Hadot L'Être Et l'Étant Néoplatonisme

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  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    1/16

    L'tre et l'tant dans le noplatonisme

    Autor(en): Hadot, Pierre

    Objekttyp: Article

    Zeitschrift: Revue de thologie et de philosophie

    Band (Jahr): 23 (1973)

    Heft 2

    Persistenter Link: http://dx.doi.org/10.5169/seals-381010

    PDF erstellt am: 22.01.2016

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  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

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    L'TRE

    ET

    L'TANT

    DANS

    LE

    NOPLATONISME

    Dans la

    perspective

    de

    la

    philosophie

    de

    Heidegger,

    Jean

    Beaufret

    a

    crit

    les

    lignes

    suivantes

    au

    sujet

    de

    la

    notion

    d'tre

    :

    Le

    participe

    est...

    grammaticalement

    porteur

    d'une

    remarquable ambigut...

    D'un

    ct,

    comme

    participe

    nominal,

    il

    va jusqu'

    mettre

    en

    libert

    une

    sorte

    de

    substantif.

    Mais

    de

    l'autre,

    comme

    participe

    verbal,

    il

    fait

    retour

    de

    ce

    substan

    tif

    la

    signification

    propre

    du verbe

    et

    indique

    ds

    lors

    moins la

    personnalit

    de

    l'agent

    que

    la modalit

    de

    l'action.

    Vivant,

    par

    exemple, dit

    ainsi

    la fois

    celui

    qui

    vit

    et

    le

    fait

    qu'il

    vit,

    le vivre. Cette

    ambigut

    singulire

    du

    participe

    de

    tous

    les

    verbes,

    nous

    la

    retrouvons

    singulirement

    dans

    le

    verbe

    des

    verbes,

    celui

    dont

    le

    dire

    est

    le

    dire

    simple

    de

    l'tre.

    En

    un

    sens,

    t

    v

    est

    le

    singulier

    de

    t

    vtoc.

    Mais

    en

    un

    sens

    plus

    fondamental,

    v

    ne

    dit

    plus

    seulement

    tel

    tant

    singulier

    (ens

    quoddam,

    un tant,

    a

    being, ein

    Seiendes),

    mais

    la

    singularit

    mme

    de

    l'evai

    (esse,

    tre, to

    be,

    sein)

    dont

    tous

    les

    vTa

    participent

    en

    propre,

    sans

    qu'elle

    s'puise

    jamais

    en

    aucun

    d'eux.

    La

    problmatique

    qu'introduit

    la

    rflexion

    sur

    le

    participe

    v

    est

    donc

    une

    problmatique

    double,

    de

    sorte

    que

    la

    question

    que

    posera

    plus

    tard

    la

    Mtaphysique

    d'Aristote,

    ti

    T

    v,

    est

    double

    sens.

    S'agit-il

    en

    effet

    d'identifier

    l'tant

    qui

    mrite

    particulirement

    d'tre

    appel

    ainsi et

    qui

    sera

    ds

    lors

    le

    suprme

    Etant

    S'agit-il

    au

    contraire

    d'indiquer

    la

    qualit

    en

    vertu

    de

    quoi

    tous

    les

    Etants,

    y

    compris

    le

    suprme

    Etant,

    peuvent

    tre

    tenus

    pour

    tants

    '

    C'est

    un

    fait

    que presque

    toute

    la

    philosophie

    grecque

    a

    surtout

    cherch

    identifier

    l'tant

    qui

    mrite

    particuhrement

    d'tre

    appel

    ainsi

    et

    qui

    sera

    ds

    lors

    le

    suprme

    Etant

    . La

    prsente

    tude

    voudrait

    pourtant

    dcrire

    le

    moment

    historique

    o,

    dans

    l'histoire

    de

    la

    pense

    occidentale,

    l'tre-infinitif

    a

    t

    clairement

    distingu

    de

    l'tre-participe,

    sous

    la

    forme

    d'une

    distinction

    entre

    evcu

    et

    6v

    (transforme

    ensuite

    en

    une

    distinction

    entre

    uopEi

    et

    om'a).

    Il

    s'agit

    de

    l'ontologie

    noplatonicienne.

    La

    double

    probl

    matique

    dont

    parle

    Jean

    Beaufret

    n'y

    est

    sans

    doute

    pas

    supprime,

    mais

    elle

    y

    prend un

    sens

    nouveau.

    1

    J. Beaufret

    : Le

    pome

    de

    Parmenide, Paris,

    1955,

    p.

    34-35-

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    3/16

    102

    PIERRE HADOT

    Ce

    moment

    historique

    rsulte,

    je

    dois

    le

    souligner,

    d'un

    ensemble

    de

    contingences

    historiques

    :

    je

    ne

    veux

    pas

    nier

    qu'il

    y

    ait

    sous

    ces

    contingences une

    plus

    profonde

    logique,

    mais

    il

    me

    semble

    impossible

    de

    comprendre

    cette

    apparition

    de

    l'tre-infinitif, sans

    la situer

    historiquement.

    Premire

    contingence

    :

    la

    formulation

    employe

    par

    Platon

    au

    dbut

    de

    la

    seconde

    hypothse

    du

    Parmenide

    :

    Veux-tu

    donc

    que,

    faisant

    retour

    l'hypothse,

    nous

    la

    reprenions

    son

    origine,

    pour

    voir

    si,

    en

    la

    reprenant

    ainsi,

    des

    consquences

    diffrentes

    nous

    apparatront

    Parfaitement,

    je

    le

    veux

    Eh

    bien

    donc,

    l'Un,

    s'il

    est,

    nous

    l'admettons,

    les

    consquences

    qui

    pour

    lui

    en

    rsultent,

    que

    peuvent-elles

    bien

    tre

    Et

    il

    nous

    en

    faudra

    convenir,

    c'est

    bien

    entendu

    Oui

    Attention

    donc,

    voil

    le

    dbut.

    L'Un,

    s'il est,

    y

    a-t-il

    moyen

    que,

    lui,

    il

    soit et

    qu'

    l'Etre

    (oaia),

    il

    n'ait

    point

    part

    Pas

    moyen.

    Par

    suite,

    galement,

    l'Etre

    de

    l'Un

    sera,

    sans

    tre

    identique

    l'Un

    ;

    sans

    quoi,

    celui-ci

    ne

    serait

    pas

    l'Etre

    de

    celui-l,

    ni

    celui-l

    (l'Un)

    n'aurait

    point

    part

    celui-ci et

    il

    serait

    quivalent

    de

    dire

    que

    l'Un

    il

    est

    ou

    de

    dire

    que

    l'Un

    c'est

    l'Un

    .

    Or

    pour

    l'instant,

    notre

    hypothse

    n'est

    point

    :

    si

    l'Un,

    c'est

    l'Un, qu'en

    doit-il

    rsulter

    ,

    mais

    bien

    :

    si

    l'Un, il

    est

    ;

    c'est bien entendu

    Parfaitement.

    Donc

    il

    y

    a

    une

    autre

    signification

    dans

    il

    est

    que

    dans

    un

    .

    Ncessairement.

    Est-ce

    alors

    autre

    chose

    que

    ceci

    :

    l'Un a

    part

    l'Etre

    N'est-ce

    pas

    cela

    que

    veut

    dire

    en

    bref

    l'Un,

    il

    est

    ?

    Si,

    tout

    fait

    .

    Dans

    le

    pome

    de

    Parmenide,

    la

    notion d'Un

    avait

    fait

    son

    appa

    rition

    comme

    prdicat

    de

    l'Etant.

    Dans

    les

    argumentations

    d'autres

    Elates,

    tels

    Mhssos

    et

    Zenon,

    on

    trouve

    des

    formules

    du

    type

    :

    si

    l'Un

    est

    il

    y

    aura

    telle

    consquence

    ;

    si

    les

    Plusieurs

    sont

    il

    y

    aurait telle

    consquence2.

    Il

    semble

    que,

    dans le

    Parmenide,

    Platon

    veuille

    montrer

    que

    le

    simple emploi

    du

    langage,

    notamment

    l'emploi

    de

    phrases

    du

    type

    si

    l'Un

    est

    suffit

    rfuter

    la

    conception

    que

    les

    Elates

    se

    faisaient

    de

    Tunit

    absolue

    des

    choses.

    Ne

    pas

    tenir

    compte

    du

    est

    dans

    l'affirmation

    l'Un

    est

    Un

    (telle

    est

    la

    pre

    mire

    hypothse

    du

    Parmenide),

    c'est

    tre

    conduit

    l'impossibiht

    de

    parler.

    L'Un

    ne

    sera

    mme

    plus

    Un

    3.

    La

    seconde

    hypothse

    du

    Parmenide,

    celle

    qui

    nous

    intresse,

    prend

    en

    considration le

    fait

    de

    la

    prdication,

    le

    fait

    que

    le

    discours

    lie

    ensemble

    au

    moins

    deux

    notions,

    ici

    l'Un

    et

    l'Etre.

    Ce

    paradoxe

    du

    discours,

    Platon

    cherche

    l'exprimer

    ici

    en

    disant

    que,

    s'U

    est

    vrai

    que

    l'Un

    est

    ,

    il

    est

    vrai

    qu'U

    participe

    de

    l'ousia

    4.

