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Pr Mohamed Haddy INAU Rabat 2016 1 Gestion des risques Et Developpement territorial Methodologie de recherche doctorale 1 I/ Introduction Cette présentation n’a pas la prétention d’imposer un cadre normatif rigide et contraignant qui rebuterait tout candidat à la thèse ; l’objectif est plus noble, il s’agit de canaliser et d’aider le doctorant à cibler et à mieux cerner ses idées propres. Sachant que le projet de recherche du doctorant aura, toujours, besoin d’être ré -aiguillé en fonction de l’évolution de la recherche, en fonction de la maturité et du recul du doctorant en fonction des nouvelles données géostratégiques, voire en fonction des opportunités du marché du travail ; en précisant que la thèse de doctorat n’a pour objectif que d’affiner le domaine de spécialisation de l’étudiant. Le travail préliminaire proposé a pour objectif de préciser les différences et les points communs entre les travaux de réflexion, orientés vers la recherche. L’importance de la 1 L’université au sens moderne remonte au XIIIe siècle pour l’Europe, alors que pour le Maroc elle remonte au XIe siècle. Docte est celui qui possède des connaissances étendues, notamment une grande culture classique. Vous êtes docte, érudit; vous employez l'érudition à haute fin, à la démonstration évangélique (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 416). Un docte médecin, un savant humaniste nourrissant de beaux textes antiques et de curiosités ardentes sa prodigieuse mémoire. Qui montre ou qui fait montre d'une grande érudition, qui est infatué d'un savoir réel ou simulé. Ces mêmes objets, que vos doctes mépris accueillent aujourd'hui d'un front dur et sévère (CHENIER, Poèmes, Invention, 1794, p. 16) : Un homme, le nez surchargé de lunettes bleues, la tête chauve et le ventre proéminent, (...) vêtu d'un habit noir, cravaté de blanc, avait la docte apparence d'un avocat et d'un médecin. Cet air docte et sérieux que sur l'écran le spectateur trouve si comique. Qui témoigne de connaissances étendues : La médecine était l'art noble, fier de ses beaux secrets et qui prêtait à de très doctes et subtils discours. On rencontre aussi « doctissime », adjectif, au sens de « très savant » : « Vous êtes doctissime dans les passions, les dégoûts, les instances et les fourberies du monde (...) ». Pascal était « doctissime » en telle matière autant que pas un (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 357).

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Pr Mohamed Haddy INAU Rabat 2016

1

Gestion des risques Et

De veloppement territorial

Me thodologie de recherche doctorale1

I/ Introduction

Cette présentation n’a pas la prétention d’imposer un cadre normatif rigide et

contraignant qui rebuterait tout candidat à la thèse ; l’objectif est plus noble, il s’agit de

canaliser et d’aider le doctorant à cibler et à mieux cerner ses idées propres. Sachant

que le projet de recherche du doctorant aura, toujours, besoin d’être ré-aiguillé en

fonction de l’évolution de la recherche, en fonction de la maturité et du recul du

doctorant en fonction des nouvelles données géostratégiques, voire en fonction des

opportunités du marché du travail ; en précisant que la thèse de doctorat n’a pour

objectif que d’affiner le domaine de spécialisation de l’étudiant.

Le travail préliminaire proposé a pour objectif de préciser les différences et les points

communs entre les travaux de réflexion, orientés vers la recherche. L’importance de la

1 L’université au sens moderne remonte au XIIIe siècle pour l’Europe, alors que pour le Maroc elle remonte au XIe siècle. Docte est celui qui possède des connaissances étendues, notamment une grande culture classique. Vous êtes docte, érudit; vous employez l'érudition à haute fin, à la démonstration évangélique (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 416). Un docte médecin, un savant humaniste nourrissant de beaux textes antiques et de curiosités ardentes sa prodigieuse mémoire. Qui montre ou qui fait montre d'une grande érudition, qui est infatué d'un savoir réel ou simulé. Ces mêmes objets, que vos doctes mépris accueillent aujourd'hui d'un front dur et sévère (CHENIER, Poèmes, Invention, 1794, p. 16) : Un homme, le nez surchargé de lunettes bleues, la tête chauve et le ventre proéminent, (...) vêtu d'un habit noir, cravaté de blanc, avait la docte apparence d'un avocat et d'un médecin. Cet air docte et sérieux que sur l'écran le spectateur trouve si comique.

Qui témoigne de connaissances étendues : La médecine était l'art noble, fier de ses beaux secrets et qui prêtait à de très doctes et subtils discours. On rencontre aussi « doctissime », adjectif, au sens de « très savant » : « Vous êtes doctissime dans les passions, les dégoûts, les instances et les fourberies du monde (...) ». Pascal était « doctissime » en telle matière autant que

pas un (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 357).

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territorialisation et le poids de l’ancrage du projet de recherche permettront de dégager

les originalités de chaque thèse. Sachant que cela n’affectera ou n’éludera nullement,

l’impératif de la méthode, combien essentielle dans la préparation d’une rédaction

fondée sur la capacité d’observer et le recul dans le jugement en connaissance de

cause.

L’institution universitaire n’a jamais cessé de se transformer pour accompagner

l’évolution de la société et ce, par la diversification et la professionnalisation de ses

diplômes. Cette diversification et cette spécialisation a permis à un grand nombre de

compétences formées d’en tirer profit et de se hisser aux commandes sociétales.

Cependant, il faut ici relativiser le terme professionnalisation, du fait que son utilisation

risque d’être un peu gênante puisqu’elle se démarque, implicitement, du métier de la

recherche et de l’enseignement, auxquels devrait mener, généralement, le doctorat.

Le doctorat consiste en une formation par la recherche, à la recherche et à l'innovation.

Il est considéré comme la première expérience professionnelle vers la recherche. Le

doctorat est sanctionné, après l’élaboration d’une thèse et d’une soutenance orale et

publique, par l’attribution du grade de docteur ;

ce doctorat se prépare au sein d'une formation doctorale rattachée à une école

doctorale et à un laboratoire et la durée de sa préparation est de trois (3) ans.

Qu’est-ce que le doctorat ?

Al Quaraouiyine

Une femme du nom d’Oum Al Banine fatima Al Fihriya a fondé l’Université d’Al

Quaraouiyine dans les années 245 de l’Hégire à Fès, ce qui correspond au milieu du

9ème siècle grégorien. Elle devient, du Xe siècle au XIIe siècle, un important centre

d'enseignement et la première université au monde.

La mosquée d’Al Quaraouiyine compte 270 colonnes formant 16 nefs de 21 arcs

chacune. Chaque nef contient 4 rangées de 210 fidèles, soit 840 ce qui donne pour les

16 nefs 13 440 rangées. Peuvent être rajoutés un nombre de 160 fidèles qui peuvent se

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placer, au besoin, entre les colonnes ; 2700 autres peuvent trouver place dans la cour

et 6000 dans la galerie, les vestibules et les seuils des portes. Au total, pas moins de

22 700 fidèles peuvent prendre part à la prière.

