Grandir autrement

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N°18 Juillet Août 2009 4,90 Signer avec les enfants GRANDIR PRATIQUE Les draisiennes Naître parents Des ateliers pour les pères GRANDIR EN SAVOURANT Changer d’avis et se décider à allaiter Grandir et s’éveiller Les régressions Grandir Autrement Grandir Autrement exemplaire de Aur?e Bianchi - [email protected]

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numero 18

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N°18 JuilletAoût2009

4,90 !

Signeravec les enfants

GRANDIR PRATIQUE

Les draisiennes

Naître parents

Des ateliers pour les pères

GRANDIR EN SAVOURANT

Changer d’avis

et se décider à allaiter

Grandir et s’éveiller

Les régressions

GrandirAutrementGrandirAutrement

exemplaire de Aur?e Bianchi - [email protected]

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2 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

SommaireActualitésCourrier des lecteurs 5En bref 6

Grandir au quotidienGrandir fûté : Flylady : conseils et soutien pour l'entretien du foyer 9Grandir pratique : Draisiennes : des vélos sans pédales et sans roulettes 10Activités, éveil : Activités de motricité fine 12

Un sac furoshiki 14Lire et grandir : Ressources pour créations écolos 16

Naître parentsGrossesse : Les ateliers pour les pères 18Accouchement : Créer une ambiance « cozy » à la maternité 20La chronique de Ludo : Vers une culture de l'allaitement ? 23

Dossier Signer avec les enfantsUtiliser la langue des signes avec des tout-petits permet decommuniquer plus facilement, à l'âge où les enfants nesavent pas encore parler ou, du moins, disposent d'une élocu-tion limitée. Mais on peut aussi signer avec des enfants plusgrands. Grandir Autrement fait le point sur ce qu'apportentles signes dans le quotidien des enfants et de leur entourage.

Grandir et s’éveillerÉducation : Régressions : des "retours en arrière" pour mieux avancer ! 44Ados : les ados et les petits 46Des clés pour comprendre : Une femme d'intérieur ? 49Portage : Le Tonga 51Vu par les enfants : Des ateliers au village 54Massage : Psycho-bio-acupressure : quelques points pour le bien-être de tous ! 55

Grandir ensembleGrandir ici : Corse : maternage et insularité font bon ménage 56Grandir ailleurs : Grandir dans un kibboutz 58Grandir sur Terre : Peaux de mouton et cuirs : à consommer avec modération ! 60Grandir sainement : Ne touchons pas au sexe des garçons ! 62Faire grandir une initiative : Des lavables en maternité 65Zoom produit nature : L’argile ou la terre aux mille vertus 66Interview : Toxic Planet, des BD pour réveiller les consciences écologiques 68

Grandir en savourantPoint allaitement : Changer d'avis et se décider à allaiter 71Zoom aliment : Des boissons diverses et variées pour renouer avec l’été 75Fines bouches : Des boissons fraîches à partager sans modération 76

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gÉdito

Directrice de la publication : Carine Phung Van (04 76 01 85 77) - Rédactriceen chef : Carine Phung Van - Rédaction : Gaelle Goutain, Stéphanie Boudaille-Lorin, Carine Phung, Raffa, Martine Vergnol, Isabel Jimenez-Debeze, AnneBrunner, Emmanuelle Sampers, Ingrid van den Peereboom, David Durand,

Catherine Dumonteil-Kremer, Ludovic Lorin, Céline Claire, Maryline Leprince, Madalena Bortnik, Marie-Florence Astoin,Sophie Nelson, Marie-Hélène Rattin, Sandrine Desroses, Sophie Fauvette, Caroline Choppard - Communication : VoodooStudio, David Durand, Aurélie Jonneaux - Couverture : Sandra-Laure Bouverot - Photographie : Emmanuelle Sallustro,Sandrine Fraikin, Rebecca Young, Susanne Klein, Sonia Drevet - Illustrations : Sébastien Buteau - Conception maquetteet mise en page : Olivier Monnier (06 15 59 14 02) - Impression : Alias - 13, chemin Albert Camus, ZA champs Fila, 38320Poisat. Tiré à 6 000 exemplaires. ISSN : 1954-2925 - Numéro de CPPAP : 1008 G 88505 - Association Grandir autrement -14 rue Charles Beylier 38400 Saint-Martin-d’Hères - http://www.grandirautrement.com - [email protected] merci aux parents pour leurs témoignages et/ou leurs photographies !

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Le magazine est imprimé sur du papier recyclénon blanchi, avec de l’encre végétale sanssolvant, par un imprimeurinscrit dans une démarchede développement durableet ayant reçu le labelImprim’vert.

10 doigts pour tout direS’aider de ses mains pour communiquer, n’est-ce pas ce quechaque être humain a tendance à faire, surtout lorsqu’ilmaîtrise mal une langue étrangère, par exemple ? De mêmele font spontanément les bébés, lorsqu’ils commencent àmontrer les objets du doigt. L’introduction de la langue dessignes est alors un formidable outil pour approfondir lacommunication, lorsque l’on est enfant, bien que l’onentende. Et ce, sans freiner l’apprentissage du langage oral.Au contraire, comme le pensait déjà Rudolf Steiner,fondateur de la pédagogie portant son nom, “La paroleprovient de l’ensemble de l’organisation motrice del’homme. Au départ, lorsque l’enfant apprend à parler, ilcommence à le faire par des gestes. L’ensemble du corpsest concerné par la parole.” Ainsi, le mouvement prépareau langage et ancre celui-ci dans la corporéité, qui estaussi l’être de l’homme. C’est donc pour cette raison quenous avons décidé de consacrer un dossier sur le fait designer avec des enfants, quel que soit leur âge.Dans ce numéro, vous trouverez également desinformations sur des ateliers pour les futurs papas, très

utiles pour les préparer à leur rôle à venir durantl’accouchement et leurs premiers instants avec leur bébé.Vous découvrirez aussi que les soi-disant régressionspermettent aux enfants de mieux grandir.Des articles plus pragmatiques vous présenteront ce petitfilet si pratique pour porter les tout-petits qu’est le Tonga®,et cet engin à deux roues, mais sans pédales, qu’est la draisienne. Vous apprendrez à vous servir de l’argile pour votre bien-être et à vous concocter de savoureuses et saines boissons. Je vous souhaite un bel été !

CarineRédactrice en chef6@

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Sébastien, 31 ans, est le papa d’Arthur , 6 ans, et de Lilwen, 3 ans, mais aussi l’époux de Gaëlle, doula et créatrice d’uneassociation de maternage. Dessinateur depuis toujours, féru de BD, Sébastien crée des petites vignettes qui dépeignent,avec un regard un peu décalé mais toujours emprunt d’amour et de tendresse, les aléas et péripéties de sa viequotidienne, dans laquelle sans doute beaucoup d’autres parents maternants se reconnaîtront.

Eh bien signez maintenant...

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Nous vous remercions d’avoir partagé avec nous votreposition. Il est vrai que certains parents accusent, commevous le faites, la CNV d’être manipulatrice. Je ne sais pas sic’est la CNV en soi qui est manipulatrice ou bien certainespersonnes qui en usent comme tel, parce qu’ils s’en serventprécisément comme d’une « méthode ». Quoi qu’il en soit, iln’en reste pas moins que, pour de nombreux parents, la CNVest la clé qui leur permet de développer une approcheempathique avec leurs enfants, et c’est en cela que nouspensons que la CNV est un des outils qui aide àaccompagner ses enfants de manière non-violente…

Réponse de la rédaction

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Courrier des lecteursNous vous remercions pour vos courriers et vos messages d’encouragement !

Un centre hospitalier et unematernité vont rebâtir leur service de maternité etde néonatalogie dans la région Nord. Ils cherchentles avis, les idées, les souhaits des parents et futursparents tant en ce qui concerne les bâtiments àconstruire que l’aménagement intérieur desdifférentes pièces et les règles de fonctionnement de ces services du futur. Comment serait donc la maternité de vos rêves defaçon pratico-pratique et comment verriez-vous sonorganisation avant, pendant et après la naissance ?Et, si vous l’avez déjà trouvée en France ou àl’étranger, parlez-nous en, décrivez-la nous et donnez-nous ses coordonnées pour qu’éventuellement desprofessionnels concernés aillent la visiter. Merci !

Veuillez écrire à [email protected] avec copie à [email protected]

Nous sommes étudiantes en master depsychologie à l’Université Toulouse II et réalisons actuellement unmémoire de recherche auprès des mamans ayant un ou plusieursenfants, quel que soit leur âge, concernant le vécu del’accouchement et le processus de maternité. Notre souhait estd’apporter des éléments de compréhension pour adapter au mieuxles demandes respectives des divers acteurs de la périnatalité,qu’elles émanent des parents ou des professionnels. Cette études’inscrit donc dans le champ de la prévention. Pour cela, un questionnaire est contenu à l’adresse suivante :http://accouchement.unblog.frCe questionnaire s’inscrit dans la partie recueil de donnéesquantitatives de notre étude et sera en circulation jusqu’à fin juinmaximum. Il sera complété par des entretiens avec plusieurs mamanspour la partie qualitative. Nous vous remercions par avance de votreparticipation et votre soutien pour la réalisation de cette étude qui,pour être pertinente et publiable dans le monde scientifiqueinternational, doit comporter un grand nombre de participants.

Mélinda TEXIER et Sandra LEFEVRE (06 84 95 23 43)de l’Université Toulouse II. Supervisées par Mme Stacey CALLAHAN, professeur des Universités,psychologue et enseignant chercheur à l’UniversitéToulouse II.

Bonjour, J’ai bien réceptionné le numéro 17 de votremagazine et j’ai parcouru l’article concernant les berceaux et les bandeaux avec beaucoup de plaisir. Toutefois, jesouhaiterais que vous puissiez apporter deux rectificationsdans votre prochain numéro. Mon nom est Claude Parisot etnon pas Denis et le nom du berceau s’orthographie Kododo ;c’est très important car il existe des berceaux cododo enbois pour le domicile et je ne souhaite pas être attaqué enjustice par ces fabricants pour utilisation et publication d’unnom commercial déposé. Le nom de notre site est àorthographier ainsi : http://www.kododo.frMerci !

Claude Parisot

Je vous suis depuis le début et j’étaisvraiment contente de trouver enfin un magazine qui traitaitdes sujets qui me tenaient à cœur et qui correspondaientau quotidien avec mes enfants. Et puis, et puis, petit àpetit, j’ai senti transpirer dans vos articles l’influence de lacommunication non-violente… Je ne chercherai pas à vousconvaincre, mais sachez que pour moi, la CNV est lesummum de la manipulation faussement bienveillante,encore plus atroce quand il s’agit d’enfants, et que je plainscette prochaine génération soi-disant maternée, couche-en-culottée, cododotée et surtout bien abîmée par cetteméthode ultra-violente !Cécile M.

Cécile M.

Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

Quelle joie de voir dans votre dernier numéro unarticle sur les devenirs du placenta. Pour moi, il fait partiede mon enfant et de moi-même, il m’était impensable dele jeter... surtout avec le bonheur inhérent à un AAD.Nous avons fait des PlacentArbres (placenta enterré sousdes arbres ), j’en parle dans mon modeste blog :http://aglibouly.canalblog.com/archives/p10-10.html Mon seul regret : ne pas en avoir fait des empreintes. Merci !

Audrey M., 2 enfants

APPELS À PARTICIPATION

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Tandis que nous évoquions déjà lesrisques liés à l’utilisation des biberonsen plastique dans notre numéro 8(novembre 2007), à l’occasion d’uneinterview d’Anne-Corinne Zimmer,auteure de Polluants chimiques :enfants en danger!, aujourd’hui, alorsque la majorité de la population estdésormais informée sur le sujet, ledébat se fait de plus en plus vif. Pourmémoire, rappelons que “Les étudesmontrent que le Bisphénol A, peu impor-te la dose, se fixe sur les récepteurs hor-monaux et envoie un signal amenant lecorps à produire des œstrogènes (hor-mones féminines). (…) Cette substanceest pourtant reconnue comme un per-turbateur endocrinien, et quand bienmême ses effets à faibles doses fontencore l’objet de controverses, le principede précaution devrait être mis en œuvre.” 2Dès lors, la méfiance a gagné parents etprofessionnels, de nombreux biberons

sans Bisphénol A font leur apparitionsur le marché et la ville de Paris a déjàpris la décision de ne plus acheter desbiberons de composition incertainepour ses crèches. Si parents, profession-nels et collectivités territoriales conti-nuent à boycotter les biberons en poly-carbonate, peut-être que notre gouver-nement acceptera de privilégier enfin leprincipe de précaution. CP !

1 - Éditions de l’Atelier (2007).2 - Extrait de l’interview de GrandirAutrement, numéro 8.Sur le web : " http://lagrandeinvasion.blog.lemonde.fr/category/bisphenol-a" http://www.antidote-europe.org/cp19mai08_fr.htm" http://www.reseau-environnement-sante.fr/ressources/etudes-scientifiques.html(études scientifiques)" http://www.cyberacteurs.org/actions/lettre_rapide.php?id=380 (pétition)

Bye bye, Bisphénol A ?

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Doulas : des 7es journées « à l’international »On a presque davantage parlé anglais,espagnol, portugais, … que français les8, 9 et 10 mai 2009 à Paris lors de ladernière édition, très réussie, de la ren-contre annuelle des doulas!. NaoliVinaver, sage-femme mexicaine, aenthousiasmé l’assemblée en nousracontant des histoires de naissancependant que Mauricio Kruchik-Biderman, doula israëlien, accueillaitdes paroles de papas. Le partage desinitiatives menées autour du monde asemé des graines, que Jan Tritten,sage-femme et rédactrice en chef du

magazine Midwifery Today, a encoura-gées à pousser pour le bien-être desbébés et des mamans. En coulisses, leséchanges ont été riches, souvent trèsintimes lors des tentes rouges, groupesde paroles de femmes, organisées en continu. La pièce de théâtre « Naissance », jouée pour la deuxièmefois en France, a été très applaudie.Merci aux doulas pour leur accueil,toujours aussi ouvert, année aprèsannée, aux parents et aux acteurs trèsdivers de la périnatalité. MFA !1 - http://www.doulas.info

Pour un nouveauregard sur la naissanceLe Réseau Naissance Allaite ment,qui se trouve à Aubenas, enArdèche, organise une rencontreavec Michel Odent, chirurgien obs-tétricien, autour de la naissance.Elle aura lieu les samedi 3 etdimanche 4 octobre 2009, auxJardins Intérieurs à Saint Privat, prèsd’Aubenas. Repas et hébergementsur place. De plus, le samedi, est pro-posée une soirée autour du chantprénatal. Places limitées, inscrivez-vous avant le 30 juillet 2009. !

Prix : 70 " /adhérents : 50 "http://www.nouvellesnees.com/michelodent.html

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7Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

Les fessées, histoireancienne ?Pour la première fois, la Défenseure desenfants, Dominique Versini, a pris partien faveur de l’interdiction des puni-tions corporelles. En effet, elle l’a clai-rement exprimé dans son rapport auComité des droits de l’enfant, àGenève, rapport que l’on peut consul-ter en intégralité sur son site :http://www.defenseuredesenfants.fr.De plus, la Défenseure des enfants acité la pétition que l’Observatoire de laViolence Éducative Ordinaire (OVEO)avait lancée en 2007 et qui a aujour-d’hui recueilli non plus 116 signaturesd’associations, comme il est dit dans lanote du rapport, mais 187. D’autrepart, dans le paragraphe consacré auxchâtiments corporels (§ 5.5, p. 54-55du rapport), Dominique Versini faitégalement quatre recommandationsallant dans le sens d’une politique desensibilisation auprès des parents etdes professionnels de l’enfance. Mêmesi la demande de la Défenseure desenfants va certainement se heurter àde grandes résistances, aussi bien auniveau de l’État que de l’opinionpublique, cette prise de position a deschances de faire évoluer plus rapide-ment la situation. Pour aider à cetteévolution, l’OVEO suggère à tous ceuxqui le désirent d’écrire au Premierministre pour lui demander de mettreen œuvre les recommandations de laDéfenseure des enfants. Il vous suffitpour cela de signer la pétition télé-chargeable à la page suivante :http://www.oveo.org/ fichiers/Petition-OVEO-Premier-Ministre.pdf ou la copier-coller sur ce site http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/premier_ministre/ecrire et de porter sur cettepage les indications demandées. CP !

Du 27 avril au 3 mai 2009 s’est dérou-lée la 13e Semaine Internationale de laCouche Lavable qui s’est traduite,cette année, en France, par l’organi-sation de près d’une centaine demanifestations un peu partout sur leterritoire. À cette occasion, Bulle de Coton, l’Association pour laPromotion des Couches Lavables(APCL), a tenu le 28 avril à Paris uneconférence intitulée "Des couchespour le futur". Un premier bilan a étédressé sur le marché de la couche tex-tile en France : en 2009, ondénombre pas moins d’une cinquan-taine de fabricants contre trente en2004. Un nouveau phénomène voitaussi le jour, celui des « Écolaveurs »,professionnels du lavage de lacouche, aujourd’hui une petite dizai-ne répartis dans tout l’Hexagone. Ilspermettent, d’une part, de soulagerles parents et les crèches de l’entre-tien des couches et, d’autre part, decréer des emplois locaux. Dix, c’estaussi le nombre de crèches qui sesont équipées en lavables. Une volon-té qui démontre une évolution desmentalités et qui devrait se propagerdans les années à venir. L’APCL sou-ligne aussi les mesures indirectement

favorables à l’utilisation des coucheslavables adoptées par le Sénat lors duGrenelle de l’Environnement, enfévrier dernier, rappelant le rôle incon-tournable des pouvoirs publics dansl’adoption de la couche textile : uneréduction de 7 % par habitant desordures ménagères pendant les cinqprochaines années, des programmeslocaux de prévention des déchets quipourraient bénéficier du soutienfinancier de l’ADEME et, enfin, un dis-positif de tarification incitative quiferait payer à chaque habitant la partrésiduelle de ses déchets au poids ouau volume. Enfin, l’APCL ne manquepas de souligner toutes les initiativesen faveur des couches lavablesailleurs dans le monde : en Belgique,cinquante communes financent jus-qu’à 50 % l’investissement dans lescouches lavables. Au Canada, dansune trentaine de communes, on peutse faire rembourser jusqu’à 200 $ pourl’achat de vingt-quatre couches mini-mum. En Angleterre, à Londres, la mai-rie offre 80 " par enfant pour l’achatde couches lavables ou l’utilisation desservices d’un Écolaveur. Autantd’exemples encourageants qui nedemandent qu’à être suivis. SN !

SICL : un autre regard sur les couches lavables

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La méthode Flylady nousapprend à nous organiserdans la gestion de notreintérieur, notamment en nousfixant diverses routines.

F lyladies, flybabies, hotspot, missions,Fling Boogie, etc. Ces termes, que l’onpourrait croire sortis tout droit d’unfilm d’aventure, sont en réalité le jar-

gon d’une méthode américaine mise au pointpar Marla Cilley et qui permet de se transfor-mer en fée du logis. Aude P., deux enfants, etAnne F., trois enfants, témoignent.

UNE RÉVÉLATIONCertaines femmes ne jurent désormais quepar cette méthode, à l’instar d’Aude : “J’ai tou-jours été désordonnée et je le suis encore unpeu, mais beaucoup moins. Je sais commentm’y prendre pour que ma cuisine redevienneune cuisine digne de ce nom : ranger la vais-selle propre ; ranger la nourriture ; mettre mesgants ; mettre la vaisselle sale dans le lave-vaisselle ; laver les casseroles ; nettoyer latable et le plan de travail… C’est tout simple,mais avant je n’avais pas d’ordre pour le faireet je perdais du temps, alors je trouvais celacontraignant. Maintenant, je sais que je suiscapable d’avoir une cuisine propre en quinzeminutes. Je me dépêche pour le faire car jejoue avec le chrono. Je pense que Flylady m’aréellement apporté de la sérénité. Le livre deMarla Cilley, Entretiens avec mon évier11, estdevenu une bible pour moi : j’en lis souventdes passages le soir, en me couchant.”

DES ROUTINES POUR RYTHMERLE QUOTIDIENLes flyladies tiennent généralement un jour-nal de bord où elles notent leurs consignespour la journée. Ou bien elles reçoivent cesconsignes via une newsletter. Anne nous résu-me son journal de bord : “J’ai mis en placeune répartition des tâches ménagères sur lasemaine, par zones de la maison, et une listede routines : ce sont les choses à faire quoti-

diennement afin d’éviter d’être submergée.Désormais, je n’ai plus l’impression de passermon samedi à ne faire que le ménage et nesuis plus découragée quand je vois l’état de lamaison le dimanche soir, lorsque les invitéspartent. Maintenant, ma maison est toujourspropre et rangée. Le fait de travailler parzones permet de faire un endroit à fond sansavoir l’impression de passer la journée à nefaire que cela. Par exemple, avant je faisaisma cuisine ou ma salle de bains à fond enune journée et résultat : j’avais mal partout lesoir, j’étais épuisée, voire découragée si jen’avais pas fini. Maintenant, je fais ce que jepeux en quinze minutes et, au bout du comp-te, je nettoie à fond plus souvent et mieuxmais sans en avoir l’impression. Du coup, celame laisse plus de temps pour moi !”

TOP CHRONO !En effet, généralement, la méthode préconisede se concentrer durant quinze minutes surune zone précise. Aude confirme l’efficacitéde se fixer une limite dans le temps : “C’estimportant de travailler avec un chrono, onvoit le temps défiler et cela permet de sedépêcher pour faire la tâche que l’on s’estfixée. Du coup, quand on a fini avant le chro-

no, on a gagné. Cela devient un jeu : ongagne parfois et cela fait sourire. Jouer à sor-tir les poubelles, qui l’aurait cru ?”

SE MOTIVER VIA LES FORUMSSur de nombreux forums, comme celui desFemmes au foyer22 (où les flyladies se prénom-ment flyfafettes) ou encore sur Magic Mamanet Bulle de nature, on peut trouver des sec-tions consacrées à la méthode. Aude ajoute :“Le forum des flyfrancophones33 permet de semotiver et de trouver des astuces. Sur leforum, on aide les nouvelles à se mettre enroute, entre autres. On s’y lance aussi desdéfis, comme éteindre son ordinateur pen-dant une heure afin de consacrer troispériodes de quinze minutes au rangement etquinze minutes de pause-thé-lecture.”

UNE FIÈVRE CONTAGIEUSE ?À force d’en parler sur les forums, les flyladiessont de plus en plus nombreuses. Mais ellessont aussi capables de « convertir » lesmembres de leur foyer, comme le raconteencore Aude : “Mon mari commence à s’ymettre. Il faut dire qu’à la base nous étionstrès désordonnés. Maintenant que je suis unpeu plus organisée, on arrive à manger dansune cuisine propre. Du coup, c’est plus facilede donner un coup de main pour débarras-ser, ranger ou nettoyer ! Mes enfants partici-pent aussi. Par exemple, quand on rentre, ona une routine : ils enlèvent leurs chaussureset pendent leur blouson sur leurs porte-man-teaux à leur taille. Je désencombre aussi pasmal leur chambre : il y a peu de jouets, jejette tout ce qui est cassé et nous faisons untri assez régulier.” !

CARINE PHUNG1 – Éditions L’Instant Présent (2008).2 – http://www.femmaufoyer.net 3 – http://flyingfrancophone.forumactif.net

Listes de diffusion Flylady :" http://www.flylady.net (en anglais)" http://groups.yahoo.com/group/FeeVolante/?yguid=173555425" http://groups.yahoo.com/group/MiniFeeVolante/?yguid=173555425

! ! ! GRANDIR FÛTÉ

9Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

Grandir au quotidien

Flylady : conseils et soutienpour l’entretien du foyer

Bien s’organiser permet d’avoir du temps pour bien faire les choses.

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Grandir au quotidien

10 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

à partir de 198 !port compris

Avec un beau design, des lignes épurées, un bois clair, cette draisienne est unmagnifique objet, fiable et solide. La marque propose des petits modèles trèsaccessibles aux plus jeunes (dès 2 ans). Son poids léger permet à l’enfant dela soulever facilement et de l’emporter partout avec lui. Autre avantage : laselle peut se régler selon la taille de l’enfant. De plus, de nombreux acces-soires peuvent être rajoutés : béquille, panier en bois, remorque, etc. Like abike a été récompensé de la troisième place au prix du design du jouet enbois 2003 en Allemagne. La draisienne est garantie et pourra très certaine-ment servir à plusieurs enfants. Le système, qui assure à la fois la solidité etla sécurité, a été breveté : il s’agit de deux anneaux de bois qui s’écartentpour laisser passer la selle et se rejoignent pour s’encastrer dans la fourche. À la jonction cadre-fourche, il n’y a donc pas de vis qui créeraient un point derupture et conduiraient, à terme, à la casse. De plus, la jonction cadre-fourchedevient une butée naturelle de rotation du guidon sur la feutrine, garantis-sant une sécurité optimale pour l’enfant. Aucun dérapage n’est possible. Onpeut néanmoins regretter la difficulté d’installation des poignées en caout-chouc sur le guidon, lors du montage. Notre astuce : un peu d’huile végétale.! En bois de bouleau ou de hêtre, pneus à chambre à air. Poignées deprotection sans PVC. Aucun additif cancérigène (en particulier,hydrocarbures aromatiques polycycliques et assouplissants) dans les pneusou les poignées. Selle 100 % coton, lavable.! Fabriquée en Allemagne : le bois provient d’Europe centrale, les piècessont découpées dans une menuiserie artisanale en Allemagne. Lesdraisiennes en bois sont assemblées artisanalement en Allemagne à Aix-la-Chapelle. La feutrine est posée à la main. Les selles sont cousues mainspar une couturière, tout comme tous les articles et accessoires en tissu.! 7 coloris de selle en coton. 4 coloris en cuir. 4 coloris de poignées.! Hauteur de selle : de 32 à 41 cm (mesurée depuis le sol). ! Poids : 3,4 kg.! Garantie 2 ans.! Pour les enfants, à partir de 80 cm. ! http://www.commeunvelo.com (09 70 44 62 51).

Draisienne en bois Like a bike

75, 105 et 129 !selon la taille

Ceentistésmoquà «raidolesraydéles! Fétéenduamet régà Tlesde! E! D! H(m! P! G! P! h(09

Avec un design qui évoque la trottinette, cette draisienneexiste en trois tailles : 2 ans (à partir de 85 cm), 2 ans etdemi (à partir de 90 cm) et 3 ans (à partir de 95 cm).L’accès bas et le marchepied permettent à l’enfant, mêmepetit, de monter et descendre facilement, ainsi que d’avoirun endroit où poser ses pieds après avoir pris de la vitesse.La selle, incurvée, est réglable en hauteur, de même que leguidon. Les pneus sont pleins sur le plus petit modèle,gonflables sur les autres. Quant aux poignées de sécurité,elles sont munies de freins sur les modèles 2 ans et demiet 3 ans (un frein arrière sur le premier, un frein avant etun frein arrière sur le second). Une béquille (sur lesmodèles 2 ans et demi et 3 ans) donne la possibilité demaintenir la draisienne en position verticale et évite ainside la laisser traîner par terre, et permet donc d’en prendrele plus grand soin. Une courroie de portage est proposéeen option afin de faciliter le transport.Les draisiennes sont assemblées en Allemagne, avec despièces provenant de l’Union Européenne, par une entrepri-se qui emploie des travailleurs handicapés et des procédésde production respectueux de l’environnement, notam-ment en utilisant des matériaux écologiques et recyclables.! Toutes les pièces détachées sont également disponiblesafin d’offrir une durée de vie la plus longue possible auxdraisiennes. Le cadre est en acier recouvert de peintureepoxy anti-chocs. ! Existe en bleu ou en rouge.! Diamètre de la roue : 20 ou 22 cm selon le modèle.! Poids : de 3,3 à 6,2 kg selon le modèle.! En vente notamment chez Cyclable :http://www.cyclable.com (09 64 36 09 11).

Draisienne Puky

Draisiennes : des vélos sans p! ! ! GRANDIR PRATIQUE

Les draisiennessont des vélossans pédales.C’est un véhiculeparticulièrementremarquablepour apprendre à maîtriserl’équilibre et à se déplacerrapidement dèsle plus jeune âge. Et, contrairementà ce que l’onpourrait croire, il est faux depenser qu’unenfantn’apprendra pasà pédaler avecun vélo sanspédales ! Bienau contraire, les enfants ayanteu l’occasion de conduire une draisienneapprennent trèsvite et très tôt à pédaler avecun vélo sansroulettes1.

CARINE PHUNG

1 – Certains vélos avec roulettes constituent mêmeun frein à l'apprentissagede l'équilibre de l'enfant caril peut apprendre à roulerde manière penchée ou, en tout cas, sans aplomb.

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11Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

à partir de 195 !

Cette draisienne, robuste et réglableen hauteur, est livrée avec deux amor-tisseurs en élastomères de deux dure-tés différentes. Le plus dur doit êtremonté dès que l’enfant pèse plus dequinze kilos. L’enfant pourra s’amuserà « sauter » avec sa draisienne, sur ter-rain plat ou non. La draisienne estdotée d’un bloqueur de guidon (pourles plus petits). Cadre, fourche etrayons en aluminium. Selle en cuir bro-dée. Aucun additif cancérigène dansles pneus ou les poignées.! Fabriquée à Taïwan : la draisienne aété dessinée par le « papa » de KOKUA,en collaboration avec le leader mondialdu vélo pliant, une entrepriseaméricaine. Les pièces sont produites et empaquetées dans les usinesréglementées de ce fabricant américain,à Taïwan, car cette entreprise possèdeles machines adéquates. Les employésdes usines sont tous majeurs et salariés.! Existe en 8 coloris différents.! Diamètre de la roue : 29 cm.! Hauteur de selle : de 34 à 47 cm(mesurée depuis le sol).! Poids : 3,5 kg.! Garantie 2 ans.! Pour les enfants, à partir de 85 cm.! http://www.commeunvelo.com (09 70 44 62 51).

Draisienne en acier Like a bike jumper

179 !

Déjà presque montée lors de l’achat,c’est un tricycle sans pédales (ou por-teur) qui évolue en draisienne. S’utiliseen draisiennes de deux tailles diffé-rentes. La selle se règle en hauteur.Inconvénients : son poids, une tendan-ce à se dévisser et du bois qui est encontreplaqué.Tous les vélos Wishbone sont équipésde roues composées à 60 % de plas-tiques recyclés. Roues caoutchouc avecchambre à air. Le bois est uniquementissu de plantations forestières. La colleet les autres produits de fabrication uti-lisés respectent entièrement l’environ-nement.! Conçu en Nouvelle-Zélande maisfabriqué en Chine.! Hauteur de selle variable de 28 à 45 cm.! Dimensions : L 100 x l 40 x H 45 cm.! De 1 à 5 ans.! En vente notamment chez Nature etdécouverteshttp://www.natureetdecouvertes.com(01 39 56 01 47).

Vélo 3-en-1 WishboneBike

210 !

