Gestion des déchets ménagers et risques sanitaires dans la ...

124 Atsé Calvin YAPI & al. : Gestion des déchets ménagers et risques sanitaires dans la ville de...

Gestion des déchets ménagers et risques sanitaires dans la ville de Dimbokro

Household waste management and health risks in the town of Dimbokro

Atsé Calvin YAPI1, Mack Diby TOKPA2, Salifou COULIBALY3 1- Assistant, [email protected]

2- Doctorant, [email protected] Assistant, [email protected]

Université Alassane OUATTARA

RÉSUMÉLa gestion des déchets ménagers dans les villes a toujours constitué un casse-tête pour les pouvoirs publics. En Côte

d’Ivoire, l’urbanisation galopante rend difficile la gestion des déchets ménagers. Dimbokro, ville située au centre de la Côte d’Ivoire croule aujourd’hui sous le poids des déchets ménagers. Les différentes pratiques de gestion utilisées par la population pour rendre le cadre de vie agréable favorisent au contraire le développement des pathologies urbaines. Cette étude vise à analyser les risques sanitaires induits par la gestion des déchets ménagers au sein de la population de la ville de Dimbokro. Pour conduire l’étude, diverses techniques et démarches méthodologiques ont été utilisées. Il s’agit de : la recherche documentaire, la collecte des données statistiques, l’interview à l’aide d’un guide d’entretien auprès des gestionnaires des déchets ménagers et l’enquête par questionnaire adressée aux chefs de ménage. Il ressort de l’étude qu’au niveau des déchets solides, 42% des chefs de ménage utilisent de vieux récipients pour les stocker et 60% les évacuent dans les dépotoirs sauvages. Quant à l’évacuation des eaux usées domestiques, 65,40% utilisent les fosses septiques, 24,26%, la nature et 10,34%, la rue. La faiblesse du budget alloué au ramassage des déchets par la Mairie (7,47% sur un budget total annuel de 584 634 000 FCFA en 2020), l’incivisme et le fort taux d’analphabètes (45%) des chefs de ménage expliquent l’environnement insalubre. Enfin, une corrélation existe entre les conditions environnementales des milieux de vie des ménages et le développement des pathologies urbaines: 67,01% des cas d’hospitalisation sont dus au paludisme, 24,87%, pour la diarrhée et 8,12% pour la fièvre typhoïde. D’où la nécessité d’installer à Dimbokro, une délégation régionale de l’ANAGED pour l’amélioration du cadre de vie de la population.

Mots-clés : Dimbokro, gestion des déchets ménagers, risques sanitaires.

ABSTRACT

Household waste management in cities has always been a headache for public authorities. In Côte d’Ivoire, rapid urbanisation makes it difficult to manage household waste. Dimbokro, a town located in the centre of Côte d’Ivoire, is now crumbling under the weight of household waste. The different management practices used by the population to make their living environment pleasant, on the contrary, favour the development of urban pathologies. This study aims to analyse the health risks induced by household waste management among the population of the town of Dimbokro. To conduct the study, various techniques and methodological approaches were used. These were: documentary research, statistical data collection, interviews with household waste managers using an interview guide, and a questionnaire survey addressed to heads of households. The study revealed that 42% of heads of household use old containers to store solid waste and 60% dispose of it in unauthorised dumps. As for the evacuation of domestic wastewater, 65.40% use septic tanks, 24.26% use nature and 10.34% use the street. The low budget allocated to waste collection by the Town Hall (7.47% of a total annual budget of 584,634,000 CFA francs in 2020), incivism and the high illiteracy rate (45%) of heads of household explain the unhealthy environment. Finally, there is a correlation between the environmental conditions of households and the development of urban diseases: 67.01% of hospitalizations are due to malaria, 24.87% to diarrhea and 8.12% to typhoid fever. Hence the need to set up a regional delegation of ANAGED in Dimbokro to improve the living conditions of the population

Keywords: Dimbokro, household waste management, health risks

© (EDUCI) 2021 Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2021 125

INTRODUCTION

L’urbanisation galopante, constatée et vécue aujourd’hui dans les pays en développement est arrivée avec son lot de conséquences négatives sur l’environnement et la société, parmi lesquelles la difficile ges-tion des déchets ménagers (Institut de l’Énergie et de l’Environnement de la Francophonie, 2011, p. 4). La croissance de la population urbaine et l’extension continuelle de l’espace occupé font que de nombreuses villes, notamment celles de l’Afrique subsaharienne, produisent des déchets ménagers dont elles ont du mal à se débarrasser (B. L. Tchuikoua, G. J. Elong, 2014, p. 38). La gestion des déchets ménagers apparaît alors comme un véritable goulot d’étranglement pour les gestionnaires de l’espace urbain (A. Djako et K. Kouassi, 2013, p. 53). Dans les villes africaines, le taux de collecte est de 70% dans le meilleur des cas contre 95% pour les pays développés (Institut de l’Énergie et de l’Environnement de la Francophonie, 2011, p. 6). Or, l’accumulation des ordures et les mauvaises pratiques liées à l’assainissement sont à l’origine de la transmission des nombreuses maladies comme le paludisme et le choléra chez l’homme (M.M. Ould Khalifa, 2010, p. 100). La Côte d’Ivoire confrontée à une urbanisation galopante en est une illustration. Le taux d’urbanisation est passé de 2,1% en 1921 à 50,30% (RGPH, 2014) et pourrait atteindre le cap de 60% en 2030 (estimations INS, 2020). Au fur et à mesure que les villes ivoiriennes connaissent une augmenta-tion démographique, la consommation et les déchets associés à chaque résident urbain sont susceptibles d’augmenter une pression sur les services de gestion des déchets solides et, à moins d’une bonne gestion, augmente la pollution et pose des risques sanitaires (Banque Mondiale, 2015, p. 45).

