Francisco Candido Xavier Fr Série Historique 05 Avé, Christ Yjsp

7/23/2019 Francisco Candido Xavier Fr Srie Historique 05 Av, Christ Yjsp

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Xavier Candido Francisco

AVE CHRIST

par lesprit Emmanuel

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Xavier Candido Francisco

AVE CHRIST Av, Christ ! Ceux qui vont vivre pour toujours te glorifient et

te salut !

Au seuil du monde spirituel, arbor par des centaines dmesradieuses, ce sublime tendard accueillait les mart"res du Christianismequi staient offerts en sacrifice dans les cirques romains et dans la #auleancienne$

Cette %uvre, dicte & 'rancisco Cndido (avier par l)sprit)mmanuel, transporte le lecteur au troisi*me si*cle du Christianisme etapporte aux chrtiens daujourdhui le valeureux exemple de lasimplicit, de la confiance et de lamour manifest par les pionniers de la+onne ouvelle soutenus par une foi puissante et inbranlable, auservice du -ivin .a/tre$

Ces vnements mouvants qui racontent lhistoire de deux mes,0arrus uin et 2atien rests lis lun & lautre depuis plusieursrincarnations, nous permettent dapprcier, dans toute sa dimension, ceque le vritable amour peut raliser par solidarit pour le bien descratures humaines$

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Francisco Candido Xavier

AVE CHRISTEPISODES DE !HISTOIRE

D" CHRISTIA#IS$E A" IIIe SI%CE

RO$A#D!E$$A#"E

Tome &

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EDITIO# ORI'I#AE

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O"VRA'ES DE(A TRAD"ITS E# FRA#)AIS

S*rie + Andr* ui, -Collection a vie dans le monde Spirituel. /0/11$ osso 6ar, la 0ie dans le .onde 7pirituel,

3$ 6es .essagers4$ .issionnaires de la 6umi*re5$ 8uvriers de la 0ie )ternelle9$ -ans le .onde 7uprieur:$ Agenda Chrtien;$ 6ibration, par lesprit Andr 6ui$ -ans les -omaines de la .diumnit1?$ Action et @action11$ )volution entre deux .ondes13$ .canismes de la .diumnit14$ )t la 0ie Continue15$ Conduite spirite

19$ 7exe et destin1:$ -sobsession

S*rie + Emmanuel es Romans de l2istoire1;$ l " a deux mille ans1=$ 9? ans plus tard1>$ Baul et )tienne3?$ @enoncement31$ Av Christ

S*rie+ Source Vive33$ Chemin, 0rit et 0ie$

34$ otre Bain35$ 6a 0igne de 6umi*re39$ 7ource de 0ie

Divers3:$ Argent3;$ Choses de ce .onde @incarnation 6oi des Causes et )ffetsD3=$ Chronique de lEAuFdel&3>$ Contes 7pirituels4?$ -irectives41$ dal 7pirite43$ Gsus che< 0ous44$ Gustice -ivine45$ 6e Consolateur49$ 6ettres de lEautre monde4:$ 6umi*re Cleste4;$ .atriel de construction4=$ .oment4>$ ous5?$ @eligions des )sprits51$ 7ignal vert53$ 0ers la lumi*re

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SO$$AIRE

Ave, Christ ;

PRE$I%RE PARTIE >

$ Brparant la voie >$ C%urs en lutte 3?

$ Bromesse de c%ur 490$ Aventure de femme 9:

0$ @etrouvailles ;?0$ 7ur le chemin rdempteur >?0$ .art"re et amour 11?

DE"XI%$E PARTIE 13>

$ )preuves et 6uttes 13>$ @Hves et afflictions 154

$ Imes dans lombre 1950$ 7acrifice 1:>0$ )xpiation 319

0$ 7olitude et rajustement 34:0$ 'in de la lutte 394

+iographie 3;36iste des ouvrages en langue brsilienne 3;9

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AVE3 CHRIST4

Aujourd'hui, comme autrefois, dans l'organisation sociale en dcadence, Jsusavance dans le monde en restaurant l'espoir et la fraternit pour que le sanctuaire del'amour soit reconstitu dans ses lgitimes fondements.

Aussi forte que souffle la tempte, le Christ pacifie. Aussi sombre que soitl'obscurit, le Christ illumine. Aussi dchanes que soient les forces, le Christ rgne.

!'"uvre du #eigneur, cependant, require des mo$ens ncessaires % la

concrtisation de la pai&, supplie l'ardeur de la lumire et implore la bonne volonts'orientant vers le bien.

!a pense divine demande des bras humains.

!es bndictions du ciel e&igent des rcepteurs sur terre.

e nos jours, le spiritisme revit l'apostolat rdempteur de l'(vangile dans sest)ches de reconstruction et clame % des )mes valeureuses le sacrifice d'elles*mmes

pour se propager, victorieu&.

e toutes parts, les appels du #eigneur se manifestent.

Alors que la perturbation se rpand, envo+tante, et pendant que l'ignorance etl'gosme conspirent et rigent des fosss d'incomprhension et de discorde entre leshommes, les frontires de l'au*del% se brisent pour que les voi& inoubliables des tresvivants de l'ternit s'e&priment, consolatrices et convaincantes, proclamantl'immortalit souveraine et la ncessit du ivin #culpteur dans nos c"urs afin quenous puissions atteindre notre fulgurante destination vers la vie imprissable.

-n retraant des rminiscences dans ce livre, notre propos n'est pas deromancer, de faire de la littrature de fiction, mais d'apporter % nos compagnons duchristianisme renaissant sur la voie spirite quelques pages de l'histoire sublime des

pionniers de notre foi.

/ue l'e&emple des enfants de l'(vangile des temps postapostoliques, nousinspire aujourd'hui % la simplicit et au travail, % la confiance et % l'amour avec lequelils savaient renoncer % eu&*mmes, au service du ivin 0atre 1 /ue nous sachions,comme eu&, transformer des pines en fleurs et des pierres en pains dans laralisation des t)ches que le #eigneur a dposes entre nos mains 1...

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Aujourd'hui comme hier, Jsus passe outre nos querelles, nos temptesd'opinion, notre fanatisme sectaire et notre e&hibitionnisme dans les "uvres au&corces sductrices mais dont la chair est avarie.

!'-&cellent 2ienfaiteur, au*dessus de tout, attend de notre vie, le c"ur, lecaractre, la conduite, l'attitude, l'e&emple et le service personnel incessant, uniquesrecours pouvant garantir l'efficacit de notre coopration en sa compagnie dansl'dification du 3o$aume de ieu.

!e suppliant ainsi, l'idal rnovateur nous soutient sur les chemins de lalaborieuse ascension qu'il nous revient de parcourir, et rptons avec nos vnrablesinstructeurs des premiers sicles de la 2onne 4ouvelle 5

JAve, Christ 1 Ceu& qui aspirent % la gloire de servir en ton nom te glorifientet te saluent 1

E$$A#"E

Pedro Leopoldo, le 18 avril 1953

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PRE$IERE PARTIE

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PR5PARA#TAVOIE

Apr*s pratiquement deux cents ans de christianisme, le pa"sage du monde

commenKait & se modifier$.ais de ron aux Antonins, les perscutions des chrtiens staient aggraves$

2riomphalement btie sur les sept collines, @ome dictait toujours la destine des peuples & laforce des armes, nourrissant la guerre contre les principes du a


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et la richesse de la ruche sont des dons de lastre sublime, matrialiss par les principes delLternelle ntelligence$

6e Christ est le soleil spirituel de nos destins$

Bar consquent, il est urgent de nous associer volontairement & ses enseignements enles concrtisant dans lessence de nos activits, chaque jour$

anmoins, nous ne pouvons oublier que lesprit de lhomme git ptrifi sur terre,dormant avec de fausses conceptions sur la vie cleste$

6a politique de domination militaire a asph"xi les vieilles traditions des sanctuairesprimitifs$ 6es cohortes romaines ont touff les voix de la philosophie grecque, comme lespeuples barbares ont touff la rvlation g"ptienne$

6e brouillard de la stagnation et de la mort parmi les cratures sest accumul$

6es aigles impriaux se sont bass sur lidoltrie aveugle de Gupiter, religionmensong*re de la vanit et du pouvoir$$$

)t alors que les dieux en pierre sabreuvent des faveurs de la fortune, la mis*re etlignorance du peuple augmentent, rclamant le jugement du ciel$

)t pourtant comment sexprimera lintervention divine sans la coopration humaine R

7ans lhroSque renoncement de ceux qui se consacrent au progr*s et & lamliorationdes mes, lducation alors ne serait que lettre morte R

Bour autant, il est indispensable que nous sachions crire par notre propre exemple lespages vivantes du christianisme sauveur$

6e .a/tre crucifi est un divin dfi$

Gusqu& prsent, les conqurants du monde ont russi & avancer portant le pourpre de lavictoire, tuant ou dtruisant, sutilisant de lgions de guerriers et de leaders cruels$

.ais Gsus, lui, a triomph par le sacrifice$

Csar, prisonnier des vicissitudes humaines, traite de sujets qui rel*vent de la chair entransit vers la rnovation$

Alors que le Christ r*gne sur lme qui ne meurt jamais, la sublimant peu & peu pour lagloire imprissable$$$

6e tribun vnrable fit une pause presque intentionnelle alors que le son lointain denombreux luths se faisait entendre, en plein ciel, laissant limpression dun appel & une

prochaine bataille$

-ans ladmirable enceinte dont la voPte laissait entrevoir le scintillement vacillant destoiles lointaines, des centaines dentits taient rassembles & se regarder, haletantes$$$

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2ous les )sprits runis l& semblaient soucieux de vouloir servir$

uelquesFuns portaient sur leur visage les expressions de la nostalgie et de la douleur,comme sils taient lis & la bataille sur terre par des blessures daffliction qui ne pouvaientHtre soignes quen retournant aux angoisses du pass$

.ais, lattente na pas dur longtemps$

-ominant le son des clarinettes qui rsonnaient dans la nuit, la voix du prdicateur aressurgi Q

J ombreux sont ceux parmi vous, fr*res aims, qui ave< laiss derri*re vous devieilles promesses damour et dsire< retourner & la rude voie de la chair comme pouraffronter les flammes dun incendie et sauver des affections inoubliables$ anmoins, dvousmaintenant & la vrit divine, vous ave< appris & placer les desseins du 7eigneur auFdessus devos propres dsirs$ 'atigus dillusion, vous anal"se< la ralit tout en cherchant & la grandir,

et la ralit accepte votre concours dcisif pour simposer au monde$

oublie< pas nanmoins que vous ne collaborere< & l%uvre du Christ quen aidantsans exiger et en travaillant sans vous attacher aux rsultats$ 2out comme la m*che de la

bougie doit se soumettre et se consumer pour vaincre les tn*bres, vous sere< contraints & lasouffrance et & lhumiliation pour que de nouveaux hori


