Guérisseurs Success story mystique · PDF fileIl ouvre sa porte, au quatorzième...

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Le guide que «L’illustré» leur avait consacré au printemps 2008 avait battu des records de vente. Le livre de Magali Jenny sur le sujet est un formidable best-seller en Suisse romande. L’auteur dévoile sa sélection d’adresses ainsi qu’une nouvelle liste inédite de thérapeutes. Deux praticiens racontent ce que ce succès a changé dans leur vie professionnelle. Le professeur Ilario Rossi analyse l’engouement suscité par les soins populaires. Guérisseurs Success story mystique L’ILLUSTRÉ 08/09 11 10 L’ILLUSTRÉ 08/09 Photos: François Busson et Julie de Tribolet

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• Le guide que «L’illustré» leur avait consacré au printemps 2008 avait battu des records de vente.

• Le livre de Magali Jenny sur le sujet est un formidable best-seller en Suisse romande.

• L’auteur dévoile sa sélection d’adresses ainsi qu’une nouvelle liste inédite de thérapeutes.

• Deux praticiens racontent ce que ce succès a changé dans leur vie professionnelle.

• Le professeur Ilario Rossi analyse l’engouement suscité par les soins populaires.

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«On a voulu me donner le secret, j’ai refusé»Le succès de «Guérisseurs, rebouteux et faiseurs de secret en Suisse romande» est phénoménal: une cinquième édition de ce livre paru il y a quatre mois est sortie la semaine dernière. Rencontre avec Magali Jenny, ethnologue et désormais auteur d’un best-seller.

Texte: Sophie WintelerPhotos: Julie de Tribolet

Sachez que Magali Jenny n’est pas une guérisseuse. Si cette ethnologue, née à Fribourg, canton émi-nemment connu pour

ses rebouteux, faiseurs de secret et autres magnétiseurs, si cette jeune femme de 37 ans a bien un don, ou même deux, ils relèvent de son art de conjuguer passion et boulot et d’avoir mis le doigt sur un sujet en or massif. Son livre sur les guérisseurs en Suisse romande*, paru en novembre passé, bat tous les records: numéro un des ventes, une cinquième édition, déjà, parue la semaine passée, et un tirage total de 31 400 exemplaires. Du presque

jamais-vu. En quatre mois, ce livre rejoint les deux best-sellers de son éditeur, Pierre-Marcel Favre, à savoir Emotions gourmandes de Fredy Girardet et l’album Alinghi. Joli coup pour cette aventurière autoproclamée.

Moto passionAventurière oui, une profession

que cette désormais assistante en sciences des religions à l’Univer-sité de Fribourg avait très sérieu-sement décidé d’embrasser au moment du bac. Alors, vogue la galère. En Sardaigne tout d’abord, où elle a travaillé dans l’hôtel que ses parents tenaient à l’époque, en République dominicaine «par hasard», et à Genève comme tra-

ductrice allemand-italien (elle parle cinq langues et un peu le chinois). Puis ce fut un stage de journalisme, avant de s’asseoir sur les bancs de la fac de médecine. Elle a tenu un an: «Je n’avais plus étudié depuis dix ans, j’étais lar-guée, scientifiquement parlant. Et, idéalement, je rêvais de m’installer avec des praticiens en médecine

parallèle, mais je sentais que ça ne passait pas à l’époque.»

Ce sera donc l’uni, à Berne, et en ethnomédecine, études ponctuées par un mémoire de licence sur les guérisseurs fribourgeois. Un tra-vail qui termina en 2005 sous la pile de manuscrits de plusieurs éditeurs. «Les bibliothèques, elles, me demandaient des réimpres-

sions, car mon mémoire était tou-jours dehors. Alors, je me suis mise à économiser pour le sortir à compte d’auteur. Jusqu’à ce que les Editions Favre me contactent en mars passé.» Et bingo! Avec l’argent gagné – elle touche 10% du prix de vente –, cette motarde devant l’Eter-nel compte s’acheter enfin une nouvelle bécane. Et c’est d’ailleurs à cette autre passion qu’elle consa-crera le thème de sa future thèse de doctorat, Les pèlerinages motards. Mais revenons au succès des gué-risseurs…

Quand on vous voit porter et brandir pour la photo les cinq éditions de votre livre, on perçoit la fierté dans votre regard…Oui, mais plus encore, ça fait bizarre. Une semaine avant la paru-tion, je plaisantais avec mes amis en leur disant: «Vous viendrez à mes séances de dédicace!» Quand l’éditeur m’a informée qu’il tirait à 6000 exemplaires, je pensais que la moitié nous resterait sur les bras. Alors, un succès qui tombe ainsi du ciel, c’est génial. Mais il faut apprendre à le gérer. Il y a des conférences, les interviews, les dédicaces justement, des moments de pur bonheur, les gens sont très gentils.