La ville de Dimbokro, capitale de l’ancienne « boucle du cacao » située à 240 km au nord de la ville d’Abidjan, la capitale économique, offre un spectacle désolant par endroit en matière de gestion des déchets ménagers. Devant l’irrégularité du rythme de ramassage des ordures et l’inégale répartition des points de groupage officiels des déchets (5 points de groupage autorisés par la municipalité), les populations adoptent des pratiques précaires pour l’évacuation externe de leurs déchets ménagers entraînant des dépôts sauvages. Pourtant, les pouvoirs publics ivoiriens ont fait de l’assainissement une priorité afin d’améliorer le cadre de vie des populations (L. Brisoux et P., Elgorriaga, 2018, p. 26). À ce propos, des décrets ont été signés pour l’organisation du ramassage des ordures. Il s’agit du décret n° 2007-587 du 4 octobre 2007 portant création, attributions, organisation et fonctionnement d’un établissement public à caractère industriel et commercial, dénommé Agence Nationale de la Salubrité Urbaine (ANASUR) et le dernier en vigueur, le décret n°2017-692 du 11 25 octobre 2017 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de I ‘établissement public à caractère industriel et commercial, dénommé Agence nationale de Gestion des Déchets (ANAGED), Aussi, des actions de communication ont-t-elles été menées en direction des populations à travers l’orga-nisation des campagnes de sensibilisation comme « balaie devant ta porte ». De façon spécifique, le Maire de Dimbokro et son conseil municipal ont lancé en avril 2017, un concours dénommé « quartier propre » à l’occasion de la campagne de salubrité nationale qui a permis de remporter le 1er prix d’excellence 2018 de la 6e édition du « concours de la commune la plus propre de Côte d’Ivoire » a été décerné à Dimbokro. En dépit de tous ces efforts, la « guerre aux déchets ménagers » en Côte d’Ivoire en général et singulièrement à Dimbokro est loin d’être gagnée. La question qui fonde cette recherche est pourquoi, malgré les efforts consentis par l’État et le conseil municipal de la commune, la présence des dépôts sauvages persistent dans la ville de Dimbokro. Le problème soulevé est celui des difficultés de gestion des déchets ménagers à l’origine du développement de certaines pathologies dans la ville de Dimbokro. L’objectif visé par l’étude est d’analyser les effets induits par la gestion des déchets ménagers sur la santé de la population de la ville de Dimbokro. Pour mener à bien l’étude, nous allons d’abord, décrire les pratiques de gestion des déchets ménagers dans la ville de Dimbokro, ensuite, analyser les facteurs explicatifs des pratiques de gestion des déchets ménagers de la ville de Dimbokro. Enfin montrer la corrélation entre les conditions environnemen-tales des milieux de vie des ménages et le développement des pathologies urbaines.


1. MÉTHODOLOGIE

La méthodologie de cette étude est composée de la présentation de l’espace d’étude et des méthodes de collecte et de traitement des données.

1.1. PRÉSENTATION DE L’ESPACE D’ÉTUDE

Dimbokro, ville carrefour est limitée au nord par les départements de Bocanda et Didievi, au sud par Tiémélekro et M’batto, au sud-ouest par Toumodi et à l’ouest par Attiégouakro. Elle se présente comme suit (figure 1):

Source : Enquêtes de terrain, 2020 Conception & Réalisation : Mack Tokpa, 2020

Figure 1 : Présentation de la ville de Dimbokro

La ville de Dimbokro, peuplée de 64 957 habitants en 2014 (RGPH, 2014) est située à 240 km au nord de la ville d’Abidjan, la capitale économique et à 80 km de Yamoussoukro, la capitale politique et adminis-trative est le chef-lieu de la région du N’zi. Au niveau économique, Dimbokro était la capitale de l’ancienne « boucle du cacao ».

1.2. MÉTHODES DE COLLECTE ET D’ANALYSE DES DONNÉES

La méthode de collecte des données s’est faite en deux principales étapes à savoir la recherche docu-mentaire et l’enquête de terrain.


1.2.1. La recherche documentaire

La recherche documentaire a consisté à recourir à des ouvrages traitant de la gestion des déchets ménagers en général et ceux se rapportant aux pratiques des populations pour l’évacuation externe de leurs déchets ménagers. Aussi, les ouvrages traitant de la question des pathologies liées à la mauvaise de déchets ménagers ont-t-ils été consultés. Pour ce faire, des mémoires, des thèses, des rapports d’étude, des communications présentées lors des séminaires et des articles de revues qui ont un lien avec le sujet ont été consultés. Ces consultations bibliographiques ont permis d’appréhender les pratiques des populations en matière de gestion des déchets ménagers.