Au XIIe siècle, toute une série de noms parmi les plus grands ont été associés d'une

manière ou d'une autre à l’Université Quaraouiyine, notamment les grands précurseurs

du soufisme, tels Ibn Hrizim, Abou Madyane, Abdeslam Ben Mchich Alami, les

philosophes Avenpace2 et Averroès, le géographe Al Idrissi mais aussi Maïmonide et

Ibn Khaldoun pour ne citer que ceux-là.

A l’Université Al Karaouiyine, les enseignements étaient le hadith : sahih boukhari

(tradition du prophète) ; ousoul al fikeh (sources du droit) ; al fikeh (le droit) (moukhtasar

sidi Khlil, Rissala d’Ibn abi zayd el kiraouani, al mourchid al mouîn d’ibn aâchir, touhfa

d’ibn âssim ; nahou, al jarroumiya d’ibn ajarroum et al alfiya d’imam malik ; al bayane,

maâni, badiî (rhétorique) ; manthik (la logique) ; al âroud (prosodie) ; al hissab (le

calcul) ; tawhid (unicité de Dieu) ; kadaya ou ahkam (pratique juridique) ; Al adab

(littérature) borda et hmziya ; Tafsir (l’exégèse coranique) ; tangime (l’astronomie) ; al

kalam (la métaphysique) ; tasaouf (la mystique) ; logha (la lexicographie) ; attasrif (la

philologie) ; tarikh (histoire) ; joughrafiya (géographie) ; Tibb (médecine) ; jadwala

(divination) ; kimiya (alchimie). A l’issue des études on avait Al Ijaza, At Takhsis ; alors

que la consécration était Al Alimiya.

Les professeurs recevaient des habous diverses indémnités pour les fonctions

religieuses qu’ils exerçaient (prédications du vendredi (khotba), direction de la prière

(imama), lectures du coran (hizb), récitations de prières (latif, chifa) : ils arrivaient à

gagner jusqu’à 1000 methkal par mois. Le makhzen allouait aux professeurs des

soutiens substantiels en nature. Ils étaient logés dans des immeubles du habous ou

recevaient une indemnité de logement ; leur vie était donc assurée et ils appartenaient

pour bon nombre à la bourgeoisie. Les professeurs jouissaient de la liberté la plus

complète et personne ne leur ne leur imposait ni horaires, ni programmes. Ils se

2 Abu Bakr Mohamed Ibn Yahia al-Tjibi al-Serqasti Ibn Bajja est surnommé également Ibn al-Sayegh (fils du bijoutier). Chez les Européens, il est connu sous le nom d'Avempace. Sa vie n'est pas bien connue, sinon qu'il est né à Saragosse, en Andalousie, à la fin du XIe siècle.

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distinguaient en « oulama el kbar » titulaires d’un koursi (chaire) et les autres ; ils

n’agissaient en tant que corps que pour donner l’investiture à un nouveau sultan ou

pour donner une fatwa demandée. Ils étaient tenus en haute estime avec respect dû à

des érudits qui font rayonner le renom du pays et ils avaient une haute opinion d’eux-

mêmes.

La Sorbonne

Robert de Sorbon (1201/1274), fils de paysan est réputé avoir été l'un de ces pauvres

écoliers qui ont obtenu un soutien ecclésiastique pour faire des études ; Robert de

Sorbon est élevé au sacerdoce et reçu docteur ; pourvu d’un canonicat dans l’église de

Cambrai, ses sermons et ses conférences lui valent une grande réputation.

Dans le but de venir en aide aux pauvres ; il s’associe à des gens de bien, tels le

chanoine (membre du clergé) et médecin de la Reine et l’archidiacre (vicaire épiscopal)

de Reims, l’un des aumôniers du Roi. En 1250 la régence blanche de Castille (épouse

de Louis VIII) cède une maison et des écuries à Maître de Sorbon, à la rue Coupe-

Gueule ou Coupe-Gorge, aujourd’hui rue de la Sorbonne. Il établit une société

d’ecclésiastiques et après avoir établi solidement sa société pour la théologie,

approuvée en 1259 par le Pape Alexandre IV ; Robert de Sorbon y ajoute en 1271 un

autre collège pour les humanités et la philosophie, lequel subsiste jusqu’en 1635, année

où Richelieu le démolit pour bâtir sur son emplacement l’église actuelle de la Sorbonne.

Des Doctes (docteurs ecclésiastiques) réputés se chargent de l’enseignement ; et dès

cette période on parle du « collège de Sorbonne », puis de « La Sorbonne ».

Pour obtenir le titre de docteur de Sorbonne, il fallait avoir accompli, pendant dix ans,

des études dans ledit collège ; tout comme il fallait avoir argumenté diverses thèses

dites « mineure, majeure, sabbatine, tentative, petite sorbonique et grande

sorbonique ».

La grande sorbonique constitue l’ultime et l’épreuve la plus terrible : de dix heures du

matin à six heures du soir, l’impétrant (doctorant) devait sans manger, soutenir

l’offensive dialectique de vingt ergoteurs qui se relayent de demi-heure en demi-heure.

Quand on sortait vainqueur de ce marathon, on devenait docteur après avoir été coiffé

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du bonnet par le chanoine de Notre-Dame. A la mort de Robert de Sorbon, La

Sorbonne était connue dans toute l’Europe chrétienne.

II/ Présentation du projet de thèse

Un projet de thèse vise à permettre de se faire une idée de l’intérêt et de l’originalité

d’un sujet de recherche, ainsi que de la capacité du candidat à mener à bien ce travail.

La présentation du projet de thèse doit porter sur des points fondamentaux : l’objectif de

la thèse, l’état de la question, la problématique, la méthode, le plan de recherche, ainsi

que les premiers axes d’investigation.

1. L’objectif de la thèse doit être présenté de façon concise, dans

l’introduction du projet.

2. L’état de la question doit résumer les principales tendances et

théories en rapport avec le sujet proposé. Sans aller dans le détail,

cette partie doit constituer un préalable à l’exposé de la

problématique et révéler l’orientation choisie et la capacité du

candidat à faire une synthèse bibliographique.

3. La problématique doit être clairement définie, tout en mettant en

exergue l’intérêt propre du travail.

4. La méthode doit être décrite brièvement et son choix justifié ; de

même, les procédures et situations prévues pour l’étude doivent

être présentées de façon succincte.

5. Le projet de thèse doit comporter les étapes principales d’un plan

de recherche pour l’ensemble du travail envisagé ; et ce plan doit

être abordé de façon souple, pour être modifié ou complété par la

suite.

6. S’il existe des résultats préliminaires (issus de Mémoires de

Master, de thèses de doctorat…), ils peuvent être présentés de

manière concise.

7. Le projet doit être rédigé en français et le texte ne doit pas excéder

15 pages.

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III/ Objectifs de la thèse

En faisant une thèse, on apprend à construire des idées, à développer une analyse

critique, à structurer des arguments, à collecter et à traiter des données, puis à les

restituer de manière cohérente, à écrire de façon correcte et compréhensible, à

présenter son travail à l’oral, à respecter les délais, à travailler de manière autonome et

en équipe, à gérer des « projets » (journées d’études, séjours de terrain, articles…), à

constituer, à développer un réseau et à contribuer à son animation. Le doctorat permet,

enfin, d’acquérir une connaissance empirique et théorique poussée dans un domaine

particulier.

