Fraterniphonie n°64

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La fin de l’année scolaire est arrivée, et, force a été de constater, que durant ces derniers mois, un grand nombre de personnels des écoles et de parents d’élèves, ont manifesté contre les fermetures programmées de classes et contre la réduction, non moins programmée, du corps enseignant. La politique mondialo- maastrichienne actuellement en vigueur, obligeant Nicolas Sarkozy à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite, commence à faire ses effets et le bon peuple commence à comprendre, lui, qu’il va être, encore une fois, le dindon de la farce. En effet, 16 000 postes de moins, prévus à la rentrée prochaine dans nos écoles, alors que l’on devra y accueillir 4 900 élèves de plus, c’est forcément la promesse de classes surchargées, de cours à la volée, d’élèves à la remorque, d’appauvrissement des contenus enseignés, de formations pédago- giques des professeurs a minima, etc. Conséquence de cette Bérézina annoncée : les parents les plus riches enverront leurs enfants dans des écoles privées, d’autres leur feront suivre des cours particuliers et l’immense majorité, faute de moyens financiers, leur laissera subir, sans autres échappatoires, cet enseignement dégradé. Un enseignement au rabais qui ne va que conforter les faiblesses actuelles de notre système éducatif : illettrisme grandissant, ignorance de la littérature et de la poésie françaises, écran noir sur les règles de base de notre langue, incapacité de concentration sur un texte donné, difficulté à exprimer ses idées par écrit, etc. Un système dégradé aussi du fait que certaines matières vont disparaître comme le grec et le latin, bases pourtant des Humanités qui ont fait la grandeur de notre enseignement et qui sont le pilier de notre pensée, de notre culture et de notre langue. Et puisqu’il faut réduire, toujours et encore, le temps et le personnel dans tout, l’enseignement de l’histoire et de la géographie va se retrouver à la portion congrue, c’est-à-dire juste assez pour que nos chères têtes blondes, rousses et brunes sachent apprécier la grandeur de l’Empire anglo-américain qui nous colonise, mais un enseignement si réduit qui oubliera de leur dire pourquoi, par exemple, on parle français au Canada. Enfin, si la violence est due à une manque de vocabulaire, reconnaissons que dans le contexte éducatif, tel qu’il se dessine pour les années à venir, où l’enseignement du français ne ressemblera plus qu’à l’ombre de lui - même, la violence va alors s’installer durablement dans nos écoles. Devant ce bien triste tableau, où le noir de l’obscurantisme l’emporte sur les Lumières du savoir, une matière tout de même tire son épingle du jeu, et, comme vous vous en doutez, il s’agit de l’anglais. première fois l’enseignement des langues étrangères dans le Primaire, c’est -à-dire l’anglais dans 98 % des cas, et ce fut encore un ministre socialiste de l’Éducation nationale, Claude Allègre qui, en 1998, proclama pour la première fois qu’il fallait cesser de considérer l’anglais comme une langue étrangère en France. Une fois la droite au pouvoir, que Blanc Bonnet a pris la place de Bonnet Blanc, la voie était donc toute tracée pour donner, grâce à Maastricht, l’euro à l’Europe et, du coup, l’Europe aux banquiers ; pour donner, grâce à l’introduction de l’anglais dans nos écoles, le feu vert au basculement linguistique, c’est-à-dire pour atteindre progressivement l’objectif final qui sera d’enseigner directement toutes les matières, les mathématiques, l’histoire, la géographie et le reste, en anglais. Les ministres de droite, Xavier Darcos, Luc Chatel, qui ont succédé à leurs collègues de gauche, n’ont fait alors, en cela, qu’accroître la part de cette langue dans nos écoles, Chatel voulant même l’introduire dès la maternelle. L’ultime phase de tout cela, c’est Valérie Pécresse, ex- ministre de l’Ensei- gnement supérieur, qui l’a préparé en essayant d’obtenir du pouvoir législatif un aménagement de la loi afin que l’on puisse enseigner en anglais, en France. Pour cela, il faudra réviser notre Constitution qui dit en son article 2 que la langue de la République est le français, ainsi que la Loi Toubon qui stipule en son article 1 er que la langue de l’enseignement en France, c’est le français. Quand ces deux verrous auront sauté, il n’y aura plus de limites alors à l’angli - cisation totale de notre système éducatif et l’objectif que s’était donné Valérie Pécresse aura été atteint, c’est-à-dire nos universités seront alors sur le chemin pour devenir de véritables universités anglophones. Mais pourquoi tout cela, pourrait-on se demander ? Pourquoi cette envie folle de vouloir disparaître dans le magma unifor- misateur de l’anglophonie ? — C’est qu’ils n’ont plus le choix nos pseudo-politiciens, empêtrés qu’ils sont dans le système mondialo- maastrichtien qu’ils ont mis en place. Un système qui les oblige à suivre une feuille de route, c’est -à-dire à suivre des directives impliquant, notamment, moins d’impôts à prélever sur les riches, pour ne pas risquer de les voir quitter le DEUXIÈME TRIMESTRE 2011 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 64 En effet, pour l’enseignement de l’anglais, comme par hasard, on trouve des crédits, des professeurs, des heures allouées, et il n’est pas question de restrictions ni de plans de rigueur pour assurer son plein rayonnement dans nos écoles. Comme c’est souvent le cas, hélas, ce sont les socialistes qui ont introduit le mal, et la droite, une fois au pouvoir, trop contente de la brèche ouverte, s’est appliquée alors à agrandir les parois. Ce fut le cas pour le traité de Maastricht que les socialistes portèrent aux nues et qui pourtant transforma l’Europe du Marché commun en une Europe mondialiste, libre échangiste, ultralibérale et ennemie des nations. Ce fut le cas pour l’anglais aussi, lorsqu’en 1989 Lionel Jospin, alors ministre de l’Éducation nationale, introduisit pour la FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV Parc Louis-Riel - 2811 chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE Site : www. francophonie-avenir.com - Chaîne-vidéos : www.youtube.com/user/Fraterniphonie É D I T O R I A L Quand on se fait bombarder, ce n’est pas sur les obus qui tombent du ciel que l’on doit tirer pour se défendre, mais sur l’avion qui nous les envoie. Quand on se fait voler l’école de nos enfants, ce n’est pas contre des classes fermées ou des postes d’enseignant supprimés qu’il faut se battre, mais contre le système qui organise tout ça !

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Journal de l'Association FRancophonie AVenir (A.FR.AV) - Deuxième trimestre 2011

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Page 1: Fraterniphonie n°64

FRATERNIPHONIE No 64 Page 1

La fin de l’année scolaire est

arrivée, et, force a été de constater,

que durant ces derniers mois, un

grand nombre de personnels des

écoles et de parents d’élèves, ont

manifesté contre les fermetures

programmées de classes et contre la

réduction, non moins programmée,

du corps enseignant.

L a p o l i t i q u e m o n d i a l o -

maastrichienne actuellement en

vigueur, obligeant Nicolas Sarkozy à

ne pas remplacer un fonctionnaire

sur deux qui part à la retraite,

commence à faire ses effets et le bon

peuple commence à comprendre, lui,

qu’il va être, encore une fois, le

dindon de la farce.

En effet, 16 000 postes de moins, prévus

à la rentrée prochaine dans nos écoles, alors

que l’on devra y accueillir 4 900 élèves de

plus, c’est forcément la promesse de classes

surchargées, de cours à la volée, d’élèves à

la remorque, d’appauvrissement des

contenus enseignés, de formations pédago-

giques des professeurs a minima, etc.

Conséquence de cette Bérézina annoncée :

les parents les plus riches enverront leurs

enfants dans des écoles privées, d’autres

leur feront suivre des cours particuliers et

l’immense majorité, faute de moyens

financiers, leur laissera subir, sans autres

échappatoires, cet enseignement dégradé.

Un enseignement au rabais qui ne va que

conforter les faiblesses actuelles de notre

système éducatif : illettrisme grandissant,

ignorance de la littérature et de la poésie

françaises, écran noir sur les règles de base

de notre langue, incapacité de concentration

sur un texte donné, difficulté à exprimer ses

idées par écrit, etc. Un système dégradé

aussi du fait que certaines matières vont

disparaître comme le grec et le latin, bases

pourtant des Humanités qui ont fait la

grandeur de notre enseignement et qui sont

le pilier de notre pensée, de notre culture et

de notre langue. Et puisqu’il faut réduire,

toujours et encore, le temps et le personnel

dans tout, l’enseignement de l’histoire et de

la géographie va se retrouver à la portion

congrue, c’est-à-dire juste assez pour que

nos chères têtes blondes, rousses et brunes

sachent apprécier la grandeur de l’Empire

anglo-américain qui nous colonise, mais un

enseignement si réduit qui oubliera de leur

dire pourquoi, par exemple, on parle

français au Canada.

Enfin, si la violence est due à une manque

de vocabulaire, reconnaissons que dans le

contexte éducatif, tel qu’il se dessine pour les

années à venir, où l’enseignement du français

ne ressemblera plus qu’à l’ombre de lui-

même, la violence va alors s’installer

durablement dans nos écoles.

