Fraterniphonie n°63

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Le 19 mars 2011, à 14 heures, de- vant la fontaine Molière, à Paris, eut lieu notre première manifestation de rue en faveur de la langue française. C’est en faisant partie d’un collectif formé de 5 associations de défense de la langue française : l’Asselaf 1 , le Clec 2 , le Courriel 3 et DLF Île-de- France 4 , que l’Afrav put mettre sa pierre à la construction de cet événe- ment. Le mot d’ordre était : « Non au tout-à-l’anglais ! Non à l’an- glais partout ! Ne laissons pas tuer la langue française ! » 100 personnes environ assistèrent à ce rassemblement, un rassemble- ment, rappelons-le, situé en plein Paris, à deux pas du Louvre, du Palais-Royal et du Ministère de la Culture, sur une place presque mitoyenne avec le Conseil Constitutionnel, à côté de la mai- son de Diderot devenue depuis, signe bien révélateur de l’anglais colonial qui nous assaille, le restaurant HAND, un sigle désignant un mot anglais (main) et formé à partir de l’expression anglaise, "Have A Nice Day" Passez une bonne journée »). Deux drapeaux de la Francophonie furent mis de part et d’autre de la fontaine Molière, une banderole fut déployée pour rappeler d’une part que le français est la langue de la République et pour dire, de l’autre, qu’il fallait résister au tout -anglais. Des tracts dénonçant l’anglicisation furent distribués, des petits drapeaux en papier de la Francophonie furent donnés pour souli- gner le caractère international de la langue française, puis, pendant près d’une heure se succédèrent au micro des prises de paroles à travers lesquelles furent exposés des ana- lyses et des témoignages sur la situation linguistique de notre pays. Par son discours, Georges Gastaud, prési- dent du CO.U.R.R.I.E.L, introduisit le Rassemblement en donnant le cadre général de notre contestation et en réaffirmant avec force les valeurs humanistes de notre combat. Raymond Besson, président du Clec, donna une analyse très documentée, basée sur des chiffres, soulignant les consé- quences économiques du monopole linguis- tique anglo-américain. Ce fut une présenta- tion très concrète à même de convaincre ceux que la seule question culturelle, voire républicaine, laisse malheureusement de marbre : que l'on se sente citoyen du monde (apatride), résolument moderne (sans racines) ou simplement pragmatique avant tout (sans valeurs à défendre). Maurice Lelous, vice-président du Clec ponctua son allocution d'une série de citations donnant un aperçu cosmopolite, culturel et engagé, de la résistance linguistique. D'appels à la préservation de la diversité linguistique en dénonciations du rôle des élites locales « mondialisées », ce fut l'occasion de prendre mieux conscience, par la diversité des sources, des multiples facettes de notre com- bat, et de son incontournable réalité. alliés. Cela va de soi, plus nous serons nombreux à nos manifestations, plus il sera difficile aux médias et aux politiciens d’é- luder le problème de l’anglicisation et de dire, notamment, qu’ils ne savaient pas. Les associations qui composent ce collec- tifs sont, par ordre alphabétique, outre l’A.FR.AV : 1 ASSELAF, Association pour la Sauve- garde et l’Expansion de la Langue Fran- çaise (http://www.asselaf.fr/) ; 2 CLEC, Cercle Littéraire des Ecrivains Cheminots (http://clec.uaicf.asso.fr/) ; 3 CO.U.R.R.I.E.L, Collectif Unitaire Républicain de Résistance, d’Initiative et d’Emancipation Linguistique (http:// www.courriel-languefrancaise.org/) ; 4 DLF-IdF, Défense de la Langue Fran- çaise, délégation d'Île-de-France (http://www.langue-francaise.org/). Souhaitons longue vie à ce collectif, la cause de la langue française le vaut bien. Régis Ravat, Président de l’A.FR.AV. Résumé du rassemblement fait à partir du compte-rendu de Matthieu Varnier, Secrétaire général du CO.U.R.R.I.E.L et des notes de Mme Noëlle Vesser, notre représentante à Paris. PREMIER TRIMESTRE 2011 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 63 Matthieu Varnier, secrétaire général du CO.U.R.R.I.E.L, a conclu par une note mili- tante, dans un discours de mobilisation insis- tant sur les enjeux de la lutte pour la survie des langues maternelles et sur les différentes formes de l'action individuelle et collective. Comme prévu, le rassemblement fut suivi par une distribution de tracts à la manifesta- tion enseignante tenue à Paris le jour même. Ces tracts pour essayer de sensibiliser le monde de l'Enseignement aux diverses réformes linguistiques assassines qui viennent d'être annoncées, notamment la réforme Chatel voulant mettre en place l’en- doctrinement linguistique à l’anglais de nos enfants dès la maternelle, l’annonce de M. Sarkozy de faire enseigner les mathéma- tiques et l'histoire en anglais au lycée, etc. Signalons enfin la présence, à notre rassem- blement, de plusieurs syndicalistes, dont M. Jean-Pierre Lamonnier, représentant la CFE/ CGC (Confédération Générale des Cadres). Pour cette première fois, l'événement fut couvert notamment par la radio France-Bleu, par deux journalistes du site d’informations « Lesinrocks.com », ainsi que par une radio allemande manifestement très attentive à la question de l’anglicisation, problème bien connu également outre-Rhin. Signalons enfin, que si cette manifestation était la première, elle ne doit pas être la der- nière. À cette fin, n’hésitez pas à vous joindre au Collectif en y invitant parents, amis et FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV Parc Louis-Riel - 2811 chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE Site : www. francophonie-avenir.com - Chaîne-vidéos : www.youtube.com/user/Fraternipohonie É D I T O R I A L SOMMAIRE Éditorial : Notre première manifes- tation de rue pour la langue française. Discours de Georges Gastaud à la fontaine Molière, le 19 mars 2011. Jean-Marc Léger nous a quittés. Empreintes linguistiques criminelles. Non-réciprocité à l’anglo-saxonne. La traduction automatique, une so- lution contre le tout-anglais. Copé, un politicien capitulard et collaborationniste Manifestons pour le français : le 18 juin 2011. Qui arrêtera Chatel, l’anglomane ? Mots d’Or et Trophées du langage, par Charles Durand (1/3) Honte en Belgique. L’anglais en Suisse, on y pense ! Eurovision 2011 : la France sans sa langue ! Action : opération « COURRIEL »

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Journal de l'Association FRancophonie AVenir (A.FR.AV) - Premier trimestre 2011

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FRATERNIPHONIE No 63 Page 1

Le 19 mars 2011, à 14 heures, de-vant la fontaine Molière, à Paris, eut lieu notre première manifestation de rue en faveur de la langue française. C’est en faisant partie d’un collectif formé de 5 associations de défense de la langue française : l’Asselaf1, le Clec2, le Courriel3 et DLF Île-de-France4, que l’Afrav put mettre sa pierre à la construction de cet événe-ment. Le mot d’ordre était : « Non au tout-à-l’anglais ! Non à l’an-glais partout ! Ne laissons pas tuer la langue française ! »

100 personnes environ assistèrent à ce rassemblement, un rassemble-ment, rappelons-le, situé en plein Paris, à deux pas du Louvre, du

Palais-Royal et du Ministère de la Culture, sur une place presque mitoyenne avec le Conseil Constitutionnel, à côté de la mai-son de Diderot devenue depuis, signe bien révélateur de l’anglais colonial qui nous assaille, le restaurant HAND, un sigle désignant un mot anglais (main) et formé à partir de l’expression anglaise, "Have A Nice Day" (« Passez une bonne journée »).

Deux drapeaux de la Francophonie furent mis de part et d’autre de la fontaine Molière, une banderole fut déployée pour rappeler d’une part que le français est la langue de la République et pour dire, de l’autre, qu’il fallait résister au tout-anglais. Des tracts dénonçant l’anglicisation furent distribués, des petits drapeaux en papier de la Francophonie furent donnés pour souli-gner le caractère international de la langue française, puis, pendant près d’une heure se succédèrent au micro des prises de paroles à travers lesquelles furent exposés des ana-lyses et des témoignages sur la situation linguistique de notre pays.

Par son discours, Georges Gastaud, prési-dent du CO.U.R.R.I.E.L, introduisit le Rassemblement en donnant le cadre général de notre contestation et en réaffirmant avec force les valeurs humanistes de notre combat.

Raymond Besson, président du Clec, donna une analyse très documentée, basée sur des chiffres, soulignant les consé-quences économiques du monopole linguis-tique anglo-américain. Ce fut une présenta-tion très concrète à même de convaincre ceux que la seule question culturelle, voire républicaine, laisse malheureusement de marbre : que l'on se sente citoyen du monde (apatride), résolument moderne (sans racines) ou simplement pragmatique avant tout (sans valeurs à défendre).

Maurice Lelous, vice-président du Clec ponctua son allocution d'une série de citations donnant un aperçu cosmopolite, culturel et engagé, de la résistance linguistique. D'appels à la préservation de la diversité linguistique en dénonciations du rôle des élites locales « mondialisées », ce fut l'occasion de prendre mieux conscience, par la diversité des sources, des multiples facettes de notre com-bat, et de son incontournable réalité.

alliés. Cela va de soi, plus nous serons nombreux à nos manifestations, plus il sera difficile aux médias et aux politiciens d’é-luder le problème de l’anglicisation et de dire, notamment, qu’ils ne savaient pas.

Les associations qui composent ce collec-tifs sont, par ordre alphabétique, outre l’A.FR.AV :

1 ASSELAF, Association pour la Sauve-garde et l’Expansion de la Langue Fran-

çaise (http://www.asselaf.fr/) ;

2 CLEC, Cercle Littéraire des Ecrivains Cheminots (http://clec.uaicf.asso.fr/) ;

3 CO.U.R.R.I.E.L, Collectif Unitaire Républicain de Résistance, d’Initiative et d’Emancipation Linguistique (http://www.courriel-languefrancaise.org/) ;

4 DLF-IdF, Défense de la Langue Fran-çaise, délégation d'Île-de-France

(http://www.langue-francaise.org/).

Souhaitons longue vie à ce collectif, la cause de la langue française le vaut bien.

Régis Ravat, Président de l’A.FR.AV.

Résumé du rassemblement fait à partir du compte-rendu de Matthieu Varnier, Secrétaire général du CO.U.R.R.I.E.L

et des notes de Mme Noëlle Vesser, notre représentante à Paris.

