Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

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Haïti en Marche, édition du 29 Décembre 2010 au 04 Janvier 2011 Vol XXIV N° 49 “Haïti est la preuve de l’échec de l’aide internationale” dit le représentant de l’OEA (voir / p. 2) PORT- AU-PRINCE, 24 Décembre – Si on était un pays normal, dans les heures qui ont suivi le séisme du 12 janvier, l’Etat aurait mis en ap- plication un décret d’état d’urgence. Immédiatement. Par décision pré- sidentielle et du conseil des mi- nistres. Sans at- tendre le vote du Parlement qui serait sollicité et devrait intervenir la même semaine à main levée. L’état d’urgence com- prendrait la mise 2010-2011 CRISES SUR CRISES Haïti ne s’en relèvera jamais comme ça ! (P-AU-P / p. 5) PORT-AU-PRINCE, 23 Décembre – S’il y a confusion, le président René Préval est le seul à ne pas en ELECTIONS : PREVAL ABAT SES CARTES Un second tour à 2 candidats et pouvant rester au pouvoir jusqu’au 14 mai haïtienne ainsi que 120% du PIB et jeté 1.3 million de souffrir. Lors d’une rencontre avec 4 médias locaux le jeudi 23 décembre, le chef de l’Etat a exposé sa posi- tion vis à vis de ce qu’il convient lui aussi d’appeler la crise, mais une crise électorale et non politique. Selon lui, cette fin d’année, l’une des plus dif- ficiles de l’histoire du pays, est mar- quée par trois cri- ses. . Une crise née du séis- me du 12 janvier qui a enlevé plus de 250.000 vies, détruit la capitale (PREVAL / p. 4) Les habitants des zones avoisinant l’Etang saumâtre (ou Lac Azuéi), le plus grand lac intérieur d’Haïti, rapportent un phénomène apparu depuis vendredi : les poissons, tortues et même les caïmans dont ce lac est fertile sont morts mysté- rieusement et leurs corps flottent au-dessus de l’eau. L’Etang de Malpasse contaminé, tous les poissons meurent Nos reporters et photographes qui se sont rendus sur les lieux, confirment en effet ce bizarre phénomène. Ils ont parlé aux habitants ainsi qu’aux autorités civiles et policières qui confirment également. Les eaux de l’étang sont donc considérées jusqu’à nouvel ordre contaminées. On ne sait par quoi ? D’autres disent empoisonnées. On ne sait par qui ? On attend les résultats des tests que l’Etat ne va pas manquer de mener à ce sujet pour éclairer la population avant que les spéculations les plus folles commencent à se multiplier. Le Lac Azuéi se trouve dans la zone frontalière avec la République dominicaine voisine dénommée Malpasse- Malpaso, à environ une heure de voiture de la capitale Port- au-Prince. Le cholera fait rage dans les sections communales les plus reculées, où il n’y a aucune communication et qu’il faut au moins deux jours de marche ininterrompue pour trouver un centre de santé, et où aussi n’arrivent pas les messages radio- phoniques sur les moyens d’éviter la contamination. Notre collaborateur Robenson Eugène y a accom- pagné une mission médicale cubano-haïtienne partie de la commune de Carrefour, au sud de la capitale. Le choléra est venu aggraver la situation misérable (CHOLERA / p. 11) PORT-AU-PRINCE, 23 Décembre – Ils sont 12. 12 hommes en colère. Exigeant dès le premier jour l’annulation des élections du 28 Novembre pour ‘fraudes massives.’ Ces 12-là n’ont jamais varié de leur position initiale. Jusqu’où ira la détermination des 12 ? (LES DOUZE / p. 4) D’abord négligés mais jamais ignorés de l’opinion, les voici qui reviennent au centre de l’actualité comme en cet après-midi du dimanche 28 novembre Le choléra fait rage dans les régions reculées Poissons morts flottant à la surface du Lac Azuéi ou Etang saumâtre (photo Robenson Eugène/Haïti en Marche) Le président René Préval rencontrant 4 médias locaux : Le Nouvelliste, Caraïbes FM, Radio Nationale et Mélodie FM-Haïti en Marche (photo de Jean Claude Mathieu) De nombreux morts du choléra dans les sections communales perdues dans les hauteurs du Pic de la Selle (photo Robenson Eugène/HenM) Premiers travaux de déblaiement au centre commercial de Port-au-Prince mais abandonnés pour manque de fonds (photo Haïti en Marche)

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Haïti en Marche, édition du 29 Décembre 2010 au 04 Janvier 2011 • Vol XXIV • N° 49

“Haïti est la preuve de l’échec de l’aide internationale” dit le représentant de l’OEA (voir / p. 2)

P O R T-AU-PRINCE, 24 Décembre – Si on était un pays normal, dans les heures qui ont suivi le séisme du 12 janvier, l’Etat aurait mis en ap-plication un décret d’état d’urgence. Immédiatement. Par décision pré-sidentielle et du conseil des mi-nistres. Sans at-tendre le vote du Par lement qu i serait sollicité et devrait intervenir la même semaine à main levée. L’ é t a t d’urgence com-prendrait la mise

2010-2011 CRISES SUR CRISESHaïti ne s’en relèvera jamais comme ça !

(P-AU-P / p. 5)

PORT-AU-PRINCE, 23 Décembre – S’il y a confusion, le président René Préval est le seul à ne pas en

ELECTIONS : PREVAL ABAT SES CARTESUn second tour à 2 candidats et pouvant rester au pouvoir

jusqu’au 14 maihaïtienne ainsi que 120% du PIB et jeté 1.3 million de

souffrir. Lors d’une rencontre avec 4 médias locaux le jeudi 23 décembre, le chef de l’Etat a exposé sa posi-tion vis à vis de ce qu’il convient lui aussi d’appeler la crise, mais une crise électorale et non politique. Selon lui, cette fin d’année, l’une des plus dif-ficiles de l’histoire du pays, est mar-quée par trois cri-ses.

. U n e crise née du séis-me du 12 janvier qui a enlevé plus de 250.000 vies, détruit la capitale

(PREVAL / p. 4)

Les habitants des zones avoisinant l’Etang saumâtre (ou Lac Azuéi), le plus grand lac intérieur d’Haïti, rapportent un phénomène apparu depuis vendredi : les poissons, tortues et même les caïmans dont ce lac est fertile sont morts mysté-rieusement et leurs corps flottent au-dessus de l’eau.

L’Etang de Malpasse contaminé, tous

les poissons meurent

Nos reporters et photographes qui se sont rendus sur les lieux, confirment en effet ce bizarre phénomène. Ils ont parlé aux habitants ainsi qu’aux autorités civiles et policières qui confirment également.

Les eaux de l’étang sont donc considérées jusqu’à nouvel ordre contaminées. On ne sait par quoi ? D’autres disent empoisonnées. On ne sait par qui ?

On attend les résultats des tests que l’Etat ne va pas manquer de mener à ce sujet pour éclairer la population avant que les spéculations les plus folles commencent à se multiplier.

Le Lac Azuéi se trouve dans la zone frontalière avec la République dominicaine voisine dénommée Malpasse-Malpaso, à environ une heure de voiture de la capitale Port-au-Prince.

Le cholera fait rage dans les sections communales les plus reculées, où il n’y a aucune communication et qu’il faut au moins deux jours de marche ininterrompue pour trouver un centre de santé, et où aussi n’arrivent pas les messages radio-phoniques sur les moyens d’éviter la contamination.

Notre collaborateur Robenson Eugène y a accom-pagné une mission médicale cubano-haïtienne partie de la commune de Carrefour, au sud de la capitale.

Le choléra est venu aggraver la situation misérable

(CHOLERA / p. 11)

PORT-AU-PRINCE, 23 Décembre – Ils sont 12. 12 hommes en colère. Exigeant dès le premier jour l’annulation des élections du 28 Novembre pour ‘fraudes massives.’ Ces 12-là n’ont jamais varié de leur position initiale.

Jusqu’où ira la détermination des 12 ?

(LES DOUZE / p. 4)

D’abord négligés mais jamais ignorés de l’opinion, les voici qui reviennent au centre de l’actualité comme en cet après-midi du dimanche 28 novembre

Le choléra fait rage dans les régions

reculées

Poissons morts flottant à la surface du Lac Azuéi ou Etang saumâtre (photo Robenson Eugène/Haïti en Marche)

Le président René Préval rencontrant 4 médias locaux : Le Nouvelliste, Caraïbes FM, Radio Nationale et Mélodie FM-Haïti en Marche (photo de Jean Claude Mathieu)

De nombreux morts du choléra dans les sections communales perdues dans les hauteurs du Pic de la Selle

(photo Robenson Eugène/HenM)

Premiers travaux de déblaiement au centre commercial de Port-au-Prince mais abandonnés pour manque de fonds (photo Haïti en Marche)

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Page 2Mercredi 29 Décembre 2010

Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49EN BREF ...EN PLUS ...

(EN BREF / p. 14)

Lac Azuéi: dizaines de poissons mortsDimanche, 26 Décembre 2010 HPNDes dizaines de poissons du lac Azuëi ont été retrouvés morts ces derniers jours sur les rives du lac et à la surface de l'eau jetant la panique au sein de la population vivant dans l'environnement du lac.Alertées par la situation, les autorités ont demandé aux populations des villages avoisi-nants de ne pas utiliser l'eau du lac et de ne pas manger les poissons et autres produits provenant du lac Azuëi en attendant les résultats définitifs des enquêtes en cours.Selon une source proche de la Protection civile, d'autres animaux auraient été retrouvés morts après avoir mangé les poissons morts ou utilisé l'eau du Lac.Des études en laboratoires étaient effectuées samedi et dimanche en Haïti mais égale-ment au Mexique pour déterminer les causes de ce phénomène.

Situation au Lac Azuei - Communiqué no 1Depuis le 24 décembre 2010, il a été constaté la mort d'une quantité anormale de poissons au niveau du lac Azuei, plus précisément dans les zones de Fond Parisien et Malpasse. Alertées par les structures de Protection Civile et les autorités locales, des missions techniques des Ministères de l’Environnement et de l’Agriculture ont effectué des prélèvements d'échantillons d’eau et de poissons morts dans les zones de Fond Parisien et Malpasse. Les analyses sont en cours en vue de déterminer les causes exactes de ces cas de mortalité. Des mesures de protection ont été établies depuis le 24 décembre avec les autorités communales avec l’appui du niveau départemental de l’Ouest et du niveau central du Gouvernement. La situation pour le moment reste sous contrôle. Dans l’attente des résultats des analyses, les Ministères de l’Agriculture, de l’Envi-ronnement et de la Santé Publique ainsi que le Secrétariat permanent de Gestion des Risques et des Désastres demandent à la population des régions de Ganthier et de Fond Parisien, d'éviter de consommer jusqu’à nouvel ordre l’eau du lac et les poissons retrouvés morts sur les berges en provenance de cette zone du lac Azuei. Le Gouverne-ment exhorte les populations des zones avoisinantes à des consignes de prudence et de vigilance en cas d'extension éventuelle du phénomène. Ministère de l’Intérieur et des Collectivités TerritorialesMinistère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement RuralMinistère de l’EnvironnementMinistère de la Sante Publique et de la Population

Mgr François Gayot: Rapatriement de la dépouille mortelleLa dépouille mortelle de Mgr François Gayotsera accueillie en Haïti au cours de la journée du 28 Décembre 2010.Monseigneur François Gayot se trouvait à Rome au moment de son décès. Il partici-pait à une rencontre de la Commission Internationale de la Migration où il représentait Haïti, quand il a été pris d'un malaise et mourrait peu de temps après. Archevêque du Nord, Monseigneur François Gayot avait été Président de la conférence Episcopale de 1992 à 1998. Il vivait depuis sa retraite à Port-au-Prince.

L'OEA N’EST PAS AU RENDEZ-VOUSL’organisation attend les termes de sa mission pour commen-cer le recomptage(AFP) – WASHINGTON — La mission de l'Organisation des Etats américains (OEA) chargée de superviser le recomptage des votes de la présidentielle haïtienne attend que les autorités précisent les termes de cette mission avant d'entamer son travail, a indiqué l'OEA dimanche."Le libellé" de la mission "n'a pas encore été déterminé pour l'instant", a indiqué le se-crétaire général adjoint de l'OEA Albert Ramdin. "Tant qu'on ne s'est pas mis d'accord sur les termes de cette mission, nous n'enverrons pas nos experts", a-t-il indiqué à la veille du début théorique de la mission."J'espère que cette mission pourra commencer aussi vite que possible. Je pense que ça devrait être le cas cette semaine, le temps passe", a-t-il avancé.Le secrétaire général adjoint de l'OEA avait indiqué il y a une semaine que la mission devait se rendre ce dimanche à Port-au-Prince pour commencer son travail ce lundi 27 décembre. Ce qui n’est pas le cas.

Appel en faveur d'un arrêt du lynchage de prêtres vaudou à HaïtiLe chef suprême du vaudou haïtien a demandé jeudi aux autorités de mettre fin aux lynchages de prêtres vaudou par des foules qui leur reprochent d'être responsables de l'épidémie de choléra qui sévit dans le pays."Depuis le début de l'épidémie à la mi-octobre, au moins 45 prêtres vaudou, des hommes comme des femmes, ont été tués. Nombre de ces victimes ont été massacrées et mutilées à coups de machettes", a expliqué à Reuters Max Beauvoir, le "Ati", ou chef suprême du vaudou en Haïti."On leur reproche d'avoir eu recours au vaudou pour contaminer les gens avec le cho-

Diplômé de l’Institut de hautes études internationales de Genève, le Brésil-ien Ricardo Seitenfus a 62 ans. Depuis 2008, il représente l’Organisation des Etats américains en Haïti. Il dresse un véritable réquisitoire contre la présence internatio-nale dans le pays

Le Temps: Dix mille Casques bleus en Haïti. A votre sens, une présence contre-productive…

Ricardo Seitenfus: Le système de prévention des litiges dans le cadre du système onusien n’est pas adapté au con-texte haïtien. Haïti n’est pas une menace internationale. Nous ne sommes pas en situ-ation de guerre civile. Haïti n’est ni l’Irak ni l’Afghanistan. Et pourtant le Conseil de sécurité, puisqu’il manque d’alternative, a imposé des Casques bleus depuis 2004, après le départ du président Aristide. Depuis 1990, nous en sommes ici à notre huitième mission onusienne. Haïti vit depuis 1986 et le départ de Jean-Claude Duvalier ce que j’appelle un conflit de basse intensité. Nous sommes confrontés à des luttes pour le pouvoir entre des acteurs politiques qui ne respectent pas le jeu démocratique. Mais il me semble qu’Haïti, sur la scène inter-nationale, paie essentiellement sa grande proximité avec les Etats-Unis. Haïti a été l’objet d’une attention négative de la part du système international. Il s’agissait pour l’ONU de geler le pouvoir et de transformer les Haïtiens en prisonniers de leur propre île. L’angoisse des boat people explique pour beaucoup les décisions de l’international vis-à-vis d’Haïti. On veut à tout prix qu’ils restent chez eux.

– Qu’est-ce qui empêche la nor-malisation du cas haïtien?

– Pendant deux cents ans, la présence de troupes étrangères a alterné avec celle de dictateurs. C’est la force qui définit les relations internationales avec Haïti et ja-mais le dialogue. Le péché originel d’Haïti, sur la scène mondiale, c’est sa libération. Les Haïtiens commettent l’inacceptable en 1804: un crime de lèse-majesté pour un monde inquiet. L’Occident est alors un monde colonialiste, esclavagiste et raciste qui base sa richesse sur l’exploitation des terres conquises. Donc, le modèle révo-lutionnaire haïtien fait peur aux grandes puissances. Les Etats-Unis ne reconnais-sent l’indépendance d’Haïti qu’en 1865. Et la France exige le paiement d’une rançon pour accepter cette libération. Dès le départ, l’indépendance est compromise et le dével-oppement du pays entravé. Le monde n’a jamais su comment traiter Haïti, alors il a fini par l’ignorer. Ont commencé deux cents ans de solitude sur la scène internationale. Aujourd’hui, l’ONU applique aveuglément le chapitre 7 de sa charte, elle déploie ses troupes pour imposer son opération de paix. On ne résout rien, on empire. On veut faire d’Haïti un pays capitaliste, une plate-forme d’exportation pour le marché américain, c’est absurde. Haïti doit revenir à ce qu’il est, c’est-à-dire un pays essentiellement ag-ricole encore fondamentalement imprégné de droit coutumier. Le pays est sans cesse décrit sous l’angle de sa violence. Mais, sans Etat, le niveau de violence n’atteint pourtant qu’une fraction de celle des pays d’Amérique latine. Il existe des éléments dans cette société qui ont pu empêcher que la violence se répande sans mesure.

