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¡Jlj-année) - France: 1,20 F- Belgique: 17F - Suisse: "/,20F

G LAC IE

EN MARCHE

TRÉSORS

DE L'ART

MONDIAL

Photo © Hétier, Pans - Musée national. Copenhague

Divinité pour un chaudron d'argent

En 1891, on découvrait dans un marais du Jutland, à Gundestrup, au Danemark, un chaudron

d'argent massif, magnifique vestige de l'orfèvrerie celtique. Il est tout entier travaillé de reliefs,

tant intérieurement qu'extérieurement : taureau sacré, animaux fabuleux, cavaliers, guerriers

et musiciens, divinités parmi lesquelles figure Cernunnos, le dieu cornu des Celtes. Probable¬

ment accessoire de culte, il date de la fin de l'expansion celte en Europe, il y a environ 2 000 ans.

Ici, l'un des motifs du chaudron, peut-être une divinité mère, typique de l'art celtique qui ne

visait pas au réalisme mais à l'expression simultanée des diverses significations d'un thème.

Le CourrierJUIN 1969

XXIIe ANNÉE

Pages

PUBLIÉ

EN 12 ÉDITIONS

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Tamoule

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expriment l'opinion de leurs auteurs et non pas nécessaire¬ment celles de l'Unesco ou de la Rédaction.

4 CES IMMENSES CONTINENTS SOUS LA MER

L'océanographie, entreprise internationale

par Daniel Behrman

6 LE VISAGE CACHÉ DE NOTRE PLANÈTE

Une carte saisissante du fond de l'Atlantique

10 UNE FLOTTE POUR AQUANAUTES

A la conquête de l'espace liquide

16 LES CAPRICES DES GLACIERS

Énigme d'une transhumance millénaire

par Grigori Avsiouk et Vladimir Kotliakov

22 EFFETS SURPRENANTS D'UN SÉISMEEN ALASKA

26 LE REFUS DE L'INSOLITE

Musique d'Orient, musique d'Occident

par Trân Van Khê

33 NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT

34 LATITUDES ET LONGITUDES

2 TRÉSORS DE L'ART MONDIAL

Divinité pour un chaudron d'argent (Danemark)

Bureau de la Rédaction :

Unesco, place de Fontenoy, Paris-7e, France

Directeur-Rédacteur en chef :

Sandy Koffler

Rédacteur en chef adjoint :Lucio Attinelli

Secrétaires généraux de la rédaction :Édition française : Jane Albert Hesse (Paris)Édition anglaise : Ronald Fenton (Paris)Édition espagnole : Arturo Despouey (Paris)Édition russe : Georgi Stetsenko (Paris)Édition allemande : Hons Rieben (Berne)Édition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire)Édition japonaise : Takao Uchida (Tokyo)Édition italienne : Maria Remiddi (Rome)Édition hindie : Annapuzha Chandrahasan (Delhi)Édition tamoule :T.P. Meenakshi Sundaran (Madras)Édition hébraïque : Alexander Peu (Jérusalem)

Illustration et documentation : Olga Rodel

Maquettes : Robert Jacquemin

Toute la correspondance concernant la Rédaction doit êtreadressée au Rédacteur en Chet

Notre couverture

Plus d'un dixième de la terre ferme

est recouvert par les glaces. Unepartie suffirait à comblerl'accroissement de la consommation

d'eau dans le monde. Pourrons-nous,

par exemple, accélérer la fontede certains glaciers sans perturberleur régime et le climat local ?C'est l'un des nombreux problèmesque pose le phénomène de laglaciation et que les savantss'efforcent de résoudre dans le

cadre de la décennie hydrologiqueinternationale (voir article page 16).Ici, une énorme coulée glaciaireà l'amont d'un fjord du Groenland(voir aussi notre photo pages 18-19).

Photo ÍRiviera >

Ernst Hofer (de - Arktischeéd. Kümmerly et Frey. Berne).

4

par Daniel Behrman

CES IMMENSES

CONTINENTS

SOUS LA MER

LTexte © Copyright Reproduction interdite

, 'OCEAN s'immisce de plusen plus dans les affaires humaines.Cela crée des situations nouvelles, quiexigent des solutions politiques et juri¬diques nouvelles. Les utilisationsactuelles et futures de l'Océan ne

cadrent plus avec l'idée traditionnelleselon laquelle, au-delà de la limite deseaux territoriales, à trois milles des

côtes, l'Océan n'appartient plus à per¬sonne.

D'après la Convention sur la plateaucontinental, adoptée par la Conférencequi s'est tenue à Genève, en 1958,

DANIEL BEHRMAN, de la Division de laPresse à l'Unesco, écrit sur les problèmesscientifiques. Il est l'auteur de « The NewWorld of the Oceans (Le nouveau mondedes océans) qui parait ce mois-ci aux Etats-Unis (Editions Little, Brown and C°, Boston).Cet ouvrage, dont est extrait le texte que nouspublions ici, paraîtra ultérieurement en fran¬çais aux Editions Robert Laffont, à Paris.

sous les auspices des Nations unies,toutes les nations riveraines ont désor¬

mais un droit clairement défini à l'ex¬

ploitation des ressources du fond dela mer, sur toute la surface de la plate¬forme qui borde leurs côtes, jusqu'àune distance qui peut atteindre 250milles du littoral, selon les capricesdu relief sous-marin. C'est comme si

l'on ajoutait un continent plus grandque l'Afrique à l'ensemble des terresimmergées.

A l'intérieur des limites ainsi défi¬

nies, déclare la Convention, les Etats

riverains peuvent revendiquer la pos¬session des « ressources minérales et

autres ressources non vivantes du lit

de la mer et du sous-sol, ainsi quedes organismes vivants qui appartien¬nent aux espèces sédentaires, c'est-à-dire à des organismes qui, au stade oùils peuvent être péchés, sont soit im¬mobiles sur le lit de la mer ou au-

dessous de ce lit, soit incapables de

se déplacer si ce n'est en restantconstamment en contact physique avecle lit de la mer ou le sous-sol ».

Certains « organismes » arrivent àse faufiler à travers les mailles de

ce réseau barbelé de définitions juri¬diques. Depuis la signature de laConvention, à plusieurs reprises, desspécialistes de la biologie marine ontété commis comme experts pour tran¬cher des litiges internationaux, et déci¬der si le homard ou le tourteau nagentou rampent. S'ils nagent, les juristesdevront les considérer comme des

poissons, et n'importe qui a le droit deles pêcher. S'ils rampent, ils appar¬tiennent au propriétaire du plateaucontinental.

La définition du droit de propriétésur le plateau continental n'en est pasrendue tellement plus claire pourautant. En 1958, les rédacteurs de la

Convention de Genève estimaient qu'ilse passerait bien vingt ans avant qu'onpût rien tirer de rentable des fondsdépassant la limite des deux centsmètres qu'ils avaient fixée. Or, lesforeuses des sociétés de prospectionpétrolière opèrent déjà à de plus gran¬des profondeurs. Les prospecteursde phosphorite et de manganèse atten¬dent dans les coulisses.

La Convention de Genève leur a

laissé volontairement la porte entrou¬verte, en définissant le plateau conti¬nental comme « le lit de la mer ou le

sous-sol des régions sous-marines ad¬jacentes aux côtes... jusqu'à une pro¬fondeur de 200 mètres, ou au-delà decette limite, jusqu'au point où la pro¬fondeur des eaux surjacentes permetl'exploitation des ressources naturellesdesdites régions ».

En d'autres termes, c'est la possi¬bilité d'exploiter qui, neuf fois sur dix,aux yeux de la loi, constitue le titrede propriété. Le terme même d'explol-

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Ce visage aux profondes orbites qui semble issu d'unrêve (à droite) est en fait une image agrandie desporosités et de l'épine dorsale d'une espèce, dezooplancton. Toute la vie dans les mers dépend d'unemasse d'organismes végétaux et animaux, dont l'analysemicroscopique occupe une place de plus en plusimportante dans les travaux océanographiques. Les savantsprévoient le jour où les prairies » des profondeursmarines seront, elles aussi, récoltées, et où les poissonsseropt élevés dans des fermes océanes. A gauche,dessin qui évoque les « moissonneuses » de l'avenirfauchant une forêt d'algues gênante pour la pêche.

Photo <"i Allan W H Be. Lamont Geological Observatory New York

CONTINENTS SOUS LA MER (Suite)

Pas de drapeaux dans le lit de la mer

6

tation n'est pas défini par la Conven¬tion, comme le fait remarquer, entreautres, Kenneth O. Emery, le géologuede Woods Hole, Institution océanogra¬phique, Cap Cod, Massachusetts(Etats-Unis).

A ce sujet, il pose quelques ques¬tions embarrassantes, qui n'ont pasjusqu'ici trouvé de réponse. Est-ce quela récupération de quelques nodulesde manganèse, à titre de spécimenpour une collection, constitue une ex¬ploitation ? Combien de tonnes denodules de manganèse faudrait-il récu¬pérer chaque année sur une unité desurface donnée, pour qu'il y eût exploi¬tation rentable, dans les conditionsnormales ?

Les nodules de manganèse, avec cequ'ils peuvent renfermer de cobalt, decuivre et de nickel, sont jusqu'ici lesprincipaux produits qu'on mentionne,en général, quand on parle d'exploita¬tion des gisements sous-marins. Maisest-ce que la récupération de quelquesmillions de dollars chaque année, àl'aide de ces métaux, justifie l'attri¬bution d'un droit souverain sur d'énor¬

mes portions de l'écorce terrestre ?

Il y a d'autres problèmes. Quel estle statut juridique d'un pays qu'unfossé profond, proche des côtes, sé¬pare de ce qui serait normalement sapart de la plate-forme continentale ?C'était le cas de la Norvège, au mo¬ment où les pays riverains de la merdu Nord se répartissaient les droitsde prospection du pétrole. La Grande-Bretagne voulut bien permettre que laNorvège fit valoir ses droits au-delàdu fossé.

Dans le Pacifique, le bras séculierde la justice fédérale franchit un fosséprofond de trois milles mètres pouraller frapper un groupe de spéculateursastucieux qui avalent formé le projetd'installer une île artificielle sur Cortes

Bank, à 110 milles au large de SanDiego, pour se livrer à la pêche duhomard et des ormeaux. Un vieux

transport de troupes, coulé sur les bas-fonds, devait faire l'affaire. Malheu¬reusement, une erreur de manfit que le navire alla s'échouer par sixbrasses de fond. Le gouvernementaméricain poursuivit, pour création d'undanger à la navigation sur la plate¬forme continentale au large de laCalifornie.

Les clauses les moins contestables

de la Convention sont en passe dedevenir caduques. Il y était spécifiécomme une chose allant de soi quele statut juridique des eaux situéesau-dessus du plateau continental de¬meurait inchangé.

Or, on commence à exprimer lesplus graves réserves concernant laliberté de navigation en surface. PourJohn P. Craven, chef du service des

recherches scientifiques de la NavySpecial Projects Office (Bureau desprojets spéciaux de la Marine des

Etats-Unis) à Washington, on ne voitpas très bien comment la pêche et lanavigation pourraient continuer dansles zones où les plongeurs effectuentdes travaux qui exigent des séjoursde longue durée sous les eaux. « Leplongeur qui travaille ne peut passupporter la détonation d'une chargeexplosive à proximité immédiate de lui;il ne peut pas supporter un degré depollution trop élevé ; il ne peut suppor¬ter la gêne des chaluts ou filets. »

En juillet 1966, le président Johnsona exprimé tout haut ce que beaucouppensent déjà : « Notre ferme convic¬tion est qu'en aucun cas, on ne sauraitsouffrir que les perspectives de richesmoissons et de ressources minérales

abondantes ne créent une nouvelle

forme de concurrence colonialiste en¬

tre les pays maritimes. Il nous fautéviter soigneusement qu'une nouvellecourse ne s'instaure pour s'emparerdes terres Immergées sous les océans,au nom du droit du premier occu¬pant. Nous devons faire en sorte queles mers profondes et le fond desocéans demeurent l'héritage communde tous les êtres humains. »

Les paroles du Président ont étéprises au pied de la lettre, de diverscôtés. En septembre 1967, le sénateurde Rhode Island (Etat dont le sénateurClaiborne Pell rappelait qu'il compte13 % de son territoire immergé, et615 kilomètres de côtes !) déposait sur

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LE VISAGE CACHÉ

DE NOTRE PLANETE

Sous la masse uniforme des océans,

un relief extrêmement tourmenté modèle

la plus grande partie de notre planète.Nos connaissances du fond des mers

nous permettent aujourd'hui de nous enfaire une saisissante image. Témoin cettecarte récente de l'Atlantique nord(détail d'une carte générale) que. nousreproduisons ici avec l'autorisation spécialede la National Geographic Society,Washington (Etats-Unis). On y voit leplateau continental se dessiner commeune terrasse avancée sous les eaux,

au large des côtes de l'Amérique, duGroenland, de l'Islande, de l'Europe, del'Afrique. Canions, crevasses, pics,cuvettes, larges vallées marquent lesgrandes profondeurs. Au milieu del'Atlantique, s'étirant de l'Islande endirection de l'équateur, la formidabledorsale mediale, immense faille coupéed'innombrables fractures, escortée de

hautes chaînes de montagnes. Les chiffresportés sur cette carte sont exprimés enpieds (1 pied = 0,30 m). Significationde ces chiffres : 12 000, profondeursous le niveau de la mer; (15040), altitudeau-dessus du niveau moyen de profondeurde 16 000 pieds, du fond de l'océan;13665, altitude au-dessus du niveaude la mer.

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CONTINENTS SOUS LA MER (Suite)

270 milliards de tonnes d'eau lourde

le bureau du Sénat américain unebrève résolution visant à établir « un

ordre juridique raisonnable touchantl'océan mondial extranational ».

Le texte du projet de résolution parledu « besoin urgent » d'un accord Inter¬national visant à garantir le libre accèsaux fonds océaniques et à l'exploita¬tion de ses ressources pour toutes lesnations du globe.

L'accord prévoirait également l'in¬terdiction de l'utilisation du fond de

l'océan pour l'installation de typesnon éprouvés d'armes nucléaires, ouautres engins de destruction massive ».

Pell demandait au Départementd'Etat américain de prendre toutesles mesures utiles en vue d'arriver à

la signature d'un Traité de l'Espaceocéanique qui calmerait les craintesde voir les Etats-Unis et l'Union Sovié¬

tique céder « à la tentation de décou¬per les océans du globe pour s'y tail¬ler des empires ».

Vers la même date, l'Etat de Malte,

plus petit encore que Rhode Island,déposait une proposition analogue surle bureau de l'Assemblée générale desNations unies.

En août 1967, Malte demandait eneffet que l'ordre du jour de l'Assem¬blée fût modifié afin d'y inclure unarticle concernant la réservation « à

des fins exclusivement pacifiques dufond des mers et de l'océan, au-delàdes limites de la juridiction nationaleactuelle à la surface », et l'exploita-tation des ressources océaniques« dans l'intérêt de l'humanité ».

L'un des principaux artisans d'unesolution de ce genre est Francis T.Christie, Jr., chargé de recherches à laResearch for the Future, à Washington,institut patronné et financé par la Fon¬dation Ford. Christie ne pense pasqu'il soit possible de se contenterd'étendre le domaine de chaque na¬tion, à l'intérieur de la plate-formecontinentale, au fur et à mesure de lamise en service des exploitations.

A.

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VEC cette méthode, quiaboutirait à créer autant de « lacs na¬

tionaux », la France ou la Grande-Bretagne pourraient revendiquer devastes étendues de l'océan Pacifique,de l'océan Indien ou de l'Atlantique, enraison des îles qu'elles y détiennent.La Convention de Genève accorde aux

iles les mêmes droits qu'à la terre fer¬me. L'Union Soviétique, avec son litto¬ral relativement peut développé, seraitmal servie, alors que, comme Christiele fait remarquer, aucun régime océa¬nique ne peut être établi sans sonaccord. Resterait la possibilité de la« nation drapeau ».

