Foot Citoyen Magazine n°22
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Edito
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 02 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
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l y a peu, j’ai franchi la barrière… Parce que mon fils voulait « jouer aufoot », je suis passé de l’autre côté du terrain, derrière les lignes tracéesà la craie… Je suis devenu un parent de joueur ! Depuis, tous lesmercredis et samedis, ou presque, je l’accompagne, je l’attends à
l’issue de ses deux heures d’entraînement ou de football d’animation,je le regarde, parfois… Et j’observe autour de nous, alors, les réactions
de « mes » semblables, de tous ces papas et mamans qui se lèvent tôt, se pressent, sautent un repas pour pouvoir amener « nos » progénitures au lieu derendez-vous, en temps et en heure. Dans un club de la région parisienne, ça faitdu monde. Ils sont nombreux ces gamins de 6 à 7 ans à vouloir faire du foot. Là,on nous a dit qu’ils étaient près de 150… Une quarantaine à initier le matin et, sile compte est bon, près de 110 le mercredi après-midi… Et le samedi, « c’est tousensemble, tous ensemble, allez, allez… »
Et pendant que « nos » enfants apprennent à « manipuler » l’objet de leur désir,à trouver le bon équilibre dans les courses, à se décoller un peu du schéma dejeu « grappe de raisin » imposé par les gosses eux-mêmes, à vivre déjà un peuensemble, dans le vestiaire, etc…, on discute un peu entre parents… Où l’onvoit alors que le football est une passion qui, pour la plupart, s’est transmise degénération en génération… Souvent, là, le discours est plutôt posé…Souvent… Et puis, les petits matchs nous font lever la tête… Et une drôle detempête vient se substituer au calme… Sans prévenir. « Va au bout ! », « Marque-le ! », « Oui, c’est bien ! », « T’as vu, il en a mis deux (sous entendule mien, enfin le sien) aujourd’hui ! »… Oh, ça ne sort pas de toutes les bouches,mais de pas mal quand même, et ça me surprend encore… Toutes ces choses
évoquées depuis cinq ans avec l’association Foot Citoyen ressurgissent, et làde plein fouet... Le regard d’un enfant qui se tourne vers son père quand il aperdu un ballon, la colère qui s’exprime à travers un geste d’humeur del’enfant, une parole déjà déplacée envers un partenaire moins talentueux sansdoute, mais tout aussi passionné, et un père qui acquiesce… Et puis, dansl’esprit des parents, déjà une sorte de hiérarchie qui apparaît, qui dit en clairque son fils ou sa fille sera meilleur(e) que le sien, le tien, le mien, tiens… Deschoses presque anodines, des choses surtout banales, déjà, et c’est ce qui « effraie » un peu… Comment le binôme « enfant-parent » va-t-il évoluer au fildu temps… Et quand on voit que ces enfants de 6, 7 ans, qui ne sont là, pourla plupart, au départ de ce « train » que pour leur seul plaisir, on comprend vitece qui peut advenir, autour des notions de compétition et de gagne… J’aime,oui, n’ayons pas peur du mot, j’aime alors l’intervention de l’éducateur, de sonappel au calme immédiat lancé à la collégiale, de son explication à l’issue de la séance avec le ou les parents concernés… Des mots simples, des mots pourrecadrer, et c’est important. Je ne sais quelle sera leur portée, mais au moins,ils sont dits… et, à ce moment de l’Histoire des footballeurs qui se dessinedevant nous, c’est essentiel… Ce discours du coach est le premier à être entendu parle parent, la base de tout ce qui s’en suivra…
Comme indiqué sur une convocation (pour moi, pas pour mon fils… Non,mais ! Y en a déjà que pour eux…), en début de saison, j’ai joué le « père-modèle ». Je suis allé à la réunion organisée par le club à notre attention. Aumilieu de l’explication du mode de fonctionnement du club, le responsablede la catégorie a expliqué ce qu’il attendait des parents. Et pour ne rien vous
I
«PARENT DE...
Edito
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 03 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
03
Foot Citoyen Magazine
Décembre 2008
N° 22
Rédaction - Administration
52 ter, rue de Billancourt92100 Boulogne-Billancourt
Tél. : 0146219628Fax : 0146219538Mail : [email protected]
Directeur de la publication
Directeur de la rédaction
Didier RoustanRédacteur en chef
Frédéric HamelinRédacteur en chef technique
Pierluigi LocchiRédaction
Jérôme Perrin et Pascal Stefani
Secrétariat de rédaction
Correctif60, rue Marcel-Dassault,92100 Boulogne-BillancourtTél. : 0146211576
Conception graphique
It's a beautiful day :)83, rue du Temple,75003 ParisTél. : 0142775478
Iconographie
Frédéric Gameiro, Cyril Fussien et Christophe PaucelierPhoto de Une : DRIllustrations
Romain Deshaies
Abonnements
7 numéros/an (envoi compris)France métropolitaine : 10 eurosLicenciés FFF : 5 euros
DOM-TOM, étranger : nous consulter.
Dépôt légal : à parution
ISSN : 1777-0149N° commission paritaire : 0208 G 87745Impression : Hebdoprint, ZAC Grand Angles, 30133 Les AnglesTél. : 0490151920Édité par l'association Foot Citoyen52 ter, rue de Billancourt92100 Boulogne-Billancourt
La rédaction n'est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes ou photos qui lui sont adressés pour appréciation.
apprécié… Je me suis dit « chouette », tout le mondeest d‘accord avec le rôle précis qui nous est alloué… « Vous êtes parent, pas entraîneur ! », «Les discourssur le terrain, ce sont les miens qu’on entend!», « Encouragez-les collectivement, ne les supportezpas ! » (vous voyez la nuance ?), etc… À l’issue dela réunion, j’ai dit à un moment à l’éducateur, quec’était plutôt bien de voir que tout le monde étaitd’accord… Naïf que j’étais, il m’a fait redescendre demon nuage : « Vous savez, aujourd’hui, on avait déjàceux qui sont concernés, ceux qui, a priori, nedevraient pas poser de « problèmes »… Mais sur 150,vous pouvez voir qu’il en manque un certain nombreet que, même parmi les présents (un petit quart), il yen aura qui, à un moment, devront être recadrés… » Pas gagné, hein ? Et pourtant, ce match-là, ce match éducatif, ce travaild’épanouissement de l’enfant,mais aussi du parent, est sans doute l’un des plus importants à gagner de notre vie…
Tout cela, c’est un peu, beaucoup, ce que nousont raconté si intensément, si intimement,Christian et Yohann Gourcuff. Ils nous ont décritleur relation, leur moments communs devant latélé à regarder le Brésil, cet amour pour ce
football qui se dessinait déjà à travers le maillotde Fluminense porté par le milieu bordelais et la présence, mais aussi le recul nécessaire dupapa, pourtant entraîneur professionnel, àl’égard de son fils…
Tout cela et plus encore que vous allez découvrirdans ce numéro 22 de Foot Citoyen. Un magazine,on l’espère, avec toujours autant de sens pourvous, pour votre quotidien, pour votre passiondu football, avec ce dossier qui, à travers nosenquêtes et reportages, vous intéresse tous auplus haut point : l’influence des parents… Unthème dont on parlera aussi prochainement à la radio, dans l’émission « Foot Citoyen », le week-end sur Europe1 Sport, sur 99.9 en régionparisienne et www.europe1sport.fr pour tous lesautres. Foot Citoyen avance, grâce à des opéra-tions comme celle que le FC Nantes nous a permisde mener lors de son match contre Lyon, et, onl’espère, vous aussi avec nous. Bonne lecture àtous.
Frédéric Hamelin et Didier Roustan
JOUEUR...»
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 05 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
05
Foot citoyen
La gestion des parents : interview Christian et Yoann GourcuffAu nom du pére mais aussi du fils prêche-t-on chez les bretons fanas de football. Lorient a vu naître deux générations de footeux, Christian Gourcuff, entraîneur du FC Lorient, père de Yoann, footballeur à Bordeaux, passé par le MIlan AC et,aujourd’hui, indispensable en équipe de France. Quoi de plus logique alors que d’interviewer père et fils pour un dossier surla gestion des parents. Souvenirs d’enfance, complicité et éducation viennent remplir cet entretien «des familles ».
Dossier : La gestion des parentsIndispensables, encombrants, raleurs, et disponibles, les qualificatifs pour définir les parents ne sont qu’un étrange mélangede paradoxes. Comment gérer tout ces aspects pour installer une harmonie entre eux et le club ? Les dossier de ce nouveaunuméro de Foot Citoyen Magazine cherche à y répondre au travers d’enquêtes, de témoignages ou d’avis d’experts. Les possibles solutions se trouvent peut-être dans les initiaves de trois clubs (p. 16), les propos d’Alexandra Clarou (p. 17), pédopsychiatre, et dans ceux d’Alexis Delafargue, responsable des Débutants à l’ACBB (p. 20)... «Comment gérer lesparents? » est un sujet qui méritait vraiment qu’on lui consacre un dossier.
Reportage : Trois jours de foot en Bosnie Nous sommes allés à Foca, à 72 kilomètres de Sarajevo, en Bosnie, suivre un tournoi de foot de rue auquel participaient 25 associations, venues de toute l’Europe. Parmi elles,une etait française : «Sport dans la Ville ». Une première pleine dedécouvertes pour ces jeunes et leurs éducateurs, dans un pays meurtri par la guerre dans les années 90.
Les Papiers du coach : Zoom sur une séance d‘entraînementComment animer ses entrainements pour tirer le mellieur de ses joueurs ? Fred Izeda, entraîneur des «16 ans Nationaux» de l’EF Reims-Saint-Anne-Châtillon (51), décortique ici une partie de sa méthode... Parler et bouger pour mieux se faire comprendre.
Foot 2 rue : “Macho” MatchSamira et sa copine Manuela se voient refuser l’inscription à un tournoi de 3 contre 3 parce qu’elles sont des filles. Mais nosamies, acompagnées d’Eloïse, vont trouver un stratagème pour disputer la compétition. Leur plan leur permettra t-il d’arriver àleurs fins ? Un nouvel épisode de foot2rue plein de suspense. A l’issue du tournoi, Marinette Pichon s’exprime.
Le zapping de « Foot Citoyen», l’émission... sur Europe1 sport (99.9)Depuis un mois, Foot Citoyen a son émission radio sur Europe1sport, tous les samedis et dimanches, de 12 à 13 heures.Invités, interviews, débats, reportages, le football amateur, fort de ses aptitudes éducatives, a trouvé une très belle caisse derésonnance. Découvrez, ici, les meilleurs moments de quatre de nos émissions.
Foot amateur
Portrait de bénévole : Marc GondouinPrésident passionné au grand cœur, Marc Gondouin répond aux critères du dirigeant bénévole idéal. Cette chance, ce sontles 350 licenciés du Rosières OS Foot, dans le District de l’Aube, qui en bénéficient au quotidien. Portrait d’un homme de64 ans dont la passion demeure intacte.
Le tournoi des féminines du PUCDepuis plusieurs années, le PUC tente de développer le foot féminin grâce à ses sections jeunes. En fin de saison dernière,Poussines, Benjamines et «13 ans» sont alleés à la rencontre «des garçons», à l’occasion du tournoi de Sèvres (92), tourné versla mixité et l’échange.
foot pro
Portfolio: Le FC Nantes soutien Foot CitoyenÀ l’occasion du match entre Nantes et l’Olympique Lyonnais, les «Canaris» ont répondu «présent» pour soutenir l’associationFoot Citoyen. Après la conférence de presse pour annoncer cette opération, l’Échauffement aux couleurs mêlées FC Nantes-Foot Citoyen, les messages éducatifs transmis aux spectateurs du match et autres supporters, voici un retour en textes et enimages sur le soutien appuyé du club présidé par Waldemar Kita, séduit par notre action.
Trajectoire : Interview Charles N’Zogbia Son départ mouvementé du Havre, son club formateur, pour Newcaste, alors qu’il n’avait que 18 ans, avait beaucoup faitparler. Depuis, quatre ans se sont écoulés et Charles s’amuse chez les Magpies. À 22 ans, « Zog », préconvoqué en Bleu,s’est fait un nom Outre-manche, grâce à un plaisir de jouer qui l’accompagne depuis ses débuts en amateur.
Arbitrage
Les journées de l’arbitrage : Le football à la traîneAu petit jeu des comparaisons sur le respect de l’arbitre entre les différents sports, la Journée de l’arbitrage était le parfaitendroit pour s’y essayer. Comme prévu, hélas, le football dans son rapport avec l’arbitrage se situe encore bien loin des autressports collectifs comme le Hand, le Basket ou encore le Rugby. Et sans contestation possible !
Initiative : L’arbitrage à 5 Pour la premiére fois, l’International Board a testé l’arbitrage à cinq lors des championnats d’Europe des «moins de 19 ans»,à Chypre. Said Enjimi, arbitre de Ligue 1, mais aussi de ce tournoi, a testé ce dispositif. Et pour lui, l’essai était plutôtconcluant.
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Les Echos
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 06 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
06
HISTOIRES COURTES
FÉLICITATIONSJe tenais à vous adresser toutes mes félicitations pour le dernier numéro defoot citoyen sur «L’académie» En tantqu’éducateur et responsable d’une écolede football, je trouve que c’est un supersupport pédagogique par rapport auxjoueurs, sur lequel il est facile des’appuyer pour travailler sur lesnotions de respect, de plaisir...
J’ai mis en place cette année un filrouge autour de la conception, larédaction et la mise en vidéo d’unecharte de l’esprit sportif réalisée parles jeunes eux-mêmes. A ce titre, je voulais savoir si vous aviez desdocuments à me conseiller pour oeuvrer dans ce sens.
Nicolas QUINQUENEAU
NDLR : Si un club a déjà mis en place ce type de charte, qu’ilnous écrive sur [email protected] Nous ferons suivre...
APPEL AUX PROSJe suis bénévole à la Jeunesse sportive des PennesMirabeau, à Marseille, et Je dis BRAVO pour votreMAGAZINE ! Enfin on parle des clubs amateurs.MERCI A VOUS ! Si seulement les joueurs pross’intéressaient un peu plus au football « d’en bas »,nos jeunes seraient ravis et heureux de voir queleurs idoles pensent à eux. D’ailleurs, si monsieurBoli, qui sait très bien qu’à Marseille il est « le Grandmonsieur Boli », et que personne n’oubliera seslarmes et sa tête victorieuse en finale de Couped’Europe, en 1993, souhaite nous rentre visite, il sera le bienvenu pour discuter des valeurs de respect avec nos jeunes (notre stade s’appelled’ailleurs le stade Basile Boli).
Muriel LANARIE
(Bénévole à la Jeunesse sportive
des Pennes Mirabeau, à Marseille)
ET MON COLLÈGE ?J’ai trouvé votre magazine très intéressant et, àmon avis, adapté à des collégiens. Je voulaissavoir si l’abonnement de 5 Euros était réservéaux seuls clubs de foot et aux footballeurs ? Uncollège peut-il en bénéficier et s’abonner ?
Brigitte BUET, (documentaliste et maman
d’un footballeur, District de Savoie)
NDLR : L’abonnement de 5 Euros est réservé auxlicenciés FFF et FSGT. Le tarif « normal » est de10 Euros pour 7 numéros, envoi compris.Evidemment, un collège peut s’abonner, et ilssont d’ailleurs nombreux aujourd’hui à l’avoirfait par le biais de leur CDI.
COURRIER DES LECTEURS
Envoyez vos courriers à [email protected]
Une lectrice bien attentionnée nous a fait parvenir le Midi Libre du 24/11/2008. Et elle a eu
raison, puisqu’il était fait écho d’un beau geste lors d’un match de Première Division de District
de l’Hérault. Le Dimanche 23 novembre 2008, le Pointe Courte AC, leader de sa poule, reçoit son
dauphin, Le Social. Alors que les visiteurs mènent 1-0, l’un de ses défenseurs sauve son camp en
repoussant, sur sa ligne, un ballon de la tête. L’arbitre central, lui, voit une main, et siffle penalty pour les
Pointus. Officiant en tant que juge de touche, Bruno Ceffa, bénévole au club local (l'équipe qui bénéficie
donc du penalty), a tout vu et lui signifie que le défenseur a bien repoussé le ballon de la tête. L’arbitre
central revient alors sur sa décision et les visiteurs l’emportent finalement 2-0. Chapeau Bruno !
ON APPLAUDIT DES DEUX MAINS
ELAN DE SOLIDARITÉ
Les drames de la vie sont encore plus difficiles à accepter
lorsqu’ils touchent un enfant. Le 25 novembre dernier, le
petit Jason, 12 ans, gardien de l’Avignon foot 84, est mort
dans l’incendie du domicile familial. Son petit frère a, lui, été
blessé, et ses parents sont actuellement sous respiration
artificielle. Fabrice Di Natale, son coach témoigne:«C’est terrible. C’était un gamin toujours joyeux, acharné du ballon…
Il avait un pépin physique au pied, et pourtant il s’arrachait plus que les autres. Nous avons d’abord organisé une marche
silencieuse dans Avignon. Puis le club s’est mobilisé pour créercette chaîne de solidarité pour sa famille. »
Pour soutenir sa famille, vous pouvez envoyer vos dons à cette
adresse :
Parc des sports, Avenue Pierre Coubertin, 84000 Avignon
Libellez votre chèque au nom de l’association
(« Avignon Foot Solidarité Raharivelo »)
Contact : Fabrice Di Natale 06 22 46 45 28
Foot Citoyen adresse, déjà, ses sincères condoléances
à la famille et à tous les proches du petit Jason.
Samedi 22 novembre, Valenciennes accueille Sochaux, deuxéquipes mal classées de Ligue 1. Jacques Abardonado, le défen-seur Valenciennois, remet le ballon dans les pieds du SochalienErding, qui marque. On appelle ça une « boulette »... Abardonadocraque et quitte ses partenaires à la mi-temps. Lucide, il s’en estexpliqué : « J'ai été très affecté par ce but. Je me suis senti com-plètement responsable, fautif. J'ai senti la haine monter en moi et
m'envahir. J'avais peur de moi-même, j'étais trop aveuglé par lacolère. J'avais envie de faire mal à un joueur sochalien. Je n'ai passupporté la pression du match.» Quand un joueur est à bout denerfs, le pétage de plomb n’est jamais bien loin. Et rares sont ceuxqui en écoutent les signes avant coureurs. Abardonado, lui, les aentendus et a réagi. Certains parleront de lâcheté. On y voit plutôtde la sagesse.
Le mea-culpa de Jacques ABARDONADO
RADIO
Radio
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 07 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
07
L’ ESPRIT DU JEUL’émission du 16 novembre fut consacrée au Stade de l’Est, en Seine-Saint-Denis…
Un club bien, où le jeu est bien et les gens… bien. Michel Hardelin, le président, étaitnotre invité ce matin-là. Zoom sur l’esprit de tout un club et de son âme Serge Anger.
Didier Roustan : Ça se trouve où le Stade de l’Est
Pavillonnais ?
Michel Hardelin : Eh bien ça se trouve dans la ville
de Pavillons-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. C’est
une petite commune d’environ 20 000 habitants.
Didier : C’est en 1953 que le stade de l’Est, au
départ un club parisien, est devenu le Stade de l’Est
Pavillonnais. Combien de licenciés, Michel ?
Michel : Suivant les saisons, entre 500 et 580, plus
les éducateurs et les dirigeants.
Didier : Et vous êtes président depuis combien de
temps ?
Michel : C’est ma troisième saison. Auparavant,
j’étais responsable des jeunes, entraîneur de
l’équipe Première Seniors pendant une dizaine
d’années, en Division d’Honneur Régional et
Promotion d’Honneur, et, encore avant, joueur dans
ce même club à partir de 1974.
Didier : … Malgré les sollicitations du Real Madrid,
Liverpool…
Michel : Je suis resté de marbre.
Didier : Magnifique, ça c’est l’esprit de club et
l’amour du maillot, et ça se perd.
Alors, président depuis 3 ans ce n’est pas rien,
beaucoup de responsabilités, une grosse charge
de travail… Vous êtes bénévole ?
Michel : Totalement, et je travaille toujours…
Mais plus pour très longtemps...
Didier : Et cette fonction de président vous prend
combien de temps par semaine?
Michel : Disons, en moyenne, entre 5 et 10
heures...
Frédéric Hamelin : Pas plus ?
Michel : Non, car ce qui fait la force de notre club,
c’est qu’il y a beaucoup de gens qui y sont depuis
longtemps, qui le connaissent bien. Ils ont de la
compétence et ça me permet, pour l’instant, tout en
continuant à avoir une activité professionnelle,
d’assumer ma fonction de président en pouvant me
reposer sur ces gens-là.
Didier : Qu’est ce qu’il a de particulier ce club ?
Michel : Le Stade de l’Est, pendant des années
était un club de Division d’Honneur qui avait
fonctionné avec un président mécène qui donnait
beaucoup d’argent aux joueurs de l’équipe
Première sans qu’il ne se passe grand-chose
autour. Ça, c’était les années 50 et, à la fin des
années 60, Monsieur Serge Anger a pris les choses
en main, après avoir été joueur une saison. Il a
proposé le projet d’un sport purement amateur et,
en se référant à des principes de jeu, une certaine
idée du jeu. Pour être clair, la Hongrie, le FC Nantes,
Barcelone, Reims... Et puis, effectivement, cet
esprit associatif, cet esprit collectif et donc il a
trouvé un groupe de joueurs qui ont rallié ces idées.
Les résultats ont également suivi, sans argent,
sans entraînement intensif, sans recrutement... Et
tout cela a permis d’emmener ce club tout en haut
de la hiérarchie régionale.
Frédéric : Les Seniors sont en quelle division
maintenant ?
Michel : En 1ère division de District.
Le Stade de l’Est, maintenant, c’est un club de
District, que ça soit au niveau des Seniors ou des
jeunes. On est à notre place. On a un certain
nombre d’exigences par rapport à l’éducatif pour
ce qui concerne les jeunes, par rapport au contenu
du jeu, par rapport aussi à l’esprit club qui fait
qu’on est bien à notre place là, et on n’a pas envie
de faire des concessions pour aller je ne sais où.
Frédéric : Voilà, il y a des tas de belles
histoires et des tas de gens qui se décarcassent.
Michel, souvent les gosses sont à l’image de leur
éducateur, s’il est agressif, l’équipe le sera
aussi…Les problèmes viennent souvent des
adultes, non ?
Michel : Absolument. Souvent on me dit : « Tu es
président d’un club en Seine-Saint-Denis, ca doit
être ingérable… ». Et bien, pas du tout !
Je pense que c’est une question de qualité
d’éducateurs et de dirigeants. Il y a des idées à
faire passer et des priorités à faire respecter. Si l’on
démarre la saison en ayant pour objectif de finir
absolument premiers partout, et que seul le classe-
ment compte, on est mal partis…
Didier : Des guerriers, des équipes commando…
C’est sûr qu’avec de tels propos dans la bouche
des entraîneurs, au niveauludique, ce n’est pas
évident.
Michel : Oui, il y a des moments où c’est difficile
sur les terrains… Où on se sent un peu seuls…
Et, on peut vraiment dire merci à votre association
et, aussi, votre revue, Foot Citoyen Magazine, qui
nous épaule, nous aide, notamment dans
ces moments. Parce que, ce qu’on entend à
la télévision de la part de journalistes ou
d’entraîneurs, avec des choses du style « C’est une
faute intelligente », ça ne nous aide pas.