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PREMIER TRIMESTRE 2011 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 63

Matthieu Varnier, secrétaire général du CO.U.R.R.I.E.L, a conclu par une note mili-tante, dans un discours de mobilisation insis-tant sur les enjeux de la lutte pour la survie des langues maternelles et sur les différentes formes de l'action individuelle et collective.

Comme prévu, le rassemblement fut suivi par une distribution de tracts à la manifesta-tion enseignante tenue à Paris le jour même. Ces tracts pour essayer de sensibiliser le monde de l'Enseignement aux diverses réformes linguistiques assassines qui viennent d'être annoncées, notamment la réforme Chatel voulant mettre en place l’en-doctrinement linguistique à l’anglais de nos enfants dès la maternelle, l’annonce de M. Sarkozy de faire enseigner les mathéma-tiques et l'histoire en anglais au lycée, etc.

Signalons enfin la présence, à notre rassem-blement, de plusieurs syndicalistes, dont M. Jean-Pierre Lamonnier, représentant la CFE/CGC (Confédération Générale des Cadres).

Pour cette première fois, l'événement fut couvert notamment par la radio France-Bleu, par deux journalistes du site d’informations « Lesinrocks.com », ainsi que par une radio allemande manifestement très attentive à la question de l’anglicisation, problème bien connu également outre-Rhin.

Signalons enfin, que si cette manifestation était la première, elle ne doit pas être la der-nière. À cette fin, n’hésitez pas à vous joindre au Collectif en y invitant parents, amis et

FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV

Parc Louis-Riel - 2811 chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE

Site : www. francophonie-avenir.com - Chaîne-vidéos : www.youtube.com/user/Fraternipohonie

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SOMMAIRE

Éditorial : Notre première manifes-

tation de rue pour la langue française.

Discours de Georges Gastaud à la

fontaine Molière, le 19 mars 2011.

Jean-Marc Léger nous a quittés.

Empreintes linguistiques criminelles.

Non-réciprocité à l’anglo-saxonne.

La traduction automatique, une so-

lution contre le tout-anglais.

Copé, un politicien capitulard et

collaborationniste

Manifestons pour le français : le 18

juin 2011.

Qui arrêtera Chatel, l’anglomane ?

Mots d’Or et Trophées du langage,

par Charles Durand (1/3)

Honte en Belgique.

L’anglais en Suisse, on y pense !

Eurovision 2011 : la France sans sa

langue !

Action : opération « COURRIEL »

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FRATERNIPHONIE No 63 Page 2

Cher(e)s concitoyen(ne)s, Au nom du CO.U.R.R.I.E.L, associa-

tion républicaine de défense de la langue française contre le tout-

anglais, je vous remercie d’avoir répondu présents à cette prise de

parole unitaire, organisée avec nos amis du CLEC, de l’A.FR.AV

et de DLF-Paris. Il est désolant de constater que sur cette place

où trône la statue de

Molière, un restau-

rant indignement

intitulé "Hand" et

dont la devanture ne

fait aucune place au

français, s’est empa-

ré de l’immeuble

même où est mort

Denis Diderot, le

philosophe qui a coordonné l’écriture de l’Encyclopédie.

Le problème tragique de notre combat est ainsi plantée par les

lieux mêmes où nous sommes rassemblés : nous ne nous sommes

pas réunis en effet comme des nostalgiques dont l’unique souci

serait de défendre le plus-que-parfait du subjonctif, mais comme

des citoyens inquiets, pionniers d’un combat d’avenir contre les

discriminations linguistiques, et dont le mot d’ordre est RÉSIS-

TANCE CULTURELLE. Cette expression est en effet pleine-

ment justifiée quand tout montre que l’oligarchie politico-

économique qui domine notre pays a décidé, dans le dos du

peuple français, d’ARRACHER la langue de Molière pour lui

SUBSTITUER celle que le président du syndicat patronal

"Business-Europe", l’étrange citoyen « français » Ernest-Antoine

Sellières, a osé gratifier devant Jacques Chirac (alors président de

la République) du titre de « langue des entreprises et des

affaires », à savoir le tout-globiche « entrepreneurial » et

« managérial ». L’affaire qui nous occupe est d’autant plus grave

que le sinistre Jean-François Copé vient, coup sur coup, d’appe-

ler l’UMP à mettre à l’ordre du jour le basculement linguistique

des médias français au tout-anglais au cœur de la campagne pré-

sidentielle, et de réclamer que le « tout-français » soit désormais

imposé par la loi dans les Mosquées, en violation de la loi laïque

qui sépare l’État des Églises ; et cela au risque de faire de notre

langue un odieux instrument d’oppression à l’encontre de ceux

qui ont le droit de prier, s’ils le souhaitent, en arabe, en latin, en

hébreu, en grec ou en slavon. « Tout-en-français » dans les mos-

quées, « tout-en-anglo-américain » partout ailleurs, cette

politique linguistique qui vise à nous « coper » la langue pour

mieux nous priver du droit à la parole, serait franchement ridicule

si elle n’était en même temps si odieuse et si fascisante.

Mon propos sera bref : il s’agira d’abord de dénoncer la menace

qui pèse sur notre langue et qui relève d’un véritable totalitarisme

linguistique. Je pointerai ensuite les raisons socio-économiques

d’un basculement linguistique qui n’a rien à voir avec l’ouverture

internationale de la France et qui tient surtout à la volonté de nos

prétendues élites d’imposer au peuple, sans le moindre débat

citoyen, la pensée unique néolibérale des États-Unis d’Amérique.

Il s’agira enfin d’appeler à la résistance linguistique unie. Au-

jourd'hui nous sommes encore un nombre réduit, - bien que nous

soyons bien plus nombreux que ce que nous attendions pour cette

première manifestation de rue - : et comment en serait-il autre-

ment alors que nous sommes censurés par tous les grands médias,

qu’une bonne partie de l’opposition établie, à commencer par

DSK et Mme Aubry, marchent à fond dans le tout-anglais, que

tout est fait pour amalgamer notre combat avec on ne sait quel

purisme « rétro », alors que nous sommes partisans d’une langue

vivante et ouverte et qu’en défendant le français nous défendons

le droit universel des hommes à parler leur langue, y compris

pour ceux qui le souhaitent, les langues régionales, les langues

de l’immigration et même l’espéranto que certains considèrent

ici comme un remède neutre à la domination de l’anglais.

I. J’évoquerai d’abord la politique d’arrachage du

français et de substitution du tout-anglais au français.

Celle-ci se marque d’abord par l’acharnement du grand

patronat à basculer ses enseignes et ses produits à l’anglais

commercial, qu’il s’agisse de Carrefour, de Renault, de Citroën

et de Peugeot, de Bouygues et des autres « stars » du CAC 40.

Mais les entreprises publiques en cours de privatisation ne sont

pas en reste, quand la SNCF promeut ses "Family TGV" et ses

"TGV Night", quand Orange, ex-France-Télécom prétend nous

vendre ses "live box" et ses produits "everywhere ajustable",

quand la poste « vend » du Livret A sous le slogan infect "I

love L.A.", quand dans l’Éducation « nationale », certains

pensent sérieusement à rebaptiser "Learning Centers", les

Centres de documentation et d’information.

Cela se marque au fait que nombre de grandes entreprises

françaises « travaillent » illégalement en anglais, notamment en

région parisienne, imposant à leurs salariés une détresse consi-

dérable, méprisant les salariés et le public du pays qui les font

vivre, négligeant sottement l’atout international qu’est la fran-

cophonie mondiale, dédaignant l’arme commerciale qu’est la

langue française pour produire et vendre dans notre pays,

et prenant le risque scandaleux de provoquer de très

dommageables malentendus, notamment dans le secteur

médical. Nous nous félicitons qu’à ce sujet, à la suite d’un

certain nombre de pionniers présents ici, des syndicats de

diverses obédiences engagent l’action pour le droit élémentaire

de travailler en français en France, en italien en Italie, en

allemand en Allemagne, etc.

Cela se marque ensuite par la politique linguistique détestable

des grands médias privés et publics qui, notamment, aux heures

de grande écoute, balancent illégalement, sans grande réaction

du CSA, des publicités en anglais encadrées par des "talk

shows", des "news" et des

"reality shows".

Plus grave encore, car ce

sont ceux qui sont censés

faire respecter la loi et la

Constitution qui sont alors

à la manœuvre, les

ministres de l’actuel gou-

vernement mènent l’assaut

contre la langue dans

laquelle ils osent ensuite

solliciter le vote de nos

concitoyens. C’est le cas

de Luc Chatel, l’ex-DRH

de L’Oréal, qui veut

imposer, sans le moindre débat parlementaire, un « bain lin-

guistique anglophone » aux enfants de maternelle, à un âge où

les structures du français ne sont pas consolidées. Le même

personnage a décidé, hélas sans aucune réaction des syndicats

d’enseignants censés défendre l’Éducation « nationale », que

les élèves de filière littéraires n’auraient plus 4 heures de litté-

rature française en première et en terminale, mais deux heures

de cette discipline plus deux heures, retirées au français ou aux

maths, pour apprendre la littérature étrangère enseignée en

langue étrangère : et dans 99 cas sur cent, cette langue sera

l’anglais étant donné la chasse aux postes d’allemand, d’espa-

Discours de Georges Gastaud, à la fontaine Molière, le 19 mars 2011

Georges Gastaud

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FRATERNIPHONIE No 63 Page 3

gnol, de russe, etc. dans nos lycées. Et ce n’est qu’un début

puisque désormais les jeunes professeurs devront être en capacité

d’enseigner en langue étrangère, - en clair, l’anglais -, en viola-

tion de la loi qui stipule que « le français est la langue de l’ensei-

gnement » et de la constitution dont l’article II énonce que « le

français est la langue de la République ». On ne saurait imaginer

plus outrecuidante violation de l’État de droit !

Madame Valérie Pécresse n’est pas en reste qui, par la loi LRU,

a créé les conditions pour une américanisation massive de nos

universités et de notre recherche avec, bien évidemment, un pri-

vilège massif pour l’anglais dans la notation des enseignants-

chercheurs. Et ne parlons pas de Kouchner qui a déclaré de ma-

nière ubuesque que « l’avenir de la francophonie passe par l’an-

glais », ni de Lady Christine The Guard, qui a

reçu le prix de la Carpette anglaise pour sa façon

de « manager » en "English" son ministère du

"Business", ni de M. Borkel qui, passant outre à

la Constitution, a accepté que désormais les

brevets rédigés en anglais aient force de loi sur

le territoire national.