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U lexpression de tendresse quils chang*rent, on pouvait voir quil sagissait de deuxamis qui, le temps dun instant, firent abstraction de lautorit et de laffliction dont ils taient

porteurs pour sentrelacer apr*s une longue sparation$

Vne fois leurs premi*res impressions changes pendant lesquelles des vnements dupass furent rappels, 0arrus uint, dont la ph"sionomie romaine portait les traits de las"mpathie et de la peine, expliqua & son ami moralement plus volu quil prtendait retournerau plan ph"sique, tr*s prochainement$

6e reprsentant de la 7ph*re suprieure lcouta avec attention et lui dit avec mesure,lair surpris Q

J .ais, pourquoi R Ge connais la richesse de tes services vous non seulement & lacause de lordre mais aussi & la cause de lamour$ -ans le monde patricien, tes derni*resexpriences furent celles dun homme correct qui alla jusquau sacrifice extrHme et tes

premiers essais dans la construction chrtienne ont t des plus dignes$ e vaudraitFil pas

mieux continuer dans ta dmarche auFdessus des pa"sages inquitants de la chair R

6interlocuteur fit un geste calme de supplique et allgua Q

J Claude, mon ami bni ! Ge te le demande !$$$ Ge sais que tu as le pouvoirdautoriser mon retour$ 8ui, sans aucun doute, les appels de lauFdel& meuvent monme !$$$ Ge dsire ardemment munir dfinitivement aux nNtres de lavantFgarde$$$

anmoins J et sa voix a presque disparu tant son motion tait forte J parmi ceux qui sontrests en arri*re, j" ai un fils cher & mon c%ur perdu dans les tn*bres et que je dsireraisaider$$$

J 2atien R J demanda le mentor intrigu$

J 6uiFmHme$$$

)t 0arrus continua avec une charmante humilit Q

J Ge rHve de le conduire au Christ de mes propres bras$ Gai implor le 7eigneur unetelle grce avec toute la ferveur de mon affection paternelle$ 2atien est pour moi ce que la rosreprsente pour larbuste pineux oO elle est ne$ -ans ma pauvret, cest mon trsor et, dansma laideur, cest la beaut dont je dsire menorgueillir$ Ge donnerais tout pour me consacrer &

lui, & nouveau$$$ 6e caresser pr*s de mon c%ur pour le guider dans ses tapes en direction deGsus, cest le ciel auquel jaspire$$

)t, comme sil voulait sonder limpression quil avait cause & son ami, il ajouta Q

J Bar hasard, auraisFje tord dans mes aspirations R

6e vieux guide le caressa avec une vidente expression de pit, il passa sa maindroite sur son front baign de lumi*re et lui dit Q

J Ge ne discute pas tes sentiments que je suis contraint de respecter, mais$$$

une telle renonciation estFelle vraiment ncessaireR

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Comme sil organisait ses propres rminiscences afin de sexprimer avec assurance, ilfit une longue pause quil interrompit luiFmHme en faisant remarquer Q

J Ge ne crois pas que 2atien soit prHt$ Ge lai vu, il " a quelques jours au temple de0esta, commandant une importante lgion dennemis de la lumi*re$ l ne ma pas sembl

inclin & quelque service que ce soit en faveur de lLvangile$ l erre dans les sanctuairesdes divinits ol"mpiennes incitant aux meutes contre le christianisme naissant et secompla/t toujours aux festivits des cirques trouvant de lintrHt et de la joie aux effusions desang$

J Gai suivi mon fils dans ce lamentable tat J acquiesKa 0arrus uint mlancoliqueJ, nanmoins, ces derniers jours, je le sens amer et angoiss$ ui sait si 2atien nest pas & lacroise dune grande rnovation R Ge sais quil a t rcalcitrant dans le mal en se consacrantindfiniment aux sensations infrieures qui lempHchent de percevoir les hori


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J oublie pas que nous serons unis par la pri*re$ )t cela mHme sous le lourd voile deloubli dans la lutte ph"sique, nous entendrons tes appels et te soutiendrons de toute notreassistance$ 0a en paix quand tu le voudras et que Gsus te bnisse$

0arrus lui a alors adress des paroles mouvantes de reconnaissance et raffirma les

promesses quil avait formules puis se retira, pensif, sans vraiment savoir quelles trangesmotions envahissaient son me, plong quil tait encore entre les lans de joie et le dard delamertume$

U la splendeur du crpuscule alors que le soleil, vritable brasier, se couchait du cNtd8stie, l)sprit de 0arrus uint, solitaire et songeur, arriva au pont Cestio apr*s sHtre attard& la contemplation des eaux du 2ibre, comme retenu par des souvenirs obsessifs$

-e douces brises soufflaient en chantant comme sil sagissait de lcho lointain demlodies occultes dans le ciel limpide$

@ome tait dcore pour clbrer les victoires de 7eptime 7v*re sur ses terriblesconcurrents oO apr*s une triple dfaite, Bescennius iger avait t battu par les forcesimpriales et dcapit sur les marges de l)uphrate, alors quAlbin favori des lgions

bretonnes3avait t vaincu en #aules se suicidant de dsespoir$

(!) N"#" : $reta%ne soit l'a&telle n%leterre

Blusieurs jours de fHte commmor*rent la brillante gloire de lempereur africain mais &la demande des augustes, la fin des solennits tait prvue pour la nuit suivante dans le grandamphithtre avec toutes les pompes du triomphe$

Affichant une expression dexpectative et de tristesse, 0arrus a travers le petitterritoire de l/le du 2ibre et rejoint le temple de la 'ortune observant la foule de groupes parsse rassembler sur la place en direction du magnifique difice$

6es liti*res de hauts dignitaires de la cour entoures desclaves dispersaient des petitsgroupes de chanteurs et de danseurs$ -es biges fastueux et des voitures dcores bala"aient lafoule, conduisant de jeunes tribuns et des dames patriciennes de familles traditionnelles$ -esmarins et des soldats se querellaient avec des vendeurs de boissons et de fruits alors que lavague populaire grandissait chaque fois davantage$

-es gladiateurs au corps dmesur arrivaient souriants courtiss par les joueursinvtrs de lar*ne$

)t alors que le son des luths et des timbales se mHlait au rugissement distant desfauves en cage, rservs au magnifique spectacle, la gloire de 7v*re et le supplice deschrtiens taient les sujets favoris de toutes les conversations$

6e passant spirituel regardait non seulement la multitude avide de plaisirs mais aussiles phalanges bru"antes dentits ignorantes ou perverses qui dominaient les sinistrescommmorations$

0arrus voulut savancer comme pour chercher quelquun mais la lourde atmosph*rergnante lobligea & battre en retrait$ l contourna alors le cl*bre amphithtre, parcourut les

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ruelles troites entre le Celio et le Balatin, traversa la porte Cap*ne et atteint la campagne sedirigeant vers les tombes de la voie Appienne$

6a nuit claire stait pose sur les maisons romaines$

-es milliers de voix entonnaient des cantiques de joie & la clart argente du clair delune$ 6es chrtiens dsincarns se prparaient & recevoir leurs compagnons de sacrifice$ 6esmart"rs prtendument morts venaient saluer les mart"rs qui, cette nuit, allaient mourir$

0arrus uint sest joint au large groupe et a pri avec ferveur demandant au 7eigneurles forces ncessaires & la difficile mission & laquelle il prtendait se consacrer$

-es pri*res et des commentaires sanctifis furent prononcs$

uelques heures plus tard, lnorme assemble spirituelle sest dirige verslamphithtre$

-es h"mnes de joie se sont levs sur les hauteurs$

on seulement les messagers de la voie appienne atteignaient lamphithtre endharmonieuses pri*res, mais des envo"s du .ont 0atican et des travailleurs spirituels degroupes de pri*re vanglique de l)squilin, de la voie omentana et de la voie 7alaria,comprenant aussi des reprsentants dautres rgions romaines, pntraient lenceinte agitetelles des armes de lumi*re$

ntroduits dans lar*ne pour les derniers sacrifices, les adeptes de Gsus chantaientgalement$

ci et l&, des visc*res de fauves morts se mlangeant aux corps horriblement mutilsdes gladiateurs et des bHtes vaincues taient rapidement retirs par des gardes en service$

uelques disciples de lLvangile, surtout les plus gs, attachs & des poteaux demart"re recevaient des fl*ches empoisonnes, puis les corps taient incendis servant detorches & loccasion de ces exhibitions festives, alors que dautres les mains jointes se livraient,sans dfense, & lassaut des panth*res et des lions de umidie$

Bresque tous les supplicis se dtachaient de la chair en une sublime extase de foi,

recueillis affectueusement par les fr*res qui les attendaient entonnant des cantiques devictoire$

0arrus uint, nanmoins, face & la clart intense avec laquelle les lgions spirituellesavaient dsintgr les tn*bres, ntait pas intress par lexaltation des hros$

l scrutait du regard les tribunes pleines jusqu& ce que, finalement, il fut pris de signesdangoisse vidents par un groupe d)sprits turbulents enthousiastes manifestant uneaudacieuse dbauche$

7oucieux, 0arrus sest approch de lun des jeunes qui poussait des clats de rire

intrpides et, ltreignant avec une profonde tendresse, il lui murmura Q

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J 2atien ! .on fils ! .on ffls !$$$

6e jeune homme qui tait plong dans un tr*s profond courant de sensationsinfrieures ne put voir le bienfaiteur qui lui treignait la poitrine, mais pris dune soudaineinquitude, il sest immdiatement tu, abandonnant lenceinte, domin par une invincible

anxit$

l nidentifiait pas la prsence du vnrable ami & ses cNts, nanmoins, treint parceluiFci, il ressentit une immense aversion pour lodieuse solennit$

7e tenant & lcart de ses compagnons, a"ant besoin de solitude, il sest loignrapidement arpentant les rues et les places$

l dsirait penser et reconsidrer seul le chemin quil avait parcouru$

Apr*s un long cheminement, il atteint la porte Binciana en quHte de solitude$ -ans les

jardins oO lon vnrait la mmoire d)sculape, il " avait une magnifique statue dApollon pr*sde laquelle il aimait parfois mditer$

6e corps en marbre de la divinit ol"mpienne se tenait magnifiquement rig exhibantdans une main une urne parfaite aux bords tourns vers le sol comme si elle cherchait &fconder la terreFm*re$

-ans un rcipient, aux pieds de lidole, des encens placs l& par des mains dvotes etanon"mes brPlaient, parfumant le site dune odeur dlicieuse$

