Hartmann, J-U. Long Discourses

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7/18/2019 Hartmann, J-U. Long Discourses http://slidepdf.com/reader/full/hartmann-j-u-long-discourses 1/2 1258 RESUMES DES COURS ET CONFERENCES Constantin, on observe dans l Antiquite tardive, comprise dans un sens tres large, une serie de changements profonds, une transformation radicale de la religion - non seulement de ses formes cultuelles et des grandes conceptions theolo giques, mais de sa definition meme, et de sa fonction dans les differentes societes et cultures du monde mediterraneen et du Proche-Orient. Dans une serie de quatre conferences, intituIees « Un nouveau souci de soi » «L essor des (eligions du livre » « Reinterpretations du rituel : la fin des sacrifices », et « De la religion civique a la religion communautaire », on s est efforce d etudier, de fa90n resolu ment comparative, certains des aspects les plus importants ou les plus revelateurs de cette transformation. Il s agit d une serie complexe de phenomenes imbriques les uns dans les autres. Chacun de ces phenomenes represente, en soi, nne evolution historique, et reflete des transformations qui ont eu lieu dans la longue duree. Mais c est la conjonction de ces phenomenes qui permet de degager un ensemble de transfor mations qui sont si prof ondes q u on peut parler de v eritable mutation, pour utiliser une metaphore empruntee a la pensee biologique. En un sens, on peut dire que c est dans I Antiquite tardive que se forment les cadres essentiels de la religion teIle que nous la connaissons dans les societes europeennes et proche orientales, en particulier, bien entendu, dans Ies societes chr6tiennes et musul manes, ainsi que dans les communautes juives enclavees dans ces societes. Le cadre politique essentiel, dans l Antiq uite tardive, c est bien entendu 1 em pire, romain (qui se transforme, apres le quatrieme siecle, en un imp rium reli gieux), ainsi que l empire sassanide a l est. La consequence principale du cadre imperial, pour les croyances et pratiques religieuses, c est le pluralisme qui permet Ie choix par 1 individu de son identite religieuse, le passage d une religion a 1 autre, ainsi que la restructuration des liens entre ethnicite, culture, et religion. La conversion religieuse, qui est directement liee au pluralisme, permet la forma tion de nouvelles id entites, un accent neu f etant mis sur l indivi du, plutOt que sur la societe. Interiorisation, personnalisation, affaiblissement de la religion civile, ces mouvements permettent Ia creation de structures neuves, dans les quelles peuvent s exprimer les nouvelles dimensions de la religion: des commu nautes, qui remplacent des societes urbaines, des nouvelles formes du culte (des prieres remplacent les sacrifices), iconographie profondement nouvelle dans ses formes et ses contenus. La religion, maintenant, se choisit, se cultive, volontaire ment. Il s agit, de plus en plus, d une identite et d une activite individuelles, qui sont souvent le fait de virt uose s» (le saint, le moine, le rabbi talmudique). Notre periode, qui va en gros de Jesus a Mahomet, voit le developpement du medium du livre (livre saint, codex), et de son corollaire, oral ou ecrit, exoterique ou esoterique, le commentaire. Le livre et son cOlumentaire permettent Ie deve loppement de 1 etude theologique de l a religion et 1 essor d une nOllVelle forme de communication entre les communautes religieuses. Le livre sacre et revele, qui offre la clef de la realite, perm et de mettre en ordre et de maltriseI les complexites de la realite, et de developper une vision du monde simplifiee: RESUMES DES COURS ET CONFERENCES 1259 com me le monde celeste, le monde materiel apparalt comme unifie, ou plutat divise entre deux forces principales. D autre part, ces deux mondes sont mainte nant separes 1 un de l autre. On observe, par ailleurs, un developpement tres fort du symbolisme, qui s exprime aussi dans les nouvelles formes de 1 icono g l:a p hie, surtout a partir de la crise religieuse du troisieme siecle et de la converSlOn de Constantin. La constitution de communautes religieuses en competition les unes avec les autres, se disputant souvent le meme texte revele, la formation des orthodoxies (chez les juifs et les zoroastriens aussi bien que chez les chretie~s , i~pl~quai~ le developpement de la polemique religieuse comme moyen essentlel d aff1~matJon identitaire, et en corollaire, la collusion entre autorite religieuse et POUVOl r secu lier, et de fortes eruptions de violence inter-religieuse. D Eric Robertson Dodds et Henri-Irenee Marrou a Peter Brown, Pien e Hadot et Michel Foucault ou Michel Tardieu, la recherche contemporaine a permis d effectuer des progres considerab1es dans notre comprehension des complexites de 1a situation religieuse de l antiquite tardive. Il semble toutefois que de fa90n traditionnelle, 1a recherche a surtout mis l accent sur 1e passage du « paganisme » au christianisme, en oubliant trop souvent que cette derniere religion est une religion « orientale » et plus precisement une variante du juda isme. Or il s avere que 1e judaisme a He affecte avant d autres systemes religieux par les transforma~ tions que nous avons etudiees, qu il en a meme ete parfois 1 instigateur. Ai.nsl 1a tradition biblique des psaumes et des prophetes permet-elle une restructuratlOn de l individu, ainsi 1a bible hebra ique apparalt-elle comme le model e des autres livres reveIes, ainsi 1a destruction du temple de Jerusalem for9a-t-elle les juifs, avant d autre s, a se reinv enter une religion sans sacrifices, ainsi enfin l idee de communaute religieuse doit-elle beaucoup a la synagogue, qui existait deja dans le monde hellenistique. On espere avoir mis l accent plus fortement encore sur la transformation profonde, dans cette periode, de 1 idee meme de religion, qui reste enco re aujour d hui notre heritage, po ur le meilleur et pour le pire. M. Jens-Uwe HARTMANN Professeur a 1 Universite de Muni ch (Allemagne ) Conversing with Brahmins, Kings, and other dignitaries : A new version of the Long Discourses of the Buddha After the death of the Buddha, his teachings were orally transmitted for several centuries. During this period continuously texts were added and grew larger, and they underwent many forms of redactional changes and modifications. This was