– N’est-ce pas une démission de voir en Haïti une nation inassimilable, dont le seul horizon est le retour à des valeurs traditionnelles?

– Il existe une partie d’Haïti qui est moderne, urbaine et tournée vers l’étranger. On estime à 4 millions le nombre de Haï-tiens qui vivent en dehors de leurs frontières. C’est un pays ouvert au monde. Je ne rêve pas d’un retour au XVIe siècle, à une société agraire. Mais Haïti vit sous l’influence de l’international, des ONG, de la charité uni-verselle. Plus de 90% du système éducatif et de la santé sont en mains privées. Le pays ne dispose pas de ressources publiques pour pouvoir faire fonctionner d’une manière minimale un système étatique. L’ONU échoue à tenir compte des traits culturels.

“Haïti est la preuve de l’échec de l’aide internationale”

dit le représentant de l’OEARésumer Haïti à une opération de paix, c’est faire l’économie des véritables défis qui se présentent au pays. Le problème est socio-économique. Quand le taux de chômage atteint 80%, il est insupportable de déployer une mission de stabilisation. Il n’y a rien à stabiliser et tout à bâtir.

– Haïti est un des pays les plus aidés du monde et pourtant la situation n’a fait que se détériorer depuis vingt-cinq ans. Pourquoi?

– L’aide d’urgence est efficace. Mais lorsqu’elle devient structurelle, lorsqu’elle se substitue à l’Etat dans toutes ses missions, on aboutit à une déresponsabi-lisation collective. S’il existe une preuve de l’échec de l’aide internationale, c’est Haïti. Le pays en est devenu la Mecque. Le séisme du 12 janvier, puis l’épidémie de choléra ne font qu’accentuer ce phénomène. La com-munauté internationale a le sentiment de de-voir refaire chaque jour ce qu’elle a terminé la veille. La fatigue d’Haïti commence à poindre. Cette petite nation doit surprendre la conscience universelle avec des catas-trophes de plus en plus énormes. J’avais l’espoir que, dans la détresse du 12 janvier, le monde allait comprendre qu’il avait fait fausse route avec Haïti. Malheureusement, on a renforcé la même politique. Au lieu de faire un bilan, on a envoyé davantage de soldats. Il faut construire des routes, élever des barrages, participer à l’organisation de l’Etat, au système judiciaire. L’ONU dit qu’elle n’a pas de mandat pour cela. Son mandat en Haïti, c’est de maintenir la paix du cimetière.

– Quel rôle jouent les ONG dans cette faillite?

– A partir du séisme, Haïti est de-venu un carrefour incontournable. Pour les ONG transnationales, Haïti s’est transformé en un lieu de passage forcé. Je dirais même pire que cela: de formation professionnelle. L’âge des coopérants qui sont arrivés après le séisme est très bas; ils débarquent en Haïti sans aucune expérience. Et Haïti, je peux vous le dire, ne convient pas aux amateurs. Après le 12 janvier, à cause du recrutement massif, la qualité professionnelle a beau-coup baissé. Il existe une relation maléfique ou perverse entre la force des ONG et la faiblesse de l’Etat haïtien. Certaines ONG n’existent qu’à cause du malheur haïtien.

– Quelles erreurs ont été com-mises après le séisme?

– Face à l’importation massive de biens de consommation pour nourrir les sans-abri, la situation de l’agriculture haïtienne s’est encore péjorée. Le pays of-fre un champ libre à toutes les expériences humanitaires. Il est inacceptable du point de vue moral de considérer Haïti comme un laboratoire. La reconstruction d’Haïti et la promesse que nous faisons miroiter de 11 milliards de dollars attisent les con-voitises. Il semble qu’une foule de gens viennent en Haïti, non pas pour Haïti, mais pour faire des affaires. Pour moi qui suis Américain, c’est une honte, une offense à notre conscience. Un exemple: celui des médecins haïtiens que Cuba forme. Plus de 500 ont été instruits à La Havane. Près de la moitié d’entre eux, alors qu’ils devraient être en Haïti, travaillent aujourd’hui aux Etats-Unis, au Canada ou en France. La révolution cubaine est en train de financer la formation de ressources humaines pour ses voisins capitalistes…

– On décrit sans cesse Haïti comme la marge du monde, vous ressen-tez plutôt le pays comme un concentré de notre monde contemporain…

– C’est le concentré de nos drames et des échecs de la solidarité internationale. Nous ne sommes pas à la hauteur du défi. La presse mondiale vient en Haïti et décrit le chaos. La réaction de l’opinion publique ne se fait pas attendre. Pour elle, Haïti est un des pires pays du monde. Il faut aller vers la culture haïtienne, il faut aller vers le terroir. Je crois qu’il y a trop de médecins au chevet du malade et la majorité de ces médecins sont des économistes. Or, en Haïti, il faut des anthropologues, des sociologues, des

(OEA / p. 11)

DECES DE GUY BELLEGARDE C’est avec une profonde douleur que nous annonçons le décès de l’Ingénieur Guy Bellegarde, survenu au Centre hospitalier Pierre Boucher de Montréal, le 22 décembre 2010, à 22 heures. Son passage à l’au-delà laisse dans le deuil sa mère, Marguerite Baguidy Bellegarde; son épouse, Claudette Daoust; sa sœur Evelyne Abellard (son époux Roland et leurs enfants, Ronald, Stéphane et leurs familles); son frère André Bellegarde Jr ( son épouse Nicole et leurs quatre enfants : Jennifer, Régine, Serge Edouard et Jean-Philippe); Serge Bellegarde (sa femme et leur enfant); Nicole Amisial (son mari Jean-Claude et leurs enfants : Fabienne et Sébastien) ; son oncle, Fern D. Baguidy et famille ; plusieurs cousins et cousines tant au Canada qu’aux États-Unis et en Haïti ; plusieurs camarades de travail, amis anciens condisciples de classe de Saint-Louis de Gonzague tant aux États-Unis et au Canada qu’en Haïti; les familles Bellegarde, Baguidy, Prophète, Lhérisson, Lapierre, Mentor, Laforêt, ainsi que plusieurs autres parents et alliés. Les funérailles de l’Ingénieur Guy Bellegarde seront chantées à Montréal le jeudi 30 décembre 2010 de 12h à 14 heures au complexe LOGO, Ives Légaré au 2750, Marie-Victorin Est (514) 595-1500).

Repose en paix, Guy,

Au nom de la famille, Serge Bellegarde

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Mercredi 29 Décembre 2010Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49

Page 3

SOM

MA

IRE SOMMAIRE

L’ACTUALITE EN MARCHE

dans laquelle végètent ces populations, celles par exemple de Berly et de Malanga, 21e et 22e section de la commune de Carrefour, département de l’Ouest, non loin du Pic de la Selle, le sommet le plus élevé du pays.

Un habitant explique : ‘Ici quand les gens tombent malades, il y a 99 chances sur 100 qu’ils ne survivent pas.’

Pas de sentier pour transporter un malade même à dos d’âne. Des pentes si raides que même les chèvres ne peuvent s’y aventurer.

Un autre habitant rapporte que l’épidémie a déjà emporté 200 habitants seulement dans ces deux sections communales.

‘Il faudrait marcher pendant plus de 24 heures pour transporter le malade sur un brancard jusqu’à Carrefour ou à Pétionville, il ne peut pas survivre pendant aussi longtemps.’

Qui pis est, jusqu’en novembre les gens ne savaient toujours pas qu’il existait une épidémie de choléra dans le pays. La radio n’arrive pas dans ces coins reculés. Comment ne pas croire lorsque les premiers cas sont apparus, qu’il ne s’agissait pas d’un phénomène mystique.

Il semble que la première personne tombée malade avait contracté la maladie en dehors du village. Lorsqu’elle est morte, on lui a fait des funérailles dans la tradition paysanne, avec longue veillée funèbre, cadavre exposé et non désinfecté etc.

Depuis les cas se multiplient.Arrivé là-haut après plus de 10 heures de marche de-

puis Kenscoff, les officiels municipaux accompagnant la délégation médicale ont juré que l’Etat doit prendre toutes les mesures pour installer des antennes médica-les dans ces régions, selon les vœux de la Constitution stipulant que le droit à la vie est un droit sacré.

Cette délégation qui a visité les victimes du choléra dans la 21e section de Berly, le mercredi 22 décembre, comprenait un officier sanitaire du district de Carrefour, un membre du comité local de la Protection civile, 4 médecins cubains, le coordonnateur des Asec de la section et notre reporter Robenson Eugène.

Mélodie FM, Port-au-Prince

Le choléra fait rage dans les régions reculées

(CHOLERA... suite de la 1ère page)

20 Décembre 2010 HPN - "Je ne comprends pas pourquoi mon nom a été cité. Je n’ai rien à voir avec tout ça", s’est insurgé le directeur de la Télévision nationale d’Haïti, Pradel Henriquez, qui indique avoir réagi à une alerte concernant une réunion pour incendier la Télévision nationale et avoir pris les décisions qui

s'imposaient.« Quelqu’un m’a approché le dimanche 12

pour me faire certaines révélations. La personne m’a donné l’adresse d’une réunion à Delmas 22, et que la seule personne connue à cette rencontre était Patrice Dumont », a indiqué Pradel Henriquez qui n’a pas précisé d’où lui était venue l’information impliquant le chroniqueur sportif.

Interrogé sur cet informateur et s’il a évalué la solidité du dossier avant d’alerter les autorités, Pradel Henriquez répond tout simplement avoir réagi à une alerte et ne pas plaisanter avec de telles informations.

Henriquez dit qu’il n’y croyait pas d’abord,

Affaire Dumont-TNH-Henriquez

déclare avoir réagi à une alerte et pris

des décisions

(AFFAIRE / p. 10)

Malade du choléra soigné avec les moyens du bord dans un village du Morne La Selle, il faut plus d’une journée de marche à pied avant d’atteindre tout centre médical (photo Haïti en Marche)

Le directeur général de la Télévision d’Etat, notre confrère Pradel Henriquez (photo Haïti en Marche)

L’EVENEMENTL’Etang de Malpasse : tous les poissons trouvés morts p.1CRISE POLITIQUEPréval pourrait rester au pouvoir jusqu’au 14 mai 2011 p.1ELECTIONSJusqu’où ira la détermination des Douze ? p.112 JANVIER 2010 - 2011Crises sur crises : Haïti ne s’en relèvera jamais comme ça p.1CHOLERAL’épidémie fait rage dans les hauteurs du Morne La Selle p.1UN SCANDALE« Haïti est la preuve de l’échec de l’aide internatio-nale » dit le représentant de l’OEA, il est aussitôt renvoyé p.2D’UNE CRISE L’AUTREHaïti – Côte d’Ivoire, deux crises sans aucun rapport p.7DESAFFECTION OU FATIGUE ?Les blancs rembarquent ! p.8ADOPTIONDeux cents petits Haïtiens adoptés dans des familles françaises … Critique p.10LIBRE PENSERNudité p.12Deux présidents pour le prix d’un p.12AMENAGEMENT DU TERRITOIRELes terres privées p.13LETTRESSiwèl p.15

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Page 4Mercredi 29 Décembre 2010

Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49UNE ANALYSE

ELECTIONS : PREVAL ABAT SES CARTESUn second tour à 2 candidats

et pouvant rester au pouvoir jusqu’au 14 maicompatriotes dans la rue. . Une crise apportée par l’épidémie de choléra à la-quelle rien ne nous préparait, c’est la première fois que Haïti est frappée par un mal d’une ampleur aussi mortelle : 2.600 morts en deux mois et près de 120.000 cas. L’OMS projette au moins 400.000 contaminations dans les six premiers mois. . Enfin une crise électorale parce que, selon le président Préval, il s’agit de comptage de bulletins de vote et de résultats électoraux contestés. Mais il n’y a pas de crise politique. Le gouvernement fonctionne normalement, les institutions aussi. Les dates constitutionnelles pour la tenue des élections et pour l’entrée en fonction des nouveaux élus sont respectées.

Deux projets de logements …

A partir de là, Mr. Préval annonce des dispositions pour faire face à chacune de ces trois crises. Le séisme a entre autres créé une crise du logement avec la destruction de près de 70% des résidences privées. Le gouvernement annonce deux projets de logements qui seront construits et vendus à des particuliers dans le cadre d’un programme de crédit immobilier garantissant aux acheteurs un taux d’intérêt bancaire fixe et un paiement mensuel qui ne dépassera pas le montant d’un loyer normal.

candidat Michel Martelly, arrivé en troisième position, et dont plusieurs milliers de partisans avaient occupé les rues de Port-au-Prince et surtout de Pétionville, proche banlieue de la capitale, pendant près d’une semaine. La seconde (participation de tous les candidats au second tour, qui était fixé jusque-là au 16 janvier, et celui qui remporterait le plus de voix deviendrait automatiquement l’élu) est rejetée également par Préval, la Constitution ne prévoyant pas, dit-il, l’élection du président de la République à la majorité simple.

Pas question de gouverne-ment provisoire …

Quant aux candidats (dont le Groupe des 12 réclamant l’annulation du scrutin du 28 novembre) et autres secteurs politiques qui prônent la formation d’un gouvernement de transition (soit avant, soit après la fin du mandat présidentiel, le 7 février prochain), la réponse du locataire du palais national est catégorique : pas question de gouvernement provisoire. Le pays n’a pas de temps à perdre à ce genre d’élucubrations (le mot est de Mr. Préval lui-même). Notamment quand il est confronté à la tâche gigantesque de la Recons-truction après le séisme.

La contestation comme un sport national

…Arrivons à la crise politique, pardon électorale. Le

président Préval dit avoir fait appel à deux missions techni-ques de l’OEA (Organisation des Etats américains) pour venir participer au recomptage des votes et procès verbaux dont la première tabulation est contestée par des candidats. D’ailleurs, note-t-il, ce sont tous les candidats sans exception qui se dé-clarent insatisfaits. Il devine que actuellement dans tous les QG de campagne, pour ne pas dire dans toutes les chaumières haïtiennes (et de la diaspora, exemple Haiti Democracy Pro-ject), les machines à calculer doivent fonctionner à toute allure puisque la contestation des résultats électoraux est devenue presque un sport national. En tout cas, selon lui, il doit y avoir un point final à tout ça. Et ce n’est ni X ni Y qui en a la charge mais c’est l’institution électorale, le CEP. Et sur la base de résultats hors de toute contestation puisque ayant été supervisés, et plusieurs fois, par les techniciens les plus autorisés de tout le continent, ceux de l’organisation hémisphérique, l’OEA.

Contraires aux prescrits de la Constitu-tion …

Ensuite, René Préval donne son appréciation des multiples propositions de sortie de crise formulées ces derniers jours dans la classe politique et la société civile. Voici sa réponse : pas de second tour à trois candidats, ni de second tour avec la participation de tous les candidats.

Les deux sont contraires aux prescrits de la Constitution. La première idée (second tour à trois candidats) a été agitée dans certains milieux diplomatiques espérant calmer ainsi les tensions nées dans le camp du populaire chanteur-

Ces deux projets de logements seront installés dans les quartiers de Fort National et de l’ancienne piste d’aviation (Bowen field) au nord de la capitale. Les compatriotes qui n’ont aucun moyen de payer bénéficieront quant à eux de programmes de logements sociaux (mais le président n’a pas fourni de détails à ce sujet). Ces projets doivent démarrer le 12 janvier prochain qui marquera le premier anniversaire du séisme dévastateur. Les premiers débours sont assurés par le trésor public.

Mission médicale cubaine …En ce qui concerne le choléra, juste après la rencontre

avec les journalistes, arrivait une délégation conduite par la ministre de la santé de Cuba. La mission médicale cubaine est destinée à jouer un important rôle face à la percée brutale que le choléra est en train de faire dans les sections rurales où on enregistre actuellement le plus grand nombre de décès (près d’une cinquantaine par jour) à cause surtout de la distance pour atteindre le centre de traitement le plus proche. Tandis que les ONG sont à l’œuvre dans les villes, citons Médecins sans frontières. Dans la phase actuelle, le gouvernement estime le budget nécessaire pour lutter contre le choléra à environ 50 millions de dollars américains.