Les nombreux débats sur le Doctorat mettent en évidence les nombreux

questionnements : Quel doctorant en Gestion des risques et développement territorial

(GRDT) ne se poserait pas de questions sur son avenir professionnel ? Ces difficultés

sont aggravées par la précarisation, du moins la banalisation de l’enseignement

supérieur et de la recherche, sans omettre ou nier les inégalités, pour ne pas dire le

clanisme qui sont devenus, de plus en plus, le propre du monde de l’enseignement

supérieur actuel. Cette approximation se traduit par une dépréciation inquiétante du

grade du doctorat et cette situation doit changer. Aussi, faut-il s’inscrire dans la

reconstruction de l’image du doctorat et de lui redonner toute la luminescence qui doit

être la sienne, à l’effet de sa revalorisation comme expérience valorisante à part entière

et comme positionnement intellectuel rehaussant.

Plus spécifiquement, les chercheurs en GRDT, de par leur immersion dans un monde

territorialisé au sens large, seront amenés à entrer en dialogue avec une multitude

d’acteurs des mondes de la politique, de la santé, de la société civile... Ces interactions

permettront au doctorant de s’approprier une pluralité de techniques et d’outils, de

comprendre et de raisonner dans une diversité de grammaires ; et cette maîtrise de

différents langages et pratiques permettront au doctorant, en raison des connaissances

acquises, de réconforter ses positions d’« intermédiaire » et d’interface des différents

mondes précités.

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En effet, la simple maîtrise des savoirs et savoir-faire ne suffit pas pour valoriser et

rendre opérationnel le doctorant, puisque la transformation en outils expérientiels et en

compétences « praxisées » suppose de confronter leurs pertinences respectives aux

savoir-faire des différents interlocuteurs professionnels. Une formation doctorale, digne

de ce nom, doit non seulement transmettre les savoirs et les outils nécessaires pour

faire de la recherche, elle doit aussi et surtout préparer le chercheur à, effectivement,

exercer son métier.

Une autre attente concerne l’acquisition de compétences dans les métiers de la gestion

des risques et cela doit constituer le cœur de l’action de cette formation doctorale. Ainsi,

l’appropriation de savoirs, de savoir-faire, ainsi que des outils qualitatifs et quantitatifs,

permettront, grâce à la confrontation avec des sociologues, des anthropologues, des

politologues, des économistes... de croiser les regards sur le territoire, pour mieux

anticiper les risques et gérer avec efficience les crises et les catastrophes.

Entre le désir d’influer sur le monde, l’exigence scientifique de distanciation et le besoin

de s’incruster dans un métier se dessinent des postures de recherche et des rapports

au savoir distincts, qui ne se résument pas à de simples idéaux-types. L'articulation

consciente et responsable de ces postures implique l’intellection des tensions éthiques

et déontologiques sous-jacentes aux pratiques de recherche. Sachant que les

conditions de collaborations interdisciplinaires sont négociables, et les tensions qui en

résultent peuvent s’avérer fructueuses.

La question de qui déterminent les méthodes, les objets et les problématiques de

la thèse de doctorat fait écho à la question de l’autonomie de la recherche dans

les cindyniques.

III/1 Les motivations

On se rabat vers le doctorat, pour différentes raisons :

1. Par passion, recherche entreprise pour mieux connaître, même si cet

argument n’est que très rarement avancé ;

2. Approfondir un domaine de connaissance ;

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3. Faire carrière et s’enrichir, même si la thèse n’est pas la seule voie pour

ouvrir les portes à une quelconque carrière ;

4. Réaliser une carrière de chercheur, tout en faisant correspondre son sujet

aux préoccupations scientifiques du moment et tout en acceptant le sas

des différentes procédures d’évaluation imposé par les pairs, pour être

qualifié aux fonctions d’enseignant-chercheur dans des organismes

universitaires ou non universitaires.

5. Devenir un cadre supérieur.

Sachant que les places sont chères

III/2 Le financement de la thèse

La pluralité des champs de recherche en GRDT se traduit par la multiplication des

thèmes à investiguer ; mais pour ce faire, la question du financement des thèses de

doctorat est centrale, particulièrement pour les doctorants qui ne travaillent pas.

En effet, en premier lieu, le fait d’être financé assure la reconnaissance de la recherche

doctorale comme un véritable travail ; d’ailleurs, le financement des travaux de thèse

pourrait en partie pallier, du moins endiguer l’inconsistance qui handicape, de plus en

plus, l’enseignement supérieur : la responsabilisation que confère le financement du

doctorant constitue une étape valorisante, puisque permettant de le considérer comme

un chercheur professionnel en formation

De même, au-delà des questions matérielles, le fait d’être financé permet au doctorant

d’être, dès le début de la thèse, en interaction avec le monde professionnel et avec les

institutions qui le financent. Ainsi, le financement permettra au doctorant d’être inséré

dans un projet pluridisciplinaire qui lui fournirait des éléments de spécialisation dans un

champ de recherche et dans un réseau d’acteurs professionnels : in fine il s’agit d’un

projet « win/win ».

Par ailleurs, le financement constitue un gage de sérieux dans les dossiers de

qualification et cela implique, bien entendu, que le travail a fait l’objet d’un suivi, ce qui

ne peut qu’enrichir le parcours doctoral et ce qui permet d’établir une relation étroite

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avec le ou les institutions qui le financent. Ainsi, le financement, non seulement, il

renforce la dimension professionnalisante du doctorant, il est aussi une reconnaissance

institutionnelle de la thèse du doctorat comme un véritable travail qualifiant.

Au-delà de l’atout : que le financement procure comme sérénité, combien réconfortante,

pour la continuation de la recherche, il permettra au doctorant d’instiller à doses

raisonnables -de par la proximité avec les institutions- le véritable métier du « rik

manager », sachant que le doctorant, tout en quêtant des savoirs applicables à des

réponses opérationnelles, il doit se plier à la fois aux exigences et contraintes de

l’institution qui le soutient et à celles de la discipline dans laquelle il fait sa thèse.

IV/ Préliminaires pour la construction de la thèse

Qu’est-ce qu’une thèse ?

1. Un argument

2. L’exposé d’un travail de recherche original

3. Le produit d’un apprentissage

4. Probablement le travail le plus conséquent que vous aurez à faire

5. Un travail qui pourrait être publié

6. Un ensemble d’articles dans des revues scientifiques

7. Une contribution originale à la connaissance d’un sujet.

Mener à terme une thèse de doctorat est un travail qui n’est pas de tout repos ; en ce

sens qu’il faut commencer par réfléchir, prendre le temps de se poser des questions

précises et porteuses, ouvreuses de portes et porteuses de solutions : pourquoi

entreprendre un tel travail de doctorat ? Quelles sont les motivations ? Quelles sont les

visées universitaires ou les projets professionnels pour l’avenir ? Est-ce, juste parce

qu’il n’y a rien d’autre à faire ? Quels sont les points forts et les points faibles du

doctorant ? Est-on capable d’entreprendre et de s’investir dans un travail solitaire de

longue haleine ? A-t-on bien choisi le sujet ? Sachant que d’une manière générale, le

taux d’abandon en thèse est très élevé. Il dépasse les 60% ainsi répartis :

Avoir trouvé un emploi (40%)

Raisons financières (30%)

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Lassitude (20%)

Par ailleurs, il faut veiller à ce qu’aucune des étapes qui suivent ne soit omise :

1. Le Titre doit renvoyer le message de la thèse

2. Le contenu doit laisser transparaitre que les meilleures idées sont là

3. Le travail doit se présenter comme un plan d'attaque où l’on explique

tous les problèmes abordés. En outre, la description de l'œuvre doit

être assez détaillée pour que tout le monde la comprenne ; de même,

par l’analyse critique (évaluation) des résultats, on doit montrer les

limites temporelles de son travail et montrer qu’il ouvre sur de

nouvelles perspectives.