Didier : Nous allons être en relation au téléphone
avec Serge Anger, qui est donc toujours éducateur
au club à 70 ans. Serge Anger que vous connaissez
bien, Michel, puisqu’il est actuellement avec les
«18 ans » du Stade de l’Est qui jouent a Clichy-
sous-Bois. Présentez-le nous en quelques mots, ce
qui n’est pas facile puisqu’il mériterait un roman …
Michel : Serge Anger, c’est un poète du football.
C’est quelqu’un de très humble, de très compétent,
qui est au service du club et qui en est quand
même la poutre maîtresse. C’est vraiment lui qui a
lancé le club à l’époque et qui a fédéré un groupe
de joueurs, de dirigeants et d’éducateurs…
Frédéric : Serge, ça va, vous ne rougissez pas trop ?
Serge Anger : (Photo 2, avec la casquette rouge)Non, non, ca va, je suis actuellement à Clichy-sous-
Bois, avec les « 18 ans »...
Didier : Alors, Serge, vous avez touché un peu
à tout dans ce club… Vous avez été joueur,
président, vous êtes toujours entraîneur… Depuis
tout ce temps, vous avez encore le feu sacré !
Serge : Je vais être honnête, il y a parfois de
l’usure. Mais heureusement, nous formons
une équipe, un groupe qui va toujours dans le
même sens, ce qui nous permet de tenir. Cette
communauté d’hommes et d’idées qui s’est faite
il y a un moment dure encore.
Didier : Et ce n’est pas facile dans le monde
actuel…Qu’est-ce qui vous choque le plus dans le
monde amateur d’une manière générale ?
Serge : Pour reprendre ce qui a été dit avant, c’est
le comportement de certains « éducateurs »… Que
ce soit vis-à-vis de leurs joueurs, du jeu ou du
corps arbitral, qui est souvent jeune et malléable.
Quand il y a de la pression, ces arbitres vont
souvent dans le sens de celui qui crie le plus fort.
Et c’est choquant lorsqu’on connaît la responsabilité
des éducateurs auprès des jeunes.
Didier : Serge, merci. L’émission touche à sa fin,
Michel Hardelin, à vous le mot de la fin pour cette
émission « Foot Citoyen »…
Michel : Et bien, comme Serge en a fait état, on
ne peut qu’espérer dans les années à venir qu’on
va pouvoir continuer à pratiquer le football
de manière ludique, même lorsqu’il y a de la
compétition. Je réitère mes remerciements à
« Foot Citoyen » parce que parfois ça nous
remonte le moral de savoir que l’on n’est pas
seul et qu’on est beaucoup en France à vouloir
faire pratiquer le football dans un esprit fraternel
et citoyen (NDLR : quand on apprend toutes cesbelles choses sur ce club, cette approche dusport, cet état d’esprit magnifique, on comprendmieux pourquoi l’un des piliers de l’associationFoot Citoyen a été tant influencé par cet univers, puisqu’il a été durant plusieurs années joueur auStade de l’Est, où il avait notamment commeentraîneur, un certain... Michel Hardelin).
SERGE ANGER,C’EST UN POÈTE
DU FOOTBALL(Michel Hardelin )
SI L’ON DÉMARRELA SAISON
EN AYANT POUROBJECTIF DE FINIR
ABSOLUMENTPREMIERS
PARTOUT, ON ESTMAL PARTIS…
(Michel Hardelin)
LE SOLEIL SE LÈVE À L’EST
LE ZAPPING FOOT CITOYEN
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 08 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
A Rosières, Pascal Stefani (textes) et Thierry Plumey (photos)
Dirigeant
08
ICI, LES GENS ONT TOUJOURS UNE RÉPONSE POSITIVE PAR
RAPPORT À LEURS PROBLÈMES.
PORTRAIT DE BÉNÉVOLE
Marc GONDOUIN(président du Rosières OS Foot, District de l’Aube)
ccoudé contre la main courante,Marc Gondouin commente endirect la fin du match Seniors.Dernière attaque adverse : « Ça yest, on va perdre. » But !
« On a perdu... » Puis il se marre. Le présidentdu Rosières OS Foot est comme ça, décon-tracté, amusé, pas vraiment le genre à seprendre au sérieux pour du foot. Débonnaire,mais pas dilettante... Sourire après une défaitene l’empêche pas d’être concerné et dévoué,comme il le montre depuis 21 ans à la tête duclub. Présent au stade les sept jours de lasemaine, il observe et met les mains dans lecambouis : « Je viens à chaque fois parceque je veux être près de mes joueurs et demon personnel. Je jette un œil et je fais unpeu d’administratif. Je ne vois pas tousles matchs, mais pas une équipe ne peutdire que je ne suis pas venu les voir jouer. Les week-ends, ça m’arrive d’arbitrer,au centre ou à la touche, ou de nettoyer levestiaire, voire même de laver lesmaillots... » Nelo, le vice-président, etBernadette, la secrétaire-trésorière « et bienplus que ça. », sont avec lui aujourd’hui.Marc y a tenu car il ne conçoit pas évoquerson rôle sans ses fidèles acolytes : « Tout seul,je ne suis rien. », dit-il. On demande alorsleur avis à propos de leur président... Lesphrases de Bernadette ne sont que sujet-verbe-compliments : « Il donnerait sa chemise, etmême son pantalon pour le club. Il est dans lefoot depuis très longtemps, donc il connaîttout, sait où aller quand on a besoin dequelque chose. C’est quelqu’un de très calme,très disponible, très diplomate avec les bénévoles. Il sait les remercier et les valoriser.C’est le président idéal.» Marc en rougirait...Nelo préfère y aller de son anecdote : « Il y aun exemple qui en dit beaucoup... Le tournoiannuel du club se déroule sur deux jours,samedi et dimanche. À chaque fois, avec Marc,on dort dans le camion pour garder le site, les boissons et la nourriture. Et le matin, vers 6 heures, on gratte le givre du terrain... Pas mal pour deux grands pères! »
À la sortie du vestiaire trône un seau de sangria quese partagent joueurs, dirigeants et supporters.Cadeau d’un sponsor pour remercier Marc d’uncoup de main récent. La scène, forcément joyeuse,illustre l’esprit de famille qui règne au club. Il y atreize ans, la fête était moins folle. Avec trente licenciés, tous Seniors, il s’agissait plus d’une équipe que d’un club. Aujourd’hui, ils sont 350, et courent dans toutes les catégories. La «révolution»date de 95 et l’arrivée de quelques bambins: «Onavait un peu touché le fond à cette époque, il n’yavait pas de vie. Une équipe de Débutants a étécréée, et la bonne ambiance a fait que tout abien fonctionné… C’est la première année quecette génération joue en Seniors. Ça fait plaisir.»La réputation d’un club où il fait bon vivre et jouerattire chaque année plus de nouveaux, «jusqu’à150 l’année dernière!» Marc accepte tout le
monde et, surtout, a la même considérationpour tous. Depuis quelques années, les jeunes voi-sins du quartier sensible des Chartreux, à Troyes,s’inscrivent dans ce club de village. Rosières lesaccueille sans retenue, là où d’autres présidents seseraient sûrement montrés méfiants. Des jeunesséparés de leur famille, placés dans un centre spécialisé de Rosières, souhaitent également jouer aufoot. Là encore, c’est avec un mélange de simplicitéet d’intransigeance qu’ils sont reçus : «On les laisses’intégrer naturellement. On voit des évolutions,mais aussi des échecs. J’accepte tout le monde,je ne veux pas faire de différence. Mais on aédité un règlement intérieur, et celui qui ne lerespecte pas prend le risque de se faire virer.»Un ancien joueur, Ricardo, de passage au stade,vient saluer le président qui l’a fait grandir. Témoinprivilégié, il sait l’importance du président dansl’évolution du club : «C’est grand respect pour leprésident. Le club ce n’était pas ça avant... Ce qui me marque, c’est sa jeunesse intérieure,il est resté vachement cool. La preuve il«check» quand il dit bonjour.» se marre-t-il.
En interrogeant ses proches, on ne s’attendaitpas à ce qu’ils s’attardent sur ses défauts. Maisla sincérité avec laquelle ils énumèrent sesqualités en dit long sur l’homme. SeuleBernadette, la si élogieuse Bernadette, évoquela possibilité d’un excès : « A part pour la discipline, il ne sait jamais dire non. Et quand il y a besoin de taper du poing sur latable, il a parfois du mal à le faire. » Marcconcède cette petite faiblesse qui, si l’on n’étaitpas certain qu’il soit aussi respecté, pourrait lefaire passer pour la bonne poire de service : « S’il manque des voitures pour lesdéplacements, ils nous appellent toujours,Bernadette ou moi. Ou pour d’autres besoins. Ils ont toujours une réponse positive par rapport à leurs problèmes. Ilsn’hésitent pas à me demander, même si parfois c’est fatigant. Tant que les gensn’abusent pas, je le fais de bon cœur. » Toutse résume, comme souvent, en une anecdote.Une scène cocasse à laquelle on aurait aiméassister. Récemment, l’homme n’a pas dit nonquand on lui a demandé d’endosser un rôleauquel son âge ne le destinait plus : « J’ai dûjouer gardien de but en Seniors, l’autre jour.Ils n’étaient que dix sinon. A 62 ans, je nepeux pas jouer à un autre poste… J’en aipris cinq quand même. » Et il se marre.
LA
FICHE
Marc GONDOUIN
Né le 17 mars 1946 à Troyes.
Match de légende : Finale de la Coupe du monde1998, France-Brésil : 3-0
Joueur préféré : Michel Platini
Président préféré : Thierry Gomez (ESTAC)
Club préféré : ESTAC
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 09 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
A
Dirigeant
09
L’HOMME QUI NE DIT JAMAIS NONCapable de nettoyer les vestiaires, d’arbitrer, de jouer dans le but, de… jongler aussi, Marc Gondouin, 62 ans,
est un président atypique. Il ne sait pas, n’aime pas dire non. Portrait d’un homme heureux et respecté qui a construit son club, le Rosières OS Foot, du côté de Troyes, à son image : ouvert et sympathique.
IL DONNERAIT SA CHEMISE… ET MÊME SON
PANTALON POURLE CLUB !
(Bernadette, secrétaire et trésorière du club)
320 LICENCIÉS EN 12 ANS...
OUI, TOUJOURS OUI...
District de l'Aube
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 10 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Interview croisée Yoann et Christian Gourcuff
10
Yoann GOURCUFF:«MON PÈRE M’A
LAISSÉ M’ÉPANOUIR.»Christian était un « modeste et physique » joueur de Division 2… Il est aujourd’hui un entraîneur de Ligue 1 reconnu
pour ses valeurs et la qualité de son jeu. Yoann était le gamin qui tapait dans le ballon après les entraînements paternels, «quand il en avait le droit »… Il est maintenant l’étoile montante du football français, admiré pour
sa technique, son sens du jeu et son état d’esprit, entre altruisme et plaisir… Christian et Yoann Gourcuff nous ontlivré, très intimement, à travers une interview croisée, les clés de leur incroyable relation père-fils dont pourraient
s’inspirer bon nombre de parents qui accompagnent leur enfant le week-end sur les terrains de jeu.
oann, quels souvenirs as-tu de ton pèrequand il était professionnel ?
Yoann : Très jeune j’avais une grande passion
pour le football et le tennis. Comme mon père
était entraîneur à Lorient, j’adorais aller voir ses entraînements.
J’allais ramasser les ballons quand ils partaient hors du terrain,
et je faisais quelques jonglages. Et quand mon père me
le permettait, j’avais le droit de faire quelques passes avec
les joueurs qui restaient…
Christian : C’était naturel, c’est une façon de faire commune
à tous les enfants dont le père pratique. Il a forcément été influencé
par mon activité, mais je ne pense pas que ça soit l’origine
Y JE PRENAIS DU RECUL,POUR LE PROTÉGER
AVANT TOUT. (Christian)
Propos recueillis par Frédéric Hamelin et Pascal Stefani / Photos : DR
Yoann et son papa,le temps des sourires
«Brésiliens»...
l’influence des parents
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 11 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Interview croisée Yoann et Christian Gourcuff
11
de sa passion. Yoann était naturellement très
attiré par tous les sports : foot, tennis,
ping-pong… C’était son envie avant tout.
Yoann : C’est vrai. C’est à son contact que j’ai
pu découvrir tous ces sports, mais il ne m’a
jamais forcé et toujours laissé libre de ce que
j’avais envie de faire.
A quel moment as-tu commencé
à jouer en club ?
Yoann : Vers l’âge de cinq ans, mon père m’a
emmené à l’école de foot de Lorient. Au début
je n’étais pas très intéressé par la compétition,
que ça soit au tennis ou au foot. C’étaient
des loisirs. J’aimais bien jouer avec mes copains
de classe, et j’étais un peu stressé à l’idée de
jouer dans un club. Mais j’ai fait un entraînement,
ça m’a plu et j’ai signé une licence.
Christian, quel parent étiez-vous sur
les terrains ?
Christian : J’allais le voir assez souvent.
C’était un peu particulier, parce que j’étais
l’entraîneur général de Lorient. Les éducateurs
avaient un positionnement ambigu, parce
qu’ils étaient sous mes ordres. C’est pour ça
que j’ai toujours pris beaucoup de recul par
rapport à ça, sans jamais interférer dans quoi
que ce soit.
Yoann : Il m’emmenait souvent aux entraînements,
aux matchs. Il était présent, mais il se mettait très
en retrait, et ne m’a jamais mis de pression. Il
me laissait m’épanouir. A cet âge là, il n’est pas
question de métier ou de professionnalisme,
l’important est juste de prendre du plaisir.
Christian : Il était déjà un peu au dessus du lot,
mais malgré ça, certains parents étaient un peu
jaloux. C’est pour ça que je prenais du recul, pour
le protéger avant tout. Je regardais le match mais
je me manifestais le moins possible. Il était surtout
important qu’il sache que j’étais là, parce que
l’enfant doit s’apercevoir que ses parents
s’intéressent à lui. Ça montre qu’on lui prête
attention, et puis c’est une source de motivation,
ça l’encourage. Il me fallait aussi prendre du recul
par rapport à l’environnement. Parce que quand
on voit les parents qui, sur la touche, s’en prennent
à l’entraîneur, ou l’arbitre, voire aux enfants
eux-mêmes, c’est catastrophique…
Yoann : Très jeune je n’ai pas du tout ressenti
cette jalousie. Vers l’âge de 12-13 ans, c’était
parfois plus dur à vivre. Je sentais le regard
des autres, de certains parents qui pensaient
que j’étais là parce que mon père était
l’entraîneur du club. Ça me faisait mal qu’ils
pensent ça mais ça n’a pas duré longtemps.
Est-ce que vous parliez du match
à la maison, en rentrant ?
Christian : Oui, mais surtout pour manifester
de l’intérêt, sans jamais lui mettre de pression.
Ce n’était pas un débriefing, il n’y avait rien
de formel, rien de technique. Il n’était pas
spécialement demandeur de conseils d’ailleurs.
Il préférait en parler avec ses copains.
Yoann : Je lui demandais quelques trucs
de temps en temps. Mais je faisais attention
aussi à ne pas trop le « saouler » avec ça, parce
qu’il avait un emploi du temps très chargé.
Comme c’est un grand passionné, il fait tout à
fond. Je n’avais pas spécialement envie de lui
demander des conseils sur le foot, mais je crois
surtout que je n’osais pas trop. Et puis le foot de
mon père, ce n’était pas le même que le mien.
Je n’avais pas de contraintes, ce n’était que du
bonheur, il n’y avait pas de notion de performance.
On était juste là pour s’amuser ensemble.
Christian : Les choses se faisaient naturellement.
Je pense qu’il a été plus influencé par les
matchs que l’on regardait à la télé. Là, on pouvait
échanger dans l’appréciation du jeu.
Yoann: On regardait surtout les matchs de Coupe
des Clubs Champions. Moi, passionné de foot,
j’adorais ça. On regardait ces rencontres ensemble,
et il commentait souvent les actions ou la qualité
du jeu, d’une équipe ou d’un joueur en particulier.
Et j’étais très attentif à ce qu’il me disait.
Quelles équipes ou joueurs vous ont
marqués ?
Christian : J’étais un grand admirateur du Brésil
de Pelé lors de la coupe du monde 70. J’avais
quelques cassettes qu’on a vues ensemble.
Et Yoann les a beaucoup regardées, seul... Il y a
eu aussi l’époque du Barça de Cruyff, qui était
une référence en 92-93.
Yoann : J’adorais regarder les cassettes
du Brésil. Pour moi, c’était un rêve, c’était
extraordinaire. Elles expliquaient tout sur Pelé : la
technique, la préparation physique, plein de
choses de sa vie, et puis il y avait la petite
musique brésilienne qui allait avec… Je ne m’en
lassais jamais. Ça me faisait du bien, ça me
donnait vraiment envie de jouer au foot.
Ça peut expliquer le plaisir de jouer
et de tenter des choses que Yoann
montre aujourd’hui...
Christian : Oui, c’est possible. Je pense qu’un
joueur construit sa façon de jouer à partir de ses
motivations, de ses aspirations. J’avais, par
exemple, des grosses qualités physiques étant
jeune. Mais j’ai rapidement été bercé par ce foot
Brésilien des années 60-70, et j’ai transformé
mon jeu en le rendant plus technique. J’avais
YOANN, C’ESTAVANT TOUT LAJOIE DE VIVRE…
(Christian)
J’ADORAISREGARDER
LES CASSETTESDE MON PÈRESUR LE BRÉSIL
DE PELÉ... C’ÉTAIT EXTRAORDINAIRE.
(Yoann)
A 22 ans, avec
Bordeaux
A 21 ans, avec Milan
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 12 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
12
quelques prédispositions, mais j’ai l’impression
de m’être transformé en fonction de ma sensibilité,
de ce que je voulais faire. Je pense que c’est
pareil pour tout joueur. Quand on a le sens
de l’esthétisme, on développe ces qualités
au quotidien.
Yoann : C’est vrai, je pense que ça m’a inspiré.
Pelé, par exemple, m’a marqué. Il avait une facilité
à éliminer ses adversaires qui était incroyable.
C’était génial de voir un joueur qui dribblait
3-4 joueurs, qui avait une très bonne conduite
de balle tout en allant très, très vite. J’essayais
de reproduire ces frappes au but ou ces
gestes techniques.
Christian, vous disiez que Yoann avait
des facilités. Mais le professionnalisme
demande aussi des notions de rigueur,
de perfectionnisme. Est-ce un message
que vous lui avez fait passer?
Christian : Oui, mais ça dépasse le cadre du foot.
Dans la vie, ce n’est pas ça qui le caractérise.
Yoann, c’est avant tout la joie de vivre… Et cette
rigueur doit être en adéquation avec cette joie
de vivre et de jouer. J’ai connu des pères qui
voulaient prédisposer leur fils à une carrière, en
l’astreignant à des entraînements supplémentaires.
En général, le résultat a toujours été catastrophique :
à 15-16 ans le gamin arrêtait tout parce qu’il
faisait une overdose de foot. La rigueur se développe
autour de l’envie. Quand c’est imposé, brutal, le jeune
ne suit pas.
Yoann : Le fait que mon père ne m’ait jamais mis
une quelconque pression, malgré mes aptitudes,
m’a facilité les choses. Je pense que je n’aurais
pas très bien vécu d’avoir des parents comme ça,
parce qu’à cet âge, si jeune, quand on la ressent -
la pression - ce n’est pas l’idéal. En priorité, il y a la
notion de loisir, le fait de partager, de prendre du
bon temps avec les autres. Après quand on grandit,
je crois qu’il faut aussi apprécier et prendre du
plaisir à progresser, par le travail au quotidien. Mes
coéquipiers voulaient souvent faire des jeux, et moi
j’attachais de plus en plus d’importance à vouloir
progresser techniquement. Travailler les passes,
les contrôles orientés, le pied gauche et toutes les
surfaces du pied... J’étais concentré là-dessus,
parce que je prenais du plaisir à m’améliorer.
Christian : Le jeu c’est l’expression de la vie,
de ses valeurs. Ce qui est formidable dans le foot,
c’est qu’il s’agit d’un sport collectif où l’on peut
retrouver tous les excès de la vie, et aussi tous
ses plaisirs, dans le partage, les émotions…
Même au niveau pro, où les intérêts sont
énormes, c’est la capacité à avoir des émotions,
mais aussi la sensibilité qui font la différence.
Yoann, le fait d’assister aux entraîne-
ments de ton père a-t-il pu t’aider
à progresser ?
Yoann : Je pense, oui. Je me souviens des
exercices qu’il faisait faire aux joueurs. Il y avait
beaucoup de travail technique et il était très
précis et exigeant à propos de la qualité
technique de ses joueurs, dans les contrôles
et les passes. Je pense qu’inconsciemment
ça m’a donné envie de trouver du plaisir
à m’appliquer comme eux. Je n’étais pas encore
dans une logique de progression à cet âge,
mais je reproduisais ce que je voyais.
Christian : On n’apprend pas les gestes,
on les reproduis. C’est ce que je disais, on imite
les joueurs que l’on a envie d’imiter. C’est
une affaire de sensibilité. Je l’ai vécu moi aussi :
on essaye de faire des gestes que l’on aime,
et après, à force de les travailler, on arrive
à les retranscrire avec ses propres aptitudes
et sa morphologie… Par exemple, Yoann a une
utilisation de l’extérieur du pied qui est
quasiment unique aujourd’hui. C’est une surface
de contact qui permet d’évoluer en mouvement,
ce qui est un atout considérable. Ça donne
une fluidité dans le jeu.
Yoann : Mon père était plus un adepte
de l’extérieur du pied que moi. Je me souviens
quand il était entraîneur et que le ballon arrivait
vers lui, il utilisait souvent l’extérieur pour
le remettre en jeu. J’ai vu aussi des joueurs très
techniques l’utiliser, et plus j’ai grandi plus je
m’en suis servi. C’est très utile dans les
situations délicates.
Est-ce un atout ou un handicap
d’être le fils de l’entraîneur du club,
comme Yoann l’a été à Lorient, puis
à Rennes ?
Christian :Je pense qu’il y a du pour et du contre,
et c’est à chaque gamin de prendre le pour, et puis
d’essayer de ne pas s’exposer aux inconvénients,
parce qu’il y en a. Aujourd’hui ce n’est plus un
problème, mais à une certaine époque ça a pu
constituer un handicap, comme à Rennes par
exemple. Quand j’ai été viré, la situation était assez
tendue au niveau du club. On n’a pas trop discuté
de cet épisode, mais je pense que pour lui ça a été
très, très dur à vivre. J’ai été certainement très
LE JEU, C’ESTL’EXPRESSION
DE LA VIE, DE SES VALEURS.
(Christian) AVANT FRANCE-SERBIE,MON PÈRE M’A
ENVOYÉ UNTEXTO EN MEDISANT QUE
ÇA NE RESTAITQU’UN MATCH
DE FOOT.(Yoann)
Interview croisée Yoann et Christian Gourcuff
A 22 ans,
première
sélection
enéquipe
de France A.
Christian avec Yoann
(et déjà un maillot brésilien
- celui de Fluminense)
et son grand frère Erwan.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 13 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
critiqué, et vis-à-vis des gamins, avec toute
la concurrence qui existe dans les centres de
formation, il a du subir un peu de méchanceté.
