Fraterniphonie n°57

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FRATERNIPHONIE No 57 Page 1 FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A. FR. AV Parc Louis-Riel - 2811, chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE. www. francophonie-avenir.com - L’A.FR.AV en vidéos sur http://www.youtube.com/user/afrav01 Se retrouver par terre, horizontal, le maillot mouillé sur le sol assé- ché, les pieds en avant au niveau de la tête, voilà ce qui est arrivé au Président Sarkozy, le 26 juillet dernier au parc du Château de Ver- sailles. Mine de rien, cette simple anec- dote nous a montré d’une façon flagrante que celui qui est censé diriger la France, n’a pas su, pour le coup, se diriger lui-même. En effet, faire de la course à pied en plein été sous le soleil de 13 heures, juste après le repas qu’on a voulu léger pour garder la ligne, avoir 50 ans passés et mener la vie d’un jeune affairiste excité, bref, il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir que tout cela pouvait mener à faire un malaise, à se trouver mal au point de quitter les hautes sphères, pour finir au ras des pâquerettes, à contempler la France d’en bas. Si gouverner, c’est prévoir, comme dit l’adage, ne pas prévoir, ce n’est pas gou- verner, pourrait dire le sage. Alors si Sarkozy, le Coureur, n’a pas vu venir le malaise qui allait le mettre à terre, com- ment ne pas douter des capacités de Sar- kozy, le Politicien, qui nous a promis de nous sortir d’affaire ? Dans un domaine que nous connaissons bien, celui de la langue, nous avons l’im- pression comme c’est bizarre —, de retrouver le même Sarkozy du Parc de Versailles, tout aussi inconscient, en train de mener, avec l’équipe de sbires qu’il commande, une course effrénée, mais une course, cette fois-ci, à l’anglicisation générale. Et vas-y l’anglais obligatoire dès l’âge de 7 ans pour nos enfants à l’école ; des stages en immersion chez l’habitants anglophones ; des visioconférences pour organiser la déportation linguistique de nos chères têtes blondes et brunes au pays de la langue élue ; des cours donnés en anglais de nos universités jusqu’à la plus petite école de Commerce, etc. Et continuent les médias de traiter les Français de « nuls » en angliche ; de par- ler « langues étrangères » en ne citant que la langue de Shakespeare ; de faire la publicité, de reportage en reportage, de l’anglais triomphant ; de comparer le suédois, langue régionale, avec le fran- çais, langue internationale ; bref, d’être autant pro-anglais que peuvent l’être en la matière le British Council, la CIA et les Wall Street Institute réunis. Dans cette course folle à l’anglais par- tout, dans ce pari insensé à vouloir faire, à Conclusion : À quoi bon apprendre l’al- lemand, vous disent parents et enfants, puisque les Allemands, dans leur très grande majorité, parlent et comprennent l’anglais. Répétons donc encore une fois que si gouverner, c’est prévoir, ne pas prévoir, ce n’est pas gouverner. Et en l’occur- rence, ne pas prévoir que si demain tout le monde parle anglais en France via le bilinguisme français-anglais généralisé, cela va entraîner la désaffection des cours de français partout dans le monde, et par voie de conséquence, la fin du sta- tut international de notre langue, la fin de la francophonie, la fin du combat pour l’exception culturelle et linguistique, bref, ne pas prévoir tout cela, c’est mon- tré que l’on est, à la fois, totalement in- souciant, inconscient et incompétent. Puissent alors nos politiciens ne plus faire de la politique en courant, et pren- dre plutôt le temps de réfléchir aux conséquences à moyen et à long terme des mesures qu’ils prennent pour le pays, cela nous éviterait, à l’instar du sportif imprudent ou mal préparé, de tomber au bord de la route, d’être disqualifiés et, in fine, d’être jugés inaptes à jouer dans la cour des Grands. Le Président de l’AFR.AV É D I T O R I A L TROISIÈME TRIMESTRE 2009 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 57 tout prix, des Français bilingues français- anglais, c’est la langue française, hélas, qui va mettre pied à terre. Et là encore, force est de constater, que M. Sarkozy et les ministres de sa cour qui l’accompagnent, se montrent totalement incapables d’anticiper les conséquences de leurs mesures anglicisantes. Ils n’ont pas compris apparemment, ou ne veulent pas comprendre, que lorsque les Français par- leront tous anglais, lorsqu’en France toutes les inscriptions seront données en anglais parallèlement au français, les étrangers non-francophones n’auront plus envie, ou ne ressentiront plus l’utilité — sauf quel- ques passionnés de littérature bien sûr —, d’apprendre le français. Cela se passe déjà pour l’allemand que plus personne, ou presque, ne veut appren- dre en France, tant l’anglais est parlé mas- sivement par les Allemands eux-mêmes. Eh oui, comme nous avons pu le constater cet été à Manduel, où fut reçue une délé- gation d’Allemands — Manduel étant jumelée avec la ville de Bischofsheim en Allemagne —, plus de 80% des échanges qui se sont faits entre les deux communau- tés linguistiques ont été en anglais ! Il court, il court, mais où va-t-il nous mener ? Par terre, comme lui ? SOMMAIRE SOMMAIRE SOMMAIRE SOMMAIRE Éditorial : Pour ne pas tomber ! L’école de la soumission linguistique Les lycéens anglais n’apprennent plus le français ! Des Français en anglais au Vietnam ! La chaîne de vidéos de l’A.FR.AV Au pays de Louis Riel Non à la mode de l’« Ail au coeur » De Murlive : Liaisons nécessaires En a-t-on parlé ou en parlera-t-on dans les médias ? Wallonie : le combat pour la langue. Déjouer la propagande officielle Luttons contre les infections Un ver chez les Verts ! Un petit coin de poésie : Léo Miquel Pour un peu de poésie à la télévision L’A.FR.AV en action : ouatés et AG

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Journal de l'Association FRancophonie AVenir (A.FR.AV) - troisième trimestre 2009

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FRATERNIPHONIE No 57 Page 1

FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A. FR. AV

Parc Louis-Riel - 2811, chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE.

www. francophonie-avenir.com - L’A.FR.AV en vidéos sur http://www.youtube.com/user/afrav01

Se retrouver par terre, horizontal, le maillot mouillé sur le sol assé-ché, les pieds en avant au niveau de la tête, voilà ce qui est arrivé au Président Sarkozy, le 26 juillet dernier au parc du Château de Ver-sailles. Mine de rien, cette simple anec-dote nous a montré d’une façon flagrante que celui qui est censé diriger la France, n’a pas su, pour le coup, se diriger lui-même. En effet, faire de la course à pied en plein été sous le soleil de 13 heures, juste après le repas qu’on a voulu léger pour garder la ligne, avoir 50 ans passés et mener la vie

d’un jeune affairiste excité, bref, il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir que tout cela pouvait mener à faire un malaise, à se trouver mal au point de quitter les hautes sphères, pour finir au ras des pâquerettes, à contempler la France d’en bas.

Si gouverner, c’est prévoir, comme dit l’adage, ne pas prévoir, ce n’est pas gou-verner, pourrait dire le sage. Alors si Sarkozy, le Coureur, n’a pas vu venir le malaise qui allait le mettre à terre, com-ment ne pas douter des capacités de Sar-kozy, le Politicien, qui nous a promis de nous sortir d’affaire ?

Dans un domaine que nous connaissons bien, celui de la langue, nous avons l’im-pression — comme c’est bizarre —, de retrouver le même Sarkozy du Parc de Versailles, tout aussi inconscient, en train de mener, avec l’équipe de sbires qu’il commande, une course effrénée, mais une course, cette fois-ci, à l’anglicisation générale.

Et vas-y l’anglais obligatoire dès l’âge de 7 ans pour nos enfants à l’école ; des stages en immersion chez l’habitants anglophones ; des visioconférences pour organiser la déportation linguistique de nos chères têtes blondes et brunes au pays de la langue élue ; des cours donnés en anglais de nos universités jusqu’à la plus petite école de Commerce, etc.

Et continuent les médias de traiter les Français de « nuls » en angliche ; de par-ler « langues étrangères » en ne citant que la langue de Shakespeare ; de faire la publicité, de reportage en reportage, de l’anglais triomphant ; de comparer le suédois, langue régionale, avec le fran-çais, langue internationale ; bref, d’être

autant pro-anglais que peuvent l’être en la matière le British Council, la CIA et les Wall Street Institute réunis.

Dans cette course folle à l’anglais par-tout, dans ce pari insensé à vouloir faire, à

Conclusion : À quoi bon apprendre l’al-lemand, vous disent parents et enfants, puisque les Allemands, dans leur très grande majorité, parlent et comprennent l’anglais.