2ourment par dinsupportables angoisses, 2atien pleurait malgr lui en se remmorantses propres expriences$

se savait hors de son corps ph"sique, mais loin de trouver les pa"sages desnarrations de 0irgile dont la lecture avait attir toute son attention, il se trouvaitincomprhensiblement attir par les orgies de la socit en dcadence, luiFmHme surpris par sasoif de sensations apr*s son dc*s$ l dlirait lors des banquets et des jeux, buvait & toutes lestasses et savourait les plaisirs & sa porte, mais se rendait finalement au dgoPt et au repentir$U quoi la vie se rsumaitFelle R J se demandaitFil dans ses pnibles monologues J oO

pouvaient donc se trouver les dieux de son ancienne foi R -ans la satisfaction temporaire dessensations humaines toujours suivie dune douloureuse coupe de fiel, la quHte du bonheur en

vaudraitFelle la peine R Comment localiser les anciennes affections au m"strieux pa"s de lamort R Bourquoi erraitFil prisonnier de la vie domestique, sans quilibre et sans boussole R eseraitFil pas plus juste, si possible, dacqurir un nouveau corps et de respirer parmi lecommun des mortels R l aspirait & un contact plus intime avec la chair vivante dont la

pntration lui permettrait de soublier luiFmHme$$$ 8h ! 7il pouvait effacer les nigmestorturantes de lexistence, se rfugier dans la mati*re pour dormir et reprendre des forces ! Jse disaitFil$

l avait des amis qui, apr*s de longues suppliques faites au ciel, avaient disparus endirection de la renaissance$ l nignorait pas que lesprit immortel peut utiliser plusieurs corps

parmi les hommes T nanmoins, il ne se sentait pas la force ncessaire pour se dominer et

offrir aux divinits une pri*re base sur un vritable quilibre moral$

1:


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U cet instant cependant, il se sentait plus angoiss encore qu& laccoutum$

Vne nostalgie immense et indfinissable lui blessait le c%ur$

Apr*s avoir pleur en silence, il fixa son regard impassible sur la statue et supplia Q

J #rand Wlios ! -ieu de mes grandsFparents !$$$ Aie piti de moi ! @estaure messentiments de puret et dnergie que tu incarnes pour notre race ! 7i possible, faisFmoi oublierce que jai t$ 7outiensFmoi et accordeFmoi la grce de vivre conformment & lexemple demes ancHtres!$$$

-inexprimables rminiscences de son ancien fo"er lui revinrent & lesprit, 2atieninclin vers le sol se lamentait am*rement T mais lorsquil eut sch les larmes qui masquaientsa vision et posa & nouveau son regard sur limage du dieu, il na plus vu la belle idole maisl)sprit de 0arrus uint aurol dune intense lumi*re & le regarder avec tendresse et tristesse$

Bris dtonnement, le jeune homme voulut reculer mais dindfinissables motionssubmergeaient maintenant tout son Htre$

Comme pli par des forces m"strieuses, il sest agenouill devant la visite inattendue$

l a cherch & prononcer quelques mots mais ne le put, ressentant un trangetranglement dans sa voix$

-es sanglots plus intenses lui jaillissaient des "eux$

l avait identifi son p*re et cras par une indicible motion, il remarqua que 0arrusmarchait vers lui, le regard affectueux portant un triste sourire$

6entit aimante a caress sa tHte tourmente et dit Q

J 2atien, mon fils !$$$ ue le 7eigneur suprHme bnisse notre sentier derdemption$ 6aisse les larmes laver le trfonds de ton me ! .iraculeuse catharsis, les pleurs

purifient nos plaies de vanit et dillusion$

J e te juge pas relgu & labandon !$$$

Alors que nos pri*res rsonnent ardemment devant les idoles sans me, le c%urauguste du 7eigneur les recueille au sein de son amour infini, nous envo"ant laide dont nousavons besoin$

J #arde ton calme et aie confiance, mon fils ! ous retournerons & lexprience de lachair pour nous racheter et rapprendre$

U cet instant, 2atien, magntis par le regard paternel, essa"a de se relever pourltreindre ou pouvoir se jeter & terre pour lui baiser les pieds mais comme immobilis par desliens invisibles, il ne put faire un geste$

J LcouteFmoi ! J a continu 0arrus avec compassion J mcontent detoiFmHme, demande ton retour & la lutte terrestre et tu recevras une telle concession$

1;


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ous serons & nouveau runis dans la prison corporelle du monde ph"sique J cole bnie denotre rgnration pour la vie ternelle, cependant cette fois, ce ne sera plus dans lexaltationde lorgueil et du pouvoir$

os dieux en pierre sont morts$

Gupiter dans son char de triomphe est dpass & jamais$ U sa place, est apparu le.a/tre de la Croix, le sculpteur divin de la perfection spirituelle imprissable qui nousaccueille comme dheureux protgs & son c%ur$

Autrefois, nous cro"ions que la pourpre romaine sur le sang des perdants tait les"mbole de notre bonheur ethnique et admettions que les gnies clestes devaient restersoumis & nos capricieuses impulsions$ Aujourdhui, cependant, le Christ guide nos pas sur desroutes diffrentes$ 6humanit est notre famille et le monde est notre tr*s grand fo"er oO noussommes tous des fr*res$ Au ciel, il n" a pas desclaves, ni de ma/tres, mais des cratures liesentre elles par la mHme origine divine$

6es chrtiens que tu ne comprends pas maintenant sont & la base de la gloire & venir$Wumilis et dcharns, vilipends et offerts en sacrifice, ils reprsentent la promesse de la

paix et la sublimation pour le monde$

Vn jour viendra oO personne ne se souviendra du faste de nos clbrationsmensong*res$ 6e vent fort qui souffle des monts glacs rpandra sur le sol obscur les cendresde notre misrable grandeur alors convertie en lamentation et poussi*re$ .ais le renoncementdes hommes et des femmes qui se laissent aujourdhui immoler pour une vie meilleure sera de

plus en plus sanctifi et plus vivant dans la fraternit qui rgnera souveraine !$$$

@emarquant peutFHtre la profonde surprise du jeune homme qui lcoutait, tremblant etabattu, 0arrus uint insista Q

J BrpareFtoi & Htre un valeureux soldat du bien$ +ientNt, nous retournerons & lcolede la chair$ 2u seras pour moi ltoile du matin me montrant larrive du soleil & chaque jourqui passera$ -e toute vidence, des souffrances cruelles qui sont le lot des serviteurs dela vrit sabattront sur nous, dans cette nuit de flagellation tourmente$ 7ans aucun doute, ladouleur guette nos existences car la douleur est la marque du perfectionnementmoral dans le monde$$$ ous conna/trons la sparation et linfortune, la haine et le mart"re,mais le pain de la grce cleste entre les hommes pour de nombreux si*cles encore sera

ptri & la sueur et aux afflictions des serviteurs de la lumi*re ! Ge suivrai tes pas tel un chienfid*le, et jesp*re quuni & mon c%ur, tu pourras rpter plus tard Q

J Ave, Christ ! Ceux qui vont vivre pour toujours te glorifient et te saluent !$$$

6e messager fit une longue pause alors que des oiseaux nocturnes ga


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U cet instant, cependant, peutFHtre parce que des sensations contradictoirestourmentaient son for intrieur, 2atien ferma les "eux pour interrompre le flux des larmescopieuses qui lui montait aux "eux, mais en les rouvrant, il observa que son p*re avaitdisparu$

6e pa"sage tait inchang$

6a statue dApollon brillait, refltant le clair de lune palissant & laube$

Afflig dangoisses, 2atien a lanc ses bras dans la nuit qui lui semblait alors dsoleet vide, scriant dsesprment Q

J .on p*re ! .on p*ret$$

)t parce que ses cris restaient sans cho dans limmensit, fatigu et abattu, il sestallong par terre, en sanglots$$$

-es annes et des annes ont ainsi pass apr*s ces vnements$

1>


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II

C6"RSE#"TTE

-ans sa villa dcore de ross, sur les collines de lAventino du cNt du 2ibre, 0arrusuint, jeune patricien romain, tait plong dans ses penses$$$

Apr*s avoir effectu une longue mission sur la gal*re de la flotte commercialed8pilius 0eturius pour qui il assumait les fonctions de commandement, il tait rentr che< lui

pour se reposer un peu$ Vne fois quil eut affectueusement embrass sa femme et son fils quiprenait du plaisir & jouer dans le triclinium, il se reposa en lisant quelques crits dAemiliusBapinianus dans le pavillon fleuri du jardin$

)n lan 31;, @ome passait par une lourde atmosph*re de crimes et de tourments alorsque les derni*res heures de lempereur .arc Aur*le Antonin +assianus, surnommCaracalla 4D, avaient sonn$

(3) $ien 'tant d'ne &ertaine *ani+re tolrant vis--vis des &hrtiens i se trovaientdans ne position so&iale privil%ie dans la vie plie, le %overne*ent de Cara&alla per*ettaitla pers&tion *thodie d'es&laves et de pliens vos l'.van%ile, &onsidrs &o**e tantdes enne*is de l'ordre politie et so&ial" (Note de l'ater spiritel)

-epuis la mort de Bapinien cruellement assassin par ordre de Csar, l)mpire avaitperdu toutes ses illusions quant au nouveau dominateur$

6oin de respecter les traditions paternelles dans la sph*re gouvernementale, +assianusavait lanc une vaste conspiration t"rannique contre le droit tabli nourrissant non seulementla perscution des groupes na


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7ous linspiration de lesprit rnovateur, des milliers dhommes et de femmeschangeaient mentalement$ 6autocratie de l)mpire combattait dsesprment contre larforme religieuse mais la pense du Christ planait sur terre, incitant les mes & suivre lenouveau chemin du progr*s spirituel, mHme au prix de la sueur et du sang du sacrifice$

Blong dans de telles rflexions, il fut ramen & la ralit par sa femme, Cintia Gulia,qui venait le voir portant dans ses bras leur fils 2atien d& peine un an, souriant, tendre etaimant comme sil sagissait dun ange ravi au berceau cleste$

Cintia rvlait dans son regard obscur la flamme de la vivacit fminine laissant d*s lepremier instant entrevoir la trame des passions qui dbordaient de son me inqui*te$ Vne largetunique de lin beige faisait ressortir ses formes de madone et denfant qui voquaient le profilespi*gle et beau de quelque n"mphe qui se serait soudainement transforme en femme,contrastant par l& avec la sv*re expression de son mari qui semblait infiniment distant de sacompagne dans ses affinits ps"chiques$

+ien que tr*s jeune, 0arrus uint portait les traits dun philosophe plong enpermanence dans locan de ses penses$

Affichant la satisfaction dune pronnelle, Cintia fit rfrence & la fHte dVlpia 7abinaoO elle tait alle la veille en compagnie de 0eturius qui fut un partenaire attentionn$

)nthousiaste, elle sest attarde & la description des danses, une invention de lapropritaire qui avait profit de la vocation des jeunes esclaves, et sessa"ait & rpter pour sonmari dune voix harmonieuse quelques passages de la musique s"mbolique$

0arrus souriait condescendant, tel un p*re aust*re et bon attentif aux infantilits de safille$ l prononKait de temps en temps des mots de comprhension et dencouragement$

U un certain moment de la conversation fixant sa femme, semblant vouloir sentretenirdun sujet plus srieux, il lui fit observer Q

J 2u sais, chrie, ce soir il nous sera possible dentendre lune des voix les plusinfluentes de notre mouvement en #aules R

)t peutFHtre parce que sa femme restait silencieuse, pensive, il continua Q

J Ge fais rfrence & Appius Corvinus, le vieux prHcheur de 6"on 5D qui fera sesadieux aux chrtiens de -7. Au temps de la domination romaine3 en 'aules3 le nom de la ville de 8on *tait

u9dunum: -#ote de l!auteur spirituel.