N'importe qui pourrait opérer sur lesfonds océaniques sous la protectionde son pavillon national ; mais là en¬core la concurrence qui pourrait dégé¬nérer en conflit exigerait, de toute

façon, qu'on pût faire appel à l'arbi¬trage d'un règlement supranational.

Christie en conclut que la réponseest à chercher du côté d'une autorité

internationale, qui pourrait percevoirdes redevances sur les produits del'exploitation minière du sous-sol océa¬nique, mais qui garantirait à l'exploi¬tant le droit exclusif au gisement.

L'Assemblée générale des Nationsunies ouvrit le débat sur la propo¬sition de Malte en novembre 1967. Le

délégué maltais, M. Arvid Pardo,apporta alors quelques précisions surla manière dont son gouvernementconcevait une telle institution.

A son avis, l'Organisation des Na¬tions unies, sous sa forme actuelle,peut difficilement assumer la respon¬sabilité juridique de l'exploitation desfonds océaniques. « Il est peu pro¬bable en effet que les pays qui sesont déjà dotés des moyens techniquesd'exploiter le sol de l'océan donnentfacilement leur accord à un régimeinternational, s'il devait être administré

par un organisme où les petits payscomme le mien ont le même droit

de vote que les Etats-Unis ou l'UnionSoviétique. »

M. Pardo suggéra alors la créationd'une nouvelle Institution spécialisée,autofinancée par le revenu des conces¬sions du sous-sol océanique. Si unetelle institution venait à être créée en

1970, son revenu brut annuel pourraitatteindre six milliards de dollars dès

1975, somme qui pourrait être reverséeau compte des pays sous-développés.

Deux mois plus tard, l'Assembléegénérale adoptait une résolution créantune commission regroupant trente-septpays membres, pour étudier la ques¬tion en vue d'une action éventuelle.

La proposition de Malte souleva uneétrange tempête aux Etats-Unis. Il yeut de fortes réactions dans les deux

Chambres du Congrès, à l'idée queles Nations unies pourraient se voirconfier la tutelle des fonds océaniques(chose dont Pardo avait expressémentfait savoir qu'elle n'était nullement dansles intentions de son gouvernement).

En octobre 1967, le gouverneur dela Floride Claude Klrk, descendit àbord de \'Alumtnaut, navire sous-marin

de recherches, déposer les drapeauxde l'Etat de Floride et des Etats-Unis,

par 150 brasses de fond, à huit millesau large de Miami. En refaisant surface,il déclarait à la presse : « Je n'aipas cru bon de le crier sur les toits,parce que j'aurais eu aussitôt dix-huitsénateurs à mes trousses, et une pro¬testation du gouvernement fédéral.Maintenant, c'est trop tard, c'est fait.Il n'y a pas à tenir compte des fron¬tières, quand on parle du fond del'océan.

Ouatre-vingt-six membres du Parle¬ment de Londres, appartenant à tousles partis, ne l'entendirent pas de cetteoreille. En mai 1968, ils déposèrent

une motion devant la Chambre des

Communes, demandant, comme Pelll'avait fait au Sénat de Washington,et comme Malte l'avait fait aux Na¬

tions unies, la conclusion d'un traitéréservant le fond des mers « comme

patrimoine commun de l'humanité ».

Ailleurs, on laissait entendre que lesplus chauds partisans du plan de Malten'étaient autre que les grandes socié¬tés de promotion, qui avaient un intérêtà la chose. Leur zèle fut attribué à

leur sens des affaires, plutôt qu'à unbrusque engouement pour la causedes Nations unies.

Yvonne Rebeyrol, qui tient la rubri¬que océanographique du journal LeMonde, à Paris, écrivait à ce proposque ces sociétés sont plus presséesque n'importe qui de voir aboutir àrèglement des problèmes juridiquessoulevés par l'exploitation des res¬sources du fond de l'océan. En fait,

elles ne peuvent risquer de gros Inves¬tissements dans cette entreprise quesi elles ont l'assurance de ne passe voir évincées par quelqu'un d'au¬tre qui pourrait se prévaloir, par exem¬ple, d'une priorité dans la découverte,ou de droits garantis par la législationnationale.

L,i E débat qui s'est engagé

entre les parlementaires, les écono¬mistes, les juristes et les diplomatesmontre que le monde des terriens com¬mence à prendre conscience du carac¬tère inné d'Internationalité de l'océan.

Les océanographes participent aux ac¬tivités de douzaines d'organisationsinternationales, la plus ancienne endate étant le Conseil international pourl'exploration de la mer, fondé à Copen¬hague en 1901, par les pays du Nord-Ouest de l'Europe. Arthur Maxwell, di¬recteur adjoint de Woods Hole, est alléjusqu'à dire que « les océanographesen sont arrivés au point qu'ils s'occu¬pent activement d'étudier un code del'ordre public en mer, Indépendammentde tout ce qui peut se faire dans lesmilieux juridiques internationaux ».

Maxwell, qui est aussi à l'aise enmer que dans un groupe de travaildes Nations Unies, fait remonter lapremière manifestation éclatante decoopération internationale dans le do¬maine de l'océanographie à l'Annéegéophysique internationale (1957-1958).

Elle reposait sur une notion éclairéede l'Intérêt bien compris. « Alors queles mobiles invoqués par les promo¬teurs de cet effort étaient d'encoura¬

ger la coopération scientifique àl'échelle mondiale, l'accueil qu'on luifit dans les milieux océanographiquesétait, au moins en partie, dicté par desnécessités économiques. L'appui finan¬cier nécessaire aux recherches océa¬

nographiques avait connu des fluctua¬tions inquiétantes, et ce programmeinternational apportait le salut. »

Les océanographes réussirent alorsà convaincre leurs ministres des Affai¬

res étrangères respectifs de l'utilitéde subventionner une Commission

océanographique intergouvernemen¬tale, qui vit le jour en 1960, sousl'aile de l'Unesco, avec, pour premierprésident un Danois, aujourd'hui dis¬paru, Anton Bruun, spécialiste de labiologie des grandes profondeurs.

La Commission leur apporte unmoyen de mettre en commun leursressources, représentées par des ins¬tallations de recherches fixes, à terre,et par des bateaux-laboratoires.

Ces ressources ne sont pas le mo¬nopole exclusif d'un seul pays. Les"Etats-Unis, de l'avis de tous, consa¬crent plus d'argent que quiconque à

PIEGE A URANIUM SOUS-MARIN

De siècle en siècle, l'eau a déposéau fond des océans tous les minéraux

connus de l'homme, les arrachant peu à peuà la terre. On estime que les merscontiennent 4 milliards de tonnes d'uranium.

Aujourd'hui, les spécialistes cherchent denouvelles manières de « miner » l'océan.

Les dessins ci-dessous expliquent lefonctionnement d'un énorme « piège àuranium » qui sera mis en place sur lacôte de Galles du nord.

Des nodules d'hydroxyde de titane, qui- aimante » l'uranium, sont mis en placesur la plage à marée basse.

Les nodules sont recouverts à marée

haute. On met un barrage en place àtravers la baie pour maintenir l'eau.

Deux jours plus tard, le barrage est re¬tiré. A marée basse, on récupère lesnodules qui ont fixé l'uranium.

l'océan. Le budget fédéral pour larecherche scientifique et les applica¬tions techniques en ce domaine est enaugmentation régulière : de 333,4 mil¬lions de dollars pour l'exercice 1966,il est passé à 409,1 en 1967, puis à447 millions en 1968. Les estimations

budgétaires pour l'exercice 1969 s'élè¬vent à 516 millions de dollars, soit une

augmentation de 15% ; mais ce chiffrene représente encore que 3% del'ensemble des 17 milliards de dollars

que le gouvernement consacre auxactivités de recherches. En 1967, laflotte océanographique des Etats-Uniscomptait 125 unités.

Dans un rapport adressé aux NationsUnies, l'U.R.S.S. fait état d'un budgetannuel de 20 millions de dollars consa¬

cré aux recherches océanographiques,et d'une flotte comportant 110 unités.Il est difficile de faire des comparai¬sons et on ne cesse d'en faire.

I L existe certainement une

similitude de vues entre les deux pays,en ce qui concerne la mer. La citationqu'on va lire doit rendre un son familieraux oreilles de bien des lecteurs occi¬

dentaux : « L'analyse de l'eau de mera révélé la présence de plus de 40 élé¬ments chimiques dans ce milieu liquide.Les océans contiennent plus de 10 mil¬liards de tonnes d'or, 4 milliards detonnes d'uranium, et 270 milliards de

tonnes d'eau lourde, sans parler dufait qu'ils recèlent 97 % des réservesnaturelles en eau de notre planète.

« L'Océan est un entrepôt quicontient tous les minerais du globe. Sil'on pouvait les réunir et les répandreuniformément sur la surface de la

Terre, Ils formeraient une couche deplus de 200 mètres d'épaisseur. »

C'est un extrait d'un article de vul¬

garisation, paru dans Yuni Technik(Jeune technicien), magazine scienti¬fique soviétique qui s'adresse surtoutaux jeunes lecteurs. Outre cet articlede A. Grinevitch, intitulé « Les SeptMers », le même numéro contient des

reportages sur les mers polaires, lapêche à la baleine, les bateaux del'an 2000, et un billet de Jacques Cous¬teau qui commence son message auxjeunes lecteurs de Yuni Technik parces mots : « Le mystère est un défiauquel je n'ai jamais su résister. »

Pour en savoir plus long sur l'océa¬nographie soviétique, j'allai rendrevisite à l'un de mes vieux amis de

Leningrad, Konstantin N. Fedorov, spé¬cialiste de l'océanographie physique,et membre de l'Institut d'océanologiede l'académie des Sciences de

l'U.R.S.S.

Il cumule aujourd'hui les fonctionsofficielles de directeur de l'Office de

l'océanographie de l'Unesco' et desecrétaire de la Commission océano¬

graphique intergouvernementale, touten réussissant à continuer ses travaux

scientifiques pendant les week-ends.

Fedorov estime que les efforts desRusses et des Américains dans le

domaine océanographique suivent des

voies parallèles, bien que partis, àl'origine, de points de vue fort diffé¬rents : pour les Etats-Unis, répondreaux besoins pratiques des marins etdes pêcheurs était le premier souci ;pour la Russie, c'était la simple curio¬sité scientifique qui poussait les cher¬cheurs. « Dès le 18' siècle et le 19' siè¬

cle, l'Océan a souvent fait l'objet demissions scientifiques, dans le cadredes grandes explorations géographi¬ques entreprises par la Russie. Lesexplorateurs et les chercheurs étaienttoujours assurés du soutien actif del'Académie des sciences de Russie.

Dès sa création, par Pierre le Grand,l'Académie ne s'est jamais contentéedu rôle passif de club qu'on attribueparfois à ces institutions. »

L'exploration de l'Arctique a toujoursété un aiguillon puissant pour l'océano¬graphie soviétique. « On connaît mal,en dehors de la Russie, l'épopée dra¬matique des mers arctiques. Ellesétaient, pour nous, la seule voie librevers le Pacifique, vers le Japon et lesAléoutiennes, vers l'Alaska, source del'or et des fourrures. Dès le 17e siècle,les explorateurs russes se lancèrentvers l'Est en longeant les côtes l'été.Cette attraction économique donnal'impulsion première à nos effortsactuels, dans le domaine de la météo¬

rologie et de l'océanographie de l'Arcti¬que. Sur la route nord, l'U.R.S.S.entretient l'un des rares services océa¬

nographiques qui existent dans lemonde : il renseigne la navigation quiemprunte la voie d'Arkhangelsk et deMourmansk à Vladivostok. »

Fedorov lui-même est venu à l'océa¬

nographie par la météorologie. En1947, il sortait d'un collège techniquede sa Leningrad natale avec undiplôme d'observateur météorologiste.Les cours du collège techniquecomportaient une partie consacrée àl'océanographie descriptive et physi¬que. Je m'y suis intéressé, et c'est labranche que j'ai choisie pour mes étu¬des supérieures et mes recherches envue du doctorat. »

Sa première expédition l'emmenavers la Baltique et la mer de Barents.Plus tard, il travailla dans la mer Noireet dans le Pacifique. En 1959, il diri¬geait la mission scientifique à bord del'Akademik Vavilov, lors de la premièreexpédition soviétique de recherchesocéanographiques en Méditerranée. Ala suite de cette croisière, il vint enAngleterre pour travailler d'abord àl'Univer6ité de Liverpool, puis à l'Impé¬rial College of Science and Technologyde Londres, avec une bourse derecherche de l'Unesco.

Fedorov a aussi navigué à bord d'unbateau américain, VAtlantis II, de lastation de Woods Hole, au cours del'expédition internationale de 1965dans l'océan Indien. Cette croisière,lui permit de travailler avec HenryStommel, océanographe américain, àl'étude des différences de tempéra¬ture et de salinité entre des eaux <*

dont la profondeur ne varie que de Uquelques mètres, étude qui ouvrait un *^nouveau domaine, celui de la micro¬

océanographie.

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CONTINENTS SOUS LA MER (Suite)

Selon la légende, Alexandre le Grand, au 3e siècle avant notre ère, se fitdescendre dans la mer dans un tonneau de verre « pour voir ce qu'il y avaitlà-dessous et provoquer la baleine » (ci-dessous, ¡mage d'un manuscrit du 15e siècle).Léonard de Vinci a dessiné des sous-marins et un équipement de plongeuret se serait fait descendre sous l'eau dans une cloche à plongeur. Ci-dessus,cloche à plongeur conçue au 17e siècle, et lestée d'un énorme boulet de plomb.

Il connaissait Stommel par ses écrits.« Ses travaux sont parmi les premiersouvrages scientifiques que j'ai étudiésen anglais. En U.R.S.S., pratiquementtous les océanographes lisent couram¬ment l'anglais. Plus tard, j'ai eu l'occa¬sion de rencontrer Stommel lors d'une

réunion du groupe consultatif scienti¬fique de notre Commission, qui setenait à Moscou. Il est un des rares

savants je n'en connais pas beau¬coup comme Lev Zenkevich, le pèrede la biologie marine en Union sovié¬tique, Roger Revelle, ou VsevolodZenkovich, le spécialiste de la mor¬phologie côtière, ou Walter Munkqui ont à la fois de l'étoffe et des qua¬lités humaines à revendre. » Stommel

et Fedorov ont publié ensemble unarticle résumant leurs recherches.

Fedorov ne voit pas de diffé¬rence notable entre Atlantis II et ses

homologues soviétiques, pour ce quiconcerne l'organisation du travail enmer ni pour l'esprit qui anime lesrecherches. « A bord des navires amé¬

ricains et soviétiques, les membres del'équipage participent souvent de leurplein gré aux expériences scientifi¬ques : observation des oiseaux, cap¬ture des poissons de surface. La nuit,quand un de nos bateaux se met enpanne, les marins descendent une lan¬

terne au bout d'un grelin et attrapentdu poisson.

« C'est un sport, pour eux, mais ilsne mangent pas les poissons qu'ilsattrapent. Ils les donnent aux cher¬cheurs pour leurs collections. Je croisque c'est comme pour votre Atlantis II ;le marin que nous attirons n'est pascelui qui prend la mer uniquement pourl'argent qu'il peut gagner. »

Je posai à Fedorov une question quirevient souvent sur le tapis : « Pour¬quoi les navires océanographiquessoviétiques sont-ils si gros ?» Le plusgrand, le vétéran Ob, fait 12 000 ton¬nes ; et plusieurs vaisseaux deconstruction plus récente font encore

jusqu'à 6 000 tonnes, soit trois fois lataille d'Atlantis II

« Il y a plusieurs raisons à cela, medit-il. Les limites de la Russie sont

telles que nos navires ne peuvent pasconstamment revenir à un port sovié¬tique. Il n'est pas rentable pour eux dese ravitailler dans des ports étrangers.Le mazout, par exemple, est beaucoupmoins coûteux chez nous. Aussi, lescroisières sont-elles forcément lon¬

gues. Un gros bateau offre plus deconfort aux chercheurs, en même

temps qu'il permet une vie culturelleplus agréable à bord, tant pour lesscientifiques que pour les membresde l'équipage. »

Fedorov m'a confirmé l'impression

que j'avais déjà recueillie auprès decollègues américains qui s'étaient ren¬dus en Union soviétique et qui avalentété frappés par la minutie du détailde leurs travaux océanographiques.« Nous sommes très pédantesques ences matières. Lorsque nous faisons desobservations, nous n'emmenons pasavec nous seulement de grandssavants, mais une foule de gens moinsqualifiés. On vous prend l'étudiant parl'oreille, et on la lui frotte à la moindrefaute d'inattention.