Répétons donc encore une fois que si gouverner, c’est prévoir, ne pas prévoir, ce n’est pas gouverner. Et en l’occur-rence, ne pas prévoir que si demain tout le monde parle anglais en France via le bilinguisme français-anglais généralisé, cela va entraîner la désaffection des cours de français partout dans le monde, et par voie de conséquence, la fin du sta-tut international de notre langue, la fin de la francophonie, la fin du combat pour l’exception culturelle et linguistique, bref, ne pas prévoir tout cela, c’est mon-tré que l’on est, à la fois, totalement in-souciant, inconscient et incompétent.

Puissent alors nos politiciens ne plus faire de la politique en courant, et pren-dre plutôt le temps de réfléchir aux conséquences à moyen et à long terme des mesures qu’ils prennent pour le pays, cela nous éviterait, à l’instar du sportif imprudent ou mal préparé, de tomber au bord de la route, d’être disqualifiés et, in fine, d’être jugés inaptes à jouer dans la cour des Grands.

Le Président de l’AFR.AV

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TROISIÈME TRIMESTRE 2009 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 57

tout prix, des Français bilingues français-anglais, c’est la langue française, hélas, qui va mettre pied à terre.

Et là encore, force est de constater, que M. Sarkozy et les ministres de sa cour qui l’accompagnent, se montrent totalement incapables d’anticiper les conséquences de leurs mesures anglicisantes. Ils n’ont pas compris apparemment, ou ne veulent pas comprendre, que lorsque les Français par-leront tous anglais, lorsqu’en France toutes les inscriptions seront données en anglais parallèlement au français, les étrangers non-francophones n’auront plus envie, ou ne ressentiront plus l’utilité — sauf quel-ques passionnés de littérature bien sûr —, d’apprendre le français.

Cela se passe déjà pour l’allemand que plus personne, ou presque, ne veut appren-dre en France, tant l’anglais est parlé mas-sivement par les Allemands eux-mêmes. Eh oui, comme nous avons pu le constater cet été à Manduel, où fut reçue une délé-gation d’Allemands — Manduel étant jumelée avec la ville de Bischofsheim en Allemagne —, plus de 80% des échanges qui se sont faits entre les deux communau-tés linguistiques ont été en anglais !

Il court, il court, mais où va-t-il nous mener ? Par terre, comme lui ?

SOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRE

♦♦♦♦ Éditorial : Pour ne pas tomber ! ♦♦♦♦ L’école de la soumission linguistique

♦♦♦♦ Les lycéens anglais n’apprennent plus le français !

♦♦♦♦ Des Français en anglais au Vietnam !

♦♦♦♦ La chaîne de vidéos de l’A.FR.AV

♦♦♦♦ Au pays de Louis Riel

♦♦♦♦ Non à la mode de l’« Ail au cœur »

♦♦♦♦ De Murlive : Liaisons nécessaires

♦♦♦♦ En a-t-on parlé ou en parlera-t-on dans les médias ?

♦♦♦♦ Wallonie : le combat pour la langue.

♦♦♦♦ Déjouer la propagande officielle

♦♦♦♦ Luttons contre les infections

♦♦♦♦ Un ver chez les Verts !

♦♦♦♦ Un petit coin de poésie : Léo Miquel

♦♦♦♦ Pour un peu de poésie à la télévision

♦♦♦♦ L’A.FR.AV en action : ouatés et AG

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La ville de Rennes avait déjà sa "School of Business" avec son École supérieure de Commerce dite désormais, anglomanie oblige, "ESC Rennes School of Business". Le blogue de cette dernière est du reste bilingue et on remarquera que la présenta-tion de cet établissement est faite uniquement en anglais à la rubrique "about us", non traduite en français (http://rennes-businessschool.com/blog/ ).

Elle a aussi, désormais, création toute récente de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Rennes, son "World Trade Cen-ter" (le premier d'entre eux, qui constituent aujourd'hui un ré-seau de 320 unités implantées dans 92 pays, à été créé à New-York dans les années 1970). Comme le dit l'un de ses promo-teurs : « ce World Trade Center va permettre à la Bretagne de renforcer sa visibilité et celle de ses entreprises sur le plan in-ternational ». Selon Ouest-France du 22 septembre 2009, il est même parti « à l'assaut du monde » (qui n'a qu'à bien se te-nir ...). La France a longtemps bénéficié d'un très grand pres-tige, notamment culturel, dans le monde. Et, cela, en usant ex-clusivement de la langue française. Mais, pour les milieux d'af-faires, on le sait depuis longtemps, ladite langue est, au contraire, perçue comme une survivance d'un passé peut-être glorieux, mais révolu, comme impropre à traduire la « moderni-té » (commerciale), comme un obstacle à leur expansion inter-nationale. C'est ainsi, à les entendre, que la Bretagne, et la France bien entendu, ne pourraient plus accéder à la « visibili-téa» dans le monde économique qu'en lui tournant le dos, qu'en s'exprimant en anglais (la langue d'une mondialisation dont on admettra, aujourd'hui, qu'elle ne s'annonce certainement pas aussi « heureuse » qu'on avait bien voulu le prédire). C'est pourquoi, pour le développement et le profit de leurs entrepri-ses, les élites dirigeantes, transnationales, mobiles, déterritoria-lisées, sans identité aisément définissable, « connectées » en permanence, s'attachent, petit à petit, méthodiquement, à la mener au tombeau.

Quant au pouvoir politique, convaincu depuis longtemps par l'idéologie néolibérale de la nécessité de son effacement et de sa soumission aux sacro-saintes lois des marchés, apparemment partagé entre la résignation, l'indifférence et le sentiment de sa propre impuissance, il n'est, en réalité, pas le dernier à prêter la main aux fossoyeurs de la « langue de la République » (article 2 de la Constitution française). Cela est vrai au niveau de l'État, certes, mais peut-être plus encore à celui des administrations publiques territoriales, elles aussi parties, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire - du fait notamment de l'affaiblissement constant, spectaculaire, de l'État - « à la conquête du monde ».

La presse a récemment confirmé que l'Institut d'Études Politiques de Paris allait bientôt installer une an-

tenne à Reims, dans l'ancien collège des Jésuites. La première (r)entrée aura lieu, dit-on, en 2010 avec 80 étudiants inscrits dans le nouveau cursus "bachelor". En 2014, quelque 2000 étudiants fréquenteraient ce pôle rémois dont la moitié de na-tionalité américaine. Il paraît que les cours seront uniquement dispensés en anglais (dans la ville du sacre des Rois de

France, donc) ! Voilà qui va (presque) au-delà des attentes des an-glomaniaques les plus radicaux, qui pourraient bien, même, être surpris par la rapidité avec laquelle se réalisent leurs rêves les plus ambitieux. C'est qu'ils ne connaî-traient pas bien la politique d'anglici-sation menée depuis quelques années par la direction actuelle (en place depuis 1996) de cet Institut. Les élèves sont dé-sormais tenus de suivre de nombreux

cours en anglais, langue dans laquelle se tiennent des conféren-ces dans les locaux de l'IEP, pourtant établissement public (rappelons que la loi Toubon d'août 1994 impose l'usage du français aux « personnes morales de droit public »). En revan-che, la maîtrise de la langue française n'est plus exigée des étu-diants étrangers, celle de l'anglais suffit. Ce qui, pour l'École, est tout à fait révolutionnaire...

(…) L'histoire de l'École des « Sciences Po » fournit une illustration saisissante du déclin de la langue française, de l'abandon dans lequel elle est désormais laissée, de la disquali-fication et de la déconsidération dont l'accablent trop souvent les élites dirigeantes (enseignantes en l'occurrence). La symbo-lique linguistique est totalement inversée. Alors que l'ouverture au monde était, aux origines de l'École et pour longtemps, un moyen (pour un organisme de droit privé) de mettre en valeur la langue et la culture françaises, la globalisation marchande est, aujourd'hui, au contraire, un prétexte (y compris pour un établissement public d'État et pas seulement par les milieux d'affaires) pour mettre le français au rancart, pour exonérer gé-néreusement les non-francophones de tout apprentissage en la matière, pour délier, sur le terrain de la langue comme sur bien d'autres, les hommes et les femmes de ce temps de toute obliga-tion envers les « anciens » et leur héritage. L'usage du français étant vu par les nouvelles élites en question comme une reven-dication identitaire rétrograde, passéiste, comme un refus de « bouger », d'entrer dans la « modernité », comme une conces-sion aux temps révolus et au conservatisme devenu inavouable, comme un particularisme « crispé » qu'il convient, à l'heure de la postnationalité et de la joyeuse cité universelle, d'éradiquer au profit du seul anglais.

M. Jean-Pierre Busnel Président de l'Institut André Busnel

[email protected]

Protestons : Andrea Stephan-Blondel

Directrice de la Communication (+33) 02 99 54 63 41

Courriel : [email protected]

Site : http://www.esc-rennes.fr Jeanne Simonneaux

Responsable de la Communication BNP Paribas, Direction Régionale Ouest

(+33) 02 51 25 12 33 Courriel : [email protected]

Site : [email protected]

L’ ÉCOLE DE LA SOUMISSION LINGUISTIQUEL’ ÉCOLE DE LA SOUMISSION LINGUISTIQUEL’ ÉCOLE DE LA SOUMISSION LINGUISTIQUEL’ ÉCOLE DE LA SOUMISSION LINGUISTIQUE

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Seulement 25 % des élèves britanniques étudient désormais la langue de Molière.