Robuste, jolie, évolutive. Lorsque l’en-fant maîtrisera bien l’équilibre, il n’yaura pas besoin d’investir dans l’achatd’un vélo à pédales puisqu’il suffira derajouter le pédalier. Ce vélo s’utilisedonc avec ou sans pédales.Mise en place des pédales manquantde simplicité. Possède une sonnette etdes réflecteurs. Son gros inconvénient :son poids.! Dim. monté : L 95 x l 52 x H 57 cm. ! Structure en aluminium. ! Lieu de fabrication : selonImaginarium, entreprise conceptrice duvélo, cette information est classéeconfidentielle !! Hauteur de selle de 40 à 55 cm.! Muni d’un frein avant dont lapression est réglable et d’un systèmede freins arrières qui s’active parrétropédalage. ! Poids : 8 kilos.! De 3 à 6 ans! En vente chez la Fnac éveil et jeux :http://www.eveiletjeux.com/Produit-122994/velo-evolutif.htm# (08 92 35 07 77).

62,90 ! ou 73,90 !(selon la taille)

Cette draisienne est très facile à mon-ter. Le siège se règle en hauteur et auniveau de l’inclinaison. Solide, elle estfacile d’entretien, notamment pour lesroues qui n’ont pas besoin d’êtreregonflées. L’assise est confortable. Lespoignées, anti-dérapantes et terminéespar un bourrelet, sont bien conçues. Châssis en tube d’acier de qualitésupérieure avec revêtement en polyes-ter écologique. Pneus à air en plas-tique.! Existe en deux tailles :- 10 pouces pour des enfants à partirde 2 ans, faisant des enjambées de 32à 41 cm (vélo rouge et jaune).- 12,5 pouces pour des enfants à partirde 2 ans, faisant des enjambées de 35à 45 cm (vélo bleu et jaune).! Existe aussi en version 12,5 poucesavec garde-boue, frein avant etbéquille (vélo rouge, jaune et bleu, auprix de 84,90 !).! Fabriqué en Allemagne.! En vente chez Le monde de Léa :http://www.lemondedelea.fr (09 52 68 27 32).

Vélo évolutif Bike In Progress

Draisienne Kettler

et

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siree

ri-és

es.s

s pédales et sans roulettes

AVERTISSEMENT : ATTENTION AUX PENTES,

LES DRAISIENNES N'ONT, LA PLUPARTDU TEMPS, PAS DE FREINS, LES TOUT-PETITS N'ÉTANT

GÉNÉRALEMENT PAS CAPABLESDE MAÎTRISER CORRECTEMENT

LEUR USAGE. ET IL EST ÉGALEMENTPOSSIBLE QUE LES CHAUSSURES

DE VOS ENFANTS S'USENTPLUS VITE !

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Activités de motricité fine

Grandir au quotidien

Ouvrir un flacon, déposer une goutte, attraper avec une pince… ces activités ont en commun le travail de la dextérité, tout en étant souvent vues par les enfants comme un jeu amusant.

LES BOCAUX À OUVRIR ET FERMERDifférents récipients sont présentés : bou-teilles, bocaux, flacons, etc. Ils sont de formatsdifférents et n’ont pas tous le même type defermeture. L’enfant les ouvre un par un, puisles referme (on peut mélanger les couvercleset bouchons avant cette étape). L’activité estauto-corrective car chaque bouchon nes’adapte qu’à un seul contenant.

LES ÉCROUSL’enfant visse et dévisse les boulons sur lesécrous, avec et sans clé. Variante : l’enfantpeut aussi visser et dévisser, à l’aide d’un tour-nevis. Il suffit de prévoir une petite plaque debois, éventuellement pré-trouée.

L es activités et le matériel de motricitéfine présentés ici font partie de lapédagogie des écoles Montessori. Endehors de ces structures, on peut faci-

lement reproduire les mêmes concepts. Unenfant frustré de ne pas être plus agile y trou-vera une opportunité de progresser. De plus,au-delà de toute notion de stimulation del’enfant, beaucoup d’entre eux prennent unplaisir certain à exercer ainsi leurs muscles età s’entraîner à un mouvement précis pouratteindre leur objectif.

LA PINCE À SPAGHETTIS / LA PINCE À CORNICHONSDeux ramequins, des objets de moyennetaille (ici, des noix) ou de petite taille (commedes perles en bois) et une pince, de type pinceà spaghettis ou à cornichons, suivant le for-mat des objets à saisir. L’objectif est de trans-vaser les noix d’un ramequin à l’autre en uti-lisant la pince. On peut commencer par desobjets plus souples, comme du coton ou despompons.

12 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

LA PINCE ET LES LENTILLESIci, ce sont des lentilles qui sont transvaséesavec une pince à épiler, c’est-à-dire le mêmeexercice mais avec une difficulté supplémen-taire, les objets comme la pince étant pluspetits. On peut demander à l’enfant de dispo-ser les lentilles, une à une, sur des ventouses,par exemple celles du dessous d’un porte-savon ou d’une protection contre les glissadesque l’on colle au fond de la baignoire.

LES BAGUETTES CHINOISESUtiliser des baguettes chinoises pour déplacerd’un bol à l’autre des objets (on peut décou-per une éponge fine en morceaux, parexemple, ou utiliser des pompons ou desformes en mousse). Optionnel : faire flotter cesformes sur de l’eau.

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13Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

LES PERLESL’enfant enfile de grosses perles en bois sur unlacet, dans l’ordre qu’il souhaite ou suivant uncertain enchaînement. Variantes : enfiler despâtes, des morceaux de paille coupés…

Le livre à compter de Balthazar, À la poursuite du lapin brun, Marie-Hélène Place et CarolineFontaine-Riquier, Éditions HatierJeunesse (2008).Dernier de cette collection qui reflètel’esprit de la pédagogie Montessori,cet ouvrage de très grand formatnous entraîne à la suite de Balthazaret Pépin, qui tentent de rattraper UN lapin brun et font de nombreuses

rencontres : TROIS lapins blancs, SIX chauve-souris, etc. L’enfants’amuse à lire le chiffre, écrit en groscaractères, et est encouragé à ensuivre le contour du doigt.

Un nouvel ouvrage dans la collection de Balthazar

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LES CADENASL’enfant cherche la bonne clé pour ouvrir, puisrefermer, chaque cadenas.

LE COMPTE-GOUTTEL’enfant remplit le compte-goutte d’eau dansun verre et dépose celle-ci dans un secondverre. Variante : déposer quelques gouttes decolorant alimentaire ou de tout autre liquidenon transparent dans de l’eau, pour obtenirun bel effet coloré.

LA TIRELIREInsérer des pièces, des jetons ou d’autrespetits objets dans une tirelire ou n’importequel récipient dans lequel on a découpé unefente. !

STÉPHANIE BOUDAILLE-LORIN

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Un sac furoshiki

Grandir au quotidien

Un furoshiki (à l’origine, c’est un foulard japonais traditionnel qui sert à tout emballer et àporter) est un carré de tissu d’au moins un mètre sur un mètre, que l’on peut plier et nouer defaçon à former des sacs plus ou moins grands. Cela permet d’avoir un sac à peu de frais, trèsfacile à réaliser. Même si cela n’est pas obligatoire, mieux vaut coudre un ourlet aux bords, pouréviter au tissu de filer. D’autre part, utiliser deux épaisseurs de tissus de couleurs différentespermet de le rendre réversible, bicolore et plus solide.

14 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

Pour réaliser celui-ci, nous avons choisi deux tissuscoordonnés. Il est important de préférer des tissus plutôtfins (toile fine, drap ou popeline par exemple) : ainsi, lefuroshiki sera plus facile à nouer. Pour ce modèle, nousavons opté pour une dimension de 115 x 115 cm.

Dépliez les carrés et posez-les l’uncontre l’autre, endroit contre

endroit. Épinglez-les ensemble etpiquez-les à 1 cm du bord, en

ayant soin de laisser uneouverture de 15 cm pour

permettre de les retourner.

Une fois qu’ils sont cousus ensemble,passez votre main par l’ouverture laissée etretournez les carrés sur l’endroit. Rentrezles bords de l’ouverture et maintenez-lesfermés avec des épingles.

Faites ensuite, à 3 ou 4 mm du bord, une secondepiqûre de finition, qui servira aussi à fermer l’ouverture. On peut auparavant écraser les coutures au fer àrepasser pour un fini plus soigné. En option : des poches intérieuresPour rendre le furoshiki encore plus pratique, nous lui avonsajouté des poches. Elles sont taillées dans ce qui reste du tissude l’intérieur. Il faut penser à prévoir 2 cm de plus en hauteurpour l’ourlet, et 1 cm de chaque côté pour les coutures. Surfilezles bords et repliez le haut de 2 cm pour faire l’ourlet, puispiquez-le à 5 mm du bord. Repliez les autres bords et cousez-les grossièrement à la main en faisant un bâti.

Pour commencer, coupez dans chaque tissu un carréde 117 cm de côté. Pour cela, vérifiez que le tissu aété taillé bien droit, puis repliez-le sur lui-même avantde l’épingler bien à plat.

Pour obtenir un carréparfait, repliez l’extrémitédu tissu vers l’intérieur defaçon à former un triangleet coupez au ras du bord.

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15Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

Épinglez les poches bien à plat, face à face, à 15 ou 20cm du centre du furoshiki, selon la taille que vous avezchoisie. Piquez ensuite les poches à 5 mm du bord, enveillant à faire des points de renfort aux extrémités del’ouverture. Cette méthode permet de s’assurer que lescoutures des poches seront solides, et que les deuxépaisseurs du furoshiki resteront solidaires. Si vous nesouhaitez pas faire de poches, pensez à piquer ensembleles deux épaisseurs de tissu, par exemple en faisant unepiqûre en croix au centre.

Et voici un joli furoshiki bicolore

et à poches.

! SIMPLE !

PLIAGES

! EN SAC À DOS !

ISABELLE CAZALET

Pour voir les différents nouages : http://raffa.grandmenage.info/post/2007/02/09/Sacs_furoshiki

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OBJETS EN PAPIER À CRÉER SOI-MÊME,50 PROJETS POUR DÉCORER ET OFFRIRFiona JonesÉditions De Vecchi (2007)19,90 !Le papier, matériauextrêmement versatile,est ici décliné en denombreuses tech -niques, afin de créercinquante cadeauxque vous pourrezoffrir avec fierté. Cetouvrage grand for-mat est présentésous forme de pas à pas en photos,auxquels s’ajoutent des astuces et les gaba-rits. Les réalisations vont de l’abat-jour aumiroir enluminé, en passant par les cartes ori-gami et les bijoux de papier.

LA TEINTURE AU NATURELJackie CrookÉditions Le Temps Apprivoisé (2008)21 !Vous avez envie decouleurs, mais crai-gnez les produitstoxiques des teinturesindustrielles ? JackieCrook met l’art de lateinture de textilesnaturels à la portéede tous. Richement illustré, son livre donneenvie de se mettre à l’ouvrage. Les différentesméthodes sont détaillées et suivies de trenteprojets de teinture qui déclinent la gammedes couleurs en utilisant des racines, écorces,fleurs, fruits ou légumes. Le nuancier final estbien pratique.

DÉCOREZ VOTRE INTÉRIEURAVEC DES MEUBLES EN CARTONElsa PagisÉditions CréaPassions (2007)13 !Le carton est unmatériau plus soli-de qu’on ne le croi-rait et permet decréer, à moindresfrais, des meublessur mesure auxformes diverses.Cette technique, longtempstenue secrète par les quelques initiés, estdésormais accessible à tous : Elsa Pagis vousen révèle toutes les ficelles et vous accom-pagne dans la création de vos premiersmeubles : commode, tables, canapé, toutdevient possible. De la conception du meubleau gabarit, de la réalisation aux finitions, toutest expliqué.

99 FAÇONS DE CUSTOMISERSES T-SHIRTSFaith et Justina Blakeney, Anka Livakovic, Ellen SchultzÉditions Marabout (2007)8,90 !Fournitures de base :un tee-shirt, desciseaux, du fil et desaiguilles. Objectif : unpetit haut mode ouchic, un sac, unejupe… Cet ouvrageest une mine d’idées :chaque page com-porte un projet décriten étapes simples et illustré de schémas. Il vabien au-delà de la customisation qui consisteà orner un vêtement : il permet de détournerun tee-shirt classique pour en faire un hautoriginal. Les idées peuvent se combiner entreelles, ce qui devrait stimuler votre créativité etil n’est même pas nécessaire d’être une cou-turière avertie !

Ressources pour des créations é! ! ! LIRE ET GRANDIR

JOUETS À CRÉER, AVEC CISEAUX, COLLE,PEINTURE ET IMAGINATIONRaffaella Castagna et Gianluigi SpiniÉditions L’Inédite (2007)15 !Rien de mieux qued’impliquer les enfantsdans la création deleurs jouets pour qu’ilspuissent les apprécierpleinement. Ici, le bri-colage se fait enfamille, avec des fournitures simples et beau-coup de récup’ d’objets d’usage courant. Ducerf-volant au tangram, des marionnettes auxinstruments de musique, les pas à pas illustrésde photos vous guideront dans des réalisa-tions gaies et accessibles à tous.

LA POTERIE AVEC LES ENFANTSLiliane Tardio-BriseÉditions Eyrolles (2006)20 !Cet ouvrage très com-plet s’adresse à l’adultequi souhaite accompa-gner des enfants dansla découverte de laterre et de la poterie.Il y trouvera toutes lesbases concernant laterre, son travail, sacuisson et sa décora-tion, ainsi que lematériel nécessaire (mais l’on peut commen-cer avec trois fois rien) et les consignes desécurité. Cette partie théorique est suivie depas moins de cinquantes projets à réaliser,clairement identifiés selon le niveau de diffi-culté, mais aussi le nombre de séances néces-saires, la taille de l’objet et la tranche d’âge(de 3 ans aux ados).

Grandir au quotidien

16 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

Les loisirs créatifs ont le vent en poupe. Vous avez envie de créer sans renoncer pour autant à vosvaleurs ? Récupération, création avec trois fois rien et utilisation de matières naturelles vouspermettront de donner libre cours à votre fibre créatrice.

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CRÉER UN MUR VÉGÉTAL EN INTÉRIEUR& EN EXTÉRIEURJean-Michel GroultÉditions Ulmer (2008)24,90 !Selon un sondageUNEP/IPSOS de février2009, le jardin est ladeuxième « pièce »préférée des Français,après le salon. Oui,mais comment secréer cette oasis de détente en appartement ?Jean-Michel Groult vous donne ici toutes lesinformations nécessaires pour transformer unmur en jardin, sur votre balcon ou sur unefaçade, et même en intérieur. Il présente lesdifférentes techniques accessibles aux ama-teurs et toutes les étapes à suivre pour la réa-lisation et l’entretien, et vous conseille sur lesplantes idéales pour un jardin vertical.

PAYSAGES MINIATURES, CRÉEZ AVEC DES VÉGÉTAUXPatrick ZacharukÉditions Didier Carpentier (2008)12,50 !Ce livre ravira les grands enfants et leursparents : à partir d’échantillons prélevés dansla nature (mousse, brindilles, souches mortes,etc.), il vous guide dans la réalisation de toutpetits paysages, jardins miniatures qui appor-teront une touche denature chez vous sansnécessiter d’entretien.De quoi conjuguer, enbalade, l’observationde la nature et unecréation en famille.

RÉCUP’ENFANTSHuguette KirbyÉditions Le Temps Apprivoisé (2006)10,90 !Les enfants ont naturellement tendance àdétourner les objets quotidiens de leur usage,par jeu. Ils trouveront ici des idées pourconstruire animaux,bolides, personnages etautres boîtes à trésor.Et pour cela, ils n’au-ront besoin que de ceque vous auriez jetéen temps normal :emballages alimen-taires, rouleaux depapier toilette, bou-chons, boîtes d’œufs, etc.Avec un peu de colle et de la peinture, le recy-clage se fait ludique.

DÉTOURNEZ LE JEAN, OBJETS DÉCO -ACCESSOIRES DE MODEVéronique VillatteÉditions Didier Carpentier (2008)6,90 !Un jean devenu trop petit ou chiné dans unvide-grenier à moindres frais ? Transformez-le !Matière résistante et maniable, le jean seprête en effet à de nombreuses possibilités.Trente-cinq projets sontprésentés ici : bijoux,sac, portefeuille, maisaussi des sets detable, un plateau, etc.Les ados seront sansdoute inspirés pourdétourner un clas-sique de leur garde-robe.

COPAIN DU BRICOLAGEDidier SchmittÉditions Milan Jeunesse (2009)23,50 !Les enfants aimentfaire quelque chose « pour de vrai », aussisont-ils souvent atti-rés par les outils et,si les parents sontéquipés, l’établi dubricoleur devientune vraie mine d’or.En leur apprenant à utiliser lematériel de manière sécuritaire, on leur ouvredes portes vers de nombreuses créations. Cetouvrage en foisonne : il y en a pour tous lesgoûts, tous les niveaux et tous les styles, desrangements en carton et des lampions enpapier au banc en bois et au tipi en toile. Lespetits pourront participer et les grands s’endonner à cœur joie.

1001 JEUX DE CRÉATIVITÉAVEC LES OBJETSPhilippe BrasseurÉditions Casterman(2009)16,75 !Avec cet ouvrage, ilne s’agit plus de bri-coler, mais de boos-ter la créativité etl’imaginaire. Prendre conscience des objets qui nous entou-rent au quotidien, leur inventer des usages,créer une histoire à partir d’accessoires, déve-lopper ses cinq sens… Autant d’activités quiferont bouillonner les cerveaux, petits etgrands, et chasseront tout risque de s’ennuyerchez soi ! !

STÉPHANIE BOUDAILLE-LORIN

s écolos

17Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

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! ! ! GROSSESSE

É couter et rassurer leur compagnependant la grossesse, la soutenir etl’encourager le jour J, être un papaimpliqué et aimant avec leur bébé :

les futurs pères ont, aujourd’hui, obliga-tion de « résultats ». Mais eux, qui lesécoute, qui entend leurs doutes et leursangoisses sur le déroulement de l’accou-chement ou encore sur leur place depapa ? Il existe, heureusement, desespaces de parole et d’écoute dédiés auxfuturs papas : ce sont les ateliers pour lespères. Mode d’emploi.

ATELIERS POUR LES PÈRES : OÙ ET COMMENT ? Les ateliers pour les pères existent depuisde nombreuses années, sans toutefois segénéraliser. “Cela reste encore marginal”,confirme Benoît Le Goëdec, sage-femmecadre à l’hôpital de Montreuil et sage-femme libéral, animateur d’ateliers pourles futurs papas à l’Institut mutualisteMontsouris à Paris. Ces ateliers sont prin-cipalement proposés par les maternités(les Bluets et les Lilas en région parisien-ne, par exemple), mais aussi par certainesassociations axées sur la parentalité et le

maternage. Leur spécificité ? Être réservésaux papas et futurs papas, sans leur com-pagne. Ces ateliers sont également sou-vent animés par des hommes : des gyné-cologues, des pédiatres, des maïeuticiens(sages-femmes hommes), des psycho-logues ou simplement des papas. “Il aété, en effet, dit, lorsque ces ateliers ontvu le jour, qu’il était préférable de placeren face des futurs papas un interlocuteurmasculin, relate Benoît Le Goëdec. Jepense toutefois que les sages-femmes « femmes » sont tout à fait légitimes pouranimer ces ateliers car, aux yeux deshommes, elles apparaissent alors commesages-femmes et non comme femmes etmères. Pour ma part, j’interviens coiffé dema casquette de sage-femme « homme »et non de celle de père.” Ces ateliersdurent en moyenne deux à trois heures.Ils sont bien souvent sans rendez-vous :les futurs papas intéressés n’ont qu’àpousser la porte et à s’installer.

UN LIEU D’ÉCHANGE ET D’ÉCOUTEOÙ LA PAROLE DES HOMMES SE LIBÈRE“Ces ateliers offrent aux futurs papas unepossibilité d’écoute singulière de leur

vécu en tant qu’hommes et non en tantque compagnon de leur femme, préciseBenoît le Goëdec. Ils peuvent exprimerlibrement leurs émotions, leurs interroga-tions, leurs doutes et leurs peurs. Chosequi n’est pas naturellement évidentepour eux et qu’ils ne s’autorisent pas tou-jours en présence de leur compagne, parsouci de protection.” Encouragés par lesquestions de l’animateur et les réponsesdes pères les plus prolixes, la plupart desparticipants osent prendre la parole etcertains, même, se confient. “Ils peuventalors aborder des sujets intimes commela question de la sécheresse vaginalependant l’allaitement. Un sujet qu’ils

N aître parents

18 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

La grossesse est aussi synonyme de chamboulement pour leshommes. Prendre part à un atelier pour futurs papas leurpermet de partager leurs expériences, d’exprimer librementleurs émotions, de trouver des réponses à leurs questions etd’entamer une réflexion riche sur leur paternité.

Les ateliers pour les futurs paun espace privilégié de parole e

Et si vous n’avez pas d’atelier pour les pères près de chez vous ?

Si aucune maternité ou association n’organise d’atelier de ce type dans votrerégion, vous pouvez tout à fait prendre rendez-vous, pour une ou plusieursséances individuelles, avec la sage-femme qui suit votre compagne et bénéficierainsi d’un espace de parole privilégié, l’échange collectif entre pères en moins. “Il est important d’informer les futurs papas sur cette possibilité car, d’eux-mêmes, ils n’oseront pas prendre une telle initiative”, souligne Benoît Le Goëdec.

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19Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

n’évoquent pas lors des séances de pré-paration à l’accouchement en couple”,constate Sabine Maquère, sage-femmelibérale, consultante en lactation IBCLCet ancienne animatrice d’ateliers pour lesfuturs papas axés sur l’allaitement à lamaternité de l’hôpital Antoine-Béclère,en région parisienne. Selon le vécu dechaque père et sa sensibilité, les doutessoulevés et les questions posées sontdivers et touchent aussi bien à la gros-sesse qu’à l’accouchement et le retour àla maison : qu’est-ce que je peux faire lejour J pour soutenir ma compagne ? Mafemme, qui va être en fusion totale avecle bébé, ne va-t-elle pas me rejeter, etc ?

INFORMATION, RÉASSURANCEET RÉFLEXION SUR LA PATERNITÉ“L’un des objectifs de ces ateliers est d’in-former objectivement les pères, afin deles aider à faire le tri entre les informa-tions, bonnes ou mauvaises, qu’ils ontdéjà en tête, de part leur culture et leurvécu, ou qui sont véhiculées par la familleet/ou les copains déjà pères”, ajouteSabine Maquère. Une information qui lesrassure et les amène à entamer uneintrospection sur la paternité. “C’est aussile but de ces échanges : mener une véri-table réflexion sur leur place pendant lagrossesse aux côtés de leur compagne,puis le jour J et après la naissance”, pour-

suit Benoît Le Goëdec. Leur montrer quele fait de communiquer dès la grossesseavec leur bébé, par la voix et le toucher,peut les aider à s’ancrer déjà dans l’après-naissance, leur expliquer, dans lesgrandes lignes, comment se déroule unaccouchement et les sensibiliser au faitque le temps de la naissance est untemps psychologique et qu’il est impor-tant, pour vivre pleinement ce moment,de se placer dans cet espace temps, enlaissant de côté le reste. “Nous parlonsbeaucoup aussi de l’après-naissance etnotamment des pleurs du bébé, commelangage et non comme un signe forcé-ment de mal-être, poursuit-il. Je les rassu-re en leur disant qu’il est normal de nepas forcément comprendre son bébé audébut mais que, plus on va l’observer,plus on va être à son écoute et répondreà ses besoins, et plus la communicationsera facile.”

DES FUTURS PAPAS SATISFAITSET PLUS SEREINSSi, au départ, nombre de pères poussentla porte d’un atelier, non pas de leur pleingré mais après y avoir été vivementencouragés par leur compagne, la plu-part d’entre eux en ressortent contents.“Ils m’envoient bien souvent un SMSaprès la naissance : ‘Le bébé est né. Merciencore pour ce moment de partage’. Lesmamans m’appellent aussi parfois : ‘Moncompagnon a participé à votre atelier : çal’a bien rassuré et aidé à trouver sa placele jour J’, indique Benoît Le Goëdec.Certains papas reviennent même assisterun seconde fois à l’atelier ou sollicitentun entretien avec moi, seuls ou encouple.” !

EMMANUELLE SAMPERS-GENDRE

papas : e et d’écoute

Se rencontrer entre pères et/ou futurspères permet d'aborder des questionsque l'on n'ose parfois pas poser, par exemple.

Sand

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Fraik

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N aître parents

20 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

E ntre les allées et venues des sages-femmes,le bruit du monitoring, l’éclairage blafard etla froideur métallique du matériel médical,une salle de naissance à la maternité n’a

généralement rien d’un cocon douillet. Avec unpeu d’imagination et des petits objets personnels,il est toutefois possible de rendre ce lieu, a prioriimpersonnel, un peu plus cosy et de favoriser ainsiune intimité propice au bon déroulement du tra-vail. Vous pouvez faire de même dans votrechambre si vous restez ensuite quelques jours à lamaternité avec votre bébé.

OSER AMÉNAGER LA SALLE DE NAISSANCESELON SES BESOINS“Lorsqu’ils arrivent à la maternité le jour J, lescouples se sentent en territoire inconnu et « genti-ment » accueillis par le corps médical. De ce fait, ilsn’osent pas toujours exprimer leurs souhaits etencore moins prendre des initiatives, soulignePascale Gendreau, doula en Gironde. Or, ils doi-vent avoir en tête que, durant tout l’accouche-ment, la salle de naissance est leur endroit et qu’ilspeuvent l’aménager à leur guise sans pour autantgêner l’équipe médicale.” Une femme en travailrecherche souvent la pénombre : si tel est votrebesoin, n’hésitez pas à tirer les stores en journée ouà baisser, voire à éteindre, la lumière la nuit. Unelampe à sel d'Himalaya apportée par vos soins

pourra faire office d’éclairage tamisé. Rassurez-vous, cette pénombre improvisée ne gênera pas letravail des sages-femmes qui disposent de lampespour vous ausculter. “On entend parfois desréflexions de la part de certains membres de l’équi-pe mais il n’est jamais formellement interdit auxparents de procéder à ces petits aménagements”,rassure la doula. Si la température de la pièce nevous convient pas, vous pouvez parfaitement bais-ser ou hausser le thermostat dont sont équipéesles salles de naissance. Il est possible aussi de bais-ser le volume du monitoring si son bruit vousdéconcentre. Sachez, enfin, que le lit sur lequelvous serez installée une bonne partie du travail estmodulable. “Il est possible d’en modifier la hauteuret d’en relever le dossier. La partie basse peut aussis’abaisser ou s’enlever carrément. Cela permet à lafuture maman de varier les positions”, indiquePascale Gendreau.

APPORTER DES OBJETS PERSONNELSET SÉCURISANTSUne femme qui accouche a besoin de se sentir ras-surée et sécurisée. N’hésitez pas à apporter le jour J,en salle de naissance, des objets personnels. “Celapeut être une lampe à sel pour l’éclairage. Elle esten effet préférable aux bougies, pour des raisonsde sécurité. Le collier ou le bracelet que vous avezreçu lors de votre blessingway11 (rituel de célébra-

tion de la femme enceinte, organiségénéralement au septième mois degrossesse), un oreiller, un coussin ouune couverture « doudou » impré-gnés de votre odeur”, énumèrePascale Gendreau. Certaines odeurs– océanes ou boisées – sont en effettrès sécurisantes pour les futuresmamans. Si tel est votre cas, versezquelques gouttes d’huiles essen-tielles de cette fragance sur un

! ! ! ACCOUCHEMENT

Créer une ambiance « cosy »à la maternitéAménager la salle de naissance où l’on accouche et la chambre où l’on séjourne ensuite, pour en faire des endroits plus chaleureux et intimes, c’est possible en amenant des objets personnels et en faisant preuved’imagination et d’initiative.

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mouchoir que vous glisserez dans un sac de congé-lation : il vous suffira, durant le travail, d’ouvrir lesac pour respirer ce parfum. “Ce procédé estconseillé dans la mesure où toutes les maternitésn’acceptent pas la diffusion d’huiles essentielles ensalle de naissance”, précise la doula. Sans oublierune huile de massage, des petites bouillottes,sources de chaleur bienfaitrices ; un brumisateur etdes pastilles à la menthe pour vous rafraîchir ; desCD de musique et, le cas échéant, un lecteur CD (sila maternité n’est pas équipée) ou un lecteur MP3avec des oreillettes ; des cartes postales représen-tant des lieux ressources pour vous – en particuliersi vous avez pratiqué la sophrologie ou l’hypnoseprénatales – et sur lesquelles vous pourrez fixervotre attention pendant les contractions.

PRÉSERVER SON INTIMITÉSe déconnecter de l’environnement extérieur etpouvoir ainsi plonger dans le travail est importantpour la future maman. Seulement voilà, commententrer et, surtout, rester dans sa bulle à la mater-nité face au ballet incessant du personnel médicalet aux questions qui fusent de toutes parts : “Quelest votre numéro de sécurité sociale ?”, “Le prénomdu bébé est-il choisi ?”, etc. La réponse : s’enremettre au futur papa ou toute personne présen-te lors de l'accouchement. Briefé par sa compagnependant la grossesse sur toutes les questionsd’ordre administratif, c’est lui ou elle qui répondraau personnel et fournira, si besoin, les papiersnécessaires. C’est lui, encore, qui saura où se trou-vent les affaires du bébé pour la naissance. “Lepapa peut ainsi demander au personnel médicalqu’il s’adresse à lui en priorité et qu’il ne parle pastrop fort, si possible. Si lui-même chuchote, l’équi-pe baissera forcément le ton”, suggère PascaleGendreau. Enfin, pour préserver votre intimité « corporelle », sachez que vous pouvez essayer derefuser – sans pour autant vous y soustraire tota-

lement – certains touchers vaginaux prévus toutesles heures ou toutes les deux deux heures, selon lesprotocoles. Prétextez, par exemple, l’arrivée d’unegrosse contraction au moment de l’examen. Afinde vous sentir libre d’adopter toutes les positionssouhaitées, troquez aussi votre tee-shirt longcontre un paréo que vous nouerez sur vos hanches.“La vulve de la femme est ainsi protégée et lafemme se sent autorisée à se mouvoir librement”,poursuit la doula.

UNE AMBIANCE COSY AUSSI DANS SA CHAMBRESi vous bénéficiez d’une chambre seule – et mêmesi vous êtes à plusieurs et que vous vous entendezbien avec vos collègues de chambrée –, vous pou-vez personnaliser votre espace, le temps de votreséjour à la maternité. Après la naissance de sa troi-sième fille, Sandrine F. a ainsi entièrement aména-gé sa chambre pour en faire un lieu douillet etfamilial. “J’avais apporté mes lampes en cristal desel pour l’éclairage, ma bouilloire et ma tisane,relate-t-elle. Comme nous disposions d’un secondlit, nous avons pu dormir tous ensemble, moncompagnon et mes trois filles, dans nos cou-vertures et sur nos coussins. On était un peucomme chez nous, à tel point qu’avant d’en-trer dans la chambre, les membres du per-sonnel médical toquaient à la porte !” !

EMMANUELLE SAMPERS-GENDRE

1 - Voir notre article sur le sujet paru dansnotre numéro 15 janvier/février 2009.

Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

Bougies et lampes à sel pour créer une

ambiance intime :n'hésitez pas à préparer

tout ce qui peut vous aiderà vous sentir à l'aise.

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! ! ! LA CHRONIQUE DE LUDO

Le biberon est tellement devenu un symbole de la petite enfanceque même un bambin allaité peut s’imaginer être nécessairementpassé par ce substitut. À quand une culture de l’allaitement ?