« C'est une nécessité absolue lors¬

que l'on veut imposer une méthode : ilfaut fixer des normes et s'y tenir coûteque coûte, lorsque l'on a affaire à unmilieu qui change constamment sansquoi la marge d'erreur de la mesureest plus Importante que l'écart réeldes phénomènes dans le milieu envi¬ronnant. »

L'océanographie en Union soviéti¬que, m'a-t-il expliqué, repose sur troispoints principaux : l'Académie dessciences, qui est responsable de larecherche fondamentale sur l'ensemble

océanique du globe ; l'Institut despêches et de l'océanographie del'U.R.S.S. ; et le Service hydrométéo¬rologique, qui publie le bulletin météo¬rologique pour la navigation et lapêche. Un comité central à la recher¬che scientifique et technique, placésous l'autorité du Conseil des minis¬

tres, coiffe le tout.

Fedorov m'a rappelé, à ce pro¬pos, que c'est l'U.R.S.S. qui, la pre¬mière, a mis l'Océan au rang desaffaires d'intérêt national, en 1921,

date où Lénine instituait par décret un* Institut océanographique flottant » àbord d'un navire-laboratoire ancré à

Mourmansk, le Perseus.

En dehors de l'U.R.S.S. et des Etats-

Unis, les crédits consacrés à la recher¬

che océanographique s'affaissent bru¬talement, sans que l'on constate unebaisse proportionnelle de la qualité.

Les navires océanographiques, quece soit le Discovery en Grande-Breta¬gne, le Meteor en Allemagne fédérale,ou le Jean-Charcot en France, sont en

tous points les égaux des navires amé¬ricains ou soviétiques, et les labora¬toires qui les équipent sont du mêmeniveau de qualité. Au contraire del'espace extra-terrestre, terrain de jeuréservé aux riches, l'Océan est ou-

Image plaisante d'un voyage sous-marin, par l'humoriste français Pierre Jacquotpromenade dominicale dans un « poisson » familial.

vert aux bourses plus modestes.Les sommes que la Grande-Bretagne

consacre à l'océanographie n'attei¬gnent pas 8 millions de dollars par an.Ces crédits sont gérés par un Conseilde la recherche sur le milieu naturel

(Natural Environment Research Council)qui finance également des études surla conserverie, la biologie marine etl'exploration de l'Antarctique. L'Institutnational d'océanographie de Wormley,dans le Surrey, doit se contenter d'unbudget annuel de 1 800 000 dollars, surlequel il doit pourvoir à l'entretien d'unnavire-laboratoire de 2 800 tonnes, leDiscovery.

C'est dire que le budget est rognéau plus juste dans le laboratoire del'Institut, où les bureaux sont d'une

sobriété Spartiate, et les secrétairesdes pièces rares que les amateurss'arrachent. Par contre, on n'a paslésiné sur l'équipement du navire, envertu de ce principe que les scientifi¬ques travaillent mieux dans le confort :c'est un paquebot en miniature.

Le tonnage et le confort du Discoverypassent pour des atouts économiques :le navire peut affronter une campagned'hiver en Atlantique nord, et rien necoûte plus cher qu'un navire au port.

La République fédérale d'Allemagne

en est à peu près au même point quela Grande-Bretagne. Le ministère de laRecherche scientifique assume lacharge du Meteor, magnifique bateautout neuf de 2 740 tonnes, équipé d'unedouzaine de laboratoires qui lui per¬mettent de travailler dans toutes les

branches de l'océanographie.

La Société de Recherche de la

République fédérale a financé la croi¬sière mémorable au cours de laquelleont pu être étudiées à la fois la géolo¬gie et la faune des montagnes sous-marines du nord-est de l'Atlanti¬

que, plus particulièrement du GrandMétéore, pic qui se dresse d'un fondde 5 000 mètres à une altitude de

300 mètres, et qui fut découvert en1938 par le premier Meteor.

La croisière était dirigée par unexpert international des questionsocéanographiques, le professeur Gün¬ther Dietrich, directeur de l'Institutd'océanographie de l'Université deKiel. Dietrich a été élu président del'Association internationale des scien¬

ces physiques de l'Océan, en 1967, etil accueille à bord du Meteor tous les u nchercheurs étrangers qu'il peut yinloger: lors de l'expédition du nord-est * **de l'Atlantique, on n'en comptait pasmoins de seize, venus de France, de

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CONTINENTS SOUS LA MER (Suite)

La Méditerranée, site idéal d'études polaires

Grande-Bretagne, de Norvège, d'Espa¬gne et du Portugal.

A un reporter du magazine américainScience, il confiait un jour : « Voyez-vous, lorsque nous étions au trente-sixième dessous, en 1945, un comman¬

dant de la marine britannique est venuchez nous prendre en charge l'océano¬graphie. Il n'est pas venu en conqué¬rant, donner des ordres aux chercheursdans toutes les directions. Il leur a

offert une chance de travailler à

Hambourg ou à Kiel. Si l'océanogra¬phie a retrouvé son souffle en Alle¬magne, c'est grâce à lui. Ce n'étaitautre que J.N.C. Carruthers, du Natio¬nal Institute of Oceanography. »

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14

N France, une enquête offi¬cielle a dénombré cinq cents cher¬cheurs, travaillant dans le domaine de

l'océanographie, dans plus de centlaboratoires différents. Ces chiffres

illustrent l'individualisme bien connu

des Français.

Alors que le budget national neconsacre que 26 millions de dollars paran à l'ensemble des recherches scien¬

tifiques maritimes, les Français sontprésents partout, qu'il s'agisse de plon¬gée et de vie sous-marine, ou bien demesurer les marées en eaux profondes,d'étudier la biologie des fosses océa¬niques à l'aide du bathyscaphe Archi¬mède, ou d'utiliser des îles flottanteshabitées.

Un Centre national pour l'exploita¬tion des océans a été créé par legouvernement pour coordonner cesefforts louables, mais quelque peudispersés. Ce centre dispose d'unbateau neuf de 2 200 tonnes, le Jean-Charcot, et procède à l'installation d'unvaste laboratoire océanographique àBrest : sur le cahier des charges dunouveau laboratoire figurent, par prio¬rité, le développement de l'industriealimentaire à base de concentrés de

protéines marines ; l'aquiculture ; lacartographie de la plate-forme conti¬nentale ; le perfectionnement des tech¬niques de plongées aux grandes pro¬fondeurs ; la prévention de la pollutiondes eaux de mer et ses remèdes ; etl'étude de l'interaction de la mer et de

l'atmosphère.

Le laboratoire a passé contrat avecle Centre d'études marines avancées

de Marseille, dirigé par Jacques Cous¬teau, pour la construction d'une nou¬velle soucoupe de plongée capabled'emmener un pilote et deux cher¬cheurs jusqu'à des profondeurs de plusde 3 000 mètres.

Un sous-marin de 230 tonnes est

également en chantier, en collaborationavec l'Institut français des pétroles ;il s'agit en réalité d'un habitacle mobileimmergé pour les plongeurs, qui doitleur assurer une plus grande auto¬nomie par rapport aux navires de sur

face, et les met à l'abri des risques demauvais temps du même coup.

Une nouvelle île flottante est appeléeà remplacer le prototype actuel, enservice depuis 1963, et qui est, en fait,une sorte de péniche immergée amar¬rée au-dessus d'un tuyau de soixante-quinze mètres à soixante mètres de

profondeur : l'habitacle ne peut pasbasculer ; une fols en place, il resteà la verticale, même quand il est prisen remorque.

L'île flottante a passé la majeurepartie de son temps, depuis sa miseen service, ancrée entre Nice et la

Corse, restant jusqu'à deux ans desuite à la même place. Ses principauxutilisateurs sont les membres de

l'équipe du professeur Henri Lacombe,titulaire de la première chaire d'océa¬nographie physique moderne auMuseum d'histoire naturelle de Paris,depuis 1948. Ses collaborateurs serelaient à bord de la bouée pour rele¬ver les données océanographiques.

Ils s'efforcent de relier ce qui sepasse dans la mer avec les observa¬tions relevées par les stations météo¬rologiques qui se trouvent à moins decent cinquante kilomètres à la ronde.

Pour étudier ces phénomènesà l'échelle réduite, Lacombe fait

construire un bassin reproduisant lefond océanique sur un rectangle dequarante-cinq mètres sur trois mètres,et d'un mètre de profondeur, qui doitêtre utilisé en liaison avec un tunnel

aérodynamique. Le professeur Alexan¬dre Favre, directeur de l'Institut demécanique statistique de la turbulence,est chargé de la réalisation de ceprojet.

Lacombe considère l'ensemble de laMéditerranée comme un Océan en

miniature où les phénomènes à étudiersont plus directement accessibles.Avec son assistant, Paul Tchernia, il aréussi à mettre au point la solutionfinale d'un très vieux problème : pour¬quoi la Méditerranée ne déborde-t-elle

pas, en dépit du courant violent qui luiapporte les eaux de l'océan Atlantiquepar le détroit de Gibraltar?

La présence d'un contre-courantdans les eaux profondes du détroitétait connue depuis longtemps, et miseà profit pendant la dernière guerremondiale par les sous-marins italiensqui réussirent ainsi à passer tousmoteurs éteints dans l'Atlantique, endéjouant la vigilance des postesd'écoute britanniques ; mais on igno¬rait encore le bilan exact des échanges.

Utilisant des renseignements recueil¬lis par les navires de cinq nations aucours d'une campagne d'un mois dansle détroit, Lacombe et Tchernia cal¬culèrent qu'environ 31 600 kilomètrescubes d'eau entrent chaque annéedans la Méditerranée, alors que 30 000seulement s'échappent vers l'Atlanti¬que. Les quelque 5% manquantsreprésentent l'évaporation sous lesoleil méditerranéen.

En dépit de ce soleil, Lacombeestime que la Méditerranée offre éga¬lement un cadre idéal pour l'étude dela formation de l'eau profonde dansdes conditions « polaires », qu'on nerencontre normalement qu'au voisinagede la calotte glaciaire du Groenlandet dans l'Antarctique.

Lorsque l'hiver est rigoureux enEurope, la Méditerranée se comporte,au large de la Côte d'Azur, presquecomme la mer au large du Labrador :l'eau de surface, refroidie par un ventglacé, augmente de densité en seréchauffant et tombe au fond, en semélangeant avec l'eau des couchesintermédiaires, contribuant ainsi à la

formation de l'eau du fond. Ce qu'il enadvient par la suite intéresse aussibien les océanographes du point devue physique, que les spécialistes dela pollution des eaux de mer, qui sepréoccupent de savoir ce qu'il advientdes déchets radio-actifs que l'onenterre dans les grandes profondeurs.Les mouvements des eaux de fondsubissent l'influence des « seuils »

que présente le sol sous-marin, autrephénomène qui se prête commodémentà l'observation en Méditerranée.

Lacombe m'a fait part d'un projet derecherche sur les processus de for¬mation des eaux de grands fonds dansle nord-ouest du bassin méditerranéen,projet qu'il espère mener à bien avecla participation de navires américains,britanniques et français. Des observa¬tions très détaillées doivent y êtrefaites à l'aide de techniques nouvelles,pour suivre les caractéristiques detempérature et de salinité d'un micro¬climat marin.

L.ACOMBE a présidé laCommission océanique intergouverne¬mentale de 1965 à 1967. Il réussit à

concilier son enseignement et ses re¬cherches avec des responsabilitésinternationales, ce qui est parfois, dit-il,un acte de foi.

C'est lui qui a écrit un jour :« L'homme saura-t-il voir dans l'unité

de l'Océan l'image de la nécessitéd'une unité d'efforts, d'une mise en

commun entre nations de moyens dedécouverte pour explorer puis exploi¬ter une étendue qui, dans sa presquetotalité, est, par nature, internationale.

En sa qualité de président de laCommission, Lacombe a dû s'occuperde questions juridiques. Le statut desbouées flottantes ou ancrées au milieu

de l'Océan offre matière à discussion ;comme la liberté de la recherche elle-

même, dont beaucoup s'accordent àestimer qu'elle est entravée par laConvention de Genève sur la plate¬forme continentale.

D'après cette convention, en effet, ilappartient au pays de qui relève laplate-forme d'accorder le permis derecherche sur cette extension de son

territoire, et les savants se plaignentdu fait que les démarches pour l'octroidu permis prennent plus de temps queles recherches elles-mêmes.

Lacombe distingue ici deux pointsde vue : les Américains et les Bri¬

tanniques préfèrent examiner un pro¬blème sur chaque cas d'espèce avantde formuler des règles générales ; lesRusses et, jusqu'à un certain point lesFrançais et les représentants des payslatins, veulent étudier d'abord tous lesaspects du problème et en arriver toutde suite à une convention. »

La Commission compte soixantepays membres, mais ne dispose d'au¬cun budget autonome, d'aucun siège,d'aucuns bureaux. L'Unesco lui donneasile et lui accorde certaines facilités

administratives, ce qui représente de50 000 à 80 000 dollars selon les

années, pour un budget total de 10à 20 millions de dollars que consacrent,bon an mal an, les membres de laCommission à des expéditions qui

font appel à la coopération interna¬tionale.

La plus récente de ces expéditionsest consacrée à une étude du Kuro-

shio (le mot veut dire « Eaux Noires »en japonais), équivalent de notre GulfStream, dans l'ouest de l'océan Paci¬

fique. Huit nations y participent, avectrente-six vaisseaux, le Japon apportantla contribution la plus importante.

En 1963-1964, une enquête simi¬laire dans les régions tropicales del'Atlantique avait fait appel à la coopé¬ration internationale de huit pays, uti¬lisant treize navires.

Mais l'entreprise la plus ambitieusede la Commission reste l'Expéditioninternationale de l'océan Indien, quis'est déroulée de 1959 à 1965, et a

mobilisé une véritable armada de qua¬rante navires de recherche battant qua¬torze pavillons différents, avec la par¬ticipation de neuf autres riverains pourles opérations à terre.

La coopération scientifique en hautemer se concentre désormais de plusen plus sur des recherches intensivesdans des régions plus strictement dé¬limitées. Les derniers projets d'étudeenvisagés par la Commission océano¬graphique intergouvemementale visentla mer des Caraïbes et la Méditerra¬

née, deux mers déjà souvent explo¬rées, mais qu'il s'agit maintenant decomprendre.

Ce qu'il y a de réconfortant dansces deux projets, c'est qu'ils laissentleur chance aux petites nations et leurdonne l'occasion de s'associer aux re¬

cherches océanographiques. Le projetdes Caraïbes est dû à une initiative

néerlandaise. Les recherches en Médi¬

terranée rapprochent des pays d'Afri¬que du Nord et du Proche-Orient, enleur permettant de s'associer à unprojet d'intérêt scientifique dans deseaux communes.

Ci-dessus, un géologue sous-marin recueille sur le lit de la mer deséchantillons qui permettent de repérer des nappes de pétrole. Unjour, l'homme pourra exploiter le fond de la mer, qui recèle ducobalt, du cuivre et du nickel, en employant d'énormes aspirateursqui déposeront les minerais recueillis dans des navires de surface,ou des excavateurs sous-marins et des treuils sous-marins.