Ce sinistre tableau ne serait pas complet si l’on

oubliait de dire que l’U.E., qui orchestre cette

politique d’arrachage linguistique dans tous les

pays affiliés, privilégie massivement l’anglais

dans sa communication en évinçant totalement le

français, l’allemand, l’italien, etc. et en violant

ses traités fondateurs qui lui font obligation de respecter l’identité

des peuples qui la composent.

II. Les racines socio-linguistiques de cet arrachage totali-

taire sont d’une clarté aveuglante. Pour les comprendre, il faut

re-monter aux décisions du MEDEF, dont un récent congrès s’af-

fichait sous le slogan ridicule et néo-colonial de "Ready for the

future !". L’oligarchie qui domine aujourd’hui la France et l’UE

n’a cure de l’héritage linguistique de notre pays, celui de

Rabelais, Racine, Marivaux, Hugo, Aragon, Proust, Malraux,

Brassens, - excusez du peu -, un héritage qu’elle perçoit comme

un boulet et qu’elle traite exactement comme elle traite la Sécu,

les retraites par répartition, les nationalisations, les conventions

collectives, le statut de la fonction publique et les autres

conquêtes « archaïques » du Front populaire et de la Résistance.

Foin de ces vieilleries qui « plombent » la chasse au profit et qui

empêchent d’aligner notre pays sur les normes sociales régres-

sives du prétendu « modèle » anglo-saxon. Mais il ne s’agit pas

seulement d’économie : une langue n’étant jamais un pur récep-

tacle de signifiants, mais portant toujours en elle un héritage

culturel qui n’est autre que l’identité en mouvement du peuple

qui la parle, détruire une langue signifie défaire un peuple, le

priver de ce qui lui permet de dire « nous », fût-ce pour organiser

ses contradictions et ses confrontations les plus aigües. Le jour

où notre défunt pays parlerait principalement anglais, où le

français devenu un patois abâtardi et honteux ne sera plus parlé

qu’à la maison par le quatrième âge, qui ne voit que la « France »

se sera totalement reniée et qu’elle ne ressemblera plus alors qu’à

ce couteau sans manche dont on a jeté la lame que raillait jadis

l’humoriste ?

Qui ne voit qu’en outre, à travers le « tout-américain » des af-

faires, c’est une langue unique mondiale qu’on met en place, une

langue, ou plutôt une novlangue porteuse d’une idéologie unique,

d’une politique unique, d’une économie unique, d’un façonnage

unique des cerveaux et des cœurs ? En quoi cette monstrueuse

politique d’extermination linguistique serait-elle moins grave en

son principe que la destruction de la biodiversité par ceux qui,

pour satisfaire leur insatiable soif de profit, détruisent irréversi-

blement les ressources naturelles de la planète ? En quoi la diver-

sité des langues et des civilisations, ce fondement de la culture

qui n’est plus rien sans l’échange et l’altérité, serait-elle moins

précieuse que la diversité des espèces, fondement de la vie et de

l’évolution ?

Enfin qui ne voit que le triomphe d’une langue unique mon-

diale signifierait pour des décennies, voire pour des siècles, la

marginalisation des classes populaires et d’une bonne partie des

couches moyennes, et cela dans leur propre pays ; il n’est que

de constater que désormais, de grandes entreprises embauchent

de manière discriminatoire des "English mother

tongue" (NDLR : anglophone de naissance) en instituant une

préférence nationale à l’envers, non moins fétide que la préfé-

rence nationale réclamée par l’extrême droite !

III. Face à cette

guerre non déclarée

que mène l’oligar-

chie capit a li ste

contre notre langue

et contre toutes les

langues, y compris

contre la langue de

Shelley, laminée en

Angleterre même

par le globiche, nous

ne sommes pas dé-

sarmés :

- d’abord nous sommes forts de notre unité ; nous sommes

heureux de voir que les associations qui ont préparé ensemble

ce premier rassemblement de rue, marchent la main dans la

main et que cet après-midi même, elles diffuseront ensemble

des milliers de tracts à la manif des enseignants pour dénoncer

le volet linguistique de la contre-réforme Chatel...

Nous avons également conscience de combattre les discrimi-

nations sociales car, au-delà des clients de "Hand", c’est le

peuple français, ses ouvriers, ses employés, ses artisans et ses

paysans qui paieraient le plus cher la fracture linguistique, au

seul profit des élites oligarchiques "English mother tongue".

Nous avons conscience enfin de défendre la diversité linguis-

tique mondiale, non moins précieuse pour l’humanité que la

biodiversité chère à juste titre aux écologistes.

Au nom des grands milieux d’affaires dont il est issu, Copé a

déclaré la guerre aux francophones en déclarant qu’il utiliserait

la campagne électorale pour mettre le basculement linguistique

à l’anglais au centre de la campagne électorale à venir. Eh bien

nous relevons le gant : nous sommes encore peu nombreux,

mais nous jurons que nous allons grandir en prenant appui sur

les masses profondes de notre peuple dont les sondages

montrent qu’il voit dans le français l’identifiant n°1 de son

identité républicaine ouverte et dénuée de xénophobie. Nous

sommes certains qu’en nous adressant régulièrement à notre

peuple, en l’interpellant à l’occasion de ses luttes, nous finirons

par l’aider à unifier ses résistances et qu’un jour, face aux

indignes dirigeants qui le trahissent sous différentes étiquettes,

le peuple se dressera derechef, « tous ensemble et en même

temps », qu’il assumera les mots neufs de la francophonie

mondiale en révolte, du « dégage ! » tunisien adressé à Ben Ali

au beau mot de « désobéisseur » lancé par les enseignants en

lutte contre ceux qui dénaturent leur métier.

Ainsi notre peuple multicolore reprendra-t-il à son compte les

trois mots de notre langue qui ont fait le tour du monde, liberté,

égalité, fraternité et auxquels vous permettrez à l’Occitan d’ori-

gine que je reste d’ajouter le mot le plus chantant des anciens

troubadours, le mot amour…

Je vous remercie.

Georges Gastaud

devant le HAND !

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FRATERNIPHONIE No 63 Page 4

France 2, chaîne du Service public de la télévision française,

a diffusé entre les 25 mars 2011 et 1er avril 2011, une série

policière télévisuelle composée de six épisodes.

L'histoire se déroule dans le Paris des années 20. L'action

consiste à montrer les prémices de la police technique et

scientifique, la toute première de ce genre dans le monde.

Le problème, et non des moindres, c'est que tout au long des

épisodes, on est littéralement plombé par la chanson en anglais.

Pourquoi une telle ambiance anglophone dans une série

française située, qui plus est, dans les années 20 à Paris où

l'anglomanie, contrairement à aujourd'hui, était inexistante ?

Décidément, aujourd'hui, on met de l'anglais partout, exprès,

bien sûr, pour participer activement à la colonisation linguistique

des Français afin qu'au final, tellement imbibés d'anglo-attitudes,

ils sollicitent tous l'anglais dès le berceau pour leurs enfants (voir Chatel en ce moment avec son anglais dès la maternelle).

Rappel de la loi : Décret no2009-796 du 23 juin 2009 fixant

le cahier des charges de la société nationale de programme

France Télévisions

Article 39 : La langue française

Tendant à être une référence dans l’usage de la langue

française, France Télévisions contribue à sa promotion et à son

illustration dans le cadre des recommandations du Conseil

supérieur de l’audiovisuel.

Elle veille à l’usage et au respect de la langue française par

le personnel intervenant sur ses services conformément aux

dispositions de la loi no94-665 du 4 août 1994 et, notamment,

proscrit les termes étrangers lorsqu’ils possèdent un équivalent

en français.

Il incombe au CSA, le Conseil supérieur de l’audiovisuel, en

application de l’article 3-1 de la loi du 30 septembre 1986, de

veiller « à la défense et à l’illustration de la langue française »

dans la communication audiovisuelle ainsi qu’au respect des

dispositions de la loi du 4 août 1994 relative à l’emploi de la

langue française.

Pour que le service public de la Télévision ne se mette pas

au service de l'anglicisation, demandons au CSA de se

battre et de défendre la langue française :

Empreintes (linguistiques)

Criminelles

Jean-Marc LÉGER fut l'un des pères le

la francophonie, la grande cause de sa

vie avec l'indépendance du Québec.

Jean-Marc Léger, mort d'un cancer à

84 ans, dimanche 13 février dans sa ville

natale de Montréal, avait, dès son retour

de Paris où il avait étudié à Sciences Po,

milité en faveur d'un regroupement des

peuples de langue française.

Jeune journaliste à La Presse, puis au

Devoir de Montréal, il tentera de

« vendre » au culot cette idée au ministre

français des Affaires étrangères de l'époque, Georges Bidault.

Jean-Marc Léger fonde au Québec une union des journalistes

francophones puis, en 1961, avec André Blanchard, la toute pre-

mière structure francophone, l'Association des universités partiel-

lement ou entièrement de langue française. L’Aupelf, qui comp-

tait trente membres au départ, en a aujourd’hui dix fois plus.

L'année suivante, il participe à un numéro spécial de la revue

Esprit sur « Le français, langue vivante » (novembre 1962),

considéré comme le manifeste spontané de la francophonie,

mêlant sa voix à celle de Léopold Sédar Senghor

(Sénégal), Hamani Diori (Niger), Habib Bourguiba

(Tunisie), Sélim Abou (Liban), Kateb Yacine

(Algérie), Norodom Sihanouk (Cambodge). Il lui faudra encore attendre cinq ans avant que naisse à Niamey

la première institution francophone, l'Agence de coopération

culturelle et technique (d'où est issue l'actuelle Organisation In-

ternationale de la Francophonie). Il lui reviendra de diriger cette

Agence de 1969 à 1974. Le premier Sommet de la Francophonie

dont il avait tant rêvé, n'aura lieu qu'en 1986. C'est le seul forum

international où le Québec a une présence à part entière à côté du

Canada.

Entre-temps, Jean-Marc Léger a affiché son parti pris pour l'in-

dépendance du Québec, ce « pays à portée de main » auquel les

électeurs de la Belle Province ont renoncé à deux reprises, en

1980 et en 1995, à l'issue de référendums.