N aître parents

L orsque ma femme a commencé ànourrir notre petit, nous n’avionsjamais entendu parler d’allaitementlong mais nous étions assez motivés

pour ne pas nous être intéressés du tout àla question des biberons et des laits enpoudre. On nous en a bien offert un, mal-gré tout, mais nous ne l’avons même pasconservé. A priori, il n’avait pas sa placechez nous. Et pourtant…

UNE ANECDOTE QUI M’A LAISSÉ SONGEURMon fils, alors âgé de 3 ans, joue avec unebouteille d’eau. Il me dit : “Je suis un bébé.Je bois au biberon.” Bon, il est vrai qu’il estdifficile de ne pas associer bébé et biberon,mais ça me fait quand même bizarre.Après tout, il n’en a jamais pris, mêmepour du lait maternel : il a toujours putéter à la source. Mais il poursuit : “Lesbébés boivent des biberons. Quand j’étaisbébé, j’avais des biberons”. Quoi ? Maisnon, pas du tout ! Ce syllogisme me sidè-re. Précisons qu’il n’est pas encore sevré etn’a donc pas oublié les tétées avec samère. Et que nombre de ses petits copainsont la même chance que lui. Il n’est pasentouré d’enfants non allaités, et pourtantla culture du biberon l’a quand même tou-ché ? Il me faut en parler avec lui…

TOUJOURS LES MÊMES VISUELSIl est vrai que s’il a peu vu de biberons « en vrai », leur représentation dans lesalbums pour enfants est quasiment systé-matique. Je me souviens de la phase où ilme fallait expliquer de quoi il s’agissait,puis j’ai dû répondre à la question “maispourquoi le bébé ne tête pas ?” Oui, c’estvrai, pourquoi ? Est-ce que les illustrateurstrouveraient indécent de dessiner unbébé au sein ? Savent-ils que l’allaitementpeut être discret ? Ou bien sont-ils eux-mêmes tellement imprégnés de la culture

du biberon qu’ils ne dessinent que desbébés pourvus de ce fameux accessoire,souvent secondé par la tétine, comme sic’était un passage obligé ? Même les ani-maux, dans les livres, prennent le biberon !

UN SYMBOLE À MODIFIERBien sûr, les biberons existent. Bien sûr,tous les enfants ne sont pas allaités etcertains reçoivent le lait de leur mèredans un biberon. Je ne dis pas qu’il fauten faire un tabou. C’est cette représenta-tion systématique qui me gêne : bébé =biberon. Dans un pays qui n’a pas tou-jours brillé par ses taux d’allaitement,l’omniprésence du biberon ne peut pasaider. Beaucoup de femmes n’ont jamaisassisté à une scène d’allaitement avantd’essayer elles-mêmes. Mais, finalement,c’est dès le premier âge qu’on nous pré-pare : bébé = biberon. Comment ne pass’étonner alors que, pour beaucoup dejeunes mères, il n’y a pas de différence dequalité entre lait maternel et lait artificiel,ou presque, et qu’il s’agit d’un simplechoix d’organisation ?Dans les lieux publics, il n’est pas rare quel’on signale un endroit prévu pour lesbébés par un biberon. Là encore, l’analo-gie est trop systématique et ne se justifiepas. Cela aiderait sans doute à favoriserles taux d’allaitement si l’on arrivait àchanger cette image, mais cela sera longet pas simple, tant les mentalités font lelien entre bébé et biberon. J’adorerais voirplus souvent des ouvrages dans lesquelsles enfants tètent. Voir le symbole inter-national de l’allaitement plus souvent uti-lisé. En attendant, ce sont les mamansallaitantes qui jouent un rôle important :chaque fois qu’elles nourissent leurenfant en public, elles rappellent qu’àl’origine, bébé = tétée. !

LUDOVIC LORIN

Vers une culturede l’allaitement ?

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Signer avecles enfants

Signer avecles enfants

2^ Parler avec les mains, écouter avec les yeux

2* Signer avec les bébés : vive la communication gestuelle !

3! Nathanaëlle Bouhier-Charles : “Les enfants prennent goût à l’art de communiquer”

3@ Des ateliers pour signer en famille

3$ Un pont entre les langues

3^ Yaëlle : “Je veux donner une chance à chacunde s’affirmer dans sa spécificité”

3* Signer avec des enfants plus grands

4) Signer avec un enfant différent

4# Pour aller plus loinDOSSIER RÉALISÉ PAR STÉPHANIE BOUDAILLE-LORIN, SOPHIE NELSON,CATHERINE DUMONTEIL-KREMER ET CARINE PHUNG.

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L a langue des signes a probablement existédès que deux sourds se sont retrouvés encontact, tant l’homme est un animal social.Certains paléontologues pensent même

que la communication humaine a d’abordété gestuelle. Mais, bien sûr, parler avec lesmains ne laisse pas de traces.

UNE LANGUE INTERDITEL’Abbé de l’Épée, figure mythique dansla communauté des Sourds, a sans douteété le premier entendant, en France, quise soit intéressé à la langue des signes.Elle devient alors la langue utilisée au seinde l’Institut de Jeunes Sourds de Saint-Jacques, à Paris. Hélas, elle sera condamnéelors du Congrès de Milan, en 1880, où uneassemblée d’éducateurs français et italiens déci-dent, à grand renfort de démonstrations fausséeset d’arguments peu scientifiques, que la languedes signes doit disparaître de l’enseignement, pourpermettre aux Sourds de bénéficier d’une éduca-tion oraliste22. Sous prétexte d’éradiquer leur diffé-rence, on leur interdit l’usage de cette langue,notamment dans les écoles et internats ! Commence alors un siècle pendant lequel lesSourds devront se cacher pour communiquer entreeux, au point d’en oublier la valeur de leur langue.

UNE RENAISSANCE RÉCENTE… ET FRAGILEEn 1971, le 6e congrès de la Fédération Mondialedes Sourds se tient à Paris. C’est l’occasion d’unréveil pour la communauté Sourde qui redécouvrela richesse des signes. Sous l’impulsion d’un Sourdaméricain et de son interprète, un groupe deSourds va créer la troupe International VisualTheater (I.V.T.). Et c’est dans ce cadre que serontcréés les tout premiers cours de LSF.En 1991, la loi Fabius redonne enfin droit de citéà la langue des signes dans l’éducation desjeunes sourds : les parents peuvent choisir uneéducation bilingue (français et LSF) ou un ensei-gnement oraliste. Hélas, l’offre en établissementsbilingues demeure très limitée et la tendance

politique reste de pousser à l’intégration, ce quisignifie généralement qu’un enfant sourd, seul

parmi une classe d’entendants, doit sedébrouiller pour suivre toute la journée un

cours inadapté dans une langue qu’il neperçoit que très imparfaitement. Pireencore, les médecins, interlocuteurs pri-vilégiés des familles – les enfantssourds étant en grande majorité deparents entendants – tendent à médi-caliser la situation et ne proposentqu’opérations et rééducation dès leplus jeune âge. L’implant cochléaire,

censé permettre aux sourds d’entendre,semble pourtant généralement une

déception et la cause de souffrances pourles intéressés. Finalement, ce n’est qu’en 2005

que la langue des signes a été reconnue commeune langue officielle en France !

UNE LANGUE À PART ENTIÈRELa langue des signes est parfois confondue avecl’alphabet dactylologique, manière de former leslettres avec les doigts. Pourtant, cet alphabet a uneutilisation limitée ; il serait bien trop lent et fasti-dieux d’épeler les mots un par un. Cela peut néan-moins servir pour indiquer une première fois unnom propre, comme celui que nous portons, parexemple, mais on le fera ensuite suivre d’un « nom-signe », l’équivalent gestuel de son nom et prénom,une fois que l’on a été rebaptisé par la commu-nauté Sourde.La langue des signes est donc bien plus qu’unalphabet, c’est une langue à part entière, qui nereproduit pas non plus la langue parlée du pays.Ainsi, on parle de « français signé » pour désignerune communication calquée sur le français oral ouécrit et de « langue des signes française » ou LSFpour décrire le mode de communication desSourds. Pourquoi cette différence ? La langue dessignes dispose de sa grammaire propre. L’une desconséquences est que l’ordre des signes ne suit pasl’ordre des mots de nos phrases. C’est ce qui faitqu’il est quasiment impossible de bien parler et debien signer en même temps, sauf pour de brefs

Parler avec les mains, écouter avec les yeuxLa langue des signes, langue naturelle des Sourds1, est plutôt méconnue du grand public entendant.À présent que des ateliers proposent aux parents de communiquer par ce mode avec leur bébé, en dehors de toute surdité, c’est une opportunité pour en savoir plus sur cette langue étonnante.

Ce jeune Sourdsigne « gâteau ».

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messages. Un autre exemple ? La grammaire esttransposée dans l’espace : le présent se situe à peuprès au niveau des épaules de celui qui s’exprime,le futur devant lui et le passé derrière. Il ne suffit

donc pas, pour maîtriser lalangue des signes, d’apprendre

simplement le vocabulaire. Enrevanche, dans le cas d’une utilisa-

tion temporaire avec un bébé enten-dant, cela peut satisfaire au besoin de

communication.

À CHAQUE PAYS SA LANGUE DES SIGNESContrairement à une autre idée reçue, la languedes signes n’est pas universelle. Il existe bien ceque l’on appelle la Langue des SignesInternationale (LSI), mais il s’agit d’un code (donc,figé, à l’opposé d’une langue vivante), qui est utili-sé dans le cadre de conférences ou de rencontresentre sourds de différents horizons. En effet,comme pour leurs équivalents à l’oral, les languesdes signes ne cessent d’évoluer. Il serait doncimpossible d’envisager une langue mondiale quiconnaîtrait partout les mêmes développementssimultanés. En revanche, seul le vocabulaire varied’une contrée à l’autre, la grammaire étant unebase commune. Concrètement, cela signifie qu’unSourd japonais sera ralenti dans sa communica-tion avec un Sourd allemand, mais tous deux par-viendront à échanger. Quel avantage par rapportaux langues parlées ou écrites !Un enfant qui découvre la langue des signes trèsjeune ne continuera pas forcément à la pratiquerune fois qu’il sera passé à l’oral. Toutefois, c’est unepremière ouverture sur une autre langue et uneautre culture. Et, plus tard, peut-être sera-t-il tentéd’approfondir cette approche et de partir à ladécouverte du monde des Sourds… dans sonpropre pays. !

STÉPHANIE BOUDAILLE-LORIN1 – On écrit sourd avec une minuscule pour désignerquelqu’un qui n’entend pas et Sourd avec une majus-cule pour signifier membre de la communauté Sourde.2 – C’est-à-dire que les sourds doivent apprendre àparler (à « oraliser ») et à lire sur les lèvres.

Qu’est-ce qu’unsigne ?" Un signe peut correspondre à un mot… ou pas. La LSF n’étant pascalquée sur le français, il n’y a aucune correspondance stricte. Il faudraparfois plusieurs signes pour traduire un seul mot ou l’inverse." Un signe est défini par cinq paramètres :" la configuration : la forme que prend la main ;" l’emplacement : l’endroit, dans l’espace ou sur soi, où se fait le signe ;" le mouvement : c’est-à-dire le déplacement des mains, mais aussi le sensde ce déplacement, l’éventuelle répétition du mouvement, sa vitesse… ;" l’orientation : vers le haut, le bas, la droite, la gauche, vers soi, versl’interlocuteur, les deux mains face à face ou dos à dos… ;" et l’expression du visage, qui fait partie intégrante du signe et vient leponctuer. C’est souvent ce dernier paramètre qui pose le plus dedifficultés aux entendants, qui ne se sentent pas toujours à l’aise. Maisdans le cadre d’une communication avec un bébé, il est plus courant defaire diverses mimiques." Certains signes sont iconiques, c’est-à-dire que l’on voit très facilementle rapport entre ce qui est signé et le signe en lui-même. Par exemple, lesigne « papa » se fait en pinçant deux fois une moustache invisible, prèsde la bouche. À l’inverse, d’autres signes sont arbitraires et l’on ne peutpas deviner leur sens rien qu’en les voyant.

Les cinq paramètres du signe « content » : 1) configuration : main à plat, doigts serrés ;2) emplacement : sur la poitrine ;3) mouvement : circulaire, dans le sens des aiguilles d’une montre ;4) orientation : paume vers la poitrine ;5) expression réjouie.

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Donner aux tout-petits les moyens de s’exprimerautrement que par la parole à laquelle ils n’ont pasencore accès, c’est possible grâce aux signes : un langageà leur portée, aux ressources insoupçonnées.

L es enfants n’accèdent au langage oral quevers 18 mois. Jusque-là, ils ne disposentque de très peu de moyens pour communi-quer sur leurs besoins et leurs envies.L’utilisation de signes issus de la Langue

des Signes Française (LSF) peut leurouvrir de nouveaux horizons en leurdonnant très tôt la possibilité de s’ex-primer et de se faire comprendre deleur entourage. C’est tout l’enjeu duconcept Signe Avec Moi11,, développéen France par deux mamans, l’unesourde, l’autre entendante : offrir unoutil de communication unique et

accessible à tous afin d’enrichir larelation parent-enfant en privilégiant

écoute et respect.

L’utilisation de la langue des signes pourcommuniquer avec des enfants enten-

dants nous vient des États-Unis. Dès la findes années soixante-dix, Joseph Garcia, inter-prète en ASL (American Sign Language),constate que les enfants sourds ou de parentssourds communiquent à l’aide des signes bienplus tôt que les enfants entendants ne le fontavec des mots. Il élabore alors un système,qu’il nomme Sign With Your Baby22, visant àfavoriser la communication parents-enfants àl’aide de signes issus de l’ASL. En 1982, deuxpsychologues de l’Université de Californie,Linda Acredolo et Susan Goodwyn, ayantconstaté que les bébés communiquaientnaturellement par gestes, créent Baby Sign33,un répertoire de signes adaptés aux bébéspour leur permettre d’échanger plus facile-ment avec leur entourage. Certains de cessignes sont issus de l’ASL, d’autres inspirés de

gestes repérés chez les bébés, d’autres encoretotalement inventés. Ces expériences ont permis

d’observer une meilleure compréhension, uneréduction de la frustration chez les enfants commechez les parents, un renforcement du lien parent-enfant, un apprentissage précoce du langage, unvocabulaire plus riche et plus précis et, de manièreplus globale, une assurance dans l’expression.

Signer avec les bébés : vive la communicat

Sonia

Drevet

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SIGNE AVEC MOI, LA LANGUE GESTUELLEÀ LA PORTÉE DE TOUS LES BÉBÉSC’est dans ce contexte que Nathanaëlle Bouhier-Charles, maman de trois enfants, découvre l’utili-sation des signes dans la communication avec lesenfants. Installée aux États-Unis avec sa famille,elle se rapproche de groupes de parents prati-quant, comme elle, l’attachment parenting. Elleconstate que ceux-ci utilisent les signes, associésaux mots, pour communiquer avec leurs enfants.D'abord sceptique, elle est très vite convaincue parle concept et s'inscrit à une série d'ateliers. Sesenfants se prennent au jeu et se mettent à com-muniquer beaucoup plus facilement et précisé-ment grâce aux signes. De retour en France, en2005, elle crée Signe Avec Moi, en tandem avecMonica Companys44, comédienne, formatrice,auteure et éditrice sourde, afin de développer leconcept de ce côté-ci de l’Atlantique.

AU COMMENCEMENT ÉTAIT… LE SIGNEL’idée de signer avec les bébés est née d’un constat :les très jeunes enfants s’expriment, naturellementet en nous imitant, par gestes, bien avant de lefaire verbalement. Les mécanismes requis par

l’exercice de la parole sont bien trop complexespour un enfant de quelques mois. À l’inverse, ilmaîtrise suffisamment bien les muscles de sesmains, de ses bras et de son visage pour les utiliserafin de pouvoir communiquer. Un nourrisson va semouvoir d’une certaine manière, exercer un mou-vement de succion, tourner la tête pour signifierqu’il cherche à téter, qu’il a sommeil ou qu’il abesoin d’éliminer. Un peu plus tard, il fera au revoiravec la main, les petites marionnettes, bravo, chutou encore pointera du doigt l’objet qu’il convoiteou la scène sur laquelle il souhaite attirer l’atten-tion. Ces signes, qui s’apparentent plutôt à dessignes culturels, sont introduits, plus ou moinsconsciemment, dans la communication avec lestout-petits, en famille mais aussi en collectivité. Onpeut donc tout à fait imaginer en proposerd’autres, consciemment cette fois, afin d’élargir levocabulaire ainsi mis à disposition des tout-petitset de leur entourage pour leur permettre de com-muniquer plus facilement. Les signes viendrontainsi précéder les mots, facilitant la compréhen-sion mutuelle adultes-enfants en attendant que semette en place le langage oral, en général entre18 et 24 mois. Par la suite, les signes peuvent faci-liter la compréhension des premiers mots pronon-cés par l’enfant et être utilisés encore transitoire-ment jusqu’à ce que la parole soit suffisammentélaborée.

DES BÉNÉFICES MULTIPLESUn enfant qui utilise les signes pour communiquerpeut initier et orienter la conversation, au lieu dedépendre du bon vouloir des adultes. Il peut parexemple de lui-même demander à regarder un livreplutôt que d’attendre que l’adulte le lui propose. Ilpeut s’exprimer clairement et sans détours, doncsans frustration et sans colère inutiles, sur sesenvies et ses besoins. C’est le gâteau au chocolatqui est dans le placard qui lui fait envie, pas celuiqui est dans l’assiette sur la table. On vient dechanger sa couche, oui, mais il a fait un gros pipiqui le gêne et il aimerait être de nouveau changé.L’adulte aussi en tire les bénéfices : la satisfactiond’avoir compris ce que cherchait à lui dire sonenfant est immense. Pour lui non plus, pas d’éner-vement, pas de frustration. En utilisant les signespour communiquer, on devient plus attentif l’un àl’autre. On se regarde, ce que l’on ne fait pas tou-jours quand on se parle.L’enfant, se sentant compris, acquiert une plusgrande confiance en lui, en ses capacités à com- P

s : a tion gestuelle !

Les tout-petitss'expriment

spontanément àl'aide de leursmains pour se

faire comprendre.

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30 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

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Grandir Autrement :Pouvez-vous définir Signe

Avec Moi en quelques mots ?Monica Companys : L’association SigneAvec Moi a pour objectifs d’encourager etde faciliter la communication entre lesbébés et leurs parents dans l’écoute et lerespect, de renforcer et nourrir les liensqui les unissent par l’utilisation dessignes de la Langue des Signes Française.Elle dispose pour cela d’un réseau d’ani-mateurs d’ateliers de communicationgestuelle avec les bébés11, d’un service deformation auprès des professionnels et elle organise des manifestations culturelles.

Comment la rencontre avecNathanaëlle Bouhier-Charles, l’initiatri-ce de Signe Avec Moi, a-t-elle eu lieu ?Tout à fait par hasard, sur internet.Nathanaëlle cherchait à convertir les signesdu Baby Sign (issus de la Langue desSignes Américaine) en LSF. De mon côté, jecherchais une maman entendante qui uti-lise les signes de la LSF sans connaître lessourds, ni avoir dans sa famille un sourd,pour pouvoir élaborer et concrétiser un livresur ce thème. Mais je ne trouvais que desmamans entendantes qui connaissaient lessignes puisque leurs propres parentsétaient sourds. Bien sûr, je pouvais fairecela avec des interprètes de LSF qui sontmères, ou avec les enfants de mes amiessourdes qui sont devenues mères et qui uti-lisent les signes avec leurs bébés enten-dants, mais c’était un peu de la triche.

Qu’est-ce qui vous a donné envie devous associer à ce projet ?J’étais consciente de l’ampleur duconcept des signes pour les bébésentendants aux États-Unis, où il existedepuis plus de trente ans. Je reportaistoujours l’idée de lancer cela en France,

sachant qu’ici il n’y avait rien et quec’était trop tôt et trop avant-gardiste. Jecraignais que ce soit perçu comme uneméthode et, pour ma part, en tantqu’auteure, je sentais que je ne seraispas crédible aux yeux du grand publicentendant. Il me fallait le faire avec unemaman entendante. Pour ce qui est dela pertinence du concept, c’était fla-grant. Il suffisait de regarder les bébésentendants de parents sourds (de tousmes amis sourds) : ces bébés étaientparticulièrement réceptifs et s’expri-maient déjà bien avant les bébés enten-dants issus de parents entendants. Lacommunication s’établissait très tôt (dès6-7 mois) et on pouvait les comprendreavant qu’ils commencent à parler.

Comment Signe Avec Moi est-il perçupar la communauté sourde ?Ils réagissent comme moi au début :“Quoi ! Des signes aux entendants,alors que nous nous battons pour fairereconnaître la LSF dans l’éducation desbébés sourds !” Beaucoup de sourds nesavent pas que ce concept existe quasi-ment partout sauf en France... SigneAvec Moi a été littéralement parachutédans un pays où l’on rechigne à fairereconnaître la LSF. Il est de mon devoirde faire le « pont » et de multiplier lesconférences auprès des associations desourds, pour qu’ils soient au courant etcomprennent bien le but de ce concept :une passerelle « étroite » pour que lesentendants prennent conscience de lasingularité des sourds, de leur culture etde leur langue.Quelle place occupent les enfantssourds dans la démarche de Signe AvecMoi ?Les parents d’enfants sourds, pour la plu-part, n’utilisent pas d’emblée les signes.Ils ont du mal, ce que je comprends par-

faitement, à faire le deuil de leur enfantentendant. Il leur faut accepter la surditéde leur enfant. De plus, la pression médi-cale est très forte et l’environnement, enFrance, n’a pas encore banalisé lessignes. Du coup, les parents d’enfantssourds s’acharnent à vouloir que leurenfant parle et n’utilisent la LSF qu’àcontrecœur... Mon but, en m’investissantdans ce projet, était justement que lamasse écrasante que représentent lesentendants connaisse les signes et lessourds et que les parents d’enfantssourds voient que la communication ges-tuelle avec les bébés se banalise, sedémocratise. Si j’avais fait un livre pourparents de bébés sourds, je n’aurais faitque les marginaliser encore plus.

Quelles actions pourrait-on imaginerdans le futur pour étendre la portée de Signe Avec Moi ?Une expansion dans les crèches permet-trait aux enfants sourds de communi-quer grâce aux signes. Beaucoup decomptines comportent déjà une gestuel-le, ce qui ravit les bébés, et on les repro-duit spontanément. Signe Avec Moientre dans ce principe-là : on parle maison accompagne les mots de quelquessignes ponctuels que les bébés pourrontpar la suite restituer en cas de besoin.Ce ne sont que des signes-mots, jamaisune traduction en LSF pure et dure.J’espère que les entendants seront ten-tés d’en savoir plus sur les sourds grâceà Signe Avec Moi. Pour les mamans quiutilisent les signes, c’est une ouverturesur une relation plus riche avec leurbébé entendant et une invitation àdécouvrir le monde des sourds. !

SOPHIE NELSON

1 – Voir à ce sujet notre article sur les ateliers p. 32.

P muniquer. Il est perçu comme intelligent et com-pétent, aussi petit soit-il, et cela ne peut que ren-forcer son estime de soi. Le plaisir d’entrer encommunication, activement, avec les adultes vatout naturellement le pousser à communiquerdavantage. Et comme, par ailleurs, on continueraà lui parler, il va très vite vouloir suivre les adultessur le chemin du langage oral. Les signes nereprésentent donc pas un frein au développe-

ment de la parole, au contraire. Ils sont un trem-plin vers une communication globale efficace etépanouissante. !

SOPHIE NELSON

1 - http://www.signeavecmoi.com2 - http://www.sign2me.com3 - https://www.babysigns.com4 - http://www.monica-companys.com

REN

CON

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Monica Companys, co-fondatrice de Signe Avec Moi

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31Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

Grandir Autrement : Nathanaëlle, lapremière fois que tu m’as parlé delangue des signes, tu vivais aux États-Unis… Je m’étais alors demandée si celacorrespondait à un besoin ou à uneintellectualisation précoce des enfants...Nathanaëlle Bouhier-Charles : Moi aussi,quand j’ai vu des parents faire des signesaux bébés et aux bambins lors des ren-contres de mon groupe de soutien, j’aipensé : “Ils sont fous ces américains, ils nesavent plus quelle méthode inventer pourbooster leurs petits ! Ils feraient mieux deles laisser tranquilles. De toute façon, lesenfants finissent par parler : alors pour-quoi vouloir accélérer les choses ?” Celame semblait artificiel et contraignant. Et puis j’ai découvert l’hygiène naturelleinfantile11 et cette approche respectueuse avraiment retenu mon attention. IngridBauer propose dans son livre Diaper free22

d’utiliser le signe de la lettre T pour signer « toilet ». Sans grande conviction, mais dési-reuse d’être plus connectée à mon bébé, j’aicommencé à le signer chaque fois qu’il étaitquestion d’élimination, du moins le plussouvent possible. Mon fils s’est mis à repro-duire ce code spontanément à 10 mois etcela a été une révélation. Il pouvait me fairepart de ses besoins et je pouvais facilementle comprendre et agir pour qu’il se sentebien. C’est ainsi que nous avons commencéà introduire des signes de la vie couranteavec enthousiasme.

Ce que je trouve fondamental dans ceconcept, c’est le rapprochement, l’atta-chement, la compréhension...Oui, c’est un outil vraiment simple, pasbesoin de « maîtriser » avant de se lancer.On apprend ce dont on a besoin pourmieux communiquer au fur et à mesure,en même temps que son enfant. Ce quiest intéressant, c’est que quand on signe,on prend le temps d’établir le contact, dese regarder, on ralentit le rythme, on bais-se le ton, on est attentif à l’expression del’autre. Les enfants se sentent reconnus,capables, acteurs, confiants et prennentgoût à l’art de communiquer. Ondécouvre ce qui retient leur attention, cequi les émeut, les perturbe, les relationsqu’ils établissent entre les choses qui lesentourent. Les adultes se sentent pluscompétents. Les frustrations diminuentd’un côté comme de l’autre, les liens setissent plus forts.

Le deuxième point important pour moidans ce que tu fais, c’est ta démarcheauprès de la communauté sourde fran-çaise : cela t’a demandé beaucoup detravail relationnel mais aussi technique,car il a fallu utiliser la LSF (Langue desSignes Française). Je trouve vraimentimportant que tu aies pu le transmettrevia le livre, le DVD et les formations.J’ai consacré beaucoup d’énergie et detemps à ce projet avant-gardiste, à poser

des fondations pour que parents, anima-teurs/trices d’ateliers, professionnels dela santé et de la petite enfance, sourds etentendants mettent leurs compétences etleurs expériences en synergie pour diffu-ser cette approche. Je suis heureuse que de très nombreusesfamilles et structures aient découvert lesbienfaits des signes et que ce bonheursoit contagieux. Des gens découvrent laphilosophie du parentage de proximité etd’autres s’intéressent de plus près à la LSFet à la culture Sourde. Beaucoup de pontsse sont créés et je m’en réjouis.De plus, il me tient à cœur d’insister surle fait que ma conception de l’approcheSigne Avec Moi est véritablement indis-sociable des valeurs d’éducation respec-tueuse. Les signes doivent être au service de larelation et non un outil d’oppression sup-plémentaire. !

PROPOS RECUEILLIS PARCATHERINE DUMONTEIL-KREMER.

1 - Voir par exemple le chapitre 6 de notreGuide des couches lavables et autres alter-natives aux jetables, Éditions GrandirAutrement (2008).2 - Sans couches, c’est la liberté, ÉditionsL’Instant Présent (2006).

Nathanaëlle Bouhier-Charles : “Les enfants prennent goût à l’art de communiquer”Nathanaëlle Bouhier-Charles a introduit en France le concept d’utiliser la langue des signes avec des enfants entendants, à travers Signe Avec Moi. Catherine Dumonteil-Kremer interviewepour nous cette pionnière, qui est aussi son amie de longue date.

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Dossier

S i de multiples outils sont désormais mis à ladisposition des parents qui souhaitent s’ini-tier à la langue des signes pour communi-quer avec leur enfant, à commencer par les

livres, de plus en plus nombreux à paraître sur lesujet, rien n’égale la convivialité d’un atelier.Visualisation des signes exécutés en direct,échanges d’expériences, dialogue avec d’autresparents, suggestions d’activités, jeux, comptines àsigner sont autant d’aspects plébiscités par les par-ticipants des ateliers de langage signé.

Signe Avec Moi, pionnière du concept de signeravec les bébés en France, a développé un véritableréseau d’animateurs formés à la communicationgestuelle et à sa transmission. La liste est dispo-nible sur le site de l’association11. En général, uneséance d’initiation est proposée afin de découvrirle concept et le principe des ateliers. On peutensuite s’inscrire à une session de plusieurs ateliersthématiques (les activités, la toilette, les vête-ments, la nourriture, les animaux, les personnes, lessens et les émotions…). Cela permet à la fois unsuivi et une progression dans l’apprentissage dessignes, tout en facilitant leur mémorisation grâce àla visualisation et à l’effet de miroir du groupe. Lesjeux, les chansons et les supports, comme les livresutilisés au cours des ateliers, rendent ceux-ci plusvivants et sont un moyen facile et ludique d’enre-gistrer les signes, comme en témoigne Jeanne G.,deux enfants : “J’avais déjà un livre répertoriant lessignes et, au fond, je ne pensais pas qu’un atelierm’aiderait particulièrement, alors j’y suis allée sur-tout pour la convivialité... Et puis, finalement, lefait de voir quelqu’un signer, c’est quand mêmebeaucoup plus efficace que de regarder desimages dans un livre ! De plus, nous avons apprisdes comptines, qui permettent de retenir quelquessignes facilement, et amusent grands, moyens etpetits...” Carine P., trois enfants, enchérit : “L’atelierm’a beaucoup aidée, notamment en enrichissantmon vocabulaire de signes, en créant une réelledynamique, en me permettant d’inviter les signesdans les comptines et en me faisant prendreconscience de l’importance de capter le regard deson enfant lorsqu’on communique avec lui”.

ÉCHANGES ET CONVIVIALITÉSophie E., animatrice du réseau Signe Avec Moi àCompiègne dans l’Oise, accueille à bord de sapéniche des petits groupes de parents et d’enfantspour une série de six ateliers. “Chaque séance dure

Des atelierspour signer en familleParticiper à un atelier d’initiation aux signes pour les bébés permet derencontrer d’autres apprentis signeurs, voir les signes en direct, glaner desidées d’activités signées et se sentir soutenu dans sa démarche.

Lors d'un atelier, lesparents s'exercentà faire des signes,

en situation.

une heure et se déroule une fois par semaine. Oncommence par un petit bilan des expériencessignées de chacun depuis la séance précédente.Les parents sont toujours contents de me faire partde leurs découvertes et de leurs observations, devoir qu’ils suscitent la curiosité et l’enthousiasmeautour d’eux lorsqu’ils parlent des signes. C’estégalement un temps consacré aux questions etaux échanges entre parents. Puis, nous abordonsle thème de la semaine. J’amène les nouveauxsignes par le biais d’une histoire, d’un jeu, d’unechanson. Cela permet à tous, petits et grands, des’approprier les signes sans difficulté et en y pre-nant du plaisir, tout en donnant des pistes auxparents sur comment faire entrer les signes dansleur quotidien.”