1.2.2. L’enquête de terrain

L’enquête de terrain a pris en compte l’observation directe, les entretiens, la technique d’échantillonnage, l’administration d’un questionnaire aux chefs de ménage et le traitement des données recueillies de nos enquêtes.

L’observation directe a consisté à parcourir les quartiers de la ville pour faire des visites de terrain en vue d’apprécier l’état environnemental de la ville de Dimbokro et les comportements de sa population. Lors de cette phase, des prises de vue ont été effectuées pour montrer l’état environnemental de la ville.

Par la suite, des entretiens ont eu lieu à la direction technique de la Mairie de Dimbokro avec le chef du bureau des services techniques de la mairie, chargé de l’assainissement et du ramassage des ordures. Un autre entretien a eu lieu avec le chef du service financier. L’objectif de ces entretiens était de recueillir auprès des autorités en charge de la collecte des déchets ménagers, les informations relatives à l’évolution de la production des déchets, les moyens tant techniques que financiers dont dispose la Mairie pour assainir son environnement.

Puis, un questionnaire a été élaboré et adressé aux chefs de ménage. À ce niveau, la méthode empi-rique de choix raisonné a été appliquée au cadre spatial pour le choix de 7 quartiers à enquêter selon les caractéristiques suivantes : l’effectif de la population, le nombre de ménages, le type d’habitat, la fonction du quartier et des espaces publics initialement choisis.

La détermination de l’échantillon représentatif des ménages dans les quartiers à enquêter a été faite à l’aide de l’utilisation des données du RGPH de 2014. À cet effet, après avoir additionné les effectifs des ménages dans les quartiers à enquêter, le résultat obtenu est un effectif de 4 487 ménages représentant la population mère. La taille de l’échantillon a été définie en s’appuyant sur la formule de (H. Gumuchian, C. Marois. et V. Feve, 2000, p.265).

n : taille de l’échantillon ;N : taille de la population mère ;Z : coefficient de marge (déterminé à partir du seuil de confiance) ;e : marge d’erreur ;

P = Proportion de ménage supposés avoir les caractères recherchés. Cette proportion variant entre 0,0 et 1 est une probabilité d’occurrence d’un événement. Dans le cas où l’on ne dispose d’aucune valeur de cette proportion, celle-ci est fixée à 50% (0,5) ;

Q : Q=1-P


Pour l’application de la formule, nous pouvons présumer que si P= 0,5 donc Q= 0,5 ; a un niveau de confiance de 95 %, Z= 1,96 et la marge d’erreur e= 0,05.

Appliquons la formule avec N=4487 :

n= 355

À ce niveau de confiance de 95%, la taille minimale de l’échantillon obtenu dans le cadre de notre étude est de 355 ménages. Dans le cadre de cette étude, nous avons estimé le taux de réponse à 90%. Dès lors, la taille d’échantillon de ménages corrigée est : n*= (355) (100/90) ; n=394

À partir de l’échantillon corrigé, nous avons cherché la proportion de ménage (P) à enquêter dans le cadre de notre travail. Cette opération a découlé du rapport entre notre échantillon corrigé (n*) et le nombre total de ménages (N) des quartiers à enquêter :

P= n*/NP= 394/4487P= 0,0878

On peut déduire que le nombre de ménages enquêtés par quartier qu’on notera (m) et (M) le nombre total de ménages dans chaque quartier : m=P*M

La technique d’échantillonnage choisie a permis de retenir une population de 394 personnes (tableau I). Tableau I : Répartition des chefs de ménages à enquêter par quartier

Quartier Effectifs des ménages en 2020 Proportion (%) Nombre de chefs de ménage enquêtés

Belleville 870 8,78 76Commerce 109 8,78 10Dioulakro 1347 8,78 118Koffikro 450 8,78 40Komikro 923 8,78 81Koulibaly 544 8,78 48Résidentiel nouveau 244 8,78 21Total 4 487 8,78 394

Sources : RGPH, 2014 et d’après les résultats des travaux de terrain, 2020

La sélection des ménages s’est opérée par la technique des choix raisonnés. Dans l’administration des questionnaires par quartier, le choix des chefs de ménage s’est fait de façon aléatoire selon certains critères comme le type d’habitat, la position vis-à-vis d’un lieu public et aussi le niveau de salubrité du voisinage proche. Pour l’enquête, on a administré un questionnaire semi-ouvert pour laisser un plus grand choix de réponses aux enquêtés. Enfin, le traitement statistique des données recueillies a d’abord, permis de réaliser les cartes suivantes : la présentation de la ville, la répartition des modes de stockage des ordures ména-gères par quartier, la répartition des modes d’évacuation et de stockage des ordures selon les quartiers, le mode de gestion des eaux usées par quartiers et la répartition des pathologies de la ville de Dimbokro selon les quartiers. Ensuite, il a permis de réaliser les tableaux relatifs à la répartition des chefs de ménage à


enquêter par quartier et celui de l’évolution du budget alloué à la gestion des ordures de 2005 à 2020. Enfin, ceci a été utile pour la réalisation des graphiques, notamment, ceux relatifs à la répartition des ménages selon : le mode de stockage des ordures ; le mode d’évacuation des ordures ; le niveau d’instruction et les pathologies dominantes dans la ville selon les chefs de ménage à l’aide des logiciels Excel. Les cartes ont été élaborées à l’aide du logiciel Arc Gis 2.1 et Adobe Illustrator 9.c.