@ome$ -ans sa jeunesse, ce fut un contemporain dAttale de Bergame, ladmirablehros parmi les mart"rs gaulois$ Corvinus a plus de soixanteFdix ans mais selon lesimpressions gnrales, il est porteur dun esprit tr*s jeune$

6a jeune femme a esquiss un long geste dennui et a murmur Q

J Bourquoi nous soucionsFnous de la sorte de ces gens R 'ranchement, la seule foisque je tai accompagn aux catacombes, jen suis revenue angoisse et abattue$ Ces

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divagations que nous entendons ontFelles un sens pratique R Bourquoi braver les dangers dunculte illgal pour ne rester que dans les dlires de limagination R

Avec ironie et agressivit elle continuait, alors que son mari affichait une expressionattriste Q

J 2u crois peutFHtre que je peux me conformer & la folle renonciation de femmestelles que 7ophronie et Cornlie qui sont tombes des splendeurs patriciennes danslimmondice des prisons aux cNts desclaves et de blanchisseuses R

Buis elle a lanc un bru"ant clat de rire et a ajout Q

J l " a quelques jours encore, alors que tu te trouvais en vo"age en Aquitaine,8pilius et moi parlions en priv, quand Bopia Cil*ne est venue nous voir en faisant laumNne

pour les familles tues lors des derni*res perscutions, et vo"ant mes pots de cr*me, elle maincite & abandonner lusage de cosmtiques$ ous avons beaucoup ri & cette

suggestion$ Bour rpondre aux principes dun homme qui est mort sur la croix desmalfaiteurs, il " a deux cents ans, nous devrions faire voeu de pauvret et errer de par lemonde comme si nous tions des fantNmes R os dieux, eux, ne nous rservent pas un paradisde mendiants discoureurs$ os prHtres gardent toute leur dignit et leur posture$

Apr*s une courte pause pendant laquelle elle a regard son mari sarcastiquement, elleallgua Q

J -ailleurs, je dois te dire que jai fait pour toi des sacrifices & )sculape$ Ge crainspour ta sant$ 0eturius laisse entendre que les chrtiens sont fous$ 2u ne remarquescertainement pas combien de changements transparaissent dans ton comportement & mongard depuis le dbut de tes nouvelles pratiques R Apr*s de longues absences loin de ta famillelorsque tu reviens, tu nes plus le mari affectueux du pass$ Au lieu de te reporter & notredouce intimit, tu gardes ta pense et tes paroles tournes vers les succ*s de ce culteabominable$ Bar le pass, 7abine affirmait que la dangereuse m"stique de Grusalem affaiblitles liens de lamour que les divinits domestiques nous ont lgus et dirait que ce Christ tedomine de lintrieur en tloignant de moi$$$

Cintia, maintenant, qui avait le visage contrari, schait ses larmes nerveusement alorsque son fils souriait, ingnu, dans ses bras$

J #rande stupide ! J objecta son mari, inquiet J comment peuxFtu penser que jepuisse toublier R 8O habite lamour si ce nest dans le sanctuaire du c%ur R Ge te veux commetoujours$ 2u es tout dans ma vie$$$

J .ais$$$ et la dpendance dans laquelle nous vivons R J scria Cintia,dsenchante J la pauvret est pouvantable$ 2u es lemplo" d8pilius et nous habitons dansune maison quil nous fait la faveur de nous cder$$$ Bourquoi ne te lancesFtu pas comme moncousin dans le monde des affaires pour que nous a"ons aussi des navires et des esclaves, des

palais et des fermes R e te sensFtu pas humili par notre position dinfriorit R

0arrus uint exprimait une amertume manifeste sur son visage calme$ l caressa la

jolie chevelure de sa femme et objecta, contrari Q

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J Bour quelle raison te torturesFtu ainsi R apprciesFtu pas notre richessede caract*re R 7eraitFil convenable de vivre dans lopulence sur le malheur des autres RComment retenir des esclaves quand nous essa"ons de les librer R ApprcieraisFtu deme voir raliser des transactions inavouables perdant ainsi la droiture de ma conscience R

7on pouse pleurait, malheureuse, mais voulant changer le cours de la conversation,0arrus lui dit Q

J 8ublions ces futilits$ 0o"ons ! Allons plutNt couter les paroles deCorvlnusR Vne voiture nous " conduira dans la soire$$$

J Bour revenir & la maison puise R J lui rpondit sa femme tout en versant decopieuses larmes$ J on ! Ge nirai pas ! Gen ai asse


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Berdu dans de profondes rflexions, il sest pench contre le mur qui sparait le jardinde la voie publique et sest attard & la contemplation dun groupe de garKons qui taient l&,occups & jouer$ ls lanKaient des petites pierres dans leau et, la pense tourne vers son petit2atien, ne pouvant dfinir les sombres pressentiments qui oppressaient sa poitrine, il remarqua

quune trange angoisse envahissait son c%ur$

Alors que le crpuscule avanKait, na"ant pas revu sa femme qui stait rfugie avecson fils dans leur chambre, il prit la voiture dun ami qui le conduisit jusqu& lhumble maisondu vnrable 6"sippe dAlexandrie, un illustre #rec profondment dvou & lLvangile et quihabitait dans une pauvre hutte dlabre sur la route d8stie$

Vne petite assemble dadeptes stait forme dans la modeste salle$

7urpris, il fut inform que les adieux du grand chrtien gaulois ne se feraient pas cettenuitFl& mais le lendemain$

Corvinus tait donc & la disposition de ses amis pour sentretenir amicalement$

l n" avait cependant pour le groupe, de sujet plus fascinant que celui concernant lesrminiscences des perscutions de lanne 1;;$

6es peines des chrtiens l"onnais taient racontes dans les moindres dtails par lenoble visiteur$

Alors que le cercle des personnes coutait, statique, lancien #aulois se rappelait avecune prodigieuse mmoire de chaque vnement$ l rptait les interrogatoires effectus etrapportait aussi les rponses inspires des mart"rs$ l se reportait aux ardentes pri*res descompagnons de lAsie et de la Bhr"gie qui, misricordieusement, avaient aid lescommunauts de 6"on et de 0ienne 9D$ l parlait, enthousiaste, de limmense charit de0ettius )pagathus, ce noble dvou & la cause qui renonKa & la position sociale privilgiedont il jouissait pour se faire lavocat des humbles chrtiens$ 7on regard senflammait encommentant ltrange courage du saint diacre de 0ienne et lhroSsme de la chtive esclave+landine dont la foi avait sem la confusion dans lesprit des bourreaux$ l peignait la joie deBothin, chef de lLglise de 6"on, cruellement offens et rou de coups dans la rue, sans un motde rvolte, & lge de quatreFvingtFdix ans$

-&. Ville de France pr;s de 8on: -#ote de l!auteur spirituel.

'inalement, il manifesta une m"strieuse joie mHle de larmes en voquant lesaventures et les tourments dAttale de Bergame qui fut & lorigine de sa foi$

relatait tous les dtails des supplices auxquels avait t soumis le vnrable ami$ lse souvint de latermoiement du proc*s dP & la consultation faite par le proprteur & .arcAur*le, et sattarda & la description des derni*res souffrances du grand chrtien maltrait,fouett, attach et brPl sur la chaise en fer rougi pour Htre finalement dcapit en compagniedAlexandre, ce dvou mdecin phr"gien qui, & 6"on, avait offert au 7eigneur ladmirabletmoignage de sa foi$

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6assemble lcoutait abreuve de rfrences$ .ais comme lorateur prvo"ait untravail intense & raliser le lendemain, 6"sippe ordonna de servir des tranches de pain frais etdu lait & chacun et mit fin & la conversation$

6esprit inspir par les rcits du vieux #aulois, 0arrus est retourn che< lui$

l rentrait plus tNt que prvu et une seule pense labsorbait maintenant Q pacifier lmeinqui*te de sa compagne en lui rendant son calme et sa joie raffirmant sa tendresse et sondvouement$

l sest approch tout doucement avec la tendre intention de la surprendre$

l a travers le patio et sest trouv devant la porte entrouverte, mais devant sachambre, il sest arrHt intrigu$

l a alors entendu des voix dialoguer avec ferveur$

8pilius 0eturius se trouvait dans sa chambre & coucher$

essa"a de comprendre la tempHte morale qui flagellait son destin$

Gamais, il naurait imagin que lhomme pour qui il travaillait serait capable dattirer safemme & une telle attitude$

8pilius tait le cousin de Cintia et il avait toujours t reKu che< lui comme un fr*re$ ltait dix ans plus vieux que lui et il tait veuf depuis quelque temps$ Wliodore, sa dfuntefemme, tait pour Cintia une seconde m*re$ )lle avait laiss des jumeaux, Wl*ne et #alba,deux enfants malheureux dont la naissance avait caus la mort de leur m*re et qui habitaientavec leur p*re, entours desclaves tr*s dvous dans un magnifique palais portant les blasonsde la famille$

0arrus travaillait sur les bateaux de 0eturius et vivait dans une villa qui lui appartenait$l se trouvait lamentablement li & lui depuis son mariage par de lourdes dettes quil se

proposait de pa"er honnHtement par son travail personnel, respectable$

Alors que dans sa tHte surgissaient dinnombrables questions, 0arrus rflchissait$$$

Bourquoi sa femme se livraitFelle ainsi & une aventure aussi indigne R taitFil pas uncompagnon lo"al, extrHmement vou & son bonheur et & celui de leur fils R l sabsentaitsouvent de @ome les gardant prcieusement dans son c%ur$ 7i des tentations dordre infrieurlui assigeaient lesprit pendant ses frquents vo"ages, Cintia et 2atien taient uneinbranlable dfense$$$ Comment cder aux suggestions de la mchancet quand il se cro"aitlunique soutien de sa femme et de ce petit ange qui peuplait son me daspirationssanctifies R )t pourquoi 0eturius salissaitFil ainsi son fo"er R e se considraitFil pas commeun ami converti en dvou serviteur R Combien de fois dans des ports lointains avaitFil tinvit au profit facile et avaitFil renonc & tout avantage conomique de provenance douteuse,conscient des responsabilits qui le liaient au cousin de sa femme ! U combien de reprises,avaitFil t contraint par gratitude & oublier toute possibilit assure damliorer sa situation,

par simple gard pour 8pilius qui tait & ses "eux non seulement le protecteur du pain

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quotidien de sa famille mais aussi un compagnon, crancier de sa plus profondereconnaissance !$$$

Angoiss et abattu, il se disait & luiFmHme & cet instant affligeant Q J 7i Cintia aimaitson cousin, pourquoi lavaitFelle pous, lui 0arrus R 7i tous deux avaient reKu les

bndictions du ciel avec larrive de leur fils, comment rpudier les liens conjugaux puisque2atien reprsentait son plus grand espoir en tant quhomme de bonne volont R