Le français ne cesse de perdre du terrain dans les écoles anglaises. En un an, le nombre de collégiens britanniques ayant passé une épreuve de français pour leur GCSE (certificat général d'éducation secondaire, l'équivalent du bre-vet en France) a diminué de 6,5 %. En sept ans, ce chiffre a été pratiquement divisé par deux, passant de 341 000 en 2002 à seulement 188 000 l'an der-nier. Cela ne représente plus qu'un élève sur 4.

L'allemand connaît aussi une forte baisse, alors que l'espagnol reste stable - mais il était traditionnellement moins étudié. Les seules langues qui progressent régulièrement, quoique encore très minoritaires, sont le chinois, le polonais et l'arabe.

Cette désaffection pour la langue de Molière est surtout le résultat d'une décision politique prise il y a 5 ans. En 2004, le gouvernement de Tony Blair avait retiré l'obligation d'apprendre au moins une langue étrangère à partir de 14 ans - une déci-sion populiste qui est depuis critiquée par l'ensemble des ex-perts en éducation. Cette politique s'est révélée dramatique, non seulement pour le français, qui reste la deuxième langue la plus apprise par les collégiens britanniques, mais pour l'étude des langues étrangères dans leur ensemble. « Ce qui se passe est le contraire de ce qui devrait être dans un monde où les frontières comptent de moins en moins », regrette Chris-

Bizarre, pas de trace du British Council parmi les parrains de ce

programme. Il n’y a que des organismes français, publics ou associatifs ! Cela fera plaisir au nouveau ministre français de la Culture, qui a récemment déclaré* qu'il n'était pas nécessaire de secourir la langue française.

En tout cas, sur ce coup, on ne pourra pas accuser les Français d'atti-tude néocoloniale au Vietnam.

*Citation : Frédéric Mitterrand a déclaré (à l'Université d'été de L'UMP de septembre 2009) qu´il fallait « arrêter avec cet anti-américanisme ridicule » et que

l´on n´avait pas besoin « d´aller au secours » de la langue française.

LES LYCÉENS ANGLAIS N’APPRENNENT PLUS LE FRANÇAIS LES LYCÉENS ANGLAIS N’APPRENNENT PLUS LE FRANÇAIS LES LYCÉENS ANGLAIS N’APPRENNENT PLUS LE FRANÇAIS LES LYCÉENS ANGLAIS N’APPRENNENT PLUS LE FRANÇAIS !!!!

Eh oui, il fallait s’y attendre, à tous vouloir parler anglais en France, en Europe et ailleurs, les Anglais ne ressentent plus la nécessité d’apprendre les langues étrangères puisque tout le monde fait l’effort d’apprendre la leur.

Le Conseil régional d'Ile-de-France propose à des demandeurs d'emploi franciliens d'effectuer un stage professionnel indemnisé de 6 mois à Hanoï, au Vietnam. Ce programme, MO-BIL'Asie, coordonné par l'association Batik avec le soutien du Pôle emploi, se déroule en 2 temps : un mois de formation linguistique à l'anglais et de préparation interculturelle en région parisienne, puis un stage de 6 mois dans la capitale vietnamienne.

Les secteurs concernés sont le tourisme, la restauration, le multimédia, le gé-nie climatique, le stylisme-modélisme.

Profil exigé : être demandeur d'emploi, âgé de 19 à 30 ans, résider en IDF (Île-de-France), posséder de préférence un niveau de formation inférieur ou égal à bac + 2, avoir de bonnes bases en anglais et être disponible durant 7 mois à partir de novembre 2009.

Pour postuler : www.batik-international.org Infos : [email protected], [email protected]

DES FRANÇAIS AU VIETNAM EN ANGLAIS DES FRANÇAIS AU VIETNAM EN ANGLAIS DES FRANÇAIS AU VIETNAM EN ANGLAIS DES FRANÇAIS AU VIETNAM EN ANGLAIS !!!!

Écrire à Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture :

http://www.culture.gouv.fr/nav/index-min.html [email protected]

3 rue de Valois - 75033 Paris Cedex 01 Téléphone : + 33 (0)1 40 15 81 20 Télécopie : + 33 (0)1 40 15 81 72

tine Blower, secrétaire générale du syndicat d'enseignants NUT (Syndicat National des Enseignants du Royaume-Uni).

L'engrenage de la facilité

C'est en fait le système du GCSE lui-même qui incite désor-mais les collégiens à abandonner le français et les autres lan-gues secondaires. Car, contrairement au système français, les élèves britanniques choisissent les matières qu'ils veulent pas-

ser au GCSE. Pour augmenter leurs chances d'avoir des bonnes notes, de plus en plus retiennent des matières dites « faciles », comme la religion, l'informatique, la musique ou l'éduca-tion physique, plutôt que des langues étrangères réputées difficiles. Plus grave, cet engrenage de la facilité n'épargne pas les établissements sco-laires eux-mêmes, les écoles étant clas-sées selon les notes obtenues par leurs élèves aux GCSE. Seules les écoles privées et les public schools qui prépa-rent leurs élèves à entrer dans des uni-

versités réputées, comme Cambridge ou Oxford, continuent de pousser leurs élèves à apprendre une langue étrangère.

Article de Cyrille Vanlerberghe paru sur lefigaro.fr, le 28 août 2009.

Envoi d’Henri Masson (85) Moutiers-les-Mauxfaits

De moins en moins d’Anglais appren-nent le français, où est la réciprocité

linguistique dans tout ça ?

M. Aleks Kadar (75) Paris

Extrait de l’annonce :

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Bizarre cette attitude des journalistes à ne pas vouloir employer le mot français «aCOURRIEL » en lieu et place des mots anglais "MAIL" ou "E-MAIL". Pourtant, lorsqu'il s'agit de dire « LIGUE » pour «aDIVISION », dans le domaine du ballon-

rond, ils ne montrent aucune hésitation à employer le nou-veau mot. Pourquoi ce deux poids deux mesures ?

Selon la loi linguisti-que de la République française, lorsqu'un affichage public est traduit pour des non-francophones, il doit y avoir, au moins, deux traductions. Autrement dit, l'affi-chage public bilingue français-anglais est

hors la loi.

L’A.FR.AV, toujours en recherche d’idées nouvelles pour tenter de sensibiliser nos

concitoyens sur l’importance de défendre notre langue, de promouvoir la Francophonie et de lutter contre l’an-glais partout pour plus de diversité linguistique, s’est lancée dans la vidéo.

En fait, il s’agit, par le biais de petits reportages pris à la télévision ou filmés par nous-mêmes, de montrer du doigt l’anglomanie qui nous assaille quotidiennement.

N’hésitez pas à visiter notre chaîne (votre chaîne, aussi), et à nous faire part de vos commentaires. Vous pouvez, bien sûr, nous proposer des vidéos ou nous alerter d’une anglomanie passée à la télévision pour que nous la fil-mions et la diffusions, commentée à notre manière, sur notre chaîne.

LA CHAÎNE DE VIDÉOS DE L’ A.FR.AVLA CHAÎNE DE VIDÉOS DE L’ A.FR.AVLA CHAÎNE DE VIDÉOS DE L’ A.FR.AVLA CHAÎNE DE VIDÉOS DE L’ A.FR.AV

Voici une séquence audio enregistrée le 20 août 2009 sur RTL, où Jean-Marie Le Pen, chef du Front Natio-nal, emploie le terme a n g l o - a m é r i c a i n "outing" en lieu et place de l'expression française « sortie de placard ». Faut-il le

dire, cette anglomanie n'a pas plu à Jeanne d'Arc, elle nous l'a fait savoir.

À travers ce repor-tage de France 2, dif-fusé le 5 août 2009, nous remarquons que les deux Anglais inter-rogés par la journa-liste française, et pré-sents en France depuis 4 ans, ne parlent pour-tant pas en français. Nous noterons que

pour les immigrés l'État exige cependant aujourd'hui un certain niveau en français (décret n°2008-1115 du 30 octobre 2008 - art.4). Les anglophones seraient-ils exemptés de ce niveau en français ? La loi ne serait-elle applicable qu'aux arabophones et, plus généralement, qu'aux locuteurs de langues autres que l'anglais ? Pourquoi ces deux poids, deux mesures ?

Pour lutter contre la pollution atmosphéri-que, nos politiciens ont mis en place la taxe « carbone ». Et si, pour lutter contre la pollution linguistique (l'anglais partout, no-tamment), ils met-taient en place la taxe de « solidarité-

francophonie » ? Cette taxe, prélevée sur les anglomanes, fi-nancerait des projets francophones dans le monde entier.