    Cela

    veut dire,

    comme

    la

    suite

    du

    texte

    le

    montre,

    que

    chaque

    part

    de

    l'Un

    est

    la

    fois

    un

    et

    tre

    et

    chaque

    1

    Platon

    :

    Farm.,

    142

    b,

    trad.

    L.

    Robin

    (Bibliothque

    de

    la

    Pliade,

    Paris, 1950).

    2

    Parmenide,

    Fragm.

    8,

    6

    ;

    Mhssos,

    Fragm.

    8

    ;

    Zenon,

    Fragm.

    3.

    3

    Platon

    :

    Parm.,

    141

    e.

    4

    Platon

    :

    Parm.,

    142

    b.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    4/16

    l'tre

    et

    l'tant

    dans

    le

    noplatonisme

    103

    partie

    de

    l'tre

    la

    fois

    tre

    et

    un

    .

    Parler

    d'un contenu

    de

    pense

    c'est

    y

    introduire

    une

    multiplicit,

    c'est

    engendrer

    le

    nombre. Le

    genre

    de

    participation

    dont

    U

    est

    question

    ici

    est

    analogue

    celui

    que

    Ton

    trouve

    dans

    le

    Sophiste

    2,

    o

    mouvement

    et

    repos

    participent

    l'tant,

    parce

    que

    celui-ci

    est

    ml

    eux.

    Il

    s'agit

    de

    la

    communion

    des

    genres

    suprmes

    entre

    eux.

    Notons

    aussi

    que

    le

    terme

    ousia

    reflte

    dans

    ce

    passage

    l'ambigut

    du verbe

    on,

    la

    fois

    copule

    et

    existence

    3.

    Seconde

    contingence

    historique

    :

    l'exgse

    noplatonicienne

    du

    Parmenide.

    Le

    premier

    tmoignage

    clair

    que

    nous

    possdions

    sur

    ce

    genre

    d'exgse

    est celui

    de

    Plotin

    lui-mme

    4.

    Plotin

    fait

    correspondre

    chaque hypothse une hypostase, un

    type

    d'unit.

    La

    premire

    hypothse

    (l'Un,

    c'est

    l'Un)

    correspond

    l'unit

    absolue,

    c'est--dire

    la

    premire

    hypostase,

    l'Un.

    Si

    cette

    premire hypothse

    aboutit

    la

    conclusion

    qu'il

    est

    impossible

    de

    parler

    de

    l'Un,

    c'est parce

    qu'effectivement,

    il

    est

    impossible

    de

    parler

    de

    l'Absolu. Toute

    la

    thologie ngative

    se

    retrouve

    ainsi

    dans

    la

    premire hypothse.

    La

    seconde

    hypothse

    du Parmenide

    (l'Un

    est)

    correspond

    une

    Unit

    o

    commence

    se

    manifester la

    Multiplicit,

    c'est--dire

    l'Un-Etant

    pour

    reprendre

    la

    terminologie

    de

    Plotin

    5.

    Cette

    seconde

    hypostase

    est

    pour

    Plotin

    un

    second

    Un,

    l'Un-Multiple,

    c'est--dire

    le

    premier

    nombre,

    la

    premire

    ousia,

    l'Ide

    d'Essence,

    principe

    de

    toutes

    les

    essences,

    la

    premire Intelligence,

    le

    premier

    InteUigible.

    L'ousia

    n'apparat

    donc

    qu'au

    second

    rang

    de

    la

    ralit,

    au

    niveau

    de

    la

    seconde

    hypostase,

    et

    elle

    se

    fonde sur

    la

    premire

    hypostase.

    Repre

    nant

    les

    rflexions aristotliciennes

    6,

    Plotin

    affirme

    7

    que,

    toujours,

    l'unit

    fonde

    pralablement

    l'tre.

    Qu'est-ce

    donc

    qui

    pourrait

    tre,

    s'il

    n'tait

    un,

    qu'il

    s'agisse

    des

    amas

    comme

    le

    chur, l'arme,

    des

    objets

    fabriqus

    comme

    le

    navire,

    des

    grandeurs

    continues,

    des

    corps

    vivants

    et

    de

    leurs

    qualits ou

    enfin

    de

    l'me

    et

    de

    la

    premire

    Essence

    elle-mme

    Suivant

    la

    perspective

    platonicienne,

    si

    chaque

    tant

    est

    tant

    grce

    son

    unit,

    il

    faut

    supposer

    une

    Unit

    en

    soi

    qui

    ne

    soit

    pas

    multipUe,

    mais

    qui

    soit

    transcendante.

    C'est

    l'Unit

    en

    soi,

    correspondant

    la

    premire hypothse,

    qui

    fonde

    l'Essence

    en

    soi,

    correspondant

    la

    seconde

    hypothse.

    Cette

    Essence

    en

    soi,

    cette

    premire

    Essence,

    est

    plnitude

    de

    raht :

    eUe

    est

    vivante

    et

    pensante8,

    '

    Platon

    :

    Parm.,

    142

    c-e.

    2

    Platon

    :

    Soph.,

    251-252.

    3

    Sur

    l'ambigut

    du

    mot

    chez

    Platon,

    cf.

    M.

    Frede

    :

    Prdikation

    und

    Existenzaussage,

    Gttingen (Hypomnemata,

    18), 1967.

    4

    Plotin

    :

    Enn.,

    V, 1,

    8,

    24.

    5

    Plotin

    :

    Enn.,

    VI,

    6,

    3,

    1

    sq.

    6

    Aristote

    :

    Metaphys.,

    1054

    a

    10-20.

    7

    Plotin

    :

    Enn.,

    VI, 9,

    1,

    1

    sq.

    8

    Plotin

    :

    Enn.,

    VI,

    9,

    2,

    25.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    5/16

    104

    PIERRE HADOT

    conception

    qui

    peut

    tre

    rapproche

    de

    l'ide

    moderne

    de

    sujet

    et

    de

    personne.

    On

    mesure

    ainsi

    l'tendue

    de

    l'volution

    qui va

    de

    Platon

    Plotin.

    Aux

    deux

    hypothses dialectiques,

    qui

    se

    rapportaient

    un

    genre,

    c'est--dire

    un

    principe

    de

    classification

    des

    Ides,

    se

    sont

    substitues

    deux

    choses en soi

    :

    l'Intellect

    divin

    ou

    Essence

    pre

    mire

    et

    l'Absolu

    qui

    rend

    possible

    l'unit

    de

    cette

    Essence

    avec

    elle-mme.

    Troisime

    contingence

    : les

    scrupules

    d'un

    commentateur

    no

    platonicien

    du

    Parmenide.

    Dans

    le

    fragment

    5

    de

    T

    Anonyme

    de

    Turin,

    dont

    j'ai

    donn

    l'dition

    en

    1968 (en

    l'attribuant

    Por

    phyre

    *,

    mais

    la

    question

    d'attribution

    n'a

    pas

    d'importance

    pour

    notre

    prsent

    propos),

    nous

    voyons

    le

    commentateur

    noplatonicien

    s'appliquer

    l'exgse

    du

    passage

    du

    Parmenide

    que

    nous

    avons

    cit

    plus

    haut

    :

    2

    Si

    l'Un

    est, se

    peut-U

    qu'il

    soit

    et

    ne

    participe

    pas

    l'ousia

    ?3

    Dans

    la

    perspective

    de

    l'exgse

    plotinienne

    du

    Par

    menide,

    la

    seconde

    hypothse correspond

    la

    seconde

    hypostase,

    c'est--dire

    l'Essence

    en

    soi

    ou

    l'Etant

    en

    soi.

    Normalement

    l'Un,

    dont

    U

    est

    question

    au

    niveau

    de

    la

    seconde

    hypothse, ne

    devrait

    pas

    participer

    l'ousia,

    puisqu'il

    est

    lui-mme

    l'ousia

    en

    soi,

    la

    premire

    ousia.

    Comment

    se fait-il donc, se

    demande le

    commenta

    teur,

    que

    l'Un

    de

    la

    seconde

    hypothse

    soit

    dit

    participer

    l'ousia

    Pour

    expliquer

    ce

    paradoxe,

    le

    commentateur

    fait

    une premire

    remarque

    :

    Platon

    n'a

    pas

    plac

    comme

    sujet

    de

    la

    phrase

    le

    mot

    Etant

    ,

    mais

    le

    mot

    Un

    .

    Autrement

    dit,

    U

    a

    dfini

    l'Etant

    comme

    l'Un

    participant

    de

    l'ousia

    A

    Quel

    peut

    donc

    tre

    le

    sens

    de

    cette

    formule

    Le

    mot

    participer

    peut

    avoir deux

    sens.

    Il peut

    tout

    d'abord avoir

    le

    sens

    que

    lui

    donne

    Platon

    lui-mme

    dans le

    passage

    du

    Parmenide

    dont

    nous

    parlons

    en

    ce

    moment.

    Participer

    signifie

    alors

    tre

    partie-avec

    ,

    former

    un

    tout

    en se

    mlangeant

    avec

    .

    Il

    peut

    aussi

    avoir

    le

    sens

    que

    lui

    donne

    habituellement

    les no

    platoniciens

    :

    participer

    signifiera

    alors

    recevoir

    une

    forme

    qui

    est

    le

    reflet

    d'une

    Forme

    transcendante

    .

    Dans

    les

    deux

    cas,

    tre

    particip

    quivaut

    tre

    attribu

    5.