Devant ce bien triste tableau, où le noir de

l’obscurantisme l’emporte sur les Lumières

du savoir, une matière tout de même tire son

épingle du jeu, et, comme vous vous en

doutez, il s’agit de l’anglais.

première fois l’enseignement des langues

étrangères dans le Primaire, c’est-à-dire

l’anglais dans 98 % des cas, et ce fut encore

un ministre socialiste de l’Éducation

nationale, Claude Allègre qui, en 1998,

proclama pour la première fois qu’il fallait

cesser de considérer l’anglais comme une

langue étrangère en France.

Une fois la droite au pouvoir, que Blanc

Bonnet a pris la place de Bonnet Blanc, la

voie était donc toute tracée pour donner,

grâce à Maastricht, l’euro à l’Europe et, du

coup, l’Europe aux banquiers ; pour

donner, grâce à l’introduction de l’anglais

dans nos écoles, le feu vert au basculement

linguistique, c’est-à-dire pour atteindre

progressivement l’objectif final qui sera

d’enseigner directement toutes les matières,

les mathématiques, l’histoire, la géographie

et le reste, en anglais.

Les ministres de droite, Xavier Darcos,

Luc Chatel, qui ont succédé à leurs

collègues de gauche, n’ont fait alors, en

cela, qu’accroître la part de cette langue

dans nos écoles, Chatel voulant même

l’introduire dès la maternelle.

L’ultime phase de tout cela, c’est

Valérie Pécresse, ex-ministre de l’Ensei-

gnement supérieur, qui l’a préparé en

essayant d’obtenir du pouvoir législatif un

aménagement de la loi afin que l’on puisse

enseigner en anglais, en France. Pour cela,

il faudra réviser notre Constitution qui dit

en son article 2 que la langue de la

République est le français, ainsi que la Loi

Toubon qui stipule en son article 1er que la

langue de l’enseignement en France, c’est

le français.

Quand ces deux verrous auront sauté, il

n’y aura plus de limites alors à l’angli-

cisation totale de notre système éducatif et

l’objectif que s’était donné Valérie Pécresse

aura été atteint, c’est-à-dire nos universités

seront alors sur le chemin pour devenir de

véritables universités anglophones.

Mais pourquoi tout cela, pourrait-on se

demander ? Pourquoi cette envie folle de

vouloir disparaître dans le magma unifor-

misateur de l’anglophonie ? — C’est qu’ils

n’ont plus le choix nos pseudo-politiciens,

empêtrés qu’ils sont dans le système

mondialo-maastrichtien qu’ils ont mis en

place. Un système qui les oblige à suivre

une feuille de route, c’est-à-dire à suivre

des directives impliquant, notamment,

moins d’impôts à prélever sur les riches,

pour ne pas risquer de les voir quitter le

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DEUXIÈME TRIMESTRE 2011 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 64

En effet, pour l’enseignement de l’anglais,

comme par hasard, on trouve des crédits, des

professeurs, des heures allouées, et il n’est

pas question de restrictions ni de plans de

rigueur pour assurer son plein rayonnement

dans nos écoles.

Comme c’est souvent le cas, hélas, ce sont

les socialistes qui ont introduit le mal, et la

droite, une fois au pouvoir, trop contente de

la brèche ouverte, s’est appliquée alors à

agrandir les parois.

Ce fut le cas pour le traité de Maastricht

que les socialistes portèrent aux nues et qui

pourtant transforma l’Europe du Marché

commun en une Europe mondialiste, libre

échangiste, ultralibérale et ennemie des

nations.

Ce fut le cas pour l’anglais aussi,

lorsqu’en 1989 Lionel Jospin, alors ministre

de l’Éducation nationale, introduisit pour la

FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV

Parc Louis-Riel - 2811 chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE

Site : www. francophonie-avenir.com - Chaîne-vidéos : www.youtube.com/user/Fraterniphonie

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Quand on se fait bombarder, ce n’est pas sur

les obus qui tombent du ciel

que l’on doit tirer pour se défendre, mais sur

l’avion qui nous les envoie.

Quand on se fait voler l’école de nos enfants, ce n’est pas contre des

classes fermées ou des postes d’enseignant

supprimés qu’il faut se battre, mais contre le système qui organise tout ça !

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FRATERNIPHONIE No 64 Page 2

navire et d’aller, de ce fait, mettre leurs sous ailleurs, dans des

paradis fiscaux, par exemple. Et c’est bien parce que l’Europe de

Maastricht est synonyme de libre-échangisme mondial, de libre

circulation des biens et des personnes et que l’on a peur, dans ce

contexte, de la fuite des capitaux, que l’impôt ne peut plus être

perçu à des taux qui permettraient de remplir correctement les

caisses de l’État. Moins d’impôts, c’est forcément moins de service

public, c’est-à-dire moins de services rendus aux pauvres, ce qui

entraîne par voie de conséquence, et entre autres choses, une école

publique au rabais, avec des moyens de plus en plus réduits, donc

une école de moins en moins capable de former en nombre

suffisant pour le pays, les cadres et l’élite dont demain il aura

besoin. Alors, pour remplir les bancs de nos universités et pallier

ainsi le manque de matière grise que notre système éducatif n’est

plus en mesure de générer, le maximum doit être fait pour

accueillir des étudiants étrangers. Pour cela, les mondialo-

maastrichtiens se sont mis d’accord pour mettre l’anglais au cœur

du système, pour que le trafic mondial de matière grise se fasse en

anglais et c’est pourquoi nos universités et nos grandes écoles sont

priées de s’adapter à la langue du trafic, c’est-à-dire, portes grandes

ouvertes, s’offrir à l’anglais.

Dans cette Europe-là où règnent les forces de l’argent apatride et

l’anglais d’occupation, le pauvre, l’ouvrier, l’employé, le Français

moyen, se retrouvent doublement pénalisés. Une première fois

parce qu’au nom de l’argent-roi, on a délocalisé son outil de travail

dans un pays où les coûts salariaux sont moindres et l’impôt

inexistant, et la seconde fois parce que ses enfants, dans le système

en faillite de l’Éducation nationale, auront de moins en moins de

chances d’accéder au savoir, à l’université et aux grandes écoles.

On l’aura compris, l’État maastrichtien, en mettant en place

partout l’anglais dans le système éducatif, a pris l’option, non plus

de former la jeunesse du pays pour en tirer ses futures élites, mais

d’aller chercher ailleurs, à l’étranger, des étudiants qu’il n’est plus

en mesure, faute de moyens, d’avoir en totalité chez lui.

Nous avions les travailleurs immigrés pour casser les salaires,

nous aurons désormais les étudiants immigrés pour éviter à l’Édu-

cation nationale le devoir qu’elle a de former nos enfants. Ils sont

forts les financiers qui nous gouvernent ! Attention cependant, il

ne s’agit pas dans ces propos de jeter l’anathème sur les immigrés :

les immigrés sont nos frères, ils sont exploités à des fins politiques,

tout comme nous, nous le sommes. Il est même certain que les

travailleurs et les étudiants immigrés pourraient être une richesse

pour nous et pour leurs pays d’origine, s’il y avait, notamment, une

réelle politique de la Francophonie, basée sur la langue française et

le développement des pays francophones, mais nous en sommes

loin, très loin, hélas.

Bref, on le comprend mieux maintenant, combattre la mise en

place de la politique du tout anglais dans nos écoles, c’est

empêcher l’État de mettre en œuvre son plan machiavélique

consistant à faire venir à bas coûts de la matière grise d’un peu

partout dans le monde pour remplir nos universités. C’est, par voie

de conséquence, l’obliger à son devoir de former la jeunesse

française, toute la jeunesse française, dès l’école primaire, pour lui

donner le maximum de chances d’accéder plus tard aux grandes

écoles.

Oui, plus que jamais, l’avenir de nos enfants ne doit pas passer

par l’anglais obligatoire pour tous, mais bien par la réaffirmation

que la seule langue de l’enseignement en France, c’est le français et

rien que le français.

Le Président de l’A.FR.AV

De l'avis des spécialistes, sa prestation n'a pas été à la hauteur de l'événement, peut-être à cause d'une

mauvaise acoustique dans la salle et de problèmes de retours de son. Amaury Vassili explique : « J'étais

favori du concours, selon les pronostiqueurs. Du coup, j'étais l'homme à abattre. Les autres en ont clairement

tenu compte. Pas ce pauvre con (sic) de jury français qui a offert 12 points à la Suède, pendant qu'elle ne

nous donnait que deux points. Je suis vraiment déçu par le jury

français. J'avais tellement envie de gagner.

« Pour moi, la chanson de l'Azerbaïdjan est mièvre.

