Harmonie du soir

3
« Harmonie du Soir » : Baudelaire, Les Fleurs du Mal Situation : Voir Fiches Pantoum, spécificité du poème I. La suggestion d’une atmosphère Il y a une exceptionnelle qualité d’atmosphère (comme dans « Le Balcon » XXXVI page 85) où se retrouve des éléments et des motifs très chers à Baudelaire : • Le soir (Titre ; v. 3) L’équivocité entre jour // nuit La polysémie : - au sens temporel - au sens spirituel Soir d’une journée qui s’achève, d’une liaison amoureuse qui s’achève, soir d’une vie qui se tourne vers son passé. (v. 14) « du passé lumineux recueille tout vestige » • La fleur (v. 2-5) « fleur » (v.1) « tige » Il s’agit d’un motif éponyme Sa représentation est de l’éphémère, de la femme aimée, de la vie dans son double-mouvement (dynamique puis dissipée) • La musique Création d’un horizon du poème au fil des strophes « vibrant » « les sons » « la valse » « violon » L’association des sens est présente : ouïe, toucher, odorat, vue [« sang qui se fige »] • La religiosité (et amour) L’amour est le point de croisement entre la religion et les relations « Voici venir les temps … » (annonce, forte connotation biblique) Egalement au niveau de solennité Vocabulaire associée : « ostensoir », « reposoir », « encensoir » … qui sont tous placés à l’hémistiche comparatif La comparaison est la figure de la rhétorique par excellence dans ce poème.

description

 

Transcript of Harmonie du soir

Page 1: Harmonie du soir

« Harmonie du Soir » : Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Situation: Voir Fiches Pantoum, spécificité du poème

I. La suggestion d’une atmosphèreIl y a une exceptionnelle qualité d’atmosphère (comme dans « Le Balcon » XXXVI page 85) où se retrouve des éléments et des motifs très chers à Baudelaire :

• Le soir (Titre ; v. 3)L’équivocité entre jour // nuitLa polysémie : - au sens temporel

- au sens spirituelSoir d’une journée qui s’achève, d’une liaison amoureuse qui s’achève, soir

d’une vie qui se tourne vers son passé. (v. 14) « du passé lumineux recueille tout vestige »

• La fleur(v. 2-5) « fleur » (v.1) « tige »Il s’agit d’un motif éponymeSa représentation est de l’éphémère, de la femme aimée, de la vie dans son double-mouvement (dynamique puis dissipée)

• La musiqueCréation d’un horizon du poème au fil des strophes« vibrant » « les sons » « la valse » « violon »L’association des sens est présente : ouïe, toucher, odorat, vue [« sang qui se fige »]

• La religiosité (et amour)L’amour est le point de croisement entre la religion et les relations« Voici venir les temps … » (annonce, forte connotation biblique)Egalement au niveau de solennitéVocabulaire associée : « ostensoir », « reposoir », « encensoir »… qui sont tous placés à l’hémistiche comparatifLa comparaison est la figure de la rhétorique par excellence dans ce poème.

II. Une expérience troublante(v.8) vers de référence« Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir »On note l’ambiguïté de l’atmosphère : plusieurs états de trouble.

Beau Triste• Les troubles de la sensation

- le frémissement- la langueur - la déperdition de substance[Sang : vie, amour, passion, mort, blessure]

Page 2: Harmonie du soir

• Les troubles de la passion (fleurs de l’amour Baudelairien]- (v. 14) « lumineux »- (v. 2) « fleur »- (v. 16) « ton souvenir luit en moi … »- (v. 6) « tristesse et obscurité »- (v. 10) « un cœur »Un amour passé, peut-être perdu

Célébration par l’entremise de la mémoire et des souvenirs• Les troubles de la conscience

- (v. 10) « un cœur tendre qui hait le néant vaste et noir »[Haïr : au départ on a aimé à la folie … il s’agit d’une haine qui dévore]On remarque la puissance sémantique des mots :

« Néant »« Vaste » L’expression de la douleur du poète« Noir »

III. La poésie comme « idéal » fragile (spleen = source d’émotion, de créativité poétique)

Le spleen est la source d’émotion de créativité, d’inspiration poétique. La poésie relève d’un idéal fragile.L’expression poétique constitue une échappatoire. Ce voyage est éphémère, vers le bas.Il s’agit du ‘Spleen et Idéal’ (Harmonie du Soir)On a donc un poème du malaise et de la disharmonie existentielle, partagé entre ces deux états : à la fois le poème de l’harmonie (v.1) mais aussi du crépuscule.

Un des exercices poétiques les plus probants, quand à la capacité e l’écriture versifié, d’exorciser les démons du spleen :

- par sa forme même et les effets ‘apaisants’ du pantoum- par la puissance d’association des images et du langage qui font coexister les contraires (passé/présent, lumière/nuit, absence/présence, passion/souffrance, spleen/idéal)- par la densité et la cohérence lexicale, la rythmique et l’accentuation- par les effets phonétiques (rime raréfié : 2 seulement)

Les assonances en [ã] et [ᴐ]Les allitérations en [v] [l] [r] …

Chiasme : « Valse mélancolique et langoureux vertige »

Conclusion : En conclusion on peut citer Jean Prévost :« L’émotion poétique, réglée par le rythme des sons et des images, s’est déroulée en nous comme une dense intérieure, chaque mouvement se liant aux autres pour le suivre ou le balancer ; et ces mouvements comme ceux de la danse n’avaient d’autre but que leur harmonie et leur perfection. »

Un travail complet qui conduit à la valse des mots et au principe d’apaisement du vertige du cœur.