N’y a-t-il jamais de critiques?Très peu, et alors pas du tout agressives. Un jour, dans une librairie, un homme a lâché un pff en regardant mon livre. C’était un jeune médecin, on a discuté, ce fut passionnant. J’ai reçu quelques lettres de gens qui trouvaient que je n’avais pas le droit de faire cette pub-là.

Publier justement des adresses qui, depuis la nuit des temps, se transmettent de bouche à oreille, n’est-ce pas casser une certaine magie?Et, en même temps, en établissant cette liste, j’ai réalisé que tout le monde l’avait par petits bouts.

Auparavant, quand un guérisseur transmettait le secret à une autre personne, il y avait tout un rituel très strict qui s’est assoupli au fil des décennies. Et on remarque que ces secrets fonctionnent toujours. La part de mystère ne disparaîtra jamais.

Est-ce que des guérisseurs regret-tent de figurer dans votre livre?Aucun ne m’a demandé à être retiré. Mais certains m’ont dit crouler sous les appels, qu’ils n’en pouvaient plus. Pour les guérisseurs établis et vivant de cette activité, c’est du pain bénit. Pour d’autres, notamment ceux qui font le secret à côté de leur travail, donc le soir, voire la nuit, week-ends compris et souvent sans être rétri-bués, ce n’est pas évident.

Vous avez écrit un mémoire sur les guérisseurs fribourgeois. L’adapter pour en faire un livre grand public, en y ajoutant une dimension romande et un réper-toire de noms qui est sans doute l’ingrédient majeur du succès, n’a pas dû être simple pour une scientifique?On m’accuse de manquer d’esprit critique. Je l’ai précisé d’emblée, ce livre n’est pas une approche scien-tifique, mais un compte rendu sur ce phénomène, agrémenté de 49 portraits de guérisseurs. Je l’as-sume. En tant que scientifique, j’ai

toujours cherché à écrire pour la majorité, quitte à être parfois trop simple pour le milieu académique. Il faut créer des ponts. Je trouve également essentiel que les méde-cins et les guérisseurs marchent main dans la main. Le but de ce livre n’est pas de dire que les uns sont meilleurs que les autres, ils sont complémentaires. Et, si un guérisseur vous dit de stopper une chimio, mieux vaut cesser de le voir. A contrario, bon nombre de faiseurs de secret, appelés cou-peurs de feu, accompagnent des patients pendant leur radiothéra-pie, afin d’atténuer les brûlures.

Recourez-vous aux guéris-seurs?J’y suis allée quand j’étais petite pour redresser un pied tordu après une fracture. Millimètre par milli-mètre, la rebouteuse m’a fait de petits massages. C’était horrible-ment douloureux, mais après cha-que séance ça allait mieux. J’ai aussi été opérée d’un genou et tout va très bien sans guérisseur. Il y a quelque temps, mon ami a eu un accident de moto en France. J’ai appelé une faiseuse de secret pour qu’elle stoppe l’hémorragie interne. Je suis persuadée que son interven-tion, conjuguée à celle des méde-cins de l’hôpital, lui a été bénéfique, car deux heures plus tard, il ne saignait plus.

En rencontrant tous ces guéris-seurs, est-ce qu’ils vous ont trouvé un don?Certains ne sentaient absolument rien chez moi et d’autres ont voulu me donner le secret. J’ai refusé. La personne qui le reçoit ne peut pas le prendre à la légère, elle doit en principe pratiquer. Cela demande une énergie et une dis-ponibilité énormes, je n’étais pas prête à l’assumer. Peut-être un jour… J’ai vu des trucs incroyables, comme une femme qui rallonge les os. C’est difficilement crédible, mais je ne peux que constater. Chaque guérisseur a des tas d’his-toires, des photos avant-après qu’ils m’ont montrées en me disant: «C’est pour ça que je le fais, j’ai réussi à aider.» Ils n’aiment pas ce terme de guérir, ils aident à guérir et ils cultivent le don de soi. S.. W.. J

*«Guérisseurs,rebouteuxetfaiseursdesecretenSuisseromande»,deMagaliJenny,Ed.Favre:34fr.50.