Non, le français n'est pas comme le suédois, c'est une langue inter-nationale ! Claude Hagège va le dire à l’inculte Marie Drucker.

Voici une compagnie aérienne espagnole qui transporte majori-tairement des passa-gers français en France, à Paris, et qui ignore magistralement la langue française. Notre langue est ba-fouée - et donc nous-

mêmes à travers elle -, mais pour le commentateur, ce n'est pas grave, « ce n'est qu'une petite amélioration à apporter », pas plus !

Notre chaîne est hébergée sur YouTube à l’adresse :

www.youtube.com/user/afrav01 Extraits :

« COURRIEL », s’il vous plaît !

Avion à Paris, Le français ignoré !

Pour une taxe de « solidarité-francophonie »

Affichage public illicite à Nîmes et à Avignon !

Bravo, Monsieur Hagège

Le Pen en anglais, Jeanne d’Arc, pas contente !

Immigrés anglais ou arabes, deux poids, deux mesures !

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Un énième reportage où il est encore ques-tion de critiquer les Français, et notam-ment, leur prétendue nullité en langues é t r a n g è r e s (comprendre, l'an-glais).

Bravo à Carla Bruni-Sarkozy qui a chanté en français à New York pour les 91 ans de Nelson Mandela. Elle a interprété sa chanson « Quelqu'un m'a dit », en duo avec l'Anglais Dave Ste-wart de l'ex-groupe Eurytmics. Si mépriser la langue

d'un pays, c'est mépri-ser le peuple qui la parle, alors France-télécom nous méprise. Didier Lombard, pré-sident-directeur géné-ra l de France-Télécom, va nous montrer la véracité de cet adage tout le long

de cette vidéo.

Lors de l'Université d'été de l'UMP, à Sei-gnosse les 4, 5 et 6 septembre 2009, des jeunes de ce parti ont adopté le slogan : "I think, I work, I dance", un slogan en anglais, comme on peut le constater, une

insulte, une de plus, à la langue française, à la langue de la Ré-publique, à la langue du Peuple, à la langue de la Francophonie, à la loi Toubon. Et la ministre, Nadine Morano, ne dit rien, comme s'il était normal que l'on s'exprime en anglais en France entre Français, dans un parti politique qui veut prétendument, qui plus est, sauver le pays.

Arte, chaîne franco-allemande, est censée promouvoir la culture et la langue des deux pays qui la financent, l'Allemagne et la France ; son but n'est pas de promouvoir l'anglicisation comme semble en être adepte un de ses journalistes,

William Irigoyen.

Comment dit-on « été » en allemand ? Eh bien, Arte, la chaîne de télévision publ ique franco-allemande préfère nous le dire en an-glais, prélude, somme toute, à l'Europe an-glo-américaine qu'on est en train de cons-truire. Nos journalistes maî-

triseraient-ils plus l'anglais que le fran-çais ? Ici, Marie Druc-ker, journaliste sur Francea2, semble ne pas faire la différence entre le « risque » et la « chance » d'attraper le cancer. Par contre,

lorsqu'il s'agit d'anglici-ser le vocabulaire

("nervous break down", dans le texte) , elle n'est pas la dernière à faire preuve du plus grand zèle.

Voici un reportage qui met en scène un couple de Canadiens anglophones de Van-couver. Nous note-rons que ces person-nes bien qu'aimant la France - elles vien-nent s'y marier - et bien qu'elles aient fait de hautes études

- une avocate et un conseiller financier -, ne parlent aucun mot de français. Pourtant leur pays, le Canada, fait partie de la Francophonie et est OFFICIELLEMENT bilingue français-anglais, ce bilinguisme officiel ayant été mis en place dans les années 70 sous l'impulsion du Premier ministre de l'époque, Pierre Elliott Trudeau.

À l'heure où l'on impose l'anglais aux Québécois sous pré-texte d'en faire de parfaits bilingues, il serait bon de se poser la question :

Pourquoi, par réciprocité, n'impose-t-on pas le français aux Canadiens anglophones de l'Ouest canadien pour en faire de parfaits bilingues, eux aussi ?

Longue vie au Festi-val du film franco-phone d'Angoulême ! Heureuse initiative qui met en exergue la création en langue française ! Enfin, la Francophonie au concret, bravo !

Autoflagellation linguistique

Didier Lombard de France-Tu-Déconnes

Bravo, Carla !

Le Festival du film francophone d’Angoulême

Marie Drucker ou la « chance » de mourir du cancer !

Le parti de Toubon, en anglais !

Manœuvre anglicisante !

Un journaliste angliciseur !

Bilinguisme canadien, Merci M. Trudeau !

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Le 30 octobre 1995, j’assistais au dépouillement du vote réfé-rendaire(2) dans mon salon, à Winnipeg. Je venais de coucher les deux petites lorsque, de retour d’une réunion parents-maîtres, Suzanne rentra les yeux pleins d’espoir. Et alors ? Le «aoui » gagne avec 55 % ! À ce moment-là, nous étions proba-blement les deux seuls dans toute la ville à sauter de joie.

Treize ans plus tôt, jeunes enseignants, Suzanne et moi avions quitté Québec, notre chère ville, avec l’intention de garnir un peu notre curriculum vitæ. Naufragés de l’échec de 1980(3) et des fourberies constitutionnelles de 1981(4) , nous nous étions retrouvés dans la vallée de la rivière Rouge, où nous pensions rester le temps qu’il fallait à de jeunes diplômés sans le sou pour se remettre à flot.

Le premier choc fut la découverte des Franco-Manitobains. En cherchant le pays de Louis Riel , de Gabrielle Roy(5) et de Daniel Lavoie(6) , nous découvrîmes bon nombre de cousins plus fiers de leur bilinguisme que de leur langue maternelle. Dans la cour de récréation des écoles françaises, les jeunes par-laient anglais. Si quelques chevaliers et chevalières ici et là faisaient preuve d’une fierté admirable, les décennies d’inter-diction de la langue française avaient laissé des traces indélébiles. Les Campagne(7) chantaient, Réal Bérard(8) peignait et les Danseurs de la ri-vière Rouge(9) dansaient, mais les Canadiens fran-çais de l’Ouest avaient pris le parti du réalisme et de la survivance. De petite victoire en petite vic-toire jusqu’à la défaite finale. Je n’en rencontrai jamais un seul qui ne parlait pas au moins aussi aisément l’anglais que le français.

Un jour où je me faisais couper les cheveux, peu de temps après notre arrivée, le coiffeur me confia en anglais qu’il était de langue maternelle française. Même que, jusqu’à l’âge de cinq ans, il ne disait pas un mot d’anglais. Puis vinrent l’é-cole et la socialisation. Ses parents, qui parlaient toujours français à la maison, craignaient que leurs enfants ne soient désavantagés s’ils ne les envoyaient pas à l’école anglaise. Sans l’anglais, pas moyen de gagner sa vie. Jamais il ne leur serait venu à l’i-dée que leur fils un jour en oublierait sa langue maternelle. Pourtant, lorsque j’essayai de poursuivre la conversation en français, mon coiffeur m’avoua qu’il ne parlait plus français. Plus du tout. Il ajouta que, chaque fois qu’il rendait visite à sa vieille mère, désormais veuve, elle et lui devaient se parler par l’intermédiaire de sa sœur. Sa mère n’avait jamais appris l’an-glais et lui l’avait tellement bien appris qu’il avait besoin d’une interprète pour comprendre sa mère.

Quand j’entends aujourd’hui des parents québécois regretter de ne pas pouvoir envoyer leurs enfants à l’école anglaise pour en faire de vrais « bilingues », je me dis qu’ils devraient faire la connaissance de mon ancien coiffeur.

Le deuxième choc fut l’animosité de la population en général envers les Québécois. Le Quebec bashing(10) est toute une ex-périence à vivre lorsqu’on ose affirmer son identité québécoise à Winnipeg. Aux yeux des gens de l’Ouest, le Québec est l’en-fant gâté de la fédération canadienne. Je me fis remettre sur le nez tour à tour la Charte de la langue française, la dette olympi-que, le contrat d’entretien des F-18, le projet de loi 178(11) et l’accord du lac Meech(12) . Devant un véritable mur de préjugés, pas moyen de rétablir les faits.

Il était particulièrement insultant de se faire reprocher de pré-tendus traitements de faveur pour le Québec, alors que, dans

une province comme le Manitoba, les paiements de péré-quation(13) étaient d’environ 3000 $ par habitant, comparative-ment à environ 500 $ par habitant au Québec, et alors que l’a-griculture manitobaine bénéficiait d’énormes subventions pour le transport du grain.

