taires s ’ instal lent en perma nence dans la
municipal i té et auront une inf luence très marquée
sur le mil ieu socioéconomique. En 1988, avec les
nouveaux systèmes de communication par satellites,
la Défense nationale met fin à la «ligne Pinetree» et
démantèle la stat ion radar de Chibou gamau. Les
mil i ta ires quit tent alors Chibougamau, portant un
dur coup à l’économie locale.
19
Base militaire de Chibougamau en avant-plan. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Station radar de Chibougamau en 1972. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Télévision communautaire de Chapais. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Une population grandissante,en santé et éduquée
Vivre dans des vi l les éloignées les unes des autressignif ie également se munir de services de santédans chaque municipal i té . En 1960, Chibougamaucomp te p r è s de 5 000 r é s i den t s e t l a t endancedémographique est à la hausse; la construction d’unhôpital devient une prior i té . Après de mult iples pressions effectuées par le premier conseil municipalen 1955, le député d’Abit ibi -Est , Lucien Cl iche,promet un invest issement pour bât ir un hôpitald’une capacité de 75 l i ts en janvier 1961. En 1963, leministre des Affaires municipales, Pierre Laporte, enfait l ’ inauguration21.
Chapais se dote d’une première cl inique dès 1957, gracieuseté de la compagnie minière Opémiska. En 1973, le consei l d’administrat ion de la c l inique propose un projet d’agrandissement qui est accepté un an plus tard. Chapais obt ient ainsi le premier centre local de services communautaires(CLSC) de la Jamés ie , qu i desser t éga lement le sec teur de Ch ibougamau. Lebe l - sur - Quév i l lontravaille à un projet d’hôpital dès 1966 et celui-ci est inauguré au début de l’année 1975. À Matagami, un établissement comportant 23 lits ouvre ses portesen 1969 pour être ensuite nommé Centre de santé Isle-Dieu en 1983.
L’affirmation d’une région Les racines sociales de la Jamésie
20
Roulottes servant de cliniques en 1966. Archives de la Ville de Lebel-sur-Quévillon.
Inauguration de l’école Galinée de Matagami en 1965. Société d’histoire de Matagami.
Hôpital de Chibougamau. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Saviez-vous que?À Lebel-sur-Quévillon, avant la construction
d’une clinique, les patients étaient accueillis dans des roulottes.
Un autre aspect intéressant est la rapidi té aveclaque l l e on do i t cons t ru i re des éco les pourrépondre aux besoins occasionnés par la croissance démographique. C’est ainsi qu’à Chibougamau leministère de l ’Éducat ion autorise la construct ion de quatre écoles en moins de 10 ans : Notre-Dame-du-Rosaire en 1958, Vinette en 1961, Bon-Pasteur en1963 et Vatican I I en 1967. À Chapais, on ouvre deuxécoles en moins d’une décennie : l ’École No-1- en1955 et le Col lège Saint-Dominique-Savio en 1961. À Lebel-sur-Quévi l lon, on construit deux écoles de 1967 à 1970 : J . A. Tremblay et Boréale. À Matagami, deux établ issements, l ’école Le Delta et Gal inée, sont bâtis de 1962 à 1965.
21
Au tournant des années 1970, cet te croissance
démographique oblige les commissaires à demander
la construct ion d’écoles pour les élèves de niveau
seconda i re . À Ch ibougamau , l a po lyva len te La
Porte-du-Nord accueil le 1 200 élèves dès septembre
1973. À Chapais , après un premier refus en 1974,
l a po lyva len te Le F i l on es t cons t ru i t e e t ouv re
ses por tes en 1977. F ina lement , à Ma tagami , l a
polyvalente Le Delta est inaugurée en 1981.
Tou jours en 1981, le Cégep de Sa in t -Fé l i c ien ,
s i tué à 240 km au sud de Ch ibougamau, donne
son accord pour l ’ouver ture du Cent re d ’é tudes
col légiales à Chibougamau (CECC). En septembre,
49 étudiants y entreprennent des études collégiales
en sciences humaines, sciences de la nature, sciences
administratives et techniques administratives. L’offre
de formation de n iveau un ivers i ta i re se concré t i se
en 1983 avec la créat ion de l ’Univers i té du Québec
en Abit ibi -Témiscamingue (UQAT), la plus récente
const i tuante du réseau des Universités du Québec.
En 2001, l ’UQAT annonce la créat ion du Fonds
Nord-du-Québec, spécialement créé pour contribuer
à la recherche et à l ’enseignement dans la région
du Nord-du-Québec.
Lebel-sur-Quévi l lon
Matagami
MB J
Chapais
Chibougamau
1961 1971 1981 1991 2001 2006
Source : Statistique Canada, Recensement 1961 à 2006.
Polyvalente Le Filon de Chapais. Commission scolaire de la Baie-James.
Centre d’études collégiales à Chibougamau. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Évo lu t ion démograph ique de la Jamés ie 1961-2006
Polyvalente Le Delta de Matagami. Commission scolaire de la Baie-James.