    Mais

    dans

    le

    premier

    cas,

    la

    prdication

    est

    conue

    comme

    le

    mlange

    de

    deux

    formes

    qui

    se

    trouvent,

    en

    quelque

    sorte,

    sur

    le

    mme

    niveau ontologique

    ;

    dans

    le second

    cas,

    la

    prdication

    est

    conue

    comme

    la

    participation

    d'un

    sujet

    une

    Forme transcendante.

    1

    P.

    Hadot

    :

    Porphyre

    et

    Victorinus,

    Paris, 1968, t.

    II,

    p.

    98

    sq.,

    et

    t.

    I,

    p.

    102-143.

    2

    Cf.

    plus

    haut,

    p.

    102,

    n.

    1.

    3

    Parm.,

    142

    b.

    4

    Cf.

    P.

    Hadot,

    t.

    II,

    p.

    102,

    ligne

    9-10.

    Sur

    l'quivalence

    entre

    tre

    attribu

    et

    tre

    particip

    ,

    cf.

    P.

    Hadot

    :

    Porphyre

    et

    Victorinus,

    t.

    I,

    p.

    411,

    n.

    1.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    6/16

    L

    ETRE ET

    L ETANT

    DANS

    LE NEOPLATONISME

    I05

    Voyons

    donc

    le

    premier

    sens

    possible

    :

    la

    participation

    est

    le

    mlange

    de

    deux formes.

    Platon

    a

    dit

    :

    l'Un

    participe

    de

    l'ousia.

    Cela

    signifiera

    donc

    que

    la

    proprit

    de

    l'Un

    se

    mlange

    avec

    la

    proprit

    de

    l'ousia,

    comme

    animal

    se

    mlange avec

    raisonnable

    dans

    la

    dfinition

    de

    l'homme.

    L'tant

    en

    soi,

    dans

    sa

    raht

    concrte,

    est

    donc le

    Tout

    rsultant

    du

    mlange

    de

    Tunit

    et

    de

    l'essentialit

    *.

    Le

    commentateur,

    toutefois,

    n'est

    pas

    satisfait

    de

    cette

    explica

    tion.

    Car

    elle

    ne

    rend

    pas

    compte

    de

    l'origine

    de

    cette

    proprit

    de

    l'essentialit

    qui

    vient

    s'ajouter

    l'Un.

    Si

    l'essentialit

    apparat

    au

    niveau

    de

    la

    seconde

    hypostase,

    il

    faut

    bien

    admettre

    que,

    d'une

    certaine

    manire,

    eUe

    est

    dj

    prsente

    dans

    l'origine

    absolue

    qu'est

    la

    premire

    hypostase.

    Le

    commentateur

    prsente

    donc

    une

    seconde

    exgse

    qui

    s'appuie

    cette

    fois

    sur

    l'autre

    sens

    du

    mot

    participer

    ,

    avec

    les

    corrections

    ncessaires,

    puisqu'il

    s'agit

    de

    ralits

    intelli

    gibles,

    non

    de

    sujets

    du monde

    sensible.

    Le

    second

    Un,

    qui

    participe

    l'ousia,

    n'est

    videmment

    pas

    un

    sujet

    passif

    et matriel

    qui

    recevrait

    une

    forme

    particulire.

    Mais

    d'une

    certaine

    manire

    il reoit

    l'ousia

    d'une

    ousia

    transcendante.

    Comment cela

    est-il

    possible,

    puisqu'encore

    une

    fois,

    il

    n'y

    a

    pas

    d'ousia

    avant

    le

    second

    Un

    Il

    est bien

    connu

    en

    effet

    que,

    dans

    la

    pense

    noplatonicienne,

    le

    premier

    Un,

    qui

    est

    identique

    au

    Bien

    de

    Platon,

    n'est

    ni

    Etant,

    ni

    ousia,

    ni

    energeia

    2.

    L'Un

    ne

    peut

    donc

    tre

    ousia

    au

    sens

    strict,

    mais

    en

    un

    sens

    nig

    matique

    , dit

    notre commentateur.

    Il

    ne

    peut

    tre

    ousia

    que

    selon

    son

    mode

    propre

    et

    son

    mode

    propre

    est

    d'tre

    pur

    agir.

    Selon

    ce

    mode,

    l'ousia

    sera

    rduite

    la

    pure

    activit

    d'tre.

    C'est

    ainsi

    que

    nous

    voyons

    apparatre

    pour

    la

    premire

    fois

    dans

    l'histoire

    de la

    pense

    occidentale

    la

    notion d'un

    tre-infinitif,

    distinct

    de

    l'tre-participe

    ou

    des

    substantifs

    dsignant

    la

    substance

    ou

    l'essentialit.

    Ces

    lignes

    mritent

    d'tre

    cites

    intgralement

    :

    Vois donc

    si

    Platon

    n'a

    pas

    aussi

    l'air

    de

    quelqu'un

    qui

    laisse

    entendre

    un

    enseignement

    cach

    :

    car

    l'Un

    qui

    est au-del

    de

    l'Essence

    (oua(a) et

    de

    l'Etant

    (vto)

    n'est

    ni

    Etant,

    ni

    Essence,

    ni

    acte,

    mais

    plutt

    il

    agit

    et

    il

    est

    lui-mme

    l'agir

    pur,

    en

    sorte

    qu'il

    est lui-mme

    l'Etre

    (t

    evcti),

    celui

    qui

    est

    avant

    l'Etant.

    C'est

    en

    participant

    cet

    Etre,

    que

    le

    second

    Un

    reoit

    de

    cet

    Etre

    un

    tre driv

    :

    c'est

    cela

    participer

    l'Etant

    3.

    Ainsi

    l'tre

    (t

    evai)

    est

    double

    :

    le

    premier

    prexiste

    l'Etant,

    le

    second

    est

    celui

    qui

    est

    produit

    par

    l'Un-qui-est-au-del

    4

    et

    qui

    est

    lui-mme

    l'tre,

    au

    sens

    absolu, et

    en

    quelque

    1

    Cf.

    P.

    Hadot

    :

    Porphyre

    et

    Victorinus,

    t.

    II,

    p.

    98,

    ligne

    5

    et

    sq.

    2

    Cf.

    ibid.,

    p.

    104,

    ligne

    23.

    3

    Cf.

    ibid.,

    p.

    106,

    ligne

    29

    :

    ]xezk av

    vto. On

    s'attendrait

    lire,

    confor

    mment

    la

    lettre

    du Parmenide

    142

    b,

    UT6xeiv

    ovalac,.

    4

    Je

    modifie

    ici la traduction

    donne,

    ibid.,

    p.

    107

    ;

    mon

    ancienne

    traduction

    tait

    en

    contradiction

    avec

    la

    note,

    p.

    107,

    n.

    3,

    dans

    laquelle

    je

    signalais

    que

    l'expression

    ireKeivot

    tait

    une

    sorte

    de

    nom

    propre

    de

    l'Un,

    par

    exemple

    dans

    Porphyre

    :

    Sent.,

    10,

    p.

    3,

    2-3,

    Mommert.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    7/16

    I06 PIERRE HADOT

    sorte l'Ide

    de

    l'Etant.

    C'est

    en

    participant

    cet

    Etre-l

    qu'un

    autre

    Un

    a

    t

    engendr auquel

    est

    accoupl

    l'tre

    produit

    par

    le

    premier

    Un

    .

    On

    a

    donc

    le schma

    suivant

    :

    Le

    est

    ou

    tre

    pur

    Le

    premier

    Un

    L'Un

    qui

    est

    Le

    second

    Un

    Le

    est

    de

    l'Un

    qui

    est

    est

    driv

    de

    1'

    tre

    pur.

    Ce

    dernier

    est

    sans

    sujet

    ni

    attribut,

    il

    est

    absolu.

    Le

    est

    de

    l'Un

    qui

    est

    ,

    au

    contraire,

    est

    accoupl

    avec un

    sujet,

    avec

    le

    second

    Un

    qui

    reoit

    cet

    est

    driv

    de

    T

    tre

    pur.

    Il

    est

    intressant

    de

    constater

    que

    chez

    Platon

    et

    chez

    son com

    mentateur

    le

    terme

    ousia

    dsigne

    la

    troisime

    personne

    de

    l'indicatif

    prsent

    du

    verbe

    tre. Platon

    disait:

    si

    l'Un

    est,

    il

    participe

    l'ousia.

    Son

    commentateur

    renverse

    en

    quelque

    sorte

    la

    proposition

    :

    si

    l'Un

    participe

    l'ousia,

    c'est

    que

    le verbe

    est

    s'ajoute

    au

    sujet

    Un .

    Mais

    Platon

    ne

    disait

    rien

    d'une

    ousia

    antrieure

    ce

    sujet

    Un . Notre

    commentateur,

    au

    contraire,

    imagine,

    pour

    fonder

    l'attribution

    de

    est

    Un

    ,

    un

    est

    absolu

    et

    incoordonn.

    Explicitons

    toute

    sa

    pense

    :

    si

    Platon

    dit

    que

    l'Un

    participe

    l'ousia,

    c'est

    que

    le verbe

    est

    s'ajoute

    au

    sujet

    Un

    et

    si

    le

    verbe

    est

    s'ajoute

    au

    sujet

    Un

    ,

    c'est

    que

    ce

    verbe

    est

    ,

    capable

    de

    s'accou

    pler

    l'Un,

    est

    driv d'un

    est

    absolu,

    pur

    et

    incoordonn

    qui

    n'est

    autre

    que le

    premier

    Un

    lui-mme.