éditions pour un succès42 700 exemplaires vendus: voilà le pronostic donné par un guérisseur à Magali Jenny! Pour

l’instant, l’ethnologue fribourgeoise fête la cinquième édition de son livre, soit un tirage total de 31 400 exemplaires. Avec l’argent gagné – elle touche 10% du prix de vente –, elle va s’acheter une nouvelle moto, une Ducati ou une Triumph.

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«Ce n’est pas une approche scientifique, mais un compte rendu du phénomène»

Magali JennyNatureNée à Fribourg et habitant en Basse-Ville, Magali Jenny est une accro de son Fribourg. Elle aime notamment se rendre dans la vallée du Gottéron.

Ilouvresaporte,auquatorzièmeétagedecettetourHLMdeBienne,etonleretrouvecommesionl’avaitquittélaveille.Lamêmetenuedejoggingimmaculée,lemêmesouriretimideetchaleureuxaumilieudesonminusculecabinetoccupétoutentierparunetabledesoin.Ledécor,luinonplus,n’apaschangé:aumurletableaud’unpeintremédiumbrésilien,dansuncoinundiscretlampadaireetautraversdelafenêtreunevueàcouperlesoufflesurlaville.

AcroirequefairelacouverturedeL’illustré,çanevouschangepaslavied’uniota.Roland

Bühlmannsouritàcetteréflexion.«Aprèslaparutionduguide,j’aireçudesdizainesd’appels,dontbeaucoupdegenssouffrantdedépressionoudefatiguepsychologique.J’aiprisenchargeunemajoritéd’entreeux,maisj’aidûdissuadercertains,quivoulaientvenirdepuisleValaisouGenève,etlesréorienterversdescollèguesquiontsuivilamêmeformationquemoietofficientdanscescantons.J’aiégalementétécontactépard’autrespraticiens,avecquij’aipupartagermonexpérienceprofessionnelle.Enrevanche,jen’aieuaucuneréactiondesreprésentantsdelamédecine

officielle.C’estdommage,carjedemeurepersuadéquel’onpourraitcollaborerdemanièreefficacepoursoulagernombredepatients.»

Aprèslaparutiond’unarticledansL’illustréetdulivredeMagaliJennyoùilestcité,lafréquentationducabinetdeRolandBühlmannaaugmentéde20à30%.Ilapuainsiabandonnerdéfinitivementsonancienmétierdevélo-courrier.Enjanvierdernier,ilacommencéégalementàenseignerlaguérisonspirituelleauseindel’écolesuissedemédiumnitéFréquences,baséeàNeuchâtel,établissementoùlui-même

s’étaitforméauprèsdeHannesJacob.Uneécolequiconnaîtd’ailleursunsuccèsgrandissant.Unedouzained’élèvesenlisted’attente,elleaffichecompletjusqu’enaoût2010!

Mais,pourRolandBühlmann,l’essentielestailleurs.Ils’intéressedavantageaunombredepatientsqu’ilarriveàsoulagerqu’àaccroîtresaclientèle.Etiln’apasaugmentésestarifs:80francslapremièreséance,60francslessuivantes.D’ailleurs,aupieddelatour,sonancienvélodecoursieresttoujourslà.Pastraced’uneMercedesflambantneuveàl’horizon… F. B.

«La fréquentation de mon cabinet a augmenté de 20 à 30%»En mars 2008, il faisait la une de «L’illustré». Vélo-courrier à Bienne durant dix ans, devenu énergéticien après la découverte de son don de médium et des études à Berne et à Neuchâtel, Roland Bühlmann reste humble et regrette que les contacts avec les médecins officiels ne se développent pas davantage.

BerneJean-Marie Jolidon,Pré-Boivin8,2740Moutier,tél.0324935514.•Secretsgénéraux.

FriBourGPeter Baeriswyl,rtedeFribourg39,1746Prez-vers-Noréaz,tél.0266633637.www.peter-baeriswyl.ch•Magnétisme,radiesthésie.

François Baour,1700Fribourg,tél.0264245702ou0263225869.•Brûlures,eczéma(surplace),foulures,hémorragies,hémorroïdes,nerfs,psoriasis(surplace).