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Sarvastivada Dirgha Agama

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http://slidepdf.com/reader/full/hartmann-j-u-long-discourses 1/2

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RESUMES DES COURS ET CONFERENCES

Constantin, on observe dans l Antiquite tardive, comprise dans un sens tres large,

une serie de changements profonds, une transformation radicale de la religion

- non seulement de ses formes cultuelles et des grandes conceptions theolo

giques, mais de sa definition meme, et de sa fonction dans les differentes societes

et cultures

du

monde mediterraneen et du Proche-Orient. Dans une serie

de

quatre conferences, intituIees « Un nouveau souci de soi

»

«L

essor des (eligions

du livre » « Reinterpretations du rituel : la fin des sacrifices », et « De la religion

civique a la religion communautaire », on

s est

efforce d etudier, de fa90n resolu

ment comparative, certains des aspects les plus importants ou les plus revelateurs

de cette transformation.

Il s agit d une serie complexe de phenomenes imbriques les uns dans les

autres. Chacun de ces phenomenes represente, en soi, nne evolution historique,

et reflete des transformations qui ont eu lieu dans la longue duree. Mais c est la

conjonction de ces phenomenes qui permet de degager un ensemble de transfor

mations qui sont si prof ondes qu on peut parler de veritable mutation, pour

utiliser une metaphore empruntee a la pensee biologique. En un sens, on peut

dire que

c est

dans I Antiquite tardive que se forment les cadres essentiels de la

religion teIle que nous la connaissons dans les societes europeennes et proche

orientales, en particulier, bien entendu, dans Ies societes chr6tiennes et musul

manes, ainsi que dans les communautes juives enclavees dans ces societes.

Le cadre politique essentiel, dans l Antiquite tardive, c est bien entendu 1 em

pire, romain (qui se transforme, apres le quatrieme siecle, en un

imp rium

reli

gieux), ainsi que l empire sassanide a l est. La consequence principale du cadre

imperial, pour les croyances et pratiques religieuses, c est le pluralisme qui

permet

Ie

choix par 1 individu de son identite religieuse, le passage d une religion

a 1 autre, ainsi que la restructuration des liens entre ethnicite, culture, et religion.

La conversion religieuse, qui est directement liee au pluralisme, permet la forma

tion de nouvelles identites, un accent neu f etant mis sur l indivi du, plutOt que

sur la societe. Interiorisation, personnalisation, affaiblissement de la religion

civile, ces mouvements permettent

Ia

creation de structures neuves, dans les

quelles peuvent s exprimer les nouvelles dimensions de la religion: des commu

nautes, qui remplacent des societes urbaines, des nouvelles formes du culte (des

prieres remplacent les sacrifices), iconographie profondement nouvelle dans ses

formes et ses contenus. La religion, maintenant, se choisit, se cultive, volontaire

ment. Il s agit, de plus en plus, d une identite et d une activite individuelles, qui

sont souvent le fait de virt uose s» (le saint, le moine, le rabbi talmudique).