    Deux

    prcisions

    du

    commentateur

    peuvent

    retenir

    notre

    attention.

    Tout

    d'abord

    l'tre

    absolu

    est

    prsent comme

    agir

    .

    Ceci

    est

    extrmement

    important.

    Chez

    Platon,

    le

    verbe

    tre

    ,

    qu'il

    soit

    simple

    copule

    ou

    affirmation

    d'existence2,

    n'impliquait

    pas

    l'ide

    d'un

    agir.

    Chez

    notre

    commentateur,

    au

    contraire,

    tre

    ,

    c'est

    exercer

    une

    activit

    d'tre,

    bien

    plus,

    il

    semble

    bien

    que

    le

    sommet

    de

    l'agir

    soit

    l'activit

    d'tre,

    que

    l'agir

    le

    plus

    intense

    soit

    l'tre.

    Et

    pourtant,

    seconde

    prcision,

    cet

    tre,

    qui

    est

    l'agir

    le

    plus

    pur,

    est

    en

    mme

    temps,

    l'Ide

    de

    l'Etant. L'Etre

    est

    l'Ide

    de

    l'Etant,

    c'est--dire

    de

    l'Un-qui-est,

    parce

    que,

    comme

    le

    montre

    le

    schma

    que

    nous

    avons

    prsent

    plus

    haut,

    il

    est

    la

    Forme

    transcendante

    qui

    fonde

    Tattribu-

    1

    Cf.

    P.

    Hadot

    :

    Porphyre

    et

    Victorinus,

    t.

    II,

    p.

    104,

    ligne

    22

    et

    sq.

    :

    Opct

    o

    ur|

    ko\

    aiviaaouevtp

    oikv

    TTXtuiv,

    ti

    t

    v

    t

    neKeiva

    oaa

    Ka

    vto

    v

    uv

    ok axiv

    oo

    ovaia

    o

    vepyeia,

    vepye

    u\Xov

    Kai

    aT

    t

    vepfev KaGapv,

    aime

    Ka

    ax

    t

    elvai

    t

    itp

    to

    vto

    ou

    uexaaxv t

    v

    \\o

    aTo

    xi

    KKwuevov

    t

    evai,

    oitep

    ax

    ueTxeiv

    vto.

    T6

    ittv

    t

    elvai,

    t

    uv

    TtpoiJTtpxei

    toO

    vto,

    t

    6e

    TtjeTai

    K

    TO

    vto

    too

    nKeiva

    vo

    too

    evai

    vto

    t

    ottautov

    Ka

    icnrep

    la

    to vto,

    oO

    peTaaxv

    XXo

    ti

    v

    Trovcv,

    S)

    avtvfov

    t

    air'

    aTO

    incpepuevov

    eivai.

    2

    Cf.

    plus

    haut,

    p.

    103,

    n.

    3.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    8/16

    L

    ETRE

    ET L ETANT

    DANS

    LE NEOPLATONISME

    IO7

    tion

    de

    est

    Un

    .

    Il

    y

    a

    l

    une

    affirmation

    que

    Plotin

    lui-mme

    n'et

    pas

    admise.1

    Il

    en

    rsulte

    en

    effet

    que

    le

    premier

    Un

    est l'Ide du

    second

    Un.

    Plotin

    se

    refusait

    concevoir

    le

    rapport

    du

    premier

    et

    du

    second

    Un

    selon

    le modle

    du

    rapport qui

    existe

    entre

    l'Ide

    et

    la

    forme

    participe

    qui

    en

    drive.

    Toutefois,

    bien

    qu'il

    ne

    le

    fasse

    pas

    explicitement,

    notre

    commentateur

    aurait

    pu

    rpondre

    cette

    objection

    que

    l'Ide

    de

    l'Etant

    ne

    peut

    tre

    une

    Ide

    comme

    les

    autres,

    car

    elle

    est

    antrieure

    tout

    contenu

    intelligible,

    puisque

    prcisment

    la

    premire

    Forme,

    le

    premier

    contenu

    inteUigible

    ne

    peut

    tre

    que

    l'Etant

    lui-mme,

    c'est--dire

    le

    second

    Un.

    L'Ide

    de

    l'Etant

    n'est

    qu'un

    verbe

    pur,

    un

    agir

    pur.

    Ide

    signifie,

    dans

    ce contexte,

    fondement

    ontologique.

    On

    se

    demandera videmment

    comment

    une

    doctrine

    aussi

    nouvelle,

    aussi

    paradoxale,

    a

    pu

    apparatre

    Il

    se

    peut

    que

    cette

    identification

    entre

    tre

    ,

    agir

    et

    un

    ait

    t

    prpare

    par

    le

    trait

    de

    Plotin

    Sur

    la

    hbert

    et

    la

    volont

    de

    l'Un

    .

    Dans

    ce

    trait

    2,

    il

    est

    dit

    que

    l'Intellect,

    c'est--dire

    le

    second

    Un,

    est libre

    parce

    qu'en

    lui

    concident

    l'tre

    et

    l'agir.

    Cette

    concidence,

    qui

    va

    dans

    le

    sens

    d'une

    conception

    de

    l'tre

    lui-mme

    comme

    agir

    pur,

    se

    retrouve

    au

    niveau

    de

    l'Un

    :

    Puisque

    ce

    que

    l'on

    pourrait

    appeler sa

    substance

    (noo-Tam)

    est

    identique

    ce

    que

    Ton

    pourrait

    appeler

    son

    activit (vpTEia)

    car

    elles

    ne

    sont

    pas

    diffrentes,

    puisqu'elles

    ne

    le

    sont

    mme

    pas

    dans

    l'Intellect

    ,

    il en

    rsulte

    que

    son

    activit

    n'est

    pas

    plus

    dtermine

    par

    son

    tre

    que

    son

    tre

    n'est

    dtermin

    par

    son

    acte.

    3

    Bien

    plus,

    il

    y

    a

    une

    sorte

    d'antriorit

    idale

    de

    l'acte

    sur

    l'ousia

    :

    Il

    ne

    faut

    pas

    craindre

    de

    poser

    un

    acte

    premier

    sans

    substance,

    mais

    il

    faut

    considrer alors

    qu'il

    est,

    en

    quelque

    sorte,

    son

    propre

    sujet.

    4

    Et

    Plotin

    parle

    aussi

    de

    production

    absolue

    (tiautov

    tiv

    Tfoinorv)

    5.

    Plotin aurait

    sans

    doute

    refus

    nergiquement

    de

    dire

    que

    l'Un

    est

    l'agir

    pur

    qui

    est l'tre

    pur

    ,

    mais

    il

    a

    lui-mme

    inaugur

    une

    direction

    de

    pense

    selon

    laquelle

    l'tre vient

    concider

    avec l'agir,

    de teUe

    manire

    que

    l'agir

    soit

    lui-mme

    son

    propre

    sujet

    6.

    On

    se

    demandera aussi

    comment

    il

    a

    t

    possible

    d'appeler

    Ide

    cet

    agir

    pur

    qu'est

    l'Etre.

    Mais,

    dans

    une

    perspective

    noplatoni

    cienne,

    cela

    peut

    se

    concevoir. Dans

    la

    proposition

    l'Etant

    (L'Un)

    1

    Cf.

    Plotin

    :

    Enn.,

    VI, 7,

    17,

    41.

    2

    Plotin

    :

    Enn.,

    VI,

    8,

    4,

    28.

    3

    Plotin

    :

    Enn.,

    VI,

    8,

    7,

    47.

    4

    Plotin

    :

    Enn.,

    VI,

    8,

    20, 9.

    5

    Plotin

    :

    Enn.,

    VI,

    8,

    20,

    6.

    6

    Concernant

    le

    rle

    jou

    par

    Plotin

    dans

    cette transformation

    des

    concep

    tions

    ontologiques,

    cf.

    P.

    Aubenque

    :

    Plotin

    et

    le

    dpassement

    de

    l'ontologie

    grecque

    classique,

    dans le

    recueil

    Le

    Noplatonisme,

    Paris,

    CNRS,

    1971,

    p.

    101-

    109.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    9/16

    I08

    PIERRE

    HADOT

    est

    ,

    le

    verbe

    est

    dfinit

    lui

    seul

    l'essence de

    l'Etant.

    Si

    l'on

    prend

    le

    verbe

    est

    en

    lui-mme,

    on

    a

    donc bien

    en

    quelque

    sorte

    l'Ide

    de

    l'Etant,

    l'essence

    en

    soi

    laquelle

    l'Etant

    participe.

    Mais

    cette

    essence en

    soi

    ne

    peut,

    ce

    niveau,

    tre

    une

    essence

    intelUgible,

    elle

    n'est

    autre

    que

    le

    verbe

    tre

    pris

    absolument,

    donc

    une activit

    pure.

    Le

    sommet

    de

    l'abstraction,

    c'est--dire

    de

    l'indtermination

    concide

    avec

    le

    sommet

    de

    l'activit.