Bernard Devaud,1685Villariaz,tél.0266551769.•Naturopathe,tout.

Véronique Dupasquier,rtedelaGîte13,1635LaTour-de-Trême,tél.0269124030ou0797086959.•Ayurvéda,massages.

Hanni Gass,Zälgstrasse3,1734Tinterin,tél.0264182530surrendez-vous(appelsde13à14hetde17à18h).•Guérisseuse,médium,hypnose,exorcisme.

René Geinot,1669Neirivue,tél.0269281775.•Réflexothérapie,guérisseur.

Fabienne Lefort,immeubleScherwilB11,1634LaRoche,tél.0266840594.•Rebouteuse.

André Maillard,1628Vuadens,tél.0269129662.•Brûlures,hémorragies.

Josiane Marchon,rtedelaTire5,1753Matran,tél.0264020165.•Brûlures.

Daniel Schmutz,Zälgstrasse3,1734Tinterin,tél.0264182530surrendez-vous(appelsde13à14hetde17à18h).•Impositiondesmains,guérisonparlaprière,exorcisme.

Denis Vipret,1773Léchelles,tél.0266602039.www.vipret.ch•Guérisseur.

Jean-Claude Weber,rueduChâteau-d’En-Bas23,1630Bulle,tél.0794187702.•Brûlures,dents,hémorragies,migraines,ulcèresvariqueux,verrues,rebouteux.

GenèveRamon Andreu,rteduNant-d’Avril51,1214Vernier,tél.0792459754.•Guérisseur.

Anne-Marie Girard,av.duLignon6,1219LeLignon,tél.0227965884ou0772034899.www.anitherapie.com;www.animary.com;www.arbredevie.ch•Guérisseuse,anithérapie.

Ingrid Pereira-Frankhauser,av.desTilleuls6,1203Genève,tél.0223403081.•Brûlures,hémorragies,massages,rebouteuse.

Schmidhauser Ima,ch.duCoin-de-Terre3,1219Châtelaine,tél.0227974116.•Guérisseuse,rebouteuse.

JuraElvire Aubry,2338LesEmibois,tél.0329511466ou0794134321.•Asthme,brûlures,dentsbébé,eczémas,entorses,hémorragies,phlébites,psoriasis,sciatiques,verrues,secretsgénéraux.

Elisabeth et Robert-Frédéric Klein,rtePrincipale47,2923Courtemaîche,tél.0324713502.•Secretsgénéraux.

André Lindenberg,ch.duVorbourg,2805Soyhières,tél.0324221976.•Rebouteux(uniquementsurplace,nefaitpaslesecret).

Eric Prongué,rueduMont4,2852Courtételle,tél.0324231004.•Blessures,brûlures,dents,entorses,foulures,hémorragies,migraines,piqûres(insectesouépines),verrues.

neuchâtelCharles Dubach,rtedeNeuchâtel32,2024Saint-Aubin,tél.0792490637.www.magnetisme.ch•Magnétisme,radiesthésie.

Jean-Mary Grezet,ch.Blanc34,2400LeLocle,tél.0329318330.•Rebouteux.

Hannes Jacob,fgdel’Hôpital13,2000Neuchâtel,tél.0327630860(ma-ve11-12h).www.mediumnite.ch•Guérisseur,médium.

Sylviane Robert,ruedeBeauvallon7,2014Bôle,tél.0328415006.•Energéticienne.

valaisGérard Contesse,av.delaPlantaud14b,1870Monthey,tél.0244713161.•Rebouteux,massages.

Georges Delaloye,ruedesFarquets14d,1920Martigny,tél.0277225501ou0786025501.www.gedelaloye.ch•Douleurs,brûlures,hémorragies,verrues.

Nicole Esteve-Gillioz,rueduVieux-Village48,1957Ardon,tél.0273067286.•Rebouteuse,remiseenplace.

Jean-Paul Gauye,rueduScex45,1950Sion,tél.0273228373ou0796694502.•Magnétiseur.

Jean-Paul Guinchard,av.del’Industrie8,1870Monthey,tél.0244713548.•Guérisseur.

vaudAndrée Blanc,ch.Moulin,1055Froideville,tél.0218812365.•Brûlures,hémorragies,verrues(surplace).

Annick Cardinaux,ruedelaFontaine19,1341L’Orient,tél.0218455587.•Rebouteuse.

