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48 street shooting La vélorution… Tous les mois, plus de soixante Frontignanais manifestent pour défendre la place du vélo dans la ville. Balade à pédales avec seize joyeux “vélorutionnaires”. “L es voitures sont foutues, les vélos sont dans la rue! “, “Pédaler, c’est la santé”, “Frontignan, à vélo!“ Slogans, pancartes, sifflets, tambour et fumigènes: le cortège qui s’ébroue à deux-roues à travers Frontignan a tout d’une manifestation. Mais, tous les premiers dimanches du mois, la vélorution prend des allures de balade ultra-conviviale, sourire aux lèvres. Aujourd’hui, les soixante vélorutionnaires partent de la place de l’Église, la fleur au guidon. Sans stress, grâce aux quatre cyclistes qui sécurisent les intersections. Organisée par le collectif Vélo citoyen et le collectif Frontignan en transition - énergétique -, la vélorution demande à la Ville des pistes cyclables. Notamment sur le boulevard urbain central (1) en réfection, pour que tous puissent y rouler en sécurité. Et que la petite reine ne perde pas la tête. Rapide, concrète et sympa, cette action intrigue les habitants aux fenêtres… et les auto- mobilistes, bloqués avec humour par des tours de ronds- points intempestifs. La vélorution, empêcheuse de tourner en rond? Pour le savoir, La Gazette s’est infiltrée dans le cortège, jusqu’au pot d’arrivée. En vélo électrique, histoire de rajouter son brin de diversité à ce défilé hétéroclite de VTT, vélos de ville, VTC (2), tricycle couché, BMX d’ados… et même un tandem qui prend la vélorution en marche. Résultat: un “Printemps cyclable” bourré de bonne humeur. En selle. (1) Buc : Boulevard urbain central, qui traverse Frontignan-ville jusqu’à Frontignan-La Peyrade. La Ville de Frontignan transforme actuellement cette ex-nationale très dangereuse en “zone partagée” entre utilisateurs, limitée à 30 km/h. Elle réduit le nombre de places de stationnement sur la route et crée des parkings. (2) Vélo tout chemin 8REPÈRES Nos questions Pourquoi faites-vous la vélorution? Comment utilisez-vous votre vélo au quotidien? L’aménagement de la ville vous permet-il de faire du vélo en sécurité? Le jour Dimanche 4 mars. Thème d’aujourd’hui: le printemps. En fleurs! Le lieu Sur la place de l’Église à Frontignan-Ville, jusqu’à La Peyrade. Un circuit plat de quasi deux heures, qui contourne l’axe principal (le “Buc”), à travers les zones résidentielles côté nord. Les intervenants Seize vélorutionnaires, de 4 à 77 ans, membres du collectif Vélo citoyen, ados, habitants venus pour la “première fois”… et mêmes élus. Pour participer Depuis l’été 2011, les vélorutionnaires se réunissent tous les premiers dimanches du mois à 10h30. Prochaine vélorution: le 1 er avril. Pour recevoir les infos, envoyez un mail à collectif.velo.frontignan@ orange.fr POUR LA SÉCURITÉ Marie-Josée, 42 ans, membre du collectif Vélo citoyen. À l’arrivée de la vélorution, c’est Marie-Josée qui dresse les tables de pique- nique avec quiches, chips et petits sandwichs pour un apéro convivial. “On a même proposé à la police municipale de se joindre à nous.” Sa motivation : “La sécurité de nos enfants. Les miens partiront au collège l’année prochaine, et vont déjà au skate-park ou chercher des copains à vélo. Mais c’est dangereux, on est stressés ! J’aimerais une piste cyclable rue de la Déchetterie. On croise les doigts.” Agnès, 50 ans, initiatrice du collectif Vélo citoyen. “Comme le boulevard est dangereux à vélo, les parents s’agglutinent en voiture devant les collèges ! La Ville a commencé à le refaire, mais sans piste cyclable, alors que c’est obligatoire ! Ainsi, nous avons créé un collectif début 2011, dans l’idée de porter plainte, raconte Agnès. Mais nous avons finalement suivi la proposition de “Frontignan en transition”, plus modérée : la vélorution. À la Mairie, nous faisons désormais partie du comité pour la mise en place des modes de déplacements doux, mais les réunions tardent… La vélorution permet de maintenir la pression sur la municipalité. On y croit !” Geoffroy et Nicolas, 14 ans, collégiens en 3 e . Pour les deux copains, la vélorution, c’est “divertissant! Ça fait une promenade à vélo tous ensemble, c’est marrant”. Et sans les parents, qui, eux, n’ont pas le temps. Nicolas va déjà au collège à vélo et, l’été, rejoint son copain Geoffroy, à Frontignan-Plage, par la “jolie piste” de l’étang. Mais le problème, c’est le centre-ville : “C’est dangereux: les voitures passent vite, laissent trop peu de place. Et aux passages piétons, c’est compliqué.” POUR LA BALADE POUR LA SANTÉ Marie, 77 ans. Tonique sur ses pédales, une des aînées du cortège apprécie la vélorution : “Ça me fait du bien aux jambes, et ça fait sortir de la maison. On apprend à connaître les gens, on se promène. Et c’est bien qu’il y ait des jeunes, c’est l’avenir!” Quand Marie prend son vélo deux à trois fois par semaine pour aller au cimetière : “C’est pratique, mais… je fais attention, je passe par derrière”. En revanche, pour les courses, “rien de tel que le bus”. POUR METTRE LA PRESSION 048-049-Streetshooting_271SETE_048_049 27/03/12 14:22 Page48

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Lavélorution…

Tous les mois, plus desoixante Frontignanaismanifestent pourdéfendre la place duvélo dans la ville.Balade à pédales avecseize joyeux“vélorutionnaires”.