En 1957, à Chibougamau, l ’égl ise Unie est ér igée, aujourd’hui appelée l ’église de la Pentecôte. Quantà la première paroisse cathol ique, Saint-Marcel , e l le est fondée en 1952 avec la célébrat ion de la première messe par le curé Marcel Vinette et l ’abbéRosaire Leblanc22 . Cependant, l ’égl ise Saint-Marceln’est ér igée qu’en 1963. En 1965, on inaugure uneseconde paroisse et, par le fait même, une deuxièmeégl ise cathol ique, Reine du Rosaire, fondée par lepère Laframboise. Les deux églises chibougamoisesn ’évo luen t cependan t pas au même r y thme . S i l ’égl ise Reine du Rosaire est consacrée en 1980, cel le de Saint-Marcel connaît sa part d’ennuis f inanciers de tel le sorte que, en juin 1998, devant l ’ incapacité de procéder à des travaux de réfectionmajeurs, l ’église est démolie devant 500 croyants etcurieux rassemblés pour l ’occasion. Le dernier l ieude culte à être inauguré à Chibougamau est l ’égliseÉvangélique Baptiste en 1979.
La religion, source de rassemblement
L ’ h i s t o i r e d e l a J amé s i e t émo i g n e é g a l emen td’une vie religieuse intense. Catholiques à 95%, les di f férentes paroisses jamésiennes sont regroupées au se in du d iocèse d ’Amos e t coex i s t en t avec l e sau t r e s con f e s s i on s . En 1948 , ap rè s hu i t an s detravaux effectués par les f idèles, on inaugure l’églisec a tho l i que de Sa i n t - J oa ch im de Beauc an ton ; l a p remiè re ég l i se de l a J amés ie e s t a ins i i n s t i t uée . Un an p l u s t a rd , V i l l ebo i s f a i t de même pou r l ’ ég l i se Sa in te - Cami l l e .
L’affirmation d’une régionLes racines sociales de la Jamésie
Démolition de l’église Saint-Marcel en 1998. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Église de Villebois. Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Église de Beaucanton. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Saviez-vous que?L’église de Saint-Joachim de Beaucanton est l’un des rares exemples québécois du style architectural «Dom Bellot», caractérisé par
les fenêtres en pointes. Il s’agit d’un monumenthistorique aux murs de pierres des champs
et de granit taillé qui fait aujourd’hui la fierté de la localité23.
Église Saint-Marcel. Société d’histoire régionale de Chibougamau.22
Inauguration de l’église de Lebel-sur-Quévillon en 1973. Archives de la Ville de Lebel-sur-Quévillon. 23
Dans les municipalités de la Jamésie, la vie spirituelle
a aussi été animée par des communautés religieuses.
Qu’el les soient Sœurs du Bon-Pasteur à Chapais ,
Dominicaines de l ’Enfant-Jésus à Chibougamau ou
Fil les de la Charité du Sacré-Cœur-de-Jésus à Lebel-
sur-Quévil lon, ces religieuses ont tour à tour occupé
des fonctions importantes dans les écoles et dans les
hôpitaux de la région.
Par ail leurs, à Matagami, la paroisse du Sacré-Cœur
voit le jour en 1963. Fai t part icul ier , à la sui te de
discussions entre l’évêque d’Amos, l’évêque anglican
et le surintendant de l ’Église Unie en 1965, les trois
confessions religieuses décident de partager les coûts
et l’utilisation d’une même église, qui est inaugurée en
juin 196924.
À Lebel-sur-Quévillon, la paroisse Sainte-Famille est
fondée en 1968, ce qui coïncide avec la construction
d e l a c h ap e l l e . Po u r l e s g r a nd e s c é l é b r a t i o n s
cependant, les f idèles doivent se résigner à célébrer
dans des l ieux de culte improvisés, comme le centre
commercial pour la messe de minuit de 1968 ou
encore l a t ave rne A t co . Une ég l i se œcumén ique ,
c’est-à-dire un l ieu de culte commun, est f inalement
inaugurée en 197325.
À Chapais, la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes voit
le jour en 1957, soit deux ans après la création de la
municipalité. Auparavant, l ’école No -1- faisait off ice
de lieu de culte jusqu’à la bénédiction de la première
égl ise , en septembre 195926 . Cet te même année, la
communauté angl icane se dote aussi d’un l ieu de
culte : Saint-Alban-le-Martyr. À Radisson, la paroisse des
Saints-Martyrs-Canadiens est inaugurée en avril 1975.
Première église de Matagami en 1963. Société d’histoire de Matagami.
Depuis les premi è res élect ions tenues en 1981, la
c irconscr ipt ion d’Ungava a toujours élu un député
du Parti québécois. En 2002, la circonscription a vu
le péquiste Michel Létourneau être nommé ministre
délégué au Développement du Nord québécois et
ministre délégué aux Affaires autochtones. En 2008,
le Directeur général des élections du Québec propose
une refonte de la carte électorale québécoise
incluant des modif icat ions à la c ir cons cr ipt ion
électorale d’Ungava. Avec ses 23 897 électeurs,
l’Ungava a un important déficit par rapport au nombre
moyen d’électeurs par c irconscr ipt ion électorale
au Québec. Les changements envisagés feraient
passer les villes de Chapais et Chibougamau dans la
circonscription d’Abitibi-Est ainsi que Lebel-sur-Quévillon
et Matagami dans Abit ibi -Ouest . Cette réforme ne
const i tuerai t ni plus ni moins qu’un retour à la
s i tuat ion qui prévalai t avant la créat ion de la
c irconscr ipt ion électorale d’Ungava. Un tol lé de
protestat ions s ’élève rapidement et 11 mémoires
sont présentés lors de la visite de la Commission de
la réforme électorale à Chibougamau en mai 2008.