Yoann : J’ai très mal vécu cet épisode. Si
encore ça avait été mon père qui m’avait
appris son limogeage, ça serait mieux passé.
Mais il l’a su tardivement, et il n’a pas eu
l’occasion de m’en parler. A mon réveil, j’ai vu
tous les autres me regarder bizarrement. Je ne
comprenais pas pourquoi, jusqu’à ce que je
lise le journal. Après, j’étais très gêné vis-à-vis
d’eux, je sentais leur regard sur moi, et puis
j’étais très déçu pour mon père. Ça a été
difficile pendant quelques temps, j’ai même
pensé à quitter le club.
Votre relation a-t-elle changé au fil
du temps ? Est-elle devenue plus
profonde, plus professionnelle ?
Yoann : Elle a évolué quand je suis passé
pro à Rennes. On s’appelait parce que je
voulais qu’il connaisse mon quotidien,
comment se passaient mes entraînements, et
puis aussi que l’on parle de l’approche
psychologique liée à la concurrence. Tout ça était
nouveau pour moi. Et cette relation a encore
été plus forte à Milan, parce que j’arrivais
dans l’un des clubs les plus prestigieux du
monde. Et forcément, il avait envie de savoir
comment ça se passait, ce que l’on faisait à
l’entraînement…
Christian : C’est vrai que l’on parlait beaucoup
de ce qu’il faisait à Milan. Je m’y suis toujours
intéressé de près, notamment à sa préparation
physique. Il me racontait ce qu’il faisait, et puis
j’avais la chaîne italienne Milan Channel, où
je suivais pas mal d’entraînements. Pour mon
enrichissement personnel, c’était aussi intéressant.
Aujourd’hui, Yoann est en équipe
de France : continuez-vous à échanger
vos points de vue ?
Christian : Oui, on parle de ses matchs. Je reste
toujours à ma place, mais c’est peut-être
maintenant que c’est le plus enrichissant. Parce
qu’aujourd’hui il peut faire la part des choses.
Ne pas prendre tout ce que je dis pour argent
comptant. Il a aussi cette maturité dans l’analyse
qui permet que j’aille un peu plus loin. J’essaye
d’être critique avec mesure. Dans la recherche
de la perfection, il faut être aussi capable
d’apprécier le bon, et pas seulement de voir
les choses à améliorer.
Qu’avez-vous pensé de sa prestation
lors de France-Serbie ?
Christian : J’ai beaucoup apprécié. Il y avait
autour de la rencontre une tension extraordinaire,
et je pense que jamais plus il ne fera
un match avec autant de pression négative.
L’environnement était détestable. C’était la mise à
mort de Domenech. Et comme Yoann avait contre
toute attente été titularisé, il était évidemment
aussi en point de mire. Pour moi, il a fait preuve
d’une grande maturité et d’une grande intelligence
dans la gestion de son match. Il est parti
tranquillement, en commettant le minimum
d’erreurs, en se montrant très disponible et en
jouant très simplement. Il s’est mis petit à petit
dans la rencontre, et il a pris confiance pour
terminer en boulet de canon. S’il avait tenté et
raté deux ou trois roulettes sur ses premiers
ballons, la suite aurait été difficile.
Yoann : C’est vrai qu’avec la défaite quelques
jours auparavant contre l’Autriche, le climat
autour de l’équipe de France était vraiment
particulier. Il y avait beaucoup de critiques et
de polémiques, et c’était difficile à vivre pour
moi parce qu’en équipe nationale tout est plus
médiatisé. On n’arrêtait pas de parler de ça.
Quand j’ai appris que j’allais être titulaire, je l’ai
très mal vécu pendant plusieurs heures. J’ai eu
beaucoup de pression d’un coup, parce que
je savais que ça pouvait être un tournant dans
ma carrière, si ça ne se passait pas bien. Avant
le match, des journalistes critiquaient déjà le fait
que je sois titulaire, ce qui a ajouté à la tension.
J’ai su après que mon père avait mal vécu le fait
que je sois titulaire, qu’il avait aussi ressenti
beaucoup d’angoisse. Mais il m’a envoyé un texto
avant le match, en me disant tout simplement
que même si beaucoup d’aspects rentraient en
jeu et que c’était difficile à vivre, ça ne restait
qu’un match de foot. Et que je devais apprécier
ce moment et y prendre du plaisir.
C’est un petit peu le conseil qu’il
t’a donné tout le long de ta vie.
De prendre du plaisir et de t’amuser…
Yoann : Tout à fait. Je pense qu’aujourd’hui
il y a beaucoup d’enjeux autour du football,
qui devient de plus en plus un sport individuel. Il
y a moins de notions de plaisir alors que, même
si c’est un métier, avec ses avantages et
inconvénients, on fait du foot parce que c’est
notre passion. On est donc censé y prendre
du plaisir. Il ne faut jamais oublier ça, parce
que c’est quand on prend du plaisir que
la performance arrive. Si on commence à se
concentrer sur les enjeux ou les médias,
ça bouffe la passion, et ça devient plus une
charge qu’autre chose.
DANS LARECHERCHE DELA PERFECTION,
IL FAUT ÊTRECAPABLE
D’APPRÉCIER LE BON.(Christian)
Interview croisée Yoann et Christian Gourcuff
C’EST QUAND ON PREND DU
PLAISIR QUE LAPERFORMANCE
ARRIVE.(Yoann)
13
A 17 ans, première
saison pro avec
Rennes...
Yoann à 13 ans, sous
le maillot de Lorient.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 14 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
n a besoin d’eux, mais ils ne sont pas faciles
à gérer.» C’est, en résumé, la pensée générale
des éducateurs et dirigeants quand ils évoquent
les parents. «On a besoin d’eux», pour une multitude
de raisons. Suivre et encourager les enfants dans
leur passion; participer à la vie et l’ambiance du club; préparer
les goûters du samedi ; transporter les joueurs sur leur lieu
de match; devenir accompagnateurs ou éducateurs… « Ils ne sont
pas faciles à gérer», parce ce n’est pas aussi simple que cela. Parce
que les moins intéressés prennent le club pour une garderie
et laissent leur enfant au stade pour le reprendre à la sortie ; les anciens
footballeurs prennent parfois la place du coach et distillent des conseils
souvent inappropriés, quand eux les jugent précieux; les plus extrêmes
s’en prennent à l’arbitre, aux adversaires, aux enfants eux-mêmes; les
trop fiers et les moins objectifs imaginent pour leur enfant le destin d’un
Zidane, Ribéry ou… Gourcuff (le fils) ; ou encore parce que les jours de
match à l’extérieur, c’est bien souvent le même parent qui met sa
voiture à disposition... Les parents absents ne posent pas de problème,
mais ne font pas vivre le club. Les parents assidus sont nécessaires,
mais empêchent -parfois- leur enfant de se faire plaisir, compliquant
ainsi la tâche de l’entraîneur. Au milieu de ce dilemme, les dirigeants se
grattent souvent la tête pour ménager la chèvre et le chou. Ne pas
se faire «bouffer» par les parents, ne pas les brusquer non plus.
Une méthode tout en compromis. Pas la solution idéale.
GÉRER LES PARENTS COMME DES JOUEURS?
Le club ne doit pas se contenter de cette situation imparfaite.
Pourquoi ne pas gérer les parents comme il le fait avec ses joueurs ?
Avec respect, ce savant mélange d’amour et de crainte. Inspirer
la crainte en se montrant clair, ferme, intransigeant sur des règles
de fonctionnement. Lors des réunions d’information de début
d’année, l’éducateur de la catégorie, ou le responsable technique,
doit envoyer ce message fort, précis, aux parents : les enfants ont
besoin de votre soutien, mais le terrain n’appartient qu’aux joueurs
et à leurs éducateurs. Puis, tout au long de la saison, le répéter à
l’envi. Intervenir à chaque fois que la règle est transgressée, à chaque
fois qu’un parent sort de son rôle. En expliquer les raisons, encore et
toujours... En menant cette démarche dans chaque catégorie depuis
les Débutants, les parents comprennent petit à petit. Ou bien partent,
s’ils ne sont pas contents. Mais inspirer la seule crainte entraîne
systématiquement une démission ou une révolte. Voilà pourquoi
il faut injecter dans son discours et ses gestes un peu d’amour. Un ton
bienveillant, une ouverture à la discussion, une écoute, l’organisation
d’une fête, d’un tournoi de fin d’année, des remerciements…, autant
d’attentions qui les motivent à respecter les consignes, à faire un effort
et aussi s’impliquer dans la vie du club. Et augmentent d’autant
les chances que l’enfant s’épanouisse dans son sport.
Le dossier du mois
14
«O
L’INFLUENCE DES PARENTSIndispensables et problématiques à la fois, les parents constituent souvent un casse-tête à gérer pour les clubs.
Dans ce dossier, Foot Citoyen détaille cette relation ambigüe, compliquée, reliant parents, dirigeants, éducateurs et enfants.
Puis démontre, à travers des exemples d’initiatives et les discours de nos experts, qu’il est possible de valoriser et
d’optimiser l’apport humain extraordinaire qu'ils constituent.
Dossier réalisé par Pascal Stefani
Propos recueillis par Pascal Stefani
PAROLES D’AMATEURSPrésidents, éducateurs, joueurs… Plusieurs acteurs du football chez les jeunes ont répondu à la
même question : comment se passe votre relation avec les parents ?
L’influence des parents
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 15 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
15
Fabrice DI NATALE
(responsable Benjamins, Avignon Foot 84)
«En Division Excellence, on n’a pas trop de
soucis avec les parents. Le problème vient
surtout avec ceux qui imaginent avoir un enfant
prodige, alors qu’il ne joue qu’en équipe 2. Ces
papas estiment que leur enfant mériterait de
jouer avec les meilleurs. Ils ne viennent pas
nous le dire directement, mais je le ressens, ça
se voit, et puis j’entends ce qui se dit. Ça créé
aussi quelques clans entre parents. Mais je
suis clair au départ : c’est l’éducatif qui prime,
et ils se feront plaisir en jouant à leur niveau.
Malheureusement, certains parents ne sont
pas objectifs, voire paranos. Ils sont trop dans
l’émotion. »
Romain(11 ans, joueur Benjamins)
«Mon père vient me voir un match sur deux. Ma mère, elle, ça ne
l’intéresse pas. Comme je suis défenseur, il se met derrière le but et me
donne des conseils. Par exemple, il me dit souvent de faire attention si
un attaquant arrive. Ça m’aide, et ça ne me gêne pas. Après le
match, on en reparle : si j’ai bien joué ou si on a gagné, il me
félicite. Si on perd, il me dit qu’il y aura d’autres matchs, que ce
n’est pas grave et que je jouerai mieux la prochaine fois. »
Serge GRAFF(président du FC Wettolsheim)
«En école de foot, l’ambiance est très bonne:chaque semaine, à tour de rôle, deux parentsamènent la collation, avec des jus, desgâteaux… C’est une tradition du club, et lesnouveaux parents la suivent à chaque fois. Çadonne un supplément d’ambiance. »
Samir(12 ans, joueur 13 ans)
«Dans mon équipe, il y a
beaucoup de parents qui nous
suivent. C’est du haut niveau,
alors ils mettent la pression. Ce
que je n’aime pas, c’est qu’ils se
permettent de nous faire des
remarques. Quand je les entends
s’énerver, si on joue mal, je ne
suis plus en confiance.»
José TORRECILLA(président du FCO Saint-Jean-de-la-Ruelle)«Les parents, c’est une des choses les plus difficiles à gérer. Nous sommes un club de quartier où ils ne suivent pas leurs enfants. Çadevient un vrai problème à partir des «13 ans». Ilssont laissés devant le stade et, après, c’est à nousde nous débrouiller. Par équipe, seuls un ou deux passionnés accompagne(nt) leur fils en déplacement. On va loin parce que nos équipesjouent toutes en Ligue et, du coup, on doit louer unminibus par formation… Le coût du transport esténorme pour le club : 20 000 euros par an ! Parcontre, chez les petites catégories, c’est trèsconvivial : les mamans amènent le thé, lesgâteaux, regardent la télé ensemble au clubhouse... Et en général, ils ne posent absolumentaucun problème sur le terrain. Ils sont très discrets.»
Sébastien SOREL(éducateur 15 ans, US Granville)
«J’ai rencontré, lors de plusieurs matchs, des parents qui prennent la place du coach.Mais chez nous, ça n’arrive jamais. Parce qu’on a fixé des règles très claires : je suis leseul responsable technique de l’équipe. Un parent dirigeant m’accompagne, il fait souvent la touche, mais c’est tout. Personne ne conteste mes choix. On peut en parler,je suis ouvert à toute discussion, et je tiens compte des avis extérieurs. Je suis disposéà m’expliquer, mais pas à me justifier. Je leur demande aussi de ne pas parler del’équipe devant les enfants. Tout est une question d’échange. Si un gars parle pendantle match,je vais lui dire d’arrêter ou d’aller en tribune. Et on en reparle à froid à la finde la rencontre. Avec les parents, il faut savoir communiquer. »
Eric MELLOUL
(éducateur Benjamins, OC Saleilles)
«Les parents sont de plus en plus durs à
cadrer. Ils sont assez nombreux à les
suivre, c’est un club de village, mais ils
ne vivent les matchs qu’à travers leur
enfant. C’est vraiment difficile. Les
entraînements se passent bien, mais aux
matchs ils se mêlent de tout, donnent
des conseils : «Fais comme-ci», « fais
comme ça»… Ça arrive aussi parfois
qu’ils crient contre les arbitres, même
s’ils ont de vraies limites. Et puis nous
leur imposons aussi cette limite. Je ne
me sens pas dépassé par ça, mais c’est
fatigant d’être toujours obligé de répéter
les mêmes choses.»
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 16 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Propos recueillis par et Pascal Stefani
LE FC L’HÔPITALLUTTE CONTREL’ABSENTÉISME
Gabriel Robert (Dirigeant FCL’Hôpital, District de Moselle)
« Devant la faible participation des parents auxréunions d’information, nous avons décidé deles motiver à venir. Déjà, on fait une lettre àchacun pour les prévenir de la date, ainsi ona la certitude qu’ils seront au courant. À ceuxqui étaient absents, j’envoie un courrier pourleur dire que j’aimerais les voir pendant unentraînement, afin de comprendre pourquoiils n’ont pas assisté à la réunion. Cela mepermet ainsi de les rencontrer et de créer unlien. Aujourd’hui, nous avons environ 85% de présence. »
« L’année dernière, nous avons organisé,pour la première fois, une soiréed’accueil pour les joueurs et lesparents. On l’a faite au stade, en pleinair. Cette réunion a changé plein dechoses. Les parents ignoraient toutes lesrègles qui, pour nous, était évidentes.Beaucoup, par exemple, ne savaientpas que nous étions bénévoles ! Pourvous donner une anecdote de leurméconnaissance du club, un papa estvenu un jour me demander s’il avait ledroit de voir son fils jouer ! »
« Depuis cette journée, ils hésitent beaucoup moins à s’impliquer. Ils se proposent spontanément pour préparerle goûter des matchs, ce que faisaitl’éducateur avant ; les maillots sontmaintenant toujours lavés ; pour le Lotodu club, on leur demande de vendre 15Euros de tickets. Avant, ils faisaient latête, mais en leur expliquant à quoicela pouvait servir- payer des shorts,chaussettes, descendre le prix deslicences... -, ils ont compris. Nous
avons connu une affluence recordl’année dernière. En plus, les lots ontcette année tous été offerts par lesparents ! Peut-être étaient-ils réservésauparavant, ils ne voulaient pas nousdéranger… On s’est rendu comptequ’il fallait juste leur parler pour enarriver là. »
AU AC PLOUZANÉ,
ÉMARGEMENTET DIVERTISSEMENT
Gilles Boulouard (dirigeant AC Plouzané, District Finistère Nord)
« Nous sommes une grosse structure, avec 600 licenciés.Auparavant, les parents déposaient leur(s) enfant(s) au parking,n’étaient jamais en contact avec les éducateurs, ne savaient pasde quelle manière on s’occupait de leur enfant... Ça ne pouvaitpas continuer comme ça. Il y a quatre ans, on a donc créé un système d’émargement. Les parents des Débutants et Poussinsdoivent, désormais, venir signer une feuille et attester ainsi deleur présence à chaque entraînement et à chaque match. Unbénévole les accueille dans le vestiaire pour les faire émarger.Ça nous permet, d’une part, de vérifier l’assiduité des enfants etde savoir, d’autre part, s’ils seront là (les enfants, mais aussi lespapas et mamans) le samedi, et ça responsabilise les parents.Ils doivent comprendre que l’absence d’un gosse peut empêcherl’équipe de jouer, s’ils ne sont pas assez. Aujourd’hui, lesparents et les membres du club se connaissent. Cela peut enpousser certains à devenir dirigeants, éducateurs ou même, onpeut toujours rêver, même sponsors. Avant, certains n’osaient pasfranchir la porte du vestiaire. Depuis, il y a également beaucoupmoins de souci pour le covoiturage. » On implique les parentslors de la journée de clôture de la saison. Les Débutants font unplateau, avec des jeux d’éveil, de motricité, des petits jeux et,pour terminer, des matchs. Les parents regardent et, ensuite, ils remplacent leurs enfants et font le plateau à leur tour… Et, pendant ce temps, les Débutants sont supporters. On fait pareilavec nos Poussins. Pour les Benjamins, les parents jouent un matchcontre leurs enfants et avec les éducateurs. C’est franchement marrant. Ça se finit autour d’un pot très convivial, et toute cetteambiance suscite des vocations. Durant cette journée, les parentss’aperçoivent de notre travail. Ça valorise le rôle du club. Des liensse créent naturellement et entraînent beaucoup moins de refusquand on sollicite les parents par la suite. »
L’influence des parents
LES INITIATIVES CRÉENT LE CONTACTSi aucune solution miracle n’existe dans la gestion des parents, il est au moins possible d’améliorer la
situation. Exemple avec ces trois clubs, le FC L’Hôpital, le FC Labegude et l’AC Plozané, qui ont mis en place des initiatives basées sur le même principe : créer un premier contact avec les parents.
J’ENVOIE UNCOURRIER AUX
PARENTSABSENTS À LA
RÉUNION.
DEPUISCETTE
JOURNÉE,LES PARENTS
HÉSITENTBEAUCOUP
MOINS ÀS’IMPLIQUER.
ON IMPLIQUE LES PARENTS LORS DE LA JOURNÉE DE
CLÔTURE DE LA SAISON.LES DÉBUTANTS FONT
UN PLATEAU, PUIS C’ESTAU TOUR DES PARENTS...
C’EST FRANCHEMENTMARRANT... ET ILS
S’APERÇOIVENT AINSI DE NOTRE TRAVAIL...
16
FC LABÉGUDE, LA RÉUNIONQUI CHANGE TOUTJean-Michel Gros (éducateur «13 ans », FC Labegude, Comité Drôme Ardèche)
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 17 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
uelle peut-être l’influencedes parents sur leurenfant ?
C’est très compliqué, surtout à
l’adolescence : on n’a pas envie d’être lâché par
ses parents, mais on n’a surtout pas envie d’avoir
des parents qui s’immiscent dans le groupe et
donnent leur avis. Cela dépend des jeunes, mais
certains peuvent avoir envie d’abandonner parce
que ça ne leur appartiendra plus en propre.
D’autres vont se sentir humiliés, critiqués, en plus
parfois devant les autres.
Le jeune peut-il penser que son pèrea plus raison que son entraîneur ?
Il est mis en porte-à-faux parce qu’il va se
demander qui a raison : son père ou son
entraîneur ? Il ne sait plus à qui faire confiance.
Le parent peut avoir une discussion avec
l’entraîneur, mais ce parent ne doit pas dire
« Moi je… ». Quand l’entraîneur entre en jeu,
c’est à lui seul de parler. A l’école, les parents
ne disent pas au prof ce qu’il a à faire.
Quelles raisons poussent lesparents à s’immiscer autant ?
On ne sait plus si l’enfant joue pour son plaisir
ou s’il veut faire plaisir à ses parents. Il y a
aussi les parents extrêmement directifs qui ne
veulent pas laisser d’autonomie à leur enfant et
qui vont faire preuve d’autorité, voire l’humilier
devant les autres pour garder la maîtrise de la
situation. Ils se disent, tout d’un coup, qu’ils
perdent leur enfant parce que leur sentiment
est qu’il grandit et que, peut-être, il les
abandonne. Dans ce cas-là, certains d’entre
eux vont réagir par une « sur-maîtrise » en
affirmant, à leur manière, qu’ils sont les
parents, qu’eux seuls peuvent décider pour leur
enfant et qu’ils savent ce qui est bon pour lui
et ce qui ne l’est pas.
Quelle méthode peut suivre un éducateur ?
Pour prévenir ces comportements, tenir une
réunion d’information au début de la saison
est une bonne chose. En cas de problème
ponctuel avec un parent, l’éducateur doit
établir un dialogue direct, voir quel sens tout
cela a pour lui. Vis à vis d’un adolescent, c’est
très important de ne pas parler dans son dos.
Sinon, il peut se sentir menacé. Comme son
but est de s’affranchir, il faut le considérer : on
parle de lui, donc on le fait en sa présence.
Parce qu’un père à qui on va dire d’arrêter
d’intervenir peut se sentir exclu et être blessé.
Il peut transformer les paroles de l’éducateur
dans son propre intérêt avant de les relayer à
son fils. Tout dépend également de la manière
avec laquelle l’éducateur présente les choses.
Ses remarques ne doivent pas être une mise à
pied du parent.
L’AVIS DU PSY
Alexandra CLAROU (Psychothérapeute )
« QUI A RAISON ? SON PÈRE OU SON ENTRAÎNEUR ? L’ENFANT NE SAIT
PLUS À QUI FAIRE CONFIANCE ! »
Et les parents dans tout ça ? Premiers responsablesde l’éducation de leur enfant, quand ils confient leur progéniture à un club, ils sont également en droitd’avoir des attentes. Le club du PUC a su y répondre.
Ça y est, le petit a l’âge de pratiquer son sport favori. Un nouveau
dilemme se pose pour les parents : dans quel club vont-ils
l’inscrire? C’est lemoment de de bien cerner ses attentes envers la
structure qui va l’accueillir. Certains souhaitent que l’on occupe leur
enfant le mercredi et le samedi, rien de plus. Pour d’autres, en quête
de gloire par procuration, l’aspect sportif est -déjà- primordial.
Nombreux sont encore les parents qui souhaitent que le club soit avant tout un lieu d’épanouissement pour
leur petit. C’est le cas du PUC, le club universitaire parisien partenaire de Foot Citoyen, dont la politique
éducative forge sa solide réputation… Yves y a succombé : «Après le premier jour, mon enfant m’a dit :
«C’est comme si j’avais été accueilli dans une famille.» Et j’ai ressenti la même chose vis-à-vis
de moi. Tout était très sympa : leur état d’esprit, la gentillesse de leurs propos, leur chaleur
humaine…» Il apprécie davantage encore que ces valeurs se prolongent sur le terrain :« Il y a de la
discipline, mais surtout ils s’amusent beaucoup. C’est important. Lui est ravi. Il est très timide,
sensible, émotif. Je savais que s’il y avait des gestes d’agressivité contre lui, il l’aurait mal vécu.