Délégué du Québec à Bruxelles, puis haut fonctionnaire aux mi-

nistères québécois de l'Éducation et des Relations internationales,

il est resté fidèle à cette option contre vents et marées, comme à

« une sorte de foi », dira-t-il sans que faiblisse son combat pour la

défense de la langue française « porteuse d'universel ! ».

Il rallia cent personnalités, écrivains et artistes québécois, pour

lancer un appel collectif, publié le 15 octobre 1993 dans ces co-

lonnes. La première phrase allait droit au but : « Nous, Qué-

bécois, Nord-Américains de langue française,

éprouvons une vive inquiétude devant le risque de

colonisation linguistique et culturelle de la France

par la diffusion et la pénétration accélérées du mo-

dèle anglo-saxon et de la langue anglaise dans de

nombreuses sphères de l'activité nationale ».

Pour lui, les signes « d'abdication » de la société française ne

pouvaient apparaître que comme une sorte de trahison.

Lu dans Le Monde du 22 février 2011,

sous la plume de Martine Jacot

Jean-Marc Léger, un père de la

francophonie, nous a quittés.

Conseil supérieur de l’audiovisuel

M. Michel Boyon, Président

Tour Mirabeau

39-43, quai André-Citroën

75739 Paris Cedex 15

Tél.: +33 1 40 58 38 00

Fax: +33 1 45 79 00 06

Série française servant de support

à la propagande anglophone.

Page 5: Fraterniphonie n°63

FRATERNIPHONIE No 63 Page 5

L'Office européen des brevets (OEB) et le géant américain de l'Internet, Google, ont signé un accord le 24 mars qui entérine leur collaboration sur la traduction automatique de brevets en 32 langues européennes, slaves et asiatiques.

Dans le cadre de ce partenariat, déjà annoncé en novembre 2010, l'OEB utilisera la technologie de Google Traduction pour traduire des brevets sur son site en 28 langues européennes, ainsi qu'en chinois, en japonais, en coréen et en russe.

Plus tôt ce mois-ci, après des années d'impasse sur le brevet commun de l'UE, les ministres de 25 États membres ont décidé d'introduire un système commun requérant que les brevets soient déposés en anglais, en français ou en allemand, les trois

langues de travail de l'OEB. Dans le même temps, l'Italie et l'Espagne refusent toujours cette solution, car ils désapprouvent les règles propo-sées concernant le choix des langues officielles. Le président de l'OEB, Benoît Battistelli, a déclaré que le nouvel outil de traduction était un autre tremplin pour améliorer l'innovation en Europe et permettre aux entreprises européennes d'être compétitives face à leurs concurrents dans d'autres régions. « En outre, je suis convaincu que cela facilitera le développement du brevet unitaire », a ajouté M. Battistelli. Toutefois, même si ce système de traduction automatique par ordinateur permettra d'avoir un accès gratuit et en temps réel aux informations existant sur les brevets, ces traductions n'auront pas de valeur juridique et ne pour-

ront être utilisées que pour l'information et la recherche. Dans le cadre de l'accord entre l'OEB et Google, l'Office des brevets permettra à Google d'accéder à l'ensemble des

brevets traduits pour permettre au géant de l'Internet d'optimiser sa technologie de traduction par ordinateur pour les langues spécifiques utilisées pour l'enregistrement des brevets.

Selon l'OEB, « l'accord n'est pas exclusif et il n'y a pas d'élément financier impliqué ». Antoine Aubert, responsable de la politique publique au bureau de Google à Bruxelles, a déclaré que le projet bénéficierait grandement aux inventeurs, aux scientifiques et aux innovateurs dans la mesure où il leur permettra d'accélérer leurs efforts en matière de recherche et de développement, car ils pour-ront effectuer des recherches dans leur propre langue à travers tout l'éventail de brevet de l'OEB.

À partir de 2011, les entreprises, les inventeurs et les scientifiques pourront rechercher des brevets sur le site de l'OEB en anglais, en français et en allemand et les traduire instantanément.

Les autres langues européennes, ainsi que le chinois, le japonais, le coréen et le russe, seront progressivement disponibles et le projet devrait être finalisé fin 2014.

Source : euractiv.com, le 25 mars 2011

C’est parce que les hommes ont des limites tant physiques qu’intellectuelles qu’ils ont toujours cherché

à améliorer leurs outils ou à en trouver de nouveaux. C’est ainsi qu’au fil des siècles leurs savoirs scienti-

fiques et technologiques n’ont cessé de grandir. Pourquoi alors, aujourd’hui, ne seraient-ils pas capables,

à travers la traduction simultanée et automatique, de résoudre le problème de la communication interna-

tionale ? Être multilingue sans le moindre effort, avec seulement un ordinateur portable et une oreillette,

voilà qui risquerait fort de couper l’herbe sous les pieds de tous les angliciseurs de la terre. (à suivre)

M. Harper parle français à Washington, la Fox

coupe la transmission !

(Belga) Le Premier ministre canadien Stephen Harper fera

toujours ses déclarations officielles d'abord en français, a indiqué,

son porte-parole, interrogé au sujet de l'attitude de certaines télévi-

sions américaines qui ont coupé la transmission de ses propos à la

Maison Blanche.

« Que ce soit à Vancouver ou Drummondville, Washington ou Paris, le Premier ministre a toujours commencé ses discours en

français. Et il va continuer à le faire tant, et aussi longtemps, qu'il sera Premier ministre », a indiqué dans un courriel Dimitri Soudas,

directeur des communications de M. Harper. Les médias canadiens, qui ont l'habitude du bilinguisme et assurent la traduction simul-

tanée des propos de leurs hommes politiques, ont noté avec indignation que des réseaux américains ont interrompu leur couverture

de la conférence de presse de M. Harper et de son hôte, vendredi, lorsque le chef du gouvernement d'Ottawa a commencé à parler

français, pour la reprendre ensuite quand c'était le tour du président Barack Obama de prendre la parole. Le présentateur de la Fox a

dit que sa chaîne « ne diffuse pas en français », passant aux nouvelles d'Égypte. M. Harper non seulement fait ses déclarations

d'abord en français, mais il répond souvent aux questions de journalistes d'abord dans la langue de Molière. Selon son entourage,

cela lui permet de choisir soigneusement ses mots. Et, bien entendu, cela produit un effet favorable auprès du public québécois.

Source : levif.rnews.be, le lundi 07 février 2011

À l'heure où Jean-François Copé veut que le Ser-

vice public de la télévision diffuse les films et les

séries anglosaxonnes en version originale, voici un

bel exemple de non-réciprocité linguistique avec

une chaîne de télévision étatsunienne qui coupe la

diffusion dès qu'elle entend du français !

Non-réciprocité à l’anglo-saxonne

La traduction automatique, une solution contre le tout-anglais !

M. Harper M. Obama

Page 6: Fraterniphonie n°63

FRATERNIPHONIE No 63 Page 6

1/ Au niveau économique. Beaucoup de marchés à l’interna-tional échappent à nos PME, freinés par la barrière de la langue, quand les Allemands gagnent des parts de marchés notamment parce qu’ils ne rechignent pas à parler un bon anglais !

2/ Mais cela limite aussi notre capacité à nous ouvrir au monde. Comment les Français peuvent-ils

comprendre les défis nouveaux du monde en ne comprenant que leur langue ? Bien sou-vent, nous nous replions alors sur des com-paraisons historiques – la France de 2010 par rapport à celle de 1981 – plutôt que de faire des comparaisons internationales – la France d’aujourd’hui par rapport à nos voisins. On le voit encore dans le débat sur les 35 heures que j’ai voulu relancer : pour

comprendre les enjeux de ce débat, il est pré-férable d’avoir une vision de la compétition

internationale. Je ne suis bien sûr pas le premier à faire ce constat. Depuis une dizaine

d’années, l’Éducation nationale a fait des efforts importants pour développer les langues vivantes dès le primaire. Ainsi, en 2002, 24,7% des classes de CE2 bénéficiaient d’un enseignement d’une langue étrangère. En 2010, la proportion est passée à 99,7% (dont 90% apprennent l’anglais) ! C’est un progrès impressionnant qu’il faut saluer : il montre que l’Éducation nationale peut faire la preuve d’une faculté d’adaptation remarquable !

Il est encore trop tôt pour tirer un bilan de ce tournant spectacu-laire pris par l’Éducation nationale. Nous devrions en voir tout le bénéfice dans les années à venir. Mais, avant même ce bilan, je crois que nous devons aller encore plus loin dans notre action en faveur des langues étrangères. L’étude de 2002 sur la comparai-son des niveaux de langues en Europe pointait notamment deux lacunes de l’enseignement des langues en France :

1/ L’enseignement commence trop tard Cette faiblesse a été corrigée puisque quasiment 100% des élè-

ves de CE2 sont initiés à une langue étrangère. La familiarisation avec l’anglais se fait aussi – par le jeu et les chansons – dans des classes maternelles. C’est une option qu’il faudra généraliser au-delà des établissements « favorisés ». Mais ce qui compte, c’est aussi la méthode d’apprentissage. On a souvent pointé du doigt la focalisation de l’enseignement scolaire sur la grammaire et l’écrit, au détriment de l’oral et de l’amélioration de l’aisance. En mettant la barre assez haut sur les règles à maîtriser, on complexe parfois les élèves qui n’osent plus prendre la parole de peur de se tromper. L’évaluation systématique des méthodes d’apprentis-sage pour voir celles qui marchent et celles qui ne marchent pas est désormais indispensable à l’échelle nationale. Au-delà de la formation initiale, il faut que les entreprises comprennent l’avan-tage qu’elles auraient à développer massivement l’apprentissage/le perfectionnement de leurs salariés en anglais. Des cours d’an-glais de qualité dispensés à des salariés motivés pour partie « à la conquête du monde » peuvent offrir un retour sur investissement considérable. Mais là aussi, l’évaluation des méthodes est pri-mordiale : attention aux charlatans !