Finalement, aucune modification n’est apportée dans
la circonscription d’Ungava.
Citoyens, aux urnes!
Même si la région du Nord-du-Québec a officiellement
été créée en 1987, des init iatives de nature polit ique
ont eu lieu dès les années 1960 pour tenter de réunir
les vi l les de la Jamésie avec les communautés cries
et inuites. Ainsi , en mai 1965, le Directeur général
des élections du Québec (DGEQ) propose de réunir
dans une nouvel le c irconscr ipt ion électorale les
vi l les de la Jamésie, les communautés cr ies étant
établies jusqu’au 54o degré Nord et de regrouper les
vil les de Dolbeau et Mistassini au sud27. Ce projet de
réforme ne sera cependant jamais adopté.
En 1980, la Commission économique de Chibougamau-
Chapais, après une tournée des villes jamésiennes,
demande à l a Commiss ion de l a représen ta t ion
é lec tora le de c réer une c i rconscr ip t ion é lec tora le
autonome qui couvrirait le territoire du 49e parallèle
jusqu’à l ’extrémité nord du terr i toire québécois28.
La Commission souscr i t à cette demande et cet te
même année, les vi l les de la Jamésie font désormais
partie de la circonscription électorale d’Ungava.
Saviez-vous que?La circonscription électorale d’Ungava est la plus vaste du Québec, mais la
deuxième comptant le moins d’électeurs!
24
La consécration d’une région Un casse-tête à assembler
Le député Michel Létourneau. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
25
Une autre étape est franchie en mai 1984 lors du Sommet économique régional alors que lesreprésentants de Chapais-Chibougamau demandentl’appui du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour la créationd’une région administrat ive englobant la Jamésie.Cette requête fait suite aux appuis reçus du GrandConseil des Cris et du député d’Ungava. Une volontécommune de former une ent i té régionale avec lesdifférentes vi l les du territoire prend forme31.
Toutefois, une déclaration du premier ministre RenéLévesque en surprend plus d’un et provoque une ondede choc. En effet, lors de son passage à Radisson enmai 1984, il déclare que «Radisson possède tous lesatouts pour devenir la capitale régionale du Nordquébécois»32. Rapidement, des voix s’élèvent contrecette vision et le projet de mise en place d’une régionadministrative est suspendu en raison, notamment, dela prise du pouvoir par le Parti libéral en décembre 1985.
La naissance de la région du Nord-du-Québec
Le premier évènement annonciateur de la créat ion
de la région du Nord-du-Québec peut être retracé
en 1971 lorsque le gouvernement du Québec crée la
Municipal i té de Baie-James (MBJ) ainsi que la
Société de développement de la Baie-James (SDBJ)
et sa f i l ia le, la Société d’énergie de la Baie-James
(SEBJ)29. Ces organismes ont pour mandat de favoriser
le développement économique du terr i toire de la
Jamésie. Au départ, leur création soulève un certain
mécontentement compte tenu du fai t que leurs
représentants n’habitent pas la région. Cet aspect est
part icul ièrement troublant dans la mesure où les
sept membres du consei l d’administrat ion de la
SDBJ, nommés par Québec, s iègent également à
celui de la MBJ. I l faut attendre jusqu’en 2001 pour
voir des élus jamésiens siéger à la Municipal i té de
Baie-James30.
Robert Bourassa et le premier conseil municipal de la Municipalité de Baie-James. Hydro-Québec.
Le député Marcel Lafrenière en compagnie du premier ministre René Lévesque. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
La régionalisation des services publics
Avant les années 1990, sur le plan de la santé et des services sociaux, les secteurs de Matagamiet de Lebel-sur-Quévillon sont desservis par l’Abitibi-Témiscamingue t and i s que ceux de Chapa i s e t Chibougamau le sont par le Saguenay–Lac-Saint-Jean.En 1996, on procède à la fusion de c inq établ isse-ments de santé de la région du Nord-du-Québecpour créer le Centre régional de santé et de servicessociaux de la Baie-James. Pour répondre adéquatementaux besoins des communautés dispersées sur le terr i toire, le CRSSS de la Baie-James compte desCentres de santé (CS) dans chacune des municipalités :Chapa i s (C S René R i c a rd ) , Ch ibougamau (CS de Ch ibougamau) , Lebe l - su r - Quév i l l on (C S deLebe l - su r - Quév i l lon) , Matagami (CS I s l e -D ieu) e tR a d i s s o n ( C S d e R a d i s s o n ) . Q u a n t a u s e c t e u rde Beaucanton-Va l -Parad i s -V i l l ebo i s , l es loca l i tésre lèven t tou jour s de l ’Ab i t i b i -Témiscamingue en ra i son de l a p ro x im i t é de s s e r v i c e s de s an t é à La Sa r re .