Là-dessus le président se lance dans une véritable leçon de conduite électorale pour les candidats qui semblent ignorer que à partir du moment qu’ils ont inscrit leur candida-ture, ils mettent le pied dans l’engrenage et ils ne peuvent plus revenir en arrière. Et cela jusqu’à la proclamation des résultats, dussent-ils avoir 0.0009% des suffrages. Par conséquent, René Préval retient une seule voie de sortie : un second tour avec deux candidats. Quand ? Cela dépendra du temps qu’il faudra aux techniciens haïtiens et internationaux pour établir des résultats définitifs, justes, transparents et ne laissant l’ombre d’un doute, a insisté le président. A ce sujet, il a réitéré que le Conseil électoral pro-visoire (CEP) n’a aucun rôle dans le centre de tabulation qui est ‘managé’ par deux experts étrangers et un haïtien. Et où aussi continuent à défiler des observateurs aussi bien nationaux qu’internationaux tandis que d’autres observateurs ne cessent d’arriver de tous les horizons. Mais, martèle Préval, c’est au CEP, et à lui seul, devant la loi et la Constitution, qu’il revient de communiquer les résultats.

Prêt à rester en fonction au-delà du 7 février …

Quant au chef de l’Etat, l’article 136 de la loi mère

(PREVAL... suite de la 1ère page)

(PREVAL / p. 6)

Les avocats du can-didat à la présidence Michel Martelly, ont présenté, le jeudi 23 décembre, les différentes irrégularités appuyant leur contestation et demandent la proclamation d’un résultat "normal et légal" en vue de connaitre leur vraie position dans la course électorale. "Je veux qu’on donne un résul-tat normal et légal", déclare Gregory Mayard Paul, un des avocats de Michel Martelly, au cours d’une conférence de presse. C’est, selon lui, la

Martelly veut un résultat ‘normal et légal’

(MARTELLY / p. 7)

René Préval écoute une question de Marcus (photo Jean Claude Mathieu)

Michel Martelly

Page 5: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 Décembre 2010Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49

Page 5DE L’ACTUALITE

2010-2011 CRISES SUR CRISESHaïti ne s’en relèvera jamais comme ça !

pas pour justifier les dons qu’elles reçoivent. Personne ni aucune institution

n’aurait le droit de ralentir la marche des choses. Ce qui sous-entend que si nous étions un pays normal, les partis politiques, les par-lementaires de l’opposition et autres groupes idoines ne passeraient pas au contraire leur temps à tirer sur les pouvoirs publics au lieu de prêter main forte. L’état d’urgence en lui-même ne le permettrait pas sous peine de sévères sanctions.

Bref, si nous étions un pays normal, Port-au-Prince ne serait pas une année après le séisme au même point zéro.

L’Etat (je précise, et non le gouver-nement mais l’entité nommée l’Etat qui est la conscience éveillée de tous les citoyens et la matérialisation de l’unité nationale), l’Etat aurait appelé tous les citoyens à un grand ‘coumbite’ national.

Miroir aux alouettes …Mais le gouvernement (et donc non

l’Etat) a fait tout le contraire. Il s’est tourné vers l’international. Haïti, faut-il le rappeler, ne s’est pas faite par la volonté de l’interna-tional mais plutôt envers et contre celle-ci. A la force des poignets de ses enfants. Tout comme d’ailleurs n’importe quel autre pays,

sée Port-Républicain, le 22 septembre 1793.‘Après la Déclaration de l’indépen-

dance d’Haïti, elle retrouve son nom de Port-au-Prince et devient la capitale du nouvel Etat indépendant.’ Un pays, une capitale se construit coup de pioche après coup de pioche, il n’y a pas de self service, que celui-ci s’appelle Fondation Prince Charles ou autre.

Pauvres idiots …On n’arrête pas le progrès, certes,

mais celui-ci doit être aidé. Au Moyen-Age, on commençait par la construction d’un château fort et le reste venait s’abriter sous ses murs. Arrive la Renaissance, et c’est la cathédrale qui joua ce rôle de ‘poto mitan’ autour duquel se déploie au fur et à mesure la ville. Bref on ne peut tout faire le même jour. Ce n’est pas une maison de poupée sortie des catalogues Sears. Voire quand on est passé d’une ville conçue pour 250.000 à une mégapole de 3 millions. Mégapole que de nom. Demandons-nous d’abord : qu’est-ce que nous avons comme symbole le plus fort, le plus stimulant pour démarrer la reconstruction de cette capitale qui a été encore jusqu’au moment de la célébration du bicentenaire de

(P-AU-P... suite de la 1ère page))

sur pied d’un super-gouvernement ayant pratiquement tous les pouvoirs. Y compris la sécurité publique et le maintien de l’ordre. Y compris si cela doit empiéter sur les libertés indivi-duelles mais sur une base temporaire pouvant être renouvelée. Les organisations de la société civile pourraient intervenir en cours de route pour rectifier le tir si cela s’avère nécessaire,

les Etats-Unis, la France, Cuba etc. Qu’est-ce que nous allons chercher dans cette nouvelle illusion nommée l’international ? Miroir aux alouettes. Piège à cons. Instrument de chantage et de chantage à la souveraineté. A preuve, une année après le séisme, où en sommes-nous ? Et nous resterons au même stade dans 5 ans ou 50 ans.

Parce que deuxième illusion : un pays ne se recons-truit pas en un jour, d’un jour à l’autre. Ce n’est pas un jeu vidéo. Or c’est mine de rien à quoi nous nous attendons. Un mirage. Un petit Port-au-Prince tout neuf comme cadeau de Noel ! Un Doubaï de la Caraïbe.

Si nous étions un pays normal, fort des pouvoirs extra-ordinaires qui lui sont conférés par l’état d’urgence, l’Etat aurait pris l’essentiel du trésor public (au diable les institutions de financement qui d’ailleurs devant notre détermination farouche n’auraient d’autre choix que de nous emboiter le pas) pour se mettre immédiatement à reconstruire ce qui a été détruit. De nos propres moyens. Il faudrait bien entendu créer ces moyens. Augmenter la perception. L’esprit de sacrifice. Mettre tout le monde à contribution. A commencer par les plus fortunés. Sanctionner fortement les récalcitrants, quels qu’ils soient. Imaginer un New deal comme avait fait Roosevelt pour sortir les Etats-Unis de la Grande dépression. Mais prêcher aussi d’exemple. Les gouvernants pourraient déposer leurs 4 par 4 pour économiser le carburant pour les engins lourds. Mettre le peuple au travail sur les décombres. Travaux publics ou travaux privés ou travaux humanitaires, il ne devrait y avoir aucune différence. Aucune discrimination non plus.

Une révision des structures économiques existan-tes …

Un violent cyclone a frappé le sud de la Floride le 24 août 1992. Détruisant plusieurs milliers de foyers. Un an après, les gens étaient rentrés chez eux. Grâce à un programme de crédit immobilier. Mais il n’y a pas eu de camps. Les camps finissent par créer plus de problèmes qu’ils n’en résolvent. Comme nous le constatons.

Aux Etats-Unis, les choses sont facilitées, comme vous le savez, grâce à une institution (mais qui n’existe appa-remment pas chez nous) et qui s’appelle les assurances. Tout est assuré. Propriétés, appartements, voitures, bateaux, santé, même le chien, tout. Pardon, chez nous aussi les assurances

sa fondation en 1949 proclamée ‘la perle de la Caraïbe’ ? Malheureusement nous ne sommes pas un pays com-me les autres. Au grand dam de nos ancêtres. Nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer … et notre gueule pour accoucher des âneries. En toute liberté démocratique, ouais ! Voilà pourquoi on n’en sortira pas, ni dans 5 ans, ni dans 50 ans, qui sait. Voyons les choses en face. Une des leçons à tirer pour cette fin d’annus horribilis mais qui ne sera probablement pas le dernier : cessons de rêver, pauvres idiots que nous sommes, aussi idiots que pauvres. Ce n’est pas la révolution qu’il nous faut aujourd’hui, (qu’elle soit nationaliste et anti-Minustah ou ‘sociale’ à la Wyclef !), c’est la Recons-truction. Mais qui peut (et doit) être en elle-même une totale révolution.

Haïti en Marche, 24 Décembre 2010

existent. Mais pourquoi faire puisqu’elles ne sont d’aucun secours en cas de catastrophe nationale. On n’a pas beaucoup entendu parler des assurances depuis le 12 janvier 2010, même des assurances santé. Même celles qui assurent les employés publics. Elles se font toutes petites, n’est-ce pas !

Désormais toutes les propriétés en Haïti également devraient être assurées. Mais pas seulement les propriétés, tout ce qui est essentiel à la vie. Mais des assurances véritables, qui

contribuent à la vie et à l’essor de la nation et de l’économie et apportent leur concours et leur engagement en cas de be-soin, pas des coupes gorges. Une telle révision des structures économiques existantes entrerait aussi dans les compétences de l’état d’urgence.

L’esprit de sacrifice …Mais en Haïti nous mettons la charrue toujours de-

vant les bœufs, nous prenons nos rêves pour des réalités. Et plus nous sommes au plus bas, plus nous rêvons malgré nous. Cauchemars vivants. Zombies.

Alors que si nous étions un pays normal les gens ne se seraient déplacés que pour trouver momentanément un coin pour dormir mais ils reviendraient chaque jour sur les lieux de leur résidence pour reconstruire celle-ci, chacun se ferait son propre contremaitre, l’Etat fournirait les moyens qu’il faut, toute la nation y trouverait du boulot. Mais ce ne serait pas gratis ti chéri parce que rien n’est gratuit quand il faut reconstruire un foyer sûr pour ses enfants et par la même occasion son pays, c’est au contraire l’esprit de sacrifice qui domine, tous devraient d’abord s’engager à rembourser les dépenses faites pour reconstruire leur logement, leur quartier, leur ville. Assurément sur des bases plus solides, plus saines et plus conviviales.

Les récalcitrants verraient leurs biens hypothéqués dans le même cadre de l’état d’urgence. L’intérêt général primant sur tous les autres.

Elections aux moindres frais …Si on était un pays normal, les élections ne seraient pas

forcément renvoyées. Mais elles se dérouleraient aux moindres frais car nous sommes en système d’autarcie économique et sans participation financière de l’étranger (car l’aide étrangère aurait des choses plus importantes à régler, d’autre part qui veut son respect se le procure !). Ensuite, seuls les partis reconnus, c’est-à-dire ayant une véritable implication nationale, seraient admis à y participer. Tout devrait être calculé au plus serré (la publicité électorale, finies les gargotes), l’état d’urgence ne peut se permettre aucun gaspillage.

Ce serait donc une bonne occasion pour remettre un peu d’ordre dans notre prétendue démocratie !

Si on était un pays normal, on comprendrait aussi

qu’on ne peut rebâtir en un jour ce qui a mis plus de trois siècles à exister. Vite notre Cours d’Histoire d’Haïti par J. B. Dorsainville. ‘Port-au-Prince fut fondée en 1749 par les colons français sur l’Habitation Randot, (l’actuel quartier du Bel Air). En 1770, elle remplaça le Cap-Français comme capitale de la colonie de Saint Domingue, mais fut détruite déjà par un séisme le 3 juin de la même année.

‘Pendant la Révolution française, la ville fut rebapti-

Visage inchangé depuis le séisme du centre commercial de Port-au-Prince (photo Haïti en Marche)

Page 6: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 6Mercredi 29 Décembre 2010

Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49CRISE ELECTORALE

(Constitution) lui confie la mission et lui fait obligation d’assurer le bon fonctionnement et la protection des institutions. Et il ne faillira pas à sa tâche, dit le président. Puis tombe le couperet. René Préval annonce qu’il est prêt à rester en fonction au-delà du 7 février et jusqu’au 14 mai 2011 qui marquera la fin effective de son mandat de 5 ans, si les circonstances l’obligent. Il était en effet entré en fonction le 14 mai 2006 à cause du retard qui avait été pris par les présidentiel-les d’alors. Cette dernière déclaration du prési-dent peut être considérée comme un véritable défi pour son opposition qui a juré de le délo-ger du palais avant cette date.

Le président explique pourquoi il en est venu à cette conclusion alors qu’il pensait partir le 7 février afin de faciliter la remise en ordre du calendrier constitutionnel.

Mais selon lui, le séisme a tout remis en question.

Une explication que l’opposition ne va certainement pas gober.

« Le Président n’a pas de

quand leur intervention à l’hôtel Karibe avait cassé le dérou-lement de la journée électorale à la surprise générale.

Mais l’institution électorale ordonna de poursuivre. Toutefois c’est la volte face effectuée par deux d’entre eux qui l’emportera. Mirlande Manigat, la première pourtant qui avait demandé l’annulation, et Michel Martelly, qui avait pris immédiatement la tête d’une manifestation en faveur de l’annulation, annoncèrent seulement quelques heures plus tard qu’ils restent dans le processus électoral … pour avoir reçu, disent-ils, des assurances que ce sont eux qui mènent dans les premiers résultats.

Cependant les surprises étaient loin de finir. Et de fil en aiguille voici presque toute la classe politique qui rejoint

que soit le vis à vis – elle a dit cependant pas question d’un second tour à trois comme la France a proposé), par contre la candidate du parti RDNP rejette le recomptage.

Elle l’a encore fait comprendre dans un article de Cyberpresse paru sous le titre : ‘Mirlande Manigat ne veut pas d’une solution imposée par l’étranger.’

‘La candidate arrivée en tête du premier tour s’est prononcée contre une solution à la crise post-électorale ‘éla-borée par l’étranger’.

Alors, direz-vous, l’étranger n’a qu’à se retirer et va

aujourd’hui à l’annulation d’autant plus que en face, aussi bien du côté des candidats favoris qui semblent désorientés que du président Préval et de l’international qui n’arrivent pas à imposer le recomptage, en face c’est la confusion.

Les 12 ont-ils une stratégie pour prendre la direction des opérations (voire si la crise n’est pas résolue avant le départ du président Préval à la fin de son mandat le 7 février 2011, d’autres disent le 14 mai) et que le pays tomberait dans le vide constitutionnel. Remarquez que ce ne serait pas la première fois pendant ces 25 années tumultueuses de l’après-Duvalier !

Est-ce que à 12 on est plus fort ? Ou moins fort ? Car il s’agit tout de même de 12 candidats à la présidence.

Mais d’abord il leur faut communiquer à la population leur intention, leur message. Qui sont-ils, que recherchent-ils, où peuvent-ils nous conduire ?

Personne ne saurait dire. Et peut-être eux non plus !C’est une sorte de mission qui leur tombe (ou qui

risque de leur tomber) comme ça sur la tête. Mission possible ou impossible ?

Sont-ils capables de le relever ?Ou se feront-ils voler la vedette avant le temps de réa-

liser ce qui leur arrive. Car une fois qu’on se retrouve au milieu de la scène, sous les feux de la rampe, c’est autre chose.

En tout cas, le temps presse.

Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

Martelly. Il demande que tous les candidats puissent participer au second tour et que celui qui obtienne le plus de voix soit déclaré le vainqueur. Donc l’annulation du premier tour.

Martelly fait donc plus que la moitié du chemin vers le Groupe des 12.

Quant à Mirlande Manigat, elle dit non à tout. A la nouvelle proposition de Martelly, mais aussi au recomptage qui est la voie choisie par le président René Préval au cours de négociations apparemment difficiles avec l’OEA (Organisation des Etats Américains), l’Union européenne, l’envoyé spécial

Bill Clinton, bref la communauté internationale.Sauf que Mirlande Manigat ne lâcherait pour rien au

monde sa première place dans les résultats du premier tour.Donc un second tour avec le candidat du pouvoir Jude

Célestin et Mirlande Manigat ?Ce n’est pas encore évident. Jude Célestin est le seul à n’avoir pas pris position

publiquement. C’est plutôt regrettable. Un candidat qui est 2ème favori se jette tout naturellement dans la bagarre. A moins que le candidat du pouvoir espère gagner par défaut. Ce qui augmente par conséquent les suspicions. De plus, on voit difficilement un international déjà lui aussi sur la défensive, se prêter à ce jeu.