Je n'ai pas cru une seule seconde au côté duo. Et

en plus, je trouve qu'il ne faut vraiment pas avoir

de couilles (sic) pour chanter en anglais comme

ça et ne pas utiliser la langue de son pays ou

d'une région de son pays comme moi avec le corse. » Qu’Amaury Vassili se rassure : en fait, l'Azerbaïdjan n'a pas gagné, c'est l'anglais

qui a gagné, comme on le voit chaque année dans ce concours minable ! Mais, quel

intérêt de gagner un concours international de la chanson, si c'est pour chanter en

anglais lorsqu'on n'est pas anglophone ? Du temps de l'Union soviétique, le russe était

obligatoire en Azerbaïdjan, voilà maintenant que ce pays s'est prétendument libéré et

qu'il épouse une autre langue, celle d'un autre empire, l'anglais. Décidément, il y a

des peuples qui ont le don de se mettre à genoux.

Eurovision 2011 : Amaury déçu !

Demandons que la France quitte ce concours infâme et demandons à

Abdou Diouf, Président de la Francophonie (OIF), qu’il organise le

Concours International de la Chanson En français, le CICEF :

Ministère de la Culture

M. Frédéric Mitterrand

3 rue de Valois

75033 Paris Cedex 01

Organisation Internationale de la Francophonie

M. Abdou Diouf, Président

19-21 rue Bosquet

75007 Paris

Cette fois devait être la bonne, mais le chanteur Amaury Vassili n'est arrivé que 15e au concours de

l'Eurovision de la chanson. Ses réactions, suite à son mauvais résultat, méritent d’être soulignées tant

elles s’opposent à l’esprit consensuel et lèche-botte des tenants de ce concours.

SOMMAIRE

Éditorial : la langue du trafic !

Eurovision 2011 : Amaury déçu !

Pour un patriotisme linguistique plutôt

qu’industriel.

Pas d’argent public aux fossoyeurs de

notre langue !

Juillet 2011, Albert de Monaco se marie

avec l’anglais !

Manifestons pour le français.

Le 18 juin 2011, la Marche pour le

français à Paris.

L’incroyable saga des panneaux illicites

des monuments de Nîmes.

Pour un Québec francophone.

Mots d’Or et Trophée du langage (2/3)

Retour de la chanson en français dans

le métro bruxellois

Chez Arte, en été, le français se meurt !

En France, on parle français !

Page 3: Fraterniphonie n°64

FRATERNIPHONIE No 64 Page 3

Messieurs les députés Lellouche et Carayon demandent à Air

France-KLM d'acheter français, c'est-à-dire d'acheter des

avions Airbus au lieu d'acheter des avions américains Boeing.

Force est de constater, cependant, que l'avion Airbus, en

représentation au 49e Salon International de l'Aéronautique et

de l'Espace à Paris-Le Bourget qui s’est déroulé à la fin du mois

de juin 2011, arborait sur ses flancs l'inscription "Love at first

flight".Qu'Airbus a pour slogan : "New standards. Together" (le

siège social est à Toulouse !) et qu'il fait partie du consortium

européen EADS (European Aeronautic Defence and Space

company) où l'anglais est la seule langue officielle.

Autrement dit, cet avion prétendument français ne vole

pas pour la langue française !

Quel est donc notre intérêt, alors d'acheter des avions Airbus -

dont l'état français détient pourtant 15 % du capital, rappelons-

le -, puisque cette société ignore notre langue et n'est même pas

capable, sur son propre sol, de respecter, et de faire respecter,

notre langue, la langue de la République (article 2 de la Consti-

tution).

Et si nous demandions, nous, à Messieurs Lellouche et

Carayon d'exiger plutôt des entreprises françaises qu'elles

parlent français, en réaffirmant, haut et fort, qu'entre un

produit français qui parle anglais et un produit étranger

qui nous fait l'honneur de respecter notre langue, c'est le

second qu'il faut acheter ?

Oui, il ne peut pas y avoir de patriotisme industriel lorsque les

industriels en question kollaborent à la mise à mort de notre

langue sur le plan international.

Pour le respect de notre identité, pour notre existence en tant

que peuple francophone, pour l'avenir de la Francophonie, pour

la diversité linguistique du monde, c'est plutôt le patriotisme

linguistique qu'il faut privilégier.

Jean-Pierre Colinaro

(30) Nîmes

Pour un patriotisme linguistique,

plutôt qu'industriel.

En effet, force est de constater que par le biais de l'aide

publique au développement, plusieurs milliards d'euros sont

donnés chaque année à des entreprises. À l’heure où l’État

n’a plus de sous et veut faire des économies sur tout,

pourquoi ne pas lui demander d’enlever les aides publiques

aux entreprises qui ne respectent pas la langue française ?

Pour lutter contre l'anglicisation de notre société, contre le

fait, notamment, qu'un grand nombre d'entreprises de France

jouent contre la langue française en adoptant des dénomi-

nations à consonance anglaise, en privilégiant l'anglais à l'ex-

port, en préférant la terminologie anglophone plutôt que fran-

cophone, "e-mail" au lieu de « COURRIEL », "newsletter" au

lieu de « INFOLETTRE », etc. Il serait donc judicieux ... de ne

pas donner d'argent public aux entreprises (et aux artistes)

qui ne respectent

pas pleinement LA

LANGUE DE LA

RÉPUBLIQUE ! Bref, pas d'argent

de nos impôts à ceux

qui crachent sur

notre LANGUE !

Cette mesure ne

c o û t e r a i t p a s

d’argent à l’État et

inciterait fortement

les entreprises et les

artistes à se donner

une image franco-

phone.

Demandons donc à

nos sénateurs, à nos

députés et à tous nos

élus d'assujettir toute

aide publique aux

entreprises, et aux

artistes, au fait que la

langue française soit

pleinement respectée.

Et, s'il n'y a

pas de lois

pour exiger

cela, qu'ils les

fassent !

Pas d’argent public aux

fossoyeurs de notre langue !

Le député Jean-Pierre Georges s’est offusqué

récemment du fait qu’il y avait des

professionnels qui se rémunéraient

grassement pour trouver des aides

publiques à des entreprises qui leur

confiaient le soin de chercher ces

subventions pour elles.

L’intervention de ce député, au-delà

du problème qu’il a soulevé, nous a

poussés à une réflexion sur les

conditions d’attribution de ces

aides publiques.

Écrivons aux députés Lellouche et Carayon :

Assemblée nationale - 126 rue de l'Université

75355 Paris 07 SP

Courriel pour écrire à Bernard Carayon :

[email protected]

Formulaire pour écrire à Pierre Lellouche :

http://www.pierre-lellouche.fr/index-9.php

Page 4: Fraterniphonie n°64

FRATERNIPHONIE No 64 Page 4

Voyons, maintenant, si Albert, à l'occasion de son mariage à portée internationale, s'est présenté en digne sujet de la Franco-phonie institutionnelle.

Constatons, tout de même, que cela fait plus de cinq ans que Charlène, son épouse, fréquente Monaco et qu'elle n'est toujours pas capable d'aligner deux mots de français ! Albert serait-il un mauvais ambassadeur de la langue française, un mauvais élève de l'OIF ?

Est-ce que nos journalistes, d'ordinaire si prompts à critiquer les Français qui ne parlent pas les langues étrangères ont demandé à Charlène, lorsqu'ils ont eu l'occasion de lui adresser la parole, pourquoi elle ne parlait pas un mot de français ?

— Non, bien sûr ! trop contents de parler anglais avec elle, nos journalistes n'ont rien eu à lui dire sur le sujet ! Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? Pourquoi, selon que vous êtes puissant ou misérable, francophone ou anglophone, les médias peuvent vous rendre blanc ou noir, sympathique ou attardé !

Cela dit, nous avons remarqué, cerise sur le gâteau, qu'Albert, lors de son discours au Dîner de son mariage s'est exprimé en anglais et uniquement en anglais ! Stupéfiant, non ? Monaco serait-il devenu un nouveau Rwanda linguistique ?

Est-ce qu'Albert s'est rattrapé, cependant, lors du discours de bienvenue qu'il a fait sur scène pour introduire le concert que Jean-Michel Jarre (un autre anglo-colonisé) a fait en l'honneur de ses noces. — Non, Albert a parlé en anglais la plupart du temps !

Décidément, pour ce genre de personnage, à n'en pas douter, les Sommets de la Francophonie ne doivent être qu'une occa-sion de plus d'aller se promener et de faire de belles photos, mais pas, l'occasion d'élaborer une politique linguistique forte pour maintenir la langue française sur le plan international. Le français pour lui, ce doit être un peu comme les pauvres, ce n’est pas son problème ! QUEL MANQUE DE NOBLESSE !

Rappelons cependant à ce petit Prince que plus de 52 pays à travers le monde forment l'Espace francophone, que c'est un ensemble qui, aux environs de 2050, selon l'UNESCO, représentera plus de 750 millions de francophones et que tout cela nous donne une bonne raison pour ne pas abdiquer face aux angliciseurs de tout poil et de ne pas le suivre sur son minuscule rocher en voie d'anglicisation.

Juillet 2011, Albert de Monaco

se marie avec l’anglais !