U moiti hallucin, il sest mis & rflchir aux arguments contraires$ )t sil prjugeaitde la situation R )t si 8pilius 0eturius tait l& pour lassister, rpondant & la demande de CintiaR l tait donc ncessaire de calmer ces inquitudes et dcouter faisant abstraction de touteanimosit$

l mit alors sa main droite sur son c%ur oppress et a cout Q

J Gamais tu ne thabitueras aux dlires de 0arrus J disait 0eturius, sPr de lui J,

toute tentative est vaine$

J ui sait R J osa sa cousine soucieuse Jjesp*re que le jour viendra oO ilabandonnera cette odieuse connivence avec les chrtiens$

J Gamais ! J sexclama linterlocuteur, en riant ouvertement J il nest personnequi nait recouvr la raison apr*s sHtre mHl & cette calamit$ uand bien mHme craignant lesautorits, ils semblent trahir leurs v%ux, face & nos dieux, ils retournent finalement & sonenchantement$ Gai accompagn plusieurs processus de rcupration de ces fous$ 8n peut direquils souffrent dune terrible obsession pour la souffrance$ 6es coups, les cordes, les fauves,la croix, le feu, les dcapitations, rien " fait pour diminuer la volupt avec laquelle ils selivrent & la douleur$

J @ellement, jen ai asse


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J -e plus, tu ne peux oublier que ton mari nest que mon client:$ l a tout et rien & lafois$ .ais, par 7rapis, je ne lui connais pas de qualits qui justifieraient des faveurs$ 2u saisque je taime, Cintia ! 2u nignores pas que je tai dsire en silence d*s le premier instant oO

je tai reconnue, jeune et belle$ Gamais, je naurais prfr Wliodore si les services de Csar nemavaient pas retenu si longtemps en AchaSe ! uand je tai retrouve, fiance de 0arrus, jai

senti une tourmente envahir mon c%ur$ Gai tout fait pour ton bonheur$ Ge me suis inclindevant laffection que ma femme te consacrait, je tai entoure dattention, je tai offert unersidence digne de tes dons pour que jamais tu ne sois confondue avec les femmes dans le

besoin et que la privation tam*ne & une vieillesse prcoce et, pour toi, jai mHme support cemari qui taccompagne, incapable de comprendre ton c%ur ! ue ferasFtu de moi, maintenant,veuf et triste comme je le suis R Apr*s tavoir retrouve, je nai plus jamais donn & Wliodoredautres sentiments quune estime respectueuse dont elle tait cranci*re pour sa vertuirrprochable$ os esclaves savent que je tappartiens$ .c*ne, mon vieux serviteur, est venume rapporter que des emplo"s cro"aient que javais empoisonn Wliodore pour que tu

prennes sa place ! )t, en vrit, quelle m*re plus honorable et affectueuse pourraisFje trouverpour mes enfants R -cideFtoi, donc$ Vn mot de toi suffira$

-1. Personne pauvre dans la Rome anti


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l sest agenouill devant le berceau dcor et coutant la respiration touffe de songarKon, il a donn libre cours & son motion$

2el un homme qui se vo"ait dun seul coup jet au fond dun ab/me sans russir & sentirla terre ferme oO se retenir, il ne put pendant quelques secondes coordonner ses penses$

l fit appel & la pri*re afin de se calmer et finalement se mit & rflchir$$$

2out en dvisageant le doux visage de son enfant & travers lpais voile de larmes quiaffluait & ses "eux, il sest demand J oO iraitFil R Comment rsoudre le dlicat probl*me

pos par sa femme R

l ne mconnaissait pas la cruaut d8pilius$ l le savait dtenteur des attentions deCsar, et dapr*s la rumeur populaire, il avait sollicit lappui de lempereur pour faireassassiner #eta dont il avait reKu un norme patrimoine de terres dans la lointaine #aule$ )ncet instant, il ne doutait pas non plus que ce fut lui qui avait facilit le dc*s de sa femme

dvoue qutait Wliodore, pris de passion pour Cintia$

2out en considrant la situation vexatoire dans laquelle il se trouvait prcipit, ilressentit le besoin de rpondre & loffense$

.ais linoubliable visage du Christ frappa son imagination surexcite$$$

Comment harmoniser la vengeance avec les enseignements de la +onne ouvelle,quil diffusait luiFmHme lors de ses vo"ages R Comment pouvaitFil souligner le caract*reimprieux du pardon aux autres, sans excuser les imperfections de ses proches R 6e .a/tre,dont il stait plac sous tutelle, avait oubli les coups de tous ses offenseurs, acceptant mHmela croix$$$ l avait vu tant damis emprisonns et perscuts au nom du Cleste +ienfaiteur$2ous faisaient preuve de courage, de srnit, de confiance$$$ l connaissait le dvou prHcheurde lLvangile sur la voie 7alaria, Wostilius 'ulvius dont les deux enfants avaient t assassinssous les pattes de deux chevaux jets intentionnellement sur eux par un tribun ivre$ 6uiFmHme, 0arrus, avait aid & rassembler les restes des innocents et avait vu ce p*re agenouill,

prier en pleurant, remerciant le 7eigneur des souffrances dont lui et sa famille taientcruellement prouvs$

6affliction de cette heure, ne seraitFce pas la main de -ieu qui exigeait de sa part letmoignage de la foi R e vaudraitFil pas mieux prir dans lamphithtre et voir 2atien dvor

par les bHtes froces que de se vouer tous deux & la honte de la mort morale R)t il se demandait dans sa douleur silencieuse Q J Comment Gsus se seraitFil

comport sil avait t p*re R AuraitFil livr son enfant sans dfense aux terribles loups de lajungle sociale sans la moindre raction R

l ne se cro"ait pas en droit dexiger quoi que ce soit pour lui car il considrait saposition comme tant celle du plus commun des mortels, tel un pcheur a"ant un besoinvident de devenir vertueux$

l ne pouvait astreindre sa femme & se vouer & la cause mHme si la perdre lui serait une

immense douleur$

3=


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)t pourtant et le petit R 7eraitFil juste de le laisser & la merci du crime R

J 8h ! -ieu ! J pleuraitFil intrieurement J comment lutter avec un hommepuissant quand 8pilius 0eturius pouvait changer les dcisions de Csar luiFmHme R ue safemme aime le suivit, tait une blessure que lponge du temps absorberait certainement au

fond de son me, mais comment se sparer de son fils qui tait sa raison de vivre R

l sest lev machinalement, a pris son garKon endormi dans les couvertures et aressenti la tentation de fuir$

e seraitFce pas, cependant, une inexcusable tmrit que dexposer cet enfant auxrisques encourus R )t quelle serait la posture de sa compagne, le lendemain, dans le cercle dela vie sociale R

Cintia navaitFelle pas pens & lui, ce p*re affectueux et ami quil tait, niais pourraitFil,lui disciple des enseignements de Gsus, la vouer au ddain delleFmHme ou & la

dconsidration publique R

Comme sil tait soutenu par une trange force invisible, il remit lenfant dans son lit,et apr*s lavoir embrass tendrement, il est longuement rest pench sur lui et se mit & pleurerhumblement, versant de copieuses larmes, comme sil vidait la fiert ardente de son c%ur surla prcieuse fleur de sa vie$

Beu apr*s, sassurant que la conversation continuait dans lintimit de sa chambre, il estretourn sur la voie publique, cherchant une bouffe dair pur pour son corps languissant$$$

l sest arrHt au bord du 2ibre revo"ant en mmoire les souffrances de tous lesopprims de ces eaux m"strieuses et tranquilles qui devaient occulter les gmissementsdinnombrables mart"rs victimes dinjustice sur terre$ 6e mutisme du vieux fleuve ntaitFil pasune source dinspiration pour son me agite R

6es rares passants et les quelques voitures retardataires ne remarquaient pas saprsence$

Bartageant son regard entre le firmament scintillant et les eaux tranquilles, il sestplong dans de profondes rflexions que personne naurait pu sonder$$$

U laube, il est retourn che< lui, apathique et dsorient, et senferma dans lune despi*ces oO il sest livr & un sommeil lourd et sans rHves doO il fut arrach, alors que le soleilbrillait, par les cris des esclaves qui transportaient du matriel sur les constructions toutesproches$

0arrus uint a procd & sa toilette matinale et sen fut voir Cirila et son enfant, ilcaressa son fils gravement et affectueusement alors que la jeune servante lui annonKait queson pouse stait absente en compagnie damies pour une crmonie religieuse au Balatin$

Contrari, il sest loign de la rsidence en direction de la voie 8stie$ l dsiraitsentretenir avec quelquun qui pourrait lnifier sa profonde douleur et, se rappelant de la

noble figure de Corvinus, il tait dcid & le prendre pour confident de toutes les peines qui luiassnaient le c%ur$

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@eKu par 6"sippe, celuiFci linforma que le bon vieillard stait absent pour soccuperde plusieurs patients, soulignant nanmoins quil serait de retour dans la soire & la voieArdeatina$

.ais son hNte observa une telle pleur sur le visage de son visiteur inattendu quil

linvita & sasseoir et & se servir un bouillon rconfortant$

0arrus accepta ressentant un grand soulagement spirituel$ 6a paix de la modesteenceinte semblait calmer son esprit enflamm$

-evinant que des tourments moraux lassaillaient, le petit vieux dposa pr*s de luiquelques pages contenant des paroles consolatrices relatant lhroSsme des mart"rs, essa"ant

par l& de soulager ses ulc*res invisibles$

-ocile, le jeune homme lcouta$ l lut de longs extraits et prtextant se sentir tr*saffaibli, il est rest l& pr*s de 6"sippe et sest attard jusqu& ce que tous deux se dirigent vers

les spultures dans la voiture dun vieil ami$

l faisait nuit quand ils sont arrivs aux tombes$

ls ont pass la porte quun compagnon surveillait avec vigilance et ont parcouru delongues galeries avec de nombreux autres fr*res qui suivaient, conduits par des torches,changeant des propos couronns despoir$

6es cimeti*res chrtiens dans @ome taient des lieux irradiant une grande joie$nquiets et dcourags dans leurs relations au quotidien tant donn les difficults infiniesquils avaient & se communiquer entre eux, on pouvait dire que l&, au fo"er des dfunts que lestraditions patriciennes respectaient habituellement, les partisans du Christ trouvaient enfin unclimat favorable & la communion dont ils taient assoiffs$ 6&, ils pouvaient sembrasser avecune indicible tendresse fraternelle, ils chantaient avec jubilation et priaient avec ferveur$$$

6e christianisme dalors ne se limitait pas aux rites sacerdotaux$ Ctait un fleuve delumi*re et de foi qui se dversait baignant les mes, rassemblant les c%urs sur cecheminement divin vers un idal suprieur$ 6es larmes verses lors des supplices descompagnons sacrifis ntaient pas des gouttes de fiel incendi mais des perles damour et dereconnaissance$

-eFci, deFl&, des spultures ross et blanches exhibaient des paroles aimantes qui nepassaient pas une ide sombre de la mort$ 6a bont de -ieu et la vie ternelle uniquementmritaient dHtre exaltes$

Cherchant un soutien moral, dsireux quil tait de trouver une plus grande forceintrieure, 0arrus relisait avec avidit les paroles qui lui taient famili*res$

Guste l&, quelquun avait inscrit ses compliments rvlant une affectueuse amiti Q J'estus, que Gsus te bnisse $ Blus loin, un p*re dvou avait fait graver ces quelques mots Q

J #laucia, ma ch*re fille, nous sommes ensemble $ Ailleurs, brillait cette inscriptionCrescenOus vit , ou encore une autre illumine, Bopia est glorifie $

4?