Il était tout aussi insultant d’entendre les Manitobains repro-cher au Québec son unilinguisme officiel, alors que leur pro-vince avait aboli inconstitutionnellement l’usage du français à partir de 1885 et alors que le taux de bilinguisme des Manito-bains était très inférieur à celui des Québécois. Même après la commission Laurendeau-Dunton, la loi sur les Langues officiel-les et la Charte canadienne des droits et libertés, les Franco-Manitobains étaient condamnés à d’incessantes démarches de-vant les tribunaux pour qu’on cesse de violer leurs droits lin-guistiques. Pendant ce temps, non contents de jouir de privilè-ges complètement démesurés par rapport aux maigres conces-sions faites aux Canadiens français des provinces anglaises, les Anglo-Québécois pouvaient ajouter à leurs hôpitaux, leurs éco-les, leurs universités et leurs autres institutions les généreuses subventions fédérales qui allaient leur permettre de s’adresser aux tribunaux pour invalider des pans entiers de la Charte de la langue française.

Je me souviens d’un débat stérile à la télévision entre Claude Ryan et Sharon Carstairs(14) , vers la fin des an-nées 1980, où Ryan, qui espérait toujours réfor-mer le fédéralisme canadien, fit remarquer à son interlocutrice qu’au Québec, l’enseignement en anglais pour la minorité anglo-québécoise était offert partout sur le territoire, et non pas unique-ment là où le nombre le justifiait, comme le vou-lait la Constitution du Canada depuis 1982. Rien à faire. Ryan ne parvint jamais à faire admettre à Mme Carstairs que le sort des Anglo-Québécois était nettement plus enviable que celui des Fran-co-Manitobains. Pour Mme Carstairs et pour l’écrasante majorité des Manitobains, les Québé-cois maltraitaient les pauvres Anglo-Québécois et méritaient une sévère correction. C’est ce dont Elijah Harper(15) se chargea au printemps 1990 en faisant avorter l’accord du lac Meech des ban-

quettes de l’Assemblée législative du Manitoba. Un de mes collègues enseignants me fit comprendre un jour

le malentendu fondamental qui rendait le fédéralisme absolu-ment irréformable dans le sens des aspirations du Québec, peu importe quels politiciens s’attaqueraient à la tâche. Anglophone parlant un français châtié et grand ami du Québec, où il avait séjourné pendant de nombreuses années, David Wellard était féru d’histoire et avait résolument pris le parti de l’indépen-dance du Québec. Il me dit un soir de septembre, alors que nous étions à son chalet de la région de Minaki : « Pour les Cana-diens anglais, cette histoire de peuples fondateurs ne rime à rien. À leurs yeux, il n’a jamais été question de faire du Canada un pays vraiment bilingue. Le français devait être toléré au Québec uniquement. L’anglais, lui, avait sa place partout. »

Pour les gens de Winnipeg, de Saskatoon ou d’Edmonton, le Canada est un pays anglais. Ils veulent bien que leurs enfants apprennent le français, mais ce n’est pas pour qu’on se mette à parler français dans leur province. C’est pour que leurs enfants puissent avoir de meilleurs emplois. Selon eux, le bilinguisme appartient à la sphère individuelle et aux institutions fédérales. Ils perdent rapidement patience devant l’insistance de certains francophones à vouloir vivre en français : « S’ils veulent parler français, qu’ils aillent au Québec ou en France. Les Français ont perdu la bataille sur les Plaines d’Abraham(16) . »

AU PAYS DE LOUIS RIEAU PAYS DE LOUIS RIEAU PAYS DE LOUIS RIEAU PAYS DE LOUIS RIELLLL(1)(1)(1)(1)

Buste de Louis Riel devant le Musée de Saint-Boniface à

Winnipeg (Manitoba)

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Notes de l’A.FR.AV :

(1) Louis « David » Riel (22 octobre 1844 – 16 novembre 1885) était un homme politique canadien, chef du peuple métis dans les Prairies canadiennes et fondateur de la province du Manitoba. Il a dirigé deux mouvements de résistance contre le gouvernement canadien (anglais) dans le but de protéger les droits et la culture des Métis, alors que l'in-fluence canadienne (anglaise) se faisait de plus en plus sentir dans les Territoires du Nord-Ouest (2) Le référendum de 1995 au Québec, tenu le 30 octobre 1995, invi-tait les Québécois à se prononcer sur la souveraineté au Québec. Il fut

rejeté par 50,58% des votants. (3) Le référendum de 1980 au Québec est le premier référendum ouvrant la possibilité à l'État québé-cois de devenir souverain. (4) Il s’agit d’enlever le droit de veto - de nature conventionnelle ou autre - propre à protéger le Québec de modifications constitutionnelles effectuées sans son consentement, affectant ses droits, pouvoirs et compétences (5) Gabrielle Roy (née le 22 mars 1909 à Saint-Boniface - 13 juillet 1983 à Québec) est une écri-vaine canadienne francophone. (6) Daniel Lavoie (17 mars 1949 à Dunrea, Manitoba, Canada) est un auteur-compositeur-interprète et pianiste franco-manitobain. En 1998, il est notamment connu pour sa participation à la comédie musi-cale Notre-Dame de Paris et pour le titre Ils s'aiment, datant de 1984 (7) Les Campagne (Annette, Mi-chelle, Suzanne, Aline, Solange, Carmen et Paul ) sont sept frère et sœurs issus d’une famille franco-phone de Willow Bunch, en Saskat-chewan. À travers divers groupes

qu’ils ont formés, ils ont chanté un peu partout au Canada. (8) Peintre, sculpteur, caricaturiste, né en 1935 à la Rivière-aux-Rats (Manitoba). (9) Danseurs originaires de Saint-Boniface au Manitoba. (10) Le Quebec bashing est une attitude de dénigrement du Québec et, plus particulièrement, des francophones et des nationalistes qui l'habitent. (11) En décembre 1988, le gouvernement libéral du Québec dépose le projet de loi 178, une loi visant à amender la LOI 101, c’est-à-dire à atténuer les effets pro-français de la Charte de la langue française. (12) Accords pour amener le Québec à adhérer à la Constitution cana-dienne. Le Manitoba et Terre-Neuve s’y sont opposés. (13) Les paiements de péréquation sont des paiements faits par le gou-vernement fédéral aux provinces moins nanties, financés à même ses recettes générales. (14) Claude Ryan (né à Montréal, Québec le 26 janvier 1925 9 février 2004, à Montréal, Québec) est un intellectuel, un journaliste et un homme politique québécois. Sharon Carstairs, (née le 26 avril 1942) est une personnalité politique et sénatrice canadienne anglophone. (15) Elijah Harper (né le 3 mars 1949) est un politicien autochtone cri. (16) Lieu d’affrontement des Empires français et anglais en quête d’hé-gémonie, le parc fut le théâtre de luttes dont l’issue, la Conquête de 1759, a changé le sort de l’Amérique. Au-delà de son passé historique, le parc est à Québec ce que Central Park est à New York, le Bois de Vincennes à Paris ou le Jardin de la Fontaine à Nîmes : un parc urbain d’une valeur inestimable. (17) Gesca Limitée est une filiale de la Power Corporation du Canada. Elle est responsable de la publication de sept journaux du Québec et de l'Ontario.

Donc, le français fait partie du folklore au Canada anglais, dont il enrichit la mosaïque ethnique. Voilà qui explique pour-quoi la seule grande ville vraiment bilingue au Canada, Mon-tréal, se trouve assez paradoxalement dans la seule province officiellement unilingue française. Au Canada, le bilinguisme dans la vie publique est bon seulement pour les Québécois. Ailleurs, c’est une affaire personnelle ou une lubie de fonction-naires fédéraux. Même au pays de Louis Riel, vous n’entendrez jamais parler français dans les rues comme on entend parler anglais dans les rues de Montréal.

Le 30 octobre 1995, Suzanne et moi habitions toujours à Winnipeg. Les jeunes diplômés à la re-cherche d’expérience avaient eu deux enfants et, dans le tourbillon de la vie familiale, avaient cons-tamment reporté le moment du retour au Québec. À la télévision, l’avance du « oui » fondait inexorable-ment. Les résultats de l’île de Montréal allaient transformer l’allégresse en cauchemar.

Quelques jours plus tôt, Suzanne et moi avions vu des Manitobains prendre l’avion, à l’invitation de leur député libéral fédéral, Ronald Duhamel, pour aller manifester à Montréal. Ils étaient partis au Love-in (NDLR : Manifestation d’amour pour le Qué-bec) brandir leurs drapeaux pendant que nous, en-fants du Québec dont les ancêtres s’y étaient établis au XVIIe siècle, n’avions même plus le droit de voter au référendum. Plus tard, nous allions appren-dre que quelques milliers d’immigrants avaient été naturalisés à la sauvette pour pouvoir voter et que des étudiants venus des autres provinces avaient voté, eux aussi.