Mais là il n’y a rien de tout ça. J’avais aussi regardé ce que proposait un club voisin : ils s’insultaient
tout le temps, et on les laissait faire. » Les autres parents évoquent les mêmes priorités, «qu’il y ait un
bon esprit » pour Mathilde, « que l’enfant s’épanouisse dans son milieu sportif, grâce à de bons
éducateurs.» pour Patrice. Benoît, lui, sait l’apport qu’une telle activité bien encadrée peut avoir dans
l’évolution de son fils : «Intégrer un club doit être une démarche éducative. Je veux que ça lui apprenne
la vie en groupe. C’est le cas ici, j’ai vu qu’il y avait de vrais éducateurs. C’est important : je l’ai mis
aussi dans un club d’échecs, et les adultes ne leur apprennent rien et les laissent se débrouiller. Il va
devoir arrêter. » Le choix du club n’est donc pas à prendre à la légère et doit surtout se faire dans le seul
intérêt de l’enfant. Ceux du PUC pourront un jour remercier leurs parents, car comme le dit Mathilde,
«ce genre de club est parfait parce qu’il laisse plus tard des souvenirs indélébiles.»
LES ATTENTES DES PARENTS
Dossier : L’influence des parents
Q
Textes : Pascal Stefani
17
Á Ingré, Pascal Stefani (Textes) et Cyril Fussien (Photos)
’est un match comme les aiment les adultes.
Un derby, contre le club phare de la région, dans la
plus haute division du championnat. Oui, mais voilà,
ce ne sont pas des adultes qui jouent, mais des
Benjamins. Le FCM Ingré accueille l’US Orléans, en
Division Elite, et les petits locaux sont plus impressionnés que
galvanisés par la réputation et la qualité de l’adversaire. Le long de
la main courante, pas moins de quarante parents tentent de les
soutenir. Dans une bonne ambiance, ils encouragent leurs petits
Jaunes à défendre et s’enflamment un peu quand ils s’approchent
de la ligne médiane. Rarement, donc. Puis, au fil de la rencontre,
deux ou trois papas changent de registre. Sûrement déçus par
l’apathie générale de l’équipe, ils décident d’« aider » le coach en
donnant leurs propres consignes. Les joueurs, déjà bien perdus,
entendent alors des conseils tels que « Attention, dégage ! »,
« Replace toi ! », « Attaque ! » ou « Mais non, applique toi ! » Pour les
réveiller, on leur dit «Bats-toi », «Attaque-le», « Il ne passe pas ! », ou
«Rentre-lui dedans».. Un vocabulaire pas tout à fait adapté à des
jeunes de cet âge. Comme prévu ça n’arrange rien, et un jeune fait
même signe à son père de se taire. Une constante dans ce match :
seules les mamans, nombreuses, n’ont cessé d’encourager les petits.
VOS ENFANTS ONT «UNE CHOSE» À VOUS DIRE...
La quarantaine de parents d’Ingré, dans le District du Loiret, venue assister au match de leurs enfants Benjamins, sont plutôt disciplinés et positifs. Il suffit pourtant que quelques papas élèvent la voix pour que l’on
n’entende plus qu’eux. C’est dommage car leurs enfants n’aiment pas qu’on leur parle sur le terrain...
C
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 18 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
L’influence des parents
18
MON MARI ATENDANCE À LUI
METTRE LA PRESSION. JETEMPORISE...
Sabine, maman de Bastien : «Chaque parent
a son tempérament. Certains sont discrets, et
d’autres ont envie de donner leur avis. Pour ceux-
là, on ne dit rien mais on n’en pense pas moins. Je
pense que c’est plus au coach de donner les
consignes, pas à nous, sinon le gamin ne sait plus
qui écouter. En général, mon mari parle avec mon
fils, en rentrant à la maison. Dès fois je temporise
parce qu’il a tendance à lui mettre la pression, lui
dire qu’il n’a pas assez couru, qu’il s’est retenu,
comme aujourd’hui. Dans ces cas-là je dis qu’il a
bien joué, qu’il a fait de son mieux… Ça peut
prendre de grandes proportions. Une fois Bastien
a demandé à son papa de ne plus venir le voir,
parce qu’il était fâché par rapport à ce qu’il lui
disait. Avec son tempérament, si on insiste trop il
se braque et ne fait plus rien. »
Bastien : « Ça me fait plaisir qu’ils viennent me
voir. Ma mère dit souvent que ce n’est qu’un jeu.
Par contre je n’aime pas trop que mon père parle
sur le terrain. Quand on perd, il parle souvent, ou
il crie. Ça me gêne quand il me dit par exemple
« vas-y attaque la balle », ça me met la pression.
J’ai l’impression que je n’y arrive pas. Quand on
rentre, il veut toujours en parler. J’aime bien
savoir ce qu’il pense, ça me fait progresser. Mais
quand c’est en dehors du match. »
QUAND MONPÈRE ME PARLE,ÇA ME SAOULE...
Malamine, père de Maël : «Je le suis toutes les
semaines. J’aime bien parler, replacer, je le fais
tout le temps. Je donne des conseils, à tous, je ne
me cantonne pas qu’à mon fils. S’ils sont mal
placés, ou s’ils font des mauvaises tactiques, je
les conseille. Le coach a neuf joueurs, et il ne
peut pas avoir les yeux sur tous ! Maël, mon fils,
a l’air un peu mou, donc j’insiste auprès de lui.
Individuellement il est très fort, et je veux qu’il le
montre. Je le lui dis mais il n’aime pas ça, alors
dès fois je me tais. »
Maël : « J’aime bien que mon père soit là, mais
je n’aime pas quand il crie. Je n’aime pas quand
on parle, qu’on me dise quoi faire, que ça soit
lui ou un autre d’ailleurs. Sinon je m’y perds, ça
me déconcentre. Je lui ai dit, et il m’a promis de
ne plus rien dire… Mais il parle encore ! Ça me
saoule ! »
JE LUI DONNE DES NOTES...
ÇA LE MOTIVE !
Stéphane, père de Morgane (US Orléans) :
«J’étais éducateur, et je suis mon fils depuis que
j’ai arrêté. Tous les parents sont fiers de ce que
font leurs gamins, on vit davantage les choses.
Mais je sais que quand j’étais éducateur, je
demandais aux parents de seulement encourager
les enfants. J’essaye de le faire à mon tour, même
si c’est parfois tentant de parler. Aujourd’hui, il a
du me regarder 72 fois dans le match pour se
rassurer. Mais je ne dis rien... Après le match, je
lui donne des notes. C’est ludique et ça le motive.
Je connais des parents qui donnent de l’argent à
leur enfant s’il met un but... Aucun intérêt. »
Morgane : «J’aime que mon père m’encourage. Il
est honnête dans son jugement. J’aime bien qu’il
me mette des notes. La dernière fois j’ai eu 4 et ça
m’a saoulé. J’essaye d’avoir une meilleure note la
fois d’après, ça me motive.»
Olivier, tonton de Alexis
« Le problème, c’est d’entendre certains
ronchonner autour. Les gosses attendent la fin
de la semaine pour s’amuser, pas pour
entendre ça. J’ai plus de souvenirs, quand je
jouais, des parents qui gueulaient que de ma
joie de jouer. Dès fois je les plains, même si
c’est loin d’être le pire club à ce niveau. Même
s’ils font des erreurs, il faut essayer de faire
ressortir le meilleur. »
MÊME S’ILS FONT
DES ERREURS, IL FAUT
ESSAYER DEFAIRE
RESSORTIR LE MEILLEUR.
L’influence des parents
District du Loiret
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 19 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 20 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Propos recueillis par Frédéric Hamelin et Pascal Stefani
absent, le passionné et leréfléchi« Il y a le plus souvent trois statutsde parents. D’abord, celui qui ne
vient jamais et se désintéresse dufoot. Pour lui le club est une garderie, ce que jeconçois tout à fait : s’il met son gamin au foot,c’est aussi pour qu’il soit occupé et que lui puisse avoir du temps libre. Ce type de parent estpeut-être le moins pénible, mais il ne nous aidepas à avancer. À l’autre extrême, il y a le parentqui est toujours là, à fond, mais qui prend trop deplace. Il se prend pour l’entraîneur, il crie sur lesenfants, l’adversaire, l’arbitre… Il est difficile àgérer, mais on a aussi besoin de ces parentsassidus. Dans la troisième catégorie, on trouve leparent plus réfléchi. Lui est là pour aider au fonctionnement du club et garde sa place deparent et de spectateur. Malheureusement, ils nesont pas les plus nombreux. Avec les parents, onse doit d’avoir une gestion fine, parce que nousavons aussi besoin d’eux. »
Jouer à travers son fils…«Les parents ont souvent une telle attente enversleur enfant… Peut-être sont-ils frustrés d’avoirloupé leur carrière, et pensent qu’il va devenir unjoueur extraordinaire. Cette réaction nous amèneà entendre, sur les bords des terrains, du vocabu-laire inapproprié pour l’âge des gamins. Desphrases qui relèvent du langage guerrier, tellesque ‘‘Bats-toi !’’... On a également des problèmesavec les enfants qui jouent pour leur père, quivont sauter dans ses bras après avoir marqué unbut. Le contraire est aussi vrai : s’il rate un geste,il va regarder son père d’un air craintif, en rentrantles épaules. Ça ne me plaît pas, parce que lesenfants, qu’ils réussissent ou se loupent, doiventse marrer ou ‘‘pleurer’’ avec leurs copains. »
Le problème du double discours« Il y a souvent un problème de double discours.Même s’ils ont joué au football, les parentsn’ont pas les qualifications pour savoir ce qu’ilfaut faire et dire aux enfants, et ce que nous,éducateurs, attendons d’eux. Par exemple, oninterdit les tacles à nos débutants. Parce qu’ilsn’ont pas un contrôle suffisant de leur corps,puis parce qu’on estime qu’un footballeur doitapprendre à défendre debout. En match, desparents leur demandent pourtant de tacler. Leurdiscours va alors à l’encontre du nôtre, et c’estvalable sur plein d’autres choses. »
Intervention systématique« En tant que responsable de plateau deDébutants, j’ai la liberté de me déplacer sur tousles terrains. Je vais donc voir les éducateurs, et j’en profite pour faire le tour des parents. Si jevois qu’ils sortent de leur rôle, s’ils sont trop présents ou si je les vois engueuler leur gamindans mon dos, j’interviens tout de suite. Je leurexplique que les gamins sont là pour jouer entreeux et avec leur éducateur. Quand c’est la
première fois, je le dis gentiment, mais si ça serépète je suis un peu plus sec. Dans les catégoriesplus hautes, c’est plus difficile d’intervenir pendant la rencontre, sauf si ça prend des proportions qui ne sont pas acceptables. »
Trouver la bonne distance« Il est nécessaire de discuter avec les parentspour prévenir ou résoudre des problèmes decomportements. Tout dépend des rapports quevous construisez avec eux : il faut savoir garderune bonne distance, tout en leur donnant enviede participer à la vie associative. Si on se tapedans le dos la première fois qu’on se voit, quel’on prend l’apéro après les matchs, c’est pluscompliqué ensuite de faire passer son message.Je peux aller plus loin dans la convivialité avecdes parents dont je sais qu’ils vont rester à leurplace. Avec d’autres ce ne sera pas possible,parce qu’ils vont tout confondre et se permettretrop de choses. Il faut savoir parfois rester‘‘froid’’, sans non plus que ça soit repoussant. »
Une réunion franche et directe« Lors de la réunion de début d’année, j’emploieun ton assez ferme. Je présente d’emblée mon statut et celui des parents : je leur explique clairement ce qui est admis et ce qui ne l’est pas.Sinon on leur laisse un espace et ensuite on se faitdéborder. Ils doivent sentir qu’il y a quelqu’un quileur fera barrage s’ils dérapent. Je préfère qu’ilspensent au début que je ne suis pas sympa, si çapermet que tout se passe bien sur le terrain. Jegagne en temps, ça m’évite d’intervenir ensuite.Le rapport que vous installez avec les parents endébut de saison joue sur son comportementMalheureusement, la réunion n’est pas obligatoire,et généralement ce sont ceux qui n’y viennent pasqui posent problème par la suite.»
Vestiaire interdit«En Débutants, nous avons interdit l’accès auxvestiaires aux parents. Sinon c’est un foutoir paspossible. Et puis j’aime bien que les enfantssoient seulement avec nous. Ça fait aussi partiedu rôle de l’éducateur de leur apprendre às’habiller, faire leur lacet… Je n’aime pas qu’ilssoient assistés. Si l’enfant est obligé de demanderà chaque fois à l’éducateur pour faire son lacet etqu’il voit, à côté, ses copains y arriver seuls, il vafinir par le faire lui-même. Ça le rend autonome,ça lui apprend à communiquer aussi. Pour moi levestiaire est réservé à ceux qui jouent au foot.C’est important pour eux de ne pas toujours avoirle parent comme intermédiaire. »
La gestion des parents
« SI LES PARENTS SORTENT DE LEUR RÔLE, J’INTERVIENS TOUT DE SUITE.
QUANDJ’INTERVIENS UNEPREMIÈRE FOIS, JELE DIS GENTIMENT.SI ÇA SE RÉPÈTE,JE SUIS UN PEU
PLUS SEC.
20
EXPERT «TERRAIN»
AlexisDELAFARGUE
(responsable Débutants de l’AC Boulogne-Billancourt,
District des Hauts-de-Seine)
Alexis Delafargue, 35 ans, a pourhabitude de clarifier les rôles de chacun dès le début de saison :
les éducateurs s’occupent du terrain et les parents laissent
leurs enfants tranquilles. Une méthode directe qui évite
pas mal de débordements.
L’
L’IMPORTANCE DE
LA PREMIÈRE ANNÉE
« En tant que responsabledes Débutants, “mes”parents viennent, en général(ils peuvent avoir un autreenfant déjà licencié), pour lapremière fois au foot. J’aidonc un gros rôle d’éducationà faire. Je dois leur expliquerle fonctionnement du club,les règles de base. C’est duboulot en moins à faire pourles années suivantes et, petità petit, ils rentrent dans lemoule. Il ne s’agit pasd’éduquer les parents, maisjuste de leur transmettre nos
règles de vie. »
LE 11 IDÉAL DE LA GESTION DES PARENTS
Pour améliorer la communication entre les parents et les membres du club, nous avons composé une équipe mixte, en... 4-4-3 :
quatre gardien-défenseurs-éducateurs, quatre milieux-dirigeants, et trois attaquants-parents. Maintenant, jouez ensemble !
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Les parents : ne pas mettre de pression sur son enfantQuel que soit l’âge, le foot doit rester un plaisir avant tout.En catégories de jeunes, cela paraît encore plus évident.Pourtant, des parents font subir leur soif de victoire et dereconnaissance à leur enfant. Certains imaginent même,dès les premières frappes du petit, détenir un prodige.Halte à la pression ! Sans plaisir, 100% des enfants perdentleurs moyens.
Dirigeants : l’importance des DébutantsLes habitudes, bonnes comme mauvaises, ne se perdentpas. Ainsi, si les parents entendent un discours clair etcohérent dès la catégorie Débutants, le même messagepassera d’autant mieux dans les catégories suivantes.Cela prouve à quel point il est important qu’un éducateur compétent soit en charge des petites catégories.
Les parents : ne pas intervenir pendant les matchs Ah que c’est tentant de donner des conseils à son filspendant le match… Un parent, surtout s’il est ancienfootballeur, «sait» ce qui est bon pour sa progéniture. Dumoins c’est ce qu’il pense. Malheureusement, l’enfantentend un double discours : celui de son éducateur etcelui de ses parents. Il est préférable qu’une seule personne ne lui parle, et cette personne c’est le coach !
Les parents : se porter volontaire pour les déplacementsCe sont souvent les mêmes parents, les plus assidus, qui accompagnentles enfants en déplacement. Les éducateurs aussi doivent emprunter leurpropre voiture. À la longue, ça coûte cher, et ce n’est pas très équitable.Avec un soupçon de communication, d’organisation et de bonne volonté,les parents peuvent se répartir les voyages tout au long de la saison.
Éducateurs : être ouvert à la discussionS’ils n’ont pas le droit de parler de l’équipe devant les enfants, les parents ne doivent pas pour autant se sentir exclus. L’éducateur doit être ouvert à la discussion. L’avis d’un parent peut-être intéressant, et expliquer son fonctionnement peut également éviterles malentendus. Mais si l’éducateur peut s’expliquer,il doit faire attention à ne pas se justifier.
Dirigeants : organiser des événements festifs Le club de foot doit être un endroit convivial où jeuneset adultes se font plaisir. L’organisation de quelquesfêtes, telles qu’un Loto, un tournoi du club ou bien unbarbecue, ne peut que renforcer les liens entre tousles membres du club. Parents souriants n’embêtentpas leurs enfants !
Dirigeants : organiser des réunions d’informations En début d’année, il est très bénéfique d’organiser une réunion par catégorie de jeunes. C’est l’occasion d’expliquer à tous le fonctionnement du club et de définir clairement les attentesenvers les parents. Employer un ton ferme et sérieux à cette occasion permet d’attirer leur attention sur ce point. En milieud’année, le club peut faire un nouveau point avec les parents.
Éducateurs : trouver la bonne distanceLe danger est de vouloir créer une complicité très rapidementavec tous les parents, pour qu’ils se sentent en confiance.Certains peuvent croire que cette relation amicale leur donnele droit de se mêler de la gestion de l’équipe. Mieux vaut quele coach force sa nature et se montre un peu distant avectout le monde en début de saison, et découvrir les gens au fildu temps.
Éducateurs : intervenir en cas d’écart Le terrain appartient aux joueurs et à l’éducateur. Alorsquand les parents viennent s’immiscer dans la vie del’équipe ou sortent de leur rôle de spectateur, le coach sedoit d’intervenir. Si l’écart de conduite est important, il estpréférable de les calmer aussitôt. Sinon, attendre la fin dumatch ou l’entraînement suivant pour en discuter.Éducateurs : adopter le bon ton
Si le parent fait un écart pour la première fois, l’éducateur doits’entretenir avec lui gentiment, en lui expliquant les raisons de son intervention. Si le coach est brusque dès le début, le parent risque de se braquer. Mais quand la «faute» serépète, il ne doit pas hésiter à adopter un ton plus ferme, pourbien faire comprendre qu’il sera intransigeant sur ce point.
Dirigeants : créer le contactPlus la relation entre le club et les parents est bonne, et moins ces derniers auront envie de porter préjudice à la structure qui s’occupe deleur enfant. En réservant aux parents un bon accueil, en allant vers eux eten créant un premier contact pendant les entraînements ou les matchs,les dirigeants leur montrent qu’ils font aussi partie du club.7
La gestion des parents
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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 21 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
«RESPECTER DES RÈGLES DE VIE POUR Y ARRIVER ! »Au cours d’une conférence de presse à
La Jonelière, Monsieur Waldemar Kita,
président du FC Nantes, a expliqué les
raisons qui ont poussé son club à soutenir
l’action de Foot Citoyen... Extraits.
« Il est important d'aider le football amateur et celui
de la "rue". Pour cette raison, nous souhaitons appuyer
l'action de Foot Citoyen. Dans la vie, il est important de
respecter certaines règles pour y arriver. Les vraies
valeurs du sport, telles que le respect de l’autorité, des
Lois, l'abnégation ou le goût de l'effort, sont éducatives.
C’est pourquoi, il est de notre devoir, pour nous clubs professionnels
de football, d’aider des initiatives telles que celle-ci, car outre la passion et la compétence sur le sujet de Didier
Roustan et de son équipe, le football français, qu’il soit amateur ou d’élite, a besoin d’outils pédagogiques pour
pouvoir rendre les jeunes plus forts et plus citoyens. Le FC Nantes est donc très fier de pouvoir, comme Sedan,
Saint-Etienne et Montpellier ont pu le faire cette saison, aider, à son tour, l’association Foot Citoyen ! »
Portfolio FC NantesDe nos envoyés spéciaux à Marseille, Jérôme Perrin (textes) et Frédéric Gameiro (photos)
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 22 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
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LE JEU D’APPUI DES «CANARIS»Le FC Nantes est décidément un club solidaire. Sur le terrain, tout d’abord, où son fameux jeu «à la Nantaise» a construit sa
légende sur les bases du collectif. En dehors des pelouses, les «Canaris» savent également se montrer généreux. Samedi 6 décembre dernier, derrière le président Waldemar Kita, très sensible à la cause défendue par notre association,
le club de Loire-Atlantique et ses supporters ont ainsi soutenu Foot Citoyen lors du match contre le leader lyonnais, en nousallouant, notamment, à l’occasion de cette rencontre un don, scellant officiellement le partenariat entre le le club nantais
et Foot Cityen. Après la conférence de presse, les propos profonds de sens du premier des dirigeants nantais,l’échauffement des joueurs sur la pelouse, habillés du T-shirt Foot Citoyen, confectionné pour l’occasion, et un superbe
coup d’envoi donné - de l’extérieur du pied droit - par Didier Roustan, président de l’association, il est temps de remercier ce club à part, pour son aide et son accueil des plus chaleureux, qui ont d’ailleurs été récompensés le soir même,
puisque Foot Citoyen a une nouvelle fois porté chance à ses généreux donateurs…
Photos : FC Nantes
WALDEMAR KITA
RADIO
Radio
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 23 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
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LA MIXITÉ SOCIALELe PUC, partenaire et « club pilote » Foot Citoyen, nous nous devions de recevoir
les deux têtes pensantes de cette institution du football francilien : Daniel Morvan et
Jean-Marc Lafont. En compagnie de Didier Roustan, Frédéric Hamelin, Sébastien
Morel et Corentin Coëplet, tour d’horizon d’un « grand » club, parisien et universitaire,
et zoom sur sa philosophie la mixité sociale dans le football.