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Gamais 0arrus navait ressenti une telle paix au milieu des tombes$ 7e sentant expulsde son propre fo"er, il avait limpression maintenant que la foule anon"me de ces compagnonstait sa propre famille$ l sarrHtait sur ces visages inconnus avec plus daffection et dintrHt etse disait mHme que dans ce groupe de cratures qui anxieusement venait chercher lesenseignements du 7eigneur, il existait peutFHtre des drames plus pnibles que le sien et des

plaies plus profondes qui saignaient ces c%urs$ l soutenait Vsipus dun bras robuste commesil avait retrouv la joie dHtre utile & quelquun et, par les regards heureux quils changeaiententre eux, ils semblaient tous deux remercier linfluence de Gsus qui accordait & ce vieillardaffectueux la grce dHtre soutenu par un fils et au jeune homme malchanceux le bonheur detrouver un p*re quil pouvait servir$

-ans la grande enceinte illumine, des h"mnes de joie ont prcd les paroles duprdicateur qui, du haut de sa tribune, a parl avec une indescriptible beaut du @*gne de-ieu, exaltant le besoin de patience et despoir$

uand il eut fini son mouvante allocution, 6"sippe et 0arrus se sont approchs pour

le reconduire che< lui$

AuFdel& des tombes, une voiture les attendait, ponctuelle$

)t cest dans lintimit domestique qu& ces deux vieillards qui lcoutaient, surpris, quele jeune homme patricien, avec motion, a fait le rcit de ce dont il souffrait dans le cadre desa vie prive suppliant Corvinus un baume & ses douleurs qui opprimaient son c%ur$

6e vieux #aulois le fit asseoir et lui caressant la tHte comme sil sagissait dun enfanttourment, il lui a demand Q

J 0arrus, asFtu accept lLvangile pour que Gsus se transforme en ton serviteur oupour te convertir en serviteur de Gsus R

J 8h ! 7ans aucun doute J a soupir le jeune homme J, sil est une chose &laquelle jaspire au monde, cest & mon admission parmi les esclaves du 7eigneur$

J Alors, mon fils, pencheFtoi sur les concepts du Christ et oublions nos dsirs$

)t, en regardant le ciel par lhumble fenHtre, laissant percevoir quil demandaitlinspiration du 2r*sFWaut, il a ajout Q

J Avant tout, ne condamne pas ta femme$ ui sommesFnous pour juger lec%ur de notre prochain R BourrionsFnous, croisFtu, forcer les sentiments dune autre me,sutilisant de la mchancet et de la violence R ui de nous est irrprochable pour avoir ledroit de punir R

J anmoins, comment teindre le mal, si nous ne sommes pas prHts & le combattre RJ pondra 0arrus, gravement$

6ancien sourit et fit observer Q

J 2u crois alors que nous pouvons le vaincre par la force des ides bien tournes RConsidreraisFtu par hasard que le .a/tre est descendu des cieux rien que pour parler R Gsus

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a vcu chacune des leKons combattant lombre avec la lumi*re qui ra"onnait en lui, et celajusquau dernier sacrifice$ ous sommes dans un monde entour de tn*bres et nous nepossdons pas dautres torches pour nous clairer que notre me que nous devonsenflammer du vritable amour$ 6Lvangile nest pas seulement une propagande dideslibratrices$ AuF dessus de tout, cest la construction dun monde nouveau par la construction

morale du nouvel homme$ Gusqu& prsent, la civilisation a considr la femme, notre m*re etnotre s%ur comme tant une vulgaire marchandise$ Bendant des millnaires, nous avons faitdelle notre esclave, en la vendant, en lexplorant, en la lapidant ou en la tuant, sans que leslois nous consid*rent passibles de jugement$ .ais, nestFelle pas elle aussi un Htre humain R0ivraitFelle indemne de faiblesses gales aux nNtres R Bourquoi lui confrer un traitementinfrieur & celui que nous dispensons aux chevaux, si cest delle que nous recevons la

bndiction de la vie R -ans toutes les phases de lapostolat divin, Gsus la dignifie,sanctifiant sa mission sublime$ )t pour rappeler lenseignement, il est juste de rpter J quide nous, en toute conscience, peut lancer la premi*re pierre$

'ixant expressivement ses deux auditeurs, il a ajout Q

J Bour racheter les cratures, le christianisme exige une avantFgarde despritsdtermins & excuter son plan daction$

J Cependant J a rflchi le jeune @omain timidement J, peutFon nier queCintia soit dans lerreur R

J .on fils, celui qui attise le feu dans sa vie de tous les jours, marchera certainementsur les flammes de lincendie$ Compatis des gars ! e sontFils pas suffisammentmalheureux deuxFmHmes R

J )t mon enfant R J a demand 0arrus la voix saisie de sanglots$

J Ge comprends ton affliction$

)t, tout en parcourant dun regard lucide la petite pi*ce, Corvinus a sembl dvoiler unpeu de son c%ur, en ajoutant Q

J )n dautres temps, jai bu le mHme calice$ .loigner de mes enfants a tpour moi la source de terribles angoisses$ Gai march lacr comme une feuille emporte augr du vent, mais jai fini par percevoir que les enfants sont de -ieu, avant mHme dHtre

doucement dposs entre nos mains$ Ge comprends ton malheur$ .ourir mille fois sous toutt"pe de torture est une moindre souffrance que celle de la sparation dune fleur vivante quenous dsirerions retenir & larbre de notre destine$$$

J )t pourtant J a comment le patricien afflig J, ne seraitFil pas juste dedfendre un innocent en rclamant le droit de le protger et de linstruire R

J .ais qui donc voudra bien tcouter quand un ordre imprial insignifiant pourraittouffer tes cris R -e plus J allgua lancien affectueusement J, si lon souhaite servirle Christ, comment peutFon imposer & autrui la col*re que la lutte nous force & supporter R 2afemme peut ne pas avoir t gnreuse envers ton c%ur mais elle sera probablement une m*re

dvoue pour ton enfant$ e vaudraitFil donc pas mieux attendre les desseins du 2r*sFWaut, & la grce du temps R

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6e p*re malheureux portait toujours sur son visage une pnible expression, Corvinuslui fit alors observer apr*s une longue pause Q

J e te soumets pas & la froideur de la dsillusion en annihilant tes propres forces$6a douleur peut Htre compare au courant emport dun fleuve susceptible de nous

conduire au bonheur sur la terre ferme, ou de nous no"er quand nous ne savons pas nager$LcouteFnous$ 6Lvangile nest pas seulement une voie dacc*s & la joie cleste apr*s la mort,mais cest aussi une lumi*re pour notre existence dans ce monde que nous devonstransformer en @*gne de -ieu$ e te souviensFtu pas de la visite de icod*mes au -ivin.a/tre quand le 7eigneur a assur convainquant Q J il convient de rena/tre & nouveau R

-evant le signe affirmatif de 0arrus uint, lancien a continu Q

J Gai aussi beaucoup souffert quand, encore jeune, je me suis dcid au travail de lafoi$ @pudi de tous, jai t oblig de mloigner des #aules oO je suis n, en mattardant

pendant dix longues annes en Alexandrie oO jai approfondi mes connaissances$ 6glise, l&F

bas, reste ouverte & de plus amples considrations quant & la destine et & lHtre$ 6es idesde B"thagore sont reconnues par un grand centre dtudes, profitant & tous, et apr*s avoirattentivement cout des prHtres illustres et des adeptes plus clairs, je me suis convaincuque nous renaissons de nombreuses fois sur terre$ 6e corps est lhabit temporel de notre mequi ne meurt jamais$ 6a tombe est rsurrection$ ous reviendrons & la chair, autant defois que ce sera ncessaire jusqu& ce que nous a"ons purifi toutes les imperfections de notreme, tout comme le mtal noble supporte le creuset purificateur jusqu& ce que soient rejetsles rsidus qui le souillent$

Corvinus a alors fait une courte pause comme pour donner un temps de rflexion & sesauditeurs, puis il a continu Q

J Gsus ne parlait pas seulement & lhomme qui passe, mais surtout, & lespritimprissable$ U un certain moment de ses sublimes enseignements, il avertit Q il vaut mieuxque tu entres manchot dans la vie, que davoir deux mains, et aller dans la ghenne du feu quine steint pas ;$ 6e Christ se rapporte au monde comme & une cole oO nous cherchons notre

propre perfectionnement$ Chacun de nous vient sur terre avec les probl*mes dont il a besoin$6preuve est un rem*de salutaire, la difficult, une tape vers lascension$ os ancHtres, lesdruides, enseignaient que nous nous trouvons dans un monde de prgrinations ou sur lechemin dexpriences ritres, afin que nous puissions atteindre plus tard, les astres de lalumi*re divine pour ne faire quun avec -ieu, notre B*re$ ous crons la souffrance en

ngligeant les lois universelles et la supportons pour retourner & lharmonieuse communionavec elles$!ajustice est parfaite$ ul ne pleure sans raison$ 6a pierre supporte la pression delinstrument qui la taille afin de briller souveraine$ 6e fauve est conduit & la prison pour Htredomestiqu$ 6homme combat et souffre pour apprendre & rapprendre, en se perfectionnantde plus en plus$ 6a terre nest pas le seul thtre de la vie$ otre B*re ne nous aFtFil pas dit luiFmHme J & celui qui prtend servir J il existe de nombreuses demeures dans la .aison de

otre B*re R 6e travail est un escalier lumineux qui m*ne & dautres sph*res oO nous nousretrouverons comme des oiseaux qui, apr*s sHtre perdus sous les rafales de lhiver, seregroupent & nouveau au soleil bni du printemps$$$

->. !5van9ile de $arc3 ?+7@: -#ote de l!auteur spirituel.