Manifester dans la rue aujourd’hui, est la seule action possible à l’encontre d’un pouvoir politico-médiatique qui ne cesse d’occulter toute information, tout article ou toute dépêche concernant le caractère néfaste de l’évolution contemporaine que les soi-disant « élites » font subir à notre langue, de manière totalement artificielle, mais non moins réelle.

Nous ne sommes pas une bande de fanatiques ou de puristes partis à la chasse de quelques anglicismes, mais, au contraire, nous sommes là pour faire prendre conscience au plus grand nombre que les problèmes qui assaillent notre langue nous concernent tous au plus haut point. Par exemple : — 1. Il est impossible aujourd’hui pour un quelconque élève

ingénieur d’obtenir son diplôme sans passer sous les fourches

caudines d’un "First certificate of Cambridge", d’un "TOEFL"

ou d’un "TOEIC" (Note de l’Afrav : Test of English as a Foreign

Langage/for International Communication ou Test d’anglais), même

si l’étudiant concerné a pour seule ambition de travailler pour

une compagnie exclusivement française et n’éprouve aucun

désir de partir s’installer à l’étranger.

— 2. De plus en plus d’écoles et d’universités publiques imposent à leurs étudiants des enseignements en anglais qui sont dispensés par des professeurs français à des étudiants qui sont souvent tous français ou francophones. Au-delà du caractère ridicule de telles situations, cela a pour conséquence que nos futurs ingénieurs et chercheurs ne connaissent souvent plus l’intégralité du vocabulaire de leur profession en français.

— 3. Par la volonté d’une poignée de dirigeants, de plus en plus de conseils d’administration se tiennent en anglais, dans notre pays, au sein de conglomérats exclusivement français et sans qu’aucun anglophone natif y participe.

— 4. De plus en plus de techniciens, dans les hôpitaux et ailleurs, doivent utiliser des modes d’emploi de machines

rédigés en anglais exclusivement, car les sociétés et les organismes qui les emploient ne requièrent plus de documentation en français de leurs fournisseurs. Cette pratique a entraîné d’innombrables accidents dont la cause véritable a toujours été passée sous silence par nos médias.

— 5. Des compagnies prétendument françaises qui fabr iquent des machines-outils, de la machinerie lourde (turbines, locomotives par exemple) vendent quelquefois à des pays francophones leur matériel accompagné d’une documentation

rédigée exclusivement en anglais qu’ils doivent par la suite faire retraduire en français, à leurs frais, entraînant ainsi des surcoûts qui les incitent à se rediriger vers la concurrence américaine, chinoise, japonaise ou coréenne qui prend mieux en compte leurs besoins.

— 6. Dans le domaine de l’aviation, loin de constituer une panacée au problème de la communication internationale, l’usage imposé de l’anglais entre les tours de contrôle et les avions a eu pour résultat un nombre étonnamment grand d’accidents dont les causes véritables ont toujours été occultées par les médias.

— 7. Lors de colloques scientifiques se tenant dans notre pays, la tolérance ne consiste plus à accepter quelques présentations en anglais, mais à renoncer totalement à l’usage du français, désormais complètement banni dans les deux formes de la communication : orale et écrite.

Manifestons pour le français

Vous ne vous croyez pas concerné pour aller manifester pour le français ? Détrompez-vous !

RAPPEL : La langue officielle de Monaco est le français et la principauté fait partie de la Franco-phonie (OIF). Au dernier sommet de la francophonie à Montreux, en Suisse, chaque état membre s'est engagé à s'exprimer en français à l'international.

Drôle de couple où Charlène "Speak White",

c’est-à-dire parle la langue des racistes WASP et

Albert "speak" la langue des paradis fiscaux !

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— 8. Les universitaires et les chercheurs doivent désormais rédiger leurs demandes de financement en anglais pour obtenir des subventions, non seulement de la Commission européenne, mais encore au niveau national (ANR = Agence nationale de la recherche), tandis que leur communication avec Bruxelles,

implique le plus souvent exclusive-ment des francophones, comme c’est toujours le cas avec l’ANR.

— 9. L’étude de l’anglais a été im-posée à nos magistrats, alors qu’ils sont censés travailler exclusivement dans la langue de la République.

— 10. Une préférence d’embauche se manifeste de plus en plus dans notre pays pour les « anglophones natifs » au détriment des Français et des francophones qui deviennent ainsi l’objet d’une discrimination ouverte par d’autres Français, et des sous-citoyens dans leur propre pays !

— 11. Nos écoles d’administration des affaires, qui sont totalement

noyautées par des anglolâtres, n’ont de cesse de diffuser les méthodes et l’idéologie anglo-saxonnes qui ont abouti à la catastrophe économique qui sévit aux États-Unis et qui ont ainsi contribué à créer les problèmes monétaires, financiers et économiques que nous subissons aussi en Europe.

— 12. De moins en moins d’étrangers non francophones sont intéressés par l’étude de notre langue du fait que la France est perçue de plus en plus de l’extérieur comme une colonie anglo-américaine.

— 13. Nos élites font l’inverse de ce que notre Président, M. Nicolas Sarkozy prône brillamment dans le domaine de la langue et de la francophonie. L’une des premières mesures prises en 2007 fut la ratification du protocole de Londres sur les brevets européens, qui donne valeur légale dans notre pays à des textes rédigés en langue étrangère, principalement en anglais. M. Luc Chatel, annonce l’introduction de l’anglais dès la maternelle, à trois ans pour toutes nos chères têtes blondes et brunes. Mme Valérie Pécresse, de son côté, veut qu’une grande partie de notre enseignement supérieur soit désormais assurée en anglais.

— 14. Nos médias sont totalement inféodés aux intérêts anglo-américains et relaient sans complexe la propagande et l’idéologie anglo-américaine à nos dépens. Nos télévisions, nos journaux, nos magazines, et même notre cinéma dans une certaine mesure, nous abreuvent d’auteurs, de séries et de feuilletons télévisés étatsuniens, de documentaires anglo-saxons dont la promotion se fait aux dépens de nos propres écrivains, de nos romanciers, de nos metteurs en scène, de nos spécialistes de vulgarisation scientifique, de nos producteurs, de nos compo-siteurs et, plus généralement, de nos créateurs d’art populaire qui sont ainsi contraints soit de s’exiler, soit de changer de métier, entraînant ainsi un chômage élevé dans les rangs de leurs professions respectives et une perte énorme de savoir-faire.

— 15. La connaissance des langues étrangères que nos élites prônent se résume presque exclusivement à l’anglais dans un monde qui devient de plus en plus multipolaire et dans lequel l’anglais ne sera bientôt qu’une autre langue parmi tant d’autres qu’il faudra connaître pour faire des affaires à l’échelle internationale. À l’orée de la seconde guerre mondiale, nos militaires étaient en retard d’une guerre. Nos gouvernants d’aujourd’hui sont en retard de plusieurs langues pour faire des affaires dans le monde de demain.

— 16. Ces dernières années, nos syndicats — en collaboration avec Avenir de la langue française —, ont commencé à s’occuper d’un problème totalement nouveau : défendre le droit des travailleurs français en France à s’exprimer dans leur langue sur leur lieu de travail. De

nombreux procès ont ainsi été engagés. Des conférences de presse communes ont été organisées.

— 17. Dans notre pays, ainsi que la plupart des autres pays d’Europe continentale, les médias n’ont de cesse d’introduire de manière totalement artificielle des centaines de néologismes et de mots anglais non traduits dans un but de saboter l’unité de la langue et surtout de servir de véhicule aux intérêts anglo-américains. Il s’agit avant tout de dissoudre les repères verbaux et sociaux traditionnels et de faire émerger une conscience collective éminemment favorable aux intérêts anglo-saxons. Qui possède les mots peut affirmer sa représentation et sa vision du monde et éliminer ainsi les nôtres. Les guerres absurdes auxquelles la France participe actuellement et qui suscitent fort peu d’opposition ne sont qu’un avant-goût de ce qui nous attendrait si cette tendance se prolongeait.

— 18. Dans le domaine de la recherche, le manque de créativité française est en partie dû au fait que l’esprit de nos scientifiques est partiellement stérilisé par le conformisme et l’imposition de facto des sujets de recherche qui découlent de l’adoption généralisée des critères de choix et d’évaluation anglo-saxons au niveau des ministères associés et des directeurs d’organismes de recherche.

— 19. L’enseignement quasi exclusif de l’anglais aux dépens des autres langues a, en Europe, créé des flux financiers démesurés en faveur des pays anglo-saxons de centaines de milliards d’euros comme l’a démontré, il y a quelques années, l’économiste des langues François Grin, de l’université de Genève, à un moment où les services sociaux pâtissent de la crise et où la paupérisation des classes moyennes est en constante augmentation. Etc.