La consécration d’une région Un casse-tête à assembler
Finalement, le 22 décembre 1987, l ’Assemblée
nat ionale du Québec décrète la naissance d’une
nouve l l e r ég i on adm in i s t ra t i v e nommée «Nord -
du-Québec». Celle-ci englobe la Jamésie (49e au 55e
paral lè le) et le Nunavik. Puisque cette région
n’existe alors que sur papier , le vér i table déf i est
de lui donner les vér i tables out i ls pour assurer
son développement et une cohésion régionale.
Saviez-vous que?En 1996, un référendum s’est tenu
à Beaucanton et à Val-Paradis à propos de l ’appartenance de ces communautés
à la nouvelle région. Le OUI l ’a emporté, confirmant ainsi le désir de la population de demeurer en Jamésie et, à plus grande
échelle, dans le Nord-du-Québec.
26
Centre de santé de Lebel-sur-Quévillon. Photographie Marilou. Droits d’auteur Mouvement Jeunesse Baie-James.
La porte de la Baie-James à Villebois. Municipalité de Baie-James.
En matière de développement régional , le Consei l
régional de concertat ion et de développement du
Nord-du-Québec est créé en mars 1993. Comme pour
le secteur de la santé, les vi l les étaient auparavant
desservies par des organismes de développement
situés à l ’extérieur de la région. Compte tenu de la
présence des trois nat ions habitant le Nord-du-
Québec, on prend la décision de former un Conseil
régional pour chaque entité et , en décembre 1993,
le Conseil régional de la Radissonie (CRR) est fondé.
Ayant son s iège social à Matagami, cet organisme
tient également lieu d’association touristique régionale
(ATR) et de consei l régional des lois irs et de la
culture. I l faut souligner qu’ai l leurs au Québec ces
trois inst i tut ions sont dist inctes et autonomes34 .
En 1998, le CRR devient le Consei l régional de
développement de la Baie-James (CRDBJ) et regroupe
près d’une trentaine de membres représentant
toutes les sphères de la société civi le. En avri l 2004,
l e gouvernement l i bé ra l du Québec annonce un
changement de forme et de fond. En vertu de la Loi
sur le ministère du Développement économique
e t r ég iona l e t de la Recherche adop tée en
décembre 2003 , l e gouvernement du Québec
modi f ie la s t ruc ture des CRD e t le CRDBJ dev ient
la Conférence régionale des élus de la Baie-James
(CREBJ).
En 1999, en plus d’assurer la gestion des centres de
santé, le CRSSS de la Baie-James se voit at tr ibuer
une seconde miss ion. En ef fet , en étant intégré à
son tour à la Régie régionale de la santé et des
services sociaux du Nord-du-Québec, le CRSSS devient
également responsable de la planif ication des soins
de santé en Jamésie. I l s ’agit d’une structure unique
au sein du système de santé au Québec. Le s iège
social et administratif du CRSSS de la Baie-James est
localisé à Chibougamau33.
27
Conseil d’administration de la CREBJ en 2010. Conférence régionale des élus de la Baie-James.
CRSSS de Chibougamau. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
La consécration d’une région Un casse-tête à assembler
Les années 1990 marquent la dernière étape vers la
rég iona l i sa t ion des ser v i ces d ’éduca t ion . Le tou t
débute en 1971, lorsque le gouvernement de Robert
Bourassa adopte la Loi concernant le regroupement
et la gest ion des commissions scolaires menant à
l a fu s ion des commiss ions s co la i re s de Chapa i s
et Chibougamau d’une part , et cel les de Joutel et
Matagami d’autre part . En 1986, en vertu de la Loi
abrogeant la loi concernant la Commission scolaire
du Nouveau-Québec , la Commission scolaire Joutel-
Matagami devient la Commission scolaire du Nouveau-
Québec à la sui te de sa fusion avec cette dernière
qui couvrait le territoire de Radisson35.
En 1996, la ministre de l ’Éducat ion du Québec,
Pau l ine Maro i s , c l ame la nécess i té de regrouper
l e s commiss ions s co la i re s du Québec au se in
d ’ent i tés p lus vas tes que ce l les des munic ipa l i tés .
Conc rè tement , l e Québec compte a lo r s p lus de
200 commiss ions s co la i re s e t l a vo lon té es t de
ramener ce nombre à 72. En août 1997, la ministre
Marois décrète que les trois commissions scolaires
francophones du territoire de la Jamésie (Chapais-
Chibougamau, Lebel-sur-Quévillon et Nouveau-Québec)
forment désormais la Commission scolaire de la Baie-
James (CSBJ) qui a son siège social à Chibougamau36.
La région continue à s’organiser avec l ’ implantation
d’organismes gouvernementaux. En 1997, le ministère
des Régions s ’établ i t en Jamésie avec la créat ion
d’un poste de sous-ministre adjoint responsable
du Nord-du-Québec. En 2000, c ’est au tour de la
Direction de la Société de la faune et des parcs du
Québec de venir s’ implanter à Chibougamau, suivie
en 2003 par la Direction régionale du ministère de
l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille du
Québec. Finalement, en 2006, la Direction régionale
du ministère des Ressources naturel les et de la
Faune (MRNF) est installée à Lebel-sur-Quévil lon.