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33Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

Stéphanie R., maman d’Inès, 3 ans, et de Laura, 6 mois, vient d’achever une série de six ateliers ani-més par Sophie et souhaite déjà s’inscrire à unenouvelle session, tant cette plongée dans l’universdes signes l’enthousiasme. “Les ateliers sont trèsconviviaux, Sophie est toujours disponible pourrevoir ou chercher d’autres signes afin de répondreau mieux à notre vécu quotidien. Nous n’y trou-vons que des avantages : un temps de partage enfamille, des séances de lecture en signes animéesà la maison avec Inès et l’intérêt grandissant deLaura pour nos mouvements de mains lorsqu’ons’adresse à elle”. Laëtitia T., maman de Cylian, 15 mois, explique qu’elle s’est “sentie remotivée enparticipant aux ateliers. On se met à utiliser cer-tains signes auxquels on ne pensait pas forcémentavant d’assister à l’atelier et qui s’avèrent trèsutiles au quotidien.” Les ateliers apportent aussiun soutien aux parents, qui se sentent parfois iso-lés, ou mal compris de leur entourage, dans leurpratique des signes. “Les grands-parents de Cylian,qui étaient plutôt sceptiques au départ, s’y met-tent volontiers maintenant qu’ils le voient signer.Le personnel de la crèche où il va s’est convertiaussi et utilise régulièrement les signes pour com-muniquer avec lui”, ajoute Laëtitia. Convaincue del’utilité des signes dans la communication avec lestout-petits, elle souhaite d’ailleurs mettre en placedes ateliers dans la crèche où elle travaille.Participer à un atelier peut aussi apporter un éclai-rage nouveau sur sa façon d’utiliser les signes,donner davantage d’aisance et des petits trucsauxquels on n’aurait pas forcément pensé autre-ment, comme l’explique Carine : “J’ai appris quel’on peut signer même lorsqu’on a son bébé toutcontre soi, ne serait-ce que pour ne pas perdre l’ha-bitude, mais aussi parce qu’il peut percevoir lemouvement, même s’il n’est pas dans son champde vision. J’ai aussi compris que l’on pouvait signersur le corps de bébé, comme quand par exemple

on veut signer pipi et qu’il faut toucher son ventre :si on a son tout-petit contre soi, alors c’est plusfacile de faire le signe en touchant son ventre à luiet, en plus, ça ancre le signe dans son corps.”

ET AVEC LES PLUS GRANDS ?“Souvent, les parents qui s’inscrivent à un atelierpour leur bébé viennent avec le grand frère ou lagrande sœur et ils sont surpris de voir comme lesaînés s’amusent autant, si ce n’est plus, que lespetits. Pour un grand, outre l’aspect ludique, ce quiest génial c’est de pouvoir créer une connivenceplus grande encore avec son petit frère ou sa peti-te sœur, mais aussi de partager une activité enfamille à un moment où il peut avoir l’impressionqu’il n’y en a plus que pour le bébé. C’est vraimentune activité fédératrice et qui renforce les liensintrafamiliaux, ça aussi c’est une idée qui meplaît”, confie Sophie, qui incite toujours les parentshésitant à venir avec leurs aînés à tenter l’expé-rience. “En général, ils ne le regrettent pas et choi-sissent par la suite l’atelier du mercredi ou dusamedi pour pouvoir venir les jours où il n’y a pasécole.”C’est aussi ce lien, et le bonheur de la perspectivedes retrouvailles, que souligne l’usage des signes « voiture » et « sœur » que Jeanne adresse à Alois,1 an, “pour lui signifier qu’on va dans la voiturechercher sa sœur : deux fois par jour pour l’école,c’est très utile, d’autant plus quand il ne comprendpas pourquoi je l’interromps dans son jeu. Il meregarde tourner mon volant imaginaire et, déjà, çale console, puis il me voit signer « sœur » et me sou-rit ! Je trouve ça détendant pour nous deux demontrer un geste simple là où un mot compliquémanquerait son but”.Au-delà de la joie de reconnaître les premierssignes de leurs enfants, l’essentiel, pour bonnombre de parents qui s’initient à la communica-tion gestuelle, est le lien que les signes viennentrenforcer entre leurs enfants et eux. C’est ce qu’ex-prime Stéphanie, qui conclut : “Que Laura, pour quinous nous sommes lancés dans cet apprentissage,signe ou non, elle nous aura sensibilisés à uneautre culture et offert du temps en famille”. !

SOPHIE NELSON1 - http://www.signeavecmoi.com

Ici, un enfantpartage la lecture

de son « album devie » répertoriant,en images et en

signes, les chosesimportantes de son

quotidien.

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Un pont entre les languesPour les enfants bilingues ou trilingues, ou encore ceux qui entament l’apprentissage d’unelangue étrangère, les signes peuvent s’avérer intéressants en ce qu’ils constituent un pont entreles langues. Entretien avec Zoé Atkinson, qui anime des ateliers pour enfants bilingues.

Grandir Autrement : Comment avez-vous eul’idée d’utiliser les signes dans le cadre du bilin-guisme ?Zoé Atkinson : Je suis orthophoniste, diplômée enGrande-Bretagne. J’ai découvert la langue dessignes en travaillant avec des enfants et adultesayant des déficiences intellectuelles. Je travaillaisavec le programme de langage Makaton11, qui com-bine la langue des signes et des pictogrammes à laparole, pour rendre le langage plus accessible.Trouvant que les gestes de la langue des signesaccompagnent naturellement la parole, je suisrevenue à la langue des signes avec la naissancede ma fille, qui est bilingue anglais-français. Trèspeu quand elle était bébé, mais surtout plus tard,lors de l’acquisition de certains concepts. Ma filleavait des difficultés avec l’apprentissage des cou-leurs et j’ai repris la langue des signes pour lesmots qu’elle trouvait difficiles. Elle bloquait sou-vent sur le nom des couleurs mais, dès qu’ellevoyait le signe, elle était capable de retrouver lemot. Encore maintenant, à 3 ans et demi, si ellen’arrive pas à nommer une couleur, et que je lasigne, elle se remémore tout de suite le mot.

Concrètement, en quoi le signe aide l’enfantbilingue ?Les avantages de ce système pour des bébés sontsimilaires pour des enfants dans un environne-ment monolingue ou bilingue : souvent, le signereprésente l’objet le plus près visuellement, ce quiaide l’enfant dans sa compréhension. La langueverbale est très abstraite et un signe est souventplus simple à comprendre. L’acquisition de laparole venant après la compréhension, l’enfantest ralenti par le besoin d’un développement neu-rologique de la langue et par la respiration per-mettant d’articuler des mots. Des gestes avec lesmains sont plus faciles pour un bébé. Donc, lalangue des signes permet à un bébé de com-prendre et de parler avec ses mains plus tôt que laparole ne le permet. Ce qui est intéressant, professionnellement par-lant, avec la langue des signes pour des bilingues,

Apprendre l’anglais en signant et surtout en s’amusant ?

Something special est une série pour les enfants anglophones. Conçuepour les enfants porteurs d’un handicap, elle met en scène de telsenfants afin de leur donner une visibilité et permettre une identification.De plus, les signes présentés lors d’un épisode sont généralementmontrés par le biais d’un objet réel, d’une photo, d’un pictogramme etsont aussi parfois le thème d’une comptine. Tout cela permet unemeilleure intégration des nouveaux signes. Lors de chaque épisode,Mister Tumble, le clown, aide également à approcher le signe de manièreludique. Les enfants français ou parlant d’autres langues pourrontégalement voir ces séries avec grand plaisir, comme en témoigne Lucie S. :"Mon fils de 3 ans regardait très peu la télévision lorsque l’on adécouvert Something Special, mais il a tout de suite accroché. Pour mapart, je trouve les chansons pleines d’entrain et j’apprécie cetteouverture sur le monde de la différence. Mon fils a appris beaucoup demots en anglais et surtout de nombreux signes, même si les signesanglais diffèrent fréquemment de ceux en français. Souvent, nousregardions ensemble et, quand le personnage nous invitait à reproduirele même signe que lui, mon fils le faisait et il me regardait en me disant :‘Allez, « you sign » !’ d’un ton presque autoritaire."

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est que le signe donne un repère fixe pour plu-sieurs mots ayant le même sens. Ceci aidera desenfants à aller de l’un à l’autre. Pour le développe-ment sémantique, ceci est important, car des motspeuvent ‘se perdre’ dans le bilinguisme. Quand oncherche un mot, on ne le retrouve plus. Souvent, onaide la recherche du mot en pensant à la catégo-rie à laquelle il appartient ou à la première conson-ne. Le signe est une autre aide très efficace pourretrouver des mots « perdus ».

Comment avez-vous eu l’idée de proposer des ate-liers spécifiques ?Avec une amie enseignante anglophone, nousavons créé l’association « Communication-Café » àGrenoble. On propose principalement des coursd’anglais pour des enfants bilingues, ce pour maxi-miser leur potentiel en anglais et donner de l’im-portance à leur identité anglophone. Grâce à l’as-sociation, j’ai eu le privilège de rencontrer MarielleLachenal, formatrice en Makaton et animatriceSAM pour la région. Depuis, Communication-Café

propose aussi des ateliers de langue des signes,mais en anglais. Par respect pour la communautésignante en France et pour communiquer avec unplus grand public, nous utilisons des signes fran-çais, même si les paroles sont en anglais. Pour l’ins-tant, nous proposons un atelier débutant avec deschansons, des histoires et activités sensoriellesaccompagnées par des signes. Pour des bébés nés dans un environnementbilingue, le plus important n’est pas le fait que leurenvironnement soit bilingue mais que, commepour tous les bébés, ils vivent dans un environne-ment étrange, où ils comprennent peu. Comme unadulte qui se trouve dans un pays où il ne parlepas la langue, ne décrypte rien et ne comprend pasles coutumes du lieu. Il est perdu et c’est angois-sant. Pour des bilingues, il y a encore une languede plus, c’est pourquoi le langage des signes aideà imposer du sens dans le chaos ! !

PROPOS RECUEILLIS PAR CARINE PHUNG

1 – voir page 38.

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Grandir Autrement : D’où vient votre désirde créer un outil qui permette le partageet la valorisation des différences ?Yaëlle : Il y a sept ans, mon fils aîné,Nathaniel, 13 ans, s’est soudain mis enéchec scolaire. Il avait des crises nerveuseset ne voulait plus aller au collège. Aprèsen avoir discuté, j’ai appris qu’il avait étévictime de racisme et qu’il n’avait pasvoulu me le dire par peur de me culpabi-liser. Il est métis, son père est vietnamien.Il a émis le souhait de ne pas retourner aucollège. Nous avons essayé de voir com-ment faire, car évidemment l’inspectionacadémique nous mentait en nous disantque l’on ne pouvait pas… Nous avons ren-contré des roulottiers avec qui nous avonstellement sympathisé qu’ils nous ont pro-posé de l’emmener en tournée avec eux,tout en lui faisant suivre des cours par cor-respondance. Il s’est alors beaucoup rap-proché des chevaux et a fait un peu despectacle de voltige. Il a découvert qu’onpouvait vivre autrement. Il a suivi les rou-lottiers dans leur tournée pendant huitmois. À la fin de l’année, quand trois ins-pecteurs sont venus faire le contrôle péda-gogique, ils ont vu qu’il n’avait guère tra-vaillé durant l’année… Mais Nathanielvoulait de toute façon retourner au collè-ge, à condition que ce ne soit pas lemême. Il a recommencé une année dequatrième et a fait un cursus brillant, où ila décroché de nombreuses mentions.Cette année avec les chevaux lui avaitapporté beaucoup de confiance en lui.Quant à moi, ça m’a permis de réalisercombien cela demandait de ressources

d’être différent. Cela exige d’accepter sadifférence afin de la transformer en riches-se. La différence nécessite donc un certainacompagnement.

Vous avez créé un jeu, Amédée22 : com-ment est né ce "bébé" ?Justement, lorsque je travaillais dans unematernelle, j’ai pu constater combien ladifférence pouvait être perçue commeinquiétante. J’ai expliqué aux enfants quel’accent de certains de leurs camaradesvenait de ce qu’ils utilisaient une autrelangue et je leur ai appris des mots étran-gers. Les enfants se sont mis à lesapprendre avec enthousiasme. De plus,parler à l’autre dans sa langue permet quecelui-ci se sente reconnu. On lui montrequ’on est prêt à entrer dans son monde.Amédée est donc mon premier outil pourfaire le pont entre les langues. Les illustra-tions du jeu ont été faites par JennyferDalrympe, illustratrice d’ouvrages pourenfants. Chaque niveau permet la décou-verte d’une ou plusieurs langues. Le pre-mier niveau, qui aborde le vocabulaire liéà la thématique « J’ai besoin d’aide », esten anglais et en français. Le second, quipermet de dire ce qu’on sent dans soncorps, est en italien et en français. Le troi-sième, « J’apprends les règles sociales », esten turc et en français. D’autres languessont proposées dans un autre coffret. Lalangue des signes est présente dans tousles niveaux. Cela permet une sensibilisa-tion à cette langue et cela place sur unniveau d’égalité ceux qui parlent la langueminoritaire et ceux qui apprennent à l’uti-liser. La langue des signes est très deman-dée par les entendants. Ainsi, ils se sententmoins démunis lorsqu’ils rencontrent unepersonne sourde. Je trouve ce jeumagique, j’ai l’impression qu’il me porte.On peut y jouer à partir de 2 ans et les par-ties peuvent durer de cinq minutes à uneheure, en fonction du niveau choisi. Ce jeucrée également une continuité pour lesbébés signeurs, qui peuvent partager cetterichesse avec les autres enfants. Le jeuintégre la multiculturalité en général.

Vous avez aussi mis en place la signo-graphie, pouvez-vous nous expliquer ceque c’est ?J’ai connu une enfant sourde qui refusaitd’écrire en français. Pour elle, cela nesignifiait rien. J’ai eu l’idée de tracer lecontour de sa main faisant un signe etd’écrire le mot à côté. Spontanément, ellea pris le crayon pour faire la même choseavec un autre mot. Et ensuite, elle s’estmise à écrire ! C’est toujours quelquechose que je vis qui m’amène à créer unoutil. J’ai donc mis en place la signogra-phie ainsi. C’est un procédé mnémotech-nique qui permet aux entendants d’ap-prendre plus facilement la langue dessignes. En 1997, j’en ai parlé à la com-munauté sourde qui m’a prise de haut.Puis, j’ai eu deux autres enfants entretemps, mais après cette pause, je pensebientôt éditer un livre intitulé J’apprendsla signographie. J’ai depuis expliqué madémarche à Monica Companys33 et noussommes en train de créer quelque choseensemble. Il existe aussi une signogra-phie aux États-Unis, qui est faite par ordi-nateur. La mienne est manuelle car celapermet plus d’autonomie.

Avez-vous encore d’autres projets ?Oui, beaucoup ! Dans ma maison d’édi-tion, créée en 2008, j’ai décidé de toutéditer en trilingue : en langue des signeset dans une langue minoritaire en France(turc, breton, chinois…). Je veux donnerune chance à chacun de s’affirmer danssa spécificité. Je pense aussi éditer uneaffiche pour donner les signes à utiliseren cas d’urgence (lorsqu’on se trouve hos-pitalisé, par exemple). !

PROPOS RECUEILLISPAR CARINE PHUNG

1 - http://www.editions-pattedourse.com 2 - Amédée – Fais-moi un signe… que jepuisse faire un pas vers toi !http://www.editions-pattedourse.com/docs/Amede_philosophie.pdf Le jeu coûte 27 !. 3 - Voir page 30.

Yaëlle : “Je veux donner une chance à chacun de s’affirmer dans sa spécificité”Yaëlle, alias Maryline Pierrat, est la maman de quatre enfants. Elle vient de créer sa maisond’éditions, Patte d’Ourse1, pour diffuser des outils decommunication utilisant lesupport de la langue des signesfrançaise.

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37Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

Souroupa : un festival tout en signes !L'association Signes propose cette année la quatrième édition du festival Souroupa, festival de théâtre et de conte bilingue (LSF et français oral). Pour un public sourd ou pas !

L’association Signes s'est donnéepour mission de rapprocher lessourds des entendants, à travers leséchanges, notamment grâce à la

langue des signes. Elle contribue à favori-ser la reconnaissance des sourds, mettantl’accent non sur la déficience (et la com-passion) mais sur la richesse de la diffé-rence culturelle et linguistique. Signes aainsi créé des résidences d’artistes réunis-sant sourds et entendants dans l’objectifde créer un spectacle bilingue (Languedes Signes Française et français oral).

SPECTACLES VIVANTSCette année, le festival Souroupa auralieu du 10 au 14 juillet, dans la vallée dela Roya, dans les Alpes-Maritimes.Comme les années précédentes, tous lesspectacles seront présentés par desartistes, sourds ou pas. Une dizaine despectacles auront lieu dans quatre vil-

lages de la vallée, avec une cinquantained’artistes du spectacle vivant : comédiens,marionnettistes, conteurs, danseurs,clowns de théâtre….Au programme également : une exposi-tion de photos prises au cours des rési-dences d’artistes 2008 par RémyMasséglia, des projections, la présenta-tion d’ouvrages récents (livres/DVD deConte sur tes Doigts pour enfants sourdset entendants, Le réveil sourd d’AndréMinguy, Les silencieux du Dr JeanDagron). Cette année, la marraine de lamanifestation sera Zohra Abdelgheffar,conteuse sourde de Marseille. !

CARINE PHUNG

Programme : http://www.signes-roya.org/index.php?/festival-souroupa-edition-2009.html Association Signes (04 89 91 04 74,http://www.signes-roya.org) Ré

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38 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

À l’initiative de particuliers, souvent desparents directement concernés par l’utili-sation des signes ou d’associationsœuvrant pour une plus grande connais-

sance de la culture sourde, la langue des signesvient à la rencontre des enfants. À l’école, dans lescrèches mais aussi dans les théâtres ou les biblio-thèques, des hommes et des femmes, sourds ouentendants, viennent présenter les signes à desenfants qui ne connaissent souvent rien de ce lan-gage particulier et qui ont pourtant tant à enapprendre.

QUAND LES SIGNES S’INVITENT À L’ÉCOLEÉlisabeth F., maman d’un petit garçon qui ne parlepas, mais avec lequel elle communique grâce auxsignes en utilisant le système Makaton11, intervientrégulièrement dans l’école de ses enfants pour pro-poser une initiation à la langue des signes. Ellenous raconte cette extraordinaire aventure.“C’est ma fille qui m’a soufflé l’idée : elle souhai-tait que d’autres personnes puissent communiqueravec son petit frère. En apprenant les signes duMakaton aux autres, je pourrais faire entrer pleind’enfants dans le monde de notre petit garçon et,surtout, ces enfants apprendraient la toléranceface aux différences, à accepter l’autre tel qu’il est.La directrice de l’école a approuvé le projet et asouhaité mettre en place des séances hebdoma-daires d’une demi-heure. Je me suis alors retrouvéeface à un vrai défi : aller dans trois classes de CP etCE1, leur montrer la langue des signes, les intéres-ser à ce mode de communication et le leurapprendre. Soixante-quinze élèves de 6 à 8 ans quin’ont qu’à ouvrir la bouche pour se faire com-prendre, pour raconter, parler, s’exprimer ; soixan-te-quinze élèves qui ne connaissent pas la LSF nimême son existence. J’ai décidé de me présenterdans chaque classe en ne parlant qu’avec lesmains, ce qui a beaucoup intrigué les élèves, les afascinés, puis je leur ai montré quelques signes. Depetites étincelles de curiosité se sont mises à brillerici et là et le temps des questions est venu : pour-quoi ? Pour qui ? Comment ? Petit à petit, lesélèves qui me croisaient dans la cour, dans la rue,se sont mis à signer à mon intention. Au début,

seuls deux ou trois ont osé. Maintenant, ils vien-nent presque tous me saluer en signes. J’ai été vrai-ment très surprise de l’accueil de ces enfants dits"normaux", de leurs réactions face à cet autremode de communication. Leur envie de connaître,leur enthousiasme, leur motivation m’émeuvent àchaque nouvelle séance : ils veulent apprendreencore et toujours.”En plus des trente minutes hebdomadaires consa-crées à la langue des signes dans chaque classe,Élisabeth et ses apprentis signeurs consacrent par-fois un après-midi entier à des activités diverses(loto, jeu de sept familles, memory), le tout ensignes. Ils projettent même d’enrichir le tradition-nel spectacle de fin d’année avec une poésie ouune chanson signée.“Aujourd’hui, ces soixante-quinze enfants vont versnotre fils et lui parlent avec leurs mains. Ils ne lerejettent plus, ne se moquent plus de lui. Ils en ontmême discuté avec leur famille, ont montré lessignes appris ensemble à leurs parents et à leursfrères et sœurs. Il a suffi d’expliquer, de montrer.Une dynamique de tolérance, de compréhension,d’acceptation s’est mise en place”, conclut Élisabethqui, espérons-le, fera germer d’autres initiativescomme celle-là.

SIGNES EN SCÈNELe spectacle vivant est aussi un bon moyen pour lesenfants de découvrir la langue des signes. Langagevisuel par excellence, la LSF donne une tonalitéparticulière à une pièce de théâtre et lui apporteune nouvelle dimension. La chorégraphie desmains captive l’attention des jeunes spectateurs.Les visages aussi sont sans cesse en mouvement,alternant les expressions les plus variées, de maniè-re appuyée, pour renforcer la portée des signes,faire rire, sourire, frissonner. À l’International VisualTheatre22, à Paris, la troupe d’Emmanuelle Laboritpropose une relecture des Fables de La Fontaine àl’aide de grandes marionnettes qui signent, tandisque des comédiens disent le texte. Créé en 2007,Entre chien et loup met en scène, pour la premièrefois, des marionnettes qui s’expriment en LSF. Unconcept qui séduit tout le monde, des plus petitsaux plus grands.

Que ce soit à l’école ou au détour d’un spectacle, la langue des signes abeaucoup à apporter aux enfants, quels que soient leur âge et leur situation.

Signer avec des enfantsplus grands

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39Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

La marionnette est aussi le vecteur utilisé par lacompagnie 100 voix33, à Tours, pour ses interven-tions dans les crèches et les haltes-garderies.Pascaline Denis, comédienne entendante formée àla langue des signes, propose une initiation auxsignes pour les plus petits, en étant présente à cer-tains moments précis comme l’arrivée des enfants,les jeux, les repas ou la sieste, afin d’instaurer unrituel permettant aux enfants de se familiariseravec le langage corporel. Pascaline raconte des his-toires, chante des comptines que la marionnettetraduit en signes. Elle propose aux structures qui lesouhaitent de fabriquer leur propre marionnettequi restera dans leurs locaux après son départ,créant ainsi une continuité pour les enfants dansleur découverte de la communication gestuelle.À Lyon, Patricia Mazoyer, comédienne souffrantd’une surdité légère, formée à la LSF, a créé laCompagnie de la Main Tatouée. Elle écrit et inter-prète des spectacles qu’elle joue dans les écoles,les bibliothèques, les associations et, même, chezles particuliers. On peut faire appel à elle pour ani-mer une fête d’anniversaire, par exemple. En soloou en duo avec un conteur sourd, elle propose auxenfants entendants de découvrir la magie dessignes à travers contes, comptines et jeux demains. Sa démarche est aussi préventive. En sensi-bilisant les enfants très jeunes aux problèmes de

surdité, elle souhaite leur faire prendre consciencede l’importance de protéger leur audition afin depréserver cet outil de communication qui nous relieau monde.

Enfin, rappelons que, depuis juin 2008, les candi-dats au baccalauréat ont la possibilité de passerune épreuve en LSF. Cette option est ouverte àtous, sourds et entendants. Un programme d’en-seignement de la LSF à l’école primaire a été lancésuite à la loi du 11 février 2005, reconnaissant laLSF comme une langue à part entière. Ce pro-gramme s’adresse, bien sûr, en priorité aux malen-tendants mais aussi à tous les élèves qui vou-draient s’initier à la langue des signes. Le chantierest colossal, mais la reconnaissance établie et lavolonté de faire tomber les barrières sont un pre-mier pas dans l’élaboration d’une passerelle pourrelier sourds et entendants. !

SOPHIE NELSON

1 - Programme de Communication Alternative etAméliorée (CAA) qui propose d’utiliser les signes et lespictogrammes pour accompagner la parole (voir notrearticle « Signer avec un enfant différent » p. ??)2 - http://www.ivt.fr3 - http://www.cie100voix.fr4 - http://www.maintatouee.org

Ici, un enfantpartage la lecture

de son « album devie » répertoriant,en images et en

signes, les chosesimportantes de son

quotidien.

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Signer avec un enfant différentEntretien avec MarielleLachenal,animatrice Signe Avec Moi,formatrice du programmeMakaton et mèrede Géraldine, quine communiqueque grâce auxsignes.

Grandir Autrement : Comment êtes-vous venueaux signes avec les enfants ?Marielle Lachenal : Je suis venue aux signes avecles bébés par ma fille, Géraldine, 18 ans, qui utili-se les signes pour communiquer depuis plus de 12 ans, dans le cadre du programme Makaton.Géraldine a une déficience intellectuelle et neparle pas ou, du moins, elle ne parle pas avec desmots… Elle parle avec ses mains. Je suis devenueformatrice au programme Makaton.Le Makaton appartient au vaste champ de ce quel’on appelle la Communication Alternative etAméliorée (CAA). La CAA s’adresse à toute per-sonne qui a des difficultés pour communiquer,quelle qu’en soit l’origine. Parmi les moyens deCAA, on en trouve de sophistiqués utilisant l’infor-matique, des codes écrits comme les picto-grammes, mais aussi de plus simples et non tech-nologiques comme les signes.L’idée d’utiliser des signes pour aider les personneshandicapées, enfants et adultes, à communiquerest ancienne et répandue dans le monde entier. LeMakaton (de MArgaret, KATe et TONy, qui en sontà l’origine) vient d’Angleterre et propose d’utilisersignes et pictogrammes pour accompagner laparole. C’est un outil parmi d’autres. Il existe pleind’autres programmes et aussi des professionnels,des parents, qui ont l’idée de signer et construisentseuls leur outil de communication.

Pensez-vous que le Makaton et Signe Avec Moi(SAM) soient des approches comparables ?Si on fait un lien entre SAM et Makaton, on peutdire que c’est d’abord très proche : à la base, il y ala même conviction que les signes sont un formi-dable outil pour parler quand on ne s’exprime pasverbalement ou mal. Mais l’intérêt du Makaton,qui fait son originalité, est de proposer un outil clésen mains, associant de façon très construite signeset pictogrammes. Autre originalité du Makaton,c’est d’avoir constitué un vocabulaire de base, trèsprogressif, qui évite de surcharger l’enfant de tropde signes, qui suit le développement du langage etrépond aux besoins de base des personnes et desenfants. La totalité du vocabulaire recoupe beau-coup le livre des signes de SAM, mais le cadre desniveaux est précieux et évite par exemple de mon-trer des signes inutiles ou trop compliqués à despetits ou à des personnes avec des grosses diffi-cultés. Le Makaton existe dans de nombreux pays

et, partout où il est présent, les signes adoptés sontceux de la langue des signes du pays. En France,ce sont donc les signes de la langue des signesfrançaise. L’association travaille en étroite collabo-ration avec les Sourds de l’International VisualTheatre11. Ils nous ont assistés pour choisir lessignes quand il y avait un choix à faire, ils ontaccepté que les dessins des signes de leur diction-naire soient dans nos brochures et ils nous aidentà les apprendre de façon parfaite.

Qu’est-ce que le Makaton change pour l’enfant ?Et pour ses parents ?Je vais vous donner quelques exemples : Amélie estune petite fille qui a un polyhandicap très lourd. Samaman, Sophie, a suivi une formation car elle vou-lait comprendre les autres enfants de la poupon-nière où était Amélie. Sur le coup, j’en étais gênée,elle allait passer six jours à apprendre des signesdont Amélie ne se servirait jamais. Et, au deuxièmeweek-end, Sophie est revenue, bouleversée : sa filleavait ri aux éclats. Pendant la formation, on avaitréfléchi à la place reconnue à l’enfant commeinterlocuteur. Et, de sourire en sourire, Amélie avaitri aux éclats pour la première fois : cela avait valula peine de faire la formation !Léa a 8 ans. Elle a une déficience associée à destraits autistiques. Catherine, sa maman, a dit quedeux choses ont changé depuis la formation : ellene parle plus de la même façon à Léa. Elle utiliseles mêmes mots avec les mêmes signes, ne dit plusque c’est l’heure du bain de cinquante façons dif-férentes et Léa comprend mieux. Et Léa la regardequand elle parle. Comme il se passe quelque chosede plus : des signes à regarder, Léa s’est posée etregarde sa maman. Cela n’a l’air de rien, mais c’estfantastique pour Catherine.Dominique, maman de Fabien, 6 ans, IMC22, pen-sait que son fils ne comprenait rien, elle avaitune image très noire de lui et les professionnels nel’aidaient pas à en changer. En fait, les signes ontd’abord permis à Fabien de comprendre qu’il yavait des mots dans le langage, à comprendre quele langage avait un sens… et il s’est mis à parler,sans passer par le signe. Le papa de Céline est revenu ému aux larmes lematin du deuxième jour de la formation : Célineest une enfant dysphasique, qui utilisait les signesavec son orthophoniste mais ne les avait jamaisutilisés à la maison. Mais, ce matin-là, elle a

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demandé à son papa d’aller acheter du pain aveclui : elle attendait simplement que son papa s’ymette !Et je ne peux pas m’empêcher de parler de ma fille.Je dis souvent que, sans le Makaton (ou plus lar-gement la CAA), elle serait devenue folle et moiavec. Elle a tellement de choses à dire, tellementde choses à comprendre, tellement de peurs àexprimer, tellement d’amies à nommer… Elle estdéfavorisée par son apparence physique et, ducoup, les gens la croient incapable de tout, mais

elle les surprend, les émeut. Alors oui, le Makaton,ça change tout…Le monde autour des enfants change aussi. Lesenfants des écoles, des centres aérés apprennentavec plaisir des chansons signées, qui fédèrent legroupe autour de l’enfant qui signe. Les caissièresdes magasins oublient le visage de l’enfant pours’émerveiller des signes : “Elle parle avec ses mains ?”Les grands-mères hésitantes osent s’attacher àl’enfant qui les nomme…Ça change aussi dans les instituts médico-éduca-tifs. Par exemple, dans certains établissementspour enfants polyhandicapés, on a vu un vraichangement de regard des éducatrices sur lesenfants. Ceux-ci sont capables de communiquer eton peut leur expliquer ce qu’ils vivent, ce qu’ils fontou vont faire… Du coup, les auxiliaires regardentautrement leur organisation, demandent parexemple de ne plus être dérangées pendantqu’elles font manger les enfants : le directeur devraattendre pour passer les consignes !

Quelles peuvent être les réticences ?Il y a des enfants qui ne progressent pas, qui nes’ouvrent pas et des parents qui se découragent. Ily a des parents qui ont peur de ces signes quiferont voir que leur enfant ne parle pas : “Je ne vaisquand même pas supporter qu’elle gesticuledevant tout le monde !” Il y a des parents qui n’ycroient plus. Il y a des établissements qui sontd’une violence étonnante contre des éducateursqui se lancent dans l’aventure. Ce qui me touche est que, quand je parle de SAM,je retrouve étrangement chez les récalcitrants lesmêmes arguments que ceux qui me sont opposésquand je parle de signer avec les personnes et lesenfants handicapés dépourvus de langage verbal.“Ce n’est pas important, il peut se faire com-prendre autrement. Il est heureux comme ça, pour-quoi vouloir le faire parler ? Il faut laisser le tempsau temps, il parlera quand il sera prêt. Il peut mon-trer du doigt, ça suffit. Il comprend bien, ce n’estpas la peine. S’il signe, il ne parlera plus. Si voussignez avec lui, vous allez l’enfermer dans une rela-tion trop étroite…” Les mêmes phrases qui ont sur-tout comme effet de ne rien proposer !