4. Attention aux détails de l’orthographe ! De même, il ne faut pas donner

l’impression de coincer quelque part et pour cela, ne pas hésiter à

changer de plan si cela s’avère nécessaire.

5. Concernant la rédaction, il faut commencer à écrire dès à présent, ne

jamais attendre le lendemain.

V/ Méthodologie de la thèse

Une préparation intellectuelle et un soutien psychologique sont nécessaires au

doctorant pour bien choisir son sujet de thèse. En effet, le choix du sujet doit tenir

compte de la trajectoire et des objectifs intellectuels que l’étudiant a déjà suivi, ainsi que

ses capacités à investiguer un tel travail de recherche. Aussi, choix de la discipline, de

la thématique générique, de la macro-méthode doivent retenir toute l’attention et tout le

temps rationnel de réflexion, pour permettre au doctorant de travailler sa thèse dans la

sérénité.

La méthodologie pour laquelle optera le doctorant permettra de trouver des réponses à

la question bien angoissante de l’organisation du temps et des idées, pour réaliser dans

les délais impératifs le travail de recherche. Elle permettra de combiner les faits et les

théories les plus adaptées, de collecter les informations nécessaires et d’observer tout

le recul nécessaire pour construire un argumentaire convainquant où la théorie éclaire

les faits. En effet, parce que les faits une fois étudiés peuvent valider ou invalider une

théorie et/ou plusieurs hypothèses ; il s’agit de faire en sorte que les différentes étapes

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intermédiaires soient présentées par voies orales et écrites partagées, afin d’être

discutées, soutenues, enrichies ou abandonnées.

Aucune approche méthodologique, si pertinente soit-elle n’est totalement adéquate en

elle-même ; différentes méthodes possibles en fonction de la spécificité de chaque

sujet. Toute méthode de recherche se définit d’abord par des procédures et des

techniques ; il est conseillé de combiner plusieurs méthodes dont l’argumentaire est

susceptible de valider les explications avancées. Développer des concepts explicatifs

facilite la compréhension des processus sociaux que l’on se propose d’analyser : une

recherche de sens.

A cet effet, une approche méthodologique doit servir de référence ; Aussi, faut-il veiller

à ce que des étapes pédagogiques soient observées, à savoir : un questionnement

serein, prendre le temps de construire une ou plusieurs hypothèses, penser à

enclencher, au moment opportun, une ou plusieurs enquêtes, élaborer dès le départ

des analyses, lancer des discussions et tirer des conclusions qui constitueront le cadre

pédagogique, c’est-à-dire l’expérimentation de l’ensemble des étapes de la

méthodologie de recherche.

L’investigation méthodologique permettra de savoir, s’il s’agit d’un travail théorique

fondé sur l’abstraction et sur l’évolution de la pensée théorique3, un travail sur un

courant intellectuel4, un travail sur un concept et sur le domaine de son utilisation5.

En tout cas, l’approche : travail empirique versus travail théorique est factice, du fait

que les certitudes sont théoriquement exclues, en matière de gestion des risques.

D’ailleurs, dans un travail théorique, le doctorant est toujours amené à illustrer avec des

exemples empiriques pris dans l’histoire ou dans l’actualité. Sachant que le laboratoire

verra, dans ce contexte, sa responsabilité engagée dans le devenir du doctorant et

3 Un travail sur un auteur particulier (fondateur de la discipline, tête d’affiche d’une école ou d’un courant, d’un auteur méconnu, injustement censuré par les contemporains ? Alors comment trouver un auteur inconnu ou oublié ? Ce qui suppose de bonnes connaissances et une bonne dose de curiosité intellectuelle. S’interroger sur le courant intellectuel de l’auteur, sur la place qu’il occupe, sur ses rapports avec les autres penseurs, sur ses apports théoriques… 4 Idées et concepts majeurs, principaux représentants et ramifications, débats politiques suscités, actualité du courant… 5 S’agit-il d’un concept qui était à la mode à un moment donné et depuis tombé dans l’oubli ? Un concept en vogue et pour quelles raison ?

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sachant qu’avoir de bons étudiants est le rêve de tout laboratoire et de tout directeur de

recherche.

Ce travail permettra de se distancier du modèle linéaire classique d’un exposé sous

forme monographique qui sont, pour le moins lassants. En effet, un travail

méthodologique rigoureux et des activités de recherche continues et territorialisées

constituera un atout de plus, pour améliorer la visibilité des universités marocaines au

regard des différents classements, particulièrement celui de Shanghai.

Ce classement compare quelques 1200 institutions de l’enseignement supérieur sur la

pondération de 6 indicateurs : le nombre de prix Nobel et de médailles Fields

(chercheurs et étudiants) de l’établissement ; le nombre de chercheurs les plus cités

dans leurs disciplines ; le nombre d’articles les plus cités dans la revue « Nature et

Science » ; nombre d’articles indexés dans les revues « Science Citation Index » et

dans « Arts and Humanities Citation Index » ; la somme pondérée des indicateurs est

divisée par le nombre de chercheurs équivalents temps plein : le tout donne la

« performance académique ». Il existe, par ailleurs, d’autres classements auxquels on

peut recourir, sachant que quels que soient les classements considérés, leurs fiabilités

sont loin d’être transcendantes.

V/1 Choix du thème de la thèse

On opte d’abord pour un thème de recherche et à partir de là, on extrait un sujet,

délimité avec clarté et précision. Il est recommandé d’utiliser la méthode de

l’ « entonnoir », laquelle part du général, pour être approfondie, par étapes

successives et il ne faut pas hésiter à élaguer, au besoin, l’idée de départ et cette

alchimie permettra d’aboutir à un ciblage pertinent du sujet de recherche.

L’expérience montre que nombre de recherches ont été gonflées, artificiellement, du fait

d’une réflexion insuffisante ; Aussi, le choix du cœur et celui de la raison doivent

s’harmoniser, par la conciliation des nombreuses préoccupations matérielles, de temps,

d’informations disponibles… Si le chercheur n’est pas « plein de son sujet », il n’a

aucune chance d’achever son travail.

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Définir le projet de recherche réside dans une sélection judicieuse des termes employés

et c’est là, une action délicate, du fait que l’univers des faits se révèle complexe,

hétérogène, d’où la nécessité de les sélectionner pour les intégrer dans un guide

d’analyse, afin d’en déterminer la trame explicative par le doctorant « analyste inquiet »

pour extraire le caractère des choses, l’authentique raison des choses.