Ce qui rend le second tour totalement problématique. Car si Mirlande Manigat est d’accord pour y aller (avec quel

parce qu’il craint de ne pas avoir suffisamment d’arguments pour se faire admettre au second tour. Les résultats communi-qués le 7 décembre le mettent en troisième position derrière Mirlande Manigat et Jude Célestin.

Mirlande Manigat ne figure pas dans le camp de l’annulation uniquement parce qu’elle ne veut pas risquer sa première place.

Quant à Jude Célestin, il pourrait bien finir par s’y retrouver malgré lui (avec les partisans de l’annulation) s’il n’y a personne pour aller avec lui au second tour.

Oui, des élections qui sont devenues une vraie charade (en créole ‘Tchala’, élections borlette).

Sans compter tous ceux qui avaient prôné le boycott (mais sans réussir à empêcher les élections d’avoir lieu). Les voici donc tout heureux et fiers de sauter dans le train de l’an-

nulation en marche. Ce sont eux qui ont pris la tête de la rencontre de ce mercredi. Tout de suite les grands mots : on prépare les états-généraux de la nation haïtienne. Ils oublient que c’est le peuple de 1789 qui avait fait les états-généraux, où est leur peuple ?

Dans tout ça, que représentent les 12. Quel est leur poids réel ? Sont-ils capables de prendre avantage des nouvelles circonstan-ces ? Douze hommes en colère. Qui donc ont su transformer leur colère en détermination d’abord, puis garder suffisamment leur unité pour, contrairement aux autres, résister aux volte face quasi quotidiens, spécialement chez les candidats appelés favoris, et pour paraître finalement aujourd’hui comme ceux qui avaient vu juste dès la journée électorale du 28 novembre.

Aujourd’hui on pourrait même les appeler les 12 apôtres puisque ayant fait tant d’adeptes.

Mais cela dit, quel avenir pour le Groupe des 12 ? Disparaître dans la foule de plus en plus immense de tous ceux qui crient

la position des 12 (redevenus douze) et qui s’appelle aujourd’hui le Groupe des 12.

Ce mercredi s’est tenue, à l’initiative d’un groupe de sénateurs de l’opposition, une rencontre entre plusieurs secteurs politiques, tous unis autour d’une même revendication : l’annulation des élections du 28 novembre.

Beaucoup des partis et regroupe-ments qui participaient à cette rencontre étaient déjà opposés aux élections bien avant que celles-ci aient eu lieu, donc ce n’est pas vraiment là une surprise.

Le plus intéressant c’est la position des trois candidats dits favoris, parce que en tête des résultats communiqués le 7 décem-bre pour le premier tour, résultats ‘contestés’ autour desquels se démènent aussi bien les autorités électorales haïtiennes que la commu-nauté internationale en vue d’un recomptage des votes afin de pouvoir engager un second tour.

Or au moins deux de ces trois candi-dats refusent le recomptage.

C’est d’abord le chanteur Michel

Jusqu’où ira la détermination des 12 ?

pour un second tour Manigat - Célestin !

Ce serait trop beau.N o n s e u l e m e n t

l’étranger ne va pas se reti-rer (pour nos beaux yeux) mais c’est ce désarroi dans le camp des trois favoris qui a relancé pour de bon cette fois le Groupe des 12. En effet la thèse de l’annulation des élec-tions paraît soudain crédible, devient une voie possible de sortie de crise.

Mais pas si vite. Cha-cun veut l’annulation pour son intérêt propre. Michel Martelly

(LES DOUZE... suite de la 1ère page)

ELECTIONS : PREVAL ABAT SES CARTES

candidat » …Par ailleurs, il ressort de cette ren-

contre un autre point important. A lire entre les lignes, le président Préval a non seulement opté pour un second tour à deux candidats. Mais dans son esprit ces deux candidats seraient Mirlande Manigat et le candidat du pouvoir Jude Célestin. De plus, lui-même semble disposé à se satisfaire de la victoire de l’un ou de l’autre. Deux indications nous invitent à le penser. Il a mentionné que Mir-lande Manigat s’est déclaré prête à gouverner avec une majorité parlementaire issue d’un autre parti (le parti présidentiel INITE mène dans la course pour les deux chambres) tandis que Michel Martelly (Préval dixit) ne peut espérer avoir pas même un seul représentant au Parlement.

L’autre point c’est cette déclaration totalement inattendue : « le Président n’a pas de candidat. »

Marcus, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

. Le président René Préval a reçu à cette rencontre Le Nouvelliste, Caraïbes FM, Radio Nationale et Mélodie FM.

(PREVAL... suite de la page 4)

La majorité des douze candidats recherchant l’annulation des élections du 28 novembre. De la gauche : Josette Bijou, J H Céant, J E Alexis, Garaudy Laguerre, Eric Smarky Charles,

Léon Jeune (photo Marcus/HenM)

Page 7: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 Décembre 2010Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49

Page 7LES DEUX CRISES

PORT-AU-PRINCE, 26 Décembre – Deux crises électorales arrivant simultanément mais sans aucun rapport, celles d’Haïti et de la Côte d’Ivoire. En Haïti, c’est sans grande signification. En Côte d’Ivoire, c’est un conflit aux racines plus profondes. Deux candidats déclarés respectivement vainqueur du 2e tour des présidentielles ivoiriennes qui s’est déroulé le 28 novembre dernier. Alors que le candidat de l’opposition Alassane Ouat-tara est l’élu pour la Commission électorale avec 54.1% des voix, le Conseil constitutionnel intervient pour invalider ces résultats et proclamer la victoire du président sortant Laurent Gbagbo avec 51.45% de voix. Il faut rappeler que c’est Gbagbo qui menait dans les résultats du premier tour (avec 38% des suffrages) mais Ouattara (qui avait fait 32%) a fait alliance avec le candidat arrivé en troisième position avec 25% des suffrages exprimés, l’ex-président Henri Konan Bédié. Résultat : Alassane Ouattara est élu avec 54%. Mais les résultats de la Commission électorale sont rejetés par le Conseil constitutionnel qui reconduit le président sortant Lau-rent Gbagbo. Celui-ci prête serment immédiatement. Peu après, Ouattara aussi. Ce dernier trouve refuge dans un établissement protégé par les casques bleus de l’ONU (ONUCI), l’hôtel Le Golf.

Gbagbo était en prison et Ouattara au pouvoir …

Le conflit ne date pas d’aujourd’hui mais remonte au temps où la Côte d’Ivoire était dirigée par le père fondateur, Félix Houphouet-Boigny, le premier président après l’indépen-dance obtenue au lendemain de la Seconde guerre mondiale de l’ancienne puissance coloniale, la France. Alassane Ouattara, économiste de métier, formation dans de grandes universités américaines et européennes, arrive au poste de Premier ministre du président Houphouët-Boi-gny. Pendant ce temps, Laurent Gbagbo est parlementaire (député). Il est arrêté dans une affaire de complot et fera de la prison, avec son épouse Simone et son fils. Après la mort du président Félix Houphouët-Boigny, Ouattara tente plusieurs fois de se présenter à la présidence mais en est empêché par une constitution qui exige que le candidat soit né de père et de mère ivoiriens (tout à fait comme le prescrit la constitution haïtienne).

Chicago boy …D’autre part, comme responsable des finances du pays

et Premier ministre, Ouattara, 68 ans, a laissé un souvenir de Chicago boy, appliquant des recettes économiques rigoureuses, qui ont marqué profondément la population, mais qui lui méri-tent l’admiration des grandes institutions internationales.

Entre deux tentatives manquées à la présidence, Alassane Ouattara retourne d’ailleurs à chaque fois travailler pour ces dernières. Il devient ainsi directeur adjoint au Fonds monétaire international (FMI). Aujourd’hui la Côte d’Ivoire est grosso modo divisée en deux camps : d’un côté, Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale (ONU, Etats-Unis, Union européenne, la Banque mondiale ainsi que les institu-

homme du Nord, or entretemps il y a eu aussi une guerre civile entre le Nord et l’Etat central.

Puis on trouva une solution négociée : Gbagbo pre-nant comme Premier ministre l’un des leaders du soulèvement nordiste, Guillaume Soro.

Aujourd’hui celui-ci a rejoint le camp Ouattara qui l’a choisi aussitôt pour devenir son Premier ministre.

Le conflit a donc un double aspect à la fois régiona-liste et nationaliste. Nationalisme qui nous invite à revenir en arrière. La Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny. Premier producteur mondial de cacao. Un quartier des affaires florissant, le Plateau, sorte de mini Manhattan. Place forte pour l’écono-mie française. Mais on reproche au chef de l’Etat de ne pas en faire suffisamment profiter le pays réel alors qu’il chouchoute ses amis les hommes d’affaires. Trop de show business. Litté-ralement. D’où l’accusation de néo-colonialisme. La jeunesse universitaire proteste ? Eh bien, on l’envoie à Paris poursuivre des études interminables. Une blague circule dans les milieux africains en France : ‘I-voi-rien’ pour ‘Il n’y voit rien’, c’est-à-dire qu’il ne voit pas que son pays est mis en coupe réglée. C’était dans les années 70.

On n’a pas suffisamment relevé que la communauté ivoirienne à Paris a tenu tout récemment une grande manifes-tation de soutien à Laurent Gbagbo.

La politique française en Afrique …On en est là. La communauté internationale serre cha-

que minute un peu plus la vis à Laurent Gbagbo pour laisser le pouvoir, l’armée résiste. Les Jeunes patriotes ne dorment point la nuit. Accusant de leur côté Ouattara d’être l’homme des intérêts étrangers. Gbagbo voudrait-il céder qu’il est prisonnier d’une cause dont les racines remontent à la politique française en Afrique elle-même, les relations clientélistes avec les gou-vernants post-indépendance, les scandales, la mégalomanie : diamants du sacre de Bokassa 1er, la cathédrale de Houphouët-Boigny à Yamoussoukro, une réplique de la Basilique Saint Pierre de Rome, en pleine savane africaine, et d’un coût de 1 à 5 milliards de francs.

Bref la Côte d’Ivoire avait tout pour devenir un joyau. Cela ne semble pas tout à fait le cas. Et Laurent Gbagbo ne peut en être tenu pour seul responsable.

C’est donc une crise passablement plus sérieuse que ce qui se déroule en même temps en Haïti. Cette simultanéité n’est que le fait du hasard.

Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

HAITI – COTE D’IVOIREDeux crises sans aucun rapport

tions soeurs sur le continent africain) qui exige son installa-tion.

De l’autre côté, Gbagbo a pour lui les forces armées ivoiriennes et la rue. En particulier des organisations de jeunes à Abidjan, la capitale, surnommées les Jeunes patriotes.

Double aspect régionaliste et nationaliste …

La jeune armée qui a pris des promotions ces dernières années mais pour qui surtout Ouattara est un

meilleure façon de connaitre la vraie position occupée par le candidat.

"Jusqu’à date il y a des gens qui ne savent pas où ils sont positionnés", ajoute-t-il. Les avocats de Michel Martelly soutiennent à nouveau que le scrutin présidentiel et législatif du 28 novembre était truffé d’irrégularités. Le nombre de bulletins valides ne correspond pas au nombre de votes dans plus de 38% des bureaux qui ont accueilli les électeurs,

relèvent-ils.Ils affirment que le Conseil électoral

provisoire (Cep) a distribué 1000 bulletins dans des bureaux de plusieurs régions du pays, notamment, à Bainet et Cayes Jacmel (Sud-est), à Tabarre et Pétion-ville (Ouest) ou dans la Grande Rivière du Nord, au lieu de 480 qui est la quantité normale. Me Gregory Mayard Paul dénonce le fait que le Cep a compté des procès verbaux là ou il n’y avait pas d’élections.

Martelly veut un résultat ‘normal et légal’

(MARTELLY... suite de la page 4)

Les deux candidats Gbagbo et Ouattara dans un moment de détente

Page 8: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 8Mercredi 29 Décembre 2010

Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49L’HUMANITAIRE

PORT-AU-PRIN-CE, 23 Décembre – Un certain désengagement des secteurs internationaux est perceptible à travers plu-sieurs événements se passant actuellement. Et il n’y a pas de quoi s’en réjouir.

Le départ de 318 en-fants adoptés par des familles françaises dans deux avions affrétés par la France.

Comme on fuit un volcan au bord de l’éruption. On pire encore.

Sous pression des parents adoptants, la nou-velle ministre française des affaires étrangères, Michèle

Alliot-Marie, a fait une priorité de cette question. Immédiate-ment en fonction, elle a recherché et trouvé un accord avec le gouvernement haïtien pour faire partir les enfants.

Tandis que son prédécesseur, Bernard Kouchner, est traité de tous les noms.

Une de ces nouvelles mamans de dire : ‘Kouchner était surtout préoccupé de la sécurité juridique des enfants et non de leur sécurité physique.’

Les parents adoptants tremblaient de devoir laisser leurs enfants adoptifs plus longtemps dans un pays où le cho-léra tue au moins une quarantaine de personnes par jour. Sans compter le choléra politico-électoral !

Or le ministre Bernard Kouchner est seulement vic-time du plus grand respect qu’il a pu manifester pour Haïti en faisant en sorte de ne pas violer les lois du pays puisque ce sont les autorités haïtiennes qui, devant le risque de vol d’enfants pour aller les négocier à l’extérieur, avaient posé des conditions plus rigoureuses à leur départ.

Et surtout la façon ‘rapido presto’ dont est organisé ce départ est symptomatique d’un changement d’attitude. Au lieu d’attirer comme au lendemain du séisme, voici Haïti à nouveau un pays à fuir toutes affaires cessantes.

D’ailleurs, autre fait significatif, c’est le renouvelle-ment par le Département d’Etat américain de son avis décom-mandant tout voyage ‘non essentiel’ en Haïti.

Suivi peu après d’un message invitant les ressortis-sants américains en Haïti à prendre toutes les dispositions pour ne pas être bloqués dans le pays en cas de reprise éventuelle des émeutes. Rappelant que la dernière fois l’aéroport international de Port-au-Prince est resté fermé pendant plusieurs jours ainsi que les routes menant à la frontière haïtiano-dominicaine.

Un pays donc à fuir en toute priorité.Or, le plus ironique, c’est un candidat à la présidence

qui le même jour annonce le plus tranquillement du monde sur toutes les ondes que ses partisans redescendront dans la rue s’ils ne sont pas satisfaits des résultats électoraux attendus.

Alors que ce sont les mêmes manifestants qui avaient forcé à la fermeture de l’aéroport et des routes stratégiques du pays.

Cela ne peut arriver qu’en Haïti !Il y a encore l’interview du numéro 2 de l’OEA, Mr

Ricardo Seitenfus, qui dit ses quatre vérités à la communauté internationale. Haïti est l’exemple entre mille de l’échec de l’assistance internationale qui par ses actions non adaptées, dit-il, contribue à marginaliser davantage ce pays qu’à l’ouvrir au progrès et à un mieux être pour ses habitants.

Mais en même temps les déclarations de ce haut fonctionnaire, qui semble avoir tellement compris notre pays, sonnent aussi sombre qu’un cri d’adieu.

D’ailleurs ses patrons ne lui ont pas laissé le choix. Le représentant spécial de l’OEA aurait été immédiatement relevé de ses fonctions.

Ce sont toujours les meilleurs qui s’en vont !Tout comme la Reconstruction. Qu’en est-il

aujourd’hui ? La CIRH (Commission intérimaire pour la reconstruction) devenue un champ de bataille entre ses 30 membres, moitié haïtiens – moitié étrangers.

Tandis que nous apprenons par un article de l’agence Associated Press que sur chaque 100 dollars des Etats-Unis pour la reconstruction d’Haïti après le séisme du 12 janvier, plus de 98 dollars vont aux entreprises américaines. Et sans appel d’offres !

Finis les bons sentiments. Tout est donc désormais une affaire de gros sous. Assez ouvertement.

Tout comme le choléra politico-électoral ne con-cerne pas seulement notre classe politique haïtienne (que nous prierons de ne voir ici aucune justification). Mais il n’y a qu’à lire entre les lignes des articles et dépêches paraissant à l’extérieur pour réaliser que c’est du business as usual. Le meilleur gouvernement est celui qui permettra d’exploiter ce pactole inattendu aussi rapidement que possible. Nous autres Haïtiens, n’y verrons que du feu.