2/ Les élèves français étaient moins « exposés » que les au-tres élèves européens à une langue étrangère

Les Français ne sont confrontés à l’anglais qu’en cours, alors que les élèves des pays nordiques ou des Pays-Bas regardent fré-quemment à la télévision des films ou des émissions en VO et sous-titrées dans leur langue maternelle – les coûts de postsyn-

chronisation n’étant pas renta-bles pour les langues les moins

parlées. Cette différence est décisive ! Pourquoi aujourd’hui n’adopterions-nous pas la même politique en France ? Les films ou les séries anglo-saxonnes qui sont diffusées à la télévision française pourraient l’être en anglais et sous-titrées en français, au moins sur le service public. Ce serait d’ailleurs l’occasion de faire « d’une pierre trois coups » : les Français amélioreraient mécaniquement leur maîtrise de l’anglais, mais aussi leur ni-veau de français via la lecture des sous-titres, tandis que les malentendants pourraient enfin profiter plus de la télévision ! Il faut d’ailleurs noter que, parmi les jeunes générations, ils sont déjà de plus en plus nombreux à regarder en VO les films et séries sur Internet.

Je crois que cette proposition – même si elle ne peut pas changer toute la donne à elle seule – mérite d’être étudiée sans tabou, d’autant qu’elle ne coûterait pas un euro à l’État français et pourrait enrichir beaucoup à nos enfants !

J’entends déjà les critiques des ardents défenseurs de la fran-cophonie : « Qu’ils maîtrisent déjà le français ! ». Ce n’est pas moi, qui aime passionnément notre langue, qui vais leur donner tort : la maîtrise du français n’est évidemment pas négociable ! C’est d’ailleurs pour cela que j’ai proposé d’introduire un exa-men à la fin du primaire pour vérifier que les savoirs fondamen-taux (lire, écrire, compter) sont acquis avant l’entrée en sixième. Mais la maîtrise du français et d’une langue étrangère ne sont pas incompatibles. Bien au contraire !

À ce stade, il ne s’agit que de pistes de réflexion. Avec l’UMP, nous allons organiser une réflexion en profondeur pour proposer un plan de bataille sur ce thème. Je souhaite que, dans la perspective de 2012, nous fassions de l’apprentissage des langues étrangères un chantier majeur pour notre pays. Le dé-veloppement et l’influence de la France dans le monde dépen-dent d’abord de notre capacité à comprendre et à être compris !

La réalité est la suivante : Nous faisons partie

de l'Empire et, de ce fait, nous devons être endoctrinés pour continuer à être de bons citoyens pour l'Empire. L'apprentissage de l'anglais est l'un des piliers de cet endoctrinement en créant de manière artificielle, chez les assujettis, le réflexe de ne pas contrecarrer celui qui s'exprime en anglais. Les exemples pour-raient être multipliés à l'infini. À l'université, une publication rédigée en anglais a d'emblée plus de poids que son équivalent rédigé en français. Lorsque les Étatsuniens arrivent en Europe pour inciter les Européens à déclarer « la guerre contre le terro-risme », ils sont pris au sérieux, en grande partie parce que le message est diffusé en anglais. Les Allemands se sont faits voler comme dans un grand bois en achetant les dettes hypothé-caires étatsuniennes titrisées, car elles étaient commercialisées en anglais, gage de sérieux et de rendement ! Pour être pris plus au sérieux, Arthus-Bertrand a donné un titre anglais, "Home", à son film destiné à la protection de la nature, etc.

On ne peux pas annoncer aux citoyens de l'Empire le fait qu'ils sont, dans une large mesure, à la botte. Le mot « empire » est totalement tabou à l'extérieur des États-Unis, mais les intel-lectuels anglais l'utilisent aussi et bien naturellement. Cepen-dant, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Étatsu-niens ont réussi ce tour de force à créer un empire sans conquête militaire. À la périphérie de l'Empire, il faut ce-pendant faire des exemples de temps à autre et là, les massacres sont à assez grande échelle comme en Irak ou en Afghanistan, massacres largement financés par la communauté internationale puisque le dollar est à la fois devise de référence et devise de réserve internationale. Comme je l'ai déjà écrit dans mon der-nier livre, les deux piliers les plus importants de l'Empire sont

Réaction de Charles Xavier Durand ([email protected]) :

Copé, un politicien capitulard et collaborationniste

Voici ce qu’a dit Jean-François Copé, secrétaire de

l’UMP, le parti de notre américano-président, lors

de son déplacement dans les Vosges en février 2011.

Page 7: Fraterniphonie n°63

FRATERNIPHONIE No 63 Page 7

le dollar et la langue anglaise, pas le complexe militaro-industriel étatsunien, dont l'importance et l'efficacité sont d'ailleurs large-ment magnifiées par les relais de l'Empire. Les Étatsuniens se battront bec et ongles pour maintenir le statu quo du dollar et de manière moins visible, de l'anglais, comme ils l'ont déjà fait dans le passé. William Engdahl l'explique bien dans ses livres en ce qui concerne le dollar. En ce qui concerne la langue, il n'y a guère que Phillipson, moi-même, et peut-être 3 ou 4 autres auteurs, à avoir écrit sérieusement sur le sujet.

En ce qui concerne la langue anglaise, comme je l'ai déjà dit et répété, sa promotion principale se base sur l'affirmation qu'on en fait la langue prétendument internationale et qu'elle est aussi « la langue des affaires », « la langue de la science » et autres sottises du même genre. La seule manière d'invalider cette affirmation est de brandir l'espéranto en en décrivant ses qualités par rapport à l'anglais. On peut certes faire la promotion d'autres langues, par-ler de diversité culturelle et de diversité linguistique comme étant éminemment souhaitables. Bien sûr, mais tant que l'on n’aura pas invalidé l'argument principal que gobent la plupart des peuples à l'égard de l'anglais pour le leur imposer de facto, nous n'avance-rons pas d'un centimètre. L'Unesco a fait de grandes déclarations sur la diversité culturelle et même linguistique que l'on peut saluer, mais il s'agit d'enjeux dont l'importance n'est pas saisie d'emblée par les masses. N'oublions pas que l'on vit à une époque où les masses ont été abêties par l'individualisme prôné comme religion, par le sport professionnel ultra-médiatisé, par des spectacles débiles pour la plupart, et que nos compatriotes ne sont plus habitués à suivre des raisonnements élaborés. À argu-mentation simple doit être opposée une argumentation encore plus simple et sans réplique possible. On nous opposera que « la moitié du monde parle anglais et que l'autre moitié n'a qu'à l'ap-prendre ». Faux ! Archi faux ! Une fraction du monde ânonne l'anglais, maintenant ainsi ceux qui se croient supérieurs dans une situation d'infériorité structurelle ! La défense de la langue fran-çaise, de la langue italienne, de la langue allemande, etc. sont louables, mais insuffisantes pour casser l'engrenage mis en place par les promoteurs de l'anglais au service de l'Empire. La prise de conscience de l'Empire doit également servir de déclencheur à la révolte des masses et là, le combat devient aussi politique.

Des télévisions comme RT (Russia today) ou la "Press TV" iranienne ont décidé de combattre l'Empire en anglais exclusive-ment. C'est une erreur stratégique, car elles renforcent l'un des deux facteurs qui donnent toute sa force à l'Empire. Certes, il est difficile de construire un réseau de diffusion télévisée multilingue, mais c'est pourtant la seule approche possible. N'ou-blions pas que le mode de diffusion des idées qui se sont les mieux répandues sur la planète (celles qui ont suscité le plus l'ad-hésion des peuples) a toujours été multilingue. Des exemples ? Les religions monothéistes, le marxisme... Que l'on ne me dise pas que c'est trop difficile ou trop cher à mettre en place ! Le néolibéralisme, lui, s'est diffusé grâce à la seule langue anglaise... C'est largement insuffisant car, seules, les soi-disant élites ont été touchées par ce phénomène. Les cœurs et les esprits du peuple n'ont pas été atteints d'où l'extrême fragilité de cette doctrine qui risque de s'écrouler du jour au lendemain !

« Il faut faire de la maîtrise des langues étrangères une priorité en

France », estime Jean-François Copé. — Tout d'abord, il serait déjà souhaitable de cesser cette hypo-

crisie choquante qui consiste à citer « des langues étrangères » alors qu'en fait, il ne s'agit que de l'anglais. Ensuite, je pense qu'il est inutile de faire de la maîtrise de cette langue une priorité en France car, dans les faits, l'utilité de l'anglais pour les Français est très limitée, car 99% d'entre eux ne l'emploient jamais dans leur vie professionnelle.

De plus, tous les documents de travail, y compris les logiciels,

doivent légalement être disponibles en français en France. Pour information, des entreprises ont été lourdement sanctionnées ces dernières années par les tribunaux pour usage illégal de l'anglais. Par exemple la société américaine GEMS en mars 2006, condamnée à 570 000 euros d'amende pour avoir transmis des documents en anglais sans traduction à ses salariés français. De même pour les sociétés Nextiraone et Europ Assistance, elles aussi condamnées pour avoir voulu imposer à leurs salariés des logiciels en anglais sans traduction.

« Beaucoup de marchés à l’international échappent à nos PME, freinés par la barrière de la langue, quand les Allemands gagnent des parts de marchés notamment parce qu’ils ne re-chignent pas à parler un bon anglais ! » — Là-aussi, cette affirmation est fausse. La langue du commerce, c'est la langue du client. Et les entreprises, si elles veulent ex-porter à l'étranger, doivent avoir une stratégie plurilingue. On le voit d'ailleurs sur les produits

commerciaux, où les informations données au client sur les emballages sont souvent disponibles dans plus de dix langues. En matière commerciale, l'unilinguisme anglais est donc suicidaire. Quant aux Allemands, jamais je n'ai lu une seule fois sous la plume d'un économiste qu'ils gagnaient plus de parts de marché pour des raisons linguistiques. Toute entreprise française qui exporte, grande ou petite, devrait de toute façon avoir sous la main quelques cadres plurilingues (et pas tout le personnel, car cela ne sert à rien !). Il est par exemple fonda-mental que les entreprises françaises présentent leurs produits dans les langues de leurs clients, tant que faire se peut.