Pourquoi avoir souhaité devenir animatrice SigneAvec Moi ?D’une part, pour le plaisir de partager les ateliers P

Une marionnette àmain peut s’avérer un

outil précieux pouraccompagner l’enfant

différent(http://www.marionnettes

-a-mains.com).

« Roger » signe chant (ci-contre) et marcher(ci-dessous).

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avec les parents et les bébés, et mon tout nouveaustatut de grand-mère de Lou me lie encore plusaux parents des ateliers. Mes ateliers sont proba-blement différents, je suis dans une autre place,plus vieille, je revis peut-être aussi le même plaisirque j’avais lorsque j’étais médecin de PMI : je retrouve mes réflexes d’entourer lesparents, de les envelopper un peu !Ma longue expérience de signeset de formations colore certai-nement mes rencontres. Maisje suis venue aussi à SAMpour faire tomber les bar-rières. Si on signe avectous les bébés, les bar-rières pour signer avecles enfants handicapésvont s’effacer, lesparents auront moinspeur du regard desautres, nos enfantsseront plus largementcompris…J’ai déjà eu en formationMakaton des parents depetits enfants trisomiques,mais leur place aurait plusété en atelier SAM, avecd’autres parents de petits, quedans des formations marquées « Handicap ». Ils ont tout le reste de leurvie pour être dans le champ du handicap !On voit aussi souvent des parents d’enfants handi-capés venir aux signes quand tout a raté dans lesrééducations et que l’enfant ne parle toujours pasà 4/5 ans, que les troubles du comportement arri-vent : les signes sont alors la solution extrême, dedernière chance. SAM peut changer cette image.La banalisation des signes avec les petits va per-mettre de dédramatiser leur proposition aux per-sonnes handicapées. Une belle chance !Je découvre aussi dans les ateliers à quel point lehandicap blesse les parents et fige les profession-nels. Les parents de petits savent d’emblée modi-fier leur langage, savent d’emblée choisir les signesd’une histoire. Ils savent spontanément, c’est lagrâce d’être parents, s’identifier aux besoins deleur bébé, « régresser » à son niveau de compré-hension, l’imiter, modifier leur langage. Je vaisessayer de transmettre ce que je comprends en for-mation Makaton : comment retrouver cette sensi-bilité à l’autre avec un grand de 6 ans ou avec unadulte de 30 ans ! Dédramatiser ce chemin versl’autre, qui est si évident avec un petit, mais quenous ne savons plus trouver ensuite.Pour conclure, je dirai que c’est évidemment unechance si des parents de petits enfants handicapés

peuvent venir à des ateliers SAM. En toute simpli-cité, sans leur promettre de miracles, mais justepour pouvoir poser leurs valises, jouer et chanteravec d’autres parents et leurs bébés, retrouver plusde plaisir dans la communication, dans la vie. Mais

se rendre compte aussi que, dans certains han-dicaps, le chemin de la communication est

compliqué et que les ateliers ne suffi-ront pas forcément. Leur dire de ne

pas rester seuls, de s’appuyer surdes professionnels compétents :

les professionnels sont sou-vent des appuis indispen-sables. Mais sans lâcherleur volonté d’ouvrir leurenfant à la communica-tion par les signes (tousles pros ne sont pasouverts aux signes !) Juste une petiteremarque encore : il mesemble important, dans

ces ateliers, d’être trèsattentifs aux autres parents

de l’atelier : qu’il n’y ait pasde surenchère entre les bébés,

le plus beau, le plus en avance.Quand on est parent d’enfant

handicapé, on est écorché vif, insé-curisé aussi sur ses propres compé-

tences, et la confrontation à des bébés quivont bien et de mamans semblant trop « bonnes

mères » peut être très douloureuse. La présenced’enfants handicapés peut aussi être une chanced’ouverture pour les parents des bébés qui vontbien. !

PROPOS RECUEILLIS PARCARINE PHUNG

1 - http://www.ivt.fr 2 - Infirmité Motrice Cérébrale.

Ressources" Jeux Makaton à télécharger :http://www.makaton.fr/?page=portal/article&id=84" Matériel et DVD Makaton à acheter :http://www.makaton.fr/?page=portal/article&id=88" Diverses ressources en vente chez Hop Toys :http://www.hoptoys.fr" Something special (en anglais) :http://www.bbc.co.uk/cbeebies/somethingspecial" Diverses ressources en anglais :http://www.makaton.org/khxc/index.php

P

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LIVRES :" Signe avec moi, Nathanaëlle Bouhier-Charles,Monica Companys, Éditions Monica Companys(2005)." Encore ! Jouer, chanter et signer : Bébé adoreça !, Isabelle Thomas, Monica Companys, Éditions Monica Companys (2009)." Bébé parle, comment utiliser la langue dessignes pour communiquer, Marcel Beyer, ÉditionsCourrier du Livre (2007)." La méthode Baby Signs : Comment communi-quer avec votre bébé avant qu’il ne sache parler,Linda Acredolo, Susan Goodwyn, Doug Abrams,Éditions Marée Haute (2008).

LIVRES POUR ENFANTS :" Bébé signe, premiers signes en LSF, MonicaCompanys, Angelika Trabelsi, Éditions MonicaCompanys (2007)." Dis-le avec tes mains, Initiation à la LSF pourenfants entendants, Éditions Monica Companys(2009). Les éditions Monica Companys propo-sent de nombreux autres imagiers et diction-naires bilingues." Mes 20 premiers signes, Imagier de signes dela langue des signes pour les tout-petits,Sandrine Higel, http://www.signes2mains.fr (06 78 69 08 53). Sandrine propose égalementMes premières comptines gestuelles, Chantonsavec les mains !" ABCD Signes, Abécédaire bilingue en françaiset langue des signes, Bénédicte Gourdon, RogerRodriguez et Chamo, Éditions Thierry Magnier(2008). L’album contient une affiche des signesde l’alphabet. Les éditions Thierry Magnier pro-posent également des imagiers thématiques, telsSignes d’émotions, Signes de Noël, Signes d’ani-maux, etc." Dictionnaire bilingue français/langue dessignes pour enfants, Éditions I.V.T. (1996). 120 pages cartonnées. Des livres thématiquesdu même éditeur : http://www.ivt.fr" La fée Cionam, Éditions Monica Companys(2006). Dans la même collection de contes enfrançais et LSF, on trouve L’ogre Comian et Lasorcière Canimo." Patouille à l’école, Delphine Jaunay, ÉditionsAssociation Un Signe (2005). Pour acquérir levocabulaire de l’école." Série d’imagiers pour enfants, par exemple :Jouer, Monica Companys et David Ohana, Édi-tions Monica Companys (2009). Mais aussiAimer, Dormir, Manger, Se laver et Sortir." Alpha Cat's, jeu de carte pour apprendre l’alphabet LSF, http://france.catsfamily.net

DVD :" Signe avec moi, vidéo de 452 signes,Nathanaëlle Bouhier-Charles, Monica Companys,Éditions Monica Companys (2006)." Something special, Pearson EducationBusiness. Plusieurs titres (en anglais).

CD-ROM :" Les signes de Mano, parrainé par EmmanuelleLaborit, Éditions I.V.T. (2001). Dictionnaire inter-actif de la langue des signes.

RESSOURCES SUR LE WEB :" Signe avec moi :http://www.signeavecmoi.com " un forum de discussion ouvert à tous :http://signeavecmoi.activebb.net" Site des éditions Monica Companys :http://www.monica-companys.com " Site de l’association Signes2Mains :http://www.signes2mains.fr " Blog d’une famille qui signe : http://signeavecanais.blogspot.com " Site de l’association Marsupio :http://marsupio.asso.free.fr " Site de l’association Massado :http://www.massado.fr " Clémentine signe pour nous : http://www.youtube.com/watch?v=tSFCrow7KAIet http://www.youtube.com/watch?v=hZ-rOcQfuBo

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‹ Pour aller plus loin

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Grandir et s’éveiller

V oilà que votre enfant se remet àparler comme un bébé, qu’ilredemande à dormir avec vous,réclame à nouveau à téter

toutes les heures ou encore fait pipi danssa culotte ? Rassurez-vous, cela arrive àde nombreux enfants ! Et si vous lâchiezprise ? Cela ne peut de toute façon quepasser.

ALLER DE L’AVANTLors de leurs poussées de croissance, lesbébés recommencent généralement àtéter comme des nouveau-nés, ne sontapaisés que par les bras, se désintéres-sent de leurs autres occupations. Onappelle ces périodes « poussées » de crois-sance précisément parce qu’elles permet-tent aux tout-petits de grandir, tant phy-siquement que psychologiquement. Onnomme d’ailleurs aussi ces périodes « phases de réassurance ».Par la suite, on peut parfois voir de plusgrands enfants jouer à faire le bébé,comme en témoigne Carine B. : “Au-delàdes périodes ‘crampons’ où mesbébés réclamaient plus qued’habitude à téter et à êtreportés, ce à cause des dents,des nouvelles acquisitionsou des maladies, la seulevéritable période où j’airemarqué une petite régres-sion avec mes deux grands aété vers 3 ans : ils ont tousdeux eu une phase où il disaientqu’ils étaient de petits bébés et où ilsaimaient ‘parler bébé’, recevoir descâlins dans la position de bébés, etc. Jepense que cela correspond justement àl’âge où ils se rendent compte qu’ils nesont plus des bébés et cela leur permetsans doute de faire la transition”. Ainsi,ces retours en arrière permettent auxtout-petits de franchir ensuite un grandpas en avant !

DEMANDER DE L’ATTENTIONLes régressions des enfants se manifes-tent souvent à l’occasion d’un chan-gement stressant dans leur vie, tellel’arrivée d’un autre enfant. LudivineT. se souvient : “Alixia avait vingt-deux mois à la naissance de sonfrère, Ronan. Il y a eu plusieursmanifestations de régression, oùelle exprimait son désir d’être trai-tée comme son frère. La plusimportante s’est passée alors qu’el-le avait deux ans et demi. Ronancommençait à se déplacer. « Propre » le jour depuis déjà troismois et la nuit depuis un mois, elles’est remise à faire systématiquementdans sa culotte. De plus, Ronan enta-mant la diversification, Alixia a alorsréclamé qu’on lui donne à manger, et,quand cela lui était possible, elle voulaitêtre installée dans la chaise haute. Enfin,elle a réclamé à nouveau notre présencepour dormir. Par ailleurs, il lui arrive enco-re de me demander de la prendre dans

l’écharpe. Toutes ces sollicitations nem’ont jamais inquiétée. Je sais

qu’elle sont nécessaires,qu’Alixia a besoin de se ras-surer sur notre disponibilité.Je n’ai jamais refusé sesretours en arrière, qui, jepense, préparaient une

acquisition, une progression.Cette fois-ci, son évolution est

d’ordre intellectuel : depuisquelques jours, alors que tout est ren-

tré dans l’ordre, elle ne cesse de nousinterroger sur le « pourquoi » des choses.”En effet, un petit frère ou une petite sœurqui se déplace, c’est un bébé qui com-mence à empiéter sur le territoire desautres frères et sœurs ou, au contraire,des bras de parents qui restent plus sou-vent vacants et dans lesquels il fait bonaller vite s’engouffrer dès qu’il y a de la

place !Et puis, cesont des parentsqui focalisent sur les pro-grès du bébé, sans forcément faire remar-quer aux plus grands tout ce qu’ils saventdéjà faire ! Quoi de plus naturel, dans cesconditions, qu’un grand frère ou unegrande sœur qui veut se faire remarqueret demande de l’attention ? D’ailleurs, il sepeut que les enfants plus grands ne mani-festent pas de régression mais tentent desolliciter davantage leurs parents (pourjouer avec eux, passer des momentsensemble, etc.).

SE RÉASSURERTout comme les périodes de croissance,les phases de régression peuvent per-mettre aux enfants de combler leursbesoins de réassurance. C’est pourquoi ilne sert à rien de lutter ni même de s’in-quiéter ! Ann-Kristin D. partage ce pointde vue : “Mes garçons ont 20 moisd’écart. À la naissance de son frère,

! ! ! ÉDUCATION

Les enfants connaissent parfois des périodes où leur développementsemble revenir en arrière. On dit qu’ils régressent. Qu’en est-ilexactement et que peuvent signifier ces périodes ?

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Régressions : des “retours en a

“D’UN POINT DE VUEDÉVELOPPEMENTAL,

L’ENFANT VATOUJOURS VERS

L’AVANT !”MIRJA NOAK

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Corwin n’a pas eude régression particuliè-

re. Par contre, c’est au momentoù Björn a commencé à se déplacer quec’est arrivé. Quand son frère s’est mis àramper, Corwin a réclamé de nouveau lescouches, a commencé a essayer de sedéplacer comme lui et à vouloir qu’on luidonne la becquée aussi. On n’a pas cher-ché à aller contre, sans y porter trop d’at-tention et en encourageant ses progrès,en lui proposant aussi des temps « rienqu’à lui », et en lui permettant d’avoirdans l’appartement un espace auquelson frère ne puisse accéder. Dans cesmoments-là, je pense qu’il a un grandbesoin d’être rassuré.”

REVENIR À DES STRATÉGIES CONNUESMirja Noak, psychologue clinicienne, estégalement persuadée que ces comporte-ments sont la meilleure façon que l’en-fant trouve pour se réassurer. Elleexplique : “Des comportements dits

« régressifs » apparaissent chez lesenfants suite à des changements impor-tants, voire traumatisants, qui les mettentdans une situation d’insécurité. Il peuts’agir de situations nouvelles comme unescolarisation ou une première expériencede garde (prolongée), d’une naissance(qui, malheureusement, s’accompagneencore souvent d’une séparation de plu-sieurs jours d’avec la figure d’attache-ment principale) ou de tout incident mar-quant ou traumatisant pour l’enfant(accident, dispute violente des parents,deuil, agression…).L’enfant, toujours à la recherche de lastratégie la mieux adaptée pour mainte-nir son niveau de stress au plus bas afinde pouvoir explorer son environnementlibrement, va ainsi appliquer les straté-gies comportementales qui se sont avé-rées les plus efficaces dans le passé. Et,souvent, plus le stress est grand, plus lastratégie est ancienne, car la plus conso-lidée. La demande du sein, du biberon oula réintégration du lit familial rentrenttout à fait dans ce cas de figure.L’enfant se trouvant dans une situationinsécurisante pour lui peut également « perdre » des comportements perçuscomme déjà acquis, mais qui, le plus sou-vent, sont en cours d’acquisition (lecontrôle sphinctérien, la marche, le lan-gage…). Dans ce cas, l’enfant, qui semobilise entièrement pour ramener sonstress à un niveau supportable et gérable,ne peut plus s’investir dans l’acquisitionou la consolidation de comportementsnouveaux. Ainsi, c’est souvent le derniercomportement acquis qui se fragilise.Il est important de rappeler qu’il ne s’agitpas d’un retour en arrière car, d’un pointde vue développemental, l’enfant va tou-jours vers l’avant ! Il se meut dans unefourchette de développement danslaquelle il va acquérir un certain nombrede choses sur tous les niveaux (cognitif,émotionnel, social et physiologique). Au

sein d’un même stade, l’enfant peut reve-nir en arrière, mais il ne peut pas « redes-cendre » à un stade antérieur.Il va de soi également que chaque situa-tion doit être analysée dans son contexteet en prenant en compte les expériencesantérieures et le vécu de l’enfant. Des rai-sons purement médicales sont aussi àexclure par un médecin (méningite, affec-tion neurologique, vers ou encoremanque de vitamine B12).En ce qui concerne l’apaisement de lasituation, le mot-clef reste sécurisation !Tant que l’enfant reste en situation insé-curisante, il ne peut rien faire d’autre quechercher la solution à son problème, àsavoir la diminution de son stress. Êtredisponible un maximum pour l’enfant,physiquement et psychiquement (plusl’enfant est petit, plus l’apaisementnécessite de contact physique), l’aider àmettre des mots sur ses émotions et luimontrer que l’on comprend son désarroi,qu’on le prend au sérieux et que l’oncherche une solution avec lui, vont l’aiderefficacement dans sa régulation de stress.Il faut toujours garder en tête que lesdemandes de proximité (tétées, retour aulit familial, demande d’être porté, etc.)sont à satisfaire au maximum, dans lamesure du possible, car il ne s’agit pas decaprices, de perte d’autonomie définitiveni de volonté de prendre la place de lapetite sœur, par exemple, mais de straté-gies de l’enfant pour réguler son niveaude sécurité afin, justement, de pouvoir ànouveau continuer son chemin vers l’in-dépendance et faire son « boulot à lui » :explorer le monde.” !

CARINE PHUNG

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! ! ! ADOLESCENTS

Petit frère ou petite sœur : le plaisir de s’en occuper

L’enfance, âge de découvertes par excellence,semble toutefois culminer dans ce domaineen deux temps : durant les toutes premièresannées de la vie puis, de nouveau, à l’ado-

lescence, où l’on est particulièrement avide denouvelles expériences. Ce n’est donc pas parhasard si une complicité particulière se noue par-fois, souvent, entre aîné et benjamin dans une fra-trie, d’autant plus si l’écart d’âge entre l’un etl’autre est important. Le tout-petit et l’adolescentse trouvent chacun à une extrémité du temps del’enfance : l’un vient d’y entrer, l’autre s’apprête àen sortir. C’est un peu comme si l’un passait lerelais à l’autre. L’arrivée d’un petit frère ou d’unepetite sœur peut même rétablir l’équilibre de lacellule familiale soudain ébranlée par les velléitésd’indépendance et d’émancipation de l’aîné. C’estce qu’exprime Philippe E., qui avait 11 ans et demià la naissance de sa petite sœur : “En prenant laplace qui lui revient dans la géographie de l’espa-ce familial, une petite sœur, un petit frère, vientcomme en équilibre de la posture de l’aîné ado-lescent, arrivé au point où il tend à s’éloigner unpeu du cercle pour voler de ses propres ailes. Sesabsences, ses prises de distance, sont peut-êtremoins flagrantes que dans une cellule familialemoins étoffée, et par là plus légères à assumer,plus douces.” Delphine G. a noté une différence decomportement de son aîné avec son premier petitfrère, de sept ans son cadet, et le dernier, à la nais-sance duquel il avait 10 ans : “David a 11 ans et,en ce moment, il adore porter son petit frère,Vincent, 13 mois, sur ses épaules ou encore joueravec lui. Quand il était bébé, il lui est arrivé de lemasser ou de le porter dans l’Ergo. Pourtant, avecson autre petit frère, Eddie, 4 ans maintenant, iln’était pas aussi proche quand celui-ci était bébé.Ce qui m’a amusée, c’est qu’une semaine après lanaissance de Vincent, il m’a dit : ‘Quand est-ce quetu fais le quatrième ? Ce serait bien : je m’occupe-rais d’Eddie, papa de Vincent et toi du bébé. Onaurait tous quelqu’un dont s’occuper ! Et puis, sic’est une fille, ça ferait trois garçons et une fille :

ça, c’est un bon équilibre’. Je ne partage pas for-cément son enthousiasme au sujet du quatrième,mais je suis émue par son envie de « materner »...”

COMME UNE ÉVIDENCESi, pour les parents, la question de la différenced’âge peut susciter de l’inquiétude, pour les enfants,en revanche, les choses semblent plus évidentes.Pour Marc G., 12 ans, rien ne distingue ses rapportsavec sa petite sœur Laure-Anna, 3 ans, de ce quepeuvent vivre d’autres enfants avec leur frère ou leursœur, quel que soit leur âge. Lorsqu’on lui demandes’il y a des choses en particulier qu’il aime faire avecsa sœur, il répond, l’air étonné : “Je ne sais pas, tout! C’est ma sœur, j’aime être avec elle, m’occuperd’elle, la porter, jouer avec elle, parler avec elle, lafaire rire et la faire réfléchir, lui faire jouer de lamusique (on joue de la batterie !), la faire mangeret lui faire à manger. J’aime bien cuisiner. D’ailleursje voudrais en faire mon métier plus tard. AvecLaure-Anna, on joue à la dînette : je suis dans sonrestaurant et elle me sert. Et je lui apprends aussi àcuisiner pour de vrai. J’aime bien avoir des conver-sations avec elle : je lui pose des questions, elle merépond. Elle a une façon de raisonner, une logiquequi m’impressionnent.” Montrer le chemin, donnerla main, partager ses passions : telles peuvent êtreles contributions de ces grands frères ou grandessœurs. Leur présence, à la fois bienveillante et ini-tiatrice, leur confère un statut singulier, à mi-cheminentre celui des adultes et celui des enfants. SophieE., deux frères et une sœur de 8, 10 et 11 ans sesaînés, se souvient : “Petite, j’éprouvais de la fierté àsortir en compagnie de mes frères et de ma sœur ouà passer une soirée seule avec eux quand nosparents s’absentaient. Je pouvais faire des chosesque mes copains et copines ne faisaient pas à monâge, comme aller à un concert de rock ou me cou-cher tard le soir. Je me sentais à la fois totalementen confiance et rassurée, autant qu’avec papa oumaman et, en même temps, il y avait ce sentimentde liberté, de pouvoir transgresser les interdits,d’être une grande moi aussi…”

Une fratrie avec un « petit dernier » arrivé bien après les autres, une famille recomposée où desenfants déjà adolescents ou pré-adolescents accueillent un petit frère ou une petite sœur. Commentenvisagent-ils leur rôle d’aîné à cette période charnière de leur développement ? Portraits croisés.

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LE RIRE : UNE PASSERELLE POUR ENTREREN COMMUNICATIONLa complicité n’est pas toujours instantanée. Ungrand, comme n’importe quel aîné confronté à l’ar-rivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, peutavoir besoin de temps pour l’apprivoiser. Le rires’avère alors un outil formidable pour briser laglace, comme a pu le constater Cécile B., mamande Baptiste, qui avait 8 ans et demi à la naissancede sa petite sœur : “C’est par le rire qu’ils sontentrés en contact, juste avant qu’il n’ait envie de laporter dans ses bras et qu’il réalise la richesse d’ungeste tout simple, comme celui de la cuillère quel’on approche de la bouche d’un enfant pour lenourrir.” Provoquer rires et sourires chez leur petitfrère ou leur petite sœur remplit de joie et de fiertéles aînés. Philippe se souvient : “Elle est allongéesur un lit, je pose les mains à plat de part et d’autreet j’imprime des secousses aux ressorts du matelas.C’est mieux qu’un manège, ma petite sœur rit auxéclats et ne veut plus s’arrêter. Découvrir qu’onpeut susciter cette joie simple, pure, et prendre plai-sir à la donner encore : c’est aussi quelque choseque je retiens de cette période, et de cette ren-contre.” Rencontre, voilà sans doute le mot clé dece lien fraternel singulier. Pour Philippe, elle a scel-lé “les bases d’un accord secret, tacite, entre aîné etbenjamine, à l’origine d’une belle complicité qui nese dément pas avec le temps.” De quoi rassurer lesparents qui s’inquiètent de l’arrivée d’un enfant «tardif » et de ce fossé qu’ils redoutent de voir secreuser entre lui et ses aînés. Une crainte qu’a par-tagée Cécile, aujourd’hui totalement rassurée :“Bien souvent, trop souvent, en attendant cettepetite que je savais dernière, j’avais compté lesannées qui les sépareraient, plongeant dans l’ave-nir en calculant l’âge de l’une quand l’autre aurait15 ans et puis 20, tout à la fois convaincue et

navrée du gouffre qui risquait de les tenir éloignés.Je m’aperçois combien je me suis fourvoyée.”

PARTICIPATION ACTIVEÊtre un très grand frère ou une très grande sœur,cela peut aussi vouloir dire s’impliquer davantagedans les actes et les décisions qui reviennent géné-ralement presque exclusivement aux parents tantque les enfants sont petits. Emmanuelle E. se sou-vient : “J’avais 10 ans à la naissance de ma petitesœur. Quand Maman nous a annoncé qu’elle vou-lait l’appeler Yvonne, en souvenir de sa propremère disparue quelques années plus tôt, nousnous sommes tous insurgés, Papa, mes frères etmoi, contre ce prénom trop vieillot à notre goût…Finalement, c’est moi qui ai suggéré le prénomqu’elle porte aujourd’hui : Sophie. C’était celui dema meilleure amie à l’époque ! Et il a été adoptéà l’unanimité par toute la famille.” Cécile, qui a vupeu à peu son grand garçon se rapprocher de sapetite sœur à mesure que celle-ci entrait en com-munication avec lui, décrit ainsi Baptiste dans sonrôle de grand frère : “Il est tout à la fois compa-gnon de jeux, clown, conteur, acrobate et consola-teur. Il sait changer un bébé, doser les antipyré-tiques11, donner un biberon et vérifier la tempéra-ture d’un bain. Pour sa petite sœur, il a joué desairs de guitare, il a appris à la sortir de son lit, il luia lu une foule d’histoires, lui a offert ses index pourqu’elle y accroche fermement ses premiers pas. Il aété de tous les instants privilégiés, ceux qui sevivent les yeux dans les yeux : le bercement, lebain, le change, le portage... Elle avait 1 an quandil a osé s’élancer avec ce petit corps lié au sien,sans avoir vraiment besoin de guide pour sesmains qui savaient nouer à force d’avoir vu.”L’écharpe, réelle ou imaginaire, dit toute l’intensité dece lien entre un déjà grand et un tout-petit, mêmebien après que tous deux aient franchi les frontièresde l’enfance. “Ils sont les deux extrémités d’une gran-de écharpe qui les relie toujours, même rangée à toutjamais dans un placard…”, conclut Cécile. !

SOPHIE NELSON1 - médicaments contre la fièvre.

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appropriés. Il suffit de lui poser la ques-tion : “Est-ce bien cela ?” Lorsque l’on atrouvé le mot ou l’image justes, on éprou-ve une espèce de soulagement.• Nous parvenons à la cinquième étape,où un dialogue s’engage entre le sens cor-porel et moi. Je l’interroge précisémentsur le pourquoi de ma tristesse, je luidemande également ce qui pourrait amé-liorer ma situation.• Lors de la sixième étape, j’accueille lesréponses, en essayant de ne pas me fairepiéger par mon cerveau, car c’est de moncorps qu’émanent les réponses. Pour ma part, cette exploration fine m’aconduite à pleurer très profondément, àentrer dans ma sensation plutôt que del’ignorer ou de la minimiser. Je crois avoirpassé certaines des plus belles années dema vie sur un voilier et mon deuil n’estpas encore fait. Mon amie, sans le savoir,me permet de le faire peu à peu.Ce que j’apprécie dans cette écoute ducorps, c’est que chacun peut se l’appro-prier en lisant un livre pour avoir la base.C’est un complément thérapeutique trèsintéressant au quotidien pour les parentsmais aussi les enfants. BernadetteLamboy22 a écrit un livre passionnant à cesujet qui vous aidera dans votre pratique.Elle propose également dans cet ouvrageune approche pour nos petits.J’aime l’autonomie et la consciencequ’apporte ce processus. Vous me racon-terez ? !

CATHERINE DUMONTEIL-KREMER1 - http://www.cdumonteilkremer.com/article-12314170.html2 - Trouver les bonnes solutions par le focu-sing : à l’écoute du ressenti corporel, ÉditionsLe Souffle d’Or (2009).

! ! ! DES CLÉS POUR SE COMPRENDRE

A vouez, pour ceux qui meconnaissent un peu, que celavous intrigue quand même :“Catherine, femme d’intérieur ?

Eh bien, il ne manquait plus que cela.”Attendez deux petites minutes tout demême, que je vous explique de quoi il enretourne et surtout de quel intérieur ils’agit. Ma lectrice m’informe donc que j’aioublié sur mon site un élève de CarlRogers qui a pour elle une grande impor-tance : Gendlin. Il est le père du focusing.

UNE RENCONTRECurieuse, je suis allée rencontrerBernadette Lamboy, qui essaie de faireconnaître cette technique enFrance. J’ai fait une séanceavec elle, ce qui m’adonné de nombreusespistes pour explorermon espace intérieur.Ce que j’ai aiméi m m é d i a t e m e n tdans cette façon defaire, c’est qu’il estquestion d’écouterdes sensations, de leurdonner corps, de lesinterroger et d’attendre cequi se présente : images, mots,émotions... Il s’agit de céder le terrain auressenti brut, d’abandonner la dimensionverbale, de revenir à la sagesse corporelle,celle qui nous donne des réponses sou-vent pleines de bon sens.

EXPÉRIMENTERDe retour chez moi, j’attendais une occa-sion de pratiquer cette écoute un peu par-ticulière. Une opportunité se présenta lelendemain. J’étais devant mon ordina-teur, aux alentours de cinq heures dumatin, tout était calme autour de moi. Enouvrant mes mails, je découvre le nou-veau blog d’une amie partie vivre sur unvoilier avec sa famille. Le simple fait deregarder les photos me bouleverse. Jesens que c’est le moment d’expérimenter

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le focusing. J’essaie deme souvenir des sixétapes et je fais délibé-

rément l’impasse sur lapremière :

• Dégager un espace en moi.• Laisser venir le sens corpo-

rel : je m’arrête sur la sensationphysique que j’éprouve. J’essaie de ne pasme mettre à l’écoute de tous les discours(jugements, critiques et analyses) qui tra-versent mon mental. Je donne corps à lasensation physique. Je lui donne de l’at-tention. • Trouver une prise.Me voici à la troisième étape. Il est ques-tion de définir le sens corporel par unmot, par exemple, mais l’on peut égale-ment décrire la sensation physique : “J’aicomme une boule d’angoisse dans la poi-trine, de la taille d’un melon”, “j’ai unesensation d’étouffement”, “c’est de lapeur”, etc. • Faire résonner la prise avec le sens cor-porel. Votre ressenti physique vous indi-quera si l’image ou le mot choisis sont

Une femme d’intérieur ?

Grandir et s’éveiller

L’an dernier, à la faveur d’un contact avec une lectrice qui souhaitait apporter un complément àun article que j’avais publié sur mon blog1, j’ai découvert un outil dont j’ignorais l’existence etqui m’a permis de devenir une véritable femme d’intérieur...

LEPOINT DE VUE DE CATHERINE DUMONTEI

L-KRE

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Le focusing permet qu'un dialogues'engage entre notre sens corporelet notre moi. Il est particulièrementintéressant lorsqu'on est enprésence de quelque chose quinous fait remonter des émotionsenfouies.

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! ! ! PORTAGE

Le Tonga® dans tous ses états !Très prisé au Japon et bienconnu en France, dont il estoriginaire, le Tonga® favoriseun bel agrippement,caractérisé par un bassinbasculé et une assise profonde,en forme de « M » écrasé. Lapartie large du filet accueillel’assise de l’enfant. Le porteuraide au cas par cas l’enfant às’équilibrer avec un bras.

E h oui, ce portage asymétriquerequiert une certaine disponibilité duporteur, ainsi qu’une grande confian-ce en la capacité de l’enfant, qu’il soit

tout-petit ou bambin, de participer active-ment au portage ! Tiphaine G.-C., mamande deux enfants de 6 ans et 2 ans et demi,explique : “Ce que j’adore avec le Tonga®,c’est que l’enfant s’agrippe encore plus quelorsqu’il est davantage enveloppé et qu’ilpeut se laisser aller dans le tissu. J’aime sen-tir ses poings qui s’accrochent à mes vête-ments, ses jambes qui enserrent mon buste,pour mieux s’équilibrer au rythme de mesmouvements. Le portage actif, quoi !”Le Tonga® réglable peut s’ajuster quandon prend le relais d’un autre porteur. Ilpermet de descendre bébé face au sein endéfaisant un cran. On le réduit au mini-mum pour en faire un porte-poupée...