Jusqu’au dossier impliquant la Minustah (mission onusienne) dans l’apparition de l’épidémie de choléra que, malgré tout le bien fondé de nos interrogations, nous devons manipuler avec le plus grand soin car, selon des responsables d’organisations étrangères dont l’importance dans le pays n’est pas à démontrer, les professionnels étrangers seraient vus avec suspicion aujourd’hui par une population désemparée et qui pour cela tend trop à tout amalgamer en voyant en chaque étranger un propagateur du choléra dans le pays.

De là à ce que ces professionnels s’en vont d’Haïti. Or nous ne pouvons pas nous le permettre. Malgré tout le tamtam de nos nationalistes de pacotille, presque la totalité de l’eau traitée distribuée à la population dans la lutte contre le choléra est apportée par ces organisations.

Haïti ne peut pas se permettre ce mouvement de désaffection qui se profile en ce moment.

Car en face, les nôtres n’alignent que leur blabla et leur pagaille. Du moins pour le moment présent où tous semblent avoir perdu la tête. Peut-être sous l’effet du même pactole signalé plus haut.

Attention donc à ne pas tomber dans le piège des grands discoureurs (et discoureuses) qui aujourd’hui comme hier n’ont à nous offrir (c’est une évidence) que du baratin et rien d’autre.

Le sort du pays n’est pas entre leurs mains, il est plutôt aujourd’hui entre les vôtres ! Simples citoyens. Et voilà aussi pourquoi il ne faut pas tout casser. Compris !

Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

Les blancs rembarquent !

Page 9: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 Décembre 2010Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49

Page 9BANQUE NATIONALE DE CREDIT

Page 10: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 10Mercredi 29 Décembre 2010

Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49ADOPTION

LIBERTE EGALITE FRATERNITERépublique d’Haïti

Avis de divorceIl est porté à la connaissance des intéressés qu’à la date du vingt quatre

septembre deux mille dix (24 septembre 2010), le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince a rendu une décision entre les époux Richardson Wenschell Joseph, la femme née Marie Emmanuella Merisma dont le dispositif est ainsi libellé :

Par ces motifs, le Tribunal, après examen et sur les conclusions du Minis-tère Public, maintient le défaut octroyé contre le défendeur à la susdite audience, pour le profit du défaut, déclare fondée la dite action, admet en conséquence le divorce de la dame Richardson Wenschell Joseph, née Marie Emmnuella Merisma, d’avec son époux Richardson Wenschell Joseph, pour injures graves et publiques, prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre les dits époux, or-donne à l’officier de l’Etat Civil de la Section Est de Port-au-Prince de transcrire dans ses registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale sous peine de dommages intérêts envers les tiers s’il y échet, commet huissier Jean Claude Beauvais de ce Tribunal pour la signification de ce jugement, compense les dépens.

Pour ordre de Publication : Me. Jean C. Mars Pour le Cabinet.

LIBERTE EGALITE FRATERNITERépublique d’Haïti

Avis de divorcePAR CES MOTIFS, le tribunal, après en avoir délibéré au vœu de la loi et après

avoir entendu le Ministère Public dans ses conclusions écrites en la forme et au fond, favorable à l’action de la requérante, accueille l’action intentée en divorce par la dame Antonine MICHEL contre son époux RAYMOND Jackson, en la forme et maintient le défaut déjà octroyé contre le défendeur à l’audience du Jeudi 11 Novembre 2010 à 2 hres de l’après midi ; ce, pour n’avoir pas été rabattu. Aux termes de l’articles 287 du code de procédure civil Luc D’HECTOR. Admet le divorce des époux Antonine MICHEL et RAYMOND Jackson pour abandon du toit marital envers sa femme au vœu de l’article 217 du code civil haïtien.

Prononce la dissolution des liens matrimoniaux ayant existé entre les dits époux tout en ordonnant à l’Officier de l’Etat Civil de la Commune de Petite Rivière de Nippes, Mr. Lionel PRUCIEN de transcrire sur les registres à ce destiné le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans l’un des quotidiens s’éditant à la capital sous peine de dommages intérêts envers les tiers et de rédiger l’acte de divorce des époux précités. Commet l’huissier Letoy BLANFORT pour la signification du présent jugement aux fins de Droits tout en compensant les dépens en raison de ls qualité des parties.

Donné de nous, Me Nerva VILMONT, Doyen du tribunal de première instance de Miragoâne en audiences civiles de divorce en date du Jeudi 11 Novembre 2010 à 02 hres 12 mns de l’après midi ; en 207 ème de l’indépendance, en présence de Me. Mesner ELISME, Av, Substitut Commissaire du Gouvernement près le parquet du tribunal de première instance de Miragoâne, avec l’assistance de Me. Arismon St-Claire, Greffier en chef de ce siège.

mais qu’il a contacté certaines autorités suite à ces révélations et a pris des mesures pour sécuriser la chaine d’État. « Je n’ai pas à croire à l’information, c’est à la justice de faire son travail », a-t-il expliqué.

Questionné sur l’identité de l’informateur, “il s’agit de renseignements généraux donc anonymes”, a rétorqué le directeur de la chaine 8.

Pradel Henriquez dément en outre avoir accusé ou porté plainte contre Patrice Dumont. A ce sujet il a accusé ce dernier de diffamation. « La diffamation est punie par la loi. La loi est faite pour tous, les anonymes comme les stars », a-t-il ajouté.

« Patrice Dumont n’est pas sorti libre du Parquet, la justice est en cours. Il doit demeurer à la disposition de la justice », a encore dit Mr. Henriquez.

Affaire Dumont-TNH-Henriquez

déclare avoir réagi à une alerte et pris

des décisions

«Ce que la France a fait est scandaleux»Propos recueillis par Albertine Bourget(24 Décembre 2010) Terre des hommes dénonce le

récent transfert en France de 300 enfants haïtiens. Entretien avec de la responsable adoption de Terre des hommes, Marlène Hofstetter

Terre des hommes, qui collabore avec huit institu-tions en Haïti, s’insurge contre le transfert d’urgence du 21 décembre, qui a vu 300 enfants remis à leurs parents adoptifs français. Explications de la responsable adoption de l’ONG suisse, Marlène Hofstetter.

Le Temps: En quoi ce transfert n’est-il pas con-forme?

Marlène Hofstetter: Tous les dossiers doivent être approuvés par le service social étatique IBESR, qui, comme tout le reste, ne fonctionne quasiment pas depuis le séisme [du 12 janvier 2010] et sans lequel un jugement d’adoption ne peut être rendu.

– Selon Paris, les dossiers ont été déposés avant le séisme.

– Les procédures doivent reconfirmer l’adaptabilité des enfants, ce qui n’a pas été le cas. Ce que la France vient de se permettre de faire est scandaleux.

– La France avait pourtant été accusée de ne pas agir?

– Je rappelle qu’elle a fait venir 700 enfants peu après le séisme. C’est ensuite que Bernard Kouchner [ndlr: ministre

des Affaires étrangères remplacé par Michèle Alliot-Marie] a adopté la politique de l’attente. Comme les Etats-Unis, qui avaient mis en place un programme spécial d’évacuation, la France a été vivement critiquée lors de la Commission spéciale à La Haye en juin. Aux Etats-Unis, c’est le chaos complet, des enfants sont en institution, selon une enquête du New York Times parue en août.

– La situation n’autorise-t-elle pas une certaine souplesse?

– On confond humanitaire et adoption. C’est main-tenant le choléra qui est mis en avant, alors qu’il n’y a pas d’urgence pour les enfants.

– Et ceux dont l’adoption était pendante et qui sont morts en Haïti?

– Ils seraient cinq sur un millier. Ils auraient pu mourir dans d’autres circonstances.

– Y a-t-il des adoptants suisses en attente d’un enfant haïtien?

– Pas à ma connaissance, mais la Suisse n’a pas of-ficiellement interdit le dépôt de dossiers. Les couples peuvent donc déposer une demande directement auprès d’une crèche. C’est la preuve qu’il est absolument impossible de vérifier les dossiers. Le système était déjà largement corrompu avant. C’est bien pire aujourd’hui.

(AFP) – PARIS — Près de deux cents enfants d'Haïti en cours d'adoption, sur les 318 bénéficiaires du récent accord entre Paris et Port-au-Prince, vont passer Noël auprès de leur nouvelle famille française, après l'arrivée vendredi du deuxiè-

Deux cents Haïtiens adoptés accueillis dans leurs familles françaisesMarceau, qui parle créole, a dit aux journalistes qu'il

voulait rentrer à la maison. Mais en raison des intempéries et difficultés de transport, Patricia s'était déjà presque résignée à passer le réveillon de Noël dans le train-couchettes pour

pourrait rentrer avec lui". Dès la sortie de l'aéroport, Maxime a pris la direction de la Drôme, pour rejoindre ses deux grandes soeurs, adoptées il y a trois ans, Julia et Marie-Canise, respec-tivement cinq et sept ans.

(AFFAIRE... suite de la page 3)

me avion affrété par le gouvernement.Quatre-vingt-quatre bambins sont

arrivés vendredi matin à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, à bord du 747 affrété par le ministère des Affaires étrangères, après les 114 descendus d'un premier avion mercredi, pour la plupart accompagnés de leurs familles d'adoption.

Les enfants n'ont eu que quelques mètres de tarmac à franchir, sous une fine neige, emmaillotés pour certains dans des couvertures, avant d'être successivement accueillis dans deux sas, l'un médical, l'autre administratif, conçus pour réduire le temps passé dans l'aéroport.

Les parents affichaient des mines ra-dieuses mais exténuées, après un an de soucis : l'épidémie de choléra et les émeutes consécu-tives aux élections de fin novembre se sont en effet ajoutées au séisme du 12 janvier, qui avait fait plus de 250.000 victimes et interrompu les adoptions, faute de pouvoir retrouver les jugements et pièces administratives sous les décombres.

A Port-au-Prince, "les dernières heu-

Sur place depuis le 6 décembre, Lu-dovic Dehas a été "bloqué par les émeutes". "Je suis alors resté pour accélérer le plus possible les démarches. Et là, on appris que la France se lançait dans une procédure accélérée aussi", a-t-il expliqué.

"C'était dur au début et cela se termine bien. Au début, on a peur, on passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel", a-t-il raconté, en confiant n'avoir obtenu le dernier papier nécessaire que mercredi soir.

Au total, 198 enfants ont bénéficié des deux avions gouvernementaux sur les 318 concernés par l'accord conclu à la mi-dé-cembre entre la France et Haïti pour accélérer les procédures d'adoption et doter les petits Haïtiens, dépourvus de passeport, d'un laisser-passer consulaire exceptionnel.

Six d'entre eux qui devaient pren-dre place dans ce second avion n'ont pu le faire en raison de pièces manquantes à leur dossier d'adoption, a indiqué vendredi matin la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie.

Une centaine d'autres enfants sont res étaient très difficiles, en raison de l'incertitude, pour savoir si l'on partait ou l'on partait pas", a confié Patricia de Almeida, tenant par la main Marceau, 5 ans, dont elle a déjà adopté le grand frère Noé, sept ans.

Quand les enfants ont vu l'avion, "ils ont sauté partout, c'était une grande joie", a raconté sa nouvelle maman.

Briançon."J'espère trouver un train pour arriver dès ce soir,

pour voir si le Père Noël a glissé les cadeaux sous le sapin", et retrouver la famille avec Noé, a-t-elle confié.

Portant dans les bras le petit Maxime, deux ans et demi, Ludovic Dehas a raconté avoir "appris là-bas qu'il

arrivés en France via "une prise en charge directe des familles adoptantes", selon le quai d'Orsay, qui a précisé qu'au total près d'un millier de petits Haïtiens "auront pu rejoindre leurs fa-milles d'adoption en France, en 2010", après "650 en 2009".

AFP

Accueil à l’aéroport Charles de Gaule par les parents adoptifs (Reuters)

Page 11: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 Décembre 2010Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49

Page 11LES PETITES ANNONCES

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Mélodie MatinAvec Marcus

SANTE / CHOLERA

historiens, des politologues et même des théologiens. Haïti est trop complexe pour des gens qui sont pressés; les coopérants sont pressés. Personne ne prend le temps ni n’a le goût de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l’âme haïtienne. Les Haïtiens l’ont bien saisi, qui nous considèrent, nous la com-munauté internationale, comme une vache à traire. Ils veulent tirer profit de cette présence et ils le font avec une maestria extraordinaire. Si les Haïtiens nous considèrent seulement par l’argent que nous apportons, c’est parce que nous nous sommes présentés comme cela.

– Au-delà du constat d’échec, quelles solutions proposez-vous?

– Dans deux mois, j’aurai terminé une mission de

“Haïti est la preuve de l’échec de l’aide internationale” dit le représentant de l’OEA(OEA... suite de la page 2)

deux ans en Haïti. Pour rester ici, et ne pas être terrassé par ce que je vois, j’ai dû me créer un certain nombre de défenses psychologiques. Je voulais rester une voix indépendante malgré le poids de l’organisation que je représente. J’ai tenu parce que je voulais exprimer mes doutes profonds et dire au monde que cela suffit. Cela suffit de jouer avec Haïti. Le 12 janvier m’a appris qu’il existe un potentiel de solidarité extraordinaire dans le monde. Même s’il ne faut pas oublier que, dans les premiers jours, ce sont les Haïtiens tout seuls, les mains nues, qui ont tenté de sauver leurs proches. La compassion a été très importante dans l’urgence. Mais la charité ne peut pas être le moteur des relations internationales. Ce sont l’autonomie, la souveraineté, le commerce équitable, le respect d’autrui qui

Haïti mais aussi protéger cette agriculture familiale qui est es-sentielle pour le pays. Haïti est le dernier paradis des Caraïbes encore inexploité pour le tourisme, avec 1700 kilomètres de côtes vierges; nous devons favoriser un tourisme culturel et éviter de paver la route à un nouvel eldorado du tourisme de masse. Les leçons que nous donnons sont inefficaces depuis trop longtemps. La reconstruction et l’accompagnement d’une société si riche sont une des dernières grandes aventures hu-maines. Il y a 200 ans, Haïti a illuminé l’histoire de l’humanité et celle des droits humains. Il faut maintenant laisser une chance aux Haïtiens de confirmer leur vision.

Arnaud Robert

soulève d'importantes questions demeurées sans réponse. Son origine et le recensement quotidien des cas figurent ainsi parmi les inconnues qui constituent pourtant le B. A.-BA dans la compréhension de la dynamique d'une épidémie.

Essentiel pour guider la réponse, le système de surveillance et d'information mis en place par l'Organisation mondiale de la san-té (OMS) présente des lacunes. Outre l'absence de données précises sur le type de contamina-tion initiale, il aura fallu attendre près de deux mois pour obtenir enfin une présentation de chiffres permettant aux acteurs de terrain de répondre, région par région, aux questions posées par l'évolution de l'épidémie : quand a-t-elle commencé dans cette zone ? Quelle est sa dynamique ? Peut-on craindre un rebond ? Pour sa part, le Center for Disease Control refuse officiellement d'enquêter sur l'origine de la maladie. Contrairement aux principes justi-fiant son existence, l'agence d'investigation et de surveillance épidémiologique du gouverne-ment américain affirme que "la réponse à cette question ne fait pas de différence en matière de prévention des cas".

De fait, l'absence d'investigations et les carences de la documentation laissent

l'introduction du choléra serait liée à l'arrivée début octobre d'un contingent de Casques bleus (Minustah) comprenant des soldats originaires de Katmandou. Cette ville a en effet connu cet été un épisode de choléra dont la souche serait similaire à celle qui circule aujourd'hui en Haïti. Auteur d'une enquête réalisée sur place pour les gouvernements français et haïtiens, le Pr Renaud Piarroux (CHU Nice) renforce cette hypothèse en situant les premiers cas à proximité du camp de la Minustah de Mirebalais, en plein centre du pays et à distance des eaux éventuellement peuplées de zooplancton. Cette théorie peut aussi expliquer le démarrage brutal du choléra en Haïti.

des Nations unies répète inlassablement que "la question de l'origine de l'épidémie n'a réel-lement aucune importance". La Minustah a longtemps récusé le besoin de toute investiga-tion, affirmant que "des experts ont souligné la difficulté, voire l'impossibilité de déterminer avec précision la manière dont le choléra est arrivé en Haïti".