« Comment les Français peuvent-ils comprendre les défis nouveaux du monde en ne comprenant que leur langue ? »

— Allez donc dire cela aux Anglo-Saxons ! Non seulement ils n'apprennent pas les langues des autres (et

imposent la leur agressivement), mais, en plus, ils coupent les retransmissions télévisées là où on entend du français ! Voir l'article sidérant suivant, intitulé « M. Harper parle français à Washington, la Fox coupe la transmission »

« Les Français ne sont confrontés à l’anglais qu’en cours, alors que les élèves des pays nordiques ou des Pays-Bas regardent fréquemment à la télévision des films ou des émis-sions en VO et sous-titrées dans leur langue maternelle. »

— Généraliser les films en version originale à la télévision en France, comme cela se fait en Europe du Nord, serait tout sim-plement catastrophique pour la langue française. En effet, pour-quoi des jeunes à l'étranger se fatigueraient-ils à apprendre le français si les jeunes Français étaient quotidiennement gavés d'anglais — jusqu'à la nausée — par la télévision ? La franco-phonie n'aurait plus de raison d'être, pour le plus grand bonheur des Anglo-Saxons. De plus, si certains souhaitent regarder des émissions en anglais, c'est très facile, car les bouquets de chaînes proposent souvent des chaînes anglophones. De même, des sites Internet comme YouTube ou Dailymo-tion permettent de visionner d'innombrables vidéos en anglais (films, dessins animés, etc.). Mais, de grâce, n'imposons pas l'anglais à tout un peuple, alors que seule une infime minorité l'utilisera ensuite dans sa vie professionnelle !

Le vrai combat ne réside pas dans l'apprentissage massif d'une langue impérialiste, qui ne sert que les intérêts des Anglo-Saxons. Il est de combattre cette hégémonie linguistique scandaleuse et injuste que souhaitent imposer les Anglo-Saxons pour promouvoir leurs intérêts économi-ques et géopolitiques au détriment des autres. (…)

Réaction de Daniel De Poli

[email protected]) :

Page 8: Fraterniphonie n°63

FRATERNIPHONIE No 63 Page 8

marche. Leurs communautés subissent en effet le mondia-

lisme financier et le même étranglement que les Français.

Elles pourraient faire flotter leurs drapeaux (québécois,

wallons, etc.) à côté des nôtres (qui seraient seulement le

tricolore et celui de la Francophonie). De même des particu-

liers francophones africains, maghrébins, libanais, haïtiens, etc.

pourront marcher avec nous et apporter leurs drapeaux natio-

naux respectifs : les contacts nécessaires seront pris.

Le théâtre de la marche : à préciser. Nous demanderons le

Quartier latin à la Préfecture. Le cortège partirait d’un établis-

sement d’enseignement supérieur public qui enseigne en an-

glais aux étudiants français et leur fait passer leurs examens

publics, nationaux, dans cette langue. Il se disperserait après

avoir, en délégation, déposé un placet au Cabinet de Mme

Valérie Pécresse, en son ministère (ex-Polytechnique, rue

Descartes), puis distribué ce texte aux médias présents. Y

seront exposés nos griefs et notre demande, formulée depuis

trois ans, de voir convoquer par le gouvernement, avant la fin

de 2011, en vue du Forum international de la langue française

prévue au printemps 2010 à Québec, des états généraux de la

langue française et de la Francophonie, avec la participation

de toutes les forces vives de la Nation.

Il serait possible aussi de nous rassembler au Panthéon, de

passer au ministère de l’enseignement supérieur de Mme

Valérie Pécresse, puis d’aller au ministère de M. Luc Chatel, en

passant par Sciences Po, pour y remettre des placets.

Attention ! Si, à la fin de mai, nous constatons que les

réponses à nos invitations ne donnent pas l’engagement

souhaité de la majorité des mouvements et partis saisis,

dans les conditions indiquées, nous devrons renoncer à orga-

niser cette marche.

Il faut frapper un grand coup pour tous nos

pays francophones et leur langue en danger. Ou renoncer à temps.

Un rendez-vous manqué, aux yeux de tous, serait contre-

productif.

Une telle unanimité nationale sur un thème aussi vital pour la

France et les pays francophones ne devrait pas être impossible !

Il serait heureux que nous puissions ainsi mener à bien une

grande chose ensemble pour la France ! Au travail ; haut les

cœurs !

Nous vous prions instamment d’indiquer à Avenir de

la langue française (ALF) — 34 bis rue de Picpus, 75015 Paris,

téléphone : 01 43 40 16 51, courriel : [email protected],

site : www.avenir-langue-francaise.fr — chargée de la coordi-

nation du lancement de la marche, dès que cela vous sera

possible et bien avant la fin de mai, le

nombre le plus vraisemblable de

personnes que vous pensez pou-

voir amener à participer effective-

ment à la marche.

Vous serez ensuite informés du

lieu du rassemblement, de la pro-

gression de nos travaux, et du main-

tien ou de l’annulation de la

marche. Il serait préférable de

ne pas avoir à annuler : une

grande occasion serait man-

quée.

Albert Salon,

docteur d’État ès lettres,

ancien Ambassadeur,

Président d’ALF.

Une vingtaine d’associations tentent de relever ensemble le défi

de réunir à Paris des milliers de personnes de toutes opinions

politiques en une marche

le samedi 18 juin à 14h30

pour :

- dénoncer les effets du

mondialisme financier sur

les nations et sur la diver-

sité linguistique et cultu-

relle du monde ;

- crier leur refus de laisser

étrangler la langue française, les cultures francophones, la Fran-

cophonie organisée, et leur rejet de l’imposition de l’anglo-

américain aux jeunesses francophones par l’École et les medias ;

- exiger du gouvernement l’organisation avant la fin de 2011,

d’états généraux de la langue française et de la Francophonie,

avec la participation des forces vives du pays.

Elles cherchent à entraîner des syndicats et divers partis et

mouvements politiques, de tous bords, mais d’un attachement

affirmé à la France et à sa langue. Pour former un long

cortège de milliers de personnes. Elles souhaitent réussir un grand coup pour frapper medias

et dirigeants :

- par l’union insolite, le temps d’une marche, sur un enjeu vital,

de parlementaires à écharpes tricolores, responsables syndicaux

et associatifs, académiciens et hautes personnalités en tête du

cortège de citoyens français et étrangers appartenant à tous partis

et mouvements attachés à la langue française ;

- par la concentration de la marche – a-politicienne, mais non

apolitique – sur un seul thème : le refus de la vassalisation du

pays par le biais de sa langue et de son rôle mondial, l’affirma-

tion forte du droit au français dans les grandes entreprises, et

dans l’enseignement malgré ce que semblent vouloir et imposer

Mme Pécresse, et MM. Chatel, Descoings, Tapie, etc. ;

- par l’ampleur et la discipline de la manifestation, comme par

le nombre des marcheurs ; le nombre sera déterminant.

Elles vous appellent donc à vous mobiliser à fond

afin que nous soyons plusieurs milliers à participer

à cette grande marche, pacifique et digne, mais bien sono-

risée (slogans, Marseillaise, Chant des Partisans, La langue de

chez nous d’Yves Duteil, Va pensiero (chœur des esclaves dans

le Nabucco de Verdi), telle chanson de Jean Ferrat et de Charles

Trenet, Gilles Vigneault, Robert Charlebois, tel rap (Solaar ?

Milouda ?) favorable à l’intégration et à la France...).

Et sensibiliser en amont tous les médias aussi professionnel-

lement que possible.

Elles demandent à tous les partis et mouvements partici-

pants de consentir l’effort méritoire de ne pas s’identifier en

tant que tels, de ne pas afficher leurs couleurs propres. Seuls,

les syndicats, avec lesquels nos associations travaillent, pour-

raient s’identifier discrètement sur des banderoles portant la re-

vendication du droit à travailler en français en France… Idem

pour les associations étrangères selon leurs motivations propres.

Les banderoles et pancartes françaises, en nombre, autour des

seuls thèmes du français et de la Francophonie, ne devront pas

avoir d’identification partisane. Ne devront être distribués par les

Français que des tracts ayant trait à la langue française. Les partis

qui refuseraient de marcher sans s’identifier en tant que tels ne

seront pas admis.

Des représentants de régions ou « provinces » étrangères de

langue maternelle française résidant en France ou venus spé-

cialement pour certains, seront appelés à participer à la

Manifestons pour le français

Page 9: Fraterniphonie n°63

FRATERNIPHONIE No 63 Page 9

Qui arrêtera Chatel, le sinistre de

l’Éducation anationale ?

« Le niveau d'anglais des Français constitue une vraie faiblesse de notre pays », a estimé lundi le ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel, au jour de la création d'un « comité stratégique » destiné à « réinventer » l'enseignement de cette langue, notamment chez les tout-petits. « C'est effectivement une vraie fai-blesse de notre pays, nous ne sommes pas bons en anglais », a constaté le ministre dans un entre-tien diffusé sur i-Télé.

« Ce n'est pas le problème du nombre d'heures », a-t-il estimé, en soulignant qu' « un lycéen qui présente le baccalauréat a eu 1000 heures d'anglais dans sa scolarité ». « Le sujet, c'est de savoir ce qu'on fait pendant ces 1000 heures et comment on les répartit tout au long de la scolarité », a-t-il ajouté.

Le comité stratégique qui commencera ses travaux ce lundi devra ainsi réfléchir à des modalités d'apprentissage plus efficaces, s'appuyant sur les nouvelles technologies.

« Aujourd'hui on a des progrès considérables, vous pouvez avoir des locuteurs natifs en visioconférence dans des salles de cours, ou (...) vous pouvez sensibiliser dès la maternelle à partir de trois ans », a fait valoir M. Chatel. « Je crois à la sensibilisa-tion dès le plus jeune âge », a-t-il rappelé. « On peut tout à fait dès trois, quatre ans, au moment où on découvre le langage, être sensibilisé à la langue anglaise, à des mots, à des comptines, à des chansons », a-t-il poursuivi.

L'idée d'enseigner l'anglais aux enfants dès trois ans a été plutôt mal accueillie par les éducateurs, au moment où des postes d'in-tervenants en langues vont être supprimés en primaire.

Source : lepoint.fr, le 4 avril 2011

L'anglais dès

la maternelle :

un fait colo-

nial ! Le ministre de

l’Éducation natio-

nale, Luc Chatel,

veut instaurer l’en-

seignement de l’an-

glais dès la mater-

nelle, c’est-à-dire,

dès l’âge de trois

ans pour nos

enfants. Force est

de constater que

les critiques, à

l’encontre de cette

mesure, sont pour la plupart axées sur le manque d’effectif ou

la non-formation à l’anglais des professeurs, mais jamais sur le

fait colonial de cette mesure. Pourtant, inculquer massivement

l’anglais à toute la population dans le but de transformer le

pays, en 1 ou 2 générations, en un pays bilingue français-

anglais, relève bien d’un basculement linguistique tel qu’on

peut en rencontrer en pays occupé ou colonisé.