Didier Roustan : Aujourd’hui, nous accueillonsDaniel Morvan, le président de la section football duPUC, c'est-à-dire du Paris Université Club, et Jean-Marc Lafont, le vice président. C’est un vieux clubparisien, ça, le PUC ?Daniel Morvan : En effet, déjà plus d’un siècleDidier…Didier : Comment êtes vous arrivé là Jean-Marc ?Jean-Marc Lafont : J’ai rejoint Daniel, il y a unedizaine d’années. Je suis d’abord venu au PUCpour accompagner mes enfants… Et, finalement,je suis tombé dans le «piège». Daniel m’a proposéle projet de la section éducative du PUC et ça m’aséduit. Je suis ravi de faire partie de l’équipe dirigeante de cette section pour m’occuper de tousces jeunes.Didier : Et oui, très souvent, à la tête de ses clubs,il y a des gens qui ont grandi dedans et ,parfois, d’autres qui viennent de l’extérieur. Maisaussi des personnes qui ne sont pas fans de football et qui se laissent prendre au jeu. Le ballon rond est une histoire humaine et, autour deça, il se passe beaucoup de choses.Jean-Marc : C’est un peu comme pour toutes les associations, on y arrive par hasard et on se prendau jeu. Parfois, avec une certaine motivation dansla discipline en question mais, finalement, de fil enaiguille, on y voit l’occasion de retrouver des amis,
et de faire avancer les choses. Ça rentre dans un projet de vie, on commence à faire des suggestions, puis on fait en sorte de s’y impliquerensuite... C’est le travail de chaque bénévole, ondevrait d’ailleurs plus les mettre en valeur.Sébastien Morel : Le PUC, c’est aussi 35 nationalitéset origines différentes...Jean-Marc : Qu’ils soient Blancs, Jaunes ou Noirs,ils ne portent qu’une seule couleur, celle du club, leViolet. Déjà, ça résoud le problème de toutes cesdiversités, de toutes ces cultures. On travailleautour de leur passion, le football. Les enfantsprennent du plaisir et, au fur et à mesure qu’ilsgrandissent avec nous, on essaye de leurapprendre d’autres valeurs que le jeu, mais quisont très trés liées : le respect des Lois, l’esprit dujeu, la citoyenneté. On se rend compte alors que,parmi ces enfants aux origines sociales différentes,certains en échec la semaine à l’école peuventconnaître la réussite le week-end. Notre but, c’estqu’ils arrivent à avoir la même réussite en semaineque le week-end. Corentin Coëplet : Ce qui est intéressant, c’estqu’au PUC, il y a aussi une mixité sociale au seindes éducateurs, ça apporte aux jeunes une autrevision de l’éducation...Didier : Ça ne pose pas de problèmes à certains parents que leur gosse soit sous la responsabilité d’éducateurs d’autres... origines, onva dire.Daniel : On peut imaginer que ça en gratte certains… Mais…Didier : Je trouve que c’est intéressant car pourceux que ça gratte, et bien c’est l’occasion de leurmontrer que la compétence, la gentillesse,l’engagement, etc... ne sont pas uniquement uneaffaire de faciès...Daniel : La compétence d’un éducateur est incontournable. A un moment on se moque de sa couleur de peau, ce qui compte c’est ce qu’il faitsur le terrain. On est très attachés à sa qualité technique et on essaie de trouver des éducateursqui possèdent une certaine éthique… Zap, zap, zap...
Didier : Nous sommes en relation avec le Districtdes Flandres et, plus exactement, l’éducateur duRC Bois Blanc, Eric Fache. Bonjour Eric, alors il nefait pas trop froid car les températures sont tombées ?Eric Fache : Et bien si, c’est d’ailleurs pour çaqu’on avait un plateau de prévu et qu’il a été annulé.Sébastien : C’est dommage pour les petits, maispouvez-vous nous expliquer ce qu’est un plateau Débutants ?Eric : Le plateau Débutants, c’est toute une organi-sation que le District met en place une fois parmois, voire tous les deux mois selon les secteurs. Fréderic Hamelin : Il y a une particularité dansvotre club, que nous avions observé avec Foot-Citoyen, c’est que les éducateurs sont ici desjeunes du club et du quartier également.Didier : Il y a quand même une ouverture vers desgens venus d’ailleurs ?Eric : Bien sur, on est ouvert à toutes les personnes. Mais on a aussi une relation privilégiéeavec les jeunes puisqu’on peut les croiser dans lequartier… Fréderic Hamelin : Qu’est ce que ca leurs apporteaux jeunes d’encadrer des petits ? Eric : Du civisme. C’est un plus et ça les investit.Par exemple, si on fait un match de Poussins etqu’il manque un arbitre de touche, on trouverafacilement un «13» ou «15 ans» pour tenir ledrapeau. Il y a une réelle solidarité.Zap, zap, zap...
Didier : En compagnie de Jean-Noël Gaillard, président de L’US Écouen-Ezanville, du District du Val-d’Oise, qui joue en Promotion d’Honneur,mais qui a surtout un match de Coupe de France,un 7e tour contre Le Marcq AS, une équipe de CFA2.Bonjour président. Vous attendez combien de spectateurs ?Jean-Noël Gaillard : On a la chance de bénéficierdu terrain de Saint-Leu-la-Forêt, qui permet d’avoirenviron 1500 places assises et autant debout. Jepense qu’il y aura entre 1500 et 2000 personnes.Didier : Et la Coupe de France, tout le monde enparle, même les gosses ?Jean-Noël : Ce qui est extraordinaire, c’est que çaresserre encore un peu plus les liens au sein duclub car tous nos enfants sont derrière l’équipephare. Tous les gamins vont supporter le club.Didier : Merci infiniment et bonne chance (NDLR :le petit David battra le Goliath 1-0). On va terminercette émission avec une dernière question à nos amis du PUC. Quelles sont les plus grosses difficultés ?Jean-Marc : Les plus grosses difficultés, c’est qu’onmanque de bras. Le problème n’est pas spécifiqueau PUC, on voit les mêmes choses sur tous lesautres terrains. On manque de bénévoles. Le mondeamateur est une image du monde civil, on a de plusen plus de mal à mobiliser les parents.
ON ESSAYE DETROUVER DES
ÉDUCATEURS QUIPOSSÈDENT UNE
CERTAINEÉTHIQUE (Daniel Morvan)
LE MONDE AMATEUR ESTUNE IMAGE DU
MONDE CIVIL, ONA DE PLUS EN
PLUS DE MAL ÀMOBILISER LES
PARENTS (Jean Marc Lafont)
QU’ILS SOIENTBLANCS, JAUNES
OU NOIRS, ILS NE PORTENTQU’UNE SEULE
COULEUR, CELLE DU CLUB :
LE VIOLET.(Jean Marc Lafont)
LE ZAPPING FOOT CITOYEN
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 24 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Textes Jérôme Perrin / photos Bàlint Pörneczi et Benjamin Krnic
Le tournoi de Foca
24
ai 1992, les bombes tombent sur Sarajevo faisantdes centaines de milliers de victimes, Mai 2008,des jeunes venus de toute l’Europe s’éclatent balleau pied à Foca. « Dobrodosli u Focu 08 ! »
(« Bienvenue à Foca 2008 »). Les temps ont changé,même si les stigmates d’un conflit qui a duré plus de 3 ans(d’avril 1992 à décembre 1995) se lisent encore sur les murs dela ville. Aujourd’hui la Bosnie revit. La nouvelle génération, qui
n’a que très peu connu la guerre, découvre une vie « normale ».La lueur de l’espoir semble avoir remplacé celle qui se reflétaitjadis dans la lunette des snipers. On peux même rejouer au footen toute tranquillité… Et comme un jeune Bosniaque de 15 ansvit son amour du ballon de la même manière qu’un jeuneAllemand ou un jeune ~cossais, on se dit que, finalement, on pour-rait jouer ensemble. Et comme montrer, c’est aussi partager et fairedécouvrir, voyons un peu, ballon au pied, ce qu’est devenue la
M
Il est des reportages pour Foot Citoyen qui ont une saveur particulière. Lorsque la Commission Européenne nous a invitésà un tournoi international de street-football (du foot de rue, à 5 contre 5) en… Bosnie, on se doutait que quelque chose
d’un peu particulier nous attendait. Car, même si Sarajevo n’est qu’à une heure trente d’avion de Paris, l’image de ce paysest encore empreinte de la souffrance provoquée par une guerre qui a duré plus de 3 ans. Á Foca, une ville proche de
Sarajevo, le ballon rond a pu véhiculer, durant trois jours, son message de paix auprès de jeunes venus de toute l’Europe.
ON SE SOUVIENDRA DE CE PAYSAGE COMME
D’UNE PEINTUREGÉANTE.
(Balint)
« JE SUIS ALLÉ À SARAJEVO ! »
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 25 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Le tournoi de Foca
25
Ça, c’est Foca
72 kilomètres séparent donc Foca de Sarajevo.
Les deux villes sont nichées au pied des
montagnes et leurs histoires se ressemblent.
Les horreurs de la guerre ont marqué les souvenirs,
mais les gens veulent tourner la page. Le football
n’est peut être qu’illusoire aux yeux de certains
observateurs extérieurs mais, lorsqu’en mai
2008, en partenariat avec la Commission
européenne, la ville organise « Le festival euro-
péen du football de rue », une douce sensation de
renouveau coule le long de la Tara, la rivière
locale. 24 délégations représentées par des asso-
ciations de 16 pays différents, garçons et filles
mélangés, âgés entre 14 et 18 ans, sont là pour
le prouver. Parmi toutes ces équipes, l’une d’elle
est lyonnaise : « Sport dans la ville », une asso-
ciation axée sur l’éducation par le sport auprès des
jeunes en difficultés. La délégation française vient
de terminer son match contre les Portugais de
« Cais » (association contre l’exclusion social).
Les regards de Mour et Mounir absorbent tout ce
qui les entoure. Il y a les jeunes filles locales peu
habituées à voir « ces grands blacks » et impa-
tientes de mieux les connaître. Puis, ils s’arrêtent
un moment devant le curieux style « kick and
rush » des Irlandais, celui aux passes courtes des
Espagnols ou encore la technique plutôt « brut de
décoffrage » des Anglais au physique bien supé-
rieur à celui des Turcs. Entre deux matchs, ils se
marrent en voyant deux policiers bosniaques
« tripoter » la balle : « Dobrodosli u Focu 08 ! »
Mour témoigne : « Au début, je n’étais pas trop
rassuré par rapport à l’image d’un pays qui a
connu la guerre... Mais c’était aussi l’occa-
sion de jouer au foot et de faire connaissance
avec des Anglais, des Turcs… ». Et Mounir de
compléter : « On fait un tournoi vraiment
magnifique et ce que j’en retiens pour l’ins-
tant c’est la notion de partage et de plaisir de
jouer au foot. Ça me touche vraiment… ça
me donne des frissons » Ah oui, on a oublié de
vous dire que ce tournoi n’a pas d’arbitre. Les
joueurs s’autogèrent et lèvent la main lorsqu’ils
pensent avoir été victimes d’une faute. Encore
un moyen de communiquer et d’échanger
grâce au football, mais surtout de faire tomber
des préjugés. Balint, un jeune Hongrois de 15 ans,
explique : « Ça nous oblige à échanger entre
nous, à savoir résoudre un problème. Ça
nous rend solidaires et ça nous plaît vrai-
ment. Les filles et le foot, c’est universel... »
Pour lui aussi, ce tournoi est une décou-
verte... humaine, mais aussi culturelle : « En
rentrant chez moi, je vais dire à mes copains
qu’ici, il y a beaucoup de montagnes, que
c’est très beau. Moi, je ne connais que les
immeubles de mon quartier et je ne crois
pas qu’en Hongrie on ait des montagnes
aussi grandes… On se souviendra de ce
paysage comme d’une peinture géante. »
Trois jours et adieu les préjugés
L’image que s’étaient faite ces jeunes de la
Bosnie change petit à petit. Dans leur imaginaire,
les balles ne sont plus les mêmes et seule
les filets tremblent après avoir été traversés.
Même les plus grands effacent le souvenir
d’un pays meurtri. C’est le cas de Bachir Bejoui,
l’un des responsables des jeunes Français :
« La première chose qui m’est venue en tête
sur la Bosnie, c’est la guerre. Un pays trau-
matisé. Je ne pensais pas voir autant de jeu-
nesse car j’imaginais des personnes âgées,
des agriculteurs. On croyait surtout trouver
des ruines et des champs de mine. Ce n’est
pas le cas et on s’aperçoit que les gens ont
vite repris le dessus. On ne pourra jamais se
rendre compte de ce qu’ils ont vécu, et on se
doit de rester humbles et souriants, parce
que les plus traumatisés, ce sont eux. »
Il aura donc suffi de trois jours de football, trois
jours au milieu d’inconnus venus des quatre
coins de l’Europe, dans un pays dont le nom
n’évoquait, il y a encore quelques années, que le
désespoir et la souffrance. Un pays que Mour et
Mounir ne pouvaient situer sur une carte, et pour-
tant que tous connaissaient. En rentrant chez
eux, dans la banlieue lyonnaise, ils garderont
peut-être en tête les images d’un dribble décisif
sur un allemand, d’un coup franc magique
dans la lucarne du gardien tchèque, mais
surtout, comme le confie Georgy Sole, l’autre
accompagnateur : « Ils pourront dire dans leur
quartier : “ Je suis allé à Sarajevo ! ” »
Dans les rues de Sarajevo
l’influence ottomane est
encore très visible.
ON FAIT UNTOURNOI
VRAIMENTMAGNIFIQUE…ÇA ME DONNEDES FRISSONS
(Mounir)
ON SE DOIT DE RESTER
HUMBLES ET SOURIANTS,PARCE QUE LES PLUS
TRAUMATISÉS, CE SONT EUX
(Bachir Bejoui)
CARSTEN RAMELOW (ex-joueur international
allemand)
« L’IMAGE D’UNMOMENT
DE PLAISIR»
Ex-pilier de la sélection allemande(46 sélections) et du BayerLeverkusen, Carsten Ramelowétait présent au tournoi
Pourquoi êtes-vous làaujourd’hui ?
Pour moi, il est très important de voir à
travers le football comment vivent ensemble
tous ces jeunes de différentes nationalités...
Et c’est génial ! Alors, si je peux aider ce
genre d’initiative par ma présence, je le fais
volontiers et de mon mieux.
Que garderez-vous de ce tournoi ?Le fais d’être tous là réunis et de jouer
ensemble en prenant du plaisir... Et si les
jeunes sont heureux, je le suis aussi.
Quelle image d’un ex-joueur provoulez-vous transmettre auxjeunes ?C’est sûr que l’image d’un pro est très
importante vis-à-vis d’un jeune. Apres tant
d’années à Leverkusen, j’ai vu de nombreux
joueurs de nationalités différentes, de conti-
nents divers, mais, au bout du compte, il y
avait l’image d’une seule et même équipe,
unie dans la victoire et la défaite. Et c’était
cela le plus important.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 26 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Le tournoi de Foca
26
omment les jeunes ontaccueilli la nouvelle d’aller jouer en Bosnie ?Georgy Sole : Bizarrement, car
dans leur tête, la Bosnie était
encore associée à la guerre. Ils avaient une cer-
taine appréhension du pays, alors ils se sont un
peu documentés sur internet, mais ils ont surtout
vu des images très dures et ils n’imaginaient pas
la culture qui existait derrière tout ça. On a même
du rassurer certains parents. Aujourd’hui, on peut
voir qu’ils ne regrettent pas du tout leur choix.
Quels souvenirs garderont-ils de ce tournoi ?Bachir Bejoui : De la Bosnie, que du positif. Il suf-
fit de les avoir vus s’amuser durant tout le tournoi
pour en être persuadé. Même le soir, il a fallu les
canaliser. Je pense qu’ils se sont surtout aperçus
que les gens étaient super solidaires dans ce pays,
contrairement à eux dans leurs quartiers où il y a
souvent des bandes, des communautés et des
barrières. Là, tout le monde est mélangé, les
enfants viennent discuter avec eux, et ça les
marque. J’espère qu’ils retiendront aussi les
concepts de fraternité et de solidarité, et que cela
leur servira pour plus tard.
Comment allez-vous aborder le sujeten rentrant ?Georgy : Il est prévu que les jeunes nous fassent
parvenir leurs impressions sur le séjour. Nous les
ferons ensuite publier sur une sorte de gazette
qu’on distribuera sur les terrains, afin que ceux qui
n’ont pas pu venir se rendent compte du déroule-
ment du séjour. Le fait que cela vienne de jeunes
de leur âge aura plus d’impact je pense. Cela les
aidera peut-être à rentrer dans le cadre de l’asso-
ciation « Sport dans la Ville » pour pouvoir, plus
tard, être eux aussi amenés à participer à des
événements tels que celui-là.
Les témoignages sont, finalement, ce qu’il y a de plus efficace…Georgy : Exactement, et puis avec tous les jeunes
issus de différents quartiers, chacun pourra trans-
mettre dans le sien ce qu’il a vécu.
Bachir Bejoui : Ça reste un séjour assez mémora-
ble pour eux. Pour certains, c’était déjà une pre-
mière de sortir de France, de leur ville et, aussi,
l’occasion de rencontrer différentes cultures. C’est
toujours enrichissant.
Ils ne se connaissaient pas avant de partir ?Georgy : Certains s’étaient déjà rencontrés dans
des matchs ou des tournois, mais ils n’étaient pas
vraiment potes au départ. Ce séjour leur
a permis de se découvrir. Ils sont là pour
s’amuser, pas pour gagner. Ça laisse plus de place
pour apprendre à se connaître et échanger...
C
BACHIR BEJOUI (ÉDUCATEUR DE « SPORT DANS LA VILLE »)
« POUR CERTAINS JEUNES, C’ÉTAIT DÉJÀ UNE PREMIÈRE DE SORTIR DE FRANCE… »Bachir Bejoui et Georgy Sole accompagnaient les jeunes Lyonnais de « Sport dans la Ville » pendant leur séjour à Foca. Ils témoignent de l’idée que leurs joueurs se faisaient du pays et comment ils ont, eux aussi, découvert un pays qui, une dizaine d’années après la fin d’une guerre, respire l’envie et apprécie d’être comme les autres...
AVEC TOUS LESJEUNES ISSUS
DE DIFFÉRENTSQUARTIERS,
CHACUN POURRATRANSMETTREDANS LE SIEN
CE QU’IL A VÉCU.(Georgy)
Les séances de...
Coach Fred
Une fois tous les joueurs réunis sur le terrain, Fred fait un topo
rapide sur le contenu de l’entraînement...
« Je compte les absents, et parfois je reviens sur le match précé-
dent ou sur un fait qui aurait pu se passer. C’est le moment le plus
adéquat pour un retour à froid. Après, je leur dis ce que l’on va faire
pour l’entraînement. C’est juste une ébauche, je leur indique le
menu sans entrer dans le détail, sinon on perdrait trop de temps. Ça
leur donne une idée de l’axe de travail. »
Les joueurs partent s’échauffer seuls. Placés en deux files
indiennes, ils suivent une chorégraphie sympa et bien rodée.
Fred n’a pas à intervenir.
« Un échauffement, ça peut être rébarbatif. Je leur propose donc
quelque chose de ludique, où ils travaillent ensemble, se tapent
dans les mains... C’est l’échauffement qu’ils font avant chaque
match. Ils sont maintenant autonomes parce qu’on l’a travaillé
lors de l’avant saison. Je les observe mais, quand ils sont
ensemble, il est très rare d’en voir un à la traîne. »
Les joueurs enchaînent deux exercices où ils répètent les
passes, comme des gammes. Deux par deux, d’abord, puis par
groupe de quatre. Fred parle, bouge beaucoup et va de l’un à
l’autre. Il encourage, corrige... Ses consignes sont brèves,
directes et simples. Sa présence et sa voix forte dynamisent
l’exercice.
«Ça fait aussi partie de la mise en train, qui dure de dix à vingt
minutes. J’y intègre des notions techniques et on révise les gammes
à chaque fois. Je leur demande d’être toujours en mouvement,
quitte à sautiller sur place. De mon côté, je bouge beaucoup parce
que je veux avoir le meilleur d’eux-mêmes. Si tu restes à côté d’un
seul groupe, celui-là seulement va travailler. Dans ton dos, les autres
peuvent faire le mauvais geste ou le réaliser en dilettante, sans être
en position dynamique. Je parle fort et je dis « tu », plutôt que leur
prénom, pour qu’un maximum d’entre eux se sente concerné par
mes conseils. S’ils ne font pas les efforts sur des exercices faciles,
ils seront incapables de faire des choses simples en match. Je me
répète souvent, parce que même s’ils n’écoutent pas la première
information, je sais qu’à un moment ils vont l’intégrer. »
ETAT DES LIEUX
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 28 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
À Reims, Pascal Stefani (Textes) et Frédéric Gameiro (Photos)
Les papiers du coach
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L’ÉDUCATEUR «ANIMATEUR»Un entraînement de qualité dépend du contenu que l’éducateur veut bien proposer, mais surtout de sa capacité à l’animer.
Aussi exigeant que positif, Frédéric Izeda, coach des «16 ans nationaux» de l’EF Reims-Sainte-Anne-Châtillon (District de laMarne), s’emploie à mettre de la vie dans ses exercices. Chaque mois, au cours d’une séance, il nous explique sa méthode.
PLACE AU BALLON
ECHAUFFEMENTJE BOUGE BEAUCOUPPARCE QUE JE VEUXAVOIR LE MEILLEUR
D’EUX-MÊMES.
Au début de l’entraînement,
coach Fred explique à ses joueurs
à quelle sauce ils vont être entraînés.
District de la Marne
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 29 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Les papiers du coach
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Fred met ensuite ses joueurs en situation d’attaque. A travers plusieurs exercices, il leur fait travailler les longues diagonales, lesremises à une touche de balle, les centres et les frappes. Les jeuxportent sur la gestuelle et les déplacements, et se succèdent sur unrythme particulièrement soutenu. Le rôle de Fred est essentiel dansces exercices.
Positionné au milieu de l’action, Fred intervient souvent, félicite, corrige chaque erreur et fait la démonstration lui-mêmesi nécessaire. Le jeu s’arrête, mais ses explications rapides etclaires évitent de casser le rythme de l’exercice.«Je suis constamment au milieu d’eux et je mets de la voix. Ils sontjeunes et leur esprit peut partir ailleurs. Je parle fort, fermement, desorte que, même s’ils n’entendent pas tout, ils vont comprendre queje suis exigeant envers eux. On est obligé de mettre de l’intensité. Lecourage et la discipline permettent de compenser les différences deniveau quand on rencontre les équipes de clubs pros. »
Gursel, nouvel arrivé au club, force sur ses adducteurs poureffectuer ses diagonales. Fred demande de la souplessedans le geste et ne le lâche pas : « Tu as tout ton temps »... Il le fait recommencer, encore et encore, sans s’impatienter.À la fin de la séance, Gursel finit par réussir la diagonale parfaite. Son coach lui dit bravo...
« Si j’insiste sur un joueur, ça peut devenir barbant pour lui. Maisl’objectif, en fin d’année, est d’avoir progressé. Pour cela, il fautêtre généreux dans l’effort, et il y a une seule façon de régler ça :marteler le message. Ce n’est pas facile pour eux de m’avoir surle dos, mais jamais je ne leur manque de respect. Ce n’est pasl’objectif, même s’il peut m’arriver de contrarier un joueur, sansle vouloir, par un mot qui va le toucher. Dans ces cas-là, je posi-tive dès que j’ai un moment avec eux. Si un joueur en prend pourson grade, la séance d’après, je vais l’encourager d’autant plus.Je suis astreignant, sérieux, mais je dédramatise tout le temps. »
Une fois seulement, Frédéric Izeda hausse le ton sur l’un de sesjoueurs, après un centre raté... «C’est sur Loïc, un attaquant qui a d’énormes qualités mais qui n’atoujours pas marqué en championnat. À l’entraînement, il veut toujoursfaire des trucs extraordinaires, comme sur l’action où je lui crie dessus. Je lui ai dit que ce qu’il ratait ici par manque de concentrationse répercutait en match. C’est parfois un peu dur, mais c’est mon rôlede les pousser jusqu’à ce qu’ils comprennent. Je connais mes joueurs,et je sais que si je hausse le ton, ça va en motiver certains, quandd’autres vont avoir la tête dans le sac. Je fais attention à ça. »
Pendant un exercice, un jeune s’embrouille légèrement avec unpartenaire. Une insulte fuse. Fred l’entend. Sans interrompre le jeu,il lui demande de faire 50 pompes. Le ton est assez ferme pour qu’il
comprenne que c’est sérieux, mais la sanction est donnée entredeux consignes, afin de ne pas gêner l’animation de l’exercice.« C’est le respect. Même si, dans le fond, il a raison d’être énervé, mêmesi c’est sorti machinalement, il n’a pas à le dire. Il ne faut pas en faire undrame non plus. À la prochaine séance, il tournera sa langue sept foisdans sa bouche avant de parler. Les petits heurts entre joueurs font par-fois du bien, ça permet d’avancer. »
L’entraînement se termine sur un exercice douloureux, pour la têteet les jambes : le travail physique. Fred fait travailler ses joueurs enbinôme. L’objectif est de rattraper à la course son coéquipier. Et lephysique devient ludique… Fred continue à donner de la voix.«Ça, ils n’aiment pas trop, mais ils trichent rarement. À la fin, ils devaientavoir un voile noir devant les yeux et pourtant ils repartaient à fond. Il fautles encourager, et pour qu’ils se surpassent je leur mets un coéquipierdevant eux. C’est important de rendre ludique ce genre d’exercice, unpeu «usant», mais on retrouve ici une situation de match, comme quandils doivent s’accrocher pour rattraper un adversaire.»