MSF ne peut cautionner ce type de déclarations. Dissimuler les données épi-démiologiques ou garder confidentiels les rapports d'investigation est contre-productif. Cela empêche de poser un diagnostic précis et peut conduire à orienter les secours dans de mauvaises directions. Ainsi, l'OMS explique que l'épidémie continue de s'aggraver en se basant sur le nombre de cas cumulés (qui par définition ne cessent d'augmenter jusqu'à la fin). Sur la base de ses chiffres d'activité cor-respondant à plus de la moitié des malades, MSF observe quant à elle une tendance à la stabilisation du nombre de nouveaux cas quo-tidiens au cours des deux dernières semaines, à l'exception de certains foyers situés dans le département du Nord.

Invérifiables aujourd'hui, les prédic-tions alarmistes de l'OMS et du Secrétaire Gé-néral de l'ONU qui annoncent jusqu'à 650 000

De l'importance de connaître les origines de l'épidémie de choléra en Haïti

le champ libre à plusieurs théories. Schématiquement, deux hypothèses s'affrontent sur l'origine de l'épidémie dans l'Ile. L'une s'appuie sur le réchauffement climatique, l'autre sur une importation asiatique du vibrion.

L'hypothèse "verte" est notamment défendue par l'épidémiologiste David Sack de l'université Johns Hop-kins (Maryland). D'après lui et certains de ses confrères, l'augmentation de la température des eaux et de leur salinité aurait favorisé le développement de zooplancton hébergeant le vibrion cholérique. Selon cette théorie, des foyers de vibri-ons pourraient persister durablement dans les eaux saumâtres

cas ne peuvent qu'alimenter la peur. Pire, le refus de répondre aux questions de la société haïtienne sur l'origine du choléra entretient un climat de défiance et de suspicion envers les étrangers. Or, la confiance et un élément essentiel pour obtenir l'adhésion de la population aux dispositifs mis en place par les ONG internationales.

Pour ces raisons, la lumière doit être faite sur l'origine de l'épidémie. Il est essentiel que les résultats des différentes investigations épidémiologiques soient publiés et qu'une com-mission d'experts indépendants soit nommée.

Dr. Marie-Pierre Allié

LEMONDE.FR | 21.12.10 - Plus de 2 000 morts et près de 100 000 malades, tel est le bilan provisoire deux mois après l'apparition du choléra en Haïti, où Médecins sans fron-tières a soigné plus de 51.000 personnes à ce jour. Surprenante par son ampleur et sa vitesse initiale de propagation, la maladie

stagnantes, et seraient susceptibles de déclencher de nouveaux pics épidémiques.

Microbiologiste à l'Université d'Harvard, John Mekalanos propose avec d'autres chercheurs une explica-tion différente. Pour les partisans de l'hypothèse "népalaise",

Ces deux modèles explicatifs n'ayant pas du tout les mêmes implications quant à l'évolution de l'épidémie, la confirmation ou l'infirmation de l'une ou l'autre par une équipe multidisciplinaire indépendante constitue une priorité. Pour-tant, l'Office de coordination des affaires humanitaires (OCHA)

devraient l’être. Nous devons penser simultané-ment à offrir des opportunités d’exportation pour

Visite à des malades du choléra dans un village profond près du Pic de La Selle (photo Robenson Eugène/HenM)

Page 12: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 12Mercredi 29 Décembre 2010

Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49LIBRE PENSER

Nudité« Vous n’avez pas le droit de nudité sur la misère et sur le malheur. » V. Hugo

Chers amis lecteurs, j’ai passé la semaine à tourner mentalement autour du même mot, la nudité (ne vous mépre-nez pas, ce n’est pas de l’obsession). J’ai voulu le dépouiller complètement, le dénuder, comprendre toutes ses acceptions, au sens propre et au sens figuré. « Meté l’ Toutouni ». Je n’ai pu donc m’empêcher de penser aux plaies et aux misères de notre pauvre petit pays. Sans aucune possibilité de pouvoir les panser. Les plaies. Ni de trouver une solution. Aux misères de notre peuple. À son dénuement. À sa misère. À l’indigence de notre société, qui ne croit plus aux possibilités de croire. Nous avons peut-être eu au moins la chance que l’une des voix les mieux averties ait eu le courage de dire la vérité. Aux siens. Aux nôtres. « Pendant deux cents ans, la présence de troupes étrangères a alterné avec celle de dictateurs. C’est la force qui définit les relations internationales avec Haïti et jamais le dialogue. » Voilà ce que rapporte la presse sur les déclarations de Seitenfus. Ce que nous nous cachons, nous-mêmes, c’est que durant plus de deux cents ans, chez nous, entre nous, c’est la force qui définit nos relations « interpersonnelles ». Ce sont les rapports de forces qui régulent nos relations « intergrou-pales ». Cela aussi il faut le dire et non seulement applaudir les dires de Seitenfus, sur les « péchés » commis par les siens. Il nous comprend, mais il nous pousse aussi le dos pour nous obliger à faire l’effort de vouloir « nous comprendre nous-mêmes ». Il a eu le courage de dire la vérité. Les siens n’ont pas eu le courage de regarder la vérité en face. Mieux vaut lui tourner le dos, doivent-ils penser. Mieux vaut pousser le dos à « l’émissaire spécial de l’OEA » qui a failli à son « devoir de cynisme humanitaire » et le transformer en bouc émissaire, doivent-ils avoir choisi comme stratégie. Ces malheureux de la Communauté Internationale !

Enfin, chers amis lecteurs, de temps à autre, des réflexions comme celles de Seitenfus viennent me soulager l’âme et m’offrir une bouffée d’air frais, de cet air qui revivifie l’esprit et fait croire qu’il y a du bon aussi dans cette masse informe d’individus qui s’acharne à vouloir vivre aux dépens d’Haïti, grâce à ses malheurs. Ils entretiennent la misère et jouissent de la pauvreté du pays tout en faisant le malheur du

peuple, se soulageant alors la conscience grâce à l’exercice de la charité. Ils ne se rendent pas compte du tort qu’ils causent. Il a peut-être trop dit en trop peu de temps. Les siens ne vont pas avoir le temps de tout digérer. Trop chaud. Trop dur. Trop clair. Heureusement qu’il s’en va. Heureusement qu’il a déjà 62 ans. Peut-être a-t-il atteint cet âge où les certitudes s’estom-pent où l’on commence à douter du « bon fond de l’âme de la coopération » et que l’on voit clairement les conséquences perverses de ses actions :

- Élimination de barrières douanières afin de favoriser l’importation massive de biens de consommation à volonté destructrice de l’agriculture locale.

- Champ ouvert aux expériences de labo-ratoire aussi bien au niveau médical que dans le domaine économique, social ou humanitaire. À y penser, je me de-mande (à voix basse) si le choléra n’est pas définitivement une expérience de laboratoire. Un travail de champ afin de voir comment peut évoluer une épidémie dans un environne-ment dégradé, dénué d’infrastructures de contrôle. La théorie haïtienne ! Des centaines de spécialistes seraient alors en train d’évaluer le comportement de l’épidémie en absence de soins, dans les zones éloignées, sur un terrain parsemé d’entraves à un traitement adéquat. Le choléra ne peut pas emporter autant de vies humaines en plein XXIème siècle. Si ce n’est pas un maléfice, il doit s’agir d’une stratégie cynique, ou d’une étude expérimentale diabolique ou simplement d’un coup monté afin de « désarmer définitivement l’âme haïtienne ». J’espère exagérer.

Enfin, chères amies lectrices et chers amis lecteurs, lui aussi s’est rendu compte que nous représentons l’échec de la coopération internationale. Plus de 30 ans « d’assistance » et, devant nous, encore un siècle de misère. Il nous regarde et voit que :

- Ce « grand petit pays » est le concentré des drames et des échecs de la solidarité internationale qui difficilement pourra arriver à se mettre à la hauteur du défi.

- La presse mondiale vient en Haïti et décrit le chaos. La réaction de l'opinion publique ne se fait pas attendre. Pour elle, Haïti est un des pires pays du monde. Voilà ce que transmet de nous un intérêt médiatique sinistre et destructeur, qui montre

la nudité saignante et douloureuse de la misère d’Haïti, tout en montrant sa complaisance, envers l’ineptie, la voracité et le cynisme de ceux qui en tirent profit.

- Haïti est trop complexe pour des gens qui sont pressés; les coopérants sont pressés. Personne ne prend le temps ni n'a le goût de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l'âme haïtienne. Les Haïtiens l'ont bien saisi, qui nous considèrent, nous la communauté internationale, comme une vache à traire. Ils veulent tirer profit de cette présence et ils le font avec une maestria extraordinaire. Si les Haïtiens nous considèrent seulement par l'argent que nous apportons, c'est parce que nous nous sommes présentés comme cela.

Chers amis lecteurs, maintenant que l’année 2010 tou-che à sa fin, je crois sincèrement qu’il est temps que chacun de nous, individuellement, dresse le bilan de ce qu’elle a été pour nous, aussi bien au niveau personnel qu’au niveau collectif. Si l’un des « étrangers » qui a vécu parmi nous et avec nous, ces 12 derniers mois de notre « annus horribilis », nous a aidé à nous rendre compte de notre déchéance, il nous faut, face à notre nudité, nous mettre au travail pour panser ces «hideuses plaies de la misère et de l’abjection à laquelle notre pauvre pays se trouve réduit ». Je ne peux que reprendre les paroles de Seitenfus, en cette fin d’année 2010, pour dire au monde que cela suffit, que « cela suffit de jouer avec Haïti ». J’en profite aussi pour vous dire à tous : « Haïtiennes mes sœurs, Haïtiens mes frères, forgeons nous-mêmes, ensemble, le futur de notre pays ».

En cette fin d’année 2010 et face à l’année 2011, je vous souhaite à tous mes meilleurs vœux, de santé et de « prospérité responsable».

Oscar [email protected]

Décembre 2010

P.S. Les agences de nouvelles rapportent la destitu-tion de Ricardo Seitenfus à cause de ses déclarations. Je crois que les acteurs haïtiens devraient réagir de façon à appuyer « moralement » M. Seintenfus. Je vous invite donc à visiter son site www.seitenfus.com.br afin de lui manifester votre appui moral.

L'une des techniques récentes de marketing, consiste à atticher le chaland en lui offrant 2 articles pour le prix d'un. “Buy one, get one free !” Les consommateurs les plus avisés, se méfient généralement de ce genre de campagne promotionnelle, se disant plutôt que des commerçants pouvant se permettre d'offrir un tel “piyaj”, avaient jusque là scandaleusement grugé leur clientèle. Mais la grande majorité se jette avec enthousiasme dans le panneau. Voilà pourquoi, cette nouvelle approche connaît un succès qui ne se dément pas, en dépit du fait que le plus simple bon sens indique que des commerçants qui feraient des cadeaux se retrouveraient inmanquablement ruinés.

Ce truc publicitaire serait-il aussi efficace dans le champ politique, ou aurait-il au contraire des effets inverses à ceux escomptés ?

La recette a déjà servi avec succès en politique et pas seulement en Haïti. Vilma Roussef et Lula au Brésil, Christina de Kuchner et son époux en Argentine, Raùl et Fidel Castro à Cuba, en sont les exemples les plus patents. Mais on pourrait également citer, Préval et Aristide, en particulier en 1996, cependant dans ce dernier cas, l'argument était plutôt implicite, mais a clairement fait mouche.

Les élections du 28 novembre 2010, nous offrent au moins 4 exemples de cette approche, mais avec chacun leur spécificité. Ce sont respectivement les “couples”: Célestin-Préval, Céant-Aristide, Manigat-Manigat et Martelly-Micky. Tout en étant différents, ces tandems illustrent assez bien le fait que la recette “2 pour 1” est une arme à double tranchant.

Célestin-PrévalContrairement aux exemples évoqués plus haut dans

Deux Présidents pour le Prix d'Unles cas de l'Argentine, du Brésil et de Cuba, ce tandem a été hâtivement mis sur pied et bien que ces deux hommes aient collaboré au cours de deux mandats, discontinus il est vrai, il réunit des partenaires d'expérience et de profils idéologique et politiques très inégaux.

Politiquement, René Préval est un vieux briscard totalisant presque un demi-siècle d'engagement politique et bientôt 20 ans de présence, certes discontinue, au sein de l'appareil d'État. Qu'on admire l'homme ou qu'on l'abhorre son influence sur la scène nationale est indéniable. Il en est tout autrement de l'Ingénieur Célestin, qui malgré sa réputation de rude travailleur, ne se signale que comme technicien, d'abord à la Minoterie d'Haïti, puis à la tête de la CNE. Quel est son ancrage idéologique, quelle est sa vision de la société haïtienne et de son avenir, partage-t-il les convictions de son mentor, son doigté politique particulier ? Rares sont ceux qui pourraient en témoigner.

Jude Célestin est donc dans cette course, totalement tributaire du capital de sympathie ou d'antipathie du Président Préval, de son bilan et des réseaux de collaborateurs que celui-ci a tissés au cours d'un long périple. A raison plutôt qu'à tort, la perception dominante est que cette élection oppose Préval à ses adversaires ou concurrents, Célestin n'étant qu'un leurre offert à la vindicte de ces derniers.

Ainsi, le candidat Célestin marche sur le fil du rasoir. La Présidence Préval est jugée, comme il est de mise sous nos cieux, à la fois sur des critères rationnels et sur des élucubrations mystico-magiques. Nul doute que nombreux sont ceux qui rendent le Chef de l'État responsable et des catastrophes naturelles et de la récente épidémie de choléra. Qu'il les ait provoquées dans un calcul d'une extraordinaire perversité

certes dans sa sphère d'activité, mais que l'on a peu remarqué sur les barricades qui ont jonché notre difficile et turbulent parcours vers la démocratie.

A ce que l'on sache, jusqu'au moment du lancement en fanfare de “Aimer Ayiti”, présenté à l'origine comme un non-parti, seuls ses intimes lui connaissaient des ambitions présidentielles. Mais dès l'apparition spectaculaire de cette “fondation” sur la scène nationale, il ne restait plus que les naïfs pour ignorer que Jean-Henri Céant visait haut et disposait des moyens financiers pour atteindre son objectif.

Débutée en catimini, la campagne de Me. Céant n'a pas tardé à gagner du momentum, surtout après qu'il ait réussi à débaucher certains des opérateurs politiques de Fanmi Lavalas, organisation qui depuis le rapt de son leader historique, et en vérité bien avant cet évènement tragique, s'est surtout signalée par son inconstance et ses luttes internes. Céant réussira-t-il son pari en misant sur sa supposée relation privilégiée avec Titid ? Rien n'est moins sûr.

Pour commencer, ce couple ressemble beaucoup à un mariage de convenance et de circonstance. A ce que l'on sache, le candidat n'a commencé à entonner le couplet du retour que depuis le lancement de sa campagne, bien que cette revendication est depuis plus de six ans le leitmotiv des partisans et sympathisants de Fanmi Lavalas. Par ailleurs, à part leur relation de client à notaire, les liens politiques entre le Président Aristide et Céant sont peu connus. Ensuite, même si il était politiquement habile pour le célèbre exilé de ne pas adouber trop tôt un éventuel héritier, à ce stade du processus le silence de Jean-Bertrand Aristide autorise à se poser des questions sur son enthousiasme pour ce mariage aux forceps. Pour finir, le discours “classe moyenne” a quelque chose de désuet et d'agaçant.

Manigat-Manigat Voilà un couple, un vrai, celui-là. Non seulement

ils sont mariés depuis des décennies, mais l'épouse a été l'étudiante fidèle de son envahissant mari, littéralement formatée par lui. Il est vrai qu'elle avait jusque là exhibé un tempérament différent de celui de son mentor; plus serein, moins enclin aux dérapages verbaux et à la verbosité, moins persuadée qu'elle héritait de droit divin du pouvoir refusé à un grand-père sous Lysius Salomon.

Le problème dans le cas de Madame Manigat, est précisément qu'on voudrait avoir un seul article pour prix de notre vote et non pas hériter d'un encombrant “dégi”. L'ombre du Professeur plane en effet sur la candidature de son épouse plus avenante, mais qui se trouve à tirer les boulets de la sanglante percée louverturienne de 1988 et de sa propre et piteuse dérobade de 2006.