15

LES CAPRICESDES GLACIERS

par Grigori Avsiouk

et Vladimir Kotliakov

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16

'ES hauteurs cosmiques, onpeut parfaitement voir tous les plisse¬ments de notre planète, observer lagamme de couleurs des déserts et dessteppes, de la taïga et de la jungle. Onvoit nettement la couverture, éblouis¬

sante de blancheur, des glaciers etdes glaces de l'Arctique et de l'An¬tarctique. Et même, d'un coup d'oeil,le cosmonaute peut juger de l'impor¬tance des masses de glace et deschamps de glace dans la vie de laplanète.

Les glaces, sur la Terre, occupentune superficie de 16 millions de kilo¬mètres carrés, soit près de 1 1 % dela terre ferme. Les gigantesques ca¬lottes enneigées des pôles contribuentau renforcement de la circulation de

l'atmosphère et des eaux océaniqueset ont une grande influence sur leurbalance thermique. C'est pourquoi no¬tre Terre possède plusieurs zonesclimatiques et géographiques.

Il y a plusieurs dizaines de millénai¬res, la surface de la glaciation était degrands ; il y avait des déplacementsdes zones géographiques dans le sens

GRIGORI AVSIOUK est membre correspon¬dant de l'Académie des Sciences de l'URSS,

directeur adjoint de l'Institut de géographiede l'Académie et président de la section deglaciologie. Depuis 1956, il dirige l'organisa¬tion de toutes les recherches glaciologiquessoviétiques dans le cadre du programme del'Année de géophysique internationale et aconsacré de nombreux travaux à la glaciationdes montagnes du Thian-Chan et à l'étudethermique des glaciers.

VLADIMIR KOTLIAKOV est directeur de la

section de glaciologie de l'Institut de géogra¬phie de l'Académie des Sciences de l'URSS.Il a participé aux expéditions soviétiquesdans l'Arctique, l'Antarctique, le Caucase, leThian-Chan et le Pamir. Il est l'auteur de

divers ouvrages sur la glaciologie.

de l'équateur. Après les période gla¬ciaires vinrent les périodes ¡ntergla-ciaires qui durèrent, au total, huit foisplus longtemps. Si bien que l'on consi¬dère que l'absence complète de gla¬ciers à la surface de la Terre est pluscaractéristique de son état normal : etnous sommes témoins de cette périodeextraordinaire de la vie de notre pla¬nète.

La grande glaciation de la Terre eutlieu il y a environ un million d'années,à l'époque quarternaire. L'homme a lemême âge que cette glaciation. Sesancêtres, les hommes-singes, sontapparus au début de la période quar¬ternaire. On peut affirmer que les gla¬ciers ont accéléré le développementde l'homme. Le refroidissement de la

planète l'a contraint à découvrir l'artd'allumer et d'entretenir le feu, de per¬fectionner ses vêtements et de cons¬

truire des habitats chauds.

Nous vivons à l'époque du recul dela glaciation. Cependant la période gla¬ciaire se poursuit. La présence d'uncontinent de glace sur la Terre, l'An¬tarctide, et du bouclier de glace duGroenland en témoigne. On juge par¬fois que les glaciers sont un phéno¬mène négatif de la nature, une « ma¬ladie » de la planète capable, danscertaines circonstances, de progresserrapidement.

Selon nous, il n'en est rien. Les gla¬ciers sont une des sources de « san¬

té » du globe, étant donné qu'ils défi¬nissent la présence, sur la terre, decontrastes climatiques, et donc uneriche diversité de ressources natu¬

relles.

Le progrès scientifique et techniqueactuel est accompagné d'une brusqueaugmentation de la consommationd'eau. Une « crise d'eau » est appa

rue, qui va s'aggravant. C'est pourcette raison que, dans nombre de pays,les savants cherchent à obtenir et à

purifier de l'eau douce. Et l'utilisationrationnelle des glaciers n'est pas ànégliger.

Les glaciers occupent une placeparticulière dans le cycle de notreplanète. Ils sont capables de conser¬ver l'humidité à l'état solide pendantde très longues périodes. Le floconde neige tombé sur un glacier de mon¬tagne peut « vivre » dix mille ans avantde fondre et se transformer de nou¬

veau en eau. 0uar|t à l'âge de la masseessentielle de glace des grands gla¬ciers, il atteint deux cent mille ans,

comme dans l'Antarctique, par exemple.

RIVIERES DE GLACE. Un dixième environ de la

de glace et de neige. Une calotte glaciaire de 3 000l'Antarctique. Les glaciers de montagne sont très émers polaires et le permafrost, c'est-à-dire le solde l'hémisphère nord. L'étude de la glaciation dansde montagne n'intéresse pas seulement les géologdans maints domaines ; en effet, les zones glacialà long terme du climat de la planète, comme pourNotre photo montre le glacier Alibek dans le nordl'U.R.S.S. où les savants procèdent à l'étude de I'

surface de la terre est recouvert en permanence

mètres d'épaisseur recouvre le Groenland ettendus, les glaces couvrent de vastes espaces desgelé en permanence s'étend sur d'immenses régions

le monde, des calottes glaciaires aux glaciersues, mais aussi les savants et les technologues,res constituent des laboratoires pour l'étudele niveau des océans et l'histoire de notre globe,

des montagnes du Caucase, l'une des régions deavancée et du retrait des glaciers.

Les glaciers contiennent les plusgrandes réserves d'eau douce : de 24à 27 millions de kilomètres cubes, soit

près de 80 % de toutes les eauxdouces du globe. Le volume total dela glace est égal au débit total de tousles cours d'eau de la planète en700 ans environ. Si cette glace venaittout à coup à fondre, le niveau desocéans dans le monde monterait de

64 mètres. Autrement dit, les eaux

océaniques inonderaient les zonescôtières de tous les continents sur une

superficie d'environ 15 millions dekilomètres carrés.

Pour obtenir la quantité d'eau doucenécessaire aux hommes, il suffiraitseulement de liquéfier une partie de

l'énorme masse d'eau « solide ». Les

icebergs peuvent, par exemple, dansun proche avenir, devenir un desmoyens d'alimentation en eau desgrandes villes côtières. Un icebergrelativement peu grand (de 2 kilomè¬tres de longueur, 500 mètres de lar¬geur et 150 mètres d'épaisseur) con¬tient environ 150 millions de tonnes

d'eau, quantité suffisante pour alimen¬ter une ville gigantesque de 8 millionsd'habitants, avec une consommation

journalière de 1 000 litres d'eau parpersonne pendant un mois.

Malheureusement, il y a là desérieuses difficultés techniques : re¬morquage des Icebergs, prise de l'eaupendant la fonte des grandes masses

de glace. Mais, en principe, la choseest réalisable.

Les glaciers des systèmes monta¬gneux peuvent jouer un grand rôle entant que sources potentielles d'eaudouce. Ils sont souvent situés au voi¬

sinage de plaines fertiles, mais géné¬ralement arides, des contreforts mon¬

tagneux.

En Asie Centrale, par exemple, lesglaciers du Thian Chan et du Pamirconcentrent jusqu'à 2 000 kilomètrescubes d'eau au voisinage de terres afertiles. Or, on sait que, sur la tota- 1 /lité du globe, on ne dépense que1 000 kilomètres cubes d'eau environ

par an pour l'arrosage des terres.

SUITE PAGE 20

Glaciers

plantigradesTelles les pattes d'unénorme plantigrade,deux glaciers jumeauxs'appuient sur le fondde la vallée de

Rhedin-Fjord, auGroenland (le glacierde gauche estégalement représentésur notre couverture).Autour de la

gigantesque calotteglaciaire qui recouvrele Groenland,d'innombrables glacierss'écoulent vers les

côtes. Souvent ils

débouchent dans la

mer où ils se brisent

en une multitude

d'icebergs ; certainsglaciers progressentainsi sur un front de

plusieurs kilomètresà la vitesse de

quelques dizaines de.mètres par jour.

18

Photo O Ernst Hofer (de - Arktische Riviera -, ed Kùmmerly et Frey, Berne)

CAPRICES DES GLACIERS (Suite de la page 17)

Que faire pour que les glaciers res¬tituent au moins une partie de leursréserves aux cours d'eau ? Il faut, en

premier lieu, accélérer la fonte desglaces. Si, par exemple, on recouvreleur surface d'une fine couche de ma¬

tière pulvérulente sombre, la fonteaura lieu plus rapidement. L'hommele sait depuis très longtemps. A l'épo

que d'Alexandre le Grand déjà, lespaysans, dans les montagnes du Pa¬mir, accéléraient la fonte de la neigedans les champs en les recouvrantde cendres et de terre.

Les expériences accomplies enUnion Soviétique et dans d'autrespays ont donné des résultats positifs.Mais l'application de cette méthode à

RETRAIT D'UN GLACIER. L'étude des glaciers dans nombre de parties du monde,et particulièrement dans les Alpes et en Scandinavie, montrent qu'il battent en retraite.Entre 1891 et 1965, à trois ans près, plus de la moitié des glaciers suisses se sontchaque année retirés. Dans cette gravure du début du 19e siècle, ci-dessus, l'artiste a pureprésenter le fameux glacier du Rhône (où prend sa source l'un des grands fleuvesde France) comme une vague de glace roulant vers la vallée. Dans la photo ci-dessous,prise au même endroit, le glacier est considérablement moins étendu, et la masse glaciaireest à présent rétrécie entre deux parois de la montagne.

grande échelle est liée à des diffi¬cultés diverses : la variabilité du temps,la complexité du transport et de l'épan-dage, etc.

Pour obtenir la quantité nécessaired'humidité dans les plaines des contre¬forts montagneux, il faut une actioncomplexe sur la couche de neige etles glaciers : retenue de la neige surles versants à l'aide de boucliers ;

création de réserves de neige, ava¬lanches artificielles et, enfin, fonte

accélérée des glaciers.

Ainsi pourrait-on compter obtenirun débit d'eau constant dans les ri¬

vières : au printemps et dans la pre¬mière moitié de l'été, on pourraitobtenir l'eau de la fonte des réserves

de neige et, vers la fin de l'été, cellede la fonte intensifiée des glaciers. Acondition de créer, dans les régionsmontagneuses, des retenues d'eau derégulation, le rendement serait supé¬rieur.

Cependant, il est encore malaisé dedire s'il est possible de réaliser des« séances » annuelles de fonte arti¬

ficielle des glaciers, car leurs réservesd'eau douce ne sont pas illimitées. Onprocède actuellement à des expérien¬ces qui tendent à provoquer des pré¬cipitations atmosphériques artificiellessous forme de grêle ou de neige pourobtenir un supplément d'humidité.Cela permettrait de tenter hardimentde recouvrir certains glaciers de pous¬sière, pour obtenir un supplémentd'eau pendant les années de séche¬resse, et peut-être même chaqueannée.

L'homme pénètre toujours plus pro¬fondément dans les mystères de lanature. Il reste toujours moins detaches d'inconnu sur la terre. Au fur

et à mesure que la technique se déve¬loppe, l'homme s'avance plus profon¬dément dans les montagnes : il dé¬couvre de nouveaux gisements deminéraux utiles, des réserves latentes

d'énergie hydraulique ; il construit desautoroutes, des oléoducs, des fais¬

ceaux hertziens et des lignes de trans¬mission de haute tension.

Avec la mise en valeur des mon¬

tagnes, l'homme se heurte inévitable¬ment aux dangers des avalanches deneige et de glace, des torrents deboues et des glaciers très actifs. Tousles pays montagneux de la zone tem¬pérée sont exposés au danger desavalanches, et souvent à celui destorrents de boues. Il faut donc cons¬

truire d'onéreux ouvrages de protec¬tion contre les torrents de boues.

En Union Soviétique, pour protégerla ville d'Alma-Ata, dans les contre¬

forts septentrionaux du Thlan Chan,on a employé une autre méthode. Deuxpuissantes explosions dans la valléed'un petit cours d'eau ont engendré,en 1966 et en 1967, un barrage arti¬ficiel.

Dangereuses également, les avan¬cées rapides de glaciers dont la vitesseaugmente plusieurs centaines de foispar rapport à leur mouvement ordi¬naire. Ces déplacements de glaciers

h

Photo USIS

LE FEU

DANS LA GLAGE

Nés de l'avance inexorable des glaciers arctiques dans la mer, de gigantesquesicebergs (ci-dessus) partent à la dérive vers le sud, emportés par les vents et les courants.Malgré le radar, le sonar et les patrouilles de surveillance, ces icebergs restent undanger pour la navigation dans l'Atlantique-Nord. De vaines tentatives ont été faitespour détruire ces glaces par bombardement. Une méthode nouvelle, a été proposéerécemment par un spécialiste français, Pierre-André Molène : il s'agit de placer unexplosif au csur de l'iceberg (dessin ci-dessous). (1) Déposée par un hélicoptère surl'iceberg, une bombe à tête chauffante s'enfonce dans la masse glacée dontneuf-dixièmes sont sous l'eau. (2) Un mécanisme à retardement fait exploser la chargeau point le plus favorable, la montagne de glace doit alors se briser en blocsinoffensifs. (3) Le navire, patrouilleur qui sert de base à l'hélicoptère observe les effetsde l'explosion et les enregistre (4) au moyen de détecteurs immergés.

ont lieu dans de nombreuses régionsdu globe : en Asie Centrale, dansl'Alaska, dans le Spitzberg, etc.

Ce phénomène est si fréquent qu'ilfaut lui consacrer des études spécialespour établir des prévisions. Les dé¬placements rapides de glaciers sontgénéralement périodiques et provo¬qués par un processus qui affecte leglacier lui-même.

Mais les déplacements rapides desglaciers ne constituent qu'un type dephénomène d'évolution. On sait, parexemple, qu'aux 10e et 11e siècles denotre ère se sont formées, sur les

rivages du Groenland, de grandescités où la population se consacrait àl'élevage intensif. A cette époque, lesglaciers des Alpes, du Caucase, dela Scandinavie, de l'Islande avalentreculé, et certains défilés étalent deve¬nus franchissables. Mais autour du

14e et du 15e siècles, la glaciation desmers du Nord augmenta, la communi¬cation avec le Groenland fut inter¬

rompue et, en Islande, un grandnombre de hameaux furent ensevelis

SUITE PAGE 32

21

EFFETS SURPRENANTS

D'UN SÉISME EN ALASKA

A,17 h 36, le 27 mars 1964,jour du vendredi saint, un tremblementde terre dévastateur frappa le sud del'Alaska central, libérant en trois ou

quatre minutes deux fois plus d'énergieque le tremblement de terre qui détrui¬sit San Francisco en 1906. Il y eut115 morts et plus de 300 millions dedollars de dégâts, et l'économie del'Etat fut paralysée. Par sa magnitude,sa durée, son étendue géographique,ce séisme se range parmi les plusimportants de l'histoire.

Le nombre relativement peu élevéde morts a été dû à une série d'heu¬

reuses coïncidences : la faible densité

de population, l'heure (le tremblementde terre se produisit la veille d'unefête, alors que les écoles étaient videset la plupart des bureaux déserts), lamarée basse, l'absence de feu dansles zones résidentielles et Industriel¬

les, le temps généralement doux, et lefait que ce n'était pas la saison dela pêche.

Le tremblement de terre de l'Alaska

est aujourd'hui celui qui a été le plusminutieusement étudié. On l'a qualifiéavec raison d' « expérience scientifi¬que naturelle à grande échelle », caril a donné des renseignements sur denombreux problèmes scientifiques étu¬diés de longue date.

A l'heure actuelle, le premier rapportde ce qui constituera un jour une sériede huit volumes a été publié par l'Aca¬démie des sciences des Etats-Unis.

Sous le titre général de « The GreatAlaska Earthquake of 1964 », cetouvrage a rendu compte de tous lesaspects de ce tremblement de terre,intéressant aussi bien les sciences

exactes et naturelles que la techniqueet les sciences humaines.

Le premier volume, Hydrology (1),est consacré aux conséquences duséisme dans le domaine de l'hydrolo¬gie : eaux souterraines, eaux de sur¬face, neige et glace.

En général, on n'associe guèrel'hydrologie et la sismologie. Mais enAlaska, la plus grande partie de larégion épicentrale était couverte d'eausous forme de neige et de glace.