AU MILIEU
MARTELER, DÉDRAMATISER…
POUSSER, MOTIVER…
SANCTIONNER…
DU PHYSIQUE LUDIQUE
JE SUIS EXIGEANT,SÉRIEUX, MAIS JE
DÉDRAMATISE TOUT LE TEMPS.
L’ÉDUCATEUR DOITIMPÉRATIVEMENT
ANIMER, ÊTRE VIVANT,ÊTRE UN MENEUR...
J’ESSAIE DE DYNAMISERLES EXERCICES,
Y COMPRIS LES PLUSSIMPLES, AFIN QUE
CHACUN FASSE LES EFFORTS POUR
PROGRESSER.
Un échauffement bien
«chorégraphié»,
c’est tout de suite
plus sympa.
30
La série est diffusée tous les mercredis surà partir de 7h00.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 30 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
foot 2 rue
JÉRÉMIE DIT « JEM » : un peufrimeur, drôle, comique,
blagueur et taquin, il est aussifragile et généreux. C’est un
dur au cœur tendre.
SAMIRA DIT « SAM » :travailleuse, brillante, déterminée, pétillante,
athlétique... Elle exploite avectalent l’architecture urbaine
quand elle joue au foot.
REQUIN : Il est le chef del’équipe des Requins. Excellent
arbitre. Il est toujours prêt àrendre service aux Bleus etsait parfois les raisonner.
ÉLOÏSE : Ses parents possèdent l’Institut Riffler.
Fort caractère et secrètement amoureusede Tag, elle garde le but
des Bleus.
GABRIEL : « L’intello » du groupe. Il est interne
car ses parents travaillent à l’étranger.
TAG : Le capitaine de l’équipe et le héros
de la série. Orphelin, il estinterne à l’Institut Riffler.
Producteur : TÉLÉ IMAGES KIDS (Philippe Alessandri et Giorgio Welter)
Réalisateurs : Stéphane Roux/Bruno Bligoux
Scénaristes : Marco Beretta/Serge Rosenzweig/Françoise Charpiat
Dessinateur : Stéphane Roux
Ensemble :«On ne peut pas louperça !»
Nos deux amies, enthousiastes, vont doncs’inscrire au tournoi…
Mais la réponse de l’organisateurn’est pas des plus sympas : « Des nanas au tournoi ?... Vousrigolez, c’est hors de question ! »
Miguel :«Je te connais, t’es ma voisine,mais il va falloir que t’ailles jouer à lababalle ailleurs... »
« Ici, le foot, c’est un truc demecs ! Les nanas, vous ne faitespas le poids ! »
En allant à l’entraînement, Sam rencontreen bas de son immeuble sa copineManuela.
Celle-ci lui montre alors une affiche:«T’as vu, demain, il y a un tournoide 3 contre 3 ! Ça te dit ? »
« MACHO » MATCH !
Alors qu’a lieu un tournoi de Foot2rue dans lacité, Sam et sa copine, Manuela, se réjouissent àl’avance de pouvoir y participer. Mais au moment
de s’inscrire, elles apprennent avec stupeur queles filles ne sont pas admises. Une vraie injusticepour nos héroïnes qui vont devoir faire preuve demalice et d’ingéniosité pour prouver que les fillesvalent bien les garçons quand il s’agit de ballon.
La maman de Momo : « Au faitSamira, j’aurais encore besoin detoi demain... »
Pour gagner un peu d’argent depoche, Sam fait du baby-sittingen s’occupant du petit Momo.
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Samira a du mal à accepter lesréflexions des garçons… Et ça se litencore sur son visage quand elle arriveà l’entraînement...
Tag, énervé : « T’as une demi-heure de retard… Bravo Samira!»
… Samira, excédée,répond sèchement :«Toi, tes réflexions, tute les gardes ! »
Après l’entraînement, Sam retrouveManuela en bas de son immeuble…
Eloïse : « Bon, on va t’expliquer parce quetoi, tu comprendras… »
... et les surprend en train de fouiller dansles affaires des garçons!
Samira se confie à sa partenaire...Eloïse:«Quoi! Et vous allez accepterça sans réagir ! Sam, tu te rappellescomment tu avais fait pour rentrerdans l’équipe?»
Eloïse retrouve Samira quis’exerce seule contre un mur :« Qu’est-ce qui ne va pasSam?»
Plus tard, Eloïse et Sam retrouvent lesgarçons à l’Institut. Eloïse : « Désolé lesgarçons mais, Sam et moi, demain, nousfaisons du shopping... »
Tag étonné:«Qu’est-ce qu’ellesont, aujourd’hui, les filles?»
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 31 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Et comme Jeremy y va de sa petite réflexion : « Ah les nanas, jamais à l’heure ! »…
Gabriel, intrigué, décide alors deles suivre...
Mais Miguel trouve cetteéquipe un peu louche.
Une à une, les filles s’habillent alors en…garçon pour tromper les organisateurs dutournoi...
Tag : «Bizarre cette histoire deshopping… Je me demande s’iln’y a pas un mec là-dessous.»
Malgré le réconfort deson ami, Tag, un peujaloux, ne semble pastrès rassuré...
foot 2 rue
Les filles, elles, suivent leur plan et s’inscrivent au tournoi sous le nomdes « Rebelles ».
Le lendemain, alors que Samiraprend son petit déjeuner, onsonne à la porte…
C’est le petit Momo que sa mèrevient de déposer en coup devent !
… et lui propose de venirjouer au foot avec elle.
Pendant ce temps, Gab discuteavec Tag, un peu contrarié parl’attitude étrange des filles.
Sam : « Ce sont les garçons dela cité… Ils ne veulent pasqu’on fasse leur tournoi… »
Manuela : «Toi, au moins, tu peuxt’entraîner avec les Bleus… Allez,ciao Sam!»
Manuela : « À quoi ça servirait ! De toute façon,on est des filles et on n’apas le droit de jouer aufoot ici. »
Sam:«Tu ne vas pas te laisserabattre par ces gros nuls!»
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… et se qualifier pour la finale du tournoi.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 32 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Et les «Rebelles» donnent le tournis àleurs adversaires.
En revanche, ça se passe moinsbien pour Gabriel et Jérémy dansleur rôle de baby-sitter.
Mademoiselle Adelaïde pensemême avoir des hallucinationsauditives, mais au bout d’unmoment…
… elle doit se dépêcher de dissimulerses cheveux longs.
Mais quand un ballon, jeté par Miguel,vient heurter la casquette de Manuela….
Quant aux garçons, ils continuent dechercher le petit Momo dans toutel’Institut...
… qui a, hélas, trouvé refuge dansle bureau de la directrice.
Gabriel : «Bon, d’accord, mais ça vaêtre difficile de le cacher. Il va falloir lajouer fine. »
Samira est en panique:«Momo! Avec ce tournoi, je t’avais complètement oublié! »
La seule solution qui s’offre à elle, pour pouvoirparticiper au tournoi : demander à Gabriel degarder le bébé...
Pendant ce temps, le tournoi a déjà commencé…
En tout cas, les garçons ont reçu une missionqui ne s’annonce pas de tout repos.
foot 2 rue
Evidemment, l’idée ne plaît pas tropaux autres... Mais ils n’ont pas le choix!
Tag : « Il y a vraiment un truc qui clochedans cette histoire de shopping ! »
Mademoiselle Adelaïde : « Non, je nerêve pas... Que se passe-t-il ici ?...
Pour les filles, les choses secompliquent face aux « Lions »de la cité de Miguel.
… Qu’est ce que vous mijotez encore ?J’ai l’impression d’avoir entendu descris de bébé ! »
Heureusement, Tag a eu letemps de cacher Momodans le débarras…
Sauf qu’entre temps, il adisparu !
Mais, finalement, ellesfinissent par l’emportergrâce à leur courage…
À la cité, les soucis commencentquand Miguel qui a suivi Manueladécouvre la supercherie.
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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 33 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
L’AVIS DE L’EXPERT Marinette PICHON (ex-internationale Féminines, 112 séléctions, 82 buts)
«LA MIXITÉ PERMET UNE OUVERTURE D’ESPRIT...»Que pensez-vous de la mixité filles-garçons dans le football ?Pour l’avoir connue quand j’étais plus jeune,
je peux dire que c’est une grande chance pour
les féminines. Grâce à ce contact, on peut
s’améliorer techniquement et physiquement.
On s’aguerrit également en termes de vitesse et
de perception du jeu. Cela oblige les Féminines
à se hisser au niveau des garçons, et cela se
ressent après dans les qualités footballistiques.
Que peuvent-elles apporteraux garçons ?C’est aussi une bonne chose pour eux car cela leur
permet d’avoir une ouverture d’esprit plus large et
une plus grande compréhension. Les filles apportent
de la discipline, de l’implication dans les exercices et
dans les gestes, car pour compenser leurs lacunes
techniques et physiques, elles vont rechercher le
geste parfait, plus jouer sur l'anticipation.... Et
ces attitudes inspirent alors les garçons.
Avez-vous été parfois rejetée par lesgarçons au foot ?Non, en tout cas je n’ai jamais été totalement
exclue. Dés l’âge de 5 ans j’ai joué avec des
garçons jusqu'à la fin des dérogations. Par
contre, c’est vrai qu’il y avait quelques railleries
auxquelles je répondais rapidement dans
le jeu par des dribbles ou des buts. Ça mettait
un terme à tout ça. Je me souviens lors d’un
tournoi en Minimes, les adversaires se moquaient,
genre : « Ils jouent avec une fille, ça va être facile
de gagner ! » Et puis on a gagné 1-0, et c’est moi
qui ai mis le but… Et on est allé en finale.
Sentiez-vous un besoin de faire plus queles garçons pour vous faire respecter ouaccepter complètement ?J’ai toujours eu cette envie de bien faire et
de me faire plaisir avant tout… ça coulait de
source. J’avais plus l’impression d’être la
coqueluche que le vilain petit canard.
Une fois débarrassé de lui, les« Rebelles » peuvent disputer lafinale du tournoi de la citécontre les « Snakes ».
Après un début de match difficile,les filles reprennent l’avantagegrâce à leur jeu rapide et technique.
Trop tard ! Samira, d’une superbereprise de volée, donne la victoire àson équipe.
Au coup de sifflet final, les «Rebelles » retirent leur casquetteet dévoilent leur secret…
… Les supporters etles joueurs en restentbouche bée...
Puis c’est une véritable acclamationqui accueille leur victoire… Pas dedoute, le foot2rue est aussi fait pourles filles.
Et l’organisateur du tournoidéclare alors le tournoi dela cité ouvert aux filles!
Elles décident alorsde piéger Miguel….
Les filles s’aperçoivent vite queManuela a un problème et elless’empressent de venir lasecourir.
foot 2 rue
… qui se fait prendre à son propre jeu!
Mais, au même moment, Miguels’échappe et court jusqu’au terrain raconter tout ce qu’ilsait.
Même Miguel se rend compte deson erreur:«Je m’excuse Manuela,j’étais jaloux de toi, de voir que tujouais mieux que moi... »
Même le petit Momo est heureux devant les jongleriesde Gabriel et Jeremy. L’espritdu foot2rue a encore gagné.
Miguel : « On t’avait dit que le foot ça n’étaitpas pour les filles… Il a quand même fallu quetu te la joues ! »
Enervé, il décide d’enfermer de forcela jeune fille dans le placard à balais.
Miguel : « À cause de toi, je ne suis pas enfinale... Comme ça les «Rebelles» vontdevoir déclarer forfait ! »
Du côté des garçons, Tag a récupéréMomo grâce à Gabriel, qui a réussi àfaire sortir Mademoiselle Adelaïde deson bureau.
Maintenant que les choses sontrentrées dans l’ordre, Gab décided’expliquer à Tag pourquoi lesfilles étaient si mystérieuses.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 34 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Textes : Juliette Lamy / Photos : Frédéric Gameiro
’est le premier jour de l’été et un
beau soleil s’est posé sur Sèvres
(92). Pour les organisateurs du
tournoi Poussins, c’est un plaisir de
plus… Pour Marie-France Ropartz
aussi, l’éducatrice des jeunes Féminines du PUC, qui
a emmené dans ses «bagages» Marie, Pénélope,
Melissa, Inès, Lou et Audrey, six des Benjamines et
Poussines du club universitaire parisien.
Des filles qui n’ont pas voulu laisser passer la
chance de participer à un tournoi. Trop rares sont,
en effet, les tournois pour les féminines de ces
catégories... C’est pourquoi Marie-France s’est
battue pour être à Sèvres ce jour-là. Elle a dû
négocier avec le club organisateur pour obtenir
la possibilité de faire jouer ses Benjamines dans
la catégorie inférieure contre des… garçons. Sa
motivation doit rejaillir sur ses « protégées » et leur
permettre de progresser grâce à des expériences
comme celle-ci, même si c’est dans un tournoi
de… garçons. Malheureusement, toutes les filles
n’ont peut-être pas la même envie, et elle a dû
renforcer son équipe de trois garçons, Grégory,
Dorian et Yannick, des Poussins du PUC évoluant
en Foot loisirs pour deux d’entre eux (photo ci-contre). Pour eux aussi, l’occasion est belle
de participer à un tournoi, même si c’est dans
une équipe de… filles! D’autres se sont montrés
moins intéressés…
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Les jeunes féminines du PUC
OH LES FILLES, OH LES FILLES...« … Elles nous rendent marteau ! » C’est du moins ce que chantait, il y a près de vingt ans le groupe «Au Bonheur
des dames». Sur les terrains de foot, cela est encore très vrai, surtout quand elles se mettent à dribbler les garçons.Des dribbles qu’elles doivent multiplier au quotidien pour se faire une place dans un monde du football encore très
masculin. Pour vous donner une idée, nous avons accompagné, dans le cadre de notre projet de partenariat avec lePUC, les jeunes féminines du club et leur éducatrice, Marie-France Ropartz, lors d’un tournoi de… garçons !
c
MIXITÉ FORCÉE...
Le jeu (collectif et) au pied,
c’est ce qui motive
et motivera Pénélope
à pratiquer le football.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 35 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Pourquoi votre équipe féminine regroupe-t-elleles « 13 ans », les Benjamines et les Poussines ? J’entraîne des équipes Féminines «13 ans» depuis 6 ans, dont troisau PUC, quand le club a souhaité créer une équipe Féminines «13 ans». Dans les catégories inférieures, les filles sont souventseules au milieu de beaucoup de garçons et j’ai constaté quebeaucoup d’entre elles arrêtaient ce sport après un and’expérience, voire en cours d’année. Et cela n’avait rien à voir avecleur niveau. Comme elles ne sont pas trop nombreuses dans lacatégorie « 13 ans », j’ai proposé de créer une équipe regroupantles trois catégories pour que les plus jeunes aient une équipe danslaquelle elles puissent, elles aussi, jouer et progresser.
Quels en sont les intérêts et les inconvénients ?Les intérêts principaux pour les filles sont de pouvoir jouer etapprendre le jeu. A l’entraînement, je fais deux groupes pour lesexercices techniques : les petites et les grandes car elles n’ontpas le même niveau. Lors de matchs, elles jouent ensemble et lesplus jeunes peuvent ainsi vraiment s’améliorer. La différence deniveau est le seul inconvénient à cette équipe. Je dois donc leurfaire accepter d’avoir de moins bons résultats pour permettre auplus grand nombre de progresser.
Constatez-vous une différence dans le jeu entrefilles et garçons ?Les filles sont plus collectives, elles semblent intégrer cette notionnaturellement. Elles se font des passes, respectant davantagechacune leur zone de jeu, contrairement aux garçons qui, aumême âge, pratiquent ce qu’on appelle « la grappe de raisin », à savoir qu’ils sont tous collés au ballon.
Et dans l’attitude ?Les filles sont moins sûres d’elles. Elles ont tendance à douter de leurs capacités... Je suis très attentive à ce qu’elles découvrentleurs qualités et qu’elles aient confiance en elles. C’est aussi lespréparer pour l’avenir.
Le football féminin manque encore cruellementde reconnaissance et de considération…C’est un vrai problème. Dans la pensée commune, le football est un sport exclusivement masculin. Les filles sont rarement les bienvenues, sauf si elles sont très bonnes. Elles doivent faire deux fois plus leurs preuves. Le football féminin de hautniveau et la jeune génération d’éducateurs plus ouverts à cettequestion contribuent à l’évolution des mentalités, mais le cheminest encore très long pour que les filles aient la considérationqu’elles méritent.
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Les jeunes féminines du PUC
Marie-France ROPARTZ(éducatrice des jeunes Féminines du PUC)
« LES FILLES SONTRAREMENT LES BIENVENUES,SAUF SI ELLES SONT TRÈSBONNES. »
Cinq matchs de dix minutes sont au programme de l’après-midi,quatre matchs de poule et un de classement. Avant d’entrer sur le terrain, Marie-France regroupe son équipe pour une dernière explication... Aujourd’hui, elle ne les fera pas tourner aux différentspostes comme à l’entraînement car elle veut éviter de mettre certaines filles en difficulté. Seul le poste de gardien(ne) sera tournant… Après les consignes sur le mode de fonctionnement, ellepasse à un petit rappel tactique… À l’aide d’un tableau magnétique,représentant un terrain de foot miniature, et de magnets de deux couleurs différentes, une pour chaque équipe, elle expliqueconcrètement les tactiques de jeu, elle donne du sens au choix etpostes des joueurs, puis elle insiste sur l’intérêt de participer et de jouer plutôt que gagner ! Les filles sont attentives, sereines,contentes d’être là et, manifestement, sans aucun complexe dejouer contre des garçons… Le message semble passer.
Au fil des matchs, on entend même des adversaires dire que « c’est la honte de se faire dribbler par des filles… » Et c’est vraiqu’elles jouent bien, ayant déjà intégré le sens du jeu collectif. C’estd’ailleurs pour ça qu’elles ont choisi ce sport, pour le plaisir du jeu collectif et du jeu au pied. Certes, quand elles perdent le ballon, elles pourraient essayer d’aller un peu plus loin pour tenter de le récupérer, mais la différence de force physique entre les garçons
et les filles à ces âges-là n’est déjà pas négligeable et elles ont, de plus, très rarement l’occasion de se mesurer à eux... Et, sur la duréed’un match, cela se ressent… À l’arrivée, l’équipe mixte du PUC n’a gagné aucun match… Pourtant, les filles ne sont pas vraimentdéçues, ayant fait preuve jusqu’au bout d’un bel état d’esprit... Au-delàdu résultat brut, elles ont déjà, elles, gagné leur tournoi, autour du plaisir et de la seule participation. Elles peuvent être fières même car lesoccasions de gagner ont été réelles et les matchs disputés. C’est pour lesgarçons de l’équipe que la frustration de ne pas avoir gagné est la plusforte. Et même s’ils reconnaissent que les filles ont bien joué au football,ils ont perdu à cause d’elles. Mauvais jugement…
Le football féminin a encore du chemin à parcourir pour se faire saplace dans ce monde encore très masculin. D’ailleurs, pour les fillesde l’équipe, jouer au foot dans la cour de récré de l’école est quasiimpossible… Même si elles sont licenciées dans un club, cela resteencore strictement réservé aux garçons. Et certains de leurs petits
camarades pensent encore que le football est interdit aux filles ! Les clichés ont la vie
dure… Dans leur club aussi, elles doivents’accrocher car, avant d’avoir la chance d’être dans l’équipe de Marie-France, elles sont seules ou à deux dans des équipes de garçons et ont rarement le ballon : « Ils ne nous font pas la passe ».C’est dire si elles doivent être passionnées et motivées ! Elles ont du tempérament ces filles, et il leur en faudra encore pour poursuivrela pratique de leur passion et faire reconnaître le football féminin,même si, à leur modeste niveau et à leur âge, elles n’ont pas encoreconscience d’œuvrer dans ce sens.
SANS COMPLEXES
LE SENS DU COLLECTIF
MOTIVATION ET PASSION
Marie, l’attaquante de l’équipe, fait admirer
son toucher de balle.
Paris Université Club
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 36 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Textes : Pascal Stefani / Photos : Frédéric Gameiro
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Journée de l’arbitrage
CONTESTATION DE L'ARBITRAGE :LE CANCRE FOOTBALL
Les journées de l’arbitrage réunissent quatre sports collectifs différents dans un même stade. Au Parc
de la Courneuve, pour cette septième édition, nous avons joué au jeu des comparaisons : comment l’arbitre
est-il respecté dans chaque sport ? Quels moyens sont mis en place pour cela ?
Pas de surprise, le foot est loin derrière les autres.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 37 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
e côté burlesque de la scène pourrait prêter
à sourire, si elle n’était pas si tristement révéla-
trice des maux du football. Nous sommes au Parc
de la Courneuve, pour la septième édition des
« Journées de l’arbitrage », et le match vient de
se terminer. Un joueur de « 13 ans » toise un arbitre qui en
compte 19 et qui lui rend cinquante centimètres. Dans une
vraie colère, il lui rappelle qu’il y avait bien penalty, lui
conseille de mettre des lunettes et finit par l’applaudir
ironiquement, avant de s’en aller, laissant l’arbitre interloqué.
La diatribe du petit amuse son coach, qui n’a pas cru bon
d’intervenir : « Une erreur d’arbitrage, ça peut arriver. Maisc’est dur à comprendre et à avaler, même pour des gaminsde cet âge. » Sur le terrain annexe, c’est le même n’importe
quoi. Plusieurs joueurs entourent un arbitre qui vient de
siffler penalty à leur encontre. L’un deux a cette réflexion,
révélatrice : « T’es trop nul ! Pourtant c’est les journées de l’arbitrage ! » Visiblement, il y a comme un malentendu sur
l’objectif de cette journée... Le tournoi de football est destiné
à aguerrir les jeunes arbitres en formation. Pourtant, toute
l’après-midi, il est souvent l’objet de tensions, de cris et de
contestations. Une suggestion pour la prochaine édition : et si
l’on profitait de l’événement pour faire arbitrer les joueurs qui
attendent leur tour sur le côté ?