Aussi, faut-il partir d’une idée, de plusieurs idées peut-être, s’armer de volonté, se fixer

un objectif, avoir de la patience… et quelques connaissances, sachant qu’une angoisse

accompagne toujours l’acte redoutable de choisir. Cependant, l’ « analyste inquiet » doit

devenir un « analyste méditatif » pour comprendre le long enchainement des aspects

entrelacés du travail de recherche. A ce prix, le chercheur entrera en possesseur et

légitime propriétaire de son sujet.

Les émotions fragiles de l’analyste inquiet sont un « supplice de sa destinée de gloire et

de malheur, passion pleine d’audace et de timidité, de croyances vagues et de

découragements certains6 ». Par ailleurs, l’analyste méditatif voit ses inquiétudes

suscitées par les aléas de la recherche, ce qui occasionne un mal-être bien connu de

ceux qui se sont adonnés aux joies incomparables de cette passion de la recherche qui

donne tant de soucis. Signes clinique intéressant : les patients atteints du mal de

recherche en arrivent parfois à douter de l’objet même de leur recherche.

Délimitation

L’objectif de tout projet de recherche est de circonscrire la thématique et ce, pour mieux

saisir l’équilibre des dimensions théoriques et empiriques du sujet ; une telle attitude

permettra d’assurer la clarté de l’objectif et de son positionnement par rapport aux

travaux antérieurs, par la délimitation du champ de la recherche, on se situe déjà dans

la construction de la problématique.

Problématique

6 Honoré de Balzac: Le chef d’oeuvre inconnu, 1832

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L’hypothèse -fil conducteur de la recherche- permet d’établir une relation entre deux

concepts, à savoir déterminer une relation causale ou une relation de réciprocité qu’il

faudra confirmer ou infirmer.

Il ne faut pas oublier que les hypothèses ne sont au départ que de simples prédict ions

susceptibles d’évoluer constamment au fur et à mesure du travail ; il serait inutile de

développer tout un arsenal méthodologique, si celui-ci n’est qu’un questionnement

banal ou propositions évidentes qui remettent en cause sans autre forme de discussion

la raison d’être de tout le travail de recherche. La construction du cadre théorique de

référence est le garant du bon déroulement de la vérification des informations

recueillies.

Et quelle que soit la thématique, deux types de faits s’imposent, ceux historiques et

ceux d’actualité et les deux exigent des règles précises ; sachant que les moyens

informatiques dont dispose le chercheur, actuellement, facilitent grandement le travail

de collecte et de traitement de l’information ; la plus-value se jouant surtout au niveau

de l’analyse et de l’explicitation des faits, d’où l’intérêt de mettre en évidence les

périodes-clés, les points de rupture, les caractéristiques majeures des différentes

périodes en termes économiques, politiques, sociaux…

Les hypothèses formulées sont-elles vérifiées ? Auquel autre cas, il s’agira de

reformuler ses hypothèses de travail et de vérifier les faits ; sachant que la thèse ne doit

pas être un travail encyclopédique. Ainsi, avant le début de la rédaction, un temps

intense doit être consacré à la formulation des hypothèses de base, à la collecte de

documents et de données, à la lecture critique et à la rédaction d’un plan détaillé.

Trouver une problématique consiste à sélectionner les principaux repères théoriques de

la recherche et construire un cadre conceptuel logiquement adapté à l’objet de la

recherche et en rapport avec la question de départ. En effet, énoncer une ou plusieurs

hypothèses qui se définissent comme des propositions de réponses anticipées et

provisoires permet d’éviter de se trouver face à des certitudes et à ne rien avoir à

démontrer.

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Ainsi, la problématique se conçoit comme un questionnement portant sur l’objet

d’étude, il s’agira de formuler un problème tout en explicitant les hypothèses et leur

articulation. Ce travail a sans cesse un mouvement pendulaire qui va de l’exploration à

la vérification (terrain vers théorie/théorie vers terrain). Elle se présente, donc, comme

l’ensemble construit autour d’une question principale qui doit être la charpente de la

recherche, des hypothèses et des lignes d’analyse. Elle ne peut s’élaborer qu’après la

confrontation théorique des possibilités théoriques et des implications méthodologiques

qui en découlent : c’est là, la phase de l’élucidation et de la délimitation.

L’élaboration de la problématique passe, ainsi, par le choix de la question principale

qu’il faudra développer à travers un jeu construit d’hypothèses, d’interrogations et de

questionnements fondés sur des repères théoriques rigoureux et sur des concepts

adaptés à l’objet de la recherche qui s’inscrit dans un champ soigneusement délimité.

Sachant qu’il peut y avoir plusieurs manières de poser une question et à chacune

d’entre elles correspond une problématique possible et la manière de poser la question

implique un choix auquel il faudra se tenir.

Toute problématique est liée à un contexte socio-historique particulier ; aussi, doit-elle

être soumise à une révision périodique, d’où l’exigence de perspectives nouvelles. Une

telle approche fera progresser l’objet de recherche et le fera évoluer.

En résumé : toute problématique se structure autour de trois composantes qui

s’impliquent mutuellement et qui peuvent se définir sous la forme d’interrogation, à

savoir : que chercher à expliquer ? Comment ? Et quoi mettre en relation pour expliquer

le tout ?

Toute méthode qui intègre les hypothèses et éventuellement les indicateurs serait

incomplète, s’il ne lui est pas adjoint une méthode hypothético-déductive qui se ramène

à deux mots-clés : observation et déduction. En effet, la finalité de tout travail est de

clarifier dans quelle mesure, l’hypothèse à laquelle on tient tant, sera confirmée ou non

par l’examen des faits. Les déductions peuvent apparaitre surprenantes, imprévues et

laisser entrevoir l’imprévu d’une solution ; en effet, la méthode hypothético-déductive se

définit comme une suite logique du raisonnement étayé par l’observation, par l’analyse

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et par la déduction. L’essentiel est de ne pas se laisser capter par des préjugés à la

mode, des stéréotypes véhiculés complaisamment par une dite « culture » ambiante

aux charmes envoûtants de l’air du temps, tout cela étant source inépuisable d’illusions

d’optique, où l’éphémère et l’essentiel se confondent.

Avancer des causes, en tirer des conséquences, avancer quelques certitudes, sans

toutefois abandonner ses doutes, avoir le sens du relatif, du complexe, de l’incertain,

tout cela en permanence, est la viatique du chercheur : on ne comprend une question

que grâce à sa solution et une solution n’a de sens qu’en tant que réponse à une

question.

V/2 Choix du sujet de la thèse

Par ailleurs, le doctorant doit bien choisir ses directeurs (la difficulté est lequel : le

sympathique, celui qui a un programme de recherche sur la thématique choisie, le

connu…?), car combien de thèses commencées, pour combien de thèses soutenues ?

En outre, avaler, ingérer un vocabulaire scientifique, immerger dans des méthodes et

des principes scientifiques revient à courir le risque de se perdre dans les méandres de

la connaissance, d’où la grande question : comment trouver son sujet ?