P Suite page 52

Lucie, 6 mois, s’agrippe activement au-dessus de la crête de la hanche de sa maman.

Basculez la boucle plusieurs fois d’un demi-tour, selon votre corpulence, et rentrez à chaque fois le filet dans les « dents » de la boucle au-dessus et en dessous.

Au départ, placez la boucle au milieu de la partie étroite du filet.

Un tout-petit peut y être portéen positionagrippée,jambes rentréesou sorties.

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Le Tonga® est apprécié pour sa rapiditéd’installation et son faible encombre-ment. Gwen R., maman de trois enfants,dont le plus jeune est âgé de 3 ans etdemi, raconte : “Pour moi, le Tonga®,c’était vraiment beaucoup plus simple etplus pratique que l’écharpe pour bouger

dans Paris. Je l’avais toujours dans monsac. D’ailleurs, je ne l’en ai retiré que trèsrécemment. Je pouvais le sortir et le ran-ger en quelques secondes seulement etn’importe où, dans le métro, dans la rue,dans les boutiques et ça donnait vrai-ment une liberté d’action que je n’avais

pas forcément avec l’écharpe...” PatriciaD., maman de trois filles, explique : “Pourmoi, c’est le porte-bébé de secours, sur-tout pour les petites distances en ville encas de fatigue de bambin. J’en ai toujoursun dans ma boîte à gants de voiture oudans mon sac en été, et il n’est pas exclu

P Suite de la page 51

Aspect recto-verso de la boucle, une fois le réglage terminé.

Les petits entrent dans le Tonga® par au-dessus. Les plus grands ont le choix : entrer de la même manière ou par en-dessous. Le porteur leur passe alors le Tonga® autour du corps, puis ils s’agrippent à lui.

Sur la hanche et sur le ventre, l’enfant est à portée de bisous, gage de respect du dos

et du périnée du porteur.

Lorsque les jambes de l’enfant pendent sousson corps, son bassin n’est pas basculé etl’enfant n’est pas agrippé. Il est alors bien

plus lourd que s’il était agrippé.

Par contre, la plante du pied ou la jambe et le pied de l’enfant qui apparaissent de l’autre côté du bustedu porteur signalent un bon agrippement.

Placez la partie étroite du filet sur uneépaule, la boucle de réglage à l’avant,l’écusson à l’arrière (certaines personnesfont l’inverse et placent l’écusson devantl’épaule et la boucle dans le dos).

Installez le filet surl’épaule opposée.Ouvrez la partielarge pour y accueillirl’assise de l’enfant.

Passez la tête.

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que je le ressorte, puisque ma cadette a lepied dans le plâtre depuis deux jours…”Rotha C. témoigne : “Je l’utilise en secourssoit quand je n’ai pas mon sling à portéede main, soit quand je sais que je risqued’être chargée, par exemple quand je vaisfaire les boutiques avec ma fille. C’est trèspratique car je peux ensuite le rouler et leglisser en poche, ce qui n’est pas faisableavec un sling. Je l’ai également utilisé à lapiscine car il sèche très vite !” Sophia K.,maman de deux filles, raconte : “J’ai faittout Venise avec mon aînée dans leTonga® quand elle avait 18 mois : unexcellent souvenir. Et elle a pris ses pre-miers bains de mer dedans !”

Tous les porteurs expérimentés ne sontpas fans du Tonga®. La version réglable aplus de succès que la version à tailles,plus ancienne. Cependant, certains utili-sateurs restent gênés par la boucle. Lestailles sans boucle ont leurs adeptes, bienqu’il soit difficile pour certains porteursde trouver leur mesure parmi les taillesproposées. Anne D., maman de troisenfants, explique : “J’ai eu un Tonga®pendant un moment mais je m’en suispeu servi : je ne suis pas fan des portagesasymétriques et mon fils était tellement

lourd ! Cela ne vaut pas un bon portagesur le dos.” Catherine C. explique : “J’aitout de suite mal au dos car, pour com-penser le réglage inadapté, je me tortille.”On comprend que certaines utilisatrices yaient recours de façon ponctuelle, commeSophie F. : “Le réglable à boucle me gêneun peu. Très pratique pour les baignadesen mer ou pour les douches quand bébéne veut absolument pas nous lâcher.C’est clair qu’on ne peut pas trouvermoins chaud ! Je l’utilise pour un portagecourt de vingt minutes maximum. Je m’ensers plus avec bébé devant que sur lahanche et je sens bien moins l’asymétrie.”

Et puis il y a les fans... “Les enfants s’y sen-tent bien... du moment qu’ils sont portés !Leur joli quadrillage sur la peau après por-tage n’a pas l’air de les gêner”, raconteCorinne C., maman de deux enfants. LailaH., maman de deux fils, raconte : “J’ai ledroit de dire que je l’adore ? C’est le porte-bébé du papa, celui qui lui convient lemieux pour sortir un enfant et celui pourlequel il n’a pas besoin de me crier‘Comment ça marche ?’... Le seul aveclequel il est vraiment autonome ! En plus,il est kaki : assorti à ses yeux... Et, euh...pour moi... je regrette qu’ils n’aient pasinventé la taille XS (ou Zéro)... parce que

même avec le réglable... la boucle est vrai-ment trop grosse pour que je sois à l’aise.Mais, pour la douche du camping, c’est leseul porte-bébé que j’ai trouvé qui soitaussi adéquat. Alors je le garde sous lamain pour les vacances. J’ai un taille 1 etle papa un taille 2.” Alex M., papa d’unpetit garçon de 18 mois, conclut : “Le prin-cipal avantage du Tonga®, c’est sa taille.J’en ai toujours un roulé dans une pochede ma veste, en cas d’imprévu. Pour decourts trajets, par exemple de la voiture àla maison, c’est nettement suffisant. Ilm’arrive de porter mon fils plus long-temps en Tonga®. Après une demi-heure,cela devient un peu pénible. Mais c’estmieux que de le porter à bras. QuandArthur et moi sortons de la douche, je leprends en peau à peau sous mon pei-gnoir et j’installe la ceinture en bandou-lière comme un Tonga®. Il est presque secquand on arrive dans le salon ou lachambre.” Il est vrai que le Tonga® peutégalement accompagner le peau à peau,sans vêtements ou avec, autour du Tonga®ou sous lui ! Avez-vous déjà essayé ? !

INGRID VAN DEN PEEREBOOMPHOTOS : SANDRINE FRAIKIN SAUF MENTION

Le site du fabricant :http://www.tonga.fr

L’enfant a, quel que soit son âge, une assurance qui luipermet d’agir, à partir de la base que lui offre le porteur.

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Un bambin expérimenté peut s’installer sur votre dos. Il s’accroche à vos épaules ou à vos bras à l’aide de ses mains.

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“Il faut qu’elles ramollissent, comme ça onpourra les dépiauter.” Helio demande : “Elles sont vivantes ?” Il s’agit ici d’ap-prendre par l’observation, la manipula-tion et les interrogations des enfants, letout dans la bonne humeur et la décon-traction. Pendant la trempette, lesenfants goûtent : au menu, pain et pâte àtartiner faits maison. Ema demande : “Tudonneras la recette à mes parents ?”Après quelques tartines, François installele récipient qui contient les pelotes aumilieu de la table et y plonge une pince.Il retire de l’amas un minuscule os de ron-geur. Chaque enfant essaie tour à tour detrouver des ossements. Au moment du retour des parents, lesexplications vont bon train. Simon estenthousiaste : “C’était super ! On a trou-vé un crâne de rongeur !” Clément aime-rait rapporter les os chez lui : “Pour toutexpliquer à Papa !”C’est Martin qui a le mot de la fin :“Maintenant, je ne veux plus aller me pro-mener que pour chercher des pelotes deréjection !”

Pourtant il n’y a pas que les pelotes deréjection dans la vie ! Une course pour-suite dans l’herbe, une recette donnée,une table partagée, des discussions scien-tifiques… et l’espoir que cette formulemagique fasse de nombreux adeptes ! !

CÉLINE CLAIRE

! ! ! VU PAR LES ENFANTS

L ’initiative est partie d’un constat : ilest parfois difficile de proposer àses enfants des activités dans unecontrée où la grande ville la plus

proche est à trente kilomètres. Les parentsont donc décidé de s’associer pour mettreà disposition des loisirs à leurs enfants.

L’ORGANISATION DES ATELIERSCéline C. explique : “Avec quelques autresmamans, on a fondé sur internet unforum privé (c’est très facile) dont le prin-cipe est simple : on se propose pouraccueillir des enfants et mener avec euxune activité en fonction de nos compé-tences.” Laeticia W. a un grand jardin oùelle peut faire du jardinage. Céline maî-trise la fabrication du papier recyclé, etSébastien M. est cuisinier de métier.Autant de points forts à mettre au servicedes bambins ! Les parents dont les enfants sont intéres-sés s’inscrivent via le forum et s’engagent,par ce geste, à proposer dans lessemaines suivantes une autre activité.Céline précise : “On ne comptabilise pasle nombre d’enfants accueillis ou lenombre d’heures d’activités. Chacun doitfaire en fonction de ses possibilités.”

Il était une fois un petitvillage où les loisirs étaientrares. Alors, les parentsdécidèrent de s’organiser…

Sébastien et Anne-Cécile M. ont reçucinq enfants pour faire de la cuisine : “Del’entrée au dessert, on a tout préparé,même les toques à mettre sur la tête !Nous avons commencé à 16 heures etnous avons terminé par la dégustation à19 heures.” Les parents de Rémi ferontplus simple : une heure de théâtre demarionnettes amateur.

UN EXEMPLE D’ATELIER : LES PELOTES DE RÉJECTIONAujourd’hui, c’est François C. qui accueillesept enfants de 4 à 7 ans pour une acti-vité-nature expliquée par Rémi, 6 ans :“On va se promener dans les champs, ilfaut regarder au pied des poteaux : il y ades pelotes de réjection.” Lisa, 7 ans pré-cise : “Ce sont les buses qui rejettent lespelotes de réjection. C’est ce qu’ellesn’ont pas digéré : les os et les poils despetits animaux.” Clément et Helio cou-rent dans l’herbe, pour le moment un peulassés de ne rien trouver. Helio dit : “C’estcomme à un anniversaire ! On est avecles copains et on fait ce qu’on veut !” Eneffet, les enfants sont libres d’adhérer ounon à l’activité, ou de s’en éloigner unpeu pour mieux s’en rapprocher plus tard.Ema et Amélie sont en pleine discussion :elles ont trouvé une bizarrerie brunâtremais hésitent : “Ce sont des pelotes deréjection ou des crottes de lapin ?” Il est temps maintenant de retourner à lamaison. Camille met à tremper les pelotes :

Des ateliers au village

Grandir et s’éveillerApprendre à faire

du pain, animer un atelierde théâtre, partir

en expédition-découvertede la nature : chaque

parent peut souventamener une compétence

à partager avec les enfants.

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55Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

! ! ! MASSAGE

Psycho-bio-acupressure :quelques points pour le bien-être de tous !

Grandir Autrement : Pouvez-vous nousdire ce qu’est la psycho-bio-acupressure(P.B.A.) ?Pierre-Noël Delatte : Elle s’inspire d’unetechnique d’acupuncture à cinq points,qui est enseignée dans diverses parties dumonde, notamment en Australie et aussien France. L’idée est de stimuler cinqpoints en même temps, de façon à créersur le corps des circuits imprimés dans les-quels circulerait une énergie spécifique,capable de détruire des énergies para-sites. Ce qu’il est important de com-prendre, c’est que, par certains côtés,notre cerveau fonctionne comme un ordi-nateur. Or, si un ordinateur n’est pas bran-ché sur le bon voltage, ou si sa batterie estdéficiente, certains programmes ne fonc-tionneront plus. Il en est de même en cequi concerne notre cerveau : dès qu’il n’estplus alimenté correctement, il « bugue » :certains programmes ne marchent plus etnous ne sommes plus en mesure de faireface aux situations qui se présentent. Mais ces dysfonctionnements ne sont pasune fatalité : nous pouvons les annuler etremettre nos énergies en place. Pour cela,il suffit d’utiliser des circuits de cinqpoints d’acupuncture, dans lesquels circu-lera l’énergie antidote de celle qu’on vou-dra chasser. En quelques minutes, l’éner-gie redeviendra normale et le soulage-ment sera immédiat.

En quoi la psycho-bio-accupressure dif-fère-t-elle de l’acupuncture ?L’originalité de ma méthode a donc consis-té d’abord à supprimer les aiguilles, d’unmaniement délicat et parfois douloureux,

en particulier chez les enfants, et à les rem-placer par une pression ferme sur les pointsd’acupuncture, l’un après l’autre.Parallèlement, j’ai testé et sélectionné lescircuits qui paraissaient les plus efficacespour réguler le fonctionnement psychique.Ensuite, je les ai regroupés en protocolesprécis, chaque protocole étantdestiné à gérer une situation psy-chologique donnée. Ce sont cescircuits et ces protocoles qui fontl’objet des stages que j’organiserégulièrement, et des livres quej’ai écrits. Je suis actuellementen train de travailler sur unlivre destiné cette fois-ci àaider les enfants, qui serasuivi lui-même, sans doutel’an prochain, d’un livre surles ados.

Pouvez-vous nous expliquer comment laP.B.A. agit sur les bébés ?Je me suis rendu compte que, en appli-quant aux bébés les circuits qui concernentla colère, la dépression (un bébé peut êtredépressif si, par exemple, il se sent aban-donné, soit qu’il ait été en couveuse, soitdu fait d’être mis à la crèche, etc.), lesimple fait d’appuyer très délicatement, etsans lui faire mal, sur les points qui concer-nent la dépression, la peur, la colique ou lacolère, permettait de le calmer pratique-ment immédiatement. De nombreuxparents me le confirment. Car il faut savoirqu’ils peuvent parfaitement le faire eux-mêmes, sans aucun danger, les photos quiagrémentent mon ouvrage étant assezexplicites. Les points sont très accessibles

et les circuits sont donc très faciles à faire.Par contre, vu que la pensée est de l’éner-gie, un enfant est comme un buvard, ilressent les énergies de ses parents. Donc,si ceux-ci ont des problèmes, ils vont"charger" leur bébé. C’est pourquoi jerecommande qu’ils travaillent sur euxégalement : c’est vraiment très facile, les

circuits sont aussi très faciles àmettre en place chezl’adulte. Ces circuits ontaussi une importance pourprévenir l’apparition desblocages mentaux. Il fautsavoir que chez le bébé, lapartie du cerveau que l’onappelle le cortex préfrontalest très peu développée. Doncun bébé ne relativise rien. Leproblème est qu’en fonctiond’événements que nous pour-rions juger minimes, il risque de

voir se créer des blocages mentaux qui per-turberont plus tard sa vie d’adulte. Parexemple, un bébé né par césarienne et misen couveuse, développera une paniqued’être abandonné. Or, cette panique d’êtreabandonné pourra perturber sa vie affecti-ve, lorsqu’il sera parvenu à l’âge adulte :soit il aura du mal à s’attacher, soit il ferade mauvais choix, soit il fera exprèsd’abandonner, plutôt que d’être abandon-né. Il faut savoir que l’utilisation judicieusede certains circuits de P.B.A. peut effacerces blocages, permettant d’éviter plus tardbien des difficultés. !

PROPOS RECUEILLIS PAR CARINE PHUNG.1 - Parus respectivement en 2007 et 2009.http://www.psycho-bio-acupressure.com

Presser quelques points de son corps ou de celui de son enfant pour se sentir mieux, c’est le principede la psycho-bio-acupressure. Entretien avec le docteur Pierre-Noël Delatte, son fondateur et auteurdes ouvrages 5 points, un point c’est tout et 5 points pour mon bébé, parus aux éditions Trédaniel1.

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Grandir ensemble

56 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

LES ASSOCIATIONS DE MATERNAGE! Ressources ParentalitéCette toute jeune association propose unsoutien à la parentalité et un accompa-gnement des parents et des enfants. Elleorganise des rencontres et des ateliers(dernier en date : “Parler pour que lesenfants écoutent”) dans un rayon dequantre-vingts kilomètres autour d’Ajaccio.Elisabeth Gavaldon : 04 95 25 47 87ou 06 72 84 26 [email protected] web en préparation

! Inna TerraAnne-Sophie et Marlène, deux jeunesmamans adeptes d’un maternage respec-tueux de l’enfant et de l’environnement etsoucieuses de sensibiliser et d’informer lesjeunes parents à ces pratiques, proposent,dans la région de Bastia, des ateliers deportage, des réunions de conseil en allai-tement, la location de couches lavables etd’écharpes de portage et le prêt de livres.Barriglione - 20233 Sisco04 95 48 32 93http://innaterra.canalblog.com

ACCOMPAGNEMENT DE LA NAISSANCE! SophrologieCentre Hospitalier de BastiaPaese Nuovo, route Impériale20200 Bastia04 95 59 10 98

! Yoga prénatalPMI Corse du SudImmeuble CastellaniQuartier Saint-Joseph20000 Ajaccio04 95 29 14 11

! Soutien à l’allaitement" LLL CorseL’association de promotion de l’allaite-ment maternel et du maternage possèdeune antenne en Corse et propose desréunions mensuelles à Bastia et à Ajaccio.Contacts : Elisabeth, 04 95 25 47 87Marie-Dominique, 06 17 75 22 66http://corse.allaitement.free.fr

" Solidarlait CorseCe réseau de mères et de professionnelsde santé, dont l’objectif est d’informer etde soutenir les mères qui allaitent, possè-de une antenne en Haute-Corse.9 bis chemin de Palazzi20220 Santa Reparata di Balagna04 95 60 44 54

ATELIERS! PortageMarlène – AFPB06 79 65 51 89Ateliers collectifs au Cap Corse, à Bastiaet dans les environs. Ateliers individuels àdomicile à la demande.

" " " GRANDIR ICI

La situation géographiqueparticulière de la Corsen’empêche pas l’Île de Beautéd’être active dans le domainedu maternage. Si, du côté des naissances et de leurpréparation, les alternatives au tout médicalisé ne sont pourle moment pas légion, certainesinitiatives commencent à voir le jour et ne rendent plussystématiques les consultationssur le continent pour lesmamans désireuses d’envisagerleur grossesse autrement.

Corse : maternage et insular

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! Chant prénatalJudith Daniel – animatrice agréée AFCP(Assoc iat ion França ise de ChantPrénatal).24 avenue du Maréchal Foch06000 Nice04 93 28 27 [email protected] attendant qu’une animatrice se formeplus près de chez vous…

BOUTIQUES! BiliguliCréations pour bébés et pour enfants.Anne-Sophie fabrique artisanalementdes pièces uniques ou en très petitesséries de bavoirs, sacs à couches,tabliers… aux motifs gais et amusants.Anne-Sophie CarioVilla SagroLieu-dit Saleto20233 Siscohttp://biliguli.telle.fr

! Le Moulin BioAu cœur du maquis solarais, SuzanneDechavaille a investi un ancien moulinpour y installer sa boutique : épicerie bio,produits d’entretien écologiques, cosmé-tiques naturels, huiles essentielles, vête-ments en fibres naturelles et biologiques,fournitures scolaires en matériaux recy-

clables, mais aussi paniers bio de fruits etlégumes de saison récoltés chez les pro-ducteurs locaux.Agnarone20240 Solaro06 83 09 76 [email protected]://www.lemoulinbio.com

! Nounou natureCette assistante maternelle utilise descouches lavables (qu’elle peut fournir etentretenir au besoin), des portes-bébésphysiologiques, des produits d’entretienécologiques et propose une alimentationissue de l’agriculture biologique.Laëtitia Ausseil50 cité Ortoli20240 Ventiseri04 95 34 44 [email protected]

AUTRES RESSOURCES! Association Idées (Information Diffusion ÉcologiquesEnvironnement Santé)Cette association a pour objectif d’infor-mer sur les gestes à mettre en place auquotidien pour préserver l’environnementet la santé. Elle organise des ateliers, desstages et des conférences. Au programme :sensibilisation à l’écologie et présenta-

tion du commerce équitable dans lesécoles, goûters et apéritifs équitables,stages d’écoconstruction, vente de pro-duits biologiques ou issus du commerceéquitable au marché de Bastia.Possibilité pour les adhérents à l’associa-tion d’effectuer des achats groupés deproduits alimentaires équitables, biolo-giques, sans lait, sans gluten, etc.Granaghju20200 Santa Maria di Lota04 95 31 99 [email protected]://idees-corse.org

! VitalbaLe domaine Saparella, situé à dix kilo-mètres de Sartène sur la route deBonifacio, couvre trente-quatre hectaresde maquis riche en essences aroma-tiques, telles que le myrte, la lavande oul’arbousier. Ces plantes sauvages, ainsique des cultures biologiques de plantesaromatiques, y sont distillées puis propo-sées à la vente. Un jardin botanique deplantes médicinales sera bientôt ouvertau public. On peut déjà visiter l’exploita-tion agricole et la distillerie.06 86 96 28 [email protected]://www.vitalba.fr

SOPHIE NELSON

57Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

arité font bon ménage

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Grandir ensemble

" " " GRANDIR AILLEURS

largement industrialisés. Jusqu’à trèsrécemment, l’argent ne circulait pas aukibboutz. Mais, depuis une quinzained’années, le libéralisme gagne lesmembres des kibboutz et, bien quechaque famille dispose toujours « gratui-tement » de son logement, bien que lesrepas, les loisirs, les dépenses de santé, demême que celles liées à l’éducation desenfants soient toujours prises en chargepar la communauté, le modèle originaldu kibboutz tel qu’il était il y a cent ansn’existe plus. Il reste aujourd’hui en Israëlquelques 270 kibboutz. La plupart comp-tent entre trois cents et quatre centsmembres adultes, et autant d’enfants.Ces chiffres ne représentent que 2,5 %de la population totale du pays.Cependant, si les jeunes des kibboutzsont de plus en plus attirés par une viecitadine et affranchie de toute contrainteliée au groupe, le lieu préservé que repré-sente le kibboutz attire aussi nombre defamilles qui n’y sont pas nées.

UN CHOIX DE VIEIdan Benshalom est né il y a quarante-cinqans à Degania. Sa grand-mère, Nomi, fai-sait partie de ce petit groupe d’idéalistescourageux venus gagner à la sueur de leurfront quelques kilomètres de vie sur cedésert proche-oriental. Idan reste l’un desrares natifs de sa génération à avoir déci-dé de fonder sa famille au kibboutz. “Jen’imaginais pas que mes enfants puissentgrandir ailleurs,” assure-t-il sur un ton mili-tant. Si les autres sont partis, c’est – selonlui – poussés par la promesse d’un travailet d’un train de vie plus séduisants, parl’appel du voyage ou encore après avoirrencontré une compagne ou un compa-gnon qui ne souhaitait pas vivre cette vie-là. Mais l’éducation ne semble jamais en

cause, tous les natifs du kibboutz s’accor-dent sur ce point : “c’est le lieu idéal pourélever ses enfants, une expérience diffé-rente, mais tellement privilégiée”.

ENSEMBLE AU JOUR LE JOUREn effet, si le kibboutz a beaucoup chan-gé en un siècle, s’il s’est largement libéra-lisé, ses membres gardent un mode de vietout à fait exceptionnel. Imaginez-vousprendre votre petit déjeuner dans la gran-de salle à manger commune avec vos sixcents voisins ou encore accomplir à tourde rôle la vaisselle pour tout le monde.Imaginez aussi qu’avant même sa nais-sance, votre tout-petit sera déjà considérécomme un membre attendu de la com-munauté. Un avantage certain pour lesfemmes, dans un pays qui ne connaît pasla sécurité sociale : le kibboutz paie latotalité des soins pour les femmesenceintes et pour leurs nourrissons.Les mamans sont dispensées de travaillerdurant les trois ou quatre premiers moisde leur enfant. Après quoi elles doiventreprendre leur place dans cette commu-nauté de travail. Si elles allaitent, ellesont cependant droit à des « pauses allai-tement » aussi souvent qu’elles en ontbesoin. La proximité de la crèche le facili-te grandement.

LA VIE DE L’ENFANT AU KIBBOUTZLe bébé devient un membre à part entiè-re du kibboutz à partir de ses 3 mois et lerestera jusqu’à ses 18 ans, après quoi ildevra choisir de rester membre et de s’in-vestir comme l’ont fait ses parents, ou departir vivre sa vie ailleurs. Les lieux de vie des enfants sont regroupésau centre du village : plusieurs sections decrèche où les enfants sont répartis selonleur classe d’âge. On y trouve des aires de

Grandir dans un kibboutz

1909: un groupe depionniers juifs,chassés de Russieet de Pologne

par la misère et l’antisémitisme, accomplitson rêve de retour sur la terre d’Israël,foyer biblique du peuple juif. Ces hommeset ces femmes, nourris des idées poli-tiques révolutionnaires de leurs pays denaissance, entendent y mettre en placede manière concrète l’idéal politiquesocialiste et y faire leur cette formule : « de chacun selon ses capacités, à chacunselon ses besoins ».C’est au Sud du lac de Tibériade que naîtle premier kibboutz : Degania. On y mèneune vie communautaire unique et, bienqu’elle soit à ce jour largement modifiée,elle reste l’une des seules formes de véri-table communauté au monde.

UN VILLAGE DE PARTAGELe kibboutz est un village dont lesmembres ont décidé de vivre ensemble,un peu à la manière de nos écovillages.Tous sont tenus de travailler pour la com-munauté selon leurs capacités et leurscompétences. À l’origine essentiellementagricoles, les kibboutz sont aujourd’hui

58 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

Depuis plus d’un siècle, desenfants naissent en Israëldans des structures socialestout à fait hors normes. Si leskibboutz ont bien changédepuis leur création, il n’enreste pas moins qu’ilsdemeurent un espace unique,de par le mode de vie qui y estadopté.

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59Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

jeux d’intérieur et d’extérieur, et même unmini zoo où les enfants sont responsablesdes animaux. Le kibboutz emploie desmoniteurs et des puériculteurs diplômés,organise des excursions et célèbre lesfêtes traditionnelles avec force chants,danses et déguisements sur le grand par-vis de la salle à manger, le lieu de toutesles réunions lorsque le soir tombe et quela température se fait plus clémente.Jusqu’à 5 ans, les enfants restent toute lajournée au kibboutz. Lorsque l’écoledevient obligatoire, à 6 ans, ils intègrentl’école primaire commune aux kibboutzde la région, où la classe n’a lieu que lematin. À midi, le kibboutz prend le relais :un car scolaire ramène les enfants del’école, le déjeuner est pris sous la sur-veillance des moniteurs qui supervisentensuite les activités jusqu’à 16h30, heureà laquelle leurs parents terminent leurtravail. Les enfants choisissent eux-mêmes leurs activités sportives, cultu-relles, créatives.Le vendredi, il n’y a pas d’école en Israël,les enfants du kibboutz sont alors pris encharge toute la journée. Il en va de mêmependant les vacances scolaires car, il fautbien le dire, les vacances en famille sontextrêmement rares, la communauté neles tolère qu’une fois par an.

DES PARENTS IMPLIQUÉSÀ l’époque où Idan était petit, tous lesenfants d’une même classe d’âge dor-maient dans des dortoirs communs. Iln’en est plus question aujourd’hui, lesparents ont repris cette prérogative. Lanouvelle génération de parents, à laquel-le appartiennent Idan et son épouseGalit, accordent une très grande impor-tance à l’exemple des parents et considè-rent que l’enfant s’intégrera mieux dans

la collectivité s’il est riche de ses propresréférences familiales.Ces jeunes parents sont tous très impli-qués dans la vie communautaire desenfants. Des comités de parents élusrégulièrement sont chargés de donner lesdirections de travail à toute l’infrastructu-re éducative du kibboutz. Des règles auxquelles de plus en plus decitadins sont prêts à se plier. Le systèmepédagogique propre au kibboutz attireen effet de plus en plus de familles aiséesdésireuses d’offrir à leurs enfants lemeilleur. Elles louent leur logement et le droit descolariser leurs enfants avec ceux du kib-boutz, tout en restant indépendantes.

MUTATIONSHistoriquement, le pays doit beaucoupaux kibboutzniks (les habitants des kib-boutz), unanimement reconnus commetravailleurs et courageux. Aujourd’huiencore, les enfants du kibboutz ont unatout certain lorsqu’il s’agit d’entrer enconcurrence avec les enfants des villes, aumoment d’une embauche par exemple.Et ce, alors même que le travail physiqueet rural, érigé comme exigence idéolo-gique de ce système communautaire,n’est plus aujourd’hui véritablement aucentre de l’éducation. La nouvelle géné-ration de parents est beaucoup moinsstricte sur ce point. Il faut dire que le kib-boutz, de moins en moins agricole etbeaucoup plus industrialisé, fait désor-mais appel à des employés extérieurspour les travaux des champs. Les enfantssont tout de même tenus de participeraux travaux agricoles pendant leursvacances. Il s’agit là d’une transmissiondes valeurs qui fondent cette communau-té bien plus que d’une nécessité vitale.

Parents et enfants considèrent mainte-nant que, pour réussir professionnelle-ment, une bonne éducation est indispen-sable. “Je n’ai jamais passé mon bac,raconte Idan, je savais que j’aurais tou-jours du travail au kibboutz, quel que soitmon niveau d’étude. Mais il est aujour-d’hui évident que mes enfants doivent lepasser parce qu’il n’est plus du tout cer-tain que le kibboutz existe encore lors-qu’ils seront adultes !”Même s’il est très attaché à son mode devie, Idan se félicite de certains change-ments, essentiellement dans la mentalitégénérale de sa communauté. Les confron-tations au monde extérieur, plus fré-quentes (notamment grâce à internet), ontpermis de limiter une certaine pressionsociale liée à la promiscuité. “Je suiscontent aussi que, pour mes enfants, laréussite ne soit pas aujourd’hui liée uni-quement à la capacité de porter un grossac de bananes ou de conduire un tracteur.J’aime que mes enfants aient d’autrescentres d’intérêt. Je les encourage à s’inté-resser à la musique, la danse, l’informa-tique parce que j’ai bien compris que c’estainsi qu’ils pourront s’enrichir et grandir”.Avec un peu de tristesse, Idan constateque ce kibboutz fondé par sa grand-mèrea toutes les chances d’être happé sous peupar le mode de vie libéral qui s’étend par-tout sur la planète. S’il constate que, dufait des départs de la jeunesse, la popula-tion vieillissante de Degania verra sansdoute s’éteindre cette idéologie fondatricede leur état tout entier, Idan ajoute : “Simes enfants doivent quitter le kibboutz, cequi semble inexorable, alors qu’ils partent,mais pas sans ces valeurs qui ont fait lesbelles heures de notre communauté”. "

KIM ALLOUCHE

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C es dernières années, les peaux de moutonou d’agneau pour bébé ont connu un grandessor. La peau de mouton fait généralementpartie de la panoplie des parents nature.

Toute douce, gardant l’odeur et régulant la chaleur,absorbante et imperméable, elle semble n’avoir quedes qualités. Et pourtant, pour l’obtenir, il a bien falluqu’un animal meure. Si chaque bébé avait sa peau,cela serait-il gérable ? De plus, les moutons et lesagneaux sont-ils tués exprès ?