Pendant la campagne référendaire, Radio-Canada avait soumis ses émissions d’information du réseau français à un rigoureux minutage en prétextant qu’aucun des deux camps ne devait être favorisé. Pendant ce temps, au réseau anglais, le camp du «aoui » se faisait littéralement censurer. L’informa-tion reçue par les Anglo-Québécois, y compris la forte proportion d’immigrants adultes parlant anglais, était ex-trêmement biaisée.

Douze ans plus tard, en octobre et en novembre 2007, Radio-Canada allait faire campagne avec ses alliés de Gesca(17) contre l’obligation d’apprendre le français pour devenir citoyen québé-cois. Elle allait offrir toutes les tribunes à quiconque souhaite-rait dénoncer le désir du Parti québécois de « priver des Cana-diens de leurs droits démocratiques ». Quelle belle façon pour Radio-Canada de préserver le droit fédéral de piper les dés au prochain référendum grâce à son réseau anglais !

Après une folle soirée à espérer que nos compatriotes québé-cois disent « oui », Suzanne et moi allâmes au lit, impuissants et la mort dans l’âme. Le « oui » était tombé juste sous la barre des 50 %. J’aurais tellement voulu que les Québécois qui ve-naient de voter « non » en croyant une fois de plus les promes-ses perfides du pouvoir fédéral eussent pu entendre comme moi le hurlement des loups de Minaki.

Le 28 juin 1996, après quatorze années passées au Manitoba, nous prîmes enfin la route du retour, moi au volant d’un camion de déménagement loué à nos frais et ma Suzanne enceinte de notre troisième enfant, un garçon, qui allait naître au Québec.

M. Bernard Desgagné [email protected]

Gatineau (Québec)

Canadien anglais d'origine, Robin Philpot a adopté le Québec il y a plus d'un quart de siècle. Quand il a demandé à des ac-teurs importants de la victoire du NON de lui parler de leur rôle lors du référendum de 1995, ceux-ci ne se sont pas doutés de ses convictions sou-verainistes. Tel un Michael Moore, il a

obtenu les confidences étonnantes de Brian Tobin, concepteur et organisateur du mal nommé "love-in" du 27 octobre 1995, de l'ineffable Sheila Copps, qui souhaitait «aécraser » les souverainistes, de John Rae, responsable des affaires politiques de Power Corporation et homme à tout faire de Jean Chrétien, de James Blanchard, ancien am-bassadeur américain au Canada et de plu-sieurs autres. De leurs témoignages ressort un mot d'ordre : la fin justifie les moyens - chez Les Éditeurs Les Intouchables - 2005.

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Donnant dans un pitoyable suivisme, tout le monde dit ... I Love ceci ou I Love cela. Les exemples sont lé-

gion ; il suffit de se promener n’importe où pour voir des « I Love Paris », « I Love N Y », etc.

Une marque de vêtements, à Nîmes, vient par exemple de prendre le nom de « I Love N Î ».

Quelle originalité ! Le Comité Départe-mental du Tourisme de la Vendée, ne vou-lant pas être en reste dans cet incroyable concours d’à-plat-ventrisme, lance enfin son « I Love Vendée » ! Il était temps !

La ringardise du slogan et la ringardise du procédé semblent masquées, aux yeux de ses promoteurs, par l’utilisation de la langue anglaise, sans doute considérée comme étant le summum de l’inventivité et de l’innova-tion, mais qui n’est, bien sûr, qu’une autre affligeante ringar-dise, de surcroît parfaitement illégale (comme la plupart des documents élaborés par le Comité, qui ne sont traduits qu’en une seule langue, en violation de la loi, qui en exige au moins deux).

Cette grotesque initiative est annoncée sous le titre « Département et innovation ». L’innovation consiste donc à singer un slogan particulièrement éculé depuis des dizaines d’années, et qu’on retrouve partout, à propos de tout et n’im-porte quoi.

« Touristes, la Vendée est fière de renier sa langue et sa culture, et de parler la langue des maîtres », nous annonce vo-tre méprisable slogan. Il n’existe malheureusement pas de mot anglais désignant la Vendée, et qui serait différent de ce banal et misérable mot français « Vendée ».

Ce slogan crache également à la figure des touristes : « Amis anglo-saxons, vous êtes ici chez vous ; quant au reste du monde, y compris francophone, nous l'ignorons superbe-ment ! ».

Je vous propose cet autre slogan du même tonneau, qui de-vrait « valoriser votre département » : « Vu à la télé ». Il faudra bien entendu l’énoncer dans la « mythique » langue étatsu-nienne, qui est censée faire rêver tout citoyen du monde norma-lement constitué.

M. Patrick Leloup (44) Vertou

Les liaisons nécessaires

Les mots bien prononcés impliquent liaisons, Sans lesquelles ne sont que des mots incomplets

Dont manque la finale lettre de chacun, À l’oreille que heurte un usage fautif

Digne des illettrés qui sévissent nombreux. Avant de bafouiller toute langue étrangère, Importe tout d’abord de maîtriser la nôtre, En respectant le sens et le nombre exprimés.

René Bonnet de Murlive

(20) Campana

Protestons auprès du Comité départemental du Tourisme de Vendée :

Courriel : [email protected] Site : http://www.vendee-tourisme.com/fr/

votre_avis.php Adresse postale :

Comité Départemental du Tourisme de la Vendée BP 233

85000 La Roche-sur-Yon Tel : 02 51 47 88 20 / Fax : 02 51 05 37 01

Protestons également auprès de M. Philippe de Villiers, le nouvel ami

de Nicolas Sarkozy (?) : Courriels : [email protected]

[email protected] [email protected]

Site : http://www.pourlafrance.fr/contact.html Adresse postale :

Mouvement Pour la France 84 rue de Grenelle

75007 PARIS

Voici, suivi de la réaction de notre adhérent, ce qu'on peut lire sur le site du Comité départemen-tal du tourisme de la Vendée, à l'adresse, http://www.vendee-tourisme.com/a-suivre/Tout-le-monde-dit-I-love-Vendee.html :

Département et innovation Tout le monde dit... I love Vendée

Il était temps ! Après le mythique « I LOVE NY », le Comité Dé-

partemental du Tourisme de la Vendée lance son T-shirt (Note de l'A.FR.AV : francisons en Ticheurte ou em-ployons les mots Maillot) « I LOVE VENDEE », grande nou-veauté de l’été 2009, produit incontournable pour tous profes-sionnels du tourisme vendéen et outil de valorisation du dépar-tement.

Sachez que vous pouvez d’ores et déjà acheter un t-shirt en ligne sur notre espace Boutique en ligne.

Nathalie Batelli - Directrice de la publication

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Rendant hommage à Maurice Druon à l’occasion de sa récente disparition, l’écrivain français Philippe de Saint Robert disait qu’il avait porté à bout de bras cette franco-phonie à laquelle les Français ne s’intéressent pas, étourdis qu’ils sont par leurs élites converties de longue date à l’a-méricanisation de l’Europe et persuadées, avec tel ministre de l’Enseignement « supérieur » que leur langue est « en déclin ». En France, il y a toujours un armistice dans l’air, même lorsqu’on ne nous le demande pas…

Je crois que, chez nous, en Wallonie, nos nouveaux ministres et autres mandataires — et ce sans distinction de parti ! — ne sont pas, compte tenu de leur passé politique, à un armistice près. Ils sont, surtout, prêts à une nouvelle défaite devant l’a-gresseur flamingant qu’ils se sont évertués pendant des années à calmer pour enfin terminer par céder devant son intransi-geance. N’a-t-on pas entendu une ministre écologiste dire : « Je ne réagis pas, car je ne vais pas jeter de l’huile sur le feu », alors qu’elle-même fut l’objet des insultes les plus iniques et obligée d’abandonner sa charge à la Région bruxelloise quand elle a voulu imposer de nouvelles normes de bruit au survol des avions sur l’Agglomération.

Les insultes, les empiétements et les agressions aux flamin-gants ; l’humiliation et les abandons aux Francophones !

Et ainsi maints exemples de ceux qui sont appelés, dans les mois prochains, à défendre nos valeurs dans ce gouvernement à dominance flamande ! Ils devraient savoir ce qu’Adolphe Hitler avait déclaré dans un discours le 30 janvier 1934 : « L’expé-rience enseigne qu’une attitude d’humble soumission chez les vaincus, loin d’inciter les vainqueurs à l’apai-sement, les encourage toujours plus à de nouveaux abus ».

De M. Pedro J. Hergo Pour la Ligue Wallonne

Envoi de M. Georges Boreux (7522) Blandain

Les Jeux de la Franco-phonie ont eu lieu au Liban du 27 septembre au 6 octobre 2009. Ils ont accueilli les délégations de 44 États et gouverne-ments, dont plus de 3 000 jeunes sportifs et artistes venus des cinq continents, prêts à offrir le meilleur d’eux-mêmes. Car c’est bien là l’originalité des Jeux de la Francophonie, qui mêlent ces deux lan-gages universels que sont le sport et la culture.