Il est important d’aborder son sujet à la fois comme le prolongement et

l’approfondissement d’une question qui taraude le doctorant, ce qui revient à se poser

de nombreuses questions, à savoir la question qui préoccupe est-elle empirique ou est-

elle axée sur la théorie ? Y a-t-on déjà réfléchi ? L’originalité de la recherche consiste,

en effet, d’insister sur les controverses qu’elle pourra susciter faire le point sur une

question précise de taxinomie (décrire les taxons et les classer), de classification ou de

réflexion…

V/3 Plan de la thèse

Plan de la thèse :

1. Convertir vos arguments en titre de chapitre ;

2. Au moins une phrase par chapitre, éventuellement plus d’une phrase par

chapitre

3. Faire des liens entre vos chapitres (des transitions) ;

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4. Définir clairement ce que chaque chapitre doit évoquer ; ne pas avoir peur de

changer d’avis, car en écrivant les idées on évolue. Sachant qu’il ne faut pas

s’attendre à ce que les idées évoluent d’elles-mêmes.

5. Il est plus facile de changer un plan qu’on a écrit qu’un plan qu’on n’a pas

écrit.

Le plan organisationnel de la thèse de doctorat est d’un intérêt fondamental dans

l’accomplissement continu et serein la rédaction du travail. Le plan doit révéler et

concrétiser la singularité, le caractère et les qualités du chercheur, particulièrement

dans le jugement et l’appréciation des faits. A cet effet, le doctorant doit, sans se lasser,

consulter les fichiers des bibliothèques, des sites internet, visiter régulièrement les

bibliothèques et les librairies, et opérer un choix parmi les nombreux ouvrages dont

l’acquisition est indispensable, pour construire sa propre personnalité intellectuelle.

Pour la construction du plan de la thèse, la lecture des livres et des articles de base se

fait crayon en main, à l’effet d’extraire les passages les plus pertinents de la pensée ou

de l’analyse ; en outre, le doctorant doit être à même de dialoguer avec les idées, avec

les théories et avec les concepts se rapportant de près ou de loin à son travail de

recherche.

Ensuite, il faut œuvrer pour l’ordonnancement des idées par objet (anthropologique,

économique, politique, historique, sociologique…) ; tout comme il faut structurer les

développements conformément à l’organisation classique (deux parties décomposées

en deux sous-parties…) en fonction du sujet.

Pour cerner la thématique choisie chaque doctorant est devant un large choix de plans,

notamment :

1. Un plan thèse/antithèse (ex : le travail est source de richesses/la richesse

est créatrice d’emplois/le marché est générateur de croissance/le marché

conduit à la crise...)

2. Un plan historique mettre en évidence un évènement clé à partir duquel

une rupture se produit : exemple, avant et après le protectorat. Dans

l’historicisme, éviter le catalogage chronologique des évènements).

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3. Un plan normatif (aspects positifs/aspects négatifs : le vieillissement de la

population au Maroc ; les aspects positifs/négatifs dépendent de certaines

appréciations, relations, normes, ou encore politiques sociales…).

4. Un plan statique/dynamique (dans une première partie, poser le

problème : définir, décrire et montrer ses origines ; dans une seconde

partie mettre en évidence l’évolution, les causes et les conséquences du

sujet.

Le premier plan n’est jamais le bon, il n’en est pas moins révélateur de la démarche

suivie, le travail final en restera assez proche dans ses grandes lignes. Lorsque le

doctorant arrive à un travail qu’il juge convenable, les directeurs de thèse peuvent le

démonter en quelques instants à coups de phrases assassines, et parfois bien des

controverses y naissent entre le doctorant et ses Directeurs. La réaction rigoureuse des

Directeurs peut prouver que l’étudiant n’a pas su exposer clairement ses idées, ses

hypothèses et sa démarche ; sachant que le Directeur doit aussi savoir accepter

l’originalité, l’ingéniosité de l’étudiant, à l’effet de former la nouvelle tête de pont d’un

nouveau courant de pensée : « on conduit beaucoup de murs et pas assez de ponts »

disait Isaac Newton.

Un plan n’est pas une compilation de fiches de lecture ne seront retenues que les idées

majeures et les points d’articulation, le tout orienté selon la problématique. il faut, aussi,

éviter de faire un catalogue des théories ; il doit être surtout un plan dynamique.

VI/ Gestion du temps de la thèse

VI/1 Gestion du temps

La première année constitue l’échauffement : il faut fournir un effort intense de

documentation sur ce qui s ’est, globalement, écrit sur le sujet. Il s’agit de tisser un

réseau social et scientifique, par la prise de contact avec d’autres chercheurs et

d’autres groupes de recherche et d’établir des rencontres réelles, des colloques, des

séminaires… C’est par l’échange que naît la pensée. En effet, confronter ses idées à

celles des autres, réconforte la validité des méthodes envisagées et aiderait à dessiner

des axes d’analyse et des traits qui peuvent engager la réflexion ; sachant que la

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publication des réflexions est à envisager, sans pour autant aller trop vite et donc

prendre le temps de réfléchir. En outre, les séminaires consistent en des exposés de

spécialistes devant une assemblée de chercheurs et en des exposés plus généraux

ouverts à une audience plus large, notamment au niveau de la région.

Le doctorant, pendant cette période peut être myope et ne pas se rendre compte des

progrès amorcés dans la réflexion ; aussi faut-il prendre du recul et confronter sa

progression avec l’état de la pensée un an auparavant. Le degré assurera une liaison

avec l’environnement et permettra de tracer son cheminement et dessinera les futures

perspectives : le naufrage est à craindre si l’on ne sait ni d’où l’on vient ni où l’on va et

pour ne pas rester seul, il faut s’ouvrir sur les autres.

La deuxième année sera une course de fond ; durant cette année, la pensée s’élabore

et se cherche, sachant qu’elle s’épanouit et en même temps, elle s’éparpille. Les

tâtonnements sont indispensables pour englober la complexité du sujet, à l’effet de

trouver sa voie dans les arcanes du sujet et ce, à l’effet de présenter publiquement les

avancées de ses travaux à la communauté scientifique. En effet, il vaut toujours mieux

que les remarques surviennent pendant la thèse que lors de la soutenance ; aussi, faut-

il être ouvert et réceptif aux critiques qui ne doivent pas déstabiliser mais permettre de

renforce la stabilité et la solidité des analyses.

On a, souvent, tendance en deuxième année à vouloir trop en faire : articles et

colloques, alors que cette année doit constituer une période centrale dans la thèse pour

avancer dans l’analyse ; certes, l’échange génère la trouvaille, mais comme pour tout, il

s’agit d’une question d’équilibre.

Par ailleurs, la préparation de la thèse engendre toujours du stress, parce qu’elle est

une épreuve terminale ; elle s’inscrit dans le long terme et elle implique une

organisation professionnelle et personnelle qui n’est pas toujours facile à gérer. Elle

demande à la fois création et adaptation, que ce soit dans son quotidien de chercheur

comme dans sa vie personnelle.