Nous sommes très loin des soucis des puristes de la langue. Nous sommes de facto des sujets d’un empire qui veut s’affirmer et verrouiller ses positions dans les cœurs et les esprits aussi bien que militairement dans d’autres parties du monde. Comme dans l’ex-Union soviétique, nous assistons à une tentative de remodelage massif des cerveaux par les prescripteurs d’opinion pour accepter cet état de fait, pour accepter une infériorité intrinsèque et structurelle comme citoyens d’une province de l’empire et pour que nous lui fassions allégeance. L’empire a réécrit en partie notre histoire en affirmant qu’il est bon et qu’il est bien, que sa présence et sa structure nous apportent bonheur, prospé-rité et fraternité par intercompréhension mutuelle. En fait, c’est tout le contraire qui se passe. L’adoption généralisée des règles économiques de l’empire ruine nos peuples, notre industrie, notre agriculture et, par la concurrence exacerbée qu’elles entraînent, fait resurgir des risques de guerre et d’instabilité à l’échelle planétaire. Loin de faciliter notre communication, la langue de l’empire stérilise notre créativité et nous condamne dans des rôles de suiveurs et de supplétifs de l’armée américaine au sein de l’OTAN. À l’exception d’une infime minorité, notre société se paupérise, notre créativité s’étiole, notre prestige disparaît et … oui, tous ces problèmes sont liés de près ou de loin à notre langue !

Pour affuter votre argumentaire pour la langue

française, la Francophonie et la lutte contre le tout

anglais, lisez et faites lire les livres

de Charles Xavier Durand.

Aux Éditions François Xavier de Guibert, E.M.E,

l’Harmattan et disponibles également en ligne sur

amazon.fr, chapitre.com et alapage.fr.

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À Paris, avec plus de 1200 personnes, les Francophones sont descendus dans la rue pour s’opposer au tout anglais, langue devenant de plus en plus envahissante, étouffante en effaçant le français et son utilisation dans : les entreprises, les universités, les écoles, les commerces, les médias, les loisirs, la diplomatie, etc.

Ce samedi, 71e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940, un autre appel à résistance s’est déroulé dans le quartier latin de Paris sous la forme d’une grande marche très colorée, aux multiples drapeaux, panneaux et banderoles.

32 associations étaient présentes à cette marche dont l’A.FR.AV, ainsi que de nombreuses délégations françaises et ét rangères avec leurs drapeaux respectifs, acadiens, français, haïtiens, italiens, i vo ir ie ns , maur ic ie ns , québécois et Wallons.

Le but de la manifestation était d’alerter les pouvoirs publics pour marquer un coup d’arrêt à la grande offensive en cours depuis des années contre la langue française et la Francophonie.

Nous demandons aussi au gouvernement français l’organisation d’États généraux de la langue française et de la Francophonie.

Les secteurs les plus touchés par le tout anglais : Les entreprises cent pour cent françaises : Conseils d’admi-

nistrations où se déroule le tout anglais, sans la présence du moindre anglophone.

Les universités, les écoles : Elles imposent aux étudiants français ou francophones, des cursus en anglais donnés par des professeurs français.

Les Hôpitaux : Ils obligent leurs techniciens à utiliser des modes d’emploi exclusivement en anglais. Source de nombreux accidents, les médias ont toujours masqué cet état de fait.

La justice : Sur décision de Mme Rachida Dati, l’apprentissage de l’anglais obligatoire pour tous les magistrats français.

Réunions Scientifiques : En France, l’usage du français est complètement proscrit dans les communications écrites et orales.

Universitaires et chercheurs français : Les demandes de

financement à la Commission européenne ou à l’Agence nationale de la recherche doivent se faire tout en anglais

Les médias français : Avec la culture anglo-saxonne et en nous imposant des auteurs et des productions étatsuniennes, les talents français se retrouvent soit au chômage, soit contraints à l’exil.

La diplomatie : Le français disparaît de la vie diplomatique, la tendance est de ne plus l’utiliser et de le remplacer par l’anglais.

Avant la marche, devant le Panthéon, les voix du sursaut furent celles des représentants d’associations et de partis : celles de M. Claude Hagège, des élus Jean-Pierre Chevènement, Jacques Myard, Nicolas Dupont-Aignan, Paul-Marie Coûteaux et Patrick Louis, celles des Mariannes de la République, du CRAN, du Carrefour des Acteurs sociaux, des Ivoiriens de France, d’un syndicaliste italien venu de Rome, du CO.U.R.R.I.E.L, etc.

Pour dire « non à l’anglais partout ».

Pour dénoncer la superclasse mondiale qui, pour l’argent roi et l’empire actuellement anglo-saxon, détruit les nations, leurs langues et leurs cultures.

Pour condamner telles élites de leurs pays qualifiées par Michel Serres de « collabos de la pub et du fric ».

Pour dire avec Umberto Eco que « la langue de l’Europe, c’est la traduction ».

Pour affirmer la solidarité des peuples francophones dans la défense et l’illustration de leur patrimoine commun et de la diversité linguistique et culturelle de l’Europe et du monde.

Pour exiger l’organisat ion officielle en France d’états

généraux de la langue française et de la Francophonie avec toutes les forces vives de la Nation

Pendant la marche, le long cortège a été accueilli favorablement par des applaudissements, aux cris de « Vive la défense de notre langue ! ».

Félicitons Albert SALON, Président d’Avenir de la

langue française (ALF*) qui a réussi à organiser,

contre vents et marées, le 18 juin, à Paris, une Marche

en faveur de la défense de la langue française et de la

francophonie, BRAVO !

Le 18 juin 2011 au Panthéon, à Paris

* 34 bis rue de Picpus - 75012 Paris - (courriel : [email protected])

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Allocution d’Albert SALON, ex-Ambassadeur et

Président d’Avenir de la langue française

Amis, vous êtes là ! De divers coins de France, de plusieurs pays francophones aussi, de Wallonie, de Bruxelles, du reste de la Belgique ; du Québec, de l’Acadie, du reste du Canada ; de Haïti, de Côte d’Ivoire, en délégations nationales derrière vos drapeaux.

De toutes les familles spirituelles et politiques de la France, et de toutes les couleurs de peau.

Beaucoup d’entre vous sont venus en individuels, de France, bien sûr, « tout de même » !, et des citoyens du Cambodge, du Laos, du Vietnam, de la Chine, de pays de l’ancien Empire ottoman, du Burkina Faso, du Cameroun, du Mali, du Sénégal, du Maroc et de l’Algérie, de la Tunisie et de Maurice, d’Italie aussi et de divers pays d’Europe qui ne sont pas francophones, mais qui considèrent avec Umberto Eco que l’Europe si diverse, aux cultures millénaires qui veulent rester elles-mêmes, ne doit pas avoir une langue hégémonique, et que « la langue de l’Europe, c’est la traduction ».

Vous êtes tous là par attachement à vos langues et à vos civi-lisations, et pour contribuer à repousser l’offensive récemment redoublée, presque désespérée, d’un système économique et financier devenu fou et destructeur, d’un empire qui met ses dernières forces, avec l’aide de ses nombreux et puissants colla-borateurs dans nos divers pays, pour verrouiller, bétonner, tenter une pérennisation de son pouvoir sur ses alliés ou vassaux actuels, par l’imposition partout de l’anglo-américain.

Vous êtes là pour affirmer vos civilisations, pour refuser leur destruction systématique qui est en cours. Pour résister !

D’autres personnes vont vous le dire. Je leur passe la parole. D’abord à des personnalités qui, faute de pouvoir marcher

aujourd’hui avec nous, nous ont envoyé des messages de soutien, notamment d’un Prince de la Maison de France, de l’Académicien Alain Decaux, et de MM. François Bayrou, président du MODEM, et Jean Lassalle, député,

En accord avec nos amis du Forum pour la France. La flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre

et ne s'éteindra jamais...

Claude Hagége,

linguiste, écrivain,

professeur au Collège

de France.

Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du

Mouvement républicain et

citoyen (MRC), vice-président

du Rassemblement

démocratique et social

européen (RDSE)

Nicolas Dupont-Aignan, député-maire de Yerres

(Essonne), président de

Debout la République (DLR),

co-président du parti européen

EUDemocrats - Alliance pour

une Europe des Démocraties.

Lapo Orlandi, Vice-

secrétaire de l'Era Onlus,

association pour la

démocratie linguistique

(Italie).

Altermath-Nyogol

-Massing,

Présidente de la

Fédération du

Conseil des

Mariannes de la

République (CMR)

Nous remercions Madame Noëlle Vesser qui a dignement

représenté l’A.FR.AV lors de cette Marche et nous remercions

Monsieur Albert Salon pour l’accueil chaleureux qu’il lui a

accordé. Mme Vesser s’était donné pour mission d’animer

l’équipe Afrav sur Paris et de distribuer 300 drapeaux en papier

de la Francophonie lors de la Marche :

Mission accomplie, bravo ! Nous vous rappelons que pour les manifestations à venir dans

la région parisienne, l’objectif de l’Afrav est d’arriver à consti-tuer une équipe autour de notre représentante afin d’être le plus efficace possible, n’hésitez donc pas à prendre contact avec Mme Vesser (Merci, pour cela, de passer par notre secrétariat).