En a-t-on parlé dans les médias français ? — Non, alors allez sur :

EN AEN AEN AEN A----TTTT----ON PARLÉ OU EN PARLERAON PARLÉ OU EN PARLERAON PARLÉ OU EN PARLERAON PARLÉ OU EN PARLERA----TTTT----ON DANS LES MÉDIAS ON DANS LES MÉDIAS ON DANS LES MÉDIAS ON DANS LES MÉDIAS ????

WALLONIE : LE COMBAT POUR LA LANGUEWALLONIE : LE COMBAT POUR LA LANGUEWALLONIE : LE COMBAT POUR LA LANGUEWALLONIE : LE COMBAT POUR LA LANGUE

Drapeau de Wallonie représentant un coq,

le Coq wallon ou Coq hardi !

LA LIGUE WALLONNE Périodique mensuel d’études et d’actions de la Ligue Wal-lonne de la Région de Bruxelles, attaché à la diffusion de la culture française et à la promotion de la communauté Wal-lonie-Bruxelles.

Le 15 décembre 2009 sera fêté le 150e anniversaire de la naissance de Zamenhof (15 décembre 1859 - 14 avril 1917).

En parlera-t-on dans les médias français ?

— Non, alors allez sur : www.esperanto.net

Ludwik Zamenhof en 1887,

initiateur de la langue internationale équitable

Madame Marie-Claire DALOZE-WILLIQUET Présidente

Avenue du Onze Novembre 28 bte 2 1040 Bruxelles

Monsieur Raymond WATRICE Secrétaire-Trésorier

Avenue Victor Gilsoul 70 1200 Bruxelles

Courriel : [email protected] Site : www.liguewallonnebruxelles.be

www.jeux.francophonie.org

Quelle est notre mission ? Notre mission est l'affirmation de no-tre détermination et de notre vigilance dans la défense de la langue française dans les institutions européennes, dans les colloques inter-nationaux, et, en particulier, en Belgi-que.

Et protestons contre ces silences « assourdissants » après de notre ministre de la Culture, M. Frédéric Mitterrand (adresses à la page : 3)

Drapeau de l’espéranto

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LUTTONS CONTRE LES INFECTIONS LUTTONS CONTRE LES INFECTIONS LUTTONS CONTRE LES INFECTIONS LUTTONS CONTRE LES INFECTIONS

Aucun ouvrage ne fait davantage prendre conscience de l’en-cerclement médiatique actuel qui étouffe efficacement l’émer-gence et la diffusion de tous les nouveaux courants de pensée qui dévient de l’orthodoxie officielle. Il y a quelques années, le livre de Serge Halimi, « Les nouveaux chiens de garde », avait levé le voile sur le filtrage médiatique des auteurs politique-ment corrects, mais Jean-Yves Clouzet va beaucoup plus loin en nous livrant à la fois les mécanismes de la censure actuelle et en décrivant ses effets qui se résument à l’instauration d’une véritable dictature des esprits s’appuyant sur un terrorisme in-tellectuel généralisé. Avant de pouvoir esquisser une réaction, le livre de Clouzet a pour principal mérite de nous faire évaluer en profondeur l’espace à reconquérir.

Le concept de société de la communication est une impos-ture, car elle est à sens unique. L’individu moderne est surchar-gé de récepteurs, mais les émet-teurs lui échappent totalement. Les techniques contemporaines ont développé des méthodes de diffusion de masse si efficaces qu’elles submergent tout. Les médias actuels disposent des moyens d’une domination gra-duellement universelle. En quel-ques semaines d’efforts, par un verbiage benoît, ils sont en me-sure de ruiner les concepts vitaux d’une civilisation pour y substi-tuer des préjugés de leur fantai-sie : puérils, exquis, dangereux ou pervers. Clouzet passe en revue les mécanismes qui ont été mis en place pour assurer la do-mination idéologique. Qu’il s’a-gisse de cinéma, d’édition, de presse à grand tirage, de périodi-

ques, de radio, de télévision, les observations convergent. Concurrence de plus en plus réduite, monopoles de fait, direc-tions inféodées à d’autres intérêts, politiques et financiers, col-lusion entre les patrons pour orienter l’information dans un certain sens. La censure des contenus atteint même Internet qui commence à être soumis à un sérieux système de filtrage.

La domination des peuples est plus que jamais à l’ordre du jour. Les pouvoirs financiers, techniques et scientifiques se concentreront entre les mains de quelques dizaines de millions d’hommes qui gouverneront le monde. À eux l’argent, le luxe, la santé, la longévité et le savoir. Les populations inférieures, pour les servir, devront obligatoirement passer par une étape d’oubli, de déstructuration et de consentement amorphe. En tant que phénomène social dominant, le système médiatique assure, en même temps, cette conquête et sa sauvegarde. Au niveau national, nous vivons une occupation de notre pays, de son âme, de son peuple. Clouzet estime que le budget consacré à la propagande actuelle par habitant est de quatre à cinq fois ce qui était dépensé par le régime nazi ou les régimes communistes les plus durs.

Les médias s’immiscent dans toutes les sphères de la société. Ils ne se limitent pas à influencer l’esprit et les sentiments des gens. Ils exercent

un pouvoir dictatorial. Parallèlement, certaines nouvelles lois ont restauré le délit d’opinion pesant ainsi sur l’édition de liber-té et rendant ainsi plus difficile la publication des livres d’in-vestigation mais, dans la société dite de la « communication », le simple silence est un moyen efficace d’extermination et, cela, proportionnellement au danger que l’auteur représente pour le système. On n’annonce plus les manifestations qui dérangent ou les statistiques inquiétantes et ce n’est plus le génie des créa-teurs qui déterminent leur fortune, mais l’attitude des médias à leur égard. Le développement des médias de masse permet des manipulations auxquelles ni Staline ni Hitler ne pouvaient rê-ver…

L’objectif du système est de toute évidence la destruction systématique de toutes les entités collectives, qu’elles soient basées sur un sentiment d’identité nationale, sur une religion ou même sur les liens de sang comme c’est le cas avec la famille. Allant de pair, on observe le saccage de la langue, de l’histoire, de l’art et de la foi des peuples qui conditionne ces derniers à consentir à leur propre disparition. En élargissant la sphère marchande à la totalité des vies individuelle et collective, les sociétés dites « modernes » mettent en place les conditions d’un esclavage comparable à ce que le monde a connu et déjà com-battu et les conséquences seront des réalités physiques, des des-tructions aussi efficaces que celles produites par des bombes ou des gaz, des soumissions que la technique rendra plus dantes-ques que celles qui ont pu exister dans les temps reculés.

Clouzet suggère plusieurs pistes pour ébranler et démanteler le cercle idéologique et discréditer la propagande officielle. Fort de son expérience de la guerre idéologique, expérience qu’il a acquise, à l’Est, avec les mouvements de résistance au marxisme, il donne des idées et des recettes de combats à adap-ter dynamiquement aux situations que nous vivons, aux niveaux individuel et collectif, mais le plus grand mérite de Clouzet est de nous faire prendre conscience de l’impératif absolu d’une réaction militante pour reconquérir la liberté des esprits, celle qui conditionne toutes les autres.

M. Charles Durand Hanoï, Vietnam

Courriel : [email protected]

À propos du livre Riposte à l'encerclement média-tique et guerre idéologique de Jean-Yves Clouzet par Charles Durand.

Jean-Yves Clouzet, Ri-poste à l’encerclement mé-diatique et guerre idéologi-que, Sicre Éditions Paris, 2002 - 372 pages.

DÉJOUER LA PROPAGANDE OFFICIELLEDÉJOUER LA PROPAGANDE OFFICIELLEDÉJOUER LA PROPAGANDE OFFICIELLEDÉJOUER LA PROPAGANDE OFFICIELLE

TOUT ANGLAIS

VACHE FOLLE

CHIKUN-GUNYA

GRIPPE A-H1N1

D’après un dessin de Man (Midi Libre), sur une idée de M. Norbert Terral (30) Bernis

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FRATERNIPHONIE No 57 Page 11

Léo Miquel Épigrammes n°41 Éditions CRÉER

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Malgré soi Pousser les gens à CON SOMMER,

C’est bien les SOMMER d’être CONS.

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Et comme personne avant lui ; Toujours présent sans qu’on le sonne,

Fanfaron le jour et la nuit..

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Oligarchie Si l’on veut s’enrichir au vieux pays des tsars,

Il convient d’appliquer les règles du « rouble-art ».

Au bout de... Quand on passe du rire aux larmes, C’est que la peine nous désarme.

Embonpoint C’est bien grâce au menu dopé par le dollar,

Que l’anglais, de nos jours, peut se faire du lard.

Madame le Secrétaire perpétuel, comme vous l’avez certainement remarqué, au début du mois de juin, M. Yann Arthus-Bertrand a présenté aux médias de France et du monde, un film qu’il a nommé en anglais « HOME ».