“Les voitures sont foutues, les vélos sont dans larue! “, “Pédaler, c’est la santé”, “Frontignan, àvélo!“ Slogans, pancartes, sifflets, tambour et

fumigènes: le cortège qui s’ébroue à deux-roues à traversFrontignan a tout d’une manifestation. Mais, tous lespremiers dimanches du mois, la vélorution prend desallures de balade ultra-conviviale, sourire aux lèvres.Aujourd’hui, les soixante vélorutionnaires partent dela place de l’Église, la fleur au guidon. Sans stress, grâceaux quatre cyclistes qui sécurisent les intersections.Organisée par le collectif Vélo citoyen et le collectifFrontignan en transition - énergétique -, la vélorutiondemande à la Ville des pistes cyclables. Notamment surle boulevard urbain central (1) en réfection, pour quetous puissent y rouler en sécurité. Et que la petite reinene perde pas la tête. Rapide, concrète et sympa, cetteaction intrigue les habitants aux fenêtres… et les auto-mobilistes, bloqués avec humour par des tours de ronds-points intempestifs.La vélorution, empêcheuse de tourner en rond? Pourle savoir, La Gazettes’est infiltrée dans le cortège, jusqu’aupot d’arrivée. En vélo électrique, histoire de rajouterson brin de diversité à ce défilé hétéroclite de VTT, vélosde ville, VTC (2), tricycle couché, BMX d’ados… et mêmeun tandem qui prend la vélorution en marche. Résultat:un “Printemps cyclable” bourré de bonne humeur. Enselle. (1) Buc : Boulevard urbain central, qui traverseFrontignan-ville jusqu’à Frontignan-La Peyrade. La Villede Frontignan transforme actuellement cette ex-nationaletrès dangereuse en “zone partagée” entre utilisateurs,limitée à 30 km/h. Elle réduit le nombre de places destationnement sur la route et crée des parkings.(2) Vélo tout chemin

8REPÈRESNos questionsPourquoi faites-vous lavélorution? Commentutilisez-vous votre véloau quotidien?L’aménagement de laville vous permet-il defaire du vélo en sécurité?Le jourDimanche 4 mars.Thème d’aujourd’hui: leprintemps. En fleurs!Le lieuSur la place de l’Église àFrontignan-Ville, jusqu’àLa Peyrade. Un circuitplat de quasi deuxheures, qui contournel’axe principal (le “Buc”), àtravers les zonesrésidentielles côté nord.Les intervenantsSeize vélorutionnaires, de4 à 77 ans, membres ducollectif Vélo citoyen,ados, habitants venuspour la “première fois”…et mêmes élus.Pour participerDepuis l’été 2011, lesvélorutionnaires seréunissent tous lespremiers dimanches dumois à 10h30. Prochainevélorution: le 1er avril.Pour recevoir les infos,envoyez un mail à[email protected]

POUR LA SÉCURITÉMarie-Josée,42 ans, membredu collectif Vélocitoyen. À l’arrivéede la vélorution, c’estMarie-Josée qui dresseles tables de pique-nique avec quiches,chips et petitssandwichs pour unapéro convivial. “On amême proposé à lapolice municipale de sejoindre à nous.” Samotivation: “Lasécurité de nos enfants.Les miens partiront aucollège l’annéeprochaine, et vont déjàau skate-park ouchercher des copainsà vélo. Mais c’estdangereux, on eststressés! J’aimerais unepiste cyclable rue de laDéchetterie. On croiseles doigts.”

Agnès, 50 ans,initiatrice ducollectif Vélocitoyen. “Comme leboulevard est dangereuxà vélo, les parentss’agglutinent en voituredevant les collèges! LaVille a commencé à lerefaire, mais sans pistecyclable, alors que c’estobligatoire! Ainsi, nousavons créé un collectifdébut 2011, dans l’idée deporter plainte, raconteAgnès. Mais nous avonsfinalement suivi laproposition de“Frontignan entransition”, plusmodérée: la vélorution. À la Mairie, nous faisonsdésormais partie ducomité pour la mise enplace des modes dedéplacements doux, maisles réunions tardent…La vélorution permet demaintenir la pressionsur la municipalité.On y croit!”