Sur le plan hydrologique, les consé¬quences ont été spectaculaires : lacroûte de glace de certains lacs sebrisa, de grands glaciers furent recou¬verts par des glissements de terraingéants, et des avalanches de neigedévalèrent les pentes abruptes desmontagnes.

Les conséquences sur le planhumain furent moins spectaculaires

(1) The Great Alaska Earthquake of 1964:Hydrology. Committee on the Alaska Earth¬quake of the Division or earth Sciences,National Research Council, 1968 Ce volume,illustré, comprend 441 pages et 7 cartes horstexte. On peut l'obtenir au Printing and Pub¬lishing Office, National Academy of Sciences,2101 Constitution Ave., N W , Washington.DC. 20418 (Prix : 19,75 dollars)

Terrifiantes, desforces souterraines

ont, le 27 mars

1964, détruit sur800 kilomètres une

région de l'Alaska :c'était là le pire destremblements de

terre qui se soitproduit en Amériquedu Nord depuis 1899.La grande rued'Anchorage (photode gauche) révèleles caprices duséisme ; à droite, toutn'est que ruines, àgauche, les chosessont intactes. A

certains endroits, lesimmeubles et la

chaussée se sont

enfoncés de prèsd'un mètre. La photode droite montre le

type de fissures del'écorce terrestre

dans certaines zones

résidentielles. A

l'arrière-plan, lesruines d'un immeuble

neuf, par bonheurencore inhabité.

Photo © Gene Daniels - Rapho, Paris

cependant : resserrement des retenuesd'eaux souterraines provoquant unediminution des réserves ; glissementsde terrain dans certaines vallées autre¬

fois occupées par les glaciers et deve¬nues zones d'habitation ; dégâtscausés aux rives des lacs et aux

installations touristiques qui y étalentconstruites.

Ce tremblement de terre a été le

premier, de mémoire d'homme, à avoiraffecté le niveau de l'eau dans des

puits, des nappes aquifères et desrivières de tout un continent, en faitde plusieurs continents. On a en effetenregistré des variations de niveaudans plus de 700 puits en Afrique, enAsie, en Australie, en Europe et enAmérique du Nord.

Des seiches (oscillations brusquesdu niveau de l'eau dans les lacs et

rivières) ont été enregistrées dans aumoins 850 stations de mesure en Aus¬

tralie et en Amérique du Nord ; prèsde la moitié de ces phénomènes se

sont manifestés sur la côte Ouest des

Etats-Unis. (Ce fait, d'après le rapport,fait prévoir qu'un séisme sur la côteOuest entraînerait plus de dégâts qu'untremblement de terre de même magni¬tude dans une autre partie des Etats-Unis.)

On a observé et mesuré des chan¬

gements définitifs du niveau de nom¬breux puits. A la suite de séismesantérieurs, on s'était douté de l'exis¬tence de tels effets, mais c'est la pre¬mière fois que ces variations ont étéétudiées de près. Elles se sont révé¬lées plus ou moins importantes suivantl'énergie totale libérée au pointconsidéré.

Dans certains puits de l'Alaska, lesbaisses et les hausses de niveau ont

pu atteindre respectivement 1,50 m et4,50 m ; hors de l'Alaska, on a constatédes changements permanents del'ordre de quelques millimètres. Cepen¬dant, dans une même région, tous lespuits n'ont pas été affectés de la

même façon. Dans certains cas, on aétabli clairement une relation entre

cette variation et les changements deporosité et de compression des ter¬rains aquifères (couches de rochesperméables, ou de sable, ou de gra¬viers renfermant de l'eau) dans dessédiments non consolidés.

A certains endroits, le séisme a faitvarier le débit des rivières et la qua¬lité de l'eau. Il a également provoquéautant d'avalanches qu'on en enregis¬tre normalement en une année et

autant d'éboulis qu'il s'en accumuleen dix ans.

Une cinquantaine d'éboulementsrecouvrant parfois des étendues deplus d'un kilomètre de long et de300 mètres de large ont dévalé sur denombreux glaciers. Le plus importanta recouvert une surface de prèsde 12 km2.

L'un des effondrements les plusspectaculaires (et le plus accessible)s'est produit sur le glacier Sherman,

SUITE PAGE 24

Photo © Marshall Lockman - Rapho

Photo © Tirpe-Life

***f\

Ce bateau de pêche a été emporté et déposéau pied des sapins (ci-dessous) par le. tsunami,énorme, raz de marée provoqué par letremblement de terre de l'Alaska. S'élevant

parfois à 10 mètres, et se propageant à traversl'océan à des vitesses qui dépassent souvent150 km à l'heure, les tsunamis s'abattent surles côtes, ravagent les ports, inondent lesvilles du littoral. A droite, ¡mage de la rudesolitude du Grand Nord : un élan traverse unlac de l'Alaska.

SEISME EN ALASKA (Suite)

Les avalanches qui

à 213 km au sud-est d'Anchorage et à11 km seulement de Cordova, l'aéro¬port de l'Alaska. Là, au moins 10 mil¬lions de m3 sont tombés de deux

montagnes sur le glacier, recouvrant7 km2 d'une couche de roches et de

glace sur une épaisseur d'un à troismètres. Qu'une telle quantité de rochessoit tombée sur un glacier, loin detoute habitation, est une chanceextraordinaire.

On a fait une étude approfondie dece glissement de terrain et commencéune étude à long terme de ses effetsfuturs sur le glacier. Il est déjà évidentque ce glacier, qui diminuait chaqueannée, reprend rapidement de l'exten¬sion car ces éboulis font bouclier.

Le fait le plus remarquable est queles avalanches déclenchées par leséisme et qui sont descendues sur despentes douces soient allées très loinet aient même remonté des pentesjusqu'à une hauteur de 150 m. Pourexpliquer le mécanisme de ce glisse¬ment, on a émis une nouvelle théorie :

le déplacement se ferait en grandepartie sur un coussin d'air compriméemprisonné sous la masse de rocheset de glaces.

Bien que le verdict scientifique soitencore réservé, cette théorie pourraitexpliquer pourquoi de la neige relatl-

3k

<:: ».,

- -

grimpaient la montagne sur coussin d'air

Photo USIS

vement molle a été enfouie presqueintacte sous la couche d'éboulis et

pourquoi certains buissons bas n'ontpas été écrasés.

Autre hypothèse possible : celle dela lubrification sur la neige et la glace.Cette théorie s'appuie sur le fait quele trajet des avalanches a suivi lecours des glaciers et qu'à cette épo¬que-là, la neige recouvrait la régionoù les éboulements ont eu lieu.

Pour résumer l'effet du séisme sur

les glaciers, ¡I est dit dans le rapportqu'une des conclusions les plus Inté¬ressantes est de caractère négatif.L'énigme de l'avance rapide des gla¬ciers, phénomène qui ne se produitque rarement et durant lequel les gla¬ciers avancent à la vitesse de 3 à

45 m par jour, n'a pas été résolue.

Il semble que le séisme de l'Alaskaait permis d'éliminer la théorie, soute¬nue depuis des années, selon laquelled'énormes avalanches tombant sur la

partie supérieure des glaciers lorsd'un séisme provoqueraient des chan¬gements dans l'équilibre des massesdu glacier et feraient ainsi avancercelui-ci pendant quelques mois. Lejour du séisme, il y avait beaucoup deneige sur le sud de l'Alaska, mais cequi est surprenant, c'est que l'on n'asignalé que peu d'avalanches, qu'il

n'y a pas eu d'accélération notable del'avance des glaciers dans les régionsintéressées et que rien ne puisse enfaire prévoir une pour l'instant, bienqu'on ait signalé nombre de tellesavances, ici et là, depuis 1964.

Fait surprenant, on a constaté trèspeu d'effets immédiats sur les frontsdes glaciers et sur les lacs glaciaires.Les vingt-cinq glaciers côtiers quipénètrent dans la mer près de l'épi-centre n'ont pas été affectés.

Le simple fait que les effets Immé¬diats sur les glaciers à la suite duséisme aient été beaucoup moins nom¬breux et spectaculaires que l'on ne s'yattendait montre, selon le rapport, àquel point nos connaissances sontinsuffisantes.

En résumé, lit-on dans le rapport,les conséquences hydrologiques duséisme ont menacé davantage l'écono¬mie de l'Alaska que la vie de ses habi¬tants. Si le séisme avait eu lieu dans

une grande vallée agricole comme laCalifornie ou dans une région de forteconcentration Industrielle, les dégâtshydrologiques auraient pu être centfois plus graves.

Le rapport propose qu'une équipescientifique soit mise sur pied par unorganisme fédéral pour recueillir les

données et faire les premières obser¬vations dans les heures qui suivrontle prochain séisme aux Etats-Unis, etqu'un certain nombre d'enregistreurssoient installés dès maintenant dans

les zones sismiques pour faciliter lesétudes.

Certains de ces appareils, tels quedes enregistreurs hydrosismiques dansdes puits témoins ou des jauges deniveau de précision sur les lacs, peu¬vent, selon le rapport, aider à prévoirun séisme imminent. Le rapport pro¬pose également d'étendre la prévisiondes avalanches à toutes les régionsmontagneuses, en zone sismique, etde placer sur les grandes routesmenant à ces régions des pancartesindiquant les niveaux dangereux pourla journée, semblables à celles quisignalent le risque d'incendie de forêt.

L'un des principaux intérêts de cetteétude sera d'aider à déterminer les

zones où il ne faut pas construire demaisons d'habitation (par exemple pasà moins de 3 km d'un couloir d'ava¬

lanches) et celles où il convient deconstruire prudemment et solidement,

car il est dangereux, comme l'affirme nr

le rapport, de construire des habita- /Jltions à moins de trois mètres au-des¬

sus du niveau d'un grand lac dansune zone sismique.

Musique d'Orient Musique d'Occident

LE REFUS

DE L'INSOLITEpar Trân Van Khê

A

TRAN VAN KHE jouant du dan tranh (cithareà 16 cordes.), instrument vietnamien. Ne dansune famille qui compte plusieurs générationsde musiciens, dès son ¡eune âge virtuose,Trân Van Khê devint musicien accompli dansle domaine occidental comme dans le do¬

maine oriental. Après avoir fait des études demédecine à l'université de Hanoi, il se consa¬

cra à la musicologie et soutint en Sorbonne,à Paris, une thèse sur la musique du Viêt-nam. Il est aujourd'hui professeur à l'Institutde musicologie de Pans, chargé de recher¬ches au Central national de la recherche

scientifique (Paris), chargé de la sectionViêt-nam à l'Institut international d'études

comparatives de la musique (Berlin) et mem¬bre du Conseil international de la musique,patronné par l'Unesco. Collaborateur dansdivers pays du monde d'émissions radio-télé-visées, il a écrit d' importantes études dansdiverses encyclopédies consacrées à la mu¬sique en France et en Italie, et a écrit unouvrage sur les traditions musicales de sonpays : Viêt-nam » (publié aux EditionsBuchet-Chastel, Paris, 1967. sous l'égide del'Institut d'études comparatives de la musique.Prix 28 F).

26

part quelques rares musi¬

cologues occidentaux avertis, qui ontlonguement étudié et apprécié lesdifférentes traditions musicales de

l'Orient et des voyageurs qui ont faitun long séjour dans ces pays, l'au¬diteur occidental en général, fût-il unmusicien génial comme Hector Berlioz,trouve les « musiques orientales »assez déconcertantes. Dans son livre

Les Soirées de l'orchestre, publiéen 1854, H.Berlioz, envoyé officiel dela France à l'Exposition Universellede Londres en 1851, a écrit, à proposde l'exécution d'un chant chinois :

« L'air (grotesque et abominable entout point) finissait sur la tonique, ainsique la plus vulgaire de nos romances,et ne sortait pas de la tonalité, ni dumode indiqué dès le commencement.

L'accompagnement consistait en undessin rythmique assez vif et toujoursle même exécuté par la mandoline (1),et qui s'accordait fort peu avec lesnotes de la voix. »

L'auteur, dans sa conclusion, por¬tait un jugement très sévère sur lamusique chinoise et la musique in¬dienne : « ... Les Chinois et les Indiens

auraient une musique semblable à lanôtre, s'ils en avaient une ; mais ils

sont à cet égard plongés dans lesténèbres les plus profondes de la bar¬barie et dans une ignorance enfantineoù se décèlent à peine quelquesvagues et impuissants instincts ; deplus, les Orientaux appellent musiquece que nous nommons charivari, et,pour eux comme pour les sorcièresde Macbeth, l'horrible est le beau. »

Et dans son libre A travers chants

Berlioz écrit : « Le peuple chinois...chante comme les chiens bâillent,

comme les chats vomissent quand ilsont avalé une arête. »

Dès lors, inversement, il n'y a riend'étonnant qu'aux oreilles d'un musi¬cien indien de Lahore (2), la « mu¬sique occidentale » est semblable au« hurlement d'un chacal dans le dé¬

sert ». Il y a quelques années, à maquestion : « Que pensez-vous de lamusique occidentale? », M. Samba-moorthy, professeur de musicologie àl'Université de Madras, a répondu :« It's noise I... » (« Du bruit... »).

Mohammed Zerrouki, dans son arti¬

cle « La musique arabe », publié dansle n" 12 de la Revue internationale

de la Musique, a pris l'exemple d'unOriental qui écoute la musique occi¬dentale. « Habitué à la monodie où

,tout le monde s'exprime à l'unisson,manière qui s'apparente à la récita¬tion collective d'un même poème, ilest totalement dérouté par les sonsqui s'entrecroisent, se heurtent, sesuperposent. A quelle phrase musi¬cale, à quel instrument, son esprit va-t-il s'accrocher pour essayer de saisirce qui se dit ?

Pour lui, un orchestre occidental

groupe des musiciens qui ne tiennentnullement le même langage. Chaqueexécutant dit en toute indépendancece qu'il lui plaît de dire. Les musi¬ciens semblent se tourner le dos et

ne point s'entendre mutuellement. Enpleine exécution, certains d'entre euxreposent leur instrument, laissant lesautres discourir, puis, s'avisant qu'ilsont leur mot à dire, ils s'évertuent à

rattraper leurs camarades. Au-dessus

de leurs têtes gesticule de mille ma¬nières un chef d'orchestre à qui per-

(1) Il s'agit sans doute du p'i p'â, luth piri¬forme à quatre cordes

(2) H Popley, The Music of India

Photo © Bill Homan - Camera Press

sonne ne songe à obéir sérieuse¬ment. » « Voilà grosso modo, ajoutel'auteur, le raisonnement qui vient iné¬vitablement à l'esprit de l'Orientaln'ayant point reçu d'éducation musi¬cale européenne. »

Si les auditeurs orientaux ou occi¬

dentaux en général, nous venons dele voir, ne peuvent porter un' jugementcorrect sur les musiques qui leur sontétrangères, cela provient du fait qu'ilsont jugé ces musiques en se basantstrictement sur les valeurs et critères

de l'esthétique musicale en faveurdans leur propre pays ou dans leurcontinent.

Ils semblent aussi avoir méconnu les

notions essentielles et les principesfondamentaux qui régissent les mu¬siques autres que les leurs, en parti¬culier, pour ce qui concerne les tra¬ditions d'Orient, les notions d'échelles,

de modes, de rythme, les principes del'exécution instrumentale et vocale, les

conceptions d'esthétique.

SUITE PAGE 29

De la grâce traditionnelle des formes jaillissent des harmonies nouvelles : car lavichitra vina, instrument à cordes de l'Inde, n'a guère qu'un siècle d'existence. Elle ala forme d'un paon dont les cordes simulent la queue, reliée à deux caisses derésonance sphériques. Aujourd'hui très populaire, la vichitra vina peut tenir une placeimportante dans l'orchestre indien.