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)n passant sa main dans ses cheveux blancs, le vieil homme a remarqu Q

J .a tHte est macule par la neige du dsenchantement$$$ Combien de fois, lagonie aFtFelle visit mon me pleine de rHves$$$ 7ous mes pieds, la terre glace demande mon corpspuis$ .ais au fond de mon c%ur, lespoir est un soleil qui menflamme rvlant dans ses

projections resplendissantes le glorieux chemin de lavenir$$$ ous sommes ternels, 0arrus !-emain, nous serons runis, heureux, au fo"er de lternit sans la douleur de la sparation oude la mort$$$

)n entendant ces paroles pleines de conviction et de tendresse, le jeune hommepatricien apaisa son esprit tourment$

uelques minutes encore pass*rent rapidement & voquer des paroles vivifiantes et sesentant mieux, il sest dcid & partir$

Vn bige lger quil avait demand, attendait & une courte distance$

uand le galop des chevaux se fut confondu avec le grand silence devant la porte deson fo"er, le jeune homme plus tranquille a remarqu que quelques rares toiles brillaientencore avec pleur alors que le firmament se teignait de rouge$

6e matin se levait$$$

0arrus contemplant le beau ciel romain et demandant & Gsus de garder la foi inspirepar les propos du vieux #aulois chrtien sur la route d8stie, pensa avoir trouv en cette aubedune surprenante beaut, le s"mbole du nouveau jour qui marquerait maintenant son destin$

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III

PRO$ESSEDEC6"R

-eux jours staient succds sans changement pour 0arrus uint qui, apathique etmlancolique, coutait che< lui les plaintes interminables de sa femme, flagellant ses

principes du fouet de ses critiques nsidieuses et puissantes$

.algr les peines qui affligeaient son me, il ne laissa percevoir aucun signe dedsapprobation quant & la conduite de Cintia qui continuait aux cNts de 0eturius ses carts decomportement et ses alliances$

Cest alors quil reKut la consigne de partir en direction dun port dAchaSe, mais il

narrivait pas & calmer le dsir ardent de rnovation dont il se sentait envahi$

l sen fut voir 8pilius qui le reKut tr*s cavali*rement en priv$ 0arrus lui a ainsiexpos ce quil dsirait$ l ressentait le besoin dune vie nouvelle$ l prtendait abandonner letrafic maritime et se consacrer & des tches diffrentes & @ome$

anmoins, il admettait avec dpit les obligations qui le retenaient & son service$

l devait une si forte somme au chef de lorganisation quil ignorait comment il pourraitchanger le cours de sa vie$

0eturius, tr*s surpris, voulut masquer les vritables penses qui lui venaient & lesprit$@ieur et chaleureux, il sest approch du visiteur en affirmant, premptoire, que jamais il nelavait considr comme un emplo" mais comme un compagnon de travail, et quil ne luidevait rien$ l a dclar comprendre sa lassitude et pensait que son intention de se rintgrer &la vie romaine tait justifie$

Cest rouge de honte que 0arrus reKut la rmission de toutes ses dettes$ on seulement8pilius lui faisait cette concession mais il se mettait aussi & sa disposition pour laider dans sanouvelle entreprise$

Avec dlicatesse, il a voqu des projets quil avait dj& tracs pour lavenir, alors que

le mari de Cintia, stupfait par lh"pocrisie de son interlocuteur, ne savait comment rpondreprononKant des monos"llabes qui dnonKaient son embarras$

Cest cordialement quils se sont quitts, alors qu8pilius lui promettait delaccompagner dans ses dmarches avec toute son affection fraternelle$

7e sentant profondment confus, 0arrus uint pris la direction du forum dans lespoirde rencontrer quelquun qui pourrait lui permettre de trouver un travail honorable T cependant,la socit de lpoque semblait partage entre les puissants et les misrables esclaves$ l n"avait pas de place pour celui qui voulait vivre de services respectables$ .Hme les affranchis seretiraient dans des rgions lointaines du 6a


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l a alors effectu diffrentes tentatives en vain$

Bersonne ne souhaitait emplo"er des bras honnHtes pour une juste rmunration$ lsallguaient que les temps taient difficiles, prtextaient le ralentissement des affaires face & lachute probable de +assianus dun moment & lautre$ 6es insanits gouvernementales

touchaient & leur fin et les partisans de .acrin, prfet des prtoriens, promettaient de servolter$ @ome vivait sous le rgime de la terreur$ Bendant plus de cinq ans, des milliers depersonnes taient mortes assassines par des affranchis qui jouissaient de rcompensesjuteuses$

6e jeune patricien, un peu dcourag, fixait la foule qui allait et venait sur la placepublique indiffrente aux probl*mes qui le torturaient quand il aperKut 'lave 7ubrius, unvieux soldat & la rputation douteuse qui laccueillit les bras ouverts$

l sagissait dun homme mPr, mais agile et astucieux$ Alors quil tait aux services delLtat et quil maintenait lordre en #aules, 7ubrius avait t bless, raison pour laquelle,

maintenant boiteux, il tait charg par des nobles de raliser des tches secr*tes$

6oin de soupKonner quil tait attach aux intrHts du perscuteur de sa famille, 0arrusa rpondu, amicalement, au geste bienveillant manifest$

-ailleurs, cette expression de plaisir tait pour lui une prcieuse incitation dans laposition dincertitude oO il se trouvait$ 6a soudaine apparition de lancien soldat pouvait Htre ledbut de quelque heureuse entreprise$

6a conversation a donc commenc avec enthousiasme$

Apr*s les compliments, lexFlgionnaire a abord le sujet qui lamenait en soulignant Q

J Bar Gupiter, comment remercier les dieux de la faveur quils me font de terencontrer R 7rapis a compati de ma jambe malade et a guid mes pas$ Ge mtais dit que

jirais te voir, mais les temps sont durs et une voiture est le privil*ge des snateurs$Weureusement, je nai pas eu & me rompre les os en une randonne difficile$

6e jeune patricien sourit intrigu et avant quil nait eu le temps de poser une question,7ubrius bala"a dun regard astucieux les alentours comme sil voulait sonder lentourage, et luifit baissant la voix Q

J .on cher 0arrus, je connais ta s"mpathie pour nos compatriotes perscuts, leschrtiens$ Bour Htre franc, en ce qui me concerne, je ne sais comment me sparer des divinitsdomestiques et je prfrerai toujours une fHte dApollon & toute runion dans les cimeti*res,cependant, je suis convaincu quil " a beaucoup de braves gens dans le lab"rinthe descatacombes$ Gignore si tu frquentes le culte dtest mais je ne mconnais pas ta s"mpathie$7inc*rement, je ne peux accepter lpidmie de souffrance volontaire dont nous sommes lestmoins depuis tant dannes$

Apr*s toutes ces considrations, il a feint une mine de tristesse sur son masque facialet a continu Q

J .algr mon indiffrence envers le christianisme, jai appris de nos ancHtres quenous devons faire le bien$ Ge crois que linstant a sonn de rendre un service dcisif & la cause

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mprise$ Ge ne comprends pas la foi na


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J Carthage devrait Htre rduite en cendre conformment au sage conseil du vieuxCaton, mais, apr*s lpisode marquant dLmilien qui la rasa, #raco a fait la folie dereconstruire ce nid de serpents$ Ge doute quil soit une autre province capable de nous apporterde plus grands ennuis$ 7il est possible de combattre ici la peste des #alilens, par l& le

probl*me est de plus en plus compliqu$ -e hauts fonctionnaires, des dames patriciennes, des

autorits et des hommes dintelligence se dvouent au christianisme avec une si grandengligence pour nos principes, quils en arrivent & promouvoir des runions publiques pourfortifier leur prosl"tisme effrn$ ous ne pouvons pas, nanmoins, vivre aveuglment$ ousne peuvent manquer de prendre des mesures$

Blongeant ses "eux interrogateurs dans ceux du jeune homme comme sil sondait sessentiments les plus intimes, il a demand Q

J 2e sensFtu habilit & porter un message au proconsul R

J Barfaitement J rpondit 0arrus, dtermin$

J Gai une liste de cinq cents personnes dont nous devons dbarrasser la ville$ .algrle dcret de +assianus qui dclare que tous les habitants du monde provincial sont descito"ens romains, jouissant pour autant indPment de droits gaux aux nNtres, noussommes donc daccord avec llimination sommaire de tous les porteurs de la m"stificationna


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sur le mHme bateau en tant quassesseur du capitaine rpondant & des tches dordre politiqueaupr*s damis du prfet domicilis en umidie$

6accord tait scell$

)n pleine voie publique, 0arrus retrouva lexFlgionnaire et programma une rencontreau forum pour le lendemain$

6e jeune homme tait satisfait bien que des pressentiments amers concernant son filsenvahissent son c%ur$ l avait obtenu, comme il lavait suppos, le travail dsir$ l ne sesentait pas inutile$ U son retour de Carthage, dautres occasions ne manqueraient pas de se

prsenter$ 6e vo"age lui donnerait les mo"ens dassister des fr*res de foi, marquant galementla premi*re tape vers de plus grandes responsabilits$

Apr*s un rapide passage & son fo"er, il sest dirig vers la voie 8stie, dsireux dentreren communion avec ses vieux amis$

l annonKa alors & Corvinus et & 6"sippe sa dcision de partir$

U ces propos, lancien #aulois a comment les obstacles quil rencontrait & vouloirsortir de @ome et interpell par 0arrus quant au port vers lequel il se dirigeait, il a expliququen fait il devait rendre visite & la communaut chrtienne de Carthage avant de retourner &6"on dfinitivement$

6e visage du jeune homme sest illumin$

Bourquoi ne pas vo"ager ensemble R

l prenait la mHme route$

Corvinus a manifest alors toute sa satisfaction$

6e jeune patricien a expos en quelques mots son intention davertir 'lave 7ubrius dela prsence de son nouveau compagnon de vo"age, mais il a gard pour lui les rels motifs dela mission qui le menait en Afrique pensant en informer Appius Corvinus postrieurement,une fois quils seraient seuls en mer$

6e lendemain lorsquil en a parl au vieux soldat boiteux, 7ubrius a accueilli cette ideavec un sourire indfinissable ajoutant avec bonne humeur Q

J .ais bien sPr R 6e vo"ageur peut Htre considr comme un parent$ 2u as ce droit$

0arrus sest empress de se prparer pour lexcursion conformment au programmeprvu$

Alors que Cintia lcoutait avec une tr*s grande attention, il lui a annonc sa rsolutionde changer le cours de sa vie$ )t, apr*s une entrevue particuli*re avec le prteur, il a fait sesadieux & son pouse et & 2atien lesprit baign dune douloureuse motion$

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)mportant avec lui une abondante documentation, il a embarqu & 8stie, lmeabsorbe par dangoissantes expectatives$

@econnaissant, Corvinus sest joint & lui$ Avec laide du jeune patricien et de 'lave7ubrius qui bi


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6es prosl"tes nadmettaient pas la foi inoprante$ U leurs "eux, lglise devaitsenrichir doeuvres pratiques et Htre une source incessante de services rdempteurs$

ls recevaient, frquemment, la visite de confr*res venant dAsie et de Bhr"gie, grceauxquels ils obtenaient des instructions directes concernant la matrialisation des idaux

vangliques et acceptaient la +onne ouvelle, non seulement comme un chemin despoirmenant au ciel, mais aussi comme un programme de travail actif ncessaire auperfectionnement du monde$