UNE PEAU POUR MON BÉBÉ ?En France, selon les derniers chiffres, le nombre demoutons serait d’un peu plus de 9 millions (données2005). Dans le monde, ils seraient plus d’un milliardet c’est la Chine qui en élève le plus grand nombre.On le voit tout de suite : il y a moins de moutons qued’êtres humains ! Et c’est tant mieux car les rots demoutons produisent, comme les gaz des vaches, duméthane11, gaz hautement polluant. Alors, il semblemathématiquement impossible que chaque nourris-son puisse avoir sa peau, encore moins une peaupour le lit, une pour le siège-auto et/ou la pousset-te, etc. Cela dit, une peau peut servir à tous lesenfants d’une même famille, si l’on en prend soin. Charlotte R. s’est résolue à en acheter une et ne leregrette pas : “Après avoir bien réfléchi, j’ai fini par enacheter une et quand je vois l’utilisation intensiveque l’on en a, je me dis que ce petit agneau n’est pasmort pour rien. Ma puce ne dort que sur sa peau etc’est assez instantané pour l’endormissement, c’estcomme un doudou géant.”Quant à Marjorie D., elle a finalement opté pour unepeau d’occasion : “Avant la naissance de ma fille,l’idée de faire dormir notre bébé sur une peau d’ani-mal mort ne nous convenait pas du tout. Dès sa nais-sance, sans vraiment l’avoir prévu, nous avons com-mencé à pratiquer l’hygiène naturelle infantile. Pourles nuits, nous n’avions pas vraiment réussi à trouverde solution qui nous convienne et soit « naturelle » :la seule chose qui permettait réellement de gardernotre lit au sec était les alèses de pharmacie... pleinesd’absorbants chimiques ! L’idée d’une peau d’agneau

a donc fait son chemin, mais je ne pouvais pas merésoudre à en acheter une neuve et à contribuer ainsiau « business » des peaux de mouton : j’aurais eu l’im-pression d’avoir tué moi-même ce bébé animal. Deplus, la plupart des magasins ne connaissent pas laprovenance des peaux et peu savent comment ellesont été traitées et tannées. Une de mes amies m’aalors proposé celle sur laquelle avait dormi son fils,âgé de deux ans, qui avait été achetée directementchez un éleveur. C’était pour moi un bon compromis :un lit sec, une grande facilité d’utilisation, une solu-tion naturelle, le tout sans acheter une peau neuve.Je pense qu’aujourd’hui, il y a assez de peaux de mou-ton sur la planète pour que les parents qui le souhai-tent puissent facilement en trouver une d’occasion !”

PEAU ET ÉTHIQUEPour être sûr qu’une bête n’a pas été tuée exprèspour récupérer sa peau, mieux vaut privilégier lespetits producteurs et, de préférence, bio. Ces peauxsont issues d’agneaux ou de moutons élevés égale-ment pour leur viande. Et cela garantit aussi que lemouton a bénéficié d’une vie décente et que le tan-nage de la peau n’a pas été fait avec des produitstoxiques. C’est ce qu’a fait Leïla S. : “Il n’existe pas delabel bio pour les peaux, on peut juste te dire avecquoi elle a été tannée mais pas comment la bête aété élevée. C’est pourquoi nous avons opté pour leproducteur bio qui vend à la fois la peau et la vian-de : au moins, on sait comment ont vécu les agneauxavant d’être tués et ce ne sont pas non plus despeaux industrielles comme celles que l’on trouvedans la plupart des boutiques.” Ainsi, puisque lesbêtes sont de toute façon tuées pour être mangées,

" " " GRANDIR SUR TERRE

60 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

Grandir ensemble

Peaux de mouton et cuirs : à consommer avec modération !On l’oublie trop souvent : qui dit peau et cuir ditcadavre de bête. Alors, peut-on décemment acheter cesproduits les yeux fermés ?

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acheter leur peau permet de ne pas faire de gâchis.Caroline V. témoigne : “Je suis végétarienne mais jepréfère acheter une peau, plutôt que ladite peau soitbalancée à la poubelle !” Il reste que, pour certains,une peau reste un cadavre et qu’ils n’ont aucuneenvie de poser leur bébé sur le cadavre d’un animal. De plus, quand on est végétarien, ne pas utiliser depeau animale est aussi un acte militant, comme l’ex-plique Anaëlle B. : “En tant que végétarienne, je nepeux concevoir d’acheter une peau d’agneau pourmon bébé : pourquoi faire volontairement naître unagneau pour le tuer ensuite, alors que nous avons sifacilement accès à tout un tas de matériaux toutdoux d’origine végétale, qui n’ont nécessité ni sang,ni cris, ni gâchis de ressources. Avez-vous déjà enten-du les bêlements d’une brebis à qui on vient d’enle-ver son agneau ? J’ai du mal à comprendre que l’onpuisse ne pas manger de viande mais que l’on veuillebien payer pour la peau d’un animal qui a été tué etce, pas pour une question de survie, mais de luxe.Quant à l’argument selon lequel on ne les tue pasexprès pour cela, il ne me plaît pas non plus car jen’ai aucune envie de soutenir l’industrie de la viandeen l’aidant à maximiser le rendement financier paranimal. Je ne dis pas que tout le monde doit devenirvégétarien, mais dans notre économie, le seul moyend’agir, c’est triste mais c’est comme ça, c’est de ‘voteravec notre porte-monnaie’.”

UNE ALTERNATIVE À LA PEAUPour se passer de la peau de mouton dans le lit,notamment si on pratique l’hygiène naturelle infanti-le et que bébé ne porte pas de couche, on peut se ser-vir d’une couverture en laine ou encore disposer d’un

tissu absorbant sur un tissu imper-méable (laine, polaire, PUL). Ou alors,

on peut se procurer un surmatelas enlaine, qui a quasiment les mêmes propriétés

que la peau de mouton et la même apparence. Leprix sera plus élevé mais cela pourra vous permettrede choisir une taille plus grande. Suzanne P.témoigne : “J’ai acheté un immense surmatelas quifait toute la largeur de notre lit, soit 160 cm. Commeça, je peux tourner et retourner bébé d’un sein àl’autre, je suis toujours sûre qu’il atterrira au bonendroit et qu’il ne mouillera pas les draps. Et surtout,tout le monde profite de la douceur des poils de mou-ton. Enfin, il passe sans problème à la machine àlaver”. De plus, on peut trouver sur internet un tapisen laine originairement conçu pour le yoga à un prixtout à fait abordable22.

ET LE CUIR ?Même chose, bien sûr, pour le cuir qui provient de lapeau d’un animal, que ce soit la peau de la vache, dumouton ou autre. Or, ces dernières années ont égale-ment été le témoin de l’essor des chaussons en cuirsouple pour bébé. Ceux-ci ont remplacé les petitschaussons en laine tricotés avec amour par les grand-mères ou les autres membres de la famille. Il faut direque les chaussons souples tiennent davantage aupied. Et, avec les bambins, ils remplacent avantageu-sement les chaussons en matières synthétiques quisont bien moins physiologiques. Pourtant, on peut enfabriquer soi-même en les confectionnant en feutrineou en tissu, en ayant soin de choisir une matière anti-dérapante pour la semelle33. Désormais, certainesboutiques en proposent également, sans matière ani-male, tels les Isabooties (en vente chez Petit pas degéant44) ou les booties vendus chez Chouchou.fr. Etpour la neige, les Stonz Wear55 sont vraiment pra-tiques. De plus, les chaussons en tissu passent plusfacilement à la machine à laver : qu’on se le dise !Pour les enfants plus grands, il faut savoir qu’il existede plus en plus de chaussures en chanvre, telles cellesvendues par Le Kakapo66 qui sont souples et taillentjusqu’au 28.Ainsi, en matière de produits animaux, nous ne sau-rions trop conseiller de se tourner vers des alterna-tives ou de consommer avec modération. !

CARINE PHUNG1 - http://1greengeneration.elementsintime.com/?p=956&lang=fr 2 - http://www.axedetente.com/yoga,tapis,tapislaine.htm3 - On trouve par exemple un patron sur ce blog :http://www.bluemarguerite.com/chaussons-souples-(8030).cmlOn trouve de plus petites tailles ici :http://membres.lycos.fr/creasdubaobabmagique/patrons_21.html 4 - http://www.petitspasdegeant.com5 - http://www.stonzwear.com 6 - http://www.lekakapo.fr

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!

Des alternatives végétales existent : vendues ou à confectionner soi-même !

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Grandir ensemble" " " GRANDIR SAINEMENT

Ne touchons pasau sexe des garçons !Le corps de nos enfants leur appartient. Et pourtant, nombreux sont encore ceux qui pensentqu’il est nécessaire de décalotter les petits garçons. Quant à la circoncision, s’il est désormaisdavantage établi qu’elle n’apporte rien sur un plan médical, ses conséquences restentméconnues et nombreux pensent encore qu’elle peut être légitimée par les religions.

longues, des études assez récentes sem-blent même trouver un lien entre la cir-concision et la prévention du sida… La cir-concision éviterait également le cancerdu pénis. Bref, les arguments la plébisci-tant ont encore de beaux jours devanteux. Néanmoins, il est aujourd’hui recon-nu par le corps médical que la circonci-sion des jeunes enfants n’a pas de raisond’être. En effet, rarissimes sont les casd’enfants ayant réellement besoin de cir-concision et, dans ce cas, celle-ci peut sou-vent être retardée jusqu’à l’adolescence.

LES CONSÉQUENCES DE LA CIRCONCISIONAutrefois, les bébés étaient circoncis sansaucune anesthésie. Aujourd’hui, il estenfin admis qu’ils souffrent et pourtant,nombreux sont les parents qui préfèrentcirconcire leur enfant le plus tôt possible,pensant qu’ils auront moins mal lorsqu’ilsseront petits. En réalité, ne serait-ce pastout simplement profiter de la faiblessed’un être incapable de parler et de crierdurablement son désarroi ? En plus d’an-crer une douleur profonde dans le vécu del’enfant, la circoncision peut séparer l’en-fant de sa mère, comme l’explique Marc-André Cotton22 : “L’opération mutile nonseulement le corps de l’enfant, mais aussisa capacité à vivre une relation deconfiance avec sa mère et, par voie deconséquence, avec les autres. Des mèresse souviennent de ce drame avec obses-sion, même après de longues années. ‘Les cris de mon bébé restent incrustésjusque dans mes os, écrit par exemplel’une d’elles quinze ans plus tard. Sonvagissement était celui d’un animal qu’onégorge. J’en ai perdu mon lait.’ Une autre

Q ue l’on fasse un petit tour surles forums de mamans et ons’aperçoit que les mères nesavent pas que faire : “Dois-je

décalotter mon bébé ?”, “Quand faut-ildécalotter ?”. Les interrogations sontnombreuses : faut-il se fier à son pédiatreou à ses amis ? Surtout que les avis desdivers professionnels de la santé diver-gent entre eux, et ceux de tout un chacunaussi. En effet, nombreux sont les parents quiconstatent, lors de la visite chez lepédiatre, que celui-ci, sans même leurdemander leur accord, décalotte d’office.Alors d’où vient la croyance que cette pra-tique pourrait s’avérer nécessaire ?

RESPECTER LA PHYSIOLOGIEPour les professionnels de la santé quipratiquent le décalottage ou le recom-mandent, il s’agirait de libérer les adhé-rences ou de vérifier l’absence de phimo-sis11. De plus, selon leurs croyances, celapermettrait de nettoyer le gland et de pré-venir ainsi des infections. Et pourtant, desétudes ont montré que le décalottagepréventif n’avait aucune incidence sur lafréquence du phimosis. Au contraire, lamajorité des phimosis constatés semble-raient survenir après des manœuvres for-cées de décalottage chez le nouveau-néet le nourrisson (Boureau, 1982). En effet,chaque dilatation forcée entraîne unedéchirure de l’anneau préputial avec for-mation progressive d’un anneau cicatri-ciel fibreux peu ou pas extensible. Quiplus est, le phimosis n’est gênant qu’àpartir de la puberté, lorsque surviennentles érections.

Aldo Naouri, bien que ses idées sur l’édu-cation soient discutables, a été un despremiers a dénoncer cet acte. Comme ill’explique, cette pratique est très agressi-ve : “La manœuvre du décalottage estdélicate, difficile à réaliser et douloureuse.Elle est mal vécue par l’enfant et par lamère. La mère est bien souvent angoissée,mal à l’aise, a peur de faire mal ou de malfaire.” Au contraire, l’enfant, en se tou-chant tout seul, sera souvent à même delibérer les éventuelles adhérences, le toutsans douleur et en toute confiance. Citonsà présent Martin Winckler, docteur : “Il nefaut jamais s’inquiéter, car il n’y a aucuneraison de s’inquiéter. Le seul moment oùun médecin est en droit de toucher (dou-cement) au pénis d’un petit garçon, c’estsi le pénis en question présente une ano-malie visible. Si ce n’est pas le cas, bas lespattes !”En conclusion, il n’y a pas à s’inquiéter : lanature a bien fait les choses et, dans laquasi totalité des cas, rien n’est à sur-veiller, ni même à modifier.

LA FIN DES CIRCONCISIONS MOTIVÉESPAR L’HYGIÈNELa circoncision est un acte chirurgical,une excision de la peau, qui vise à rac-courcir le revêtement cutané qui couvre legland, appelé prépuce. De l’autre côté del’Atlantique, les nouveau-nés étaient,encore récemment, fréquemment circon-cis pour des raisons soi-disant hygié-niques. Dans les années 1970, aux États-Unis, près de 80 % des nouveau-nésmâles étaient circoncis. Il faut dire quecela évitait aux mères la corvée du déca-lottage. Les idées reçues ayant les dents

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écrivit à son fils d’1 an : ‘Je n’ai jamaisentendu de tels cris. Saurai-je un jourquelles cicatrices sont inscrites dans tonâme ? Quel est ce regard changé que jevois dans tes yeux ? Je peux voir la souf-france, une certaine tristesse et une pertede confiance.’ Une troisième a témoignéde la manière dont elle s’est détachée deson enfant pour parvenir à refouler sessentiments : ‘Lorsqu’il naquit, il y avait celien avec mon tout-petit, mon nouveau-né. Mais pour accepter la circoncision, j’aidû couper ce lien. J’ai fait taire mon ins-tinct naturel et, en faisant cela, j’ai coupébeaucoup de mes sentiments envers lui.J’ai coupé pour refouler la souffrance etmon instinct naturel qui me dictait dem’opposer à la circoncision.’ La rupturebrutale du lien maternel et l’extrême dou-leur qu’implique la circoncision à 8 joursen font donc une expérience particulière-ment traumatisante pour l’enfant. Deshommes sous hypnose se sont remémorésles détails de l’opération. Ils exprimèrentde la colère, un désir de vengeance et dedestruction à l’égard de ceux qui ont par-ticipé à leur mutilation. D’autres ontretrouvé en séance de thérapie les émo-tions qu’ils avaient dû alors refouler,

expliquant par exemple : ‘L’expérienceémotionnelle était horrible. J’ai senti unepeur me submerger, transpirant et trem-blant de longs moments. Parfois, unerage intense me remontait. Je voulais meprotéger, mais je ne le pouvais pas. Je mesuis senti très triste, sombrant dans l’af-fliction, le désespoir et l’impuissance. J’ailaissé venir mes émotions pendant plusd’une heure et, finalement, j’étais épuisé,triste.’” Enfin, au-delà des répercussions psycho-logiques et des risques d’infection, c’estaussi la sexualité future qui est menacée. En effet, le gland dénudé perd de sa sen-sibilité. De plus, Immerman & Mackey(1998) et Prescott (1989) ont affirmé quela destruction des terminaisons nerveusessensorielles du prépuce pendant l’enfan-ce conduit à l’atrophie des neurones nonstimulés du centre de plaisir du cerveaupendant la période de développement cri-tique. Taylor, Lockwood et Taylor (1996)ont mis en évidence les effets de l’irrem-plaçable perte de muqueuse érogène descirconcis. Les problèmes physiques spéci-fiques constatés incluaient l’insensibilitédu gland (55 %), le besoin de stimulationsupplémentaire pour parvenir à l’éjacula-

tion (38 %), des cicatrices boursouflées(29 %), et l’insuffisance de peau pourl’érection complète (27 %). Ainsi, on l’ou-blie trop souvent, la circoncision est unemutilation sexuelle et, à ce titre, elle a, depar le passé, souvent été recommandéedans le but de freiner le désir masculin.Enfin, pour Sami Aldeeb33, “il n’est possiblede lutter efficacement contre la circonci-sion féminine qu’en luttant aussi contre lacirconcision masculine. Culturellement, lesdeux pratiques ont le même sens : purifierl’enfant. Et la question est la même : a-t-on le droit d’intenter à l’intégrité physiqued’une personne ?” Il ajoute : “Ce qui estvéritablement scandaleux, c’est de setaire devant la mutilation de millionsd’enfants pour des raisons politiques.”

QU’EN DISENT LES TEXTES RELIGIEUX ?La pratique de la circoncision est trèsancienne : les prêtres de l’ancienne Égyp-te pratiquaient déjà la circoncision juvé-nile en signe d’appartenance à leur caste,comme en témoignent les dessins et gra-vures retrouvés dans des mausolées etdes temples datant de plus de quatremille ans. Il est souvent dit que la circon-

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Dans son film, Dominique Arnaud met enavant que des groupes religieux pratiquent la

« circoncision du cœur » par des rituelsuniquement symboliques. Il met aussi en

évidence que la plupart des personnalités dece monde se désintéressent de la question.

De plus, le film regorge d’informations d’ordrehistorique, juridique, etc.

Retrouvez l'interview de Dominique Arnaud en complément web.

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cision est généralement pratiquée pourdes motifs religieux. Et pourtant, si c’estun signe de l’Alliance juive, de plus enplus de juifs remettent cette tradition encause, à l’instar de Kelly R. : “Mes deux filsne sont pas circoncis, bien que noussoyons juifs. La seule règle pour être juif,c’est d’avoir une mère juive. La circonci-sion n’est en réalité qu’une habitude,mais n’est pas prescrite. Dans ma viesexuelle, j’ai connu des hommes intacts etd’autres non, et je trouve qu’il y a une dif-férence au niveau des sensations. Je n’au-rais jamais pu enlever cela à mes fils.” Demême, dans les textes musulmans, on netrouve aucune obligation de circonci-sion, mais plutôt des conseils d’ordresanitaire, au même titre que le rasagedes poils du pubis. D’ailleurs, la majoritédes musulmans asiatiques ne la prati-quent pas. Sami Aldeeb, responsable dudroit arabe et musulman à l’Institut suis-se de droit comparé, explique : “Le Coran

est le seul livre sacré qui ne parle jamaisde la circoncision. Le mot circoncision n’yfigure pas. Si le Coran ne parle pas de lacirconcision, c’est parce qu’il insistebeaucoup sur l’intégrité physique etconsidère même le fait de couper lesoreilles des animaux comme une obéis-sance au démon.” Il ajoute : “La religiona été un instrument pour justifier la cir-concision masculine et féminine.” En finde compte, la circoncision perduredepuis des millénaires plutôt parce qu’ils’agit d’une tradition, et non d’une obli-gation religieuse. La circoncision desenfants n’a que trop duré, arrêtons desacrifier nos garçons sur l’autel de nostraditions. Car, quand bien même nousaimons nos coutumes, il est possible quenos enfants y prennent goût égalementet ils pourront toujours nous imiter plustard, en toute connaissance de cause.

LAISSONS-LES FAIRE !Si la circoncision a longtemps été justifiéepour empêcher les garçons de se mastur-ber, on comprend qu’il s’agit de ne plusjuger cet acte. Le corps de nos enfantsleur appartient et ils ont le droit de setoucher, de se donner et d’éprouver duplaisir, si tant est que cela respecte notrepudeur. Le corps de nos enfants leurappartient et ils ont le droit de se toucher,de se donner et d'éprouver du plaisir, sitant est que cela respecte notre pudeur.C'est à nous, parents, qu'il incombe deleur faire comprendre que cela ne se faitpas en public, dans un soucis de respectde l'intimité de chacun. Maîtres de leurcorps, ils sauront, en cas de besoin, affir-mer que celui-ci est à eux et que person-ne ne peut en user à sa guise. Ils pourrontgrandir sans jugements moraux entra-vants, dans la pleine conscience de leurssensations corporelles et développerontun rapport sain vis-à-vis de leur corps etde celui d’autrui. "

CARINE PHUNG

1 - Le phimosis est une affection du prépucequi, lors de l’érection, ne peut se rétracterderrière le gland du pénis (le gland ne peutpas se « décalotter »).2 - http://www.regardconscient.net/archi04/0405circoncision.html 3 - Circoncision : le complot du silence, SamiAwad Aldeeb Abu-Sahlieh, ÉditionsL’Harmattan (2003) et Circoncision masculi-

ne, circoncision féminine : débat religieux,médical, social et juridique, ÉditionsL’Harmattan (2001). Et des articles à télé-charger sur http://www.sami-aldeeb.com

Pour aller plus loin :! DVD - Silence, on coupe ! :http://www.circoncision-film.com ! Ma circoncision, Riad Sattouf, ÉditionsBréal Jeunesse (2004).! Pétition à signer (en anglais) :http://montagunocircpetition.org/petitionform.pg ! http://larbreabebes.free.fr/Pages/p_AR_decalottage.htm! http://www.infocirc.org/naouri1.htm! http://fr.wikipedia.org/wiki/Circoncision#Circoncision_m.C3.A9dicale! http://www.regardconscient.net/archi04/0405circoncision.html! http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=701! http://www.circoncision.info/! http://www.infocirc.org/bienven.htm! http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=EP_032_0105! http://www.bebe-passion.be/forum/display_topic_threads.asp?ForumID=46&TopicID=2619 ! http://www.jewishcircumcision.org/spectator.htm (en anglais)! http://www.noharmm.org/jewhouseholds.htm (en anglais)! http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=article&no=8402! http://atunion.free.fr/TA%20119/TA11954.pdf! http://www.lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=651

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65Grandir autrement n°18 - Juillet-août 2009

" " " FAIRE GRANDIR UNE INITIATIVE

Des lavables en maternitéAprès la multiplication des crèches s'équipant en couches lavables, les maternités vont-elles s'y mettreégalement ? Le centre hospitalier de Roubaix, lui, est le premier à se lancer dans la démarche.

D epuis le 6 mai, la maternité duC.H.U. de Roubaix, qui accueilleplus de 2 600 naissances paran, a débuté l’utilisation des

couches lavables. C’est le premier com-plexe hospitalier, en France, à intégrercette nouvelle démarche. Dans un pre-mier temps, cela se fera à petite échelle,afin de voir si tout se passe bien. Le testaura lieu jusqu’à la fin de l’année, à rai-son de trois bébés par semaine qui porte-ront donc des lavables durant leur séjour.Juliette Cargo, membre du service com-munication, explique : “Un documentsera distribué aux familles afin de lesinformer et de savoir si ce test les intéres-se. Ensuite, un questionnaire d’évaluationleur sera soumis afin de savoir si ellessont satisfaites de cet essai”.

UNE DÉMARCHE DE DÉVELOPPEMENTDURABLELe centre hospitalier entend sensibiliserses différents services au développementdurable. Pour sa première action en cedomaine, c’est la couche lavable qui a étéchoisie. La maternité a donc décidé departiciper cette année à la Semaine

Internationale de la Couche Lavable, quia eu lieu du 27 avril au 2 mai, et, ensui-te, de procéder à la période de test. Ceprogramme s’effectue en collaborationavec une entreprise française fabriquantdes couches lavables : P’tits Dessous. Lescouches seront lavées en machine, surplace. Pour le C.H.U., c’est l’occasion d’af-firmer un souci écologique, mais aussi deprivilégier le confort der-matologique offert par lescouches lavables, commel’explique Juliette Cargo :“Cela permet d’éviter denombreuses rougeurs, chosequi nous tenait particulière-ment à cœur”.

UNE INITIATIVE QUI FERA DESPETITS ?Cette initiative pourrait bienintéresser le Conseil Général del’Isère qui a à cœur la promo-tion des couches lavables dansun souci de réduction des déchets. Eneffet, celui-ci a déjà créé des outils decommunication (affiches, dépliants) quiont été notamment distribués dans les

maternités du département. De plus,cette année, à l’occasion de la SemaineInternationale de la Couche Lavable, unDVD a été présenté auprès des acteurs dela petite enfance et de la périnatalité :Eco bébé : bien avant, mieux maintenant.Ce DVD, très bien fait, met en avant lesavantages des couches lavables et pré-

sente leur utilisation au quo-tidien, à la maison ou encrèche, par exemple. Unprojet de service de ramas-sage et de nettoyage estégalement à l’étude. Dansces conditions, peut-êtreque l’une des maternitésde l’Isère sera la secondeà adopter les coucheslavables ? Que ce soit l’une decelles-ci ou celle d’unautre département,

espérons que les testsseront concluants et que l’avenir de lacouche lavable en maternité, au momentoù la peau des bébés est la plus sensible,sera radieux. "

CARINE PHUNG

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" " " ZOOM PRODUIT NATURE

L’argile est une roche sédimentaire composée deminéraux comme l’aluminium, le calcium, le ferou le magnésium. Il en existe une variété infi-nie. Seules certaines d’entre elles sont utilisées

en thérapeutique médicale. C’est l’un des plusanciens remèdes connus. En Égypte, l’ocre jaune ser-vait au traitement des blessures et les boues du Nilentraient dans le processus de momification en rai-son de leur pouvoir conservateur et purificateur.Dans la Grèce Antique, Hippocrate recommandait laterre de Lemnos, une île de la mer Égée, pour soula-ger les rhumatismes, soigner les maladies de peau,apaiser les brûlures, désinfecter les plaies, mais aussipour extraire le venin d’une morsure de serpent.

LE POUVOIR DE L’ARGILEL’argile est depuis toujours associée à la vie. Dans laGenèse, Dieu crée l’homme en le façonnant dans l’ar-gile. Dans le Nouveau Testament, Saint-Jean rappor-te que Jésus guérit un aveugle de naissance en appli-quant sur ses yeux une boue constituée de terre et desa salive. L’argile, présente dans la nature, absorbel’eau ainsi que les éléments minéraux et les moléculesorganiques issus de la pluie. Elle peut ensuite les res-tituer à la végétation qui dispose ainsi d’une réserveen cas de sécheresse. De manière générale, la pré-sence d’eau et d’argile est propice à l’élaboration desmatières premières nécessaires au développement de

la vie. Par instinct, les animaux se dirigent versles sols argileux riches en eau pour s’y rouler ous’y abreuver lorsqu’ils sont malades ou blessés.En effet, l’argile possède la capacité d’échan-ger les oligo-éléments présents dans les miné-raux qui la constituent avec des élémentsextérieurs comme les toxines, qui viennentalors se fixer dans sa structure en feuillets.

À CHAQUE COULEUR SA SPÉCIFICITÉLa couleur de l’argile varie en fonction des minérauxqui la composent et de leurs proportions.! L’argile verte est très efficace pour absorber etréguler les excès de sébum de la peau et des cheveux.Elle a une action nettoyante et purifiante et resserreles pores. On l’utilise en masque sur le visage ou encataplasme sur le cuir chevelu.! L’argile blanche, ou kaolin, est l’alliée des peauxsèches. Elle revitalise les cheveux secs et dévitalisés.Riche en silices, elle est reminéralisante et favorisel’élimination des toxines. Appliquée en poudre sur lesfesses des bébés, elle les protège et prévient l’irrita-tion.! L’argile rouge, qui doit sa coloration aux oxydesde fer présents dans sa composition, est riche enoligo-éléments. Elle améliore la circulation sanguine.! L’argile jaune, tonifiante et stimulante, est recom-mandée pour les peaux sensibles et les cheveux fra-giles.! L’argile rose est l’alliée des peaux réactives quiont tendance à rougir. Riche en oligo-éléments, elle ades propriétés adoucissantes.! L’argile bleue, par son action oxygénante, élimineles impuretés et apporte au teint éclat et luminosité.! Le rhassoul, argile d’origine orientale, s’appliquesur la peau et les cheveux pour un nettoyage en dou-ceur.Les plus couramment utilisées et les plus faciles àtrouver sont les argiles blanches et vertes.

SE SOIGNER PAR L’ARGILEL’argile est particulièrement efficace sur le plandigestif et cutané. Elle agit comme un pansementpour la muqueuse gastro-intestinale tout en adsor-

L’argile, terre des origines, remède vieux comme le monde, entre encore aujourd’hui dans lacomposition de nombreux médicaments et a toujours sa place dans la pharmacopée familiale.Petit rappel de ses propriétés et applications.

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Choix du matériel pour la préparation de l’argilePrivilégier les ustensiles en bois, en céramique ou en verre. À proscrire : le fer et tous les métaux oxydables, de même que leplastique.

Pour l’entretien de la maisonOn peut utiliser la pâte d’argile verte comme poudre à récurer pournettoyer les casseroles et les surfaces en émail ou en inox. La pierred’argile, composée d’argile, de savon végétal, d’huiles végétales,d’huiles essentielles et parfois de blanc de Meudon, frottée avec une éponge mouillée, forme une mousse légère qui constitue unnettoyant très efficace (voir la recette dans le numéro 3 de GrandirAutrement).

L’argile ou la terre aux mille ve

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bant11 les gaz et les toxines présents dans lesintestins, comme en cas de gastro-entérite

par exemple. Elle peut, en outre, aider àréguler le transit et à réduire l’acidité

gastrique. Sur la peau, elle agitcomme un antiseptique tout en res-pectant les tissus, contrairementaux antiseptiques chimiques quiont souvent tendance à les abîmer.Elle est également reconnue pourson action cicatrisante et hémosta-

tique. En effet, l’argile stimule larégénération cellulaire, accélère la

coagulation sanguine et recouvre lapeau d’un film protecteur qui favorise la

cicatrisation et atténue les cicatrices ines-thétiques. En cas de brûlure, elle calme la

douleur, empêche la formation des cloques etfavorise la reconstitution de la peau. Très utile en

cas d’abcès ou de bouton purulent car elle adsorbeles toxines, on peut aussi l’utiliser pour atténuer lesréactions cutanées après un vaccin ou encore poursoulager les démangeaisons lors d’une varicelle. Elleest enfin un précieux allié pour tous les traumatismes :elle résorbe les bleus, réduit les œdèmes, nettoie lespetites blessures et soulage les douleurs des courba-tures, entorses, foulures, rhumatismes et inflamma-tions par son action sédative et décontracturante.

PRÉSENTATION ET APPLICATIONSOn peut trouver l’argile sous différentes formes : frag-ments, granulés, poudre ou comprimés. La présenta-tion la plus courante, et aussi celle qui permet le plusgrand nombre d’applications, demeure néanmoins lapoudre. Il en existe aussi en tube. Il s’agit alors depâte d’argile préhydratée. Mais elle est souvent pluscoûteuse que la poudre seule et peut contenir desadditifs.

En cataplasmeRemplir d’eau environ la moitié d’un saladier (de pré-férence en verre ou en terre). Ajouter de l’argile enpoudre jusqu’à atteindre un niveau un peu inférieurà celui de l’eau (un demi ou un centimètre). Laisserreposer vingt à trente minutes avant d’appliquer lapâte obtenue, soit directement sur l’endroit à traiter,soit en la posant d’abord sur un linge. Le cataplasmepeut être plus ou moins épais et le temps de poseplus ou moins long selon la localisation de l’organe

à soigner. Mais on compte en général deux centi-mètres et en moyenne une à deux heures. L’argilepeut être appliquée chaude, tiède ou froide selon l’ef-fet recherché. Attention toutefois à ne pas trop lachauffer car elle perdrait alors de son efficacité. Lemieux est de la réchauffer doucement au soleil ou aubain-marie. Si l’on doit renouveler l’application, ilfaut veiller à ne jamais réemployer une argile déjàutilisée. En effet, celle-ci a absorbé un grand nombrede substances et doit donc systématiquement êtrerenouvelée.