2. RÉSULTATS

Les résultats s’organisent en trois parties : d’abord, les pratiques de gestion des déchets ménagers dans la ville de Dimbokro, ensuite, les facteurs explicatifs des pratiques malsaines de gestion des déchets ménagers de la ville de Dimbokro et enfin, la corrélation entre les conditions environnementales des milieux de vie des ménages et le développement des pathologies urbaines.

2.1. DES PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS SOLIDES ET LIQUIDES INAPPROPRIÉES

Les déchets ménagers sont à la fois, les déchets solides et liquides. Les pratiques de gestion de ces deux types de déchets développés dans la ville par les ménages sont de type précaire. Cette situation se perçoit dans les modes de stockage et d’évacuation des déchets solides ainsi que dans les modes de ges-tion des eaux usées domestiques.

2.1.1. Une précarité des modes de stockage des déchets solides dans les ménages de la ville de Dimbokro

L’utilisation des matériaux inappropriés pour le ramassage des déchets ménagers et la présence des dépôts sauvages témoignent de la précarité des modes de stockage. Ces matériaux dominés par des réci-pients (42%) sont constitués de vieux seaux et cuvettes usées ne servant plus à la lessive et à la vaisselle ou à recueillir de l’eau ou encore des bidons coupés pour stocker les ordures ménagères (photo 1).

Source : Yapi A. C. vue prise en décembre 2020

Photo 1 : Des bidons pour stocker les ordures au Commerce

L’observation de la photo 1 montre deux vieux bidons dont les têtes sont sectionnées, plus un sachet plastique bleu contenant des ordures. Ces récipients sont transformés en poubelles et entreposés dans une niche à déchets ménagers. Outre les bidons, certains ménages optent pour l’utilisation d’autres modes (41%) composés essentiellement de vieux sacs de riz vides (photo 2).


Source : Yapi A. C. vue prise en décembre 2020

Photo 2 : Des sacs de riz vides servant de poubelle à Kommikro

La photo 2 montre des sacs de riz vides utilisés pour stocker les déchets de ménagers. Les ménages qui utilisent des poubelles en plastique avec couvercles ou des demi-barriques avec couvercles représentent une proportion de 11%. Enfin, 4% des chefs de ménage déversent leurs ordures directement sur le sol ou dans les caniveaux. Les différents modes de stockage utilisés par les ménages varient selon le standing des quartiers (carte 2).

Source : Enquêtes de terrain, 2020 Conception & Réalisation : Mack Tokpa, 2020Figure 2 : Répartition des modes de stockage des ordures ménagères par quartier


À l’analyse de la figure 2, il ressort que le mode de stockage des ordures dans la ville de Dimbokro est fonction du type de quartier. Les poubelles classiques c’est-à-dire les poubelles plastiques avec des couvercles ou les demi-barriques avec des couvercles sont les plus utilisées dans les quartiers comme : Résidentiel Ancien et les quartiers économiques tels que Commerce, Belleville et koffikro. Cela pourrait s’expliquer par le bon standing de ces quartiers habités le plus souvent par des populations d’un niveau social moyen ou élevé. Par contre, les ménages des quartiers évolutifs tels que Koulibaly, Kommikro, Diou-lakro utilisent plus les vieux récipients, les sacs de riz vides ou simplement déversent les déchets solides directement sur le sol. En plus du mode de stockage des déchets ménagers précaire, le mode d’évacuation des déchets solides est aussi marqué par sa précarité.

2.1.2. Des pratiques d’évacuation des déchets solides précaires

L’évacuation des déchets solides dans la ville de Dimbokro connaît aussi des insuffisances. Les modes d’enlèvement de ces déchets sont encore précaires (graphique 1).

Source : D’après les résultats des travaux de terrain, 2020

Figure 3 : Répartition des ménages selon le mode d’évacuation des ordures

L’analyse du Figure 3 montre que 68% des chefs de ménage ont recours aux décharges sauvages pour se débarrasser de leurs déchets solides. Sont considérés comme des dépôts sauvages, l’utilisation de la nature, les abords des rails, le sol, les caniveaux ou les rues comme des endroits pour se débarrasser des déchets ménagers. Pendant que 28% des chefs de ménage utilisent autres espaces (les terrains vagues, les zones marécageuses, les bas-fonds, etc.) pour l’évacuation des ordures. Ces comportements des ménages pourraient s’expliquer par l’insuffisance des points de collectes autorisés, notamment l’utilisation des bacs à ordures. Il ressort que seulement 3% des chefs de ménage utilisent les bacs à ordures. Les modes d’évacuation des ordures varient selon les quartiers (figure 4).