Pour trouver plus de fraîcheur et de plaisir, il suffit de se balader du
côté du hand. Ici, les arbitres jouent et les joueurs arbitrent. S’il ren-
contre aussi des problèmes, le hand n’a pas la même façon de les
gérer. Exemple, lors d’un match, quand un joueur mécontent insulte
un arbitre : celui-ci l’envoie sur le banc pour deux minutes, son
entraîneur le prend à part et lui explique, tranquillement qu’il ne doit
pas dire de telles choses. Nizar, 13 ans, joueur et arbitre en forma-
tion, explique l’apport de l’exclusion temporaire :«La règle desdeux minutes, ça aide à calmer les joueurs. Quand ça m’arrive,j’ai la rage contre moi parce que je sais que j’ai fait une bêtise,et que je laisse mes coéquipiers en infériorité. » Pour François
Chouvin, coach à l’US Alfortville, les jeunes ne se préoccupent pas
de l’arbitrage : «La Fédération fait un grand boulot auprès desjeunes. C’est très rare que ça conteste ou qu’il y ait un manquede respect envers l’arbitre dans les petites catégories. Ça com-mence à être plus chaud chez les 18 ans. » On retrouve la même
décontraction côté Rugby. Dans ce tournoi amical, les équipes sont
mixtes, et là aussi les arbitres sont des joueurs des équipes partici-
pantes. Sur le terrain, pas le début de l’once d’un problème à
constater. Rien d’étonnant quand on écoute Chantal, coach à Aulnay-
sous-Bois, énumérer les mesures mises en place : «À l’école de
rugby, c’est l’éducateur qui arbitre. À chaque faute, il arrête lejeu et explique la règle. En Minimes, ce sont les joueurs qui arbi-trent à tour de rôle. Cette année, j’ai mis à l’arbitrage ceux quiont l’habitude de contester. L’année dernière, en Benjamins, ilsavaient souvent un truc à dire pour influencer ou commenter lesdécisions. Depuis, ils parlent beaucoup moins.» Au rugby, un joueur
qui conteste est fautif. Au foot, on lui trouve toujours une bonne raison.
On peut se méfier du jeu des comparaisons en arguant qu’une
erreur d’arbitrage au football a plus de conséquences sportives
que dans les autres sports. Pourtant, le Hand, le Rugby et le Basket
disposent chacun de règles qui permettent de limiter la contestation
(cf. encadrés). Ce que le foot n’a pas, ou peu. Leur atout imparable
réside dans le fait qu’un manque de respect envers l’arbitre
pénalise sportivement toute l’équipe. Pendant ce temps, les
footballeurs continuent d’entourer et d’engueuler les arbitres en
toute impunité. Certains acteurs du football pensent que la vidéo
permettrait de résoudre tous les problèmes. Tous citent le Rugby
en exemple pour prouver son efficacité. Ils oublient seulement que
ce sport avait su prendre, avant de l’utiliser, d’autres mesures
efficaces. En misant sur l’humain, pas sur des caméras.
37
Journée de l’arbitrage
L
En cas de contestation, selon la fréquence et le ton employé, un arbitre peut soit faire reculer
l’équipe de 10 mètres, l’exposant ainsi à une pénalité, soit siffler directement une pénalité, ou bien
sortir le carton jaune, qui exclut le joueur pour 10 minutes. Voire le rouge, synonyme d’exclusion
définitive. L’exclusion temporaire, instaurée en 1992, est un véritable atout pour les arbitres.
D’autres règles récemment mises en place ont fait beaucoup de bien chez les amateurs.
L’expulsion d’un coach entraîne ainsi une pénalité aux 22 mètres. Même sanction chez les jeunes,
pour toute faute déloyale entraînant un carton rouge.
(président de la commission centrale des arbitres)
« Le rugby dispose d’une très forte éducation de terroir. A l’intérieur des clubs, il y a beaucoup
de discipline. Il est évident qu’il en faut, car la frontière est mince entre la combativité et
la brutalité. Sans éducation et maîtrise de soi, certains iraient au-delà des limites permises
pour gagner. Les arbitres ont pour consigne de faire d’abord de la prévention. Mais si la
contestation se répète, ils doivent sanctionner. Après avoir pris trois points, six points, pour
des écarts de conduite, ils ont plutôt intérêt à se tenir ! Nous avons un certain nombre de règles
qui sont bonnes, qui exigent de la discipline. En général, une équipe qui n’est pas disciplinée
ne gagne pas. »
COMMENT GÈRE-T-ON LA CONTESTATION AU RUGBY ?
René HOURQUET
AUTRES MŒURS
STOP À LA CONTESTATION
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 38 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
38
Journée de l’arbitrage
(arbitre international de handball)
« Au basket, il y a une certaine distance avec les joueurs, très peu de tutoiements ou de contacts
physiques. Pour ça, je n’aurais jamais pu être arbitre de foot. Dans notre règlement, il y a
obligation que les joueurs s’adressent à l’arbitre de façon courtoise. Bien sûr, ça m’arrive d’être
contesté, et je comprends qu’un joueur puisse se sentir lésé. Mais ça ne lui donne pas
l’autorisation de dépasser une certaine forme de langage. S’il n’est pas correct, je peux siffler
une faute technique. On donne deux lancers francs pour l’équipe adverse, et le ballon sur la
remise en jeu. En amateur, ces limites sont plus souvent dépassées. Heureusement, la
Fédération a décidé que tout joueur qui concède trois fautes techniques consécutives en
championnat sera suspendu un match. Les joueurs prennent vraiment la faute technique comme
une sanction personnelle et font tout pour ne pas en avoir. »
COMMENT GÈRE-T-ON
LA CONTESTATION AU BASKET?
Eddy VIATOR
L’exclusion temporaire de deux minutes est la mesure la plus dissuasive. Ainsi, à chaque coup
de sifflet, tout joueur doit poser la balle à terre sous peine d’être exclu. Cette règle favorise
un jeu direct et empêche toute discussion. Au bout de trois fois « deux minutes », c’est l’expulsion
définitive. En général, la contestation est sanctionnée à l’appréciation de l’arbitre, selon son
intensité. Mais si un joueur se pose devant l’arbitre, il sort automatiquement deux minutes. Pour
un geste déplacé ou une injure envers lui, c’est carton rouge. Il peut aussi utiliser les cartons
jaunes en guise de prévention. Trois jaunes mènent à l’exclusion temporaire.
(président de la commission centrale d’arbitrage à la FFHB)
« D’une manière générale, l’arbitre est respecté au handball. Même si, avec l’arrivée du professionnalisme,
on a vu arriver des comportements qu’on ne voyait pas avant. Nous avons également des règles qui
leur facilitent la tâche. On a une armada de sanctions qui empêchent les joueurs de contester. Et puis,
c’est un état d’esprit. Pourtant, au contraire d’un arbitre de foot, celui de hand n’a pas le temps
de réfléchir à sa décision. Il doit siffler tout de suite, au risque de se tromper, ce qui a plus de chances
d’entraîner des contestations. »
COMMENT GÈRE-T-ON LA CONTESTATION AU HANDBALL?
François GARCIA
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 39 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
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Pour MIchel Platini, utiliser la vidéo dans l’arbitragereviendrait à « déshumaniser »le football. Afin de réduireles erreurs, le président de l’UEFA préconise la présence de deux nouveauxarbitres, chargés de surveiller la surface de réparation. L’InternationalBoard a effectué à Chypre,en novembre dernier, le premier test de ce dispositif,dont faisait partie SaidEnjimi. Pour l’arbitre français, l’essai a étéconcluant.
«L’arbitre additionnel est situé derrière la ligne
de but… Deux systèmes ont été testés : dans
le traditionnel, il se trouve du côté de l’arbitre
assistant, et s’occupe de la moitié de surface qui
était auparavant dévolue à ce dernier ; dans le
système triangulaire, il se place de l’autre côté du
but, et surveille la moitié de surface face à lui…
l’arbitre central s’occupe à chaque fois de l’autre
moitié. En théorie, la surface est donc coupée en
deux. Mais en pratique, si l’additionnel voit
quelque chose dans toute la surface, il doit bien
sûr le signaler au central. »
« J’ai fait deux matchs en tant qu’arbitre
additionnel, et un match en tant qu’arbitre central.
Je trouve que c’est une excellente évolution,
parce que ça permet de croiser les regards et
d’échanger les points de vue. Ça permet aussi
de faire une prévention efficace. Quand les
joueurs sont dans la surface, l’additionnel se
trouve juste à côté d’eux. Il peut leur parler,
notamment sur les corners, quand ils se tiennent
le maillot ou se bousculent. L’effet est immédiat.
Les joueurs écoutent, parce qu’ils savent que le
penalty n’est pas loin s’ils continuent à le faire
devant nous. »
«Nous n’avons pas eu l’occasion de siffler des
décisions majeures, comme un penalty. Ça nous a
surtout permis de ne pas en prendre de mauvaises.
Par exemple, sur une action, un gardien a bousculé
un attaquant sur l’une de ses sorties. J’étais juste
derrière et j’ai pu voir que le gardien ne jouait que le
ballon. Tony Chapron était au centre, il n’avait rien
dit. Je lui ai dit «pas faute, pas faute» dans
l’oreillette, et il a pu repartir tranquillement. Il m’a dit
après le match qu’il ne savait pas s’il y avait faute,
qu’il aurait peut-être sifflé penalty. C’est un confort
très important pour le central. Ce genre d’action est
arrivé plusieurs fois, et cela le conforte dans ses
décisions, surtout quand il a un avis mitigé.»
«C’est assez frustrant d’être bloqué derrière la ligne,
de ne pas courir. Mais il faut en accepter le principe.
On est là pour donner un coup de main à l’arbitre,
et il faut le prendre tel quel. L’objectif est de limiter
le nombre d’erreurs dans la surface. En tant que
central, ce système nous oblige à courir
différemment. Mais c’est une histoire de réglages.
L’inconvénient majeur, c’est que l’on doit garder
notre concentration pendant 90 minutes, alors qu’il
n’y a pas grand chose à faire. »
« Nous sommes tous en contact avec des
oreillettes. Après c’est une question de discipline. Il
faut intervenir à bon escient, seulement si on a
l’intime conviction qu’il y a une information majeure
à donner à l’arbitre central. Le reste du temps il faut
se taire pour ne pas le perturber.»
«J’ai beaucoup apprécié le confort et la tranquilité
d’esprit que cela procure en tant qu’arbitre
central. On sait que l’on a un collègue dans
chaque surface qui est susceptible de nous aider
grandement. Mais il ne faut pas oublier que ça
reste un arbitrage humain, et que l’additionnel
peut se tromper. Là, on ne se trompera plus à
trois, mais à cinq. Ça ne va pas régler tous les
problèmes. »
«Cette compétition n’est pas assez significative
pour avoir un point de vue définitif. On était très
loin de l’ambiance, des enjeux, de la pression des
joueurs et du public qui existent chez les
professionnels. Il faut voir ce que ça va donner
lors de ces compétitions majeures. Mais c’est
une évolution intéressante, et l’International
Board va se réunir fin février pour décider de la
suite à donner à cet essai. »
Initiative : l’arbitrage à 5Pascal Stefani (Textes) / UEFA (Photos)
LE CLUB DES CINQEn novembre, l’International Board a testé l’arbitrage à cinq, à Chypre, lors du tournoi qualificatif pour le championnat
d’Europe des «moins de 19 ans». Said Enjimi faisait partie de l’aventure. Il nous a livré ses impressions, plutôt positives.
REGARDS CROISÉS
ERREURS ÉVITÉES
IMMOBILE
LE DISPOSITIF
INTIME CONVICTION
DU CONFORT
UN TEST
C’EST UNEEXCELLENTEÉVOLUTION. ÇA PERMET DE CROISER
LES REGARDS ET DE FAIRE
UNE PRÉVENTIONEFFICACE.
Un arbitre central, deux juges de touche et deux arbitres additionnels... ça fait bien cinq
RADIO
Radio
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 41 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
41
LE RÔLE DU CAPITAINELe rôle du capitaine est un sujet que nous avions traité dans le numéro 14 de Foot Citoyen.
Pour cette émission dédiée à ce thème, nous avions reçu Pascal Baptiste, le Président du FC
Villennes Orgeval, du District des Yvelines et Philippe Jonot, son vice-président. Avec au
téléphone, un invité, prestigieux, Marius Trésor, ancien capitaine des Bleus.
Didier Roustan : Bonjour à tous. Nos invités du jour sont président et
vice-président du FC Villennes-Orgeval, Pascal Baptiste et Philippe
Jonot. Depuis combien de temps êtes-vous dans le club Philippe ?
Philippe Jonot : Depuis 23 ans Didier.
Didier : Ce n’est pas négligeable, alors que vous, Pascal, c’est un peu
plus récent, sachant que vous ne venez pas de Paris à la base.
Pascal Baptiste : Non, effectivement je suis originaire du Massif
Central où j’ai voyagé dans le monde du football jusqu’à l’âge de
20 ans. Et je joue depuis 10 ans au club du FC Villennes-Orgeval.
Didier : D’accord, et si j’ai bien compris, la politique du club
a évolué. Il y a quelques années votre politique était axée sur les
Seniors et maintenant elle est plus orientée sur les jeunes… Vous
qui êtes plus ancien Philippe (NDLR : il a été de longues années président de ce club, avant de passer la main donc à Pascal Baptiste),expliquez-nous...
Philippe : Pour avoir une équipe compétitive, il fallait acheter des
joueurs, et en Seniors, ça coûte cher. Alors, il y a 8, 9 ans, on en a eu
marre et on a décidé de former des éducateurs pour donner la priorité
aux jeunes. Aujourd’hui, on commence à en récolter les fruits puisqu’il
y a 5, 6 jeunes qui évoluent déjà en Seniors.
Didier : Pascal, tu es maintenant le nouveau président, qu’est ce qui te
pousse à donner de ton temps, de ton énergie, de ta sueur pour un club
de foot ?
Pascal : J’ai commencé le football à l’âge de 7 ans avec un père
toujours présent derrière moi... J’aime bien le milieu associatif, mon
métier, c’est formateur. J’aime transmettre, j’aime partager,
donc lorsque Philippe m’a demandé de prendre la vice-présidence,
j’ai dit oui... Et puis, quelques années plus tard, un autre oui pour la
présidence.
Zap, zap, zap...
Didier : Alors, aujourd’hui on parle du capitanat … Le capitanat c’est un
état d’esprit ! Le capitaine, c’est un rôle particulier. Il doit avoir une
influence, une sorte d’aura sur l’équipe. Ça demande des qualités bien
particulières. Vous avez déjà été capitaine, Pascal, lorsque vous étiez
joueur ?
Pascal : Oui, capitaine,, c’est un poste qui me permettait de
m’exprimer en termes de motivation, de placement, que ce soit chez
les Poussins et les Benjamins. C’est un peu le reflet du club et de
l’équipe, c'est-à-dire la motivation, l’envie de bien faire.
Philippe : Le capitaine a beaucoup de choses à dire, surtout en début
de saison. Il doit avoir des valeurs reconnues par tous et un
certain charisme et des qualités techniques. Mais il doit aussi connaître
le règlement par cœur et, bien souvent, ce n’est pas le cas.
Zap, zap, zap...
Didier : Alors, maintenant, nous sommes en compagnie d’un super
capitaine : Marius Trésor... Bonjour Marius, il ne fait pas beau à
Bordeaux en ce moment.
Marius Trésor : Bonjour Didier, ah non c’est sûr ! Il fait un mauvais
temps, et pour un Antillais, ce n’est pas bien.
Didier : Oui, mais quand on est capitaine, on tient bon la barre malgré
les intempéries. Tu avais déjà le brassard de capitaine à Ajaccio ?
Marius : Non non, j’ai eu mon premier brassard de capitaine à
23 ans, à l’OM, grâce à Jules Zvunka en 1973/1974.
Didier : Toi qui étais plutôt réservé, qu’est ce que le rôle de capitaine
t’a apporté ?
Marius : C’est vrai que le fait d’être capitaine m’a permis de
m’ouvrir un peu, parce que j’essayais d’être un leader sur le
terrain pour permettre à mes coéquipiers de me suivre. J’essayais
aussi de donner l’exemple, parce que j’ai toujours essayé d’être
correct envers l’arbitre, envers mes adversaires. Parfois, il faut
quasiment remplacer l’entraîneur sur le terrain. Mais, au final, être
capitaine de l’OM ou de l’équipe de France, ça n’a pas changé
ma vie...
Didier : Des petites anecdotes en temps que capitaine... Tu me dis
que ça n’a pas changé ta vie, mais bon, capitaine de l’équipe de
France, ce n’est pas rien… Bon, ça aurait été mieux si vous aviez
gagné en 82 aux tirs au but, puis en finale contre l’Italie, mais tu as
gagné une Coupe de France contre Lyon, en 76… Quelles étaient tes
rapports avec Michel Hidalgo ?
Marius : Michel, qui est arrivé à la tête en 1976, a été le premier
à me nommer capitaine de l’équipe de France. On se retrouvait
souvent parce qu’il aimait être entourés de certains joueurs pour
avoir toutes les données avant de choisir. Après notre qualification
pour la Coupe du monde 78, puisqu’on parle d’anecdote, on s’est
retrouvés en Italie pour un match amical (à Naples), où l’on a fait
2-2. Juste avant l’entraînement, il m’appelle et me demande ce
que je pense de l’équipe, puisqu’il y avait des jeunes, et il voulait
savoir s’il faillait les faire débuter directement. Je lui ai dit que
toute l’équipe qui nous avait qualifiés était là, et qu’il devait alors
peut-être faire entrer les jeunes en seconde mi-temps. En même
temps, je voyais les joueurs me regarder, alors je lui ai dit « Ça me
fait plaisir que tu me demandes, mais la prochaine fois, on le fera
autrement ». Je ne voulais pas que les jeunes croient que c’est moi
qui faisais les choix.
Didier : Oui, un capitaine peut avoir des problèmes de ce côté là, on
peut aussi passer pour un chouchou… Marius merci d’avoir été avec
nous, à la prochaine…
Zap, zap, zap
Didier : Alors, pour terminer Pascal et Philippe, tout se passe bien
au club ?
Philippe : Oui, il n’y a pas de problème, il y a une bonne
dynamique. J’ai passé la main à un plus jeune qui connait déjà tout du
«métier» de président.
Didier : Qu’est ce qu’il faudrait changer à l’avenir?
Pascal : Le bénévolat ! C’est très dur, pour l’encadrement des jeunes.
Après c’est une question de moyens.
Didier : Il n’y a pas possibilité de mobiliser les parents ?
Pascal : On les sollicite pour les déplacements … Avec le plus petit
budget des Yvelines, on lutte constamment. On est obligés de faire des
Lotos, des tournois, de faire plein de manifestations à coté….
Le nerf de la guerre aujourd’hui c’est l’argent !
LE CAPITAINE DOIT AVOIR DES VALEURS
RECONNUES PAR TOUS, UN CERTAIN CHARISME ET DES
QUALITÉS TECHNIQUES. (Philippe Jonot)
J’ESSAYAIS D’ÊTRE UN LEADER SUR
LE TERRAIN ET DE DONNER L’EXEMPLE.
(Marius trésor)
A BOUT DE BRAS
LE ZAPPING FOOT CITOYEN
harles, quel est ton premiersouvenir de footballeur ?Ce sont mes débuts à Caucriauville.
Je devais avoir 5 ou 6 ans et je
jouais en bas de mon immeuble avec des copains.
Joël Baudry, qui travaillait pour la ville du Havre,
et passait par là, est allé voir ma mère pour lui
proposer de m’inscrire dans le club du quartier.
Au départ, mon père ne voulait pas et me répétait
tout le temps : « Va à l’école et travaille bien ! »…
Mais ma mère lui a habilement glissé : « Laissons
le y aller, on verra comment ça se passe. » Et dès
le premier entraînement, j’ai pris un plaisir fou.
C’est parce que tu étais très bon pourton âge qu’on est venu te chercher ?Non je ne pense pas, en tout cas pas à cet âge.
Je signais ma première licence, c’est tout ce que je
voyais. La seule chose dont je me souviens
vraiment c’est que je prenais du plaisir à jouer au
football, à marquer des buts… J’évoluais numéro 10.
Joël Baudry, c’est l’entraîneur qui t’ale plus marqué ?Oui, c’est quand même l’homme qui m’a propulsé
dans le football. Il m’a entraîné à Caucriauville, puis
je l’ai rejoint ensuite au club de La Frileuse et il a
suivi ce que je faisais quand j’étais au Havre. Même
si j’étais encore un gamin, c’était un entraîneur que
j’écoutais et que je respectais énormément.
Que t’a-t-il le plus appris ?Il m’a surtout donné confiance et m’a toujours
rassuré sur mes qualités de footballeur. Il m’a rapi-
dement dit qu’il voyait en moi un joueur
professionnel. Mais à l’époque je ne me posais pas
de question, je jouais au foot, je marquais des buts
et je gagnais des matchs.
Tu étais comment petit ?Ça dépend… en général, j’étais et je suis encore
un gars qui se méfie au début, mais une fois que
je suis à l’aise dans un groupe je m’ouvre assez
facilement.
Après Caucriauville, direction leclub de la Frileuse, puis Le HAC…Oui… La première année où j’étais à Frileuse, j’ai
reçu une lettre pour faire un essai au Havre. Mais
ma mère a dit « non ! ». Elle voulait que je reste un
an de plus, pensant que j’étais trop jeune...
L’année suivante, elle a accepté et j’ai réussi à
intégrer le groupe des Benjamins deuxième année
du HAC. Jusqu’à 17 ou 18 ans, j’habitais toujours
chez mes parents à Caucriauville,. En revanche,
ma dernière année de formation au Havre je l’ai
faite en internat au centre parce que mes parents
déménageaient à Paris.
Tes parents ont joué un rôle importantdans tes choix de jeune footballeur ?Oui, malgré le fait qu’ils soient divorcés… j’ai
plutôt grandi avec ma mère. Elle venait parfois voir
mes matchs, mais elle était plus focalisée sur mon
travail à l’école... Elle ne voulait pas que je mise
tout sur le football même si elle m’a toujours dit
qu’elle me soutiendrait dans mes choix, que
je réussisse ou pas.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 42 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
54
Trajectoire
42
Interview et photos réalisées par Jérôme Perrin
C
MON PÈRE ME
RÉPÉTAIT TOUT LE
TEMPS : “VA À L’ÉCOLE
ET TRAVAILLE BIEN !”
J’AI VU PLEIN
DE POTES PLUS
COSTAUDS QUE MOI
NE PAS REVENIR
À LA RENTRÉE…
«Charles who?» s’interrogent les 53 000
spectateurs de Saint James’ Park, le stade
de Newcastle United, en septembre 2004.
Charles N’Zogbia, un jeune joueur de 18 ans,
arrivé du Havre sans un match de L1 dans les
jambes, qui s’en vient prêter main forte à
Alan Shearer et consorts… Et, depuis quatre
ans, l’international Espoirs arpente le couloir
gauche des « Magpies ». Une incroyable
aventure, de Caucriauville, un quartier du
Havre, à la Premier League, que «Zog»
nous conte avec toute sa franchise, nous
faisant découvrir ce monde merveilleux ou,
parfois, cruel d’un ballon rond qui roule vite.
«Charles who?» s’interrogent les 53 000
spectateurs de Saint James’ Park, le stade
de Newcastle United, en septembre 2004.