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La troisième année constitue une course contre la montre, du fait qu’il faut respecter

les délais de dépôt de la liste des membres du jury, de laisser le temps aux rapporteurs

et aux directeurs de relire le travail :

1. Soutenance – 10 mois : discuter le plan détaillé et final avec le Directeur ;

2. Soutenance – 4 mois : donner la première version complète aux

Directeurs ; contacter les membres de son jury et envoyer un exemplaire

aux rapporteurs de la thèse

3. Soutenance – 2 mois : la liste des membres du jury est déposée, profiter

de cette période pour informer les proches et les personnes concernés

par le sujet de la date de soutenance ;

4. Soutenance – 45 jours : déposer la thèse à l’Institution ;

5. Soutenance - 30 jours : organiser les modalités concrètes de la

soutenance, procéder à des répétitions de l’exposé, sans oublier le

voyage et l’hébergement de ou des membres du jury ;

6. Soutenance – 15 jours : répétition de la soutenance

7. Soutenance + 15 jours : procéder aux corrections faites par les membres

du jury et donner au Directeur et à l’administration la version finale

corrigée.

VI/2 Gestion des documents

Le travail de publication diffusion d’articles et d’exposés intervient comme l’une des

composantes de la valorisation de la thèse.

Tout bon article doit comporter les éléments suivants : poser les bonnes questions

avant de se lancer dans la rédaction. Ainsi, la précision et la clarté dans l’exposition des

idées doit être de rigueur ; à cet effet, il faut impérativement faire relire son texte pour

clarifier les points qui peuvent être obscurs. La taille des textes oscille généralement

entre 5 et 30 pages.

S’agissant des exposés et des présentations, il faut observer des règles d’or : à quel

public s’adresse-t-on ? S’il est spécialiste, il est inutile de se perdre dans les

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recontextualisations et dans le développement ce qui est considéré comme acquis ; il

faut surtout être concis, précis, efficace et convaincant. La durée de l’exposé varie,

généralement, entre 15 à 30 minutes, sans verser dans les courses contre la montre :

on est là pour communiquer et ce n’est pas en accélérant qu’on peut tout dire : dites-en

moins, mais dites-le mieux, c’est le prix d’un bon exposé. Depuis Aristote, tout le monde

sait que « qui peut le plus, peut le moins ».

Il faut répéter son texte pour le maîtriser et se détacher de ses notes à l’exposé, tout en

étant souriant et convaincant, il faut, aussi, éviter les malentendus et donc expliquer

sommairement les points qui posent problème. Par ailleurs, les attaques frontales, de

personnes opposées à la démonstration, ne sont pas à exclure et dans ces cas, il s’agit

de rester de marbre et ne pas paniquer ; ces attaques peuvent résulter d’un conflit de

pouvoir, d’écoles de pensée ou résulter des techniques et/ou des méthodes utilisées :

toujours répondre fermement et poliment. Lorsqu’il s’agit d’une question à laquelle on

n’a pas de réponse, en toute humilité, qu’il s’agit d’une question essentielle à laquelle

l’état d’avancement des travaux n’a pas encore permis de trouver une réponse ; en tout

cas, il faut toujours considérer la critique de façon positive. Et quelle que soit le degré

de l’angoisse, il faut toujours garder son sens de l’humour et sa sérénité.

VII/ Rédaction de la thèse

L’angoisse de la page blanche, s’explique par l’étendue et les implications du sujet et

cette prise de conscience peut constituer un excellent stimulant ; entre l’angoisse de la

page blanche et les griseries des succès facile, il faut trouver le juste milieu et

apprendre à relativiser.

La rédaction d’une thèse s’appuie sur des hypothèses scientifiques ; pourtant du fait

que la théorie éclaire les faits et que la collecte d’un ensemble de faits peut valider ou

invalider une hypothèse. Il s’agit de construire une problématique, une question

centrale ; il est intéressant de constater qu’utilisé comme adjectif et non comme nom

commun, le mot problématique signifie aléatoire, ambigu, douteux, équivoque… d’où la

difficulté de construire la charpente de la thèse.

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Parce que tout sujet est le fruit de l’histoire et de la réflexion sur le présent et l’avenir, il

est impératif de se fixer des bornes précises et stables, pour construire la recherche. Il

ne s’agit pas d’actualiser l’histoire, ni de se substituer aux historiens. Tout comme il faut

savoir qu’un travail de recherche n’est pas une compilation, il doit mettre en évidence

des analogies entre les besoins sociaux d’autrefois et d’aujourd’hui et les processus qui

les ont nourris. Il faut, en fait, chercher l’originalité du sujet, à travers sa plus-value et sa

valeur ajoutée et veiller à l’adaptation contextuelle ou analytique des phénomènes qui

préoccupent dans le domaine choisi.

Par ailleurs, sans savoir et sans connaissances, il ne peut y avoir d’imagination ;

sachant qu’on ne peut rien rejeter sans l’avoir examiné de près. Certes, il s’agit de

prendre position, mais pour quels courants ? Quels auteurs ? Quels concepts ? Quelles

controverses théoriques ? Comment formuler les hypothèses de travail ? Comment

valider ou invalider telle ou telle hypothèse ? Comment se construire un argumentaire ?

Il faut toujours effectuer des allers retours entre l’intuition et les lectures, entre la théorie

et les faits. Sommes toutes, il ne faut pas séparer l’analyse factuelle de la théorie ;

sachant que la théorie n’est jamais le résultat de quelques élucubrations de pensées

farfelues : la référence à une théorie se fait soit parce qu’elle valide les faits, soit parce

qu’elle les contredit.

Il faut toujours rédiger des fiches thématiques qui sont nécessaires pour que le travail

combine faits et théories, histoire et actualité ; ces fiches constitueront la synthèse des

ouvrages et des articles consultés sur le thème en rapport avec une ou plusieurs parties

du travail.

Par ailleurs, la question de savoir si la rédaction doit suivre un ordre est souvent

évoquée comme source d’interrogation et d’angoisse. En fait, on peut soit rédiger par

ce qu’on considère comme le mieux maîtrisé, ce qui confère l’avantage de se lancer

rapidement dans la rédaction ; mais l’inconvénient est de laisser pour la fin, les parties

non résolues et les questions difficiles, au risque de se trouver confronté à des

blocages ; alors que d’autres préfèrent rédiger des micro ensembles pour chaque

partie.

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En fait, une rédaction ininterrompue, suivant l’ordre du plan permettrait la construction

de la réflexion et réconforte le sentiment de progression et de maturation, sachant que

le doctorant sera toujours seul face à la connaissance et au laboratoire dans lequel

travaille, mais ses peurs doivent être contenues, à l’effet de lui permettre d’avoir une

vue complète sur l’avancement de ses travaux.

Avant le début de la rédaction, l’étudiant est sensé avoir acquis un bagage théorique

suffisant pour établir quelques repères qui lui permettront de collecter les données et

les informations empiriques et théoriques, par la rédaction de fiches de lecture par

ouvrage et articles clés en fonction du sujet. Les fiches de lecture font office de centres

de gravité, à partir desquels l’ensemble du travail s’articule. Soigneusement classées

selon l’évolution de la rédaction du plan détaillé, l’étudiant doit avoir constamment à

l’esprit et à portée de main les idées fondamentales à utiliser dans la thèse et vérifier à

tout moment l’avancement de son travail.

Rédiger des travaux intermédiaires de synthèse permettra, par ailleurs, de faire le point

sur un ou des aspects particuliers de la thèse sur le plan théorique et sur celui de

l’analyse factuelle. Les travaux intermédiaires sont d’autant importants que le travail

préparatoire à la rédaction finale de la thèse s’effectuera dans un cadre vierge de tout

repère pédagogique construit de l’extérieur.