Inutile de dire que les membres de notre association ont été très choqués par ce titre en anglais émanant d’un Français, un Français, qui plus est, membre de l’Acadé-mie française. Pour le cas, nous avons eu l’impression qu’un des généraux qui est chargé d’assurer notre

défense, nous tirait dessus !

Mais tout de même, com-ment se fait-il

qu’un Homme à l’Habit vert dont le premier devoir est de veiller à la qualité de la langue française, préfère em-ployer un mot anglais, plutôt qu’un mot français, pour nommer une de ses réalisations ?

À l’heure où la langue anglaise est en train de tuer la diversité linguistique et culturelle du monde entier ; à l’heure où la langue anglaise est en train d’éliminer sys-tématiquement la langue française des dernières places qu’elle détient sur la plan international ; à l’heure où notre propre pays est en train de basculer vers le bilin-guisme français-anglais (l’anglais est désormais obligatoire dans toutes les écoles de France, dès le CE1, c’est-à-dire dès l’âge de 7 ans pour nos enfants !), nous considérons l’attitude de M. Yann Arthus-Bertrand comme particulièrement as-sassine.

Est-ce que l’Académie française, qui l’a accueilli en son sein, a rappelé à l’ordre ce membre indélicat ?

Pouvons-nous vous demander de bien vouloir prendre en considération, si ce n’est déjà fait, la gravité de la faute de M. Yann Arthus-Bertrand à l’égard de la lan-gue française et d’en tirer la seule conclusion qui s’im-pose : la radiation de l’Académie.

Vivent les HOMES, vivent les FAMES, vive l’Academy !

Suite au titre anglais du dernier film de l’Académicien Yann Arthus-Bertrand, nous avons écrit à l’Académie française, à l’attention de Madame le Secrétaire perpé-tuel, Madame Hélène Carrère d’Encausse, pour lui de-mander que des sanctions soient prises à l’encontre de cet Académicien anglomane.

Bien sûr, nous n’avons obtenu aucune réponse. Inquié-tant, tout de même quand on sait ce que nous dirait le sage à ce sujet : « Qui ne dit mot, consent ! »

Protestons : Académie française À l’attention de Madame le Secrétaire perpétuel,

Madame Hélène Carrère d’Encausse, 23 quai de Conti

75008 Paris Courriel : [email protected]

Le premier film d’un Académicien

avec une faute d’orthographe

DU JAMAIS VU UN VER CHEZ LES VERTS UN VER CHEZ LES VERTS UN VER CHEZ LES VERTS UN VER CHEZ LES VERTS !!!!

Et pourquoi, pour donner un signe fort à ceux qui nous gouvernent et qui ont programmé la mort du français, ne pas nommer, pour remplacer l’indigne Arthus-Bertrand, un membre de l’Espace franco-phone, où il y a moult personnes bien plus dignes que lui pour veiller, sous la Coupole, à garder l’u-niversalité, le génie et la clarté de notre langue.

Nous vous remercions de votre attention et nous vous prions d’agréer, Madame le Secrétaire perpé-tuel, l’expression de toute notre considération.

Régis Ravat, Président de l’A.FR.AV

Arthus-Bertrand, un vrai-faux Académicien ?

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FRATERNIPHONIE No 57 Page 12

BULLETIN (1) d’adhésion ou de renouvellement d’adhésion à l’A.FR.AV. BULLETIN d’abonnement ou de renouvellement d’abonnement à Fraterniphonie

(À retourner rempli à l’A.FR.AV., Parc Louis Riel, 2811 chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - France)

Je soussigné(e) (Prénom)............................................................... (Nom) ............................................. Adresse .................. ......................................................... ..................................................................... Ville......................... ...................................................(code postal) .......................................................

���� Déclare adhérer ou renouveler mon adhésion à l’A.F R.AV. (2)

- Je choisis de verser la somme de : � 10 € � 20 € � 30 € � 60 € � Autre

- je recevrai une attestation qui me permettra de déduire cette somme de mes impôts, dans les limites autorisées par la loi (l’attestation fera état de la globalité des dons, s’il y en a eu plusieurs durant l’année considérée).

���� M’abonne ou renouvelle mon abonnement pour un an (2) à Fraterniphonie, le journal de l’A.FR.AV. (4 numéros, 1 par trimestre).

- si je suis adhérent à l’A.FR.AV. je verse la somme de � 10 € - si je ne suis pas adhérent à l’A.FR.AV. je choisis de verser :

� 20 € � 30 € � 40 € � 60 € � Autre

Ci-joint, un chèque postal ou bancaire correspondant à la somme ou à l’addition des sommes choisies, le tout rédigé à l’ordre de l’A.FR.AV.

À ................................... le ..................... Signature : (1) à photocopier, copier ou découper.

(2) biffer les mentions qui ne correspondent pas à votre choix.

Pour des raisons mal connues, la télévision affiche, depuis de nombreuses années, un mépris total envers la poésie et les poè-tes, comme s’il s’agissait d’une activité maudite.

« L’Union des Poètes francophones », représentée par son président Chris Bernard et trois membres de notre Conseil d’ad-ministration, s’associent à ce projet.

Ce que nous envisageons de demander aux décideurs (ministère de la Culture et Direction des chaînes de télévision) n’est pas hors de proportion et semble être tout à fait raisonna-ble : « cinq minutes quotidiennes de poésie ».

Il est bien entendu que cette séquence devrait être diffusée à une heure d’écoute normale et sur un canal bénéficiant d’une audience acceptable.

Nous ne nous cachons pas les difficultés de tous ordres aux-quelles ce projet peut être confronté : problèmes techniques, problèmes horaires, etc.

Dans un premier temps, il nous faudra trouver une écoute favorable et influente pour la présentation de ce projet que nous allons mettre en chantier très prochainement.

Nous croyons que la poésie doit avoir sa place dans le monde médiatique au même titre que la littérature ou l’art. Sans doute, quelques beaux esprits nous rétorqueront que la poésie n’inté-resse personne : sentence hâtive et infondée.

Notre revue La Braise et l’Étincelle s’implique dans ce projet, pour de plus amples renseignements, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.

Assemblée générale ordinaire de L’A.FR.AV : notre Assemblée annuelle aura lieu, cette année, le dimanche 22 novembre 2009 à 14 heures au Parc Louis Riel à Manduel. D’ores et déjà, vous pouvez nous envoyer vos ques-tions, suggestions et proposi-

tions concernant l’Association, l’ensemble sera mis à l’ordre du jour.

Cet avis vaut convocation Remerciements à nos aimables correctrices : Mme Juliette de Rougé (49) Segré,

Mme Madeleine Laval (30) Manduel.

FRATERNIPHONIE Parc Louis Riel

2811, chemin de Saint-Paul 30129 Manduel - France

Courriel : [email protected]

Directeur de la publication : Régis Ravat

Conception et responsable PAO :

Sylvie Costeraste

Directeur mercaticien : Jean-Pierre Colinaro

Diffusion France et étranger :

Mustafa Bensima

ISSN / 1266-3247 Dépot légal à parution

L’A.FR.AV. est une association apol i t ique, de résistance linguistique et culturelle, régie par la loi de 1901, déclarée à la préfecture du Gard et parue au Journal Officiel le 13 décembre 1989.

POUR UN PEU DE POÉSIE POUR UN PEU DE POÉSIE POUR UN PEU DE POÉSIE POUR UN PEU DE POÉSIE

Annie et Yves-Fred Boisset 7-2, rés. Marceau-Normandie

43 avenue Marceau 92400 Courbevoie

Tél. : 01 47 81 84 79 (de 9h à 18h) Courriel : [email protected] Blogue : http://yves-fred.over-blog.com

Pour essayer de parler de la Fran-

cophonie du côté fleur bleue, du côté tout va bien — c’est peut-être comme cela, d’ailleurs, que nous aurions plus d’adhérents et que la cause serait mieux défendue —, nous avons eu l’idée de créer une ligne de ticheurtes (jerseys ou maillots, en bon français). Cette idée, notre ami Alain Pichot nous en avait parlé déjà, il y a de cela quelques années ; aujourd’hui, nous sommes prêts à nous lancer dans l’aventure.

Voici, ci-contre, deux maquettes que nous avons réalisées. Nous utilisons le mot

«aFRATERNIPHONIE » — la fraternité par la langue — et le drapeau de la Francophonie dans lequel nous déclinons des noms de pays ou de villes de l’Espace francophone, au choix de celui qui commande-ra le maillot. Dans le dos, nous avons prévu de mettre le mot « FRANCOPHONIE »

en style incurvé comme « FRA-TERNIPHONIE », devant. Merci de nous dire ce que vous

pensez de ces prototypes : dessin trop voyant, trop compliqué, trop grand, etc.

De plus, si vous connaissait un fabricant de maillots sérieux et pas cher, merci de nous

donner l’adresse.

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