En Louisiane, dans le Vermont, dans l’Ouest canadien, il y

eut une époque où les populations étaient francophones, puis,

par faiblesse politique, démographique ou militaire, elles

passèrent au statut bilingue français-anglais. Aujourd’hui, elles

ont toutes basculé à l’anglais. Le bilinguisme est donc bien une

période transitoire en attendant que la langue du plus fort l’em-

porte sur l’autre.

Ne nous y trompons pas, dans 50 ans, ou peut-être moins, si

nous acceptons aujourd’hui que nos enfants apprennent

l’anglais dès le berceau, nous perdrons le français comme les

Franco-Américains l’ont perdu.

La question sur les mesures anglicisantes de Luc

Chatel n’est donc pas de savoir s’il y a assez de profes-

seurs dans les maternelles et s’ils sont assez bien

formés pour y enseigner l’anglais, mais la question est

plutôt de savoir si nous acceptons le fait colonial

d’introduire massivement l’anglais dans nos écoles, si

nous acceptons de disparaître en tant que nation fran-

cophone, si nous acceptons de laisser mourir la Fran-

cophonie, qui, soit dit en passant, est notre chance de

vivre en français la mondialisation, bref, si nous

acceptons d’être fondus dans le moule anglo-

américain et de n’être plus, par conséquent, que

l’ombre de nous-mêmes. Régis Ravat,

Président de l'A.FR.AV

Oui, qui arrêtera le sinistre de l’Éducation ana-

tionale, Luc Chatel, dans son œuvre de colonisation

par l’anglais de l’esprit des jeunes Français ?

Encore une fois, enseignants, parents, élèves, pro-

testent contre les suppressions de postes de profes-

seurs, contre les fermetures de classes, contre le

manque de cantines, mais silence de mort sur la

mise en place de l’anglais colonial dans l’école de la

République !

Page 10: Fraterniphonie n°63

FRATERNIPHONIE No 63 Page 10

J'ai regardé avec intérêt la vidéo* de la manifestation intitulée : « Mots d'Or et Trophées du langage ».

Pour ceux qui n’auront pas la patience de regarder une vidéo

qui dure 3h 45 mn, il convient de dire quelques mots sur l’organi-sation de cette manifestation qui s’est déroulée à Bercy sous l’égide de Christine Lagarde, qui reçut le prix de la Carpette an-

glaise en 2007, et dont la prétendue contribution à la Franco-phonie est pour le moins suspecte. Ses organisateurs ont choisi

Bercy du fait que ce lieu incarne à la fois l’économie et les finances et qu’ils semblent afficher la volonté de démontrer que la langue française demeure

toujours investie d’un rôle non négligeable dans ces domaines de notre activité. L’événe-ment était composé de deux segments distincts,

l’un constitué de discours, de remarques et de commentaires de diverses personnalités intime-ment associées au monde de la formation en

finance et en économie et l’autre, qui a présen-té les lauréats du concours des Mots d’or et sur lequel on peut facilement trouver des informa-

tions en interrogeant un quelconque moteur de recherche sur la Toile. Comme on peut s’y attendre dans un tel contexte, le concours de

cette année se concentrait sur le « français des affaires ». Ses lauréats sont exclusivement des jeunes issus, pour la plupart, de pays non francophones et qui n’avaient jamais eu

l’occasion de venir en France métropolitaine. Une partie de la vidéo voit défiler ces jeunes au micro pour expliquer en quelques phrases le cheminement qui les a conduits à étudier le français et,

plus particulièrement, le français des affaires. L’essentiel des commentaires et des questions qui précédèrent

ou qui suivirent la présentation de ces jeunes lauréats, étrangers

pour la plupart, portait, non sur l’enrichissement de la langue française à laquelle ils participaient mais, au contraire, sur sa constante dégradation dont l’aspect le plus évident est la substitu-

tion de son vocabulaire par des mots anglais et franglais que l’on y trouve dans des proportions grandissantes, plus particulière-

ment en économie et en finance. Si ce type de discours entre fran-cophones s’avère de plus en plus nécessaire, on voit mal pour-quoi on essaye ainsi d’y associer de jeunes et nouveaux locuteurs

étrangers, alors que ces derniers vont nécessairement se retrouver bientôt en émissaires de la langue française dans leurs pays respectifs. Ces jeunes constitueront-ils les relais efficaces des

dispositifs existants de promotion de la langue et de la culture françaises auprès de leurs homologues des lycées et des universi-tés de leurs pays, alors qu’ils viennent d’assister à des présenta-

tions qui leur ont fait certainement prendre conscience que l’état actuel de notre langue ne la rend guère propice à sa diffusion internationale ? Lorsqu’ils s’aperçoivent que l’enseignement des

meilleures écoles françaises, ou plutôt de celles qui sont censées l’être, est dispensé en anglais dans une proportion allant jusqu’à presque 50% du temps total d’enseignement, comme c’est le cas

à HEC, par exemple, ils peuvent légitimement se poser des ques-tions sur l’utilité d’un français dont le rôle sur la scène nationale française est empiété chaque jour davantage par un anglais qui

n’est nullement imposé de l’extérieur, mais par les directeurs des grandes écoles françaises, par les agences de communication, par

la publicité et les hauts fonctionnaires d’État. Patrick Samuel, contrôleur général économique et financier,

et chargé de la terminologie, ouvrit la séance en disant que la

grande langue de communication internationale aujourd’hui est l’anglais et que le temps était loin où l’Europe parlait français. Selon lui, regretter cette époque serait équivalent à regretter

celle des lampes à huile et de la marine à voile. On ne voit guère comment, après une telle introduction, les lauréats des

Mots d’Or, pour lesquels, à l’exception d’une Québécoise, le français n’est que langue seconde, pourraient se sentir confortés dans leur choix du français

comme grande langue internationale et langue des affaires. Les présentations suivantes se concentrèrent sur un état des lieux de la langue

française. Se succédèrent ainsi au micro le directeur d’HEC, Bernard Ramanantsoa, Jean-Pierre Gaillard, chroniqueur boursier sur LCI,

Alain Cousin, président d’Ubifrance, Christian de Boissieu, professeur à Paris I, Pierre-Emmanuel Richard, chef du service de la com-

munication à Bercy, Marco Benedetti, directeur général de l’interprétation à la Commission européenne, Michel Serres, épistémologue et

philosophe à la retraite, Xavier North de la DGLFLF (Délégation générale de la langue française), Hélène Car-rère d’Encausses et Jacques Toubon pour l’essentiel.

Alors que cet aréopage reconnaît l’importance du français des affaires, au moins officiellement, on constate très vite qu’une majorité de personnalités invitées eurent recours dans

leurs discours à une terminologie anglaise pourtant aisément traduisible. Comment peut-on convaincre de l’importance et de l’utilité du français des affaires lorsqu’on parle de "MBA", de

"management", de "focus", de "business schools », de "trend " et de "rankings" ? Comment peut-on défendre le français lors-qu’on émet l’opinion que le français n’a pas d’équivalent pour

des termes tels que "valuable" ou "accountability" comme Christian de Boissieu le fit dans son intervention ? Comment

persuader un étudiant étranger d’approfondir ses études en fran-çais quand Pierre-Emmanuel Richard nous dit qu’il faut "supporter" au lieu de « soutenir » et que Bernard Ramanantsoa

nous parle d’ "électifs" au lieu de « cours facultatifs » par oppo-sition à « cours obligatoires » ou à « cours de tronc commun », de "technologie" au lieu de « techniques », de "Masters" au lieu

de diplômes de « maîtrise », de "régulation" au lieu de « règlementation », etc. ? Comment attirer un étranger vers le français quand les Français eux-mêmes inventent des termes à

consonance anglaise, mais qui n’existent pas ou qui ont un sens tout à fait différent en anglais et tels que "pipolisation" ou pres-se "people", "tennisman", "relooker" ou même encore

"parking" (à la place de "park" ou de "parking lot") ?

M. Charles Durand - Hanoï, (Vietnam),

ex-directeur de l'Institut de la Francophonie

pour l'Informatique de Hanoï,

Professeur d'informatique pendant 20 ans aux

États-Unis, au Japon et en France

Courriel : [email protected]

À l'initiative de M. Patrick Samuel, haut

fonctionnaire chargé de la terminologie, le

ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie a accueilli le 16 mars 2011 la cérémonie des Mots

d'Or et des Trophées du langage de Bercy. Les Trophées du langage de Bercy s’inscrivent dans le dispositif

de terminologie mis en place par le décret du 3 juillet 1996, relatif à l’enrichissement de la langue française

et pris en application de la loi du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française (loi Toubon).

Mots d’Or et Trophées du langage (1/3)

Suite

au prochain

numéro

* http://video.bercy.gouv.fr/lecteur_video/index.php?key=TjtBiEIaHRGRmAAhPlVd&id=Km6GduWCUHUf4a9zdDIw&type=pr&lang=fr

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FRATERNIPHONIE No 63 Page 11

Le dimanche 23 janvier 2011, à Bruxelles, eut lieu une grande

manifestation sous le mot d'ordre "Shame" (mot anglais qui

signifie « honte », en français). Cette manifestation avait pour but

de rassembler, au-delà de tous les clivages politiques et linguis-

tiques, les citoyens belges pour dénoncer le fait que la classe po-

litique du pays n'arrive pas à se mettre d'accord, et cela depuis

plus de 200 jours, pour former un gouvernement. Cette manifes-

tation fut un succès, car elle rassembla plus de 30 000 personnes.

Mais pourquoi donc un slogan en anglais, pourrait-on se

demander ? Que vient faire l'anglais dans ce pays, alors que cette

langue ne fait pas partie des 3 langues officielles qui sont le fla-

mand, le français et l'allemand.

Dans un film sur le

sujet passé aux ac-

tualités télévisées,

Philippe Geluck, le

célèbre dessinateur,

parle de « honte » à

l'égard des politi-

ciens belges qui

depuis des mois

n'arrivent pas à s'en-

tendre pour former un gouvernement, mais honte, aussi, à lui qui

n'a pas eu l'air offusqué de ce nom anglais en plein Bruxelles, et

honte, bien sûr, à ceux qui ont donné ce nom anglais à cette

manifestation, pourrait-on rétorquer !

Et de conclure que si l'unité de la Belgique ne

peut se faire que par le biais de l'anglais, nous

avons bien là la preuve que le pays est déjà mort.