28
Commission scolaire de la Baie-James à Chibougamau. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune à Lebel-sur-Quévillon. Mouvement Jeunesse Baie-James.
L’identité d’une région : Une communauté créative et active
de service d’archives privées agréé par Bibliothèque
et Archives nat ionales du Québec. Pour sa part , la
Société d’histoire de Matagami voit le jour en 1984.
Le mandat de ces deux organismes est de faire
l’acquisition, le traitement et la diffusion d’archives
historiques.
Les arts de la scène s ’expriment également en
Jamésie par le chant et le théâtre. En 1968, la chorale
Les Voix de la Vallée du Cuivre de Chibougamau est
mise sur pied et, depuis, el le se donne en spectacle
annuel lement au mois de mai . Ce groupe a
également participé à des prestations en France et y
a fièrement représenté la région. En 1980, Le Théâtre
des Épinettes conçoit et met en scène sa première
création : L’épouvantable pouvoir de l ’épouvantail
noir . En 1992, el le participe au Festival des arts de
la scène de Victor iavi l le avec Risque d’orage en
soirée 37 et est toujours en act iv i té . À l ’automne
2000, la troupe de théâtre Introspection voit le jour.
El le met en scène des étudiants du Centre d’études
col légiales à Chibou gamau qui ont présenté, en
2008, une pièce sur le décrochage scolaire puis la
comédie L’envers du décor dans différentes vi l les de
la région.
29
Larry Wilson en 1963. Société d’histoire régionale de Chibougamau. Bibliothèque de Matagami en 1988. Société d’histoire de Matagami.
Page couverture du livre L’Appel du Chibougamau. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Les manifestations culturelles
Plusieurs personnes se sont impl iquées dans les
mun i c ipa l i t é s j amés iennes pour déve lopper l e
domaine culturel , que ce soi t pour la l i t térature,
l ’histoire, les arts de la scène, la peinture etc.
Le premier projet cul turel propre à la Jamésie
revient à Larry Wilson avec la parution de son
ouvrage L’appel du Chibougamau (1956). M. Wilson
est également le principal donateur de la première
bibl iothèque municipale de la Jamésie, fondée à
Chibougamau en 1961. À Matagami, la première
bibl iothèque (1965) est local isée dans une maison
prêtée par la mine alors que le véritable établissement
sera inauguré en 1969. Lebel-sur-Quévil lon se dote
d’une bibl iothèque municipale en 1970 tandis que
la v i l le de Chapais acquiert la s ienne en 1975 et
Radisson, en 1995.
Sur le plan de la conservation et de la mise en valeur
du patr imoine histor ique, la région de la Jamésie
compte deux sociétés d’histoire. La Société d’histoire
régionale de Chibougamau est mise sur pied en
1979. Depuis 1996, cet organisme dét ient le s tatut
La Jamésie est , par ai l leurs , le terr i toire d’auteursprolifiques et d’artistes peintres. En 2007, le pastellistePierre Bureau de Chibougamau, qui a commencé sa carr ière comme enseignant , fête ses 30 années de carrière. Dans la même municipalité, Guy Lalancetteest finaliste pour les Prix littéraires du Gouver neur général en 2005 avec son troisième roman Un amourempoulail lé .
Certaines vil les organisent des rencontres culturelleslocales ou régionales qui se t iennent généralementpendant l ’été. Par exemple, le Festival en août, crééen 2001, est présenté à Chibougamau au cœur ducentre-vi l le, sur une scène extérieure. Les festivitésdurant quatre jours, sont l ’occasion, autant pour lapopulation jamésienne que pour les artistes du Nordquébécois, de se réunir et de partager leur passionpour la musique38.
En 2002, la Rencontre jeunesse Nord-du-Québec s e t i e n t p o u r l a p r em i è r e f o i s à C h i b o u g amau .Elle réunit quelque 600 jeunes de la quatrième annéedu primaire à la cinquième année du secondaire quipart ic ipent à des act iv i tés sport ives, cul turel les etrécréat ives. De plus, depuis 2003, la CommissionLo i s i r e t Spor t de l a Ba ie - James (CLSB J ) i nv i t e l e s éco les seconda i res de chaque mun ic ipa l i t é àorganiser le concours «Secondaire en spectac le» .L ’équ iva len t ex i s te éga lement au n iveau co l lég ia lsous le nom de «Cégep en spectacle» et est orga niséannuellement partout au Québec.
L’identité d’une région : Une communauté créative et active
30
Fouilles archéologiques le long de la rivière Bell. Archéo-08. Festival en août. Ville de Chibougamau.
En 2007, le Mouvement Jeunesse Baie-James (MJBJ)organise à Lebel-sur-Quévi l lon le premier Rassem-blement Jeunesse Jamésien. Cette rencontre régionalede trois jours donne l ’occasion à des Jamésiens âgés de 18 à 35 ans de s’ informer, d’échanger et de se mobi l iser autour de plusieurs thématiques. Une deuxième édit ion se t ient également en 2009.