Notre periode, qui va en gros de Jesus a Mahomet, voit le developpement

du

medium du livre (livre saint, codex), et de son corollaire, oral ou ecrit, exoterique

ou esoterique, le commentaire. Le livre et son cOlumentaire permettent Ie deve

loppement de 1 etude theologique de l a religion et 1 essor

d une nOllVelle

forme

de communication entre les communautes religieuses. Le livre sacre et revele,

qui offre la clef de la realite, perm et de mettre en ordre et de maltriseI les

complexites de la realite, et de developper une vision du monde simplifiee:

RESUMES DES COURS ET CONFERENCES

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com

me

le monde celeste, le monde materiel apparalt comme unifie, ou plutat

divise entre deux forces principales. D autre part, ces deux mondes sont mainte

nant separes 1 un de l autre. On observe, par ailleurs, un developpement tres fort

du

symbolisme, qui s exprime aussi dans les nouvelles formes de 1 icono

g

l:a

p

hie,

surtout a partir de la crise religieuse du troisieme siecle et de la converSlOn de

Constantin.

La constitution de communautes religieuses en competition les unes avec les

autres, se disputant souvent le meme texte revele, la formation des orthodoxies

(chez les juifs et les zoroastriens aussi bien que chez les c h r e t i e ~ s ,

i ~ p l ~ q u a i ~

le

developpement de la polemique religieuse comme moyen essentlel d

a f f 1 ~ m a t J o n

identitaire, et en corollaire, la collusion entre autorite religieuse et

POUVOl

r

secu

lier, et de fortes eruptions de violence inter-religieuse.

D Eric Robertson Dodds et Henri-Irenee Marrou a Peter Brown, Pien e Hadot

et Michel Foucault ou Michel Tardieu, la recherche contemporaine a permis

d effectuer des progres considerab1es dans notre comprehension des complexites

de 1a situation religieuse de

l

antiquite tardive. Il semble toutefois que de fa90n

traditionnelle, 1a recherche a surtout mis

l

accent sur 1e passage du « paganisme »

au christianisme, en oubliant trop souvent que cette derniere religion est une

religion

« orientale

»

et plus precisement une variante du juda isme. Or il s avere

que

1e

judaisme a He affecte avant d autres systemes religieux par les t r a n s f o r m a ~

tions que nous avons etudiees, qu il en a meme ete parfois 1 instigateur.

Ai.nsl

1a

tradition biblique des psaumes et des prophetes permet-elle une restructuratlOn

de l individu, ainsi 1a bible hebra ique apparalt-elle comme le model e des autres

livres reveIes, ainsi

1a

destruction du temple de Jerusalem for9a-t-elle les juifs,

avant d autre s, a se reinventer une religion sans sacrifices, ainsi enfin l idee de

communaute religieuse doit-elle beaucoup a la synagogue, qui existait deja dans

le monde hellenistique. On espere avoir mis

l

accent plus fortement encore sur

la transformation profonde, dans cette periode, de 1 idee meme de religion, qui

reste enco re aujour d hui notre heritage, pour le meilleur et pour le pire.

M. Jens-Uwe HARTMANN

Professeur a 1 Universite de Muni ch (Allemagne)

Conversing with Brahmins, Kings, and other dignitaries :

A

new version of the Long Discourses of the Buddha

After the death of the Buddha, his teachings were orally transmitted for several

centuries. During this period continuously texts were added and grew larger, and

they underwent many forms

of

redactional changes and modifications. This was

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RESUMES DES COURS ET CONFERENCES

partly instigated by the wish to preserve intact an oral transmission and partly

necessitated by the transition from one dialect 01' one language into another when

Buddhism spread throughout India. In order to structure that constantly growing

amount of literature, a classification was developed which permitted of arranging

the discourses ascribed to the Buddha into four or five sections which together

formed the collection

of

his words on doctrinal matters. In the course

of

time,

several versions of that collection were formed, each using another Indian lan

guage and showing a multitude of differences, especially of length, contents and

doctrine, but retaining the basic classification scheme.