Note de l’Afrav : Comme nous avons pu le constater, hélas, il n’y a eu d’échos de cette Marche ni dans les journaux, ni à la radio, ni à la télévision. Les médias, c’est connu, freinent des deux pieds lorsqu’il s’agit de parler de la défense de la langue française, de la francophonie et de la lutte contre le tout anglais. Pour le cas, le 18 juin au soir, les médias, sur les ondes, ont préféré parler d’une manifestation de motards plutôt que de la nôtre. Scandaleux ! Mais que cela ne nous démoralise pas, bien au contraire, car c’est bien parce que nous sommes gênants, parce que nous sommes des empêcheurs d’angliciser en rond, qu’ils font semblant de ne pas nous voir. D’ores et déjà, pour forcer leur regard vers nous, pour ouvrir leurs oreilles, préparons-nous à aller à la prochaine manifestation, plus nombreux, plus forts !

Quelques-uns des orateurs :

Paul-Henry

Gendebien, Président

du Rassemblement

Wallonie France (RWF),

et Albert Salon.

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ATTAC, ATTAQUÉE PAR L’ANGLAIS !

Monsieur le Sénateur-maire, J'ai le regret de vous annoncer que nous procéderons à une mise en demeure au niveau du tribunal administratif, dans le mois qui vient, si vous ne prenez toujours pas de dispositions pour mettre en conformité avec la législation en vigueur, les panneaux descriptifs des monuments de la ville de Nîmes. En effet, comme nous vous l’avons précisé dans notre lettre du 3 août 2008, dans notre lettre du 18 février 2009, de vive voix au forum des associations le 4 septembre 2010, et comme nous l’avons précisé aussi le 22 septembre 2010 dans une lettre adressée à M. Daniel-Jean Valade, l’adjoint délégué à la Culture de la ville de Nîmes, l’affichage bilingue français-anglais est illicite, voir en cela

l’article 4 de la loi n°94-665, dite loi Toubon. Loin de constater que vous faites un effort pour mettre dans la légalité la signalétique de nos monuments, ou de nos endroits remar-

quables, nous avons remarqué que les panneaux récemment mis sur la nouvelle avenue Jean Jaurès étaient également entachés d’illé-galité puisque, eux aussi, sont bilingues français-anglais.

La récente signalisation de la restauration des Arènes de Nîmes nous vaut une "Restoration of Arena", c’est-à-dire, encore et toujours, un affichage illicite français-anglais.

Pour information, sachez que Mme Marie-Josée Roig, députée-maire d’Avignon, à laquelle nous avions fait remarquer, à elle aussi, que l’affichage bilingue destiné au public était hors la loi, vient de se mettre en conformité en adjoignant aux descr iptifs français-anglais des monuments de la ville d’Avignon, une version italienne.

Ainsi dit, pourquoi ce que peut faire, pour le respect de la loi, Madame la députée-maire d’Avignon, Monsieur le sénateur-maire de Nîmes ne pourrait-il pas le faire ?

En espérant que vous voudrez bien enfin entendre raison et que vous éviterez ainsi à votre ville un procès au tribunal administratif, je vous prie d’agréer, Monsieur le Sénateur-maire, l’assurance de ma considération distinguée.

Régis Ravat,

Président de l’A.FR.AV.

Voici peut-être la fin de l’incroyable saga des panneaux illicites de la ville de Nîmes, une saga qui a commencé en août 2008. Apparemment, c’est la menace de traduire en justice le maire de Nîmes devant le tribunal adminis-tratif qui a permis cette fin heureuse.

Preuve, hélas, qu’il n’y a que les menaces et le rapport de force qui sont entendus dans ce genre d’affaire.

Panneaux illicites

à Nîmes !

Manduel, le 15 juin 2011

L’incroyable saga des panneaux illicites des monuments de Nîmes

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(Québec) Le Mouvement Québec français (MQF), qui avait contribué à l'adoption de la loi 101 en 1977 avant de s'éteindre il y a une trentaine d'années, renaît de ses cendres devant l'anglicisation de la métropole - où les francophones représentent maintenant moins de 50 % de la population - et la perte de vitesse du français au Québec.

C'est du reste à Montréal qu'est née la première association du groupe, en 2006, avant de faire des petits un peu partout au Québec. Des représentants de chaque association étaient présents, le dimanche 5 juin, au Musée national des beaux-arts, pour l'assemblée constitutive du Mouvement Québec français.

« C'est très important que tout le monde prenne conscience du déclin du français et de l'urgence d'agir », déclare le président du MQF, Mario Beaulieu. Parce qu'à l'entendre, il y a péril en la demeure, et pas seulement à l'Ouest du Stade olympique.

« C'est sûr qu'il y a des gens qui nous disent : bon ! à Québec et dans d'autres régions, il n’y a pas de danger, il n’y a pas beaucoup d'anglophones, il n’y a pas beaucoup d'allophones. Mais avec 50 000 immigrants par année, en l'espace de cinq ans, c'est l’équivalent en immigrés de la moitié de la population de la ville de Québec qui arrive, donc c'est important de réagir. »

Par ailleurs, « l'anglicisation de Montréal se fait aux frais de toutes les régions du Québec », avance-t-il, notamment en raison du financement des institutions anglophones. « Au niveau des cégeps (Note de l’Afrav : collèges d'enseignement général et professionnel, au Québec), c'est 18 % du financement du gouvernement du Québec qui va aux cégeps anglophones. Les universités anglophones reçoivent 25 % du financement pour 8 % de la population. Pour toutes ces institutions-là, et le mégahôpital anglophone qui va coûter trois à quatre milliards par année, ce n’est pas Montréal qui paie cela, mais l'ensemble des régions du Québec. »

Il déplore également que plusieurs entreprises qui font affaire au Québec n'ont pas de site en français sur l’inter-réseau.

Mais c'est l'attraction et l'intégration du français qui semblent au cœur du nouveau MQF. « L'accommodement le plus déraisonnable qu'on vit en ce moment au Québec, c'est le fait de financer des services publics en anglais pour les nouveaux arrivants. Si on veut intégrer les gens, il faut les franciser d'abord », insiste M. Beaulieu.

Pour un Québec francophone !

Selon le Président du MQF, Mario Beaulieu, le français a subi plusieurs reculs depuis la dissolution du MQF, et plusieurs lois ont affaibli la loi 101. « On s'est fait bâillonner, on nous a imposé une loi qui permet à tout un chacun d’acheter le droit d'aller à l'école publique anglaise. Donc, notre réponse au bâillon, c'est la relance du Mouvement Québec français. »

Le Mouvement s'est doté d'une plate-forme de revendications qui tourne autour de l'éducation, de la langue officielle, de la langue de travail et d'intégration. Le MQF entend participer au débat en organisant des manifestations et des campagnes de sensibilisation.

Selon M. Beaulieu, le français a subi plusieurs reculs depuis la dissolution du MQF. « On est parti de très loin. Pendant 15, 20 ans, la question était devenue taboue. » Mais pendant ce temps, « on a eu des coups très durs », plusieurs lois ont affaibli la loi 101 : qu'on pense par exemple, récemment, aux écoles passerelles. « On s'est fait bâillonner, on s'est fait imposer qu'on puisse acheter le droit d'aller à l'école publique anglaise avec de l'argent. Donc, notre réponse au bâillon, c'est la relance du Mouvement Québec français », clame M. Beaulieu.

L'organisme profite du soutien de plusieurs syndicats et de l'Union des artistes (UDA). Présent au lancement, le vice-président de l'UDA, Jack Robitaille, déplore l'apport négatif de certaines stations de radio de la capitale.

« Il y a des radios à Québec qui font leurs fonds de commerce sur la francophobie. Lorsque, par exemple, le Festival d'été de Québec, l'an passé, a annoncé que les artistes francophones ne méritaient pas d'être sur ses scènes, y a des radios qui ont dit "Bravo, nous, on n'aime pas les artistes francophones". »

Recrutement francophone De son côté, Maria Mourani, députée bloquiste (Note de

l’Afrav : parti indépendantiste) d'Ahuntsic et membre fondatrice du Mouvement Montréal français, déplore le « double langage du gouvernement » en matière d'immigration.

« À l'extérieur, quand il recrute les immigrants, il dit aux gens "Venez au Québec, ici c'est français". On recrute justement des immigrants francophones, par exemple de la communauté maghrébine, qui est très diplômée. Ces immigrants franco-phones arrivent au Québec, puis se retrouvent à ne pas pouvoir travailler parce qu'on leur demande [de parler] l'anglais. »

Pierre-Olivier Fortin, Pour Le Soleil, journal québécois

(Source : cyberpresse.ca, du 6 juin 2011)

Après son lancement public le 5 juin 2011

à Québec, la Capitale nationale,

le Mouvement Québec français était au défilé de

la Fête nationale à Montréal le 24 juin 2011

Pour vos vacances, privilégiez les pays

francophones. Voyagez en Francophonie !

Allez notamment au Québec

pour savourer le plaisir

de parler français en Amérique.