Au 19e siècle, HectorBerlioz, compositeur

français, insuffla unevie nouvelle à

l'harmonie et enrichit

la palette musicaleen multipliant lasplendeur expressivedes instruments à

vent : pour laplupart de sescontemporains, il nefut qu'un fauteurde vacarme, commele montre cette

caricature du temps.Génial incompris,Berlioz ne compritrien lui-même à la

musique de l'Orient,dont il parla avecautant de mépris queles musiciens

néo-classiquesde son époque se

moquaient de lasienne...

Photo © Pic, Paris

HARMONIES COREENNES

La musique coréenne savante, qui à l'origine emprunta ses règlesfondamentales à la musique chinoise, poursuit depuis quelquehuit siècles son évolution particulière et a affirmé pleinement sonoriginalité depuis le 14e siècle. Aujourd'hui encore elle est maintenuesous ses formes les plus pures dans les temples consacrés àConfucius. Jouée sur des instruments typiquement coréens, dontcertains furent Inventés plusieurs siècles avant notre ère, la musiquecoréenne savante est restée liée aux grandes fêtes religieusesou laïques, renouvelant sans cesse ses sources d'inspiration.Ci-dessus, un orchestre exécutant une « musique de grâce »(voir aussi couverture de dos) avec instruments à cordes au premierplan et flûtes de bambou, au second plan. A gauche, une dansetraditionnelle de nonne bouddhiste ; la danseuse s'accompagneelle-même au zua-go, sorte de gong qui fut inventé en Chine il y aplus de 2 000 ans et sur lequel elle frappe avec deux baguettes(à droite) pour rythmer ses mouvements.

LE REFUS DE L'INSOLITE (Suite)

Pourtant, si l'on considère la mu¬sique dans son fondement ou dansson origine, elle est partout la même.Que ce soit en Occident ou en Orient,la musique est « l'art de combi¬ner les sons d'une manière agréableà l'oreille » (selon la définition deJ.-J. Rousseau, reprise par le La¬rousse), ou, autrement dit, « un en¬semble de sons différents combinés

avec art » (selon le Yo-ki, mémorialde la musique, un grand chapitre dulivre chinois Li ki (Mémorial des rites,traduction du père Séraphin Le Cou¬vreur.

La musique, à l'origine, a été liéeà l'image d'un dieu de la mythologieou d'un être surnaturel. La musique

exécutée par Krishna (Inde) à la flûte,ou par Confucius sur le k'in créé parl'empereur mythique Fou hi (Chine),avait une origine quasi divine commecelle jouée par Orphée, ce prophèted'Apollon qui a su charmer les bêtesféroces grâce aux accords de sa lyre.

Ce n'était pas seulement en Chinequ'on croyait que la musique pouvait« inciter à ¡miter les bons exemples,produire les impressions profondes,changer les usages et transformer lesmoeurs » (Yo ki, op. cit.). Platon pen¬sait que la musique avait une missioncalmante et régulatrice pour la naturehumaine (Marcel Belviannes, « Socio¬logie de la Musique »).

D'après Tseu Hia, un disciple deConfucius, « les chants de tchengportaient à la licence et la débauche ;ceux de Song, à l'amour de l'oisivetéet des femmes ; ceux de Tsi engen¬draient l'arrogance, la dépravation etl'orgueil et qu'ils ne devaient pas êtreemployés à l'occasion des cérémo¬nies » (Yo kl, op. cit.). Selon Homère,« une mauvaise musique, des chantslascifs pervertissent les m etamollissent les caractères » (MarcelBelviannes, op. cit.).

Socrate bannissait « les harmonies

efféminées des festins : l'ionienne et

la lydienne, qu'il considérait commeharmonies lâches, pour conserver laphrygienne, celle qui pouvait imiterconvenablement le ton et les mâles

accents d'un homme de c qui étaitjeté dans la mêlée » (Marcel Belvian¬nes, op. cit.).

Si nous considérons la musique, nonpas dans le fond, mais dans la forme,de grandes différences dans les tech¬niques musicales ou dans les concep¬tions de l'esthétique sautent à nosyeux. Elles sont les causes des juge¬ments erronés portés par un auditeurd'une tradition, sur la musique desautres traditions.

Un auditeur occidental trouve queles Indonésiens chantent faux parceque les Intervalles des échelles Slén-dro et Pélog en usage en Indonésie,ne correspondent pas du tout à ceuxde la gamme tempérée. En revanche,aux oreilles d'un musicien tradition¬

nel de l'Indonésie, le piano est uninstrument mal accordé, puisqu'il estimpossible de trouver sur les 88 tou

ches les notes justes de l'échelleSléndro.

Même deux musiciens asiatiques,appartenant à deux familles musicalesdifférentes, ne sont pas d'accord surla justesse des échelles. Lorsque j'aijoué un jour une pièce du mode Bac,écrite sur une échelle pentatonlque dutype do, ré, fa, sol, la, un musicienindonésien qui m'a écouté, a souri etm'a dit : « C'est le Sléndro, mais pastout à fait juste. » C'est compréhensi¬ble, puisque le Sléndro, du point de vuethéorique, est une échelle obtenuepar la division de l'octave en cinq in¬tervalles égaux. Au sujet de la jus¬tesse des sons, n'oublions pas que,dans plusieurs pays extrême-orientaux,la marge de tolérance en général esttrès grande.

L'oscillation de !a hauteur relative

est souvent un effet de l'ornementation.

On ne saurait considérer comme fausse

une exécution musicale qui ne fait pasressortir exactement les notes de

l'échelle tempérée.

E,.SSAYONS de jouer unepièce de musique pour un groupe d'au¬diteurs de traditions musicales diffé¬rentes. Le musicien occidental cherche

à déterminer la tonalité de la pièce,imagine une structure harmonique ser¬vant d'assise à la mélodie qu'il écoute,essaie de trouver un thème et ses va¬

riations, s'intéresse au rythme et autempo de la pièce, mais pas de la mê¬me façon que le musicien de l'Inde.

Le musicien chinois, japonais, co¬réen ou vietnamien s'intéresse davan¬

tage à la ligne mélodique. Le musi¬cien Indien essaie de placer la piècedans le cadre d'un râga donné, oude lui trouver un sentiment modal.

Chaque musicien écoute la pièce selonses habitudes et la juge d'après lescritères, les règles en usage dans sapropre tradition.

Et justement, les notions servant depoints de référence varient beaucoupselon les traditions. A côté de la

gamme tempérée de la musique occi¬dentale, il existe un très grand nom¬bres d'autres échelles en usage dansd'autres pays. Citons, entre autres, lescinq aspects de l'échelle pentatoniquede la musique chinoise, les échellesdes modes Ryo, Ritsu, Yo sempo Insempo de la musique japonaise, leséchelles des modes Bac et Nam de la

musique vietnamienne, les échellesmodales dans la musique de l'Inde, del'Iran et des pays arabes.

A côté des modes « majeur- » et« mineur » de la musique occidentale,il existe des centaines d'autres « mo¬

des » dans d'autres traditions. Citons

entre autres les Tiao chinois, les Sem¬

po japonais, les Dieu vietnamiens, lesRâgas de l'Inde, les Dastgah iraniens,les Maqamat turcs et arabes.

Les notes ornementales, considéréesdans la tradition occidentale comme de

simples fioritures en dehors d.'un sys¬tème harmonique donné, sont indis¬pensables dans les traditions indien-

Paolo Koch - Rapho

La précision du doigté autant quel'intelligence musicale fait toutle prix du gamelan, orchestre del'Indonésie qui ne comprend engénéral que des instruments debronze, sortes de gongs ou detambours auxquels s'adjoignentparfois la flûte ou le hautbois.Groupés pour jouer à l'unisson ouà l'octave un motif déterminé,les musiciens peuvent reprendre,en solistes, des variations

improvisées sur le thème.

29

LE REFUS DE L'INSOLITE (Suite)

A chaque mode son langage

nés, iraniennes et arabes. Une note

non ornée dans la musique de l'Indeest semblable à « une nuit sans lune,

un jardin sans fleurs, une rivière sanseau ». Dans la tradition vietnamienne,

les ornements spécifiques sont l'undes critères dans la détermination des

modes.

En Occident, un exécutant ne doit

pas s'écarter de la partition écrite, tan¬dis qu'en Inde, en Iran et dans lespays arabes, l'improvisation, la parttoute personnelle apportée par le mu¬sicien au moment même de l'exécution,

est de rigueur.

En Occident, on écoute une piècede musique comme si l'on regardaitune cathédrale. On admire tout d'abord

l'architecture, la symétrie, l'équilibredes formes avant de regarder les bas-reliefs. En Orient, on attache d'em¬

blée une grande importance aux pluspetits détails, car l'on y écoute la mu¬sique comme si l'on contemplait uneminiature persane.

Il existe donc une façon particulièrede créer, d'exécuter et d'écouter la

musique propre à chaque tradition. Lesconceptions d'esthétique peuvent chan¬ger du tout au tout si l'on va d'Oc¬cident en Orient. La voix de fausset,

par exemple, jugée grotesque par lepublic occidental, est très prisée parles amateurs de théâtre traditionnel

en Chine et au Viêt-nam.

N,lOUS devons être très pru¬dents lorsque nous voulons porter unjugement de valeur sur les musiquesqui nous sont étrangères.

A l'ère des avions à réaction et

des postes de radio à transistors, lesOccidentaux ont plus souvent l'oc¬casion d'écouter les plus grands maî¬tres traditionnels de l'Inde, de l'Iran ou

du Japon ; les foyers des paysans desrégions les plus reculées du globepeuvent être envahis par la musiqueoccidentale que les stations d'émis¬sion les plus puissantes déversentquotidiennement dans l'atmosphère.L'Orient et l'Occident se rencontrent

beaucoup plus fréquemment que parle passé, sur le plan musical. Combiende musiciens, orientaux ou occiden¬

taux, ont su tirer des avantages decette rencontre ?

La plupart des musiciens orientauxil faut le reconnaître éblouis par

la civilisation technique et matérielledes Occidentaux, par la « richesse »et le caractère « scientifique » de lamusique occidentale, ont appris à ma¬nier l'idiome musical de l'Occident, etrenié, méprisé ou délaissé leur patri¬moine musical qu'ils ignorent souventtotalement.

Passe encore s'ils poursuivent àfond l'étude de la musique occiden¬tale au point de créer des euvres dontla valeur peut être universellementreconnue. Souvent, Ils créent une mu¬

sique hybride sur le modèle des chan¬sons de variétés qu'ils ont écoutées àla radio, musique qui n'apporte rien denouveau à l'Occident et qui dénatureleur propre musique. Souvent, dansle but de « moderniser » leur musiquetraditionnelle, ils collent une structure

harmonique à une musique essentiel¬lement mélodique ou modale.

Ils ont commis un contresens sem¬

blable à celui d'un linguiste qui, sousprétexte que la grammaire anglaise estpratique, cherche à en appliquer toutesles règles pour sa propre langue. Etcomme en anglais, l'adjectif se trouvetoujours devant le nom, cette attitudenous conduit à écrire en français lebleu ciel pour le ciel bleu, la froideeau pour l'eau froide, le sacré livrepour le livre sacré.

Je souhaiterais que les musiciensorientaux de la jeune génération s'in¬téressent davantage à leur musiquetraditionnelle pour mieux la connaîtreavant de lui appliquer les méthodes derénovation ou de modernisation tirées

de l'Occident. Je suis partisan de lapréservation des traditions musicales.Mais « préservation » n'est pas sy¬nonyme de conservatisme ou d'im¬mobilisme. Je suis partisan du progrès.Mais « progrès » ne veut pas dire obli¬gatoirement « occidentalisation ».

Les Occidentaux, de leur côté, de¬vraient abandonner leur complexe desupériorité que l'on rencontre chezun grand nombre d'entre eux etchercher à comprendre les musiquesautres que la leur, musiques qu'ilsqualifient souvent d' « exotiques »ou de « folkloriques ».

Certains musiciens se sont tournés

vers l'Orient pour essayer d'y trouver

des éléments pour le renouvellementde leur langage musical. Souhaitonsqu'ils arrivent à saisir l'esprit des mu¬siques d'Orient, à y puiser la sourced'un enrichisement et non d'une simplehybridation de leur propre musique.

Ainsi, comme nous venons de le voir,si des analogies (sur des points toutthéoriques) existent entre les musi¬ques de l'Orient et celles de l'Occi¬dent, elles ne doivent pas nous mas¬quer les différences fondamentalesentre elles. On ne saurait porter unjugement défavorable sur une musi¬que qui n'est pas la sienne en se réfé¬rant aux critères valables seulement

dans sa propre tradition, ni emprunteraux musiques étrangères des élémentsincompatibles avec son langage musl-sical sous prétexte de « moderniser »celui-ci.

Q,iU'IL nous soit permis pourconclure, de citer ces passages de SirRabindranath Tagore à propos de ladifférence de nature entre les deux

musiques d'Orient et d'Occident : « Lamusique européenne est semblable aumonde du jour : un flot de vaste har¬monie composée de consonances etde dissonances. La musique indienneest le monde de la nuit : un râga pur,profond et tendre. Toutes les deuxnous bouleversent, cependant toutesles deux sont contradictoires dans leur

essence. Mais on n'y peut rien. Dèsl'origine, la nature est divisée endeux : le jour et la nuit, l'unité etla variété, le fini et l'infini... »

Cependant, cela ne veut pas direque les musiques orientales soient àjamais impénétrables pour un auditeurd'Occident, et que les musiques occi¬dentales soient incompréhensibles pourle public d'Orient, pour qu'un Euro¬péen puisse goûter avec profit lesmusiques de l'Orient et qu'un Asiati¬que puisse aimer les musiques de l'Oc¬cident, les échanges culturels sontutiles et un travail d'initiation est indis¬

pensable, car « la musique, quoi qu'ondise, n'est pas une langue universelle,a écrit Romain Rolland dans « Jean-

Christophe » ; il faut l'arc des motspour faire pénétrer la flèche des sonsdans le c de tous ! »

30

Virtuose d'Afrique

Joueur de hautbois du Tchad. Ce type de hautbois est répandu danstoute l'Afrique islamique. Seuls varient le diamètre de l'instrument ou letype de décorations. Dans les villages d'Afrique, d'étonnants virtuosesdu hautbois à qui le plus souvent personne n'a enseigné cet instrument(qu'ils fabriquent souvent eux-mêmes), interprètent des mélodieslocales pour le ravissement de leur entourage. Deux remarquables solosde hautbois exécutés dans le Kanem (République du Tchad) ont étéenregistrés pour le disque Anthologie de Musique Africaine », Tchad, I(voir page 35).

Photo Afrique Photo

CAPRICES DES GLACIERSSuite de la page 21

sous les glaciers. Ces changementsrésultent de variations glaciaires quis'échelonnent sur quelque 200 ans.

Il existe des cycles plus brefs devariations des glaciers: 100, 22 et 11ans, cycles liés, comme le supposentles savants, aux variations périodiquesde l'activité solaire. Cependant, il ya, dans la chaîne « soleil-glaciers »,un médiateur important, la circulationatmosphérique, qui transforme les va¬riations de l'activité solaire en chan¬

gements du régime glaciaire.

Et si les variations séculaires du

climat et des dimensions des glacierssont synchronisées sur toute la pla¬nète, des variations de 10 à 20 ans

peuvent être plus ou moins simulta¬nées dans des réglons distinctes. Lesobservations faites au cours de ces

cent dernières années montrent, parexemple, que des variations de cyclede vingt ans dans les glaciers deScandinavie se produisent inversementaux mêmes variations des glaciers desAlpes et du Thian-Chan.

Les variations du régime des gla¬ciers influent sur le débit des cours

d'eau qui prennent leur source dansles régions glaciaires, ainsi que surles réserves d'humidité « solide »

accumulée dans les glaciers.

La planification du développement.de l'économie dans ces régions exigeune prévision à long terme du compor¬tement des glaciers. En conséquence,l'étude des variations glaciaires appa¬raît comme la tâche principale de laglaciologie actuelle.