Source : Enquêtes de terrain, 2020 Conception & Réalisation : Mack Tokpa, 2020Figure 4 : Répartition des modes d’évacuation des déchets solides selon les quartiers

L’analyse de la figure 4 fait ressortir la prédominance de deux modes d’évacuation des déchets solides quel que soit le standing du quartier. Il s’agit de l’évacuation dans les décharges sauvages et les autres modes, notamment les terrains vagues. En dehors du quartier commerce abritant le marché central où sont produits quotidiennement de nombreux déchets solides, l’utilisation des bacs à ordures est quasi-inexis-tante dans les autres quartiers. Outre les déchets solides, la ville de Dimbokro est confrontée à l’épineuse question de gestion des déchets liquides.

2.1.3. Des modes d’évacuation des eaux usées domestiques inadéquats

À l’instar des modes d’évacuation des déchets solides précaires, les modes de rejet des eaux usées domestiques comportent aussi des insuffisances. En effet, à Dimbokro, l’évacuation des eaux usées des ménages se fait selon divers modes variant d’un type de quartier à l’autre (figure 4).



Figure 5 : Répartition des modes d’évacuation des eaux usées de ménage selon les quartiers L’analyse de la figure 5 indique qu’il existe dans la ville de Dimbokro, trois modes d’évacuation des eaux usées de

ménage. Il s’agit des fosses septiques et puits perdus, la rue et la nature. Dans les quartiers évolutifs, comme Dioulakro, Koulibaly et Kommikro, les ¾ des chefs de ménage utilisent la rue et la nature pour se débarrasser de leurs déchets liquides. Alors que, dans les quartiers économiques et résidentiels, notamment Belleville, koffikro et Résidentiel, les ¾ des ménages rejettent plutôt les eaux usées domestiques dans les fosses septiques et puits perdus.

Au total, les pratiques de gestion des déchets solides comme liquides de la ville de Dimbokro sont malsaines à cause de divers facteurs.

2.2. DE NOMBREUX FACTEURS À L’ORIGINE DU CADRE DE VIE MALSAIN

Les facteurs à l’origine de l’environnement malsain sont multiples. Ils sont liés à l’incivisme, aux contraintes financières de la Mairie et à l’état défectueux des infrastructures routières.

2.2.1. Le faible niveau d’instruction et l’incivisme, des obstacles au maintien d’un cadre de vie sain

Les ménages de la ville sont constitués de non scolarisés et d’instruits. L’incivisme de la population et le niveau d’instruction sont des facteurs du cadre de vie malsain. En dehors des non instruits c’est-à-dire, ceux qui ne savent ni lire ni écrire représentant 45% des ménages interrogés, le niveau d’instruction se réparti comme suit (figure 6).


51%

10%

32%

2% 5%Alphabétisés

Primaire

Secondaire

Supérieur

Ecolecoranique


Figure 6 : Répartition des chefs de ménage selon le niveau d’instruction L’observation du figure 6 indique que les ménages ont un niveau d’instruction bas. En effet, 51% des

chefs de ménage sont alphabétisés, 10% ont un niveau primaire, 5%, niveau école coranique et 2% ont un niveau supérieur. Cela pourrait expliquer le manque de notion sur la gestion des déchets ménagers à l’ori-gine de la dégradation de leur environnement. À cela, s’ajoute l’incivisme des populations qui ne respectent aucune mesure de préservation d’un cadre de vie sain. Ils transforment souvent les espaces publics (rues, caniveaux, rails, etc.) en dépotoirs. Par ailleurs, la faiblesse du budget alloué à la Mairie pour le ramassage des ordures explique aussi les difficultés dans la gestion des déchets ménagers.

2.2.2. Une insalubrité liée aux contraintes financières de la Mairie

En principe en Côte d’Ivoire, depuis le décret n°2017-692 du 11 25 octobre 2017 portant création, attri-butions, organisation et fonctionnement de I ‘établissement public à caractère industriel et commercial, dénommé Agence nationale de Gestion des Déchets (ANAGED), c’est à l’ANAGED qu’incombe le ramas-sage des déchets solides dans les régions et communes de Côte d’Ivoire. En effet, ce présent décret en son article.3 abroge le décret n°2009-328 du 8 octobre 2009 portant création, attributions, organisation et fonctionnement d’un établissement public à caractère administratif dénommé Fonds de Financement des Programmes de Salubrité urbaine (FFPSU) et abrogeant le décret n°2007-588 du 4 octobre 2007 portant création d’un Fonds de Soutien aux Programmes de Salubrité urbaine (FSPSU). Aujourd’hui, l’ANAGED dans le cadre de sa politique de déploiement sur l’étendue du territoire national ne dispose que de 8 délé-gations régionales : Bouaké, Yamoussoukro, Korhogo, San Pedro, Bondoukou, Gagnoa, Grand Bassam et Man. Dimbokro, n’ayant pas de délégation régionale, la Marie continue d’assurer le ramassage des déchets solides en y allouant chaque année une partie de son budget qui connaît une évolution irrégulière (tableau II).