    Indtermination,

    car

    l'Etre

    n'indique

    ni

    sujet

    ni

    objet,

    tandis

    que

    l'Etant

    reprsente

    la

    premire

    dtermination.

    Activit,

    car

    l'Etre

    est

    rduit

    un

    agir

    pur,

    que

    ne

    limite

    aucune

    formalit,

    ni du

    ct

    du

    sujet,

    ni

    du

    ct

    du

    prdicat.

    Dans

    cette

    doctrine,

    il

    n'y

    a

    pas

    d'opposition

    entre

    l'essence

    et

    l'existence,

    l'Etre

    pur

    n'est

    pas

    un

    exister

    pur

    ',

    l'Etant

    n'est

    pas

    rduit

    Tordre

    de l'essence.

    L'opposition

    entre

    l'Etre

    et

    l'Etant

    se

    situe

    dans

    l'ordre

    de

    la

    dtermination

    :

    l'Etre

    est absolument

    ind

    termin,

    donc

    agir

    absolu,

    l'Etant

    est

    la premire

    dtermination,

    donc

    la

    premire

    limitation

    de

    l'agir.

    On

    comprend

    ainsi,

    dans

    une

    certaine

    mesure

    comment

    l'Un

    absolu

    a

    pu

    tre

    conu

    comme

    Etre

    pur.

    L'Etre

    pur

    est

    en

    effet

    simpli

    cit

    absolue.

    Son

    concept,

    comme

    celui de

    l'Un,

    n'admet

    aucune

    dis

    tinction

    intrieure,

    aucun

    contenu

    distinct.

    D'o

    cette

    consquence

    capitale

    :

    identifi

    au

    premier

    Un du

    Parmenide,

    l'tre

    va

    devenir

    inconnaissable.

    Alors

    que

    l'Etant

    tait traditionnellement

    l'objet

    propre

    de

    l'intellect2,

    l'Etre

    chappe

    par

    sa

    simplicit

    absolue

    aux

    prises

    de

    l'Intellect.

    Il

    y

    a

    l

    d'ailleurs

    une

    volution

    comprhen

    sible.

    Aristote avait

    dj

    dit

    que

    le

    verbe

    tre

    n'a

    pas

    de

    contenu

    intelligible

    3.

    De

    mme

    Dexippe

    4, commentateur

    des

    Catgories

    d'Aristote,

    affirme

    bien

    que

    le

    mot

    est

    n'ajoute

    rien

    au

    contenu

    des

    notions

    auxquelles

    on

    l'attribue,

    sinon

    l'ide

    de

    leur existence.

    A

    plus

    forte

    raison, donc,

    cette

    notion

    d'tre

    devait

    se

    vider

    de

    tout

    contenu

    intelligible,

    si

    on

    la

    portait

    au

    niveau

    suprme

    de

    l'origine

    radicale,

    au

    niveau

    de

    l'indtermination

    absolue. C'est

    ainsi

    que

    nous

    voyons

    apparatre

    une

    thologie

    ngative

    de

    l'tre.

    Nous

    avons

    donc

    situ

    historiquement

    l'apparition

    de

    cette

    thologie

    ngative

    de

    l'tre,

    lie

    une

    conception

    de

    l'tre

    comme

    pure

    activit.

    Elle

    suppose

    tout

    d'abord

    la

    formulation

    employe

    par

    Platon

    au

    dbut

    de

    la

    seconde

    hypothse

    du

    Parmenide,

    ensuite

    1

    Sur

    ce

    point, je

    dois

    corriger

    mes

    affirmations

    de

    1961,

    dans

    ma

    commu

    nication

    :

    La

    distinction

    de

    l'tre et

    de

    l'tant

    dans

    le De

    hebdomadibus

    de

    Boce

    ,

    au Congrs

    de

    Cologne,

    publie

    dans

    Miscellanea

    Mediaevalia,

    t.

    II,

    1963,

    p.

    147-153.

    2

    G.

    Huber,

    dans

    son

    ouvrage

    capital

    :

    Das

    Sein

    und

    das

    Absolute,

    Ble,

    1955,

    a

    bien

    montr

    toute

    la

    signification historique

    de

    cette

    apparition

    d'une

    thologie

    ngative

    de

    l'Etre,

    tout

    spcialement

    chez

    Augustin.

    3

    Aristote

    :

    De

    interpret.,

    16

    b

    22

    sq.

    4

    Dexippe

    :

    In

    Categ.,

    p.

    35,

    16-22,

    Busse.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    10/16

    L'TRE

    ET

    L'TANT

    DANS

    LE

    NOPLATONISME

    IO9

    l'exgse

    plotinienne

    du

    Parmenide,

    enfin

    les

    hsitations d'un

    commen

    tateur

    noplatonicien

    du

    Parmenide

    cherchant

    exphquer

    pourquoi

    Platon

    avait

    dit

    que

    le second

    Un

    participait

    l'ousia.

    La

    distinction,

    ainsi

    conquise,

    entre

    Ttre-infinitif

    et

    Ttre-par-

    ticipe

    trouvera

    peu

    d'cho

    dans

    le

    noplatonisme

    postrieur,

    c'est-

    -dire

    chez

    Proclus

    et

    chez

    Damascius.

    On

    ne

    la

    retrouve

    d'une

    manire indiscutable

    que

    chez Marius

    Victorinus,

    thologien

    chrtien

    du

    IVe

    sicle,

    et

    chez

    Boce.

    Pour

    Marius

    Victorinus,

    le

    premier

    Un,

    le

    Pre

    de

    la

    thologie

    chrtienne,

    est

    agir

    pur

    et

    tre

    pur

    (esse

    purum),

    non

    dtermin

    et

    non

    particip,

    donc inconnaissable

    .

    Le

    second

    Un,

    le

    Fils

    de

    la

    thologie

    chrtienne,

    est

    l'Etant,

    la

    premire

    essence,

    qui

    reoit

    l'tre

    du

    Pre2.

    Quant

    Boce,

    comme

    j'ai

    essay

    de

    le

    montrer

    ailleurs

    3,

    il

    parat

    bien

    que

    l'opposition

    qu'il

    introduit

    dans

    le

    De

    hebdomadibus,

    entre

    l'esse

    et le

    quod

    est,

    corresponde

    exactement

    l'opposition

    entre

    l'tre et

    l'tant

    dont

    nous

    venons

    de

    parler.

    L'ouvrage

    de

    Boce

    a

    t

    lu

    et

    abondamment

    comment

    au

    Moyen

    Age.

    Grce

    lui,

    la distinction

    entre l'tre

    et

    Ttant,

    interprte

    d'aleurs

    de

    trs

    diverses manires

    4,

    a

    fait

    son

    entre

    dfinitive

    dans

    la

    pense

    philosophique

    occidentale.

    A

    vrai

    dire,

    le

    noplatonisme

    postrieur,

    reprsent

    avant

    tout

    par

    Proclus

    et

    Damascius,

    a

    connu

    une

    distinction

    ontologique

    assez

    proche

    de celle

    dont

    nous avons

    parl,

    mais

    sous

    la forme

    d'une

    opposition

    entre

    vuapiic,

    et

    oiWa.

    Cette

    opposition provient

    trs

    probablement

    de

    la

    mme

    source

    que

    la

    distinction

    entre

    l'tre

    et

    Ttant.

    On

    la

    trouve

    en

    effet,

    d'une

    manire

    encore

    obscure,

    esquisse

    dans

    ce

    mme

    commentaire du

    Parmenide

    dont

    nous

    avons

    parl

    5.

    Surtout

    on

    la

    trouve

    trs clairement

    formule

    par

    Victorinus,

    qui

    donne

    les

    dfinitions

    suivantes d'exsistentia

    et

    de

    substantia

    (exsis-

    tentia

    correspondant

    uapSt

    et

    substantia

    k

    ovaia)

    :

    L'existence

    diffre de

    la

    substance,

    puisque

    l'existence est

    l'tre

    en

    soi,

    l'tre

    sans

    addition,

    l'tre

    qui

    n'est

    ni

    en

    un

    autre

    ni

    sujet

    d'un

    autre,

    mais

    l'tre

    en

    soi,

    un

    et seul,

    tandis

    que

    la substance

    n'a

    pas

    que

    l'tre

    sans addition,

    mais

    elle

    a

    aussi

    l'tre-quelque

    chose de

    qualifi.

    Car elle

    est

    sous-jacente

    aux

    qualits

    places

    en

    elle

    et

    c'est

    pourquoi

    on

    l'appelle sujet

    6.

    1

    Marius

    Victorinus

    :

    Adv.

    Ar.,

    IV,

    19,

    io

    :

    Esse

    primum

    ita

    inpartici-

    patum

    est,

    ut

    nec

    unum

    dici

    possit,

    nec

    solum...

    infinitum,

    interminatum.

    2

    Marius

    Victorinus

    :

    Ad

    Cand.,

    14,

    22

    sq.

    3

    Cf.

    l'article

    cit

    p.

    108,

    n. 1,

    et

    mon

    article

    :

    Forma

    essendi.

    Interprtation

    philologique

    et

    interprtation

    philosophique

    d'une

    formule

    de

    Boce

    ,

    dans

    Les

    Etudes

    classiques,

    t. 38,

    1970,

    p.

    143-156.

    4

    Cf.

    mon

    article

    Forma

    essendi

    ,

    p.

    143-148.

    5

    Cf.