Mellody Clark,1420Fiez,tél.0244362628.

FriBourGClaudine Clivaz,Redoute7,1752Villars-sur-Glâne,tél.0264010884.•Guérisseusemédium,masseuse,réflexologue,reiki.Frédéric Jacquat,ch.desPertsets5,1470Estavayer-le-Lac,tél.0796270350.

•Médiumguérisseur.Danièle Liardet,rueduFour21,1470Estavayer-le-Lac,tél.0796888947.www.vivrezen.ch.

•Guérisseuse,magnéti-

adresses de Magali JennyEn marge d’une liste complète, l’auteur a tracé le portrait de guérisseurs. Les voici:

nouveaux praticiensLa cinquième édition du livre a été remise à jour.

•Mauxphysiquesseulement,enfants,animaux,adultes,brûlures,fibromes,kystes,septicémie,emphysème,infections,hémorragie,secretsgénéraux.

Marcel Cuttat,ch.duStand5,1024Ecublens,tél.0217915380.•Magnétisme.

Gérard de Combat,ruedelaPaix3,1820Montreux,tél.0219612721ou0794690119.•Guérisseurspirituel,kinésithérapeute,massageayurvédique.

Raymond Derameru,rueduCollège2,1860Aigle,tél.0244664005ou0793100905.•Rebouteux.

Daniel Dormond,AneuroSanté,rueduPré2,1400Yverdon-les-Bains,té[email protected].•Guérisseur.

Michel Fehr,L’AventurineCentrethérapeutique(MyriamNyffenegger),av.desSports28,1400Yverdon-les-Bains,tél.0244254838.www.aventurine.ch.•Rebouteux.

Monique Fonjallaz,pl.del’Hôtel-de-Ville,1096Cully,tél.0217992500.•Brûlures,hémorragies,verrues.

Christian Genton,chemindesGenévriers1,1147Montricher,tél.0218095779.•Radiesthésie,rebouteux.

Sophie Henry,chemind’Eysins24B,1260Nyon,tél.0787388727.•Magnétisme.

Eric Jaquemet,LaPrisette,1424Bonvillars/Grandson,tél.0244361129.•Eczémas,psoriasis,verrues.

Evelyne Pahud,ch.duFlamy,1041Poliez-Pittet,tél.0218812872.•Brûlures,magnétisme.

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12seuse,lithothérapeute,écoute,mémoiresancestrales,reiki.

Fabio Maimone,Ancienne-Ecole,1697LesEcasseys,tél.0794328714,www.myspace.com/fabio-maimone.•Guérisseur,magnétiseur,reiki.

GenèveFernand Morillo,ch.duPont-de-Ville15,1224Chêne-Bougerie,tél.0787661083.•Secretsgénéraux.

Michèle Mouchet,ch.Carabot26b,1232Confignon,té[email protected].•Magnétisme,hémorragies,brûlures.

neuchâtelMallek Gitta,rueduChasselas34b,2034Peseux,té[email protected];www.gitta-mallek.com•Energéticienne,formationenmédiumnité,tarotThoththérapie.

valaisRoger Defilippis,LeBouveret,tél.0794716581,répondde18hàminuit.•Brûlures,douleurs,hémorragies.

Gisèle Montavon,LeRefletdesCimes,Sapinhaut,1907Saxon,tél.0277441577.

•Magnétisme,douleurs,massagescontrelestress.

vaudMary José Chaignat,ch.delaVernettaz3,1261LeVaud,tél.0796849234.•Rebouteuse,uniquementsurrendez-vous,sedéplaceàdomicile.

Christine Tassi,rtedeCaux31,1823Glion,tél.0219633607.•Brûlures,hémorragies.

Michel Unternehr,ruedelaTour26,1263Crassier,tél.0792103501.•Brûlures,hémorragies,transmissionvibratoire.