)t cest ainsi que de considrations en rflexions, de remarques en observations, ilssont rests tous deux absorbs et heureux & laborer des projets, exaltant la douce flamme deleurs rHves$

uand le navire se mit en mouvement, Corvinus a souri & son compagnon comme unenfant partant & une fHte$

Au dbut, ils entendaient le bruit r"thm des marteaux qui contrNlait leffort desrameurs, puis, le vent commenKa & siffler fortement$

0arrus sest absent, promettant de venir chercher son ami pour le prsenter aucapitaine T plus tard, cependant, Corvinus lui a demand de reporter cette visite au lendemain,

prtextant quil prtendait prier et se reposer$

6e jeune homme sest loign en direction de la proue oO il entama la conversationavec quelques marins$ l voulut voir le commandant mais Welcius 6ucius, en compagnie de'lave 7ubrius et de deux autres patriciens renomms, changeait des ides avec eux & unetable distante, tout en parlant avec exultation$

faisait nuit noire maintenant$

Craignant de devoir absorber des boissons fortes, 0arrus se tenait dans son coin$

l sest alors rendu & la cabine oO il tait log pour proposer quelque chose & manger &son vieux compagnon mais Corvlnus semblait dormir tranquillement$

0o"ant que Welcius 6ucius et ses amis ne cessaient de boire et jouaient bru"amment &quelque distance de l&, le jeune patricien est retourn & la proue cherchant un coin solitaire

pour laisser libre cours & ses penses$l se sentait assoiff de mditations et de pri*res et aspirait & quelques minutes de

silence, seul avec luiFmHme, voulant se rappeler les succ*s de ces derniers jours$

l contemplait les eaux que le vent fort et chantant faisait bouillonner, il laissa lesrafales rafra/chissantes caresser ses cheveux, se disant que les fluides balsamiques de la natureadouciraient les inquitudes de son esprit tourment$

'ascin par le calme nocturne, il observait la lune grandissante qui slevait dans leciel et bala"a du regard les constellations tincelantes$

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uel m"strieux pouvoir commandait lexistence des hommes ! J se disaitFiltristement$

uelques jours auparavant, il tait loin de supposer quil allait partir pour laventuredun tel vo"age$ l se cro"ait port par le courant dun bonheur domestique assur, soutenu par

le plus grand respect social$ .ais se dit que son destin tait en franche transformation !$$$ 8Odevaient Htre Cintia et 2atien & cette heure R Bour quelle raison la conduite de sa femme avaitFelle ainsi modifi le cours de sa vie R!$$$ 7i le Christ navait pas t prsent dans son c%ur, ilnaurait pas eu de mal & prendre les dcisions ncessaires qui le tourmentaient intrieurement,mais il avait dcouvert lLvangile et nignorait pas le tmoignage dont il devait donner la

preuve$ 7il avait pu lemporter sur linfluence d8pilius$$$ 2outefois, il ntait pas lgitime denourrir des illusions$ l avait des parents aiss & @ome qui se chargeraient de soutenir son fils

jusqu& ce quil soit en ge daffronter les surprises du hasard avec des mo"ens financiers plussolides T mais dans sa condition dadepte du christianisme, il ne serait pas juste dimposer &Cintia le supplice moral dont il se vo"ait lobjet$

Contemplant la vision de la nuit magnifique, il a pri avec ferveur implorant Gsus desoulager son esprit lacr$

-es amis prisonniers poursuivis pour leur amour consacr & cette foi sublime luirevenaient en mmoire, sappu"ant sur les exemples dhumilit dont ils taient un mod*levivant, il suppliait le +ienfaiteur Cleste de laider & ne pas tomber dans le dsespoir bieninutile$

Combien de temps aFtFil pass ainsi, & rflchir, seul avec luiFmHme R

0arrus n" pensait pas jusqu& ce que quelquun vienne lui tapoter lpaule larrachant &la douce mlope du vent$

Ctait 7ubrius qui semblait retenir sa respiration tout en lui disant, contrari Q

J Llu des dieux, je crois que le moment est venu de nous comprendre & visagedcouvert$

l " avait quelque chose dtrange dans ces mots dont 0arrus chercha la significationen vain$

7on c%ur battait tr*s fort dans sa poitrine$ 6a ple expression de son compagnon

habituellement si c"nique dnonKait quelque pnible vnement, mais il ne se sentait passuffisamment courageux pour le questionner$

J l " a plusieurs annes de cela J a continu le soldat J, ton p*re ma fait unefaveur que jamais je ne pourrai oublier$ l a sauv ma vie en ll"rie et je nai jamais pu luirevaloir cela$ Gai promis, nanmoins, & mon infme conscience de pa"er un jour cette dette et

je dois dire quaujourdhui je peux rpondre & cet engagement que le temps na pas russi &effacer$$$

Blongeant ses "eux flins dans le regard tortur du jeune homme, il a continu Q

J CroisFtu donc que le prteur a sollicit ta coopration parce quil teconsid*re suffisamment apte R 7upposeraisFtu par hasard quWelcius 6ucius te cderait une

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place & deux pas de sa propre cabine parce quil te trouve s"mpathique R 'ils de Gupiter, soisdonc plus avis$ 8pilius 0eturius a conspir avec eux ta propre mort$ 2a situation sociale nelui donnait pas loccasion de commettre des actes arbitraires & @ome, oO dailleurs, ildsire conqurir ta femme$ Ge dplore de te voir si jeune entour daussi puissants ennemis$ Ucette heure encore, Welcius attend des ordres pour jeter ton cadavre au fond des eaux$

uelquun a t dsign pour te voler ta vie$ Bour la socit romaine, tu dois dispara/tre cettenuit mHme et pour toujours$$$

U de tels propos, 0arrus uint tait devenu livide$

l sest imagin face & ses derniers instants en ce monde$

)n vain, il a voulu parler mais il avait la gorge noue par une intense motion$

8bservant lexpression indfinissable du regard de 7ubrius, il a suppos quelexcuteur des ordres venait exiger sa vie$

)t comme lattente se prolongeait, il a rassembl les quelques forces qui lui restaient eta demand Q

J ue veuxFtu de moi R

J Ge veux te sauver J lui dit le soldat avec ironie$

)t, apr*s sHtre certifi de labsence dautres oreilles dans lombre, il a ajout Q

.ais je dois taider sans oublier de me sauver aussi$$$

)t tout en chuchotant, il a prcis Q

J Vne vie parfois, en demande une autre$ Cet homme qui taccompagne, je le connais$Cest un vieux #aulois, fatigu de vivre$ Ge sais quil prHche dans les catacombes et faitlaumNne aux pauvres$$$ -e toute vidence, il ta ensorcel avec ses belles paroles afin dedcrocher une place en route vers Carthage$ 7on p*lerinage cependant sera plus long$ntentionnellement, je lai laiss embarquer en notre compagnie$ Ctait la seule solution &mon nigme$ Comment dfendre ta tHte sans compromettre la mienne R Appius Corvinus$$$

6e jeune patricien tremblant de terreur restait attentif & sa confidence, mais lorsquileut prononc le nom de son ami, dans un effort suprHme, il a demand Q

J uosesFtu insinuer R

'lave 7ubrius, nanmoins, tait bien trop froid pour exprimer de la compassion$ +ienque dKu par la souffrance morale quil imposait & son interlocuteur, il a souri et sur un tonmordant il a lucid Q

J Appius Corvinus mourra & ta place$

J on ! on, pas cela ! J scria 0arrus, sans forces pour essu"er la sueur qui luicoulait du front$

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Brcipitamment, il a fait semblant daller vers la poupe, mais 7ubrius la retenu enmurmurantQ

J l est trop tard$ uelquun la dj& poignard$

Comme sil avait t bless & mort, 0arrus sest senti tomber & la renverse$

-ans un terrible effort pour reprendre des forces, il sest lanc vers la cabine oO iltait install, mais dun bond, lassesseur la retenu en lavertissant Q

J Attention ! Welcius peut te voir$ l est possible que lancien soit mort, mais si tuprtends lui faire tes adieux, sois prudent$$$ Ge retiendrai le commandant et ses amis pendantquelques instants encore, puis jirai te chercher dans ta cabine avant d" conduire 6ucius$

U ce moment de la conversation, il a abandonn son compagnon & sa propre douleur et

sest loign$

'ou dangoisse, retenant les sanglots qui serraient sa poitrine, le jeune homme sesttra/n jusqu& la cabine oO Corvinus, billonn, laissait appara/tre de grandes tches de sangsur la couverture de lin blanc$

6es "eux de lancien semblaient plus lucides$ l les a plongs dans ceux de son amiavec la tendresse dun p*re qui quitte un fils qui lui est cher avant de partir pour le longvo"age de la mort$

J uel est le vo"ou qui a os R J a demand 0arrus uint en librant sa bouchebillonne$

7outenant son thorax de sa main droite rugueuse, le vieillard sest efforc de parler Q

J .on fils, pourquoi te mettre en col*re quand nous avons besoin de paix RCroiraisFtu par hasard que quelquun pPt blesser sans lautorisation de -ieu R CalmeFtoi$ l nous reste peu de temps$

J .ais, vous Htes tout ce que jai maintenant ! .on bienfaiteur, mon ami, monp*re!$$$

J sest exclam le jeune homme, sanglotant & genoux, comme sil voulait encore boireles sages paroles de lancien$

J Ge sais, 0arrus, ce que tu ressens J lui dit Appius dune voix faible J, moi aussijai tout de suite reconnu en ton dvouement le fils spirituel que le monde ma ni$$$ e pleurepas$ ui ta dit que la mort signifie la fin R Gai dj& vu un grand nombre de nos compagnonsportant la couronne de la flagellation glorieuse$ 2ous sont partis pour le ro"aume clesteexaltant le .a/tre de la Croix et pendant que les annes usaient mon corps, je me suis souventdemand pourquoi jtais toujours pargn$$$ Ge craignais de ne pas mriter du ciel la grce demourir en servant, mais maintenant je suis en paix$ Gai le bonheur de pouvoir tmoigner et au

comble de ma joie, jai quelquun qui mcoute au seuil de cette nouvelle vie $$$

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6e vieil homme a fait un long intervalle pour rcuprer ses forces et 0arrus uint quile caressait versant des larmes abondantes, a ajout Q

J Comme il mest difficile de me rsigner & linjustice ! 0ous moure< & maplace$$$

J Comment peuxFtu croire cela, mon fils R 6a loi divine est faite dquilibresternels$ e te rvolte pas, ne blasph*me pas$ -ieu dcide$ l nous revient dobir$$$

Apr*s une courte pause, il continua Q

J Gtais un peu plus vieux que toi quand Attale est parti$$$ .on c%ur sest brisquand je lai vu marcher au sacrifice$ anmoins, avant dentrer dans lamphithtre, nousavons parl dans la prison$$$ l a promis daccompagner mes pas apr*s sa mort et ilest revenu pour me guider$ -ans les heures l

Francisco Candido Xavier Fr Série Historique 05 Avé, Christ Yjsp

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