Charles N’Zogbia, un jeune joueur de 18 ans,
arrivé du Havre sans un match de L1 dans les
jambes, qui s’en vient prêter main forte à
Alan Shearer et consorts… Et, depuis quatre
ans, l’international Espoirs arpente le couloir
gauche des « Magpies ». Une incroyable
aventure, de Caucriauville, un quartier du
Havre, à la Premier League, que «Zog»
nous conte avec toute sa franchise, nous
faisant découvrir ce monde merveilleux ou,
parfois, cruel d’un ballon rond qui roule vite.
« DÈS MON PREMIER ENTRAÎNEMENT,J’AI PRIS UN PLAISIR FOU ! »
« DÈS MON PREMIER ENTRAÎNEMENT,J’AI PRIS UN PLAISIR FOU ! »
DE LA TERRE À LA LUNEAVEC... CHARLES N’ZOGBIA
Vers quel âge commences-tu vraimentà croire en une possible carrière ?Vers 15-16 ans, avec mon premier entraîneurau HAC, Guy Guibot. C’était un super coach. Le centre de formation a été un choc pourmoi... Là, je passais d’un à deux entraînementspar semaine à un par jour, après les cours... C’était chaud !
C’est aussi un autre état d’esprit…Oui, car tu découvres ce qu’est vraiment l’esprit decompétition. Et tu te dis à bien des moments que tuvas craquer… Au départ je voulais juste prendre duplaisir en jouant et, quand venait le moment oùj’étais fatigué, j’arrêtais (rires) ! Très vite, tu com-prends alors que si tu veux réussir, il va falloir t’endonner les moyens en travaillant dur, très dur. Alorsj’ai pris sur moi et je me suis dit : « J’aime le foot etje vais tout faire pour réussir »… De toute façon,arrivé en « 13 ans » tu n’as plus beaucoup le choix…Plus ou moins dès cet âge là, les choses deviennentréellement sérieuses et tu commences à y croire.
Je crois que tu mesures 1,70 m…1,74 m, s’il te plaît (rires) !
Pardon, 1,74 m… Ceci dit, tu ne faisais pas partie des plus grands de ton équipe... Ta taille t’a-t-elleposé des problèmes ?Non, et puis je me disais que si, chaque fin desaison, on me demandait de revenir l’annéed’après, c’est que je devais valoir le coup. Et j’aivu aussi plein de potes, plus costauds, ne pasrevenir à la rentrée...
Tu suis donc tout le cursus ducentre de formation mais, à l’arrivée,tu ne signes pas pro au Havre ?Non ! On est en 2004, je suis en «18 ans» première année, on termine premiers du championnat de notre région... Ça s’annonce plutôt bien et le club me propose un contrat de Stagiaire pro de deux ans. Et il est prévu que je reprenne avec le groupe de CFA… Le souci,
c’est que je ne voulais pas deux ans, mais trois,estimant que s’ils avaient confiance en moi, celaétait normal (NDLR : s’en suivra alors un longfeuilleton plutôt nébuleux)... Finalement, comme jene peux évoluer dans un autre club français que leHAC, je vais faire un essai à… Newcastle.
Quels souvenirs en gardes-tu ?C’était Sir Bobby Robson le manager del’époque… et je débarque au milieu des LaurentRobert, Alan Shearer… Sans faire preuve de prétention, alors que j’aurais dû reprendre avec laCFA du Havre, je me retrouve à 18 ans entouré detous ces gars, encadré par un coach mythique...
Que te dit Sir Robson à l’issue deton premier entraînement ?En anglais, s’il vous plaît, il me dit : « Petit, tu restesavec nous pour le reste de la semaine ! »
Et ?… Et tout s’est bien passé. A l’issue des 6 joursd’essai, il appelle Olivier Bernard (un autrejoueur français de Newcastle), parce que je necomprenais pas grand-chose en anglais, et lui
demande de me dire : « Ce joueur-là, il restechez nous. Je ne veux pas qu’il fasse des essaisdans d’autres clubs. » J’ai signé dans la fouléemon premier contrat pro.
En septembre 2004, Newcastle mène3-0 face à Blackburn, on est dans lesdernières minutes et… Sir BobbyRobson décide de te faire entrer...Oui, Sir Bobby Robson me fait entrer… mais jen’ai pas touché un ballon (rires). Mais bon, sur le
coup, c’est un choc ! Ce n’est pas possible, tu teretrouves devant plus de 50 000 spectateurs enfeu… Je me suis dit : « C’est un rêve, je vais meréveiller bientôt ! »
Sir Bobby Robson est le coach quit’a le plus marqué à Newcastle ?Oui, c’est certain. Il imposait le respect. Il medisait souvent : « Ecoute, tu es jeune, tu as lesqualités pour réussir, alors prends du plaisir…Moi, j’ai confiance en toi. » Comment veux-tu nepas t’épanouir dans une équipe et un club avecun tel discours ?
Une notion de plaisir du jeu que tupartages…Oui, car jouer au foot, c’est mon métier, mais c’estd’abord et surtout un plaisir.
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 43 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
55
Trajectoire
43
BOBBY ROBSON
ME DISAIT TOUJOURS :“PRENDS DU
PLAISIR ! ”
LA
FICHE
Charles N’ZOGBIA
Né le : 28 mai 1986 à Harfleur (76)
Taille : 1,74 m - Poids : 69 Kg
Poste : Ailier gauche
Clubs Successifs : Le Havre Caucriauville,FC La Frileuse, Le Havre Athletic Club,Newcastle United
Sélections : 16 (Espoirs)
Joël BAUDRY (son premier éducateur à Caucriauville)
« IL SENTAIT VRAIMENT LE FOOTBALL ET NE
S’ARRÊTAIT JAMAIS DE JOUER. »
L’actuel entraîneur Seniors de Montivilliers (76) a
découvert Charles lorsqu’il travaillait pour la ville du
Havre, dans le quartier de Caucriauville. Il nous livre
un portrait du petit «Zog » devenu presque grand.
«À l’époque où j’ai connu Charles, il avaitcinq ans et demi. Généralement, on prenaitles gamins vers six ans, mais il avait l’air tellement enthousiaste à l’idée de s’entraînerdans une équipe que j’ai demandé à sa mèrede me le confier. Je me souviens très bien de ce jour-là. Je suis rentré chez moi et j’aidit à ma femme : « Aujourd’hui, j’ai vu unphénomène. Ce gosse sera professionnel ! »Par la suite, Charles m’a conforté dans monsentiment. C’était un garçon avec d’énormesqualités d’explosivité et une technique au
dessus de la moyenne. Il sentait vraiment lefootball et ne s’arrêtait jamais de jouer.Comme en plus il était assidu et assimilait leschoses rapidement, il a progressé très vite.Gamin, il avait déjà du caractère et chambraitsouvent. S’il passait deux ou trois petits pontspendant l’entraînement, je vous garantisqu’on l’entendait sous la douche. Mais c’étaitaussi un garçon très bien élevé et très respectueux. On a passé de super moments àcette époque, grâce à l’ambiance qu’il y avaitdans le club. Un vrai esprit de famille. »
RADIO
Radio
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 44 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
44
LE RESPECT DE L’ENTRAÎNEURPour aborder le respect de l’entraîneur, Afid Djadaoui, responsable des Seniors du Tremblay-
en-France (DSR), mais aussi responsable d’animation auprès des jeunes à Sevran, enSeine–Saint-Denis, s’imposait… Pied gauche de velours et voix de stentor,
il allie technique et savoir faire pour ne pas être débordé…
Didier Roustan : Afid, tu as 47 ans, tu as été au Paris FC, aux Lilas,tu travailles au service des Sports de Sevran, dans le 93, enfin le 9-3 pour être branché, où tu mets en place également un systèmed’éducation par le football. Alors, explique-moi comment ca se passe du côté de la Mairie... Sont-ils conscients qu’à travers le football on peut« révertébrer » certains gosses et leur donner lesbases et repères qui leur manquent ?Afid Djadaoui : Et bien j’espère qu’ils en sont conscients ! C’est unpeu mon parcours... Grâce au football, j’ai pu devenir éducateur sportif, et j’essaye d’inculquer aux jeunes ce qu’on m’a appris, maisce n’est pas facile…Frédéric Hamelin : Les temps ont changé…Afid : Voilà... J’ai crée un secteur qui s’appelle prévention par lesport. Le football reste bien sûr le moyen de toucher un maximum degamins.Didier : Ça consiste en quoi ?Afid : Nous recevons pendant les vacances scolaires ces enfants quin’ont pas les moyens de s’inscrire dans les clubs. On les incite àvenir taper le ballon au stade, avec à côté de cela des actionscitoyennes, basées surtout sur le respect…Frédéric : Et ils sont réceptifs ?Afid : Oui, les résultats sont probants dans la mesure où je toucheentre 100 et 150 gamins par jour, ce qui n’est pas rien.Didier : Le thème d’aujourd’hui sera le rôle de l’entraîneur et sonautorité naturelle d’une manière générale. Beaucoup d’entraîneursont des bases pédagogiques et sont éducateurs dans l’âme…
Afid : Quand on parle d’éducateur, il y a les formations qui vontavec… Celui qui se dit éducateur mais qui ne se sent pas concernépar l’éducation des jeunes, ce n’est pas un éducateur, c’est juste unaccompagnateur pour moi.Frédéric : Afid, il a une personnalité, un charisme… J’ai été un Juniorsous ses ordres (NDLR : et il a fait un paquet de clubs ce Frédéric, etpourtant, c’était avant l’arrêt Bosman), alors qu’on n’avait que deux ansd’écart, mais il avait déjà cette maturité avant l’heure, ce côté vieuxsage, il savait mêler l’humour et la distance, ce qui lui donnait une auto-rité naturelle. Il avait aussi de très grosses qualités de footballeur…Didier : Ça aide, quand on est bon footballeur et qu’on entraîne desjeunes, ça crée une forme de respect… Afid, tu plaisantes, tu es prochedes joueurs, mais tu dois aussi mettre une distance, sinon tu te faisbouffer aussi… Afid : Tout à fait. C’est la confiance. Il ne faut pas tricher, que ce soitavec les gamins ou les moins jeunes. On fait confiance, mais il fautque le joueur nous rende cette confiance. Il y a toujours une barriè-re à ne pas franchir avec le coach, qui peut aussi être le confident.Ce n’est pas toujours évident…Didier : … Surtout quand on débute, et toi tu as commencé trèsjeune…Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil à un jeuneentraîneur qui s’occuperait des catégories un peu compliquées, les« 15 ans » ou les « 18 ans » par exemple ?Afid : Ce sont les catégories les plus difficiles à gérer aujourd’hui…De bien être à l’écoute des enfants, de bien connaîtrel’environnement dans lequel ils vivent, c’est important pour pouvoirtirer le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain... Si le gamin arrive enretard à l’entraînement, il peut y avoir des raisons à cela.Didier :Oui, voilà, donc pas la peine de l’engueuler s’il arrive en retard, sion connait un minimum sa situation, on peut comprendre… A cet âge-là, surtout, où les gosses sont très sensibles…Afid : …surtout aujourd’hui. Les parents ne savent plus trop comment faire. Nous sommes un peu le relais avec lesjeunes. Nous sommes le relais dans le stade, et la difficulté c’est de continuer ce relais en dehors.Frédéric : Car ce que vous enseignez sur le terrain rejaillit évidem-ment sur l’extérieur…Afid :: Tout à fait ! Je le vois tout de suite. Si le gamin se comporte bien sur le terrain, dehors il se comporte bien. S’il sechamaille parce qu’il a reçu un coup, dehors c’est la même chose.Le sport, et le football en particulier, c’est l’école de la vie…Zap, zap, zap...Laurent Tessier (Foot Citoyen, également) : On va écouter Geoffreyqui a 19 ans, et qui s’occupe des Débutants, des enfants de 6, 7 ansdonc, à propos de l’entraîneur. À cet âge, ça peut vite ressembler àune garderie et il est très difficile de les contrôler. Alors quelle est laplus grande difficulté lorsque l’on coach des Débutants ? Voici saréponse…Geoffrey : C’est leur concentration. Au bout d’une heure, ils commencent à perdre la tête, ils ne sont plus avec nous. C’est là qu’il faut les remotiver. Dans ce cas-là on leur fait faire une petitepause, on parle et ensuite, c’est bon, c’est reparti. Didier : Maintenant on va écouter des petits gosses en question,Laurent…Laurent : Plus particulièrement Bastien. Il a 9 ans et joue en pous-sin. Il va nous expliquer le contenu de ses entraînements avec sonentraîneur et quel discours leur tient leur coach lors des matchs.Bastien : Il nous laisse faire des pauses. Il nous respecte et on
essaie de le respecter. Le plus important pour les entraîneurs est quel’on progresse, pas que l’on gagne les matchs à mon avis. L’essentieln’est pas de gagner, de marquer plusieurs buts... Il nous dit qu’il fautessayer de bien jouer, de faire tout ce que l’on a appris le mercredià l’entraînement, pour le montrer dans les vrais matchs.Afid : C’est bien ce qu’il dit le gamin en parlant d’encouragement. Il ya quelques pseudos éducateurs qui jouent la gagne absolument, sansavoir une approche psychologique, sans savoir, au niveau de la pro-gression, le travail qu’ils doivent accomplir. Le plus important chez lespetits, c’est de leur donner un ballon, qu’ils prennent du plaisir à traversles matchs et les entraînements.Frédéric : Voilà, c’est aussi ne pas dépasser les limites quand on estentraîneur, ne pas toucher à la sécurité psychologique de l’enfant. Onva entendre Alexandre, responsable de l’école de foot de l’ACBoulogne Billancourt à le sujet. Alexandre : Les joueurs ont un devoir de discipline et de respect desrègles, mais à partir du moment où l’entraîneur a un manque de respect avec son devoir de sécurité affective des enfants, c'est-à-dire la violence psychologique. Fatalement derrière la réaction de l’enfant peut être une réaction de violence physique, de désobéissance ou de marginalisation. Je m’explique. Par exempleun gamin qui ne va pas avoir l’attention de l’entraîneur, alors lecoach va mal communiquer avec lui ou d’un seul coup il va l’écartersans avoir pris le soin d’y mettre les formes. Dans ces conditions,l’enfant peut prendre ça comme une violence psychologique. Et du coup,se mettre en conflit avec l’éducateur.Didier : Voilà, un discours très intéressant d’Alexandre, le respon-sable des éducateurs de Boulogne Billancourt. Afid, merci d’avoir étéen notre compagnie, et à bientôt chers auditeurs sur Europe1 Sport.
CELUI QUI SE DIT ÉDUCATEUR MAIS QUI NESE SENT PAS CONCERNÉ
PAR L’ÉDUCATION DESJEUNES, CE N’EST PASUN ÉDUCATEUR, C’EST
UN ACCOMPAGNATEUR… (Afid Djadaoui)
LE PLUS IMPORTANT POUR LES ENTRAÎNEURS
EST QUE L’ON PROGRESSE, PAS QUE
L’ON GAGNE LESMATCHS.Bastien (9 ans)
L’ENTRAÎNEUR EN QUESTION
LE ZAPPING FOOT CITOYEN
Quelle est la clé pour permettre à des
jeunes de raccrocher scolairement ?
J’ai la chance d’être à la fois leur
entraîneur, leur éducateur à l’internat et de
travailler avec les professeurs pendant les
temps de vie scolaire. Au lycée professionnel
Saint-Jean de la Fondation d’Auteuil, scolarité,
accompagnement éducatif et football forment
un tout. Ainsi, les règles apprises sur le terrain
de foot, comme le respect de l’autre, l’esprit
d’équipe, la tenue vestimentaire, le langage, le
goût de l’effort, la volonté de réussir, sont mises
en œuvre aussi à l’école et dans la vie de
l’internat. C’est vraiment une école de vie. Le
football est un peu ‘la carotte’ pour les faire tra-
vailler scolairement.
Mais tous ne seront pas de futurs
footballeurs professionnels ?
Notre objectif premier est de permettre le rac-
crochage scolaire et l’insertion professionnelle
des jeunes... Le football est un moyen qui
fonctionne pour certains et nous l’avons vérifié
pendant ces cinq années d’existence. Nous
partons de leur rêve pour les amener, petit à
petit, à la réalité. D’ailleurs, l’essentiel de mon
travail consiste à les préparer à l’échec au cas
où ils ne pourraient pas poursuivre une carrière
professionnelle de footballeur. Cela passe par la
découverte de métiers annexes, comme la
formation à l’arbitrage par exemple.
Reportage
LA FONDATION D’AUTEUIL: LE GOÛT D’APPRENDRE
Une des missions premières de la Fondation d’Auteuil est de venir en aide aux jeunes en grande difficulté... Au LycéeProfessionnel de Saint-Jean, à Sannois, dans le Val-d’Oise, l’un des nombreux établissements de la Fondation, on a misé sur
le football comme axe de réussite… et ça marche ! De quoi s’attirer le soutien de la Fondation d’Entreprise Française des Jeux.
épartie dans 170 établisse-
ments, la Fondation d’Auteuil
accueille, éduque et insère
professionnellement plus de
10 000 garçons et filles en
grande difficulté, sociale, familiale ou affective !
Des jeunes qui sont confiés par leurs familles
(70 %), les services sociaux ou les juges pour
enfants (30 %). Souvent issus de familles
en détresse ou en difficulté dans leur mission
éducative, ils peuvent avoir été victimes
de maltraitances, être en prise avec un
environnement délinquant ou se trouver,
simplement, en quête de repères. Parmi ces
multiples établissements, celui de la section
sportive du lycée Saint-Jean de Sannois, dans
le Val-d’Oise, a opté pour vecteur d’éducation
le sport le plus populaire pour les catégories
7-18 ans. Ici, le ballon rond agit alors comme
un déclic, un moyen de valorisation
et d’amélioration de l’image qu’ils ont
d’eux-mêmes. La clé de la réussite consiste
dans un travail particulièrement intensif en
commun et croisé entre les professeurs, les
éducateurs de l’internat et l’entraîneur de foot,
suivant le modèle des anciennes classes
« sport-études », mêlant études et activités
sportives de haut niveau. La semaine, les
jeunes s’entraînent à l’internat, avant d’aller
jouer le week-end dans des clubs amateurs de
la région.
Pour être efficace, le lycée Saint-Jean
a décidé d’intégrer des enfants aux qualités
footballistiques certaines, puisque 35 %
des jeunes de cet établissement accèdent
ensuite à un centre de formation… Mais
là n’est pas la seule finalité, et pour
ceux qui échouent dans leur objectif football,
près de 78% poursuivent leurs études
en Seconde générale, les autres en Seconde
professionnelle.
Certains parents peuvent témoigner de cette
réussite, comme ce père parlant de son fils :
« A cause de son comportement, mon fils a été
exclu de deux collèges. Je ne savais plus quoi
faire pour lui. Il avait 4 de moyenne générale en
5e. Maintenant, quand il rentre le week-end,
il fait ses devoirs. Son comportement a changé,
et ça, je pense que le football et la Fondation
y sont pour beaucoup. Il est cadré, posé et sait
que s’il veut y arriver, il lui faut travailler ».
Un exemple supplémentaire que le football est
un formidable atout dans l’éducation des
jeunes, qui plus est en difficulté… Ou comment
retrouver le gout d’apprendre.
Charly JEAN (responsable technique de la section sportive du Lycée Saint-Jean)
« LE FOOTBALL SERT DE “CAROTTE’’ POUR LES FAIRE TRAVAILLER… »Ancien professionnel de Lens et Limoges, aujourd’hui manager général de l’AS Poissy, Charly Jean cumule également la fonction
de responsable technique de la section sportive du Lycée Saint-Jean depuis la mise en place de ce dispositif en 2003.
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PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 45 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
Fondation d'Auteuil, Jean Besnard/Fondation d'Auteuil et J-P Pouteau/Fondation d'Auteuil
JEUX D'AILLEURS...
Dimanche 21 septembre, dans le cadre du premier tour de la Coupe du Morbihan Seniors, l’US Ploeren Breçoit l’US Arradon B. À dix minutes de la fin de la rencontre, Ploeren mène 2-1 quand l’arbitre siffle unpenalty en faveur d’Arradon, suite à une faute « présumée » sur Dominique Hiegel (NDLR : Vous ne
trouvez pas qu’il a un petit côté Hristo Stoitchkov ?). Celui-ci estime alors qu’il n’y apas faute à son encontre et en avertit l’arbitre, qui refuse de revenir sur sadécision... Dominique se charge alors lui-mêmede l’exécution et, au lieu de tirer et d’essayer demarquer, fait une passe au gardien de Ploeren.Score final : Ploeren : 2 - Arradon : 1 !!! Un geste vraiment super, comme il est indiquésur son maillot.
Gérard GOUZERCH (dirigeant de l’US Arradon, District du Morbihan)NDLR : Pas de doute on a retrouvé Hristo…Serait-il devenu Fair-Play ? Et bravo àDominique Hiegel pour son geste.
Les Echos
HISTOIRES COURTES (SUITE)
« SPORTS AU FÉMININ DANS LES BANLIEUES »
Le 14 janvier 2009, à l’Espace Fraternité d’Aubervilliers
(Seine-Saint-Denis), se tiendra, de 9h00 à 18h30, la conférence« Sports au féminin dans les banlieues », organisée parl’Agence pour l’Éducation par le Sport. L’objectif est de : « contribuer à une meilleure connaissance des problématiquesliées à la pratique sportive des femmes dans les banlieues ;présenter de nombreux témoignages concernant les bonnespratiques portées par les collectivités et les associations ; fairedes propositions pour développer l’éducation du public fémininpar le sport. » Cette journée rassemblera des politiques, desexperts et des protagonistes qui travaillent au quotidien sur le terrain, qui ont fondé et font vivre des centaines d’associations etde projets dans les quartiers. On y retrouvera notamment desfemmes qui ont choisi le football pour se faire entendre ets’affirmer, à l’instar de « Femmes Plus », qui œuvre dans ce sensà Dreux, depuis déjà de nombreuses années, avec des résultatstrès probants. Alors, filles ou... garçons, bougez-vous !
LA PHOTO DU MOIS
N’OUBLIEZ PAS !
PLATEAU TECHNIQUE LES ANGLES HEBDOPRINT - FOOT CITOYEN - 46 - MAGENTA CYAN JAUNE NOIR
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LA PHRASE DU MOIS
C’EST NORMAL DE SOURIRE SUR
UN TERRAIN. SI LESJOUEURS NE PRENNENT
PAS DE PLAISIR, ILS NE PEUVENT PAS
EN DONNER ! (STEVE SAVIDAN, APRÈS SON PREMIER MATCH
AVEC LES BLEUS, FACE À L’URUGUAY.)
Pour toute information, contacter l’Agence Pour
l’Education par le Sport. Tél. : 01 44 54 94 33
Site Internet : www.apels.org
DOMINIQUE ET HRISTO...
Le foot a parfois un rôle à jouer... PrenezCuba-Etats-Unis, du 6 septembre dernier...Ces deux formations ne s’étaient pas rencontrées depuis 1949! Faisant fi dupassé, la sélection US a donc été reçue, à la Havane, pour un match qualificatif à laCoupe du monde 2010, qui se déroulera enAfrique du Sud. Une rencontre forcémentspéciale, au regard du différend politiqueprofond existant entre les deux nations,depuis la révolution Castriste de 1959 etl’embargo imposé à Cuba par lesAméricains depuis 1962. Pour info, lesEtats-Unis l’ont emporté 1-0.
Dominique...
... et Hristo, le vrai.
HISTORIQUE
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Portfolio FC Nantes