    P.

    Hadot

    :

    Porphyre

    et

    Victorinus,

    t.

    II,

    p.

    110,

    ligne

    15

    sq.

    6

    Marius

    Victorinus

    :

    Candidi

    Epist.,

    I,

    2,

    18

    :

    Multo

    autem

    magis

    exsistentia

    a

    substantia

    difiert,

    quoniam

    exsistentia

    ipsum

    esse

    est

    et

    solum

    esse

    et

    non

    in alio

    esse aut

    subiectum

    alterius,

    sed

    unum

    et

    solum

    ipsum

    esse,

    subs

    tantia

    autem

    non

    esse

    solum

    habet,

    sed

    et

    quale

    aliquid

    esse.

    Subiacet enim

    in

    se

    positis

    qualitatibus

    et

    idcirco

    dicitur

    subiectum.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    11/16

    IIO

    PIERRE

    HADOT

    Les

    philosophes

    dfinissent l'existence

    et

    l'existentialit

    comme

    le

    fonde

    ment

    initial

    prexistant

    la chose,

    sans

    ses

    accidents,

    en

    sorte

    que

    n'existent

    d'abord,

    purement

    et seulement,

    que

    les seules

    ralits

    qui

    constituent

    son

    tre

    pur,

    sans

    addition,

    en tant

    qu'elles

    sont

    appeles

    ensuite

    subsister

    ;

    ils

    dfinis

    sent

    la

    substance comme

    le

    sujet

    pris

    avec

    tous

    les

    accidents

    qui

    sont

    inspara

    blement

    inhrents

    la

    substance

    .

    Si

    Ton

    compare

    l'opposition

    entre

    wrapEi

    et

    om'a,

    avec

    l'oppo

    sition

    entre

    l'tre

    et

    l'tant

    prcdemment

    voque,

    il

    apparat

    que

    l'opposition

    entre

    uuapgi

    et

    om'a

    reproduit,

    en

    quelque

    sorte,

    tous

    les

    degrs

    de

    la

    ralit,

    l'opposition

    entre

    l'tre et

    l'tant

    qui

    se

    situait

    au

    sommet

    et

    l'origine

    des

    choses.

    L'Etre

    pur

    et

    absolu,

    sans

    sujet

    et

    sans

    attribut,

    est

    le

    fondement

    transcendant

    de

    l'Etant,

    au

    niveau

    duquel

    s'opre

    la

    premire composition

    entre

    le

    sujet

    et

    l'tre. D'une

    manire

    analogue,

    en

    chaque

    chose,

    il

    existe

    tout

    d'abord

    un

    fondement

    initial

    prexistant

    la

    chose

    ,

    fondement

    qui

    est

    tre

    pur

    ,

    qui

    n'est

    ni

    en

    un

    autre

    ni

    sujet

    d'un

    autre

    ,

    qui

    n'est

    qu'tre

    pur,

    sans

    addition.

    Lorsque

    cet

    tre

    pur

    et

    prexistant

    est

    concrtis

    et

    dtermin

    par

    les

    qualits

    et

    les

    accidents

    insparables,

    la

    chose

    est

    constitue

    en

    sa

    substance,

    il

    y

    a

    composition

    entre

    le

    sujet

    et l'tre.

    Cette

    opposition rappelle

    videmment

    l'opposition

    aristotlicienne

    entre

    l'tre

    idal

    de

    la

    chose

    et

    la

    chose

    elle-mme

    2.

    Mais

    les

    notions

    aristotliciennes

    sont

    ici

    profondment

    transformes.

    L'tre

    idal

    de

    la

    chose

    devient

    un

    moment

    de

    l'autoposition

    par

    laquelle

    la

    ralit,

    partir

    de

    l'tre

    pur,

    se

    concrtise,

    se

    qualifie

    et

    se

    substantifie.

    Chez

    Victorinus,

    comme

    plus

    tard,

    chez

    Damascius,

    ce

    processus

    d'autoposition

    est

    sortie

    de

    soi

    dans

    le

    mouvement

    de

    la

    vie

    et

    retour

    soi

    dans le

    mouvement

    de

    l'intelligence.

    Sans

    entrer

    dans

    la

    description

    de

    ce

    processus,

    qui

    nous

    emmnerait

    trop

    loin

    hors

    de

    notre

    sujet,

    signalons

    le

    paralllisme

    troit

    qui

    existe

    entre

    les

    textes

    de

    Victorinus

    et

    ceux

    de

    Damascius,

    lorsqu'il

    s'agit

    de

    formuler

    l'opposition

    entre

    hyparxis

    et

    ousia.

    Damascius

    crit notam

    ment

    :

    E'hyparxis

    se

    distingue

    de

    l'ousia,

    comme

    l'tre

    pris

    isolment

    en

    lui-mme

    se

    distingue

    de

    l'tre

    considr

    en

    composition

    avec

    d'autres

    choses...

    L'hyparxis...

    reprsente

    le

    premier principe

    de

    chaque

    ralit

    ;

    c'est

    pour

    ainsi

    dire

    une

    sorte

    de

    fondement,

    de

    substructure

    place

    la

    base

    de

    la

    construction

    en

    son

    entier

    et

    en

    toutes ses

    parties...

    E'hyparxis

    est

    la

    simplicit

    antrieure

    toutes choses,

    1

    Marius

    Victorinus

    :

    Adv.

    Ar.,

    I,

    30,

    20:

    Et

    dant

    differentiam exsisten-

    tiae

    et

    substantiae

    ;

    exsistentiam

    quidem

    et

    exsistentialitatem

    praeexsistentem

    subsistentiam

    sine

    accidentibus,

    puris

    et

    solis

    ipsis

    quae

    sunt

    in

    eo

    quod

    est

    solum

    esse

    quod

    subsistent,

    substantiam

    autem

    subiectum

    cum

    his omnibus

    quae

    sunt

    accidentia

    in

    ipsa

    inseparabiliter

    exsistentibus.

    2

    Aristote

    :

    Metaphys.,

    VIII,

    3,

    1043

    b

    2.

    Cf.

    P.

    Hadot

    :

    Porphyre

    et

    Victorinus,

    t.

    I,

    p.

    359

    et

    490.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    12/16

    L'TRE

    ET

    L'TANT

    DANS

    LE

    NOPLATONISME

    III

    laquelle

    vient

    se

    surajouter

    toute

    composition.

    Elle

    est

    l'Un

    mme

    qui

    pr

    existe au-del

    de

    toutes

    choses

    ;

    il

    est

    cause

    de

    toute

    ousia,

    sans

    tre

    lui-mme

    ousia

    .

    En

    traduisant

    Victorinus,

    nous

    avions

    dcalqu

    sur

    le

    mot

    exsistentia,

    le

    mot

    franais

    existence .

    En

    fait

    cette

    traduction

    ne

    va

    pas

    sans

    difficult

    ;

    elle

    cache

    le

    problme

    que

    pose

    la

    dfinition

    du

    sens

    exact

    du

    mot

    hyparxis.

    Damascius,

    dans

    le

    texte

    que

    nous

    venons

    de

    citer,

    joue

    sur

    l'tymologie

    hyp-archein, en

    dfinissant

    Yhyparxis

    comme

    commencement

    ou

    principe

    plac

    sous

    la construction. Le

    meilleur

    quivalent

    franais

    serait

    en

    effet le

    mot

    prexistence

    ,

    qui

    aurait

    le

    mrite

    de

    suggrer

    que

    Yhyparxis

    est

    l'tre

    antrieur

    la

    chose-qui-est.

    On

    aura

    certainement

    remarqu

    que

    Damascius,

    dans

    ce

    texte,

    identifie

    Yhyparxis

    l'tre

    pur

    et

    l'Un.

    Cela

    nous

    ramne

    aux

    concepts

    rencontrs

    propos

    de

    la

    dis

    tinction

    de

    l'tre

    et

    de

    l'tant.

    Mais

    cette

    identification

    entre

    hyparxis

    et

    Un

    ne

    doit

    pas

    nous

    garer.

    Dans

    le

    systme

    complexe

    de

    Damas

    cius,

    l'Un

    dont

    il

    est

    ici

    question

    ne

    se

    situe

    pas

    l'origine

    absolue

    des

    choses,

    mais

    au

    plan

    de

    l'intelligible

    et

    il a

    son

    analogue

    chaque

    plan

    de

    la

    ralit2.

    En

    tenant

    compte

    de

    cette

    correction,

    nous

    pouvons

    nanmoins

    retenir

    de

    ce

    texte,

    que

    Damascius

    conoit

    Yhyparxis

    comme

    l'tre

    pur,

    prexistant

    la

    concrtisation

    de

    la

    substance.

    L'opposition

    entre

    hyparxis

    et

    ousia

    se trouve

    galement

    chez

    Proclus,

    mais

    sans

    tre

    jamais

    dfinie

    explicitement.

    Hyparxis

    est

    trs

    souvent

    employ

    pour

    dsigner

    des

    rahts

    transcendantes

    et

    le

    caractre

    transcendant

    de

    ces

    ralits.

    Il

    en

    est

    ainsi

    dans la

    propo

    sition

    23

    des

    Elments

    de

    Thologie

    :

    Tout

    imparticip produit

    partir

    de

    lui-mme

    les

    ralits

    participes

    et toutes

    les

    substances

    participes

    sont

    rfrables

    des

    hyparxeis

    imparticipes.