Mario Beaulieu,

Président du MQF

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Le visionnage de la vidéo rend parfaitement perceptible le fait que, pour certaines des personnalités invitées, l’usage des mots anglais ne relève pas d’un snobisme particulier, mais tout simplement d’une impossibilité de pouvoir penser totalement dans leur langue. Bernard Ramanantsoa donna clairement l’impression qu’il a oublié depuis belle lurette ce que signifie le sigle « HEC » et que « études commerciales » est définitivement sorti de son vocabulaire. On soupçonne chez lui, et ses pairs, la possibilité d’un blocage de l’expression si le recours à des termes anglais devenait soudain impossible. Cette situation est fréquente chez les gens en voie d’absorption linguistique. C’est par exemple le cas avec certains francophones ontariens au Canada et ce fut le cas dans les colonies avec les indigènes en cours d’assimilation. Dans ses mémoires, Charles Hélou, ancien président de la république libanaise, fait état de situations semblables avec les premiers dirigeants algériens après l’indépendance et qui étaient rigoureusement incapables d’aborder en arabe standard la moindre question politique ou économique. C’est le cas chez tous les individus en état d’assimilation avancée et l’exemple des Bernard Ramanantsoa et consorts n’est certainement pas compatible avec les buts recherchés par les organisateurs du concours des Mots d’Or.

Le discours de Michel Serres, qui fit une conférence extrêmement intéressante dans un français remarquable, ne fut pas totalement exempt d’anglicismes puisque l’on put remarquer qu’il utilisait la désignation « sciences dures » au lieu de « sciences exactes » et qu’il prononçait "iceberg" à l’anglaise (aïcebergue) après justement avoir fait remarquer que ce mot devait être prononcé « issebergue ».

Marco Benedetti, dans un français parfait et dépourvu de toute trace d’accent, fit remarquer que le français est toujours présent à la Commission européenne de Bruxelles dans les dispositifs de traduction et d’interprétariat et qu’il suffit de l’utiliser faisant ainsi allusion au fait que le personnel francophone de la Commission et que les correspondants nationaux et francophones de la Commission sont parmi les derniers à parler leur langue. À qui la faute, sinon au gouvernement français, en particulier, qui ne prévoie aucune sanction vis-à-vis des fonctionnaires qui correspondent avec Bruxelles en anglais ? Un autre intervenant fit remarquer que si l’usage de l’anglais est devenu majoritaire à la Commission, cela s’est fait, en partie, au détriment des anglo-phones natifs qui se désolent du « désespéranto », ainsi utilisé, qui, bien qu’il utilise la grammaire anglaise, semble avoir été rédigée par un ordinateur ignorant de la culture anglaise sous-jacente, une sorte d’idiome distinct de la langue utilisée dans les pays anglophones authentiques tels que l’Angleterre ou les États-Unis et que, trop souvent, les Anglais ne comprennent pas ou comprennent mal.

Hélène Carrère d’Encausse me surprit également lorsque, en s’adressant aux lauréats du concours des Mots d’Or, elle les encouragea à se détourner de « la facilité » qui consisterait à prendre un mot anglais pour désigner un nouvel objet ou concept dans leur domaine d’étude. Le secrétaire perpétuel de l’Académie française donne ainsi une préférence à l’anglais, alors que le choix d’un mot anglais n’a rien de « plus facile » dans toutes les langues qui ne partagent aucune racine commune avec l’anglais. Si un Scandinave opte souvent pour un mot anglais non traduit, ce ne sera certainement pas le cas avec les locuteurs de la plupart des langues asiatiques, à l’exception des Japonais, pour lesquels le mot anglais n’évoque rien ou certainement rien de plus que s’il s’agissait d’un mot espagnol, russe ou bantou ! De plus, comme

l’avait fait remarquer le linguiste étatsunien Sapir, le fait que les locuteurs de la langue anglaise acceptent souvent de faire avec un substantif un verbe et un adjectif ne facilite en rien l’apprentis-sage de l’anglais par un non-anglophone dans la mesure ou l’absence patente de signes gramma-ticaux a pour résultat des difficultés et des ambiguïtés n’existant pas dans d’autres langues

européennes plus structurées. Il est ainsi curieux de constater l’impact du lavage de cerveau en faveur de l’anglais qui est dispensé par les médias occidentaux et qui atteint même ceux dont la fonction est justement d’engager une réflexion en faveur du français. De la même manière, on est un peu surpris que des hauts fonctionnaires tels que Xavier North ou Jacques Toubon doivent défendre la loi du même nom pour la débarrasser de

tout caractère prétendument « raciste », coercitif et obligatoire que ses opposants lui attribuent,

alors qu’elle n’est même pas appliquée par les organismes d’État ! Quelle ne fut pas ma

surprise, lorsque j’eus récemment la curiosité d’interroger le site de l’université de techno-

logie de Belfort-Montbéliard, une institution qui, à l’exception des cours de langue, fonctionnait totalement en français lorsque j’y travaillais, de m’apercevoir que de nombreux enseignements sont désormais dispensés en anglais, alors que cette université, qui fonctionne comme une école d’ingénieurs, dépend totalement de l’État pour son fonctionnement ! Pierre-Emmanuel Richard, chef du service de la communication à Bercy, s’est déclaré être contre le mélange des langues, mais avoue implicitement que l’usage de mots anglais est nécessaire dans les messages d’un chargé de communication

qui désire en maximiser l’impact, là encore comme si l’usage de l’anglais était indispensable et attendu par un francophone désireux de s’informer dans sa langue. Ce n’est pas un tel commentaire qui surprend mais, plutôt, la prise de conscience de l’ampleur du conditionnement qu’a subi une telle personne pour proférer pareille absurdité !

Comment tolérer les incohérences et les contradictions de la plupart des personnalités invitées qui préconisent un enseigne-ment en anglais tout en soulignant l’importance du français et, plus particulièrement du français des affaires ? Comment ne pas faire le lien immédiat entre l’usage de l’anglais par la plupart des fonctionnaires français qui correspondent avec la CE de Bruxelles quand les cours dispensés par les écoles françaises qui comprennent dans leurs intitulés le mot « Europe » sont dispensés presque toujours en anglais ? Comment Bernard Ramanantsoa peut-il prétendre que l’excellence en français est toujours une priorité lorsqu’il dit que 50% du personnel

enseignant de HEC n’est pas francophone ? On croit rêver ! Le Vietnamien Nguyên Duy Tân releva en partie ce type de contradiction en soulignant que les commissions, dont il fait partie, font des recommandations de termino-logie qui ne sont jamais suivies, invalidant

implicitement le rôle de ceux qui sont censés les faire respecter, tout en citant Confucius qui, à la demande d’un empereur de Chine, avait tout sim-plement dit qu’il fallait rétablir le sens des mots en lieu et place d’une réforme que le pouvoir réclamait ! Le proverbe prescrit que « le linge sale doit se laver en famille » et on

Mots d’Or et Trophées du langage (2/3)

Voici la suite du compte-rendu qu’a fait Charles Durand sur

la cérémonie des Mots d'Or et des Trophées du langage qui s’est

déroulée à Bercy, le 16 mars dernier (la première partie a été

publiée dans le n°63 de Fraterniphonie, page 10).

B. Ramanantsoa,

un lauréat de la

Carpette anglaise

pour parler de

l’avenir de la

langue française,

pourquoi pas un

pyromane pour

parler de l’avenir

des forêts ?

Nguyên Duy Tân

se demande à quoi

servent les commissions

de terminologie

puisque leurs

recommandations ne

sont jamais suivies !

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comprend mal qu’un état des lieux si nécessaire pour les fran-cophones n’ait pas été considéré comme malséant pour des jeunes étudiants qui ont pris avec enthousiasme parti pour la langue française en participant au concours des Mots d’Or.

Il est certain que, vis-à-vis du comité d’organisation de cette

manifestation à Bercy, l’autorité de Michel Serres, proportion-nelle au temps de parole qui lui fut attribué, est directement liée au poste qu’il a occupé durant de longues années au sein de

l’université Stanford, qui est considérée par les anglolâtres comme l’un des principaux temples du savoir anglo-saxon. L’intérêt que lui a consacré une grande université étatsunienne

est, à l’heure actuelle, pour nos élites, la caution nécessaire et indispensable dont bénéficie le personnage et qui lui donne le droit de parole à Bercy. Cela dit, il n’a abordé, dans sa confé-

rence, le lien entre langue et savoir que trop brièvement pour convaincre des gens n’ayant pas réfléchi préalablement à cette relation qui est, la plupart du temps, passée sous silence. Il n’a

pas non plus évoqué le problème décrit par Marc Chesney, pro-fesseur en finance à l’université de Zurich, que posent les ensei-gnements en anglais. Chesney dénonce ainsi une uniformisation

des enseignements par le biais de l’anglais dont les contenus s’alignent inévitablement sur ceux des universités anglo-saxonnes et particulièrement étatsuniennes, ignorant les contri-

butions individuelles extérieures à ce monde-là, se faisant automatiquement les relais de la propagande et des idéologies anglo-saxonnes en matière d’économie et de science, servant de

caisse de résonance aux prétendues nouveautés que me monde anglo-saxon engendre au détriment de celles des autres pays.