Plus inquiétant, au fur et à mesure qu'elle approche de l'objet de ses désirs, elle se comporte en véritable girouette politique, dont on a toute les peines à suivre les oscillations. Un jour elle clame qu'il faut annuler les élections, le lendemain matin, découvrant qu'elle est en tête, elle fausse compagnie à la noria de candidats avec lesquels elle s'était triomphalement exhibée sur la scène du Karibe Convention Center. Mais,

ou qu'il soit la malheureuse victime d'une malédiction aussi mystérieuse qu'irréfutable, importe finalement peu. Jude Célestin engrengera le bénéfice des routes construites ou paiera le prix du “madichon”. En, outre choisissant de débouler sur la scène dans une campagne déclenchée avec un luxe inouï de moyens médiatiques, le candidat d'Inite a joué quitte ou double. Soit il profite de sa position de favori et rallie tous ceux qui veulent parier sur le gagnant, soit au contraire il est perçu comme arrogant et braque contre lui ceux qu'une telle posture exaspère.

Céant-AristideEncore un autre

couple déséquilibré, liant l'homme politique qui a le plus symbolisé l'émergence des couches populaires sur la scène politique et un notaire, respecté ( DEUX PRESIDENTS / p. 13)

Page 13: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 Décembre 2010Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49

Page 13AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

LIBERTE EGALITE FRATERNITERépublique d’Haïti

Avis de divorceExtrait des Minutes du Greffe duTribunal Civil de Petit Goâve

Le Tribunal de Première Instance de Petit Goâve, compétemment réuni au Palais de Justice de cette ville, a rendu en audience Publique et en ses attributions civiles le jugement suivant :

ENTRE 1o) Le Sieur Robert Saint Fort COLIN identifié de son passeport au No : 4682883-14, propriétaire demeurant au No : 134/30 59THST. Queens, Village New York et domicilié en Haïti à Delmas ayant Pour avocat Me Hérold Joinville du barreau de Port-au-Prince identifié patenté et imposé aux nos avec élection de domicile dudit avocat sis à Léogane, Rue La Croix au no 39.

Et 2o) La dame Robert Saint-Fort COLIN, née Bethie Pierre, Propriétaire, demeurant et domiciliée à Delmas, défenderesse en divorce d’autre part.-

Dont le dispositif est ainsi ConçuPAR CES MOTIFS, après examen et sur les Conclusions conforme du

Ministère Public, le Tribunal au vœu de la loi, Maintien le défaut requis et Octroyé à l’audience – contre la défenderesse pour faute de comparaitre ; pour le profit, accueille l’action du demandeur, le sieur Robert Saint Fort COLIN, vu que Cette demande est juste et- fondée ; Admet le divorce des époux Robert Saint Fort COLIN, l’épouse Bethie Pierre aux torts ; exclusifs de l’épouse ; PRONONCE la dissolution des liens matrimoniaux existant entre eux ; ORDONNE à l’Officier de l’Etat Civil Compétent de transcrire sur les registres à ce destinés, les dispositifs du présent jugement ; Dit qu’un extrait sera Publié dans l’un des colonnes d’un quotidien s’éditant à la Capital sous peine de dommages-intérêts envers les tiers s’il y échet ; Commet l’huissier Yves Marie Lorrelien, Huissier de notre Tribunal, pour la signification du présent jugement ; Compense les dépens vu la qualité des parties ;-

Ainsi jugé et prononce par Nous, Emmanuel TATAILLE, Doyen du Tri-bunal de première Instance de Petit-Goâve en audience Publique Civile de divorce de ce jour Dix huit (18) Octobre Deux mille dix en présence de Me Erick Pierre Paul, Substitut du Commissaire de Gouvernement de ce Ressort avec l’assistance du sieur Christophe BONBON Greffier du siège.

Ainsi signé Roger Chéry

Apres avoir parlé des terres de l'Etat (voir HEM, Vol.24, # 47, du 15-21/12/2010), nous allons aujourd'hui nous pencher sur les terres aux mains de personnes privées. Il faut tout de suite signaler que le droit de propriété est inscrit dans la législation haïtienne, tant la Constitution que dans le Code Civil.

En ce qui concerne la Constitution, c'est au Chapitre II, Des Droits Fondamentaux, que l'on trouve la Section H, De la Propriété. On remarquera que, des dix articles que com-porte cette section, neuf concernent la propriété foncière ou immobilière, seul l'article 38 traite de la propriété scientifique, littéraire et artistique.

La section débute avec l'article 36 qui établit le prin-cipe général: La propriété privée est reconnue et garantie, mais annonce des conditions ou restrictions: La loi en détermine les modalités d’acquisition, de jouissance ainsi que les limites.

Mais tout d'abord il y a la protection de la propriété. On citera, en premier lieu, un article qui rappelle des pratiques courantes dans notre vie politique: Article 36.2 – La nation-alisation et la confiscation des biens, meubles et immeubles pour causes politiques sont interdites; puis une chose devenue d'actualité depuis le tremblement de terre: Article 36.1.- L’expropriation pour cause d’utilité publique peut avoir lieu moyennant le paiement ou la consignation ordonnée par justice aux ordres de qui de droit, d’une juste et préalable indemnité fixée à titre d’expert.

Il y a aussi les restrictions: Article 36.5 – Le droit de propriété ne s’étend pas au littoral, aux sources, rivières, cours d’eau, mines et carrières. Ils font partie du domaine public de l’Etat; Article 36.6 – La loi fixe les règles qui conditionnent la liberté de prospection et le droit d’exploiter les mines, minières et carrières du sous-sol...

Et enfin les obligations: Article 36.3 – La propriété entraine également des obligations. Il n’en peut être fait usage

contraire à l’intérêt général et Article 36.4 – Le propriétaire foncier doit cultiver, exploiter le sol et le protéger, notamment contre l’érosion. La sanction de cette obligation est prévue par la loi.

Il ya a enfin deux articles assez particuliers, l'un qui nous ramène aux terres de l'Etat: Article 39 – Les habitants des sections communales ont un droit de préemption pour l’exploitation des terres du domaine privé de l’Etat situées dans leur localité; l'autre qui annonce la réforme agraire: Article 37 – La loi fixe les conditions de morcellement et de remembrement de la terre en fonction du plan d’aménagement du territoire et du bien-être des communautés concernées, dans le cadre d’une réforme agraire.

Autant pour la Constitution. En ce qui concerne le Code Civil, de la Loi sur la Propriété nous ne retenons que deux articles, l’un qui définit la propriété : Art. 448 – La propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse point un usage prohibé par les lois ou par les règlements ; l’autre qui parle de sa protec-tion, de manière bien plus expéditive que la Constitution; Art. 449 – Nul ne peut être contraint de céder sa propriété, si ce n’est pour cause d’utilité publique, et moyennant une juste et préalable indemnité.

Je ne suis pas juriste, mais il me semble qu’il faudrait quelques remaniements au Code Civil en ce qui concerne le thème qui nous concerne aujourd’hui, ne serait-ce que pour le mettre en accord avec la Constitution.

Pour prendre un exemple, la Constitution consacre deux articles aux obligations des propriétaires, l’Article 36.3, qui parle du respect de l’intérêt général, et l’Article 36.4, qui mentionne l’obligation de cultiver et de protéger la terre. Le Code Civil devrait, à mon avis, reprendre l’idée de respecter l’intérêt général d’une manière qui débouche sur l’aménagement du territoire. Pour l’obligation de cultiver, il ex-

iste une loi de 1975, publiée dans le même numéro du Moniteur dans lequel on trouve la fameuse loi d’exception sur la Vallée de l’Artibonite, et qui devrait être remaniée et incorporée dans ce chapitre. Il faudrait aussi une loi qui reprenne le principe de protection contre l’érosion et introduirait l’actuel décret-cadre sur la protection de l’environnement.

Il faudrait enfin que l’on prenne cette loi qui fixe les conditions de morcellement et de remembrement de la terre en fonction du plan d’aménagement du territoire et du bien-être des communautés concernées, dans le cadre d’une réforme agraire, annoncée à l’Article 37 de la Constitution, et qui se-rait la loi d’application de l’Article 248 de la Constitution, qui parle de la création d’un organisme spécial dénommé Institut National de la Réforme Agraire.

Je vais maintenant aborder, avec beaucoup de pré-cautions, un thème très délicat, celui des limites du droit de propriété. Dans la Constitution, on trouve les articles 36.5, qui exclut les terres qui font partie du domaine public de l’Etat, et 36.6, qui parle des règles qui conditionnent la liberté de prospection et le droit d’exploiter les mines, minières et car-rières du sous-sol. Dans le Code Civil, par contre, aucune restriction : Art. 448 – La propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue …

Pourtant, je crois savoir qu’il existe des restrictions au droit de propriété qui vont au-delà de celles mentionnées dans la Constitution. Je me souviens, par exemple, au tout début de l’expérience pilote dans l’Artibonite, d’avoir appris à distinguer l’usus, qui est le droit de jouir d’un bien, du fructus, qui est le droit de tirer un bénéfice d’un bien, et de l’abusus, qui est le droit de vendre ce bien. Mais, encore une fois je ne suis pas juriste, des conversations que j’ai eues avec des spécialistes m’ont fait comprendre qu’il y a bien plus que cela. Autrement dit, il faudrait que je penche un peu plus sur la question ; ce sera peut-être pour l’année prochaine !

Les terres privées

achevant d'alimenter nos angoisses, voilà qu'à l'approche du but tant convoité, notre parangon de sagesse et de modération subit une inquiétante métamorphose. Elle qui nous avait habitués à un discours pondéré, véritable brise rafraichissante dans la tempête permanente de la politique haïtienne, la voilà qui se met au diapason des agités qui n'ont cessé d'occuper le devant de la scène et les médias depuis des années. A sa conférence de presse du 17 décembre, elle a soudain adopté un ton martial, voire belliqueux, clamant qu'elle était “devan, devan nèt !”, refusant tout recomptage des votes et insinuant que son éventuelle défaite au second tour ne saurait être qu'un viol de la volonté populaire. Il est probable que ce récent changement de posture et de ton, résulte de sa fréquentation de ces jeunes loups aux dents longues, forts en coups de gueules et parfois en coups de poing, qui ont il y a peu de temps rejoint son équipe de campagne. Pour employer une expression “manigatesque”: “A fréquenter des chiens, on finit par attraper des puces”.

Martelly-MickyOn nous avait habitué en religion à la Sainte Trinité,

nous voilà aujourd'hui en face d'une dualité politique: un seul leader en deux personnes. La notion même de couple ou de tandem est dépassée, nous sommes en pleine fusion et en pleine confusion: Dr. Jekill et Mister Hyde. Pendant que Joseph Michel Martelly tente de réhabiller et de réhabiliter Micky, ce dernier n'hésite pas à faire appel à des talents dans l'outrance et la provocation, pour faire passer en force son alter ego. Lui aussi est “devan, devan nèt !”, et laisse clairement entendre quil fera de nouveau donner ses troupes de choc au cas où la Présidence lui serait “volée”.

Il faut par ailleurs reconnaître que Martelly-Micky est (ou sont) le seul candidat affirmant un choix idéologique clair, alors que les autres ne font que ressasser les mêmes vérités de la Palice et les mêmes programmes préformatés.

fort en thème. Mais pour les plus lucides, cette nouvelle composition de notre musicien, rappelle beaucoup le chant des sirènes et annonce des lendemains, qui eux ne chanteront pas, ou alors le “Dies Ira”.

La bande des 12Là, nous sommes en face de la grande braderie de

fin d'année pour ne pas dire, la liquidation du siècle (celle de notre souveraineté): pas moins de 12 articles pour le prix d'un. S'il n'était pas si hétéroclite et prompt à se briser rapidement après achat, ce tout venant serait tentant.

Alors ? Deux Présidents pour le prix d'un ou treize à la douzaine ? Il y a-t-il preneurs ?

Horace Délien

Deux Présidents pour le Prix d'Un(DEUX PRESIDENTS... suite de la page 12)

L'homme en rose propose la rupture: dehors les diplômés, place aux primaires et aux bonnes méthodes musclées du bon vieux temps d'avant 1986. Il faut avouer que ce discours d'extrême-droite populiste a de quoi séduire après les turpitudes de nos

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Page 14Mercredi 29 Décembre 2010

Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49LES JEUX

(EN BREF / p. 16)

En Bref... (... suite de la page 2)

léra", ajoute Beauvoir, notamment "en répandant de la poudre ou en jetant des sorts".Beauvoir s'est plaint de ce que la police et les autorités ne faisaient pas tout ce qu'il fal-lait pour empêcher les lynchages et pour punir leurs auteurs, alors même que le vaudou est reconnu par la Constitution comme l'une des principales religions de Haïti."Je lance un appel aux autorités pour qu'elles assument leurs responsabilités", a dit Mr. Beauvoir, qui redoute encore d'autres agressions contre des prêtres vaudou. La majeure partie des lynchages ont eu lieu dans le sud-ouest de Haïti, mais aussi dans le centre et le nord.Depuis qu'il a fait son apparition dans la région centrale du pays en octobre, le choléra a fait plus de 2.500 morts et s'est propagé à l'ensemble des dix départements.

Choléra : L’épidémie a déjà tué environ 2 600 personnes P-au-P, 21 déc. 2010 [AlterPresse] --- L’épidémie de choléra, qui frappe le pays depuis un peu plus de deux mois, a déjà fait 2 591 décès, selon les chiffres communiqués le mardi 21 décembre par les autorités sanitaires.Actuellement, le choléra tue quotidiennement environ 48 personnes.121 518 cas ont été vus, parmi lesquels 63 711 ont été hospitalisés, tandis que 61 917 autres ont bénéficié d’un exéat.L’épidémie qui n’a pas encore atteint son pic est désormais présente dans les 10 dépar-tements géographiques du pays.

Noël triste"Je chante pour alléger ma peine", confie cette Haïtienne de 38 ans, "si je pense trop, je mourrai".Comme plus d'un million de ses compatriotes, Maritza, mère de deux enfants, est sans abri depuis le tremblement de terre de janvier dernier.Depuis, une épidémie de choléra et des troubles liés à l'élection présidentielle ont en-core ajouté aux malheurs du pays et les Haïtiens doivent passer un Noël et à un Nouvel An particulièrement sombres, marqués par un avenir incertain.Le tremblement de terre du 12 janvier a tué plus de 250.000 personnes et balayé les quelques signes de reprise de l'économie la plus pauvre de la région. "Hier, ma mère a failli mourir du choléra, j'ai dû me précipiter avec elle à l'hôpital. Ce Noël est un Noël de misère", confie la jeune femme en nettoyant à l'eau savonneuse l'intérieur de la tente en plastic où elle vit avec ses enfants dans le camp de rescapés de la place Saint-Pierre, à Pétionville, banlieue de la capitale Port-au-Prince.Cette année, parmi les quelques magasins épargnés par le séisme qui a détruit une grande partie des quartiers commerciaux et résidentiels de la ville, rares sont ceux qui arborent une quelconque décoration festive.Aucune guirlande en vue parmi les tentes qui occupent la plupart des espaces disponi-bles dans la ville en ruines."Nous ne pouvons décorer les tentes misérables où nous vivons... nous ne sommes pas d'humeur à fêter Noël", dit Juliette Marsan, 35 ans, une autre occupante du campement de la place Saint-Pierre."Ma préoccupation est de nourrir mes enfants, et même cela je n'y parviens pas".Guy Delva (Reuters)

12 janvier 2010Soudain le spectre hideux éclipse ton soleil,Rabat la joie de tes étoiles, cadenassant de son ombre tes horizons.Et voici que cette ombre se glisse sous tes paupières.Plus cruelle qu’on ne le suppose sous son voile de fausse pudique, L’ombre indélébile s’infiltre dans tes veines, se substituant à ta séduction.Dans le fracas et la fureur tous les jeux se taisent ensevelis. Au flanc du morne crevé se détache, seul témoin, le flamboyant qui fleurissait nos rêves.Le sol s’est éventré : orgie funèbre de nuées blanches, de maisons, d’arbres et d’êtres tordus.Le plus triste était ce flamboyant changé en fantôme lunaire,Ses fleurs les plus sanguines mortes sous cette poussière funeste.Salut à toi, Haïti! ma terre à la matrice déchirée, Aphone et nue titubant de nuits blanches,Perdue dans le délire du mal qui perd son temps à te meurtrir,Ô « mater »* sourde et ivre de douleur !*(Mère en latin. Prononcer « ma terre »)Même occupée à saigner aux quatre veines de tes enfants si disloqués,Tu te surprends sans cesse à susciter l’espoir.De ce côté du suaire ton éclat n’est pas perdu pour nous.Salut à toi! cœur de sanglots, coeur de tempête et coeur de calme plat.