    3

    Ces

    hyparxeis

    ne

    sont

    autres

    que

    ce

    que

    Proclus

    appelle

    les

    hnades,

    ainsi

    que

    certains

    textes

    de

    Proclus

    le

    laisse entendre.4

    Ces

    hnades

    sont

    des

    sortes

    de

    modalisations

    de

    l'Un

    premier,

    antrieures

    toute

    dtermination

    ontologique.

    On

    en

    reste

    donc

    toujours

    la

    1

    Damascius:

    Dub.

    et

    Sol.,

    120-121,

    t.

    I,

    p.

    312, 11,

    Ruelle:

    Taurrj

    pa

    oioiaei

    tt)

    oai'a rj

    ottapSi,

    fj

    t

    evai

    uvov

    ra9'

    aT

    to

    apa

    to

    Woi

    pwuvou...

    rj irapEi,

    uj

    6n.Ao

    t

    avoua,

    rrp/

    irpuiTnv

    pxr)v

    on\o

    rfj

    iioaTOaeai

    Kaorri,

    oov

    Ttva

    6eu\iov

    fj

    oov

    aepo irpouTtOTiouevov

    Tfj

    \r|

    Ka

    TfjTtar| eiroiKOOOuijaeujc... arr)

    6

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    13/16

    112

    PIERRE HADOT

    reprsentation

    d'une

    simphcit

    transcendante

    qui

    fonde

    la

    multi-

    phcit

    inhrente

    toute

    concrtisation.

    Cette

    opposition

    entre

    hyparxis

    transcendante

    et

    ousia concrtise

    se

    retrouve

    au

    niveau

    de

    chaque

    me

    :

    il

    nous

    faut

    veiller

    cette

    hyparxis

    suprme

    de

    Tme,

    selon

    laquelle

    nous

    sommes

    Un.1

    L'hyparxis

    correspond

    ici

    la

    partie

    transcendante

    de

    Tme,

    qui

    demeure

    toujours

    dans

    le

    monde

    intelUgible.

    C'est

    l'tre

    idal

    de

    l'me,

    source

    transcendante

    et

    prexistante,

    partir

    de

    laquelle

    la

    ralit

    concrte et

    complexe

    de

    Tme

    se

    dploie.

    Ce

    sommet

    de

    Tme,

    cette

    fleur

    de

    l'intellect2,

    sera,

    pour

    les

    mystiques

    du

    Moyen

    Age,

    le

    lieu

    de

    l'union

    mystique.

    L'opposition

    entre

    hyparxis

    et

    ousia

    correspond

    donc,

    en

    partie,

    l'opposition

    entre

    l'tre

    pur

    et l'tant.

    De

    part

    et

    d'autre,

    on

    retrouve

    une

    structure

    analogue

    :

    la

    composition

    sujet-prdicat,

    qui

    caractrise Ttant

    et

    l'ousia,

    se

    fonde

    dans

    la

    simplicit

    trans

    cendante de

    l'tre

    pur.

    Mais,

    dans

    l'opposition

    hyparxis-ousia, la

    notion

    d'tre

    comme

    activit

    pure

    reste

    dans

    l'ombre.

    C'est

    surtout

    le

    caractre

    idal

    et

    transcendant

    de

    l'hyparxis

    qui

    est mis

    en

    valeur.

    Dynamisme

    et activit

    se

    manifestent

    plutt

    dans

    le

    passage

    de

    l'hyparxis

    l'ousia,

    passage

    qui

    est

    conu

    comme un

    mouvement

    d'autoposition.

    Si

    nous

    revenons

    maintenant

    cette

    double

    problmatique

    de

    l'tant,

    de

    l'tre-participe,

    dont

    parlait

    Jean

    Beaufret,

    dans le

    texte

    cit

    au

    dbut

    de

    cette

    tude,

    nous

    pourrons

    faire

    les

    remarques

    suivantes.

    S'il

    est

    vrai

    que

    la

    philosophie

    grecque,

    dans

    son

    ensemble,

    s'est

    consacre

    la

    recherche

    du

    suprme

    Etant,

    il

    n'en

    est

    pas

    moins

    vrai

    que

    le

    noplatonisme

    s'est

    efforc

    de

    dpasser

    cette

    qute

    du

    suprme

    Etant,

    en

    dcelant

    dans

    l'Etant

    une

    composition

    interne

    qui

    lui interdisait

    d'tre

    la

    simplicit

    premire

    3.

    Le

    commentateur

    noplatonicien

    du

    Parmenide

    qui,

    nous

    l'avons

    vu,

    distingue

    entre

    l'tre

    et

    Ttant,

    est

    all

    jusqu'

    concevoir

    cette

    simplicit

    premire

    comme

    une

    pure

    activit

    d'tre,

    sans

    sujet.

    Indiscutablement,

    il

    a

    reconnu

    pour

    eUe-mme

    cette

    qualit

    en

    vertu

    de

    quoi

    tous

    les

    Etants,

    y

    compris

    le

    suprme Etant,

    peuvent

    tre

    tenus

    pour

    tants4.

    Il

    y

    a

    l

    un

    moment

    historique capital

    :

    dcouvrant

    pour

    elle-mme

    la

    pure

    activit

    d'tre,

    la

    philosophie

    tait

    sur

    le

    point

    de

    s'engager

    dans

    des

    voies

    nouvelles.

    Mais

    presque

    aussitt

    cette activit

    d'tre,

    sans

    sujet,

    a

    t

    hypostasie,

    elle

    a

    t

    conue

    comme

    une

    Ide

    5

    et

    1

    Proclus

    :

    In

    Plat.

    Alcib.,

    p.

    114,

    Westerink.

    2

    Sur

    ce

    thme

    chez

    Proclus,

    cf.

    J.

    M.

    Rist

    :

    Mysticism

    and

    Transcendence

    in

    Later

    Neoplatonism,

    dans

    Hermes,

    t.

    92,

    1964,

    p.

    213-226,

    qui

    en

    montre

    tout

    l'arrire-plan

    ontologique.

    3

    Cf.

    la communication

    de

    P.

    Aubenque,

    cite

    plus

    haut,

    p.

    107,

    n.

    6.

    4

    Cf.

    le

    texte

    de

    J. Beaufret,

    cit

    p.

    66.

    5

    Cf.

    le

    texte

    cit

    p.

    106,

    n.

    1.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    14/16

    l'tre

    et

    l'tant dans

    le

    noplatonisme

    113

    finalement, obscurment,

    comme

    un

    Etant

    sui

    generis.

    Quoiqu'il

    en

    soit,

    le

    noplatonisme

    a

    marqu

    d'une

    manire

    dfinitive

    la

    probl

    matique

    de

    la

    philosophie.

    D'une

    part,

    l'tre

    pur

    a

    t

    prsent

    par

    certains

    noplatoniciens comme

    un

    agir

    antrieur

    tout

    contenu

    intelligible,

    en

    quelque sorte un

    mouvement

    pur,

    d'autre

    part

    cet

    tre

    pur

    a

    t

    prsent

    dans

    le

    noplatonisme comme

    la

    prexistence

    idale

    qui

    fonde

    la

    ralit

    concrte.

    L'tre

    est-il

    ide

    ou

    mouvement

    Faut-il

    concevoir

    l'idalit

    comme

    un

    agir

    ou

    au

    contraire

    rduire

    l'agir

    pur

    la

    simplicit

    immobile

    de

    l'idalit

    C'est

    cette

    probl

    matique

    que

    s'efforceront

    de

    rpondre

    les

    phUosophies

    modernes,

    notamment

    ceUes de

    Hegel

    et

    de

    Bergson.

    Pierre

    Hadot.

    Publications

    de Pierre

    Hadot

    /.

    Livres

    Marius

    Victorinus

    :

    Traits

    thologiques

    sur

    la

    Trinit,

    texte

    tabli

    par

    Paul

    Henry,

    introduction,

    traduction et

    notes

    par

    P.

    Hadot,

    Paris

    (Sources

    chr

    tiennes

    68-69), i960,

    1160

    p.

    Plotin

    ou

    la

    simplicit

    du

    regard,

    Paris,

    Pion,

    1963,

    190

    p.

    Marius

    Victorinus

    :

    Christlicher Piatonismus,

    Die

    theologische

    Schriften

    des

    Marius

    Victorinus,

    bersetzt

    von

    Pierre

    Hadot

    und Ursula

    Brenke,

    einge

    leitet

    und

    erlutert

    von

    Pierre

    Hadot,

    Zrich-Stuttgart

    (Artemis Verlag),

    1967, 464

    p.

    Porphyre

    et

    Victorinus,

    I-II,

    Paris

    (Les

    tudes

    augustiniennes),

    1968,

    677

    p.

    Marius

    Victorinus

    :

    Recherches

    sur

    sa

    vie

    et

    ses

    uvres,

    Paris

    (Les

    tudes

    augustiniennes),

    1971,

    424

    p.

    Marii

    Victorini

    Opera,

    pars

    I,

    Opera

    theologica

    recensuerunt

    Paulus

    Henry

    et

    Petrus

    Hadot,

    Wien

    (CSEL,

    t.

    LXXXIII),

    1971.

    II.

    Articles

    d'encyclopdies

    Plotino,

    dans

    I

    Protagonisti,

    vol.