Il faut tout faire pour que la thèse à mi-temps ne prenne plus de temps et qu’elle ne

s’étale pas sur une durée beaucoup plus longue ; il deviendra source de fatigue : une

telle pratique réduit au minimum le temps de récupération de la force de travail.

En tout cas, faut toujours faire des brouillons et recommencer plusieurs fois ;

l’artiste quel qu’il soit ne réussit jamais -ou presque- du premier coup.

Un des conseils, duquel il faudrait tenir compte est d’éviter les théories partiellement

comprises, les raisonnements incomplets et les argumentations insuffisantes, tout

comme il faut se garder d’user du grec ancien et du latin sans retenue, espérant cacher

ses lacunes derrière des traits d’esprit, cela lasse et exaspère les membre du jury. La

grande gageure consiste en l’ambition de construire un pont entre le général et

l’individuel, entre l’exploration théorique appuyée sur l’observation de la réalité

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économique et sociale et le retour sur une théorisation critique, est le rêve de tout

chercheur.

En outre, le mot échantillon est, souvent, utilisé de façon inappropriée car on le

considère fréquemment comme le synonyme d’un groupe d’individus. Statistiquement,

un échantillon désigne un ensemble d’individus extraits d’une population initiale.

L’échantillon représente une version à dimension réduite d’une population totale

supposée connue et qui se caractérise par un ensemble de traits spécifiques.

Il est conseillé de rédiger à la fin de chaque chapitre ou section, de petits résumés ou

rappels des principales idées avancées, des principaux résultats obtenus ou des

apports sur tel ou tel point de la théorie et de l’observation. Cela sert à montrer les

prémisses d’un raisonnement qui se prolongera dans la section, le chapitre ou la partie

qui suit.

En matière de rédaction, les appels bibliographiques, les citations et les données

proviennent de travaux effectués dans le passé par une ou plusieurs personnes doivent

être mentionnées comme telles. De même, les citations de première main doivent être

distinguées. Certes, il faut éviter de citer un auteur par l’intermédiaire d’un autre ; et

quand il n’est pas possible de trouver l’œuvre originale, dans ce cas mentionner

l’intermédiaire et ne pas omettre d’écrire, cité par… En outre, Il faut proscrire le plagiat,

mais il peut arriver que l’on reprenne à son compte, les paroles exceptionnelles d’un

grand maître. Par ailleurs, il faut utiliser les statistiques officielles, établies par des

organismes agréés et se rapporter aux annuaires et rapports qu’ils publient

régulièrement.

Enfin, le volume des notes ne doit pas être excessif par sa taille et par son contenu, les

notes doivent se résumer à de courtes citations ou à de petits éclaircissements qui

s’appuient sur un fait ou sur une théorie. Les ouvrages, articles, communications orales,

documents… doivent avoir été, effectivement, utilisés. De même, la richesse de la

bibliographie doit correspondre à la richesse des démonstrations et des récits, sans

jamais perdre le fil de sa pensée dans les dédales du vocabulaire, des faits et des

théories.

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En tout cas, l’introduction doit commencer par la définition de la problématique, c’est-à-

dire mettre en exergue la ligne directrice qui apparaitra sous forme de question ; elle

doit permettre de présenter le plan par l’explicitation des idées qui font la liaison entre

les phénomènes que le doctorant présentera et analysera : Intéresser le lecteur et lui

donner envie de lire.

Enfin, la conclusion ne doit pas être négligée, elle doit résumer l’idée directrice posée

sous forme de question dans l’introduction en réalisant une synthèse des arguments

utilisés dans la démonstration ; la conclusion peut, aussi, se terminer par l’ouverture de

débat sur des questions annexes ou connexes au sujet.

Les fichiers sont une sorte de boite, un lieu de rangement où l’on répertorie les

personnes rencontrées, les idées, les informations concernant des points techniques

etc… Un minimum de renseignements périphériques doit y figurer : numéro d’ordre,

date, lieu, titre, citations, résumé, analyse critique, commentaires et appréciations,

complément d’analyse. Il faut veiller à ne pas se laisser dépasser par le nombre de

références et donc bien cibler dès le départ les idées principales de la recherche.

Tous les ouvrages et les articles ne sont pas à lire in extenso. Certains seront des aides

de fond, réflexions essentielles qui conduiront à faire le tour du sujet et à asseoir la

réflexion ; d’autres fourniront des approfondissements sur des points de détail ou

permettront d’élargir l’analyse en ouvrant le sujet sur des questions dont il est

nécessaire d’avoir conscience.

Chaque fiche d’ouvrage doit porter le nom et le prénom de l’auteur, le titre en italique, le

lieu de l’édition, la maison d’édition, l’année d’édition, la collection. De même, chaque

d’article doit porter le nom et prénom de l’auteur, le titre entre guillemets, (dans/in titre

de l’ouvrage en italique), l’éditeur de l’ouvrage, le numéro du volume ou du fascicule, le

lieu d’édition, la date de l’ouvrage, le nombre de pages de l’article.

IX/ Soutenance de la thèse

L’exposé, le jour de la soutenance, ne doit pas dépasser une trentaine de minutes, sans

verser dans les banalités ; il faut, surtout, insister sur l’origine, l’originalité, les

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techniques et méthodes, les hypothèses de départ et les conclusions auxquelles on a

abouti. Il faut aussi se focaliser sur les questions qui restent en suspens. Tout comme

sera mis en exergue les plus-values apportées et ouvrir sur de nouveaux projets de

recherche à venir. Cet exposé doit être simple, clair et structuré et terminer par les

remerciements des membres du jury, sans verser dans l’affectif et l’exagération.

Après la prise de parole des membres du jury, il faut répondre aux membres du jury

sans suffisance et sans céder à la provocation ; sachant que les Directeurs de thèse

prennent la parole en dernier (lien de complicité intellectuelle entre le doctorant et son

directeur).

La soutenance conclut la thèse de doctorat ; elle est une cérémonie publique (sauf

dérogation accordée à titre exceptionnel) par le chef de l’établissement si le sujet

présente un caractère confidentiel avéré ; elle a lieu dans les locaux de l’établissement

ou dans le laboratoire dans lequel le candidat a été accueilli.

X/ Conclusion de la présentation de la méthodologie

Devant un tel contexte, comment le chercheur désemparé va-t-il appréhender l’étendue

de l’océan de la recherche ? Subir ou agir ? Comment transcender l’irritabilité

décourageante et l’état de nervosité permanent qui se traduisent par la peur, par le

sentiment d’inhibition, d’abandon, de renoncement et par le funeste sentiment de doute

et d’incapacité générateurs de stress : l’horreur !!!!!!!! Tous les créateurs connaissent ce

stress diffus, impalpable, toujours présent, et, pour le vaincre, ils se mettent

délibérément à travailler en situation d’urgence en mobilisant toutes leurs facultés

créatrices.

Lorsque de tragiques réflexions se bousculent dans la tête dolente du doctorant,

laissant une profonde impression de détresse, d’incapacité d’opter ou de décider, alors

il faut prendre un recul stoïque pour calmer la tempête : patience, pondération et

décantation : tels sont les chemins de la Voie.