Enfin, en 2007, la Conférence régionale des élus dela Baie-James s igne une entente avec le groupeAr chéo -08 . L ’ ob j e c t i f d e c e pa r t ena r i a t e s t depermettre à une équipe d’archéologues d’effectuerdes foui l les dans la frange sud du terr i toire de laBaie-James, sur le bassin versant de la rivière Bell ,au sud de Matagami, et sur d’anciens postes de traitedans les secteurs de Chapais et Chibougamau. Legrand public est invité annuellement à venir visiterles l ieux durant les fouil les.
Publicité du Rassemblement Jeunesse Jamésien en 2009. Mouvement Jeunesse Baie-James.
À la naissance des municipalités, le hockey se pratique
sur des patinoires extérieures. L’ouverture off iciel le
de l ’aréna de Chibougamau se fai t en 1973. À
Chapais, le conseil municipal développe en 1969 le
projet d’une infrastructure regroupant une glace et
une pisc ine avec la contr ibut ion de la compagnie
minière Opémiska. Cette même année, à Lebel-sur-
Quévillon, le conseil municipal et Domtar investissent
dans la construct ion d’un édif ice mult i fonct ionnel
comprenant un aréna, une sal le de c inéma et une
chape l l e qu i e s t i nauguré en 1973 . F ina lement ,
men t ionnons l e Fes t i va l du hockey mineur de
Ch ibougamau , l ancé en 1974 , e t du Fes t i va l des
jeunes hockeyeurs, démarré en 1984, qui continuent,
encore aujourd’hui, d’avoir un vif succès auprès de
la population.
Les loisirs au cœur des communautés
Dès la naissance des vi l les de la Jamésie, les sports
et les loisirs jouent un rôle déterminant. Les compagnies
forest ières et minières contr ibuent grandement à
l’édification des infrastructures sportives. Par la suite,
les paroisses, les bénévoles, les clubs sociaux et les
municipalités prennent la relève.
EN HIVER
Les adeptes du curling sont les plus choyés lors de
l ’ implantat ion des vi l les . Les entreprises minières
(Campbe l l , Opém i s ka , Ma t t agam i Lake M ine s )
défraient les coûts de construction des infrastructures
liées à ce sport qui est très prisé par la population
et part icul ièrement par les anglophones, lesquels
sont les pr incipaux promoteurs du secteur minier
en Jamésie à l ’époque.
Vient ensuite la prat ique des sports extér ieurs
comme le hockey sur glace et le ski. À Chibougamau,
l ’aménagement du centre de ski se fait par le Club
Kiwanis qui inaugure le Centre Précambrien en
196139 . Celui-c i devient le Centre plein-air Mont
Cha l co en 1963 e t l a mun i c i pa l i t é s ’ en po r t e
acquéreur en 1983. À Lebel-sur-Quévi l lon, le Mont
Surprise est aménagé en 1967.
Saviez-vous que?Le complexe sportif de Chapais a été
inauguré le 6 février 1971 en présence ducélèbre hockeyeur Maurice Richard40 .
31
Club de curling de Chapais en 1979. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Maurice Richard à Chapais en 1971. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Mont Surprise à Lebel-sur-Quévillon. Archives de la Ville de Lebel-sur-Quévillon.
Équipe de hockey Les Braves de Matagami. Société d’histoire de Matagami.
32
sur le lac Opémiska, s i tué 10 km de Chapais : le Fest ival du doré Baie-James vient d’être créé! Au f i l des années , i l es t devenu le p lus impor tant tourno i de pêche au Québec . Chaque année ,p lus ieur s m i l l i e r s de per sonnes s ’ y réun i s sen t , ce qui of fre à la municipal i té une bel le v is ibi l i té et des retombées économiques très appréciables.Lebel-sur-Quévillon réserve également à la populationde g rand ioses f e s t i v i t é s de l a Fê te na t iona le duQuébec avec son célèbre feu de joie.
De plus, la Jamésie a vu naître des athlètes qui l’ontreprésentée sur la scène internationale. À Chibou gamau,Henri Sassine, enseignant en éducation physique, fonde àla fin des années 1970 le célèbre Club Scaramouche, uneécole d’escrime reconnue partout au Canada. Il devient entraîneur de l’équipe nationale en 1984 et, cette mêmeannée, huit escrimeurs sous sa tutelle participent aux Jeux olympiques de Los Angeles. Sa fille, Sandra Sassine,est allée aux Jeux de 2008 à Beijing.
D’autres festivals embellissent l ’hiver des Jamésiens.Les municipalités ont orchestré des carnavals d’hivermettant en vedette un aspect typique de la région :la motoneige. À Chibougamau, en 1967, Léo-PaulLarouche et d’autres bénévoles mettent sur pied le Fest ival Fol i frets et le Ral lye internat ional de motoneige de Chibougamau, lesquels durent dixjours. Le clou de l’événement est une course de motoneige de 160 km autour du lac Chibougamau.La première année, alors que tous les observateurss ’at tendent à ce qu’un gagnant prenne plus de huit heures pour compléter le trajet , Jules Côté lefait en 4 heures et 56 minutes. Chapais a égalementeu son c a rnava l d ’h i ve r annue l de 1967 à 2002 , orchestré par le Club Lions.