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Mercredi 29 Décembre 2010Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49

Page 15Ti Gout pa Ti Gout ak Jan Mapou

ERITAY ZANSÈT YO NAN LITERATI KREYOL LA

Ak Michel-Ange Hyppolite

2 Pati.Pou premye pati-a , al gade nan Haiti en Marche senmenn pase anwo-a #

Pwovèb :` Lòt eleman ankò zansèt-yo kite pou nou kòm eritay se pwovèb-yo.Pwovèb se konbinezon obsèvasyon makònen ak refleksyon ki vin tounen leson. Depandande ki mounn ki ap obsève epi re-flechi a nou pral jwenn divès kalite mesaj : mesaj seksis, mesaj dyanm, mesaj tètansanm eksetera. Lè nou rantre nan pwovèb yo an pwofondè nou wè se chapant sosyete kote pwovèb-yo soti-a ki ap pase anndan-yo. Dr Jean-Price Mars gen rezon di : Pwovèb se moul ki gen pouvwa fòme karaktè youn pèp. Lè nou rantre anndan pwovèb-yo ak lide travay bèbèl nan tèt nou, nou remake yo se youn sous natirèl kote ekriven-yo ka branche lespri-yo pou yo dekore travay-yo. Apwòch itiliza-syon pwovèb-yo anndan pwezi kreyòl-la kòmanse depi nan ane 1960 yo ak ekriven Sosyete Koukouy-yo toujou. Lè sa-a mouvaman-an te anndan Ayiti sèlgrenn. Anfèt, nou remake, nou pa prèske jwenn pwovèb nan pwezi Moriso-Lewa, men rive nan ane 1960-yo, ane 1970-yo pou jouk jounen jodi-a nou jwenn pwovèb agogo, ni nan pwezi, ni nan woman kreyòl-yo. Gen youn epòk pwovèb-yo te konn pase tou kri, sa vle ekriven-an pa te fè okenn travay sou pwovèb-yo, men avèk Franketienne nou vin remake anndan Dezafi, anpil fraz kote otè-a transfòme pwovèb-yo. Oubyen nou remake fraz ki bati sou fòm pwovèb. Pi pre nou la-a nou genyen Nounous ki sèvi ak menm teknik-lan nan youn seksyon nan liv li-a, Pawoli (2003). Li rele seksyon sa-a : Pawoli (2) , soti nan paj 36 rive nan paj 39. Genyen tou Eddy Garnier nan liv li- ki rele ( Ginen m an Chalkalis 1998) Pauris Jean-Baptiste sèvi nou pwovèb ak gran lijèn nan woman kou Sogo nan kwazman granchemen ( 1979) ansanm ak nan lonbray inosans (1985), ki genyen pri Henri Deschamps nan ane-a. Se menm jan-an tou, nou swete mounn ki nan branch filozofi ka toujou sonde pwovèb-yo pou triye verite inivèsèl ki kab nouri travay-yo. Gen otè Ayisyen ki gen abitid al chèche bèl fraz anba bouch ekriven Lewòp pou yo louvri chapit nan liv-yo, nou rete kwè si yo chèche ak anpil antansyon, yo kab jwenn tout pwofondè panse yo bezwen pou atire atansyon lektè yo anndan liv-yo. Pami ekriven mwen konnen ki sèvi ak pwovèb kreyòl pou louvri chapit nan liv-yo, mwen kab site Eddy Garnier, epi Michel-Ange Hyppolite nan liv li-a ki rele Zile Nou ( 1995). Relijon vodoun-an

Depi nou ap pale sou eritay zansèt-yo gen youn eleman kle nan kilti lakay-la ki sèvi kòm baz. Se relijon vo-doun-an. Dans nou-yo, tablo atis nou yo, ekriven nou yo, yo tout foure men ladan san gade dèyè. Kit ekriven ayisyen-an ap pwodui tèks li an franse, kit li ap pwodui tèks li an kreyòl eleman ki nan voudoun toujou rantre ladan. Nan literati kreyòl Ayiti-a, kategori ekriven ki sèvi ak vodoun-an tout bon nan travay yo se mounn ki ap ekri woman-yo. Lè vodoun an pa rantre dirèk-dirèk nan istwa-a, ou jwenn aktè nan istwa-a ki gen konesans fèy epi ki sèvi ak fèy nan divès sikonstans nan lavi-yo. Jeneralman mounn ki vrèman konnen fason pou yo sèvi ak fèy nan milye Ayiti-a se houngan ak manbo epi mounn ki gen don pou geri mounn. Nan woman kreyòl ki ekri anvan ane 2000-yo, vodoun-a pase swa kòm eleman pou yo denigre, koupe voye jete ( Sa se travay Carié Paultre, swa kòm youn fòs pou respekte. Men li pa sèvi kòm eleman estetik. Sa vle di eleman pou mete bèbèl nan tèks-yo. Sepandan, nan pwezi, anndan Sosyete Koukouy Kanada, nou eitilize kèk aspè nan langay vodoun-an pou nou mete bèlte nan tèks-nou. Epitou, genyen lòt ekriven menm lè yo pa koukouy ki sèvi ak apwòch estetik sa-a tou. Tèm vodoun-yo vin sèvi youn teknik pou dekore tèks nou. Ann koute Kaptenn Koukourouj : Ou kanpe lespri nouOu monte lespri nouOu nouri lespri nou ( Zile Nou 1995) Ann koute Henri Robert Durrandisse :Mwen anvi prepare youn beny avèk fèy twazòm fò. Badijon-nen tout papòt lavni ak fèy atiyayo, fèy bazilik pou pwoteje devni nou kont tout medizans ak malfezans. ( Langay lanmou 2008) Pi devan nou kab tande Keslè Brezo ki ap di nou :Oumenm fanmBèlte lalin klè lan dekou minuiZekla vèdilèn lakansyèl soule nan tèt sousDplòyman lonbray ou rale lòlòy lan vinèg ( Parantèz,1988) Toujou avèk entansyon estetik vodoun-an nou jwenn Franz Benjamin nan Tan Lapli ki di nou : Ann koute Manno Ejèn : Nan bitasyon bawonNou selebre pawoliPwezi nou se lwa ginenLalwa masyal anvigè

Pawòl nou se gad pou nou poteKoukourouj … Nan non lanmòNan non lèsenN’ap tann yoAyibobo ( Vwa Zandò 2007) Nan travay rechèch nou anndan Sosyete Koukouy Kanada, nou kwè si gen youn mizik rasin, kote mizizyen-yo rantre anndan fon nannan vodoun-an pou y’al chèche mizik pou fè nou rantre nan noumem, nou dekouvri tou youn pwezi ki koule tankou mizik rasin lan. Henri-Robert Durandisse pwopoze pou nou ta rele kalite pwezi sa-yo Pwezi Rasin. Nan chèche anndan tèks pwezi kreyòl-yo, nou jwenn plizyè atisplim ki ale nan sans pase mesaj pandan yo ap sèvi vodoun-an. Younn nan ekriven sa yo se Gérard Montès.Ann koute misye nan youn tèks ki rele Dans pou asòtò anndan liv li-a ki rele Lasosyete Bonjou (2003) p. 53. Konklizyon :

Lè nou fin tande relasyon ki ekziste ant travay ekri-ven nou yo ak divès branch nan oralti nou-an tankou : Kont tout kalite, chante nou yo, pwovèb nou yo, relijon vodoun-an, nou kab di transfè-a fèt. Eritay zansèt nou yo pa pèdi. Yo rete prezan tèktègèdèk anndan liv ekriven nou yo. Kounye-a vrè defi-a, se renouvle eritay zansèt-yo, remanbre-l youn fason pou li rete vivan nan mitan-nou vitam-etènam. Pou nou kenbe nivo estetik ki mache ak eritay zansèt-yo nan travay nou, nou kab fè rankont travay, boukante zèv nou younn ak lòt, pataje eksperyans nou ak jenn ekriven-yo, oubyen mounn ki pa ekri liv atizay-bèbèl, men ki ap fè rechèch ak eksperyans nan chan kiltirèl-la. Nou vle di : mizisyen, istoryen, etnològ elatriye. Nou dwe fè alevini ant eksperyans ki ap fèt Ayiti epi nan dyaspora-a. Pataje kalite rechèch sa yo nan radyo, televizyon, jounal, sibè-espas, eksetera. Efò tout kalite sa-yo, se manda ekriven Sosyete Koukouy-yo bay tèt-yo. Anpil fwa gen mounn ki di nou yo pa tande bri Sosyete Koukouy sou teren-an, nou toujou reponn-yo nou plis konsantre sou youn travay rechèch. Prezantasyon jodi-a se rezilta travay nou pou nou kreye youn pwezi Ayisyen. Youn pwezi ki rete kole ak reyalite nou. Nou site non Sosyete Koukouy, men responsablite-a se pa responsa-blite Koukouy-yo sèl grenn. Se responsablite ekip kreyòl Sant N A Rive-a tou, se responsablite tout lòt gwoup ki nan domèn lakilti epi ki ap fè onè esans Ayisyen-nou.Nan vizyon nou anndan Sosyete Koukouy Kanada, se pa aktè kiltirèl senpman ki konsène. Se tout manman ak papa pitit Ayisyen. Yo tout gen enterè transmèt eritay kiltirèl nou bay pitit yo, pitit-pitit-yo nan li istwa Ayisyen ekri an kreyòl pou yo. Genyen. Si nou chèche-yo nou va jwenn liv ki ap rakonte istwa pou pou timounn anba plim Mod Heurtelou nan Educa Vision. Nou va jwenn yo tou anba plim Jocelyne Trouillot nan Edisyon Inivèsite Karayib, genyen tou youn seri ki gen plis pase 30 istwa pou timounn nan SIDIKA.

Kounye-a, depi nou rive fè youn bon tavay nan pase eritay kiltirèl nou yo bay pitit nou, yomenm, ki fèt sou tè etranje, pral melanje tout sa nou ba yo-yo ak sa yo aprann sou tè kote yo fèt-la, nou vle di Kanada, Etazini, Lafrans, peyi Afrik-yo eksetera, pou yo ban nou youn lòt sentèz ki va toujou rete Ayisyen, men ki va ale pi lwen toujou pasefondas nou ap bay yo jounen jodi-a.

Michel-Ange Hyppolite ( Kaptenn Koukourouj)Manm Sosyete Koukouy Kanada

Otawa [email protected]

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KASE TI BWA NAN ZÒRÈY MWEN

Kase ti bwa nan zòrèy mwenFè m’konnen mwen bèl, mwen se yon fanmDi mwen ou renmen-m ou pa ka viv san mwenDi mwen si mwen pa la, lavi pa gen gou pou ouKase ti bwa nan zòrèy mwenFè m’santi ak bèl pawoli k’ap soti nan bouch ouMwen se yon fanm enpòtanMwen gen enfliyans nan lavi ouMontre mwen ak bèl flè ou renmen mwenMontre mwen sa nan emosyon ouNan jan ou pale ak mwenDi mwen ou kontan mwen bò kote-ou.

Kase ti bwa nan zòrèy mwenKarese mwen dous ak men-ouKòmanse depi lanjelis rive jouk douvanjouJouk lawouze gran maten rive mouye nouGade mwen tankou pa gen lòt fanm sou latè ankò.Gade mwen ak lanmou nan je-ou.

Kase ti bwa nan zòrèy mwenManyen mwen tankou yon bèl flè choublakOu pa ta renmen ki vin fennenTankou yon asyèt poslèn eritaj grandèt yoOu pa ta renmen ni kase ni fann an miyèt mosoManyen mwen tankou se dènye fwa w’ap fè sa.

Kase ti bwa nan zòrèy mwenFè m’wè ou renmen mwenFè m’konnen ou renmen mwenAk bèl pwezi lanmou w’ap chante nan zòrèy mwenPale ak kè mwen ak emosyon mwen

Kase ti bwa nan zòrèy mwenWi, kase ti bwa nan zòrèy mwen

Victoire Legrand (2003)= = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = =

SIWÈLLanjelis fenk tonbelè m’wè-wdevan tab reziyeak machwè-w byen gonfleap jwe jwèt

Trip kòdeanba trayizonfin fann fwa-w

Zanmi devan-wpa zanmi dèyè-wfin kraze kò-w

Pike koleak lafanmivire lòlòy lakansyèl ou

Kase douvanjoupou chache yon demen miyòfin pote-w ale

Ou jwe tout jwètnan lavi-apou anyenpa ta ba-w pataswèl

Men…tout rèv ou rasanblebò chemen dezespwafin pèdi koulèanba traka sou wout ou.

paske…lanmou kase tèt ouak yon grenn siwèl.

Josette Herbert Augustave( Grann Dada) 29 Avril 1099

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KANAVAL MADAN KOLOAne sa-aKanaval tout koulèpran wout channmas.An verite pa gen dyazKi ka bay Madan KoloFanm Pòtoprens pwoblèm.M’fè sèman ane sa-aNan kanaval lam’ap voye tout giyon al bwachat

giyon laperèzgiyon tipil gwopilgiyon viv sèlgiyon dlo nan jegiyon vant maregiyon machè gonflegiyon san manjegiyon boutèy nwagiyon pale malgiyon pòch krevegiyon dezespwagiyon m’wègiyon m’pa wè

sou labanyèyon kout tanbouak de bon yayadnan mitan bann kanavalmadan Kolo-a.

Josette Herbert Augustave“Grann Dada”16 Janvye 1997

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ZYE DOUNan satiyèt lavinan tout sansnan mache chachenan kouri pasi palamwen tonbe tèt bese nan konfizyonak yon bouke flè koulè lakansyèl nan men-mmwen di: tout larezone ki te nan fon kè-m

Nan moute desann nan mitan chalè touman-m tout manm mwen kontre bab pou babak Mèt “Gran Chimen”k’ap fè-m zye dou

Josette Herbert Augustave“Grann Dada”

26 septanm 2010

Page 16: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 16Mercredi 29 Décembre 2010

Haïti en Marche • Vol XXIV • N° 49BACK PAGE

Haïti en MarchePort-au-Prince

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URL : www.haitienmarche.comLibrary of Congress # ISSN 1064 - 3896

Printed by Southeast Offset : (305) 623-7788

En Bref...(... suite de la page 14)

Les voeux de la MI-NUSTAH à l’occa-sion de la NoëlMr Edmond Mulet, Repré-sentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, a présenté vendredi ses vœux les meilleurs au peuple haï-tien à l’occasion des Fêtes de Noël et du Nouvel An. Dans un message de circons-tance, le diplomate guaté-maltèque déclare: "L’année 2010 a été l’une des plus douloureuses de l’histoire d’Haïti. Les tragédies, plus éprouvantes les unes que les autres pour les Haïtiens, se sont succédées, à commencer par celle du 12 janvier. Puis une tornade et un ouragan destructeurs et enfin, la subi-te propagation de l’épidémie de choléra", écrit M. Mulet."A l’aube de l’année nouvelle, je tiens à saluer encore une fois l’héroïsme du peuple haïtien qui a su faire face à l’adversité avec courage et dignité. Certes, les défis restent immenses, mais une patrie ne vit que grâce aux sacrifices de ses fils", poursuit le chef de la MINUSTAH.Monsieur Mulet souhaite aussi que "l’amour de la patrie et les immenses sacri-fices consentis puissent deve-nir les ferments d’un avenir meilleur pour les filles et les fils d’Haïti".

Est-ce vrai que plus jamais tu ne vibreras à nos poèmes, à nos chansons?

Belle-sur-Mer, salut! ta flamme est en nos yeux. Songe intermittent dans nos pensées, salut!Pauvre petit pays merveilleux, nous t’aimons. Wi nap toujou renmen ou !Amis, pour commencer, rallumons ses étoiles. Roland Menuau, 25 décembre 2010

Mélodie Matinsur 103.3 fm