Lexique EnergéticienIlsoignegrâceàuneénergiecosmiqueousupérieure,présentedanslanature,qu’ilcanaliseetdirigeversleszonesmalades.Faiseur, diseur ou panseur de secret Ilpossèdeunouplusieurssecrets,qu’ilréciteàvoixbassepoursoignerlesmauxlesplusdivers.Lessecretscontreleshémorragiesetlesbrûluressontlesplusconnus.MagnétiseurIlutilisesonmagnétismepoursoigner.Travailleparimpositiondesmainssurlesénergiescorporelles.Utiliseparfoisunpendule.Radiesthésiste Ilcanalisesonmagnétisme,sonfluideoul’énergiecosmiqueàtraversunobjet,souventunpenduleouunebaguettedesourcier.Ilutiliselependulepourposerundiagnostic,retrouverdesobjets,détecterdesmanques,etc.Rebouteux ou rhabilleur Ilremet«boutàbout»lesarticulations,lesmuscles,lestendons.Source:«Guérisseurs,rebouteuxetfaiseursdesecretenSuisseromande»,deMagaliJenny.

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ZenRoland Bühlmann: «J’ai dû dissuader certains patients qui voulaient venir de trop loin.»

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AuvillagedeFontenais,prèsdePorrentruy,toutlemondeconnaîtAnneSutterlet,73ans.Veuvedepuis1989,cettegrand-mèrejoviale,auxyeuxrieurs,faitlesecret,commeondit.Uncoupdefil,depréférence,ettrèsvite,brûlures,douleurs(maldedents,lumbago,etc.)etmêmestressdesexamenss’envolent,commeparmiracle.

«Moiaussi,jemeposedesquestions»,avoueAnneSutterlet,attabléedanssacuisine.Elleavait40anslorsqu’uncertainM.Voisard,retraité,luiatransmisoralementlesecret,commeleveutl’usage,àPorrentruy.«Ilnousamontrédeslivres,àmonmarietàmoi.»Ellen’endirapasplus.

Al’occasiond’unvoyageàMunichdurantl’Oktoberfest,elleentredanslevifdusujet.«Alorsqu’ilrevenaitversl’autocar,untypeaétérenverséparuneauto.Ilsouffraitbeaucoup.Là,jemesuisdit:«Tuaslesecret,tunepeuxpaslelaissercommeça.Essaie!»Et,àmagrandesurprise,çaamarché!»

Laplupartdutemps,onsolliciteAnneSutterletpartéléphone.«Jepréfère,dit-elle,parcequejesuistimide.Jesuismoinsconcentréequandj’aiquelqu’unenfacedemoi.»Justement,letéléphonesonne.DepuislelivredeMagaliJenny,çan’arrêteplus.«Celaendevientpresquedésagréable,confie-t-elle.Detroisappelsparjour,on

estpasséàvingt(!),àn’importequelleheure…etjemedoisderépondre.»

Ajouloteetcatholique«croyante,maispasbigote»,AnneSutterletaffirmequelareligionnejoueaucunrôledanslesecret.«Pourmoi,ilyaunEtresuprêmeau-dessusdenousetjem’adresseàLui»,précise-t-elle.Autéléphone,ellevaàl’essentiel.«J’aibesoindeconnaîtreleprénomdelapersonneàsoulager,sonâgeetl’endroitoùellesetrouve.»Ellevaainsicernerl’individuàsecourir.«Jeneprononcepasunmot.Jefermelesyeuxetjemeconcentre,enpensantàelleouàlui.»

Laprestationestenprincipegratuite.D’aucunsprétendent

queledemandeurnedoitjamaisdiremerci.«Celanechangeriendutout»,dément-elle.Faut-ilquelebénéficiairesoitaverti?«Pasnécessairement,répond-elle,sinoncommentexpliquerqueçamarcheaussipourlesanimaux?»

Lesecretacependantunprix.AnneSutterletestuneéponge,quiabsorbeenpartielemalqu’ellecombat.«Chaqueannée,enjuin,aumomentdesexamensdubacaulycéecantonal,elleestinsupportable»,dénoncel’unedesesfilles.Cependant,riennel’arrête,hormissonpropremaldedos.«J’essaie,ettantpissijenesuispaslaSainteVierge!»

B. Ca.

«De trois appels par jour, on est passé à vingt!»Personne ne sait expliquer comment ça marche, mais le secret soulage et guérit, partout en Suisse romande. Depuis la sortie du livre de Magali Jenny, où elle est citée, la Jurassienne Anne Sutterlet, 73 ans, est submergée d’appels.

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Miracle au téléphoneEtablie à Fontenais (JU), Anne Sutterlet fait le secret pour les douleurs, les brûlures, les hémorragies et le stress des examens.