P

32

OUR résoudre ces problè¬mes, une théorie des variations desglaciers s'Impose : travail auquel ons'attache actuellement dans nombre de

pays du monde, dont l'Union Soviéti¬que. On compose des systèmesd'équations ; on a recours à la simu¬lation numérique à l'aide de calcula¬teurs électroniques. Des solutions ontdéjà été trouvées pour les types deglaciers les plus simples, mais on estencore loin d'une solution d'ensemble

du problème.

On ne connaît pas toutes les loisdu développement des glaciers. Il estencore difficile de dire si d'anciens

glaciers peuvent réapparaître dans leclimat actuel, et on ne sait à quelschangements de la circulation atmo¬sphérique conduira l'anéantissementpartiel des glaciers. On ne peut savoirnon plus si nous ne sommes pas me¬nacés par une nouvelle extension dela glaciation.

Il est fort possible que la généra¬tion actuelle voie un nouvel assaut des

glaciers. Au cours des cinq ou dixdernières années, les glaciers de nom¬breuses réglons montagneuses (Cau¬case, Alpes, Scandinavie, Alaska, Asie

Centrale) tendent à l'agression. Maisil ne faut pas oublier en même tempsque, dans un proche avenir, l'huma¬nité produira une quantité d'énergiecomparable à l'énergie totale que nousfournit le Soleil.

Le climat de la Terre est surtout

conditionné par l'action des radiationssolaires. Le Soleil fournit en moyenne49 calories par an et par centimètrecarré de terre ferme, et les sources

artificielles d'énergie donnent actuelle¬ment en moyenne 0,02 calorie seule¬ment.

C,IEPENDANT, aujourd'hui dé¬jà la quantité d'énergie utilisée parl'homme sur de grandes superficies,dans les pays industriellement évolués,approche la quantité d'énergie solaire.Et si le rythme actuel d'accroissementde la production d'énergie (près de10 % par an) se maintient, avant centans la quantité d'énergie produite surla Terre dépassera celle que nous re¬cevons du Soleil.

C'est pourquoi la menace de l'assautdes glaciers recule, et une autre,simultanément, apparaît : la surchauffede notre planète. Peut-être les gla¬ciers, réfrigérateurs naturels de laTerre, accompagnant l'humanité depuisla nuit des temps, lui seront-ils, àl'avenir, absolument Indispensables ?

Pour étudier les problèmes de gla¬ciation (utilisation des masses deneige et de glace en tant que sourcessupplémentaires d'eau douce, prévi¬sion des brusques déplacements etdes variations des glaciers, rôle desglaciers dans le cycle de l'humidité denotre planète en tout et en partie), ilest indispensable que les savants desdivers pays fassent des recherchescommunes.

Les premières tentatives avaient étéentreprises il y a dix ans, pendant l'an¬née géophysique internationale. Lestravaux n'ont duré que deux ou troisans, ce qui est évidemment trop court.Car la principale méthode d'étude desglaciers est liée aux études d'ensem¬ble dans la nature, dont la gammes'étend avec la durée des observa¬

tions.

Voilà pourquoi l'étude des glaciersen tant que facteur Important de labalance hydraulique terrestre, avaitété Incluse dans le programme de ladécennie hydrologique internationale,organisée par l'Unesco pour la périodede 1965 à 1974. Ces recherches seront

très utiles pour réaliser le programmed'utilisation rationnelle et de repro¬duction des ressources naturelles ¡elles seront plus importantes encorepour les pays en développementd'Amérique du Sud et d'Asie du Sudoù les glaciers peuvent jouer un rôleconsidérable comme source d'eau.

Les recherches glaclologiques, dansle cadre de la décennie hydrologiqueinternationale, embrassent trois pro¬grammes : l'établissement des ressour¬ces des glaces et neiges polaires ;les observations permanentes des va¬riations du régime des glaciers ; l'étudedu budget de la glace, de l'eau et dela chaleur dans divers bassins monta¬

gneux et glaciaires. Les savants sovié¬tiques prennent une part active à laréalisation de ces programmes.

Ils établissent pour la première foisun catalogue des glaciers de l'URSS,ouvrage en nombreux volumes conte¬nant les renseignements nécessairesau sujet des dimensions, de la formeet de la situation des glaciers. L'UnionSoviétique prend une parf active à lacréation d'un Service mondial des

Glaces qui vise à recueillir les ren¬seignements au sujet des variationsdes glaciers dans le monde entier.

Sur le territoire de l'URSS, on aorganisé sept bassins expérimentauxpour étudier le mécanisme de forma¬tion du débit de l'eau des glaciers :trois au Caucase, trois en Asie Cen¬trale et un dans l'Altai.

Les observations scientifiques per¬mettront non seulement de prédire lesphénomènes de glaciation, mais de lesdiriger. Le temps n'est plus loin oùles hommes pourront mettre les gla¬ciers à leur service, et alors l'huma¬

nité n'aura plus à redouter de futurespériodes glaciaires.

Dessins

Vus par l'humoriste français Lap, deuxprojets à l'étude en vue de remédier, danscertaines régions, à la pénurie d'eaudouce : ci-dessus accélération de la fonte

de glaciers par épandage de poudre decouleur foncée ; ci-dessous, remorquaged'icebergs' vers des régions sèches.

Nos lecteurs nous écrivent

TOURISME OU TRACASSIN ?

L'année 1967 a été consacrée à

I' « Année internationale du tourisme ».

En est-il résulté quelque chose de pra¬tique partout ?

Certains pays ont nettement confondule « tourisme » avec certaines maladies

endémiques qui ravagent le monde, sil'on considère les efforts qu'ils fontpour le juguler définitivement.

Exagération ? Voici pour débuter laliste des documents nécessaires et in¬

dispensables pour qu'un étranger rési¬dant dans un des pays d'Afrique cen¬trale puisse se rendre à titre tou¬ristique dans un pays voisin :

passeport ;carte d'identité locale ;carte d'identité délivrée par l'am¬bassade ;carnet de vaccination internationale ;

autorisation de quitter le pays, déli¬vrée par l'ambassade ;attestation de paiement des impôts ;attestation de paiement de l'eau etde l'électricité ;

attestation d'absence de casier judi¬ciaire ;

un permis de retour ;un permis de conduire local ;un permis de conduire International ;une attestation d'immatriculation du

véhicule ;une attestation d'assurances ;

une licence d'exportation temporairedu véhicule (cautionnée I).

Dans certains cas, il faut encore un

laisser-passer-à-cachets délivré par desautorités plus ou moins indéterminées.

Enfin, il faut les visas : un grandsport, lorsque certains voisins de cepays n'y ont pas de représentationdiplomatique I

Ce qui est tragique, c'est que cesmesures sont prises avec grand sérieux ;on ne délivre les attestations d'absence

de casier judiciaire qu'en échange dudépôt de ses empreintes digitales

Après que l'on soit parvenu à obtenircette collection étonnante, et à fairecoïncider leur validité avec la périodedes vacances proposées (toutes lesvalidités sont différentes I), après quele dernier cachet ait été appliqué, onpeut tenter de se mettre en route.

Un lecteur, en Afrique centrale

INFORMATION DU DROIT

ET DROIT A L'INFORMATION

Dans le numéro de novembre du« Courrier de l'Unesco », que j'ai actuel¬lement entre les mains, il est fort ques¬tion de la déclaration des Droits del'Homme.

Je suis actuellement engagée dans ungroupe de jeunes et nous envisageonsdes soirées-discussions sur divers pro¬

blèmes (et peut-être quelques solutionsà apporter) : racisme - violence - rap¬ports humains - justice .. A ces discus¬sions nous voudrions donner pour point

de départ la déclaration des Droits del'Homme. Mais nous la connaissons

fort mal, alors que tout le monde enparle et que grâce à la collaborationqu'il y a apportée, un Français, RenéCassin, décroche le prix Nobel.

Croyez-vous que l'opinion publiquesoit assez sensibilisée à tous les pro¬blèmes posés par l'Homme. Et commentse fait-il que ce 20e anniversaire soit

passé presque inaperçu du grandpublic ? I! n'y a pas eu du moinsje le crois de manifestation suscep¬tible d'atteindre l'homme de la rue et

lui permettant de prendre consciencedes Droits de l'Homme.

Paulette Beaune

Vichy, France

LA NOSTALGIE

DE LA BEAUTÉ

J'ai lu votre numéro de décembre

intitulé : « Venise en péril. » J'adoremoi-même tout ce qui est médiéval :vêtements, chansons, instruments demusique, châteaux, armes, en fait, toutce, qui touche à cette période, et plusparticulièrement le langage de l'époque.Je déteste les transpositions à la modeque l'on fait de tout cela. Il me sembleparfois que, je ne suis pas née dansle siècle qui me convient.

A la lecture de votre numéro de

décembre, j'étais vraiment triste. Il mesemble que toutes ces vieilles choses,médiévales ou non, sont en train dedisparaître, ou s'en sont allées déjà.Que sera le monde, en l'an 2 000 ?(J'espère bien n'être plus vivante I)

Au fur et à mesure que le mondese fait vieux, on devrait essayer d'ymaintenir la beauté des monuments et

des villes d'autrefois. C'est pourquoij'ai mis sur pied un club, le Svamit(sauver Venise et la tradition médié¬vale italienne). J'ai mis l'accent sur latradition médiévale italienne, parce queje ne puis supporter l'idée que labeauté des vieilles villes d'Italie

soit défigurée par les usines moder¬nes, l'industrie moderne, les postesd'essence.

Vérone est un bon exemple. Je voisVérone comme un lieu ensoleillé bordé

de vergers, avec des vignes en espa¬lier, de poussiéreux petits chemins decampagne, des sentiers battus desvents, des gens à cheval, des marchésen plein air, des jardins. J'ai pensé,j'ai espéré que Vérone ne connaîtraitpas la frénésie ni le vacarme, et qu'ellepourrait demeurer ce qu'elle était en1659. Je voudrais qu'elle reste une trèspetite bourgade. Mais il semble bienqu'il y ait là toute sorte d'usines etd'équipements, et qu'elle soit mainte¬nant une grande agglomération (ruinéepar le 20e siècle).

Quoi qu'il en soit, nous aimerionssavoir à quel endroit envoyer les béné¬fices de nos fêtes et de nos cotisations.

Nous voulons que Venise demeure lamême somptueuse et merveilleuse citéqu'elle a toujours été. Et même si cemonde s'avère l'horrible monde queles hommes au pouvoir (au 20e siècle)veulent faire, nous voulons que Venisereste ce qu'elle est.

Dans notre club, nous organisons desfêtes médiévales. Nous mangeons desmets préparés et servis à la manièremédiévale. Nous parlons le langage del'époque, et nous nous habillons commeà l'époque. C'est presque aussi bienque de vivre en 1600.

Anne Souter (12 ans)Londres, Royaume-Uni

N.D.L R. Les dons pour la sauve¬garde de Venise doivent être envoyéspar chèque au Bureau du Contrôleur,Unesco, place Fontenoy, Pans (7e),avec une note indiquant l'affectation dela somme versée.

DU LIQUIDE AU SOLIDE

« Venise est-elle condamnée à dis¬

paraître ? » demande l'édition allemandedu « Courrier de l'Unesco », à laquelleje suis abonné, dans le numéro de dé¬cembre 1968.

Selon moi, il y a à cette questionune réponse catégorique : arrêter lamarée par un système d'écluses, etpomper l'eau du réseau interne decanaux. Ainsi, Venise deviendrait uneville normale où les rues seraient à sec.

Les lits des canaux pourraient recevoirles tuyauteries d'égouts, I es câblesélectriques, etc. ; après une périoded'assèchement convenable, on pourraitvraisemblablement consolider les bâti¬

ments par injection de ciment. Aprèsquoi, les canaux seraient comblés deterre. Tout ceux qui ont vu ce qu'estdevenu le Palazzo Garzoni (photo cou¬leur dans votre numéro) depuis le débutde ce siècle peuvent répondre à laquestion : « Qu'est-ce qui ne va pas,à Venise ?... », d'un seul mot : « L'humi¬dité. »

A.E. Southern

Birmingham, Royaume-Uni

QUAND LE BÉTON

REMPLACERA L'EAU

Voici une vue imaginaire de la Venisede l'an 2000 « Venezia Futuristica »,

tableau que j'ai peint en 1966. Il estaujourd'hui dans une collection particu¬lière de Chicago, Etats-Unis.

Ludovico de LuigiVenise, Italie

ROCHER DE BRIGHTON

J'admire la remarquable qualité desarticles et des photographies publiésdans votre revue, mais je suis contrela pusillanimité des lettres de lecteursque vous publiez. Souvent, elles neprésentent pas le moindre intérêt, misà part le fait qu'elles viennent du mondeentier. Dans la plupart des quotidienset revues britanniques, les lettres pu¬bliées ont, en général, un caractèrenettement informatif, ou bien offrent

des arguments rationnels dans de pré¬occupants conflits idéologiques. Selonmoi, vous pourriez en faire autant, saufà consacrer la place dévolue aux lettresà d'autres articles. Votre revue n'a

qu'à s'exprimer elle-même, ce qu'elleest en mesure de faire avec toutes la

compétence nécessaire.

Vincent Tickner

Brighton, Royaume-Uni

C~2

ühttüS'entendre sur le sol

Depuis 1966, des experts de différentspays ont conjugué leurs efforts pour dé¬terminer une nomenclature uniforme en

matière de science des sols. Celle-ci sera

utilisée pour la première fois dans la cartemondiale des sols, réalisée conjointementpar la FAO et l'Unesco. Cette terminolo¬gie répertoriée dans un lexique interna¬tional mettra fin à des confusions, les mê¬mes sols étant parfois connus sous desnoms différents, alors que des sols diffé¬rents sont parfois connus sous le mêmenom.

Archéologie vivanteUne revue trimestrielle, « Archéologie

vivante », publiée en trois éditions fran¬çaise, anglaise et allemande est consa¬crée aux musées archéologiques à traversle monde, aux collections particulières età tous les problèmes que peuvent soule¬ver les découvertes archéologiques mo¬dernes dans le domaine de l'art et de

l'évolution des civilisations. Richement

illustrée, cette revue de haute qualité réu¬nit sur un thème des études duas aux

plus grands spécialistes et s'adresse augrand public cultivé autant qu'à l'artiste,

34

< i. .

CARTHAGE

à l'archéologue ou à l'érudit' Pour tousrenseignements, s'adresser aux « Publi¬cations d'art et d'archéologie », 27, rueSaint-André-des-Arts, Paris (6"). Prix del'abonnement : 126 F pour la France etles territoires d'outre-mer. Premiers numé¬

ros parus : Préhistoire et protohistoire del'Iran ; Carthage, naissance et grandeur.

50e anniversaire

de la Ligue Croix-RougeEn 1919, la Ligue des Sociétés de Croix-

Rouge fut créée pour relier les diversessociétés nationales issues de la Croix-

Rouge, fondée en 1863 par Henri Dunant,en Suisse (voir « Le Courrier de l'Unes¬co », juin 1963) ; en 1969, année de soncinquantième anniversaire, la Ligue desSociétés de Croix-Rouge recouvre 111 so¬ciétés de Croix-Rouge, du Croissant-Rouge, du Lion et Soleil rouge, avec214 millions d'adhérents (soit une personnesur douze dans le monde entier). En tantqu'institution coordonnatrice des activitésinternationales de Croix-Rouge, la Ligueest particulièrement active dans le domainedes services sanitaires et sociaux. Elle

jouit du statut consultatif près du Conseiléconomique et social des Nations Unieset près d'autres institutions des NationsUnies, dont l'Unesco, la FAO, le BIT etl'OMS.

Petits accessoires

pour la pêcheUn satellite muni d'enregistreurs élec¬

troniques et d'équipement photographiquepourrait signaler aux navires de pè~he lesbancs de poisson où ils iraient jeter leursfilets, au terme d'un rapport de la FAO.La durée de la révolution d'un satellite

sur orbite terrestre se passe pour lestrois quarts au-dessus des océans.