Tableau II : Évolution du budget alloué à la gestion des ordures de 2005 à 2020

Années Budget total (F CFA) Budget alloué à la gestion des ordures (F CFA) Part (en %)

2005 300 000 000 19 753 000 6,58


2007 350 000 000 19 262 000 5,50

2008 300 000 000 19 839 000 6,61

2010 300 000 000 19 172 000 6,39

2015 700 000 000 39 917 000 5,70

2018 500 136 000 79 794 553 16, 95

2019 544 145 000 86 816 000 15,95

2020 584 634 000 43 697 000 7,47Source : Service financier de la mairie de Dimbokro, 2020

L’analyse du tableau II révèle que le budget général de la Mairie de Dimbokro et celui alloué à la gestion des ordures ont connu une évolution irrégulière depuis 2005. Il ressort qu’en général le budget destiné à la gestion des ordures n’excède pas les (17%). Les taux les plus bas ont été enregistrés sur la période de 2005 à 2015, car n’excédant pas 7% du budget global. En effet, ce faible taux pourrait s’expliquer par la prise de l’ordonnance n°2007-586 du 04 octobre 2007 abrogeant certaines dispositions de la loi n° 2003-208 du 7 juillet 2003 portant transfert et répartition de compétences de l’État aux collectivités territoriales. Le décret n° 2007-587- du 4 octobre 2007 portant création, attributions, organisation et fonctionnement d’un établissement public à caractère industriel et commercial dénommé « Agence Nationale de la Salu-brité Urbaine » (ANASUR) Par ce décret, c’est l’ANASUR qui est censée gérer le ramassage des déchets ménagers. Mais, les difficultés de l’ANASUR à jouer pleinement son rôle ont poussé la Mairie à outrepasser ses prérogatives en y consacrant une partie de son budget pour l’enlèvement des déchets. Malgré, le rem-placement de l’ANASUR par l’ANAGED en 2017, la Marie continue de consacrer une partie de son budget pour gérer les déchets solides à Dimbokro. Les taux les plus élevés du budget alloué à l’enlèvement des ordures sont observés sur la période de 2018 à 2019 avec un taux supérieur à 15% du budget total de la Mairie. La hausse intervenue en 2018 s’inscrit dans le cadre du « concours de la commune la plus propre de Côte d’Ivoire » dont le 1er prix d’excellence 2018 de la 6e édition a été remporté par la commune de Dim-bokro. Depuis, cette victoire, la priorité a été orientée ailleurs d’où la baisse de moitié (7,47%) du budget alloué à la gestion des déchets solides en 2020. Par ailleurs, l’impraticabilité de certaines voies constitue des contraintes au ramassage des déchets ménagers.

2.2.3. L’état défectueux des infrastructures routières, un obstacle au ramassage des déchets solides

La majeure partie du réseau routier de la ville de Dimbokro a été réalisée à la faveur de la fête tournante de l’indépendance qui s’est tenue le 7 août 1975. Quarante-cinq ans plus tard, ces routes sont dans un état de dégradation très avancé par faute d’entretien (carte 5)



Figure 7: État des lieux des routes de ville de Dimbokro en 2020

L’observation de la figure 7 indique d’une part, des voies en bon état et d’autre part, celles en mauvais états. Il ressort de l’analyse que dans les quartiers où les voies ont été réhabilitées lors de la visite du chef de l’État, le Président Alassane Ouattara en septembre 2019, les ordures sont régulièrement ramassées. Il s’agit des quartiers économiques et résidentiels suivants: Belleville, Résidentiel et Commerce. Par contre, l’état défectueux des voies rend les quartiers évolutifs de Dioulakro, Kommikro, Koulibaly et Koffikro, inac-cessibles aux véhicules de ramassage des ordures et même aux habitants à leur domicile. Par conséquent, les populations ne pouvant parcourir de longues distances pour accéder aux postes de groupage déversent les ordures non loin de leurs concessions ou dans des espaces vagues. Toutefois, la situation environne-mentale peu salubre est susceptible d’offrir des conditions propices à la circulation des germes pathogènes dans l’espace urbain.

2.3. LES IMPACTS DES PRATIQUES MALSAINES DE GESTION DES DÉCHETS MÉNAGERS SUR LA SANTÉ DE LA POPULATION

La mauvaise gestion des déchets ménagers est à l’origine de la prévalence de certaines pathologies. Par


ailleurs, il existe une corrélation entre l’environnement urbain et les pathologies dans la ville de Dimbokro. Plusieurs mécanismes dont certains peuvent être associés aux problèmes d’accès à l’eau potable, aux conditions d’habitat ainsi qu’aux niveaux socio-économiques, à l’hygiène et à l’assainissement pour expliquer la fréquence et la distribution des pathologies les plus récurrentes. Mais, l’étude s’est appuyée sur l’aspect de l’hygiène et de l’assainissement pour appréhender les pathologies qui en découlent.