Geoffroy et Nicolas, 14 ans, collégiens en 3e. Pour les deuxcopains, la vélorution, c’est “divertissant! Ça fait une promenade à vélo tousensemble, c’est marrant”. Et sans les parents, qui, eux, n’ont pas le temps.Nicolas va déjà au collège à vélo et, l’été, rejoint son copain Geoffroy, àFrontignan-Plage, par la “jolie piste” de l’étang. Mais le problème, c’est lecentre-ville : “C’est dangereux: les voitures passent vite, laissent trop peu deplace. Et aux passages piétons, c’est compliqué.”

POUR LA BALADE

POUR LA SANTÉ

Marie, 77 ans. Tonique sur ses pédales, unedes aînées du cortège apprécie la vélorution:“Ça me fait du bien aux jambes, et ça fait sortirde la maison. On apprend à connaître les gens, onse promène. Et c’est bien qu’il y ait des jeunes,c’est l’avenir !” Quand Marie prend son vélo deuxà trois fois par semaine pour aller au cimetière:“C’est pratique, mais… je fais attention, je passepar derrière”. En revanche, pour les courses, “riende tel que le bus”.

POUR METTRE LA PRESSION

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La Gazette n° 271 - Du 29 mars au 2 mai 2012

49pages réalisées par Raquel Hadida /photos de Raquel Hadida

POUR FAIRESA PLACE

Sylviane, 57 ans. Des grenouilles, des fleurs,Sylviane en a un plein panier, toutes en papier.Mais sous ses airs ensoleillés, à vélo, la Lyonnaisene se laisse pas démonter : “À 18h, dur de passer enplein flot des véhicules. Quand les bagnoles mebloquent, je crie : “Eh, ma place, alors?!” Je doisparfois prendre le trottoir ou les sens interdits, depeur d’arriver en morceaux chez le kiné. Mais on nedevrait pas être obligé de bafouer le code de laroute! Ça me met hors de moi! C’est mon côtérévolutionnaire.”

Frédéric, 38 ans, cheminotà Montpellier. Depuis son tricycle couché“super confortable”, Frédéric a vécu la vélorutionen panoramique: “À vélo, on a une vue sur la ville,on se parle, ça donne l’esprit large: on n’est pasisolé devant sa télé ou derrière ses vitres fumées.Ce militantisme festif fédère facilement. Etquestionne la place que nous donnons auxvoitures, donc au pétrole, ou au gaz de schiste, unebêtise!” Pour bosser, Frédéric prend la voiture,mais pour ses vacances, choisit Arcachon ou laHollande… “Au moins il y a des pistes cyclables!”

POUR ÉLARGIRSA VISION

Raphaëlle, 6 ans,Ségolène, 9 ans,Loanne, 12 ans,Anne-Laure,40 ans etFrédéric, 44 ans.“Loanne va au collège àvélo en 10 minutes. Maissans piste cyclable, etavec les voitures garéessur le trottoir, on n’estpas rassurés. Et l’été,traverser Frontignanavec toute la circulationavec les petites, ça faitpeur…”, témoigneAnne-Laure, la maman.Alors c’est en famillequ’on vélorutionne:“Les filles voient qu’ilfaut exprimer ses idées.C’est du militantismegentil, l’ambiance esttrès sympa. C’est aussiune manière de nousintégrer dans le village!”POUR S’INTÉGRER

Peggy, 35 ans, enseignante à Sète.Première vélorution pour Peggy, conquise: “Je voisque le message passe: à leur fenêtre, dans leurjardin, les gens semblent positifs. Les automobilistesaussi.” Car Peggy ne l’oublie pas: “On est tousautomobilistes par défaut, car le vélo est tropdangereux. Je fais 800 m en voiture pour déposermes enfants à l’école, je vais à Sète en voiture parceque les pistes cyclables manquent de continuité.Or la ville est plate, elle a du potentiel. À vélo, onpourrait gagner du temps, comme à Strasbourg. Sila Mairie fait des efforts, je suis prête à remonter enselle !”

Loïc Llinares,34 ans, élu deFrontignandélégué àl’Agenda 21 etconseiller auxtransports àThau Agglo. Avecsa fille Luna, 4 ans. Unélu qui manifeste? “Jesuis citoyen avanttout!”, réplique Loïc.“Nous partageons lediagnostic. Les élus ontbesoin du collectif Vélocitoyen pour amener ledébat sur la placepublique et pousser lesvoitures à partagerl’espace dans lesnouvelles “Zones 30”(limitées à 30 km/h).D’un coup, la vélorutionrend le vélo prioritaire,sur un mode ludique,sans braquer les autresutilisateurs, c’estpositif.” Et “le collectifvélo a besoin des éluspour faire avancer lesprojets. Il y aura unepiste cyclable pourrelier La Peyrade”.

POUR ÊTRE CONSTRUCTIF

POUR LÂCHERLA VOITURE

Margot, 9 ans, en CM1. C’est Marion, sacopine du cours de danse, qui a emmené Margot àsa première vélorution. “J’ai un peu mal auxjambes, mais j’ai envie de revenir, c’est rigolo.”Margot fait déjà du vélo avec sa mère pour allerà Frontignan-Plage, et va à pied à l’école. Pour lereste, “je sais pas” sera la réponse principale de lapetite fille un peu timide. Normal, après tous cesefforts…

POUR LES COPINES

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