Finalement, trois villes jamésiennes ont accueilli les f inales régionales d’hiver des Jeux du Québec. En 1979, Chapais a accuei l l i les jeunes athlètes del’Abitibi-Témiscamingue et Chibougamau, ceux duSaguenay–Lac-Saint-Jean. L’année suivante, Lebel-sur-Quévillon a fait de même pour l’Abitibi-Témiscamingue.
EN ÉTÉLa saison estivale est aussi synonyme de rassemble-ments. D’ailleurs, les nombreux plans d’eau permettentla prat ique de nombreuses act iv i tés naut iques quiembe l l i s sen t l e s é té s des Jamés ien ! En 2000 , ungroupe de bénévoles organise un tournoi de pêche
Arrivée des coureurs au Rallye international de motoneige de Chibougamau en 1968. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Escrime à Chibougamau. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
L’identité d’une région : Une communauté créative et active
Saviez-vous que?Le Festival Folifrets de Chibougamau
comprend la tradit ionnelle Randonnée du Président, qui est
la plus grande randonnée de motoneiges anciennes en Amérique du Nord41!
Groupe de pêcheurs. Association chasse et pêche de Chibougamau.
33
Les attraits touristiques de chez nous
Après les mines, la forêt et l ’hydroélectr ic i té , letourisme en Jamésie représente un axe économiquenon négligeable. À partir des années 1990, ce secteurprend une importance grandissante grâce à lavolonté des acteurs sociopol i t iques de divers i f ier l ’économie en structurant le secteur tourist ique de la nouvelle région du Nord-du-Québec. TourismeBaie-James, une associat ion tourist ique régionale,est ainsi créé.
L’at trai t tourist ique le plus spectaculaire de laJamésie est assurément le complexe hydroélectriqueLa Grande. D’ai l leurs , le parc Robert-A.-Boyd, uneini t iat ive de la Société des s i tes histor iques de Radisson, rend hommage à la contr ibut ion de cet ingénieur en reconst i tuant le campement où les premières campagnes d’explorat ion des travaux dela Baie-James ont eu l ieu dans les années 1950. Deplus, les aménagements du complexe La Grande sontégalement accessibles au public. À ce jour, plus de200 000 personnes venues des quatre coins de lap lanète ont v i s i té le s i te . Les innombrables lacs e tforêts du territoire jamésien sont réputés pour leurrichesse et en font une destination privi légiée pourles amateurs de chasse et de pêche. Les pourvoirieso f f rent aux v i s i teurs un sé jour mémorab le é técomme hiver , que ce soi t pour taquiner la trui te ou
Saviez-vous que?La route de la Baie-James
qui mène à Radisson est bordée de terrains de camping rustique et de rampes de mises à l ’eau
offerts gratuitement!
chasser le car ibou. La Jamésie offre également leterrain de jeu rêvé aux adeptes de motoneige avecses quelques 1 100 km de sent iers entretenus e t b a l i s é s serpentant à travers la forêt boréale et offrant des paysages grandioses42. Finalement, pourles fervents d’histoire et de patrimoine, un circuit d’interprétation des ponts couverts ér igés dans lesannées 1940-1950 a été aménagé dans le secteur de Beaucanton, Val-Paradis et Vil lebois.
Les municipalités de la Jamésie ont beaucoup investidans des infrastructures tourist iques depuis les années 1990, souvent grâce à des projets mettant envaleur l ’environnement, notamment ceux f inancéspar Hydro-Québec. Ainsi , des sent iers pédestres et d’ interprétat ion, des pistes cyclables et des plages municipales ont été aménagés à même lecadre naturel déjà prometteur af in de renforcer le potentiel récréatif et tourist ique de la région.
Visite du parc Robert A. Boyd. Tourisme Baie-James. Pêche à la truite. Association chasse et pêche de Chibougamau. Motoneige. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
Pont couvert Maurice-Duplessis à Beaucanton. Société d’histoire régionale de Chibougamau.
pour développer des services, améliorer la qualité de
la vie, démarrer des entreprises innovantes, att irer
des investisseurs ou sauver des entreprises menacées
de fermeture. Ces batailles témoignent avec éloquence
que la populat ion jamésienne a de plus en plus la
volonté de développer le Nord québécois pour y habiter.
Aujourd’hui, la Jamésie est un territoire où l’on trouve
une diversité évidente. La cohabitation et les échanges
entre les deux communautés, québécoise et crie, ajoutent
à cette richesse culturelle. De plus, les fondements
économiques qui ont mené à la création des villes sont
en pleine transformation. Pensons par exemple qu’en
2012, Chibougamau et Chapais n’ont aucune mine
en activité alors que c’est l’exploitation minière qui
est à la base de l’implantation de ces villes. Pour sa
part, Lebel-sur-Quévillon s’efforce de redynamiser son
économie à la suite du déclin de l’industrie forestière
et à la fermeture de Domtar; l’annonce de réouverture
de l’usine par Fortress Cellulose Spécialisé ravive l’espoir.