The first of the four or five sections is that of the Long Discourses , so

named because it contains those discourses which grew into the longest ones in

the course of transmission. Until recently, only one version was known in its

Indian original; this is the so-called Pali version (Pali being one

of

many Middle

Indian languages) which is still used today in Sri Lanka, Thailand and Burma,

the countries of Southern Buddhism. A second version is preserved in a Chinese

translation made in the fifth century when Buddhism was introduced in China.

t is closely linked to, but

by

no means identical, with the Pali version.

A few years ago, in the end

of

the nineties, all

of

a sudden another version

smfaced when a voluminous manuscript, allegedly found in Northern Pakistan,

was sold for a very considerable price on the Western rare book market in

London. Soon

rt was found to contain another version of the Long Discourses .

Although no reliable information about its find spot is available, a provenance

from the northwestern region of the Indian subcontinent is very likely. Based

on the palaeography and on a radio carbon dating, the manuscript must have

been written in the first half

of

the eighth century, a time when Buddhism was

still alive in Pakistan and Afghanistan. Originally the manuscript consisted of

454 birch-bark folios measuring 50 x 10

cm

which makes it a rather large book

by size and volume. To date, approximately half

of

the folios have turned up

in the West, and the remaining pages are either lost 01' still waiting for a rich

collector.

This new version is rather different from the other two known so far. t is

composed in Sanskrit, the classical language of ancient India, and it contains

47 discourses against the 34 of the Pali version and the 30 of the text only

preserved in Chinese translation. A number of discourses was unknown before,

and even those which find counterparts in the other vers ons are often different

in contents and structure. Amazingly, the collection also contains some discourses

which are rather short and do not really fit into the Long Discourses , but the

reason for their inclusion remains unknown.

Most of the texts combine the presentation of Buddhist teachings with a frame

story. Somebody comes to meet the Buddha and asks him a question. The

majority of the visitors are Brahmins, the members

of the most important riyal

groups

of

religious specialists. Their relevance is clearly demonstrated by the

RESUMES DES COURS ET CONFERENCES

1261

number of stories about brahminical visitors,

by

the ranks attributed to them and

by the course

of

the discussions which, not surprisingly, usually end with the

successful refutation of the view taken by the Brahmin and, important, with him

admitting to have been convinced by the arguments of the Buddha. Then there

are members of other groups of ascetics, notably the Jaiilas, and representatives

of wordly power, such as various kings, a minister who is sent to the Buddha

in order to inquire about the chances

of

a successful military campaign, a prince

and a famous physician.

Most of the texts contain a message, or, rather, severa1 messages. First

of

all,

they present points of Buddhist doctrine. Some focus on philosophica1 problems,

but most of them deal with ethics, spiritual development and the various theoreti

cal and practical aspects

of

the way to Nirvana. All this would be a religious

message. At the same time, most of them .also contain anorher set of messages:

they aim at constructing the uniqueness of the Buddha and his teaching by

demonstrating his superiority over other religious 01' wordly leaders. There are

even two texts which contain no religious message at all; however, they are

very important in widening the superiority claim. They describe the visit of a

large crowd of non-human beings who have come

to

pay homage to the Buddha.

What is to be expressed here is a relationship between powers, not a homily.

The Buddha does not teach them; instead he lets them promise

to

protect his

followers against attacks of other supernatural beings. In tbis case the message

is twofold, namely the acknowledgement of the superiority of the Buddha by

non-human powers and the promise of protection.

M. Fritz NI S

Professeur a 'Universite Heinrich Heine de Düsseldorf (Allemagne)

1. La fierte des passeurs. Traducteurs et traductions de nos J ours

A

et

du Moyen Age

au XVIIIe siede

Le metier du passeur, litteraire ou autre, semble compter parmi les plus

humbles qui soient. N'est-ce pas une absurdite de vouloir lui reconnaltre de la

fierte? Vouloir detecter cette fierte ressemble un peu

a

une expedition dans un

vaste No

man s

Land de la recherche historique qui ne semble promettre que la

decouverte de landes steriles. Mais contre toute attente, l'histoire de la traduction

en France ne commence pas qu'avec la Renaissance. On peut meme dire, avec

l'evangile selon saint Jean,

qu «

au commencement la Traduction etait ». Et des

:

M o y ~ n Äge on rencontre aussi des traducteurs qui, dans une large mesure,

s emanclpent ouvertement de l'autorite de l'original.

La

proliferation du nombre