J’aurais aimé entendre de Michel Serres que, loin de constituer un attrait supplémentaire pour les étudiants étrangers, la perspective de ces enseignements en anglais affaiblit considéra-

blement l’intérêt de ces mêmes étudiants à rechercher une admission dans les établissements prétendument francophones. Christian de Boissieu remarquait que, contrairement à ce qui se

passait il y a dix ou quinze ans, les écoles françaises d’ensei-gnement supérieur n’attirent plus les meilleurs étudiants du Maghreb qui sont pourtant, pour la plupart, de parfaits franco-

phones. Comment peut-on faire semblant d’ignorer que les meilleurs étudiants étrangers se détourneront automatiquement de la France quand ses universités prétendument

« francophones » dispensent un enseignement en anglais, assuré par des Français, puisqu’une telle pratique lui soulignera implicitement que la langue française est inadaptée pour le dis-

penser. Comment ne pas comprendre que la présence d’un pro-fesseur anglais ou étatsunien dans une grande école ou une université française soulignera une insuffisance française appa-

rente dans la spécialité enseignée, même si ce n’est pas le cas ? Comment Christian de Boissieu peut-il faire semblant d’être surpris que les étudiants de l’université de Lisbonne ne lisent

plus directement en français les livres techniques et communi-cations en français depuis que les Français eux-mêmes les rédigent en anglais, confirmant ainsi implicitement que tout ce

qui n’est pas écrit en anglais ne vaut plus la peine d’être lu ? (suite et fin au prochain numéro)

M. Charles Durand (06) Nice

Courriel : [email protected]

La STIB (Société des Transport Intercommunaux de Bruxelles, le Métro de Bruxelles), qui est aux mains de la ministre régionale flamande du gouvernement bruxellois, Mme Brigitte Grouwels, a récemment pris une décision particu-

lièrement méprisante pour la majorité de sa clientèle francophone. En effet, suite à de prétendues plaintes de navetteurs flamands, qui l’auraient interpellée en lui demandant pourquoi elle

ne passait pas de chansons en néerlandais dans ses 69 stations, la STIB avait purement

et simplement décidé de ne plus programmer de chansons en ...français. Initialement, son intention était de diffuser de la musique sélectionnée sur la base des classements internationaux qui sont

largement dominés par des succès en anglais et accessoirement en français, mais jamais en néerlandais.

Devant quelques plaintes de néerlandophones, la STIB a décidé de ne plus programmer que des chansons anglo-saxonnes (70%), italiennes (15%) et espagnoles (15%) jusqu’à 21h00, heure à laquelle la musique classique prend le relais.

Le français est donc banni par la STIB dans une Région francophone à plus de 90%, un peu moins en semaine avec la présence des navetteurs flamands. Pourquoi, à côté des succès anglo-saxons, quasi inévitables de nos jours surtout auprès des jeunes, ne pas avoir accordé une part belle au français avec une présence logiquement moins évidente du néerlandais dans une Région très majoritairement francophone, et ainsi contenter tout le monde ?

Le grotesque fut atteint lorsque la porte-parole de la STIB, une certaine An Van Hamme, interrogée par plusieurs médias, signala que les artistes francophones et néerlandophones peuvent être programmés à condition que leurs œuvres soient chantées en anglais…

Levée de boucliers. Dès que la chanson française ne se fit plus entendre dans les stations, très vite de nombreux utilisateurs francophones réagirent, ce qui fit rapidement reculer la STIB. Une levée de boucliers qui ne resta donc pas

sans effet. Preuve est donnée que lorsque les gens de la rue manifestent leur mécontentement, l’autorité est obligée de les écouter. Il faut toujours réagir dans ce type de situation.

Dans les prochaines semaines, la STIB va établir un quota de chacune des deux langues officielles de la Région bruxelloise qui seront ensuite réintroduites dans la programmation musicale. Espérons que ce quota soit établi en fonction de la réalité linguistique à Bruxelles et pas à la hauteur de 10% de la programmation pour chacune des deux langues comme l’annonce la rumeur !

Signalons que ce triste spectacle a été offert avec le soutien des ministres francophones du gouvernement bruxellois (PS-cdH-Écolo), Charles Picqué en tête, qui, lorsque la STIB décida de chasser la chanson française de ses stations, n’ont pas bougé le petit doigt pour ne pas contrarier leur chère collègue Brigitte Grouwels, celle qui, un jour, envisagea d’introduire dans les ministères de la Région flamande, où elle était ministre à l’époque, des claviers querty en lieu et place des claviers azerty jugés trop... latins. Tout est dit !

M. Guy Debisschop, Rédacteur en Chef de la revue Perspectives francophones,

Avenue des Arts, 19F 1000 BRUXELLES

Retour de la chanson en français

dans le métro bruxellois

Mme Brigitte Grouwels,

ministre flamande

Pour vos voyages, privilégiez

les pays francophones.

Et pourquoi ne pas aller

en Louisiane, au Grand Réveil acadien,

du 7 au 16 octobre 2011 ?

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BULLETIN(1) d’adhésion ou de renouvellement d’adhésion à l’A.FR.AV.

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À ..................................... le ...................... Signature :

(1) à photocopier, copier ou découper.

(2) biffer les mentions qui ne correspondent pas à votre choix.

Comme chaque été, depuis 3 ans,

Arte, chaîne publique franco-

allemande, a lancé sa campagne

« Le français se meurt » avec sa

série des "Summer of...". Cette

fois-ci, nous avons droit à

un "Summer of Girls".

Comment se fait-il que chaque

année, cette chaîne puisse recon-

duire ainsi, en toute impunité, une

telle opération anglicisante, alors

qu 'en toute log ique, Ar t e

devrait plutôt promouvoir les

langues allemande et française ?

Pour que cette chaîne cesse de

servir les intérêts linguistiques des

Anglo-Saxons, n'y aurait-il pas,

dans son cahier des charges, des

clauses qui l'empêcheraient de

dériver ainsi vers toujours plus

d'anglomanie ?

Le tribunal administratif a fait

plier le maire de Nîmes sur les

panneaux illicites de sa ville, existe-

rait-il une juridiction semblable

pour faire plier Arte ?

Remerciements à nos aimables correctrices :

Mme Juliette de Rougé (49) Segré,

Mme Madeleine Laval (30) Manduel.

FRATERNIPHONIE Parc Louis Riel

2811, chemin de Saint-Paul

30129 Manduel - France

courriel : [email protected]

Directeur de la publication :

Régis Ravat

Conception et responsable PAO :

Sylvie Costeraste

Directeur mercaticien :

Jean-Pierre Colinaro

Diffusion France et étranger :

Mustafa Bensima

ISSN / 1266-3247

Dépot légal à parution

L’A.FR.AV. est une association

a pol i t i que , de ré s i s ta nce

linguistique et culturelle, régie par

la loi de 1901, déclarée à la

préfecture du Gard et parue au

Journal Officiel le 13 décembre

1989.

Chez Arte, en été,

le français se meurt !

En France, on parle français !

En attendant de trouver cette juri-

diction, écrivons pour protester à :

ARTE G.E.I.E.

Service Téléspectateurs

4 quai du Chanoine Winterer

CS 20035

F- 67080 Strasbourg Cedex

Courriel : [email protected]

Campagne anglicisante

d’Arte, été 2009, avec

Summer of Sixties

(L’été des Années 60)

Campagne anglicisante

d’Arte, été 2010, avec

Summer of Eighties

(L’été des Années 80)

Campagne anglicisante

d’Arte, été 2011,

Avec Summer of Girls

(L’été des Filles)

Nous avons essayé ce nouvel autocollant récemment, à la fin du

mois de juin, à Beaucaire (30), sur les affiches irrespectueuses

de notre langue du nouveau spectacle d’Anthony Kavanagh, .

* Des autocollants adéquats seront tirés pour nos adhérents du Québec et de Wallonie-Bruxelles.

Partant du principe que l’on n’a pas à dire « S’il

vous plaît » pour avoir le droit de respirer, plusieurs

de nos adhérents nous ont fait remarquer qu’en

France, on n’a pas à dire « S’il vous plaît » pour

demander que l’on parle français. Bien évidemment,

ces adhérents ont raison et, c’est la raison

pour laquelle, nous abandonnons l’autocollant

« En français, s’il vous plaît ! » pour éditer à la place

l’autocollant « En France, on parle français* ! »

Cet été, en vous promenant, n’hésitez pas à coller nos

autocollants partout où vous le jugerez nécessaire.

Prenez des photos de votre collage, nous les mettrons

dans la Galerie des Horreurs de notre site. Oui,

n’hésitez pas à coller, et notamment sur les affiches de

ces artistes soi-disant francophones, mais qui crachent

en toute inconscience sur la langue qui les fait vivre !

Bons collages et bonnes vacances à tous !