2.3.1. Les pathologies les plus fréquentes ressenties par les ménages à Dimbokro

Les pathologies les plus fréquentes liées à l’hygiène et à l’assainissement sont nombreuses. Celles ressenties le plus souvent par les ménages de la ville de Dimbokro sont les suivantes (figure 8).

67,01%24,87%

8,12%

Paludisme

Diarrhée

Fièvre typhoide


Figure 8 : Répartition des pathologies dominantes dans la ville selon les chefs de ménage

À l’analyse du figure 8, il ressort que les populations de la ville sont exposées aux maladies ou infections que sont le Paludisme, la Diarrhée et la Fièvre typhoïde. En effet, la longue présence des ordures permet aux larves des insectes et de mouches dans les ordures d’éclore dans un délai de 48 heures maximum. Cette situation est favorisée par la prolifération de ces pathologies. Toutefois, celles liées au paludisme dominent. En effet, sur un total de 394 chefs de ménage interrogés, 264, soit 67,01% prétendent avoir régulièrement des cas de paludisme. Ces ménages sont constamment mis à l’épreuve des piqures des moustiques pro-venant des ordures déversées non loin des lieux d’habitation ou dans les caniveaux. Ensuite, 24,87% sont plus confrontés à la diarrhée. Enfin, 8,12% des ménages indiquent avoir été diagnostiqués des cas de fièvre typhoïde dans leur ménage. Toutefois, ces pathologies s’observent à des degrés divers selon les quartiers.

2.3.2. Une corrélation entre l’environnement urbain et les pathologies à Dimbokro

La prédominance de chacune de ces pathologies diffère d’un quartier à un autre. Les quartiers les plus insalubres sont les plus exposés à ces cas de pathologies (figure 9).



Figure 9 : Répartition des pathologies de la ville de Dimbokro selon les quartiers

Il ressort de l’analyse de la figure 9 qu’il existe une corrélation entre l’environnement et la santé. Par conséquent, les différentes pathologies ressenties par la population sont inégalement réparties. En effet, nos investigations ont montré que le paludisme reste la pathologie la plus répandue dans la ville de Dim-bokro. Dans les quartiers de Dioulakro, Koulibaly, Belleville et Résidentiel, près des ¾ des ménages ont


été ou sont malades du Paludisme contre ¼ victimes de la Diarrhée et de la Fièvre typhoïde. Toutefois, les quartiers les plus exposés à toutes ces pathologies sont les plus insalubres comme Dioulakro, Kommikro et Koulibaly et peu salubres à savoir, Koffikro ; Belleville et Commerce. Dans ces quartiers, de nombreux dépôts sauvages persistent et les ménages utilisent plus les rues et la nature pour évacuer leurs eaux usées domestiques. Par contre, les pathologies sont peu ressenties dans le quartier salubre de Résidentiel. En effet, le ramassage régulier des déchets solides et l’utilisation des fosses septiques et puits perdus pour se débarrasser des eaux usées domestiques font que ces pathologies sont moins perceptibles. En somme, un lien existe entre l’environnement et la santé de la population.

3. DISCUSSION

L’étude a relevé que dans la ville de Dimbokro, la gestion des déchets ménagers est dominée par des pratiques inadaptées.

Ce résultat ne s’écarte pas de celui obtenu par Z. Kargougou (2013, p. 43) qui a démontré dans son étude sur la gestion des ordures à Ouagadougou que la pré collecte des déchets n’est pas convenable au sein des ménages, car seuls 25% d’entre eux utilisent des poubelles convenables pendant que les autres optent pour de vieux récipients. À Yamoussoukro par exemple, 72% des déchets sont stockés dans des vieux récipients contre 10,67% dans les poubelles modernes avant d’être transférés vers les dépôts sauvages (K. Yao, 2009, p. 24). Pendant qu’à Abidjan, la situation est plus que préoccupante, car l’insalubrité et la prolifération de déchets dans les rues sont visibles au quotidien (L. Brisoux et P. Elgorriaga, 2018, p. 5). À titre illustratif, O. B. Eviar, K. Atta et T. Gogbe (2013, p.132) dans leurs études sur la situation d’insalubrité dans la commune d’Abobo, ont soutenu qu’à Abobo, plus de 80% des ménages ne bénéficiaient pas des services des sociétés de ramassage pendant que 20% évoquaient un ramassage irrégulier. La situation n’est pas aussi reluisante au niveau des déchets liquides, car C. A. Yapi (2020, p .221) dans son étude sur la dynamique urbaine et assainissement dans les quartiers périphériques de Yamoussoukro, a montré que les modes de rejet des eaux usées par les ménages s’effectuent à 72,03% dans les fosses septiques et puits perdus contre14,26% dans la nature et la 13,71% dans la rue.

Ensuite, l’étude aussi a relevé que l’environnement malsain de la ville de Dimbokro s’explique par l’inci-visme des ménages, l’inexistence d’une délégation régionale de l’ANAGED à Dimbokro et par la faiblesse du budget de la Mairie consacré au ramassage des ordures.