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Les Eglises se méfient-elles des guérisseurs?C’est une question complexe et le risque de généralisation est grand. Il y a des positions ouver-tes, qui reposent sur l’acceptation et le questionnement constructif; elles appréhendent l’activité des guérisseurs comme une mani-festation de la foi chrétienne, et cela notamment dans les milieux protestants. D’autres positions sont beaucoup plus rigides et antagonistes. En se référant à des dogmes, les évangélistes et une bonne partie des catholiques qua-lifient ces pratiques d’hétéro-doxes, voire de diaboliques pour certains rites. Prenez l’exemple des faiseurs de secret qui se rat-tachent au monde du catholi-cisme et des saints. Ils considè-rent par leur acte qu’il n’y a pas nécessairement que les curés qui ont un lien privilégié avec l’im-

manent. Cette démocratisation de la relation à Dieu, aux saints et à la puissance de la foi va à l’encontre des opinions instituées par la hiérarchie catholique.

Y a-t-il une répartition géogra-phique des guérisseurs?En Suisse romande, ce sont les cantons catholiques qui ont un fort lien historique avec les soins popu-laires: le Valais, le Jura et Fribourg. Le phénomène est également pré-sent, de manière peut-être un peu plus diluée, dans les autres cantons et régions de notre pays. D’une manière géné-rale, partout la rigueur de la raison cohabite avec la puissance de la foi et des croyances, qui sont les deux leviers du monde des soins populaires.

Les guérisseurs: anges ou démons?«Avec eux, il y a une dé-

mocratisation de la relation à Dieu, aux saints et à la foi»

Comment la médecine officielle et les soins populaires cohabitent-ils?«La légitimité de ces

derniers vient de l’expérience»

Comment séparer le bon grain de l’ivraie?

«Le guérisseur à plein temps né-cessite une professionnalisation»

Quelle est la position de la méde-cine officielle?Le point de friction principal repose sur la question de la validité scientifique: pour certains, seul ce qui est attesté par la science est vrai, le reste n’a pas de valeur. Je ne crois pas que cette manière de voir les choses soit la plus perti-nente. La science médicale a sa légitimité, mais aussi ses limites. Au-delà, c’est une question de sensibilité. Un bon médecin doit être à l’écoute de son patient et

dialoguer avec lui sans préjugés. Il n’incite pas forcément son patient à recourir à un guéris-seur, mais il devrait accepter que ce dernier explore d’autres voies qui puissent l’aider.

Peut-on valider ces pratiques?D’un point de vue scientifique, non. La science

se réfère à la causalité des événe-ments, alors que les soins popu-laires mettent en perspective leur coïncidence: ils combinent la pré-sence simultanée de plusieurs manifestations et dimensions; c’est une autre manière de conce-voir le monde. Leur légitimité vient de l’expérience: il y a des témoignages qui évoquent des maladies qui ont été résolues sans que l’on puisse avancer des expli-cations rationnelles. La médecine parlera d’effet placebo, d’autres de déblocage de nœuds existen-tiels, d’autres encore de la puis-sance de la foi, du mental sur le corps, de miracle. Il y a tellement de postures interprétatives. L’es-sentiel est qu’une personne qui n’arrive pas à répondre entière-ment à ses besoins par le biais de la médecine scientifique, au sens très large du terme, soit libre de recourir à un guérisseur. Q. L. J

De quoi parle-t-on?De manière indicative, on peut dire que le faiseur de secret récite des prières particulières pour résoudre des problèmes très ponc-tuels (brûlures, verrues, etc.). Cela se fait généralement par téléphone et le service est gratuit. Le rebou-teux propose des soins manuels. Le guérisseur, lui, soulage les per-sonnes de leur souffrance et de leur détresse sans avoir eu au préalable de formation spécifique, mais grâce à un don et à un appren-tissage empirique qui relèvent d’une dimension sacrée; ses com-pétences vont beaucoup plus loin que l’intervention ponctuelle.

Y a-t-il des charlatans?Dans ce milieu, il y a à boire et à manger. Certains suivent des for-mations complémentaires et se

présentent de plus en plus comme des thérapeutes aux techniques multiples. Les guérisseurs se considèrent comme un complé-ment à la médecine scientifique, jamais comme un substitut. Ceux qui promettent une guérison mira-cle doivent être considérés avec beaucoup de circonspection.