Argile à boireEn cure de trois semaines, à raison d’un verre parjour, une à quatre fois par an, de préférence auxchangements de saison et principalement au prin-temps pour nettoyer l’organisme et parer à ses défi-ciences éventuelles. À préparer le soir pour le lende-main matin : une cuillerée à café de poudre d’argileverte dans un demi verre d’eau. Mélanger et laisserdécanter. La première semaine, il est conseillé de neboire que l’eau argileuse, c’est-à-dire la partie liquidequi reste une fois que l’argile s’est déposée dans lefond du verre. Ainsi, l’organisme s’habituera progres-sivement aux oligo-éléments présents dans l’argile.Les deux semaines suivantes, on peut mélanger l’eauet le dépôt avant de boire l’ensemble, plus concentré.Les seules contre-indications à la cure d’argile à boiresont l’hypertension et la constipation. Il ne faut pasnon plus consommer d’huile de paraffine pendant lacure car celle-ci durcit l’argile dans les intestins. Enfin,en cas de traitement médical, mieux vaut prendrel’avis de son médecin avant d’entamer une cure : l’ar-gile peut en effet annuler l’effet de certains médica-ments. "

SOPHIE NELSON

1 - L'adsorption est la faculté d'échanger des parti-cules, comme les minéraux, contre des toxines.

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vertus

Emmanuelle E., utilisatrice d’argile« J’ai expérimenté l’argile il y a plusieurs années,d’abord en cataplasme sur mes doigts dontj’avais rongé la peau et les ongles. Ils étaienttrès douloureux et abîmés. Le contact prolongéavec l’argile (j’ai renouvelé l’opération plusieursjours d’affilée) m’a fait du bien en atténuant lasensibilité exacerbée de mes doigts et en aidantles tissus à cicatriser. Plus récemment, j’ai essayéen interne l’eau d’argile verte le matin à jeunpour tenter de venir à bout de diarrhéeschroniques et cela m’a plutôt bien réussi. Jepense d’ailleurs entamer bientôt une nouvellecure, mais en utilisant l’argile blanche cette fois,puisque c’est celle de ma région et qu’il vautmieux choisir pour se soigner une argileoriginaire de l’endroit où l’on vit. Questiond’affinité semble-t-il… ».

Témoignage

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" " " INTERVIEW

Grandir ensemble

68 Juillet-août 2009 - Grandir autrement n°18

Grandir Autrement : Pouvez-vousnous présenter le monde de ToxicPlanet ?David Ratte : Le monde de ToxicPlanet est en fait une extrapolationde notre monde actuel, avec un envi-ronnement social qui ressemblebeaucoup au nôtre, mais avec unniveau de pollution un cran légère-ment au-dessus et, tout particulière-ment, avec une fumée omniprésentedans tous les recoins, à l’extérieurcomme à l’intérieur. La particularité,c’est que, du fait de cette pollutionconsidérable, les personnages sontobligés de porter des masques à gazen permanence.

Comment est née l’idée de ces BD ?L’idée, c’était bien sûr de réaliser une critique denotre société, à la fois dans le domaine de l’environ-nement et de la pollution, mais également une cri-tique de cette société qui accepte beaucoup aujour-d’hui, qui laisse faire des choses assez aberrantes etne réagit pas. On se dit que l’on n’a pas les cartes enmains, que ce n’est peut-être pas si grave que cela,que l’on a autre chose à penser… C’est donc ce quiressort de Toxic Planet : une société très passive surce sujet.

On peut y voir une critique du gouvernement, aussi ?Oui, c’est vrai. C’est une critique de la politiquegénérale, pas spécialement de la politique fran-çaise, mais plus précisément de celle des paysproducteurs, c’est-à-dire les pays pollueurs. Enplus, j’ai créé cette série avant le changementde président aux États-Unis et il y avait beau-coup de choses à dire sur la façon d’appréhen-der l’environnement de la part de l’administra-tion Bush.

Vous avez choisi de toucher les consciences écolo-giques par un biais peu courant, quel est l’impactde ces BD ?En fait, ce n’est pas que j’ai choisi la BD pour parlerde cela, il s’agit de mon vecteur naturel. Je suis avanttout auteur de bandes dessinées, donc j’ai parlé dece sujet avec mes moyens à moi. Mais, en effet, jem’aperçois que cela touche pas mal les gens, peut-être parce qu’ils y trouvent un discours qui n’est pasmoralisateur, ni pédagogique. C’est plutôt pris sousl’angle de la dérision et de l’humour noir, on est dansle divertissement, même s’il y a quand même desidées qui sont transmises. Les documents pédago-giques sont indispensables à mon avis, mais ils netouchent pas toutes les tranches de la population.Moi, le premier, d’ailleurs ! Donc, finalement, je mesuis dit que j’allais en parler comme j’aurais eu envieque l’on m’en parle. Vis-à-vis des enfants, cela passemieux parce que cela ne ressemble pas à du scolaire.Quant aux écolos « pur jus », ils apprécient égalementet s’en servent pour transmettre des informations unpeu différemment. L’intérêt est aussi d’amener lesgens passionnés par la bande dessinée vers l’écolo-gie et inversement. Peut-être que certains se sontintéressés à la problématique de l’environnement parle biais de ces BD et ont obtenu ainsi des informa-tions qu’ils n’auraient pas eues autrement.

Vous décririez-vous vous-même comme écolo ?Je me décrirais comme « un auteur qui est devenuécolo » ! J’ai toujours eu une fibre écologique, c’étaitcomme une évidence, mais, quand j’ai commencé lasérie, j’avais peut-être tendance à être coupable deparesse intellectuelle, comme beaucoup de gens : “ilfaudrait...”, “ce serait bien…”, sans forcément fairequelque chose de concret. Toxic Planet est justementné un peu de ça : le personnage principal, Sam, estun peu une auto-critique également. Il pense qu’ilfaudrait agir autrement mais ne prend pas la peinede le faire, parce qu’il a autre chose en tête et qu’il

Toxic Planet, des BD pour réveillerles consciences écologiques

Entretien avec David Ratte, l'auteur de cette série de bandesdessinées à l'humour décapant, qui dépeignent un monde trèspollué... pas si éloigné du nôtre.

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est un peu flemmard… Au début, son personnageétait très calqué sur ma façon d’être et j’étaisconscient que ce n’était pas une bonne chose, doncje me suis un peu flagellé avec le premier album. Etpuis cela m’a donné l’occasion de m’intéresser, deréfléchir, de me documenter, etc. et finalement, je mesuis auto-discipliné et sensibilisé au fur et à mesuredes albums. Ce qui fait que, oui, aujourd’hui, je peuxme qualifier d’écolo, même si je ne suis pas militantà fond. Donc, au moins, cela aura servi à quelqu’un !

Vous avez également participé au projet « Choisirnotre avenir », pouvez-vous nous en parler ?Cela fait partie des belles rencontres que j’ai faitesgrâce à cette série. C’est une association qui s’appel-le le MDRGF – Mouvement pour le Droit et leRespect des Générations Futures – qui fait partie duréseau européen Health & Environment Alliance, etqui m’a contacté peu de temps après la sortie du pre-mier tome. Ils avaient apprécié le ton et l’aspect unpeu décalé de Toxic Planet et cette nouvelle façon deparler d’écologie. On a donc travaillé pendant deuxans pour développer un document ensemble. Cela aabouti à douze pages de BD, bien documentées. Euxsont de vrais écolos « pur jus », dont j’ai appris beau-coup et au contact desquels j’ai pu, moi aussi, « gran-dir autrement » ! Je suis très fier d’avoir participé à cedocument, parce que c’est un peu la confirmationque je ne me suis pas trompé dans mon discours etune approbation de gens qui sont bien plus qualifiésque moi sur le sujet. Peut-être qu’à l’occasion,

d’autres choses se feront, et ce serait avec plaisir entout cas.

Pensez-vous continuer la série Toxic Planet ?Pour l’instant, c’est difficile à dire. Le dernier albumn’est pas très vieux, il date de novembre. C’est encore« frais ». J’ai mis presque un an à le faire. Il m’a prisbeaucoup d’énergie et de temps parce que c’est unsujet qui devient de plus en plus complexe et parceque j’avais davantage besoin de le creuser. Je travaillesur d’autres séries en parallèle. Pour l’instant, l’actua-lité de Toxic Planet, c’est surtout le développement àl’étranger avec des traductions pour l’Espagne et lesÉtats-Unis. Je suis sans doute entre deux albums pourla série Toxic Planet, parce que j’ai épuisé ce quej’avais à dire dans le troisième tome et qu’il me fautlaisser le temps à de nouvelles idées de naître. Donc,je ne sais pas vraiment, mais j’aurais dit la mêmechose à la fin du premier ou du deuxième album ! "

PROPOS RECUEILLIS PARSTÉPHANIE BOUDAILLE-LORIN

Pour découvrir Toxic Planet : trois tomes ont étéédités à ce jour aux Éditions Paquet : Milieu naturel(2006), Espèce menacée (2007) et Retour de flam-me (2008). La BD créée dans le cadre du projet « Choisir notre futur » peut être commandée auprèsdu MDGRF ou téléchargée (http://www.choosin-gourfuture.eu/download/Choisir_notre_avenir.pdf)avec, entre autres, une histoire où figure une mamanavec un bébé en écharpe, dans laquelle un certainnombre de nos lectrices se reconnaîtront peut-être…

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David Ratte, Extrait du premier tome de Toxic Planet : Milieu naturel, Éditions Paquet (2006).

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! ! ! POINT ALLAITEMENT

Changer d’aviset se décider à allaiterChez certaines femmes, le désir d’allaiter a toujours été là, comme un des éléments de lamaternité. D’autres, par contre, n’avaient pas fait ce choix initialement. Mais un cheminpersonnel leur a permis d’envisager, un jour, d’allaiter leur enfant.

L e choix d’allaiter ou non appartient à chacune.Cette décision peut être prise consciemment,d’après son ressenti personnel. Pour certainesfemmes, l’allaitement est imaginé de manière

tellement négative qu’il en devient inconcevable, lasource de ce rejet pouvant rester au niveau incons-cient.Les mères qui ont accepté de se confier ici avaient prisen premier lieu la décision de ne pas allaiter. Ce choixétait parfois même très fort. Et, un jour, quelque choses’est passé et ces mères ont décidé de nourrir leurenfant au sein. Dans leur démarche, elles arrivent engénéral à mettre des mots sur leurs craintes passéesqui motivaient ce rejet de l’allaitement.

LEURS RAISONS DE NE PAS ALLAITERDans notre société actuelle, nourrir son bébé au bibe-ron est considéré comme normal, d’autant plus queles mérites du lait artificiel sont largement vantés. Ilpeut alors être difficile d’aller à contre-courant.Les femmes de la famille de ces mères peuvent aussine pas avoir allaité leurs enfants. Dans la continuité,les jeunes mères font de même. Certaines futuresmamans ont également pu être choquées pardes vécus négatifs d’allaitement, le leur pourde premiers enfants, celui de femmes de leurgénération ou d’aïeules. Elles préfèrent alorsne pas prendre le risque de vivre ou revivre lamême chose.Certaines femmes pensent qu’elles ne supporte-ront pas les sensations que provoqueraient les tétées.Ceci peut être lié à des mamelons sensibles avantmême la grossesse, à un refus de ce corps à corps ouà un rejet viscéral de cette relation charnelle.Enfin, certaines mères préfèreraient ne pas allaiter,mais se forcent, par devoir, avec l’idée de le faire leminimum de temps et en serrant les dents.

CHANGER D’IDÉE À N’IMPORTE QUEL MOMENTChaque femme peut faire ce chemin vers l’allaitementà tout moment de sa vie. Peu importe ce qui lui estarrivé dans le passé, le choix de revenir sur sa décisionde ne pas allaiter est toujours possible.Certaines se décident à tenter l’allaitement avant

même de tomber enceinte ou entre la naissan-ce de deux enfants. D’autres font ce che-

min pendant leurs essais pour le devenirou encore pendant la grossesse. Lechangement d’avis peut également sefaire au moment de la naissance, entenant enfin son bébé dans les bras. Il

arrive même à certaines mères de serendre compte qu’elles souhaitaient très for-

tement allaiter leur nouveau-né de quelquesjours ou quelques semaines : une relactation est alorsenvisageable.

MOTEUR DU CHANGEMENTLes raisons qui font basculer ces mères sont extrême-ment variables. C’est avant tout lié au vécu de chacu-ne et de leur famille.Dans notre société, qui véhicule tant de faussesidées sur l’allaitement, l’information permet à denombreuses femmes de se rassurer sur ce qu’ellespourront vivre et ressentir pendant les tétées, ainsi

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LE CHOIXD’ALLAITERAPPARTIENT

À CHACUNE.

Le chemin quipeut mener à

l’allaitementdépend de sonvécu personnel,

qu’il soit conscientou non. Il y a

autant de cheminsque de femmes.

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que sur leur capacité à allaiter. Gaëlle D. a été dans cecas : “Vers six mois de grossesse, une copine m’a prêtéle Thirion11. Je l’ai lu avec attention et il m’a paru évi-dent que j’essaierai d’allaiter, surtout quand cela m’aconfirmé qu’allaiter avec de petits seins n’était pasune contre-indication !”. Imaginer l’allaitement commequelque chose d’agréable et de positif ouvre bien desportes. Nathalie G. a vécu ce déclic pendant un courssur l’allaitement durant sa grossesse : “La sage-femme,qui dispensait ce cours, m’a donné une formidableenvie d’allaiter. Elle a parlé de la pression qu’exerçaitun bébé sur le sein en tétant et cela m’a complète-ment rassurée sur les sensations que l’on pouvait avoiren allaitant. Cela paraît idiot, mais, avec le recul, je medis que cela a fait partie des informations fondamen-tales pour moi ! Cela a totalement modifié l’idée queje me faisais de l’allaitement”.Le vécu familial a beaucoup d’importance pourd’autres femmes. Certaines prennent confiance enleur rôle maternel avec un premier enfant biberonnéet se lancent dans l’allaitement pour le suivant,comme cela est arrivé à Sophie D. : “Quelques annéesont passé et beaucoup de lectures me sont tombésous les yeux. Le fait d’élever au quotidien deux petits,de les voir s’épanouir, de recevoir des compliments surleur éveil, m’a donné confiance dans mon rôle mater-nel. Et la confiance, c’est le début du succès !”. Parfois,il faut un peu de temps pour arriver à se séparer duvécu familial négatif de ses aïeules et oser se lancer.Nine R. a eu une relation très difficile avec sa propremère au point où elle redoutait de devenir à son tourmaman : “Au contact de mon premier enfant, j’aiappris que je pouvais être une mère acceptable. Jesuis devenue une maman avec lui, je n’ai plus eu peurde l’être. Et j’ai constaté que j’étais une maman diffé-rente de la mienne. Donc, pour ma deuxième grosses-se, plus besoin de cristalliser mes craintes sur quoi quece soit. Allaiter... eh bien, oui, évidemment !”.La décision d’allaiter son enfant arrive parfois dans uncontexte difficile. Marie G. nous raconte son par-cours pour devenir enfin maman : “J’ai trimé pourtomber enceinte, après deux ans et demi d’essais. Mavision a évolué peu à peu. Et de manière incroyable,dans mes « désespoirs » liés à l’infertilité, la maternitéétait incarnée, au contraire, par une super vision del’allaitement. Je le sentais au fond de moi, je m’ima-ginais allaiter ce bébé. C’était pour moi « ça », mamaternité, cet acte représentait ‘être mère’, bien plusqu’accoucher, être enceinte ou tout autre acte demaman. Bref, gros revirement de visions”. Un risque deprématurité ou de maladie de l’enfant peut déclencherun fort désir d’allaiter, comme l’a vécu Loraine D. :“Pendant la grossesse de mon deuxième enfant, on m’adit que je risquais de perdre ma fille à vingt-deux SA. Je

me suis dit : ‘Si elle naît prématurée, je l’allaiterai’ !”.La grossesse est souvent le moment où le désir d’al-laitement apparaît, parfois sans savoir pourquoi.Marjorie B. explique son ressenti : “La grossesse a toutchangé. Je me suis sentie « pleine d’amour » et il étaitmaintenant clair que j’allaiterai mon bébé”. EvelyneM. se souvient qu’elle a pris sa décision vers la fin desa troisième grossesse, après avoir vécu un rapideéchec de l’allaitement de son premier enfant et ne pasavoir voulu retenter pour le deuxième : “Je ne saispourquoi, l’instinct de louve peut-être ? Je crois quel’envie était là, au fond de moi. Donc le changementd’avis a juste été une prise soudaine de confiance enmoi et le fait de me retirer la pression”. Le bébé, lui-même, peut également devenir unmoteur de ce changement. Une tétée de bienvenue,imaginée comme unique tétée, peut devenir une révé-lation pour la maman qui décide alors de continuer.Tenir enfin son bébé dans les bras et le sentir chercherle sein peut aussi faire naître ce désir d’allaiter. C’estce qui est arrivé à Carole S. à la naissance de son bébé :“On le pose sur mon ventre. Il est si petit, si fragile. Sonpetit corps, tout chaud sur le mien, provoque en moitout un tas d’émotions. Je pleure, qu’il est beau ! Peude temps après, sa petite bouche minuscule contre mapeau cherche frénétiquement mon sein, il a les yeuxgrand ouverts, il cherche, sent ma peau, mon sein. Il al’air si impatient ! Je me lance… et ça marche ! Je suisune femme et une maman comblées. Le sentir toutcontre moi à chaque tétée provoque en moi une telleémotion que j’en ai parfois les larmes aux yeux”.Loraine, elle, a ressenti ce besoin d’allaiter son enfantquelques jours après la naissance : “Ma fille en avaitdécidé autrement : elle buvait mal ses biberons, pleu-rait beaucoup et cherchait en permanence à téter messeins. Du coup, quand elle a eu 10 jours, n’en pouvantplus, je me suis finalement décidée à l’allaiter et mesuis lancée dans une relactation. À partir de là, monintérêt pour l’allaitement n’a cessé de grandir”. Il arri-ve même que la lactation résiste à toutes les médica-tions voulant la réduire, faisant douter la maman desa réelle envie de ne pas allaiter.

LE BONHEUR D’ALLAITERQuand ces femmes prennent la décision d’allaiter,elles se sentent motivées et sereines. Certaines peu-vent enfin mettre des mots sur ce qui les bloquaitauparavant. Il n’y a pas non plus de regret dans leurspensées, particulièrement quand de précédents bébésn’ont pas été allaités. Sophie nous explique : “Je neregrette rien de toutes mes expériences, même pas lesbiberons donnés à mon fils, car il me fallait bien cetteremise en confiance dans ma fonction de mère, serei-ne et détendue, pour me remettre le pied à l’étrier. Et

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les sourires de mon fils repu après le biberon prépa-raient ceux de mes filles endormies contre mon seinaujourd’hui”. Les décisions d’antan de ces femmes sejustifiaient par tout un contexte, ces mères ont fait aumieux pour leur famille à ce moment-là, comme l’aexpliqué Carole L. à son premier enfant : “Mon filsn’est pas choqué d’avoir eu des biberons et de voir sasœur au sein. Pour lui, la norme c’est le sein. Il m’a,bien sûr, posé la question de savoir pourquoi sa sœurétait allaitée et pas lui. Ce à quoi je lui ai répondu, en

toute franchise, que, quand il était né, je n’avais pastrop envie d’allaiter. Mais j’ai bien insisté sur le fait queje ne l’en aime pas moins pour autant”. !

MARTINE VERGNOLCONSULTANTE EN LACTATION IBCLC

1- L’allaitement, de la naissance au sevrage, de MarieThirion, Éditions Albin Michel (2004).

Comment aider unefemme à faire sonchoix ? En luifournissant desinformations exactes etune vision positive etréelle de l’allaitement.C’est, ensuite, à elle defaire son chemin enfonction d’où elle setrouve à ce moment-là.

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DU CLASSIQUE…Les fruits de l’été nous ramènent au plai-sir d’un jus savoureux. Pressé fraîchementà la centrifugeuse ou à l'extracteur de jus,il ravira nos papilles et conservera sesvitamines pour le plus grand bénéfice denotre corps. On peut aussi remplacer lejus de fruits par un jus de légumescomme la carotte, la betterave, etc. Si lesenfants ont des difficultés ou du mal àconsommer des fruits ou des légumes, lejus fraîchement pressé sera une bonnealternative. Néanmoins, de même que lesfruits, les jus de fruits seront à consommerplutôt en dehors des repas. En effet, lesucre de cet aliment se digère en uneheure. En fin de repas ou au cours desrepas, le bol alimentaire peut freiner sadigestion et induire une fermentation(ballonnements).

Quant au thé, avec toutes ses variétés, ilconstitue une bonne alternative à l’eau.Néanmoins, sa surconsommation peutentraîner une baisse du fer dans le corps.Cela est dû à sa théine qui neutralise ceminéral dans notre organisme. Certainsthés seront plus recommandés qued’autres : thé vert, noir ou 'rouge' (rooibos).La tisane, elle, peut être prise en cours derepas pour aider notre foie à digérer lesmets dégustés. Les plus profitables serontla badiane, le romarin ou la camomille(romaine ou allemande). Quant à l'hibis-cus, il sera un bon désaltérant. La vraie grenadine ou le vrai sirop dementhe feront revivre en nous des souve-nirs d’enfance, souvent reliés à nosgrands-parents. Enfin, l’eau issue du robi-net, filtrée si possible, constitue une bois-

! ! ! ZOOM ALIMENT

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Des boissons diverses et variées pour renouer avec l’étéAvec l’arrivée des chaleurs estivales, nos papilles redécouvrent le plaisir de la boisson. Du classique jus de fruits aux smoothies, le choix est vaste pour égayer nos repas ou nos goûters familiaux ou amicaux.

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des fruits frais ou parfois aussi avec deslégumes et des fruits mélangés (smoo-thies verts), ils sont riches en vitamines etpeu caloriques (moins de perte de fruitqu'avec des jus). On les préparera de pré-férence avec des fruits issus de l’agricultu-re biologique pour éviter la consomma-tion de pesticides. Sur une table, ils agré-mentent, avec leurs coloris, la décoration.Enfin, leur fraîcheur lors des chaleurs esti-vales permet de se réhydrater avec plaisir. !

ISABEL JIMENEZNATUROPATHE

Bibliographie :" Jus de fruits et de légumes, Cuisine àla centrifugeuse, Yvan Cadiou, Valentinet Jean Pierre Duval, Éditions RomainPages (2007)." Super jus de fruits pour les enfants,Michael van Straten, Éditions Tana(2007)." Fabuleux smoothies, Fanny Matagne,Éditions City (2009)." http://eau.energie.vitale.free.fr/marcel%20violet/energie%20vitale%20eau%20marcel%20violet.htm (sur l’énergie vitale de l’eau)" http://www.lefigaro.fr/sante/2009/04/21/01004-20090421ARTFIG00013-faut-il-bannir-les-bouteilles-d-eau-en-plas-tique-.php (pollution des eaux minérales)

son à part entière. On se rappellera queles eaux en bouteilles de plastique nesont pas neutres : des résidus d’arsenicissu du plastique ont été retrouvés danscertaines d’entre elles.

… AU PLUS ORIGINAL : LES SMOOTHIESDepuis quelques années, les smoothiesenvahissent nos cuisines et nos magasins.Venus des États-Unis avec la vogue d’unealimentation « light », ce sont des bois-sons à base de jus de fruits ou de légumesfrais entiers. Leur spécificité est due à leurvelouté et à leur onctuosité. En effet,fabriqués avec un blender ou un mixer,ces jus sont souvent mélangés avec dulait de soja, un yaourt, etc. Préparés avec

Jus de fruits ou delégumes frais (ici, labetterave) : se désaltérerrime avec se vitaminer.

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! ! ! FINES BOUCHES

Centrifugeuse, blender ou extracteur de jus :faut-il s'équiper ?Loin de moi l'intention de vous inciter à l'achatd'un appareil électrique onéreux, encombrant etnon recyclable. Mais si vous êtes très motivé parcet investissement, voici quelques éléments àprendre en compte pour faire le choix qui vous

conviendra le mieux :- le blender est le choix le plus économique. Il vous

permettra de préparer des soupes, des purées et dessmoothies. Ces « jus à manger » sont en effet très épais,puisqu'on y retrouve toute la pulpe. Plus rassasiants, ilsreviennent moins cher en matière première que les jusobtenus à la centrifugeuse ou à l'extracteur. Si vous avez

déjà un robot culinaire à cuve hermétique assez puis-sant, inutile d'ajouter un blender à votre batterie : il don-nerait des résultats similaires.- la centrifugeuse a l'inconvénient d'être pénible à net-toyer, ce qui décourage de l'utiliser au quotidien.- l'extracteur de jus, qui presse fruits et légumes dansune tarière, donne des jus délicieux dont une partie desfibres est écartée. De plus, cela évite l'oxydation. Pour legoût, c'est le top ! Mais l'investissement ne se justifieraque pour un usage très régulier. Alors, mieux vaut avoirun jardin ou une source de fruits bio bon marché.

Anne Brunner, http://blogbio.canalblog.com

Lait de riz glacé vanille-fraisePour quatre verres! 1 cuillère à soupe de farine de riz! 500 ml d'eau! 1 cuillère à café de miel! 4 glaçons! 100 g de fraises! 1 gousse de vanille

P Délayer la farine de riz avec l'eau versée progressive-ment. Porter le mélange à frémissement et compter cinqminutes de cuisson. Hors du feu, mélanger le miel dans leliquide encore chaud. P Laisser le lait de riz refroidir complètement. P Filtrer le lait de riz avec une passoire à mailles très fines.P Le mixer avec les glaçons, les fraises et les graines devanille grattées.

Des boissons fraîchesà partager sans modération

Tisane maman-bébéPour un petit bocal de tisane (environ quinze tasses)! 2 cuillères à soupe de graines de fenouil! 1 cuillère à soupe de graines de fenugrec! 1 cuillère à soupe de graines de cumin! 3 pincées de feuilles de basilic séché

P Mélanger ces ingrédients et les conserver dans unbocal hermétique à l'abri de la lumière.P Pour préparer une tisane, jeter une cuillère à soupedu mélange dans une casserole. Couvrir d'un demi-litred'eau et chauffer jusqu'au premier bouillon. Couper lefeu et laisser infuser quelques minutes. Filtrer. Servirchaud ou froid.Bon à savoir : les plantes utilisées pour cette tisaneont la réputation d'être galactogènes. Cette tisane peutêtre bue avec plaisir par les mères allaitantes mais aussipar toute la famille. Le fenugrec est une légumineuse dont le parfum épicérappelle le céleri. Vous pourrez en trouver des grainesau rayon « graines à germer » des magasins bio.

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Jus vertPour quatre petits verres! ! concombre! 2 pommes d'une variété juteuse! 12 feuilles de menthe fraîche! 12 feuilles de persil plat

P Laver le concombre et les pommes, sans leséplucher. Les épépiner. P Passer tous les ingrédients à l'extracteur de jus ouau blender. P Servir sans attendre. Un jus idéal pour faire le pleind'énergie dès le matin, par exemple.

Horchata de chufa, un lait végétal

venu d’EspagnePour quatre verres

! 125 g de tubercules de souchet séchés

! ! litre d'eau

! 1 cuillère à café de cannelle moulue

! du sucre (facultatif)

P La veille, rincer les tubercules et les mettre à tremper

dans un grand volume d'eau pour vingt-quatre heures.

P Le lendemain, égoutter le souchet et le rincer. Le

broyer au robot culinaire ou au blender, avec l'eau.

Poursuivre jusqu'à obtenir un liquide blanchâtre. Filtrer

avec une passoire très fine ou une étamine.

P Ajouter la cannelle et, si vous le souhaitez, du sucre.

Servir bien frais.

Bon à savoir : cette boisson, typique de la région de

Valence en Espagne, y est servie sucrée et glacée. En

France, le souchet séché importé d'Espagne fait son

apparition dans les magasins bio. Il est présenté comme

un aliment très nutritif et sans gluten.

Eau de fenouilPour quatre verres! La moitié d'un bulbede fenouil! 1 tranche d'un citronbio, avec la peau! 1 cuillère à café degraines de fenouil! ! litre d'eau

P Couper le fenouil en tranches fines. Couvrir tous lesingrédients d'eau et placer au réfrigérateur une heure. P Filtrer et servir bien frais.

Sirop à la fraise maisonPour un petit flacon de sirop! 250 g de fraises! environ 200 g de sucre de canne brut blondP Mixer les fraises ou les passer au moulin à légumes.Laisser cette purée vingt-quatre heures au frais, puis la fil-trer avec une passoire à mailles très fines. Peser la quanti-té obtenue.P Mélanger la purée defraises avec le même poids desucre. P Porter à frémissement pen-dant cinq minutes. Ce siroppeut se conserver quelquessemaines dans un flacon her-métique au frais.

P Pour servir, diluer environ1 cuillère à soupe de siropdans un verre d'eau en agi-tant le mélange à la cuiller.

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Grandir éthique Le magazine Grandir Autrement a pourvocation d’être diffusé dans l’ensemble desterritoires francophones, et même au-delà, et de s’adresser à tous les parents. Il souhaiteaccompagner chaque parent, quel que soit sonchemin. Conscient que chaque famille, chaqueindividu est unique, Grandir Autrement n’a pastant pour but de donner des conseils que despistes de réflexion.

Grandir Autrement est porteur d’un messagede parentage proche des rythmes et besoins dutout petit, ainsi que d’éducation respectueuseet sans violence des enfants. Pour autant,Grandir Autrement ne souhaite pas émettre dejugement de valeur : à chacun d’y prendre lesinformations qui l’intéressent et de laisser cequi ne lui convient pas.

Grandir Autrement est conscient del’importance de sauvegarder notreenvironnement pour l’avenir de nos enfantset des générations futures.

Grandir Autrement cherche avant tout àapporter des informations objectives étayéesdans la mesure du possible par des donnéesscientifiques.

Les annonceurs qui participent à la vie dumagazine sont rigoureusement

sélectionnés, afin de conserver une véritableliberté d’expression et un regard critique. De plus, la place de la publicité estvolontairement limitée.

Le magazine est imprimé sur du papierrecyclé non blanchi, avec de l’encre végétalesans solvant, par un imprimeur inscrit dansune démarche de développement durable et ayant reçu le label Imprim’vert.

Sommaire du numéro 19Quelques titres pour vous mettre l’eau à la bouche !

Les familles nombreuses

4, 5, 6 enfants, voire plus ? Lesfamilles nombreuses intriguent :comment font les parents ? D'où

vient ce désir d'enfants ? Lespréjugés sont aussi légion : entreceux qui voudraient uniquement

toucher les allocations familiales etceux qui ne connaîtraient pas la

contraception, les familles nombreusessont rarement comprises. Enquête sur le

quotidien des petites tribus familiales.

Naître parentsreportage dans une maternité amie des bébés

Grandir et s’éveillerÉducation : Les gros mots

Grandir ensembleLe lombricompostage

Dossier

GA-18-78-80 Prochain ga 15/06/09 14:46 Page 78

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