Pour A. Djako et K. Kouassi, (2013, p.59), la représentation mentale de la distance qui sépare les lieux de production des détritus et les points autorisés de collecte des déchets ménagers constitue un facteur discriminant dans le choix des nœuds de ruptures de charges des ordures ménagères. Ainsi, la prolifération des dépôts sauvages s’explique en partie par l’absence des sites de transit à la disposition des ménages (K. Yao, 2009, p. 24). Par ailleurs, le décret portant création de l’ANASUR devenue l’ANAGED en 2017 a sonné le glas de la gestion décentralisée des déchets ménagers en Côte d’Ivoire, d’où la démotivation des collectivités territoriales à affecter une part considérable de leur budget à la gestion des déchets ménagers (K. Kouassi, A. P. Ayemou, E. O. Guedé, et P. J. Assi-Kaudjhis, 2018, p.65). En revanche, l’Institut de l’Energie et de l’Environnement de la Francophonie (2011, p. 9) pointe du doigt la croissance rapide des villes et son corollaire d’explosion démographique qui ne s’accompagnent pas toujours des ressources nécessaires pour assurer un développement urbain durable. C’est l’exemple de la ville d’Abidjan qui à cause de sa croissance démographique incessante, la production globale de déchets connaît mécaniquement une forte hausse chaque année (L. Brisoux et P. Elgorriaga, 2018, p. 5). Pour M. M. Ould Khalifa (2010, p.105), le manque d’infrastructures de gestion des déchets et de politique adaptée est à l’origine d’un dysfonctionnement et d’un déficit dans tout le circuit des déchets (pré collecte, collecte, transport, etc.). En outre, A. Djako et K. Kouassi, (2013, p.59) dans leur étude sur la vulgarisation des points de collecte à l’épreuve de la gestion


efficiente des déchets ménagers à Adjamé ont indiqué que, l’éloignement des points de collecte des ordures ménagères est imputable à l’impraticabilité voire, à l’inexistence des liaisons routières. La Banque Mondiale (2018, p.70) quant à elle dans son étude sur Bamako est allée au-delà des résultats de l’étude en relevant des problèmes de coordination entre la planification et la prestation de services et surtout l’important déficit de financement. Par ailleurs, K. Yao (2009, p. 32) a aussi relevé l’absence de partenaire financier privé ajouté à la lenteur et au décalage du budget mobilisé par l’État pour la gestion de la filière.

Enfin, les résultats de l’étude ont montré l’existence d’une corrélation entre l’environnement insalubre et la répartition des pathologies observées dans la ville.

À ce propos, les résultats de l’étude sont en phase avec ceux obtenus par l’Institut de l’Énergie et de l’Environnement de la Francophonie (2011, p.4) qui a soutenu que l’augmentation du volume des déchets, causée par les modes de production est préjudiciable à la santé de l’homme. Pour K. Kouassi, A. P. Aye-mou, E. O. Guedé, et P. J. Assi-Kaudjhis,( 2018, p.69) la dégradation de l’environnement urbain dans les espaces de quotidienneté des consultants est illustrée à travers la prolifération des tas d’immondices et des vecteurs de transmission des maladies infectieuses En effet, la présence de dépôts sauvages un peu partout dans la ville représente un milieu favorable à la multiplication des vecteurs de transmission tels que les anthropoïdes (mouches, moustiques), les rongeurs et à la prolifération de germes responsables des maladies et infections de tout genre (M.M. Ould Khalifa, 2010, p.105). Par ailleurs, K. Kouassi, (2017, p.314) dans son étude sur la concentration humaine et insalubrité à Adjamé (commune du district d’Abidjan, Côte d’Ivoire): quelle corrélation ? a montré que dans les quartiers à faible superficie de consommations de l’espace (moins de 30 m²/hab), la proximité des déchets dans une perspective hygiénique constitue un facteur de risque sanitaire pour les populations. Et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (2016, p.3) de renchérir que sur le plan international, le nombre de décès imputables à l’environnement était de 12,6 millions en 2012 et que la proportion de décès dus aux effets de l’environnement sur la santé est de 23% pour l’ensemble de la population mondiale.

CONCLUSION

L’étude ressort que la gestion des déchets ménagers dans la ville de Dimbokro est marquée par une prédominance des pratiques inadaptées conduisant à une dégradation de l’environnement urbain. Cette situation est imputable à l’incivisme de la population, à la gestion théorique des déchets par l’ANASUR devenue l’ANAGED en 2017, à la faiblesse du budget alloué au ramassage des ordures par la Mairie et à l’impraticabilité des routes secondaires de la ville. Les modes de stockage et d’évacuation des déchets ménagers solides comme liquides varient selon le standing des quartiers. Par ailleurs, il existe une corré-lation entre l’environnement de manière générale et la répartition des pathologies. Des solutions idoines méritent d’être proposées pour améliorer le cadre de vie des populations afin de réduire les mortalités dues à ces pathologies. Pour ce faire, l’ANAGED, créée depuis plus de 4 ans, doit se donner les moyens pour installer des délégations régionales sur toute l’étendue du territoire. À défaut, il serait souhaitable de confier à nouveau la gestion des déchets aux collectivités décentralisées sous le contrôle de l’État.

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