    3,

    Compagnia

    Edizioni

    Internazionali,

    Milano,

    1969,

    p.

    281-308.

    Frstenspiegel,

    dans Reallexikon

    fr

    Antike

    und

    Christentum,

    p.

    555-632.

    La

    filosofia

    elenistica

    e

    cristiana

    dal

    sec.

    IV

    al

    sec.

    VI

    compreso,

    dans

    Storia

    uni

    versale

    della

    Filosofia,

    Milano,

    Vallardi

    (sous

    presse).

    Casus,

    causa

    sui,

    conversio,

    dans

    Historisches

    Wrterbuch

    der

    Philosophie,

    Basel-

    Stuttgart,

    1971.

    Conversion,

    gnosticisme,

    littrature latine

    chrtienne,

    orignisme,

    patristique,

    thologie

    ngative,

    dans

    Encyclopaedia

    Universalis.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    15/16

    114

    PIERRE

    HADOT

    III.

    Articles

    de

    revues

    a)

    Histoire

    de

    la

    philosophie

    moderne

    et

    contemporaine

    Epistrophe

    et

    Metanoia

    dans

    l'histoire

    de

    la

    philosophie,

    dans A

    des

    du

    XIe

    Congrs

    international

    de

    philosophie, Bruxelles,

    1953,

    XIII,

    p.

    31-36.

    Hrsie

    et

    philosophie,

    dans

    Anais, Congrs

    international

    de

    philosophie

    de

    Sdo

    Paulo

    (aot

    1954), 1956,

    t.

    I,

    p.

    163-168.

    La

    philosophie

    comme

    hrsie

    trinitaire,

    dans Revue d'histoire

    et

    de

    philosophie

    religieuse,

    37, 1957,

    P-

    236-251.

    Heidegger

    et

    Plotin,

    dans

    Critique,

    t.

    145,

    1959,

    p.

    539-556.

    Wittgenstein, philosophe

    du

    langage,

    I-II,

    dans

    Critique,

    t.

    149-150, 1959,

    p.

    866-881

    et

    972-983.

    Rflexions sur

    les

    limites

    du

    langage

    propos

    du

    Tractatus

    logico-philosophicus

    de

    Wittgenstein,

    dans

    Revue

    de

    mtaphysique

    et

    de

    morale,

    t.

    63,

    1959,

    p.

    469-

    484.

    Jeux

    de

    langage

    et

    philosophie

    dans

    Revue

    de

    mtaphysique

    et

    de

    morale,

    t.

    64,

    i960,

    p.

    330-343.

    L'apport

    du

    noplatonisme

    la

    philosophie

    de

    la

    nature

    en

    Occident,

    dans

    Eranos

    Jahrbuch,

    t.

    37,

    1968,

    p.

    91-132.

    L'homme

    plante

    cleste

    ,

    dans

    Actes

    du

    XIe

    Congrs

    des

    socits

    delphilosophie

    de

    langue

    franaise,

    Montpellier,

    1961,

    p.

    79-83.

    Philosophie,

    exgse

    et

    contre-sens,

    dans Akten

    des

    XIV.

    Internationalen

    Kon

    gresses

    fr

    Philosophie,

    Wien,

    2-9

    sept.

    1968,

    t.

    I,

    p.

    333-339.

    6)

    Histoire

    de

    la

    philosophie

    ancienne

    Typus

    .

    Stocisme

    et

    monarchianisme

    au

    I

    Ve

    sicle,

    dans

    Recherches

    de

    thologie

    ancienne

    et

    mdivale,

    t.

    18,

    1951,

    p.

    177-187.

    Marius

    Victorinus

    et

    Alcuin,

    dans Archives

    d'histoire

    doctrinale

    et

    littraire

    du

    Moyen

    Age,

    t.

    21,

    1954,

    p.

    5-19.

    Cancellatus

    respectus

    .

    L'usage

    du

    chiasme

    en

    logique,

    dans

    Archivum

    latinitatis

    medii

    aevi, t.

    24, 1954, P-

    277-282.

    De

    lectis

    non

    leda

    conponere

    (Marius

    Victorinus,

    Adv.

    Ar.

    II,

    y).

    Raisonne

    ment

    thologique

    et

    raisonnement

    juridique,

    dans Studia

    Patrstica,

    t.

    I,

    Berlin,

    1957, P-

    209-220.

    Platon

    et

    Plotin

    dans

    trois

    sermons

    de

    saint

    Ambroise,

    dans

    Revue

    des

    Etudes

    latines,

    t.

    34,

    1956,

    p.

    202-220.

    L'entretien

    d'Origne

    avec

    Hraclide

    et

    le

    commentaire

    de

    saint Ambroise

    sur

    l'vangile

    de

    saint

    Luc,

    dans

    Vigiliae

    christianae,

    t.

    13,

    1959,

    p.

    204-234

    (en

    collaboration

    avec

    H.-Ch.

    Puech).

    Un

    fragment

    perdu

    du

    commentaire

    perdu

    de

    Boce

    sur

    les

    Catgories

    d'Aristote

    dans

    le

    Codex

    Bernensis

    363,

    dans

    Archives d'histoire doctrinale

    et

    littraire

    du

    Moyen Age,

    t. 26,

    1959,

    p.

    11-27.

    Les

    hymnes

    de

    Victorinus

    et

    les

    hymnes

    A

    desto

    et

    Miserere

    d'Alcuin,

    dans

    Archives

    d'histoire doctrinale

    et

    littraire

    du

    Moyen Age,

    t.

    27,

    i960,

    p.

    7-16.

    Etre,

    vie

    et

    pense

    chez

    Plotin

    et

    avant

    Plotin,

    dans

    Entretiens

    sur

    l'Antiquit

    clas

    sique,

    t.

    V,

    Fondation

    Hardt,

    Vanduvres-Genve,

    i960,

    p.

    107-157.

  • 7/24/2019 Hadot L'tre Et l'tant Noplatonisme

    16/16

    L'TRE

    ET

    L'TANT

    DANS

    LE

    NOPLATONISME

    II5

    Citations

    de

    Porphyre

    chez

    saint

    Augustin,

    dans

    Revue

    des

    tudes

    augustiniennes,

    t.

    6,

    i960,

    p.

    205-244.

    Fragments

    d'un

    commentaire

    de

    Porphyre

    sur

    le

    Parmenide,

    dans Revue

    des

    tudes

    grecques,

    t.

    74,

    1961,

    p.

    410-438.

    L'image

    de

    la

    trinit

    dans

    l'me

    chez

    Victorinus

    et

    chez

    saint

    Augustin,

    dans

    Studia

    patristica,

    t.

    VI,

    Berlin,

    1962,

    p.

    409-442.

    La

    distinction

    de

    l'tre

    et

    de

    l'tant dans

    le

    De

    hebdomadibus

    de

    Boce,

    dans

    Miscellanea

    Mediaevalia, t.

    II,

    Berlin,

    1963,

    p.

    147-153.

    La

    mtaphysique

    de

    Porphyre,

    dans

    Entretiens

    sur

    l'Antiquit

    classique,

    t.

    XII,

    Vanduvres-Genve,

    1966,

    p.

    127-163.

    La

    notion

    de

    cas

    chez les

    Stociens,

    dans

    Actes

    du

    XIIIe

    Congrs

    des socits

    de

    philosophie

    de

    langue

    franaise,

    Genve,

    1966,

    p.

    109-112.

    Numerus

    intelligibilis

    infinite

    crescit.

    La notion

    de

    nombre

    infini

    dans

    la

    lettre

    III

    de

    saint

    Augustin,

    dans

    Divinitas,

    t.

    11,

    1967,

    p.

    181-192.

    Patristique

    latine,

    dans

    Problmes

    et mthodes

    d'histoire

    des

    religions,

    Ecole

    pra

    tique

    des

    Hautes

    Etudes, 5e

    Section, Paris, 1968,

    p.

    211-219.

    Zur

    Vorgeschichte

    des

    Begriffs

    Existenz

    .

    YTTAPXEIN

    bei

    den

    Stoikern,

    dans

    Archiv

    fr

    Begriffsgeschichte,

    t.

    13,

    1969,

    p.

    115-127.

    Forma

    essendi

    .

    Interprtation

    philologique

    et

    interprtation

    philosophique

    d'une

    formule

    de

    Boce,

    dans

    Les

    tudes

    classiques, t.

    38,

    1970,

    p.

    143-156.

    Introduction

    au

    recueil

    Le

    Noplatonisme, Colloques

    internationaux

    du

    CNRS,

    Editions

    du Centre

    national

    de

    la recherche

    scientifique,

    Paris,

    1971,

    p.

    1-3.

    L'harmonie

    des

    philosophies

    de

    Plotin

    et

    d'Aristote

    selon

    Porphyre

    dans

    le

    com

    mentaire

    de

    Dexippe

    sur

    les

    Catgories,

    dans Plotino

    e

    il

    neoplatonismo

    in

    oriente

    e

    in

    occidente,

    Roma

    (Accademia

    dei

    Lincei),

    1972

    (sous

    presse).

    La

    fin

    du

    paganisme,

    dans Histoire

    des

    religions,

    t.

    II

    (Encyclopdie

    de

    la

    Pliade),

    Paris,

    1972

    (sous presse).