Conséquemment, la population jamésienne et tout
particulièrement la jeunesse, notre relève, doit dès
aujourd’hui se renouveler et développer de nouveaux
créneaux pour assurer le développement durable et
prospère de la Jamésie, et ce, dans un contexte où les
perspectives de développement semblent prometteuses
avec le déploiement du Plan Nord.
34
La Jamésie est un vaste territoire plein de potentiel ,avec un cl imat quelque peu r igoureux certes, maisdont l ’avenir est prometteur. Ini t ia lement, i l est vrai que les fondateurs des local i tés jamésiennesn’avaient pas nécessairement l ’ intention de fonderdes vi l les permanentes puisque seule l ’exploitat iondes ressources motivait leur implantation. D’ailleurs,à l ’époque, la plupart des édif ices et services muni c ipaux ont été f inancés et construi ts par les compagnies minières et forest ières af in d’att irer lamain-d’œuvre en lui of frant une qual i té de vie intéressante et des emplois bien rémunérés. Depuis,le développement de la Jamésie dépend, pour unegrande part, du dynamisme de sa population.
De plus en plus de personnes désirent demeurer enJamésie. Cela se voit par les infrastructures qu’on yaménage, tantôt pour répondre aux besoins desgroupes sociaux, les personnes âgées par exemple,tantôt pour les besoins des amateurs de sports e t l o i s i r s : c en t r e s de s k i , a r éna s , t e r ra i n s degolf, cinémas, c ircui ts tourist iques, etc . On tente éga lement de répondre aux p réoccupa t ions enmatière de culture : spectacles, troupes de théâtreou rencontres culturelles, de même qu’en éducation;formation technique et professionnel le de niveausecondaire, collégial ou universitaire. Ajoutons aussique des groupes se sont mobil isés et le font encore
Visite de Place aux jeunes à la mine Persévérance de Matagami. Place aux jeunes de la Jamésie.
Coucher de soleil à la pêche sur la glace. Frédéric Fortier.
L’avenir d’une régionRelève à l’horizon!
Bibliographie
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Bibliographie
RéférencesNumérotation dans le texte
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38 : Tourisme Baie-James, 2010.
39 : La Sentinelle de Chapais et Chibougamau,12 avri l 1961.
40 : Vi l le de Chapais.Cahier souvenir 50e anniversaire, 1955-2005.
41 : Tourisme Baie-James, 2010.
42 : Tourisme Baie-James, 2010.
1 : Ministère des Transports, 2010.2 : Institut de la statist ique du Québec, 2010.3 : Institut de la statist ique du Québec, 2010.4 : Municipalité de Baie-James, 2010.5 : Commission de toponymie du Québec, 2010.6 : Vi l le de Matagami, 2010.7 : La Sentinelle de Chapais et Chibougamau,
16 août 1957.8 : Vi l le de Matagami.
Cahier souvenir 25e anniversaire, 1963-1988.9 : Vall ières, 1989.10 : Houle, 2008.11 : La ruée vers le Nord, 2010.12 : Localité de Vil lebois, 2010.13 : Commission de toponymie du Québec, 2010.14 : Grand Québec, 2010.15 : Municipalité de Baie-James, 2010.16 : Ministère des Régions, 2001.17 : La Sentinelle de Chapais et Chibougamau,
24 juil let 1963.18 : La Sentinelle de Chapais et Chibougamau,
18 mai 1971.19 : La Sentinelle de Chapais et Chibougamau,
18 juil let 1958.20 : La Sentinelle de Chapais et Chibougamau,
21 mai 1975.21 : La Sentinelle de Chapais et Chibougamau,
23 octobre 1963.22 : La Sentinelle de Chapais et Chibougamau,
3 avri l 1963.23 : Municipalité de Baie-James, 2010.24 : Vi l le de Matagami.
Cahier souvenir 25e anniversaire, 1963-1988.
Imprimé par Nord Graphique sur du papier Supreme Matte, 30 % fibres postconsommation, fabriquéà l’aide d’énergie renouvelable, sans chlore élémentaire, certifié FSC. Certifié EMAS et PEFC.
Photographies sur la couverture :
1- Inauguration du chemin de fer Chibougamau-Senneterre en 1957. Société d’histoire régionale de Chibougamau.2- Coucher de soleil à la pêche sur la glace. Frédéric Fortier.3- Le géologue Robert Bell. Ressources naturelles Canada.4- Les portes de la Baie-James lors du 75e anniversaire de Villebois. Localité de Villebois.5- Groupe de pêcheurs. Association chasse et pêche de Chibougamau.6- École de rang à Villebois. Bibliothèque et Archives nationales du Québec.7- Draveurs sur la rivière Turgeon. Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Photographies au dos :
1- Pont de la rivière Bell à Matagami. Société d’histoire régionale de Chibougamau.2- Kayak en eau vive. Sylvain Roberge.3- Couvert forestier automnal. Sylvain Roberge. 4- Pêche à la truite. Association chasse et pêche de Chibougamau.
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