L'anglais, une langue nationale de plus pour la Suisse ? L'idée est diversement appréciée, selon que l'on est Aléma-nique ou Romand (francophone).

Ce qui a été frappant dans le débat intensif mené sur le blogue Politblog, c’est la suggestion, surtout du côté alémanique, d’uti-liser l’anglais comme langue de communication nationale. Dans certains commentaires on constate que les Alémaniques et les Romands communiquent, dans de nombreux cas, en anglais. « Et si mon compatriote a le même problème avec l’allemand, on se parle en anglais », écrit un lecteur alémanique. « J’ai plusieurs fois vécu la situation où des Romands et des Alémaniques (…) se parlaient en anglais », affirme un autre.

« Il est inutile d’apprendre les langues nationales à l’école. Il serait bien plus intelligent de définir une langue commune à toute la Suisse (…), par exemple l’anglais », lit-on dans une contribution. Un autre contributeur va droit au but : « Déclarons l’anglais comme langue officielle de la Suisse ! »

Selon un autre commentaire, les médias doivent proposer du contenu en anglais pour que cette langue puisse faire sa place en Suisse. En joignant des articles du New York Times à ses exemplaires, le Tages Anzeiger a déjà fait un pas dans cette direction. Autre proposition : créer une chaîne de télévision en anglais. L’utilisation de cette langue comme première langue étrangère dans toute la Suisse « serait une plus-value », selon un commentaire. Et « enfin, il pourrait y avoir une communica-tion interculturelle, laquelle est nécessaire pour pouvoir se com-prendre mutuellement ».

Ce n’est que récemment que l’on a évoqué la possibilité d’utiliser l’anglais comme langue officielle. Une étude gouver-nementale a abouti à la conclusion, il y a deux ans, que l’on pourrait promouvoir l’anglais au rang de langue partiellement officielle en Suisse. En effet, de plus en plus de travailleurs qualifiés immigrent en Suisse et pourraient parler anglais, alors qu’ils ne sont pas prêts à apprendre une langue nationale. À l’époque, on avait évoqué la possibilité d’adopter quatre langues nationales et demie, et la proposition avait suscité un vif débat. Felix Gutzwiller, conseiller au Parti PLR (parti Libé-ral-radical), est même allé plus loin que cette étude : en 2007, il a exhorté le Conseil national à introduire l’anglais comme lan-gue officielle à part entière.

C’est un fait : l’anglais a déjà pris ses quartiers en Suisse. Les textes juridiques « d’une portée particulière ou d’intérêt inter-national » sont déjà mis en ligne en anglais depuis plus de deux ans. De même, les discours et les lettres des conseillers nationaux sont traduits en anglais. La plupart des départements emploient des traducteurs vers l’anglais. Il y a quatre ans déjà, les dépenses pour ce type de services au niveau de la Confédé-ration étaient chiffrés à plus de deux millions de francs.

Les Romands sont farouchement opposés à cette anglicisa-tion. Il est ainsi très frappant de voir à quel point il y a deux cultures politiques différentes, deux langages différents. Les Suisses alémaniques qui se prononcent en faveur de l’anglais comme première langue étrangère tandis que les Romands les accusent de favoriser l’impérialisme culturel anglo-saxon.

L’ex-conseillère nationale du parti des Verts Cécile Bühl-

mann le disait ainsi : « Avec l’anglais, nous arriverions certes à communiquer, mais nous nous compren-drions de moins en moins. La langue est davan-tage que l’alignement de mots. La langue trans-met des modes de pensée, des visions du monde. Les langues sont des univers, des cultures. »

Matthias Chapman, journaliste au Newsnetz, à Zurich (Suisse)

Source : politblog.24heures.ch

Honte en Belgique !

Le problème belge pourrait être résumé ainsi : le

Wallon préfère apprendre l’anglais qui est une lan-

gue internationale plutôt que le flamand, l’autre lan-

gue officielle du pays, mais qui a le tort, elle, d’être

une langue régionale. Alors le Flamand, se sentant

humilié dans sa langue se venge du francophone en

promouvant l’anglais. Ne nous y trompons pas, une

fois, ces deux entités devenues indépendantes, c’est

en anglais qu’elles se parleront et c’est l’anglais qui,

dans leur système scolaire, deviendra prioritaire.

Il en sera ainsi partout en Europe où l’ethnorégio-

nalisme triomphera. Quand les Bretons, les Basques,

les Corses, les Occitans auront des droits linguis-

tiques, il en sera fini de la langue de la République et

la France se cassera au profit de l’anglais mondiali-

seur, comme c’est le cas aujourd’hui de la Belgique.

L’anglais en Suisse, on y pense !

Page 12: Fraterniphonie n°63

FRATERNIPHONIE No 63 Page 12

BULLETIN(1) d’adhésion ou de renouvellement d’adhésion à l’A.FR.AV.

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(4 numéros, 1 par trimestre). - si je suis adhérent à l’A.FR.AV. je verse la somme de • 10 € - si je ne suis pas adhérent à l’A.FR.AV. je choisis de verser :

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Ci-joint, un chèque postal ou bancaire correspondant à la somme ou à l’addition des sommes choisies, le tout rédigé à l’ordre de l’A.FR.AV.

À ..................................... le ...................... Signature :

(1) à photocopier, copier ou découper.

(2) biffer les mentions qui ne correspondent pas à votre choix.

Le Concours Eurovision de la

Chanson, à l'origine le Grand-

Prix Eurovision de la Chanson

Européenne — et non pour nous,

francophones, l’"Eurovision Song

Contest" —, devrait être, si nous

n'étions pas devenus un peuple de

colonisés, l'occasion de faire bril-

ler notre langue (la langue fran-

çaise) dans toute l'Europe, et

plus, puisque ce concours est

accessible à plusieurs dizaines de

millions de téléspectateurs à

travers le monde.

Au lieu de profiter de cette

vitrine mondiale pour mettre

notre langue en valeur, on

l'ignore. Qui dira qu'il n'y a pas de

volonté politique d'angliciser et

d’américaniser les peuples d'Eu-

rope, et la France en particulier ?

Hier, la France, avec Sébastien

Tellier, chantait en anglais à l'Eurovision, aujourd'hui pour

cacher son français, elle chante en ethno-régional.

Quand on sait que Luc Chatel, le sinistre de l'Éducation anatio-

nale, veut mettre l'anglais dès la maternelle, que Valérie Pécresse

veut qu'on enseigne EN anglais dans nos universités et que Jean-

François Copé, pour accélérer notre basculement linguistique,

veut que France-Télévisions diffuse les films et séries anglo-

américaines en VO, c’est-à-dire en anglais, on comprend mieux

la politique de France-Télévisions — celle du Gouvernement —

de ne pas mettre en exergue la langue française et de ne

surtout pas risquer de gagner ce concours

avec la langue française.

Remerciements à nos aimables correctrices :

Mme Juliette de Rougé (49) Segré, Mme Madeleine Laval (30) Manduel.

FRATERNIPHONIE Parc Louis Riel

2811, chemin de Saint-Paul

30129 Manduel - France courriel : [email protected]

Directeur de la publication :

Régis Ravat

Conception et responsable PAO :

Sylvie Costeraste

Directeur mercaticien :

Jean-Pierre Colinaro

Diffusion France et étranger :

Mustafa Bensima

ISSN / 1266-3247

Dépot légal à parution

L’A.FR.AV. est une association

apoli t ique, de rés is tance

linguistique et culturelle, régie

par la loi de 1901, déclarée à la

préfecture du Gard et parue au

Journal Officiel le 13 décembre

1989.

Eurovision 2011 :

la France sans sa langue ! La bataille pour que le mot français « COURRIEL » soit

employé en lieu et place des termes anglais "mail" et "e-mail", n’est pas gagnée. Le problème, et non des moin-dres, réside dans le fait qu’AUCUN fournisseur d’accès à l’inter-réseau n’emploie le mot français. Il faudrait pour les y contraindre que l’État mette en place des moyens coerci-tifs ou incitatifs, mais l’État, comme nous le savons tous, est plus préoccupé à angliciser la France que de veiller à la libérer de la langue impérialiste qui l’assaille.

Alors, comme de preux chevaliers, à nous de montrer l’exemple, et de livrer bataille en attendant que nos politiciens se réveillent et daignent se pencher sérieusement sur le problème linguistique.

Pour agir, prenez votre journal préfé-ré, ainsi que les publicités que vous recevez dans vos boîtes aux lettres. Dès que vous y trouverez des formulaires pollués des termes "e-mail" ou "mail", découpez ces formulaires et renvoyez-les sous enveloppe non timbrée à l’a-dresse indiquée. Marquez préalable-ment, sur les formulaires concernés, une phrase du type : « Merci d’employer le terme français « courriel » au lieu du mot anglais "e-mail" » ou, collez-y un slogan après l’avoir découpé dans la page à slogans fournie dans ce numéro.

Ainsi, par cette opération multipliée autant de fois que néces-saire, les anglomanes qui se croient intouchables dans leur an-glomanie du fait que l’État lui-même est laxiste en la matière, payeront-ils tout de même une amende pour leur incivisme lin-guistique puisque la Poste leur réclamera le prix du timbre (plus une taxe) de vos envois non affranchis.

Grâce à ce type d’action, nous avons obtenu des résultats positifs : plusieurs dizaines de commerçants et d’entreprises se sont mis au mot « courriel », d’autres ont enlevé "e-mail" de leur formulaire, mais n’ont rien mis à la place. Certains, par contre, comme "Aviva", refusent obstinément d’enlever l’"e-mail", mais qu’à cela ne tienne, nous continuons, inlassa-blement, comme pour les autres récalcitrants, à leur renvoyer, sans timbrer, leurs formulaires pollués.

Alors, action « COURRIEL », toute !

Action : opération « COURRIEL »

Voici, posant pour la pho-to, Marie-Claire Mézerette*, directrice des Jeux et Diver-tissements de France 3 dont nous avions demandé la dé-mission en 2008 suite à l’af-faire Tellier - premier candi-dat français à avoir représenté la France en anglais à l’Eurovi-

sion - et Amaury Vassili, candidat qui représentera la France cette année à l'Euro-vision en chantant en corse !

* Comme disait Coluche : tous

des planqués à la Télévision !

Aviva

Libre réponse n°80065

60648 Chantilly Cedex

Page

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Scandaleux !