Et la question de l’argent?Il y a vingt ans encore, le guérisseur ne demandait pas de rétribution. De nos jours, être soignant du matin au soir nécessite une pro-fessionnalisation, et donc une rémunération planifiée; ce n’est pas parce qu’on est guérisseur qu’on ne peut en faire son gagne-pain. Les tarifs sont variables: de 20 à 200 francs la consultation. Plus celle-ci est chère, plus il y a évidem-ment de quoi nourrir des doutes.

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Texte: Quan LyPhotos: Sedrik Nemeth

Comment expliquer le succès des guérisseurs?Depuis la chute du mur

de Berlin, en 1989, il y a une accélération de la circulation des gens, des idées, des savoirs, des pratiques, amplifiée en particulier par l’apparition de l’internet. Or, la Suisse romande est un bassin de réception et de production de cette culture de la mobilité, de l’ouverture et de la pluralité. C’est dans ce contexte qu’il y a eu un fort renouvellement du plura-lisme médical, qui fait cohabiter de manière plus visible la méde-cine occidentale et scientifique avec d’autres formes thérapeuti-ques, notamment l’homéopathie, la naturopathie, la médecine chinoise ou ayurvédique. Les soins populaires, qui appartien-nent aux sociétés rurales et à la culture orale de l’Occident et constituent une partie de notre héritage, s’inscrivent dans cette mouvance.

Pourquoi les gens se tournent-ils vers les soins populaires?Grâce à la culture de la mobilité,

qui a pluralisé les référentiels, les croyances et les pratiques, les per-sonnes, notamment en Suisse romande, se veulent plus pragma-tiques et moins idéologiques, et en même temps plus sensibles aux quêtes spirituelles.

Existe-t-il cependant un profil type?Non, cela touche toutes les classes sociales. Les femmes sont plus ouvertes à ce type d’approche que les hommes. Une particularité de l’Occident, qui peut expliquer en partie le succès des soins populai-res, est que l’individu occupe une place de plus en plus centrale au sein de nos sociétés et que son choix personnel prime sur l’auto-rité, qu’elle soit médicale ou reli-gieuse. Par ailleurs, toutes les dérives de notre époque, notam-ment sur le plan écologique, politique et social, questionnent l’être humain: quel sens donner à ma vie? Quelle place donner à mon expérience dans la maladie? Les soins populaires réactivent de manière spécifique ce type de questionnement.

Pourquoi les soins populaires ont-ils le vent en poupe?«Les dérives de notre époque questionnent l’être humain»

«Il y a quinze ans, il était impensable de diffuser leurs noms»

Pour Ilario Rossi, anthropologue et professeur à l’UNIL, le questionnement grandissant sur le sens de notre vie favorise une plus grande ouverture à la spiritualité. Le monde change, celui des guérisseurs aussi. Autrefois limitée à un village, leur notoriété s’étend bien au-delà.

ConstatIlario Rossi: «Il y a des témoignages qui évoquent des maladies qui ont été résolues sans que l’on puisse avancer des explications rationnelles.»

Dans quelle mesure les guérisseurs contribuent-ils à leur succès?On parle souvent du mythe du guérisseur blessé: bon nombre d’entre eux ont été touchés par la maladie et ont surmonté cet état de fragilité existentielle. C’est là une des grandes prérogatives des soins populaires. Lorsqu’une per-sonne est soignée par quelqu’un qui a une connaissance de la souf-france par l’expérience, et non par simple savoir scientifique ou aca-démique, cela crée un lien théra-peutique fort.

Au-delà de ce lien, les guérisseurs ont-ils changé?Un aspect frappant est la diffusion publique des noms des guéris-seurs ou des faiseurs de secret dans un magazine ou un livre. Chose impensable il y a une quin-zaine d’années, où le guérisseur, détenteur d’un don et d’un poten-tiel sacrés, ne s’exposait pas au-delà du village. Aujourd’hui, ce n’est plus le spirituel qui importe, mais le soignant. Ce succès média-tique des guérisseurs, tout en leur rendant hommage, les inscrit dans

une logique de l’offre et de la demande, dans un processus de rentabilisation. Preuve en est la professionnalisation croissante de certains guérisseurs: il s’agit de fournir des prestations de plus en plus technicisées. Cette médiati-sation à outrance risque de bana-liser les guérisseurs. A terme, il y a le danger de réduire les soins populaires à une offre thérapeuti-que parmi d’autres. Le monde change, celui des guérisseurs aussi.

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Dossier guérisseurs

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