Laine et protéinesBien nourris en protéines, les moutons

ont trois fois plus de laine. Le problème,c'est l'assimilation des protéines : elles doi¬vent passer d'abord dans trois des esto¬macs du mouton (où elles sont détruites engrande partie par íes microbes), puis dansun quatrième qui les digère. Les savantsaustraliens ont mis deux méthodes au

point : par modification chimique des pro¬téines qui deviennent résistantes aux mi¬crobes, ou par couverture des protéinespar une pellicule de plastique qui ne peutse décomposer avant d'atteindre le qua¬trième estomac.

Bateau de papierpour traverser l'Atlantique

Thor Heyerdahl, l'explorateur norvégienqui dirigea la fameuse expédition du Kon-Tiki sur un radeau de balsa et traversa

le sud du Pacifique ¡I y a vingt-deux ans,prépare une traversée de l'Atlantique surun bateau de papyrus. Il prendra le départde Safi, au Maroc, avec un équipage desept navigateurs, et compte atteindrel'Amérique centrale deux ou trois moisplus tard. Le bateau, qui mesure environ13 mètres de long et 4,5 mètres de large,sera une reproduction des anciens « na¬vires de papier » égyptiens ; fait de papy¬rus, il est actuellement construit en Egypteavec l'aide de spécialistes du lac Tchad,sur lequel ce type de bateau est toujoursutilisé. Thor Heyerdahl veut prouver queles populations des anciennes civilisationsméditerranéennes ont pu faire ce voyagesur les mêmes bateaux, et que les apportsculturels de l'Ancien monde ont pu avoirune influence sur le développement descivilisations de l'Amérique centrale.

En bref»..

A l'Exposition mondiale qui sera ouverteà Osaka, au Japon, en 1970, les pays Scan¬dinaves vont consacrer un pavillon communau thème de la protection du milieu natureldans les pays industrialisés.

Dans les pays en voie de développementde l'Asie, l'industrie a connu de 1963 à1967 un accroissement de 26 %.

Dans les pays de développement, lesdeux cinquièmes seulement des enfantsd'âge scolaire achèvent le cycle des étudesprimaires.

Les Nations Unies et les FAO ont établi

à Cordoba, en Espagne, un centre de dé¬monstration pour la culture de l'olivier. Avec150 millions d'oliviers, l'Espagne est le plusgrand producteur d'huile d'olive du monde.

LECTURES

Aux Editions Privat

Paris-Toulouse, 1969

Trois ouvrages consacrés à la philo¬sophie bergsonienne.

La conscience de la durée et leconcept du tempspar Jean ThéauPrix : 28 F

La critiqueconcept

par Jean ThéauPrix : 39 F

bergsonienne du

La spiritualité de Bergsonpar René ViolettePrix : 36 F

La colonne brisée de Baalbek

ou la créature à l'épreuvepar René HabachiEditions du Centurion, Paris, 1969Prix : 12 F

L'Education populaire en EuropeTome 2. Scandinavie (rappeltome I : Grande-Bretagne)par Lucien TrichaudLes Editions ouvrières, Paris, 1969Prix : 25 F

Rabindranath Tagorepar Odette AsianEditions Seghers, Paris, 1969Prix : 9,50 F

Santé et développementen Afriquepar Louis-Paul AjoulatEditions Armand Colin, Paris, 1969Prix : 15 F

Découverte chez les Mayaspar Pierre IvanoffEditions Robert Laffont, Paris, 1969Prix : 15 F

Psychologie et épistémologiegénétique. Thèmes piagetiens(Hommage à Jean Piaget, avec unebibliographie complète de sesBuvres)Editions Dunod, ParisPrix : 40 F

Le bilinguisme à l'Universitépar Louis PainchaudEditions Beauchemin, Montréal, Ca¬nada

Prix : 3,75 dollars

LES TRADITIONS MUSICALES

Conseil international d'études compa¬ratives de la musiqueEditions Buchet-Chastel, Paris

Viêt-nam

par Trän Van Khê

Inde du Nord

par Alain Daniélou

Iran

par Nelly Carónet Dariouche Safvate

Prix de chaque volume : 27,75 F

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DISQUES COLLECTION UNESCO

Musique d'Orient

Musique d'Afrique

Publiés sous le patronage du Conseil interna¬tional de la Musique par l'Institut internationald'Études comparatives de la Musique. Éditeurgénéral de l'Anthologie musicale de l'Orient :Alain Daniélou. Éditeur général de l'Anthologie demusique africaine : Paul Collaer.

Chacun de ces disques de longue durée (30 cm)est accompagné de notes explicatives en français,en anglais et en allemand richement illustrées.

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collection AN ANTHOLOGY OF AFRICAN MUSIC

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A MUSICAL ANTHOLOGY OF THE ORIENT

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Anthologie de la musiqueafricaine

La musique des Dan, Musique du Rwanda,Musique des Pygmées Ba-Benzelé, lamusique de l'Ethiopie (2 disques). Musiquedes Hausa, Nigeria (2 disques). Musiquedes Sénoufo, Musique du Tchad, Musiquesde la République centrafricaine.

Anthologie musicale de l'Orient

Laos, Cambodge, Afghanistan, Iran (2 dis¬ques), Inde (4 disques), Tunisie, Tibet(3 disques), Japon (6 disques), Turquie(2 disques).

Disques à commander, par l'inter¬médiaire de votre marchand habituel,directement à l'éditeur (BärenreiterMusicaphon, Kassel, Rep. Féd. d'Alle¬magne) ou auprès des distributeursdans les pays suivants :

FRANCE : Éditions Bärenreiter,19 bis, rue de Vanves, Boulogne-sur-Seine (prix du disque : 38,55 F).BELGIQUE-LUXEMBOURG : I.P.A.

63 Lange Rei, Bruges.

SUISSE : Bärenreiter Verlag BaselAG, Neuweiler Str. 15, CH 4000,Bâle.

CANADA : International Record

Industries, 135 West 41st StreetNew York 10036.

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Vous pouvez commander le* publications del'Unesco chez tous les libraires ou en vous adressant

directement à l'agent général (voir liste ci-dessous).Vous pouvez vous procurer, sur simple demande,les noms des agents généraux non inclus dans la liste.Les paiements peuvent être effectués dans la mon¬naie du pays. Les prix de l'abonnement annuel au« COURRIER DE L'UNESCO » sont mentionnés

entre parenthèses, après les adresses des agents.

ALBANIE. N. Sh. Botimeve, Nairn Frasheri, Tirana.ALGÉRIE. Institut Pédagogique National, 11, rue

Ah-Ha-tdad, Alger. ALLEMAGNE. Toutes les publi¬cations : R. Oldenbourg Verlag, Unesco-Vertrieb fürDeutschland, Rosenheimerstrasse 145, Mumch 8. UnescoKurier (Edition allemande seulement) BahrenfelderChaussee 160, Hamburg-Bahrenfeld, CCP 276650.(DM 12). AUTRICHE. Verlag Georg Fromme et C-Spengergasse 39, Vienne V. ( AS 82 ). BELGIQUE.Toutes les publications : Editions « Labor », 342, rueRoyale, Bruxelles 3. Standaard. Wetenschappehjke Uitge-verij, Belgièlei 147, Antwerpen 1. Seulement pour « leCourrier » (1 70 FB) et les diapositives (488 FB) : Jean deLannoy, 112, rue du Trône, Bruxelles 5. CCP 3 380.00.

BRÉSIL. Librairie de la Fundaçao Getúlio Vargas,Caixa Postal 4081-ZC-05. Rio de Janeiro, Guanabara.BULGARIE. Raznoïznos 1, Tiar Assen, Sofia. CAM¬BODGE. Librairie Albert Portail, 14, avenue Boulloche,Phnom Penh. CAMEROUN. Papeterie Moderne,Maller & Cie, B. P. 495, Yaounde. CANADA.Imprimeur de la Reine, Ottawa, Ont. (S 4.00).CHILI. Toutes les publications : Editorial UniversitariaS.A., casilla 10220, Santiago. «Le Courrier» seule¬ment : Comisión Nacional de la Unesco, Mac-lver

764, dpto. 63. Santiago (E-). REP. DEM. DUCONGO. La Librairie, Institut politique congolais. B. P.23-07, Kinshasa. COTE-D'IVOIRE. Centre d'Edition

et de Diffusion Africaines. Boîte Postale 4541, Abidjan-Plateau. DANEMARK. Ejnar Munksgaard Ltd, 6,Norregade 1165 Copenhague K (D. Kr. 20). ESPA¬GNE. Toutes les publications : Librería Científica Medina¬ceü, Duque de Medinaceü 4, Madrid, 14. Pour « leCourrier de l'Unesco» : Ediciones Iberoamericanas, S.A.,calle de Órlate 15 Madrid. (Pts 180). Ediciones Liber,Apartado de correos, 1 7, Ondirrao (Vizcaya). ÉTATS-

UNIS. Unesco Publications Center, P.O. Box 433,New York N.Y. 10016 ($ 5). FINLANDE.Akateeminen Kirjakauppa, 2, Keskuskatu, Helsinki.(Fmk 1 1,90). FRANCE. Librairie Unesco, Place de Fon¬tenoy, Pans. C.C.P. 12.598-48. (F. 12). - GRÈCE.Librairie H. Kauffmann, 28, rue du Stade, Athènes.Librairie Eleftheroudakis, Nikkis, 4. Athènes. HAITI.Librairie « A la Caravelle », 36, rue Roux, B.P. 111, Port-au-Prince. HONGRIE. Akademiai Konyvesbok, VaciU 22, Budapest V., A.K.V. Konyvtárosok Boltja, BudapestVI. Nepkóztársasag U. 1 6. - ILE MAURICE. NalandaCo. Ltd., 30, Bourbon Str. Port-Louis. INDE. Orient

Longmans Ltd. : 17 Chittaranjan Avenue, Calcutta 13.Nicol Road, Ballard Estate, Bombay 1 ; 36a. Mount Road,Madras 2. Kanson House, 3/ 5 Asaf Ali Road, P.O. Box 386,Nouvelle-Delhi I.Indian National Commission for Unesco,att. The Librarian Ministry of Education, " C " Wing,Room 214, Shastri Bhawan, Nouvelle Delhi 1. Oxford

Book and Stationery Co., 1 7 Park Street, Calcutta 1 6.Scindia House, Nouvelle Delhi. (R. 13.50) IRAN. Com¬mission nationale iranienne pour l'Unesco, avenue duMusée, Téhéran. IRLANDE. The National Press, 2Wellington Road, Ballsbridge, Dublin 4. ISRAEL. Ema¬nuel Brown, formerly Blumstein's Bookstore : 35, AllenbyRoad and 48,NahlatBeniamin Street, Tel-Aviv.- ITALIE.Toutes les publications : Librería Commissionaria Sansoni,vía Lamarmora, 45. Casella Postale 552, 501 21 Florence,et, sauf pour les périodiques : Bologne : LibreríaZanichelli, Piazza Galvani 1/h. Mtlan : Hoepli, via UlricoHoepli, 5. Romt ; Librería Internazionale Rízzoli GalleríaColonna, Largo Chigí. Diffusione Edizioni Anglo-Ameri-cane, 28, via Lima, 001 98, Rome. Turin .'Librairie Française,Piazza Castello 9. JAPON. Maruzen Co Ltd. P.O. Box5050, Tokyo International, 1 00.31. LIBAN. Librairie

Antoine, A. Naufal et Frères, B. P. 656, Beyrouth.LUXEMBOURG. Librairie Paul Brück, 22. Grand'Rue,Luxembourg. (170 F. L.). - MADAGASCAR. Toutesles publications : Commission nationale de la Républiquemalgache. Ministère de l'Education nationale, Tananarive.« Le Courrier *> seulement : Service des oeuvres post etpén-scolaires, Ministère de l'Education nationale, Tanana¬rive. MALI. Librairie Populaire du Mali, B. P 28,Bamako. MAROC. Librairie « Aux belles images »,281, avenue Mohammed-V, Rabat. CCP 68-74. « Cour¬rier de l'Unesco » : Pour les membres du corps ensei¬gnant : Commission nationale marocaine pour l'Unesco,

20 Zenka Mourabitine, Rabat (C.C.P. 324.45). MAR¬TINIQUE. Librairie J. Bocage, rue Lavoir. B.P. 208,Fort-de-France MEXIQUE. Editoria Hermes IgnacioMariscal 41, Mexico D. F., Mexique (Ps. 30).MONACO British Library, 30, bid des Moulins, Monte-Carlo. MOZAMBIQUE. Salema & Carvalho Ltda.,Caixa Postal 1 92, Beira. NORVÈGE. Toutes les publi¬cations : A.S. Bokhjornet, Akersgt 41 Oslo 1. Pour « leCourrier » seulement : A.S. Narvesens, Litteratu rienesteBox 6125 Oslo 6. NOUVELLE-CALÉDONIE.Reprex. Av. de la Victoire, Immeuble Paimbouc. Nouméa.

PAYS-BAS. N.V. Martinus Nijhoff Lange Voorhout9. La Haye (fl. 10). POLOGNE. Toutes les publica¬tions : ORWN PAN. Palac Kultury, Varsovie. Pour lespériodiques seulement : « RUSH » ul. Wronia 23 Varso¬vie 10. PORTUGAL. Dias & Andrade Lda, LivrariaPortugal, Rua do Carmo, 70, Lisbonne. RÉPU¬BLIQUE ARABE UNIE. Librairie Kasr El Nil 3, rueKasr El Nil, Le Caire, Sous-agent : la Renaissance d'Egypte,9 Tr. Adly Pasha. Le Caire. ROUMANIE. Cartimex.P.O.B. 134-135, 126 Calea Victoriei, Bucarest.

ROYAUME-UNI. H.M. Stationery Office. P.O. Box569, Londres S.E.I. (20/-). - SÉNÉGAL. La Maisondu livre, 13, av. Roume, B.P. 20-60, Dakar. SUÈDE.Toutes les publications : A/B CE. Fritzes, Kungt. Hov-bokhandel, Fredsgatan 2, Stockholm, 1 6. Pour « leCourrier » seulement : The United Association of Sweden.

Vasagatan 15-17, Stockholm, C. SUISSE. Toutesles publications : Europa Verlag, 5, Ramistrasse, Zürich.C.C.P. Zurich VIII 23383. Payot, 6, rue Grenus 1211Genève, 11 C.C.P. 1-236. Pour « le Courrier » seu¬lement : Georges Losmaz, 1, rue des Vieux-Grenadiers,Genève, C.C.P. 12-4811 (FS. 12). SYRIE. LibrairieSayegh Immeuble Diab, rue du Parlement. B.P. 704,Damas. - TCHÉCOSLOVAQUIE. S. N.T.L., SpalenaS!,Prague 2. (Exposition permanente) ; Zahranicni Literatura,11 Soukenicka.4, Prague 1. TUNISIE. Société tunisiennede diffusion, 5, avenue de Carthage, Tunis. TURQUIE.Librairie Hachette, 469, Istiklal Caddesi, Beyoglu, Istanbul,U.R.S.S. Mezhdunarodnaja Kniga, Moscou, G-200.URUGUAY. Editorial Losada Uruguaya, SA. LibreríaLosada, Maldonado, 1092, Colonia 1340, Montevideo.

VIETNAM. Librairie Papeterie Xuan Thu. 185.193, rue Tu-Do, B.P. 283, Saigon. YOUGO¬SLAVIE. Jugoslovenska-Knijga, Terazije 27, Betgrade-Drzavna Zaluzba Slovemje, Mestni Trg. 26, Ljubljana.

SEREINES MELODIES

Beauté et bonté, les deux vertus cardinales

selon Confucius, caractérisent les mélodies

de la très ancienne « musique de grâce »,

dont les règles ont été fixées en Chine il y aplus de 2 000 ans, et adoptées en Corée ii ya sept ou huit siècles. Cette musique de coursavante vise à élever l'âme et à lui conférer

la sérénité. Ici, des musiciennes de la Répu¬

blique de Corée interprètent des pièces de« musique de grâce » au kayageum, instru¬ment coréen traditionnel à douze cordes

dont la caisse est faite de bois de paulownia.

(Voir page 28)

Photo c Max-Yves Brandily, Paris

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